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mardi, 17 janvier 2012

Pour une Res Publica impériale européenne

Pour une Res Publica impériale européenne


Entretien avec Pierre Le Vigan


Orientations identitaires : Pour reprendre l’un des termes du titre de l’ouvrage collectif que vous avez dirigé avec Jacques Marlaud, La Patrie, L’Europe et le monde, pensez-vous que la « patrie » puisse se différencier, en France, de la « nation » et si oui, quelle est la nature de cette distinction ?


Pierre Le Vigan : « Le vrai  patriote  s’inquiète, non du poste qu’il doit occuper dans la patrie, mais du rang  que la patrie  doit  atteindre  parmi  les nations », disait le journaliste québécois Jules-Paul Tardivel dans la seconde moitié du XIXe siècle. C’est dire que les deux termes « patrie » et « nation » ont longtemps été synonymes. La patrie, c’était notre nation, celle qu’on aimait. Dans Les deux patries, Jean de Viguerie émet la distinction entre la patrie concrète, respectable et aimable, et la « patrie » du patriotisme révolutionnaire de 1789 – 93; idéologique, meurtrière (et, accessoirement, à laquelle Maurras se serait rallié en grande partie, dit-il, à juste titre selon moi). C’est une distinction intéressante mais un peu dépassée : il n’y a plus de patrie sans dimension « idéologique ». On peut aussi distinguer les « petites patries » (les provinces) de la nation, acteur historique. En vérité, on confond trop souvent les attachements géographiques locaux, respectables, et les patries. Les patries, ce sont les attachements qui sont aussi des engagements. La patrie n’est ainsi pas autre chose que ce qu’a été historiquement la nation française, et la nation serbe, allemande, russe, …. Sachant que l’histoire a été et reste ouverte et qu’ainsi, il eut pu exister une patrie bourguignonne si un État-nation bourguignon avait pu s’imposer durablement face à ce qui commençait à être la France et l’État capétien. Idem pour la Bretagne, l’Ukraine, la Silésie, etc.

 

 

O.I. : Entre revendications locales et problématiques internationales, l’échelon national est-il selon vous encore légitime et valide ?

 

P.L.V. : L’« échelon » national n’est pas un terme très valorisant. La nation reste le niveau privilégié de la décision et de l’existence historique. C’est aussi, comme l’a rappelé Max Gallo, le meilleur niveau de démocratie possible. Pourquoi ? Parce que, aussi affaiblie que soit l’idée d’appartenance nationale, et surtout chez les élites infidèles à l’esprit du peuple, la nation reste unie par un élément essentiel : la langue, et aussi une histoire partagée, y compris une histoire des luttes sociales et filiation d’idées politiques et sociales.

 

O.I. : Que répondriez-vous à ceux qui affirment que critiquer (ou même simplement interroger) les concepts de nation et de nationalisme revient à faire le jeu du mondialisme et du cosmopolitisme ?

 

P.L.V. : Je ne suis pas « complotiste ». On peut critiquer en toute bonne foi les idées de nation et de nationalisme, ou n’importe quelle idée d’ailleurs. Deux remarques : ces deux termes ne signifient pas la même chose. Défendre l’idée de la pérennité de l’idée de nation ne veut pas dire être nationaliste. Enfin, « être nationaliste » mériterait une définition. Plus personne ne défend un nationalisme offensif, conquérant, belligène, vis-à-vis des autres nations. Les « nationalistes révolutionnaires », ceux qui se disent tels, sont aussi des nationalistes européens. Il s’agit en fait pour eux d’affirmer un nouvel être ensemble, une nouvelle façon de vivre dans une nation révolutionnée, un co-nationalisme des peuples européens, libérés, hier du condominium américano-soviétique, aujourd’hui, libérés de l’unilatéralisme américain. Ce que l’on appelle « nationalisme », depuis 1945, signifie en Europe que l’on veut lier les aspirations d’émancipation nationale aux aspirations sociales. Cela signifie dénoncer la colonisation mentale dont les peuples européens sont victimes. Cela signifie aussi dénoncer la dilution de nos identités dans les excès des politiques d’immigration. C’est aussi, pour les plus lucides, comprendre que ces processus viennent d’une conception purement marchande de la vie et de nos sociétés.

 

En ce sens, on peut, bien entendu, critiquer les insuffisances des positions des « nationalistes révolutionnaires » français, italiens, allemands, etc., qui se disent souvent aussi « nationalistes européens » mais je ne vois pas très bien comment leur dénier une certaine pertinence dans leurs analyses et dans leur combat contre une Europe techno-bureaucratique. De mon côté, je défends sans concession le principe que les « nationaux-révolutionnaires », pour reprendre ici l’expression allemande, ne peuvent l’être de manière cohérente qu’en étant partisans de la démocratie la plus authentique, celle dont nos institutions ne sont souvent qu’une caricature. L’État doit être l’État démocratique du peuple tout entier : démocratie directe quand c’est possible, référendum d’initiative populaire, mais aussi bien sûr processus électoraux classiques dont ne peut faire l’économie – n’en déplaise aux rousseauistes de droite comme de gauche –, à condition qu’ils soient équitables, avec une dose de proportionnelle par exemple.

 

O.I. : Pour vous, au-delà de leurs appartenances nationales respectives, qu’est-ce qui fonde à la fois la spécificité et l’unité de l’homme européen ?

 

P.L.V. : Pour moi, l’homme européen n’existe pas. C’est une fiction, une figure de rhétorique, tout comme « l’homme français » d’ailleurs dont on se gargarisait avant 1940. Je crois que le mythe de l’histoire commune des Indo-Européens a fait perdre beaucoup de temps aux « bons Européens » comme disait Nietzsche. C’est un mythe « hors sol » comme l’a bien vu Philippe Forget. Les Kurdes, les Afghans sont d’origine indo-européenne. Cela n’aide en rien à penser leur intégration ou leur non-intégration. Je me sens beaucoup plus proche d’un Africain francophone que de ces hypothétiques « héritiers » des Indo-Européens. La vérité est que des fétiches d’intellectuels ont été confondus avec des concepts opératoires. Il n’y a pas d’« unité de l’homme européen » tout simplement parce qu’il n’y a pas de langue commune des Européens et donc parce que l’Européen n’existe pas, tout comme l’« Africain » n’existe pas – même s’il y a des Africains. Ou de même que l’« Asiatique » n’existe pas : qu’y a-t-il de commun entre un Chinois et un Hindou ? Quasiment rien. L’unité de l’homme européen, on la trouve… aux États-Unis d’Amérique, avec des descendants d’Européens qui parlent une langue commune, l’anglais. Et qui ont un patriotisme commun. C’est une ambition commune, un rêve commun, la « nouvelle frontière », qui a créé l’unité des Européens exilés devenus des… Américains, y compris au demeurant des Noirs non européens devenus tout aussi Américains par le partage d’un rêve commun. Ce qui compte, c’est la common decency. Je voyais récemment des individus originaires d’Europe de l’Est manger une boîte de cassoulet dans le métro. Au-delà du côté pittoresque, on voit bien que ce n’est pas la question des origines ethniques ou même religieuse qui est le critère, c’est celui des mœurs, c’est la décence ordinaire, commune.

 

Le constat que l’homme européen n’existe pas  ne m’empêche pas d’être pour l’Europe, mais comme pur constructivisme. Celui qui croît être pour l’Europe pour des raisons hégéliennes – et ils sont nombreux à droite – se trompe, se raconte des histoires et nous raconte des histoires. Des raisons hégéliennes, c’est dire : l’Europe va retrouver son propre, elle va faire retour à elle-même, l’« homme européen » (sic) va advenir à l’histoire et à lui-même,…, ce sont là fantaisies d’intellectuels. Raisonnements circulaires qui ne sont surtout pas des raisonnements. Qui ne partent pas du réel et ne vont pas au réel. L’Europe sera une construction artificielle mais réelle comme la France l’a été ou l’Europe ne sera rien (ce qui n’est pas à exclure !). Tout ce qui est culturel est artificiel, or une construction politique est forcément culturelle et n’est que cela.

 

O.I. : Pensez-vous que le régionalisme puisse être, en dehors de quelques régions à forte identité comme le Pays basque ou l’Alsace, un concept actif et efficient et non simplement une utopie d’intellectuels ? Peut-on penser le régionalisme dans, par exemple, la Creuse ou la Touraine ?

 

P.L.V. : Il n’y a pas de régions ridicules. Mais en France, il n’y en a aucune qui soit devenue une nation. En Allemagne non plus d’ailleurs. Une chose est de constater qu’il y a eut des luttes pour le leadership national et plus encore impérial en Allemagne, avec par exemple les ambitions de la dynastie issue de la Bavière, les Wittelsbach, dynastie qui a d’ailleurs aussi essayé de s’imposer en Bohème, une autre est de croire que la Bavière a été une nation. C’est là confondre les logiques de pouvoir et les logiques de construction nationale. La vérité est qu’en Allemagne il n’y a eut qu’une nation, la nation allemande. On me dira peut-être qu’il y a eut des patries. Qu’est-ce à dire ? Si les patries ne sont pas des nations, ce ne sont que des nations qui ont échouées. Reprenons l’exemple du Pays basque. En France, c’est une province résiduelle, une partie du département des Pyrénées-Atlantiques, le reste du département étant constitué du Béarn, dont je suis en partie originaire. Soyons sérieux. Fait-on l’histoire avec quelques cantons ? Non, on ne fait pas l’histoire. On fait un « machin » comme le Kossovo. Un État–moignon. Et le Pays basque espagnol ? Il est peuplé en immense majorité de non-Basques, d’Espagnols. N’y ont-ils pas leur place ? Bien sûr que si. Un peu d’esprit de grandeur jacobine – l’envie de faire de grandes choses ensemble et de parler au monde – n’est pas inutile face aux régressions mentales micro-identitaires sur de petites régions. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un État qui nous fasse rêver, d’un État porteur d’un projet. Ce dont nous avons besoin, c’est de la Grande Europe. C’est de l’Empire. C’est de l’Empire européen. On fait l’histoire avec des rêves, pas avec des calculettes.

 

O.I. : Rompre avec l’hyper-urbanisation, « relocaliser », faire revivre les campagnes beaucoup en rêvent, mais est-ce vraiment possible ? Selon vous, comment faudrait-il procéder pour atteindre ces objectifs ?

 

P.L.V. : Il faut une politique fiscale, budgétaire, financière nouvelle. Il faut mettre le paquet sur le développement des villes moyennes, de 50 000 à 300 000 habitants. Au-delà  de quelque 500 000 habitants,  c’est déjà très difficile à gérer. Il faut développer la densité urbaine. Construire dense, ce qui ne veut pas dire construire des tours, mais construire de la ville, produire de la centralité urbaine, limiter les banlieues de grands ensembles mais aussi les banlieues pavillonnaires, offrir des alternatives à la voiture mais ne pas persécuter les automobilistes qui n’ont pas le choix. Il faut une économie orientée, une économie dirigée, cadrée par de grands axes de choix publics, comme la filière nucléaire. Il faut un État-stratège, fort mais limité, présent là où il faut mais pas envahissant. Il faut aussi un changement des mentalités : décoloniser les imaginaires de la marchandise. Sans pour autant s’arc-bouter sur le mythe de la décroissance. Être a-croissant, cela suffit. On peut imaginer une décroissance avec autant d’injustices, de misère morale et sociale que la croissance. Est-ce cela que l’on veut ? Bien entendu, non. Aussi, plutôt que de décroissance, je parle de développement vraiment durable, ce qui veut dire surtout relocaliser, et mettre la France au travail. Les 35 heures je suis pour, mais tout le monde doit travailler. Du travail pour tous mais tous au travail. La fainéantise soixante-huitarde, très peu pour moi.

 

O.I. : Pour conclure, quel serait pour vous le cadre institutionnel « idéal » pour accompagner un renouveau européen ?

 

P.L.V. : C’est l’Empire européen. Un Empire républicain, ou si l’on préfère une République impériale mais pas au sens des États-Unis, qui sont plutôt une République impérialiste. Cet Empire doit être républicain, c’est-à-dire que le modèle ne peut être une monarchie telle que l’Empire d’Autriche-Hongrie, certes assez respectueux des diversités mais dont le caractère vermoulu ne faisait pas de doute. Une République, cela veut dire une structure historique qui articule les diversités sans les admettre toutes. Toute idée non républicaine tend à être trop laxiste quand à ce qui est intégrable et ce qui ne l’est pas. Il n’y a pas de place, par exemple, dans l’Empire républicain européen, pour l’excision. Ou pour la femme dont le visage est voilé. Toutes les différences ne sont pas admissibles. Certaines différences doivent mettre hors l’Empire. Pas de tolérance non plus pour le gamin se promenant en capuche. Il doit y avoir, pour qu’il y ait une existence historique de l’Europe, une façon européenne de se tenir, de parler, d’admirer, et un type éthique (je dis bien éthique et non pas ethnique) dominant, une figure dominante. Il doit y avoir une exigence esthétique en Europe impériale, portant sur l’art et les monuments, et un consensus sur ce qui est noble et sur ce qui ne l’est pas.

