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lundi, 17 septembre 2007

1941: viol de la neutralité iranienne

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Viol de la neutralité iranienne

17 septembre 1941 : Après le viol de la neutralité iranienne par les Britanniques et les Soviétiques, qui occupaient seulement le nord du pays (région de Tabriz) et les champs pétrolifères du sud depuis le 25 août, la capitale Téhéran est investie le 17 septembre et les chars anglais s’approchent du palais du Shah. Les troupes iraniennes ne peuvent qu’opposer une résistance symbolique (comme à Kerman dans le centre du pays contre les divisions indiennes de l’armée britannique). Les envahisseurs forcent le Shah à abdiquer en faveur de son fils, qu’ils espèrent manipuler à leur guise. Le Shah Reza Khan mourra misérablement en exil en Afrique du Sud, où l’on refusera de le soigner d’un cancer. Les Britanniques éliminent ainsi un adversaire tenace, qui n’entendait pas leur laisser une mainmise totale sur les pétroles perses. L’occupation de l’Iran procurera aux alliés la victoire sur l’Allemagne. Et pas uniquement grâce à ses réserves de pétrole. C’est en effet par le territoire iranien que transiteront les fournitures de matériel lourd aux troupes soviétiques, via le nouveau chemin de fer transiranien, créé par Reza Khan et amélioré rapidement par des ingénieurs américains dès l’occupation du pays, via la navigation maritime intérieure sur la Caspienne et la navigation fluviale sur la Volga et les canaux qui relient son bassin aux lacs Ladoga et Onega, puis ceux-ci à la Mer Blanche, à l’Arctique et à l’Atlantique. Les Alliés disposent d’une voie ininterrompue qui part des Etats-Unis à l’Océan Indien, en passant par la Russie et l’Iran. Seule la prise de Stalingrad aurait permis aux Allemands de rompre cette continuité territoriale et stratégique. C’est pourquoi la bataille, dont cette ville fut l’enjeu, a été véritablement cruciale.

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Pays-Bas: guerre de religions

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Mouvement Identitaire Démocratique – Bruxelles – septembre 2007

 

Pays-Bas : en pleine guerre de religions

Réflexions hétérodoxes sur le relativisme occidental et l’absolutisme axiologique islamique

 

Note à l’adresse des lecteurs wallons : Encore une réflexion issue du « ‘t Pallieterke » d’Anvers, qui tient, chaque semaine, une rubrique sur la Wallonie, les Pays-Bas, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne. Dans la rubrique consacrée aux Pays-Bas, nous pouvons suivre l’essentiel de la politique néerlandaise, grande inconnue de notre presse subsidiée, alignée et muselée, qui a toutefois le culot de se prétendre la plus démocratique de la planète. On nous parle à satiété du Congo, d’ex-colonies françaises très éloignées de nos préoccupations quotidiennes, de dictateurs exotiques qu’il convient de fustiger avant chaque repas, fût-il le plus frugal, de méchants fascistes qu’il faut exécrer de toutes nos tripes et qui sévissent en Hongrie ou en Russie, etc. mais on ne nous dit rien de la politique allemande ou néerlandaise, scandinave ou centre-européenne, on ne nous pipe mot des mouvements de fonds qui secouent la Grande-Bretagne, comme l’indépendantisme gallois ou écossais. C’est la raison majeure qui nous a poussé à traduire ce premier article de la rubrique néerlandaise du « ‘t Pallieterke », intitulée « Den Vaderlandt ghetrouwe » (inspiré de l’hymne national néerlandais dans sa graphie du 16ième siècle).L’intérêt de cet article est de nous faire entrevoir une approche para-théologienne de la politique, inconnue chez nous, et qui mérite pleinement l’attention du politiste ou du militant engagé.

 

Aux Pays-Bas règne non seulement une effervescence politique mais aussi une non moins remarquable effervescence religieuse. Car la religion aux Pays-Bas est tributaire de l’identité culturelle de la nation. Jadis, les choses y étaient simples. D’un côté, il y avait les protestants dans toutes leurs diversités. De l’autre, on avait les catholiques qui formaient une unité monolithique. Dans le meilleur des cas, les deux communautés vivaient séparées, du berceau au tombeau, véritable apartheid de fait, dans un état de guerre froide perpétuelle. Dans le pire des cas, les protestants cassaient la figure aux catholiques. Cette différence religieuse n’était pas seulement de nature historique : une cassure géographique existait tout aussi clairement. Même longtemps après la deuxième guerre mondiale, on pouvait tracer une ligne droite sur la carte du pays, de Hulst en Flandre zélandaise jusqu’à Almelo dans la province d’Overijssel. Tout ce qui était au nord de cette ligne était protestant, tout ce qui se trouvait au sud était « papiste ». Une partie de la Zélande, le Brabant septentrional, le Limbourg néerlandais, le Pays de Gueldre et l’Overijssel étaient catholiques romains. Les autres provinces ne l’étaient pas. Seulement dans les provinces de Hollande septentrionale, de Hollande méridionale et d’Utrecht on pouvait trouver, ci et là, quelques enclaves catholiques dans des régions rigoureusement protestantes. A cela s’ajoutait des communautés juives plus ou moins importantes qui vivotaient, sans trop se faire remarquer, entre les deux grandes confessions des Pays-Bas.

 

Cette ligne de démarcation religieuse n’existe plus de nos jours : elle s’est transformée en ligne de démarcation culturelle. Mais, en réalité, les conceptions religieuses et culturelles sont partout les mêmes aujourd’hui. Tant le protestantisme que le catholicisme néerlandais ont perdu leurs aspérités doctrinales et se sont fondus dans une sorte de relativisme hollandais généralisé, qui s’insurge contre toute pensée dogmatique et qui ressemble, comme deux gouttes d’eau au libéralisme juif contemporain. Jusqu’il y a peu, ce relativisme culturel échevelé était le produit d’exportation le plus connu des Pays-Bas. Ce relativisme culturel est l’aboutissement de la révolution protestante portant sur les normes et les valeurs, une révolution qui avait commencé au 16ième siècle pour se terminer provisoirement, mutatis mutandis, dans les dernières décennies du 20ième.

 

Les Pays-Bas ne reconnaissent donc plus aucune valeur ni norme. En témoignent la légalisation sur l’avortement, l’euthanasie et le mariage homosexuel. Mais simultanément, le relativisme culturel, et partant, religieux, des Pays-Bas a été ébranlé dans son sommeil paisible au cours des trois dernières décennies. Par l’arrivée massive de travailleurs immigrés venus de pays islamisés, les Pays-Bas sont devenus l’arène où se déroule, de fait, une guerre de religion entre le relativisme et l’absolutisme axiologiques dans le monde de la culture et, par voie de conséquence, sur le terrain religieux. Pendant la première décennie de présence musulmane aux Pays-Bas, on n’a pratiquement rien remarqué de l’intolérance islamiste. Le nombre d’immigrants n’était pas fort important et leur présence avait le goût de l’exotisme et de la nouveauté. Aujourd’hui, les choses ont bien changé. La majorité des Néerlandais ne sont plus croyants. La plupart d’entre eux sont conscients de leur athéisme ou agnosticisme et l’affirment sans baisser les yeux et sans rougir. Mais beaucoup de Néerlandais engagés dans des cercles religieux militants chrétiens, protestants ou catholiques, ont une position plus ambiguë, car leur christianisme s’est si édulcoré qu’il n’est finalement plus qu’une maigre couche d’un vernis résiduaire bien estompé.

 

Une guerre culturelle

 

Face à ces chrétiens, toutes confessions confondues, la communauté musulmane des Pays-Bas est bien consciente de son identité religieuse. Si la première génération de travailleurs immigrés ne constituait encore qu’une minorité insignifiante, et ne cultivait aucune ambition culturelle ou sociale, la génération actuelle fait entendre bruyamment sa voix. Le catholicisme, dans ce contexte, peut aligner, en théorie, le chiffre de 4,5 millions de croyants et le protestantisme, dans sa luxuriante diversité, un peu plus de 2,5 millions ; ces chiffres sont cependant trompeurs. Car ces protestants et catholiques ne se différencient guère, sur le plan du relativisme culturel, des 43% de Néerlandais qui se déclarent incroyants. Tous, incroyants, catholiques ou protestants, sont des moutons dociles qui ne croient même pas à ce qu’ils affirment haut et fort à l’occasion, et ne font pas le poids face au gros million de musulmans du pays. Je ne veux pas dire que ces musulmans sont tous des fondamentalistes islamistes, mais la grande majorité d’entre eux sont tous simplement des croyants et inscrivent leurs existences dans un cadre de normes et de valeurs absolues.

 

Si l’on suit l’actualité politique néerlandaise, comme le font les rédacteurs de cette rubrique hebdomadaire, on constate que la situation ou les événements ponctuels sont bel et bien le reflet de ce choc entre un relativisme autochtone généralisé et un absolutisme axiologique allochtone. Depuis des siècles, les Pays-Bas se posent comme l’avant-garde d’un libéralisme culturel universel. Aujourd’hui, rien n’a changé sur ce chapitre, sauf que la présence des immigrés musulmans donne lieu à une nouvelle lutte qui est essentiellement spirituelle et religieuse. Le relativisme culturel est omniprésent et omnipotent aux Pays-Bas depuis que Luther et Calvin, par la réforme qu’ils ont initiée, côté protestant, et depuis qu’un théologien ultra-moderniste comme Schillebeeckx flanqué de ses acolytes et successeurs, embrayent, côté catholique, sur les aggiornamenti de Vatican II, ont sapé les assises de toute forme de pensée dogmatique en religion. Des phénomènes comme le « Mouvement du 8 mai » ou la récente offensive dominicaine aux Pays-Bas contestent désormais le caractère sacramental de la prêtrise : voilà bien une illustration claire que le travail de sape continue. L’islam radicalisé, pour sa part, n’a pas subi un tel travail de sape et conserve sa croyance en des valeurs fondées dans l’absolu. La confrontation entre relativisme et absolutisme axiologique a donc lieu, aujourd’hui même, aux Pays-Bas, avec une acuité plus forte qu’ailleurs. Le climat social, chez nos voisins du Nord, présente déjà nettement des caractéristiques proto-révolutionnaires. Le combat réel n’a certes pas encore commencé, mais une chose est d’ores et déjà certaine : les Bas Pays près de la Mer du Nord vont redevenir le théâtre de guerre où des combats décisifs vont se livrer.

 

« BiM ! »

(article paru dans « ‘t Pallierterke », Anvers, 12 septembre 2007).       

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dimanche, 16 septembre 2007

Prise d'Antequera

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Prise d'Antequera

16 septembre 1410 : Don Fernando, Régent de Castille, avait lancé, pendant l’été 1410, une offensive contre les Maures de Grenade. Le 16 septembre, la place d’Antequera tombe aux mains des forces castillanes, libérant ainsi une nouvelle portion du territoire européen de l’emprise mauresque. Cette bataille marque le début de l’expansion espagnole en Méditerranée. Le prise d’Antequera permet aux Castillans d’engranger de la puissance et de repartir très vite à l’offensive, en direction du bassin occidental de la Méditerranée, car, en 1412, le fils de Don Fernando, Alphonse, reçoit Naples en fief et, en 1415, les Portugais débarquent sur les côtes marocaines et s’emparent de Ceuta, qui passera plus tard à l’Espagne, qui a gardé la place jusque aujourd’hui, place que lui conteste le Maroc. Dans cette affaire très actuelle, qui date de six siècles, l’Europe légitime doit appuyer l’Espagne sans conditions.

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La escuela de mistica fascista

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Antonello Patrizi

La escuela de mistica fascista

En los primeros días de abril de 1930 Niccolò Giani funda en Milán, junto a un grupo de jóvenes mayoritariamente universitarios, la Escuela de Mística Fascista: “Para la gran mayoría de nuestros compañeros –escribía Giani- nuestra revolución era contemplada con relación a sus logros concretos, el aspecto profundamente espiritual del fascismo se les escapaba en todo o casi. Frente a tal petrificación de nuestra revolución nos levantamos” (1)

La Escuela (que se autotituló Sandro Itálico Mussolini hijo de Arnaldo Mussolini prematuramente desaparecido) se proponía “difundir mediante conferencias y publicaciones, los principios conformadores de la Mística Fascista y su realización especifica” (2).“No busquéis más allá –escribía Giani director de la Escuela hasta 1941- mirad el fascismo, preparaos para conocerlo y lo amareis, estudiadlo y se convertirá en vuestra idea. No será para vosotros una cadena sino un vínculo de amor que enlace con un estadio más grande para la humanidad. Será para vosotros y para todos la aurora de un nuevo día”.(3)

La actividad de los jóvenes místicos se centraba en reuniones públicas, abiertas a todos “puesto que –afirmaban- el Fascismo es apostolado al que todos pueden acercarse con corazón sincero para sentir la belleza y tomar conciencia de la altura de la misión que la providencia ha confiado al Duce”(4). Inspirador del grupo de jóvenes de la Mística fue Arnaldo Mussolini (5) que con el discurso Conciencia y deber, pronunciado durante la inauguración del tercer año de la escuela, suministró a los jóvenes místicos lo que consideraron su manifiesto ético-político, “el espíritu que os anima –había afirmado Arnaldo Mussolini- está en perfecta sintonía con el transcurrir del tiempo que no conoce barreras ni límites críticos; Mística constituye una llamada a una tradición ideal que revive transformada y recreada dentro de vuestro programa de jóvenes fascistas renovadores. […] Para nosotros el problema de los jóvenes es una cuestión de formación sólida del carácter y para vosotros los jóvenes se resume en la indisoluble unidad de este binomio: conciencia y deber. […] El mañana debe ser mejor que el hoy. En una palabra, vosotros debéis ser mejores que nosotros. No me disgusta ver en vosotros a jueces severos e intransigentes con cosas y personas. […] Las cuestiones de estilo incluso en asuntos menores deben tener para vosotros una importancia singular, esencial. Todo joven fascista debe sentir el orgullo de su juventud unida al sentido de sus propios límites […] cualquier mácula en el estilo, estará siempre fuera del espíritu y fuera de los hábitos fascistas. Las miserias no son dignas del siglo veinte. No son dignas del Fascismo. Nos son dignas de vosotros”.(6)

El culto al Duce, como fundador y máximo intérprete del fascismo y de su misión histórica, se colocó en el centro de la actividad de las Escuela de Mística Fascista. “Toda auténtica revolución mundial –escribía Giani- tiene su mística, que es su arca santa, es decir el conjunto de ideas-fuerza que están destina a desplegarse y actuar sobre el subconsciente de los hombres. La Escuela ha surgido precisamente para extraer del núcleo del pensamiento y de la acción del Duce estas ideas-fuerza. La fuente, la única, exclusiva fuente de la mística es de hecho Mussolini, solamente Mussolini. ¿Es que acaso ignorando o no conociendo a fondo el pensamiento del Duce se puede afirmar que se es fascista? Nosotros decimos que no. Que el fascismo no es instinto sino educación y por ello es conocimiento de su mística, que es conocimiento de Mussolini”(7) En el estudio de Mussolini, único y auténtico “evangelio del fascismo”, los jóvenes de la mística encontraban todas las respuestas, “solo Su palabra puede dar respuesta exacta y perfecta a nuestras dudas, puede aplacar nuestras ansias, puede disipar nuestras dudas. He aquí por qué razón Sus actos y Sus discursos deben ser nuestro viático cotidiano, nuestro breviario de cada día, la respuesta rápida a todas nuestras angustias secretas. He aquí por qué los jóvenes debemos tenerlo siempre cerca y estudiarlo con amor, conocerlo sin lagunas, profundizando en él sin descanso. […] Dudas y pesimismo, miedos e incertidumbres desaparecen cuando se abre la página correcta y se lee el pensamiento preciso del jefe. Esta alegría y esta riqueza deben ser generales: es lo que queremos; y para ello debemos lograr la exposición orgánica de todo Su Pensamiento y de toda Su Acción”(8).

La fe se consideraba por los “místicos” como uno de los principales valores de la militancia política, Giani “fue sobre todo un creyente y un intransigente.. Algunos podrían denominarlo un fanático […]. Su espíritu se rebelaba contra cualquier forma de compromiso; en el terreno de la fe no admitía componendas; lo bello, lo bueno, lo verdadero están a un lado de la trinchera; en el otro lado lo feo, el mal, la mezquindad”.(9) Los jóvenes de la mística se sentían parte de una orden religiosa, de hecho en la consigna dada a la Escuela por Mussolini había dicho de ellos: “La mística es más que partido orden. Quien forma parte de ella debe estar dotado de un gran fe. El fascismo debe tener sus misioneros, es decir que sepan persuadir de la intransigencia de la fe. Es la fe la que mueve –literalmente- las montañas. Esta podría ser vuestra consigna.”(10).

Fueron frecuentes los llamamientos desde la Escuela para combatir el espíritu burgués en todas sus formas: “rechazamos –escribía Giani- con todas nuestras fuerzas a aquellos que querrían sofrenar la Revolución reduciéndola a diligente y disciplinado guardián de sus pequeñas o grandes, pero siempre miserables, fortunas, olvidando que al Fascismo hay que servirle y no servirse de él […] Señalemos a los temerosos, a los remolones, a todos los que en la revolución han visto y continúan viendo solamente al carabinero que debe garantizar su respetuosa tranquilidad doméstica”.(11)

Tenía –según Daniele Marchesini- “una actitud intolerante ante todo cuanto no fuese fanáticamente ortodoxo y se opusiera a la realización de un fascismo revolucionario. Mantenía […] una polémica llevada con sinceridad, honestidad y buena fe contra el “arribismo” y el “conformismo”, contra una jerarquía esclerotizada por la burocrática mentalidad de las media tintas” (12). Los jóvenes de la mística debían formar a los hombres, a los hombres nuevos, a los italianos de Mussolini, “solo cuando un valor –escribía Giani- o un principio se hace connatural hasta el punto de convertirse exigencia irrevocable, o sea estilo, es históricamente operativo. Y el estilo, solamente el estilo es revelador de la capacidad de los hombres nuevos y el estilo distingue realmente al fascista”(13). La mística debía representar no una “concepción cultural”, sino de un modo de vivir fascista, “no quiere suministrar cultura, ni doctrinarismo, sino que ellas es y quiere ser maestra de vida: que todo vuelve a los hombres, ha dicho Mussolini” (14).

“Somos de los místicos –afirmaba Giani en el Encuentro nacional organizado por la Escuela en 1940 sobre el tema “Por qué somos de los místicos”- porque somos de los intransigentes, de los sectarios, si tal cosa puede decirse, del Fascismo, partisanos

por antonomasia y por ello mismo, para el burgués clásico, también absurdos […] por lo demás en lo imposible y en lo absurdo solamente no creen los espíritus mediocres. Pero cuando existe la fe y la voluntad, nada es absurdo […] La historia es y será siempre un absurdo: el absurdo del espíritu y de la voluntad que somete y vence a la materia: es decir la mística. Fascismo igual a Espíritu, igual a Mística, igual a Combate, igual a Victoria, porque creer no se puede si no se es místico, combatir no se puede si no se cree, avanzar y vencer no se puede si no se combate”(15)

El estallido de la guerra representó para los jóvenes de la Escuela el banco de pruebas de su capacitación, “una revolución –había escrito F. Mezzasoma vicedirector de la Escuela- que quiera mantenerse y perpetuarse en el tiempo tiene necesidad de poner a prueba bajo el fuego de la guerra la idea de la cual ha surgido y por la cual combate” (16). En la primavera de 1943 serán 16 los caídos (cinco las Medallas de oro) de la Escuela.Niccolò Giani cayó en Albania el 14 de marzo de 1941. Se le confirió la Medalla de Oro al Valor Militar a título póstumo por los siguientes motivos: “Voluntariamente, como ya había hecho otras veces, asumió el mando de una dura patrulla de asalto, a la cual se le había confiado una misión arriesgada. Combatiendo contra fuerzas superiores en numero, con gran coraje las atacó usando bombas de mano, haciendo prisionero a un oficial. Rodeado, dispuso con soberbia calma y decisión a sus hombres para resistir. Falto ya de municiones, se lanzó contra el enemigo a la cabeza de los escasos supervivientes, a bayoneta calada, para no ser capturados. Mientras que en pie lanzaba su última granada y arengaba a los arditi con su heroico ejemplo, al grito ¡Adelante Bolzano, Viva Italia! , cayó herido de muerte. Magnifico ejemplo de sentido del deber, de excelso valor y amor patrio.”(17) Su muerte fue coherente con el ideal de una vida entendida como sacrificio y heroísmo, era el retorno de la enseñanza de Arnaldo: “ Ser siempre entusiastas, jóvenes, lleno el espíritu de alegría, alegres de combatir y alegres de morir, para dar a este mundo que nos rodea la forma de nuestros sueños y de nuestros ideales”(18).

Antonello Patrizi
del Instituto Siciliano de Estudios Políticos de Palermo, ISSPE.

NOTAS:

(1) Libro e moschetto, 20 marzo 1930.
(2) D. Marchesini, La Scuola dei gerarchi, Feltrinelli, Milano 1976.
(3) N. Giani, Aver coraggio, Dottrina fascista, settembre 1937.
(4) ACS, Segr. part. Duce, carteggio ord. N. Giani, 509017, fasc. SMF, programma della Scuola per l’ anno XI.
(5) Cfr. M.Ingrassia, L’idea di Fascismo in Arnaldo Mussolini, ISSPE, Palermo 1998.
(6) A. Mussolini, Coscienza e dovere, in Il Popolo d’ Italia, 1 dicembre 1931.
(7) Generazioni di Mussolini sul piano dell’ impero, estratto dalla rivista Tempo di Mussolini, n. 2 1937.
(8) idem.
(9) F. Mezzasoma, Niccolò Giani discepolo di Arnaldo, in Dottrina fascista, luglio 1941.
(10) D. Marchesini, La Scuola dei gerarchi, cit.
(11) N. Giani, Aver coraggio, cit.
(12) D. Marchesini, Un episodio della politica culturale del regime: la Scuola di Mistica Fascista, in Rivista di Storia Contemporanea, n. 1 1974.
(13) N. Giani, La mística come dottrina del fascismo, in Dottrina fascista, aprile 1938.
(14) Idem.
(15) N. Giani, Perché siamo dei mistici, in Dottrina fascista, gennaio-marzo 1940.
(16) F. Mezzasoma, Il cittadino della nuova Italia, in Dottrina fascista, febbraio-marzo 1942.
(17) ACS, Segr. part. Duce, carteggio ord., N. Giani, busta 985, fasc. 509017/2, segreteria politica del PNF.
(18) A. Mussolini - F. Belfiori - L. Gagliardi, Arnaldo: la rivoluzione restauratrice, Settimo Sigillo, Roma 1985.

(Trad. A. Beltrán)


Article printed from Altermedia Spain: http://es.altermedia.info

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samedi, 15 septembre 2007

Désintérêt pour l'Agence FRONTEX

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Andreas MÖLZER, député européen

Lettre de Bruxelles

Un scandale inouï : le désintérêt pour l’Agence FRONTEX

La lutte contre l’immigration de masse illégale ne semble jouer qu’un rôle mineur dans les priorités de l’UE. L’agence FRONTEX, mise sur pied pour protéger les frontières de l’Union, a dû annoncer qu’elle mettrait fin à ses activités en Méditerranée dans les semaines à venir. Or, c’est en septembre et en octobre que la « haute saison » commence pour les Africains qui veulent entrer illégalement en Europe. La volonté manque totalement de prendre toutes mesures efficaces contre le flux grandissant de l’immigration clandestine. C’est comme si l’on voulait faire comprendre aux immigrants potentiels que les portes de l’UE sont grande ouvertes pour eux.

Si Euro-Bruxelles ferme les yeux face à ce problème, il faudra compter sur une augmentation substantielle de l’immigration illégale. De plus, tous les efforts qui avaient été consentis au cours de ces dernières années pour protéger la frontière maritime de l’UE en face des Iles Canaries seront réduits à néant. Par exemple, sur base des observations effectuées, les autorités espagnoles ont pu constater que dans les sept premiers mois de 2007, le nombre de « réfugiés » arrivés par bateau avait diminué de plus de la moitié par rapport à 2006. Une diminution du même ordre s’observait également en Italie.

Or, une surveillance sévère des frontières en Méditerranée ne constitue qu’un premier pas. J’ai pu personnellement me rendre compte, de visu, en juillet 2007, lors d’une visite à Lampedusa, l’île italienne entre la Sicile et la Tunisie, que les camps d’hébergement pour illégaux venus d’Afrique étaient pleins à craquer. Vu l’ampleur que prennent les flux migratoires vers l’Europe, c’est donc un scandale inimaginable que l’agence FRONTEX ne puisse disposer cette année que de 40 millions d’euro. En revanche, quand il s’agit de subsidier diverses agences, créées à tour de bras et dont le sens et les objectifs sont généralement fort contestables, les cénacles dirigeants de l’UE se montrent exceptionnellement généreux. Le meilleur exemple de cette politique dispendieuse reste, à mon sens, la fameuse agence des « droits fondamentaux » de l’UE. Jusqu’en 2013, Euro-Bruxelles libérera 150 millions d’euro pour cette instance dont l’objectif principal est de fouiner partout et de faire la chasse aux opinions jugées incorrectes.

Si l’on compare les subsides colossaux encaissés par l’agence dite des « droits fondamentaux » aux fort maigres subsides accordés à FRONTEX, on constate immédiatement quelles sont les priorités de l’établissement politique de l’UE. Il faut, selon ces messieurs-dames, d’abord et avant tout satisfaire dans le réel les projets fumeux et irréalistes du « politiquement correct », tandis que la protection bien réelle et bien concrète de nos peuples, forgés par notre histoire, contre la marée ininterrompue des illégaux est considérée comme une activité indigne de l’intérêt des puissants du jour. Le comportement des Etats membres de l’UE est dès lors tout aussi scandaleux et honteux, car ils n’ont pas tenu les promesses faites à FRONTEX, comme l’a rappelé le Commissaire européen compétent, Franco Frattini.

Ceux qui veulent empêcher que dans les années et les décennies à venir le visage ethnique de l’Europe ne se modifie définitivement, doivent se rendre compte qu’il ne suffira pas d’accumuler des subsides pour protéger les frontières extérieures de l’UE, mais qu’il faudra travailler à « conscientiser » en profondeur les décideurs politiques de l’Union. Ce ne sont donc pas des cogitations oiseuses et pseudo-humanitaires qu’il faudra prendre en considération avant de légiférer et d’agir dans le combat contre l’immigration illégale en Europe, mais, plus concrètement, il faudra ne tenir compte que d’une chose : du salut et de l’avenir des peuples d’Europe, qu’il s’agit de protéger maintenant, tout de suite. Dans ce domaine, il y a bien entendu une mesure à prendre d’urgence : mettre sur pied une politique européenne de rapatriement des illégaux, à appliquer sans délais ni tergiversations.

Andreas MÖLZER.

(article paru dans « Junge Freiheit », Berlin, n°36/31 août 2007).

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11 septembre: l'Amérique sur le banc des accusés

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11 septembre: l’Amérique sur le banc des accusés

(Komsomolskaïa Pravda, 11 sep 07) Mardi, 130 ingénieurs et architectes d’Auckland (Californie) présenteront au Congrès américain une version des événements tragiques du 11 septembre 2001 qui risque de faire sensation. Selon eux, les tours jumelles du World Trade Center, cibles de l’attaque de deux avions pilotés par des terroristes kamikazes, se sont effondrées à la suite d’une “démolition contrôlée” au moyen d’explosifs.

“Nous arrivons à une conclusion terrifiante: l’attentat aurait pu être organisé et orchestré par quelqu’un au sein du gouvernement américain”, a déclaré Richard Gage, membre de l’Institut américain des architectes et principal auteur d’un appel à lancer une nouvelle enquête qui sera adressé au Congrès.

Les experts russes considèrent qu’il s’agit d’une version tout à fait vraisemblable.

Il ne faut pas exclure la version selon laquelle la tragédie du 11 septembre aurait été orchestrée par les services secrets américains, estime Victor Baranets, ancien conseiller du chef d’État-major général des Forces armées russes. On peut supposer que les dirigeants américains en auraient eu besoin pour justifier leur nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme. Ils auraient pu également atteindre ainsi d’autres objectifs stratégiques: pénétrer en Afghanistan et en Irak et promouvoir les idées patriotiques aux États-Unis.

L’opération aurait pu se dérouler selon un scénario mixte: des avions pilotés par des kamikazes devaient attaquer les tours déjà minées. On essaie de nous persuader que les pilotes musulmans se sont préparés à l’attaque en six mois. N’importe quel pilote vous dira qu’il est impossible de former un équipage capable d’effectuer des manoeuvres aussi complexes sur une période aussi courte. Pour cela, la formation devait durer au moins un an et demi.

Deuxièmement, il est impossible de croire que les services secrets américains n’aient pas remarqué la concentration inquiétante de pilotes musulmans au sein des équipages de Boeing, d’autant plus que les autorités parlaient constamment de la menace islamiste. Certaines personnes ont sans doute fermé les yeux sur les faits ou ont dirigé ce processus.

Mais même un scénario parfaitement bien rodé ne pouvait pas garantir le succès à 100%. L’avion qui devait attaquer le Pentagone a effectivement raté sa cible. Qui plus est, il était impossible d’apporter des explosifs au Pentagone alors qu’il était très facile de le faire dans les tours jumelles du WTC où des travaux de réparation se déroulaient en permanence. Il suffisait d’apporter quelque 400 kg de TNT ou de plastic en les faisant passer pour des matériaux de construction et de les activer au moyen d’un portable. Les tours se sont effondrées verticalement. Or elles étaient si solides que les Boeing ne pouvaient qu’en couper une partie. Cela a attiré l’attention des architectes.

On a aidé les gratte-ciels à tomber, affirme Vladimir Boulatov, ancien officier du contre-espionnage russe.

Por qué los EE.UU. no pueden atacar a Iran?

Por qué los Estados Unidos no pueden atacar a Irán ?

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Maximiliano Sbarbi Osuna.

Fuente: Rebelión

La estrecha relación que Irán tejió con potencias regionales, como Rusia, China y Turquía, sumada al papel importante que va a desempeñar para los intereses europeos, aleja cada vez más la posibilidad de que Occidente considere a Teherán como un objetivo bélico.

El resurgimiento de las milicias talibanes en Afganistán y en Pakistán sumado a los problemas crecientes de seguridad en Irak, son dos factores claves que alejan la posibilidad de un ataque norteamericano a Irán. A este escenario hay que agregarle que la República Islámica cada vez está menos aislada del contexto político y económico regional e internacional.

Mucho se ha escrito en los últimos cuatro años sobre la inminencia de una invasión o de un ataque aéreo a Teherán, apoyado por Washington y Londres, debido a las enormes diferencias que mantienen desde la Revolución de 1979. Sin embargo, muchos analistas atribuyeron la dilación del plan bélico a que Irán, país rico en petróleo, podría dejar de bombear crudo hacia occidente y bloquear la salida de buques de otros estados del Golfo Pérsico que exportan hidrocarburos, lo que provocaría una grave crisis económica mundial.

