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Vendredi 13 avril : Conférence de Lucien Cerise à Toulouse
Créature emblématique du cinéma d’horreur depuis les années 1970, le zombie n’a conservé de l’être humain que l’enveloppe, et encore dans un état de dégradation avancée. Il erre sans but sinon celui de consommer la chair de ceux qui n’ont pas encore été contaminé. On notera que le zombie haïtien, duquel celui de George Romero et consorts s’inspire très librement, est la victime d’un prêtre vaudou marionnettiste usant de diverses techniques pour diriger ses mouvements.
Toute ressemblance avec l’habitant moyen des grandes villes modernes est fortuite…
Le capitalisme mondialisé zombifie les populations qu’il touche, c’est-à-dire qu’il généralise un profil psychologique de type « zombie », fondé sur l’incapacité à dire « non » et à se rebeller. Quelles sont les ressources de la culture et de l’identité françaises qui permettent de se prémunir contre cette épidémie de zombies ?
L’auteur Lucien Cerise, spécialiste de l’ingénierie sociale, sera en conférence à Toulouse le vendredi 13 avril 2018 pour nous parler de cette sorcellerie d’un nouveau genre et de ses effets sur nos contemporains.
RDV donc le vendredi 13 avril à Toulouse
Entrée 5 euros – Stands et dédicaces
Réservation obligatoire sur reservationconferencerebellion@gmail.com
L'expulsion massive de diplomates russes prépare-t-elle une guerre contre la Russie?
par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
A la suite de l'affaire Skripal, la Grande Bretagne, suivie de quelques pays européens dont regrettons-le la France, a décidé d'expulser 23 diplomates russes. Ceci comme l'on sait alors que l'intervention du gouvernement russe dans cet empoisonnement est de moins en moins prouvée.
Mais l'on vient d'apprendre que Donald Trump a décidé d'expulser de son côté 60 diplomates, soit les deux-tiers du total des expulsions. Ceci jette une lumière sinistre sur la démarche américaine, ou britannico-américaine si l'on préfère. Si Washington, qui n'était pas directement impliqué dans l'affaire, prend massivement la tête des pays décidés à sanctionner la Russie, on peut craindre que ceci ne soit pas seulement une action de solidarité avec la Grande-Bretagne.
Tout laisse penser au contraire que l'affaire avait été préparée depuis un certain temps par le gouvernement américain pour tuer dans l'oeuf les débuts de coopération économique qui s'amorçaient entre certains pays européens et la Russie. Si cette coopération se développait et prenait un aspect diplomatique, elle entrainerait nécessairement un recul de l'influence politique et économique des Etats-Unis.
A toute petite échelle la volonté de certains pays européens de continuer à travailler avec les Russes dans la mise en place du gazoduc North Stream 2 a du faire partie de la relance de la politique anti-russe américaine. Ceci se fera au détriment des perspectives d'exportation vers l'Europe de gaz de schiste américain (Voir notre article Quel avenir pour le projet de gazoduc North Stream 2 ?)
Si aujourd'hui, à l'occasion de l'affaire Skripal, possiblement montée d'ailleurs par les services secrets américains et britanniques, les Etats-Unis prennent ouvertement la tête d'une offensive visant Moscou, on pourrait craindre que ce ne soit qu'un prélude à des offensives « occidentales » beaucoup plus systématiques. Elles pourraient vite prendre une forme militaire. Nous avons vu ici que la nouvelle doctrine militaire américaine est que des offensives contre la Russie pourraient ne pas dégénérer en guerre atomique mondiale.
On doutera que l'expulsion américaine de 60 diplomates russes soit le premier pas dans une guerre contre la Russie. Voir en ce sens un article rassurant de Alexander Mercouris, pour qui ce ballet de diplomates (ou espions) n'a rien d'exceptionnel. 1) Mais par le second article référencé ci-dessous, l'ancien diplomate indien MK Bhadrakumar rappelle que dans l'histoire récente, notamment en ce qui concerne le début de la Première Guerre Mondiale, ce sont des évènements de ce genre qui ont préparé les catastrophes.
par Eberhard Hamer, juriste et professeur d’économie*
Ex: http://www.zeit-fragen.ch
«Le secteur de la construction ne peut plus satisfaire la demande de nouvelles habitations», («Die Welt» du 11/1/18). Malgré un accroissement du volume de construction de 3 à 8% par an, la pénurie de logements augmente non seulement dans les grandes villes mais également dans les villes moyennes – dans les grandes villes même dramatiquement, notamment à Berlin.
Les politiciens du domaine social appellent cela défaillance du marché et exigent des programmes de soutien étatiques massifs. La cause n’est pas la défaillance du marché, mais la défaillance de l’Etat – en raison de la plus grande invasion migratoire provoquée par Merkel et son équipe par l’ouverture des frontières pour tous les migrants dans le système social le plus généreux du monde. Que servent 350 000 nouveaux appartements quand plus de 700 000 immigrants par an ont droit à un logement? Et comme ces personnes ne veulent pas aller à la campagne, mais dans les grandes villes, où leurs compatriotes ont déjà pris pied, c’est justement là – voir Berlin – que suite à l’arrivée en masse le besoin d’appartements, la pénurie de logements et donc la pression sur les prix des loyers augmentent. Ce n’est pas étonnant qu’à Berlin les autochtones dans le besoin ou les étudiants ne trouvent plus «d’habitation payable». L’énorme pression de l’immigration augmente justement dans ce segment de marché et transforme nos grandes villes, qui deviennent plus colorées, plus musulmanes, avec plus de langues parlées et plus prolétaires. Le «manque d’habitations payables» incontestable n’est pas la faute des sociétés immobilières ou d’un marché insuffisant, mais d’une immigration de masse provoquée par de faux philanthropes et admise par la Grande coalition.
Criminalité croissante
Presque quotidiennement, la presse parle d’une «criminalité croissante» dans le pays. Toutes les trois minutes à lieu un cambriolage, chaque heure une attaque contre personnes. La lutte internationale contre le crime se plaint, «que l’Allemagne est devenu le centre et lieu de repos des organisations criminelles mondiales» telles que la mafia, la ’Ndrangheta, les triades, les bandes de voleurs roumains, polonais, ukrainiens et albanais, les réseaux de distribution pour le trafic de drogue international et l’augmentation brutale de la petite délinquance dans nos rues. Malgré l’augmentation des forces de police la criminalité augmente. De plus en plus de criminels entrent dans le pays, car en Allemagne ont les laisse davantage en paix que dans d’autres pays, l’Allemagne leur offre aussi les prestations sociales complètes et un pays riche avec de bonnes opportunités pour la criminalité. Mais au lieu de prendre au sérieux les craintes de la population, notre politique tolère
que les Etats-Unis conduisent leurs troupes de terroristes internationaux battues en Syrie, qu’ils veuillent les réutiliser en Iran, de Mosul et Rakka à d’autres endroits. Entretemps, ils les placent en Allemagne.
que le Maroc et la Tunisie vident leurs prisons, pour exporter les criminels vers l’Europe en refusant par la suite de les reprendre,
que la plus haute juridiction interdise l’expulsion d’étrangers criminels, parce qu’ils «seraient poursuivis» à l’étranger à cause de leur criminalité,
et que des milliers de cabinets d’avocats s’assurent des aides juridictionnelles pour des procès administratifs (200 000) contre la punition de criminels ou le refus de prestations sociales à des étrangers illégaux.
L’Allemagne doit payer davantage
L’UE et toutes les organisations mondiales exigent de l’Allemagne «davantage de solidarité», c’est-à-dire davantage de financements de répartition, car l’Allemagne n’a pas seulement des excédents d’exportation croissants, mais également «suffisamment» de recettes fiscales publiques. Ainsi, l’Allemagne devrait contribuer par des milliards de prestations supplémentaires à un «Plan Marshall pour l’Afrique», devrait subventionner davantage la Grèce, l’Italie ou l’Espagne et financer l’insolvabilité menaçante de la France en abandonnant sa souveraineté financière à l’Europe (Union financière) pour soutenir les fonds d’aide élargis du MES. En outre, les millions de visiteurs sociaux arrivant doivent être alimentés de la même manière que les cas sociaux allemands (Hartz-IV) (2016 = + 700 000) et toutes les prestations sociales doivent être massivement augmentées. Tout cela sans prendre en considération que
nous avons certes un boom, mais pas de véritable croissance, plutôt un semblant de reprise suite à une augmentation artificielle de la masse monétaire, menaçant d’éclater bientôt,
nos revenus suite aux prestations de la classe moyenne et des ouvriers restent derrière ceux de l’industrie financière, tout en étant de plus en plus taxés, parce que la politique ne supprime pas même les impôts les plus insensés (impôts sur les vins mousseux, impôts de solidarité, impôts de propagande, redevances TV/radio).
Mécontentement croissant
Le mécontentement croissant avec les rendements économiques de la population allemande (le fait de ne pratiquement plus pouvoir acquérir un appartement par son propre effort) est en rapport avec la charge extrême des fournisseurs de services et celle-ci avec la distribution politique de notre prospérité dans le monde. La prétendue «solidarité» avec les réfugiés – également un emballage trompeur, car 94% des immigrants ne sont pas des réfugiés – est seulement une partie de cette exploitation politiquement voulue de notre peuple. On pourrait continuer avec des exemples similaires. Ils documentent tous que les grandes difficultés de notre population, notamment la crise du logement, la criminalité, le manque de pouvoir faire des économies ou le taux élevé des charges ne sont pas naturels, ne sont pas dus au marché, mais provoqués par des dysfonctionnements et des manipulations étatiques. Notre politique est responsable de nos difficultés et non pas notre système. Les régulations erronées continueront également avec le nouveau gouvernement Les décisions de la nouvelle Grande coalition montrent cependant que les principales régulations erronées comme par exemple les paiements de l’Allemagne pour l’EU (Union financière), la sollicitation excessive de notre système social (immigration de masses) et les charges fiscales exagérées de nos prestataires de services ne changeront pas avec la même politique qu’auparavant. La politique est elle-même trop lâche pour nommer les causes des problèmes. Elle craint la punition des majorités électorales, si elle ne faisait que nommer la dépréciation monétaire, l’augmentation de la masse monétaire, l’exploitation de notre système social ou l’extension de l’EU aux frais de l’Allemagne. Faut-il donc que la bulle financière éclate pour que la pseudo-prospérité redescende au niveau de la véritable prospérité et qu’ainsi la réalisation des exigences exagérées des pays étrangers, des organisations étrangères et des immigrants étrangers ne soit plus possible? •
* Eberhard Hamer est un économiste allemand. Après des études d’économie nationale, de théologie et de droit, il a travaillé en tant qu’avocat dans une entreprise. Plus tard, il a obtenu la chaire de politique financière et économique de la Haute Ecole de Bielefeld, où il a enseigné jusqu’à sa retraite en 1994. Dans les années 1970, il a fondé le «Mittelstandsinstitut Niedersachsen» à Hanovre. Hamer est auteur et éditeur de nombreux livres, entre autres «Was tun, wenn der Crash kommt? Wie sichere ich mein Vermögen oder Unternehmen?» [Que faire, quand le crash arrivera? Comment puis-je protéger ma fortune ou mon entreprise?] (10e édition 2008) et «Visionen 2050. Wohin steuern wir? Trends und Prognosen für Deutschland und Europa» [Vision 2050. Où allons-nous? Tendances et prévisions pour l’Allemagne et l’Europe] (2016).
