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samedi, 09 janvier 2021

Hommage panoramique à Julien FREUND (1921-1993)

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Hommage panoramique à Julien FREUND (1921-1993)

Maître Jean-Louis Feuerbach         

Il y a un siècle, le 09/01/1921, naissait à HENRIDORFF en Moselle, Julien FREUND, grand penseur européen du 20ème siècle.

Avec ses baccalauréats en poche à 16 ans, il enseigne dès l’âge de 17 ans, pour subvenir aux besoins familiaux suite au décès prématuré de son père. Il fut professeur jusqu’à son départ à la retraite en 1988.

La sociologie fut son poste d’observation à l’Université de STRASBOURG II, la philosophie sa culture, la métaphysique sa méthode de hiérarchisation génétique. Il se définira lui-même comme spéculateur, celui qui observe (speculare) puis tisse les liens entre faits et vérité. Enfin, sous-pèse théorie et volonté.

Pour Julien FREUND penser signifie distinguer, comparer, hiérarchiser, séparer, réunir, classer. L’objectivité sera la condition de sa liberté. Aussi son œuvre est-elle, à la fois, recueil de saveurs, d’expériences, d’exemples et d’exposés de sa méthode.

Retiré dans son pagus de Villé, il y méditera, pensera et forgera ses concepts et théories et c’est là également que d’aucuns puissants viendront consulter le sage. Julien FREUND est une pointure hors classe. Sous son béret confluent le savant, le professeur, le résistant.

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Dans le bourg de Villé...

Julien FREUND n’est pas un idéologue mais un théoricien de tout premier plan. Figure de proue du penser de l’inouï et du toujours là, il laissera à son décès le 10/09/1993 une œuvre gigantesque. Ses livres, ses articles, ses communications, ses interventions, ses préfaces, interviews ou traductions sont autant de briques de sa monumentalité. S’y ajoutent les rencontres, à table ou hors de table, les correspondances et malheureusement les travaux égarés, les inédits ou esquisses inachevées.

Discrètement, Julien FREUND n’aura fabriqué que des œuvres et des disciples. Ennemi farouche de la flatterie, il ne recherchera ni courtisans, ni dévots. Il croisera le fer avec le conflit, la violence, l’ennemi, la politicoclastie, la peur de la peur, les diasporismes, psychogogie et sociogogie ou la bêtise des suralimentés.

Il n’aura jamais d’opinion toute faite, se refusant de penser dans les catégories de droite et de gauche qui ne sont que suivisme et mimétisme servile des idées dominantes. Sa science était l’analyse comme recherche de vérité en tout et chez tous en se vainquant lui-même.

Il plantera ses crocs dans toutes les formes du savoir, toutes les formes du réel et de ses représentations, toutes les niches du vivant.

Ses théories sont production d’un amoureux du cœur politique, de la cité et des siens. Il s’agit de les défendre à l’aune du primat de l’amitié politique : BlutFREUNDschaft. Foi de gergoviote !

Le maître fera de la sociologie une science régénérée par la polémologie et n’aura de cesse que de désinfecter les concepts dénaturés. Sa lutte grandiose contre l’utopie sous toutes ses splendeurs fait la matière de son œuvre.

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Voici quelques maximes de Julien FREUND à méditer :

  • L’humeur est le quotidien de l’être,
  • L’égalité est mise en hiérarchie de l’inférieur,
  • Le privé est le lieu de nos libres choix,
  • L’intellectuel est celui qui vit dans des catégories autres que celles dans lesquelles il pense,
  • L’idéologie est une eschatologie sécularisée,
  • L’homme politique est moral quand il est au service de la protection effective des citoyens, 
  • Tout politiser est impolitique,
  • L’injustice ne consiste pas seulement à prendre plus que sa part mais aussi moins que sa part,
  • Un Etat mondial sera nécessairement un état policier,
  • La technique est serve,
  • L’économique se ramène à la satisfaction des besoins,
  • C’est l’ennemi qui vous désigne.
  • Identité signifie fidélité à soi-même.
  • Quand tout se vaut rien ne vaut.
  • La barbarie est la seule issue de l’idéologie du progrès.

En ces temps freundiens de coïncidence des catastrophes, cinq thèmes saillants de son œuvre peuvent être évoqués :

  • Le souci du Nomos (I),
  • Le paradoxe des conséquences (II),
  • Le rôle du tiers et du 3 (III),
  • La lutte contre la décadence (IV),
  • L’actualité de sa leçon (V).

Au final, Julien FREUND se rend éligible au rang de classique (VI).

I/ la théorie des essences et des instances.

Le 20ème siècle aura été le siècle des méthodes et non des doctrines. (La mise en agenda est encore plus patente au XXIème siècle). S’affrontent, dès lors, non des idées mais des systèmes.

51-By5IxuRL._SX332_BO1,204,203,200_.jpgJulien FREUND disqualifie nazisme et communisme en phases préparatoires du totalitarisme de l’utopie. Il insupporte l’intolérable. Aussi, invente-t-il une théorie englobante du vécu des peuples comme acte constitutif de la contestation du projet collectif des idéologies mondiales. Il les dénonce comme sécularisation des monothéismes.

Sa théorie affronte directement et immédiatement le messianisme des engeances de domination, leurs violences, leur impérialisme.  Elle est fondamentalement pharmacopée contre la peur de la peur, la contrainte psychique (hiérocraties), la terreur, la décadence. Sa composition est recomposition des activités des peuples, convoquant données, moyens et finalités pour les identifier comme impératifs (Il y a des libertés et non une liberté ; il y a des droits et non pas un droit ; il y a des histoires et non pas une histoire ; il y a des égalités et non pas une égalité) et déterminismes historiques.

Julien FREUND aura ainsi débusqué des constantes fortes, catégorielles et vitales dans les champs d’activité de l’expérience. C’est ce qu’il qualifie d’essences. Elles sont au nombre de 6 et rien que 6 : l’économique, l’esthétique, l’éthique, le politique, le religieux et le scientifique. Chaque essence a pour fondement une donnée, repose sur des couples de critères appelés présupposés (est un présupposé la condition d’exercice d’une activité comme condition constitutive, à défaut, elle ne pourrait se développer selon sa logique propre et sa finalité), poursuit une fin exclusive.

Pour Julien FREUND :

Les données ou fondements sont : l’économique qui a pour assise le besoin, l’esthétique qui procède du goût, l’éthique qui est le fait d’habiter un lieu, une maisonnée (ethos) en amis, le politique qui a pour cause le peuple politique, le religieux qui a pour fondement la mort, le scientifique qui vise la connaissance dans toutes les acceptions du terme.

Les présupposés ou critères, principes, structures opérant en couples sont : l’économique qui articule rareté et abondance, l’utile et le nuisible, le lien du maître et de l’esclave ; l’esthétique qui convoque la matière et le style, le plaisant et le fastidieux, la mise en relation de l’œuvre et des tiers ; l’éthique qui met en relation tradition et innovation, le convenable et la décence dans le commerce aimable et l’amitié aux personnes et aux choses ; le politique qui est constitutif des relations de commandement et d’obéissance, de séparation du privé et du public et de distinction de l’ami et de l’ennemi ; le religieux qui  présuppose la distinction du sacré et du profane, du transcendant et de l’immanent ; la science qui intègre la relation entre quantité et qualité, nécessité et hasard, objectivité et subjectivité.

retrouvez-les-photos-de-l-hommage-a-julien-freund-organise-le-samedi-7-octobre-par-la-mairie-a-henridorff-place-de-l-eglise-et-salle-socioculturelle-images-proposees-par-quot-mairie-(henridorff)-quot-1507539609.jpgLe présupposé se signale en ce qu’il polarise son opposé. Il fixe les limites entre lesquelles oscille le réel de la vie.

Les finalités spécifiques de chaque essence sont : que l’économique poursuit le bien-vivre et le bien-être comme résultat de la satisfaction des besoins ; que l’esthétique est art du beau ; que l’éthique poursuit la manière d’être dans l’accomplissement du bien, du bien-faire, de l’habiter (ensemble) sous le toit de la maisonnée commune ; que le politique protège ses ressortissants par la concorde intérieure et la sécurité extérieure, (il est au service du peuple-politique pour garantir aux autres essences la possibilité de se développer, il doit le salut) ; que le religieux a pour finalité la quête de l’absolu et le salut individuel ; que le scientifique poursuit la recherche indéfinie et collecte l’accumulation de la connaissance pour elle-même, son but étant l’intelligibilité du réel. Chaque activité connaît un nombre variable de superstructures d’instances ou dialectiques, telles que le culturel, le pédagogique, le juridique, le social, le technique ou la politique. Chaque essence a une finalité de fonction élémentaire et exclusive. Elle est une réalité qui dure à travers le temps et qui ne disparaît pas sous l’action des circonstances. Elle fait l’histoire et est donc ineffaçable. Julien FREUND invite au strict respect du principe de distinction des essences et des instances. Il n’a de cesse de faire défense que l’une d’elle puisse accomplir l’office de l’autre : chacune étant spécifique, elles ne peuvent être réduites à l’une d’elle. Toute activité s’entend selon ses présupposés et non à partir de ceux d’une ou des autres.

L’empiètement d’une ou plusieurs essences, d’une ou plusieurs instances sur une ou plusieurs autres signe le passage à l’ère de la dévastation totalitaire.

Il stigmatise l’action oblique de l’économisme ou comment faire croire que l’enrichissement de quelques-uns ferait ruisseler la satisfaction des besoins de tous les autres. (Cujus economia ejus regio).

Si toute activité est aux prises avec des contradictions et doit les résoudre avec ses propres moyens, chaque activité ne peut résoudre que les siennes propres. Aucune ne peut et ne doit être la solution aux difficultés des autres. Nul ne saurait régler par les voies du politique des litiges portant sur des questions extrapolitiques, l’économique par la science, l’art par l’éthique… La science n’est compétente que dans les limites de ses présupposées. Hors de là elle n’est que petite science, pseudo-science ou simulacre de science. Il n’appartient pas à la science de définir le beau et le laid.

La concorde n’a lieu qu’au prix du politico-politique, de l’économique à l’économique, etc… Est donc totalitaire qui use de l’autorité politique pour intervenir arbitrairement hors de sa juridiction.

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Julien Freund vu par l'artiste alsacien Jean-François Klotz.

Julien FREUND sait qu’aucune activité n’est angélique et que l’économie n’échappe pas à cette loi.

La théorie permet de qualifier déontologiquement ce qui est politique, économique ou autre dans tout phénomène ou de le disqualifier en tant qu’il ne l’est pas et serait autre chose.

La théorie permet enfin des reclassements fulgurants : Les monothéismes sont-ils des religions ou des programmes politiques, économiques ou sociaux ? Le capitalisme ou les droits de l’homme ne seraient-ils pas des religions ?

Par-delà cette grille de structuration anthropologique, Julien FREUND nous propose un système complet de fonctions cardinales polarisées.

Ce système fait socle de contre-création et mathématise un projet d’ordre. Un nomos en puissance.

C’est en ce sens que Julien FREUND est, à la fois, original et inégalable.

Il propose sa théorie à des fins pratiques pour entraîner à l’action.

Tout ce qui existe est formes et mise en forme. Sa création est œuvre d’art mise en état et architectonie politique mais où le tout n’est pas que politique. En termes heideggeriens la formule se ramène au il-y-a-de-l’être-là-avecque et pour.

Reste que le jeu dialectique qui fait l’histoire établit une hiérarchie entre les diverses activités.

Julien FREUND n’a pas eu le temps de solutionner ni la question de la hiérarchie des essences ni de la mise en couple desdites essences. Ne se pourrait-il pas que les essences de l’art, de la religion, du politique et de l’éthique recouvrent la 1ère fonction, le militaire, le technique, le technologique et le scientifique cohabitent au sein de la 2ème fonction tandis que l’économique, subsidiairement l’économie serait le champ de la 3ème fonction ?

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Julien Freund en conversation avec Carl Schmitt.

II/ LE PARADOXE DES CONSEQUENCES

Julien FREUND a identifié un fait fondamental de l’histoire.

L’intention originelle de toute action ou entreprise ne se retrouve pas dans le résultat final. A l’expérience dit-il, le résultat de nos actions est rarement conforme à l’intention ou aux espoirs de départ, pour ne pas dire jamais. Les meilleures intentions peuvent entraîner des conséquences désagréables pour l’auteur et fâcheuses pour les tiers. Nul n’est donc chef des effets de ses décisions.

Il est des projets qui s’abîment en leur contraire. Le pouvoir qui voudrait se faire aimer à tout prix finit dans le mépris, se fait honnir et conspuer.

L’opposition du résultat et de l’intention sévit dans toutes les activités, mais surtout au plan politique. Aussi, personne ne saura prévoir quand et comment s’achève une entreprise. C’est le paradoxe des conséquences.

Ce tragique de l’action est fonction des aléas de la vie.

Il n’est, tout d’abord, obtenu à la fin que ce que l’on se donne au départ.

Le mensonge ou l’utopisme ne peuvent que produire méfiance et hostilité.

Ensuite, l’histoire est faite de négligences, d’omissions, de déceptions, de retournements et surtout d’antagonismes irréductibles.

Avec des moyens limités on ne peut accomplir des fins illimitées.

Ces fins sont elles-mêmes multiples et inconciliables.

Une fin ultime est nécessairement théorique ; elle ne peut entraîner que des conséquences elles aussi théoriques.

Aussi, faire croire que les effets attendus d’une action faite dans de bonnes intentions serait bonne ne peut être qu’imposture.

Ainsi, ceux qui voulurent supprimer le mur de Berlin pour lubrifier l’export des valeurs bourgeoises, auront importé le communisme du marché unique.

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L’Union Européenne hisse-t-elle le pavillon du thalassocratisme proxéniste qu’elle devient le champ de foire de la traite humanitaire.

La religion des droits pave les autoroutes aux rois de l’homme.

Pis encore, il est des projets qui s’abîment en leur contraire (énandrodomie) : l’hyperglobalisme enclôt et confine ; l’écologisme pollue ; le spécisme déshumanise ; le décolonialisme conchie l’universalisme !

Rien ni personne n’y échappe.

Même l’utopie de plan collectif est pareillement soumise à cette loi historique.

Laïcité est cache-sexe du déchainement des paroisses contre les non-paroisses ; l’ultra sexisme genré de l’un est inimitisation de l’autre ; l’anti-racisme s’abîme en hyper-racisme. La cause de la critique-critique finit dans l’hypercriticisme autophage et autodévastateur. Etc…

L’avenir n’est donc jamais programmé, ni programmable. Prédiction et prophétie ne font pas prévision. En politique enfin, il n’y a ni espoir, ni désespoir absolus.

III/ L’APOLOGUE DU CHIFFRE 3 ET DU TIERS

Julien FREUND opinait que la sociologie s’ouvrait à partir du chiffre 3, parce que la relation sociologique a pour fondement numérique le chiffre 3 et que la dialectique met en jeu des contradictions que l’on peut dépasser intellectuellement dans un 3ème terme. Le couple qui procréée fait communauté à partir du nouveau-né.

