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mardi, 12 décembre 2023

Les 200 ans de la doctrine Monroe

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Les 200 ans de la doctrine Monroe

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/200-years-monroe-do...

Le 2 décembre 2023 a marqué les deux cents ans du discours du président américain James Monroe au Congrès, où il a annoncé la fameuse "doctrine Monroe". Cette doctrine est devenue une référence en matière de politique étrangère des États-Unis au cours des derniers siècles et continuera probablement à être utilisée indéfiniment dans le futur, bien qu'elle ait été périodiquement complétée par d'autres doctrines et concepts. Toutefois, c'est sous James Monroe qu'elle a été catégoriquement déclarée et résumée par "l'Amérique est aux Américains", postulant que les puissances européennes n'avaient rien à faire dans les Amériques, même si elles avaient des possessions outre-mer. La déclaration de Monroe a été reçue de manière ambiguë dans les autres pays de l'hémisphère occidental, qui y ont vu l'intention de Washington de dominer la région et d'entraver la coopération avec d'autres États.

Ainsi, dans son message au Congrès américain, James Monroe déclarait : "Au cours des négociations [...] et dans les accords qui pourraient être conclus, il a été jugé opportun de saisir cette occasion pour établir comme principe, en ce qui concerne les droits et les intérêts des États-Unis, la position selon laquelle, sur le continent américain, ceux qui ont atteint la liberté et l'indépendance et qui les protègent, ne doivent pas être considérés dorénavant comme des objets d'une future colonisation par une puissance européenne quelconque".

...Nous avons toujours suivi avec inquiétude et intérêt les développements dans cette partie du globe, avec laquelle nous avons non seulement une relation étroite, mais aussi notre origine. Les citoyens des États-Unis nourrissent les sentiments les plus amicaux envers leurs compatriotes de l'autre côté de l'océan Atlantique, envers leur liberté et leur bonheur. Nous n'avons jamais participé aux guerres entre puissances européennes, guerres qui les concernent, et cela correspond à notre politique. Nous sommes indignés par les insultes qu'elles nous infligent ou nous ne nous préparons à nous défendre qu'en cas de violation de nos droits ou de menace pour eux.

...Par nécessité, nous nous impliquons beaucoup plus dans les événements qui se déroulent dans notre hémisphère et nous nous prononçons sur des causes qui devraient être évidentes pour tous les observateurs bien informés et impartiaux. Le système politique des puissances alliées diffère matériellement à cet égard de celui des Etats-Unis... Par conséquent, dans l'intérêt de la préservation des relations sincères et amicales qui existent entre les Etats-Unis et ces puissances, nous sommes tenus de déclarer que nous considérerons comme un danger pour notre paix et notre sécurité toute tentative de leur part d'étendre leur système à n'importe quelle partie de cet hémisphère.

Nous n'avons pas interféré et n'interviendrons pas dans les affaires des colonies existantes ou des territoires dépendants d'une quelconque puissance européenne. Mais en ce qui concerne les gouvernements des pays qui ont déclaré et maintenu leur indépendance, et ceux dont nous avons reconnu l'indépendance, après un examen attentif et selon les principes de la justice, nous ne pouvons envisager aucune intervention d'une puissance européenne dans le but d'opprimer ces pays ou d'établir un quelconque contrôle sur eux, autrement que comme une manifestation d'hostilité à l'égard des États-Unis" (I).

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À cette époque, les États-Unis étaient un territoire beaucoup plus petit. L'Alaska était sous la juridiction de l'Empire russe, le Mexique contrôlait la majeure partie de la côte Pacifique. Alors que l'Espagne tente de reprendre le contrôle de ses colonies, Washington tente d'empêcher les puissances européennes d'agir dans le Nouveau Monde. En effet, en 1822, lors du congrès de Vérone, les membres de la Sainte-Alliance discutent de la répression de la révolution espagnole, y compris de l'intervention dans leurs anciennes possessions en Amérique latine. La Grande-Bretagne y a vu une concurrence pour ses intérêts sur les marchés du Nouveau Monde et a proposé aux États-Unis de coordonner les actions contre la Sainte-Alliance, mais le secrétaire d'État John Quincy Adams a proposé de répondre directement au nom des États-Unis, ce qui a été fait. Il convient de noter que moins de dix ans auparavant, en 1814, pendant la guerre entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, les Britanniques s'étaient emparés de Washington et avaient brûlé la Maison Blanche et le Capitole. Le traumatisme de ces événements était encore vif dans l'esprit de l'élite politique américaine et, apparemment, le ressentiment historique à l'égard des Britanniques a joué un rôle important dans l'élaboration de la doctrine Monroe.

Et compte tenu des événements ultérieurs de la guerre américano-mexicaine de 1846-48, on peut en conclure que les États-Unis préparaient déjà des plans d'intervention, bien que cachés derrière l'idée d'une solidarité générale entre les continents nord et sud-américains.

Naturellement, la doctrine Monroe a continué à être appliquée dans les décennies suivantes. À la fin du 19ème siècle, un conflit oppose le Venezuela à la Grande-Bretagne, qui tente d'étendre sa présence dans la région. Il s'ensuivit un conflit territorial avec la Guyane britannique, qui n'a d'ailleurs pas été résolu à ce jour. En 1895, citant la doctrine Monroe, le secrétaire d'État américain Richard Olney, qui avait été auparavant procureur général, écrit dans un message au Premier ministre et ministre des affaires étrangères britannique Lord Salisbury que "tout contrôle européen sur le territoire américain est nécessairement absurde. ... Aujourd'hui, les États-Unis sont en fait le souverain de ce continent, et leurs ordres ont force de loi dans tous les domaines où ils interviennent... Pourquoi ? Non pas parce que des sentiments de pure amitié ou de bonne volonté sont ressentis à l'égard de ces pays. ...ni parce que la prudence, le droit et la justice caractérisent invariablement le comportement des États-Unis. C'est parce que les nombreuses ressources des États-Unis, combinées à une position isolée, les rendent maîtres de la situation" (II).

Olney a exigé que le différend entre le Venezuela et la Guyane soit réglé par un arbitrage, qui aurait dû être mené par les États-Unis. Le président Grover Cleveland, après avoir lu la note d'Olney, ne put cacher son admiration pour l'art de la provocation dont avait fait montre son secrétaire d'État. "C'est la meilleure que j'aie lue dans ce genre", écrit-il à Olney, "et elle mène à la conclusion que personne ne peut s'échapper s'il tente de le faire".

Theodore Roosevelt, alors responsable de la police new-yorkaise, exprime également son approbation. C'est d'ailleurs lui qui a inventé l'expression "police mondiale", qu'il a formulée plus tard en gravissant les échelons de la politique. Il aimait également citer le proverbe africain "Parlez doucement, mais gardez un gros bâton entre les mains et vous irez loin".

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Salisbury répond à cela que la doctrine Monroe n'a aucune valeur juridique en termes de droit international. De plus, la Grande-Bretagne avait des possessions en Amérique du Nord, le Canada, qu'elle ne pouvait quitter, et elle était donc scandalisée par la formulation adoptée dans cette question. Mais les États-Unis jugent la réponse inacceptable et, en décembre 1895, Cleveland demande au Congrès de nommer une commission sur le différend frontalier, en précisant que la décision de la commission devra être appliquée "par tous les moyens". Lorsque le Congrès vota à l'unanimité, on parla immédiatement de guerre avec la Grande-Bretagne.

Celle-ci est alors en guerre contre les Boers en Afrique du Sud et ne peut se permettre d'être impliquée dans un conflit loin de ses côtes. Le différend est donc soumis à la commission américaine. En octobre 1899, celle-ci décide que la frontière suivra la ligne Schomburgk, c'est-à-dire qu'elle maintiendra l'ancienne délimitation. Le Venezuela est contraint de ratifier ce traité. Mais un précédent est créé: les États-Unis commencent en effet à dicter ce qu'il faut faire et qui doit faire quoi en Amérique latine.

En 1898, les États-Unis remportent la guerre contre l'Espagne (l'explosion du navire américain Maine à La Havane, rapidement imputée à l'Espagne, en est la cause) et établissent leur protectorat à Cuba et à Porto Rico (la seconde île reste un territoire associé), ainsi que leur contrôle sur les Philippines et ses environs dont Guam. Cela renforce les ambitions impérialistes de Washington. L'amendement Platt, introduit en 1901, place Cuba dans une position subordonnée et dépendante. Une base navale américaine est alors établie à Cuba, qui, dans un premier temps, a servi de point de ravitaillement, mais même après la révolution cubaine de 1959, l'armée américaine y est restée. Plus tard, la prison offshore de Guantanamo Bay, où des suspects liés à Al-Qaïda étaient détenus sans jugement, est devenue tristement célèbre.

Il est important de noter qu'à la fin du 19ème siècle, les États-Unis ont formulé la théorie de la "destinée manifeste" (Manifest Destiny), selon laquelle ce pays a reçu d'en haut la mission de dominer le monde et d'enseigner aux autres comment ils doivent vivre.