Les guerres de l’impérialisme américain au Proche-Orient
par Matin Baraki*
Ex: http://www.zeit-fragen.ch
Aktham Suliman est un journaliste originaire de la Syrie et ancien chef du bureau berlinois de la chaîne de télévision qatarienne Al Jazeera, connue sous le nom «CNN Arabic», qu’il a dirigée de 2002 à 2012. Récemment, il a présenté une brillante analyse critique et objective sur les guerres et le chaos créés par l’impérialisme américain au Proche-Orient. Suliman est trop modeste en voulant limiter son analyse au Proche-Orient. L’auteur parvient à illustrer d’une manière impitoyable les causes, les forces actives et l’arrière-plan stratégique de la catastrophe géopolitique au Proche-Orient et à analyser les dimensions stratégiques allant bien au-delà du Proche-Orient. Il analyse également de manière détaillée le conflit entre Israël et les Palestiniens, en décrivant la politique de l’occupation coloniale du gouvernement israélien et de ses alliés internationaux. (p. 34sq.) Al Jazeera était la seule chaîne arabe indépendante diffusant en direct des informations sur la brutalité de la guerre impérialiste dirigée par les Etats-Unis contre l’Irak et atteignant ainsi 50 millions de foyers arabes. A l’époque, cela rendit tellement furieux l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, le «caniche» de George W. Bush opérant en Europe, qu’il appela à bombarder la centrale d’Al Jazeera de Doha, capitale du Qatar. On n’est pas allé jusque-là, mais la centrale de la chaîne de Bagdad, capitale de l’Irak, fut détruite. Avec l’«arabellion» [les «Printemps arabes»] l’orientation politique de la chaîne changea. D’une institution informant de manière ouverte et objective, elle se transforma en un instrument du mouvement islamiste «ikhwan al-Muslimin» de la Société des Frères musulmans et de la politique extérieure du gouvernement de l’Emirat de Qatar et des intérêts des Etats-Unis. (p. 18) Suliman analyse très subtilement les guerres du Golf fomentées par les Etats-Unis, prouve la manière dont les résolutions de l’ONU ont été instrumentalisées et comment les Nations Unies sont constamment humiliées par l’administration américaine. La résolution 678 du 29 novembre 1990 fut interprétée de telle sorte que, du jour au lendemain, on transforma le prétendu bouclier de protection pour les civils en une agression contre l’Irak. (p. 25) Les inspecteurs de l’ONU ont pu attester que l’Irak ne disposait en réalité d’aucune arme de destruction massive. Pourtant, selon l’auteur, l’armée américaine a tout de même bombardé le pays «à l’âge de pierre» pour détruire sa prétendue capacité nucléaire. (p. 27) En Irak elle a «lâché davantage de bombes que pendant toute la Seconde Guerre mondiale». (p. 26) Le reporter de CNN Bernard Shaw a décrit la situation de la manière suivante: «Le ciel au-dessus Bagdad est en feu». (p. 39) Les horreurs de la guerre, dont la fin est difficile à déterminer, sont minutieusement décrites. (p. 113–161) Commençant par les tortures à la prison de la CIA d’Abou Ghraib jusqu’à l’exécution de civils dans les rues de Bagdad depuis un hélicoptère par des mercenaires américains, Aktham Suliman nous informe de manière très précise des crimes de guerre commis par les Etats-Unis et leurs alliées. (p. 28sq.) Suliman démontre que tant l’ambassadrice américaine à Bagdad April Glaspie que le département d’Etat américain ont donné le feu vert au gouvernement de Saddam Hussein pour l’invasion du Koweït. (p. 32) De cette façon, le gouvernement irakien a été attiré dans le piège de Koweït pour être finalement écrasé. Même lors de leur retrait du Koweït, on n’accorda aucune grâce aux unités militaires irakiennes. A mon avis, cela s’apparente à un crime de guerre. Francis Fukuyama avec sa thèse de la «fin de l’histoire» et Samuel P. Huntington avec son terme violent du «choc des civilisations» sont qualifiés d’incendiaires spirituels soutenant aussi la réelle guerre. (p. 49) Suliman met fortement en cause la version officielle des événements du 11 septembre 2001 et met en avant les liens entre le chef d’Al-Qaïda Ousama ben Laden et le théologien et dirigeant palestinien des Frères musulmans Abdallah Azzam avec la CIA. (p. 65–110) Dans le dernier chapitre, il décrit, en bon observateur, les dits «printemps arabes» qui n’en étaient point. Je recommande chaleureusement la lecture du livre de Aktham Suliman à quiconque désire s’informer de première main sur les interdépendances et les contextes nationaux, régionaux et internationaux des guerres et des conflits du Proche- et Moyen-Orient. •
* Matin Baraki est un politologue et interprète germano-afghan. Après sa formation professionnelle de mécanicien de précision, il a étudié la pédagogie à Kaboul et y a travaillé en tant qu’enseignant. De 1970 à 1974, il a été assistant technique à la faculté de sciences à l’Université de Kaboul. En 1974, il s’est rendu en République fédérale d’Allemagne où il a obtenu son doctorat à l’Université Phillips de Marbourg en 1995. Puis il a enseigné, en tant que politologue, la politique internationale dans les universités de Marbourg, de Giessen, de Kassel et de Münster.
Suliman, Aktham. Krieg und Chaos in Nahost. Eine arabische Sicht.Frankfurt/ Main 2017. ISBN 978-3-939816-40-9 (Traduction Horizons et débats)
«La guerre et le chaos au Proche-Orient»
«Ce livre se comprend, d’un point de vue arabe, comme le curriculum vitae de la mort au Proche-Orient du dernier quart de siècle. Il y a environ 25 ans, au début de l’année 1991, le nombre d’hommes et de femmes armés provenant de plus de trente pays, rassemblés sur une petite zone désertique du nord-est de la péninsule Arabique, atteignit plus d’un demi-million. Pour l’Occident, c’était le début de l’opération «Tempête du désert» pour libérer le Koweït de l’invasion irakienne s’étant déroulée l’été précédent. Pour un grand nombre de personnes du monde arabe, cette opération fut une tempête de la mort, dont la région entre l’océan Atlantique et le golfe Persique ne s’est toujours pas remise. […] L’ouvrage «La guerre et le chaos au Proche-Orient» ne prétend pas être LA vision arabe, mais UNE vision arabe, sachant que plus de 400 millions d’Arabes vivant dans plus de vingt pays arabes et à l’étranger ont droit à plus d’une seule vue. Mais il y a ce sentiment commun. D’un point de vue arabe, les 25 dernières années ne sont pas seulement des faits et des événements historiques, mais plutôt des moments fatidiques pour des êtres humains de chair et de sang. Ils ont transformé les biographies de millions d’Arabes, y compris celle de l’auteur de ce livre. Toutefois, ou justement pour cette raison, il faut rappeler que du point de vue arabe – malgré toutes les images d’actualité –, la mort et la tristesse ne sont pas les seules réalités au Proche-Orient, sont présentes également la vie et joie.»
«Les Etats-Unis ont détruit par le feu de la guerre toute la région de l’Afghanistan à la Libye – région qu’on peut appeler avec raison le berceau de notre civilisation. Les objectifs poursuivis sont la création de nouvelles frontières au Moyen-Orient et la volonté d’envoyer la Fédération de Russie en enfer.»
Une politique délicate au Proche-Orient
par Willy Wimmer*
Ex: http://www.zeit-fragen.ch
hd. Le 15 février 2018, alors qu’un drone venait de pénétrer dans l’espace aérien israélien avant d’être abattu, lors d’une nouvelle attaque israélienne contre des positions en Syrie et la destruction d’un avion de combat israélien, le journal israélien «The Times of Israel» (https://www.timesofisrael.com/russian-official-if-iran-at...) a retransmis les propos de l’ambassadeur adjoint russe Leonid Frolov formulés lors d’une interview: «En cas d’agression contre Israël il n’y aura pas que les Etats-Unis aux côtés de Tel Aviv – la Russie, sera elle aussi, aux côtés d’Israël.» Willy Wimmer, ancien secrétaire d’Etat au ministère allemand de la Défense et ancien vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE place cette déclaration dans un contexte politique plus large.
On n’a probablement encore jamais entendu une telle chose. Un ambassadeur adjoint russe du nom de Frolov s’exprime à Tel Aviv et le monde entier l’écoute. Il désigne Israël comme pays contre lequel la Russie n’acceptera aucune agression. Et il en rajoute. Selon lui, la Russie se tiendra aux côtés d’Israël – tout comme les Etats-Unis – au cas où l’Iran agresserait Israël. Voilà des mots ayant instantanément fait le tour du monde. Le charme de ces paroles prononcées sur les rivages de la Méditerranée par M. Frolov est dû au fait suivant: ce ne sont pas des remarques faites en tant que simple membre d’une hiérarchie. En écoutant attentivement les paroles de M. Frolov, on entend parler son président Poutine. Il n’est guère imaginable qu’un vice-ambassadeur se soit déjà exprimé aussi fermement.
L’objectif essentiel de la politique américaine est l’affaiblissement de la Russie
Les deux guerres du Caucase des années 1990 ont démontré la volonté des Etats-Unis de s’en prendre à la partie faible de la Fédération de Russie. Maintenant, on veut utiliser les peuples caucasiens – ayant peuplés depuis les guerres du Caucase du XIXe siècle les Etats du Levant – contre la Russie actuelle. Il suffit d’écouter l’ancien conseiller en sécurité américain, le général à la retraite Michael Flynn, pour comprendre que les Etats-Unis ont détruit par le feu de la guerre toute la région de l’Afghanistan à la Libye – région qu’on peut appeler avec raison le berceau de notre civilisation. Les objectifs poursuivis sont la création de nouvelles frontières au Moyen-Orient et la volonté d’envoyer la Fédération de Russie en enfer.
A Berlin, nous étions bien avisés d’écouter les diplomates de l’ancienne RDA, fort bien formés et connaissant parfaitement cette région. Cela nous a énormément aidés à bien comprendre les dimensions des affrontements. La révolution iranienne a déclenché de gros bouleversements. Par exemple, que les Etats-Unis ont, de ce fait, perdu leurs stations d’écoute dirigées contre les forces militaires stratégiques de l’Union soviétique le long de la frontière irano-soviétique. Les Soviétiques craignaient alors l’installation de nouvelles stations américaines le long de la frontière afghano-soviétique, ce qui fut empêché par l’invasion de l’Afghanistan. Depuis lors, cette lutte entre Moscou et Washington détermine les événements dans la région, et Washington n’a pas rechigné à la détruire en grande partie.
La Russie est de retour sur la scène internationale
Les Etats-Unis avec leur «alliance de guerre perpétuelle» formée avec l’Angleterre et la France ne se sont pas préoccupés le moins du monde du droit international et de la protection des biens culturels des 5000 ans passés, quand ils ont lancé leurs attaques dans la région entre Kaboul et Tripolis. Moscou se comporte différemment, illustré par son soutien du gouvernement légitime syrien. Après le coup d’Etat de 2014 à Kiev en faveur de Washington, la situation au Proche- et Moyen-Orient s’est rapidement développée en faveur de la capacité d’action russe. Les dirigeants iraniens, israéliens et saoudiens se sont rendus à Moscou et s’y rendent toujours. Le président Poutine peut s’entretenir avec tous, malgré ou plutôt parce qu’il soutien le gouvernement légitime de Damas. Gagner du temps est toujours une bonne maxime en diplomatie.
La honte occidentale est que les Etats-Unis s’engagent dans toutes les guerres mais ne s’engagent nulle part en faveur de la paix. Il se peut qu’on doive faire une exception concernant l’actuel président Trump. Cependant, le comportement de son conseiller principal de sécurité McMaster à Munich a montré qu’il semble être étroitement encerclé par des «Pentagonistes». En comparaison, Poutine, le président russe, donne une tout autre impression.
Et Israël?