Sociologie_du_conflit___Julien_[...]Freund_Julien_bpt6k4806958w.jpgSi le 0 est mode de mise à zéro de ce qui précède, le non-lieu du désenchantement, du dépérissement, de la dépolitisation, soit non-Etre, le 1 est constellation de la monocratie, de la violence (par refus du combat), de l’asservissement. C’est le monde des échanges à somme positive : il n’y en a qu’un qui gagne.

Le 2 est cosme du dualisme donc du conflit de personnes, de valeurs, de systèmes de valeurs, mais aussi de l’amitié et de l’amour, de l’ami et de l’ennemi, de la terre et de la mer.

Le 3 est l’empire du tiers, celui qui rend possible la relation de majorité à minorité, de gouvernants à gouvernés, de l’individu au groupe. La reconnaissance du tiers assure la stabilité et la concorde. L’irruption du tiers conjure la relation au polémogène et au conflictuel. Le tiers c’est l’arbitre, le médiateur, le juge, l’intercesseur, l’avocat. Il domestique les contraires, canalise leur violence, lubrifie l’agonalité.

Dans une guerre, le tiers peut surgir et modifier le rapport de force bilatéral.

Ce tiers est la plaque tournante de toutes les alliances et des configurations possibles de coalition. Itou au plan social, électoral ou concurrentiel.

Toute alliance a pour fondement le tiers. La présence ou l’absence de tiers bouleverse les conflits. Le tiers, a, en effet, le choix de la combinaison amitié, hostilité ou indifférence. Soit il rompt la dualité de l’ami et de l’ennemi ; soit il lubrifie et impose entente, compromis, transaction.

C’est lui qui fait la paix ou fabrique le compromis (la plus belle invention des hommes avec la roue).

Ainsi considéré, il pousse ou empêche l’affrontement en équilibrant, rééquilibrant ou déséquilibrant. C’est à l’aune du tiers encore que se mesure la tolérance ou l’intolérance. La tolérance se fonde sur le tiers inclus, c’est-à-dire le droit des tiers à exprimer opinion, pensée, projet. A l’inverse, l’intolérance participe du tiers exclu.

Le 3 et le tiers opèrent césure d’avec le 2 mais ouverture vers le 4 et plus.

Ils permettent le passage dans le non numérable, le qualitatif et la mise en forme-forme.

La pensée triadique perce une brèche décisive dans l’habitus intellectuel de la doxa du monopolaire et du bipolaire.

La quête du tiers est donc maxime politique qui allie ou sépare, fédère ou oppose, associe ou dissocie. Le tiers peut aussi être l’instigateur ou le profiteur du conflit, celui qui pousse à l’amitié ou à la haine.  

A cet égard, au sein de l’instance culture et dans l’essence de l’économique, le tiers est-il l’argent. Il y est le référent général et abstrait, le convertisseur et le régulateur, le valorisateur et le dévalorisateur. Il assume la fonction de différenciation et d’indistinction. Comme fait de culture, la mise en abstraction numérique intellectualise et acculture, au calcul, à la machination. Il est le tiers vicieux du vice de la triple morale du psaume libéral, qui veut faire croire que 2 + 2 = 5. Mais avec ses sous-jacents fabrique le zéro ou le moins un ! ce qui induit la question du technique et surtout du technologique.

Pour Julien FREUND, le technique est la dialectique des dialectiques. Elle opère par combinaison des moyens, des agencements et des procédures.

largeGPJF.jpgLe technique est donc médiation mais elle est serve en tant qu’elle est au service de la science, de la puissance, de l’esthétique, du politique, de la culture, de l’économie, etc… et leurs fins. La technique est alors la décision de ceux qui l’utilisent, la détiennent ou la précipitent dans l’antagonisme des fins. Associative ou dissociative, quelle est-elle ? Serait-elle nouveau rapport de commandement à obéissance, de maître à esclave ou de satisfaction des besoins qu’elle créerait par elle-même ? Serait-elle, au final, l’essence des essences ? Elle n’est dès lors pas neutre, ni donc le tiers attendu. Tout change avec la technologie. Celle-ci s’arroge le droit de poser ses propres fins, présupposés et moyens. Son autonomisation téléologique et sa dimension normative face au politique, à l’entreprenariat, à l’éducateur ou au militaire est gros d’une conflictualité avec les propres exigences téléologiques de ces dernières activités.

Gageons que l’hégémonie du technologique fera exploser le plan collectif de l’utopie, mettra à néant l’idéologie moderne et installera l’inégalitaire et fabriquera de nouveaux dieux et titans ! Ce qui ouvrira la voie à une nouvelle connivence entre la technologie et la mentalité européenne native.

S’en suivra nouvelle redistribution des cartes, nouvelles intuitions du monde, nouvelles religions, nouvel l’art, nouvelles politiques, nouvelles économies…Le défi de la pensée est dans l’inversion des inversions.

IV/ LE PENSEUR DE L’ANTI DECADENCE  

Pour Julien FREUND le concept de décadence est « un concept historique ». Ce qui veut dire d’abord qu’il n’existe pas de décadence absolue. La décadence appartient au monde de l’existence représentée et non à celui d’un monde non existant préfiguré comme devant exister un jour. Aussi le contraire de décadence n’est pas le progrès mais la germinalité.

Ensuite, l’idée de décadence implique une situation qui est en dépression, en voie de détérioration par rapport à un état antérieur qui était en état d’extension, de puissance et d’harmonie d’entre les essences.

Enfin, la décadence n’est pas un terme, une fin de l’histoire, mais la clôture historique d’une civilisation. La décadence ouvre un interrègne en attendant qu’un autre type de civilisation lui succède.

Julien FREUND s’est longuement penché sur la décadence de l’Europe.

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Il note à son égard l’épuisement énergétique, la migration de ses instincts vitaux, le désenchantement. Singulièrement il prend acte que l’Europe a quitté l’Europe, qu’il n’y a plus de préjugés européens, que les Européens ont perdu jusqu’à la symbolique agressive.

Ils passent leur temps à s’unir pour s’unir comme les faibles alors que l’union naît de la volonté de réaliser une œuvre commune. Ils n’ont plus le sens ou la posture géopolitique et geomythique.

Les Européens refusent de désigner l’ennemi. Ils oublient que l’ennemi les désigne. Or si leur civilisation succombe c’est qu’elle est victime de ses ennemi.

Ces derniers ne cachent nullement leur dessein d’anéantissement. Et lui fait perdre le Nord. Lui prendre le Septentrion. Moissonner sa sagesse.

Les Européens, par ricochet, intègrent dans leur comportement des incitations à la lâcheté ensuite précisément du dressage idéologique par tromperie sur l’ennemi fraude de l’ennemi et colonisation.

Pis encore, l’Europe se pique de se culpabiliser collectivement. Elle revendique la dépravation comme morale.

A ne plus vouloir d’ennemi, elle demeure l’ennemi pour ses ennemis. Elle a beau manifester bienveillance, pacifisme et humanitarisme.

Julien FREUND prend le soin de départir la décadence endogène d’avec la mise en décadence-décadance exogène.

La décadence revient à dissocier les fonctions très précisément opérer ou subir rupture au niveau de la 1ère d’elles, divorce du politico-religio-esthétique, l’obésité de l’économie ou l’éthisme de contrebande.

Ainsi, par application de la théorie des instances et des essences, la décadence s’analyse en domination des instances sur les essences. La politique prostitue le politique ; la technique met au pas ; le droit-loi oblige, discipline, déontologise dans la légalité de l’illégitimité ; la culture ritualise la programmatique des contraires ; le social thésaurise.

Il stigmatise ensuite la décadence par les Européens eux-mêmes en tant que processus accepté de défiguration, répudiation, dévitalisation des formes de vie, principes et fondements de leur civilisation par humanitarisme. Qui est tricherie.

41d7QQ+lM-L._SX321_BO1,204,203,200_.jpgMais surtout, Julien FREUND croise le fer avec l’entreprise de mise en dédacence-décadance. (Théorie du choc, grande inversion, levées des armées de réserve du capital depuis les extrémités de la terre) et l’entreprise de prise qui guigne le territoire, la munificence, la magnificence des Européens, en même temps qu’elle orchestre leur dépossession, dévastation, élimination. (Précisons qu’Europe a pour radical le verbe ropein qui signifie débroussailler, sarcler, plumer, piller… !).

Voyez la religion de l’Etat qui est la guerre civile de religion.

L’Etat sait, en effet, qu’il ne peut garantir les promesses et présupposés qu’il pérore. Il échoue même dans le faire-croire. De là sa violence augmentée. S’y ajoute que le gouvernement des peuples est affaire théocratique et non plus politique.

L’obsession humanitariste désigne l’ennemi intérieur. Elle fait de l’Etat un commis de la violence privée. Et cette violence de répéter la concurrence de violence sous le patronage culturel de cette violence.

Elle œuvre à la dissociation et verse dans l’impolitique, l’anti-politique, la politicoclastie. Le statut de citoyen est bouleversé. Le ressortissant politique de la cité est banlieusé, déculturé de force, acculturé à une théologie violente, matinée de traites financière (la dette), égalitaire et anthropologique, discriminé socialement, racisé et déracisé, par les suprémacismes publicitaires, traqué par les diasporas sur son propre sol.

L’Etat fait sa course théoidéologique contre le peuple, contre ses citoyens pour compte d’autrui. C’est l’apparente nouveauté de la situation. Il n’en est rien. Loin de trahir il accomplit sa mission. L’Etat a vocation d’accoutumance à l’humanitaroïté. Clovis a prêté serment à la doctrine magique de la décadance et tous ses successeurs avecque ! L’état de l’Etat est de servir l’hétérotopisation, de privilégier l’altérité étrangère et de maltraiter l’indigénie autochtone.

Là sont métaconstitution et prérequis de la ré-priva-blique.

Ici on hystérise la proxénie. La migrance est le star-système de la jet secte. La finalité intrinsèque va à la suppression du peuple politique. L’ennemi total c’est le peuple : les francs(s)ais, les Blancs, les boréens, les rétifs à l’hétérogénisation.

Le paradoxe veut toutefois que la civilisation moderne entre elle-même de plain pied dans la décadence et la conflagration d’avec le concept de progrès. Ainsi, le vice sature, la perversion viralise. S’il n’y a plus que des individus il n’y a pas même de société, et la souveraineté va aux gangs des rois de l’homme.

Pour Julien FREUND l’idée de décadence indique que tout système, tout antisystème, tout concept, toute conception du monde vont s’effondrer, être balayée, évacuée.

30524616784.jpgUne idée archaïque peut toujours reparaître sous d’autres formes ; ce que l’homme a pensé, il peut à nouveau le penser ; ce qu’un peuple a fait il peut à nouveau le faire. La décadence appelle à la renaissance. Le destin est dans l’origine.

A une religion qui se meurt succède une autre religion. Le sursaut charismatique gros d’un nouvel âge est toujours là. L’aventure d’avec l’histoire peut prendre ou reprendre à tout moment.

Il suffit d’une étincelle pour raviver le feu. Tous ont rendez-vous avec le tragique, l’entropie, l’enandrodomie, l’hétérotélie. Une théocratie qui aura perdu son dieu en route est nécessairement bouleversée.

Sa déseschatologisation est inévitable. La fin du monde biblocentré arrive à grands pas. Le messianisme dévisse de mythe en philosophie, de technique en routine. Voyez la mise en ballet des écuries régulières et séculières des monothéismes et la promotion népotiste du mahométisme. Les schémas mentaux explosent.

Les peuples sis en Europe furent abîmés, épuisés, disqualifiés en ayant été amenés à épouser des causes, soutenir des conflits, se prostituer à des intérêts, valeurs et mythes qui ne sont pas les siens.

V/ LA GRANDE LEÇON ET LE CAS PRATIQUE DU MOMENT

En posant sa théorie des essences et des instances, Julien FREUND aura pensé un système contre les anti-systèmes. Son œuvre se lit comme un traité du permapolitique et de macropolitisme. Sa philosophie confine en savoir absolu pensé dialectiquement. Mais gardons-nous de ranger Julien FREUND dans la seule armoire de la politique car le souci du Maître de VILLE aura été de penser et de répondre à la nécessité métapolitique et métaphysique.

Julien FREUND est décolonisateur. Il inverse l’inversion et remet les choses à l’endroit. Il arrache les masques. Son code secret est l’éthique du succès. Mais c’est une grammaire de retour à la mesure : la mésocratie. Julien FREUND est un mésocrate. Mais non point un misocrate. Sa structure narrative vise au renversement des idioties disciplinaires. Le cahier des charges de son offre théorique s’articule comme suit : il faut affirmer les principes fondamentaux pour défendre et sauver l’Europe et ses peuples contre leurs ennemis et défier la mise en décadence-décadance.

Fondamentalement, l’enveloppe des essences est le liquide amniotique desdits peuples qui protège leur substance primordiale.

Au commencement il y a les 6 essences (l’artistique, l’économique, l’éthique, le politique, le religieux et le scientifique). Une essence est une activité catégorisée, critérisée et détectable par une donnée, des présupposés et une finalité spécifique. Ces activités sont premières et primaires, vitales et constantes.

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La mise en relation de ces essences donne lieu à des activités secondaires ou dialectiques. Il s’agit des instances au nombre de 5 : le culturel, le juridique, le pédagogique, le social et le technique. Nous y ajoutons la politique par souci de clarification.

Ces essences sont des outils conceptuels visant à dominer l’expérience et à sanctionner les débordements, insuffisances ou carences. Mésocratie harmonique toujours erigée en système.

Julien FREUND n’aura eu de cesse que de scruter les oscillations des présupposés par lui identifiés, les mouvements des essences et des instances, à la fois entre elles et contre elles.

Sa grille expertise les dynamiques des peuples ou leurs morbidités. Et de leur appliquer son curseur, sa grammaire, son contrôle.

Le signe manifeste de la décadence est l’hégémonie d’une essence sur toutes les autres ou la domination des instances sur les essences. Tel est le cas si la politique prostitue le politique, si le droit déontologise la légalité de l’illégitimité ou si la technique met au pas. Car alors les essences sont expulsées de l’être et les instances gèrent la marche forcée vers le non-être. De même Julien FREUND développera également une conception du droit inouïe de justesse. Parce qu’irriguée de la musicalité du juste. Chaque citoyen a vocation à prendre sa part ; est injustice celui qui prend plus ou moins que sa part ; la part prise par le créancier diasporique est acmé de l’illégitime.

L’économisme fit muer l’économie en religion et commuer l’économique de la satisfaction des besoins à religion du besoin de satisfactions.

Le politique fait irruption quand survient une variation dans les associations et les dissociations. A partir d’un certain seuil, l’effet de cliquet opère bascule. La quantité devient qualité. Telle opinion, telle image, tel slogan fédèrent des amitiés nouvelles, les relient autour d’une désobéissance, défie le commandement et désigne l’ennemi.

Le constat de l’entrée en politique-politique est aisé. La vision de la rue suffit si à la lutte qui y préside s’ajoutent masses, répétitions, slogans et violence... A l’inverse, une procession de robins n’est pas politique.