 

L’Europe est en même temps très plurielle. Il y a la coupure entre les anciens empires romains d’Occident et d’Orient, coupure qui passe au milieu des Balkans. Il y a de ce fait l’évidence que l’ancien noyau carolingien doit être le moteur et le modèle mais ne peut ni ne doit uniformiser toute l’Europe. Il y a la question des limites de l’Europe. Celles-ci vont à coup sûr jusqu’à la Bulgarie, la Roumanie, la Pologne. Les Pays baltes, l’Ukraine ont vocation à être indépendantes, elles sont européennes, mais se pose en même temps la question de leur statut. Elles ne doivent pas menacer la Russie et celle-ci en retour ne doit pas menacer leur indépendance. Pascal G. Lassalle a dit là-dessus des choses d’une grande justesse (« Faut-il se garder d’une “ russophilie ” excessive ? », mis en ligne sur Europe Maxima, le 6 mars 2010) et je dois dire que je sors de sa lecture convaincu que l’Ukraine n’est pas seulement historiquement la « petite Russie » de Kiev mais qu’elle a une identité nationale réelle. L’Empire européen ne peut intégrer immédiatement la Russie mais il doit être fondé sur une communauté de civilisation à construire qui inclut la Russie. Mais il doit aussi dépasser la simple inclusion de celle-ci pour inclure les pays asiatiques de l’ex-Union Soviétique, et la Turquie – ce qui serait indispensable à partir du moment où les pays turcophones seraient inclus dans cette Eurasie (inclure les pays turcophones sans la Turquie serait  comme couper un arbre de ses racines). L’Eurasie, c’est une réalité géopolitique et c’est dans le même temps un mythe au bon sens du terme, un horizon, une autre voie que le productivisme sino-américain. Sans tomber dans le désarmement économique unilatéral des idéologues de la décroissance; il faut essayer ce que nous n’avons jamais essayé, c’est-à-dire le développement conditionné et soutenable, la croissance dans certains domaines et la décroissance dans d’autres domaines. On ne peut faire cela sur la base de l’idée (décroissante) que moins serait forcément toujours mieux. En outre, la nature humaine est le développement des capacités humaines. Il nous faut inventer un développement non productiviste.  Alors, bien sûr, le cadre institutionnel de l’Empire, c’est la Confédération européenne, c’est une monnaie commune mais pas forcément unique (je pense aux pays de l’Est européen qui ne sont pas prêts à adopter l’euro), et c’est une politique de défense, une politique extérieure commune, une politique d’immigration commune, et des axes communs en politique économique, fondés sur la relocalisation, l’économie autocentrée et la fin du libre-échange mondial. Attention : si on croît que le temps est venu de grands ensembles impériaux homogènes, on se trompe, ce sont des liens impériaux respectant les voies propres et l’autonomie de chaque peuple qui sont nécessaires. Regardez la Chine, elle gagnerait à être éclatée en quatre ou cinq ensembles associés entre eux, etc. Ce qui résoudrait accessoirement la question de Taïwan.

 

Alors, l’idée d’Empire, c’est justement ne pas vouloir tout réglementer à partir d’un centre, l’idée de République, c’est la condition de la démocratie – il faut un peuple avec des coutumes communes, une langue et des règles communes pour se comprendre et être en démocratie –, etc. La démocratie, c’est l’objectif ultime. L’anti-démocratisme, qu’il soit d’extrême gauche à la Alain Badiou ou d’extrême droite n’a jamais été ma tasse de thé. Le peuple doit décider de ses affaires, un point c’est tout. Encore faut-il qu’il y ait un peuple, un peuple sur sa terre. Et cela, cela se fait avec une République sociale, populaire et nationale. Et européenne bien entendu.

 

Propos recueillis par Xavier Eman, le 8 mars 2010, pour la revue Orientations identitaires, n° 1, décembre 2011, « Vers un post-nationalisme ? Entretiens sur la question européenne », 50 p., 5 € (+ 1,5 € pour le port), à commander sur le site <http://orientationsidentitaires.over-blog.com/> ou à l’adresse <orientationsidentitaires@gmail.com>.

 

Le présent entretien mis en ligne a bénéficié de quelques modifications de Pierre Le Vigan pour réparer quelques obscurités de son texte initial ! Comme quoi nul n’est parfait et certainement pas Le Vigan.

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

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¿Qué pasa en Marruecos?

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¿Qué pasa en Marruecos?

 
Ernesto MILA

Ex: http://info-krisis.blogspot.com/

 
Info|krisis.- Las cosas no van bien en Marruecos. A pesar de que el 12 de febrero del año pasado, Zapatero echara el primer capote al gobierno marroquí (esto es, a la monarquía de Mohamed VI) y proclamase en una entrevista inolvidable con la agencia Reuters que la situación en ese país es completamente diferente a la de Túnez, Egipto o Libia, lo cierto es que un año después existe la sensación de que las cosas han llegado al límite y también Marruecos se acerca a un cambio histórico que, obviamente, por la proximidad geográfica, nos afectará queramos o no.

La crisis marroquí es la acumulación de cinco procesos bien diferenciados que han llegado al límite: Crisis política, crisis económica, presión demográfica, crisis internacional y crisis cultural. Y, de la misma forma que en cualquier otro país del mundo árabe, puede establecerse que no hay interlocutor válido con peso social y prestigio suficiente entre la población aparte del islamismo, en Marruecos, no solamente ocurre otro tanto, sino que se engaña quien vea a partidos, a monarca o a fuerzas económicas como interlocutores válidos y posibles aliados. 
 
Francia se equivocó pensando que bastaba con que las élites sociales hablaran francés para hacer de Marruecos una “zona de influencia” gala. Los EEUU se equivocaron al pensar que a la vista de que, comparado con Argelia, Marruecos parecía ser un país estable, era posible allí instalar el gran portaviones norteamericano en África. De hecho, si Mohamed VI sustituyó a Francia por los EEUU en el rango de “primera potencia aliada” fue, precisamente porque, a la vista de lo que se le venía encima, el Pentágono ofrecía más garantías que el Elíseo. Y, a la vista de la situación económica interior de los EEUU parece que también aquí el Rey y sus consejeros se equivocaron. 

Marruecos, a la hora de la verdad –esto es, cuando estalle la revuelta socio-política- estará sola frente a las hordas islamistas. Y, de hecho, es probable que nadie en Europa derrame una lágrima por la monarquía de Mohamed VI a la vista de que para la UE no ha sido otra cosa que un verdadero “chantajista” que ha atizado todo tipo de amenazas y desatado todo tipo de riesgos en caso de que la UE no accediera a sus deseos.

La crisis económica se puso ya de manifiesto en 2003 cuando el Partido de la Justicia y el Desarrollo se configuró como la segunda fuerza política del país, mientras que la ONG del jeque Jassin, Caridad y Justicia, pasaba a ser la gran fuerza islamista ajena a los canales de la política oficial pero con una fuerza creciente entre los profesionales y entre los estudiantes. Mohamed VI intentó conjurar el ascenso islamista recurriendo a los servicios de inteligencia y a sus hábiles “operaciones especiales”. Las bombas de Casablanca en 2004, por ejemplo, supusieron un primer intento que seguía el modelo del 11-S y que precedería al 11-M: atentados de dudoso origen presentados como “violencia islamista” que justificaban, no solamente el desprestigio de las opciones políticas islamistas (la primera de todas el PJD y la ONG CyJ), sino también la represión contra los mismos. Mas tarde, la creación de partidos falsamente islamistas vinculados y gestionados por los amigos de la Casa Real, taponaron el ascenso del PJyD durante siete años. Los vínculos cada vez más estrechos entre los EEUU y Mohamed VI hicieron que se desplazara a este país la sede del Africom (el mando para África del Pentágono) y si bien los yacimientos petroleros de ese país han resultado más escasos de lo que se preveía y no tienen interés estratégico, si que es cierto que esa base militar supone un portaviones para los EEUU en África, cerca de la zona petrolera del Golfo de Guinea y de los yacimientos de gas argelinos.

Las contradicciones que aparecen ahora en la política marroquí son muchas y generarán tensiones insuperables que solamente se saldarán con movilizaciones callejeras, protestas, disturbios y finalmente con la monarquía de Mohamed VI tambaleándose. En efecto, por una parte hay que distinguir:

- Contradicciones entre el “Islam oficial” dirigido desde la Casa Real a través de la figura de Mohamed VI, “emir de los creyentes” (como si Rouco Varela fuera a la vez presidente de la Conferencia Episcopal y rey de España) y el islam wahabita financiado desde las monarquías del golfo pérsico.

- Contradicciones entre el majzén (el entorno de influencias del Palacio Real, centro de todas las corrupciones en el vecino país) y las clases desfavorecidas (que van creciendo y que se ven cada vez más afectadas por el paro).

- Contradicciones entre Marruecos y sus vecinos del Magreb (éste país no ha podido superar la rivalidad y desconfianza proverbial con Argelia, los recelos mauritanos, la desconfianza con que es visto el régimen desde los nuevos gobiernos islámicos del norte de África).

- Contradicciones entre Marruecos y el África Negra (Marruecos sufre una presión demográfica propia –duplica su población cada 20 años- y al mismo tiempo la presión demográfica del África negra).

- Contradicciones entre los EEUU y Francia (que se disputan el ser potencia hegemónica en Marruecos).

- Contradicciones entre la imagen que el país proyecta de sí mismo (occidental, democrático) y la realidad (simbiosis entre una democracia limitada y una dictadura feroz).

- Contradicciones en el interior del actual gobierno entre los islamistas moderados y los fieles a Mohamed VI (el gobierno marroquí cada vez tiene menos ministros elegidos a dedo por el rey y, por tanto, más hombres que anteponen su lealtad al partido y al islam antes que al monarca).

Estas contradicciones no tienen solución e irán produciendo desgarrones y tensiones en el interior del país hasta el estallido final. En Marruecos se tiene muy presente la transición española y en los últimos años lo que se ha producido es un intento de comandar desde el majzén un modelo local de transición que garantice la preponderancia el rey en lo esencial y el aspecto de democracia formal del país. Ese intento puede darse hoy por fracasado: con los islamistas en el poder va a ser muy difícil realizar una transición hacia cualquier otra cosa que no sea una república islámica. Estas contradicciones encierras en sí mismas las crisis a las que aludíamos antes: crisis política, crisis económica, presión demográfica, crisis internacional y crisis cultural.

La proximidad de Marruecos a España hace que todo lo que ocurre en aquel lugar nos afecte muy directamente. De hecho, se calcula que una sequía (y este es año de sequía) 250.000 campesinos se va a vivir a los arrabales de las grandes ciudades o emigran a Europa. Por otra parte, históricamente, siempre que la monarquía marroquí tiene problemas interiores busca superarlos mediante aventuras exteriores que siempre tienen como objeto al eslabón más débil en Europa: nuestro país. 

Que el estallido social y político está cantado en Marruecos, de eso no cabe la menor duda. La duda estriba en el momento en el que se producirá y en la intensidad del mismo. Pero nadie duda de que se producirá. No se puede hacer nada para evitarlo especialmente desde España, sino solamente tomar medidas para que no nos afecte excesivamente. Marruecos exporta productos agrícolas, haschisch (casi 100.000 hectáreas de cultivo de cannabis en el valle del Rif), inmigrantes y problemas… de lo que se trata es de que nada, absolutamente nada de todo esto nos afecte. 

Y esto implica convertir la zona del Estrecho en el eje estratégico de nuestra defensa previendo lo que puede suponer un conflicto fronterizo y en un aumento de la tensión en la zona. No es interés de Europa quién gobierno en la orilla sur del Mediterráneo, se da por supuesto que esa es la zona islámica por excelencia y que a la vista de la falta de tradición de los partidos políticos en esos países, el gran interlocutor en la zona es el islam. ¿Es posible entenderse con el Islam? Sí, si se le garantiza estabilidad e integridad, no injerencia en los asuntos internos del Magreb, a cambio de que el Mediterráneo sea la última frontera del islam. No hay lugar para el islam al norte de Gibraltar.
 
© Ernesto Milà – Prohibida la reproducción de este texto sin indicar origen.

Gottfried Benn und sein Denken

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Gottfried Benn und sein Denken

Bewährungsprobe des Nationalismus

Arno Bogenhausen

Ex: http://www.hier-und-jetzt-magazin.de/

Eine neuerschienene Biographie des Dichterphilosophen gibt uns Anlaß, über das Verhältnis von nationalem Bekenntnis und geistigem Solitär nachzudenken. Gunnar Decker, der mit seiner Arbeit weit mehr bietet als Raddatz („Gottfried Benn, Leben – niederer Wahn“) und auch gegenüber Helmut Lethens gelungenem Werk („Der Sound der Väter“) einen Zugewinn erbringt, ist als Angehöriger des Jahrgangs 1965 eindeutiger Nachachtundsechziger, damit weniger befangen und im Blick getrübt als die Vorgänger. Bei ihm finden sich Unkorrektheiten wie die beiläufige Bemerkung: „Es gehört zur Natur der Politik, daß sie jeden, egal wie gearteten, Gedanken konstant unter Niveau verwirklicht.“ Dennoch sind auch für ihn Benns Berührungen mit dem Nationalsozialismus und die folgende „aristokratische Form der Emigration“ im Offizierskorps der Deutschen Wehrmacht ein Grund zu längerer Reflexion; allein drei der sechs Kapitel sind den Jahren des Dritten Reiches gewidmet.