Il faudrait que nous nous rappelions tous qu’avant la guerre en Syrie, il était prévu de trouver un accord entre Tel Aviv et Damas concernant le plateau du Golan. Le règlement de ce litige, vieux de plusieurs décennies, a été empêché par un revirement de la part d’Israël. Tel Aviv est appelé à bien réfléchir au sens à donner aux déclarations énergiques de M. Frolov. Il faut également se demander, s’il n’y aura jamais une autre manifestation de perspectives de paix aussi crédibles que celles contenues dans ce «coup de tonnerre» russe? Israël devra également prendre des décisions, pas seulement Téhéran. •
* Willy Wimmer a été député du Bundestag pour la CDU de 1976 à 2009, secrétaire d’Etat au ministère allemand de la Défense de 1988 à 1992 et vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE de 1994 à 2000. Il est co-auteur du livre «Die Wiederkehr der Hasardeure. Schattenstrategen, Kriegstreiber, stille Profiteure 1914 und heute» (avec Wolfgang Effenberger, 2014) et auteur du livre «Die Akte Moskau» (2016). (Traduction Horizons et débats)
«Les Etats-Unis avec leur ‹alliance de guerre perpétuelle› formée avec l’Angleterre et la France ne se sont pas préoccupés le moins du monde du droit international et de la protection des biens culturels des 5000 ans passés, quand ils ont lancé leurs attaques dans la région entre Kaboul et Tripolis.»
Architecture contemporaine : le triomphe de la vanité
par Pierre-Émile Blairon
La principale, si ce n’est la seule, justification de la présence de l’Homme sur Terre se retrouve dans le rapport charnel et spirituel qu’un peuple formé entretient avec la terre qu’il a choisie ou qui l’a choisi, dans des rapports de respect mutuel. Et un peuple n’est formé que lorsque cet acte éminemment symbolique – le mythe des origines – a été transformé en acte rituel. On sait comment nos ancêtres les Gaulois déterminaient la fondation d’une ville en faisant descendre le ciel sur la terre. Ils délimitaient les enceintes de la ville en répercutant sur le sol élu la configuration stellaire au moment où ce choix, et donc ce rituel, s’accomplissait. La pérennité du mythe d’origine, de cette fondation bien matérielle, est assurée par les gardiens du temple, les vestales qui maintiennent le feu sacré.
Le rite est la répétition du mythe ; tant que ce rite est maintenu, l’équilibre du monde, celui que le peuple a délimité aussi loin qu’il porte le regard autour de lui, est assuré. Et tant que l’esprit de la maison ou de la ville – les dieux lares – que l’homme antique a bâtie est conservé.
En ces temps de Kali-Yuga où les valeurs sont totalement inversées, les prêtres et les sages ont laissé la place aux brigands. Ce sont ces derniers qui règnent sur le monde sous une apparence policée de banquiers arrogants et jamais repus.
Sans doute la plus criante des manifestations de cette fin de cycle est celle qui nous agresse chaque jour, visiblement, certes, mais bien plus, invisiblement (selon la théorie de l’iceberg, dont on ne voit que le dixième de la masse) quand on décortique le processus à la fois historique et idéologique qui a engendré cette horreur : l’architecture contemporaine.
Spengler, villes mondiales et villes de culture
« Aujourd’hui, comme au temps de l’hellénisme au seuil duquel se fonde une grande ville artificielle, donc étrangère à la campagne – Alexandrie – ces villes de culture, Florence, Nuremberg, Salamanque, Bruges,Prague… sont devenues villes de province et opposent à l’esprit des villes mondiales une résistance intérieure désespérée. »
C’est ce que disait Oswald Spengler il y a cent ans.
C’est en France au Moyen-Âge, avec le château ou l’église, les premiers éléments patrimoniaux, les premières œuvres d’art, que les monuments qui vont devenir « historiques » vont constituer la marque de la ville de culture, pur produit du génie de la main, chef-d’œuvre des compagnons, et de l’esprit, sanctuaire du savoir. Des villes, généralement à format humain, c’est-à-dire où, en moins d’une heure à pied, on a pu dénombrer une bonne dizaine de merveilles architecturales et, quelquefois, effectuer la traversée de cette ville ancienne de part en part. Cette ville ancienne était contenue autrefois « intramuros », à l’intérieur des remparts qui la délimitaient et la protégeaient et qui ont malheureusement presque tous disparus (quelques villes, comme Carcassonne ou Avignon en France, ont pu les préserver, merci, M. Viollet-le-Duc). La plupart des villes de culture, même certaines qui sont devenues villes mondiales, ont su conserver un centre historique que des millions de touristes du monde entier viennent admirer, retrouver la grandeur des temps passés… et y dépenser leurs devises, signifiant que le passé a un avenir, même sonnant et trébuchant(1).
Nous aurions espéré que, par ce biais – se battre avec les armes de l’ennemi, l’argent – ces villes au passé prestigieux pourraient s’imposer et perdurer face au rouleau compresseur des mégapoles, lesquelles sont bâties sur du sable, sans passé – ou dont elles ont systématiquement effacé toute trace – et donc sans avenir. Après tout, l’industrie du tourisme bien pensée est moins polluante que bien d’autres et aide à conserver le patrimoine.
A vrai dire, ces villes de culture dont Spengler constatait qu’elles opposaient aux mégapoles une « résistance désespérée » résistent de moins en moins.
Je vais prendre trois exemples emblématiques de ces villes moyennes, villes de culture européennes au riche passé, que la gangrène moderniste commence à défigurer : Bruges, Aix-en-Provence, Saint-Malo.
Bruges
Spengler cite Bruges, l’une des plus belles villes du monde. Une ville réservée aux piétons qui sont souvent des touristes amoureux de ses belle pierres, de la sérénité qui s’en dégage, de sa douceur de vivre. Ici, le seul bruit provient des notes cristallines des carillons des beffrois.
Première place financière d’Europe au XVe siècle, on l’a appelée « la belle endormie », tout comme Aix, ou Bordeaux, ou Reims… sans doute parce que les villes qui conservaient leur patrimoine en quelque sorte « par défaut », comme on dit en informatique, en ne succombant pas aux sirènes du « progrès », fort à la mode en ces temps bénis où il n’avait pas encore démontré sa nocivité, étaient considérées au début du siècle dernier comme des villes n’aspirant qu’à mourir. Ce qui est le lot de tout ce qui vit, y compris les villes mais, selon l’adage plein d’espoir : le plus tard possible !
Pour une ville, mourir, ce n’est pas comme un être humain, mourir, pour une ville, c’est perdre son âme en perdant son corps.
Une verrue au cœur historique de Bruges : la salle des concerts
Si Bruges est belle, c’est parce qu’elle est harmonieuse, parce qu’elle a réussi à sauvegarder la parfaite unité de son domaine architectural, parce qu’elle a réussi à résister au chaos qui caractérise l’architecture contemporaine ; rectifions : qu’elle avait réussi jusqu’à ce qu’on y construise une salle de concert qui ressemble à un immense blockhaus de brique, sur la même place que l’Office de tourisme : le ver est dans le fruit.
Bruges est à peu près de la même taille qu’Aix-en-Provence. 120 000 habitants pour Bruges, 140 000 habitants pour Aix-en-Provence, à peu de chose près aussi, la même superficie du centre historique : 186 km2 pour Aix contre 138 pour Bruges.
Aix-en-Provence
Bruges fut la capitale économique de la Flandre, Aix-en-Provence la capitale administrative de la Provence au Moyen-âge. La ville provençale ressemble par maints aspects à Bruges ; ville élégante et aristocratique, peuplée de beaux hôtels particuliers du XVIIIe siècle et de ravissantes fontaines, elle est un centre judiciaire important depuis des siècles et un pôle universitaire renommé qui attire des dizaines de milliers d’étudiants chaque année qui assurent une ambiance jeune et dynamique très appréciée des visiteurs.
Le drame d’Aix-en-Provence, c’est d’être située à trente kilomètres de Marseille, mégapole qui rassemble la totalité des inconvénients d’une grande ville cosmopolite (pauvreté, mauvaise qualité de vie, stress, insécurité, saleté, laideur architecturale avec ses tours et la multitude de ses ensembles urbains d’après-guerre…) Quelques beaux quartiers préservés autour du Vieux Port, de la Corniche ou du Prado, résidus de son faste ancien, résistent avec leurs habitants tant bien que mal à cette dégradation.
La foire aux égos à Aix-en-Provence : à gauche au premier plan le Pavillon noir, centre de la danse de Rudy Ricciotti, au second plan à gauche : le Conservatoire de musique de Kengo Kuma, à droite, le Grand Théâtre de Provence de Vittorio Gregotti
Tout ceci serait un moindre mal si Marseille, forte de sa population importée, n’avait eu l’ambition d’absorber, avec l’aide de l’État, culturellement et économiquement Aix-en-Provence et le Pays d’Aix dans son aire de métropolisation.
La municipalité actuelle d’Aix tente d’empêcher ce phagocytage en demandant la mise sous tutelle de Marseille, endettée, et en projetant de créer sa propre métropole.
C’est le moment ou jamais de faire preuve de créativité et d’intelligence, de sortir des ornières du règne de la quantité qui submerge toute entreprise de nos jours et de se dégager de la tutelle des « experts » et des « prévisionnistes » qui ne voient jamais rien venir et qui se trompent en permanence. Sans craindre le pire – la maire d’Aix n’a-t-elle pas affirmé « vouloir construire la ville de demain à taille humaine dans le respect de son identité et de son passé(2) » – il conviendrait de rester vigilants car, si l’on en croit les premières modalités dévoilées de ce projet(3), il semble qu’il emprunte la droite ligne de ce qui s’est déjà fait à quelques dizaines de mètres du centre historique : de part et d’autre d’une esplanade dénudée se dressent, comme à la parade, les œuvres disparates et extravagantes que nous ont concoctées quelques architectes internationaux soucieux avant tout de laisser un peu partout dans le monde une trace de leur « génie » : Rudy Ricciotti avec le Pavillon noir, cube de béton et de verre dédié à la danse, le Grand Théâtre de Provence de Vittorio Gregotti, qui reste dans le désormais « classique » style blockhaus, le Grand Conservatoire de Musique du Japonais Kengo Kuma qui dit s’être inspiré pour construire le bâtiment du traditionnel pliage de papier japonais, l’origami (mais pourquoi ne pas l’avoir créé au Japon où il aurait été plus à sa place ?)
Saint-Malo
Nous allons retrouver notre Japonais Kengo Kuma à Saint-Malo ; ce sera le seul lien commun entre la Provence et la Bretagne.
Saint-Malo ne ressemble en rien aux deux villes précédentes et, comme si sa présence ici venait en contradiction de ce que nous voulons exprimer, Saint-Malo n’a aucun passé architectural encore visible, excepté ses remparts. Non, cette fois, il n’y a plus grand-chose à sauvegarder d’ancien, tout simplement parce que la ville a été presqu’entièrement supprimée, écrasée sous les bombes anglo-américaines (et nos pudiques historiens oublient de dire : et les habitants avec(4) comme beaucoup de villes du littoral atlantique et comme beaucoup de villes en France.
Contrairement à ses voisines comme Lorient, Brest, Le Havre ou Royan où l’on a opté pour la facilité, c’est-à-dire pour l’architecture à la mode après-guerre, celle qui avait pour dieu le béton, celle qui a créé tous ces sinistres ensembles producteurs de tensions et qui ont défiguré la plupart de nos villes, Saint-Malo a été soigneusement reconstruite à l’identique, ou presque, au sein des anciens remparts miraculeusement conservés. La cité des corsaires fut relevée avec des vrais matériaux locaux, notamment un granit bien épais et rassurant récupéré dans les décombres, chaque pierre soigneusement nettoyée et numérotée ; Les rues furent élargies et les immeubles purent disposer du confort « moderne », eau et gaz à tous les étages !