Esta observación no es del todo completa, ya que la economía de Teherán depende en gran parte de las compras de combustible por parte de las potencias. El principal factor que impide un ataque a Irán es que el régimen de Irán no está tan solo como se piensa.

Relación con Rusia

Moscú es uno de los principales aliados de Teherán sin importarle cuál sea la línea ideológica del gobierno. Lo era con el moderado Mohamed Jatami y lo es con el conservador Mahmud Ahmadinejad.

Rusia no sólo veta todas las resoluciones contrarias a Irán en el Consejo de Seguridad de la ONU, sino que es un inversor directo del programa nuclear iraní. Además, saca provecho de la cuantiosa venta de armas, entre las que se destacan los misiles S-300 para defender las instalaciones nucleares.

Además, Rusia utiliza en su provecho la situación de enfrentamiento de Estados Unidos con Teherán, ya que la influencia regional iraní es un freno a la temida expansión de la OTAN en Eurasia.

Relación con China

La rápida expansión industrial de Pekín demanda cada vez más cantidad de hidrocarburos, que China no posee y que debe importar en su mayoría de Irán. A su vez, Teherán junto con Pakistán son los dos principales compradores de armas chinas.

Tal como sucede con Rusia, China es miembro permanente del Consejo de Seguridad de la ONU y ha frustrado toda resolución contraria a Irán propuesta por Occidente.

Relación con el espacio postsoviético

Sin duda, los dos ex países soviéticos más cercanos a Irán son Armenia y Turkmenistán. Con el primero mantiene una fluida relación energética, ya que este año se inauguró un gasoducto que reduce la dependencia armenia del gas ruso. Con respecto a su vecino del norte, Turkmenistán, Irán se beneficia de lo depreciado que se encuentra el gas turkmeno.

Sin embargo, Teherán mantiene excelentes relaciones diplomáticas con ex estados soviéticos muy cercanos a Estados Unidos: Georgia, Kazajstán y Azerbaiyán.

El gobierno de Georgia anunció en diciembre de 2006 que va a importar gas iraní si continúan los constantes sabotajes rusos al sistema de gas georgiano. A su vez, Kazajstán tiene planeado tender un oleoducto para suministrar combustible a las industrias iraníes. Y por último Azerbaiyán tiene importantes acuerdos comerciales con su vecino del sur y ha propuesto que el problema nuclear de Irán sea tratado exclusivamente dentro del marco legal de la ONU, rechazando la posibilidad de una invasión unilateral norteamericana.

Además, Irán participa cada vez más activamente como miembro – por ahora observador – del Grupo de Shanghai, asociación política-económica-militar entre Rusia, China y los países de Asia Central, la cuál contrapone la influencia de la OTAN en el Mar Caspio.

Relación con Europa

La oposición europea al programa nuclear iraní no tiene tanta relación con la posibilidad de que éste sea utilizado para agredir a Israel o a aliados norteamericanos en Europa del Este, sino que constituye un modo de coerción para que los mismos estados europeos puedan formar parte del lucrativo desarrollo nuclear de Irán, con la excusa de que controlan que no se desvíe material para la construcción de armas.

Europa considera de alta importancia la relación energética con Irán. En primer lugar cada vez está más cerca de la construcción del gasoducto Nabucco Este proyecto crea una fisura entre los intereses norteamericanos de aislar a Irán con los deseos europeos de reducir su dependencia del gas ruso. El proyecto Nabucco busca extraer el gas de Azerbaiyán para ser transportado a través de Georgia, Turquía, Bulgaria, Rumania, Hungría y Austria. Existen avanzadas negociaciones para sumar a Irán a este proyecto, precisamente este es el punto álgido entre Europa y Washington. Su extensión sería de 3000 kilómetros y estaría finalizado en 2011.

Además, en julio de 2007 el presidente Ahmadinejad firmó con Turquía la construcción de un gasoducto que va a transportar el gas turkmeno hacia Europa. Así, Bruselas reduce la dependencia gasífera de Rusia y apuesta a un tendido de redes de hidrocarburos menos costoso que si atravesara el Mar Caspio desde Turkmenistán.

Relación con Turquía

Más allá de los negocios de transporte de gas y petróleo compartidos, Irán participa con Turquía de una política común de contención de kurdos independentistas. El Kurdistán es la nación más numerosa del mundo que no cuenta con un estado propio.

El gobierno de Turquía planea periódicamente junto con Irán bombardeos a aldeas kurdas, donde supuestamente se refugian soldados de milicias independentistas de esta nación.

Relación con Afganistán

El presidente afgano Hamid Karzai, es un cercano aliado de EE.UU. en la lucha contra el terrorismo. Pero, la semana pasada en su visita a Washington, Karzai dijo que Irán ayudaba y no entorpecía la reconstrucción de Afganistán.

Las raíces históricas entre estos dos pueblos se hallan por encima de cualquier desacuerdo político entre los gobiernos. Existen alrededor de un millón de obreros afganos trabajando en Irán y más de 300 empresas iraníes operan en Afganistán.

Influencia en Irak

A pesar de que Irán niegue su participación en la insurgencia iraquí, Teherán ejerce una enorme influencia en la población chiíta iraquí. Algunos líderes religiosos chiítas iraquíes se han formado en Irán.

Además, Irán presiona a Estados Unidos a través de la comunidad chiíta iraquí a la cuál influencia.

Ahmadinejad comparte con Bush el mismo objetivo de un Irak pacífico, pero las influencias iraníes actúan a favor de que la comunidad chiíta domine por completo el panorama político por sobre los sunnitas y los kurdos. En cambio, Washington busca que la participación multisectorial iraquí devuelva la calma que permita seguir invirtiendo en el sector petrolero y de servicios públicos del país árabe.

Otro objetivo común que mantiene EE.UU. con Irán es la erradicación de la presencia de Al Qaeda en Irak, ya que esta agrupación extremista lucha por establecer el islamismo sunnita.

El tema más candente entre Teherán y Washington gira en torno a la supuesta provisión de armas por parte de Irán a las milicias insurgentes iraquíes. No existen pruebas concretas de que esto suceda a pesar de que se hayan encontrado armas iraníes entre las milicias anti norteamericanas.

Conclusión

Estados Unidos va a seguir apostando al descrédito internacional de Irán y a una implosión política basada en la falta de libertades y el descontento social, que provoque la caída del régimen religioso y que lo sustituya por uno pro occidental.

Actualmente, los vetos rusos y chinos a las resoluciones del Consejo de Seguridad han frenado todas las iniciativas anti iraníes. También, hay que agregar que EE.UU. cuenta con el apoyo de pocos países para un ataque, pero cabe recordar que en marzo de 2003 muy pocos estados apoyaron la invasión a Irak y sin embargo ésta se produjo y la fuerza ocupante contaba con soldados de decenas de países.

A pesar de este dato, Irán no es un país débil, no sufrió el desgaste que sobrellevó Irak entre 1991 y 2003 por las sanciones económicas, y ha estrechado lazos muy fuertes con potencias regionales que siguen apoyando al país, con una visión estratégica, sin importar quién lo gobierne.


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vendredi, 14 septembre 2007

Géopolitique de la guerre des Balkans

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Géopolitique de la guerre des Balkans : le dessous des cartes

Personne n’est dupe. On ne peut objectivement traiter la guerre au Kosovo, avec ses implications géo­poli­ti­ques dans les Balkans, comme une simple question interne aux Balkans. Toute décision relative à l’utilisation de for­ces américaines et de l’OTAN modifie de manière déterminante tous les aspects de la situation stratégique glo­bale. La guerre menée par le régime de Milosevic au Kosovo est utilisée pour atteindre des objectifs géo­po­li­ti­ques et stratégiques d’un tout autre ordre :

- Ecarter la Russie, la Chine et le Conseil de Sécurité de l’ONU de la prise des décisions politiques mondiales les plus importantes.

- Rompre les liens politiques et économiques entre l’Est et l’Ouest du continent eurasiatique.

- Empêcher un nouveau Bretton Woods qui permettrait de surmonter la crise économique et financière mon­diale.

La Realpolitik, qui n’ose pas dire son nom, et que les Etats-Unis et leurs alliés dociles continuent d’appliquer dans les Balkans, reste substantiellement traditionnelle et conservatrice. Que ce soit pour des raisons de jeux de puissance traditionnels ou dans l’optique d’un possible conflit de civilisation au siècle prochain, les Etats-Unis continuent à vouloir enfermer la Russie dans la masse terrestre eurasiatique, barrant son accès aux mers chaudes. Depuis deux siècles, ce verrouillage continental de la Russie a été poursuivi par une remarquable constance par l’Angleterre, puis par les Etats-Unis, leur soutien au non-alignement de la Yougoslavie titiste n’en fut qu’une des illustrations. Actuellement, l’occupation militaire et l’élargissement del ‘OTAN à l’espace reliant la Hongrie à la Grèce (toutes deux membres de l’OTAN), par le truchement du Partenariat pour la Paix et le contrôle américain des oléoducs géorgiens débouchant sur la Mer Noire, neutraliserait l’hypothétique constitution d’une transversale orthodoxe et verrouillerait Moscou, empêchant, même à moyen terme, son retour dans la région et surtout dans les ports monténégrins, dont la base navale de Boka Kotorska. L’encouragement croissant de l’Occident à la sécession du Monténégro de Djukanovic hors de la Fédération Yougoslave va dans ce sens. Washington serait donc guidée par des préoccupations globales pour étendre et préserver sa domination en érigeant l’OTAN comme superpuissance militaire néo-impériale. Nous sommes loin des préoccupations humanitaro-altruistes des Etats-Unis et de l’OTAN envers les pauvres populations albanaises. Mais cet endiguement des Moscou par Washington aura aussi à moyen terme pour conséquence de créer une alliance objective russo-chinoise, Pékin étant l’autre contestataire crédible de l’ordre américain.

Afin d’évaluer les ramifications géopolitiques des opérations militaires actuelles de l’OTAN contre la Yougoslavie, il convient de comprendre les manipulations de la situation dans les Balkans, intervenus depuis 1991. Les guerres menées par la Serbie contre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine ont été activement encouragées par les gouvernements britanniques et celui de Mitterrand afin d’endiguer l’Allemagne (c’était la politique de Thatcher, considérant l’Allemagne réunifiée comme un « Quatrième Reich »). Aujourd’hui, ceux qui tirent les ficelles de la guerre dans les Balkans, sont les défenseurs des intérêts du Commonwealth anglo-américain (British-American Commonwealth ou, en abrégé, le BAC), intervenant par l’intermédiaire du gouvernement Blair et du Groupe réuni autour d’Al Gore dans le gouvernement américain, comprenant Albright, Cohen et le Général Shelton. L’élément déterminant de tout changement global de la politique stratégique ou militaire est son effet sur la politique économique et financière mondiale. Il s’agit de savoir si une politique stratégique donnée favorise ou pénalise la mise en œuvre d’un nouveau Bretton Woods. De ce point de vue, le Président Clinton se trouve devant un choix décisif.

Dans un document paru le 7 avril dernier sous le titre « Balkans : la doctrine LaRouche », ce dernier, Lyndon LaRouche, écrit : « Le Président Clinton essaye actuellement de trouver un équilibre entre deux politiques absolument inconciliables. L’aspect positif, c’est qu’il défend un partenariat stratégique avec la Russie, la Chine et d’autres ; mais, d’un autre côté, en raison de ses politiques de libre échange, de mondialisation, de confrontation avec l’Irak et de déploiement de l’OTAN, auxquelles vient de s’ajouter le détonateur de la guerre contre la Yougoslavie, sa présidence risque d’être vouée à l’ignominie éternelle. Si la deuxième dynamique se poursuit, il n’y aura bientôt plus de possibilité de partenariat et le monde se dirigera alors vers une guerre mondiale de longue durée, comme celle qui ravagea l’Europe centrale entre 1618 et 1648, avec un risque de recours aux armes nucléaires. D’un point de vue américain, que faut-il faire pour parvenir à éviter la détérioration de la situation stratégique globale ? ».

Selon LaRouche, de concert avec au moins l’un de leurs principaux partenaire d’Europe continentale (la France, l’Allemagne ou l’Italie), les Etats-Unis doivent prendre les mesures d’urgence pour instaurer un partenariat stratégique général de coopération économique, entre autres, avec la Chine, la Russie, l’Inde, etc. L’objectif devrait être de revenir au type de politiques anti-britanniques sur lesquelles le Président américain Roosevelt avait tenté de fonder un nouvel ordre économique mondial plus juste, libéré de l’impérialisme, entre Etats-Nations parfaitement souverains, jouissant du libre accès aux découvertes scientifiques et technologiques les plus avancées.

Causalité financière de la guerre

La causalité fondamentale qui sous-tend la confrontation stratégique menée par le BAC vis-à-vis de la Russie et de la Chine et l’escalade militaire dans les Balkans, au Proche-Orient et ailleurs, réside dans l’aggravation de l’état du système économique et financier international. Le changement de phase est survenu lors de la faillite, en septembre 1998, du Hedge Fund LTCM, qui détenait un portefeuille de 3250 milliards de dollars en produits dérivés. Un mois auparavant, les marchés financiers internationaux avaient été secoués par la cessation de paiement de la Russie. Même la BRI a récemment admis que le système financier se trouvait à ce moment-là au bord de l’effondrement. Pour y faire face, les gouvernements et banques centrales du G7 ont lancé en octobre une folle politique hyper-inflationniste, avec réduction des taux d’intérêt, déversement de liquidités et divers programmes de renflouement. Ce miracle était destiné à retarder pour quelque temps l’effondrement systémique autrement inévitable. Cette politique a provoqué une détérioration qualitative de la lucidité des responsables gouvernementaux et parlementaires. C’est le même état d’esprit qui régnait lors des kracks financiers des 17ième et 18ième siècle en Angleterre et en France, mais les conditions stratégiques actuelles sont bien plus dangereuses.

C’est au cours du changement de phase intervenu en octobre-novembre 1998 que le Commonwealth anglo-américain a lancé l’escalade vers la confrontation. D’abord, on a utilisé le prétexte du rapport Butler, délibérément mensonger, pour lancer la guerre non déclarée contre l’Irak. Ensuite, on a imposé à l’OTAN un nouveau concept stratégique néo-impérial, avant d’en arriver à la guerre actuelle dans les Balkans. Pour comprendre comment la crise financière est devenue une crise à la fois économique et militaro-stratégique, il faut analyser la situation à partir de la triple courbe. En effet, l’étude des relations entre trois éléments —croissance explosive des agrégats monétaires, expansion hyperbolique des agrégats financiers et écroulement accéléré de l’économie physique— est la seule façon de comprendre la transposition de la crise financière au domaine militaire et stratégique, comme Clausewitz l’avait décrit au 19ième siècle. Ne pouvant ou ne voulant pas résoudre efficacement les problèmes économiques et financiers en changeant la politique économique et financière, les oligarchies démo-ploutocratiques tendent à les résoudre par d’autres moyens. L’argent, nerf de la guerre, ou la guerre, nerf de l’argent.

Clinton et la « Troisième Voie » parasitaire

La réforme de l’aide sociale, la politique étrangère au sujet de l‘Afrique ou des Balkans, dénotent l’influence dominante qu’exercent sur la Maison Blanche et sur le Président Clinton les conseillers politiques, les nouveaux démocrates du courant de Tony Blair, représentés aux Etats-Unis par Al Gore. Ces conseillers utilisent la méthode dite de la troisième voie : plutôt que de considérer les conséquences sur la vie réelle des décisions à prendre, on considère ce qui peut être permis selon les règles du jeu existantes. Concrètement, chaque impulsion politique est soumise à des considérations politiques plus générales qui visent à trouver un consensus et doivent être prévalentes. En conséquence, une politique proposée par le Président sera redéfinie afin d’être appliquée selon les règles du jeu. Dans ce processus, la politique originelle est souvent transformée en son exact opposé !

La manifestation la plus tangible de cette « troisième voie » s’incarne dans le fascisme à visage démocratique, version Tony Blair, à l’œuvre en Grande-Bretagne. Rassurons-nous, nous sommes là bien loin du « tercérisme européiste » d’essence nationale-révolutionnaire ! L’économie politique de la « troisième voie » de Blair ne se distingue en rien du néo-libéralisme radical introduit en Grande-Bretagne par Margaret Thatcher. C’est toujours la mondialisation, le libre-échange, l’écologisme, la réduction démographique, etc., mais la version « troisième voie », basée sur le consensus, se présente comme « démocratique ». Le principal interlocuteur de Blair à Washington est le vice-président Al Gore, fer de lance du projet écologiste utopique, comme l’a montré sa campagne contre le réchauffement global. Martin Walker annoncera dans le Guardian qu’une bonne partie de la pensée du courant « troisième voie » repose sur la conscience que l’économie globale est le moteur actuellement le plus puissant du changement. Au sein du parti démocrate, la « troisième voie » s’est structurée sous le vocable du « Democratic Leadership Council » (ou : DLC). Le DLC a été fondé en 1985 avec, principalement, des démocrates du Sud, dont Sam Nunn de Géorgie, Chuck Robb de Virginie, John Breaux de Louisiane. Clinton et Gore ont adhéré au DLC et Clinton le présidait avant d’être candidat à la Présidence. On les appelle les « nouveaux démocrates », du nom de leur magazine. Les « nouveaux démocrates » ont créé dans la foulée un groupe de réflexion, le « Progressive Policy Institute » (PPI). En 1992, le DLC avait des sections dans trente Etats, un budget annuel de 2,5 milliards de dollars et dix-neuf permanents. A l’origine de la fondation du DLC, qui était une réponse à la défaite de Walter Mondale à l’élection présidentielle contre Reagan en 1984, il y avait l’idée que le Parti Démocrate devait abandonner sa base traditionnelle, composée de syndicalistes, de membres des minorités ethniques, d’agriculteurs, pour courtiser plutôt les couches de la société ayant une activité plus éloignée de la production ou même parasitaire : les yuppies des banlieues chics, les employés du secteur des services, les boursicoteurs, les comptables, etc. Le DLC exerce une influence pernicieuse sur les décisions du Président Clinton, par l’intermédiaire de son vice-président Al Gore, qui a été choisi comme candidat démocrate à l’élection présidentielle de l’an 2000. L’influence idéologique de cette « troisième voie parasitaire » finit de parachever la désintégration du système financier et monétaire international et plonge le monde entier dans le pire désastre économique et social de l’histoire.

Rodolphe LUSSAC.

De l'identité confédérale des pays belgiques

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Jan NECKERS, chroniqueur de l’hebdomadaire « ‘t Pallieterke » (Anvers) :

De l’identité confédérale des pays belgiques

 

Introduction du traducteur : Sur fond d’une crise gouvernementale aiguë, et apparemment sans solution, Jan Neckers, nationaliste flamand et chroniqueur de l’hebdomadaire « ‘t Pallieterke », reprend une idée essentielle : l’identité politique et institutionnelle des pays belgiques (romans comme thiois) repose sur un principe confédéral, comme en Suisse, et toute tentative de centraliser cet ensemble conduit non pas à l’explosion mais à l’implosion. Les fossoyeurs de l’unité  -une unité qui fut tout en souplesse et sans rigidité aucune-   de cet ensemble que furent les « Pays-Bas royaux » (espagnols puis autrichiens), sont ceux qui ont importé l’idéologie centralisatrice des Jacobins et des sans-culottes. Dont les héritiers, même s’ils prétendent avoir des racines catholiques et démocrates-chrétiennes, opposent un refus total à tout retour à cette identité confédérale, dont Jan Neckers rappelle, ici, l’histoire et les principes.

 

Doemnis ! (= « Malédiction ! »). Voilà mon juron favori : je l’ai repris sans vergogne à Henri Conscience qui le place dans la bouche de son héros Breydel, doyen des bouchers de Bruges et héros de la Bataille des Eperons d’Or. Doemnis, donc, quand je vois que les politiciens flamands forment finalement un bien vilain petit zoo de nullités, dépourvues de conscience historique. Même un Bart de Wever, président de la NVA tant décriée par les médias francophones ces jours-ci, qui est historien de formation et qui a bien eu un cours d’ « institutions des temps modernes », ne se réfère jamais à ces siècles où nos pays belgiques (1) formaient une solide confédération, et que cet état de choses confédéral ne posait aucun problème et plaçait même le pays en tête du raffinement, de la culture et de la santé économique en Europe. Aujourd’hui, dans les pays belgiques, on ne cesse de se référer, en se lamentant ou en se gargarisant, aux institutions de l’Etat belge, vieux de 180 ans seulement. D’un point de vue politique, c’est là pure absurdité. La confédération des pays belgiques existe depuis près de 600 ans ; seules ces 180 dernières années leur ont imposé une forme unitaire d’Etat, selon un modèle parisien perfide.

 

Seulement au cours de ces 180 dernières années, une minorité francophone anti-démocratique a empêché la majorité de réclamer ses droits. C’est seulement au cours de cette période que la majorité a été trahie par ses représentants et… par sa propre lâcheté car, il faut le dire, par honnêteté foncière, nous avons été des lâches car personne, au grand jamais, n’a forcé les Flamands, en leur pointant un couteau dans le dos, à élire les lavettes qui les ont si lamentablement représentés dans les assemblées.

 

Ces jours-ci, vous lirez un peu partout que ce pays, la Belgique unitaire, a été créé pour faire office d’Etat-tampon en 1830. C’est faux. On a fait des pays belgiques une zone-tampon en 1648, dans le cadre des traités de Westphalie. La cause de cette disposition vient de l’un des axiomes de la politique étrangère de la République des Provinces-Unies qui ne voulaient pas avoir de frontière commune avec la France ; par voie de conséquence, les Pays-Bas Royaux (espagnols à l’époque ; on n’utilisait jamais le terme de « Pays-Bas Méridionaux » à l’époque) devaient rester intacts, même si les Provinces-Unies, quelque fois, fermaient les yeux quand la France grignotait à son profit quelques portions de leurs territoires. L’attitude hautaine et intransigeante du Nord a empêché que le Sud tout entier ne soit absorbé par la France et ne soit devenu une « France du Nord » (Brrr… on en tremble d’effroi rétrospectivement…). Mais cette attitude a laissé des blessures morales profondes, si bien qu’au début du 19ième siècle, les projets d’unification du Roi des Pays-Bas unis, Guillaume I, ne pouvaient réussir, même si le souverain était parvenu à limiter les transferts financiers du Sud au Nord, qui étaient considérables à l’époque.

 

Guillaume I était trop un enfant de son temps pour pouvoir se rendre compte que les bons accords rationnels et les bons comptes financiers, équilibrés, ne suffisaient pas à créer l’harmonie dans un Etat unitaire où devaient cohabiter des partenaires différents. Sa décision d’accorder l’autonomie au Sud est dès lors venue beaucoup trop tard, car la noblesse, la bourgeoisie et l’église locales avaient décidé, depuis longtemps déjà, de restaurer les anciens « Pays-Bas Royaux », mais cette fois dans une camisole unitaire. Il serait peut-être bon que les politiciens flamands racontent à nos bonnes gens qu’ils ont toujours cherché, eux, leurs inspirations dans l’histoire politico-institutionnelle des Pays-Bas historiques et qu’ils refusent désormais une bonne fois pour toutes les structures qui furent inventées jadis par la canaille française assoiffée de sang, dont les représentants emblématiques sont Danton, Robespierre et Bonaparte.

 

L’idée confédérale

 

Quoi qu’il en soit, force est de constater que ces pays belgiques ont constitué pendant plus de trois siècles une confédération (devenue plus tard fédération) qui fonctionnait bien et sans heurts. Et sans l’arrivée des vautours français, qui furent, à partir de 1794 les vrais premiers occupants illégitimes de nos pays, cette (con)fédération aurait continué à vivre pendant fort longtemps. Cette confédération est née en 1433 lorsque Philippe le Bon, Duc de Bourgogne, devint Comte de Hollande, de Zélande et du Hainaut. Ce Duc de Bourgogne était déjà Comte de Flandre, Duc de Brabant, Comte de Namur et d’Artois et, onze ans plus tard, il devint encore souverain du Duché de Luxembourg. Le ciment de cette confédération était seulement la personne du souverain unique, si bien que les « Pays de Par-deça » (Landen van Herwaerts Over) découvrirent, subitement, qu’ils pouvaient certes encore se chamailler entre eux, mais sans plus faire appel aux armes, car le souverain, en tant que Duc du pays X, ne pouvait tout de même pas faire la guerre à lui-même, en tant que Comte du pays Y.

 

A l’origine, le souverain négocie la levée des impôts avec chacun des pays pris isolément mais, finalement, il trouve plus aisé de rassembler les représentants de tous ces états au sein d’une instance, les Etats-Généraux (Staten-Generaal). Les membres des Etats-Généraux représentent leurs pays et non pas la « nation » (ndt : au sens jacobin et aberrant du terme) comme le stipule la Constitution belge. Ces représentants devaient dire, au souverain, ce que les états, en tant que parlements embryonnaires, leur avaient demandé de dire.

 

Les représentants étaient donc subordonnés à leurs commanditaires dans les pays qui formaient la confédération et, pour toute concession qu’ils auraient été amenés à faire, devaient demander l’autorisation de leurs états respectifs. Bien sûr, souvent, l’égoïsme particulier se hissait au-dessus de l’intérêt général de l’ensemble. Ainsi, lorsque Maarten van Rossum (Martin de Rossum) envahit le Brabant et le pille pour le compte du Duc de Gueldre, la Flandre et la Hollande, hypocrites, font comme si rien ne se passait, car elles ne subissaient pas directement les effets de cette invasion. Quand Charles de Gand, le futur Charles-Quint, arrive sur le trône, les choses vont changer : il mettra un terme à ses manifestations d’égoïsme particulariste. A l’étranger, on appelle de plus en plus souvent ses pays du Nord-Ouest les Pays-Bas, ou la « Belgica » en latin. Il leur donne des structures qui survivront pendant 300 ans sans gros problèmes. Les structures de Charles-Quint ont même survécu à la révolte des provinces du Nord et à la scission de l’ensemble « Belgica ». Charles-Quint avait crée quelque chose qui ressemblait à un gouvernement central, qu’il avait installé à Bruxelles, et que l’on avait appelé les « conseils collatéraux », et qui ont attiré à eux toujours plus de compétences au fil des siècles, notamment sur le plan de la politique internationale, des affaires maritimes, de la gestion des routes reliant les divers pays entre eux, des tarifs douaniers, etc., si bien que le pays, de confédéral, est devenu de plus en plus fédéral.

 

Mais il ne s’agissait pas d’un fédéralisme de la consommation comme aujourd’hui. Le Comte, le Duc, etc. qui vivait à Madrid et plus tard à Vienne, ne parvint jamais à lever le moindre impôt dans l’ensemble des pays de la « Belgica » sans l’accord de toutes les parties des Pays-Bas Royaux. Lorsqu’un seul des Etats refusait l’impôt proposé, le souverain n’avait légalement aucun recours. Plus encore : les Etats ont le droit de gérer tout l’argent de toutes les contributions levées sur leur territoire. Ils donnent une part de cet argent au souverain, pour l’entretien des armées et pour la cour, mais ils gardent le reste. Les Etats lèvent également des impôts pour des finalités propres à leur territoire : pour des travaux publics, des subsides, pour l’enseignement, etc. Il n’est pas question que le gouvernement central vienne écrémer leurs revenus pour aller les donner à une autre entité au nom d’une sacro-sainte solidarité ; et encore moins pour entretenir, par exemple, suivez mon regard, un parti relevant de la criminalité organisée et le maintenir en selle ad vitam aeternam. J’espère que Leterme et De Wever m’ont bien compris…

 

Dissiper une légende

 

Les Pays-Bas, dans le contexte de ces trois siècles de confédéralisme à la Charles-Quint, font certes partie d’un ensemble plus vaste, espagnol ou autrichien, mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils suivent leur souverain dans tous ses errements. Pendant la guerre entre l’Impératrice Marie-Thérèse et Frédéric de Prusse, la part néerlandaise de l’empire autrichien se déclare carrément neutre et l’Impératrice doit s’en contenter. Bruxelles abrite même son propre « corps diplomatique » : les nations européennes sont donc représentées directement dans les « Pays-Bas Royaux ». Voilà qui est d’un bien meilleur niveau que les misérables représentations flamandes, appendices boiteux de certaines ambassades de l’actuelle Belgique.

 

Les divers pays sont administrés par des Conseils qui, tant sur le plan législatif que sur le plan judiciaire, sont maîtres chez eux (à une époque où la séparation des pouvoirs n’existe pas encore). Le souverain choisit certes les administrateurs des Conseils, mais toujours dans une liste de juristes issus du pays lui-même. Il n’est donc pas question qu’un Namurois, par exemple, ait son mot à dire en Flandre ou dans le Brabant. A Malines, siégeait le Grand Conseil, principale instance judiciaire, à laquelle tous peuvent faire appel pour les affaires civiles. Mais le Brabant et le Hainaut n’ont jamais voulu renoncer à leur souveraineté et n’ont jamais reconnu l’instance de Malines. Dans les affaires pénales, Malines ne peut intervenir. Enfin, le Brabant gardait le droit d’approuver ou de désapprouver les décisions du gouvernement central.

 

Je terminerais cet article en détricotant une légende tenace, qui refait surface sur fond de crise actuelle : certains Flamands pointent les Wallons du doigt, en leur reprochant d’avoir adhéré à l’Union d’Arras, au 16ième siècle, et qu’en le faisant, ils ont contribué à détacher la Flandre et le Brabant de leur biotope néerlandais naturel. C’est faux. L’Union d’Arras, de fait, a été plutôt une initiative des régions romanes comme Namur, le Hainaut et l’Artois, mais l’aversion qu’elle cultivait à l’endroit d’autres entités des Pays-Bas n’était pas motivée par une haine à l’égard de leur nature thioise/germanique, mais par une haine du protestantisme. Les régions romanes étaient catholiques et entendaient le rester (notamment parce que le rôle spirituel, social et économique des abbayes y était fort important).

 

Ces entités romanes de la « Belgica » du 16ième siècle avaient été effrayées par le calvinisme fanatique qui sévissait en Hollande et en Zélande et tenait ces provinces sous sa coupe, tant et si bien que la majorité catholique de celles-ci n’avait plus aucune liberté de pratiquer sa religion. Elles avaient aussi remarqué que la même intolérance calviniste s’était abattue sur Gand et sur Anvers et que cette intolérance ne reculait devant aucune violence même si la population préférait rester au sein de l’ancienne église traditionnelle. Farnèse reconquerra dès lors aisément les régions majoritairement thioises du Brabant et de la Flandre et les ramènera sans trop de heurts sous la houlette royale, aussi parce que Philippe II d’Espagne renonça à toutes ses exigences et redevint tranquillement Comte et Duc et parce que le peuple opta finalement pour le catholicisme qui lui était familier.

 

Jan NECKERS.

(article paru dans « ‘t Pallieterke », Anvers, 05 septembre 2007).

