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mardi, 08 mars 2022

De Pétain à Macron: Bernanos contre leur France robotisée

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De Pétain à Macron: Bernanos contre leur France robotisée

Nicolas Bonnal

Bernanos publie sa fastueuse France contre les robots en 1945. Il rêve d’une France qui serait reine de la Liberté dans le futur, mais nous savons ce qu’il en est. Pour le reste il ne se trompe sur rien ; il voit un monde déjà unifié (le monde multilatéral est un simulacre sur le plan du réalisme) :

« Car, à la fin du compte, la Russie n’a pas moins tiré profit du système capitaliste que l’Amérique ou l’Angleterre ; elle y a joué le rôle classique du parlementaire qui fait fortune dans l’opposition. Bref, les régimes jadis opposés par l’idéologie sont maintenant étroitement unis par la technique. »

Il résume le monde moderne :

« Un monde gagné pour la Technique (qui) est perdu pour la Liberté. »

Il voit déjà un monde fermé, comme celui de nos passes vaccinaux et politiques (voyez les émissions de l’avocat Pierre Gentillet) :

« Jamais un système n’a été plus fermé que celui-ci, n’a offert moins de perspectives de transformations, de changements, et les catastrophes qui s’y succèdent, avec une régularité monotone, n’ont précisément ce caractère de gravité que parce qu’elles s’y passent en vase clos. »

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Le monde moderne est le fils de la civilisation capitaliste anglo-saxonne ; les démocraties et les dictatures ne sont pas très différentes :

« Ce qui fait l’unité de la civilisation capitaliste, c’est l’esprit qui l’anime, c’est l’homme qu’elle a formé. Il est ridicule de parler des dictatures comme de monstruosités tombées de la lune, ou d’une planète plus éloignée encore, dans le paisible univers démocratique. Si le climat du monde moderne n’était pas favorable à ces monstres, on n’aurait pas vu en Italie, en Allemagne, en Russie, en Espagne, des millions et des millions d’hommes s’offrir corps et âmes aux demi-dieux, et partout ailleurs dans le monde — en France, en Angleterre, aux États-Unis — d’autres millions d’hommes partager publiquement ou en secret la nouvelle idolâtrie. »

Bernanos résume son époque de pétainistes de 1945 :

« …contre de Gaulle cette poignée de nobles dégénérés, de militaires sans cervelle et sans cœur, d’intellectuels à la solde des spéculateurs, d’académiciens sans vergogne, de prélats serviles… »

Les seuls à attaquer la tyrannie vaccinale sont d’ailleurs les gaullistes (il est vrai qu’en Gaule éternellement occupée tout le monde se réclame de lui). Bernanos aussi souligne une « coalition d’ignorance et d’intérêts… ». On est bien d’accord.

Pour le reste il rappelle :

« Ce sont les démocrates qui font les démocraties, c’est le citoyen qui fait la République. Une démocratie sans démocrates, une République sans citoyens, c’est déjà une dictature. »

Depuis la Révolution Française on a créé le citoyen docile :

« Tel est le résultat de la propagande incessante faite depuis tant d’années par tout ce qui dans le monde se trouve intéressé à la formation en série d’une humanité docile, de plus en plus docile, à mesure que l’organisation économique, les concurrences et les guerres exigent une réglementation plus minutieuse. »

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Bernanos a été marqué par une pièce du méprisé Courteline :

« Il y a vingt ans, le petit bourgeois français refusait de laisser prendre ses empreintes digitales, formalité jusqu’alors réservée aux forçats…Ce n’était pas ses doigts que le petit bourgeois français, l’immortel La Brige de Courteline, craignait de salir, c’était sa dignité, c’était son âme. »

Ce résistant annonçait un monde sinistre :

« Le petit bourgeois français n’avait certainement pas assez d’imagination pour se représenter un monde comme le nôtre si différent du sien, un monde où à chaque carrefour la Police d’État guetterait les suspects, filtrerait les passants, ferait du moindre portier d’hôtel, responsable de ses fiches, son auxiliaire bénévole et public. »

Avant le marquage numérique, le marquage digital n’est guère acceptable ; mais il fut accepté par tout le monde :

« Depuis vingt ans, combien de millions d’hommes, en Russie, en Italie, en Allemagne, en Espagne, ont été ainsi, grâce aux empreintes digitales, mis dans l’impossibilité non pas seulement de nuire aux Tyrans, mais de s’en cacher ou de les fuir ? »

Brève allusion au code QR ou au Nombre de la Bête :