Saint-Malo reconstruite après sa destruction par les bombardements anglo-américains à la fin de seconde guerre mondiale. Le futur musée d’histoire maritime de Saint-Malo de l’architecte japonais Kengo Kuma
Ce choix ne fut pas celui artificiel d’un aréopage soumis aux diktats de la mode et de la démocratie à usage personnel mais celui de citoyens regroupés en association pour faire valoir leur attachement à une ville et à ses pierres dont chacune représentait l’âme des cent-quarante-quatre Malouins enterrés sous les gravats. Et cette association confia ce travail à des architectes respectueux du site qui ne pensèrent pas à laisser leur nom par une provocation égocentrique. Les constructeurs de cathédrales – qui sont des bâtiments autrement plus intéressants et durables que les plaisanteries éphémères contemporaines – étaient modestement anonymes.
Mais voilà que la municipalité s’avise de créer un Musée d’histoire maritime qui, comme tous les musées nouvellement créés doivent ressembler à tout, sauf à des musées. Non, non, ce n’est pas une boutade : ces nouveaux musées sont des bâtiments qu’on dit futuristes mais qui sont surtout des caprices de « créateurs » choisis par concours par des édiles soucieux de leur réélection et des spécialistes (des « experts ») qui ont, de facto puisqu’ils sont spécialistes, une culture générale limitée pour la plupart.
Pourquoi les musées, ces bâtiments censés accueillir les artefacts d’un passé nécessaire à comprendre le présent, sont-ils toujours la représentation idoine de ce qu’on présuppose, dans un délire de science-fiction de BD, être des éléments du futur ?
Parce que, dans ce domaine touchant à l’histoire et à la mémoire, là plus qu’ailleurs, il convient d’orienter les esprits.
L’idée n’est pas bien nouvelle, elle peut se résumer dans ce vers de l’Internationale : Du passé, faisons table rase, qui suppose une dictature du progrès qui n’est lui-même qu’une illusion.
Ce qui fait que notre architecte japonais, mais néanmoins mondialiste, a conçu le projet titanique de ce musée qui ressemble à l’empilement de trois hangars décalés d’une hauteur de 35 mètres pour sept étages qui surplombera la ville de Saint-Malo, « Un belvédère couvert au dernier étage du futur musée offrira une perspective sur toute la ville de Saint-Malo », selon Ouest-France. Mais le contraire est vrai aussi. A savoir qu’à Saint-Malo, on ne verra plus que ce bâtiment.
« C’est le seul endroit de la ville où je ne la vois pas » disait Maupassant quand il mangeait au restaurant de la tour Eiffel.
Quelques exemples…
Le Stedelijk Museum à Amsterdam (Musée d’art contemporain) : une énorme baignoire accolée à un immeuble ancien
Oh, bien sûr, les trois villes que nous prenons en exemple sont loin d’être les seules touchées par cette gangrène ; nous les prenons en exemple parce que nous espérons qu’il est encore possible de les sauver, mais que faire du grotesque Musée Pompidou qui défigure Paris,
Le parvis nord du centre Beaubourg accolé à l’église Saint-Merri (XVIe siècle) et l’entrée principale du Centre Pompidou en état de délabrement. Le bassin d’agrément (?) au premier plan égayé (?) par des œuvres d’art (?) contemporaines (mars 2018)
du massif et disgracieux Palais des Festivals de Cannes, du cataclysmique Musée des Confluences de Lyon (illustration ci-dessous), qui ressemble à une immense soucoupe volante qui se serait crashée là,
dans un amas indescriptible de tôles et de béton qui devrait susciter la terreur des Lyonnais s’ils n’avaient pas été bien formatés, à accepter l’outrage de l’effrayante et agressive Philharmonie de Paris de Jean Nouvel,
gueule béante d’un dragon qui semble prêt à vous dévorer (la musique adoucit-elle vraiment les mœurs ?), du Musée de la Romanité à Nîmes,
Nîmes est une ville accoutumée à nier son passé ; les monuments romains y sont systématiquement affublés d’une incongruité contemporaine
encore un musée en forme de boîte de conserves mal ouverte jouxtant les Arènes de Nîmes, du Stederlijk Museum (encore un) d’Amsterdam qui ressemble à une énorme baignoire blanche accolée à un bel immeuble ancien, de la Cité du Vin à Bordeaux, sorte de monstrueux étron doré comme un staphylocoque, quel rapport avec Bordeaux ou le vin ?
« And the winner is… »
La palme de l’infamie – ou du ridicule – est remportée par Philippe Starck qui ne se cache pas de construire des bâtiments acculturés, « l’acculturation est son projet » nous prévient David Orbach(5). Sa prochaine victime sera la ville de Metz où il va construire un hôtel de treize niveaux pour une hauteur de quarante mètres. « Au sommet, l’établissement offrira sur la ville de Metz une vue à couper le souffle », précise un journal local.
Et les Messins auront la vue sur la tour, comme les Malouins ont la vue sur leur nouveau musée. Mais vous pensez bien que l’architecte « adulé de par le monde pour ses fulgurances et sa fabuleuse fécondité » (selon un autre journal local qui n’est pas en mal non plus de dithyrambe) ne s’est pas contenté de construire une tour, il fallait aussi qu’il appose sa patte idéologique (à défaut de la lever) : il construira au sommet de la tour la réplique d’une maison du XIXe siècle, qui va donc représenter de visu le déracinement cher au designer. « C’est un jeu sur les racines déracinées », explique sans complexe l’architecte. Effectivement, quel génie ! Quelle « fabuleuse fécondité » ! Une tour stupide bien lisse trouée de fenêtres avec au sommet une villa reconstituée (même pas l’idée d’en construire une originale…)
L’Ordre Mondial
Spengler avait bien montré le processus de déclin de l’Occident qui entraîne dans sa chute tout ce qui vit sur la planète puisque l’Occident y a instillé lentement et partout ses valeurs et surtout ses poisons(6).
Depuis la Révolution française et l’avènement de Darwin comme nouveau prophète, l’Occident est totalement imprégné de l’idée que le progrès est un concept incontournable, que le monde est en constante évolution avec l’idée d’une avancée linéaire sans fin et des lendemains qui chantent toujours et de plus en plus fort et de plus en plus mal à mesure qu’on croit s’approcher du paradis mais qui, inéluctablement, comme tout ce qui vit, nous amène vers la mort, vers une fin, quelle qu’elle soit.
Le temps est à l’image du monde : toute vie sur Terre, quel que soit son règne : végétal, animal, humain, et même minéral, procède d’un mouvement cyclique et y est soumis. Tout meurt et tout revit.
On ne peut pas comprendre, de nos jours, que passé, présent et futur cohabitent dans un même maelström et sont interdépendants, que le passé n’est pas un but mais un phare, qu’il n’est pas poussiéreux mais constitue une source pure d’où procède la vie, source constamment renouvelée lorsqu’on y revient et donc toujours jeune.
Cette construction spirituelle est bien trop difficile à concevoir pour nos contemporains ; un cycle se dégrade de spiritualité en matérialité ; comme nous sommes à la fin d’un cycle, nous sommes donc en pleine matérialité – essentiellement représentée par le culte de l’argent – et tous les comportements humains sont conditionnés par cette dégradation, y compris le choix de notre architecture.
Ce qu’on appelait encore Occident il y a un siècle est donc devenu l’Ordre Mondial.
L’Ordre Mondial est dirigé par quelques sociétés plus tellement secrètes dont font partie la plupart de nos gouvernants ; leur dessein est de s’approprier le monde matériel en ayant soin de détruire les fondements des sociétés traditionnelles et leur enracinement ; il ne prend plus beaucoup de précautions pour cacher ses objectifs ; sa nuisance s’exerce dans tous les domaines : comme le rôle de la mode actuelle est de déstructurer les corps, celui de la philosophie de déstructurer les esprits, celui de l’art ou de la musique, de rompre les liens avec le sacré, celui de l’agroalimentaire consiste à habituer les estomacs à manger des horreurs (des insectes, par exemple) et, surtout, à faire disparaître le paysannat, et celui qui nous occupe ici, l’architecture contemporaine, dont le but est clairement de déstructurer le bel ordonnancement de nos villes et de faire en sorte que les peuples ne puissent plus se référer à leur sol.
Comment en est-on arrivé là ?
Il nous faut ici remonter avant même ce que certains sites internet qui se consacrent à une Histoire parallèle du monde appellent la « Fraternité du Serpent », l’ancêtre supposée des Illuminati qui aurait manifesté les premières nocuités de ce courant à l’époque sumérienne 3 300 ans avant notre ère, un millénaire après le commencement de notre Kali-Yuga.
Illustration par Gustave Doré de l’enfer de Dante (La Divine Comédie). Planche LXV, Chant XXXI : Les titans et les Géants. « L’orgueilleux que tu vois prétendit défier avec tout son pouvoir le puissant Jupiter »
Nous allons parler plutôt de certains personnages mythologiques, des Titans, dont Prométhée est le plus illustre exemple, puisqu’il créa l’Homme qui, originellement, était presque semblable aux dieux mais qui, par une faute de Prométhée – la connaissance du feu qu’il donna aux hommes – perdit ses pouvoirs originels ; Prométhée est l’archétype même du Titan, celui qui veut se mesurer aux dieux – c’est l’hubris, la vanité, qui le mène – et qui utilise la ruse pour arriver à ses fins. On sait ce qui advint de lui quand Zeus décida de le punir de son arrogance et de ses tricheries. On comprend mieux qu’il représente à la fois l’humanisme, l’Homme qui se veut supérieur aux autres règnes, le surhumanisme, supérieur à lui-même, et qui va aboutir au transhumanisme, l’Homme qui croit qu’il est l’égal des dieux, ou de Dieu. Cette vanité s’exprime par ce qu’on appelle de nos jours le titanisme, des œuvres grandioses, notamment en matière d’architecture, qui vont se manifester par la construction de tours – des « gratte-ciel » – toujours plus hautes, qui veulent arriver « jusqu’au ciel », donc jusqu’aux dieux et par les moyens utilisés pour les construire et les faire proliférer, la ruse ou l’escroquerie érigée en mode de relation. Nous sommes donc entrés dans une nouvelle ère prométhéenne, Prométhée, l’archétype des origines qui ressurgit, à la fin du cycle, comme un bateau qui, avant de couler, montre sa proue une dernière fois comme un pied-de-nez, ou comme le serpent, l’ouroboros, qui se mord cycliquement la queue(7).
Charles-Édouard Jeanneret, dit Le Corbusier, fut l’un de ces architectes-urbanistes inventeurs de l’architecture contemporaine. Ce Français d’origine suisse, donné en exemple dans toutes les écoles d’architecture du monde, avait conçu un projet, le plan Voisin,
Le Plan Voisin : le projet de Le Corbusier auquel a échappé Paris
visant à construire des tours à Paris en détruisant l’ensemble des bâtiments antérieurs, sauf les églises (l’ironie du sort veut que ce sont d’abord les églises qui sont détruites aujourd’hui…). Ce projet n’était pas un coup de folie passager puisque Le Corbusier a récidivé lors d’un séminaire d’architectes et d’urbanistes en présentant en 1933 la Charte d’Athènes qui devait systématiser le plan Voisin à l’ensemble de la planète. Cette Charte fut appliquée après la guerre pour reconstruire les villes détruites par les bombardements anglo-américains en France, un plan idéologique et totalitaire auquel a fort heureusement échappé Saint-Malo.
Ce processus morbide n’a pu être mis en place qu’avec la complicité de certains édiles, atteints de cette même hubris, souvent de mégalomanie et plus sûrement attentifs à laisser leur nom sur une plaque de rue.