Tout autre est la montée au front d’une sainte alliance eschatologique qui agite « Grande remise à zéro », coronarise une pandémie et fait déclaration de guerre aux Etats-Nations. Ce « projet collectif » d’initiative privée, purement privative, vise à agresser les peuples dans leur intégrité physique, dans leurs organismes de protection sanitaire, dans leurs budgets sociaux, dans leur fonction économique et dans leur souveraineté financière. Pareille décision est nécessairement politique.

C48YE5VXAAAnhM_.jpgJulien FREUND a en stock 10 catégories d’objections-obstacles à ces menées :

En premier lieu, cette manifestation d’hostilité caractérisée est hautement politique quand bien même procéderait-elle d’un déplacement à l’extrémité du pôle privé au fondement d’une « opinion » théologique catapultée, « commandement » motorisé ;

En second lieu, les peuples cibles sont « livrés au regard de l’ennemi » ; c’est donc lui « qui nous désigne » comme l’ennemi d’icelui ; il devient dès lors le nôtre ;

En troisième lieu, ceux qui de droit et par fonction ont mandat et « pouvoir de nous protéger » mais s’abstiennent, défaillent ou s’y refusent, se disqualifient ; ils dévissent dans « l’impolitique ».

En quatrième lieu, la décision de l’ennemi de « faire la guerre » opère passage à la guerre privée donc à la « guerre civile de religion » - la pire de toute ;

En cinquième lieu la répression policière de la résistance, sous quelque moyen ou prétexte que ce soit, devient « violence privée oppressive en tant qu’elle voudrait éliminer ou empêcher tout conflit » en cette occurrence ;

En sixième lieu, « le rapport de force du fort au faible » est renversé ; mais le pouvoir ennemi d’indirect (potestas indirecta) devient direct (directa) donc dévoilé, ostenstible, visible – immédiatement politique.

En septième lieu, se constate une montée aux extrêmes de la « peur de la peur », de la « contrainte psychique » et de dressage techno-vétérinaire aux effets insoupçonnés pour les méchants organisateurs : toute dénaturation de l’animal-homme est grosse de sur-naturation qui se déchaînera immanquablement contre les élites nolochistes ;

En huitième lieu, la cadence s’actualise en décadance comme praxis de la destruction, de la déconstruction, de la dévastation ; soit « les formes politiques extrêmes de la décadence » ;

En neuvième lieu, « l’éthique de la conviction » mondialisée s’élève à la criminalité cosmopolitiste ; la guerre à l’humanité est crime éponyme ; le massacre de classe demeure « massacre » ;

En dixième lieu : la tyrannie des valeurs signe machination de mise en non-valeur.

N’oublions jamais que valeur vient du latin valor et signifie force de vie, énergie de vie, puissance. Vaut ce que pose un peuple ou lui impose l’ennemi.

6fyHILDzm-mYxMl0P7xge4T5AOY.jpgD’aucuns voudraient-ils commuter la condition humaine en condition juridique vers le zoologique ou la chosification, Julien FREUND moqueur tragique de leur objecter que toute entreprise demeure soumise au paradoxe des conséquences et que tout plan collectif peut entrer en décadence jusqu’à s’effondrer. Ainsi entendue décadence n’est autre chose que la sociologisation de la chute de la modernité, l’agonie de l’aire actiaque, donc la clôture du temps de l’historiette du désert.

Cette loi de l’histoire conduque et sanctionne toute intention et action y compris les menées décadentistes. Ainsi, les dystopistes, déconstructivistes ou ravageurs soromanes échoueront. Leur one-way versera dans le cul de sac. Leur prophétie de s’étioler comme rots dans le cosmos. Par voie de conséquence, la décadence peut devenir elle-même une condition de renouvellement de la pensée et de l’action donc de l’histoire. La fin d’un type de civilisation percluse d’inversion ne peut que s’inverser dans l’inversion. La théorie de la décadence est boule des oscillations, ondulations, rétro ou rotofagies du tragique. A nouveau, décadence signe fin d’une cabbale non celle du monde. L’inversion d’inverser l’inversion. L’économisme ne saurait jamais fusionner l’autorité spirituelle et l’autorité temporelle. Une fonction ancillaire ne saurait jamais prétendre à faire fondement. Elle reste une technique de prise. Une valeur unique n’est pas valeur.

La métaphysique de l’illimité qui s’arcboute sur une seule essence ou une seule instance, tel un pied de biche, dévoile l’effraction de son réductionnisme, sa monocult-ure, son monothéisme du marché !

VI/ LA FIGURE DU CLASSIQUE 

Julien FREUND doit être calibré comme un classique du politique (du latin classis troupe de première classe).

Il fut un résistant inflexible sa vie durant contre tous les envahissements, toutes les impostures et toutes les pollutions de l’esprit.

Servi par une rhétorique implacable et de son rire ravageur, Julien FREUND s’imposait par sa pétulance, sa pertinence et sa profondeur.

Un facies de celte rayonnant, un prénom d’empereur romain, un nom dialectiquement contraire d’ennemi.

L’amitié politique restera chez lui la finalité des finalités : primat germinal.

Le vrai vaccin contre l’impolitique, l’anti-politique ou la politicoclastie, c’est lui ; la défense immunitaire faite pensée politique c’est encore lui. Le classique c’est toujours lui.

Il a passé sa vie à enseigner – instituteur à 17 ans -, à professer – dans le secondaire puis à l’Université de STRASBOURG -, à plaider pour la cause des peuples d’Europe. Ce géant aura eu une vie agitée, trépidante, dangereuse. Il fit la guerre en partisan. Il connaîtra le choc des incultures. Il fut surtout le pôle de la résistance au pouvoir culturel.

Il est totalement méconnu que Julien FREUND jouera un rôle de sage. Les puissants vinrent le consulter, sollicitèrent son arbitrage ou recueillirent son expertise. Les amoureux de sa sagesse, accoururent à Villé pour s’y abreuver. Lui encore se repaîtra des échanges, du ressenti, des sentiments de ses concitoyens. Julien FREUND incarne ce savoir gravitationnel qui fait, à la fois, la physique, la métaphysique et l’impérissabilité de sa conception du monde. Ses intuitions et théories font sens, donnent sens et fournissent les concepts opérationnels pour la lutte.

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Au vu de ce qui précède, il est aisé de constater que la pensée de Julien FREUND est toujours valable. Elle porte date mais n’est pas datée. Elle est de toujours. Elle relève de la sagesse classique. Elle fait récit. Elle est puits de science. Le Freundisme est la technique qui fonctionnalise la théorie des essences et des instances. Le rôle du classique est d’être à l’affût du princeps de son époque et de proposer le principe ordonnatif. Le classique est celui qui devient grand dans le fond de son essence, voit les grandes choses de ses essences et entre dans leur suite. Fondamentalement ainsi, le politique ne saurait dépérir. Il est insurmontable, incompréssible, incontournable. Il est essence. Elle pèse. Parce que nécessité vitale. Pour lui encore l’univers est indéterminable. Il n’y a pas de sens de l’histoire. L’histoire ne suit pas un cours obligatoire. Là est la banalité supérieure du Freundisme, c’est-à-dire génie.

Le classique est le fils de son temps et de l’espace qu’il habite. Il est armé de la lucidité de l’expérience historique. Il fournit un fil d’Ariane pour guigner le salut collectif.

Le classique envisage toujours le pire pour qu’il n’arrive jamais. Il fabrique donc les scénarii et pense les moyens pour faire face en cultivant les ressources intraspécifiques. Car le maître de Villé aura fait de la politique, affronté l’anti-politique et tutoyé l’impolitique. Il aura retenu que la pesanteur du politique est dans la lutte contre l’ennemi.

L’actualité, la pertinence et le succès de la pensée de Julien FREUND sont inversement proportionnels à l’inactualité, au silence et à la censure pratiquées par les appareils de la manipulation idéologique.

Au vrai Julien FREUND aura mobilisé, tout au long de sa vie, son énergie contre la malfaisance et la malpensence. Ses concepts sont des armes. Il a toujours soutenu que poser s’est s’opposer. Aussi, sa pensée est-elle, à la fois, affirmation de son gai savoir et révocation de l’illégitimité du monde contemporain.

Comme champion de la limite et de la mesure, il ouvre un au-delà  au marigot de l’illimité et la démesure, c’est-à-dire l’ultra-capitalisme, l’humanitarisme ou l’hyper-racisme de l’anti-racisme.

Il nous force à penser l’ennemi en son entreprise de cabbale, ses valeurs boursières, sa tyrannie dévastatrice, son aliénation aliéniste. Il nous présente une autre méta-constitution, alternative et franche de toute théologie mortifère. Sa philosophie n’est pas idéaliste mais vaut grammaire de conquête et de re-conquête c’est-à-dire orthographie de la puissance politique. Son œuvre est donc un traité de contestations de la mise en marchandise.

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Julien FREUND pense la totalité du nomos politikon. L’extrême amitié pour les siens l’aura poussé à inventer le peuple politique comme figure de l’alternative. Parce qu’il est le penseur non aligné par excellence de l’ordre néo-libéral, il nous invite à imaginer et forcer la scission d’avec la mise en ordre économiste comme possible d’une autre forme historique que la cage d’acier du capitalisme. Sa théorie des essences et des instances est alors piédestal pour penser, construire et produire cette alternation politico-historique. Son grand mérite aura été d’oser penser le sens de la possibilité d’une possibilitas.

Son programme total est le réenchantement par la repolitisation. Son offre est toute de panache et d’aspiration à la cité du politique-politique.

Julien FREUND se sera fait un devoir cavalier et heuristique envers la cité en tant que toit physique et métaphysique.  Freund docet Boreanos.

Vive la FREUNDopolis !

Jean-Louis FEUERBACH.

vendredi, 29 mars 2019

Les derniers rebelles alsaciens

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Les derniers rebelles alsaciens

par José Meidinger

Ex: http://www.bvoltaire.fr

Martin-Graff-Mange-ta-choucroute-et-tais-toi.jpgQui l’eût cru ? La très sage, la respectueuse, la tranquille Alsace et ses habitants, souvent plus français (« Hourrah Franzosen ») que les Français eux-mêmes, ruent depuis quelques mois dans les brancards hexagonaux, réclamant un « Elsass-Exit » de cette région Grand Est bricolée à la hâte par Hollande à la fin de son mandat présidentiel, redessinée dans ses contours avec Manuel Valls, sur un coin de table élyséen. L’un de ses contempteurs les mieux inspirés, Martin Graff, le « trublion franco-allemand », est de ceux, avec les militants d’Unserland, que cette dissolution de force de l’Alsace dans le Grand Est hérissait au plus haut point. Inlassable pourfendeur des diktats parisiens, cet éternel « empêcheur de penser en rond » – bienvenue au club – nous avait pourtant prévenus dans son abrasif best-seller alsacien Mange ta choucroute et tais-toi, un pamphlet décapant sur le personnel politique, culturel et économique de notre région qui, aujourd’hui, tant bien que mal, cherche peu ou prou à reprendre la main pour redonner à l’Alsace son identité perdue dans le cadre, cette fois, d’une Collectivité européenne.

À l’instar d’Ernst Jünger (Der Waldgänger), notre rebelle des forêts vosgiennes de la vallée de Munster, Martin Graff, avait un cousin de cœur en Crète, René Ehni, l’un des derniers écrivains alsaciens publiés nationalement (chez Christian Bourgois, La Gloire du vaurien) à vouloir ruer, à son tour, dans les brancards d’une Alsace aseptisée, ankylosée, autosatisfaite… René Ehni en avait à ce point gros sur le cœur qu’il avait quitté à jamais cette Alsace qui, me confiait-il, ne ressemblait plus qu’à « un immense champ de maïs planté de fanions du Crédit mutuel », comme l’a croqué si joliment un jour mon ami Maurice Roeckel (Les Étoiles d’Alsace), rebelle impénitent de la malbouffe en Alsace. René Ehni, exilé au pays de Zorba, converti sous le nom de Nicolas à l’orthodoxie, ne supportait plus le « blabla alsacien » et ses éternels atermoiements. Figure explosive et explosée du Saint-Germain-des-Prés des années 70, grand agitateur d’idées à la sexualité parfois ambiguë, Nicolas Ehni écrit toujours à l’ancienne, tape ses manuscrits sur une machine à écrire Erika de l’ex-Allemagne de l’Est, et l’on attend avec impatience ses prochains délires vivifiants.

schittlycolchiques.jpgIl faudrait également, au Panthéon des écrivains rebelles alsaciens contemporains, ne pas oublier Louis Schittly, cofondateur avec Bernard Kouchner de Médecins sans frontières, et à ce titre colauréat du prix Nobel de la paix. Le sundgauvien Louis Schittly (L’Homme qui voulait voir la guerre de près) est également l’auteur d’Un automne sans colchiques, un roman à feuilleter à voix haute, avec le colchique, une plante bulbeuse indigène répartie surtout sur l’est de la France.

Enfin, comment ne pas garder pour la bonne bouche « l’ogre » Gérard Oberlé, né dans un canton alsacien à la frontière de la Lorraine. Avec Retour à Zornhof, un « voyage d’hiver » rythmé par le cycle des lieder de Schubert, Gérard Oberlé, établi dans le Sud Morvan, essaye de faire enfin la paix avec sa terre natale. Le récit n’est pas autobiographique – enfin, pas vraiment -, avoue-t-il : « Ce sont les errances crépusculaires d’un romancier, un homme d’hier, un homme des sentiments anciens. Trois jours et trois nuits d’inventaire avant fermeture définitive. » Et il ajoute : « Dans un monde entièrement d’apparences, il faut, malgré un sentiment délicieux de la vanité des choses, essayer de garder l’enchantement persistant. »

mardi, 31 janvier 2017

Robert Steuckers: conférence à Strasbourg

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jeudi, 19 janvier 2017

L’Alsace est une fête

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L’Alsace est une fête

par Lucien Rabouille

Ex: http://zone-critique.com 

Animateur du Cercle Cosaque aux côtés de l’ébouriffé Romaric Sangars, franc-buveur à la hussarde, anar’ de droite comme Marcel Aymé et satiriste comme Scarron : Olivier Maulin, auteur – entre autres – de Gueule de bois ou des Lumières du ciel, faisait paraître en juin dernier La Fête est finie aux éditions Denoël. L’un de nos chroniqueurs vous entretient avec gouaille de ce roman truculent, politique et alsacien.