« Et lorsque l’État jugera plus pratique, afin d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous laisser marquer au fer, à la joue ou à la fesse, comme le bétail ? L’épuration des Mal-Pensants, si chère aux régimes totalitaires, en serait grandement facilitée. »

La civilisation de la liberté sous l’Ancien Régime (que Bernanos reconnaît, mais pas Foucault – par exemple) a disparu car l’homme preux de l’Ancien monde est mort. Ce qui reste c’est le bobo acidulé ou le retraité téléphage que Bernanos décrit dans ses termes :

« Une civilisation ne s’écroule pas comme un édifice ; on dirait beaucoup plus exactement qu’elle se vide peu à peu de sa substance, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que l’écorce. On pourrait dire plus exactement encore qu’une civilisation disparaît avec l’espèce d’homme, le type d’humanité, sorti d’elle. »

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Le service militaire a joué son rôle (la France toujours est responsable…) :

« L’institution du service militaire obligatoire, idée totalitaire s’il en fut jamais, au point qu’on en pourrait déduire le système tout entier comme des axiomes d’Euclide la géométrie, a marqué un recul immense de la civilisation. »

Il ne faut pas s’étonner de la passivité et de la collaboration de la population. L’homme hait la Liberté :

« Des millions et des millions d’hommes ne croyaient plus à la liberté, c’est-à-dire qu’ils ne l’aimaient plus, ils ne la sentaient plus nécessaire, ils y avaient seulement leurs habitudes, et il leur suffisait d’en parler le langage. Depuis longtemps, l’État se fortifiait de tout ce qu’ils abandonnaient de plein gré. Ils n’avaient que le mot de révolution à la bouche, mais ce mot de révolution, par une comique chinoiserie du vocabulaire, signifiait la Révolution Socialiste, c’est-à-dire le triomphal et définitif avènement de l’État, la Raison d’État couronnant aussi l’édifice économique… »

Et notre écrivain ajoute magnifiquement :

« Ils le savaient bien, ils souhaitaient en finir le plus tôt possible avec leur conscience, ils souhaitaient, au fond d’eux-mêmes, que l’État les débarrassât de ce reste de liberté, car ils n’osaient pas s’avouer qu’ils en étaient arrivés à la haïr. Oh ! ce mot de haine doit paraître un peu gros, qu’importe ! Ils haïssaient la liberté comme un homme hait la femme dont il n’est plus digne… »

Je vous laisse redécouvrir ce texte inoubliable et inutile.

Sources:

https://www.youtube.com/watch?v=RJ6xLA0LQqk

https://fr.wikisource.org/wiki/La_France_contre_les_robots

https://fr.wikisource.org/wiki/Boubouroche_et_autres_pi%C...

mardi, 30 novembre 2021

Alexandre Douguine: L’avènement du robot (histoire et décision)

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L’avènement du robot (histoire et décision)

Alexandre Douguine

J’ai parlé plus ou moins récemment avec Francis Fukuyama à la TV, et nous sommes parvenus à la conclusion que la définition de la démocratie en tant que pouvoir de la majorité est obsolète, vieille et non-fonctionnelle. La nouvelle définition de la démocratie, d’après Fukuyama, est le pouvoir des minorités dirigé contre la majorité. Parce que la majorité peut être populiste – donc, la majorité est dangereuse.

Concernant le problème du temps, le grand philosophe allemand Edmund Husserl a dit que nous devons comprendre le temps comme une musique. Dans une musique nous entendons la note précédente, la note actuelle et nous anticipons la suivante. Sans cela, si nous n’entendons qu’une seule note, c’est du bruit – pas de la musique. La musique est quand nous gardons à l’esprit la note qui a résonné antérieurement et que nous anticipons la note qui va suivre. Ainsi, l’histoire et le futur ne sont pas complètement une nouvelle note, c’est la continuation de la mélodie que nous jouons maintenant.

C’est la très importante remarque de Mr. Sloterdijk sur l’urbanisation – la mélodie ne commence pas maintenant – nous la jouons pendant une certaine durée de temps historique. C’est une tendance lourde et inévitable – nous ne pouvons pas stopper cette mélodie, mais en même temps, si nous voulons changer quelque chose nous sommes obligés d’y mettre fin. Ainsi, il y a une sorte de destin dans cette transformation de la société passant des conditions de vie agrariennes et rurales aux conditions urbanistiques.

En considérant la signification philosophique de ce processus historique, nous voyons qu’à chaque étape l’être humain est de plus en plus indépendant de la nature. Ainsi, il crée de plus en plus d’ambiance artificielle, c’est un monde de plus en plus virtuel, parce que comparée au village la ville est virtuelle – il n’y a plus de dépendance vis-à-vis du printemps ou de l’hiver, nous avons toujours de la lumière. Et c’est la préparation pour les robots, pour des êtres complètement virtuels – nous sommes déjà des demi-robots. La culture urbaine, la culture technique est déjà là – nous sommes de plus en plus indépendants de la nature, une énorme partie de la population (pas seulement en Europe) est urbaine.

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Le processus d’urbanisation ne peut pas être stoppé. Nous sommes en train de devenir des robots, notre société est de plus en plus robotisée. Pour faire ce passage de l’humain aux robots nous devons faire entrer certains aspects robotiques dans notre vie. En philosophie il y a l’ontologie de Quentin Meillassoux, orientée vers l’objet, qui critique toute sorte de dualisme. Meillassoux tente de sauver la philosophie du sujet – de l’humain. Donc je pense que Meillassoux est une sorte de cerveau en silicone, parce que de la même manière le robot pourrait faire de la philosophie, ou de la non-philosophie (François Laruelle), ou de l’ontologie basée seulement sur l’objet.

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Nous préparons le futur, nous jouons ce jeu de l’urbanisation, et il est temps de se souvenir de ce que Heidegger disait sur la technique en tant que processus métaphysique. Nous sommes impliqués dans un processus technique, et si nous sommes remplacés dans la prochaine étape de ce monde technologique, cela se fera par une sorte de continuité, pas par quelque chose de complètement nouveau. Parce que nous jouons cette mélodie déjà depuis un certain temps. Nous préparons étape par étape un grand remplacement : nous sommes prêts à nous remplacer nous-mêmes et à être remplacés.

Le remplacement ne sera pas quelque chose de complètement nouveau et d'horrible, parce que quelque chose d’horrible est déjà là, autour de nous. Pas seulement en Occident, en Russie ou en Asie – dans l’humanité entière quelque chose d’horrible est en train d’arriver en ce moment même, et cela continue.

Je pense que nous approchons d’un moment de Singularité – c’est-à-dire d’un moment où le neuro-réseau pourra prendre la responsabilité dans une situation compliquée. Ce meurtre de l’humain par la voiture robotique Tesla sans conducteur est une anticipation de ce qui va se passer. Nous nous réveillerons un jour en découvrant que nous sommes déjà remplacés.

Nous jouons la même mélodie – si nous ne sommes pas contents, nous ne pouvons pas dire « stop » ici, c’est impossible. Nous devrions parcourir cette route jusqu’au commencement – jusqu’à la première note de cette symphonie. Nous devrions nous demander maintenant : qui est l’auteur et qui a commencé ce processus d’urbanisation, qui a créé les trains, le libéralisme, la démocratie, le progrès, le missile, l’ordinateur, la fission nucléaire. Qui est le véritable auteur ? Et c’est essentiel : parce que cela fut une décision humaine, ce ne fut pas une sorte de « processus naturel ». A un moment précis de l’histoire nous avons décidé de suivre cette voie, et maintenant nous pouvons seulement ralentir ou accélérer. Mais pourquoi ne nous demandons-nous pas : allons-nous dans la bonne direction depuis le début ? Cette décision était-elle une bonne décision ?

Nous devrions revenir en arrière jusqu’à ce moment, jusqu’au début de cette mélodie – c’est mon idée. Il est peut-être trop tard, nous allons nous réveiller avec des robots autour de nous, des contribuables parfaits, prenant des décisions démocratiques, s’envoyant des SMS entre robots…

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La conversation entre robots est déjà possible, dans le neuro-réseau un langage spécial est possible, durant une conversation deux ordinateurs ont récemment créé un langage à l’insu de l’opérateur. Donc ils nous remplaceront facilement.

Qu’est-ce que le robot, philosophiquement ? Le robot, l’Intelligence Artificielle est das Man de Heidegger. C’est l’existence inauthentique du Dasein. Plus que cela : un jour l’humanité occidentale a pris la décision d’en finir complètement avec le Dasein, en lui enlevant la possibilité même d’une existence authentique. Maintenant nous sommes à la fin de la route. Le robot n’a pas de Dasein. Donc il est l’inauthenticité irrévocable elle-même. Et il est déjà là – maintenant, pas demain.

 

 

lundi, 18 janvier 2016

Le robocapitalisme n'aura plus besoin des gens

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Le robocapitalisme n'aura plus besoin des gens

par Cédric Ingrand
Ex: http://www.oragesdacier.info
 
Cédric Ingrand (LCI), qui revient du Japon, y a remarqué les outils du capitalisme final : ce sera la "croissance sans emplois" : 
 
Dans un magazine de télévision, chronique du journaliste de LCI : 
''Un robot en plus, un emploi en moins'', criaient les manifestants des années 1970, à l'époque où les robots arrivaient dans l'industrie. Le mouvement ne s'est pas inversé depuis, au contraire. Au Japon, où j'étais cette semaine, les robots arrivent dans les services, comme agents d'accueil dans les boutiques de Nespresso ou vendeurs pour l'opérateur de mobiles Softbank. Des robots qui prennent des emplois, préfigurant une ère pas si lointaine où la machine pourrait occuper l'essentiel des emplois, à part les plus haut-de-gamme peut-être, signant la fin des espoirs de plein-emploi des sociétés modernes. La plus grande révolution technico-économique de l'ère moderne, plus impactante encore que l'arrivée de l'internet, et une transition qui ne se fera pas sans douleur. Et le pire serait à venir, le jour où les machines apprendront plus vite que l'homme et nous verront comme un inconvénient sur notre route. De quoi rejoindre les plus pessimistes des prédictions de la science-fiction. Mais ces robots sont si mignons. 
 
Cédric Ingrand n'est pas un romancier de SF : journaliste spécialisé dans les hautes technologies, blogueur high-tech sur le site officiel de LCI, chroniqueur high-tech à l'émission de l'inusable ultralibéral Jean-Marc Sylvestre, il est au carrefour des technosciences et de l'économie. Ce qu'il explique sur les robots tuant l'emploi n'est pas un raccourci polémique : c'est un constat factuel. 
 
Qu'il le publie dans un magazine populaire de grande diffusion (même si c'est en page 149) est un indice. Jusqu'à présent, la perspective de la ''croissance sans emploi'' était semi-confidentielle ; les initiés n'en parlaient qu'entre eux, pour ne pas achever de couler le Pacte de responsabilité dans l'opinion publique... Si les citoyens réalisaient que les cadeaux aux grandes entreprises servent notamment à investir dans la robotisation, la fable du ''million d'emplois'' se retournerait contre M. Gattaz. Or l'idée n'est plus confidentielle, puisqu'elle filtre dans un magazine télé ! Il se passe quelque chose. 
 
Cédric Ingrand suppose que les emplois ''les plus haut-de-gamme'' échapperont à la prise du pouvoir par les machines. Ce n'est pas du tout certain. Début novembre 2014, la presse économique nous a appris que le new management faisait un saut qualitatif brusque : la firme Deep Knowledge Venture (DKV), société de capital-risque basée à Hongkong ''et dont le rôle est d'investir dans de jeunes sociétés de biotechnologie'', vient de donner à un ordinateur le statut légal de membre du conseil d'administration. ''Sa voix comptera autant que celle des autres administrateurs'', souligne la firme ! Cette machine se nomme VITAL, acronyme de Validating Investment Tool for Advancing Life sciences : ''Outil d'investissement pour les sciences de la vie''. Le robot VITAL, nous explique-t-on, ne produit pas que des ratios financiers : ''Il va beaucoup plus loin. Il a en mémoire une gigantesque base de données sur les technologies du secteur, les entreprises, les fournisseurs d'appareils médicaux et de médicaments, les agences gouvernementales (qui décident de la santé en particulier), les institutions financières, les instituts de recherche...'' 
 
La présentation ajoute que VITAL, n'étant pas humain, vaut beaucoup mieux qu'un administrateur en chair et en os : ''Ses décisions ne sont pas biaisées par son humeur du moment, le fait qu'il ait plus ou moins bien dormi, fait un repas indigeste, se soit querellé avec son conjoint ou se fasse du souci pour l'un de ses enfants...'' 
 
Premier administrateur non-humain au monde, le robot VITAL n'est ''sûrement pas le dernier'', annoncent les journaux. Selon Martin Dewhurst et Paul Willmott, directeurs chez McKinsey (conseil en stratégie), l'intelligence artificielle va ''bouleverser le rôle des dirigeants'' en se substituant à eux. Selon Jeremy Howard (université de San Francisco), ''les gens sous-estiment massivement l'impact que les techniques analytiques modernes combinées aux masses de données disponibles vont avoir sur leurs entreprises et sur la société, pour une raison simple : les possibilités offertes par ces techniques évoluent de façon exponentielle et l'esprit humain ne peut l'envisager. '' (Le Monde, 1er novembre 2014). Selon les chercheurs Carl Benedikt Frey et Michael Osborne (Oxford), l'intelligence artificielle menace désormais 47 % des emplois aux États-Unis et 140 millions de ''travailleurs du savoir'' à travers le monde. C'est du haut en bas de l'échelle des salaires que la robotisation va détruire les postes. 
 
Quand elle parviendra à son stade suprême, l'Idole Argent avec sa ''culture du déchet'' (comme dit le pape François) n'aura même plus besoin de ses adorateurs. 
 
Si nous ne voulons pas devenir les chimpanzés du futur, il est temps de le faire sentir !
 
 

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vendredi, 13 février 2015

L’ère du travail est-elle révolue ?

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L’ère du travail est-elle révolue?
 
Voulons-nous d’un monde qui tangue entre Orwell et Asimov?
 
Journaliste
Ex: http://www.bvoltaire.fr

La lubie de la semaine de travail de quatre jours a refait son apparition dans la bouche du secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, et de la présidente du Mouvement des jeunes socialistes, Laura Slimani, qui préconise soit un passage aux 32 heures hebdomadaires, soit la prise d’une année sabbatique par les salariés. Quand on constate le foutoir qu’ont déjà semé les 35 heures dans certaines branches, tel que le secteur hospitalier, on en rigole à l’avance.

Le gouvernement Jospin espérait que les 35 heures créeraient 700.000 emplois. À peine la moitié ont vu le jour entre 1998 et 2002, en grande partie grâce à la croissance vigoureuse de l’époque. Mais combien ont été détruits par des licenciements ou des faillites de PME et TPE devenues moins compétitives et perdant des parts de marché face à leurs concurrentes étrangères ? Après la Finlande, la France est le deuxième pays d’Europe où l’on travaille le moins. Sa balance commerciale est déficitaire depuis 2003.

L’aménagement du temps de travail coûte en moyenne 12 milliards par an à l’État en exonération de charges aux entreprises. Il a, par ailleurs, entraîné une explosion du nombre de fonctionnaires : +45 % dans la fonction publique territoriale. Passer aux 32 heures ne ferait qu’empirer les choses sans garantie de résorber le chômage, au vu de la conjoncture actuelle.

Une problématique plus complexe se profile à l’horizon : la « troisième révolution industrielle » inhérente à la robotisation. Rien qu’en France, elle créerait trois millions de chômeurs supplémentaires en 2025. La Chine devrait compter un robot pour 3.000 habitants en 2017. Les emplois pénibles et peu qualifiés sont les premiers menacés, tandis que les ingénieurs, techniciens et programmeurs auront le vent en poupe. Plus que jamais, une formation professionnelle ad hoc devra être engagée, mais beaucoup d’actifs se retrouveront sur le carreau. Un robot humanoïde coûte en moyenne 53.000 euros, ne réclame ni salaire… ni RTT.

 

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Hypothèse Bisounours : de ces gains de productivité naîtra une société de surabondance, provoquant donc une baisse des prix. Plus besoin de trimer comme un damné ni d’avoir un salaire mirobolant. Les loisirs se développeront et inspireront de nouveaux métiers. Grâce à la redistribution, chacun aura un revenu de base assuré. Guy Ryder, directeur général de l’Organisation internationale du travail, affirme que chaque grande transformation de l’économie a généré « plus d’emplois que précédemment ».

Hypothèse Terminator : seuls les détenteurs de ces nouvelles machines et technologies s’enrichiront. Le pouvoir des grosses boîtes sera décuplé et celui des États affaibli. 80 à 90 % des emplois disparaîtront à terme. Les inégalités s’accentueront, la demande s’effondrera et la croissance avec. Les tensions sociales seront d’autant attisées. David Autor, économiste au MIT, observe que l’évolution technologique aux USA et en Europe a débouché sur un effritement de la classe moyenne et une hausse du nombre de précaires.

32 heures ou 35, nous serons vraisemblablement confrontés à une raréfaction de l’emploi et un changement de paradigme dans les décennies à venir. Voulons-nous d’un monde qui tangue entre Orwell et Asimov ? Pour Bill Gates, Elon Musk et Stephen Hawking, un déploiement irraisonné de l’intelligence artificielle pourrait même signer la fin de l’humanité.

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