Au début du 20ème siècle, le corollaire de Roosevelt est apparu sur la scène diplomatique, provoqué qu'il fut par le blocus naval du Venezuela à la fin de 1902 par l'Allemagne, la Grande-Bretagne et l'Italie en raison de dettes extérieures. Dans son message au Congrès américain du 6 décembre 1904, Theodore Roosevelt a déclaré: "Tout ce que ce pays désire, c'est voir ses pays voisins stables, ordonnés et prospères. Tout pays dont le peuple se comporte bien peut compter sur notre amitié cordiale. Si une nation montre qu'elle peut agir avec une efficacité et une décence raisonnables dans les affaires sociales et politiques, si elle maintient l'ordre et remplit ses obligations, elle n'a pas à craindre d'ingérence de la part des États-Unis. La délinquance chronique ou l'impuissance conduisant à un affaiblissement général des liens propres à toute société civilisée peut, aux États-Unis comme ailleurs, nécessiter en fin de compte l'intervention d'une nation civilisée, et dans l'hémisphère occidental, l'adhésion des États-Unis à la doctrine Monroe peut obliger les États-Unis à recourir, même à contre-coeur, dans les cas flagrants de telles irrégularités ou impuissances, au pouvoir de police international".

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En 1904, les États-Unis ont obtenu "à perpétuité" le droit d'utiliser, d'occuper et de contrôler la zone du canal de Panama, ainsi que le droit d'intervenir dans les villes de Panama et de Colon pour "préserver l'ordre". La même année, les États-Unis ont envoyé des navires de guerre en République dominicaine, y établissant un contrôle externe. C'est ce que l'on a appelé la politique du gros bâton, la diplomatie du dollar et la diplomatie de la canonnière. L'ancienne colonie britannique se comportait désormais comme une puissance coloniale, recourant aux mesures les plus strictes contre les pays dissidents de la région, principalement de l'Amérique centrale et des Caraïbes, qui étaient déjà perçues comme l'arrière-cour des États-Unis.

Woodrow Wilson a encore renforcé la doctrine Monroe pendant la Première Guerre mondiale. C'est là qu'une véritable percée mondiale s'est produite. Son accord de paix en 14 points, soumis au Congrès le 8 janvier 1918, a été intégré au traité de Versailles et a jeté les bases de la Société des Nations. L'un de ces points était d'ailleurs directement consacré à la Russie: "La libération de tous les territoires russes et le règlement de tous les problèmes affectant la Russie qui lui assureront l'assistance la plus complète et la plus libre de la part des autres nations pour obtenir une possibilité complète et sans entrave de prendre une décision indépendante quant à son propre développement politique et à sa politique nationale, et qui lui assureront un accueil chaleureux dans la communauté des nations libres, sous la forme de gouvernement qu'elle choisira elle-même. Et plus que l'accueil, aussi toute forme de soutien dans tout ce dont elle a besoin et qu'elle désire pour elle-même. L'attitude des nations soeurs à l'égard de la Russie dans les mois à venir sera la pierre de touche de leurs bons sentiments, de leur compréhension de ses besoins et de leur capacité à les séparer de leurs propres intérêts, ainsi qu'un indicateur de leur sagesse et de l'altruisme de leurs sympathies". De fait, en 1918, les États-Unis interviennent en Extrême-Orient, tandis que du côté européen, des unités de l'Entente attaquent la Russie.

La Grande Dépression a légèrement modéré l'ardeur des États-Unis sur la scène internationale, mais dès la Seconde Guerre mondiale, en raison de la faiblesse évidente de l'Angleterre, Washington commence à prendre le dessus dans la géopolitique du Vieux Continent. L'usage démonstratif d'armes nucléaires contre des villes japonaises pacifiques a élevé les États-Unis au rang de superpuissance militaire. Bien que cela ne leur paraisse pas important, le bloc de l'OTAN est formé en 1949 pour "contenir le communisme". Mais même dans les conflits conventionnels en Asie (Corée, Vietnam), les États-Unis n'ont pas réussi à démontrer durablement leur puissance.

À l'époque de la guerre froide, la doctrine Monroe reste un phare de la politique étrangère américaine. Ainsi, en 1954, le secrétaire d'État John Foster Dulles invoque la doctrine Monroe et le gouvernement colonial de Roosevelt lors de la dixième conférence panaméricaine à Caracas, en soutenant sa marionnette au Guatemala. Puis l'Amérique latine a été confrontée à l'opération Condor et aux escadrons de la mort, qui préparaient la CIA et le Pentagone à la destruction physique de toute force, parti ou mouvement qui éveillait les soupçons de Washington (des mesures similaires étaient attendues en Asie du Sud-Est, où les États-Unis avaient la possibilité d'interférer dans les affaires intérieures de ces pays).

En janvier 1980, le président américain Jimmy Carter a formulé une politique connue sous le nom de "doctrine Carter". Il s'agit d'une nouvelle extension de la doctrine Monroe et du mouvement expansionniste américain dans le sud de l'Eurasie. Dans le contexte de la révolution islamique en Iran et de l'entrée des troupes soviétiques en Afghanistan, Carter a affirmé que "toute tentative par une puissance étrangère de prendre le contrôle de la région du golfe Persique sera considérée comme une attaque contre les intérêts vitaux des États-Unis d'Amérique. Une telle attaque sera repoussée par tous les moyens nécessaires, y compris la force militaire". Auparavant, pendant longtemps, la Grande-Bretagne avait été le "garant de la sécurité" des intérêts américains dans la région. Désormais, Washington prend les choses en main et, compte tenu des énormes réserves de pétrole et de gaz, cette zone revêt une importance stratégique énorme (III).

Les États-Unis ont commencé à renforcer leur présence militaire dans de nombreux pays arabes, dont l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Qatar. Jusqu'à récemment, cette coopération était considérée comme mutuellement bénéfique. Ce n'est que très récemment que les États arabes sont devenus sceptiques à l'égard des stratégies et des politiques américaines dans la région, et leur image s'est considérablement détériorée depuis qu'ils ont soutenu les actions agressives d'Israël contre les Palestiniens.

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Mais, tout comme le corollaire de Roosevelt est apparu à l'époque, la doctrine Carter a été modifiée en 1981 par son successeur Ronald Reagan. Il ne promet rien de moins que d'empêcher l'Arabie saoudite de devenir un nouvel Iran. "Il est hors de question que nous restions les bras croisés et que nous regardions passivement quelqu'un qui coupe l'approvisionnement en pétrole prendre le contrôle de ce pays", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. En réalité, la doctrine Reagan représentait un soutien à toute force anticommuniste, même si elle n'était pas suffisamment démocratique selon les normes occidentales. Par la suite, la formation des moudjahidines pour combattre la République démocratique d'Afghanistan a conduit à la montée en puissance d'Al-Qaida, qui a retourné ses armes contre les États-Unis. Quant aux intérêts pétroliers, après l'invasion du Koweït par l'Irak en 1990, les États-Unis ont immédiatement réaffirmé leur attachement à cette position en formant une coalition militaire internationale pour l'opération Tempête du désert.

En 2001, la guerre mondiale contre le terrorisme de George W. Bush a suivi, étendant la présence physique de l'armée américaine à des pays d'Asie et d'Afrique. L'occupation de l'Afghanistan pendant 20 ans et l'invasion de l'Irak en 2003, qui a tué des millions de personnes, étaient, par essence, une lutte contre les conséquences de la doctrine Reagan.

Bien que Barack Obama ait déplacé les intérêts américains vers l'Asie, en accordant moins d'attention au Moyen-Orient, la Libye a été détruite et la Syrie aurait pu connaître le même sort si la Russie n'était pas venue à la rescousse. Cependant, le coup d'État en Ukraine en février 2014, avec le soutien évident des États-Unis, a démontré que les États-Unis n'étaient pas prêts d'abandonner leurs projets néocoloniaux expansionnistes. Les accords d'Abraham conclus par la suite par Donald Trump et la "Bidenomics", qui comprend des projets économiques mondiaux et des projets de confrontation claires avec la Chine, l'Iran, la Russie et la RPDC (tous les pays sont officiellement inclus dans la liste des principales menaces pour les États-Unis), montrent la poursuite de la trajectoire tracée par le plan d'action des États-Unis et, simultanément, montrent une continuation de la voie tracée jadis sous James Monroe.

Notes :

I) https://www.owleyes.org/text/monroe-doctrine/read/text-of...

II) https://web.archive.org/web/20181003183245/http://library...

III) https://www.hoover.org/research/whither-carter-doctrine-b...