 

Note :

(1) NdT : J’utilise ici l’adjectif traditionnel de « belgique », dérivé du latin « Belgica », terme latin servant à désigner le Nord-Ouest de l’Europe ayant appartenu au « Cercle de Bourgogne », sans la Franche-Comté, mis sur pied par Charles-Quint. L’adjectif « belgique » ne se réfère donc pas à l’Etat belge né en 1830, mais au Cercle de Bourgogne, de Philippe le Bon à l’invasion des hordes jacobines en 1792. La traduction néerlandaise de cet adjectif « belgique » est tout simplement « Nederlands », ou « Diets ». Au 19ième siècle, on utilisait parfois « Nederduyts ».  

 

jeudi, 13 septembre 2007

G. Reisegger: Entretien à POLITICA (Belgrade)

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Entretien de Gerhoch Reisegger accordé à la revue POLITICA (Belgrade)

Propos recueillis par Dragos KALAJIC, lors de la 7ième Université d’été du Groupe de réflexion grand-européen « Synergies Européennes » (Perugia, août 1999)

Q. : Quelle est la différence entre les écoles économiques anglo-saxonnes et la conception allemande traditionnelle de l’économie, théorisée par des esprits comme Friedrich List, Othmar Spann, Alois Schum­peter ou par leur élève français François Perroux ? Ici, en Serbie, la plupart des observateurs, journalistes, politologues ou politistes ne sont pas capables de discerner les concepts de la pensée économique alle­man­de ou d’évoquer des écoles économiques ; malheureusement pour nous, nos élites économiques et u­ni­­versitaires ne connaissent que les concepts, théorèmes et dogmes de l’école libérale anglo-saxonne et du capitalisme anglo-saxon. Pour eux, le concept fondamental qui devrait présider à la reconstruction de la Yougoslavie est le suivant : « Trouver du capital et accepter pour cela toutes les conditions ». Au­jour­d’hui, mêmes les Yougoslaves ne font qu’ânonner les dogmes du libéralisme à l’américaine…

GR : Ma position est le contraire diamétral des dogmes néo-libéraux. Selon ces dogmes, le capital (les « in­ves­tis­sements directs ») conduit à l’essor de l’économie (nationale), ce qui conduit à l’opinion suivante : « Le ca­pi­tal crée le travail », alors que c’est le contraire qui est vrai, c’est « le travail qui crée le capital » ! On de­vrait se focaliser sur l’économie réelle et non pas sur l’économie « virtuelle ». Il faut donc refaire fonctionner l’économie nationale en toutes circonstances et même tenter d’inverser la vapeur, aller à contresens de la tendance générale à la globalisation. Cela implique de poursuivre des objectifs économiques déduits de priorités politiques nationales. La hiérarchie des valeurs devrait donc être : culture, politique, économie (et non l’inverse). L’économie n’est jamais qu’un moyen et non pas un but en soi au sein de tout Etat national qui se respecte et qui agit en faveur de l’ensemble de sa population.

Q. : Comment la conception économique d’un Hjalmar Schacht pourrait-elle être appliquée en You­go­sla­vie, si du moins, cela s’avère possible ?

GR : Schacht, dans le fond, était un partisan du libre marché, mais il a dû affronter les conditions de la grande dépression de l’économie mondiale, c’est-à-dire le chômage de masse en Allemagne, les impositions du Traité de Versailles et le manque cruel de devises en Allemagne, avec, simultanément, un besoin urgent de matières premières pour l’industrie allemande. Il a donc dû imposer des contrôles très stricts du marché des devises et du commerce extérieur. Afin d’obtenir des devises étrangères (un allongement du crédit n’était pas possible à cette époque), il proclama le « nouveau plan », afin de diriger les flux d’exportations et d’importations en direction des pays, qui acceptaient des compensations en produits finis allemands pour leurs importations en Allemagne de matières premières. Les offices du commerce extérieur allemand ont reçu pour mission d’acheter moins de produits finis, mais davantage de matières premières ou de produits semi-finis (y compris des denrées alimentaires), pour augmenter la valeur des créations et réalisations industrielles allemandes et épargner les réserves de devises.

Cette façon complexe de pratiquer le commerce extérieur a été possible dans la mesure où l’on a pratiqué, en fait, une économie de troc. Ainsi l’Allemagne a réussi à inverser la vapeur et à effacer sa balance commerciale négative et sa balance des paiements, également négative. Elle a même pu avoir un très léger excédent d’ex­por­tations. Autre mesure prise pour des raisons économiques : la substitution de matières premières cha­que fois que cela était possible, afin de juguler la dépendance importante de l’Allemagne vis-à-vis des ma­tiè­res pre­mières importées (ce qui permettait aussi d’économiser les réserves de devises). Pour modifier les ha­bi­tu­des d’achat et de production de diverses branches de l’industrie allemande, qui devaient, selon la nouvelle po­li­ti­que, travailler de préférence avec des matières de substitution, le ministère de Schacht a pris une série d’au­­tres mesures : il a favorisé la recherche pour que l’on sache, dans le pays, travailler de manière optimale avec ces nouvelles matières. Il a fallu ensuite construire de nouvelles installations industrielles, éviter la con­sti­­tution de monopoles, etc.

L’objectif de l’autarcie allemande et le principe de substituer, autant que possible, les matières premières ha­bituellement importées, n’était pas le résultat d’une théorie de l’autarcie ou d’une idéologie autarciste, qui au­rait été le propre de la NSDAP nationale-socialiste, mais a tout bonnement été imposé par les circonstances : l’Allemagne souffrait d’un déséquilibre entre ses exportations de biens et de services (et donc d’un manque de devises) et la nécessité inconditionnelle de payer ses importations à l’aide de devises (qu’elle n’avait pas en suffisance) (1). Le système économique allemand entre 1933 et le début de la seconde guerre mondiale n’a nul­lement été une « économie de guerre » placée sous la direction d’un instance centralisée (2). Mais ce sy­stè­me n’a pas été représenté uniquement par Schacht. D’autres personnalités et d’autres économistes l’ont im­pul­­sé et incarné. Aujourd’hui, l’Allemagne paria d’après Versailles nous semble être un modèle pour la You­go­sla­­vie paria d’après les bombardements de l’OTAN.

Q. : L’Europe aura-t-elle un jour la force de secouer le joug de la pensée économique anglo-saxonne ?

GR : Oui, si l’Europe met volontairement un terme à son statut de protectorat des Etats-Unis. Ensuite, si l’ac­tuel­le économie mondiale s’effondre et si les Etats-Unis sont précipités dans le chaos. Malheureusement, les « é­lites » européennes ne sont pas du tout préparées à affronter de telles catastrophes. Pourtant, si un tel é­tat de détresse devient réalité, il n’y aura pas d’autre issue que de mettre un terme au type d’économie « vir­tuel­le » que les Etats-Unis ont imposé au monde.

Q. : La Yougoslavie peut surtout offrir un surplus d’énergie (électrique), de produits agricoles (blé), même si cette énergie et ces produits agricoles ne sont pas produits selon des critères écologiques rigoureux, et des techniques de communication (y compris la possibilité de les fabriquer). Comment ces atouts de l’é­co­no­mie yougoslave pourraient-ils être valorisés, pour accéder plus aisément aux marchés ouest-européens, est-européens et asiatiques ? Que devrait faire l’homme politique qui occuperait le poste de ministre des af­faires économiques pour restaurer la position de notre pays dont les atouts sont, je le répète, l’énergie, l’a­griculture et les technologies de la communication ? Surtout s’il doit faire face à un déficit de moyens fi­nanciers, s’il ne reçoit aucun crédit du FMI et s’il doit tenir compte de l’embargo imposé au pays…

GR : En aucun cas, il ne faut accepter de l’argent du FMI ni accepter un quelconque « accord politico-éco­no­mi­que », qui porterait atteinte à la souveraineté du pays ou qui vous enlèverait, à vous les Serbes, le droit de fa­çon­ner les institutions de votre pays comme vous l’entendez. Une telle politique de subordination signifierait la fin de toute stratégie nationale propre dans la reconstruction de votre économie. Si vous ne comprenez pas ce­la clairement, il me semble oiseux de parler de « compromis » ou d’ «alternatives », qui engloberaient les « e­co­nomic adjustment policies » du FMI ou poseraient celles-ci comme des conditions incontournables. L’ap­pli­ca­tion de telles idées débouchent toujours sur le chaos, la destruction du tissu économique et la perte de la sou­ve­raineté nationale dans les pays qui croient naïvement aux dogmes du néo-libéralisme. Pourquoi ? Parce que les dettes ne cessent d’augmenter auprès du FMI et des banques anglo-américaines.

Q. : Comment jugez-vous les plans de Georges Sörös pour l’Europe de l’Est : les peuples de cette région de­vraient s’unir au sein d’une Union Balkanique qui abolirait les frontières entre les Etats actuels (You­go­sla­vie, Macédoine, Roumanie, Bulgarie) et donc aussi les barrières douanières. Les pertes en matière de re­cette, jusqu’à des montants de 5 milliards de dollars ou d’euros, seraient compensées par la Commission de l’UE, l’Euro deviendrait la seule monnaie en cours dans cette Union Balkanique.

GR : C’est une stratégie qui vise la destruction des Etats nationaux. Mon compatriote, le philosophe et théo­lo­gien Friedrich Römig a constaté : «La monnaie, c’est l’Etat ! » ou, inversemment, « L’Etat, c’est la mon­naie ! ». Si l’on renonce au droit de battre monnaie, toute souveraineté apparente n’est qu’illusion. De tels pro­jets, qui n’ont aucun modèle dans l’histoire ou dans l’histoire politique, qui n’ont aucune justification é­thi­que, ethnique ou autre, débouchent forcément sur le chaos, sur la perte de l’autodétermination des peuples dans le fa­çon­na­ge de leur propre destin. En fait, le projet de Sörös est un projet qui vise à faire de l’ensemble de la péninsule bal­kanique un protectorat occidental. De plus, l’UE elle-même, dans sa constitution actuelle, n’est pas en me­su­re de garantir quoi que ce soit ; elle n’est pas sûre de survivre à la première crise éco­no­mi­que sérieuse, alors qu’une crise de grande ampleur est manifestement proche…

Q. : Quel est le rôle et la signification de l’euro ou du dollar, quelles sont les conséquences de l’intro­duc­tion de l’euro (même d’un euro fort) pour l’économie ?

GR : L’euro n’est nullement pris au sérieux par les Américains. Si les Etats-Unis percevaient dans l’euro un dan­ger pour le dollar, l’euro n’aurait même pas été inventé. Nous pensons dès lors que l’euro n’est pas un avan­ta­ge pour l’Europe, et surtout par pour l’Allemagne, qui perd ainsi sa dernière possibilité d’influencer le destin de l’Europe ou d’exercer une forme, même minime, de puissance sur notre sous-continent. De cette façon, la vieil­le recette s’applique toujours : il faut entraver et juguler l’Allemagne. La chute du cours de l’euro face au dol­lar montre très bien les faiblesses de cette nouvelle monnaie. Quant aux réévaluations plus récentes, elles sont artificielles, elles sont des manipulations du Japon et de la Banque Centrale Européenne (BCE), mais cela n’a ab­solument rien à voir avec la fin de la guerre en Yougoslavie ou avec une amélioration de la situation éco­no­mique en Europe. Tout cela, c’est de la propagande.

Les raisons « techniques » de ces fluctuations de l’euro résident dans les différences en matières de législations sociales, fiscales, et de droit du travail, etc. et vouloir placer ces innombrables différences sous le dé­no­mi­na­teur commun d’une seule monnaie contribuera à plonger les économies nationales réelles dans le désordre. Les di­verses priorités d’ordre politique dans les Etats membres ne nous permettent pas d’augurer une politique co­hé­­ren­te de la part de la BCE (il suffit de se rappeler les débats qui ont eu lieu à propos de l’é­lection du pre­mier pré­sident de cette BCE : Duisenberg a été élu pour la moitié du temps qui aurait normalement dû lui être ac­­cor­dé, pour laisser la place au Français Trichet ; ces discussions laissent clairement entrevoir les difficultés fu­­tu­­res…).

Les analyses financières les plus récentes prévoient d’ores et déjà un effritement de l’union monétaire, dès que les premiers signes d’un crash du système financier international apparaîtront. Les démissions du ministre a­méricain des finances R. Rubin et du vice-ministre des finances japonais E. Sakarikaba (surnommé « Mister Yen ») ont certainement pour cause l’éventualité fort probable d’un crash. Sakarikaba a clairement donné cette raison pour expliciter sa démission (3).

Q. : Même si les sociaux-démocrates sont au pouvoir en Europe, ce sont eux qui détruisent de facto les in­sti­­tu­tions de l’Etat-Providence et tous les filets de sécurité sociale, tissés au cours de longues décennies de luttes ou­vrières. Ils remplacent les institutions sociales européennes par les principes du néo-libéra­lisme.

GR : Oui, effectivement, ce sont les socialistes actuels qui détricotent les filets de la politique sociale, tissés par leurs prédécesseurs ! On peut dire clairement aujourd’hui qu’ils ne sont plus du tout les représentants des intérêts sociaux de la population, mais les laquais des puissances financières hégémoniques dans le monde. On peut aussi les accuser d’être des voleurs, car ils tentent, dans l’opération, de rafler un maximum pour leurs pro­pres poches. Les anciennes différences entre socialistes et conservateurs, entre verts et libéraux, ont fini par disparaître et perdre toute signification : tous, sans exception, mettent en pratique les penchants les plus frau­­duleux de la partitocratie et sont totalement corrompus. La seule chose qui les préoccupe, c’est d’être réé­lus et de conserver leurs « jobs ».

Q. : Quelles expériences avez-vous eues avec des élites balkaniques ?

GR : Je me suis aperçu qu’elles étaient bien souvent naïves, quand elles demandent des aides substantielles aux organisations internationales ou au FMI. Elles sont obnubilées par le néo-libéralisme sans en connaître, au fond, les principes pervers. Lorsque ces élites économiques balkaniques se présentent dans les conférences internationales, comme à Davos ou au « South European Summit » de Salzbourg ou aux conférences sur la « re­construction », organisées par le FMI, la Banque mondiale ou l’UE, elles viennent, parfois sans s’en rendre comp­te, recevoir des ordres. Il semble qu’elles n’ont pas compris les mécanismes en place…

Dans la plupart des pays, la « démocratisation », toujours suivie de la « privatisation », de la « libéralisation » et de la « dérégulation », conduit à une destruction massive des capacités de production, accompagnée d’un taux de chômage catastrophique et, pire, dans les pays agricoles, d’une pénurie de denrées alimentaires (avec des débuts de famine !), parce que la dérégulation néo-libérale ruine l’agriculture. L’erreur n’a pas été de procéder à une « démocratisation » insuffisante, mais d’avoir repris et appliqué le système néo-libéral dans son ensemble et de manière a-critique.

D’abord, ce système ne pouvait pas s’appliquer dans une économie de type traditionnel. Ensuite, il n’y avait pas les conditions-cadres nécessaires (d’ordres institutionnel, légal, juridique et autres) ni suffisamment de ca­dres formés à ces écoles anglo-saxonnes, pour que ce type d’économie puisse s’organiser. Mais, chose plus im­por­tante encore, l’ensemble du processus de néo-libéralisation consiste en une « reprise en main par l’enne­mi », en la personne de spéculateurs (le capital international, des trafiquants de toutes espèces, des escrocs). Fi­nalement, le système néo-libéral a atteint son point terminal, le crash, comme nous pouvons le constater à la suite ininterrompue de crises dans le monde entier. L’illusion, qui consiste à croire que, si le système ancien était mauvais, le nouveau devait automatiquement être bon, est une conclusion complètement erronée. Il ne s’a­git pas de cela. Si on prend conscience de QUI, ici en Europe orientale, dans des délais très brefs, en est ve­nu à dominer l’industrie, le système bancaire ou les médias, on s’étonne et on se demande comment cela a-t-il pu se faire… Sont-ce des événements normaux ? Ou un processus téléguidé de l’extérieur par des forces ano­ny­mes et secrètes ? Pour trouver réponse à ces questions, il suffit de se demander « Cui bono ? », « A qui profite le crime ? ».

Q. : Quelles sont vos impressions après votre voyage en Serbie, frappée par les bombardements de l’O­TAN ? Sur le plan géopolitique, que signifie la Serbie pour vous ? Garde-t-elle une signification dans l’af­fron­tement futur entre l’Europe et les Etats-Unis ?

GR : La Serbie a été, est et restera très importante pour des raisons géopolitiques. Elle se situe au carrefour de plu­­sieurs lignes de communication entre l’Europe et l’Asie. Si l’on songe à la résistance que vient d’opposer la Ser­bie à l’impérialisme américain et aux pressions hégémoniques de Washington, alors on peut dire, sans hé­si­ta­tion, que les Serbes, une fois de plus dans l’histoire, ont pris en charge la mission très difficile de défendre l’Eu­rope contre le despotisme d’une puissance étrangère à l’espace européen. La Serbie est donc le dernier pays d’Europe à opposer une résistance au nouvel ordre mondial annoncé jadis par Bush, Président des Etats-U­nis. Je me souviens d’avoir lu un livre très ancien, publié au début du siècle, qui avait pour titre « Die Serben – Wächter des Tores » (= « Les Serbes, gardiens de la porte »). Ce livre est plus actuel que jamais. Malgré toutes les nuées de la propagande, l’exemple donné par le peuple serbe cette année a changé la situation de manière dé­cisive. Car les Etats-Unis n’ont pas atteint le but de leur guerre : ils n’ont pas un modèle casuel pour justifier d’autres interventions, comme par exemple, en Tchétchénie contre la Russie ; ils n’ont pas pu installer une nouvelle « international law » en mesure de sa passer d’un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU ; ils n’ont pas pu étendre leur contrôle à l’ensemble du territoire serbe, c’est-à-dire à l’extrémité occidentale du « pont terrestre » de la « route de la soie », et de remplacer les forces de sécurité de l’ONU par l’OTAN. L’exemple serbe est donc de première importance, surtout sur le plan mental.

ADDENDUM : Réflexions sur les notions de « terre » et de « mer » (Carl SCHMITT)

Pour répondre plus en détails à votre question sur les différences entre économie anglo-saxonne et économie al­­lemande, il faut d’abord bien comprendre la différence fondamentale qu’il y a entre « terre » et « mer », com­­me Carl Schmitt l’a démontré dans son œuvre. Il a notamment approfondi ces concepts dans tous leurs as­pects dans son ouvrage intitulé Der Nomos der Erde (= Le Nomos de la Terre). Les différences entre les pays qui tien­nent leur puissance de la mer, comme l’Angleterre et plus tard les Etats-Unis, et ceux qui la tiennent de la ter­re, comme l’Allemagne, la Russie et la Chine, sont considérables. Je conseille à tous de lire attentivement l’œu­­vre de Carl Schmitt pour comprendre réellement combien les différences dans les forces motrices in­té­rieu­res des pays maritimes et des pays continentaux sont fondamentales. Les puissances maritimes basent leur économie sur le commerce mondial illimité et exercent dès lors leur contrôle sur les mers, en tous points du globe. Elles occupent les têtes de pont stratégiques les plus importantes dans le monde entier : Gibraltar pour les Britanniques, Panama pour les Américains, Suez, etc. (4).

Une caractéristique : ces puissances maritimes veulent la concurrence illimitée entre des marchés « libres », dans le monde entier, le commerce ne peut connaître d’entraves. L’OMC/WTO et d’autres organisations in­ter­na­tionales comme le Mercosur, l’ALENA et l’UE servent d’instruments à cette idéologie du libre-échange pla­né­tai­re. Lorsqu’une économie nationale particulière a un marché solvable, génère une surproduction mais se fer­me au principe du libre marché, alors les Etats-Unis appliquent, sans fard ni hésitation, leur stratégie habi­tuel­le de répression, qu’avait annoncé en son temps le Président Wilson : « S’ils ne veulent pas nous ouvrir leurs por­tes, alors nous allons les enfoncer… ». Exemple : le blocus subi par le Japon au 19ième siècle et perpétré par la flotte américaine ; plus tard, à partir de 1937, ces blocus directs ou indirects, ont obligé les Japonais, qui dé­pendaient cruellement des matières premières, à faire une guerre qu’ils ont perdue.

Aujourd’hui, les méthodes sont plus subtiles. A côté de « l’économie réelle » (investissements dans la produc­tion), dominent en économie les « financial markets ». On devrait plutôt les appeler des « marchés virtuels », car ils sont complètement détachés de l’économie réelle ; leurs transactions sont en fait des jeux d’ordi­na­teurs, aux caractères hautement spéculatifs.

Les problèmes majeurs liés à ce type de marchés virtuels sont les suivants :

- moins de 1% des transferts financiers quotidiens concernent la paiement effectif de biens réels et de véritables services. Plus de 99% sont de nature purement spéculative.

- Les « dérivats », tels qu’on les appelle, sont en réalité purement virtuels et relèvent de l’économie casino. Ils ressemblent à ces jeux de pyramides financières et, par définition, sont des escroqueries graves et des at­tentats criminels contre les économies nationales et contre l’économie mondiale. Pire : la « bulle d’air » gé­nérée par les spéculations de cette économie virtuelle peut éclater à tout moment et précipiter l’en­sem­ble du système financier et monétaire du monde dans le chaos, avec toutes les conséquences d’un ef­fon­drement économique général, frappant toutes les économies nationales, la perte de toutes les épargnes des familles et d’une masse incalculable d’emplois, la pénurie générale de tous les biens importants. Un tel crash ferait apparaître celui de 1929/1930 comme une broutille sans importance !

-  Depuis quelques temps, l’ampleur des transactions spéculatives a dépassé la masse dominable. Les éva­lua­tions à la fin de l’année 1997 estiment que les « investissements » de ce type —et ils ne sont pas tous répertoriés ; de plus, parler « d’investissements » en cette matière est déjà une escroquerie— s’élèvent à 120.000 milliards de dollars. La Banque internationale des paiements rapporte que le taux de crois­sance de cette bulle spéculative est de 60% par an !

(La suite de cette étude de Gerhoch Reisegger dans notre prochain recueil ; version allemande parue dans la revue Staatsbriefe à Munich, http://members.tripod.de/staatsbriefe – version anglaise disponible chez l’auteur reisegger-gerhoch@netway.at ou chez robert.steuckers@skynet.be ).

Notes :

1. Hans KEHRL, Krisenmanager im Dritten Reich.

2. C’est immédiatement visible lorsque l’on observe les chiffres des budgets pour la défense et les questions militaires en pourcents du BNP :

Dépenses pour les questions militaires :

1933/34 : 1,9 milliards de RM = 4% du BNP

1934/35 : 1,9 milliards de RM = 4% du BNP

1935/36 : 4,0 milliards de RM = 7% du BNP

1936/37 : 5,8 milliards de RM = 9% du BNP

1937/38 : 8,2 milliards de RM = 11% du BNP

1938/39 : 18,4 milliards de RM = 22% du BNP

A titre de comparaison en 1934 : France : 8,1% du BNP ; Japon : 8,4% du BNP ; Union Soviétique : 9,0% du BNP ; Angleterre : 3,0% du BNP. Ce n’est qu’au début de la guerre que les dépenses de l’armée allemande et de l’industrie de guerre ont été comparables à celles des autres puissances.

3. Le journal financier australien Australian Financial Review a dévoilé les véritables raisons de la démission du vice-ministre des finances japonais, Eisuke Sakakibara (alias « Mister Yen »), responsable du départe­ment « finances internationales ». Sakakibara entrevoyait parfaitement la possibilité d’un gigantesque crash. « Il a dit à un ami qu’il n’insisterait pas pour rester un an de plus à son poste parce qu’il croyait que Wall Street allait crasher endéans cette période et qu’il ne voulait pas être responsable de la résolution des problèmes résultant de ce crash au Japon ». Plus loin, la magazine financier australien écrit : « Non seu­lement l’économie américaine s’effondrera, mais l’ensemble du système capitaliste global sera me­na­cé ». Il est assez inhabituel qu’un ministre parle un tel langage. Sakakibara est l’homme qui a inventé un ter­me moqueur pour désigner l’économie américaine : « bubble.com ». « Les Etats-Unis seront aux pre­miè­res loges quand la bulle internet va éclater et crasher ».

4. Dans The Grand Chessboard, Z. Brzezinski énumère toutes les positions stratégiques importantes du globe et les régions géopolitiquement importantes. D’un point de vue européen, nous ne partageons pas toutes ses analyses : elles sont néanmoins cohérentes dans les plans de l’hégémonisme américain.

 

Bataille de Marignan (1515)

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Bataille de Marignan

13 septembre 1515 : Bataille de Marignan entre Français et Suisses. Les Suisses y sont écrasés grâce à l’usage efficace de l’artillerie. François I triomphe. Il faut replacer cette bataille dans le contexte général des guerres dites d’Italie. En 1492, après avoir été durement étrillé par notre Empereur Maximilien, le roi de France Charles VIII abandonne toute prétention sur l’Artois et la Franche-Comté et sur le Roussillon au profit de Ferdinand d’Aragon.

L’alliance hispano-impériale a bien joué. Pour compenser cette double défaite, Charles VIII caresse le rêve de s’emparer de la plaine du Pô, de culbuter les troupes de Venise et de doter la Francie occidentale d’une façade sur l’Adriatique. Son fils Louis XII s’empare de Milan, ville centrale dans le bassin du Pô, et, par traité, occupe une partie du Royaume de Naples. La présence française devient tellement pesante en Italie que le Pape Jules II, inquiet, forge la Sainte Ligue (Cantons suisses, Venise, Angleterre, Espagne) en 1511.

Sous la pression de cette alliance, Louis II doit renoncer à Milan en 1514. Mais son successeur François I dénonce tous les accords antérieurs et marche sur Milan, défendue par les régiments suisses de la Sainte Ligue. Ces régiments sont écrasés à Marignan(o), localité à l’ouest de la métropole padane. En février 1525, Charles-Quint vengera cette victoire, chassant définitivement les Français de Lombardie. Ses troupes, regroupées autour des Bandes d’Ordonnance des Pays-Bas, étaient commandées par le Comte de Lannoy. La bataille de Marignan(o) contraint les Suisses à signer la fameuse « paix perpétuelle » avec la France, qui implique le recrutement de soldats suisses pour les armées françaises. Cette tradition se perpétuera jusqu’en 1789, où les gardes suisses de Louis XVI, fidèles, seront réduits en charpies par des bandes d’ivrognes parisiens sanguinaires. Curieuse façon de remercier des hommes qui avaient montré tant de fidélité et de dévouement… Mais l’idéologie révolutionnaire, que l’on veut nous présenter comme une panacée, comme un modèle indépassable, a-t-elle quelque chose à faire de vertus aussi magnifiques que la fidélité ?

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La fin du kémalisme en Turquie

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Andreas MÖLZER, Député européen

Lettre de Bruxelles

 

La fin du kémalisme en Turquie

 

Avant son élection à la fonction de Président, Abdullah Gül avait promis solennellement, en jurant ses grands dieux, qu’il respecterait la constitution laïque de la Turquie. Va-t-il réellement tenir cette promesse électorale ? Pour répondre à cette question, il faudra observer ses faits et gestes avec attention dans les mois qui viennent. Personne ne s’est étonné évidemment que l’ancien ministre des affaires étrangères du gouvernement AKP islamiste cherchait à éviter toute provocation inutile à l’endroit des militaires, gardiens de l’ordre kémaliste. Au cours de ce printemps 2007, les militaires avaient menacé le pays d’un putsch, si Gül entrait au Palais présidentiel de Cankaya, menace qui avait suffi à le faire reculer mais avait aussi plongé le pays dans une crise profonde.

 

Aujourd’hui, on ne sait pas trop si Gül et le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan résisteront à la tentation de transformer la Turquie selon leurs visions, ce qui correspondrait, finalement, à son islamisation complète. Un premier pas dans cette direction pourrait bien survenir fin septembre 2007, lorsque Erdogan proposera l’ébauche annoncée d’une nouvelle constitution. Le point principal de cette ébauche, d’après ce que l’on sait déjà ou que l’on subodore, serait de dépouiller totalement l’armée de ses pouvoirs, ce qui signifierait de facto la fin définitive du kémalisme.

 

L’islamisation menaçante de la Turquie ne semble pas troubler du tout l’UE. Bien au contraire : l’élection de Gül a soulevé d’enthousiasme l’établissement politique de l’UE, surtout le Président de la Commission, José Manuel Durao Barroso, car, prétendait-il, un « nouvel élan » avait enfin secoué la Turquie et permettait d’entrevoir du nouveau dans les négociations en vue de l’adhésion d’Ankara à l’Union, négociations qui s’étaient enlisées depuis quelques mois. L’Etat turc est donc désormais aux mains d’un parti d’obédience islamiste et cela ne dérange nullement l’établissement eurocratique. Au lieu de cultiver une inquiétude légitime, l’eurocratie bruxelloise préfère sottement écouter les discours lénifiants venus d’Ankara, qui disent que le processus de réforme, auquel l’Europe légale tenait tant, va enfin pouvoir se poursuivre. Alors qu’il aurait fallu, au plus tard après l’élection effective de Gül à la présidence, mettre sans délais un terme définitif aux pourparlers préparant une éventuelle adhésion de la Turquie à l’UE. Car en examinant le parcours personnel de Gül et en analysant les déclarations qu’il fit dans le passé, de lourds soupçons pèsent sur le nouveau président turc, car, tout comme pour Erdogan, ce contexte nous porte à penser que les deux compères ne cherchent pas à européaniser la Turquie mais bien plutôt à islamiser l’Europe.

 

La sagesse empirique nous enseigne à nous méfier des promesses pré-électorales des présidents, qui changent d’avis dès qu’ils sont en poste, comme le prouve d’ailleurs, aujourd’hui, la nouvelle attitude de Nicolas Sarközy ; hier, le président français disait s’opposer à une éventuelle adhésion turque ; aujourd’hui, il tient des propos assez différents. Lors des présidentielles françaises, rappelons-nous, il jouait le rôle de l’opposant clairvoyant à toute adhésion turque. Aujourd’hui, à peine deux mois et demi après son entrée en fonction, il abandonne cette position de combat, au vif plaisir du puissant lobby pro-turc. Si les pays membres de l’UE mettaient sur pied une « Commission des Sages » pour préparer l’avenir de l’Europe, déclarait Sarközy dans un de ses discours, alors il ne s’opposerait plus à l’ouverture de nouvelles négociations avec la Turquie.

 

Ce dont l’Europe a besoin, ce n’est nullement d’une commission confuse qui permettrait à Sarközy de passer élégamment à d’autres la « patate chaude » que fut cette très importante promesse électorale en matière de politique étrangère, qu’il n’a plus l’intention de tenir. L’Europe a bien plutôt besoin d’hommes d’Etat véritables, capables d’aller au devant des désirs et des soucis de la population, de les prendre au sérieux, et non pas de charlatans frivoles qui, délibérément, jouent avec l’avenir de notre continent. Car le citoyen, qui est en réalité, ne l’oublions pas, le souverain réel, rejette majoritairement, et de manière claire, l’adhésion de la Turquie à l’UE, parce que ce pays a une autre culture, une autre histoire et une autre mentalité et qu’il se trouve en dehors des frontières de l’Europe.