Marquer son passage en marquant son territoire
On sait comment les animaux marquent leur territoire ; mais comment faire en sorte que son passage sur Terre reste dans l’Histoire, surtout si l’on a été un médiocre chef d’État ? L’œuvre de l’Homme dépasse l’homme au moins parce qu’elle lui survit plus longtemps. C’est à cet espoir que se sont raccrochés les présidents de la Ve République française dont la vanité n’a réussi qu’à enlaidir la capitale. C’est sûr qu’ils n’allaient pas construire dans le Cantal ; pour autant, leurs traces ne dureront pas le temps des pyramides, ni même celui des cathédrales, ni même celui des humbles maisons paysannes.
Pompidou a donc laissé son nom au Centre Beaubourg, Mitterrand aux tours de la Bibliothèque nationale, Chirac a suivi avec le Musée des Arts premiers.
Les maires des grandes villes françaises, puis des villes moyennes, puis des petites villes et même des villages, entraînés par d’aussi illustres exemples, n’ont pas tardé à les imiter. C’est ainsi que la France s’est « parée » de toutes sortes de constructions loufoques jusque dans ses derniers recoins.
Une église au centre d’Istres (43000 habitants) en Provence
Une salle de sports à La Fare-les-Oliviers (8000 habitants) en Provence
C’est que, pour leur défense, ces édiles pensent faire le bien de leurs concitoyens : toujours plus haut, plus grand, plus « moderne » (dans les années 60, des panneaux fleurissaient à l’entrée des villages : son château, ses commerces, sa piscine « olympique »…)
Mais pourquoi s’imaginent-ils que, lorsqu’on choisit une ville moyenne pour y habiter, on n’a qu’une seule envie, c’est de voir cette ville grandir, s’étaler avec ses hideuses zones industrielles et commerciales, ses panneaux publicitaires, ses PLU à l’infini, rongeant chaque jour les terres agricoles… ?
La quantité plutôt que la qualité de vie ? Faut-il vivre dans une grande ville pour être heureux ? Si on choisit pour vivre une ville moyenne ou petite, c’est pour sa qualité de vie, ce n’est pas pour qu’elle devienne une grande ville.
Les élus des villes culturelles veulent à la fois faire avancer leur ville vers le « progrès » et accroître la manne des retombées touristiques qui attirent dans leurs cités des millions de touristes qui ne viennent que pour une chose : la spécificité architecturale de la ville ancienne. Ces visiteurs ne viennent pas pour admirer la nouvelle tour du célèbre architecte Machin ou la nouvelle médiathèque en forme de bateau échoué. Ça, ils l’ont dans toutes les autres villes du monde qui ne peuvent s’enorgueillir de leur passé, de Dubaï à New-York en passant par Shangaï.
Jean Giono disait fort justement : « À quoi bon aller là-bas si rien n’est différent d’ici ? »
Une architecture hors-sol
Autrefois respectées, les recommandations des architectes des Bâtiments de France sont de plus en plus souvent contournées avec l’approbation des autorités locales. Pourtant, leur charte est basée sur le bon sens.
«L’architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public. Les autorités habilitées à délivrer le permis de construire ainsi que les autorisations de lotir s’assurent, au cours de l’instruction des demandes, du respect de cet intérêt(8). »
Dans sa belle conférence(9) enregistrée à l’Université populaire de Caen, David Orbach, architecte contemporéaniste repenti, comme il se présente lui-même, nous donne quelques clefs supplémentaires de compréhension du phénomène qu’il a pêchées de son expérience et au contact de ses condisciples et de leurs œuvres.C’est encore une fois le Corbusier qui a donné l’exemple en prônant une architecture hors-sol, comme les tomates que l’agroalimentaire nous donne maintenant à manger, analogie qui n’est évidemment pas le fait du hasard. Partant du principe que la nature est sale et qu’il convient d’envisager un monde lisse dépourvu de toute aspérité, l’architecture contemporaine doit donc se dégager du sol ; les maisons seront construites sur pilotis comme sa villa Savoye
La villa Savoye « hors sol » de Le Corbusier à Poissy
ainsi que les unités d’habitation comme La Cité radieuse. C’est dans ce même esprit antinaturel que Le Corbusier avait préconisé d’installer les crèches au sommet des immeubles pour éviter aux enfants la promiscuité avec le sol comme ce fut le cas pour la « Maison du fada » comme les Marseillais surnommaient la Cité radieuse.
La « Cité Radieuse », sur pilotis et donc physiquement hors sol, de Le Corbusier à Marseille, unité d’habitation où il a pu développer son utopie collectiviste pour ne pas dire concentrationnaire
L’architecture contemporaine doit appliquer deux règles principales : • Refus de l’antériorité : le passé et le savoir qui est inclus dans ce passé. • Refus de l’intériorité : une maison doit être de préférence installée dans un désert, espace ouvert et libre plutôt que dans une forêt ; elle ne doit pas refléter un « repli sur soi », les occupants de la maison doivent avoir une vue sur l’extérieur tout comme leur vie doit être vue de l’extérieur, elle doit être « nue », d’où la systématisation de la mise en place des grandes baies vitrées et le refus de toute décoration, ne serait-ce qu’une bordure.
Les matériaux traditionnels faisant référence au sol, à la culture, au passé et à la nature seront bannis.
On préférera donc l’emploi du béton, du verre et de l’acier.
Un projet à Paris, avenue de Breteuil qui s’inscrit en rupture des immeubles de l’avenue
La solution : renouer avec les rites
Les rites, dont nous avons dit qu’ils étaient la répétition du mythe d’origine, sont aussi une respiration régulière de ce tout ce qui est vivant ; une maison, un village ou une ville sont vivants.
Comprenons-nous bien : puisque la technique existe, il n’est pas question de s’en priver ; au contraire, comme ce qui a été fait à Saint-Malo et comme ce qui se fait avec d’anciennes maisons restaurées, il convient de respecter le passé tout en bénéficiant des acquis du présent.
Le problème se pose moins pour des maisons individuelles éloignées d’un environnement historique.
Les réalisations de maisons individuelles dites d’architectes (sic) implantées hors ville et qui s’intègrent quelquefois parfaitement au paysage environnant ne manquent pas et, disposant de toutes les innovations techniques, sont agréables à vivre et permettent à la créativité des architectes de s’exprimer sans détruire une antériorité inexistante.
Exemple d’un immeuble édifié à Anvers dans les règles de l’art et le respect des immeubles environnants
De même, Il est bien évident que ces villes anciennes doivent elles aussi s’adapter sur le plan de la fonctionnalité ; encore faut-il que les municipalités envisagent cet avenir en tenant compte des spécificités du passé qui ont façonné ces villes : chacune possède une âme qu’il convient de ne pas détruire en optant pour la facilité du choix individuel d’un architecte international puis d’un autre, et de promouvoir un chaos visuel au lieu d’imaginer un processus global qui ne vient pas en rupture avec les strates architecturales qui se sont humblement insérées et ont cohabité harmonieusement tout au long des siècles.
Dans cette optique, les édiles devraient consulter d’autres personnes que des technocrates ; ils doivent rassembler autour d’eux ceux qui ont quelque légitimité à donner un avis : historiens, techniciens du bâtiment, écrivains, citoyens éclairés amoureux de leur ville… et aussi les architectes respectueux de leur travail et du contexte dans lequel il doit s’exercer, qui ne sont pas là pour imposer les productions de leur égocentrisme. Il faudrait pour cela que les édiles aient le sens du bien commun et comprennent que le futur ne peut surgir que du passé, de tous ceux qui sont morts au cours des générations pour que leur ville reste belle. L’équilibre de la beauté est précaire, n’importe quelle chiquenaude peut le détruire à jamais.
Ces quelques rares architectes qui sauvent l’honneur de la profession sont évidemment dénigrés par la majorité de leurs confrères soumis aux impératifs du marché et de la mode ; ces derniers croient pourtant détenir la vérité et faire partie d’un courant novateur qui s’insère dans une sorte de sens de l’Histoire illusoire et idéologique. Ces architectes conformistes ont inventé l’arme absolue à l’encontre des rebelles à l’uniformisation : celui qui entend respecter le passé et les citoyens (qui ont aussi leur mot à dire) et qui s’efforce d’insérer harmonieusement son travail dans le bâti existant est taxé de « pasticheur ».
Sur toute la planète et de tous temps, se sont construites et ont subsisté des maisons et des villes dont les caractéristiques : forme, couleurs, matériaux… avaient un lien avec la nature du sol, le climat de la région, le caractère de ses habitants et la culture esthétique du lieu qui s’est lentement et laborieusement formée, hommes et terroirs se façonnant mutuellement ; c’est cette diversité issue du sol qui se manifeste parfois d’un village à l’autre qui fait la richesse de la vie et qui est garante de sa pérennité. Peut-être qu’un jour – lorsque les hommes auront retrouvé leur esprit – se débarrassera-t-on de ces verrues pour magnifier le monde, comme on se débarrasse de ces disgracieuses excroissances sur notre peau.
Pierre-Émile Blairon
(1) Le secteur économique touristique constitue la première source de revenus en France (en y comprenant les activités annexes comme l’artisanat d’art et tous les commerces liés au tourisme), loin devant les activités issues de la révolution industrielle du XIXe siècle ; mais on continue, au nom d’un « romantisme » ouvrier et d’un mépris du passé, à ignorer les premières pour pratiquer un acharnement thérapeutique sur les secondes. (2)Aix en Dialogue n° 58, supplément hors-série : La métamorphose d’une ville, janvier 2013 (3) La Provence, 1er mars 2018 (4) Selon l’estimation la plus courante : 75 000 victimes et 550 000 tonnes de bombes déversées en 1944 sur la France, pays « allié ». (5) Architecture contemporaine et laideur par Coste Orbach : regarder la vidéo (6) Ce processus est analysé dans mon ouvrage : La Roue et le sablier, disponible sur Amazon. (7)La Roue et le sablier, op. cit. (8)www.architecte-bâtiments.fr (9) Architecture contemporaine et laideur par Coste Orbach : regarder la vidéo
Un tabou aurait été brisé à gauche nous dit-on…La disparition totale de l’armée ne serait plus une option raisonnable. Et dans la foulée, le Parti Socialiste, par la voix du jurassien Fridez (qui n’a de toute évidence pas une grande expérience de commandement militaire et se nourrit de fantasmes germanophobes, confondant souveraineté et « Alleingang ») a trouvé la solution. L’armée serait en fait une assurance à redimensionner, compte tenu de la diminution des risques. Le terrorisme, qui n’est pas une entité réelle, plutôt un processus opératoire financé par ceux qui activent la mondialisation, serait la tâche d’abord de la police qui est en sous-équipement. Donc il faudrait engager 3000 agents professionnels supplémentaires. Elémentaire mon cher Watson.
Les moyens militaires traditionnels : aviation, blindés, artillerie, lance-mines n’auraient plus de sens puisque tous les pays voisins sont nos Amis et que nous sommes de facto un passager clandestin de l’Otan (alliance belliqueuse, qui intervient bien au-delà de l’Europe continentale et qui s’est spécialisée dans des opérations criminelles de changement de régime, de soutien à des opérations économiques au service des compagnies multinationales, à la pratique de sanctions économiques et de stratégie organisée du chaos migratoire). Honnêtement, je n’ai guère confiance en ce genre d’amis (Merkel, May, Macron, le triple M mondialiste et moraliste) qui adoptent une attitude hystérique et hostile vis-à-vis de la Russie, des nations européennes qui rechignent à la grande redistribution migratoire et ne considèrent pas la théorie du genre comme une urgence sociétale impérative. Déléguer aux voisins les missions de surveillance aérienne serait irresponsable et téméraire. Comme confier à l’Italie et à la Grèce le contrôle des débarquements de migrants organisés par les esclavagistes modernes de la Libye à l’Etat déliquescent, ou au maître-chanteur Erdogan ( membre de l’Otan aussi) qui ouvre les vannes de réfugiés à sa guise et selon ses objectifs d’influence dans l’ancien empire ottoman en reconstruction.