12:18 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, états-unis, doctrine de monroe, james monroe | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 07 décembre 2023

Laura Richardson, chef du Commandement Sud, a appelé à réactualisation de la Doctrine Monroe pour sécuriser les ressources de l'Amérique du Sud

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Laura Richardson, chef du Commandement Sud, a appelé à réactualisation de la Doctrine Monroe pour sécuriser les ressources de l'Amérique du Sud

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/laura-richardson-jefa-del-comando-sur-pidio-actualizar-la-doctrina-monroe-para-asegurar-los-recursos-de-america-del-sur/#google_vignette


Le général Laura J. Richardson, chef du Commandement Sud des États-Unis (SouthCom), a rappelé, samedi 2 décembre, l'importance pour son pays de "fournir une assistance" à la région sud-américaine et caribéenne en raison de ses "ressources naturelles infinies" et stratégiques et de la nécessité de rivaliser avec les contrats que la Chine a conclus avec les pays d'Amérique du Sud.

Lors du Forum sur la défense nationale Reagan 2023 (organisé par l'Institut Ronald Reagan -RRI-), Mme Richardson a participé à une table ronde intitulée "Retour à Monroe ? Protéger notre hémisphère et notre patrie" - en référence à la doctrine Monroe - où elle a souligné les richesses du continent et mis en garde contre l'avancée de la Chine dans la région: "Il est temps d'agir", a-t-elle déclaré, et elle a précisé l'objectif des États-Unis de récupérer le leadership de l'hémisphère face à leur "concurrent stratégique".

"Le pétrole, 50% du soja mondial, 30% du sucre, de la viande et du maïs proviennent de cette région", a indiqué Mme Richardson qui a cité ces exemples parmi les ressources stratégiques dont il faut "prendre soin" dans le cadre de la doctrine Monroe actualisée.

Avec la participation des plus hauts officiers militaires du pays, des législateurs et de certains experts, l'événement de cette année s'est concentré sur l'analyse et le débat sur la géopolitique, la croissance économique de la Chine, le soutien à l'Ukraine et à Israël, ainsi que sur l'importance du développement de l'IA (Intelligence Artificielle) et une série d'autres questions relatives à la sécurité nationale.

Parmi les participants figuraient le général Charles A. Flynn, commandant général de l'armée américaine dans le Pacifique, le secrétaire américain à la défense Lloyd J. Austin III, James D. Taiclet, président-directeur général de Lockheed Martin Corp, l'amiral Lisa Franchetti, chef des opérations navales de la marine américaine, le représentant Ken Calvert, président du House Appropriations Defence Subcommittee on Appropriations ; le général David W. Allvin, chef d'état-major de l'US Air Force, Missy Ryan, vice-présidente exécutive de Microsoft et modératrice, et les organes de presse suivants : The Economist et le Washington Post.

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Il convient de noter que la chef du Southern Command (l'un des dix commandements de combat unifiés appartenant au ministère américain de la Défense) a publiquement et à plusieurs reprises exprimé son intérêt pour les ressources naturelles de la région, notamment "le triangle du lithium : Argentine, Bolivie et Chili", ainsi que "le pétrole, le cuivre et l'or du Venezuela", "le poumon du monde : l'Amazonie" et "31% de l'eau douce de la planète".

samedi, 08 avril 2023

Le crépuscule de la doctrine Monroe : comment la Chine et la Russie empiètent sur l'Amérique

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Le crépuscule de la doctrine Monroe: comment la Chine et la Russie empiètent sur l'Amérique

Emanuel Pietrobon

Source: https://it.insideover.com/politica/tramonto-dottrina-monroe-cina-russia-sconfinano-america.html

Selon Phil Kelly, géopolitologue non conventionnel, les États-Unis sont le "Heartland" dont parlait Halford Mackinder dans ses ouvrages. Étendus sur une prairie extraordinairement fertile, dotés d'un sol et d'un sous-sol riches en ressources naturelles, des hydrocarbures à l'or bleu, et protégés par deux océans, ils jouissent d'un isolement géostratégique qui leur a permis de se développer presque sans être dérangés.

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Ce n'est pas entre le Turkestan et l'Altaï que se trouve le cœur de la Terre, dit Kelly, mais quelque part entre les Appalaches et le bassin du Mississippi. Et ce n'est pas de l'Eurafrasie, fragmentée, vulnérable aux divisions des thalassocraties et en guerre perpétuelle avec elle-même, que naîtra l'hyperpuissance qui trônera sur le monde. Car cette dernière appartient à ceux qui détiennent le pouvoir sur le cœur de la terre, à savoir les États-Unis.

L'hétérodoxe Kelly a produit une oeuvre dont la lecture est nécessaire pour qui veut se plonger dans les fondements de la puissance américaine, qui ne pourrait exister sans le contrôle des grandes routes commerciales maritimes mondiales - un fardeau hérité de l'Empire britannique -, sans le confinement dans une dimension tellurique des quatre cavaliers eurasiens de l'Apocalypse - Chine, Allemagne, Inde, Russie - et, surtout, sans le maintien dans un état de subalternité des acteurs clés de l'hémisphère occidental, la Doctrine Monroe.

Une doctrine Monroe que les aspirants à l'hégémonie mondiale ont toujours contestée, à commencer par la France de Napoléon III et l'Allemagne wilhelminienne, et qui est aujourd'hui assiégée par deux des quatre cavaliers eurasiens de l'Apocalypse, la Chine et la Russie, et par une constellation de forces régionales et extrarégionales. La guerre mondiale se déroule aussi en Amérique latine.

L'Amérique latine, chaudron du monde

De la préservation et de la protection de la doctrine Monroe dépendent l'existence et la survie du système hégémonique mondial construit par les États-Unis. La remettre en cause revient à se frapper la cage thoracique. Le défier, c'est ouvrir une brèche en direction du cœur de la terre, en sachant que la réaction de l'aigle blessé pourrait être imprévisible. Heartland pour Heartland et le monde devient aveugle.

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C'est la doctrine Monroe qui a fait des États-Unis un empire hémisphérique, les protégeant des menaces de l'Eurafrasie, et c'est pourquoi ils ont fait l'objet d'une attention particulière de la part des aspirants à l'hégémonie mondiale à toutes les époques: la France de Napoléon III, l'Allemagne de Guillaume II et d'Adolf Hitler, l'Union soviétique et, aujourd'hui, la Russie et la République populaire de Chine. Mais sur son endurance, les affronts systémiques mis à part, pèse aussi l'arrivée en Amérique latine d'une série de tournois de l'ombre mûris en Eurasie.

La fin de la guerre froide n'a pas signifié le triomphe de la paix dans les veines ouvertes et saignantes de l'Amérique latine, mais la poursuite de la piraterie dans les Caraïbes, la continuation des guerres civiles éternelles dans la Mésoamérique jamais apaisée et la prolifération d'un nouvel anti-américanisme dans le cône sud. La situation s'est aggravée au fil des ans, parallèlement à l'aggravation de la concurrence entre les grandes puissances, ce qui a entraîné l'entrée des plus importantes rivalités eurasiennes dans le grand chaudron ibéro-américain.

Les Iraniens et les Israéliens s'affrontent dans tout le cône sud, de la Guyane à l'Argentine, se faisant les protagonistes d'attaques flagrantes et d'opérations de blanchiment. Leur rivalité a fait plus de 130 morts et plus de 500 blessés entre Buenos Aires et Panama - le torpillage oublié du vol 901 d'Alas Chiricanas - auquel il faut ajouter l'assassinat du procureur argentin Alberto Nisman. Leur rivalité est le contexte dans lequel il faut lire l'interdiction du Hezbollah dans le sous-continent. Dans leur rivalité entrent en jeu ces forces anti-étatiques que sont les cartels de la drogue latino-américains, avec lesquels le Hezbollah trafique des stupéfiants, blanchit de l'argent et par lesquels il entre en contact avec la politique.

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Iraniens, Turcs et Saoudiens rivalisent pour l'hégémonisation de l'umma latino-américaine, en finançant des campagnes de prosélytisme, en inaugurant des mosquées, des écoles coraniques et des centres culturels, et en créant, dans la mesure du possible, des enclaves religieuses imperméables utiles à la collecte de renseignements et à la conduite du commerce gris. Ils sont suivis de près, pour des raisons similaires mais avec des méthodes et des résultats différents, par les capitaines de l'Internationale djihadiste, d'Al-Qāʿida à l'État islamique, qui sont présents de Mexico à la Triple Frontière.

Primakov contre Monroe

La Russie n'aurait pu réécrire la fin de la guerre froide, retrouver une place honorable à la table des grands de ce monde, qu'en (re)tournant son regard vers le Sud global et en travaillant avec lui pour dépasser le moment unipolaire. Telle était la conviction d'Evgenij Primakov, le théoricien de la transition multipolaire, dont Vladimir Poutine a puisé la richesse des idées et des visions à l'aube de l'an 2000.

Écrire sur la Russie dans l'hémisphère occidental revient à parler de Primakov. L'éminence grise en devenir de Boris Eltsine, torpillée par la suite lors de la crise yougoslave de 1999, qui a conçu et dirigé en 1997 une tournée en Amérique latine - la première d'un gouvernement russe depuis la fin de la guerre froide - dans le but de réaffirmer la présence de Moscou dans le jardin de Washington. Une réponse, pour Primakov, à la présence "des Américains dans la Caspienne, en Asie centrale et dans la Communauté des États indépendants".