 

Andreas MÖLZER.

(article paru dans « Junge Freiheit », Berlin, n°37/05 septembre 2007).

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mercredi, 12 septembre 2007

Clinton, la Turquie et l'UE

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Texte ancien de 1999 pour rappeler la collusion américano-turque, aujourd'hui battue en brèche mais toujours potentiellement activable contre l'Europe !

Clinton veut ouvrir les portes de l’UE à la Turquie

A propos des déclarations du Président américain lors  de sa visite à la Turquie, dévastée par un tremblement de terre

Le Président Bill Clinton a esquissé clairement, devant l’ensemble des dirigeants turcs, la tâche stratégique que les Etats-Unis entendent donner à la Turquie : celle-ci doit être un « pont », surtout par le biais de son ad­hé­sion (espérée) à l’UE, entre l’Europe et l’Islam modéré ; elle doit également être le « bastion avancé de l’Oc­cident » contre les menaces des fondamentalistes (l’Iran) et de l’Irak ; elle sera l’élément porteur de la sta­bilité dans les Balkans ; elle sera l’alternative au monopole russe sur les fournitures énergétiques du Cau­ca­se, grâce à l’oléoduc Bakou-Ceyhan et au gazoduc transcaspien ; elle sera, enfin, l’alternative à l’hégémonie po­litique de Moscou en Asie Centrale. Toutefois, Clinton, en utilisant un langage très prudent, a aussi esquissé les « conditions » que la Turquie devra remplir pour que le peuple américain puisse accepter son rôle d’allié pri­vilégié qu’il compte lui attribuer : « approfondir la démocratie », objectif pour lequel « il y a encore beau­coup de travail à faire » ; la Turquie doit ensuite améliorer ses rapports avec Athènes et atténuer les tensions dans l’Egée ; elle doit ensuite favoriser un accord sur Chypre. Clinton, qui est en visite officielle à Ankara et qui doit participer le 18 novembre au sommet de l’OSCE, a affirmé, devant le parlement, que « le futur de la Tur­­quie est la clef pour donner forme au XXIième siècle ». Il a ensuite souligné, avec insistance, la grande im­portance géopolitique du pays, à cheval entre l’Est et l’Ouest, entre l’Occident chrétien et le monde mu­sul­man. Cependant, avec une égale insistance, la Président a insisté sur la nécessité, pour la Turquie, de con­ti­nuer les réformes démocratiques, « en particulier en ce qui concerne la liberté d’expression » et les droits de l’hom­me. Il a laissé entendre qu’il souhaitait également une solution à la question kurde. En même temps, Clin­ton dit l’urgence d’une amélioration des rapports de la Turquie avec la Grèce, afin que le dégel gréco-turc puisse favoriser l’adhésion à l’UE, projet que le Président américain « soutient avec force et fermeté » et aussi afin de faire de la Mer Egée une mer de paix. Clinton s’est ensuite félicité de la décision du leader turc-cypriote Rauf Denktasch d’accepter les négociations indirects qui auront lieu à New York ( !), mais il a dit au Pré­sident turc Suleyman Demirel et au Premier Ministre Bulent Eçevit qu’il attendait que ces négociations con­dui­sent à « des pourparlers significatifs qui mèneront à un accord général sur le problème cypriote ». Allusion claire aux tentatives directes de négociations qu’a entreprises Denktasch, qui reçoit le soutien d’Ankara, mais dont la « République Turque de Chypre du Nord » n’a pas encore été reconnue formellement par d’autres pays que la Turquie elle-même. Toute la classe politique turque, à commencer par Eçevit lui-même, était présente au Parlement pour écouter Clinton, flanqué de sa femme Hillary et de sa fille Chelsea. Eçevit s’est borné à ap­pré­cier l’importance que Clinton accorde à la Turquie, soulignant, dans sa réponse, que le Président américain connaissait bien le pays. Cependant, toute l’élite turque ne semble pas avoir apprécié la visite de Clinton. Une cen­taine de manifestants de la gauche turque ont été arrêtés pour avoir organisé des manifestations de pro­tes­ta­tion et scandé des slogans comme « Yankees go home ». Mises à part toutes questions politiques, ce sont les terribles séismes d’août et de novembre qui préoccupent l’homme de la rue en Turquie. Effectivement, le nom­bre de victimes du tremblement de terre du vendredi 12 novembre 1999 ne cesse d’augmenter. Le séisme a eu une ampleur de 7,2 sur l’échelle de Richter. D’après le dernier bilan officiel, il y aurait eu 452 morts et 2386 blessés. Les espoirs de trouver encore des survivants s’amenuisent d’heure en heure, même si les équipes de secours turques et étrangères continuent à creuser ou à fouiller les décombres s’il y a la moindre chance de trouver un être humain encore en vie. Le Président Clinton a assuré le soutien des Etats-Unis, qui ne lésineront en rien et multiplieront les efforts pour aider le nouvel « allié principal » de Washington dans le désastre qui le frappe. Clinton a annoncé un financement d’un milliard de dollars, via l’Eximbank. Cette fois, le gouvernement turc est intervenu rapidement sur les lieux du séisme, en y envoyant des militaires, attitude contraire à son inertie lors du tremblement de terre du 17 août, qui a fait 20.000 victimes. Le problème principal pour les si­nis­trés reste le froid et l’hi­ver qui arrive : de sérieux problèmes resteront irrésolus, y compris pour les sans-a­bri du séisme de cet été. De nombreux pays continuent à envoyer de l’aide, l’Italie en tête. A Duzce et à Kay­nas­li, les deux localités les plus touchées en novembre, où, respectivement, 350 et 301 des 722 immeubles à é­ta­ges se sont écroulés, les équipes de se­cours poursuivent avec obstination leurs recherches dans les ruines, mais 72 heures après le séisme, les espoirs de trouver encore quelqu’un en vie se réduisent considérablement.

Mauro BOTTARELLI.

(Article paru dans La Padania, 16 novembre 1999 ; http://www.lapadania.com ).

Lili Marleen - Histoire d'une chanson

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Lili Marleen - Histoire d’une chanson

 

En avril 1941, Richard Kistenmacher part pour Belgrade. Avec d’autres mobilisés qui, dans la vie civile, sont techniciens auprès de l’émetteur radio de Berlin, il a reçu pour mission de créer un émetteur pour les soldats dans la ville danubienne occupée. Kistenmacher est compositeur musical de profession. En route pour la capitale serbe, il s’arrête à Vienne et fouille les archives de l’émetteur autrichien pour voir s’ils n’ont pas là quelques disques en trop. Il en choisit soixante. L’un de ces disques présente « Lied eines jungen Wachtpostens » (= « La chanson d’une jeune sentinelle »), un flop commercial de l’été 1939. Le chiffre de vente de ce disque avait été seulement de 700 exemplaires. Kistenmacher n’a pas eu le temps d’écouter tous les disques qu’il avait emportés de Vienne. Il choisit d’après les titres et n’écoute chaque fois que quelques mesures. « Das Lied eines jungen Wachtposten » commence par le son d’un clairon, comme dans une fanfare, ce qui lui paraît adéquat pour un émetteur de l’armée. Mettre sur pied la station radiophonique de Belgrade prendra du temps, mais, en fin de compte, avec de faibles moyens, elle finit par pouvoir émettre. Pendant cette période de préparation, Kistenmacher a eu le temps d’écouter ses disques mais c’est la mélodie du « Lied eines jungen Wachtpostens » qu’il trouve potentiellement la meilleure. Le 18 août 1941, le programme du soir se termine par cette chanson, sélectionnée par Kistenmacher. Elle lui plaît énormément et il l’utilise pendant une semaine entière pour mettre un terme aux émissions vespérales. Mais le chef de la station radiophonique de Belgrade n’est pas d’accord : il appelle Kistenmacher dans son bureau et lui dit : « Trop, c’est trop ! J’interdis dorénavant cette Lili d’antenne, amusez-vous avec d’autres filles ! ».

 

Mais les soldats allemands stationnés en Yougoslavie, en Grèce et en Afrique du Nord ne sont nullement du même avis, eux qui sont continuellement branchés sur cet émetteur belgradois. Les lettres de protestation affluent et Kistenmacher reçoit l’autorisation de terminer les émissions radio à 21 h 55 par la chanson qui n’est plus la version originale du « Lied » mais est devenue « Lili Marleen ». Les soldats qui reviennent en permission en Allemagne demandent aux émetteurs allemands de programmer la chansonnette. En un rien de temps, elle envahit le Reich tout entier et tous les territoires qu’il occupe. Hitler dit à son aide de camp : « Cette chansonnette va nous survivre ».

 

Tristesse

 

« Lili Marleen » devint ainsi la chanson-culte de la deuxième guerre mondiale, bien qu’elle soit née, en fait, pendant la première. Le rédacteur du texte d’origine fut un certain Hans Leip, natif de Hambourg, qui suivait à l’époque une formation d’officier à Berlin. Là, il rencontre d’abord une fille prénommée Lili, puis une autre, prénommée Marleen. Dans un poème, il fait des deux filles une seule et même personne. Vingt-deux ans plus tard, il y ajoute deux vers et le fait paraître, avec quelques poèmes de matelots, dans un petit recueil qu’il intitule « Kleine Hafenorgel » (= « Petit harmonika au port »). Un an plus tard, le compositeur Norbert Schulze est attablé dans une taverne avec quelques amis où traîne un exemplaire du recueil. Schulze n’est pas le premier venu. Deux ans auparavant, il avait obtenu un succès retentissant avec « Schwarzer Peter », œuvre qui était mi-opérette mi-opéra. Toute l’Allemagne fredonnait alors l’air du ténor, « Ach ich hab’ in meinen Herzen… ». Cet air demeure encore très populaire aujourd’hui. Le ténor Rudolf Schock, fort aimé en Flandre, donnera à ses mémoires le titre de cet air. Le soir où il découvrit le « Kleine Hafenorgel », Schultze, en présence de ses commensaux, lut et relut le poème de Leip, qui lui fit littéralement jaillir une mélodie dans la tête. Il fonça sur le piano de la taverne et commença tout de suite à travailler le thème. En peu de temps, sa chanson fut prête. Un an plus tard, il demande à la chanteuse Lale Andersen de la chanter. Le disque sera un formidable succès.

 

La chanson correspond parfaitement à l’atmosphère de l’époque. Les Allemands ne veulent plus entendre ces habituelles chansons de soldats, trop saccadées, trop martiales. Dans la vie quotidienne, la guerre est devenue bien trop présente, et les gens préfèrent des rengaines plus sentimentales. Au top, on trouve « Heimat, deine Sterne », si joliment chanté par le bassiste Wilhelm Strienz et « Gute Nacht, Mutter », entonné par le baryton Karl Schmitt-Walter, que l’on entendait souvent lors du « Wunschkonzert » de la radio, quand on rendait hommage aux soldats tombés au combat. La tristesse de Lili Marleen, où l’on sent l’approche de la mort, s’inscrit bel et bien dans cette veine. De surcroît, le succès de la chanson est dû aussi à l’interprétation qu’en donnait Lale Andersen, une blonde dont la voix avait été rendue rauque par le tabac. Même l’organe de la NSDAP honore la chanteuse et la chanson, en écrivant que le texte a beaucoup en commun avec les œuvres publiées dans l’anthologie des chansons populaires intitulée « Des Knaben Wunderhorn » (mais, et pour cause, ce ne fut pas en référence à la composition de Gustav Mahler, à l’époque boycotté parce qu’Israélite).

 

Les soldats réclament Lili Marleen

 

Andersen devient une star en peu de temps et réclame des honoraires ad hoc pour chanter à la radio. Normalement, à l’époque, un chanteur connu recevait quelque 200 Reichsmarke pour un spectacle life, ce qui correspondait au salaire moyen d’un ouvrier allemand. Les chanteurs et chanteuses du hit parade des années de guerre, comme Marika Rökk, Rosita Serrano et Zarah Leander, gagnaient cinq fois plus. Les exigences de Lale Andersen sont inacceptables pour le grand chef de tous les émetteurs allemands, Joseph Goebbels. De plus, il a horreur de la sentimentalité qui se dégage de « Lili Marleen ». En novembre 1941, l’ordre tombe : la chanson ne peut plus être chantée que par une voix masculine. Les soldats sont furieux et font entendre leur fureur par un flot de lettres : ils exigent le retour de Lale Andersen, mais Goebbels refuse. L’émetteur de Belgrade fait partie de la Wehrmacht et n’est pas directement subordonné au Ministère de la Propagande de Goebbels. Plus tard, de nombreux soldats ayant combattu sur l’effrayant front de l’Est se souviendront : ils se rassemblaient autour de leur poste de radio, le « Volksempfänger », après une journée d’enfer et de sang ; le technicien, dont les doigts étaient plus sensibles, cherchait fébrilement l’émetteur de Belgrade.

 

Finalement, Goebbels laissera la paix à Belgrade, tout en continuant la guerre personnelle qu’il livrait à Lale Andersen. Il alla jusqu’à faire détruire les matrices du tout premier enregistrement. Mais la chanteuse n’a jamais eu peur du ministre de la propagande et a refusé, au printemps 1942, de chanter pour les gardiens du ghetto de Varsovie. Six mois plus tard, Goebbels parvient à la coincer. Avec naïveté, elle a écrit une lettre à une ancienne connaissance qui s’était installée en Suisse ; cette connaissance était juive. Elle se voit infliger une interdiction professionnelle et plus personne ne peut diffuser ses autres disques. Mais Belgrade continue à émettre Lili Marleen. Lorsque la BBC annonce que Lale Andersen s’est suicidée à cause des nazis, elle reçoit à nouveau l’autorisation de monter sur les planches, mais non pour la radio. Goebbels est occupé à dresser des listes de chansons à interdire et son ministère est inondé de réactions furibardes après un terrible bombardement de Berlin. Le jour après cette attaque aérienne, la radio avait diffusé « Für eine Nacht voller Seligkeit » de Marika Rökk. Comme de plus en plus de sous-marins allemands sont coulés, le ministère interdit aussi la radiodiffusion de « Eine Seefahrt, die ist lustig ». Une chansonnette comme « Warum soll ich treu sein… » se voit également interdite car jugée mauvaise pour le moral des soldats du front. Et chaque fois que la radio diffuse la chanson « How do you do ? » de Rosita Serrano, le speaker doit expliquer clairement aux auditeurs que ce sont là les seuls mots anglais du texte et que la chanson a pour objectif de se moquer des Britanniques.

 

L’éloge d’Eisenhower

 

Lili Marleen poursuit sa voie triomphale. En Afrique du Nord, ce ne sont pas seulement les soldats de l’Afrika Korps qui écoutent l’émetteur de Belgrade. Vers vingt-deux heures, les Britanniques, eux aussi, cherchent à le capter. Lorsque les lignes de front sont très proches et que les Britanniques n’ont pas de récepteur, ils crient, le soir, à leurs ennemis allemands : « Comrades, louter please » (= « Plus fort, camarades ! »). Les commandants alliés ne sont pas heureux mais ne peuvent pas davantage enrayer le succès de la chanson dans les rangs de leurs soldats. Les Allemands produisent même une version anglaise qu’ils diffusent pour leurs émissions de propagande destinées à la Grande-Bretagne. Les autorités alliées sont acculées et ne peuvent que faire contre mauvaise fortune bon cœur : elles produisent à leur tour une traduction. En Grande-Bretagne, c’est Vera Lynn, la « sweeheart of the forces », qui enregistrera la chanson. Aux Etats-Unis, ce rôle sera dévolu à Marlène Dietrich.

 

La version de Marlène Dietrich fut un tel succès que beaucoup croiront plus tard que ce fut elle qui avait été la première à lancer la chanson. Sur les partitions et écrits où figure la musique de Lili Marleen, on trouve erronément le nom du compositeur Paul Lincke mais tous s’accordent à concéder, en toute honnêteté, le « copyright » à « Apollo Verlag Germany » (même si les bénéfices en ont été confisqués).

 

Après la guerre, Lale Andersen continua à chanter sa chanson la plus connue lors de concerts organisés pour les troupes d’occupation américaines et britanniques en Allemagne. Eisenhower rendit hommage au poète Hans Leip en disant de lui « qu’il fut le seul Allemand qui avait rendu le monde plus heureux pendant toute la guerre ». Sur le compositeur Norbert Schulze, le général américain ne prononça pas un mot car il avait également composé des chansons politisées à grand succès, telles « Bomben auf Engeland » (= « Bombes sur l’Angleterre ») et « Panzer rollen in Afrika vor » (= « Les panzer foncent en avant sur la terre d’Afrique »). Liese-Lotte Bunnenberg, comme se nommait Lale Andersen à l’état-civil, mourut en 1972, âgée de 67 ans. Hans Leip décéda en 1983, ayant atteint l’âge de 90 ans. Et Norbert Schulze allait avoir 92 ans quand il mourut en 2002.

 

Jan NECKERS.

(article paru dans « ‘t Pallieterke », Anvers, 22 août 2007).

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mardi, 11 septembre 2007

R. Steuckers: Entretien accordé à G. Luyt

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Réponses aux questions de Guillaume Luyt

Entretien avec Robert Steuckers

Robert Steuckers, qu'est-ce que Synergies Européennes ?

«Synergies Européennes» est une amicale paneuropéenne, qui regroupe, de manière somme toute assez infor­mel­le, des non conformistes de toutes nationalités qui travaillent sur un ensemble de thèmes communs: criti­que du mondialisme et des idéologies dominantes, révolution conservatrice et thématiques assimilables à ce complexe politico-idéologique riche de différences, projets alternatifs en économie et en droit, littérature cri­tique des travers de notre monde contemporain, philosophie nietzschéenne et postmoderne, etc. Cette ami­cale "fonctionne" naturellement et spontanément sans structures autres qu'un bureau européen, dont j'assure le secrétariat et qui a pour simple tâche de coordonner des activités communes, comme les séminaires ré­guliers ou ponctuels, les universités d'été ou les rencontres amicales. Comme vous l'aurez sans doute appris par la rumeur, j'avais découvert la ND en 1973 quand j'avais 17 ans et j'y ai travaillé longtemps en gardant toutefois un certain scepticisme au fond du cœur. Toujours, j'ai voulu œuvrer à la charnière de cette ND, que je percevais comme un cercle d'études (j'étais avec Guillaume Faye au “Secrétariat Etudes & Recherches"/ SER), et les diverses expressions du nationalisme révolutionnaire, que je percevais comme des tentatives d'an­crage de nos études dans la réalité sociale; comme des espaces effervescents capables de conquérir une niche et de la consolider sur les échiquiers politiques nationaux dans les Etats européens.

Pour moi, l'aire NR devait être aux forces identitaires ce que le tissu associatif gauchiste était aux forces mar­xistes et surtout à la sociale-démocratie européenne. On mesure pleinement aujourd'hui le succès de ce travail gau­chiste en marge de la sociale-démocratie ou des forces écologistes quand on aperçoit des Fischer ou des Jo­s­pin, des Blair ou des Schröder au pouvoir. Je me suis malheureusement trompé jusqu'ici, mais, en dépit de cet­te erreur d'analyse factuelle, je demeure convaincu qu'une consolidation de cette aire politique, si elle se réa­­lise, sera la base de départ d'un renouveau. Que les extrêmes droites classiques, véhiculant un vétéro-natio­na­lisme anti-social, a-critique à l'égard des structures dominantes, ou des résidus de pensée théologique ou des bricolages complotistes ou des nostalgies des fascismes ou des para-fascismes, sont incapables de mener à bien. La ND, centrée autour d'Alain de Be­noist, avait toujours refusé, avant 1985 et après 1987, de frayer avec des groupes plus militants, portés par des jeunes gens dynamiques (entre 1985 et 1987, les principaux ex­po­sants de la ND accordent toutefois des entretiens aux revues du MNR de J. G. Mal­liarakis, sans que cette coo­pé­ra­tion ponctuelle et passagère ne donne de véritables résultats). Pour nous, qui œuvrions à Bruxelles depuis 1976, ce refus néo-droitiste était une insuffisance. Nous préférions les synthèses allemandes et italiennes, notamment le mélange allemand de nationalisme révolutionnaire et de nouvelle droite, dont les observateurs scientifiques ou critiques ne parviennent pas à séparer les ingrédients (voir les travaux de Bartsch, Pröhuber, etc.). En Italie, Pino Rauti, entre 1978 et 1982, dirigeait le bimensuel Linea, où les options nationales ré­vo­lu­tion­nai­res se mêlaient très habilement à certaines thèses de la ND, rendant particulièrement instructive la lecture de cette publication très vivante, très en prise sur les réalités quotidiennes de la péninsule. La syn­thèse réussie de Linea a toujours été pour moi un modèle.

Dans le cadre de mes activités en marge du GRECE d'abord, du Groupe EROE ("Etudes, Recherches et Orien­ta­tions Européenne") puis de Synergies Européennes ensuite, j'ai toujours tenté de rétablir un contact entre ces deux pôles, l'un théoricien, l'autre activiste. Je n'ai jamais renié mon compatriote Jean Thiriart, avec qui j'ai échangé un courrier aussi abondant que truculent (nous nous échangions des épithètes dignes du Capitaine Haddock), qui fut un maître incontournable sur deux plans: sa volonté de parfaire toujours une analyse géopo­li­ti­que de la scène internationale et, ensuite, sa volonté d'analyser les situations politiques intérieures à l'aune des instruments que nous ont laissés des hommes comme Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca, Serge Tchakhotine, Da­vid Riesman, Raymond Aron (surtout "Les grands courants de la sociologie contemporaine"), etc. Thiriart était un analyste lucide des tares des régimes dominants; il méprisait profondément les politiciens à la petite semaine, qui n'agissent que par fringale d'intérêts personnels et par appétit de petits pouvoirs sans impact sur le fonctionnement réel de la politique. J'ai aussi participé régulièrement aux activités du MNR de Jean-Gilles Malliarakis à Paris, dont les interventions publiques étaient si chaleureuses à la mode latine et méditerra­néen­ne. Le MNR de Malliarakis était comme une grande famille et je regrette vivement qu'une structure de ce type n'existe plus aujourd'hui dans la capitale française, permettant des échanges féconds.

J'ai également participé à la revue Nationalisme et République de Michel Schneider, ce qui m'a valu les foudres d'A­lain de Benoist et de Charles Champetier. Heureusement que ces deux personnages ne sont que des Jupiters de petit voltage, juchés sur des taupinières, et que leurs foudres ne m'ont pas terrassé: elles n'ont eu que l'ef­fet d'un micro-postillon crachoté par une musaraigne. L'expérience de Nationalisme et République a été fort in­­téressante dans la mesure où des esprits très différents ont fait confluer leurs réflexions non conformistes dans ce journal, lui conférant une pertinence rarement égalée depuis. Ensuite, dernière remarque sur Natio­na­lisme et République: cette trop courte expérience éditoriale a permis notamment de suggérer les bases d'une recomposition géopolitique de l'Europe.

Incompatibilité entre politique et satano-saturnalisme

En revanche ma collaboration avec Christian Bouchet ("Nouvelle Résistance", le FEL) a tourné court. Bien que j'ai toujours amèrement déploré sa rupture, incompréhensible, avec le mouvement "Troisième Voie" de Jean-Gilles Malliarakis, qui, lui, a trop vite jeté l'éponge, j'ai toujours regardé le mouvement lancé ou repris par Bouchet avec sympathie et nous échangions publications et informations; nous nous sommes retrouvés à Paris dans une salle du 18ième arrondissement à côté d'Alexandre Douguine, nous semblions coopérer sans arrière-pen­sées, jusqu'au jour où Bouchet a eu une idée somme toute assez saugrenue. A la veille des élections euro­péennes de 1994, il a rendu visite au président français de "Synergies Européennes", Gilbert Sincyr, un ancien du GRECE, pour lui demander de placer les membres de SE sur une liste de candidats, dirigée par Bouchet lui-même, qui devait s'opposer à celle du FN de Le Pen. A juste titre, Sincyr a jugé que cette opé­ra­tion n'avait pas raison d'être et que SE, tout comme le FEL, risquait de se couvrir de ridicule, vu les scores for­cé­ment dérisoires que cette liste aurait obtenus. Bouchet a très mal pris ce refus et s'est mis en campagne contre Synergies Européennes, avec, en coulisse, l'appui d'Alain de Benoist et du "Chancelier" (!) du GRECE, Maurice Rollet, qu'il rencontrera à Marseille pour jeter les bases d'un "front commun" contre nous (et contre moi en particulier!).

Ce comportement irrationnel et puéril a fait perdre beaucoup de temps au mouvement. Par ailleurs, bon nom­bre de "synergétistes" voyaient d'un fort mauvais œil les activités non politiques de Bou­chet, où se mê­laient un culte du Britannique Aleister Crowley (sujet/objet de sa thèse universitaire), des pra­ti­ques sa­ta­nistes et sa­turnalistes, des rites sexuels du plus haut comique, où les participants s'affublent d'ori­peaux sacerdotaux d'où dépassent, obscènes, leurs attributs, sacrifices de poulets (pauvres bêtes!) par dé­ca­pitation en psalmodiant des in­cantations hystériques en faux tibétain, etc. Bouchet fait évidemment ce qu'il veut dans ses pénates, s'in­vente les jeux érotiques qui lui plaisent (à chacun selon ses voluptés!), mais un mixte de ces bouffonneries et de la politique —chose sérieuse quand elle refuse d'être purement politicienne— ne peut rien rapporter de bon, si ce n'est les quolibets de nos adversaires, qui peuvent ainsi largement alimenter leurs fantasmes. Le grou­pe “anti-fasciste” Golias étant particulièrement friand de ce genre de mixtum com­po­situm. Tout en gar­dant certaines réserves et en conservant mon esprit critique, je reconnais pleinement par ail­leurs l'excellence des deux derniers ouvrages de Bouchet: le volume collectif intitulé Les nouveaux natio­nalistes et l'ouvrage didactique qu'il vient de publier chez Pardès: Le B.A.BA du néo-paganisme. Bouchet a fait là œuvre utile, mais pour ses dérapages "saturnalistes", je conseille à tous de lire les deux pages bien claires de Victor Vallière, intitulées “De Satan à Loki: l'erreur de parcours de certains néo-païens” (in: Réfléchir & Agir, n°9, été 2001). Vallière nous donne là le vade-mecum de tout responsable local pour faire face à des velléités de saturnalisme ou de satanisme: il faut leur opposer un non possumus catégorique.

Ma collaboration avec Lookmy Shell (PCN) n'a débouché sur rien non plus, mis à part quelques articles dans ses publications. Ultérieurement, la querelle Bouchet/Shell, quels qu'en soient les motifs, a enrayé, à mon avis, la progression du mouvement nationaliste révolutionnaire, y compris des revues de Shell lui-même, qui au­raient pourtant mérité une plus ample diffusion, surtout qu'elles contenaient les articles de Frédéric Kisters, dont le niveau est excellent. Je reconnais notamment le bien fondé des tentatives de Lookmy Shell d'éradiquer tou­­tes les formes de “nazisteries” qui entachent le mouvement national-révolutionnaire et le couvrent de ridi­cule. Mais de là à imiter les insuffisances des mouvements qui s'auto-proclament “anti-fascistes” ou “anti-ra­cis­tes” et de faire du “nazisme” (défunt depuis mai 1945!!!) un concept extensible à l'infini, il y a une marge… Lookmy Shell a malheureusement franchi cette marge et renforcé la confusion qui règne depuis longtemps déjà dans la mouvance NR. J'aurais voulu poursuivre avec lui une quête sur le stalinisme, l'histoire de la diplomatie so­vié­ti­que, la mise en œuvre de la Sibérie dans les premières décennies du pouvoir soviétique, sur l'eurasisme, sur la di­plomatie soviétique pendant la guerre froide, sur la géopolitique des Balkans. A cause de l'attitude incom­pré­hensible de Lookmy Shell, toute cette documentation est restée en jachère mais, soyez-en sûrs, elle ser­vi­ra à d'autres. Par ailleurs, le comportement de Shell à mon égard demeure inexplicable. Il me reproche no­tam­ment d'a­voir dialogué avec le FNB de Marguerite Bastien, dont le journal, Le Bastion, a repris certains de mes pro­pos, sous la forme de deux ou trois interviews, axés principalement sur le problème de la Turquie dans l'OTAN et dans l'an­tichambre de l'UE. Lookmy Shell accusait l'équipe du Bastion d'être inspirée par une idéologie bru­ne-bleue (c'est-à-dire naziste-libérale) et d'être pro-occidentale, alors que dans le conflit du Kosovo, par ex­em­ple, elle a sévèrement critiqué la politique de l'OTAN et ne s'est jamais réclamée du national-socialisme. Je me de­man­de en quoi mes rapports avec les uns ou les autres regardent Lookmy Shell, et pourquoi s'arroge-t-il le droit de se poser en juge (fouquier-tinvillesque) de toute une presse, nationale ou autre? Quelles sont ses com­pé­­ten­ces intellectuelles, quelle élection l'a donc érigé à ce poste qu'il se donne arbitrairement? Shell n'a jamais été mon professeur et je n'ai jamais été membre de son mouvement. Dont acte. Et s'il n'en prend pas acte, je pense que son jugement est vicié et s'assimile aux rodomontades d'un interné qui se prendrait pour l'Empereur Napoléon (ou pour un autre personnage historique). Il y aurait là un vice dans l'appréhension du réel. Que je dé­­plore. Quand je visiterai une nouvelle fois un Asklepion hellénique, je demanderai à ce bon Esculape d'in­ter­céder en sa faveur, de trouver remède à ce mal qui afflige mon bon compatriote Lookmy Shell. Et quand un voi­sin catholique se rendra à Lourdes, je lui demanderai de dire une belle prière pour le Chef suprême du PCN, dont le retour à l'équilibre vaut bien quelques cierges consumés devant cette belle grotte pyrénéenne. Afin que nous puissions tous bénéficier de son rétablissement. Et relancer la machine interrompue à cause de ses co­lères aussi bruyantes qu'inexplicables.

Ces diverses péripéties montrent que l'espace ND/NR pose problème. Qu'il est tiraillé entre un empyrée théo­rique parfaitement éthéré —la planète Sirius disait un jour Pierre Vial en faisant allusion au GRECE— et un dis­cours qui s'englue dans des répétitions stériles, c'est-à-dire dans un piège mortel, où l'on n'appréhende plus le réel correctement. Si, à cet irréalisme et à ses répétitions, s'ajoutent l'arbitraire de personnalités en proie à des défaillances de jugement ou des illusions de grandeur, tout l'édifice, déjà fragile, bascule dans le néant. C'est pourquoi je salue avec joie, aujourd'hui, l'émergence de personnalités nouvelles, qui ont le sens de la camaraderie, de la solidarité, des nuances, de la nécessité de fédérer toutes les forces, de proposer une al­ter­native crédible et acceptable, à condition que ces personnalités adoptent systématiquement des démarches prospectives en direction des besoins réels de nos sociétés, quittent les marécages dangereux du nostalgisme et du sectarisme. Je pense aux efforts d'Eddy Marsan en France, qui juge la situation politique avec le regard acéré du philosophe réaliste, et de l'équipe du journal De­venir en Belgique, qui bénéficie depuis quelques nu­méros de la plume de Frédéric Kisters, qui a quitté, ef­fra­yé, le PCN de Lookmy Shell, à la suite de déboires dont je ne connais pas les détails. La tâche de ces person­na­lités nouvelles et dynamiques sera ardue, mais si elles persévèrent, elles réussiront au moins à établir soli­de­ment un édifice critique (à l'encontre de l'éta­blis­se­ment) et affirmateur (de valeurs et de perspectives poli­ti­ques nouvelles) dans le double champ de la ND et du NR. Et devenir, par conséquent, l'espace de renou­velle­ment des forces identitaires en Europe, que j'avais tou­jours espéré voir advenir. Laissons les personnalités à pro­blèmes se réfugier dans leur tour d'ivoire, prendre une retraite parfois méritée, dans de belles demeures ru­ra­les, en zone verte, pour se calmer les nerfs en siro­tant de réconfortantes tisanes.