La subsidiarité (ne déléguer à l’échelon supérieur que ce qu’on ne peut pas assumer soi-même), ce n’est pas déléguer aux voisins, empêtrés dans une alliance guerrière et aux intérêts divergents, ce qu’on ne veut ou ne peut pas faire.
Bien sûr que l’armée doit être redimensionnée, compte tenu des évolutions de la technologie, de l’importance de la guerre numérique, la cyberguerre, de la mondialisation qui augmente les flux et les risques sécuritaires, la mobilité des criminels/terroristes souvent indissociables, les mafias et cartels de la drogue qui ont poussé comme des champignons sur les ruines des Etats faillis ( Kossovo, Irak, Somalie, Mexique, Colombie, etc.).De l’évolution militaire vers la privatisation transnationale, le mercenariat, les guerres par procuration.
L’analyse des conflits récents ( guerre Iran-Irak, Afghanistan, guerre du Golfe, agression contre la Syrie) manque de consistance chez les socialistes à œillères qui veulent croire que l’Otan promeut paix et sécurité et qu’il suffit de souhaiter la victoire et la progression de l’Alliance pour demeurer protégé. Quelle naïveté de gentil bisounours. Aujourd’hui, les guerres sont hybrides, de la cinquième génération ( Andrew Koybko) et portent la marque des efforts du Monde global unipolaire pour contrer, affaiblir les forces émergentes ou résistantes multipolaires ( Russie, Chine, Iran, Venezuela).La guerre classique se double de la guerre numérique, la propagande unilatérale, la guerre économique, les moyens asymétriques ( qui intéressent tout particulièrement notre pays, de par sa taille).La stratégie de conquête énergétique, de guerres constantes justifiant les dépenses militaires démesurées des Etats-Unis, la destruction de nations souveraines non endettées ont aussi des conséquences migratoires en Afrique, au Proche-Orient. Les victimes collatérales sont tranquillement dirigées vers l’Europe tellement incapable de résister, par antiracisme culpabilisé, par fascination pour le nouveau (l’innovation), l’ouverture, le multiculti et la théorie du genre.
La neutralité armée et la défense nationale sanctuarisée, enracinées, fondées sur le socle démocratique du citoyen soldat, reste l’unique voie de souveraineté, de démocratie de proximité. L’aviation reste incontournable (on l’a vu en Syrie où le gouvernement légitime n’aurait jamais pu résister à la guerre subversive imposées de l’extérieur, sans appui aérien, sans petites unités mobiles appuyées par des chars, des lance-mines, des groupes de citoyens armés).Promouvoir la paix c’est rester neutre, garder des liens multilatéraux avec tous les camps et ne pas s’impliquer dans les guerres de l’Empire. La Suisse, sous l’influence délétère du Conseiller Fédéral Burkhalter, a failli à la neutralité en soutenant les « rebelles » syriens soi-disant modérés qui ont aujourd’hui échoué , et avec quelle cruauté, à démembrer l’Etat laïc et multiconfessionnel syrien. On peut espérer qu’une plainte sera déposée, au nom du peuple syrien martyr, contre les criminels de guerre soutenus et armés par la France socialiste, la Turquie néo-ottomane, le Qatar richissime et avide de jeux de guerre par procuration. Quant à la cyberguerre, elle concerne aussi la propagande médiatique unilatérale. On a pu voir chez nous récemment comment les médias ont pu déployer leur puissance de persuasion, en s’appuyant sur le risque de pertes d’emploi si d’aventure No-Billag l’emportait. Big Brother a été plébiscité, donc la guerre de l’info diversifiée, le droit et le devoir de chacun d’être informé ne pèsent déjà plus lourd.
Quand à utiliser l’armée pour s’occuper des catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique, concept qui permet l’ingérence mondialiste dans notre vie quotidienne et notre environnement, cette proposition est juste surréaliste et déconnectée du réel.
La défense nationale, citoyenne, la souveraineté, la capacité d’autodéfense centrée sur les compétences professionnelles et la connaissance du terrain du milicien volontaire, sont trop importantes pour être laissée à la gestion d’un parti qui voit la vie uniquement en rose.
Dominique Baettig, ancien Conseiller national, militant souverainiste et anti-globaliste, 20.3.2018
Pour le pouvoir en place, les Français de souche n’ont aucune existence juridique et le peuple autochtone n’existe pas. Or, dire d’un peuple qu’il n’existe pas est d’une violence inouïe, d’autant que les ressorts psychologiques de cette négation sont toujours à rechercher dans le désir malsain d’effacer physiquement le peuple en question. La négation généralisée du droit à l’existence des peuples autochtones européens est une extermination symbolique qui se double d’une extermination réelle puisque ceux-ci tendent à disparaître sous l’effet d’une submersion migratoire organisée. La question de la contestation du régime politique en place revêt donc un caractère vital pour les peuples autochtones. Mais quelle forme doit prendre concrètement la lutte ? Doit-elle être aussi violente que peut l’être le régime ou doit-elle, au contraire, faire appel à une forme de « désobéissance civile » ? Notre position sur le sujet est sans ambigüité : nous considérons que l’usage de la violence est à bannir absolument. Cela pour plusieurs raisons :
Premièrement, les Européens ont été largement domestiqués. Ils furent autrefois des conquérants capables de soumettre le monde, mais force est de constater qu’ils n’ont plus qu’une lointaine ressemblance avec leurs ancêtres. On ne doit rien attendre de gens qui laissent sans réagir leurs femmes se faire violer, comme à Cologne en décembre 2015. L’Européen type est un quinquagénaire isolé qui n’aspire plus qu’à une retraite paisible. Autant en être conscient.
Deuxièmement, les Etats supranationaux européens se sont dotés de moyens qui les rendent indestructibles frontalement : arsenal juridique (loi sur le renseignement, lois contre le terrorisme…), capacités techniques (satellites, logiciels espions, « boîtes noires »…), moyens de renseignement (écoutes, balises, indicateurs…), militarisation du cadre urbain (plan Vigipirate, opération sentinelle), forces de police efficaces et soumises, paramétrages des moyens militaires pour répondre à la violence civile (« opération ronces »), etc.
Troisièmement, notre peuple ne se relèverait pas d’une défaite. En cas de défaite « à domicile », face à l’Etat supranational, face aux communautés allochtones, voire, ce qui est le plus probable, face aux deux réunis contre lui, la dilution de notre peuple s’accélèrerait inéluctablement.
Quatrièmement, voulons-nous la Syrie pour nos enfants, si d’autres solutions sont possibles ? La violence est toujours réciproque. Décider de l’employer est un acte grave dont il faut bien peser les conséquences sur soi, sa famille et son peuple.
En d’autres termes, la violence, en l’état actuel des choses, n’est pas envisageable. Il faut faire face au régime avec réalisme et ne pas l’attaquer sur son point fort. La population autochtone est une masse d’individus isolés, incapables d’agir ensemble, ne se faisant pas confiance, inconscients parfois de la situation, bref, pour tout dire : incapables de résister. Le premier travail consistera donc à rassembler le « reste pur » de la population (les « Réfractaires ») puis à organiser celui-ci de manière à agréger progressivement toute la population. Ce premier travail, non-violent par définition, devra se concrétiser par la formation d’un Etat parallèle, d’un gouvernement parallèle et de communautés autochtones. La proto-nation autochtone ainsi formée et structurée sera une puissante force de résistance au régime en place, à condition de ne pas faire le jeu d’un régime paramétré pour vaincre toute opposition frontale et d’adopter une forme de « désobéissance civile ».
« La désobéissance civile est le refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique » (Wikipedia). La désobéissance civile s’adresse au sens de la justice de la majorité au nom de « principes supérieurs » qui ont été violés. On parlera ici du droit à l’existence du peuple autochtone, droit ouvertement bafoué par le pouvoir républicain.
La désobéissance civile n’est pas la passivité. C’est un combat. Comme tout combat, la désobéissance civile a une stratégie et mène des actions. Que ces actions soient non-violentes ne changent rien à leur nature. Elles devront tenir compte des « ressources » disponibles (ressources humaines, financières, médiatiques…), de la situation (rapport de force…) et de l’état de conscience de la population (l’action sera-t-elle comprise ?). Elles devront aussi trouver leur place et leur justification par leur conformité à la stratégie choisie.
La référence absolue en matière de lutte non-violente est le politologue américain Gene Sharp. Celui que certains nomment le « Machiavel de la non-violence » n’est certes pas un ami des peuples autochtones. L’Albert Einstein Institution fondée par Sharp en 1983 est la vitrine séduisante de la CIA et de l’OTAN. Financée par la National Endowment for Democracy (CIA), l’Albert Einstein Institution travaille en étroite collaboration avec d’autres officines spécialisées dans « l’ingérence démocratique » comme l’USAID, Freedom House, ou l’Open Society de Georges Soros.
Il est admis par l’ensemble des analystes que les théories de Gene Sharp sont à l’origine des révolutions de couleurs. L’Albert Einstein Institution revendique d’ailleurs la « révolution originelle » (sic) en Serbie (2000), la « révolution orange » en Ukraine (2004), la « révolution des tulipes » au Kirghizistan (2005) auxquelles nous pouvons ajouter la « révolution des roses » en Géorgie (2003), la « révolution bleue » en Biélorussie (2005) et même le « printemps arabe » en Tunisie, Egypte et Syrie durant les premières semaines (2010-2012).
Le lecteur accoutumé à ce blog aura compris que conformément à ce qu’énonce Gene Sharp, nous avons défini une « stratégie globale » (libérer le peuple autochtone du « corps d’associés » qui l’étouffe et du régime qui l’opprime) et des stratégies plus limitées se situant dans la stratégie globale (rassembler et organiser ; lutter pour les droits).
La « stratégie globale » détermine l’objectif à atteindre (la libération du peuple autochtone). Elle coordonne l’action de l’ensemble des organisations, des communautés, des institutions autochtones de manière à atteindre cet objectif. Les stratégies limitées, ou intermédiaires, ont un niveau de planification plus restreint. Nous en déterminons deux :
Une « stratégie de conservation » : rassembler, organiser et protéger ce qui subsiste (le peuple autochtone, l’identité autochtone, les terres autochtones…). L’Etat parallèle autochtone et les communautés autochtones sont à la fois des buts et des moyens dédiés à cette stratégie.
Une « stratégie d’expansion » : lutter pour obtenir des droits collectifs croissants, jusqu’au droit à l’existence nationale. La désobéissance civile non-violente est, selon nous, le moyen à privilégier pour atteindre les objectifs de cette stratégie.
Les stratégies de conservation et d’expansion ont chacune leurs propres objectifs. Ceux-ci doivent être en cohérence avec la stratégie globale retenue. Pour atteindre ces objectifs stratégiques, il est nécessaire de procéder par étapes en utilisant des « tactiques » appropriées en fonction des ressources disponibles, du contexte et des opportunités. Les engagements tactiques mobilisent un ensemble de moyens sur une période courte, des domaines spécifiques et des objectifs mineurs (campagne de sensibilisation à l’antijaphétisme, campagne de boycott de produits…) . Les gains tactiques obtenus réalisent progressivement les buts stratégiques fixés. Au contraire de la stratégie qui détermine des objectifs plus ou moins lointains et généraux, la tactique vise donc des actions limitées et des objectifs restreints à la portée d’un mouvement de libération.