Relevant le nez de la tambouille politicienne, une grande âme s’étonnait de voir que parmi les nombreux postulants à la prochaine élection présidentielle, aucun ne propose de transformer la France en : «  un puy du fou géant ». L’argument serait pourtant porteur. Imaginons : au doux pays de France, le bon peuple festoie au milieu des troubadours et des cathares. Moines soldats, dames de cour, bas clergé alcoolique, renégats et guérisseuses rivalisent de fantaisie au cœur d’une mise en scène son et lumière honorant les temps de jadis. Embaumer le pays réel en un sanctuaire protecteur, le peupler de jean-foutres et de nobles édentés redoutant les jacqueries paysannes comme les adorateurs de fées… Le projet n’a encore séduit que les touristes, si l’on compare le succès commercial du Puy du Fou aux anorexiques résultats électoraux de son fondateur. La Grande âme n’a donc pas tord : on ne trouve cette mesure dans aucun programme d’aucun postulant à la primaire d’aucun parti. Mais le projet aura un autre (et meilleur) destin qu’électoral. On rencontre encore des cerveaux malades pour songer à transformer la France en un gigantesque Puy du Fou. Parmi eux : un romancier. Olivier Maulin livre avec son dernier exploit, La fête est finie, un hilarant cri de guerre contre les barbaries éclairées au gaz et ses thuriféraires progressistes.

Fable foutraque du pays réel

Totor, jean-foutre génialement con, n’aime rien tant qu’écouter Bach en se grattant la galle ; son comparse survit de petits boulots, fort d’un CV en peau de lapin et d’une expérience pluriannuelle de chômeur longue durée.

Ses personnages traînent leur existence misérable aux marges des marges de la société. Surnageant dans la nasse, un duo de choc se débat. Totor, jean-foutre génialement con, n’aime rien tant qu’écouter Bach en se grattant la galle ; son comparse survit de petits boulots, fort d’un CV en peau de lapin et d’une expérience pluriannuelle de chômeur longue durée. L’échec professionnel est un emploi à temps plein dans lequel ils excellent, sans RTT, congés payés ou arrêts maladie. Par nécessité alimentaire, ils s’improvisent la nuit gardiens de camping-cars haut de gamme et après quelques combines, embauchent comme pit-bull des chiens domestiques rencontrés la veille à la SPA ou chez la voisine sénile. Sans traîner, la première nuit de travail est interrompue par un cambriolage. Moins ambitieux que les voleurs mais plus négligents, les compères avaient dérobé l’alcool du patron pour s’endormir avec dans l’engin.

Le malfaiteur est un ridicule parvenu d’Europe de l’Est répondant au nom de « Sarközi ». Il file à la roumaine vers la mère patrie pour tirer un bon prix du véhicule. Les personnages obtiennent leur salut par quelques péripéties branquignolesques qui les entraînent dans une cavale policière imprévue. Poursuivant leur route nulle part, c’est à dire en Alsace, ils découvrent un pays où l’Ubu-Renne, souverain des forêts, est un cerf alcoolique et vulgaire alors que des batailles rangées opposent gendarmes et résistants autonomistes.

Quoique bienvenus en Maulinie, les personnages ne s’y sentent pas immédiatement chez eux. Et si elle se passe de brochures promotionnelles, la destination tient toutes ses promesses de dépaysement. Habitués à la routine et à la galère, ils ne voient que folie, démence, excès et réjouissances bucoliques. Le dernier des clochards célestes sera premier chez les anthropologues : virtuose de grands concepts et de bonnes bouteilles, le personnage maulinien est sujet à la radicalisation éthylique. Passé le digestif, il cause clandestinité, attentat et stratégie de la tension. Leur créateur a tout d’un terroriste paralysé par le style. Passé la blague, il s’enflamme et obligatoirement dérape. L’intrigue lui en donne le prétexte ; une décharge s’installe dans la vallée. Casus belli pour les protagonistes, déterminés à ne pas laisser entrer ici le monstrueux « progrès », ni son funeste cortège.

Politique d’abord

La theoria maulinienne a l’odeur d’une potée alsacienne où s’harmonisent les ingrédients d’une soupe bien à droite.

Politique d’abord, le roman est le prétexte pour une typologie (inédite en histoire des idées) de programmes baroques et fatigants. La theoria maulinienne a l’odeur d’une potée alsacienne où s’harmonisent les ingrédients d’une soupe bien à droite. Talent oblige, cette droite se révèle dans ses variétés les plus anarchisantes. On rencontre très vite la plus triviale, qui est aussi la plus populaire : un anarchisme de vauriens et de demi-crapules, se foutant de tout ou presque et surtout de l’Ordre. Cet anarchisme sert d’éthique sommaire au gugusse maulinien de base. Indifférent à tout souci politique, il se contente de rejouer l’éternel duel entre gendarmes et voleurs. Il rappelle Audiard ou les entrepreneurs en activisme révolutionnaire de L’aventure c’est l’aventure. Larcins malgré eux, Totor et son comparse ont autant de conscience politique qu’un vers de terre moyen.

Probablement anarchiste de naissance, l’auteur sait aussi raffiner. Refuser une autorité ne revient pas toujours à ignorer la nécessité d’un ordre. Régionalisme, traditionalisme, localisme, décroissance… l’Alsace maulinienne formule une proposition originale d’organisation politique et sociale. Nostalgiques d’une harmonie originelle, ses habitants rêvent de libérer leur province de l’administration centrale pour la remplacer par une association libre de cellules sociales protectrices. Ils idéalisent un royaume franc du XIIIe siècle, hérissé de libertés, dans lequel pays, provinces, communes pouvaient se nantir de privilèges libérateurs. Rêvant d’un grand bordel providentiellement ordonné, ils vomissent l’État et aspirent à se passer de lois, protocoles, ordonnances, normes ou administration. Résurgence du légitimisme libertaire de Chateaubriand et de l’organicisme réfractaire de Barbey d’Aurevilly, ils sont les ultimes héritiers d’une intemporelle fronde contre la légalité, ne respectant un droit que surnaturel et désobéissant au reste.

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L’État est toujours désigné comme l’ennemi. Empêcheur de tourner en bourrique, il envoie sa police courser les renégats et surtout, crime de lèse-ébriété, entend réglementer la distillation de l’eau de vie. On entend donc bien se passer de lui et de son autorisation pour être bourré du matin au soir. Alors on chouanne, zade et résiste par tous les moyens, même légaux. Les personnages brûlent de consumer le plus froid des monstres froids et pour ce fait, discourent eux aussi sur la méthode. Abattre l’État certes, mais comment s’y prendre ? D’une Theoria, le maulinisme déduit une Praxis. Proudhon et Sorel ne sont pas loin. Pour ne pas se laisser duper par la fable démocratique, le roman glose les Réflexions sur la violence entre deux caravanes de camping et légitime la violence prolétaire comme mythe mobilisateur après trois apéritifs. Vivre et s’achever à l’alcool dans une caravane n’empêche pas de maîtriser l’exercice de la dissertation philosophique. L’ouvrage fourmille d’énoncés théoriques : l’auteur s’y révèle très habile et manie la dialectique comme le tire-bouchon. Introduisant la thèse démocratique par sa réfutation marxiste, il offre alors un supplément d’âme au traditionalisme et conclue sur l’appel à une grève majestueuse, instituant le peuple en nouvelle aristocratie.

Quand le patriarche disserte sur la grande stratégie révolutionnaire, sa fille veille à sa mise en œuvre tactique. Le roman annonce le Grand Soir, le point de non retour. Les personnages s’y préparent et s’improvisent Lysandre ou Hannibal. Être armé est une garantie d’indépendance ; l’assurance de pouvoir résister au Léviathan. Là encore, l’auteur innove et enrichit son avant-garde réactionnaire d’une mention allusive à l’idéal libertarien américain, souvent mal compris et caricaturé en France.

Quête ontologique

Le langage maulinien est l’expression d’un être désinhibé qui aspire à vivre une existence libre et affranchie. Il malmène tous les poncifs linguistiques et idéologiques ; comme l’ont fait avant lui Rabelais, Céline, Frédéric Dard ou ADG.

S’il est accidentellement théorique et praxiologique, le roman ne se prend pas non plus trop au sérieux. Jünger, Sorel, Spengler, Maurras ou Heidegger peuvent se faire comprendre d’alcooliques incultes. La trivialité des personnages résume en deux ou trois grossièretés, des pensées ardues et bien souvent soporifiques. On les en remercie. Au cœur de l’intrigue maulinienne, Heidegger nous révélait la technique moderne comme « mode de dévoilement de l’étant »,  Maulin la décrit comme mode de dévoiement de l’étang. La rhétorique se déploie en quelques cris de guerre bien sentis : « merde au progrès qui pue ». On goûte à cette âpreté conceptuelle comme à ses coups de massue, à peine plus délicats qu’une hallebarde de lansquenet généreusement enfoncée dans le crâne.

Comme rançon du génie, ces gauloiseries éloignent nos héros des gens de bonne compagnie. Démesurés dans leur courage, leur imbécillité, leur facétie, leur ivrognerie ou même ponctuellement leur érudition ; ils se voient opposés à la faune de tous les cuistres demi-habiles, intelligents sans être géniaux, courageux mais pas téméraires, diplomatiquement ordinaires pour ne pas dire simplement médiocres. Seuls comptent les caractères extrêmes. Mais il faut encore en être pourvu, cette qualité n’est pas universelle.

Le grand remplacement des fous par les demi-habiles permet l’invasion d’une langue étrangère. Sans qu’elle n’ait été vraiment conviée, la phraséologie s’invite ponctuellement en Pays d’Alsace où la barbarie douce a de nouveau franchi le limes du Rhin. Un séminaire d’entreprise parle « de relever les défis à venir ». Presque aussitôt, tout discours sincère se dilue dans un magma pseudo-métaphorique. L’auteur ne fait que citer les brochures d’une parole qui n’a même pas besoin d’être caricaturée pour apparaître vide. Par son expression la plus réaliste, le lecteur comprend immédiatement qu’elle ne vaut rien.

Le langage maulinien acquiert alors une plus haute dignité et devient autre chose qu’un amas de gugusseries pour la poilade. Il est l’expression d’un être désinhibé qui aspire à vivre une existence libre et affranchie. Il malmène tous les poncifs linguistiques et idéologiques ; comme l’ont fait avant lui Rabelais, Céline, Frédéric Dard ou ADG. Mais les thèmes de la banlieue des années 1930 comme du conformisme gaullien de la France industrielle ont vécu. Il est difficile d’entretenir aujourd’hui une familiarité avec ces proses, sauf à posséder une très bonne connaissance du contexte historique. Moderne, absolument moderne, le langage maulinien en est spontanément drôle.

Une farce mélancolique

Témoin brutal et nostalgique d’un passé qui ne sera jamais plus,  Maulin pourrait être à l’Alsace un Faulkner ou un Barbey d’Aurevilly.

Farce mélancolique d’un univers qui se défait, le roman nous offre bien des rires  et aussi un peu de tristesse. Tel Alsacien a connu « les fromageries au bourg, les charcuteries, des confiseries, des merceries, une chapelle même ! Et des tanneurs, des cordonniers, des bourreliers, un tonnelier, un ferblantier, un forgeron, et un cordier ». « Une épicerie, une pizzeria et un moloch en tôle, horrible hypermarché à l’entrée de la vallée » les ont remplacés. On songe à l’âge d’or, au paradis perdu et on a soudain envie de dire avec le vieux fermier « merde au petit con de sociologue qui viendra m’expliquer que ce n’était pas mieux avant ».

Passé le coup de gueule, le roman pose un sévère diagnostic : la société a vécu sur le rêve sinistre d’un progrès indéfini et d’un mouvement linéaire de l’histoire, ce dernier devait renvoyer aux vieilles lunes moyenâgeuses tous les sceptiques qui chercheraient à lui faire obstacle. On entend sa complainte : « Le progrès est passé par là ». Le présent n’est qu’un inépuisable sujet de déploration quand le passé est toujours objet de regrets. Libres artisans, érudits locaux, aspirants renégats, clochards célestes… tout le peuple maulinien regrette l’intimité des sociétés villageoises en employant le verbe généreux et trivial des parlers de jadis.

Témoin brutal et nostalgique d’un passé qui ne sera jamais plus,  Maulin pourrait être à l’Alsace un Faulkner ou un Barbey d’Aurevilly. Après les premiers chapitres, sa prose se localise à la manière d’un honnête récit pastoral. Un hobereau normand ou un patricien dixie en pleine vallée du Rhin, remplaçant le coton et le cidre par le schnaps ? Le roman est un peu plus fin que cela. Le pathos à foin a vécu… Chez Maulin, la nostalgie n’a pas fondamentalement divorcé de l’espoir. Sans péage mais sans déviation, le camping-car maulinien emprunte l’autoroute de l’héroïsme chevaleresque. « Elevé en Mythe, le temps d’avant n’est jamais très éloigné du rêve ». Atteints des vertiges d’un âge d’or imaginaire, les personnages s’intéressent pourtant moins à sa forme qu’à son principe. L’intimité sociale, l’autorité de la coutume, les baises gauloises sont plus qu’une fresque mythologique. Elles existent de manières bien réelles, bien charnelles, dans ce que les sociologues appellent la postmodernité. Celle-ci devient involontairement passéiste et se retourne contre l’édifice moderne quand son infrastructure étatique et sa superstructure idéologique s’enfoncent dans une muabilité incertaine. Quand il discourt, le roman détaille le mouvement cyclique de l’histoire et se plonge, quoiqu’un peu sommairement, dans la mythologie des siècles. Aucun « progrès » n’est inéluctable, aucune décadence non plus. Comme tout ce qui est humain, elle porte en elle les racines de sa propre critique. Son kitsch consumériste devient prophétique. Même en camping-car, le temps des chevaliers peut renaître, mais seulement de manière moderne, baroque et bien sûr inattendue. Les camping-cars resteront et avec eux la poudre, les armes à feu et les machines à distiller. Nul individu, sensé ou insensé, ne songera à y renoncer et probablement pas l’auteur. Mais cet apparent futurisme ne suffit pas à en faire un moderne.

Son dieu cerf alcoolique empereur de la forêt a fière allure et ressemble fort peu à celui de  Princesse Monokoké. Dans la fable de Myiazaki, le majestueux protecteur de la Physis se révèle être l’ultime obstacle à « l’exploitation totale de ce qui se trouve entre le ciel et la terre ». Dominer, exploiter, arraisonner semble être, chez le nippon comme chez l’alsacien, le projet même de la modernité. Myiazaki décrit un monde en train de se défaire quand Maulin voit un monde déjà défait. Le myiazakisme comme le maulinisme ne sont guère des optimismes ; mais leur mélancolie sait être consolante. Même quand l’homme semble menacé en son humanité, elle éveille des émotions libératrices. L’art sait encore dire certaines choses, de celles qui ne peuvent demeurer enfouies trop longtemps. Par-delà le dieu cerf, elles sont immortelles et leur « principe ne peut pas mourir car il est le mouvement même de la vie », sauf peut-être après que le dieu cerf ait déménagé en Alsace maulinienne pour succomber à une cirrhose du foie. En attendant, que la fête recommence.