Travailler à l'avènement d'une collégialité conviviale

Ce dont nous avons besoin, et que nous appelons de nos vœux depuis l'émergence de "Synergies Européennes", c'est l'avènement d'une col­lé­gialité conviviale et courtoise (ce sont les termes mêmes de notre charte), où cha­cun garde bien sûr qui sa re­vue, qui son cercle, qui son site internet, dans une pluralité féconde qui sera fédé­rée en ultime instance par un état d'esprit non sectaire, où l'intérêt collectif prime les humeurs et les af­fects per­sonnels. Ceux qui souf­frent de tels affects, ou se prennent pour des oracles infaillibles tout en menant des "stra­tégies personnelles" et en semant la zizanie, n'ont pas leur place au sein d'une telle collégialité. Il ne s'agit pas d'oblitérer les élans personnels et les initiatives de qualité; au contraire, il faut les laisser intacts et les fé­dérer ponctuellement, sans faire régner un mauvais esprit de soupçon, ni un caporalisme stérilisant, car de tels es­prits sapent le fonc­tion­nement optimal de tout groupe organisé.

Dans le cadre de la ND, il faut aussi déplorer une ambiguïté importante dans la définition qu'elle donne de la "cul­­ture", en tentant de la dégager et de l'autonomiser par rapport à toute démarche ou réflexion politiques, aus­si modestes soient-elles. Pour moi, une culture politique implique d'aborder les questions

- de la géopolitique (la dynamique croisée de l'histoire et de la géographie, des volontés humaines et de la don­née spatiale),

- du droit (le droit comme expression de l'identité politique d'un peuple, d'un Etat ou d'un Empire),

- de l'économie (les institutions économiques nationales ou locales sont autant l'expression de la culture d'un peu­ple que ses productions artistiques; la revalorisation des institutions économiques spécifiques est un an­­tidote contre les tentatives d'arasement globaliste)

- de l'histoire ancienne et immédiate, car nos méthodes sont généalogiques et archéologiques au contraire de celles des idéologies dominantes, qui plaquent sur le réel des idées toute faites; chaque entité poli­ti­que doit être ramenée à son histoire, à sa trajectoire propre dans le temps, et ramasser son passé pour le pro­jeter vers l'avenir, son avenir, distinct de celui des autres entités.

Cette approche nous différencie de la ND au sens habituel du terme, qui n'a pas abordé ces questions de ma­niè­re systématique, mais a mis davantage l'accent sur la volonté de créer une religion-ersatz (avec des rituels as­­sez parodiques et puérils: incantations biscornues devant une vieille pierre de meule rebaptisée "soleil de pierre", d'où l'expression d'un humoriste, qui avait assisté, à son corps défendant, à ce médiocre spectacle: le "pa­­ganisme du soleil pétrifié"), de forger une nouvelle morale en posant des interrogations sans fin (comme l'at­­­testent, par exemple, les deux numéros de Krisis sur la morale qu'Alain de Benoist a fait paraître naguère). Je ne nie pas l'importance des questions religieuses, morales ou éthiques mais je critique la propension à pren­dre prétexte de ces questions pour générer un questionnement sans fin qui n'aboutit à rien (les philosophes di­ront: le "trilemme de Münchhausen"). Les grandes valeurs religieuses ou éthiques ont déjà été énoncées et vé­cues dans le passé: il suffit de le reconnaître et de s'y soumettre. Le Bushido du shintoïsme japonais ou le Tao Te King chinois, par exemple, tous deux sources d'inspiration d'Evola, sont là, depuis toujours à notre dispo­si­tion. Nous pouvons les méditer, nous forger le caractère à leur lecture comme des millions d'hommes avant nous, intérioriser les admirables leçons de force et de modestie que ces deux textes nous offrent. C'est cela la pé­rennité de la Tradition. Un questionnement inquiet et torturé ne peut rien apporter de bon, si ce n'est l'in­dé­cision et le solipsisme, tares impolitiques par excellence.

Quelle est la dimension de votre combat ?

La dimension de notre combat est tout à la fois culturelle et politique. Elle vise la création d'une école politi­que européenne, puisant ses arguments dans les corpus culturels de notre continent. Géographiquement, ce com­bat est d'emblée européen, car, en notre point de départ, la Belgique, le cadre offert par le territoire na­tional est insuffisant (voire ridicule dans ses limites et indéfendable militairement). Les grands élans politiques ont toujours été impériaux ou européens chez nous, tant dans leurs dimensions laïques (comme chez "Jeune Eu­­rope" de Jean Thiriart), que bien souvent aussi dans leurs dimensions catholiques, où l'iconographe et pé­da­go­gue de l'histoire, le Chanoine Schoonjans des Facultés Saint-Louis, défendait toujours un point de vue im­pé­rial et catholique, même s'il devait parfois faire des concessions au "nationalisme petit-belge". En ultime in­stan­­ce, la patrie est le Saint-Empire, héritier de Rome. Les intellectuels de la fonction souveraine de ce Saint-Em­­pire, à ses débuts, étaient les clercs "lotharingiens", dont la plupart venaient du triangle Liège/Maas­tricht/ Aix-la-Chapelle, patrie originelle des Pippinides. Malgré cet affreux oubli du passé, qui nous pousse au­jourd'hui vers un univers orwellien, vers cette société du spectacle absolu sans profondeur temporelle que nous annon­çait Guy Debord, l'idée de cet aréopage de "lotharingiens" qui travaillent silencieusement au maintien de la struc­ture impériale, est une des idées motrices qui nous animent dans nos cercles de Brabant et de Liège. Cet­te Chancellerie "lotharingienne" trouve un écho dans la volonté de Carl Schmitt de recréer une telle in­stance, ap­pelée à énoncer un droit constitutionnel continental, de facture historiciste, flanquée d'une é­co­no­mie auto-cen­trée d'échelle continentale, reposant tous deux sur un recours à la Tradition, c'est-à-dire aux for­ces spi­ri­tuelles éternelles de l'Europe. Des "Lotharingiens" à Carl Schmitt, nous avons trouvé la conti­nui­té de gran­de pro­fondeur temporelle dans laquelle, humblement, nous nous inscrivons, en tâchant d'être de mo­destes con­ti­nua­teurs ou, du moins, les vestales de feux qui ne doivent pas s'éteindre.

De la guerre préventive des Américains contre l'Europe dans les Balkans, en Méditerranée orientale et en Asie centrale

Quant à la dimension plus pragmatique, que les impératifs de l'heure nous imposent, nous tentons de travailler de concert avec des amis allemands, italiens, espagnols, britanniques, français, helvétiques, russes, croates ou ser­bes sur des thématiques communes à toute l'Europe. Nous tentons de déconstruire à l'avance les antago­nis­mes artificiels que les services de diversion américains cherchent à bétonner en Europe. Par exemple, quand Hun­tington laisse sous-entendre qu'un clivage insurmontable existe de facto entre l'Europe occidentale (catho­lique et protestante) et l'Europe orientale (slavo-orthodoxe et son prolongement sibérien), il avance en fait un ar­gument de propagande pour rendre possible la guerre préventive que mènent les Etats-Unis contre toute con­centration de forces sur la masse territoriale eurasienne. En incluant la Grèce dans la sphère slavo-orthodoxe, les Etats-Unis, héritiers des stratégies de "containment" de l'Empire britannique, veulent à l'avance bloquer toute avancée des puissances danubiennes d'Europe centrale (allemande et serbe) en direction du bassin orien­tal de la Méditerranée, où Chypre déjà, est occupée par les Turcs depuis 1974. En fabriquant un axe musulman et néo-ottoman de la Thrace turque à l'Albanie, les Américains tirent un verrou infranchissable dans la portion sud du territoire balkanique, isolant la Grèce, qui, membre de l'UE et de l'OTAN, et réticente face aux pro­vocations turques, ne peut plus servir de tête de pont dans le bassin oriental. La géopolitique, vous le con­sta­tez, dans cet exemple très actuel, est une discipline faite de méthodologies diverses, qui vise à donner autant d'ouvertures possibles à nos forces continentales et apprend à prévoir l'organisation par nos adversaires de verrous ou le déploiement de stratégies bloquantes, qui visent à nous asphyxier politiquement, économique­ment, culturellement. Les travaux de nos amis croates et serbes (Antun Martinovic et Dragos Kalajic) ont été très éclairants dans cette problématique.

Enfin, il n'y a pas d'impérialité possible en Europe sans une économie propre qui suit ses règles spécifiques et non pas des recettes, néo-libérales et globalistes, énoncées en d'autres lieux, notamment dans les écoles et in­stituts de l'adversaire principal, les Etats-Unis. L'application de ces recettes conduit à notre impuissance. Nous travaillons donc sur les alternatives viables en économie, que des économistes français, tels Perroux, Albertini et Silem, avaient nommé les "hétérodoxies", qu'ils opposaient aux "orthodoxies", c'est-à-dire le libéralisme clas­sique (radicalisée aujourd'hui en "néo-libéralisme"), le communisme soviétique, désormais défunt, et les recet­tes de Keynes telles qu'elles sont appliquées par les sociales démocraties européennes (alors que l'œuvre de Key­­nes, nous le verrons parce que nous la travaillons actuellement, permet d'autres politiques). Pas d'im­pé­ria­lité non plus sans un droit clair et unifié, permettant d'harmoniser l'unité et la diversité. Un disciple de Carl Schmitt, Ernst Rudolf Huber, nous suggère un fédéralisme unificateur, respectueux des forces enracinées, seu­les garantes d'une "Sittlichkeit", c'est-à-dire d'une identité éthique et historique offrant la stabilité évoluante d'une continuité. C'est-à-dire une éthique vivante, politique et historique, qui permet de se projeter dans l'a­venir sans rester engluée dans des formes de gouvernance figées et sans jeter par-dessus bord les acquis du pas­sé. Guillaume Faye parlerait, lui, d'"archéofuturisme". En bref: l'antidote radicale à l'obsession de la "table rase" qui nous conduit tout droit à l'ambiance sinistre du 1984 d'Orwell et à la société moutonnière du spec­tacle, critiquée par Debord.

Vous venez de tenir votre université d'été, quelle place tient ce rendez-vous dans l'action de SE ?

L'Université d'été tient effectivement une place centrale dans nos activités. Elle est simultanément la Diète du mouvement, qui permet à nos sympathisants, venus de toute l'Europe, de se rencontrer et de constater que bon nombre de leurs préoccupations sont les mêmes en dépit des barrières nationales ou linguistiques.

Quelles en ont été les interventions principales ?

Il n'y a pas eu d'interventions principales et d'interventions secondaires, lors de cette 9ième Université d'été (qui est simultanément notre 16ième rencontre internationale). Nous avons toujours voulu présenter un panel d'orateurs chevronnés et d'orateurs néophytes. Cette méthode permet un enrichissement réciproque et évite le piège de la répétition, qui, comme je viens de vous le dire, est mortel à terme. Souvent les orateurs néophytes se défendent d'ailleurs fort bien. Ce fut le cas cette année plus que jamais. Parmi les orateurs chevronnés, nous avons eu Guillaume Faye, Frédéric Valentin, le Général Reinhard Uhle-Wettler et moi-même.

Faye nous a parlé de la "convergence des catastrophes" qui risque fort bien de s'abattre sur l'Europe dans les deux prochaines décennies. C'est un thème qu'il a déjà eu l'occasion d'évoquer dans ces trois derniers ouvrages, mais qu'il va approfondir en étudiant les théories de la physique des catastrophes. Le résultat final de cette quête va paraître dans une dizaine de mois et nous offrir une solide batterie d'argumentaires pour notre "philosophie de l'urgence", que nous avons tous deux héritée de nos lectures de Carl Schmitt (l'Ernstfall sur lequel nous travaillions déjà ensemble au début des années 80, notamment avec le concours de notre ami milanais Stefano Sutti Vaj et de la revue portugaise Futuro Presente), d'Ernst Jünger et de Martin Heidegger. Cette "philosophie de l'urgence" est dénoncée avec rage aujourd'hui par notre ancien "patron", Alain de Benoist, qui renie ainsi une bonne partie de ses propres positions, exprimées dans les colonnes des diverses revues néo-droitistes: on reste pantois à voir ainsi le chef de file de la ND/Canal historique renier purement et simplement les auteurs clefs de la RC et de la ND, qui se veut son héritière. Pire: il s'était posé comme le disciple fidèle d'Armin Mohler, auteur du manuel de référence principal des ND allemandes et italiennes (paru en version fran­çaise chez Pardès). Mohler développait une pensée de l'urgence, tirée des auteurs de la RC dont Jünger, de Carl Schmitt (“die Entscheidung”, “der Ausnahmezustand”), des disciples de celui-ci qui parlaient d'«Ernstfall», de la théorie de Walter Hof sur le “réalisme héroïque” et de la philosophie du Français Clément Rosset, auteur d'un ouvrage capital: La logique du pire. Pour Rosset, il fallait en permanence penser le pire, donc l'urgence, pour pouvoir affronter les dangers de l'existence et ne pas sombrer dans le désespoir devant la moindre contra­rié­té ou face à un échec cuisant mais passager. Mohler et Rosset sont mes professeurs: je n'accepte pas qu'on les trahisse aussi misérablement, que l'on opère une volte-face aussi pitoyable, surtout que rien, mais alors rien, n'est jamais venu infirmer la justesse de leurs démonstrations. La critique d'Alain de Benoist contre la pen­sée de l'urgence, telle que Faye l'articule, est résumée en une seule page de son journal, celle du 1 août 1999 (cf. La dernière année, L'Age d'Homme, 2000). Elle est à mon avis très bête, et toute à la fois suffisante et insuffisante. “Suffisante” par la prétention et la cuistrerie qui se dégagent de cette leçon sans substance, dia­métralement opposée à celles de Mohler et Rosset, et “insuffisante” par sa nullité et sa non pertinence.

Economie régulée et modèles sociaux traditionnels

Frédéric Valentin a abordé deux thèmes importants: la théorie de la régulation, avancée par les gauches au­jourd'hui, mais qui puise dans les corpus "hétérodoxes" (selon la définition de Perroux, Albertini et Silem). Pour les régulationistes français, la bonne marche de l'économie dépend de l'excellence des institutions politiques et économiques de l'entité où elle se déploie. Ces institutions découlent d'une histoire propre, d'un long terme his­torique, d'une continuité, qu'il serait tout à fait déraisonnable d'effacer ou de détruire, sous peine de dis­lo­quer la société et d'appeler une cascade de problèmes insolubles. Par conséquent, une économie qui se vou­drait "mondiale" ou "globale" est une impossibilité pratique et une dangereuse illusion. Dans sa deuxième in­ter­vention, il a montré comment les civilisations indiennes et chinoises avaient mis au point des garde-fous pour em­pêcher les classes sociales s'adonnant au négoce (du latin "neg-otium", fébrilité ou frénésie sans élégance) de contrôler l'ensemble du corps social.

Le Général Uhle-Wettler, ancien commandant des unités parachutistes allemandes et ancien chef de la 1ière Division aéroportée de la Bundeswehr, nous a exhorté à lire attentivement

- les ouvrages de Paul Kennedy sur la dynamique des empires et sur le concept d'hypertension impériale (im­perial overstretch),

- de Zbigniew Brzezinski pour connaître les intentions réelles de Washington en Eurasie et

- de Noam Chomsky pour connaître les effets pervers du globalisme actuel.

Cet exposé a été d'une clarté limpide, tant par la voix d'un homme habitué à haranguer ses troupes que par la concision du chef qui donne des ordres clairs. En tous points, les énoncés et les conclusions du Général cor­res­pondaient aux projets de notre "Ecole des Cadres", dirigée par Philippe Banoy, ce qui a évidemment en­thou­siasmé les stagiaires de cette école, présents à l'Université d'été! Mieux: debout à côté du Général pour tradui­re ses propos en français, j'ai été frappé d'entendre son appel aux jeunes Allemands à rejoindre un cercle com­me le nôtre pour élaborer l'alternative au monde actuel.

Pour ma part, j'ai présenté 54 cartes historiques de l'Europe, montrant le conflit cinq fois millénaire de nos peuples avec les peuples de la steppe eurasiatique. Nos cartographies scolaires sont généralement insuffisantes en France, en Allemagne et en Belgique. Les Britanniques en revanche, avec les atlas scolaires de Colin McEvedy, que je ne cesse de potasser depuis plus de vingt ans, disposent d'une cartographie historique beaucoup plus précise. En gros, quand les peuples européens dominent la steppe eurasienne jusqu'aux confins du Pamir (et peut-être au-delà, vers la Chine, à partir de la Dzoungarie et du désert du Taklamakan), ils sont maîtres de leur destin. Mais dès qu'un peuple non européen (Huns, Turcs) dépasse le Pamir pour s'élancer sur la ligne Lac Balkhach, Mer d'Aral, Mer Caspienne, il peut rapidement débouler en Ukraine puis dans la plaine hongroise et disloquer la cohésion territoriale des peuples européens en Europe. Cette vision, bien mise en exergue par la cartographie de Colin McEvedy, depuis la dispersion des peuples iraniens en Eurasie (vers 1600 av. J. C.), permet de bien mesurer les dangers actuels, où, avec Brzezinski, les Américains considèrent que l'Asie centrale fait partie de la zone d'influence des Etats-Unis, qui s'appuient sur les peuples turcophones.

Pour jeter les bases d'une "révolution conservatrice" civile

Dans une deuxième intervention, plus littéraire celle-là, j'ai montré comment les ferments de la fameuse "ré­volution conservatrice" allemande étaient né dans un cercle lycéen de Vienne en 1867, pour se développer en­suite à l'Université puis dans la sphère politique, tant chez les socialistes que chez les nationalistes. L'objectif de ce cercle, animé par la personnalité d'Engelbert Pernerstorfer, était de raviver les racines, de promouvoir un système d'enseignement populaire, de combattre les effets de la société marchande et de la spéculation boursière, de diffuser des formes d'art nouvelles selon les impulsions lancées par Schopenhauer, Wagner et Nietzsche (la "métaphysique de l'artiste", créateur de formes immortelles par leur beauté). La "révolution con­ser­vatrice" de Pernerstorfer est intéressante dans la mesure où elle se déploie avant la césure gauche/droite, socialistes/nationalistes, dévoilant une synthèse commune qui nous permet aujourd'hui de surmonter le clivage gauche/droite, qui bloque toute évolution idéologique, sociale et politique dans nos sociétés. Ensuite, le cor­pus idéologique qui a germé à Vienne de 1867 à 1914, permet de déployer une "révolution conservatrice" civile, c'est-à-dire une RC qui est en phase avec toutes les problématiques d'une société civile et non pas de la réduire à un "univers soldatique" comme dans la période de guerre civile qui a régné en Allemagne de 1918 à 1923. L'"u­ni­vers soldatique" est certes fascinant mais demeure insuffisant pour une pratique politique en temps normal (ceci dit pour répondre aux critiques insuffisantes et insultantes de de Benoist à l'encontre de toute pensée de l'urgence).

Deux autres orateurs de 40 ans se sont succédé à notre tribune: Andreas Ferch qui nous a brossé une esquisse biographique de Georg Werner Haverbeck, ancien animateur de la jeunesse "bündisch", inféodé par décret aux jeunesses hitlériennes, en rupture de banc avec le parti dès 1936 (parce que Haverbeck voulait une jeunesse fonctionnant selon les principes de la "démocratie de base" et non pas une jeunesse sous la tutelle d'un Etat), pasteur à Marbourg dans les années 40 et 50, animateur de cercles pacifiques au temps de la guerre froide (ce qui lui a valu le reproche d'être un "agent rouge"), fondateur de l'écologie non politicienne dans les années 80, refusant l'inféodation au gauchisme des Grünen (ce qui lui a valu le reproche de "néo-nationaliste" sinon pi­re…). Un destin étonnant qui résume toutes les problématiques de notre siècle. Werner Haverbeck est décédé à la fin de l'année 1999, à l'âge de 90 ans.

Heidegger et les effets pervers de la manie "faisabiliste"

Oliver Ritter, pour sa part, nous a parlé avec une extraordinaire concision et une remarquable clarté de Martin Heidegger. Il a parfaitement démontré que la transposition de critères et de grilles d'analyse de type technique ou de nature purement quantitative/comptable dans l'appréhension du réel conduit à des catastrophes (à cause du "voilement" ou de l'"oubli" de l'Etre). Face à l'option "archéofuturiste" de Faye, qui a des aspects techniciens, voire assurément "technophiles", en dépit de références heideggeriennes, les positions de Ritter sont bien sûr différentes, mais non "technophobes", dans la mesure où Heidegger s'émerveille aussi devant la beauté d'un pont qui enjambe une vallée, d'un barrage qui dompte une rivière ou un fleuve. Heidegger, et Ritter à sa suite, dénonce le désenchantement, y compris celui des productions de la technique, par l'effet pervers de ce culte technicien et quantitativiste de la faisabilité (Machbarkeit, feasability). Cette faisabilité (que critique aussi Ema­nuele Severino en Italie) réduit à rien la force intérieure des choses, qu'elles soient organiques ou produites de la main de l'homme. Cette réduction/éradication conduit à des catastrophes, et assurément à celles, convergentes, qu'annonce Faye. Ce dernier est plus proche du premier Heidegger, qui voit l'homme ar­raisonner le réel, le commettre, le requérir; Ritter, du second, qui contemple, émerveillé, les choses, souvent simples, comme la cruche qui contient le vin, au sein desquelles l'Etre n'a pas encore été voilé ou oublié, de ce second Heidegger qui dialogue avec ses disciples zen japonais dans son chalet de la Forêt Noire.

Sven Henkler, secrétaire de Synergon-Deutschland, vient de sortir un ouvrage sur le rapport homme-animal, totalement vicié aujourd'hui. Henkler nous a présenté son ouvrage le plus récent, Mythos Tier, qui déplore la déperdition définitive du rapport sacré qui existait entre l'homme et l'animal, de l'effroi respectueux que ressentait parfois l'homme face à la force de l'animal (notamment l'ours). L'animal est devenu pure mar­chan­di­se, que l'on détruit sans pitié quand les réquisits de l'économie l'exigent. Thierry de Damprichard a présenté un panorama des auteurs américains de la Beat Generation et explicité quelles influences ils avaient reçues d'Ezra Pound. Cette présentation a suscité un long débat qu'il a magistralement co-animé avec Guillaume Faye, très bon connaisseur de cette littérature, très en vogue dans les années 60. Ce débat a permis de rappeler que no­tre contestation du système (et de l'«américanosphère») est également tributaire de cette littérature protesta­taire. Guillaume Faye a notamment dit qu'elle avait marqué une figure non-conformiste française qui a démar­ré sa carrière dans ces années-là, qui est toujours à nos côtés: Jack Marchal.

Le rôle géopolitique futur de l'Inde et de sa marine

Jorge Roberto Diaz nous a parlé de la géopolitique de l'Inde, dans le cadre de diverses interventions sur les questions stratégiques et géostratégiques. Nous abordons chaque année un ensemble de questions de ce domai­ne, afin de consolider nos positions géopolitiques. L'ouvrage auquel Diaz s'est référé pour prononcer son exposé est celui d'Olivier Guillard, La stratégie de l'Inde pour le 21ième siècle (Economica, Paris, 2000). Jouer la carte in­dienne est un impératif géostratégique pour l'Europe et la Russie d'aujourd'hui, qui permettrait de contourner la masse territoriale turcophone, afghane/talibanique et pakistanaise, mobilisée contre l'UE et la Fédération de Rus­sie par les Etats-Unis. Une alliance entre l'UE, la Russie et l'Inde aurait pour corollaire de contenir l'effer­ves­cence islamiste et surtout, comme l'a très bien exposé Diaz, de contrôler l'Océan Indien et le Golfe Persique, donc les côtes des puissances islamiques alliées des Etats-Unis. Le développement de la marine indienne est donc un espoir pour l'Europe et la Russie qui permettra, à terme, de desserrer l'étau islamique dans le Caucase et les Balkans et de parfaire, le cas échéant, un blocus de l'épicentre du séisme islamiste, c'est-à-dire l'Arabie Saoudite. La menace qui pèse sur l'Inde vient de l'occupation américaine de l'île de Diego Garcia, où sont con­cen­trées des forces impressionnantes, permettant aux Etats-Unis de contrôler les flots et le ciel de l'Océan In­dien ainsi que le transit maritime du pétrole en direction de l'Europe, de l'Afrique du Sud, du Japon et des nou­veaux pays industriels d'Asie orientale.

Max Steens nous a plongés dans la pensée politique chinoise, en évoquant la figure de Han Fei, sage du 3ième siècle avant l'ère chrétienne. Han Fei nous suggère une physique politique limpide, sans jargon, avec, en plus, 47 principes pour prévenir toute pente vers la décadence. Phrase ou aphorismes courts, à méditer en perma­nen­ce! Le renouveau de notre espace politico-idéologique passe à notre sens par une lecture des sagesses po­litiques extrême-orientale, dont

- le Tao-Te-King, traduit en italien par Julius Evola pendant l'entre-deux-guerres et texte cardinal pour com­prendre son idéal de “personnalité différenciée” et son principe de “chevaucher le Tigre” (c'est-à-dire de vivre la décadence, de vivre au sein même de la décadence et de ses manifestations les plus viles, sans perdre sa force intérieure et la maîtrise de soi),

- le traité militaire de Sun Tsu comme le préconise Philippe Banoy, chef de notre école des cadres de Wal­lonie,

- le "Tao du Prince" de Han Fei, comme le préconise Steens de l'école des cadres de Bruxelles et

- le code du Shinto japonais, comme le veut Markus Fernbach, animateur de cercles amis en Rhénanie-West­phalie. Fernbach est venu nous présenter le code du Shinto avec brio, avec une clarté aussi limpide que son homologue français ès-shintoïsme, que je n'ai pas l'honneur de connaître, Bernard Marillier, auteur d'une étude superbe sur ce sujet primordial, parue récemment chez Pardès.

Tremper le caractère, combattre les affects inutiles qui nous distraient de l'essentiel

Ces voies asiatiques conduisent à tremper le caractère, à combattre en nos fors intérieurs tous les affects inu­tiles qui nous distraient de l'essentiel. Un collège de militants bien formés par ces textes, accessibles à tous, per­mettrait justement de sortir des impasses de notre mouvance. Ces textes nous enseignent tout à la fois la du­reté et la sérénité, la force et la tempérance. Après la conférence de Fernbach, le débat s'est prolongé, en abordant notamment les similitudes et les dissemblances entre ce code de chevalerie nippon et ses homologues persans ou européens. On a également évoqué les "duméziliens" japonais, étudiés dans le journal "Etudes indo-européennes" du Prof. Jean-Paul Allard de Lyon III, bassement insulté par la presse du système, qui tombe ainsi le masque et exhibe sa veulerie. Enfin, il y a eu un aspect du débat qui me paraît fort intéressant et promet­teur: notre assemblée comptait des agnostiques, des païens, des catholiques et des luthériens. Ethique non chré­tienne, le Shinto peut être assimilé sans problème par des agnostiques ou des païens, mais aussi par des ca­tho­liques car le Vatican a admis en 1936 la compatibilité du shintoïsme et du catholicisme romain. On peut donc être tout à la fois catholique et shintoïste selon la hiérarchie vaticane elle-même. Dès lors pourquoi ne pas étendre cette tolérance vaticane aux autres codes, ceux de la Perse avestique ou des kshatriyas indiens, le culte romain des Pénates, etc., bref à tout l'héritage indo-européen? Voilà qui apporterait une solution à un problème qui empoisonne depuis longtemps notre mouvance. Mais cette reconnaissance du shintoïsme, qui da­te de 1936, sous le Pontificat de Pie XII, est-elle encore compatible avec les manifestations actuelles du catho­li­cisme: les mièvreries déliquescentes de Vatican II ou l'impraticable rigidité des intégrismes obtus?

Manfred Thieme nous a ramenés à l'actualité en montrant avec précision les effets de la privatisation de l'éco­nomie dans les PECO (pays d'Europe centrale et orientale), en prenant pour exemple l'évolution de la Répu­blique Tchèque.

Les autres conférences, prévues à Bruxelles pendant le week-end précédant l'Université d'été proprement dite, seront prononcées plus tard, majoritairement en langue néerlandaise. Successivement, Jürgen Branckaert, Pré­sident des Jeunes du Vlaams Blok, l'historien brugeois Kurt Ravyts, Philippe Banoy, Guillaume Faye et moi-même y prendront la parole. Branckaert évoquera une figure cardinale de notre histoire: le Prince Eugène de Savoie, vainqueur des Turcs à la fin du 17ième siècle. Un cercle "Prince Eugène" verra le jour à Bruxelles, ras­sem­blant des Flamands et des Wallons fidèles à l'idée impériale, fédérant les cercles épars qui véhiculent la même inébranlable fidélité, tels “Empire et puissance” de Lothaire Demambourg ou la “Sodalité Guinegatte”. Des sections seront créées ensuite en Autriche, en Hongrie et en Croatie, de façon à nous remémorer notre seule légitimité politique possible, détruite par la révolution française, mais dans une perspective plus claire et plus européenne que celle de l'iconographie que nous avait présentée, dans notre enfance, le Chanoine Schoonjans, avec les images de la collection “Historia”. Ravyts analysera les influences de Gabriele d'Annunzio et de Léon Bloy, notamment sur la figure du national-solidariste flamand Joris Van Severen. Il rendra de la sorte cette figure de notre histoire plus compréhensible pour nos amis français et italiens. Cet exposé per­mettra également de raviver le souvenir de Léon Bloy dans notre mouvance, qui l'a trop négligé jusqu'ici. Banoy analysera l'œuvre de Vladimir Volkoff et en tirera tous les enseignements nécessaires: lutte contre la sub­version et la désinformation. Guillaume Faye présentera une nouvelle fois sa théorie de la “convergence des catastrophes".

La diversité de vos intervenants se retrouve dans la liste de diffusion multilingue que vous animez sur le net. Qu'il s'agisse de culture, de politique ou de géostratégie, vous offrez à vos destinataires des contri­butions qui tranchent bien entendu avec la pensée unique mais aussi bien souvent avec la routine intel­lectuelle des milieux nationalistes, français en tous cas. Précisément, quel regard portez-vous sur les na­tionalismes européens en général et français en particulier ?