Benns Hinwendung zum NS, die 1933 in Rundfunkreden, Aufsätzen und dem Amt des Vizepräsidenten der „Union nationaler Schriftsteller“ zum Ausdruck kam, ist unbestritten. Sie war nicht äußerer Anpassung geschuldet, sondern beruhte auf der Überzeugung, an einer historisch folgerichtigen Wende zu stehen. Der Verächter des Fortschrittsgedankens und jeder programmatischen Erniedrigung des Menschen hoffte, „daß ein letztes Mal im Nachklang ferner dorischer Welten Staat und Kunst zu einer großen, einander begeisternden Form fänden“ (Eberhard Straub). Am 23. 9. 1933 schrieb er einer Freundin in die Vereinigten Staaten, „daß ich und die Mehrzahl aller Deutschen … vor allem vollkommen sicher sind, daß es für Deutschland keine andere Möglichkeit gab. Das alles ist ja auch nur ein Anfang, die übrigen Länder werden folgen, es beginnt eine neue Welt; die Welt, in der Sie und ich jung waren und groß wurden, hat ausgespielt und ist zu Ende.“

Diese Haltung wird ihm bis heute zum Vorwurf gemacht. Es beginnt 1953 mit Peter de Mendelssohns Buch „Der Geist der Despotie“, in dem zugleich Hamsun und Jünger in Moralin getaucht werden. Sehr schön liest sich bei Decker, warum die Vorwürfe ihr Thema verfehlen: „Auf immerhin fast fünfzig Seiten wird Benns Versagen behandelt, das letztlich in seinem Unwillen gegen ein moralisches Schuldeingeständnis gründet. Das überzeugt den Leser nur halb, denn de Mendelssohn argumentiert fast ausschließlich moralisch – und da fühlt Benn sich immer am wenigsten gemeint. In diesem Buch klingt einem ein Ton entgegen, wie später bei den 68ern mit ihrer ebenso ekstatischen wie pauschalen Anklage der Vätergeneration. Oder auch – auf anderer Ebene – wie bei manchem DDR-Bürgerrechtler, dem die DDR abhanden gekommen ist und der darum aus seinem Bürgerrechtssinn eine Ikone macht, die er pflegt.“

Benn hat seinen zahllosen Interpreten, die nach Erklärungen suchten, ihre Arbeit kaum erleichtert. Tatsächlich sind weder gewundene Rechtfertigungsversuche noch tiefenpsychologische Studien, wie sie Theweleit betrieb, vonnöten, um das angeblich „Unverständliche“ zu deuten. Der Denker selbst hat 1950 in öffentlicher Ansprache eine ganz schlichte, in ihrer Einfachheit allen Theorienebel beiseite fegende Aussage getroffen: „Es war eine legale Regierung am Ruder; ihrer Aufforderung zur Mitarbeit sich entgegenzustellen, lag zunächst keine Veranlassung vor.“

Das eigentliche Problem liegt somit nicht in Benns Entscheidung, mit der er – auch unter Intellektuellen – nun wirklich nicht alleine stand, sondern in der Unfähigkeit der Verantwortlichen, mit ihr umzugehen. Klaus Mann stellte als inzwischen ausländischer Beobachter nicht ohne Befriedigung fest: „seine Angebote stießen auf taube bzw. halbtaube Ohren … Benn hört vor allem deshalb auf, Ende 1934, Faschist zu sein oder zu werden, weil es keine passende Funktion für ihn gibt im nationalsozialistischen Züchtungsstaat.“

Vom NS-Ärztebund, der diskriminierende Anordnungen erließ, über fanatische Zeitungsschreiber, die ihm ungenügende völkische Gesinnung attestierten, bis zu Funktionären, denen der Expressionismus insgesamt undeutsch vorkam, schlug ihm Ablehnung entgegen. Seine virile Unbefangenheit in sexuellen Angelegenheiten wurde ihm 1936 von einem Anonymus im „Schwarzen Korps“ verübelt: „er macht auch in Erotik, und wie er das macht, das befähigt ihn glatt zum Nachfolger jener, die man wegen ihrer widernatürlichen Schweinereien aus dem Hause jagte.“ Benn sah sich danach zu der ehrenwörtlichen Erklärung gezwungen, nicht homophil zu sein. Die Parteiamtliche Prüfungskommission zum Schutze des nationalsozialistischen Schrifttums hielt der Deutschen Verlags-Anstalt vor, „völlig überholte Arbeiten“ zu publizieren und übermittelte der Geheimen Staatspolizei, Gedichte Benns zeugten von „pathologischer Selbstbefleckung“, weshalb zu bedenken sei, „ob der Verleger nicht zur Rechenschaft gezogen werden soll“. Ein mit der „Säuberung“ der Kunst befaßter Maler-Autor warf ihm „Perversitäten“ vor, die an „Bordellgraphik und Obszönitätenmalerei“ erinnerten; es sei angebracht, seine Aufnahme in das Offizierskorps „rückgängig zu machen“. Boshafte Unterstellungen gipfelten darin, seinen Familiennamen auf das semitische „ben“ zurückzuführen und ihm eine jüdische Herkunft anzudichten. Lediglich seinem Fürsprecher Hanns Johst, der bei Himmler intervenierte, verdankte Benn, nicht mit weiterreichenden Maßnahmen überzogen zu werden.

Worum es hier geht, ist nicht die Beweinung eines „dunklen Kapitels deutscher Geschichte“. Benn selbst schrieb 1930 an Gertrud Hindemith: „Vergessen Sie nie, der menschliche Geist ist als Totschläger entstanden und als ein ungeheures Instrument der Rache, nicht als Phlegma der Demokraten, er galt dem Kampf gegen die Krokodile der Frühmeere und die Schuppentiere in den Höhlen – nicht als Puderquaste“. Die Agonalität des Lebens war ihm vertraut, und angesichts der Praxis heutiger Bürokratien, die mißliebige Geister einer durchaus größeren Drangsal überantworten, als sie ihm widerfuhr, soll auch nicht leichthin der Stab über eine „offene Diktatur“ gebrochen werden. Daß aber die einmalige Gelegenheit vertan wurde, eine Persönlichkeit dieses Grades für den neuen Staat zu gewinnen, war kaum verzeihlich. Jene Nationalsozialisten, die Benn schlechthin verwarfen, begaben sich – man muß es so hart sagen – auf das Niveau des Bolschewismus herab. In kleinbürgerlich-egalitären Horizonten und ideologisch miniaturisierten Maßstäben befangen, erkannten sie nicht, daß ihnen ein Großer gegenüberstand, dessen Werk – was immer man im einzelnen ablehnen mag – den Deutschen zur Ehre gereichte. (Dasselbe gilt für eine Reihe weiterer, die alles andere als vaterlandslose Gesellen waren, aber ins Abseits gerieten; man denke nur an George, Jünger, Niekisch, Schmitt und Spengler, von dem übrigens Benn schon 1946 schrieb, er „wäre heute genauso unerwünscht und schwarzbelistet wie er es bei den Nazis war“.)

Das traurige Bild, das der Nationalsozialismus in diesem Punkte abgab, wird besonders deutlich im Vergleich mit dem faschistischen Italien, das es verstand, die vitalen Impulse des Futurismus aufzunehmen und in seine vorbildliche Pluralität zu integrieren. Benn versuchte in mehreren Aufsätzen, die futuristische Idee auch den Berliner Staatsmännern schmackhaft zu machen. Als Marinetti, der Verfasser des Futuristischen Manifestes, in seiner Eigenschaft als Präsident des italienischen Schriftstellerverbandes Berlin besuchte und ihm zu Ehren ein Bankett gegeben wurde, hielt Benn in Vertretung für Hanns Johst die Laudatio. Doch sein Mühen blieb vergeblich. Unterlagen doch selbst die weit weniger buntscheckigen Expressionisten, um deren Bewertung zunächst noch ein innernationalsozialistischer Richtungsstreit tobte, den Dogmatikern des Volkstümlichen.

Nach der sog. „Niederschlagung des Röhm-Putsches“ schreibt Benn seinem Lebensfreund Friedrich Wilhelm Oelze: „Ein deutscher Traum, wieder einmal zu Ende.“ Später wird er die Gebrechen des nationalsozialistischen Staates so beschreiben: „Ein Volk will Weltpolitik machen, aber kann keinen Vertrag halten, kolonisieren, aber beherrscht keine Sprachen, Mittlerrollen übernehmen, aber faustisch suchend – jeder glaubt, er habe etwas zu sagen, aber keiner kann reden, – keine Distanz, keine Rhetorik, – elegante Erscheinungen nennen sie einen Fatzke, – überall setzen sie sich massiv ein, ihre Ansichten kommen mit dicken Hintern, – in keiner Society können sie sich einpassen, in jedem Club fielen sie auf“.

Dennoch schließt sich Benn nach 1945 nicht den Bewältigern an. Seine Rückschau bleibt auf wenige Anmerkungen beschränkt und verfällt zu keiner Zeit in Hyperbeln. „Der Nationalsozialismus liegt am Boden, ich schleife die Leiche Hektors nicht.“ Die von den Siegern geschaffene Nachkriegsordnung analysiert er nicht weniger beißend: „Ich spreche von unserem Kontinent und seinen Renovatoren, die überall schreiben, das Geheimnis des Wiederaufbaus beruhe auf ‚einer tiefen, innerlichen Änderung des Prinzips der menschlichen Persönlichkeit’ – kein Morgen ohne dieses Druckgewinsel! –, aber wo sich Ansätze für diese Änderung zeigen wollen, setzt ihre Ausrottungsmethodik ein: Schnüffeln im Privat- und Vorleben, Denunziation wegen Staatsgefährlichkeit … diese ganze bereits klassische Systematik der Bonzen-, Trottel- und Lizenzträgerideologie, der gegenüber die Scholastik hypermodern und die Hexenprozesse universalhistorisch wirken“.

Anwürfe seiner „jüngsten Vergangenheit“ wegen lassen ihn kalt. Einem denunzierenden Journalisten teilt er mit: „Über mich können Sie schreiben, daß ich Kommandant von Dachau war oder mit Stubenfliegen Geschlechtsverkehr ausübe, von mir werden Sie keine Entgegnung vernehmen“. Und entschuldigt hat er sich nie.

Völlig falsch wäre es, Benns Haltung gegenüber dem NS als die eines Linksstehenden begreifen zu wollen. Was ihn von parteiförmigen Nationalsozialisten unterschied, läßt sich in derselben Weise von seinem Verhältnis zu den linksgerichteten Elementen sagen: eine erhabene Position gegenüber geistiger Konfektionsware und ein Bestehen auf der ehernen Reinheit des Wortes, das nicht im trüben Redefluß der Gasse untergehen soll. Im Todesjahr schreibt er: „Im Anfang war das Wort und nicht das Geschwätz, und am Ende wird nicht die Propaganda sein, sondern wieder das Wort. Das Wort, das bindet und schließt, das Wort der Genesis, das die Feste absondert von den Nebeln und den Wassern, das Wort, das die Schöpfung trägt.“

Bereits 1929 erregte Max Hermann-Neiße mit einer Rezension in der linksgerichteten „Neuen Bücherschau“ Aufsehen, in der er Benn anläßlich des Erscheinens seiner „Gesammelten Prosa“ so charakterisierte: „Es gibt auch in dieser Zeit des vielseitigen, wandlungsfähigen Machers, des literarischen Lieferanten politischer Propagandamaterialien, des schnellfertigen Gebrauchspoeten, in ein paar seltenen Exemplaren das Beispiel des unabhängigen und überlegenen Welt-Dichters, des Schöpfers eines nicht umfangreichen, aber desto schwerer wiegenden Werkes, das mit keinem anderen zu verwechseln ist.“ In dieser Distanz zur politischen Reklame liege aber nicht – und dies ist der entscheidende Punkt – ein Mindermaß an Radikalität, sondern vielmehr eine Größe, die weit über das kleinliche Tagesgeschehen hinausgehe: „Er macht den Schwindel nicht mit. Den hurtige, auf billigen Erfolg versessene Schreiber dieser niveaulosen Epoche schuldig zu sein glauben, sich dümmer stellen, als sie sind, und mit biederer Miene volkstümlich zu reden, wenn einem der Schnabel ganz anders und viel komplizierter wuchs. Und bleibt mit einem Stil, der das Gegenteil von populär ist, zuverlässiger, weiter gehend und weiter wirkend Revolutionär, als die wohlfeilen, marktschreierischen Funktionäre und Salontiroler des Propagandabuntdrucks. Statt des gewohnten ‚kleinen Formats’ der Sekretäre eines politischen Geplänkels um Macht- und Krippenvorteile spricht hier ein Rebell des Geistes, ein Aufruhrphilosoph, der in Kulturkreisen denkt und mit Jahrhundertputschen rechnet.“ Hermann-Neißes Darstellung rief bei den Kollegen des Redaktionskollegiums, den KPD-Funktionären Kisch und Becher, Empörung hervor. Beide traten unter verbalen Kanonaden aus der Schriftleitung aus, womit sie nachträglich bewiesen, zu eben jenen zu gehören, die kritisiert worden waren.

Zu einem gleichartigen Vorfall kam es zwei Jahre später, als Benn eine Rede zum sechzigsten Geburtstag Heinrich Manns auf einem Bankett des Schutzverbandes Deutscher Schriftsteller hielt und wenig später einen Essay über den Literaten veröffentlichte. Obgleich er viel Lobenswertes an ihm fand, bewies er erneut seinen klaren Blick, indem er feststellte, „daß harmlose junge Leute bei ihm den Begriff des nützlichen Schriftstellers ausliehen, mit dem sie sich etwas Rouge auflegten, in dem sie ganz vergehen vor Opportunismus und Soziabilität. Beides, was für Verdunkelungen!“ Nun war es so weit: beginnend mit dem schriftstellernden Architekten Werner Hegemann wurde das Etikett des „Faschisten“ an Benns tadellosen Anzug geklebt.

Der so Entlarvte antwortete mit einem Artikel in der „Vossischen Zeitung“ und mokierte sich, ob es ein Verbrechen sei, den Dichter als Dichter und nicht als Politiker zu feiern. „Und wenn man das in Deutschland und auf einem Fest der schriftstellerischen Welt nicht mehr tun kann, ohne von den Kollektivliteraten in dieser ungemein dreisten Weise öffentlich angerempelt zu werden, so stehen wir allerdings in einer neuen Metternichperiode, aber in diesem Fall nicht von seiten der Reaktion, sondern von einer anderen Seite her.“

Noch Jahre später, als Benn im Reich schon auf verlorenem Posten stand, versäumten es marxistische Ideologen nicht, ihn zu attackieren. 1937 brachte Alfred Kurella, der es einmal zum DDR-Kulturfunktionär bringen sollte, im Emigrantenblatt „Das Wort“ seine „Entrüstung“ über Benn zum Ausdruck und stellte fest, der Expressionismus sei „Gräßlich Altes“ und führe „in den Faschismus“.

Benn hatte seine weltanschauliche Verortung schon im Januar 1933 auf den Punkt gebracht, als eine linkstotalitäre Phalanx unter Führung Franz Werfels in der Deutschen Akademie den Antrag stellte, man müsse gegen Paul Fechters „Dichtung der Deutschen“ mit einem Manifest vorgehen. (Decker hierzu: „Nimmt man heute Paul Fechters Buch zur Hand, schüttelt man erstaunt den Kopf … Das große Skandalon, den Haß, die Geistfeindschaft, den Rassismus, gegen die eine ganze Dichterakademie glaubte protestieren zu müssen, sucht man in dem Buch vergeblich.“) Damals schrieb Benn in einer eigenen Manifestation: „Wer es also unternimmt, den denkenden, den forschenden, den gestaltenden Geist von irgendeinem machtpolitisch beschränkenden Gesichtswinkel aus einzuengen, in dem werden wir unseren Gegner sehen. Wer es gar wagen sollte, sich offen zu solcher Gegnerschaft zu bekennen und Geisteswerte wie etwas Nebensächliches oder gar Unnützes abzutun, oder sie als reine Tendenzwerte den aufgebauschten und nebelhaften Begriffen der Nationalität, allerdings nicht weniger der Internationalität, unterzuordnen, dem werden wir geschlossen unsere Vorstellung von vaterländischer Gesinnung entgegensetzen, die davon ausgeht, daß ein Volk sich … trägt … durch die immanente geistige Kraft, durch die produktive seelische Substanz, deren durch Freiheit wie Notwendigkeit gleichermaßen geprägte Werke … die Arbeit und den Besitz, die Fülle und die Zucht eines Volkes in die weiten Räume der menschlichen Geschichte tragen.“

In dieser Formulierung ist Benns Verständnis der Nation als eines geistig begründeten Raumes fokussiert. Unter Berufung auf die Großen der Vergangenheit (Schiller und Herder werden namentlich genannt) plädiert er schließlich für „unser drittes Reich“, weit oberhalb der von Klassen-, Massen- und Rassenpolitik durchfurchten Ebene.

Benn dachte nach 1933 nicht daran, Deutschland zu verlassen, und seine Meinung von denen, die es taten, war nie eine gute. 1949 schrieb er an Oelze: „Wer heutzutage die Emigranten noch ernst nimmt, der soll ruhig dabei bleiben … Sie hatten vier Jahre lang Zeit; alles lag ihnen zu Füßen, die Verlage, die Theater, die Zeitungen hofierten sie … aber per saldo ist doch gar nichts dabei zutage gekommen, kein Vers, kein Stück, kein Bild, das wirklich von Rang wäre“. Noch gegen Ende seines Lebens konstatierte er in Gegenwart von Freunden, die über die Grenzen gegangen waren, Emigration sei eine ganz und gar nutzlose Sache.

1948, als alle versuchen, sich als gute Schüler der Demokratie zu erweisen, wagt er es, im „Berliner Brief“ ebendieser „Vermittelmäßigungsmaschinerie“ für die künstlerische Existenz eine Absage zu erteilen: sie sei „zum Produktiven gewendet absurd. Ausdruck entsteht nicht durch Plenarbeschlüsse, sondern im Gegenteil durch Sichabsetzen von Abstimmungsergebnissen, er entsteht durch Gewaltakt in Isolation.“ Decker kommentiert lakonisch, es handle sich um „eine feine Unterscheidung, die ihm bis heute noch keiner widerlegt hat“, und: „Da ist er wieder, der Barbar, ohne den das Genie nicht vorkommt“.

Benns Geistesverwandtschaft mit Ernst Jünger ist hier unverkennbar, wenngleich vieles in Perspektive und Stilistik (im weitesten Wortsinne) die beiden trennt. Sie korrespondieren sparsam, doch bemerkt Benn 1950, „wie sehr sich seine und meine Gedankengänge z. T. berühren“, und berichtet über einen Besuch Jüngers – den wohl längsten, den er je zuhause gestattete: „Wir tranken ganz reichlich, und dabei kamen wir uns näher und wurden offen miteinander.“ So hat Decker recht, wenn er resummiert: „Sie haben gemeinsame Themen und im Alter eine ähnlich stoische Haltung zur Welt. Sie sehen in der Parteien-Demokratie einen untauglichen Versuch, das Überleben der Menschheit an der Schwelle zum 21. Jahrhundert zu sichern, verachten die Politik und kultivieren den Mythos als Erneuerung der Menschheit. Jüngers ‚Waldgänger’ und erst recht sein ‚Anarch’ sind Benns ‚Ptolemäer’ und dem ‚Radardenker’ verwandt.“

Der „Ptolemäer“, ein 1949 publizierter Essay, bekennt sich schon im Titel zu einem „erdzentrierten“, statischen Weltbild, dem jede Aufwärtsbewegung fremd ist. Diese treffliche Erkenntnis ist gleichwohl nicht mit Resignation zu verwechseln, sondern ruft zum Dasein nach eigenem Gesetz: „halte auch du dich in dem Land, in das dich deine Träume ziehen und in dem du da bist, die dir auferlegten Dinge schweigend zu vollenden“. Während die Masse im Strudel der Nichtigkeiten taumelt, ist es das Amt weniger, sich zu bewähren. In einer Vision des monologisierenden Sprechers findet sich das schöne Bild: „Die Orden, die Brüder werden vor dem Erlöschen noch einmal auferstehen. Ich sehe an Wassern und auf Bergen neue Athos und neue Monte Cassinos wachsen, – schwarze Kutten wandeln in stillem, in sich gekehrtem Gang.“

Als Exponent autonomen Künstlertums steht Benn beispielhaft gegen jede Art von Unterwerfung des Geistes unter politische Zwecke (was die Symbiose auf gleicher Höhe nicht ausschließt, also keineswegs eine apolitische Geistigkeit fordert). Damit ist er von der Ochlokratie unserer Tage ebenso weit entfernt wie von totalitären Systemen. „Was er nicht erträgt, ist eine falsche Gläubigkeit, die das Wesen der Kunst verkennt und diese auf ihre Nebenzwecke reduziert … Und eben inmitten von Konsum und Unterhaltung, den großen Verdurchschnittlichungsmächten, die aus der Verbindung von Kapitalismus und parlamentarischem System hervorgehen, schwindet das Wissen um diese elementare Gewalt der Kunst, die eine geistige Gegenwelt behauptet“ (Decker).

Heute ist der deutsche Nationalismus Äonen davon entfernt, die Hebel der Macht zu bedienen. Insofern stellt sich die Frage, ob er mit der Erfahrung der letzten siebzig Jahre gelernt habe, dem großen Einzelnen bedingungslose Freiheit zuzugestehen, nicht als praktische. Gegebenenfalls wird man einer geschichtlichen Verantwortung nur dann gerecht werden können, wenn nicht allein die „Banalität des Guten“ zugunsten einer „neuen deutschen Härte“ überwunden ist, sondern auch fatale Dummheiten nicht wiederholt werden – von denen Talleyrand bekanntlich gesagt hat, sie seien schlimmer als Verbrechen.

Heft 5/07 – „Gottfried Benn und sein Denken“ – Bewährungsprobe des Nationalismus von Arno Bogenhausen, S. 32 bis 37

Decker, Gunnar: Gottfried Benn. Genie und Barbar, Aufbau-Verlag, Berlin 2006, 544 S., 26,90 €

lundi, 16 janvier 2012

NRH: les intellectuels et la gauche dans la collaboration

Le nouveau numéro de la NRH :

LES INTELLECTUELS ET LA GAUCHE DANS LA COLLABORATION

dossier-581.jpgPourquoi les années 40 continuent-elles de fasciner à ce point ? Il faut sans doute tenir compte de leur présence récurrente dans les médias. Mais on peut penser aussi que pèse inconsciemment dans les mémoires le concentré chronologique de ces années-là. D’un jour à l’autre, la vision de la veille était bouleversée par le mouvement des armées en Russie ou en Asie. Dès que l’on examine d’un peu près le destin des acteurs français, ce qui frappe c’est à quel point il était imprévisible. Qui, en 1938, aurait imaginé le destin ultérieur du maréchal Pétain, celui de Pierre Laval, celui de Marcel Déat, celui de Jacques Doriot et de tant d’autres ? Et parmi ces destins, celui des intellectuels et des hommes de gauche engagés dans la Collaboration est certainement ce qui déconcerte le plus. Mais c’est une réalité en grande partie masquée. Le dossier que nous avons réalisé vise à révéler tout ce pan occulté de la période.

 

Au cours d’un entretien recueilli par Pauline Lecomte, Dominique Venner, auteur d’une Histoire de la Collaboration réputée, trace les contours réels de cette histoire qui ne se confond pas avec celle de Vichy (p. 34). Côté allemand, l’acteur politique principal était Otto Abetz. Charles Vaugeois en brosse le portrait réel et souligne ses intentions méconnues (p. 38). Côté français, on l’ignore souvent, la Collaboration s’est principalement nourrie de la gauche pacifiste et socialiste, ce que montre ici Francis Bergeron (p. 40). Le rôle de l’intelligentsia fut également prépondérant, favorisé par un acteur allemand trop oublié, Karl Epting, l’un des rares admirateurs germaniques de Céline (p. 44). Dans ce dossier, nous ne pouvions pas ignorer le personnage capital et fascinant que fut Drieu la Rochelle, ce que fait Julien Hervier, l’universitaire le plus averti à son sujet (p. 46). C’est un destin tout différent et très original que révèle Alain de Benoist en traçant le portrait de Georges Soulès, futur René Abellio (p. 50). Après quoi Antoine Baudoin propose un impressionnant Dictionnaire des nombreux hommes politiques de gauche engagés dans la Collaboration (p. 53). Et pour conclure, Philippe d’Hugues brosse un tableau très complet de ce que fut la scène littéraire au cours d’années qui ne furent pas noires pour tous (p. 58).

L’Ecosse veut l'indépendance, Londres est contre

L’Ecosse veut l'indépendance, Londres est contre

Ex: http://mbm.hautetfort.com/

 

 

© Flickr.com/James.Stringer/cc-by-nc
     

 

Le parti nationaliste écossais estime que seul le parlement national peut décider quand et comment organiser le référendum sur l'indépendance. Londres affirme que cela est contraire à la législation du Royaume-Uni.Alex Salmond propose de donner le droit de vote à partir de 16 ans. Londres estime que seules les personnes ayant atteint 18 ans peuvent voter.

Avant le Nouvel an, le premier-ministre de l’Ecosse Alex Salmond, menaçait seulement d’une possibilité d'organiser un référendum d'ici à cinq ans. Mais le processus a rapidement pris de l'ampleur. Et déjà, la date des élections a été annoncée: il s’agit de l’automne 2014. En fixant la date du référendum, Alex Salmond a annoncé qu'il est prêt à mener des pourparlers avec le premier-ministre britannique sur cette question. David Cameron a accepté cette proposition, mais a rappelé que la décision d’organiser un référendum dans n’importe quel pays constitutif du Royaume-Uni, selon la loi, ne peut être prise qu’à Westminster. Cameron s’est dit favorable à un référendum en 2013, mais Salmond insiste sur 2014, la date qu’il a fixée. En réponse, le premier-ministre britannique a déclaré qu'il n'allait pas à dicter les conditions aux écossais.

«Je crois de tout mon cœur en une Grande-Bretagne unie», a précisé Cameron. «Je crois que nous sommes plus forts lorsque nous sommes ensemble et non pas divisés en plusieurs parties. Nous devons, évidemment, respecter le choix des Ecossais, qui ont voté pour les nationalistes lors des dernières élections, mais il faut savoir clairement à quel point serait légitime le déroulement d’un referendum sur l’indépendance du point de vue de la loi. Organisons des débats, mais gardons l'intégrité de notre pays».

Pétrole comme enjeu de l’indépendance

Si l'Ecosse organise un referendum et décide de se séparer du Royaume-Uni, cela conduirait à des problèmes économiques sérieux pour la Grande-Bretagne. Se posera alors la question de la répartition de la dette britannique, de la place du nouvel Etat au sein l'UE, et même l'avenir des sous-marins britanniques nucléaires basés sur la côte ouest de l'Ecosse posera problème. Ce «divorce» conduira à de graves perturbations sur les marchés financiers et dans le secteur bancaire. Mais le plus important, c’est la question du pétrole qui fera surface. De très nombreuses plates-formes pétrolières britanniques sont implantées dans la mer au large de la côte Est de l'Ecosse. Et sur cette question, les nationalistes écossais n’ont aucun doute. Ils veulent garder toutes les réserves du pétrole de la mer du Nord pour eux. Lors d'une audition au parlement britannique, le leader de l'opposition travailliste Ed Milliband a déclaré que la décision de l'indépendance de l’Ecosse portera un coup sérieux à l'économie britannique.

«La décision que nous prenons aujourd'hui, sera fatidique. Et si nous prenons une mauvaise décision, nos enfants et nos petits-enfants seront obligés de vivre avec», affirme-t-il.

Un référendum qui n’est pas pris au sérieux

Mais les hommes politiques de Westminster, ont vraisemblablement tendance à penser que la vraie séparation n’aura pas lieu. Comme l'a expliqué Cameron, les nationalistes écossais aiment le verbiage au sujet de l'indépendance, mais ils esquivent une conversation de fond à ce sujet. Les partis politiques écossais sont d'accord avec ces affirmations, en qualifiant les nationalistes de populistes. L'opposition a même demandé au gouvernement de ne pas attendre, et d’organiser un référendum tout de suite. Même si beaucoup d’Ecossais voudraient voir leur région indépendante de Londres, le timing choisi pour lancer cette discussion n’est pas très bon. Le taux de chômage dans cette région est très élevé, et les Ecossais sont obligés de chercher du travail dans le Sud du pays. Si le référendum avait eu lieu aujourd’hui, la majorité voterait contre l'indépendance, et ce serait une véritable défaite pour les nationalistes qui sont au pouvoir en Ecosse. Selon la presse britannique, si les hommes politiques anglais et écossais ne vont pas pouvoir s'entendre, c’est Cour suprême du Royaume-Uni, qui devra décider si ce référendum doit avoir lieu.

Changement de régime dans la Fédération de Russie? Pourquoi Washington veut en finir avec Poutine ?

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Changement de régime dans la Fédération de Russie? Pourquoi Washington veut en finir avec Poutine ?
 
 
Mondialisation.ca, Le 13 janvier 2012 & http://mediabenews.wordpress.com/

Washington veut manifestememt en finir avec Poutine, c’est assez ! est le message un peu comme le Kefaya, assez ! du mouvement égyptien au printemps dernier. Hillary Clinton et ses amis ont apparemment décidé que la possibilité d’avoir le prochain président russe en la personne de Poutine, est un obstacle majeur à leurs plans. Peu par contre comprennent pourquoi. La Russie aujourd’hui, de concert avec la Chine et l’Iran dans une certaine mesure, forme l’épine dorsale, même faible, du seul axe de résistance efficace à un monde qui serait dominé par la seule super-puissance mondiale.

Le 8 Décembre, plusieurs jours après que les résultats des élections légilsatives russes furent annoncés, montrant une chute brutale dans la popularité du parti politique du premier ministre Poutine “Russie Unifiée”, Poutine accusa les Etats-Unis et spécifiquement la ministre des affaires étrangères américaine Hillary Clinton d’exciter les manifestants de l’opposition et leurs manifestations contre les résultats des élections. Poutine déclara: “La ministre des affaires étrangères américaine a été très prompte à évaluer les élections, disant qu’elles avaient été partiales et injustes avant même qu’elle ait reçu les matériaux émanant des observateurs du bureau des institutions démocratiques et des droits de l’Homme (les observateurs internationaux des élections de l’OSCE).” [1]

Poutine continua en disant que les commentaires prématurés de Clinton furent le signal nécessaire qu’attendait les groupes d’opposition que le gouvernment américain soutenait dans leurs manifestations. Les commentaires de Clinton, a dit l’homme d’expérience en mantière de renseignement russe, devint un “signal pour nos activistes qui commencèrent leur travail actif avec le ministère des affaires étrangères”. [2]

Les médias majeurs occidentaux choisirent soit de minimiser la déclaration de Poutine ou de se focaliser quasiment entièrement sur les dires du mouvement d’opposition russe émergeant de la situation. Il ne faut pas chercher bien loin pour montrer que Poutine minimisait lui-même le degré d’interférence éhonté dans les processus politiques de son pays. Dans ce cas de figure, le pays n’est pas la Tunisie, le Yémen ou même l’Egypte. C’est la seconde puissance nucléaire mondiale, même si elle demeure une plus petite puissance économique. Hillary joue avec le feu thermonucléaire. Démocratie ou quelque chose d’autre ?

Pas d’erreur, Poutine n’est pas un champion du monde de la pratique de ce que la plupart considère être la démocratie. Son annonce quelques mois plus tôt de l’accord entre lui et l’actuel président Medvedev d’échanger leur position après les élections présidentielles du 4 Mars a choqué bon nombe de Russes comme étant de la politique crasse et des arrangements d’arrière-boutique. Ceci dit, ce que Washington fait pour interférer avec le changement de régime est bien plus qu’un interventionisme éhonté. Le gouvernement Obama, le même qui vient de signer et de convertir en loi une série de mesures qui ont de facto déchirées les droits constitutionnels des Américains la constitution des Etats-Unis [3], pose comme un juge suprême mondial pour que les autres adhèrent à ce qu’il croit être la démocratie.

Examinons de plus près les accusations de Poutine sur l’interférence des Etats-Unis dans le processus des élections russes. Si nous regardons bien, nous trouvons ouvertement déclaré dans leur rapport annuel d’Août 2011, qu’une ONG de Washington répondant au nom innocent de National Endowment for Democracy (NED), a ses tentacules partout en Russie.

La NED finance un centre de presse international à Moscou où quelques 80 ONG peuvent tenir des conférences de presse sur le sujet de leur choix. Elle finance de nombreux “groupes de la jeunesse militante” et des ateliers sur le leadership afin “d’aider les jeunes à s’engager dans l’activisme politique”. En fait, elle dépense officiellement 2,7 millions de dollars sur des douzaines de programmes à travers la Russie. Les dépenses pour 2011 seront publiées ultérieurement en 2012. [4]

La NED finance également des parties clef du système de sondage et d’étude du système électoral russe, une partie cruciale pour être capable de crier à la fraude électorale. Elle finance en partie l’Organisation civique de défense des droits et libertés démocratiques, le GOLOS. D’après le rapport annuel de la NED, les fonds allèrent à “une analyse détaillée du cycle électoral russe de l’automne 2010 et du printemps 2011, ce qui inclue une évaluation de la presse, de l’agitation politique, de l’activité des commissions électorales, et d’autres aspects de l’application de la législation électorale sur le long-terme des élections.” [5]

En Septembre 2011, quelques semaines avant les élections de Décembre, la NED finança une conférence sur invitation seulement à Washington mettant en scène une organisation de sondage “indépendante”, le Levada Centre. D’après le site internet Levada, autre récipient du financement de la NED, [6] celui-ci a effectué une série de sondages d’opinion, une méthode standard utilisée en occident pour analyser les sentiments des citoyens. Les sondages “profilaient les humeurs de l’électorat avant les élections pour la Douma et les élections présidentielles, les perceptions des candidats et des partis politiques et la confiance des électeurs dans le système de la “démocratie gérée” qui a été établie depuis la dernière décennie.

Un des invités de la conférence à Washington fut Vladimir Kara-Murza, membre du conseil fédéral de Solidarnost (Solidarité), le mouvement d’opposition démocratique russe. Il est aussi un “conseiller de l’opposant siégeant à la Douma Boris Nemtsov”, d’après la NED. Un autre conférencier venait du mouvement néo-conservateur et du think-tank Hudson Institute. [7]

Nemtsov est un des caractères d’opposition à Poutine le plus important aujourd’hui et il est aussi le président de Solidarnost, un nom curieusement imité des jours de la guerre froide quand la CIA finançait l’opposition polonaise des travailleurs et le syndicat Solidarnosc de Lech Walesa. Plus sur Nemtsov plus loin dans l’article.

Le 15 Décembre 2011, toujours à Washington, alors qu’une série de manifestations anti-Poutine fut déclanchée par des manifestants soutenus par les Etats-Unis, menée par Solidarnost et d’autres organisations, la NED tînt une autre conférence intitulée “L’activisme de la jeunesse en Russie: une nouvelle génération peut-elle faire la différence ?” où le conférencier principal était Tamirlan Kurbanov, qui d’après la NED “a servi comme chef de programme au bureau de Moscou du National Democratic Institute for International Affairs, où il était impliqué à développer et à étendre les capacités des organisations politiques et civiques, promouvoir la participation des citoyens dans la vie publique, en particulier l’engagement politique des jeunes.” [8] Cet Institut est une succursale de la NED.

L’histoire nébuleuse de la NED

Aider la jeunesse à s’engager dans l’activisme politique est précisément ce que cette même NED fît en Egypte ces dernières années dans la préparation au renversement de Moubarak. La NED fut instrumentale d’après des sources informées aux Etats-Unis dans les “révolutions colorées” fomentées par les Etats-Unis en 2003-2004 en Ukraine et en Georgie qui amenèrent des marionnettes pro-OTAN au pouvoir. La NED a aussi été active à promouvoir “les droits de l’Homme” au Myanmar, au Tibet et dans la province riche en pétrole du Xinjiang. [9]

Comme des analystes sérieux de la “révolution orange” d’Ukraine et d’autres révolutions colorées le découvrirent, le contrôle des sondages et la capacité de dominer les perceptions des médias internationaux, spécialement les grosses chaînes de TV comme CNN et la BBC sont des composants essentiels de l’agenda de déstabilisation de Washington. Le centre Levada serait dans une position cruciale à cet égard pour faire publier des sondages de mécontentement envers le régime.

Par sa description même, La NED est “une fondation privée à but non lucratif dédiée au développement et au renforcement des institutions démocratiques dans le monde. Chaque année, avec le financement du congrès américain, la NED soutient plus de 1000 projets de groupes non-gouvernementaux à l’étranger qui travaillent pour des buts démocratiques dans plus de 90 pays.” [10]

Cela ne pourrait pas paraître être plus noble ou mieux intentionné. Quoi qu’il en soit, ils préfèrent omettre leur véritable histoire. Au début des années 1980, le directeur de la CIA Bill Casey convainquit le président Ronald Reagan de créer une ONG plausible, la NED, afin de faire avancer l’agenda mondialiste de Washington par d’autres méthodes que l’action directe de la CIA. Ceci faisait partie du processus de “privatiser” le renseignement américain afin de rendre son travail plus “efficace”. Allen Weinstein qui aida à écrire la législation qui créa la NED a dit dans une interview au Washington Post en 1991: “beaucoup de ce que nous faisons aujourd’hui était fait secrètement par la CIA il y a 25 ans.” [11] Intéressant. La majorité du financement de la NED provient des impôts des contribuables via le congrès. La NED est, dans toute l’acceptation du terme, une possession de la communauté du renseignement du gouvernement américain.

La NED fut créée sous le gouvernement Reagan pour fonctionner comme une de facto CIA privatisée afin de lui donner plus de moyens et de liberté d’action. Les membres du comité directeur de la NED sont traditionnellement issus de la communauté du renseignement et du pentagone. Ceci inclut le général en retraite Wesley Clark, l’homme qui bombarda la Serbie en 1999. Des membres clefs liés au service action clandestine de la CIA qui servirent au comité directeur de la NED incluent Otto Reich, John Negroponte, Henry Cisneros et Elliott Abrams. Le président du comité directeur de la NED en 2008 était Vin Weber, fondateur de l’organisation ultra-conservatrice Empower America et bailleur de fond pour la campagne présidentielle de George W. Bush. L’actuel président directeur de la NED est John Bohn, ancien CEO de la très controversée agence de notation Moody’s, qui joua un rôle malsain dans l’affaire de l’effondrement du marché des subprimes et des sécurités américaines. Le comité directeur actuel de la NED inclut l’ultra-conservateur ambassadeur de Bush en Irak et en Afghanistan Zalmay Khalilzad. [12]

Il est aussi très instructif de regarder les gens qui ont émergé à des positions de leaders de l’opposition ces derniers temps en Russie. Le “poster boy” de l’opposition pour la jeunesse et spécifiquement les médias occidentaux est Alexei Navalny dont le blog LiveJournal Navalny l’a présenté comme un quasi-martyr du mouvement de contestation après avoir passé 15 jours dans les geôles de Poutine pour avoir pris part à une manifestation interdite. Dans une grande manifestation le jour de Noël à Moscou, Navalny, qui était peut-être intoxiqué par la vision de trop de films de S.M Eisenstein de 1917 sur la révolution, dit à la foule: “Je vois assez de gens ici pour prendre le Kremlin et la Maison Blanche (la maison présidentielle russe) dès maintenant…” [13]

L’establishment médiatique occidental ne jure que par Navalny, La BBC l’a décrit comme “certainement la seule figure de l’opposition digne de ce nom en Russie ces cinq dernières années”, et le magazine américain Time l’a appelé “L’Erin Brockovich russe”, une curieuse référence au film d’Hollywood qui mettait en scène Julia Roberts comme enquêtrice et activiste légal. Quoi qu’il en soit, ce qui est le plus important est que Navalny a été à l’université de Yale sur la côte Est américaine, également l’université de la famille Bush (NdT: et lieu de résidence de la “confrérie” des Skull and Bones..), où il fut un “Yale World Fellow”. [14]

Le charismatique Navalny est aussi et a été sur la liste des gens payés par la NED pour déstabiliser les pays. D’après un post sur le blog de Navalny même, son LiveJournal, il fut soutenu par la NED (NdT: donc la CIA, ce qui ne veut pas dire qu’il en soit un “agent” bien évidemment) en 2007 et 2008. [15] [16]

Avec Navalny, les acteurs clé dans le mouvement de contestation anti-Poutine sont centrés autour de Solidarnost qui fut créée en 2008 par Boris Nemtsov, Vladimir Ryzhkov et d’autres. Nemtsov n’est pas quelqu’un qui conteste la corruption. D’après le Business Week Russia du 23 Septembre 2007, Nemtsov introduisit le banquier russe Boris Brevnov à Gretchen Wilson, citoyenne états-unienne et employée de l’International Finance Corporation, une succursale de la Banque Mondiale. Wilson et Brevnov se sont mariés. Avec l’aide de Nemtsov, Wilson est parvenue à privatiser Balakhna Pulp and Paper Mill (NdT: grosse entreprise de papier) au prix dérisoire de 7 millions de dollars. L’entreprise fut lessivée et ensuite vendue à la banque Swiss Investment de Wall Street, CS First Boston Bank. Les rapports financiers disent que les revenus de l’usine étaient de 250 millions de dollars. [17]

La CS First Boston Bank paya également tous les frais de déplacement de Nemtsov au très exclusif forum économique mondial de Davos en Suisse. Quand Nemtsov devint un membre du cabinet directeur, son protégé Brevnov fut nommé président d’Unified Energy System of Russia JSC. Deux ans plus tard, en 2009, Boris Nemtsov, aujourd’hui le “monsieur anti-corruption”, utilisa son influence pour dégager Brevnov des accusations de détournement de fonds par milliards des biens d’Unified Energy System of Russia. [18]

Nemtsov accepta aussi de l’argent de l’oligarque emprisonné Mikhail Khodorkovsky en 1999 quand celui-ci utilisait ses milliards pour essayer d’acheter le parlement ou la Douma. En 2004, Nemtsov rencontra l’oligarque milliardaire en exil Boris Berezovsky dans une réunion secrète avec d’autres exilés russes influents. Lorsque Nemtsov fut accusé de financer son nouveau parti politique “Pour une Russie dans la légalité et sans corruption” avec des fonds étrangers, les sénateurs américains John McCain, Joe Liberman et Mike Hammer du conseil national de sécurité du président Obama volèrent à son secours. [19]

Le sbire très proche de Nemtsov, Vladimir Ryzhkov de Solidarnost est aussi très lié avec les cercles suisses de Davos, il a même financé un Davos sibérien. D’après les compte-rendus de presse russes d’Avril 2005, Ryzkhov forma un comité 2008 en 2003 pour “attirer” les fonds de Khodorkovsky emprisonné ainsi que pour soliciter des fonds des oligarques en fuite comme Boris Berezovsky et des fondations occidentales comme la Fondation Soros. Le but déclaré de la manœuvre étant de rassembler les forces “démocratiques” contre Poutine. Le 23 Mai 2011, Ryzhkov, Nemtsov et plusieurs autres enregistrèrent un nouveau parti politique le Parti de la Liberté Populaire de manière à pouvoir aligner un candidat président contre Poutine en 2012. [20]

Une autre personne d’influence dans les rallies anti-Poutine récents est l’ancien champion du monde d’échecs recyclé politicien de droite, Gary Kasparov, un autre membre fondateur de Solidarnost. Kasparov a été identifié il y a plusieurs années comme étant membre du comité directeur d’un think-tank néoconservateur militaire à Washington. En Avril 2007, Kasparov admit qu’il était membre du comité du National Security Advisory Council Center for Security Policy, “une organisation de sécurité nationale à but non-lucratif et non-partisane, qui se spécialise dans l’identification des politiques, des actions et des ressources nécessaires à la sécurité vitale des Etats-Unis.” En Russie, Kasparov est plus tristement connu pour ses liens financiers précédents avec Leonid Nevzlin, l’ex vice-président de Yukos et associé de Mikahail Khodorskovsky. Nevzlin s’est enfuit en Israël pour éviter les charges menées contre lui pour meurtre et avoir contracté des tueurs à gages pour éliminer des “gens objectant” lorsqu’il était vice-président de Yukos. [21]

En 2009, Kasparov et Boris Nemtsov ont rencontré Barack Obama soi-même pour discuter de l’opposition russe à Poutine et ce à l’invitation personnelle du président américain au Ritz Carlton Hotel de Washington. Nemtsov avait appelé Obama à rencontrer les forces d’opposition russes: “Si la Maison blanche est d’accord avec la suggestion de Poutine de ne parler qu’avec des organisations pro-Poutine… cela voudra dire que Poutine a gagné, non seulement cela, mais Poutine aura la confirmation qu’Obama est faible”, a t’il dit. Durant cette même année 2009, Nemtsov fut invité à parler au Council on Foreign Relation (CFR) de New York, sans doute le think-tank en politique étrangère le plus puissant des Etats-Unis. Ainsi, non seulement ont le ministère des affaires étrangères et la NED déversé des millions pour bâtir une opposition à Poutine et une coalition contre lui en Russie, mais le président des Etats-Unis est intervenu personnellement dans ce processus. [22]

Ryzhkov, Nemtsov, Navalny et l’ancien ministre des finances de Poutine Alexei Kudrin ont tous été impliqués dans l’organisation de la manifestation anti-Poutine du 25 Décembre à Moscou qui attira selon les estimations environ 120 000 personnes. [23] Pourquoi Poutine ?

La question pertinente est pourquoi Poutine à ce point ? Nous ne devons pas regarder bien loin pour avoir une réponse. Washington et spécifiquement le gouvernement Obama, se moquent éperdument de savoir si la Russie est démocratique ou pas. La préoccupation essentielle est l’obstacle aux plans de Washington pour une hégémonie totale de la planète que Poutine représente. D’après la constitution russe, le président de la fédération russe est le chef d’état, le commandant en chef des armées et le détenteur des plus hautes fonctions de la fédération. Il prendra directement contrôle de la défense et de la politique étrangère.

Nous devons demander quelle politique ? Certainement des contre-mesures drastiques contre l’encerclement de la Russie par les forces de l’OTAN et contre l’installation par Washington d’un système dangereux de missiles balistiques autour de la Russie; ceci sera un point primordial de l’agenda de Poutine. La “remise à jours des relations russo-américaines” d’Hillary Clinton ira droit à la poubelle, si elle ne l’est pas déjà. Nous pouvons également nous attendre à une utilisation plus aggressive de la carte énergétique russes avec une diplomatie du pipeline pour renforcer des liens avec des membres de l’OTAN comme la France, l’Italie et l’Allemagne, favorisant ainsi un affaiblissement du soutien de l’UE pour la politique aggressive de l’OTAN et ses mesures contre la Russie. Nous pouvons nous attendre à un renfocement des liens de la Russie avec l’Eurasie, spécifiquement avec la Chine, l’Iran et peut-être même l’Inde pour renforcer la faible épine dorsale de la résistance contre les plans du Nouvel Ordre Mondial prônés par Washington.

Cela prendra plus que quelques manifestations dans des températures bien au dessous de zéro à Moscou et St Pétersbourg par une clique de personnages d’une opposition corrompue et nébuleuse comme celle de Nemtsov et Kasparov pour faire dérailler la Russie. Ce qui est très clair est que Washington pousse tous azimuts en Iran, en Syrie, où la Russie a une base navale vitale, en Chine, maintenant en Russie même, ainsi que dans les pays de la zone euro emmenés par l’Allemagne. Cela sent la tentative de fin de partie pour une super-puissance sur le déclin.

Les Etats-Unis aujourd’hui sont une super-puissance nucléaire en de facto banqueroute. Le rôle du dollar comme monnaie de réserve mondiale n’a jamais été autant defié que depuis Bretton Woods en 1944. Ce rôle ainsi que celui des Etats-Unis comme la puissance militaire mondiale absolue ont été les bases du siècle hégémonique américain depuis 1945.

Affaiblissant le rôle du dollar dans le commerce international et ultimement comme monnaie de réserve, la Chine est en train d’établir des relations commerciales bi-latérales avec le Japon court-circuitant le dollar. La Russie est en train de faire de même avec ses partenaires commerciaux principaux. La raison principale pour laquelle Washington a lancé une guerre monnétaire totale ouverte contre l’Euro à la fin de 2009, était pour prévenir une menace grandissante de la part de la Chine et d’autres nations, que celles-ci ne se détournent du dollar pour prendre l’Euro comme monnaie de réserve. Ceci n’est pas une mince affaire. En fait Washington peut financer ses guerres en Afghanistan, Irak, Libye, Syrie et ailleurs par le fait que la Chine et les autres nations ayant un surplus commercial, investissent leur surplus de dollars en obligations du gouvernement américain en achetant de la dette américaine. Si cela venait à changer même de peu, cela occasionnerait une hausse substantielle des taux d’intérêts américains et la pression financière sur Washington deviendrait énorme.

Faisant face à une érosion grandissante de son statut de seule super-puissance mondiale, Washington apparaît maintenant se tourner de plus en plus vers la force militaire pure et dure pour conserver son statut. Pour que cela soit couronné de succès, la Russie doit être neutralisée ainsi que l’Iran et la Chine. Ceci sera l’agenda primordial du président des Etats-Unis à venir, qui que ce soit.


Article original en anglais : Regime Change in the Russian Federation? Why Washington Wants ‘Finito’ with Vladimir Putin, publié le 10 janvier 2011.

Traduction par Résistance 71


Notes

[1] Alexei Druzhinin, Putin says US encouraging Russian opposition, RIA Novosti, Moscow, December 8, 2011

[2] Ibid.

[3] Jonathan Turley, The NDAA’s historic assault on American liberty, guardian.co.uk, 2 January 2012, accessed in http://www.guardian.co.uk/commentisfree/cifamerica/2012/jan/02/ndaa-historic-assault-american-liberty.

[4] National Endowment for Democracy, Russia, from NED Annual Report 2010, Washington, DC, published in August 2011, accessed in http://www.ned.org/where-we-work/eurasia/russia.

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] NED, Elections in Russia: Polling and Perspectives, September 14, 2011, accessed in http://ned.org/events/elections-in-russia-polling-and-perspectives.

[8] NED, Youth Activism in Russia: Can a New Generation Make a Difference?, December 15, 2011, accessed in http://ned.org/events/youth-activism-in-russia-can-a-new-generation-make-a-difference.

[9] F. William Engdahl, Full Spectrum Dominance: Totalitarian Democracy in the New World Order, 2010, edition. Engdahl press. The book describes in detail the origins of the NED and various US-sponsored “human rights” NGOs and how they have been used to topple regimes not friendly to a larger USA geopolitical agenda.

[10] National Endowment for Democracy, About Us, accessed in www.ned.org.

[11] David Ignatius, Openness is the Secret to Democracy, Washington Post National Weekly Edition, 30 September-6 October,1991, 24-25.

[12] F. William Engdahl, Op. Cit., p.50.

[13] Yulia Ponomareva, Navalny and Kudrin boost giant opposition rally, RIA Novosti, Moscow, December 25, 2011.

[14] Yale University, Yale World Fellows: Alexey Navalny, 2010, accessed in http://www.yale.edu/worldfellows/fellows/navalny.html.

[15] Alexey Navalny, emails between Navalny and Conatser, accessed in Russian (English summary provided to the author by www.warandpeace.ru) on http://alansalbiev.livejournal.com/28124.html.

[16] Ibid.

[17] Business Week Russia, Boris Nemtsov: Co-chairman of Solidarnost political movement, Business Week Russia, September 23, 2007, accessed in http://www.rumafia.com/person.php?id=1648.

[18] Ibid.

[19] Ibid.

[20] Russian Mafia.ru, Vladimir Ryzhkov: Co-chairman of the Party of People’s Freedom, accessed in http://www.rumafia.com/person.php?id=1713.

[21] Russian Mafia.ru, Garry Kasparov: The leader of United Civil Front, accessed in http://www.rumafia.com/person.php?id=1518.

[22] The OtherRussia, Obama Will Meet With Russian Opposition, July 3, 2009, accessed in http://www.theotherrussia.org/2009/07/03/obama-will-meet-....

[23] Yulia Ponomareva, op. Cit.


F. William Engdahl
est l’auteur de: A Century of War: Anglo-American Oil Politics and the New World Order, On peut le contacter via son site internet à: www.engdahl.oilgeopolitics.net


F. William Engdahl est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de F. William Engdahl publiés par Mondialisation.ca

Krantenkoppen Januari 2012 (2)

Krantenkoppen

Januari 2012 (2)

MIXED MUSLIM-CHRISTIAN MASS IN MEMORY OF MARTYRS OF TERRORISM IN SYRIA:
"During the ceremony, the first Christian Archbishop Luka Al-Khouri took the floor. He (...) said that the attacks were attributable to Western leaders and to those who claim to serve the Arab cause while actually promoting other interests. The archbishop also criticized television channels Al-Jazeera and Al-Arabiya, accusing them of 'submerging the Arab people in lies and misinformation'.
The highest Islamist authority in Syria, the Grand Mufti Sheikh Ahmed Badreddine Hassoun, spoke next to the cheers of the faithful gathered in the church. Sheikh Hassoun said that 'man is more sacred than any mosque or temple and he who kills a human being is damned because he destroys a structure created by God'. (...) He urged anyone who has lost a loved one to 'turn this loss not into hatred but into love'.
This last statement takes on special significance when considering that the mufti’s son, Sariah Hassoun, aged 22, was murdered by an armed group last October after his father turned down the $ 10 million offered by Qatar to get him to rally the anti-government forces.
At the end of Mass, the religious officials and the public sang 'Homat el Diyar', the Syrian national anthem."
 
 
US BRINGING THE SALVADORIAN OPTION TO SYRIA:
"The main demand raised by ordinary people of all religions is that they don’t want the Syrian army taken out of there; they want the Syrian army to come in (...) to prevent terrorist snipers from killing people. And those snipers are killing everybody. (...) They kill you and then al-Jazeera and the BBC and France24 arrive and say, uh huh, another victim of the Assad regime. (...) Regarding the US, this is the Salvadorian option. (...) At the beginning of 2005 there was a discussion inside the Pentagon on how to start a civil war in Iraq and they decided they would use the death squads that they had used in Latin America (...), but part of that plan was already Syria."
http://www.voltairenet.org/Webster-Tarpley-US-bringing-the
 
PUTIN, A THORN IN WASHINGTON'S FLESH:
"Washington (...) decided Russia’s prospective next president, Vladimir Putin, is a major obstacle to its plans. Few however understand why. Russia today, in tandem with China and to a significant degree Iran, form the spine, however shaky, of the only effective global axis of resistance to a world dominated by one sole superpower":
http://www.voltairenet.org/Putin-a-thorn-in-Washington-s
 
 
COMING SOON: OBAMA'S BIG MOVE IN CENTRAL AFRICA:
"It’s now becoming apparent why President Obama sent 100 US Special Forces troops to central Africa, back in October of 2011. The president’s official explanation was that the Green Berets would be helping Uganda, the Central African Republic, the Democratic Republic of Congo and the new nation of South Sudan to hunt for remnants of the Lord’s Resistance Army. (...)
In the heart of central Africa where South Sudan, Ethiopia, Uganda, Kenya, Congo and the Central African Republic meet – all of them US client states – the US needs its own Special Forces units in place to coordinate its puppet African armies, and to (...) destabilize northern Sudan and China's oil operations, there.
That makes perfect imperial sense. The US and Europe can no longer compete economically with China in Africa, and must now resort to raw force, through African puppet armies. The US has mobilized all its proxies in East and Central Africa for a big push that will need close coordination on the ground. Obama's Green Berets aren't hunting for the rag-tag Lord’s Resistance Army; they're out to control the resources of half the continent".
 
 
GENEGEERDE CHRISTENEN IN ISRAËL:
"In Israël is een toenemende antichristelijke houding waar te nemen. Zo krijgen buitenlandse religieuzen in kloosters in Israël steeds moeilijker een visum. (...) De christenen die geworteld zijn in het Heilig Land vormen een steeds kleiner wordende groep. In het gehele Heilig Land (Israël plus de bezette gebieden) is het aantal teruggelopen van ca. 15% naar nu nog maar 1,6%. (...) De waarschuwing van de Latijnse patriarch Foead Twal dat het christendom in het Heilig Land groot gevaar loopt, berust niet op ongegronde angst maar is helaas realiteit":
http://www.katholieknieuwsblad.nl/opinie/item/1481-genegeerde-christenen-in-israël.html
 
 
PAUS: HOMOHUWELIJK BEDREIGT MENSHEID:
"Mensen moeten trots zijn op hun gezin, dat gebaseerd hoort te zijn op het huwelijk tussen man en vrouw. Dat is geen simpele conventie, maar een fundamentele cel van onze samenleving. De politiek die deze familie ondermijnen, geldt daarom als een bedreiging voor de menselijke waardigheid, en voor de toekomst van de mensheid zelf":
 
 
GUANTANAMO BAY BESTAAT 10 JAAR:
"Na zijn verkiezing tot president gaf Obama het bevel om het gevangenenkamp binnen 1 jaar te sluiten. Ondertussen zijn we 3 jaar verder en bestaat het detentiecentrum nog altijd":
 
 
 
 
 

Die Artamanenbewegung als Beispiel alternativer Lebensgestaltung

Ex: http://www.hier-und-jetzt-magazin.de/

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Die Artamanenbewegung als Beispiel alternativer Lebensgestaltung

von Stephan Jurisch

 

dieartamanen.jpgWer träumt nicht davon, wieder Herr auf eigener Scholle zu sein und anstelle eines „jobs“ in der Dienstleistungsgesellschaft seiner Berufung nach einem ehrlichen Handwerk nachzugehen? Auch das Bewußtsein, sich nicht nur gesund ernähren, sondern selbst ernähren zu wollen, aus eigener Ernte, steigt. Wenn auch noch unmerklich, so schwindet doch die Identifikation lebensbewußter Menschen mit dem entwertenden Begriff Verbraucher. Alle sind heute nur noch Verbraucher, Verbraucher zunehmend nebulös produzierter Erzeugnisse. Lebensmittel sind zum anonymen Verbrauchsgut anonymer Verbraucher verkommen, denn es ist schwer geworden zu beurteilen, was wir essen und woher es kommt. Die Unkontrollierbarkeit des globalen Warenverschleppungssystems wird immer Lebensmittelskandale provozieren, insofern sie überhaupt öffentlich werden. Für diejenigen, die dies als befremdend und als eine nicht unumstößliche Gegebenheit empfinden, ist der eigene Garten je nach Größe längst zu einer partiellen Alternative geworden. Wer dort nicht stehen bleiben will, lebt in Hofgemeinschaften in der Landwirtschaft. Dafür müssen diese Stätten aber ein Hort der Arbeit und nicht nur der gemeinsamen Freizeitgestaltung sein. Auf der Grundlage der gestaltgebenden und schöpferischen Kraft einer gemeinsamen Weltanschauung wären Gemeinschaften möglich, die es auch und gerade im Heute zu einer alternativen Lebensführung und Lebensform schaffen können, deren Leistungen über die eigene Versorgung mit Lebensmitteln hinausgehen. Es geht um den Gedanken der Siedlung.

 

Siedeln, das ist weniger Romantik als vielmehr harte Arbeit und Existenzkampf. Doch es ist Arbeit für die Gemeinschaft, die dieser und der eigenen Seele Freiheit verleihen. Vor allem aber ist es die Tat um einer Sache selbst wegen, der es heute – neben dem Geschwätz stets besser Wissender, neben dem wehleidigen Beklagen – der Armut an Luxusgütern mangelt. Mag sein, daß erst echte Armut wieder den Blick für die Selbstlosigkeit und die unmittelbare Notwendigkeit zu dieser freizumachen vermag. In den Notzeiten der Weimarer Republik finden wir das Beispiel der deutschen Jugendbewegung und hier genauer der Artamanenbewegung. Denn wenn es um Jugend, Landwirtschaft und Siedlung geht, können wir diese einmalige geschichtliche Erscheinung einer aus Idealismus arbeitenden Tatgemeinschaft nicht außer Acht lassen.

 

Die Abkehr vom Bürgertum

 

Die deutsche Jugendbewegung als geistig-kulturelle Erneuerungsbestrebung entwickelte sich maßgeblich im ersten Drittel des zwanzigsten Jahrhunderts und empfand sich als geistige Avantgarde der Gesellschaft. Ihre Mitstreiter sahen sich als einen Teil einer Bewegung und fanden in ihr eine tiefere und weitergehende Bindung als wir sie in heutigen Jugendorganisationen – oder besser gesagt Zusammenrottungen – antreffen. Naturerleben in ausgedehnten Fahrten abseits städtischen Lärms und moderner Zivilisation, Brauchtumspflege und starke Belebung von Volkstanz, -lied und Laienspiel standen in der Erlebniswelt der Jugendbewegten im Vordergrund, die sich gesellschaftskritisch als Jugendgemeinschaft konträr der Massengesellschaft der Erwachsenenwelt verstanden. Die in einer Vielzahl entstandenen Bünde gaben ihnen neue Bindungen, eine neue soziale Heimat außerhalb der Familie. Der Jugendbund war der selbstgeschaffene Ort der Gemeinschaft und Verbundenheit und unterschied sich strukturell völlig von den Gebundenheiten der bürgerlichen Gesellschaft. Um ihrer Haltung gerecht zu werden und zu bezeugen, daß ihre Vorstellungen auch Gestaltungskraft besaßen, genügte sich die Jugendbewegung nicht mit einer Protesthaltung und mahnenden Zeigefingern. Aus dem Strom der sich vom Bürgertum Abgewandten sollten Schaffende werden. Die Durchführung von Bildungs- und Arbeitslagern, die Gründung eigener Landheime und schließlich eigener Siedlungen charakterisierte das nach innen gerichtete soziale Anliegen der Bünde. Erste Siedlungsunternehmungen, die aus der Ideenwelt der Jugendbewegung heraus geboren waren, sind schon mit der Jahrhundertwende zum zwanzigsten Jahrhundert mit der „Vegetarischen Obstbaukolonie Eden“ in Oranienburg oder der Siedlung Klingenberg zu benennen.

 

Die Republik der Nachkriegszeit des ersten Weltkrieges verstrickte sich in außen- und innenpolitische Verwirrungen, die Bürgerkrieg, brennende Grenzen, anhaltende Inflation und Hunger hervorbrachte. Das Rettende in der alle Lebensbereiche umflutenden Gefahr aber wuchs im Gedanken der Siedlung, dessen Umsetzung in die Tat eine große Anziehungskraft in der Jugendbewegung zu entfalten vermochte. Ein mannigfaches Bild von Einrichtungen, Stätten, Siedlungen, Höfen und Klausen schaffte sich Raum aus diesem Gedanken, dem es zum Bestehen in der wirtschaftlichen Krisenzeit der Weimarer Republik jedoch noch an der gestalt- und richtungsweisenden Form einer Siedlungsbewegung mangelte. Die Isolierung von der Gesellschaft und vor allem die Isolierung untereinander führten bald schon zum Scheitern des Großteils der vorwiegend allein romantisch-idealisierten Unternehmungen.

 

Die Artamanenbewegung

 

Der im Dezember 1915 entstandene Greifenbund und spätere Jungdeutsche Bund hatte sich bereits die Sammlung Siedlungswilliger aus der Jugendbewegung auf die Fahne geschrieben. Dünn besiedelte Gebiete in Ostdeutschland zu beleben und in diesem Zuge die polnischen Erntehelfer zu verdrängen, sollten die Aufgaben des Bundes sein, der jedoch nach nur kurzem Bestand zerfiel, nachdem dessen Führer Ottger Gräf 1918 gefallen war. Die Zielsetzungen aber überdauerten und fanden sich 1923/24 in zwei Aufrufen zur Bildung von Artamanenschaften wieder, für die sich vor allem Bruno Tanzmann, Wilhelm Kotzde und Dr. Willibald Hentschel verantwortlich zeichneten und die heute als das Gründungsmoment der Artamanenbewegung gelten.

 

Bruno Tanzmann und die völkische Bewegung in Dresden

 

Ein besonderes Augenmerk soll an dieser Stelle Bruno Tanzmann gelten, ohne dabei seine geschichtliche Rolle überbetonen oder den Rang der anderen Gründungsväter der Artamanen schmälern zu wollen. Interessant sind nicht nur seine vielseitigen Verbindungen, sondern vor allem wird anschaulich, welche Impulse für die völkische Bewegung dereinst von Dresden ausgingen.

 

Nicht nur die theoretische Konzeption und Publikation allein, auch die konkrete Umsetzung der Artamanen-Idee kam dem in der Gartenstadt Hellerau eifrig schaffenden Bruno Tanzmann zu. Der im November 1878 bei Zittau geborene Tanzmann ist gelernter Landwirt. 1910 zieht es ihn in die ein Jahr zuvor von Lebensreformern gegründete Gartenstadtsiedlung Hellerau von wo aus er zunächst einen völkischen Lesering und die Wanderschriften-Zentrale gründet, die völkischen Jugendbewegten zugedacht war. Seine vorwiegend publizistische Arbeit führt ihn bald mit Ernst Emanuel Krauss alias Georg Stammler zusammen. Der Buchhändler und Schriftsteller siedelte ebenfalls in Hellerau. Wesentlich beeinflußt wurde Tanzmann von dem völkischen Literaturhistoriker Adolf Bartels aus Weimar.
Zu Tanzmanns Bekanntenkreis zählten ferner der Mühlhäuser Verleger Erich Röth, Kurt Gerlach, Heinrich Pudor als auch der Dresdner Expressionist und Autor des allseits bekannten Romans „Widukind“ Heinar Schilling. 1917 erscheint Tanzmanns „Denkschrift zur Begründung einer deutschen Volkshochschule“. Durch diese bedeutende Proklamation der völkischen Bildungsbewegung, die in seiner Wanderschriften-Zentrale erschien, gilt er bis heute als Vorkämpfer der Volkshochschul- und vor allem Bauern-Volkshochschulbewegung, aus welcher letztlich sechs Bauernhochschulen in Deutschland hervorgingen, die für völkische Jugendbewegte politisch und kulturell eine essentielle Prägung zu entwickeln vermochten. Schließlich erscheinen auch die Aufrufe zur Bildung von Artamanenschaften in der von ihm verlegten Zeitschrift „Deutsche Bauernhochschule – Zeitschrift für das geistige Bauerntum und die Volkshochschulbewegung“.

 

Im November 1923 veröffentlichte Willibald Hentschel den Aufruf „Was soll nun aus uns werden?“ Und so, wie ihn Hentschel formulierte, stand der Satz fragend vor den Gesichtern der Jugendbünde. So, als hätte diese Frage noch nicht den Raum im Bewußtsein der Agrarromantiker und ausgesprochenen Feinde des von Menschenhand geschaffenen Stadtmolochs eingenommen, den sie zur Überwindung der vorherrschenden Kritikhaltung gegenüber Wirtschaft und Gesellschaft hin zur eigenen Tat benötigte. Hentschels Antwort war der Aufruf an die „ehrliebende Jugend“. Er erteilte dem politischen Hader und den Barrikadenkämpfen seiner Zeit eine klare Absage und forderte die Jugend statt dessen zur Bildung von freiwilligen Werkgemeinschaften, zum Aufbau von Artamanengruppen auf: „Es kommt heute wahrlich nicht mehr auf kleines politisches Gezänk an und auf Soldatenspielerei – mögen es die anderen unter sich und gegen uns fortsetzen! – und mögen sie sehen, wie weit sie damit kommen – wir haben anderes zu tun. Es geht jetzt auch nicht mehr um Reparationskosten und ähnliche Bagatellen. (…) Es geht um Sein oder Nichtsein, nicht um Sanktionen, sondern um die endliche Heiligung des Lebens. Abermals soll ein Heer aufgestellt werden, aber nicht gegen Frankreich oder England, sondern gegen die Hölle die uns bedroht: Raff- und Genußgier, Mammonismus und geheimes Behagen.“ Auf den riesigen Gütern des Ostens wurden in zunehmendem Ausmaß polnische Schnitterkolonnen beschäftigt, die in der Folge mehr und mehr in der Lage waren, ganze Siedlungen für Deutschland strittig und zum Gegenstand polnischer Expansionsgelüste zu machen. Auf den Gütern der preußischen Ostprovinzen, den „Einfallstoren der Fremden“, wie Hentschel sie nannte, sollten alle laufenden landwirtschaftlichen und technischen Arbeiten, die auch noch so schlecht bezahlt wurden, fortan von Artamanen übernommen werden.

 

Selbiger Gedanken beseelt, warb Tanzmann zusammen mit Wilhelm Kotzde, dem Bundesführer der „Adler und Falken“, in einem erneuten Aufruf, gerichtet an „die gesamte völkische Jugendbewegung“, für die Artamanen-Idee. Der bereits offene Türen aufstoßende Appell hieß den sich aus den Jugend- und Wehrbünden meldenden Artamanen, eine Bewegung zu schaffen. Eine Bewegung, die aus gereiften Thesen- und Theoriepapieren unter dem drängenden Zwang der Notwendigkeiten nun mit praktischen Lösungen in die rauhe Wirklichkeit der Weimarer Verhältnisse trat. In Dresden, einem dazumal bedeutsamen Zentrum völkischer Avantgardisten und einer Heimstätte des sittlich-kulturellen Aufschwungs des Bauerntums, gingen, von Bruno Tanzmanns Verlag in Hellerau aus organisiert, die ersten Artamanenschaften zur Tat über. Nicht wenige von ihnen kamen aus den ehemaligen Grenzschutzformationen und Freikorps, die sich aus den Wirren des deutschen Nachkriegs erhoben hatten und im März 1920 unter dem Druck der Reichsregierung offiziell aufgelöst und bis 1923 endgültig entwaffnet werden mußten. Es kamen Tatmenschen, Freiwillige. Über 30.000 Artamanen soll es im Laufe des Bestehens der Bewegung gegeben haben. Die Lebensform der Artamanenbewegung wurde im Wesentlichen von den Angehörigen der Jugendbewegung bestimmt, die den Befehl ihres Gewissens vor jegliches militärische Kommando stellten. Die Verschiedenheit und Vielzahl der Bünde, aus denen sich die Artamanen zusammensetzten, schuf mit der Artamanenbewegung einen überbündischen Bund. Die Artamanen, die Hüter der Scholle, setzten sich zum Ziel: die Zurückdrängung der polnischen Wanderarbeiter und das Ausfüllen der leeren Räume der Grenzprovinzen, die Einleitung der notwendigen Umschaltung der Menschenmassen der Stadt aufs Land, Hebung der Nahrungsmittelproduktion und schließlich die Einleitung einer Siedlungsbewegung, die Schaffung eines Grenzlandbauerntums mit Hilfe besitzlosen süd- und westdeutschen Bauerntums.

 

Die Artamanenschaften und ihr Aufbauwerk im Osten

 

Vielgestaltig war auch die Herkunft der Artamanen, denn unter ihnen waren Jungbauern, Arbeiter, Angestellte und Studenten bis hin zu Adelssöhnen zu finden. Ein zu damaliger Zeit neues Lebensgefühl der Überwindung von Klassenschranken entstand. Fast die Hälfte hatte einen kaufmännischen Beruf erlernt und nur jeder Fünfte war gelernter Landwirt oder Ingenieur. Die „Ferienartamanen“, also Studenten und Oberschüler, arbeiteten dem Namen nach ausschließlich während ihrer Ferienzeit und waren die einzigen Artamanen ohne eine abgeschlossene Berufsausbildung. In einer Ausgabe der Leipziger Neuesten Nachrichten vom Juli 1926 heißt es: „Unter den Artamanen finden sich Menschen im Alter von 18 bis 26 Jahren aus allen Volksschichten und Berufen. Vorwiegend sind heute – der wirtschaftlichen Lage entsprechend – Studenten, Junglehrer und Handwerker und nicht zuletzt Bauernsöhne vertreten.“ Die meisten Artamanen stammten aus der Stadt. In den einzelnen Gruppen bestand darum ein ziemlich hoher Bedarf an Artamanen mit landwirtschaftlichen Vorkenntnissen. Sie kamen aus nahezu dem gesamten deutschen Sprachraum, arbeiteten ihrer Ausrichtung nach aber verstärkt in den preußischen Provinzen, deren Güter zuvor von vielen polnischen Saisonarbeitern bewirtschaftet wurden.

 

„Junge, gut veranlagte Menschen fallen der Irreführung und Verhetzung gewisser Kreise zum Opfer. In den Jahren, die zur Berufsausbildung dienen müssen, arbeiten sie im Sommerhalbjahr bei den Großgrundbesitzern und fallen im Winterhalbjahr der Verelendung anheim“, verlästerten 1926 die Sozialdemokraten, nicht ohne Neid, jedoch mit unhaltbaren Vorwürfen, den Idealismus der Jugend, den sie offenbar nicht im Stande waren zu begreifen. Aus der Not, der von der SPD wesentlich mitzuverantwortenden Jugendarbeitslosigkeit in der Weimarer Republik, machten die Artamanen eine Tugend, nämlich nicht zuletzt die, ihren Landsleuten zu verdeutlichen, daß es unwürdig und bedenklich ist, eine notwendige, aber schwere und geringgeachtete Arbeit lieber „Gastarbeitern“ zu überlassen.

 

Ebenso wichtig waren den Artamanen das Gemeinschaftsleben und ihr kultureller Auftrag. Nach Tanzmann bildet „jede Schar eine geschlossene Gemeinschaft und stellt sich in den Dienst des ganzen Volkes. Dadurch hat die Schar die Freiheit, ihr eigenes geistiges Leben zu führen. In ihrer Freizeit kann sie der Verstädterung des Landlebens durch Volkslied, Volkstanz, Laienspiel, Leseabende, Kleidung und gute Sitte entgegenarbeiten und sich selbst ein stolzes Erobererglück verschaffen.“ Die Volksgutpflege, die die kulturelle Eigenständigkeit des ländlichen Raumes zu stärken und zu erhalten suchte, ging mit dem Gemeinschaftsleben der Artamanen einher, denn das bäuerliche Kulturgut wirkt stärker gemeinschafts- und bewußtseinsbildend als beispielsweise die Tanz- und Musikkultur von heute.
Von Seiten des Staates erhielten die Artamanen keine Unterstützung oder Zuwendungen. Finanzielle Hilfe, insbesondere für die landwirtschaftlichen Schulungen des Bundes, brachte die 1926 gegründete Gesellschaft der Freunde der Artamanenbewegung e. V. mittels Spendengeldern. Die Schulungen fanden vorrangig im Winterhalbjahr statt, wo die Artamanen Landwirtschaftsschulen besuchten und auf Universitätsgütern eine Spezialausbildung in Ackerbau und Pflanzenzucht, Tierzucht und Landarbeitslehre absolvierten. Zwischen 1924 und 1929 entstanden insgesamt über 700 Artamanenschaften mit mehr als 6.000 Artamanen, die in der Landarbeit auf einem Gebiet verteilt schafften, das weitaus größer war als die Republik, die heute auf deutschem Boden existiert. Ihre Haupteinsatzgebiete lagen in Ostpreußen, Brandenburg, Provinz und Freistaat Sachsen und in Mecklenburg. 1928 trennte sich der zwei Jahre zuvor eingetragene Verein Bund Artam von seinen Gründungsvätern Tanzmann und Kotzde wegen Meinungsverschiedenheiten und der als zu stark empfundenen versuchten Einflußnahme auf die Geschicke des Bundes.

 

Spaltung und Auflösung

 

Der Entvölkerung der östlichen Landstriche konnte mit zeitlich begrenzter Landarbeit allein freilich kein Einhalt geboten werden. Als mit der Gründung des Bund Artam der Siedlungsgedanke deutlicher in den Vordergrund treten sollte, bildeten sich in dieser Frage auch zwei Meinungen heraus, die den Bund letztendlich zur Spaltung führten. Die Bundesführung hielt es für geboten, den Bund weiter auszubauen und einen Arbeitsdienst als breite Organisation zu schaffen. Zahlreiche Artamführer aus den Einsatzgebieten sahen mit der Vermassung und Breitenöffnung des Bundes aber eine Verflachung der Artam-Idee kommen. Es sollten hingegen Gemeinschaftssiedlungen geschaffen werden, nach dem Konzept, daß überschuldete Güter zu recht günstigen Preisen vom Bund aufgekauft und nach dem gemeinsamen Aufbau an Siedlungswillige übergeben werden konnten. Als Folge der Weltwirtschaftskrise 1929 und dem damit einhergehenden Fall der Preise für landwirtschaftliche Produkte, mußte der Bund Artam 1931 den Konkurs anmelden. Es gründeten sich neu Die Artamanen – Bündische Gemeinden für Landarbeit und Siedlung und als selbständiger Bund in Mecklenburg der Bund der Artamanen. 1934 wurde nach über einjähriger Verhandlungszeit mit der HJ letzterer in den Landdienst der HJ eingegliedert. Die Bündischen Gemeinden für Landarbeit und Siedlung verdoppelten bis zum Frühjahr 1931 die Mitgliederzahl des vormaligen Bund Artam. Ende 1933 erfolgte die Rückbenennung in Bund Artam. Die Artamanen schufen sich mit dem Kauf eines alten Lehngutes das Bundesgut Koritten mit 150 ha, welches nach fünf Jahren vollends ausgebaut und mit stetig steigenden Erträgen bewirtschaftet werden konnte. Mehre hundert Artamanen wurden auf diesem Gut zu Landwirten und Siedlern ausgebildet. Bis 1935 entstanden annähernd 50 Gemeinschaftssiedlungen und über 100 Einzelbauernstellen. Weitere 50 Artamanen heirateten sich in bestehende Höfe oder Güter ein. Schließlich beugte sich auch der Bund Artam der politischen Vereinheitlichung und löste sich 1935 auf Anraten des Reichsnährstandes auf. Die Artamanen gingen teilweise im Landdienst als Gebietsreferenten oder Landdienstführer, im Reichsarbeitsdienst oder in anderen Berufen auf.

 

Und heute?

 

Die einstigen Haupteinsatzgebiete in den preußischen Provinzen sind unter Fremdherrschaft gestellt, die Deutschen überwiegend vertrieben. Auf dem Gebiet der ehemaligen DDR wird noch heute die intensive Großraumlandwirtschaft betrieben, wobei nun auch im Westen die Tendenz zu Großbetrieben steigt. Landwirtschaft hat mit Bauerntum immer weniger gemein. Weltmarktpreise, Gewinnmaximierung, Ertragssteigerung, kurzum das reine Profitdenken wandelt Pflanzen und Tiere zu starrem Gold und Bauernhöfe zu Fabriken. Landtechnik-, Düngemittel- und Saatgutindustrie bejubeln in schillernden Umsatzstatistiken ihre Innovationen und heften sich gern das Verdienst des Wachstums der landwirtschaftlichen Betriebe mit intensiver Großraumlandwirtschaft an die Brust. Von Fortschritt ist die Rede, von Produktivität und Rentabilität, von weltweiter Konkurrenz und vor allem von den Milliarden Mäulern, die in den kommenden Jahrzehnten von den Industrienationen gestopft werden sollen. Der Markt der Biokraftstoffe greift mit finanzstarken Händen nach Anbauflächen für die nachwachsenden Rohstoffe. Bald schon wird es an Flächen für den Anbau von Nahrungsmitteln mangeln. Von der Resignation und der bitteren Aufgabe von Familienbetrieben, ja vom stetigen Sterben der Kleinbauern wird lediglich im Zusammenhang des anhaltenden Strukturwandels als notwendigem Umstand gesprochen. Jährlich gehen in Deutschland über 10.000 landwirtschaftliche Betriebe mit einer Nutzfläche von unter tausend Hektar an dem Prozeß des Wachsens oder Weichens zugrunde. Immer weniger Betriebe bewirtschaften immer größere Flächen.

 

Mehr als dreiviertel der landwirtschaftlichen Nutzfläche in Deutschland werden von Haupterwerbsbetrieben bewirtschaftet. Dennoch wird gut die Hälfte aller landwirtschaftlichen Betriebe im Nebenerwerb geführt, wo also die Haupteinkommensquelle außerhalb der Landwirtschaft liegt. In strukturschwachen und für die intensive Großraumlandwirtschaft ungünstigen Gebieten und Mittelgebirgslagen tragen diese Betriebe im Wesentlichen zur Pflege und Erhaltung der Kulturlandschaft bei. Sie halten die Landbewirtschaftung aufrecht und sichern die natürlichen Lebensgrundlagen.

 

Nebenerwerbsbetriebe erhalten wie Haupt­erwerbsbetriebe ebenfalls finanzielle Zuschüsse und Prämien, die hier aber nur genannt werden sollen. Maßgeblich sind die Betriebsprämien aus EU-Direktzahlungen. Hinzu kommen Beihilfen für verschiedene Pflanzen sowie eine vom Bundeshaushalt finanzierte Agrardieselvergütung. In strukturschwachen Regionen gibt es eine sogenannte Ausgleichszulage. Umweltgerechte Produktionsweisen werden durch länderspezifische Programme besonders gefördert. Bei den Erträgen der landwirtschaftlichen Betriebe stellen diese Zahlungen einen bedeutenden Anteil dar. Wer sich also für den Schritt zu einer bäuerlichen Siedlung entschließt, sollte dies im Rahmen eines Nebenerwerbs verwirklichen, der von vornherein kein finanzielles Desaster bedeutet, wie gemeinhin vielleicht angenommen wird.

 

Die notwendigen Fertigkeiten können in landwirtschaftlichen Lehranstalten, Fach- und Bildungszentren, in Form von Praktika auf Betrieben oder gar durch eine Ausbildung oder ein Studium erworben werden. Das Vorbild der Artamanen zeigt unter anderem aber auch, daß es möglich ist, sich diesbezüglich auf eigene Beine zu stellen und einen Austausch mit bestehenden Siedlungen zu ermöglichen.

 

Viele Bauernhöfe in Mitteldeutschland stehen längst zum Verkauf. Nicht wenige Kleinbetriebe finden innerhalb der Familie keinen Nachfolger. Abwanderung und Geburtenschwund haben dem Land zwischen Erzgebirge und Ostsee bereits das Schicksal der Entvölkerung aufgedrückt. Doch halten wir uns vor Augen, daß die scheinbare Perspektivlosigkeit und Resignation keine Gegebenheiten höherer Gewalten sind. Allein, wir brauchen ein Bewußtsein, andere Verhältnisse aus eigener Kraft schaffen zu können. Sehen wir es einmal von der anderen Seite: die Abwanderung hat Raum geschaffen! Mit einem ersten Schritt, den viele schon getan haben, gilt es zu beginnen. Doch dieser erste Schritt liegt nicht in der großen Politik, in Straßensprüchen und öffentlichen Wehklagen, in Bittstellungen nach besseren Zeiten! Er liegt in unumstößlich kleinen Gemeinschaften der bäuerlichen Siedlung in Mitteldeutschland.

 

Freilich bedeutet das nicht, sich von politischen Fragen loszusagen und in einem Einsiedlerdasein zu verkriechen. Es sind nicht die Schlechtesten, die sich gegen die befremdende Zivilisation wehren und trotzig und voller Zuversicht an ihrem Traum werken, wieder eigener Herr auf eigener Scholle zu sein. Vergeblich wird es nur sein, wenn es weiterhin an einer Bewegung mangelt, die das Ganze stärkt und formt.