Les engagements tactiques utilisent des « méthodes », c’est-à-dire des formes d’action pour atteindre leurs objectifs. Ces « méthodes » sont multiples et doivent toujours, selon nous, être non-violentes. Dans son manuel, De la dictature à la démocratie (L’Harmattan 2009), Gene Sharp répertorie près de 200 méthodes d’actions non-violentes. Le politologue les classe en trois catégories :
1. Les méthodes de protestation et de persuasion non-violentes :
Parades, marches, veillées…
Communications à de larges audiences (journaux, livres, sites internet…)
Groupes de pression
Pressions sur les individus (fonctionnaires, journalistes, politiciens…)
Défilés de voitures, sons symboliques, port de symboles, fausses funérailles, hommage sur une tombe…
Rassemblements publics, silence, action de « tourner le dos »
Enseignement et formation
Etc.
2. Les méthodes de non-coopération
Non-coopération sociale : ostracisme de personnes, boycott social sélectif, excommunication…
Non-coopération avec évènements, coutumes et institutions sociales
Boycott économique : boycott de produits, d’enseignes, de commerces, de films, refus de payer les loyers, Retraits de dépôts bancaires, refus de déclaration de revenus…
Grèves
Non-coopération politique : Rejet de l’autorité : rejet d’allégeance, refus de soutien public, désobéissance déguisée, docilité réticente et lente
Boycott des élections
Retrait du système scolaire d’Etat
Boycott des institutions, associations, structures ayant un soutien d’Etat
Blocage de lignes de communication ou d’information
Non-coopération administrative, judiciaire, retards, obstructions, report des tâches…
Etc.
3. Les méthodes d’intervention non-violentes
interventions psychologiques : jeûnes de pression morale, harcèlements, exposition volontaire aux éléments…
Interventions sociales : engorgement de services, institutions sociales alternatives, interventions orales en public, travail au ralenti…
Interventions économiques : grève, prise de contrôle non-violente d’un terrain, marchés alternatifs, institutions économiques alternatives…
Interventions politiques : surcharge de systèmes administratifs, double pouvoir et gouvernement parallèle…
Dans cette optique, la résistance autochtone peut mener une multitude d’actions non-violentes : blocages momentanés de certains nœuds routiers, autoroutiers ou ferroviaires ; résistance fiscale ; boycott des élections ; lobbying ; constitution de ZAD identitaires ; interpellation d’élus républicains ; sit-in ; occupation d’écoles ; manifestations ; harcèlement ; etc. Il n’y a de limites que notre imagination… et l’étendue du Grand Rassemblement, c’est-à-dire des forces disponibles.
Ce sont en effet les ressources humaines disponibles qui conditionneront en grande partie la nature et l’ampleur des actions entreprises. Tout plan d’action devra au préalable évaluer le plus précisément possible la situation et les possibilités d’action. Une action réussie est une action qui aura d’une part entamé la légitimité du régime et qui aura d’autre part propagé parmi les Autochtones l’idée de sécession et de rassemblement. Gene Sharp établit que les actions initiales devront comporter peu de risques, surtout si la population est craintive et se sent impuissante, ce qui est le cas pour le peuple autochtone. Il faudra alors limiter l’action à des protestations symboliques ou à des actes de non-coopération limités et temporaires (dépose de fleurs dans un emplacement symbolique, veillées, boycotts…). L’important est de fixer des objectifs intermédiaires réalisables dont le succès ne peut qu’encourager à la répétition. Il n’y a rien de plus facile que d’engorger le standard téléphonique d’une municipalité hostile, que d’harceler la permanence d’un politicien, que de donner de la voix lors de la projection d’un film antijaphite. Répété 1000 fois, « sans haine, sans violence et sans armes », ces petites actions uniront le peuple autochtone et abattront le régime en place.
En 2014, les éditions Le Cercle publient Le Minotaure planétaire. L‘ogre américain, la désunion européenne et le chaos mondial, de Yanis Varoufakis, un professeur d’économie gréco-australien qui a participé à la rédaction de la partie économique du programme de Georges Papandréou, futur Premier ministre socialiste grec entre 2009 et 2011. L’auteur ne sait pas encore qu’il rencontrera souvent ce Minotaure au cours de ses 162 jours de ministre grec des Finances.
Yanis Varoufakis raconte dans Conversation entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe cette brève expérience ministérielle et les négociations âpres avec l’Eurogroupe, la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne et ses homologues, en particulier avec le plus puissant d’entre eux, l’Allemand Wolfgang Schäuble, qui en découlent. Il offre ainsi un témoignage de première main sur les mécanismes de ce qu’on croit être l’« eurocratie ». On reste cependant confondu devant sa naïveté et son absence de sens politique. L’« Homme de connaissance » se mue rarement en « Homme de puissance »…
Extérieur à Syriza dont il désapprouve publiquement le projet économique et affligé par l’alliance scellée avec les souverainistes des Grecs indépendants, Yanis Varoufakis se revendique libéral-démocrate, progressiste, pro-européen et humaniste. C’est par amitié pour Alexis Tsipras et par devoir envers ses compatriotes pressurés et appauvris qu’il accepte cette mission impossible : renégocier la dette de la Grèce. Il croit bénéficier de l’appui total du jeune et nouveau Premier ministre de gauche radicale. Or, dès son entrée en fonction, il apprend que son ministère dépend d’un ministère de l’Économie dont le titulaire n’est autre que le vice-Premier ministre, très lié à certains milieux bancaires. On lui impose ensuite un directeur de cabinet, véritable œil du parti à ses côtés. Varoufakis reconnaît volontiers « avoir été aveugle à une réalité aussi dure et déplaisante (p. 302) ».
En Grèce néo-colonisée
Son livre est poignant quand il mentionne les souffrances endurées par l’héroïque peuple grec. Celles-ci résultent des recommandations de la troïka (la BCE, le FMI et la Commission européenne). Cette officine guère respectable s’indigne de la diminution du traitement des haut-fonctionnaires grecs qui la servent, mais exige la suppression immédiate des aides financières aux plus défavorisés, la réduction du montant des pension des retraités, la hausse des taxes et le paiement immédiat des impôts par des entreprises exsangues. Les versements consentis à la Grèce en font selon l’expression de l’auteur un « Renflouistan » ! Il s’agit en réalité d’une « économie de la canonnière ».
Yanis Varoufakis dénonce l’indéniable processus de colonisation 2.0 de son pays par l’engeance financière cosmopolite. Par exemple, « l’administration fiscale grecque est un des exemples les plus sidérants de régime néocolonial des temps modernes (p. 172) ». En pratique, « le directeur de l’administration [fiscale et douanière] devait désormais être approuvé par la troïka et ne pouvait être renvoyé sans son approbation (p. 57) ». Pis, « certains départements des ministères-gruyères envoyaient d’abord leurs données et leurs documents à la troïka, qui les approuvait, et seulement ensuite à leur ministre. Comme si ce n’était pas assez, la troïka exigeait le droit d’envoyer des émissaires à Athènes, lesquels se rendaient dans les mêmes ministères et rassemblaient des données qu’ils triaient et vérifiaient avant que nous ne les ayons vues (pp. 307 – 308) ». Après juillet 2015, toutes les lois votées par la Vouli, le Parlement monocaméral, devront être en préalable approuvées par la troïka.
Certes, « l’insuffisance du développement, la mauvaise gestion et la corruption endémique de la Grèce expliquent sa fragilité économique permanente (p. 32) ». Il est possible d’y remédier alors que « son insolvabilité, plus récente, est due aux défauts de fabrication fondamentaux de l’Union européenne et de son union monétaire, autrement dit l’euro. À l’origine, l’Union européenne était un cartel de grandes entreprises conçu pour limiter la concurrence entre les principales industries lourdes d’Europe et s’assurer des marchés dans les pays périphériques – l’Italie et, plus tard, la Grèce. Les déficits de pays comme la Grèce étaient le reflet des excédents de pays tels que l’Allemagne. Tant que la drachme était sous-évaluée, les déficits étaient maîtrisés. Mais le jour où la drachme a été remplacée par l’euro, les prêts des banques françaises et allemandes ont envoyé les déficits grecs dans la stratosphère (p. 33) ». Yanis Varoufakis explique qu’avec les difficultés hellènes, « l’austérité révèle sa vraie nature : une politique économique de l’échec fondée sur un moralisme immoral (p. 51) » parce que le renflouement de la Grèce organisé sous la présidence de Sarközy « faisait reposer le plus gros du sauvetage des banques françaises et allemandes sur les contribuables de nations plus pauvres que la Grèce, par exemple la Slovaquie et le Portugal. Ces contribuables-là, de même que ceux de pays co-fondateurs du FMI comme le Brésil et l’Indonésie, seraient contraints, à leur insu, de virer de l’argent aux banques de Paris et de Francfort (pp. 36 – 37) ». Les médiats de propagande ont-ils répercuté cette information ? Non, car, comme le dit le président aviné de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker : « Quand les choses deviennent sérieuses, il faut mentir (p. 35). » Sinon la vérité aux peuples contribuables serait insoutenable d’autant que « plus un banquier est insolvable, surtout en Europe, plus il a de chances de s’approprier des parts importantes des revenus de tous les autres – : ceux qui triment, ceux qui innovent, les pauvres et, bien entendu, ceux qui n’ont aucun pouvoir politique (p. 38) ». Les petites frappes de la délinquance quotidienne devraient devenir des criminels de haut vol intouchables, c’est-à-dire des banksters.
Ses compétences économiques et son ignorance des codes de la politique-spectacle font de Yanis Varoufakis une proie facile pour la désinformation bankstériste. Contre lui, « la machine de propagande de Bruxelles fonctionnait à plein régime (p. 287) ». Sachant que les « banquiers ont simplement pris le relais et financé les médias afin de manipuler l’opinion publique, donc de contrôler le jeu politique, qui lui permettait de garder les commandes des banques en faillite. Cela dit, contrairement aux promoteurs, ils ont été assez astucieux pour éviter de devenir propriétaires de chaînes de télévision et de journaux déficitaires. Ils ont maintenu en vie les médias en leur offrant des clopinettes en échange de publicités pour leurs banques (p. 66) », il estime qu’« à l’heure où l’establishment dit libéral se récrie face aux fake news de l’alt-right en pleine insurrection, il est utile de se rappeler que, en 2015, ce même establishment a lancé une campagne de retournement de la vérité et de diffamation terriblement efficace contre le gouvernement pro-européen et démocratiquement élu d’un petit pays européen (p. 10) ». La revendication du credo libéral n’est pour lui qu’un prétexte. Critique envers « les télé-évangélistes de l’asservissement (p. 164) », Varoufakis considère qu’« un establishment qui exploite sans vergogne des contre-vérités pour annuler un mandat démocratique et imposer des politiques dont ses propres fonctionnaires savent qu’elles ne sont pas efficaces ne saurait être qualifié de “ libéral ” (p. 476) ». Tout sera mis en œuvre pour briser cet opposant farouche « aux prêts en série insoutenables qui maquillent une faillite pour en faire un problème d’illiquidité (p. 46) ».
De féroces descriptions
Certains portraits croqués dans ce livre sont féroces. L’auteur se surprend de découvrir le socialiste Michel Sapin, ministre français des Finances, tout ignorer de la langue anglaise, maîtriser plus qu’imparfaitement les arcanes économiques et montrer une incroyable duplicité à son égard : cordial en privé, cassant devant les journalistes et les officiels. « La comédie de Michel Sapin était à l’image de ce qui ne fonctionne pas dans la République française (p. 198). » Quelques instants plus tôt, le même Sapin lui avait déclaré : « – Yanis, il faut que vous compreniez. La France n’est plus ce qu’elle était (p. 198). » Que voulait dire le vieux pote de « Flamby » ?
Au fil de ses rencontres électriques avec le président de l’Eurogroupe, le ministre néerlandais Jeroen Dijsselbloem, Varoufakis le trouve « encore plus vil que d’habitude (p. 429) ». Son jugement cinglant embrasse les socialistes français et les sociaux-démocrates allemands qui « n’ont cessé de se contredire, entre promesses creuses et vaines paroles (p. 397) ». L’auteur éprouve en revanche un véritable respect pour Wolfgang Schäuble. Ce partisan implicite du Grexit pense que « des élections ne sauraient changer une politique économique (p. 241) ». À quoi bon alors en organiser et ensuite tenter d’exporter ailleurs les « démocraties » occidentales ? Schäuble jette un temps le masque et se montre tel qu’il est : libéral et sécuritaire. Ancien du FMI et collaborateur de Varoufakis, Glenn Kim présente dans un courriel la personnalité de Schäuble qui « déteste au plus haut point les marchés. Pense qu’ils sont contrôlés par les technocrates. […] C’est un européiste ardent. Il croit au destin d’une Europe à l’allemande (pp. 216 – 217) ». L’auteur évoque un esclandre lors d’une réunion ministérielle, le 16 avril 2015. Ce jour-là, Michel Sapin envoie paître Schäuble qui envisageait accroître l’influence de la troïka au sein de l’Eurolande. En effet, « Wolfgang Schäuble rêvait de voir la troïka dicter sa loi à Paris (p. 479) ». Ce n’est que partie remise. L’auteur se montre en revanche assez bienveillant envers la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, et couvre d’éloges Emmanuel Macron.
Yanis Varoufakis n’approuve pas le Grexit autant de la Zone euro que l’Union pseudo-européenne. Il cherche plutôt une « politique de désobéissance constructive au sein de l’Union européenne. […] La seule alternative possible à la dystopie qui se met en place à mesure que l’Europe se désintègre (p. 481) ». Il soumet donc à la troïka plusieurs plans, mais elle « refusait systématiquement nos propositions sans en avancer une seule de son côté (p. 348) », non seulement pour des motifs techniques ou politiques, mais parce qu’il comprit bientôt que « ce que tous ces hommes avaient en commun : c’étaient tous des transfuges de Goldman Sachs (p. 244) ! » Cela expliquerait-il l’absence de vision politique dans les instances européennes et leur neutralisation par des procédures loufoques ? « La démocratie était morte le jour où l’Eurogroupe avait obtenu le pouvoir de dicter leur politique économique à des États privés de toute souveraineté fédérale démocratique (p. 241). » L’auteur apprend ainsi qu’il ne peut pas distribuer le moindre document de travail informel à ses homologues de l’Eurogroupe sous peine que ce papier soit ensuite débattu au Bundestag. Et si Varoufakis l’envoie en pièce jointe par courriel, il romperait le protocole et le document en question ne serait pas pris en compte ! L’inertie comme direction du désordre…
Yanis Varoufakis déplore en particulier le juridisme tatillon et les pesants rituels qui paralysent les séances de l’Eurogroupe et du conseil européen des ministres. Il apprend vite que les fonctionnaires européens lui mentent, le prennent de haut et ne lui communiquent jamais les documents officiels. Il regrette que la rédaction du communiqué final de l’assemblée soit plus importante que les choix adoptés (ou non). Il s’étonne de règles qui contreviennent aux propres valeurs de la démocratie délibérative. Le président de l’Eurogroupe introduit le sujet; il donne ensuite la parole respectivement aux représentants de la Commission européenne, du FMI et de la BCE; il laisse enfin s’exprimer dans un temps imparti relativement court les ministres. « Un spectateur impartial et sensé en conclurait que l’Eurogroupe n’est là que pour permettre aux ministres de valider et légitimer les décisions prises en amont par les trois institutions (p. 238). »
L’Eurogroupe existe-t-il vraiment ?
« Les représentants de l’Europe officielle sont formatés pour exiger des ministres, des Premiers ministres, même du président de la France, qu’ils plient dès les premières menaces des gros bras de la BCE (p. 176). » La réalité est plus féroce encore. Jeroen Dijsselbloem ose tancer Pierre Moscovici, le Commissaire aux Affaires économiques et financières, ce qui « trahissait l’inféodation de la Commission à des forces qui manquent de fondement légal ou de légitimité démocratique. […] Par la suite, chaque fois que [… Pierre Moscovici] ou Jean-Claude Juncker essaieraient de nous aider, j’avais des frissons parce que je savais que ceux qui détenaient le pouvoir nous taperaient dessus sans pitié pour leur montrer l’exemple et remettre la Commission européenne à sa place (p. 265) ». Exaspéré, Varoufakis balance à Christine Lagarde : « Quand la BCE s’acoquine avec des banquiers corrompus et corrupteurs qui sabotent sciemment la démocratie, ça s’appelle une action ennemie (p. 362) ».
Les souvenirs de l’auteur prouvent que ministricules et bureaucrates font en sorte d’exclure et de nier tout cadre politique avec la ferme intention de mettre sur le même niveau fonctionnaires de la troïka et membres de gouvernement. « Les discussions techniques et les discussions politiques doivent être fusionnées et organisées au même endroit (p. 378) », affirme Pierre Moscovici. Le 27 juin 2015, suite à sa demande, le secrétariat de l’Eurogroupe lui répond que « l’Eurogroupe n’a pas d’existence légale, dans la mesure où il ne relève d’aucun des traités de l’Union. C’est un groupe informel réunissant les ministres des Finances des États membres de la la zone euro. Il n’existe donc pas de règles écrites sur ses procédures que son président serait tenu de respecter (p. 441) ». C’est exact, mais la reconnaissance de son caractère informel invalide toutes les restrictions que Jeroen Dijsselbloem a imposées à Yanis Varoufakis ! Oui, « l’Eurogroupe est une drôle de créature. Les traités européens ne lui confèrent aucun statut légal, mais c’est le corps constitué qui prend les décisions les plus importantes pour l’Europe. La majorité des Européens, y compris les politiques, ne savent pas exactement ce que c’est, ni comment il fonctionne (p. 237). » L’auteur s’aperçoit que « le Groupe de travail Eurogroupe (EWG) [est] sur le papier […] l’instance au sein de laquelle se préparent les réunions de l’Eurogroupe; en réalité, ce groupe est une sorte de sombre creuset dans lequel la troïka concocte ses plans et ses politiques (p. 127) ». Relais direct d’Angela Merkel, Thomas Wieser « était président du Groupe de travail Eurogroupe, cet organe dont le rôle est de préparer les réunions de l’Eurogroupe, là où les ministres des Finances de chaque pays prennent les décisions clés. En théorie, donc, Wieser était le délégué de Jeroen Dijsselbloem, ministre des Finances néerlandais et président de l’Eurogroupe. Ce que je ne savais pas et que je mesurerais plus tard, c’est que c’était l’homme le plus puissant de Bruxelles, beaucoup plus puissant que Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, ou que Pierre Moscovici, le commissaire aux Affaires économiques et financières (le ministre des Finances de la Commission), voire, en certaines occasions, plus puissant que Dijsselbloem lui-même (pp. 143 – 144) ». Plus qu’une crise monétaire, financière ou économique, on devine que la crise est avant tout politique du fait de l’occultation volontaire et souhaitée du politique. Pourtant, « l’Europe peut donner naissance à des institutions efficaces : la Banque européenne d’investissement. La BEI appartient en effet aux États membres et elle est gouvernée par les ministres des Finances européens (p. 268) ». Le plus grave demeure le consentement béat de la plupart de minables politiciens. Wolfgang Schäuble le reconnaît volontiers au cours d’un échange privé avec Varoufakis : « Vous êtes le seul de l’Eurogroupe à avoir compris que la zone euro est insoutenable. L’union monétaire a été mal conçue. Nous avons besoin d’avoir une union politique, ça, ça ne fait aucun doute (p. 402). » Schäuble applique cependant une politique contraire parce qu’il écarte son européisme militant par rapport à de puissants intérêts atlantistes et mondialistes qu’il représente.
Mieux soutenu par son Premier ministre, Yanis Varoufakis serait peut-être parvenu à négocier avec les usuriers rapaces de la Grèce, car les « institutions », à savoir l’abjecte troïka, commençaient à se diviser entre elles et en leur sein autour de l’acceptation ou non des solutions réfléchies du gouvernement grec. Ce ne fut pas le cas. Dépité par les manœuvres politiciennes tortueuses de Tsipras, prêt à renier ses engagements de campagne afin de rester au pouvoir et d’en jouir quotidiennement, et écœuré par le viol gouvernemental du référendum du 5 juillet 2015 (61,31 pour le « non »), l’auteur démissionne dès le lendemain. La dissolution de la Vouli lui fera ensuite perdre son mandat de député, ayant refusé de se représenter. Aujourd’hui, il fait l’objet d’une accusation de « haute trahison » devant les parlementaires. Un comble ! En devenant ministre, Varoufakis savait qu’il servirait de fusible, mais pas si vite et pas comme bouc émissaire.
Conversation entre adultes est un ouvrage essentiel pour mieux comprendre les rouages absurdes de la machinerie pseudo-européenne, bankstérisée et effectivement proto-maffieuse qui massacre toute véritable idée européenne. Le récit de Yanis Varoufakis est un avertissement pour tout gouvernement qui tenterait de discuter avec les « institutions ». Celles-ci ne connaissent qu’un seul langage : la force. Heureusement que la France détient toujours de l’arme nucléaire…
Georges Feltin-Tracol
• Yanis Varoufakis, Conversation entre adultes. Dans les coulisses secrètes de l’Europe, Éditions Les liens qui libèrent, 2017, 526 p., 26 €.
It is important for the militants of the Greater Europe to possess a philosophical background which enables them to build or comfort a proper Weltanschaaung. One important understanding, we believe, is the antagonistic relationship between the philosophie des Lumières and the (neo) romantic movement. The latter was embodied by a lot of different thinkers and writers, most of them being German.
Some of us would think that Friederich Nieztsche would represent the zenith of this movement, whose ideas would consist of a « surhumanism », as per the Italian thinker Giorgio Locchi’s writtings. For sure Nietzsche is a good start so to speak and he obviously influenced and will influence a lot people out there. Thinking of Nietzsche’s heirs, the names of Oswald Spengler and Ludwig Klages immediately come to mind. If the first one became famous with his Decline of the West, Ludwig Klages remains quite unknown to some.
Ludwig Klages was a one-of-a-kind brilliant man who is firstly known for his graphology work. But it is his philosophical work especially which deserves our attention. In fact, Klages belongs to what used to be called Lebensphilopsohie, a term that applies to Nietzsche’s. One thing they share is this dionysiac view on life which is often called « biocentric » when applied to Klages’ philosophy. His anti-christianity is another common point with Friedrich Nietzsche, and the same goes for a genre of paganism, or pantheism, shared by both philosophers.
Nevertheless, Nietzsche’s famous concept of Wille zur Macht (Will to Power), a concept often misunderstood, does not meet Ludwig Klages’ approval. Indeed, he considers it to be a spark which lit the fire of modern technician craziness - working hand in hand with the worst kind of capitalism at some point. For if Klages is against capitalism, in a wider view, he is against liberalism in general. One important criticism he addresses to both technician and capitalist systems is the destructive effect they both exert on nature.
Ludwig Klages is to be considered as a pioneer of ecology. In 1913, he delivered a speech which was later turned into a small book called Man and Earth. In his speech, Klages foresaw the future devastation caused by capitalism on nature such as the animal extinction, the alienation of the producer/consumer system and even mass tourism. This text must be read by any Right-Wing ecologist.
Thanks to Arktos, glimpses of Ludwig Klages work are now available to the public in English in the form of two books. The first one - entitled Ludwig Klages The Biocentric Worldview - consists of a collection of selected texts which stress the author’s biocentrism. The second one - Ludwig Klages Cosmogonic Reflections - is a collection of aphorism. Both books contain foreword by Joseph D. Pryce who excellently introduce the reader to Ludwig Klages. The reading of Ludwig Klages texts completes those written by Nietzsche and Spengler in a poetic manner typical of Germany’s best authors.