Le rôle d'un cercle "métapolitique" est aussi de diffuser de l'information en vrac pour aider les jugements à se forger, pour concurrencer, dans la mesure du possible, l'idéologie que véhiculent les médias. Nous diffusons en six langues, le français, l'anglais, l'allemand, le néerlandais, l'espagnol et l'italien. Ce sont les six langues de travail de Synergies Européennes en Europe occidentale. Bon nombre de nos destinataires sont multilingues et la combinaison de langues maîtrisées varie d'individu à individu. Ce service de documentation électronique vise essentiellement, comme vous le devinez, à contredire et à critiquer l'idéologie dominante, celle de la "pensée unique" et de la "political correctness", mais aussi à enrichir le discours de nos lecteurs, quel que soit le secteur où ils sont actifs, politiquement ou professionnellement. En confrontant les idées de leurs milieux national, politique ou professionnel à celles de milieux similaires dans d'autres pays ou espaces linguistiques, ils consolident leurs idées, apprennent à les illustrer avec davantage d'arguments donc à transcender tout ce qui pourrait être répétition stérile. Nous tranchons de la sorte avec les routines du nationalisme français comme avec toutes les autres routines qui sévissent ailleurs. Pour moi, le nationalisme n'a de sens que s'il est une pratique qui consiste à capter les forces agissantes dans la société civile, dans le "pays réel" aurait dit Maurras, mais qui sont contrecarrées dans leur déploiement par l'établissement, ou le "pays légal".

Le "pays réel" des petites et honnêtes gens

Quant au regard que nous portons sur le nationalisme français, vous devinez qu'il est critique, justement parce qu'il vient d'ailleurs, d'un lieu hors Hexagone. En général, les observateurs scientifiques des phénomènes nationalistes dans le monde opèrent une distinction entre les "nationalismes étatiques" et les "nationalismes populaires" ou "ethniques". Les nationalismes étatiques, dans cette optique, seraient ceux qui privilégieraient les appareils d'Etat sans tenir compte des facteurs ethniques ou en s'opposant à ceux-ci. Les nationalismes populaires ou ethniques serait ceux qui instrumentaliseraient les forces populaires contre les appareils, jugés étrangers et coercitifs. Généralement, les nationalismes populaires ou ethniques se réclament du philosophe allemand Johann Gottfried Herder, père spirituel des nationalismes allemand, flamand, scandinaves, finnois, hongrois, russe, serbe, croate, tchèque, grec, slovaque, irlandais, breton, etc. On a opposé ce nationalisme du substrat ethnique aux idées de la révolution française, qui utilisent les forces organiques du peuple pour faire triompher des abstractions qui, une fois établies, travailleront à éradiquer les peuples réels. En dehors de France, le nationalisme français est souvent confondu avec les idées révolutionnaires jacobines, qui sont considérées comme anti-nationales. Ernest Renan a tenté de formuler un "nationalisme d'élection", un nationalisme fait d'adhésion volontaire à une "idée" nationale. Cette formule est également considérée comme un leurre par les nationalismes d'inspiration herdérienne, cette volonté et cette "idée" apparaissant trop éthérées par rapport à la substantialité que représentent l'héritage ancestral, la littérature véhiculée de génération en génération, les lignées de chair et de sang, la langue comme réceptacle de tous les souvenirs ataviques. La formule de Maurras éveille la même suspicion, à l'exception de sa distinction entre "pays réel" et "pays légal". Où le pays réel des "petites et honnêtes gens" (Péguy!) est exploité et écrasé par un pays légal mais foncièrement illégitime. En ce sens, Maurras est ambigu: dans sa jeunesse félibrige, il était un adepte de Herder qui s'ignorait. Il pariait directement sur le charnel local, cherchait à le dégager de l'emprise d'un légalisme abstrait. Cette trajectoire va continuer : la nostalgie d'un populisme organique ne cesse de hanter de grands esprits en France. Les fédéralistes autour d'Alexandre Marc et de Guy Héraud, qui commencent leurs travaux dans les années 30, les éléments critiques à l'égard d'un étatisme trop rigide que l'on repère dans l'œuvre de Bertrand de Jouvenel, le "folcisme" provençal, rural et paysan d'un Giono, les mouvements paysans de l'entre-deux-guerres, le slogan la "Terre ne ment pas" du temps de Vichy, les éléments épars de toute cette quête diffuse qui se retrouve dans le populisme gaulliste pendant la guerre et dans l'après-guerre, etc. La synthèse de toutes ces merveilles de la pensée du 20ième siècle n'a pas encore été faite. Malheureusement ! Cependant, les orientations nouvelles du gaullisme dans les années 60, après les tumultes de la guerre d'Algérie, avec la volonté de créer un Sénat des régions et des professions et de lancer l'idée mobilisatrice de "participation" mériteraient, à notre sens, une attention plus soutenue de la part des cercles néo-nationalistes en France, qu'ils soient inféodés à des partis ou non.

Un programme nouveau pour le nationalisme français

Enfin, il est évidemment qu'en dehors de France, et même dans les régions francophones à la périphérie de l'Hexagone, l'Histoire n'est pas jugée de la même manière. Par rapport au reste de l'Europe, l'Histoire de Fran­ce, depuis Louis XI (que nos instituteurs appelait l'«Universelle aragne», en reprenant l'expression qu'utilisait à son propos Charles le Hardi, Duc de Bourgogne, que l'historiographie française nomme le «Téméraire») et sur­tout depuis François I est regardée avec une évidente animosité. L'alliance que François I noue avec les Ot­tomans est considérée comme une trahison à l'égard du "bloc civilisationnel" européen. Cette animosité est difficilement surmontable, car lorsque nous avons affaire à des amis allemands (surtout du Sud), espagnols, autrichiens, hongrois, croates, lombards ou vénitiens, nous sommes amenés tout naturellement à partager la même vision de l'histoire: celle qui voit l'Europe unie contre les adversaires communs en Afrique du Nord et dans les Balkans. La France, comme du reste l'Angleterre, et dans une moindre mesure le Portugal et la Suède, fait bande à part, est perçue comme étant en marge de notre bloc civilisationnel. Par conséquent, notre souhait est de voir se développer une nouvelle historiographie française qui aurait les caractéristiques suivantes:

◊ Elle se réapproprierait une bonne part de la tradition bourguignonne, dans la mesure où celle-ci est fidèle à l'Empire, forge un "Ordre de la Toison d'Or" visant à reprendre pied dans l'espace pontique (Mer Noire);

◊ Elle revaloriserait des figures comme Catherine Ségurane, héroïque niçoise en lutte contre les Ottomans et François I (cf. «Une jeune Niçoise résiste au Turc Barberousse», in : Historia, n°593, mai 1996);

◊ Elle se réfèrerait davantage à la Sainte-Ligue, au-delà d'un catholicisme trop intransigeant, car la Sainte-Ligue était alliée à une Espagne combattante, notamment en Méditerranée et en Afrique du Nord;

◊ Elle se réfèrerait aux mouvements populaires de résistance, ainsi qu'à la Fronde, contre les tentatives de centralisation, qui n'avait qu'un but, spolier la population pour financer des guerres contre le reste de l'Europe et au profit de l'allié ottoman;

◊ Elle réactualiserait la politique maritime de Louis XVI, qui fut capable de damer le pion à la Royal Navy, et qui aurait, s'il avait réussi, dégagé définitivement l'Europe de l'«anaconda» thalassocratique (Haushofer);

◊ Elle mettrait en exergue la conquête de l'Algérie, imposée par la Restauration européenne à la France, pour expier les fautes de François I, qui avait, par ses manœuvres pro-ottomanes, fait échouer les conquêtes de Charles-Quint, amorcées en Tunisie, et des troupes espagnoles en Oranie;

◊ Elle renouerait avec le gaullisme anti-impérialiste et participationniste, en dépit des clivages catastrophiques de la guerre d'Algérie, ce qui permettrait de retomber à pieds joints dans le concret, en avançant une politique d'indépendance agricole et d'indépendance énergétique, pariant sur la diversité des sources, en proposant un modèle social original, dépassant les insuffisances du libéralisme et du capitalisme de type anglo-saxon, de lancer une politique spatiale (de concert avec le reste de l'Europe), de consolider un armement nucléaire, de relancer une flotte crédible (cf. les thèses de l'Amiral Castex et les travaux de Hervé Coutau-Bégarie) et de maintenir l'atout majeur qu'est une industrie aéronautique autonome, prête à coopérer avec ses consœurs européennes (notamment Saab en Suède).

Vous le constatez: nous ne sommes pas seulement critiques, par rapport aux errements du passé, nous sommes surtout positifs car nous proposons aux Français de mettre leurs atouts au service d'un bloc civilisationnel, capable de résister aujourd'hui aux Etats-Unis et à son appendice, le monde islamique, travaillé par les intégrismes de tous acabits.

 

lundi, 10 septembre 2007

Traité de Tanger

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Traité de Tanger

10 septembre 1844 : Le sultan du Maroc signe un accord avec la France lors du Traité de Tanger. Il se ménage ainsi une neutralité dans la guerre qui oppose Paris aux insurgés marocains et algériens rassemblés autour de l’Emir Abd el-Kader, chef charismatique, développant une mystique ascétique et guerrière digne d’admiration. Le sultan, vénal et corrompu, préférait s’allier aux Français plutôt que d’élever son peuple aux principes religieux et militaires prônés par Abd el-Kader. Ce dernier se rendra l’année suivante au général Lamoricière, esprit clairvoyant qui a su admirer à sa très juste valeur l’éthique militaro-religieuse du chef marocain. Ce rapprochement entre Paris et le sultan du Maroc, plutôt allié de revers des Anglais contre l’Espagne, conduit à une première ébauche d’alliance franco-anglaise contre le reste de l’Europe, ce qui conduira le diplomate Constantin Frantz à démontrer que seuls la Prusse et les empires austro-hongrois et russe sont authentiquement européens : les nations occidentales ont désormais des intérêts extra-européens et ne possèdent plus leur centre de gravité en Europe même (cf. « Constantin Frantz », par Robert Steuckers, in : « Encyclopédie des Œuvres Philosophiques », PUF, 1992).

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World Company: farce démocratique

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Texte de 2000: toujours d'actualité pouyr connaître notre dossier "Etats-Unis" !!

Les commentaires de Rodolphe LUSSAC sur les élections américaines

La farce démocratique de la World Company

Le plus populaire et le plus grand dispensateur de morale démocratique à l'échelon planétaire, empêtré dans un imbroglio médiatico-judiciaire a bien du mal cette fois-ci à cacher la crise de son propre modèle démocratique. A ce stade de crétinisme jubilatoire des médias américains et de leurs relais européens, il ne faudrait surtout pas compter sur les Américains pour nous dire le fin mot de l'épisode burlesque qui dévoile leur système politique et leur démocratie. Il convient pour les Européens de tirer eux-mêmes les leçons de l'impasse d'un certain modèle démocratique, voué à s'exporter dans le monde entier. La crise d'une pratique démocratique et des mécanismes de la plus grande puissance mondiale n'est l'illustration d'un phénomène de banqueroute généralisé des mécanismes démocratiques à l'échelon planétaire. Bien sûr, l'hypocrisie occidentale subsiste, le décalage entre le discours "prêt-à-porter" —et plein de compassion— destiné aux pays “non démocratiques” ou “tout juste” démocratiques, et les précautions si peu "démocratiques" dont s'entoure ce même Occident pour maîtriser la démocratie et contrôler voire détourner le suffrage universel.

A/ Première leçon du fiasco de l'élection présidentielle américaine. Les spectateurs, ébahis et étourdis par les infos contradictoires, découvrent qu'un candidat ayant largement la majorité du vote populaire peur perdre l'élection. En fait, l'élection américaine en question ne se fait pas au suffrage universel direct. Pourtant, ce serait le fondement de toute vraie démocratie. La non application du suffrage universel pour l'élection présidentielle est même inscrite dans la constitution, et cela dure depuis plus de deux siècles, sans que personne aux USA, ni ailleurs, ne s'en offusque. On peut comprendre que les pères fondateurs se soient méfiés du vote populaire, du choix des citoyens; et qu'ils aient mis en place un subtil dispositif d'ajustement, un correctif de démocratie. Un suffrage indirect, avec grands électeurs et quotas par Etats. Depuis deux cents ans personne de rouspète, alors qu'on clouerait au pilori n'importe quel pays qui voudrait se démocratiser graduellement et à sa façon, et qu'on accuserait violemment de manipulation, de lèse-majesté, les Américains en premier.

B/ Les Américains sont le modèle par excellence de la bipolarisation, les champions du bipartisme, l'Amérique est le paradis d'une prétendue stabilité que le système est censé garantir. Tout a été construit, concocté dans ce sens: le mode de scrutin, le financement de la politique, le fonctionnement des institutions et du monde judiciaire, et toute la gigantesque propagande médiatique adéquate. De la sorte, deux grands partis, blanc bonnet, bonnet blanc, sont assurés du monopole éternel sur les institutions et la politique du pays. Deux écuries immuables qui, quels que soient les résultats de n'importe quelles élections, dans le rôle du battu ou du vainqueur, sont assurées d'être d'une manière ou d'une autre au pouvoir. En gros, toute idée, toute conviction, tout autre intérêt, d'hier, d'aujourd'hui ou de demain, est contraint de prêter allégeance à l'une des deux grandes familles. C'est une sorte de politique en "figures imposées". Le pluralisme, dans ce cas, ne doit pas dépasser le chiffre deux, 1+1=2, coëfficient d'intelligence moyen de nos voisins d'outre-mer. C'est binaire, kabbalistique, c'est électronique, c'est "fun" et "hightec", c'est simple, c'est "con", disons-le, mais ce n'est pas démocratique. Aux USA, on n'interdit pas les partis, on s'arrange astucieusement pour les empêcher de naître.

C/ Résultat 1: tous ceux qui n'entrent pas dans les deux moules imposés ne votent pas, ne s'intéressent pas à la politique et ne s'engagent pas. Puisque aucun parti nouveau ne peut percer dans un système verrouillé, tous ceux qui ont des revendications spécifiques et mènent une politique au "réel" se replient dans les réflexes identitaires et catégoriels. D'autres prennent même la bonne vieille Winchester pour faire de la rébellion au fin fond du Wyoming. Les groupements de Noirs, Latinos, Jaunes, Arabes, femmes, les sectes diverses témoignent alors d'un éclatement parallèle de la société américaine, qui n'est pas le pluralisme politique. Bref un décloisonnement si peu universel, si peu politique, en aucun cas démocratique.

D/ Le bipartisme planifié, verrouillant la vie politique, génère inéluctablement l'isolement de la classe politique en une petite coterie hermétique. D'abord, parce qu'elle est perçue comme une caste professionnelle fermée, et ensuite parce que les deux parties n'étant menacées par aucune concurrence ne voient pas l'intérêt d'un recrutement immédiat. C'est pourquoi il n'y a pas de circulation des élites mais omniprésence d'une oligarchie toute puissante. Les élites politiques se recrutent dans les mêmes familles, sinistres dynasties qui transmettent de génération en générations le kitch et le mauvais goût, label père et fils. Pour ne citer que les superstars de l'élection présidentielle, le candidat Bush est le fils de son père d'ancien président, et le frère de son cadet de gouverneur de la Floride, Etat de tous les litiges et affaires crapuleuses. Quant à Gore, digne des stars de films aussi débiles que lui, il est fils d'ancien sénateur, tout comme le nouveau sénateur Hillary est la femme de son célèbrissime Clinton de mari.

E/ Le discours et l'idéologie ultra-libérale, dispensés un peu partout dans le monde, qui prônent la mort des partis, le règne du consensus, le dénigrement de la politique et, du coup, l'aliénation de la volonté populaire et la soumission de tous les pouvoirs aux seules puissances de l'argent, sous-traitent la figuration et l'industrie du spectacle politico-médiatique à des partis sur mesure, ce bon vieux rêve ultra-libéral trouve son illustration et son apothéose dans le système américain. Ni gauche ni droite ni idées ni idéaux ni convictions mais deux gentils pôles interconnectés, si d'accord sur l'essentiel, sur la loi de la jungle, la société de marché et de consommation, la fatalité des inégalités, et puis, pour la galerie, un peu divergents sur deux ou trois rubriques budgétaires qui n'empêchent pas la bourse de Wall Street de dormir et de flamber.

F/ Tout ce beau système s'entretient. Les médias appartiennent bien entendu aux puissances financières qui sont toujours là pour la besogne des campagnes opulentes. Leur rôle entre deux élections est de maintenir le citoyen dans les abîmes de la médiocrité. Culture saupoudrée de l'individualisme le plus crasse, ragots et supercheries de bas étages. Pour la politique, bruits de chiottes et scandales minables. Circulez, bonnes gens, il n'y a pas d'idées. La seule institution qu'il convient d'aduler, c'est la bourse, les empires financiers, tout ce qui dispense publicité et recettes pour que vivent les médias qui ne pensent rien et surtout n'incitent pas à la réflexion. A haïr, à calomnier, à s'abrutir, se chouter, démissionner, à désespérer, à se désengager totalement de la vie collective, oui, mais comprendre, réagir, réfléchir et s'engager, non. Bref la boucle est bouclée, le système fonctionne à merveille. Mais cette fois-ci l'imbroglio électoral, la bévue monumentale des médias, les suspicions de fraudes et de manipulation, seront-ils balayés d'un coup? La démocratie américaine peut-elle prendre le risque de pérenniser un système qui révèle des failles aussi flagrantes? Oui, je le crois, car nos voisins sont trop bêtes et avachis dans leur système, à coup sûr ils perpétueront encore pour des siècles et des siècles, jusqu'à l'apocalypse peut-être, et, j'ironise bien sûr, jusqu'au paradis de la "WORLD COMPANY": Consensus, talk-shows débiles et voyeurisme grassouillet, bipolarisation forcée, négation du pluralisme, dépolitisation, dérive commerciale des médias, abstentionnisme. Ils en sont capables car ils ont peu d'imagination et pas le moindre signe d'intelligence.

La Floride, pivot des "Etats-Désunis”

Des semaines après la fermeture des derniers bureaux de vote, les Etats Unis ne sont toujours pas certains de pouvoir connaître l'identité du prochain président. La victoire dans la course à la Maison Blanche qui a mobilisé plus de 100 millions d'électeurs, se joue dans les banlieues de Palm Beach, en Floride, peut-être même au Kosovo, où plusieurs dizaines de GI's floridiens votent par correspondance. En Floride, le recomptage manuel des voix —ou judiciaire peu importe— prend progressivement les allures de guérilla juridique, sous les yeux d'une Amérique déboussolée. On envoie sur place des bataillons de juristes qui vont compliquer et alambiquer l'affaire au point d'en arriver à la farce électorale. Trois recours en justice ont déjà été intentés par les électeurs de Gore dans le comté de Palm Beach, majoritairement démocrate. La légitimité du président sortant sera —une chose est sûre— quelque peu tarie par les contorsions de la Floride. Le dysfonctionnement des mécanismes électoraux, et le déficit de la démocratie témoignent de l'abîme qui sépare deux Amériques, irréconciliables, l'une pauvre, moyenne, populaire, avachie et dépolitisée, l'autre riche, sectaire et privilégiée du système dominant. Le prochain président devra recoller les morceaux de ces Etats-Désunis. Il était tout de même plus facile de changer de président en Roumanie, en Côte d'Ivoire et même à Belgrade.

L'amphétamine judiciaire comme antidote aux réformes

La “judiciarisation” à outrance du vote floridien témoigne de la carence du système électoral américain. Des voix s'élèvent paradoxalement pour étouffer tout débat sur une réforme hypothétique du système. Des voix dans le désert synarchique. L'appât des votes floridiens est devenu si avide que les parties concernées ne cessent d'utiliser tous les recours juridiques possibles que le système électoral des Etats-Unis fabrique tel un labyrinthe pour les citoyens égarés, les noces fastueuses pour les avocats impliqués. Si cette anecdote se poursuit ad vita eternam, si cette bataille juridique perdure, alors il y aura une possibilité pour que le vote de la Floride soit récusé le 18 décembre, le jour au cours duquel les grands électeurs de tous les Etats de l'Union doivent se prononcer. Ainsi les grands électeurs de la Floride ne peuvent pas voter lorsqu'une seule et unique cause reste pendante devant les tribunaux, alors seuls leurs collègues des autres Etats pourront agir. Il leur reste le temps suffisant pour consulter tous les lobbies et groupes de pression concernés. Cela démontre que le système électoral américain reste une architecture inextricable qui suscite une confusion généralisée des esprits saturés. Seuls les avocats se délectent dans les dédales des recours judiciaires. En fait, une sacralisation des textes judiciaires aboutit à diffuser une amphétamine redoutable via les médias pour éviter un quelconque débat sur la fiabilité du système électoral, la grande majorité de la scène politico-médiatique réitère inlassablement une confiance absolue en la constitution. L'histoire est restée figée en 1787 à l'époque où l'on colonisait en toute impunité sans vote préalable des terres étrangères au nom d'un messianisme pionnier qui ne cesse de faire des ravages encore à notre époque contemporaine. Le discours passéiste et apologétique des autorités de ce pays ne cesse de ressasser que la démocratie américaine a ceci de très vertueux qu'elle est justement perfectible. En fait si refonte il y a, alors c'est bien le collège électoral auquel s'accrochent les dix plus grands Etats avec verve parce qu'il les avantage indûment par rapport aux autres Etats; bref la “judiciarisation” étouffe tout débat et contestation et les Etats-Unis se transforment en une république de sophistes censitaires et de gargantuas modernes infatués et incorrigibles.

Au royaume corrompu de la polyarchie

L'électorat universel, cosmopolite et bigarré pourrait choisir entre un président blanc bonnet et un président bonnet blanc. L'US Air Force fatiguée de larguer des bombes, pourrait bien finir par larguer les urnes. La technologie avancée de l'Oncle SAM, lassé de téléguider des missiles sur les peuples récalcitrants à la pax americana, pourrait se refaire une santé en téléguidant des volontés politiques des peuples. Pour le moment, la responsabilité d'élire ce super-président pèse lourd sur les épaules d'un seul Etat: la Floride. Connaissant l'allégeance politique de cet Etat, le problème aurait dû être réglé dès le début en faveur de Bush Junior. Mais il faut tenir compte du fait que cet Etat contient une grande concentration de militaires (théoriquement ralliés au camp Républicain) et une large communauté cubaine qui en voudrait à mort au camp démocrate du fait de l'affaire du "petit Gonzales", ceci sans oublier le rôle des démocrates dans l'affaire de la Baie des Cochons. Comment donc expliquer les résultats si serrés de l'élection, surtout en Floride? Est-ce que certains lobbies bien pensants y seraient donc pour quelques chose? Un certain lobby bien connu du public noyaute profondément l'appareil démocrate, tout en étant présent dans l'appareil républicain. Derrière Bush, on trouve tous les complexes puissants tel que le complexe militaro-industriel. Ce qui distinguerait cette élection des précédentes serait plutôt, comme le rapporte la presse américaine, qu'Al Gore s'est adjoint, et ce, pour la première fois dans l'histoire des USA, un vice-président d'origine juive. Cette décision aurait établi un consensus juif autour du camp d'Al Gore. Il ne s"agit pourtant pas de schématiser et d'adopter une position trop réductionniste car l'Amérique est dirigée par une pléthore de lobbies, avec des intérêts parfois convergents ou divergents, de sorte qu'une polyarchie corrompue se retrouve de bas en haut de la pyramide du pouvoir. Il n'en reste pas moins qu'aux plus forts moments de la crise au Proche-Orient, Hillary Clinton dénonce la résolution des Nations Unies condamnant Israël “pour usage excessif de la force contre les Palestiniens”. Ce n'est pas un concours de circonstance, mais Hillary est devenue ensuite la première femme américaine à être élue au Congrès. Qui dirige l'Amérique du Nord ? Post scriptum: secret de polichinelle.

La pax americana à la lumière de Montesquieu

L'élection présidentielle aux Etats-Unis, aussi médiocre et tragi-comique soit-elle, peut pourtant être sujette à une réflexion intéressante, voire comparative, qui générera des considérations inspirées de celles de Montesquieu sur "les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence", écrites en 1734. Elles sont toutes d'actualité et très instructives notamment lorsqu'elles se transposent à la Pax americana, et surtout dans le chapitre sur "l'Art de la conduite que les Romains tinrent pour soumettre tous les peuples". On y lit ils "tenaient à terre ceux qu'ils trouvaient abattus", "ôtaient une partie du domaine du peuple vaincu pour le donner à leurs alliés", se servaient de ceux-ci pour faire la guerre à leurs ennemis, "ce en quoi ils faisaient deux choses; ils attachaient à Rome des rois dont elle avait peu à craindre et beaucoup à espérer et en affaiblissaient d'autres dont elle n'avait rien à espérer et tout à craindre". Après avoir détruit des armées, ils ruinaient les finances en faisant payer les frais de guerre, ce qui forçait les dirigeants de ces pays "d'opprimer leurs peuples et de perdre leur amour. Les vaincus pouvaient se voir décerner les récompenses éclatantes, notamment le titre convoité "d'allié du peuple romain", amis ils n'en étaient que le plus souvent humiliés. Comment ne pas songer au Traité de Versailles, accablant et honteux, que les Etats-Unis et leurs alliés ont imposé en 1919 à l'Allemagne avec des réparations de guerre que le peuple allemand devait payer jusqu'en 1988, puis encore comment ne pas transposer cette stratégie d'assujettissement des peuples à la situation des pays du Tiers Monde sans parler des immondes sanctions infligées à l'Irak. En effet, la fin de l'ordre bipolaire, avec l'effondrement de l'URSS, permettait aux Etats-Unis, en tant que puissante dominante du moment, d'en revenir à la politique de la canonnière; la mise en œuvre d'une telle politique est le produit d'un approfondissement des réflexions stratégiques entreprises depuis 1984 sur les opérations de dissuasion sélective, lesquelles, après avoir planché sur les conflits de faible intensité, étudièrent les moyens à mettre en œuvre pour faire face à des conflits de moyenne intensité, qui mettaient en scène des puissances régionales disposant d'un important armement conventionnel comme la Syrie et l'Iraq. Dans les pays les plus faibles, on utilise la stratégie du "coupe-feu" qui consiste à monnayer au prix d'une libéralisation du marché le bouclier protecteur d'Oncle Sam et le titre d'alliés; là ou le pays est plus récalcitrant et "entêté", on met en œuvre le concept de conflit de moyenne intensité qui implique la mise au point de nouvelles techniques d'intervention, prévoyant le transport sur de longues distances, et dans les délais les plus brefs possibles, des troupes nombreuses et un matériel conventionnel important, capable de faire la différence face à des ennemis disposant d'une puissance de feu non négligeable. Bref pour soumettre l'ennemi on utilise tout d'abord la dissuasion, le "pressing diplomatique", euphémisme pour un chantage économico-financier, ou, sous prétexte de pacification, on intervient militairement et médiatiquement comme ultime recours. Ainsi, Grenade, l'Afghanistan, la Guerre du Golfe, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, ne sont que le théâtre où les Etats-Unis ont pu tester la pertinence de leurs schémas théoriques stratégiques et la fiabilité de leur logistique et de leur armement. Là où il n'y avait pas de conflit dans une zone géostratégique convoité par l'Oncle Sam, on induit artificiellement et volontairement des conflits de faible ou de moyenne intensité pour prétexter une intervention hypothétique. Les Etats-Unis sont passé maîtres en l'art de générer le chaos déterminé et minuté. Mais poursuivons la lecture de Montesquieu. L'utilisation des peuples voisins étaient en général la tactique adoptée: "quand deux peuples étaient en guerre, quoiqu'ils n'eussent aucune alliance, ni rien à démêler avec l'un ni l'autre, ils ne laissaient pas de paraître sur la scène et de prendre le parti du plus faible. C'est l'illustration de la politique d'alliance des Etats-Unis vis-à-vis des conflits régionaux du type Ossétie, Bosnie, Azerbaïdjan-Arménie, etc... "Ils s'appuyaient toujours sur des alliés à proximité du peuple qu'ils désiraient vaincre, alliés qu'ils avaient créés de toute pièces. "Ils n'accordaient point de paix à un ennemi qui ne contint une alliance, c'est-à-dire qu'ils ne soumettaient point de peuple qu'il ne leur servit à en abaisser d'autres". Les peuples soumis ou à soumettre mettaient tous leurs espoirs dans un tel traité. Pour Rome, la paix n'était qu'une manière de préparer la guerre et les traités n'étaient que des suspensions dans la guerre; les peuples vaincus, soumis ou à se soumettre n'étaient jamais épargnés même dans l'humiliation: après chaque victoire, Rome suscitait deux factions, s'immisçait dans les affaires intérieures, utilisaient les opposants qualifiés "d'alliés du peuple romain" et divisait afin d'affaiblir. Du Honduras au Salvador, en passant par le Chili et le Nicaragua, toute la politique étrangère et militaire des Etats-Unis est ici expliquée en quelques mots. Néanmoins Montesquieu constate que Rome "avait une manière lente de conquérir", "car il fallait attendre que toutes les nations fussent accoutumées à obéir comme libres ou comme alliés avant de leur commander comme sujettes". C'est ce qui distingue la mission civilisatrice universelle qu'entreprenait les Légions Romaines dans les quatre coins du monde et dans le respect des religions et de la diversité des peuples sujets, et la Barbarie hégémoniste des Etats-Unis d'aujourd'hui qui ne propose aucune vision du monde ni de véritable projet de société, et broie, pille et appauvrit tel un rouleau compresseur niveleur, impitoyablement, les peuples qui refusent de se soumettre au dictat de l'Argent-roi, du libéralisme mercantile, de la loi du marché et de la société multiculturelle.

 

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dimanche, 09 septembre 2007

Maladie de la pomme de terre en Irlande

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La maladie de la pomme de terre en Irlande au XIXième siècle

9 septembre 1845 : Le journal irlandais « Dublin Evening Post » signale l’apparition de la maladie de la pomme de terre, qui ruinera le petit paysannat irlandais, provoquera une épouvantable famine et enclenchera un processus d’émigration de très grande ampleur. Le nationalisme irlandais prendra son envol au départ des terribles injustices commises par les propriétaires britanniques et protestants et par une sordide « justice » aux ordres contre les familles paysannes insolvables. Plus rien n’arrêtera la progression de la revendication identitaire irlandaise. Notons que la Flandre, elle aussi, sera victime de cette terrible maladie affectant la tubercule de Permentier, base de l’alimentation des masses ouvrières et rurales. La Reine Louise-Marie fera beaucoup pour les déshérités mais un processus d’émigration frappera aussi la Flandre, en direction de la Wallonie en voie d’industrialisation rapide, de la France qui avait besoin de main-d’œuvre agricole et des Etats-Unis.