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Avec la fin prématurée de l'ère Eltsine, Primakov fut pré-retraité par l'Etat profond mais redécouvert au dernier soir de 1999 et c'est Poutine qui reprendra le dossier latino-américain selon le contenu de la "doctrine Primakov". Mots d'ordre, au moins dans un premier temps - en raison de la priorité donnée au rétablissement des relations avec l'Occident -, modération et proportionnalité.

Le pivotement vers l'Amérique latine de la présidence Poutine a été inspiré par les idées de Primakov, mais aidé par les héritages matériels et immatériels de l'ère soviétique: des avant-postes pro-russes à Cuba et au Nicaragua à l'enracinement de l'anti-américanisme dans de larges segments de la société, de la politique et de l'armée. Des héritages qui ont été nourris et ont conduit à la formation d'axes résistants aux pressions de la superstructure - la doctrine Monroe -, comme avec l'Argentine, le Brésil et le Venezuela, et à la conduite d'interventions hybrides, comme l'envoi de spécialistes de la contre-insurrection à Daniel Ortega et Nicolás Maduro au plus fort des manifestations télécommandées qui menaçaient de les submerger.

Le temps a largement remboursé l'investissement du Kremlin dans le jardin de la Maison Blanche. Les rêves néo-bolivaristes sont morts avec Hugo Chávez, mais le nouvel ordre vénézuélien a survécu à son fondateur et il y a des signes d'une possible rupture du cordon sanitaire dans le cône sud. Le format des Brics a surmonté l'absence du PdL au Brésil, il est en train de s'étendre à l'Argentine et à la Bolivie, où les pro-Morales sont de retour au pouvoir après le coup d'État pro-américain de 2019, et s'efforce de faire une percée dans la dédollarisation du commerce international et intra-américain.

L'histoire a donné raison à Primakov. Car ce que la Russie de l'ère Poutine, exportatrice majeure de produits militaires - périodiquement en tête du classement des principaux fournisseurs d'armes de la région -, gardienne de gouvernements fantoches et propriétaire de bases de collecte de renseignements - au Nicaragua, au Venezuela et à Cuba, où la rumeur court depuis le début de l'année 2000 d'une remise en service de la base de Lourdes - a réalisé là est une démonstration plastique de la lente liquéfaction de la doctrine Monroe.

L'état de crise de la doctrine Monroe, jamais totalement remis des traumatismes de la guerre froide - la grande guerre civile méso-américaine, la saison des dictatures militaires, des morts et des disparus -, a été reconfirmé lors de la guerre en Ukraine, lorsque le jardin par excellence de Washington a refusé en bloc d'envoyer des armes à Kiev, d'appliquer des sanctions à Moscou et s'est révélé, selon les enquêtes de l'OSINT, l'une des régions du Sud global les plus sympathiques au récit russe.

L'Amérique latine, périphérie de la Terre du Milieu

Une menace hémisphérique et un concurrent stratégique. La domination commerciale, les acquisitions stratégiques, le contrôle des infrastructures vitales et les objectifs à long terme font de la République populaire de Chine, aux yeux des États-Unis, une menace hémisphérique et un concurrent stratégique - deux définitions inventées et utilisées dans les cercles politico-militaires.

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Les chiffres de l'agenda latino-américain de Pékin suggèrent en effet l'existence d'un défi sans précédent à la domination hégémonique établie de Washington :

    - Les échanges entre la Chine et l'Amérique latine sont passés de 12 milliards de dollars en 2000 à 450 milliards de dollars en 2021 ; des chiffres qui, en 2022, feraient de la Chine le deuxième partenaire commercial de toute la région, mais le premier de neuf pays et du cône sud ;

    - Trois pays d'Amérique latine ont conclu des accords de libre-échange avec la Chine ;

    - Sept pays d'Amérique latine ont conclu des partenariats stratégiques globaux avec la Chine ;

    - Onze visites officielles de Xi Jinping dans la région entre 2013 et 2021 ;

    - Vingt-et-un pays d'Amérique latine ont signé des documents d'adhésion et/ou de coopération dans le cadre de la mise en œuvre de l'initiative "la Ceinture et la Route" ;

    - 137 milliards de dollars prêtés aux gouvernements latino-américains sur la période 2005-2020 par la Banque de développement de Chine et la Banque chinoise d'import-export ;

Les chiffres ci-dessus, ainsi qu'une menace hémisphérique, parlent de la Chine comme d'une puissance extrarégionale qui, selon le Centre d'études du Liechtenstein, disposerait de ressources suffisantes pour modifier de manière permanente le cadre géoéconomique et géopolitique de l'Amérique latine, dans lequel, à condition qu'il y ait une volonté politique exprimée de la part du PCC, elle pourrait façonner une coexistence compétitive avec les États-Unis.

Le fait que Pékin, malgré l'opposition de Washington, soit devenu une puissance extrarégionale ayant un intérêt (permanent ?) pour la région est également démontré par le fait que, hormis les chiffres du commerce et de l'investissement, il a rejoint les conseils d'administration de la Banque interaméricaine de développement et de la Banque de développement des Caraïbes en tant que membre votant.

L'économie pour influencer la politique. La politique pour remettre en cause la doctrine Monroe et la doctrine des deux Chine. L'investissement dans les infrastructures stratégiques et l'exploitation des métaux précieux et rares pour saper l'hégémonie mondiale des États-Unis. La patience stratégique de l'homo sinicus et la myopie distraite de l'homo americanus sont les meilleurs amis de l'Amérique latine et de la Chine.

L'incrustation et la constance ont récompensé la grande stratégie de la Chine dans l'hémisphère occidental. La légitimité internationale de Taïwan ne tient qu'à un fil, que la pluie de désaveux des pays d'Amérique latine a contribué à raccourcir considérablement et qui pourrait être à nouveau coupé - huit des 14 pays qui reconnaissent encore Taipei se trouvent sur le sous-continent, dont l'un a entamé les démarches administratives pour la transition vers une seule Chine en mars 2023, le Honduras, tandis que les sept autres sont tentés par des promesses d'aide, de commerce, d'investissement et de prêts.

La concurrence sino-américaine sévit dans les mines de métaux précieux et de terres rares et sur les chantiers de grands travaux et d'infrastructures stratégiques, mais la pression des Etats-Unis n'a pas toujours, mais alors pas du tout, l'effet escompté. Car s'il est vrai que le Chili a abandonné l'idée du câble sous-marin Valparaiso-Shanghai, il est tout aussi vrai que le Brésil a été le premier bénéficiaire des investissements directs étrangers de la Chine en 2021 et qu'il est le hub régional de Huawei, que le Pérou a vendu sa plus grande compagnie nationale d'électricité à des acheteurs chinois en 2020, et que dans le Triangle du lithium, on parle de plus en plus le mandarin et de moins en moins l'anglais.

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La doctrine Monroe à l'épreuve du 21ème siècle

L'offre d'une large gamme de produits à bas prix, l'utilisation intelligente du financement humanitaire et de la coopération au développement, ainsi que les stratégies de projection du soft power ont permis à Pékin de se présenter comme une alternative viable aux yeux des Latino-Américains. Les résultats, visibles, tangibles et quantifiables, ont été une avalanche de transitions vers la politique d'une seule Chine, l'entrée dans des secteurs sensibles de la sécurité nationale américaine - tels que les ports stratégiques en Méso-Amérique -, la longévité accrue des gouvernements anti-américains et l'ouverture de centres de collecte de données à potentiel militaire, dont deux au Chili et en Argentine.

La Russie a capitalisé sur l'héritage soviétique de puissance prolétarienne et anticoloniale et a investi dans la projection de puissance douce, trouvant un soutien clé en Chine et réussissant à magnétiser dans la coalition anti-hégémonique l'Église catholique postérieure à Jean-Paul II qui, désillusionnée par les États-Unis en raison de son rôle dans la protestantisation de l'Amérique latine, se trouve aujourd'hui à l'avant-garde du boycott des forces politiques qui sont l'expression des évangéliques et des pentecôtistes, des électeurs obstinément proaméricains. La rencontre entre les deux éminences à La Havane en 2016 comme acte fondateur de l'Entente russo-romaine pour la transition multipolaire.

Anarchie productive - comme au Nicaragua et au Venezuela -, coups d'État - comme en Bolivie 2019 -, sédition - comme au Brésil 2023 -, réouverture de différends territoriaux non résolus - comme dans les Malvinas/Falklands - ; tout est à lire et à encadrer dans la compétition entre grandes puissances, dont l'un des chapitres les plus importants est l'Amérique latine comme en témoignent les nombreux aspects de son sous-sol fertile: la Grande Dépression américaine alimentée par le PCC, les Triades et les Narcos mexicains, l'encerclement diplomatique accru de Taïwan, la non-participation à la guerre en Ukraine, l'adhésion à la lutte contre le dollar et la lente expansion des avant-postes militaires, de Managua à Ushuaia.