Lucien Rabouille

  • La fête est finie, Olivier Maulin, Denoël, 240 p., juin 2016, 18,90 euros.

mercredi, 02 novembre 2016

Joseph Rossé, Alsacien interdit de mémoire (1892-1951)

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Joseph Rossé, Alsacien interdit de mémoire (1892-1951)

par Nicolas de Lamberterie
Ex: http://www.breizh-info.com

Joseph Rossé, député alsacien, est décédé le 28 octobre 1951 au bagne d’Eysses, Lot et Garonne. Il avait été condamné en 1947 par un tribunal de l’Epuration à 15 ans de travaux forcés à l’issue d’un procès éminemment politique. Il a connu les centrales de Fontevrault et de Clairvaux. Dans celles-ci, il a rencontré d’autres épurés célèbres : Maurras, Esteva, de Laborde, Xavier Vallat ainsi que Cousteau, Rebatet, Algarron.

Pourtant, il avait été blanchi par la même Cour pour les faits intervenus avant 1940. Ceux-ci lui avaient valu, avant-guerre, une précédente incarcération dans la prison militaire de Nancy. Après l’armistice, il avait été remis aux Allemands avec seize autres « Nanziger », autonomistes alsaciens arrêtés avec lui pour suspicion d’espionnage dès le début de la seconde guerre mondiale.

Singulière fin de parcours pour ce catholique farouchement opposé au nazisme alors qu’il avait abandonné toute activité publique durant la Seconde Guerre mondiale. Il l’a passée en Alsace à la tête de sa puissante maison d’édition l’Alsatia transformée en bastion anti-nazi. Il était entré en 1943 dans le complot contre Hitler organisé par la résistance allemande.

autonomisme-212x300.jpgMais de ses contacts avérés avec le colonel von Stauffenberg, le porteur de la bombe qui devait tuer le Führer le 20 juillet 1944, la justice politique de la Libération n’en tiendra nul compte. Il ne sera pas plus porté à sa décharge l’intense activité de Rossé pour venir en aide à ses compatriotes alsaciens victimes de l’hitlérisme ou pour éditer clandestinement les auteurs chrétiens interdits dans l’Allemagne nazie.

Pour la première fois, 70 ans après les faits, une biographie apporte une vue complète sur cet Alsacien, toujours interdit de mémoire, dont le nom n’est (encore ?) porté par aucune rue, aucune place, aucune école alsacienne. Écrite par Michel Krempper à qui l’on doit également « Aux sources de l’autonomisme alsacien », livre récemment paru chez le même éditeur, elle est titrée « Joseph Rossé 1892-1951 ».

À l’encontre d’une certaine historiographie officielle – et jacobine – elle retrace en sept chapitres, documents à l’appui, l’itinéraire d’un homme politique hors-pair : enseignant sundgauvien révoqué pour ses positions autonomistes, syndicaliste chrétien à la tête de la plus puissante organisation de fonctionnaires alsaciens, pilier du groupe de l’Alsatia et de sa presse, porte-voix de la Volkspartei (le principal parti alsacien d’avant-guerre) et député de Colmar (trois fois élu), Nancéien puis Nanzinger, résistant anti-hitlérien, victime expiatoire de l’Epuration (à qui ses compatriotes feront de grandioses funérailles).

Nicolas de Lamberterie

Joseph Rossé 1892 – 1951 – Michel Krempper – 20€ – Yoran Embanner (à commander ici)

lundi, 30 mai 2016

Trois conférences de Lucien Cerise dans le Grand Est

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Trois conférences de Lucien Cerise dans le Grand Est

E&R Franche-Comté et E&R Alsace recevront Lucien Cerise à Vesoul, Mulhouse et Strasbourg respectivement les 10, 11 et 12 juin 2016 pour trois conférences distinctes.

Réservations

Les réservations sont obligatoires. Merci de communiquer votre nom ainsi que le nombre de personnes aux adresses mail ci-dessous.

Conférence à Vesoul le 10 juin 2016 à 20h

Thème : Prendre le pouvoir
Adresse de réservation : conference.er.vesoul@gmail.com

Conférence à Mulhouse le 11 juin 2016 à 20h

Thème : Le fil conducteur de la géopolitique depuis le XIXe siècle
Adresse de réservation : conference.er.mulhouse@gmail.com

Conférence à Strasbourg le 12 juin 2016 à 16h

Thème : Opérations psychologiques et reality-building
Adresse de réservation : conference.er.strasbourg@gmail.com

Entrée : 5 euros.

Le lieu exact vous sera envoyé par courriel le jour de la conférence.

La bande-annonce :

mardi, 08 mars 2016

Weekend Alsace

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lundi, 28 septembre 2015

Le Prof. Jean Haudry à Strasbourg

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mardi, 10 mars 2015

Bernard Lugan à Strasbourg!

Conférence à Strasbourg: "La bande sahélo-saharienne, un enjeu stratégique pour la sécurité de l'Europe" avec Bernard Lugan (18/03/15)

 

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mercredi, 11 février 2015

Faye à Strasbourg!

Vendredi 13 février à Strasbourg - Conférence de Guillaume Faye: “La colonisation de l’Europe. Situation et solutions”

 
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mardi, 20 janvier 2015

Strasbourg : conférence de Guillaume Faye

Strasbourg : conférence de Guillaume Faye sur la colonisation de l'Europe le 13 février

Strasbourg : conférence de Guillaume Faye sur la colonisation de l’Europe le 13 février

Guillaume Faye tiendra une conférence à Strasbourg le 13 février prochain. Il sera l’invité de la quatrième édition du Cercle Eugène Ricklin.

Le Cercle Eugène Ricklin recevra donc, le vendredi 13 Février 2015 à 19 heures (Strasbourg), Guillaume Faye qui abordera l’épineux sujet de “La Colonisation de l’Europe, situation et solutions.” Participation aux frais : 5 euros.

 

Les inscriptions se font par mail (alsace@bloc-identitaire.com), en précisant le nombre d’accompagnants.

mercredi, 17 décembre 2014

Europe, Nations, régions, quel avenir?

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Europe, Nations, régions, quel avenir?

Jacques Cordonnier

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com

Au lendemain des élections européennes, et tandis que le gouvernement Valls prépare une fusion forcée des Régions, il est important de s’interroger sur la place des régions et des États-Nations au sein de l’Europe. Les appartenances à une région, à une nation et à l’Europe sont les trois composantes du sentiment identitaire de chaque Européen. L’importance relative de chacun de ces liens – région, nation, Europe – est variable selon les individus, mais que nous le voulions ou non, nous sommes tous déterminés par cette triple appartenance. La hiérarchie de ces appartenances varie selon les individus, mais aussi selon les pays. Certains pays comme l’Allemagne ou l’Espagne, ont fait le choix du fédéralisme depuis longtemps et les particularismes régionaux y sont plus forts que dans des États fortement centralisés comme la France.

Plus ou moins d’Europe ? Un débat faussé

region_alsace.pngLe débat fait rage aujourd’hui entre souverainistes et fédéralistes, entre nationalistes et européistes, entre jacobins et régionalistes, entre mondialistes et identitaires. Mais c’est un débat faussé auquel nous assistons, car les effets de la crise financière et économique ont, depuis 2008, introduit l’irrationnel et le subjectif dans ces controverses. Le déclin de l’Europe, entamé au début du XXè siècle, s’est accéléré au cours des dix dernières années. Le déclin est accentué à raison de l’émergence de nouvelles puissances, telle la Chine, l’Inde, les BRICS. Et au sein de l’Union européenne, la France a du mal à consolider son rang. Si rien ne change et si la France suit le chemin de plus grande pente dans laquelle elle est malheureusement engagée, d’ici quinze à vingt ans, elle ne fera plus partie du G8. Ceux qui pensent que le déclin n’est pas une fatalité doivent s’interroger sur la voie à emprunter pour conjurer ce destin. Faut-il donner vigueur aux régions, à l’Europe ou à l’État-Nation ?

Dissocier État et Nation

Au moyen âge, les "nations" existaient dans une acception totalement différente de celle "d'État-Nation". Le terme "nation" n'avait à l'époque aucune signification politique. Il désignait et traduisait l'appartenance communautaire et linguistique des différentes personnes qu'il regroupait. C'est ainsi que les "nations" bretonnes, picardes, normandes, toulousaines se réunissaient au sein du royaume de France. Toutes les "nations" acceptaient de cohabiter au sein du même État.

C'est la Révolution Française et le jacobinisme révolutionnaire qui vont inventer la "Nation", avec un N majuscule, telle que les Français la conçoivent aujourd'hui. La monarchie constituait l'élément fédérateur qui unissait au sein du royaume les "nations" et les "provinces". La Monarchie détruite, ce fut l'idée de Nation qui remplaça le Roi comme principe fédérateur. Les jacobins inventent la "Nation" une et indivisible, abstraite et théorique au sein de laquelle les nations et les provinces vont être forcées de se dissoudre et de disparaître au profit du département, autre invention de la Révolution. Aujourd’hui, plus de deux siècles plus tard, le gouvernement de Manuel Valls prépare une grande réforme de recentralisation en tentant de rayer d’un trait de plume les Régions que quarante années d’effort avaient commencé de façonner. Moins de compétences et de moyens pour les nouvelles circonscriptions régionales, beaucoup plus de pouvoirs pour les préfets et les services de l’État. Ce choix est une régression dramatique pour notre pays. Le paradoxe est qu’il satisfait le vœu des partis souverainistes qui voient avec plaisir le renforcement de l’État-Nation.

Plus forts par la subsidiarité

L'Allemagne, par exemple, a choisi le modèle fédéral où l'application du principe de subsidiarité donne à ses Länder et à ses villes une grande autonomie qui leur permet de gérer mieux, plus efficacement et plus démocratiquement que ne le ferait un État-Nation centralisé. Seule la France persiste dans le modèle dépassé d'État-Nation. Dès lors que nous abandonnerons ce modèle et que les deux concepts d'État et de Nation seront enfin dissociés, la France pourra s'engager dans une démarche harmonieuse de construction d'une Europe souveraine, respectueuse des nations et des régions qui la composent.

C’est Johannes Althusius (1557-1638) qui a été le théoricien majeur du principe de subsidiarité. Dans son acception contemporaine et politique, la subsidiarité implique que chaque entité – Europe, État, région, commune – soit maîtresse dans les domaines de proximité où sa compétence se révèle plus pertinente et efficace que celle de l’échelon supérieur ou inférieur.

Il est des domaines où, à l’évidence et d’expérience, la commune ou la Région est le niveau idéal de gestion et d’administration. Il faudrait par exemple transférer aux Régions la responsabilité du système éducatif dont le déclin continu est en train de se transformer en débâcle. De réformes en réformes, l’Éducation Nationale a tout essayé. Rien n’y a fait. Il faut donc transformer et régionaliser le système éducatif.

 

L’Europe face aux nouvelles puissances

À l’autre bout du spectre, c’est l’Europe qui est doit être considérée comme l’échelon efficace. Les Français comme les autres Européens prennent conscience que les menaces et les tensions qui se développent à l’échelle de la planète ne peuvent pas trouver de réponse à l’échelle d’un pays. La montée en puissance de la Chine et de l’Inde, les effets des dérèglements de la finance mondiale, la dépendance énergétique de l’Europe, l’augmentation continue de l’immigration non européenne sont au cœur de problématiques qui dépassent largement l’échelle de la France seule. Les récentes révélations sur l’espionnage des institutions françaises et européennes par les agences américaines de renseignement illustrent bien à quel niveau se déroulent les conflits et à quel niveau doit être organisée la riposte.

Mais pour convaincre les citoyens de la justesse du projet européen, il faudra trouver d’autres arguments que « d’assurer le bien-être et la paix sur le continent ». Discours bateau, ambitions de nains, objectifs trompeurs ! Comment parler de bien-être aux millions de chômeurs et de déclassés ? Comment invoquer la paix quand aux portes de l’Union on s’entretue en Ukraine ? Comment donner envie de l’Europe quand nos dirigeants choisissent l’OTAN ?

L’Europe de nos espoirs est une Europe souveraine, indépendante et puissante. Le chemin pour y arriver, c’est la voie fédérale qui seule permet de construire un ensemble politiquement cohérent tout en respectant les différences et les spécificités des peuples qui la composent. Car ne nous y trompons pas, l’Union européenne d’aujourd’hui est tout sauf fédérale. Elle n’est qu’une organisation interétatique dont le pouvoir en dernier ressort reste entre les mains des chefs d’États et de gouvernements des États membres. Le choix qu’ils font de déléguer – en toute opacité – leurs pouvoirs aux « experts » de Bruxelles ne change rien à l’affaire. L’Union est jacobine à l’extrême et très peu démocratique. Comme l’a préconisé le Pr. Gérard Dussouy dans son dernier ouvrage, il faut « contre l’Europe de Bruxelles, fonder un État européen ».

Souveraineté et puissance

La question de la souveraineté est la question fondamentale. Méditons cet étrange paradoxe : tout ce que les États membres ont perdu en souveraineté n’a pas profité à l’Europe ; celle-ci n’est pas devenue plus souveraine pour autant. Au contraire, nous la sentons ballotée entre les intérêts de la finance internationale et ceux des États-Unis, lesquels se confondent souvent. On aurait pu espérer que le Parlement européen s’empare instantanément de chaque parcelle de souveraineté abandonnée par les États. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées ainsi. Le Parlement européen, seule instance théoriquement détentrice de la légitimité populaire, s’est privé à la fois de son pouvoir normatif et de son pouvoir de contrôle. Le Parlement européen n’est aujourd’hui qu’une chambre d’enregistrement pilotée par les chefs des partis nationaux.

Les États généraux de l’Europe

Et pourtant ! C’est peut-être au sein de l’Assemblée de Strasbourg que viendra la renaissance. Harald Greib, vice-président du Laboratoire Européen d’Anticipation Politique, suggère un scénario enthousiasmant. Étant donné qu’il ne faut rien attendre des pouvoirs nationaux, la prise de pouvoir ne pourra se faire qu’au sein de la seule enceinte transeuropéenne ouverte au scrutin démocratique, le Parlement européen. Harald Greib estime qu’un jour les députés européens, quand la crise existentielle de l’Europe aura atteint son paroxysme, devront se constituer en États généraux pour débattre enfin des vraies questions de fond. Et de ce débat pourra naître la volonté de s’ériger en assemblée constituante. Les députés européens, détenteurs de la légitimité démocratique, feront ratifier la nouvelle constitution par un référendum transeuropéen, constitution qui s’appliquera non pas à l’ensemble des 28 membres de l’Union, mais aux 18 membres de la zone Euro. Cette Europe à 18, homogène et démocratique, dotée d’une constitution et de sa monnaie, attribut de souveraineté et outil de sa puissance économique, se forgera ensuite sa diplomatie et son système de défense et d’intervention. Bien sûr, ce serait une révolution. Mais les situations extrêmes appellent les actions radicales. C’est une tâche immense. Mais ne pas la tenter équivaudrait à passer à côté de l’Histoire. Réussir serait servir les intérêts et la grandeur des peuples européens.

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r roudier.jpegLire aussi le remarquable ouvrage de Richard Roudier sur le redécoupage de la France!
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vendredi, 10 octobre 2014

Strasbourg en rouge et blanc pour l’« Alsatian Pride »

Strasbourg en rouge et blanc pour l’« Alsatian Pride »

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Le 10 octobre 2014
 
Strasbourg sera ce samedi en rouge et blanc, les couleurs d’une Alsace qui entend descendre dans la rue pour affirmer sa volonté de ne pas être absorbée par la Lorraine et la Champagne-Ardenne.
 
 

Strasbourg sera ce samedi en rouge et blanc, les couleurs d’une Alsace qui entend descendre dans la rue pour affirmer sa volonté de ne pas être absorbée par la Lorraine et la Champagne-Ardenne. La manifestation alsacienne aura-t-elle le même succès que celle de Nantes pour la réunification de la Bretagne ? Le président du conseil régional d’Alsace y croit en tout cas, n’hésitant pas à proposer un tarif – TER exceptionnel à 5 € – pour permettre à tous les Alsaciens qui le souhaitent de se joindre à ce mouvement de protestation.

L’opposition socialiste – l’Alsace est de droite depuis toujours – crie bien évidemment au loup et dénonce « l’utilisation indue de fonds publics pour financer une manifestation partisane ». C’est oublier un peu vite qu’une vente flash de 12.000 billets Lyon-Paris à 5 euros a eu lieu l’année dernière par la SNCF, cinq jours avant la manifestation pro-mariage pour tous. Et cette offre était bel et bien disponible 5 jours avant la manif des partisans du « mariage » homosexuel et valable uniquement, comme par hasard, jusqu’au 27 janvier 2013, date de la manifestation des partisans du projet de loi. Sur le Net, la SNCF encourageait ses « amis lyonnais » à profiter de cette « opportunité incroyable » en envisageant une « petite séance shopping dans le Marais », le « quartier gay-friendly de la capitale »,  comme l’avait relevé alors fort opportunément Valeurs actuelles.

Malgré son maire gay-friendly, l’offre alsacienne n’est pas aussi alléchante, mais la manifestation de samedi sera le point d’orgue d’une campagne de sensibilisation de l’Alsatian Pride, la « fierté alsacienne » que mène depuis quelques mois un tout jeune parti régionaliste Unser Land (Notre pays) qui a remis au goût du jour les couleurs alsaciennes Rot un Wiss (rouge et blanc). De nombreux jeunes – et c’est encourageant – ont rejoint les rangs d’Unser Land et n’hésitent pas, à l’image des activistes de Greenpeace, à se lancer dans des démonstrations spectaculaires, drapeau Rot un Wiss en tête. Ces jeunes militants ne sont pas effarouchés par la notion d’autonomisme et n’hésitent pas à l’expliquer aux badauds qui les encouragent dans leurs actions d’éclat. « N’ayez pas peur, même soyez fiers de votre histoire. Nous devons à ceux qui nous ont précédés, qui se sont battus pour préserver notre droit local, notre culture, notre langue, d’être ce que nous sommes ».

Unser Land milite enfin pour que le drapeau alsacien retrouve droit de cité. « Un vrai drapeau, reconnu, comme celui des Corses, des Bretons ou des Basques. Qui a sa place sur le fronton de nos mairies, entre le drapeau national et le drapeau européen […] Mir welle bliewe, wàs mir sin ! Nous ne voulons pas disparaître dans un mariage forcé contre-nature. Nous voulons rester ce que nous sommes et nous le faisons savoir. »

Contre toute forme de dissolution ou « d’incorporation forcée » de l’Alsace dans des ensembles interrégionaux artificiels : ils seront nombreux à le faire savoir samedi à Strasbourg, où l’on pourra se rendre compte, comme disait la grand-mère de l’un de mes amis, que mine de rien « les Alsaciens sont tous français, dommage que les Français ne soient pas tous alsaciens, on ne serait pas dans la m… »

vendredi, 29 août 2014

Pétition pour l’Alsace

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Pétition pour l’Alsace

OUI à l’Alsace rhénane et européenne

NON aux fusions artificielles

NON au repli frileux vers Paris

La pétition lancée par Jean Rottner, le maire de Mulhouse, reprend des arguments de bon sens et rejoint les souhaits de la majorité des Alsaciens. Par delà nos sympathies ou nos appartenances politiques, tous ceux qui rêvent d’un grand destin pour l’Alsace peuvent signer cette pétition et nous la relayons sans réserve. Des milliers de personnes l’ont déjà signée. À votre tour, signez-la et faites-la circuler.

La fusion imposée de l’Alsace avec la Lorraine – avec ou sans la Champagne-Ardenne – est contraire aux intérêts de l’Alsace. Créons le Conseil d’Alsace et exigeons les moyens et les compétences qui permettront à l’Alsace de s’exprimer mieux, moins cher et plus efficacement que l’État.

Comme nous l’écrivions dès le 10 avril dernier, il est urgent de relancer le projet de Conseil unique d’Alsace.

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mardi, 04 mars 2014

Renaud Camus à Colmar

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mercredi, 05 février 2014

Alsace: Big Brother

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mercredi, 27 novembre 2013

Strasbourg: tyrannie médiatique

lundi, 02 septembre 2013

Marche pour la Syrie

jeudi, 04 avril 2013

Oui à l’unité alsacienne !

Oui à l’unité alsacienne !

par Georges FELTIN-TRACOL

drapeau_alsace.pngLes Français ignorent que le 7 avril 2013, les électeurs des départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin sont convoqués à un scrutin référendaire régional. On leur demande d’approuver ou non la fusion dans une collectivité territoriale unique du conseil régional d’Alsace et des deux conseils généraux départementaux. Le succès de cette consultation dépend d’un oui majoritaire dans les deux départements et d’une participation minimale de 25 % sous peine de nullité.

Si les Alsaciens entérinent cette mesure audacieuse, le conseil régional deviendra un conseil exécutif régional à Colmar. Elle désignera une assemblée territoriale siégeant à Strasbourg. Quant à Mulhouse, des instances locales s’y installeront. Afin de ménager toutes les susceptibilités, des « conférences départementales » sont maintenues alors qu’il faudrait les supprimer, et sont prévus entre huit et douze « territoires de proximité » qui correspondent aux divers terroirs alsaciens (l’« Alsace bossue » du Nord-Ouest n’est ni le Sundgau, ni les vallées vosgiennes…).

L’idée de soumettre ce projet à un référendum régional revient à Philippe Richert, le président U.M.P. du conseil régional et ancien ministre aux Collectivités locales de Sarközy de 2010 à 2012. Il a bénéficié, d’une part, d’une concertation favorable avec ses homologues présidents de conseil général qui sont eux aussi à l’U.M.P., et, d’autre part, de l’accord du nouveau locataire de l’Élysée qui souhaite ainsi anticiper le fameux « Acte III de la décentralisation ».

Le oui alsacien fera de l’Alsace la deuxième région de la Métropole, après la Corse, à obtenir une plus grande liberté locale. Les institutions régionales unitaires d’Alsace s’inspirent d’ailleurs largement de la collectivité territoriale corse. Bien sûr, le projet Richert n’est pas parfait d’autant que le texte approuvé devra ensuite être voté par le Parlement. Il faut cependant en saluer la portée et le caractère novateur qui inaugure une timide et légère réduction du millefeuille administratif français.

La marche inéluctable vers l’unité alsacienne est entravée par l’existence même de partis politiques et de politiciens qui sont pour le moins les produits d’une contre-sélection ou d’une sélection négative, d’où les inévitables excès propres à la démocratie de marché (incompétence, bureaucratie, clientélisme, rançonnage des contribuables, gaspillage financier, etc.). Ce ne sont pas les institutions qui sont intrinsèquement mauvaises, mais les individus qui les dirigent.

Cette objection qui n’infirme en rien la pertinence du projet Richert n’est nullement reprise par une coalition circonstancielle du non. Bouleversant les habitudes et les routines, l’unité alsacienne envisagée a suscité l’« union sacrée » d’une opposition hétéroclite. Sans surprise, on y retrouve les sans-culottards du Front de Gauche, du N.P.A., du P.O.I. (Parti ouvrier indépendant), de Lutte ouvrière, de la C.G.T., de S.U.D., de F.O. et du M’PEP (Mouvement politique d’émancipation populaire). Ces nostalgiques d’un Hexagone aux ordres d’une capitale toute-puissante, en appellent à la constitution de « brigades républicaines ». Ils oublient en revanche que la Convention adopta une constitution en l’An I qui permettait une relative décentralisation. Ces sans-culottes de 2013 ne doivent pas non plus connaître l’existence des « jacobins fédéralistes ». Ils ignorent aussi probablement les fructueux travaux sur le fédéralisme, la décentralisation et l’autonomie culturelle de l’austro-marxisme avec Karl Renner et Otto Bauer. On décèle bien ici la sclérose intellectuelle avancée de ces associations folkloriques arrêtées à 1968, 1936, 1917 ou 1793…

Toujours à gauche, le P.S. est profondément divisé. Si la fédération du Haut-Rhin fait campagne pour le oui, les socialistes du Bas-Rhin, furieux que Strasbourg ne concentre pas tous les organismes régionaux, se prononcent pour le non. Ces socialistes bas-rhinois démontrent leur inculture profonde à l’égard de la longue histoire de leur région. Avant l’annexion française en 1648, l’Alsace, territoire du Saint-Empire constitué d’une Haute-Alsace, d’une Basse-Alsace et de la République libre de Mulhouse, était structurée par la Décapole. Voulue en 1354 par Charles IV et dissoute en 1679, c’était une une alliance militaire et financière entre dix cités. Le polycentrisme urbain du projet Richert réactive une vieille structuration de l’espace alsacien.

Aux côtés de ces adversaires du oui, signalons la présence de quelques élus du MoDem, du centre-droit et de Debout la République (tout un programme !). À Paris, les laïcards islamophobes et néo-conservateurs de Riposte laïque dénoncent eux aussi la consultation et ressortent les poncifs éculés d’une « Europe allemande des régions ». Reconnaissons-leur toutefois leur croyance constante dans une conception fumeuse du Français hors-sol. Avant d’être le sujet (ou le citoyen) d’un État à vocation universaliste, l’homme français est d’abord et avant tout un être européen inscrit dans une culture régionale, fut-elle moribonde du fait d’un parisianisme exacerbé et génocidaire.

Riposte laïque rejoint sans surprise l’hostilité du F.N. Néanmoins, il y a eu du tangage, voire de sévères frictions, entre le « Carré » à Nanterre et les militants alsaciens. Au début, le président du groupe frontiste au conseil régional, Patrick Binder, soutenait la fusion au nom du particularisme local. Mais cette attitude courageuse contrevenait le discours anti-décentralisateur de son parti. Il dut ensuite envisager l’abstention avant que le Politburo de la rue des Suisses exige un non catégorique. Fort heureusement, d’après de récents sondages, deux tiers des électeurs frontistes voteraient en faveur du oui.

Cette attitude n’est pas surprenante, venant d’un parti dont la présidente condamne les langues régionales, veut proscrire dans la Constitution la moindre communauté charnelle (et pourquoi pas y inclure la prohibition de la gravitation et l’interdiction de la grippe ?), soutient la suppression des régions et maintient une perception obsolète de la géographie administrative hexagonale. Marine Le Pen confirme son virage radical-socialiste digne de Clemenceau.

Ce positionnement très IIIe République est néanmoins paradoxal parce que depuis trois décennies, le F.N. réalise ses meilleurs résultats électoraux dans des territoires qui tentent vaille que vaille de préserver leurs singularités (Lorraine, Alsace, Franche-Comté, Rhône-Alpes, Languedoc-Roussillon, Provence, Pays nissart…). Lors de la campagne présidentielle de 2012, Marine Le Pen ne s’y trompa point puisqu’en Corse, elle salua la spécificité de l’île.

La présence de nombreux orphelins chevènementistes dans la direction du F.N. et du Rassemblement bleu marine accentue le tropisme parisien et francilien d’un parti qui s’est toujours défié du réveil des peuples vernaculaires enracinés. Plutôt que de combattre la fusion alsacienne ou de garder un silence préjudiciable sur l’impérieuse réunification normande, le F.N. aurait pu avec ses victoires législatives dans le Vaucluse et dans le Gard organiser un Front national des identités, des régions et de la colère populaire. Par souci de respectabilité médiatique et désir de se conformer aux oukases de la « rebellitude », cette formation politicienne préfère combattre une bonne initiative. C’est regrettable, car, en se focalisant sur ce référendum et sans disposer de conseillers compétents en territorialité, elle ne voit pas la montée en puissance – discrète – d’un autre projet en préparation, vraiment mortifère celui-ci : l’émergence programmée des métropoles et des pôles métropolitains destinés à remplacer à terme les départements et les régions.

Face à cette nouvelle menace majeure, porteuse de lourds déséquilibres territoriaux, il est impératif de disposer d’une France des régions fortes. Il faut par conséquent voter et faire voter oui, le 7 avril prochain.

Georges Feltin-Tracol


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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mercredi, 03 avril 2013

7 avril prochain: l'Alsace vote pour son avenir...

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Dimanche 7 avril prochain, l'Alsace vote pour son avenir...

Entretien avec Jacques Cordonnier, Président d'Alsace d'abord :

Le 7 avril prochain, un référendum d’initiative locale aura lieu dans les deux départements alsaciens, dans la perspective de fusionner le Conseil régional d’Alsace et les Conseils généraux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin. Jacques Cordonnier, le mouvement régionaliste Alsace d’Abord que vous présidez est fortement engagé en faveur du Oui dans le campagne référendaire. Pourquoi ?

Parce que le projet de fusion des hautes collectivités alsaciennes et de créer un Conseil unique d’Alsace a été imaginé et conçu dès 1989 par le mouvement Alsace d’Abord. Avec Robert Spieler - avec qui j’ai fondé le mouvement et qui en a été le président jusqu’en 2008 – nous avions eu très tôt la conviction que la prospérité et le rayonnement de l’Alsace, la sauvegarde de ses particularismes et son développement économique passeraient nécessairement par une réforme institutionnelle. Nous défendions l’idée, audacieuse à l’époque, qu’une telle réforme pouvait très bien n’être conduite qu’en Alsace et ne pas s’appliquer à toutes les régions de France, dès lors que les autres régions de France n’en voulaient peut-être pas encore.

Pourquoi l’Alsace devrait-elle avoir un statut différent des autres régions ?

L’Alsace a une tradition régionaliste très ancienne. Elle est certes la plus petite région française, mais c’est une région frontalière à forte identité, ballotée pendant des siècles entre des autorités tutélaires différentes. Notre identité se fonde sur notre double culture, française et alémanique, héritage d’une histoire mouvementée. Les Alsaciens demeurent très attachés à leurs spécificités. En dépit des multiples tentatives de l’État de franciser à tout prix cette région des marches de l’Est, l’Alsace a su conserver presque intact son droit local. La « chance » de l’Alsace fut qu’elle ne fut pas française quand le petit  «  Père Combes » imposa en 1905 la séparation de l’Eglise et de l’Etat. En 1919, la France victorieuse voulut remettre en cause ce statut. La révolte fut telle, et développa tant les mouvements autonomistes, que le Régime recula. Ce droit local, qui fait partie du patrimoine alsacien, est régulièrement l’objet de remises en cause par le pouvoir central. Qu’il s’agisse du livre foncier, du régime local d’assurance-maladie, de la réglementation spécifique de l’apprentissage, du statut concordataire des cultes, des instances prud’homales paritaires, de l’organisation mutualiste de l’épargne et de bien d’autres domaines, notre droit local a fait la preuve de sa supériorité sur le régime commun.

C’est ce statut particulier que nous entendons préserver et renforcer. Quand les Alsaciens parleront d’une seule voix, nous serons plus à même de demander d’autres transferts de compétences et de ressources de l’État vers la Région. De même, l’Alsace deviendra plus crédible vis-à-vis de nos puissants voisins du Bade-Wurtemberg ou de Bâle lorsqu’il s’agira de coopération transfrontalière.

Votre projet date de 1989 ; comment se fait-il qu’il ait fallu attendre si longtemps pour voir les choses enfin se décanter ?

Avec Robert Spieler et les autres élus de notre mouvement, nous nous battions inlassablement au sein du Conseil régional pour faire progresser l’idée du Conseil unique d’Alsace. Mais nous nous sommes toujours heurtés aux réflexes jacobins et « républicains » aussi vivaces chez les élus de droite que de gauche. Il faut dire que les grands partis nationaux, UMP, PS, mais aussi FN, ne favorisaient pas, chez leurs élus et leurs dirigeants, l’éclosion d’idées nouvelles qui auraient pu remettre en cause le centralisme et le jacobinisme « républicain » dont la plupart des régions s’accommodaient. Élection après élection, nous placions le projet de fusion au cœur des campagnes électorales, et c’est ainsi que chez les électeurs, au bout de vingt ans, l’idée a fait son chemin.

Cette fusion, et la création du Conseil d’Alsace, suffiront-elles à endiguer les effets de la crise qui touchent l’Alsace autant que le reste du pays ?

Le Conseil unique d’Alsace sera un formidable outil pour mettre progressivement en œuvre des décisions prises par les Alsaciens, pour les Alsaciens. Mais il faudra encore l’améliorer, car le projet tel qu’il est présenté aux électeurs est imparfait et incomplet. Les responsables UMP prétendent vouloir simplifier le mille-feuille administratif, mais ils ont concocté une usine à gaz peu compréhensible. On sent bien que le projet est le produit d’âpres marchandages entre Haut-Rhinois et Bas-Rhinois, entre Strasbourgeois et non-Strasbourgeois, entre citadins et ruraux. Médiocrité, quand tu nous tiens… Mais je ne boude pas mon plaisir ; mieux vaut une fusion incomplète que pas de fusion du tout. L’occasion qui se présente est historique. Si nous ratons cette fenêtre de tir, il n’y aura plus de possibilité de créer le Conseil d’Alsace avant cinquante ans ou plus.

Ne craignez-vous pas que ce référendum en Alsace soit une réplique du référendum local du 6 juillet 2003 en Corse, où le Non l’a emporté ?

Non, les deux référendums sont bien différents. Le référendum en Corse a été conçu et organisé par le centralisme parisien, ce qui a quelque peu énervé les Corses. De même que pour tous les référendums organisés dans les DOM-TOM par le passé. Le référendum du 7 avril 2013 en Alsace a été quant à lui, voulu, imaginé et préparé par les Alsaciens. C’est d’ailleurs une grande première. C’est la première fois dans l’histoire de France que les habitants d’une région vont être consultés, à leur demande, sur leur avenir institutionnel. Les Alsaciens pourront prendre leur destin en mains.

Vous avez donc toutes les raisons d’êtes satisfait. Ce référendum sera probablement une simple formalité ?

Non, rien n’est joué. Le Oui, pour l’emporter, doit satisfaire à deux conditions : faire plus de 50 % des suffrages exprimés, mais le Oui doit aussi atteindre 25 % des électeurs inscrits dans chaque département. Or comme chacun le sait, l’abstention n’a fait que progresser au cours des dernières décennies. En outre, il s’agira là d’une consultation uniquement régionale, ce qui veut dire que les grandes chaînes de télévision et la presse nationale n’en parleront pas, ou très peu. Sachant que les présidents UMP des Conseils généraux vont perdre leur siège de président, vous pensez bien qu’ils font campagne à reculons. Quant aux conseillers UMP et PS de base, généraux ou régionaux, ils craignent confusément de perdre leurs prébendes ; ils ne sont donc pas très actifs sur le terrain. Les élus du Front National, eux, font carrément campagne pour le Non, mettant en garde contre le morcellement de la République issue du siècle des Lumières… Ils aiment, ils adorent les valeurs de la République… Ils rejoignent ainsi dans le camp des jacobins, les militants du Front de gauche, du NPA, d’une partie du PS et les Libres penseurs francs-maçons qui n’ont jamais supporté la survie du Concordat en terre alsacienne. C‘est navrant, mais aujourd’hui le Front national est devenu le meilleur défenseur des idées de la Révolution française et des idées jacobines en Alsace. Navrant, vraiment navrant…

Mais le référendum ne peut-il pas permettre de donner la parole au peuple ?  

Soyons lucides : Les Français n’ont pas la pratique ni l’habitude du référendum ou de la votation. De sorte que, lorsqu’ils sont enfin consultés, ils ne répondent pas à la question posée mais se livrent plutôt à un vote sanction, un vote de mauvaise humeur. Et en cette période de crise, les gens ont quelques raisons d’être de mauvaise humeur. Les responsables UMP seraient bien inspirés d’y penser et de détourner cette mauvaise humeur contre l’État socialiste. Mais ils n’osent pas, tant ils sont formatés pour s’incliner devant tout ce qui vient de Paris. Le mouvement régionaliste mène activement campagne, surtout dans le Haut-Rhin où l’on a agité depuis plus de trois ans le chiffon rouge de la domination strasbourgeoise. La domination strasbourgeoise ! Mais, que voulez-vous. Il est bien connu que les nains défendent leur pré carré. Ceci est vraiment profondément misérable et digne d’un nanisme cosmoplanétaire…

Ce sera sans doute difficile, mais j’ai la conviction que les Alsaciens choisiront de voter Oui. Oui à l’Alsace alsacienne, à la France française et à l’Europe européenne…

Un Parlement alsacien?

Quand il y a vingt-cinq ans nous demandions la création du Conseil d’Alsace, on nous traitait de fous. Il ne faut donc pas s’effrayer quand nous prédisons que dans quelques années, l’Alsace aura son Parlement. Dès aujourd’hui, nous devons demander des pouvoirs organiques et réglementaires afin d’obtenir sans délai la responsabilité du droit local, de sa sauvegarde et de sa modernisation. L’Alsace doit devenir maîtresse dans les domaines où son talent lui permettra de s’exprimer mieux, moins cher, plus efficacement que l’État. L’Alsace doit tirer le meilleur parti de sa situation dans l’espace rhénan et développer des relations étroites de partenariat avec ses voisins de la Suisse alémanique, du pays de Bade et du Sud-Palatinat.

Tout cela sera facilité avec l’installation du Conseil d’Alsace et la mise en œuvre d’un projet moderne de vraie décentralisation. La victoire du Oui le 7 avril prochain sera la victoire des Alsaciens et la chance de notre région.

Mais quand vous évoquez un Parlement alsacien, n’êtes-vous pas en pleine démarche indépendantiste ?

Ceci est une plaisanterie. L’Alsace est et restera française et européenne. Il n’est pas question pour nous de revendiquer une quelconque indépendance, idée ridicule, qui n’a aucun sens dans le cadre de la réflexion européenne et nationale qui est la nôtre. Il est consternant d’entendre des représentants de mouvements dits nationaux ou nationalistes reprendre les antiennes du jacobinisme révolutionnaire. Les meilleurs défenseurs de la Révolution française ne sont pas Mélenchon ni Buffet, mais Marine Le Pen et le Front national. Désespérant… Pardonnez-moi : Mais dire « merde » aux énarques parisien arrogants, ce n’est pas dire « merde » à la France.

Cet entretien a été publié dans Rivarol de la semaine dernière cliquez ici

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samedi, 30 mars 2013

Colloque "Maison Commune"

vendredi, 18 janvier 2013

Des souvenirs sur une Alsace-Lorraine allemande

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Des souvenirs sur une Alsace-Lorraine allemande

par Georges FELTIN-TRACOL

Dans le climat d’inculture généralisée qui ne cesse de s’étendre dans un Hexagone noyé par les écrans de la bêtise voulue et du divertissement marchand de la vacuité ambiante, il importe de saluer deux sympathiques éditeurs lorrains qui copublient les moments alsaciens extraits des Mémoires (1925) du prince Alexandre de Hohenlohe-Schillingsfürst (1862 – 1924). Cette parution opportune éclaire une période méconnue de cette terre qui fut allemande entre 1871 et 1918.

 

Président de l’équivalent germanique du conseil général de Haute-Alsace en 1903 et fils de Clovis de Hohenlohe-Schillingsfürst (1819 – 1901), ancien gouverneur de la région et futur chancelier impérial, Alexandre appartient à une très vieille famille dont « l’anoblissement […], attesté au XIIe siècle, était antérieur à celui des Hohenzollern ! (p. 11) ». Esprit cultivé, francophone et ne cachant pas sa francophilie, ce prince allemand se retrouve au contact quotidien avec ses administrés alsaciens.

 

Le témoignage qu’il laisse dépeint une Alsace-Lorraine ignorée des Français. Ses souvenirs contestent les clichés et autres poncifs diffusés par une historiographie parisienne pédante et revancharde. Il souligne l’influence prépondérante dans les campagnes alsaciennes de l’Église catholique et relève qu’à la veille de la Grande Guerre, le mouvement protestataire francophile est largement minoritaire dans les urnes.

 

L’échec de ce mouvement subversif soutenu clandestinement par Paris ne signifie pourtant pas une adhésion sincère au modèle allemand. Bien au contraire ! Il remarque, d’une part, que « dans l’ensemble, l’Alsace-Lorraine était aussi éloignée de Berlin qu’une colonie africaine ou qu’une station navale d’Extrême-Orient (pp. 63 – 64) » et, d’autre part, que « l’« Alsacien-Lorrain » était une entité qui n’existait que sur le papier En réalité, l’Alsacien est aussi différent du Lorrain que, par exemple, un Normand peut l’être d’un Picard (p. 53) ».

 

Si les protestataires régressent de scrutin en scrutin, la « résistance » à l’assimilation germano-prussienne persiste et s’accentue même. Alexandre de Hohenlohe observe que les jeunes gens des milieux aisés de Strasbourg, de Colmar et de Mulhouse « étaient Français de cœur (p. 55) ». En revanche, il ne retrouve pas cette inclination « dans la population paysanne [où] la plupart avaient des sentiments alsaciens (p. 55) ». La présence française demeure prégnante et l’auteur regrette la fondation d’une université à Strasbourg parce qu’elle la renforce paradoxalement. Il aurait été préférable que les futures élites étudient dans les universités réputées d’outre-Rhin, à Heidelberg ou Fribourg…

 

Son pragmatisme s’appuie sur ses échanges permanents avec les milieux économiques, en particulier les industriels Jean Schlumberger (1819 – 1908) et Édouard Köchlin (1833 – 1914). Le prince de Hohenlohe constate en effet que « chez tous les Alsaciens des hautes classes, on ne parlait que français (p. 41) » si bien qu’il emploie souvent la langue de Molière lors des rencontres privées !

 

Les élites alsaciennes ne se formalisent pas du maintien implicite du français ! Pour preuve, Hugo Zorn von Bulach (1851 – 1921) qui, même devenu responsable politique régional, « ne possédait l’allemand qu’imparfaitement, ce qui le gênait parfois beaucoup dans ses interventions publiques au Parlement, surtout quand on est décrété la publicité des débats et l’usage de la langue allemande à la Délégation d’Alsace. Malgré cela, pour plus de commodité, les députés se servaient encore du français et du patois alsacien dans les séances des commissions (p. 41) ». Situation impensable dans la République française une et indivisible…

 

Alexandre de Hohenlohe ajoute qu’« il a dû être plus d’une fois pénible à ceux qui étaient d’un âge avancé de se trouver en état d’infériorité vis-à-vis des représentants du gouvernement, par suite de leur connaissance défectueuse de la langue allemande. Chose étonnante, quelques-unes d’entre eux, qui pourtant n’avaient pas appris un mot d’allemand dans leur jeunesse avaient réussi, à force d’application et de persévérance, à s’exprime couramment dans cette langue (p. 41) ». Un bilinguisme, voire un trilinguisme, existait donc de facto.

 

Cette situation linguistique originale découle de la spécificité institutionnelle de l’Alsace-Lorraine annexée lors du traité de paix de Francfort de 1871 par l’Empire allemand naissant. Les trois anciens départements français deviennent un Reichsland, ce qui signifie que le jeune État fédéral-impérial en est le propriétaire indivis. Par conséquent, cette « Terre d’Empire » est placée sous l’autorité directe de l’empereur allemand et de son chancelier impérial. Toutefois, le Reichsland bénéficie d’une certaine liberté administrative avec un représentant de l’empereur, le Reichsstatthalter, « littéralement “ celui qui tient lieu ”, le Statthalter fait plus figure de régent que de gouverneur dans ses attributions (p. 20) ». Nommé par Berlin, il préside à Strasbourg le Conseil d’État d’Alsace-Lorraine, dirige un proto-gouvernement régional (quatre secrétaires d’État pour l’Intérieur, la Justice et les Cultes, les Finances et les Domaines et l’Industrie, l’Agriculture et les Travaux publics) et négocie avec la Délégation d’Alsace-Lorraine (Landesausschuss) de trente, puis de cinquante-huit élus au suffrage indirect entre 1874 et 1911. On est loin de la gestion despotique du centralisme parisien.

 

En 1911, le Kaiser Guillaume II accorde à l’Alsace-Lorraine une constitution locale. Le Reichsland devient le vingt-sixième État de la Fédération impériale et son Landesausschuss se transforme en un Parlement bicaméral constitué d’un Sénat de quarante-six membres désignés par l’empereur et les corps intermédiaires locaux, et d’une Assemblée régionale de soixante élus au suffrage universel direct masculin. Le déclenchement de la folle tragédie européenne de 1914 suspendra ces libertés régionales.

 

Alexandre de Hohenlohe se montre très favorable à toute solution neutraliste. « Dès avant 1914, rappelle Laurent Schang dans une belle introduction, [il] s’était prononcé en faveur de la constitution du Reichsland Elsass-Lothringen en État neutre autonome assortie d’un référendum d’autodétermination (p. 13). » Il s’agissait surtout d’éviter tout nouveau drame franco-allemand. Il regrette que Berlin ait finalement choisi la voie du Reichsland pour l’Alsace-Lorraine alors que d’autres solutions étaient à ses yeux possibles. Il en esquisse certaines : une tutelle paternaliste comme le fit son père, Statthalter avant de devenir chancelier, une large autonomie opérée dès 1874 ou 1875 ou, plus surprenant, le partage du territoire alsacien-lorrain entre les principaux États fédérés allemands (Prusse, Bavière, Bade, Wurtemberg). L’auteur de ces Souvenirs a compris que la perte de l’Alsace-Lorraine rend la France inguérissable. Il n’accuse pas Bismarck de cette erreur. « Bismarck pressentait bien les conséquences désastreuses que l’annexion de l’Alsace-Lorraine allait voir pour la politique européenne, avec un caractère comme celui du peuple français. Il voyait plus loin que les généraux, pour qui seules les considérations stratégiques entraient en ligne de compte, mais le côté tragique du grand génie politique qu’a été Bismarck, c’est qu’il n’a pu se libérer de la croyance en la force et en l’épée et qu’il a sous-estimé la puissance des valeurs morales en politique. C’est ainsi que l’avis de Moltke prévalut finalement et que la “ Terre d’Empire ” devient le “ glacis ” de l’Empire (p. 67). »

 

L’auteur sait qu’en 1866, après la victoire prussienne à Sadowa, le futur « Chancelier de Fer » avait pesé de tout son poids pour que le roi Guillaume Ier ne se rangeât pas du côté d’un état-major imbu de pensées frédériciennes qui rêvait de s’emparer de contrées autrichiennes. En 1870, la pression était trop forte pour résister frontalement à l’opinion des militaires victorieux… « On ne lira qu’avec plus d’intérêt ces pages grosses de nostalgie, desquelles émerge le regret d’une soudure “ germano-alsacienne-lorraine ” en bonne voie, sinon achevée, au seuil de la Première Guerre mondiale  (p. 12) », écrit Laurent Schang à propos de ce beau témoignage d’un Européen de langue allemande sur une région-charnière d’Europe occidentale.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Prince Alexandre de Hohenlohe, Souvenirs d’Alsace-Lorraine 1870 – 1923, Introduction et notes de Laurent Schang, traduction d’Edmond Dupuydauby, Édition des Paraiges (4, rue Amable-Tastu, 57000 Metz) – Le Polémarque Éditions (29, rue des Jardiniers, 54000 Nancy), Metz – Nancy, 2012, 77 p., 10 € (+ 5 € de frais de port), à commander aussi sur les sites des éditeurs.

 


 

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dimanche, 11 décembre 2011

Au secours, la germanophobie est de retour

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Au secours, la germanophobie est de retour

par Jacques Cordonnier, président du mouvement Alsace d’Abord


STRASBOURG (NOVOpress) – Ex: http://mbm.hautetfort.com/

Les socialistes Hamon et Le Guen, imités par un Montebourg que l’on a connu mieux inspiré parlent d’un nouveau « Munich », et du retour de l’esprit prussien et guerrier d’un Bismarck. Et selon Marine Le Pen, Berlin voudrait nous mener à la schlague. Rien de moins ! De telles outrances disqualifient leurs calamiteux auteurs.

L’Union européenne et l’euro connaissent d’indéniables difficultés ; chaque pays est par conséquent tenté, pour des raisons de politique intérieure ou d’idéologie, par les solutions simplistes et démagogiques de retour en arrière souvent qualifiées à tort de « souverainistes ».

Mais que serait donc cette souveraineté d’opérette sans ses véritables attributs, la puissance et l’autonomie ? Que pourrait donner le repliement sur des États-nations étriqués à l’heure des grandes puissances continentales ? (Chine, Inde, les deux Amériques…)

Il est certes possible de se questionner sur les conditions de fonctionnement d’une monnaie bâtie sans véritable contour politique. Il est possible de condamner les dérives tentaculaires et centralisatrices d’institutions européennes qui manquent autant d’un fondement démocratique que d’une perspective historique. Il est loisible de discuter de diverses conceptions d’un devenir européen, plus ou moins fédéraliste, préservant ou dépassant les nations existantes.

Comme tous les régionalistes identitaires du mouvement Alsace d’Abord, j’ai mon point de vue sur ces questions, et il ne surprendra personne que notre désir aille vers un véritable fédéralisme européen, source d’équilibre, d’indépendance et de puissance. Sur nos conceptions, le débat est ouvert : nous le sollicitons même.

Le gouvernement allemand souhaite que des pays de la zone euro mettent de l’ordre dans leurs affaires avant de garantir leurs dettes ; le gouvernement français désire aller plus vite pour parer au plus pressé. Ce sont deux positions différentes, qui peuvent être analysées, acceptées ou combattues.

Mais que cette divergence serve de prétexte à ranimer les caricatures qui ont fait tant de mal aux enfants de l’empire carolingien, je ne puis l’accepter. Et pourquoi pas après la caricature, l’injure, et après l’injure la menace, et après la menace le conflit ? A cet égard, l’Alsace a été aux premières loges, à trois reprises ! Plus jamais cela !

Comme le rappelait l’historien Dominique Venner, lorsque la France et l’Allemagne sont ensemble, l’Europe est grande. Lorsque nos pays s’affrontent, alors le lointain étranger l’emporte, et notre civilisation cède le pas.

Messieurs les socialistes, Madame la candidate, pour obtenir quelques attentions des médias, tout ne vous est pas permis. Pas la relance des démons germanophobes en tout cas. Nous aurons une longue mémoire de vos indignes propos.

samedi, 12 février 2011

Robert Spieler: Reconquête de notre identité et de notre liberté!

Robert Spieler: Reconquête de notre liberté et de notre identité !


vendredi, 26 novembre 2010

Revue "Identidad" (Espagne): Entretien avec Robert Spieler

Un grand entretien avec Robert Spieler publié dans la revue espagnole Identidad

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« Les spéculateurs et la finance internationale sont évidemment coupables dans l’émergence de cette crise, mais le premier responsable est le libéralisme mondialiste, forcément mondialiste et cosmopolite… »

20101111181859-portada.gifNous publions ici le texte de l’entretien accordé par Robert Spieler, Délégué général de la Nouvelle Droite Populaire, à la revue espagnole Identidad…

 

Identidad : Robert Spieler, parlez nous de votre carrière politique. 

 

Robert Spieler : Adhérent d’Ordre Nouveau, à sa fondation en 1969, j’ai rejoint le Parti des Forces Nouvelles (PFN) après la dissolution d’O.N. en 1973. J’ai été adhérent du GRECE et actif dans les milieux de la Nouvelle Droite. J’ai créé en 1981, lors de l’arrivée de la gauche au pouvoir, Forum d’Alsace, qui était le plus important club d’opposition d’Alsace. A la demande de Jean-Pierre Stirbois, j’ai rejoint le Front national en 1985. Je fus élu député et conseiller régional d’Alsace en 1986. J’ai quitté en 1989 le Front national dont je ne supportais pas l’ambiance de cour orientale, pour créer le mouvement régionaliste Alsace d’Abord dont je fus le Président jusqu’en 2008 et qui obtint jusqu’à 1O% des voix aux élections en Alsace. Je fus élu conseiller régional pendant 18 ans et conseiller municipal de Strasbourg pendant 12 ans En 2008, convaincu que la situation dramatique de la France exigeait le rassemblement de toutes les forces de la Résistance nationale et européenne, j’ai contribué à créer la Nouvelle Droite Populaire, dont je suis le délégué général.

 

Id – Pouvez-vous nous définir les objectifs de la NDP ?

 

R.S. : La NDP veut rassembler les forces nationalistes et identitaires, dans le respect des différences de sensibilités, avec pour objectif d’organiser la nécessaire Reconquista.

 

Nous défendons nos identités régionales, nationales et européennes, et voulons une Europe indépendante et puissante, fidèle à ses racines helléniques, celtiques, germaniques et chrétiennes. L’Europe de la puissance que nous espérons n’a bien entendu rien à voir avec l’Europe des nains de Bruxelles. Nous voulons aussi rompre avec l’ultra libéralisme mondialiste, destructeur des emplois européens, et créer une zone économique et commerciale protégée, partenaire de la Russie. Nous devons aussi en finir avec les tutelles étrangères qui asservissent notre continent. La construction d’une puissance militaire et diplomatique européenne implique que les pays européens doivent quitter l’OTAN.

 

Id - Le 9 mai, a eu lieu à Paris une manifestation nationaliste et identitaire qui a rencontré un grand succès.

 

R.S. : La NDP a largement contribué au succès de la manifestation nationaliste et identitaire du 9 mai 2010 qui a réuni à Paris plus d’un millier de militants très déterminés. Il s’agissait d’une première initiative de rassemblement dans la rue des forces nationalistes et identitaires. Nous allons poursuivre dans cette voie. Nul doute qu’en 2011, nous serons trois fois plus nombreux.

 

Id - Que penser de la burka ? L’interdire, ne pas l’interdire ?

 

R.S. : J’ai toujours dit que le problème n’était pas un morceau de tissu, mais ce qu’il recouvre. Ce n’est pas la burka qu’il faut interdire, c’est l’invasion islamique de l’Europe. La Reconquista passe par le départ d’une majorité des immigrés non européens, fussent-ils de nationalité française, espagnole, etc… La nationalité leur a été accordée sous la pression des lobbys antinationaux, contre la volonté de nos peuples. La nationalité leur sera retirée, sauf à ceux qui le méritent, le jour où le Peuple aura pris le pouvoir.

 

Id - L’immigration est-elle un problème religieux ou ethnique ?

 

R.S. : Le problème est ethnique avant d’être religieux. Si les masses africaines qui nous envahissent étaient chrétiennes, cela ne diminuerait pas la menace qui pèse sur la substance même de l’Europe. Ceci dit, l’islam, par sa vision totalitaire représente une redoutable menace qu’il faut impérativement conjurer. L’Europe est aujourd’hui dans un terrible état de faiblesse. L’effondrement démographique de pays tels l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne mais aussi la Russie va entraîner la perte, d’ici trente ans, de dizaines de millions de naissances européennes et donc de millions de combattants pour la Reconquista. Seule une révolution nationale et européenne peut redonner à nos peuples l’énergie vitale qui permettra d’entamer le chemin de la renaissance.

 

Id - Sommes nous à la veille de confrontations ethniques ?

 

R.S. : En France, ce sont des centaines de quartiers de nos villes qui sont occupés par les envahisseurs. La police a pour consigne de ne pas les provoquer et de les laisser agir à leur guise dans les zones qu’ils contrôlent. Quand des policiers ou des citoyens réagissent, ils sont impitoyablement persécutés par une justice massivement collaborationniste. Cela fait deux mois, par exemple, qu’un vieux monsieur de 73 ans est en prison, dans le sud de la France, pour avoir tiré sans grosses conséquences sur des Roms qui s’étaient  introduits dans sa maison. Sommes-nous à la veille de confrontations ethniques généralisées ? Certainement. Ces confrontations se produiront quand les autorités voudront reprendre le contrôle des quartiers occupés. Mais ces confrontations débuteront plutôt en Espagne, en Italie ou en Autriche qu’en France ou en Allemagne, deux pays soumis à une véritable dictature de l’ordre moral imposé par les lobbys et leurs porte-serviettes, et dont les citoyens subissent dès leur plus jeune âge un véritable dressage mental.

 

Id - Qui sont les responsables de la crise économique et financière ?

 

R.S. : Les spéculateurs et la finance internationale sont évidemment coupables dans l’émergence de cette crise, mais le premier responsable est le libéralisme mondialiste, forcément mondialiste et cosmopolite.

 

Il faut sortir de la logique ultralibérale et ériger des frontières protectrices autour d’une Europe qui serait partenaire de la Russie. L’importation massive de produits fabriqués en Extrême-Orient dans des pays qui ne respectent aucune norme sociale détruit massivement nos emplois. Il faut réindustrialiser l’Europe. La finance doit être soumise à la volonté politique, et non l’inverse. La banque centrale européenne, qui aujourd’hui n’a de comptes à rendre à personne doit être mise sous tutelle.

 

Id - Vous défendez, contre le jacobinisme les identités régionales…

 

R.S. : La France est le pays le plus jacobin, le plus centralisé d’Europe. Les hauts fonctionnaires parisiens dirigent tout. Il est tout à fait anormal que l’ouverture ou la fermeture d’une maternité soit décidée par un fonctionnaire nommé par l’Etat, et non par la Région concernée. J’ai été conseiller régional d’Alsace durant 18 ans et ai pu mesurer les limites de la pseudo- régionalisation française. Pour donner un seul exemple, les Régions disposent du droit de financer et de construire des lycées, mais n’ont aucune autorité sur le contenu des programmes ni le choix des directeurs d’établissements. Quel intérêt y a-t-il de pouvoir choisir la couleur de la moquette ? Les régions devraient être maîtresses dans les domaines de l’identité régionale, de l’enseignement des langues régionales, de la politique d’aménagement du territoire, de développement économique, de préservation de l’environnement, etc…

 

Les Français envient beaucoup les Espagnols, les Italiens et les Allemands pour l’autonomie dont disposent leurs Régions.

 

Id - Y a-t-il contradiction entre la défense des identités alsacienne, française, européenne ?

 

R.S. : Etre Alsacien, Français et Européen, ce sont trois facettes qui ne sont absolument pas contradictoires de l’identité. Certains se sentent plus régionalistes, d’autres plus nationalistes, certains plus européens.  Nationalistes, régionalistes et partisans de l’Europe de la puissance sont destinés à combattre ensemble l’ennemi commun. Une seule condition : le respect de nos différences.

 

Id - Vous prônez l’axe Paris-Berlin-Moscou ?

 

R.S. : En tant que partisan de l’Europe de la puissance, je pense en effet que l’avenir de l’Europe passe par l’axe Paris-Berlin-Moscou. Sur les plans militaires et diplomatiques, l’Europe est une vassale des Etats-Unis. Il est indispensable que les pays européens quittent l’Otan pour construire une défense européenne partenaire de la Russie. L’Europe n’est en rien concernée par les conflits du Proche-Orient, de l’Afghanistan ou de l’Iran. Que je sache, les Iraniens, les Palestiniens et même les Talibans n’ont aucune responsabilité dans l’invasion que subit l’Europe. La guerre de libération doit être menée sur notre sol, pas en Afghanistan. Et puis, les soldats européens n’ont pas vocation à mourir ni pour Tel Aviv, ni pour Wall Street.

 

Id - Vous êtes un des fondateurs, aux côtés d’autres dirigeants de mouvements européens, de l’association Villes contre islamisation.

 

R.S. : Je suis très motivé à entretenir d’excellentes relations avec les mouvements européens frères : notamment les Flamands du Vlaams Belang, les Catalans de Plataforma Catalunya, les Autrichiens du Fpoe, les Italiens de la Lega Nord, les Allemands de Pro-Köln et bien sûr, les nationalistes espagnols représentés par mon ami Alberto Torresano dans toutes les manifestations de la Résistance en Europe. Cette collaboration des forces identitaires européennes est plus qu’importante. Elle est vitale. Seuls, nous sommes faibles. Unis, nous sommes forts.

 

Id - Un mot aux lecteurs d’Identidad.

 

R.S. : Je salue les valeureux combattants réunis autour de l’excellente revue Identidad et suis fier d’être un de vos camarades.

 

Site de la revue Identidad : cliquez ici

Blog de Robert Spieler : http://robert-spieler.hautetfort.com/