Le sentiment national flamand s’en trouvera également renforcé, de même qu’une solidarité avec les souffrances des Irlandais. Cette solidarité catholique et paysanne a alimenté la veine anglophobe du mouvement flamand, aujourd’hui largement battue en brèche par l’offensive anglophile et américanophile du publiciste Paul Belien, dont l’objectif sournois est de dégager le mouvement flamand de toutes autres influences qu’anglo-saxonnes, notamment de le dépouiller de toutes les influences allemandes et autrichiennes qui lui avaient donné sa force depuis les dernières décennies du 19ième siècle jusqu’aux années 60.

Ces influences, à la fois catholiques et herdériennes (issues de la pensée de Herder), avaient créé une option solidariste, imperméable à l’égoïsme libéral de tradition anglo-saxonne. Pour ce qui concerne le « Vlaams Belang », l’ère de Karel Dillen, influencée par le mouvement catholique allemand de Maria Laach, par le solidarisme et l’esprit du poète Stefan George est définitivement close : plus aucune référence à ces corpus ne se repère dans la littérature du parti. C’est la grande offensive néo-conservatrice et néo-libérale à l’américaine qui a le vent en poupe. Une catastrophe culturelle pour la Flandre, mais aussi pour les mouvements wallons similaires, surtout vivaces en Namurois et au Luxembourg, notamment dans la tradition « stevensiste » (sur laquelle nous reviendrons).

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Le martyr de Smyrne

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Notre image: la libération de Smyrne en 1918, avec l'entrée des troupes grecques

Le martyr de Smyrne

9 septembre 1922 : Grande défaite européenne : les hordes turques, qui viennent de vaincre les armées grecques qui avaient récupéré l’Asie Mineure, entrent dans la ville de Smyrne (devenue « Izmir »), en commettant force massacres et atrocités, allant jusqu’à crucifier l’évêque orthodoxe du lieu sur les quais du port égéen. Les Britanniques, rappelons-le, avaient décidé d’abandonner les Grecs, pour ne pas pousser les Turcs dans le camp soviétique. Les escadres de la Royal Navy, au large de Smyrne, n’interviendront pas et n’annuleront même pas le concert prévu sur l’un des bâtiments de guerre. L’orchestre jouera tandis que la ville sera livrée aux flammes et que ses habitants seront violés et égorgés par les Turcs. Le 9 septembre devrait être un jour de deuil pour toute l’Europe.

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samedi, 08 septembre 2007

Réhabilitation d'Andrej Hlinka

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Slovaquie : hommage officiel à Andrej Hlinka

BRATISLAVA : Des députés en vue du parti chrétien-démocrate de l’opposition, le KDH, viennent de proposer une loi, par laquelle Andrej Hlinka (1864-1938) serait honoré pour les services qu’il a rendus à l’Etat. Ce prêtre catholique s’était engagé pour défendre les droits des Slovaques (ndt : dans l’Etat tchécoslovaque artificiel voulu par les francs-maçons Poincaré et Clémenceau), ont déclaré Vladimir Palko (ancien ministre de l’intérieur), Frantisek Miklosko et Pavol Minarik. Andrej Hlinka avait fondé en 1918 le HSLS ou le « Nouveau Parti Populaire National-Catholique Slovaque ». En 1939, après la mort de Hlinka, le HSLS devint le parti d’Etat sous l’égide du prélat catholique Monseigneur Jozef Tiso, dans une Slovaquie indépendante et alliée à l’Allemagne. Le vice-premier ministre Dusan Caplovic, qui appartient au SMER, un parti populiste de gauche qui fait partie de l’actuel gouvernement slovaque, a simplement rétorqué aux députés du KDH qu’il serait opportun de proposer la réhabilitation officielle de plusieurs autres personnalités, par une loi similaire mais plus large, car légiférer sur la seule personnalité de Hlinka s’avèrerait problématique, puisque son action suscite encore bien des controverses en Slovaquie.

(source : Junge Freiheit, Berlin, n°36/2007).

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L. Demambour: débat franco-wallon

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Lothaire Demambour:

Réponses à Roger Viroux et à Jack Marchal dans le cadre du débat franco-wallon

Ayant lu l’entretien réalisé par Ons Leven avec Roger Viroux et les réactions de Jack Marchal qui s’ensuivirent, j’ai voulu participer modestement à un débat dont j’ai bien senti qu’il était plus large qu’il n’y paraissait et que la question IMPERIALE en était la clef de voûte. Marchal travaille, dit-il, avec l’association "Terre et Peuples" mais considère l’Empire comme "une tarte à la crème". Ceci est grave. C’est incohérent et idiot surtout quand on plaide par ailleurs pour l’Eurosibérie. Significativement Marchal déclare que cette "tarte à la crème" serait le propre de "nos milieux". Un chaos mental et intellectuel sévit donc en France, justement dans les milieux que Marchal qualifie de "nos milieux". Ce qui me fut confirmé par la suite, vu les échanges entre le Cercle Gibelin et Robert Steuckers à propos des égarements mentaux de la Nouvelle Droite actuelle et de ses tares incapacitantes (pas de réflexion géopolitique, juridique, économique et historique, sans parler du reste).

Les déclarations de Viroux et de Marchal comportent des aspects négatifs et des potentialités sans issues, incompatibles avec notre volonté et notre engagement populaire et impérial. Brabançon attaché à la ville de Bruxelles, ville qui, chaque année, voit les étendards d’or frappés de l’aigle du Saint Empire saluer l’entrée de Charles-Quint lors de la fête dite de l’Ommegang, j’offre ces quelque réflexions à qui veut les lire, amis ou ennemis.

Polemos étant le père de toute chose, contribuons à ce que survienne une plus grande clarté, annonciatrice de rassemblements et de luttes féconds. Luttes qui impliquent l’élimination des incohérences paralysant l’approfondissement des thèmes qui sont les nôtres ainsi que de leurs hérauts passés, présents ou à venir (qu’ils se rassurent les ignorer suffira).

Ce texte sera livré en deux parties. La première entend rappeler des continuités historiques nécessaires pour " vertébrer " le débat (normalement, tout ce qui concerne le rattachisme ne devrait pas toucher nos milieux en France. Néanmoins quand on voit leur incapacité à remettre quoi que ce soit en cause dès qu’on touche à la France ou à prendre pour des "attaques" de simples critiques légitimes des pires aspects de leur histoire, il y a de quoi se poser des questions...). La seconde concernera le modèle Impérial et visera à rétablir le sens de celui-ci.

LA WALLONIE ET LE WALLON

1) La démarche de Viroux est intéressante car elle témoigne de l’existence d’érudits et de personnes impliquées dans le mouvement wallon, mais qui ne sont pas francolâtres et rattachistes. Ce qui fut et est très souvent le cas (hormis quelques exceptions). Néanmoins je ne pense pas que l’apprentissage du wallon soit un thème porteur car :

a) Si la Wallonie existe administrativement et mentalement depuis peu, il n’existe pas de peuple wallon tel quel, légitimé par sa participation dans l’histoire en tant que peuple au sens où l’entend un Max Hildelbert BOEHM, à savoir un peuple comme communauté et comme espèce acquérant des caractéristiques propres par sa participation auto-réalisante à l’Histoire. Conception dynamique et plurilogique, organique et non réductrice.

b) ce découpage territorial unitaire, ne recouvrant pas cette réalité populaire, est insuffisant et risqué car son caractère pragmatique (rassemblement des francophones non bruxellois au sein du fédéralisme centrifuge belge) permet des ambiguïtés et n’offre pas d’assise institutionnelle garantissant son insertion et sa participation à l’instauration d’une Europe fédérale et Impériale.

Il n’y eut jamais de sentiment d’appartenance des hommes et des femmes des "provinces wallonnes" à une Wallonie comme instance d’unité. Les Wallons ne peuvent se sentir attachés qu’à leurs provinces, au sens médiéval et moderne du terme (les XVII Provinces), ainsi qu’à leurs villes; ce qui fut le cas pendant tout ce que LE GOFF appelle le long Moyen-Age, particularisme qui voyaient les villes prendre la tête de révolte lors des successions dynastiques notamment, par exemple Gand lors de la mort de Charles le Hardi, follement appelé Le Téméraire par les Français en 1477, et qui fut renforcé par le phénomène de la première révolution industrielle (voir le sentiment d’appartenance des Carolorégiens et des Borains a leurs terres industrieuses).

La seule entité englobante de type politique pour les terres wallonnes au sein d’un ensemble plus vaste et qui mérite notre attention furent les CERCLES; organisation rêvée par Charles Le Hardi, sauvegardée par Maximilien I et réalisée par Charles Quint en 1548 ("Cercle de Bourgogne" pour les Pays-Bas, hormis Liège intégrée dans le Cercle de Westphalie) dont l’aspect juridique et symbolique garde toute leur force dans notre perspective Impériale : souveraineté continentale et droit des peuples.

Je préfère proposer ces institutions aux "Wallons" dans une volonté de continuité historique et je pense qu’elles offrent des potentialités fortes pour relever les défis que nous soumet notre contemporanéité, que d’opter pour un mythe en devenir qui vu son manque de cohérence et de consistance risque de servir le modèle stato-national, à savoir : la Wallonie et sa langue. J’ajoute que les personnes qui portent et revendiquent la Wallonie sont pour le moins douteuses et incultes; j’entends par là les hommes politiques wallons de tous bords.

2) Il me semble que c’est une erreur que de trop absoluiser la langue (sur ce point je rejoins Marchal). L'équation identité égale langue n’est pas automatique et procède d’un réductionnisme rationaliste. Il est d’autres réminiscences qui vivent en nous.

Je rappelle à ce propos qu’en ce qui concerne le wallon et la France, tout n’est pas aussi simple. Ainsi le wallon de Liège a beau être le plus proche de l’allemand, cela ne préserve pas les Liégeois du pire parisianisme pour ne pas dire plus. Liège étant la seule ville de Belgique où le 14 juillet des Sans-Culottes est fêté malgré la nature de son wallon fort germanisé et son usage plus répandu qu’ailleurs (la seule perspective linguistique d’un Viroux qui cite la proximité du wallon de Liège avec l’allemand lui fait manquer cette aporie). Il faut dire que, vu les ressentiments des Liégeois envers leur prince-évêque, déjà ils avaient détruit leur majestueuse cathédrale gothique en offrande aux sans- culottes ébahis. Point de non retour ?

Au delà de toute sotériologie dialectale, une organisation impériale de notre continent intégrant les principes de subsidiarité et les principes fédératifs, permettrait aux hommes et femmes du Brabant, du Hainaut, des provinces de Liège… et d’ailleurs de parler toutes les langues qui leur plairaient; français y compris; sans que ne se pose cet aberration juridique et historique qu’est le "rattachement" à la France.

Avant d’en venir à cette imbécillité honteuse et deux fois traîtresse, je me permettrai d’ajouter que la logique maternelle du refuge dans la pratique du wallon, implique son enseignement. Voilà qui pose problème. Les programmes scolaires comportent un nombre d’heures déterminé et l’esprit du temps n’est pas à l’augmentation du travail scolaire: en effet, le ministre du fondamental [i.e. l'école primaire], l’écolo Nollet, propose la suppression des devoirs à domiciles pour le niveau primaire. Dès lors, tout ajout d’une matière dans le cadre actuel présuppose la disparition de certain cours, or je connais des personnes et des enseignants du Sud du pays qui verrait bien la suppression du grec et/ou du latin au profit du wallon. Funeste erreur, car n’oublions jamais la richesse de l’apprentissage de ces langues mortes. Car outre la formation d’analyse résultant de l’étude de la langue latine ou grecque elle-même, celles-ci offrent un matériau et un bagage de réflexion politique, philosophique et historique incomparable, essentiel à l’avènement d’hommes libres, de ce fameux citoyen que l’on invoque partout et tout le temps et que l’on nie dans sa concrétude.

Thucydide déniaise autant que Machiavel; Tacite nous renseigne sur les anciens Germains, sur leurs institutions politiques et leur esprit (Fidélité et Liberté) qui nous est si cher; Polybe, ô combien moderne, réfléchit sur le sens de l’Empire Romain, lui, le Grec vaincu et otage diplomatique, collaborateur de Rome…

Alors, face à l’entreprise d’aliénation totalitaire qui sévit à l’heure actuelle et qui atteint un stade tel qu’il n’en fut jamais, ne jetons par nos anciennes armes qui pourraient bien se révéler des plus utiles. Maximilien Ier, pour défaire les Turcs revalorisa la vielle infanterie, n’hésitant pas à montrer l'exemple en mettant pied à terre

LE RATTACHISME, UNE IDEOLOGIE DE TRAITRES, ANTI-IMPERIALE PAR ESSSENCE

Anti-impériale, par essence, au sens ou cette idée est condamnée par le passé et par l’avenir. Ni légitimité "historique" ni légitimité prospective puisque l’Europe (de Dublin à Vladivostock, s’entend) marche vers son assomption en tant que grande puissance alliant les caractéristiques du "Grossraum" schmittien et du fédéralisme.

Anachronisme politique et anachronisme historique comme charybde et scylla de notre destin, une telle volonté ne peut provenir que de traîtres attachés à l’Etat-Nation de mouture française et ce, à double titre, vu qu’il s’agit dans leur chef de l’acceptation de ce modèle illuministe et du rattachement concret de nos terres à ce modèle et à son incarnation réelle, à savoir la république française. Avant de dire et de démontrer à quel point ce rattachement est injustifiable du point de vue historique, je voudrais rappeler que la voie jacobine est une voie sans issue et dire (comme le fait Robert Steuckers et l’association Synergies Européennes montrant bien que c’est des constitutions allemande, suisse, espagnole, autrichienne dont il faut s’inspirer afin de permettre une existence organique de notre continent et de nos peuples).

DES CONTINUITES HISTORIQUES….. ?

Dans notre époque soucieuse de mémoire et de souvenir, nous les "Bons Européens" et les "hommes de la plus longue mémoire" jetons également un regard sur le passé et souvenons-nous. Viroux a raison de rappeler les affres de la domination française lors du régime dit "français" (1794-1815) où, après l’invasion des révolutionnaires, nos contrées subirent le joug de l’usurpateur Napoléon Ier. Néanmoins, jamais il ne faut se cantonner à ce temps de délires exclusivement. Certes cette époque vit, en plus de son cortège de méfaits, l’introduction de pratiques juridiques oppressantes et irréalistes contre lesquelles nous devons lutter. Mais c’est aussi sur toutes les présences de la France sur nos territoires qu’il convient de se pencher. Sinon, on risque de passer à coté de l’essentiel et de se voir rétorquer des justifications mettant en cause la nature du régime napoléonien ou les "excès" des révolutionnaires. Que ce soit Napoléon ou Louis XIV, François I ou Louis XV, il s’agit là toujours de synonymes d’invasion et de destruction pour nos peuples. L’opposition aigrie de la France à l’Empire et la même volonté centralisatrice qu’on retrouve des Capétiens aux révolutionnaires de 1789, tel que l’a démontré Alexis de Tocqueville dans L’ancien régime et la révolution, furent à la source de nos malheurs passés. Ce brillant analyste normand avait entrevu la destruction des libertés concrètes et des droits de l’homme non individualiste, d’essence germanique ainsi que le triomphe du vulgaire et la mise au pas des individualités libres, créatrices, en un mot aristocratiques; saisissant par ces deux niveaux, le caractère totalitaire du monde à venir : le nôtre.

Au XVème siècle, Louis XI —que nos instituteurs, jadis, nommaient l'«Universelle Aragne», reprenant ainsi le mot de Charles le Hardi— ayant obtenu justement la perte du visionnaire Charles le Hardi (mort en 1477 devant Nancy), s’empara par les armes de la Bourgogne, de la Franche-Comté, de la Picardie et de l’Artois et menaça la Flandre et le Hainaut. Sa malsaine volonté de puissance faisait de lui un ennemi résolu de l’Empire et de la bonne entente européenne. Sa volonté impérialiste (au sens évolien) ,son opposition aux Ducs de Bourgogne, au fiefs libres (Franche-Comté) et à l’Empire prennent une véritable valeur paradigmatique.

Au XVIème, c’est l’opposition de François Ier à Charles Quint, prince naturel de nos Pays -Bas et empereur universel, dernier grand gibelin qui nous fait souffrir du Français. Et la chose mérite d’être soulignée car cette souffrance est occasionnée en même temps à l’Europe entière. En effet, si François Ier qui garde la Bourgogne "française" (celle de la région vinicole) et qu’il envahit les Pays-Bas pour prendre la Flandre et l’Artois considéré comme acquis à la couronne; ce continuateur de Louis XI n’hésita pas à s’allier avec Soliman et l’Empire ottoman. La chose se répéta lors des guerres de l’Autriche contre les Turcs dans les Balkans. En 1736, alors que les Impériaux combattaient sous les ordres du Prince Eugène, de Charles de Lorraine et de l’Archiduc François, les Polonais sous ceux de Jean Sobieski, que les Russes participaient à la lutte de libération de l’Europe Sud-orientale et de la rive septentrionale de la Mer Noire, la France encouragea les Ottomans à sortir de leur léthargie (sic) via l’intermédiaire de leur ambassadeur Villeneuve. Louis XV sollicitait et jouait le jeu des Turcs contre les Habsbourg … et contre la Russie, jugée menaçante. Vous avez dit guerre contre l’Europe ? Il est des constantes diplomatiques troublantes.

Cette alliance est chose souvent relevée du strict point de vue de l’histoire narrative mais je voudrais soumettre à l’appréciation de mes lecteurs cette troublante continuité politico-historique. A l’heure ou le projet otano-sionistico-ubuesque d’intégrer la Turquie à l’Union Européenne nous est imposé (en contradiction avec le traité de Rome qui prévoit la condition du caractère européen du candidat à l’adhésion), le sociologue Emmanuel TODD propose de favoriser et de pousser en avant cette adhésion. Cet universitaire, qui écrit pourtant des choses quelquefois intéressantes (notamment sur l’immigration ou sur Friedrich LIST), est en faveur de l’adhésion turque car il pense que cela favoriserait et le modèle jacobin et la création d’un axe jacobin en Europe (in la revue suisse L’hebdo, 16 Décembre 1999, p.40). La république française comme tête de pont ou plutôt aboutissement de la dorsale islamique ?

La France comme intermédiaire entre les USA et l’islamisme politique; au grand dam de notre sociologue, qui, par ailleurs, croit combattre l’un et l’autre ! ! Méfaits d’une étude purement idéologique qui se jette dans le mirage du kémalisme, version loukoum du jacobinisme, et de l’état-nation (ce qui est du pareil au même). Cet halluciné, dans sa lancée, plaide pour un "nouvel universalisme à la française". Pitié: l’Universel, oui; l’universalisme, jamais! Je recommande la lecture d’Alexandre Del Valle à Monsieur Todd car, par compassion, je ne voudrais pas qu'il reste l'allié objectif de ce qu’il croit combattre. Ce serait dommage et pour lui et pour nous.

C’est en vue de protéger les Pays Bas de l’impérialisme français que Charles-Quint constitua le cercle de Bourgogne en 1548, créant ainsi une unité dynastique héréditaire qui devait consacrer une fois pour toute l’unité bourguignonne et empêcher sa désagrégation au fil des attaques successives de la France, grâce à la protection allemande.

Au XVIIeme, période de guerre civile européenne, s’il en est, ce furent les politiques continues de Richelieu, Mazarin et de Louis XIV qui provoquèrent les incursions des troupes françaises dans le Sud de notre pays qui, pour éviter les pillages et les destructions, se couvrit de moulins et d’églises fortifiées lesquelles étaient reprises ensuite comme avant-postes français. Notre pays devant essentiellement devenir aux yeux du roi, une forteresse et une vaste garnison protégeant son pré carré. Lors de l’année 1695, les bombardements français détruisirent le vieux Bruxelles (quartier de la Grand place et partie centrale de la ville). Je laisse là le XVIIème siècle, trop de facteurs étant liés dans une guerre civile d'ampleur continentale.

Le XVIIIème avait débuté tout comme il finit (1794-1815) par l’invasion et la domination française. La soldatesque arriva en 1700, à la faveur de la guerre de succession d’Espagne. Elles restèrent jusqu’en 1702, c’est la période du régime "anjouin". Louis XIV voulant offrir le trône espagnol (et donc les Pays-Bas) à son petit-fils, le Duc d’Anjou. L’affaire fut réglée entre les puissances à notre détriment. La politique anti-européenne du monarque eut comme conséquence l’imposition du "Traité de la Barrière" à nos contrées au grand regret de l’Empereur, lequel sachant bien que cela impliquait des mesures désagréables pour la population (entretien de troupes étrangères aux frais du pays, réquisitions et impôts,…). Sombre siècle qui vit en 1746, l’entrée de Louis XV à Bruxelles lors de la guerre de succession d’Autriche (1740-1748) la France profita de la montée sur le trône de l’Impératrice Marie-Thérèse (décidément voilà un pays qui sait faire place aux femmes politiques … De tout temps !) pour attaquer l’ennemi héréditaire: l’Empire, qu’il soit habsbourgeois ou non.

Commandées par le Maréchal de Saxe, les troupes de Louis XV prirent possession des Pays-Bas de la façon la plus vaste qu’il n’avait jamais été: tous les Pays-Bas, avec Berg-op-zoom au nord (Hollande) et Maastricht à l’Est furent enlevés.

Ceci fut le résultat de la bataille de Fontenoy (11 mai 1745), mais ce qui est plus grave, c’est que ces campagnes furent suivies d’exactions et de pillages épouvantables (que les historiens comparent aux razzias des Arabes… Décidément!).

Villes et campagne furent pillées, la population violentée et les réquisitions entraînèrent un cycle de famine pour deux ans. C’est également durant cette guerre que fut saccagé le magnifique château de Tervueren, demeure des Ducs de Brabant, de Bourgogne, de Charles-Quint et des Archiducs Albert et Isabelle. Les troupes du Maréchal de Saxe qui y séjournèrent n’y laissèrent que des dégâts. Logique me rétorquera-t-on, ce sont les méfaits naturels d’une guerre et du logement des militaires. Les troupes hollandaises qui y séjournèrent aussi le laissèrent intact!!

Je rappelle également l’opposition française au ravitaillement des populations belges et néerlandaises lors de la Première Guerre Mondiale (cfr. Henri Haag, Le ministre Brocqueville et les luttes pour le pouvoir, Louvain-Paris, 1990) ainsi que le traitement encouru par les autorités belges et les partisans de la politique de neutralité de la Belgique lors de la seconde Guerre Mondiale. Lors de l’"exode" du mois de mai 40, ils furent arrêtés (sans motif concret, de manière illégitime en contradiction avec la plus simple légalité et ce, qu’il soient publicistes, littérateurs, parlementaires en théorie inviolables, journalistes ou homme politiques… livrés aux Français par des autorités complices et placés dans des camps de concentration républicains (notamment celui du Vernet).

Ayons ensemble, une pensée pour Joris van Severen et son compagnon Jan Rijckoort abattus ignoblement à Abbeville par des flics saouls répondant à on ne sait quels ordres sur ces terres qui virent couler tant de sang depuis les attaques de Louis XI contre L’Empire. J’ajoute qu’un des soucis constant des autorités belges durant l’occupation fut de prévenir et d’empêcher toute annexion de la part de la France. Léopold III envoya plusieurs émissaires officieux pour s’enquérir des visées possibles de cette dernière. C’est Laval qui empêcha la réalisation et, du moins, l’émergence de volontés semblables au sein du gouvernement français.

Face à ce bilan et les continuités qu’il implique, je ne peux appeler un rattachiste que par le nom de "traître". Et j’espère que l’on a bien compris que du petit-nationalisme, qui plus est belgicain, n’a bien entendu pas sa place ici (c’est idiot, triste et inutile). Les exemples de Maurice de Saxe et d’Eugène de Savoie témoignent d’une attitude autre que le repli dans des sotériologies dialectales qui sont parfois porteuse d’ambiguïté quant aux affinités électives entre les peuples et les cultures. Ainsi le Breton et son usage n’a pas les même potentialités métapolitiques que le Wallon (sans parler de leur différence de statut, vu la disparition des langues celtiques; ce que souligne Marchal).

A ces traîtres je demande ce qui légitime leur action. Je leur dit que leur "rêve" est une injure à toute notre Plus Grande Histoire passée et à venir car si nous sommes les hommes de la plus longue mémoire, nous sommes aussi des peuples LONG-VIVANTS (concept ô combien métapolitique emprunté à Raymond Ruyer par Guillaume FAYE et dont on ne s’est pas encore rendu compte et de sa pertinence et de sa force révolutionnaire).

Viroux en comparant l’idéologie des francolâtres à une idéologie de collaborateur est certes sympathique car il est possible qu’il arrive à jeter le doute chez ces olibrius (quoique j’en doute). Néanmoins, il faut savoir à quoi l’on "collabore" et quel est le système de valeurs qui nous inspire, si Viroux est patriotard c’est son affaire. Quant à moi j’ai choisi la perspective européenne et c’est l’axe référentiel souverain.

Je préfèrerais poser une question à nos hexagonophiles, et les sommer de répondre (ce qui risque de leur provoquer plus qu’un doute, sûrement des crises de spasmes, des éructations et des nuits agitées. Tant mieux, le manque de sommeil tue son homme): au vu de notre histoire totale, qui a fait le plus de mal à nos populations, à nos provinces, à notre culture, à l’Europe l’Allemagne ou la France; la France ou l’Autriche? L'Autriche dont l’orientation pro-européenne allant essentiellement dans le sens d’un plus grand élargissement, d’une plus grande intégration (notamment militaire) et d’un approfondissement du principe de subsidiarité (comme en témoigne la déclaration Schüssel-Haider du 2 février 2000) est aujourd’hui combattue par la France seule (hormis le bouffon Miche, facilement manipulé par le Quai d’Orsay).

LA CONSPIRATION DU RATTACHISME

Le spectre du rattachisme plane en effet dans l’air du temps. Dès lors, je tiens à mettre en garde tous ceux qui acquiesceraient à l’argument simpliste de Viroux qui consisterait à ne pas trouver cette idée dangereuse sous prétexte qu’elle concernerait qu’un petit nombre de personnes. Illusion naïve! Une minorité agissante est capable de bien des choses, surtout si elle est implantée dans les sphères du pouvoir et qu’elle profite de relais culturels (l’impact de la "francophonie").

Arguons que l’inculture aidant, beaucoup de citoyens ne trouveraient rien à redire, voire n’en seraient pas capables. Que l’on se souvienne de la pseudo-réaction de la population belge lors de l’affaire Dutroux. Beaucoup de Wallons, par ressentiment envers les Flamands, par absence de connaissances historiques, par mauvaise compréhension des phénomènes politiques (le rattachement.… pourquoi pas, on fait l’Europe!) seraient capables d’y accorder leur sympathie ou leur masse d’inertie.

Car il faut rappeler qu’au-delà des traîtres qui sévissent en Belgique au sein de mouvements explicitement rattachistes (RWF, le demi-dingue Gendebien) ou au sein du FDF ou du PS (J. Happart, C. Eerdekens, à qui le député Tony Van PARIJS (sic) répondit en pleine assemblée : Tu veux la France…Vas à la France ou encore le médiateur de la si mal nommée "Communauté française"; fils d’un rattachiste célèbre, impliqué dans le mouvement wallon; (les deux allant quasi toujours de pair, hormis une ou deux exceptions), cette hérésie a ses admirateurs-propagateurs en France. Lesquels se retrouvent sur un éventail très large: du PS au MNR!

De Mitterand qui s’enquérait de savoir combien de membres comptait la Communauté française qu’il prenait pour un mouvement rattachiste à Bruno Mégret qui envisage de proposer un référendum aux Wallons sur le sujet. Rien ne va plus à Paris, on peut être diplômé de différentes universités et polytechnicien, partisan de l’Etat-Nation et anti-européen et proposer des absurdités juridiques de ce type illégitime, illégal et contraire à ses propres principes juridico-diplomatiques (mais suis-je bête; pour les jacobins tout homme a deux patries, la sienne et la France, et s’il n’en est convaincu, on l’envahira ou on lui coupera la tête pour le lui apprendre. Ce n’est pas pour rien que la France apprécie et porte le pseudo-droit d’ingérence, son illuminisme la prédestine à ce genre d’aberration); ce droit d'ingérence est un facteur bellogène, s’il en est (cfr. la guerre du Kosovo). Mais que l’on se rassure le Boerenkrijg n’est pas pour demain, ce référendum étant prévu pour après la victoire électorale du MNR!

A l’approche des élection communales (octobre 2000), les murs du Brabant (d’habitude, c’est plus au Sud ) se voient recouverts d’affiche du RWF appelant au rattachisme, sur fond d’hexagone bleu et de coq rouge. Ces affiches non seulement existent mais ne sont ni arrachées, ni commentées. Signe des temps ? Ce coq qui orne le drapeau wallon est insupportable et stupide et nous le considérons, avec Jean COCTEAU, pour ce qu’il est: un animal sur un tas de fumier (ce qui pour l’auteur des Enfant terribles symbolisait bien la France). Je rappelle que d’Ostende à Arlon les blasons des provinces belges portent des lions et que de nombreuses villes possèdent l’aigle impérial dans leurs emblèmes. A nous la force généreuse, la liberté et la hauteur des vues, à vous la basse-cour et le fumier; affinités électives, disais-je ?

Que la France abandonne son drapeau tricolore, son hymne d’assassins qui est surtout rouge du sang d’Européens (le sang impur censé abreuver leurs sillons était le sens de nos soldats wallons des régiments de Ligne, de Beaulieu, de Clerfayt, de Latour, etc., et celui de leurs camarades hongrois, croates, prussiens, autrichiens et lombards) et surtout qu’elle cesse d’opprimer nos compagnons d’hier et de demain. Qu’elle adopte une Constitution laissant vivre et participer de manière organique les Bretons, les Lorrains, les Provençaux et tous les peuples de son territoire à notre destin commun : l’EMPIRE.

A SUIVRE - 13 juin 2000

Lothaire DEMAMBOUR pour le "Cercle EMPIRE ET PUISSANCE" et la "Sodalité Guinegate".

 

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vendredi, 07 septembre 2007

Du maoïsme au national-populisme

Pasteur Jean-Pierre BLANCHARD :

Du Maoïsme au National Populisme [03/06/2002]

Allocution du Pasteur Blanchard au Colloque de l'antenne d'Ile-de-France d'UR, Paris, 6 avril 2002

 

Il était de tradition dans les familles populaires de considérer que les enfants qui n'étaient pas spontanément "doués" pour les études, devaient travailler en usine. Il n'y avait là rien de péjoratif, à cette époque le vieux mythe de gauche (au sens Sorélien du terme) de la classe ouvrière avec sa dignité, son sens du devoir, sa droiture, sa moralité, opposée à la décadence bourgeoise a engendré des générations de militants ouvriers à la vie exemplaire. Mon père, sorti de son statut d'ouvrier agricole en raison de la précarité et de l'irrégularité des revenus ( les jours d'intempérie ne permettant pas de travailler la vigne, étaient rémunérés à moitié, ce qui représentait déjà un progrès énorme, car avant guerre ils n'étaient pas payés du tout !) Pour échapper à une vie médiocre, il suivit le même parcours qu'un nombre impressionnant de personnes du midi à cette époque qui partirent pour rejoindre les emplois fonctionnarisés de la SNCF, la poste, la police, la gendarmerie afin de connaître des conditions matérielles différentes et de " mieux vivre ", mais au prix de quel renoncement : mon père ne pouvait écouter la chanson de Ferrat " La montagne" et surtout le passage où il est dit " Ils quittent un à un le pays pour aller gagner leur vie ….ils seront flics ou fonctionnaires en attendant que l'heure de la retraite sonne "sans avoir une larme à l'œil. Il entra donc dans la gendarmerie où il restera durant toute sa carrière simple gendarme.