La guerre mondiale actuelle se déroule aussi en Amérique latine. Le désir de Washington de regagner une influence décroissante dans l'hémisphère occidental sera susceptible de produire des coups d'État doux ou durs, une anarchie productive, des insurrections, des révolutions colorées, des interférences électorales et, en dernier recours, des interventions militaires chirurgicales de type Urgent Fury. Les réactions de l'axe Moscou-Beijing seront égales et opposées, allant d'opérations de déstabilisation hybrides à des initiatives diplomatiques (l'arrivée de la Pax Sinica dans le sous-continent ?), en passant par des poussées de dédollarisation et des accords militaires. La doctrine Monroe à l'épreuve du XXIe siècle.

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jeudi, 31 mars 2022

De la "Doctrine" de Monroe aux "Quatorze points" de Wilson 

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De la "Doctrine" de Monroe aux "Quatorze points" de Wilson 

par Michele Rallo

Les origines de l'interventionnisme américain dans les affaires européennes

Source : https://www.ereticamente.net/2022/03/dalla-dottrina-di-monroe-ai-quattordici-punti-di-wilson-michele-rallo.html

C'est en 1823 que James Monroe, le 5e président des États-Unis d'Amérique, a énoncé la "doctrine" qui allait prendre son nom (en réalité dû à son ministre des affaires étrangères John Adams). Selon cette doctrine, les États-Unis revendiquent une suprématie totale sur les Amériques du Nord et du Sud, ordonnant aux puissances européennes de ne pas intervenir dans cet "hémisphère", à l'exception des territoires coloniaux qui leur appartiennent encore. En réalité, seule la présence des cousins britanniques serait tolérée (du Canada aux Malouines), tandis que les autres puissances coloniales (France, Espagne, Portugal) seraient directement ou indirectement évincées de leurs possessions.

The-1912-cartoon-of-the-Monroe-Doctrine.ppm.pngQuoi qu'il en soit, tout le monde s'accordait à l'époque à dire que la doctrine de Monroe était essentiellement une proposition de partage du monde : l'Amérique aux Américains et - corollaire logique - l'Europe aux Européens. Liberté d'action dans le reste du monde, avec toutefois quelques voies préférentielles : l'Asie orientale et le Pacifique pour les États-Unis, l'Asie occidentale et l'Afrique pour les puissances européennes.

Cela a duré quelques décennies : le temps nécessaire aux Américains pour se débarrasser de certaines présences gênantes, notamment aux frontières. Le dernier épisode fut la guerre hispano-américaine de 1898, à l'issue de laquelle les États-Unis ont acquis Cuba (officiellement "indépendante"), Porto Rico et - en Asie - les Philippines et l'île de Guam.

L'Espagne étant ainsi expulsée du continent américain, on a eu l'impression pendant un moment que les États-Unis et les puissances européennes étaient retranchés dans leurs sphères d'influence respectives. Mais ce n'était qu'une impression - justement - parce que depuis quelques années (après l'assassinat de Lincoln en 1865), les cercles de la City de Londres avaient déjà commencé à tisser la toile d'une entente transocéanique qui unirait les États-Unis et le Royaume-Uni avec ses dominions : cimentant ainsi, derrière le paravent d'une alliance ethnique, les intérêts financiers et mercantiles du bloc anglo-saxon. Quelques années plus tard, le Sud-Africain (blanc) Jan Smuts qualifiera ce bloc de "fédération britannique des nations" et vantera sa fonction anti-européenne : "N'oubliez pas qu'après tout, l'Europe n'est pas si grande et ne continuera pas à le paraître à l'avenir. (...) Ce n'est pas seulement l'Europe que nous devons considérer, mais aussi l'avenir de cette grande confédération d'États à laquelle nous appartenons tous" [1].

Le projet de bloc anglo-saxon a franchi une étape décisive lors de l'élection présidentielle de novembre 1912, lorsque le parti républicain - dominant depuis l'époque de Lincoln - s'est divisé et a présenté deux candidats opposés de taille (le président sortant William Taft et l'ancien président Theodore Roosevelt), permettant à l'outsider démocrate Thomas Woodrow Wilson d'être élu.

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Wilson prend ses fonctions en mars 1913 et se lance immédiatement dans un vaste programme de "réformes" apparemment positives. En réalité, l'objectif de toute son activité frénétique de réforme était de privatiser le système bancaire, alignant ainsi les États-Unis sur le modèle financier qui dominait la politique britannique. En décembre 1913, la Réserve fédérale a été créée, une banque "centrale" qui était aux États-Unis d'Amérique ce que la Banque d'Angleterre des Rothschild était à la Grande-Bretagne depuis 1694 : toutes deux étaient privées et avaient le droit exclusif de frapper la monnaie nationale et de la prêter à leurs gouvernements respectifs.

Avec l'élection de Wilson, le monde des affaires et de la finance quittait donc le parti républicain pour se lier - étroitement - au parti démocrate. Et ce monde trépignait, il avait envie de franchir les frontières, de se lier à d'autres hommes d'affaires et à d'autres financiers, de s'étendre bien au-delà des frontières tracées par la Doctrine Monroe. Il s'agissait d'une nouvelle forme de colonialisme, un colonialisme économique ; qui, toutefois, ne rivalisait pas avec les partenaires britanniques pour les domaines traditionnels afro-asiatiques, mais visait plutôt le "marché" le plus riche, celui de l'Europe. Avec une connotation particulière : alors que le colonialisme européen visait des pays arriérés, presque toujours dépourvus d'une structure étatique complète, le néocolonialisme américain prétendait s'imposer à des pays hautement civilisés et développés, ceux dont étaient issus les colons qui ont construit les États-Unis d'Amérique. Ce sont les fils enrichis qui se sont retournés contre leurs pères.

Naturellement, les nations européennes n'étant pas prêtes à se laisser coloniser le sourire aux lèvres, les Américains ont dû attendre la bonne occasion pour intervenir sur le Vieux Continent, pour faire peser le poids de la puissance américaine sur la balance : puissance industrielle et militaire, mais surtout puissance économique. Et l'occasion ne tarde pas à se présenter : le 28 juin 1914, l'attentat de Sarajevo a lieu, et un mois plus tard, le premier coup de canon est tiré dans ce qui deviendra la Grande Guerre, la Première Guerre mondiale.

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Bien que la majorité de la population américaine (anglo-saxonne) ait naturellement sympathisé avec leurs cousins britanniques, ils n'ont pas dévié de leur attitude traditionnelle à l'égard des affaires européennes : un isolationnisme "historique" profondément ancré, qui, en temps de guerre, se traduisait par une neutralité absolue, à la limite de l'indifférence.

Au contraire, les milieux financiers, industriels et mercantiles sont pieds et poings liés à leurs correspondants britanniques, qu'ils approvisionnent par des envois massifs et continus par voie maritime. Leur intérêt spécifique était non seulement la victoire à Londres, mais aussi - en perspective - la pénétration des marchés européens, que seule cette victoire pouvait favoriser.

Le président Wilson, officiellement du moins, semblait fermement ancré dans des positions non-interventionnistes. En fait, il était plus que favorable à l'intervention américaine dans la guerre en Europe. Cependant, il avait les mains liées par les nouvelles élections présidentielles, qui approchaient à grands pas. Étant donné la neutralité viscérale de l'électorat américain, il ne pouvait être réélu que s'il donnait l'impression, ou plutôt la certitude, qu'il maintiendrait les États-Unis en dehors de la guerre en Europe.

Même après sa réélection (novembre 1916), Wilson ne pouvait pas changer sa ligne diplomatique d'un iota : les Américains étaient toujours très opposés à la possibilité même la plus lointaine d'une intervention, et le président ne pouvait certainement pas aller dans la direction opposée.

Ce sont toutefois les Allemands qui ont offert sur un plateau d'argent l'excuse qui permettrait à Woodrow Wilson de décider d'intervenir. Au fur et à mesure que les approvisionnements de l'industrie américaine vers l'Angleterre augmentaient, le nombre de torpillages de navires marchands américains augmentait, avec les pertes humaines que cela impliquait. Les Allemands auraient pu obtenir le même résultat en arrêtant les navires américains et, peut-être, en les saisissant. Au lieu de cela, ils ont préféré torpiller et couler les navires. Ils ne se rendaient pas compte (et ne se rendraient pas compte non plus pendant la Seconde Guerre mondiale) qu'un comportement brutal provoque la désapprobation et l'hostilité générales, même si ce comportement est le résultat d'une "provocation" de l'ennemi.

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Le casus belli s'est produit le 19 mars 1917, avec le naufrage du cargo "Vigilantia" avec tout son équipage. L'indignation de l'opinion publique américaine est telle que Woodrow Wilson peut demander au Congrès de voter l'entrée en guerre des États-Unis. Cela s'est produit le 6 avril.

La voie du "libre-échange" était enfin ouverte. Il fallait cependant rassurer les Européens (amis, ennemis et neutres), les convaincre que l'envoi des armées américaines sur le Vieux Continent ne cachait aucune intention colonialiste, mais n'était que le fruit de la générosité, d'une propension à la charité à l'échelle planétaire. Voici donc le recours à un alibi idéologique : ce n'est pas par soif de pouvoir que les États-Unis ont envoyé leurs soldats outre-Atlantique, mais pour défendre la démocratie ; non pas pour en retirer des avantages économiques, mais pour libérer le peuple. [Un refrain répété de manière obsessionnelle dans toutes les guerres américaines, de la Seconde Guerre mondiale à la destruction de la Libye].

Wilson s'est dessiné le profil moraliste d'un grand leader qui a conduit sa nation à la guerre non pas pour des raisons futiles, mais pour défendre les idéaux les plus élevés de liberté, de démocratie, de justice, de progrès, de prospérité, de paix entre les nations et d'autodétermination des peuples. D'où la nécessité d'idéologiser le choix de la guerre, en la présentant comme une intervention visant à réparer les torts imposés aux nations par les "méchants" du moment, presque comme la transposition d'un film "occidental" sur la scène mondiale tout entière.

Le président a très bien su camoufler un choix clairement utilitaire sous de nobles idéaux. Il a inventé un certain nombre de slogans frappants - "la guerre pour mettre fin aux guerres" ou "rendre le monde sûr pour la démocratie" - et est allé jusqu'à esquisser un scénario d'après-guerre idyllique : "pas d'annexions, pas de contributions, pas d'indemnités de guerre" [2]. Rien de tout cela ne se produira. Au contraire, les annexions, contributions et indemnités de guerre - appliquées de manière disproportionnée au profit de Londres, de Paris et de leurs clients - contribueraient de manière décisive à rendre le monde peu sûr pour la démocratie et à préparer le terrain pour de nouvelles guerres. Et ce, avec la circonstance aggravante d'une attitude qui variera fortement d'un sujet à l'autre : forcer - par exemple - l'Italie à renoncer à Fiume/Rijeka, et en même temps permettre à la France de mutiler impitoyablement l'Allemagne, ou à l'Angleterre de tenter de rayer la Turquie de la carte. Tout cela a été couronné par un fort coup de pinceau de la fierté et de l'arrogance du nouveau riche, du nouveau maître du monde qui dicte benoîtement à ses sujets les règles de la coexistence civilisée.

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Tout cela a été inclus et condensé dans un véritable manifeste idéologique de l'interventionnisme américain, qui est entré dans l'histoire sous le nom des "Quatorze points de Wilson". Il s'agissait d'un "message au Congrès" par lequel le président tentait d'adoucir la pilule de l'intervention ; une intervention qui - malgré le comportement imbécile des Allemands qui avait indigné les Américains - continuait à susciter des doutes et de la perplexité, tant dans l'opinion publique nationale que dans de nombreux secteurs du Congrès. Mais les Quatorze Points - en même temps - étaient aussi une sorte de message aux chancelleries du monde entier, énonçant dès le départ les diktats de la pax americana, auxquels tous - vainqueurs et vaincus - devraient se conformer.

Le bavardage initial était un exercice de justification inventive de l'intervention, entièrement basé sur les déclarations de principe (mensongères) déjà mentionnées : "Nous sommes entrés dans cette guerre parce qu'il y avait eu des violations du droit qui nous touchaient au plus profond de nous-mêmes et qui rendaient la vie de notre peuple impossible à moins qu'il n'y soit remédié et que le monde soit une fois pour toutes protégé du danger de leur retour. Ce que nous exigeons de cette guerre n'a donc rien de particulier pour nous. Ce que nous voulons, c'est que le monde devienne un lieu sûr où chacun puisse vivre, un lieu possible pour toutes les nations qui veulent la paix, pour toutes les nations qui veulent vivre leur vie librement, décider de leurs propres institutions, être sûres d'être traitées équitablement et justement par les autres nations, au lieu d'être exposées à la violence et à l'agression. Tous les peuples du monde sont en effet unis dans cet intérêt suprême ; et en ce qui nous concerne, nous voyons très clairement que si la justice n'est pas rendue aux autres, elle ne peut l'être à nous-mêmes. Notre programme est donc le programme de la paix mondiale."

Mais lorsqu'il s'agit de détailler "le programme de paix mondiale", les vagues déclarations se transforment en diktats concrets et arrogants qui préfigurent l'avenir établi à Washington (et à Londres) pour les différentes nations d'Europe. Avec la réserve que ce programme était "le seul programme possible".

Le point 9 était consacré à l'Italie : "Une révision des frontières de l'Italie doit être effectuée sur la base de la frontière ethnographique facilement reconnaissable." Nous verrons plus tard comment "la frontière ethnographique facilement reconnaissable" était, en réalité, le mécanisme qui devait empêcher la réalisation de nos objectifs, laissant des milliers et des milliers de nos compatriotes sous la souveraineté yougoslave.

Mais, au-delà de l'arrogance avec laquelle le sort de chaque pays européen était fixé, ce qui était particulièrement significatif, c'était un point général, le numéro 3 : "L'abolition, jusqu'à l'extrême limite du possible, de toutes les barrières économiques, et la création de conditions égales en matière de commerce entre tous les pays qui adhéreront à la paix et s'uniront pour la maintenir" [3].

Le seul programme possible pour la paix mondiale était donc l'abolition des barrières économiques, des "murs" du Vieux Continent, dans le seul but de favoriser la diffusion de la production et des capitaux américains en Europe. C'était l'anticipation de ce qui, un siècle plus tard, serait appelé "mondialisation".

NOTES:

[1] Jan Christian SMUTS : La Federazione Britannica delle Nazioni. Discorso del generale Smuts tenuto a Londra il 15 maggio 1917. 

[2] Thomas Woodrow WILSON : Le Président Wilson, la guerre, la paix. Recueil des déclarations du Président des Etats-Unis d'Amérique sur la guerre et la paix. 20 décembre 1916 - 6 avril 1918.  Librairie Berger-Levrault, Paris, 1918.

[3] WILSON : Le Président Wilson, la guerre, la paix.  Cit.

 

Librement tiré de la rubrique " Rievocazioni " du mensuel de Trapani " La Risacca " publié en décembre 2017.

 

dimanche, 19 juin 2016

La Alianza del Pacífico y la Doctrina Monroe



Ex: http://www.katehon.com

La importancia de la Alianza del Pacífico fue destacada por el analista y economista Jorge González Izquierdo, quien dijo a la AFP que este bloque en lo político “es un contrapeso al grupo que quiso formar el presidente Hugo Chávez de Venezuela”, en alusión a la Alianza Bolivariana para las Américas (ALBA), integrada por Venezuela, Cuba, Bolivia, Nicaragua, Dominica, Ecuador, San Vicente y Las Granadinas y Antigua y Barbuda. Así, tras una fachada neoliberal, se escondería un refinado proyecto de ingeniería geopolítica cuya finalidad última sería dinamitar el proyecto político-integracionista representado por la UNASUR e intensificar la política de aislamiento de los Gobiernos progresista-populista de la región, en especial de Venezuela tras quedar huérfana del alma mater de la Revolución Bolivariana (Chávez) así como finiquitar el proyecto integrador económico del MERCOSUR, proceso de integración económico creado en 1991 tras la firma del Tratado de Asunción entre Argentina, Brasil, Paraguay, Uruguay al que posteriormente se habría incorporado Venezuela como Estado parte, quedando Bolivia, Colombia, Perú, Ecuador, Chile, Surinam y Guyana como “Estados asociados”.

Dicha estrategia fagocitadora tendría como objetivos a medio plazo aglutinar el Arco del Pacífico para integrar además a Costa Rica, Ecuador, El Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua y Panamá e incorporar por último al Mercosur (Brasil, Argentina, Paraguay y Uruguay) , siguiendo la teoría kentiana del “palo y la zanahoria “ expuesta por Sherman Kent en su libro “Inteligencia Estratégica para la Política Mundial Norteamericana” (1949). En dicho libro, Kent afirma que “la guerra no siempre es convencional: en efecto, una gran parte de la guerra, de las remotas y las más próximas, ha sido siempre realizada con armas no convencionales: [...] armas [...] políticas y económicas. La clase de guerra en que se emplean [...] (son la) guerra política y la guerra económica.” Los fines de estos tipos de guerra fueron descritos por este autor de la siguiente manera: “en estas guerras no convencionales se trata de hacer dos cosas: debilitar la voluntad y la capacidad de resistencia del enemigo y fortalecer la propia voluntad y capacidad para vencer” y más adelante añade que los instrumentos de la guerra económica “consisten en la zanahoria y el garrote”: “el bloqueo, la congelación de fondos, el ‘boicot’, el embargo y la lista negra por un lado; los subsidios, los empréstitos, los tratados bilaterales, el trueque y los convenios comerciales por otro”.

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Brzezinski, México y Cuba

En el discurso de Obama ante el pleno de la VI Cumbre de las Américas celebrado en Cartagena (Colombia) en el 2012, recordó que la Carta Democrática Interamericana declara “que los pueblos de América Latina tienen derecho a la democracia y sus gobiernos tienen la obligación de promoverla y defenderla, por lo que intervendremos cuando sean negados los derechos universales o cuando la independencia de la justicia o la prensa esté amenazada”, advertencia extrapolable a Ecuador y Venezuela.

Por otra parte, la revista Foreign Policy, ( edición de enero-febrero, 2012), publicó un análisis de Brzezinski titulado “After America” (”Después de América”), donde analiza la tesis de la decadencia de los EEUU debido a la irrupción en la escena global de nuevos actores geopolíticos (China y Rusia) y de sus posibles efectos colaterales en las relaciones internacionales. Respecto a México, Brzezinski afirma que "el empeoramiento de las relaciones entre una América (EEUU) en declinación y un México con problemas internos podría alcanzar niveles de escenarios amenazantes". Así, debido al “caos constructivo” exportado por EEUU y plasmado en la guerra contra los cárteles del narco iniciada en el 2.006, México sería un Estado fallido del que sería paradigma la ciudad de Juárez, (la ciudad más insegura del mundo con una cifra de muertes violentas superior al total de Afganistán en el 2009), por lo que para evitar el previsible auge de movimientos revolucionarios antiestadounidenses se procederá a la intensificación de la inestabilidad interna de México hasta completar su total balcanización y sumisión a los dictados de EEUU.

En cuanto a Cuba, las medidas cosméticas tomadas por la Administración Obama (relajación de las comunicaciones y el aumento del envío de remesas a la isla así como el inicio de una ronda de conversaciones sobre temas de inmigración), dejan intacto al bloqueo y no cambian sustancialmente la política de Washington aunque reflejan el consenso de amplios sectores del pueblo norteamericano a favor de un cambio de política hacia la Isla auspiciado por la decisión del régimen cubano de terminar con el paternalismo estatal y permitir la libre iniciativa y el trabajo por cuenta propia. Sin embargo, la renovación automática por parte de EEUU por un año más del embargo comercial a la isla podría suponer para Cuba pérdidas estimadas en cerca de 50.000 millones de $ , no siendo descartable la firma de un nuevo tratado de colaboración militar con Rusia que incluiría la instalación de una base de Radares en la abandonada base militar de Lourdes para escuchar cómodamente los susurros de Washington y la instalación de bases dotadas con misiles Iskander, pudiendo reeditarse la Crisis de los Misiles (octubre 1962).

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¿Hacia el final de Petrocaribe?

Petrocaribe fue creado en 2005 por iniciativa de Venezuela con el objetivo de suministrar combustibles a los países miembros en condiciones ventajosas de pago, como créditos blandos y bajas tasas de interés y estaría integrado por 18 países (incluidos Honduras, Guatemala, Cuba, Nicaragua, República Dominicana, Haití, Belice y una decena de islas del Caribe) y según las autoridades venezolanas, el país exporta 100.000 barriles diarios a los países del bloque que generaban una factura de 4.000 millones de dólares, de la cual una parte se paga en "efectivo" y el resto estaría subsidiado. La nueva estrategia de EEUU sería estrechar lazos comerciales y militares con los países de Petrocaribe ante el peligro de contagio mimético de los ideales revolucionarios chavistas al depender en exclusiva de la venezolana Petrocaribe para su abastecimiento energético, empezando por el presidente dominicano Danilo Medina. Así, según la agencia EFE, el secretario de Estado de Estados Unidos, John Kerry, en una conferencia sobre energía y cambio climático en el centro de estudios Atlantic Council de Washington afirmó que “si Petrocaribe llegara a caer debido a los acontecimientos en Venezuela, podríamos acabar con una grave crisis humanitaria en nuestra región". Asimismo, el pasado enero, el Gobierno estadounidense celebró una Cumbre de Seguridad Energética en el Caribe en la que instó a los países de la región a diversificar sus fuentes de energía, confiar más en las inversiones privadas y reducir así su dependencia de Petrocaribe. Por otra parte, China habría asumido el reto de construir el Gran Canal Interoceánico en Nicaragua para sortear el paso del estrecho de Malaca, (dicho estrecho es vital para China al ser la ruta principal para abastecerse de petróleo pero se habría convertido “de facto” en una vía marítima saturada y afectada por ataques de piratas), por lo EEUU procederá a desestabilizar el gobierno de Daniel Ortega dentro de su estrategia geopolítica global de secar las fuentes energéticas chinas.

Venezuela como víctima colateral de la Guerra Fría EEUU-Rusia

En Venezuela, asistimos a una imposible cohabitación política y a una división casi simétrica de la sociedad venezolana que será aprovechado por EEUU para implantar “el caos constructivo de Brzezinski” mediante una sistemática e intensa campaña desestabilizadora que incluirá el desabastecimiento selectivos de artículos de primera necesidad, la amplificación en los medios de la creciente inseguridad ciudadana y la posterior petición al Ejército para que se erija en “salvador de la Patria”, plan diseñado por la CIA y que contando con la inestimable ayuda logística de Colombia (convertida en el portaaviones continental de EEUU), podría llegar a finiquitar el régimen post-chavista. Así, el acuerdo chino-venezolano por el que la empresa petro-química estatal china Sinopec invertirá 14.000 millones de dólares para lograr una producción diaria de petróleo en 200.000 barriles diarios de crudo en la Faja Petrolífera del Orinoco, (considerado el yacimiento petrolero más abundante del mundo), sería un misil en la línea de flotación de la geopolítica global de EEUU (cuyo objetivo inequívoco sería secar las fuentes energéticas de China), por lo que no sería descartable un intento de golpe de mano inmediato de la CIA contra Maduro.

Brasil y Argentina, los nuevos gendarmes neoliberales de Sudamérica

Brasil forma parte de los llamados países BRICS (Brasil, Rusia, India, China y Sudáfrica) y aunque se descarta que dichos países forman una alianza política como la UE o la Asociación de Naciones del Sureste Asiático (ASEAN), dichos países tienen el potencial de formar un bloque económico con un estatus mayor que del actual G-8 (se estima que en el horizonte del 2050 tendrán más del 40% de la población mundial y un PIB combinado de 34.951 Billones de $) y el objetivo inequívoco de Putin sería neutralizar la expansión de EEUU en el cono sur americano y evitar la posible asunción por Brasil del papel de "gendarme de los neoliberales" en Sudamérica, pues Brasil juega un rol fundamental en el nuevo tablero geopolítico diseñado por EEUU para América Latina ya que le considera como un potencial aliado en la escena global al que podría apoyar para su ingreso en el Consejo de Seguridad de la ONU como miembro permanente, con el consiguiente aumento del peso específico de Brasil en la Geopolítica Mundial.

Recordar que la decisión de la presidenta brasileña Dilma Rousseff de posponer su visita de Estado a Washington (decisión avalada por los principales asesores de Rousseff, entre ellos su antecesor y mentor Lula da Silva), entrañó el riesgo de una peligrosa confrontación entre las dos grandes potencias del continente americano, pues según Lula “los americanos no soportan el hecho de que Brasil se haya convertido en un actor global y en el fondo, lo máximo que ellos aceptan es que Brasilia sea subalterno, como ya lo fue”. Así, Rousseff tras afirmar que "el espionaje ilegal representa una violación de soberanía incompatible con la convivencia democrática entre países amigos", exigió a Estados Unidos explicaciones convincentes de las razones de la Agencia de Seguridad Nacional (NSA) para presuntamente violar las redes de computadoras de la petrolera estatal Petrobras y tras su enérgico discurso en la apertura de la 68 Asamblea General de las Naciones Unidas (ONU), se habría granjeado la enemistad de la Administración Obama que procederá a la implementación del "caos constructivo" en Brasil para desestabilizar su mandato presidencial (impeachement).

Respecto a Argentina, el Gobierno norteamericano felicitó efusivamente a CFK por su victoria electoral a través del portavoz para los asuntos de América Latina de EEUU, William Ostick quien transmitió la voluntad de la administración de Obama de "trabajar productivamente" con el gobierno argentino tras los últimos desencuentros entre ambas administraciones. No obstante, en el encuentro privado que mantuvieron en Cannes CFK y Obama en el marco del G-20, la mandataria argentina no habría sido sensible a las tesis de Obama y no habría aceptado la reanudación de ejercicios militares conjuntos con EE.UU en territorio argentino coordinados por EEUU,( pues de facto habría significado la ruptura de la nueva doctrina militar diseñada para la región por los gobiernos que suscribieron la UNASUR, cuyo primer Secretario General fue precisamente Néstor Kirchner) por lo que CFK se habría convertido en un elemento incómodo para la estrategia fagocitadora de EEUU. Así, tras la victoria de Macri, asistiremos al ingreso de Argentina en la Alianza del Pacífico, quedando tan sólo Venezuela, Ecuador, Nicaragua, Bolivia y Brasil como países díscolos a las tesis de una EEUU que procederá a implementar la política del Big Stick o “Gran Garrote”, (cuya autoría cabe atribuir al presidente de Estados Unidos Theodoro Roosevelt), sistema que desde principios del siglo XX ha regido la política hegemónica de Estados Unidos sobre América Latina, siguiendo la Doctrina Monroe ,“América para los Americanos”. Estaríamos pues en vísperas de la irrupción en el escenario geopolítico de América Latina de una nueva ola desestabilizadora cuyos primeros bocetos ya están perfilados y que terminará de dibujarse en esta década) y que tendrán a Honduras y Paraguay como paradigmas de los llamados “golpes virtuales o postmodernos “que protagonizará EEUU en esta década en el nuevo escenario panamericano, con lo que el concepto de Patria Grande expuesto por Manuel Ugarte en su libro homónimo de 1922 quedará como utopía inalcanzable.

samedi, 07 décembre 2013

The Monroe Doctrine is History, But the Empire is Attacking Everywhere

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The Monroe Doctrine is History, But the Empire is Attacking Everywhere

Nil NIKANDROV - Ex: http://www.strategic-culture.org
 

U.S. Secretary of State John Kerry has announced the end of «the era of the Monroe Doctrine». On November 18 he gave a keynote speech on partnership with Latin America at the headquarters of the Organization of American States in Washington. For almost 200 years U.S. policy in the Western Hemisphere has been based on the doctrine named after the fifth president of the U.S., James Monroe, which declares that the countries of Latin America should not be seen by European powers as objects of colonization… 

«America for the Americans» - the United States used this slogan to mask the imperialist essence of the doctrine, which was used in the Cold War years to counter «Soviet expansion».  The Monroe Doctrine has been used to justify the suppression of revolutions in Guatemala and Chile, the physical elimination of popular leaders, and military operations against guerillas in Cuba, Nicaragua and other countries… 

The key point of Kerry's speech was the assertion that in today's historical conditions, the U.S. views the states south of the Rio Grande as «equal partners» which must «promote and protect...democracy,» «sharing responsibilities [and] cooperating on security issues». It is difficult to interpret these wordings clearly. On the one hand, Washington seems to be stating that it will not resort to armed intervention in the region to defend its «vital interests». On the other hand, the statements about «sharing responsibilities» and «cooperating on security issues» sound quite equivocal. Cooperating with whom, exactly? Against whom? And on what terms?

However, against whom the «cooperation on security issues» is to be directed follows from the speech itself. Kerry assailed Venezuela and Cuba with criticism. In his opinion, «democratic institutions are weakened» in Venezuela. Most likely Washington is irritated by the fact that the National Assembly voted to give President Nicolas Maduro special powers which he has already begun to use to stop the economic war on Venezuela (speculation, hoarding consumer goods and food, and undermining the purchasing power of the national currency, the bolivar). Venezuelans approve the measures being taken by President Maduro. The authority of the Bolivarian leadership has grown noticeably. In Cuba the head of the State Department is dissatisfied with the pace of the democratic process. Kerry stated that the U.S. hopes these processes will gain speed, that «the Cuban Government embraces a broader political reform agenda that will enable its people to freely determine their own future». And the U.S. would very much like the process of democratization in Cuba to take on a landslide-like character, similar to the process which destroyed the USSR. 

The U.S. has shelved the Monroe Doctrine, but it has not given up pressuring Latin American countries or conducting complex operations to destabilize them. Targeted propaganda attacks are carried out against undesirable leaders. Streams of slander pour down on Bolivian President Evo Morales, first and foremost because of his government’s «insufficient efforts» in fighting against illegal coca plantations and drug trafficking. And this when Bolivian intelligence agencies are battling fiercely with drug cartels financed, as a rule, though banks controlled by U.S. businessmen and the Drug Enforcement Administration (DEA). Morales gives as good as he gets, confident that the best defense is a good offence. He has more than once advocated handing over Barack Obama to a «tribunal of the peoples» to be tried for «crimes against humanity». His accusations were loudest of all in his address at the 68th session of the UN General Assembly. The Bolivian president claims that in order to maintain its dominant position in the world, the U.S. makes use of the most criminal of methods, extensively organizing conspiracies and assassination attempts. Morales has reduced contacts with representatives of the U.S. to a minimum, preferring to conduct business with China, Western European countries, Russia and Belarus. The president of Bolivia has threatened, «If we need to, we will close the U.S. embassy altogether». 

Washington has never ceased its hostile activities against Ecuador. After the CIA's failed attempt to get rid of President Rafael Correa using agents in the Ecuadorian police, the U.S. embassy is sparing no efforts to «reform» him. Adam Namm, the American ambassador in Quito, criticized President Rafael Correa for cultivating closer relations with Iran and Belarus. The response was immediate: «I am not surprised at his [Namm's] pronouncements, because the diplomat is new at these issues. Ecuador will not ask permission from anyone to maintain sovereign relations with whatever countries it wishes. It is enough to note how many countries where absolutely no elections are held at all have privileged relations with the United States. Absolute monarchies! So that's enough! We are not anyone's colony. While I am the president of this country, there will be no neocolonialism!»  Correa's harsh comments on Obama's pronouncements about the «exceptionalism of the American people», who are supposedly concerned with protecting the interests of «all humanity», are also conspicuous. The Ecuadorian president compared these claims with the «Nazi policy» of the Third Reich. 

In October Correa visited Russia, where he discussed, among other things, armaments cooperation issues and shipments of Russian armaments to Ecuador, in particular air defense systems, as well as an additional shipment of Mi-171E transport helicopters. Russia is interested in implementing several large oil and gas projects in Ecuador. The Ecuadorians are discussing prospects of intensifying military cooperation with China; recruiting Chinese specialists for the construction of an oil refinery (Refineria del Pacifico), to be completed in 2017, has also been proposed. Even now there are 60 Chinese companies working in Ecuador in the mining industry and road infrastructure construction. All of this is causing great concern in Washington, which is why the spying activities of American intelligence agencies have intensified in Ecuador. According to the site Contrainjerencia.com, in 2012-2013 the number of CIA personnel at the Ecuadorian station doubled. Agents with experience in subversive operations in Latin America are being sent to Ecuador: U. Mozdierz, M. Haeger, D. Robb, H. Bronke Fulton, D. Hernandez, N. Weber, A. Saunders, D. Sims, C. Buzzard, М. Kendrick and others. 

The problems which Washington is now having with Brazil and Argentina due to the scandalous revelations regarding the wiretapping of these countries' presidents, Dilma Rousseff and Cristina Fernandez de Kirchner, have yet to be resolved satisfactorily. The Americans have still not really apologized for the total espionage in these countries. And the espionage not only has not stopped, it has become more subtle, forcing national intelligence agencies to develop joint measures to combat the operations of the CIA, the NSA and U.S. military intelligence. At the same time, steps are being taken to create a system for fighting electronic espionage within the framework of the Union of South American Nations (UNASUR). In Mexico and the countries of Central America and the Caribbean Basin, American intelligence run things with almost no interference, unless you count Cuba and Nicaragua, whose counterintelligence agencies occasionally strike painful blows against the CIA's agent network.

Today the most important task for U.S. military and intelligence agencies is maintaining control of Honduras, which is often called the «unsinkable aircraft carrier of the U.S.» in Central America. There are already U.S. military bases located on the territory of Honduras, but the Pentagon is planning to build new air and naval bases. Washington's cynical interference in the election campaign which just took place in Honduras is yet another signal from the Obama administration to Latin America: we will protect our interests at any cost; no other outcome is acceptable to us. 

The «U.S.'s man» in the elections in Honduras is Juan Orlando Hernandez, the candidate from the conservative National Party. For over three years he headed the National Congress and contributed greatly to the consolidation of political forces hostile to ex-president Manuel Zelaya and his wife Xiomara Castro. It is she who was his main competitor in the elections as the candidate for the center-left Liberty and Refoundation Party (LIBRE). Hernandez supported the 2009 military coup d’état which led to the overthrow of Zelaya, maintains close ties with the military, and facilitated the expansion of the «security» functions of military personnel, including in fighting drug trafficking. 

For the U.S. embassy, not allowing Xiomara Castro to come to power is a matter of principle. Upcoming events will show how it will be resolved. In a radio interview with Radio Globo, Manuel Zelaya stated, «Xiomara has won the fight for the post of president of the republic. They [the Supreme Electoral Court of Honduras] are stealing the victory from Xiomara Castro. The Court's count does not stand up to statistical analysis. We do not acknowledge this result; we reject it». 

Lisa Kubiske, the U.S. ambassador in Honduras, actively interfered in the election process in order to guarantee victory for Hernandez. In essence, it is she who is Xiomara Castro's main rival. Whether the U.S. embassy will be able to ensure that Hernandez comes to power will be seen in the near future. But there is already information in the international media that in the process of counting the votes, he is leading by a wide margin.