 

Peut être lié au fait que mon père, en sa qualité de gendarme mobile fut soumis à de multiples mutations et déplacements, ma scolarité fut très perturbée, et c'est avec beaucoup de peine que je réussis à décrocher mon certificat d'études à l'âge de 14 ans. Pour fêter cet " exploit " mon père m'offrit un verre au café et me dit : " Maintenant que tu es plus diplômé que moi, tu es bon pour l'apprentissage ou l'usine ". Je choisis la première proposition et je rentrai comme garçon de restaurant au " Grand Balcon " à Mazamet, mais cela ne dura pas et comme la majorité du milieu ouvrier mazamétain je me retrouvai dans le délainage. C'est là que Mai 68 me prit, bouleversant ma vie. Jusque là j'avais une vie rangée, l'éducation stricte que j'avais reçue ne m'aurait jamais laissé entrevoir, sans ces circonstances, la possibilité de me rebeller contre l'autorité parentale et contre les systèmes en place.

Mon père voyant que je lui échappais pensa que je ne suivais pas un bon chemin et que je n'arriverais à rien, il fit pression pour que je m'engage dans l'armée, ce qui fut une catastrophe ! Je fus de retour à Mazamet à la fin de l'année 1969, plus révolté que je ne l'étais au départ, j'allais vivre dans une communauté qui reproduisait le mode de vie hippie californien dans le village de Calmont, proche de Mazamet, tombant dans la marginalité. Je m'enfuis pour errer à travers l'Europe pour assister au festival de l'île de Wight où j'eus la chance de voir, Hendrix, les Doors, Dylan et à partir de là j'ai écumé tous les rassemblements musicaux et alternatifs de France et d'Europe.

 

Mon flirt avec les trotskistes

 

Mon point d'attache était la région de Mazamet mais je passais la moitié de mon temps sur les routes, dans notre communauté les débats politiques fusaient, nous connaissions les communistes mais notre sympathie allait vers l'ultra gauche. Nous rencontrâmes à Castres le responsable de la Ligue Communiste (L.C.). du sec­teur, et nous commençâmes à fréquenter les colloques, séminaires, tant régionaux que nationaux. On ne rentrait pas facilement à la ligue communiste, il fallait être formé, devenir un vrai " bolchevik ", un vrai révo­lu­tionnaire pour être accepté comme membre. J'ai souvenir d'avoir assisté à la toute première fête de Lutte Ou­vrière à Prailles, et quelques années plus tard d'avoir rencontré et dialogué avec ceux qui venaient de créer le journal Mao "Libération". Les années 1970 furent celles où Sartre rallia bruyamment le Maoïsme. Mon flirt avec les Trotskistes s'étiolait, leur dogmatisme, l'attitude haineuse et sectaire des petits chefs me révulsaient, pour nous " ils étaient pires que les Stal ".

 

Je me renseignai auprès de la gauche prolétarienne à Paris qui me mît en contact avec un groupe de Toulouse, du jour au lendemain je devins un renégat pour les trotskistes. Ma chance fut de tomber sur l'aile spontex (spontanésite ) proche des situ (situationnistes) du mouvement Mao, pour qui la révolution était un " happening " permanent, la révolution culturelle étant conçue comme une libération. L'aile spontex était très mal vue des doctrinaires parisiens de la gauche prolétarienne., mais cela n'entamait en rien notre sens festif et notre goût pour les canulars. Je me revois avec le groupe de Toulouse aller saluer les Mao stal (staliniens) qui avaient un stand à la fête de lutte ouvrière, où pour nous amuser et provoquer le service d'ordre Trotskiste, nous vendions les œuvres du petit père des Peuples, et c'était à celui qui criait le plus fort pour vanter ses mérites !

 

C'est tout naturellement que je me retrouvai dans l'aventure de Lutte Occitane dont une des composantes essentielles lors de sa constitution étaient les Mao de Montpellier et de Toulouse. Je fus partie prenante de toutes les grandes manifestations de l'époque : Le Larzac, Béziers, Montpellier, les festivals occitans de Montségur et du plateau des Mille Vaches. Je faisais partie de ces très nombreux jeunes qui suivaient tout ce qui se passait sans être réellement militant, mais mon engagement était si fort qu'il ne passa pas inaperçu., à tel point qu'un jour arriva à la gendarmerie de Mazamet un message signalant qu'un certain Jean-Pierre Blanchard faisait partie des activistes extrémistes de gauche les plus dangereux, mon père fut inquiété par sa hiérarchie.

 

Le désenchantement de la fin des années 70

 

La fin des années 1970 furent celle du désenchantement : Le mouvement occitaniste se trouvait dans une impasse, se radicalisant en devenant " vollem viure al païs ", il se transformait en une minorité incapable de prendre en compte les aspirations réelles du peuple d'Oc, s'enfermant dans une logique groupusculaire sectaire, de moins en moins nombreux leurs membres étaient convaincus de détenir la vérité. Quant à l'extrême gauche, les hommes sortis de ses rangs démontraient que, contrairement aux déclarations de Sartre, le Marxisme n'était pas la science insurpassable, mais bel et bien une métaphysique, une religion sécularisée. Mais pour moi le choc révélateur fut la lecture du livre d'André Glucksman : " La cuisinière et le mangeur d'homme " qui m'amena à une douloureuse autocritique et à une remise en cause de mes visions politiques. La grande et glorieuse révolution bolchevik ne s'avérait être en fait qu'un coup de mains d'activistes sans scrupules qui se drapaient dans l'imagerie des journées d'octobre.

 

Le choc fut tellement violent que je renonçais immédiatement à toute activité politique et ce, pendant des années, désabusé, ne croyant plus à rien. Mais à la lueur d'un contre choc, l'enseignement reçu à l'Ecole de formation des Educateurs, j'investis alors un nouveau champ. Je le raconte dans la préface de " Aux sources du National Populisme ".Alors que j'assistais lors de ma formation d'éducateur à un séminaire sur l'économie dispensé par un brillant économiste qui présentait les différents systèmes en vigueur, il démonta en pièce le premier jour le système libéral, j'attendis avec impatience le lendemain pour qu'il m'apporte enfin une réponse alternative à cette question, hélas, trois fois hélas, il ressorti l'ancienne cantilène de l'ultra gauche et des situationnistes : si les bolcheviks avaient préféré les soviets à l'électricité la révolution n'aurait pas été dévoyée. Connaissant par cœur ce type d'argument fallacieux et ayant fait ma révision définitive du marxisme, j'en arrivai par ce travail de remise en question à la conviction fondamentale que je n'avais pas changé, que je restais, comme dans ma jeunesse, toujours contre le système, la bourgeoisie et le capital, j'étais un révolutionnaire. Ce thème était hélas associé au sein de la gauche et de l'ultra gauche au postulat égalitaire et internationaliste. Je m'aperçus qu'en enlevant ces deux éléments centraux je pouvais garder le reste et comme beaucoup d'anti-conformistes des années 30 je cheminais vers la seule réponse véritablement alternative : le National Populisme.

 

Le déclic se produisit un peu par hasard, un peu par chance, beaucoup par quête, lors d'un inter cours alors que je m'étais rendu sur les quais de Seine, j'y découvris les " Idées à l'endroit " de Alain de Benoist, ce fut le début d'une construction intellectuelle qui m'a conduit au Front National, à la création de l'Entraide Nationale et à la rédaction d'ouvrages. Pour le reste : ma formation théologique et mon ministère, c'est une autre histoire qui n'a rien à voir avec notre propos.

 

Jean-Pierre BLANCHARD.

http://www.unite-radicale.com/Archives_actu/article_actu030602_2.htm

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Les accords militaires franco-belges de 1920

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Les accords militaires franco-belges de 1920

7 septembre 1920 : Suite à la première guerre mondiale et au Traité de Versailles, où la Belgique neutre avait été entraînée dans une belligérance non voulue, le pays devient indirectement un satellite de la France républicaine et laïcarde. Le 7 septembre 1920, malgré les réticences belges, les accords militaires secrets franco-belges sont signés. Ils ont pour objet d’organiser une défense commune contre toute nouvelle invasion allemande. Les Belges, dans cette affaire, auraient préféré un accord belgo-britannique. Les accords militaires franco-belges rencontreront une opposition farouche, surtout dans le mouvement flamand et chez les étudiants qui y étaient affiliés (« Los van Frankrijk ! »), mais aussi dans les cercles socialistes wallons, notamment dans la région de Charleroi ; enfin, les catholiques traditionnels du Namurois et du Luxembourg voyaient d’un mauvais œil la Belgique s’aligner sur un pays qui n’avaient jamais cessé de fouler aux pieds leurs valeurs les plus chères.

Les années 20 seront marquées par la contestation de ces accords, par un mouvement d’objection de conscience en Flandre (qui connaîtra ses martyrs), par des bagarres entre anciens combattants et socialistes pacifistes dans le pays de Charleroi, par l’émergence du VERDINASO avec les initiatives d’un Joris van Severen, par la montée d’une historiographie catholisante anti-française (et, par ricochet, pro-espagnole et pro-autrichienne). Dans ce contexte, il convient de signaler l’émergence du mythe bourguignon (voir la décoration du Sénat fédéral belge) et l’œuvre du Vicomte Charles Terlinden, exaltant un passé militaire systématiquement hostile à la France, exactement comme le préconisait le bréviaire du soldat belge, en usage avant 1914 et… jusqu’en 1916 ! Cette agitation permanente conduira le roi Léopold III à dénoncer ces accords et à restaurer le principe de neutralité en 1936, parachevant les démarches qui avaient été préalablement entreprises par son père, Albert I, disparu tragiquement en février 1934.

Les accords militaires de 1920 ont des effets jusqu’à nos jours : la conscience nationale, ébranlée par l’invasion allemande de 1914, n’a jamais plus pu être restaurée, ce qui permet à un journal aussi nocif et pervers que le « Soir », de Bruxelles, de distiller une propagande idéologique sans assises réelles dans notre histoire et d’empêcher toute harmonisation politique dans notre espace politique, comme le prouvent, ces jours-ci, les tirades haineuses que gribouillent les femmes journalistes de cet infect quotidien, torpillant les négociations en vue de former un nouveau gouvernement.

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jeudi, 06 septembre 2007

Pour l'Europe: ni USA ni Islam

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Enrique RIPOLL :

Pour l'Europe : ni USA ni Islam

Communisme ou capitalisme ? Etats-Unis ou Union Soviétique ? La recherche d'une troisième voie entre ces deux options politiques et économiques ou la construction d'un espace géopolitique entre ces deux puissances étrangères ont été effectivement les options potentielles qui ont caractérisé la politique européenne entre 1945 et 1991. Cette recherche s'est ensuite muée en défi, avant que tout ne se solde par un colossal effondrement. Depuis l'effondrement du bloc communiste, en effet, une seule et unique puissance vise à exercer son contrôle sur la planète entière : ce sont les Etats-Unis d'Amérique, mais, sur la voie triomphale qui les mène à la domination de tout le globe, ils rencontrent des écueils, se heurtent à des réalités culturelles qui résistent au rouleau compresseur du mondialisme; parmi elles, il y en a une qui semble résister avec davantage de force que les autres et qui, peut-être —mais nous en doutons fortement—, se transformera un jour en un pôle indépendant de puissance : c'est le monde arabe et musulman —que nous appellerons l'Islam dans la suite de cet exposé. En Europe, nous voyons une nouvelle fois des doutes s'exprimer, des incertitudes se faire jour, notre classe politique s'avérant absolument incapable de canaliser la volonté des gouvernants, afin que notre vieux continent devienne à son tour une puissance mondiale de premier plan. La discorde s'installe, avec force, ente ceux qui militent pour une alternative proprement européenne mais qui finissent tourmentés par leurs frustrations face aux difficultés qu'il y a à renforcer l'idée d'une Europe autonome. Dans un tel contexte, ils voient en ces deux pôles  —dont l'un est l'Islam, mais qui est finalement plus imaginaire que réel— des alliés potentiels pour consolider le projet de construction nationale-européenne, ou, pour être plus précis, voient dans l'un ou l'autre un allié face à la menace qu'est censée représenter l'autre. Nous sommes une fois de plus en face de la même erreur : aucun de ces deux pôles ne jouera jamais la carte de la liberté européenne; tous les deux sont des ennemis de la renaissance européenne. Une fois de plus, la question est mal posée, ou, pour dire mieux, c'est d'office une mauvaise question dès le moment où nous la posons; avant, certains disaient "Ni USA ni URSS" et, aujourd'hui, face à la question "Les Etats-Unis ou l'Islam?", la réponse doit être sans circonlocutions inutiles : "Ni les Etats-Unis ni l'Islam! Pour une Europe unie, grande et… armée!". Le problème de fond est le suivant : tant les Etats-Unis que l'Islam sont doublement en conflit avec l'Europe; ils le sont sur le plan purement politique, parce qu'ils ont tous deux la volonté de s'étendre et de dominer; ils le sont aussi sur le plan idéologique, car en dépit du fait que ces deux pôles de puissance sont sous-tendus par des conceptions du monde fondamentalement différentes, ils sont néanmoins tous deux antithétiques par rapport aux valeurs et visions de nos peuples d'Europe.

 

Simplismes et manichéismes

 

Aux Etats-Unis, mis à part tout ce que veulent faire voir les producteurs de cette grande machine de propagande qu'est Hollywood, mis à part le fameux "melting pot" tant vanté et le "rêve américain" tout en paillettes et en chansonnettes de Broadway, il n'y a pas de culture commune. Il n'y a nul point de comparaison entre les fermiers du Minnesota et les citadins de Harlem ou de Little Italy, ni entre les Chinois de Californie et les Hispaniques de Floride. L'"American Way of Life" est une "culture entéléchie", dans la mesure où ce sont des minima communs que partagent les Anglo-Américains, les Irlando-Américains, les Italo-Américains, les Judéo-Américains, les Germano-Américains (peu de gens le savent, mais c'est le groupe ethnique le plus nombreux du pays), les Américains d'origine scandinave, les Américains de souche haïtienne ou chinoise, etc. Seuls quelques traits communs unissent vaille que vaille cette mosaïque d'ethnies et font que la cohabitation entre ces groups reste supportable et ne dégénère pas en conflits quotidiens et continus. Ces traits sont vraiment un minimum commun, l'essence de l'"American way of Life" n'est rien de plus que le base-ball, les hamburgers, une idée bien définie de la liberté individuelle, combinée à une forte dose de sensiblerie infantile, à un puritanisme moralisant, à une intolérance de facture biblique contre tout ce qui ne correspond pas à ce "way of life" et à un fondamentalisme libéral-démocratique. Nous avons donc affaire à une société simple, animée par des notions simples et manichéennes qui réclament toujours des explications tout aussi simples et des réponses violentes à l'endroit de tout ce que cet américanisme considère comme une menace contre son rêve.

 

Pour ce qui concerne l'Islam, il nous paraît difficile, pour ne pas dire erroné, de s'y référer comme s'il était une unité ou de le penser comme un bloc arabo-islamique unique et compact, capable de se manifester comme tel sur la scène politique internationale. Mis à part le traditionnel clivage entre Sunnites et Chiites, nous rencontrons, dans l'immense corridor d'Ouest en Est, qui va du Maroc à l'Indonésie, des réalités politiques et culturelles absolument différentes les unes des autres, recelant forcément des antagonismes : cela va des Alaouites du Maroc à ceux qui structurent l'armée syrienne et des Wahhabites saoudiens aux régimes religieux semblables à celui des Chiites iraniens —qui appuient la lutte de la minorité chiite du Sud de l'Irak contre Saddam Hussein—  en passant par un régime comme celui du Colonel Khadafi en Lybie, qu'il nous paraît bien difficile à cataloguer car il est passé d'un panarabisme fort enthousiaste à un panafricanisme très déconcertant, tout en ponctuant sa trajectoire de coups d'éclat, visant à lui donner un leadership sur un Maghreb unifié. Ensuite, nous avons le régime laïc égyptien et les deux pays héritiers du socialisme nationaliste et panarabe de Nasser, la Syrie et l'Irak, tous deux gouvernés par un même parti, le Baath, mais scindé en deux factions différentes et devenues mortellement ennemies l'une de l'autre. Enfin, nous avons les talibans en Afghanistan —et tout se qui se rapporte à leur mouvement— puis les pétro-monarchies corrompues du Golfe, l'intégrisme d'inspiration saoudienne qui sévit au Pakistan, les guérilleros tchétchènes ou le "Frente Moro de Liberación" aux Philippines. Face à cette extrême diversité, réellement, de qui peut-on espérer une aide ou un appui, comme l'imaginent les Européens qui voient en l'Islam un allié potentiel pour assurer la renaissance européenne? Cette question reçoit toujours des réponses changeantes et variées au gré des événements qui ponctuent la politique internationale : tantôt c'est l'Iran de Khomeyni qui apparaît comme l'allié providentiel, à la place de la Libye de Khadafi, et, ultérieurement, les mêmes voient en l'Irak de Saddam Hussein la pièce maîtresse de leur dispositif imaginaire; les plus lamentables de tous avancent même aujourd'hui que Ben Laden et ses bandes de brigands pourraient jouer ce rôle.

 

A plusieurs reprises au cours de l'histoire, les Etats-Unis n'ont pas hésité à utiliser leurs ennemis théoriques du moment comme pièce essentielle de leur stratégie de domination mondiale. Ils ont fait de l'Arabie Saoudite, le pays musulman le plus intégriste, le gendarme du Golfe Persique; ils ont financé la guérilla séparatiste tchétchène en lutte contre la Russie; ils se sont alliés avec les musulmans d'Albanie et de Bosnie (1) pour justifier leur présence militaire permanente dans les Balkans et pour mettre un terme à toute entente constructive entre les puissances européennes, jadis antagonistes, et, plus spécialement, pour empêcher l'entente qu'ils craignent le plus, celle entre l'Allemagne et la Russie.

 

Même pendant la période soviétique, ils ont utilisé les extrémistes musulmans à leur avantage; la CIA fut chargée de créer de toutes pièces Ben Laden et de donner forme à son mouvement, Al-Qaeda et ses talibans. Bien au-delà de leurs fantasmagoriques menaces terroristes  —en effet, beaucoup de commentaires pointent des doigts accusateurs vers d'autres cibles que CNN pour désigner les barbares responsables des attentats du 11 septembre 2001— Ben Laden et ses amis talibans représentent tout ce qui est opposé à l'âme européenne : le fait d'avoir détruit les statues millénaires des Bouddhas de Bamiyan démontre qu'ils seraient parfaitement capables de dynamiter le Parthénon, la Cathédrale de Burgos ou la Chapelle Sixtine s'ils en avaient l'occasion. Le vandalisme contre les Bouddhas suffit à démontrer à quel type d'individus on a affaire. Qui plus est, l'islamisme d'inspiration wahhabite que pratiquent Ben Laden & Co. n'a rien à voir avec l'islam traditionnel : c'est précisément une sorte d'islam dépouillé de tous rites profonds, de toute doctrine ésotérique, qui considère son propre héritage traditionnel comme étant "païen"; il cherche ainsi à imposer une interprétation particulière de la doctrine originelle du Prophète. Il faut bien se rendre compte que l'intégrisme wahhabite est aussi l'ennemi de l'islam traditionnel, ce qui explique l'opposition radicale entre l'Iran, d'une part, et le trinôme Pakistan/Arabie Saoudite/Ben Laden, d'autre part. S'il était possible de faire un parallélisme avec le christianisme, on pourrait dire qu'une même opposition se retrouve entre un catholicisme ancestral et paysan, d'une part, et un protestantisme puritain et exalté, d'autre part, justement semblable à celui que les Etats-Unis imposent avec force dans le monde.

 

L'Europe doit se tourner vers elle-même

 

Si l'Europe cherche les piliers sur lesquels construire sa puissance pour le millénaire qui commence, elle doit cesser d'être à la remorque des événements spectaculaires actuels, et tourner son regard vers elle-même : vers une Russie qui reste une grande puissance militaire, vers une Allemagne qui devrait abandonner définitivement ses complexes de nanisme politique et jouer à plein son rôle de locomotive économique, capable de lui rendre sa fonction d'axe du continent, vers une France qui, depuis 1945, a été le seul Etat européen qui a refusé fermement de devenir une colonie yankee, vers une Italie où les enjeux idéologiques sont encore véritablement débattus, vers une Espagne qui est consciente de ses énormes potentialités politiques et stratégiques. C'est dans ces pays, et dans ces pays seuls, que nous trouverons tous les éléments pour donner naissance à une Europe, puissance mondiale. Nous n'oublions pas les peuples britanniques (anglais, gallois, écossais, scoto-ulstérien) et irlandais, héritiers des meilleures traditions européennes, qu'elles soient celtiques, romaines, germaniques, scandinaves, traditions qui sont une part essentielle et incontournable de l'Europe. Nous devons aussi prendre en considération la côte orientale de l'Amérique du Nord, car ses habitants, eux aussi, doivent participer à la mission historique de maintenir leur héritage et leur identité, car ils sont appelés, très logiquement, à conserver une relation spéciale avec leurs frères aînés de ce côté-ci de l'Atlantique. L'Europe ne doit pas oublier qu'elle doit œuvrer avec tous les Euro-Américains du Nord comme du Sud (2), car ils restent un fragment de l'Europe et il nous paraît impossible de penser l'Europe complètement sans eux.

 

Lorsque certains dirigeants soviétiques ou communistes parlaient à Staline du pouvoir du Pape, le chef géorgien de l'URSS répondait toujours par une question : « Combien de Panzerdivisionen possède le Pape? Telles sont effectivement les réalités de la politique mondiale, et l'Europe, si elle veut devenir une véritable puissance, devra joindre en un indéfectible faisceau les acquis de son développement économique, le principe de l'unité politique et une armée puissante. Ce n'est que par la ferme conjonction de ces atouts que l'Europe parviendra un jour à une unité réelle. Voilà pourquoi, au début de cet article, nous avons exprimé la nécessité de forger une Europe armée et que nous lançons l'idée de créer une grande et unique armée européenne, qui devra se montrer capable d'affronter avec succès n'importe quelle menace qui pèserait sur nos terres, tant pour garder la frontière méridionale (face aux peuples islamiques) que pour contrer la prépondérance américaine sur le sol européen.

 

La crise internationale provoquée par les attentats du 11 septembre 2001 semble désormais se dénouer : l'incursion des troupes occidentales en Afghanistan arrive à sa fin et, en guise de conclusion, nous pouvons dire que sont désormais patentes les contradictions dans lesquelles va se dépêtrer le "nouvel ordre mondial" au moment il doit imposer sa domination sur ce monde si complexe des débuts du troisième millénaire, même si en apparence il semble mettre en œuvre des plans infaillibles. Malgré ces projets mirobolants, les échecs sont évidents et les situations que provoque ce "nouvel ordre mondial" ne donnent pas toujours les résultats espérés. Au début des événements d'Afghanistan, il était clair que les Etats-Unis appuyaient l'Alliance du Nord, parce qu'ils n'osaient pas se risquer à une invasion terrestre ; les mudjahidins devaient faire le sale travail et subir les rigueurs du combat que craint l'armée impérialiste, plus prompte à bouffer des hot dogs, à fréquenter les night-clubs et à visiter le psychanalyste qu'à se lancer dans des combats au corps à corps. Au fur et à mesure que la situation évoluait, le scepticisme s'imposait quant à l'identité réelle de l'Alliance du Nord, qui ne partageait évidemment pas les options idéologiques occidentales; les positions idéologiques de cette Alliance, sa soif de revanche et ses appuis extérieurs ne correspondaient pas tout à fait à ce qu'espéraient les Américains. Finalement, nous voyons que la peur américaine d'affronter l'ennemi taliban sur le terrain a conduit à appuyer d'autres islamistes, ceux du Nord, a conduit à un résultat désastreux pour les Etats-Unis sur le plan des relations internationales :

 

(1)     Les Etats-Unis ont détruit un régime qu'ils avaient eux-mêmes créé pour freiner l'influence soviétique (puis russe) et l'influence iranienne dans la région.

 

(2)     Les Etats-Unis ont perdu beaucoup de crédit auprès de leur plus fidèle allié parmi les musulmans non arabes : le Pakistan, dont le régime est fragilisé à l'intérieur comme à l'extérieur.

 

(3)     Les Etats-Unis ont envenimé leurs relations avec leur meilleur allié arabe : les Saoudiens.

 

(4)     Les deux grands bénéficiaires de la nouvelle situation, née par l'installation du nouveau gouvernement à Kaboul, sont les deux bêtes noires de la diplomatie américaines, tous deux alliés potentiels de l'Europe : l'Iran, qui, malgré les intentions de Khatami d'introduire des réformes, reste un môle de résistance au mondialisme; et l'Inde, ennemie traditionnelle des Etats-Unis et du Pakistan, gouvernée aujourd'hui par les traditionalistes hindous du BJP.

 

Le "nouvel ordre mondial" est vulnérable. L'hégémonie yankee présente des faiblesses rédhibitoires. L'Europe, dans ce contexte, doit simplement avoir la volonté de se muer en grand protagoniste de la politique mondiale, comme elle l'avait été jadis, en faisant face aux Etats-Unis et en faisant face à l'Islam, en faisant face à tous les adversaires qui voudront l'affronter. Cette volonté, il faut la réveiller, en la criant dans les rues, en la défendant et l'illustrant dans les revues, dans les fora d'opinion, pour défendre ses forêts et ses lacs, ses cathédrales et ses musées, les tombes de ses héros et de ses artistes. Il faut œuvrer pour l'éveil de cette volonté à Galway, à Moscou, à Stonehenge, dans les ruines de Delphes, dans le théâtre romain de Sagonte, dans la cathédrale de Strasbourg, sur le parvis de Notre-Dame de Paris, à Poitiers, à Lépante et partout ailleurs. Cet article aussi est un cri qui appelle à l'éveil.

 

Enrique RIPOLL.

 

Notes:

◊ 1. Rappelons que les Bosniaques ont pris pour référence à l'identité de leurs pays, l'Islam, parmi d'autres possibilités qui auraient pu s'offrir à eux. Alors que cet islam s'était fortement estompé au point de venir quasi anecdotique chez eux, sa réactivation a provoqué une nouvelle division idéologique en une région très sensible en Europe. Elle a amené une division interne en Bosnie-Herzégovine entre Musulmans, d'une part, et Croato-Bosniaques catholiques et Serbo-Bosniaques ortohodoxes, d'autre part, ruinant les assises de cet "Etat-avorton" qui prétendait être islamique et uni, tourné vers La Mecque.

 

◊ 2. Nous devrions éviter d'utiliser des termes confus comme "hispano-américain" ou "latino-américain", car ils imposent une confusion entre les "Euro-Américains" originaires de pays de langue romane, d'une part, et les indigènes, les Afro-Américains et tous les autres types de symbiose raciale et culturelle qui composent l'Amérique tout en ayant pour dénominateur commun l'usage de la langue castillane ou portugaise. Nous assistons, étonnés, à la mode actuelle de la musique dite "latina", baptisée ainsi par les demi-analphabètes qui officient dans les grands médias de communication nord-américains : la salsa, la merengue et autres phénomènes analogues ne sont pas autre chose que des rythmes afro-caribéens adaptés et chantés en espagnol ; si nous suivions le même raisonnement, nous devrions dire que les orchestres de rap new-yorkais relèvent d'"auteurs anglo-germaniques". 

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La guerre en Irak affaiblit l'US Army

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La guerre en Irak affaiblit l’US Army

Peter Pace, général américain qui part à la retraite, a exigé, avant son départ, la diminution des effectifs US en Irak. La présence de plus de 100.000 soldats en Irak constitue une charge trop lourde pour les forces armées américaines et diminue leurs capacités à réagir à d’autres menaces, a déclaré cet officier de haut rang aux journalistes du « Los Angeles Times ». Cet officier du Corps des Marines peut partir à la retraite car George Bush n’a pas réclamé le renouvellement de son contrat ; il quittera donc ses fonctions en septembre 2007. Il présentera ses réflexions et conclusions au Président américain mais à titre privé seulement, précise le « Los Angeles Times ». Le quotidien précise en outre que les chefs d’état-major ont exprimé leurs inquiétudes : en effet, la guerre menée en Irak empêche de faire face à d’autres menaces, comme celle que pourrait constituer l’Iran. Pour sa part, le Sénateur républicain John Warner de l’Etat de Virginie a demandé au Président Bush d’annoncer, le 15 septembre, le retour prochain de 5000 soldats du théâtre irakien. Les Etats-Unis doivent montrer au Premier Ministre irakien Nouri al-Maliki que l’engagement américain en Irak ne sera pas éternel, a déclaré le Sénateur, qui est également membre de la Commission des forces armées. Et il a ajouté : « Le gouvernement irakien a laissé tomber nos troupes ».

(source : Junge Freiheit, Berlin,n°36/2007).

Commentaires:

L’hypertrophie impériale est une constante de la politique extérieure et militaire des Etats-Unis. Les engagements militaires finissent par s’avérer très lourds, sur le plan budgétaire, pour faire face simultanément à d’autres impératifs (sociaux, investissements structurels, etc.). De plus, l’intervention en Mésopotamie, au fond de ce bras de mer profondément enfoncé dans les terres de la masse continentale eurasienne implique un bouleversement tel de l’équilibre régional et de sa périphérie, qu’il implique, bien plus qu’au Vietnam, l’émergence de nouveaux conflits et défis ; ainsi, nous voyons une Turquie qui vacille, ne montre plus la même fidélité inconditionnelle à l’alliance atlantique ; un Iran qu’il faut déstabiliser par insurrections tribales interposées au Baloutchistan et dont l’invasion exigerait des troupes bien plus considérables ; une Asie centrale ex-soviétique qui lorgne, du coup, à nouveau vers Moscou ; une effervescence dans le Caucase que les Etats-Unis ne peuvent maîtriser en dépit des promesses faites à leurs nouveaux alliés, etc. Dans un tel contexte, la Vieille Europe, vilipendée par la clique néo-conservatrice autour de Bush, pourrait faire valoir ses droits à un environnement stable, de concert avec la Russie de Poutine, voire avec la Chine et l’Inde, mais cette réaction salubre ne s’avère plus possible avec la disparition de facto de l’Axe Paris-Berlin-Moscou, les positions d’Angela Merkel étant plus molles et vagues que celle de son prédécesseur social-démocrate et l’alignement de Sarközy, le nouveau président français, sur les Etats-Unis devenant de plus en plus patent.

 

 

03:10 Publié dans Eurasisme, Géopolitique, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook