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lundi, 31 mars 2008

L'itinéraire politique de Nobusuke Kishi

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L’itinéraire politique de Nobusuke Kishi

 

Né le 13 novembre 1896 à Yamaguchi au Japon, Nobusuke Kishi fut un homme d’Etat japonais, à l’ascendance samouraï. Le clan aristocratique, dont il faisait partie, avait favorisé le mouvement de modernisation et d’occidentalisation (technique) du Japon. Bon nombre de membres de son clan serviront donc le Japon moderne dans la marine, l’armée ou la politique. En 1917, il s’inscrit à l’Université Impériale de Tokyo et devient disciple du professeur Shinkichi Uesugi, interprète nationaliste et conservateur de la nouvelle constitution. Plus tard, Nobusuke Kishi lira le penseur nationaliste Ikki Kita, qui cherchait à établir un ordre nouveau pour la société japonaise. Devenu haut fonctionnaire de l’Empire du Soleil Levant après ses études, il travaillera à l’industrialisation de la Mandchourie, sous les auspices du Général Hideki Tojo, commandant de l’armée japonaise du Kwantung. Quand Tojo devint premier ministre en octobre 1941, Kishi rejoint son cabinet en tant que ministre du commerce et de l’industrie. Il prépare la guerre contre les Etats-Unis. Arrêté par l’occupant américain en 1945, il est interné pendant trois ans au titre de criminel de guerre dans la sinistre prison de Sugamo. Il sera libéré en 1948 sans avoir eu à subir de jugement. En prison, il se familiarisera avec les concepts de la gouvernance à l’occidentale tout en déplorant les mesures prises par les occupants.

 

Dès sa libération, il replonge avec enthousiasme dans la politique, devenant premier ministre en 1952. Maître dans l’art de manier les pions en coulisses, il parvient à faire fusionner les deux partis conservateurs japonais et à créer ainsi le parti libéral-démocratique, dont il devient le secrétaire général. En 1956, il est ministre des affaires étrangères, puis, quand le premier ministre doit se retirer pour raison de santé, il prend sa place en 1957. Sa ferme intention était de réviser la constitution et de réarmer le Japon (comme l’a voulu plus tard Koinuchi). Le débat était ouvert à l’époque : le Japon avait regagné confiance en lui-même : la gauche était neutraliste et refusait le stationnement de troupes américaines pour surveiller des pays tiers ou pour mater des révoltes sociales. La droite refusait les clauses du traité nippo-américain qui réduisait la souveraineté japonaise. Kishi s’envole en juin 1957 pour Washington et y obtient des Américains la promesse de retirer toutes les troupes terrestres endéans un an. Au terme de toutes ces négociations, Kishi obtient un nouveau traité, d’où les clauses prévoyant l’intervention des troupes américaines en cas de troubles intérieurs ont disparu. Pour l’opposition de gauche, ce traité, où les deux partenaires sont en théorie égaux, reste inacceptable. Des troubles éclatent dans tout le Japon au cours de l’année 1960. Le 23 juin 1960, Kishi est contraint de démissionner. Quelques jours plus tard, un nationaliste radical le poignarde mais sans lui porter un coup fatal. Retiré de la politique active, il continuera à diriger en coulisses le parti libéral-démocrate. Il meurt à Tokyo le 7 août 1987 (Robert Steuckers).

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A. Mölzer: sur le Kosovo

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Andreas MÖLZER :

Réflexions sur la proclamation unilatérale d’indépendance au Kosovo

Cette manière de procéder  -de proclamer unilatéralement son indépendance-  peut avoir de terribles conséquences pour l’Europe, du moins pour sa portion située entre les Pays Baltes et les Balkans. Si l’on suit cette logique, la plupart des Etats doivent se dissoudre. Pourquoi les Hongrois de Transylvanie ou du sud de la Slovaquie, pourquoi les Russes des Pays Baltes, pourquoi les Allemands de Haute Silésie (actuellement polonaise) devraient-ils renoncer à cette autodétermination que s’accordent les Kosovars ? Vu sous cet angle, nous avons, en reconnaissant le Kosovo, ouvert une véritable boîte de Pandore. Les groupes ethniques, nés au cours de l’histoire, qui se sont développés sur un territoire précis pendant plusieurs siècles successifs, ont bien davantage le droit de revendiquer leur indépendance politique que les Kosovars, qui ne sont jamais qu’une nation d’immigrants.

Vu la nature explosive que revêt l’idée du droit des peuples à l’autodétermination dans ces régions multi-ethniques et bigarrées et vu les conséquences que cela pourrait entraîner, la seule alternative viable aurait été d’européaniser ces territoires. L’imbroglio ethnique et culturel que l’on retrouve en Europe orientale, et surtout dans les Balkans, et qui forme la trame de ces régions, ne peut trouver de solution pacifique que sous un baldaquin supra-national, comme au temps de la monarchie des Habsbourgs. Une perspective européenne pour l’ensemble des Balkans occidentaux serait effectivement une solution envisageable. Lorsque tous les Etats qui ont émergé de l’ancienne Yougoslavie seront devenus membres de l’UE, lorsque les marchandises circuleront librement dans un territoire sans frontières, les conflits de nationalités pourront de fait être définitivement surmontés.

Mais la situation actuelle ne nous permet pas d’être optimistes : les Balkans, semble-t-il, resteront un baril de poudre en Europe, pendant quelques générations encore. La fierté de la nation serbe a été bafouée ; l’orgeuil nationaliste des Albanais a été galvanisé ; les Croates de Bosnie n’ont trouvé aucune solution à leurs problèmes ; plus généralement, ces Etats nés de la dissolution de la Yougoslavie ne sont pas viables économiquement, ce qui rajoute encore de la poudre au baril déjà plein à ras bord.

Les autres Etats européens ne semblent pas réellement conscients de la situation : ils ne suggèrent aucune politique intelligente pour enrayer ce processus calamiteux. Dans le cas du Kosovo, ils ont aggravé la situation en voulant l’améliorer, n’ont pas contribué à apporter une solution durable. Nous réclamons une politique qui aille dans le sens des intérêts de l’Europe toute entière !

Andreas MÖLZER.

(Extrait d’un long article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°9/2008 ; trad. fran9. : Robert Steuckers).

 

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dimanche, 30 mars 2008

Sur le juriste Pieter Stockmans

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Sur le juriste Pieter Stockmans

Pieter Stockmans, juriste brabançon, naît à Anvers le 3 septembre 1608. Il devint professeur à l’Université de Louvain en 1632, puis Conseiller d’Etat du Brabant en 1643. En 1663, il fait partie du « Conseil Secret » et, en 1665, de la « Cour Suprême de Guerre » (« Opperkrijgsraad » / « Oberkriegsrat »). En 1666, il prend la plume pour fustiger, avec force arguments, les prétentions de Louis XIV sur la rive occidentale du Rhin. Ses arguments sont collationnés dans le « Tractatus de jure devolutionis ». Stockmans est fasciné par l’antiquité grecque et par le stoïcisme, qui entend demeurer au-dessus de la petitesse humaine. Ami du gouverneur espagnol, le Marquis de Caracena, qui exerça ses prérogatives de 1659 à 1664, il est envoyé à la Diète Impériale de Ratisbonne pour réclamer l’intervention de l’Empire contre les prétentions françaises. Il soumet à cette lamentable assemblée deux écrits :  « Scriptum gallicum contra securitatem circuli Burgundici nuper in comitiis Ratisbonensis compositum » (36 pages) et « Refutatio scripti gallici contra circuli Burgundici securitatem compositi ». Il prouve et rappelle dans ces textes que le « Cercle de Bourgogne », menacé par la France, demeure une partie intégrante du Saint Empire et doit donc recevoir le soutien du Reich. Il ne sera pas écouté. La menace française devient de plus en plus pesante, surtout à partir du moment où Louis XIV énonce « les droits à la dévolution ». Stockmans y répond par une « Deductio » anonyme, en latin et en néerlandais. Ensuite, il récapitule tous ses arguments dans son « Tractatus de jure devolutionis » (1666). L’historien français Guy Joly lui répond. Stockmans rédige alors une « Pars Secunda » de son « Tractatus », puis une « Pars Tertia », qualifiant les prétentions françaises d’inepties et d’erreurs. Pieter Stockmans meurt à Bruxelles le 7 mai 1671 (Robert Steuckers).

 

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Du précédent bosniaque à la crise du Kosovo

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Andreas MÖLZER :

Du précédent bosniaque à la crise du Kosovo

A coup sûr, nous pouvons dire que la création de la Bosnie a constitué le premier péché originel de la communauté internationale et de l’Union Européenne. Dans leurs efforts pour imposer le dogme de la viabilité et de l’excellence des entités étatiques multi-ethniques et muti-culturelles, elles ont cru, jusque aujourd’hui, qu’en Bosnie comme au Kosovo elles allaient pouvoir neutraliser les vieilles haines nationales et apaiser définitivement les conflits entre peuples qui en découlaient.

Dans le cas de la Bosnie, elles ont commencé par reconnaître, à côté des habituelles catégories ethniques, des identités religieuses. Serbes et Croates vivent là-bas dans des communautés imbriquées les unes dans les autres sur un même territoire, ce qui rendait la situation déjà extrêmement compliquée. Or, par-dessus cet imbroglio ethnique, les instances internationales n’ont rien trouvé de mieux que d’y superposer un niveau identitaire supplémentaire, d’ordre religieux et culturel, en mettant les Musulmans de Bosnie sur le même pied que les identités serbe et croate : le champ de la problématique en est devenu encore plus complexe. Le Kosovo s’ajoute aujourd’hui à un Etat bosniaque à dominante musulmane sur le sol européen, un Etat kosovar dont l’islam s’est considérablement radicalisé au cours des conflits de ces vingt dernières années. Des influences venues du Proche Orient et l’arrivée de moudjahiddins flanqués d’imams militants ont contribué à rendre fondamentaliste un islam albanais qui s’était fortement laïcisé au fil du temps. On ne s’étonnera pas, dès lors, d’apprendre que la Turquie fut le premier Etat à reconnaître le Kosovo indépendant, en y mettant beaucoup d’emphase.

Conséquence immédiate de la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo : les Serbes de Bosnie, ceux de la « Republika srpska », réclament, en même temps que les Serbes du Kosovo, que leurs zones de peuplement soient détachées des nouveaux Etats à dominante musulmane pour être rattachés à la Serbie. Quels arguments la communauté internationale et surtout l’Union Européenne pourraient-elles bien avancer pour rejeter cette requête ? Après qu’elles aient reconnu le Kosovo, mystère et boule de gomme !

Le projet imaginé et mis au point, il y a une bonne décennie, par le chef d’Etat serbe Milosevic et son homologue croate Tudjman, apparaît rétrospectivement bien réaliste, lui qui prévoyait, dans les zones de peuplement où Serbes et Croates vivaient imbriqués, une « épuration ethnique pacifique ». Ce projet rappelait certes les accords entre Hitler et Mussolini pendant la seconde guerre mondiale au Tyrol méridional et dans la zone du « Kanaltal » en Carinthie. Tudjman et Milosevic voulaient « désimbriquer » les zones mixtes de manière pacifique sans tenir compte du facteur islamo-bosniaque et arrondir à terme les territoires de la Croatie et de la Serbie. Mais ce projet n’a pu se réaliser. L’intervention américaine et la volonté de l’UE d’imposer son dogme de l’absolue nécessité d’Etats multi-ethniques s’y sont opposés.

Dorénavant, les frontières d’Etat pourront donc être révisées par des déclarations unilatérales d’indépendance et ces révisions seront automatiquement reconnues par la communauté internationale. Pour les Balkans, il conviendra d’imaginer et d’élaborer des projets viables sur le long terme et réellement générateurs de paix. Dans ce cas, le droit des peuples à la pleine autodétermination devra s’appliquer de manière radicale et complète. Il faudra organiser des referenda et votations populaires, ensuite procéder au détricotage des zones ethniquement bigarrées sur base du droit privé, dans la mesure où il faudra liquider et vendre des biens immeubles et mettre en œuvre le déménagement volontaire des populations qui ne veulent pas vivre sous la domination d’autres ethnies. Dans la logique qui vient de s’imposer, on devra envisager l’émergence d’un Etat pan-albanais, qui regroupera tous les territoires peuplés d’Albanais, c’est-à-dire l’Albanie, le Kosovo et les parties de la Macédoine et de la Bosnie où ils sont majoritaires. Mais ce qui est vrai pour les Albanais, doit être vrai pour les Serbes : ceux-ci doivent recevoir le droit de décider par consultation populaire, dans tous les Etats nés du démantèlement de l’ancienne Yougoslavie, s’ils veulent vivre ensemble dans un grand Etat serbe ou séparés dans plusieurs Etats. Il faudra ensuite vérifier dans quelle mesure les Monténégrins et les Macédoniens constituent ou non de véritables ethnies, avec une langue et une culture particulières, et dans quelle mesure ils sont encore ou non animés par le désir de posséder leur propre Etat.

Andreas MÖLZER.

(extrait d’un article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°9/2008 ; trad. franç. : Robert Steuckers).

 

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1814: Bonaparte à Fontainebleau

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30 mars 1814: Napoléon Bonaparte, aux abois, se réfugie à Fontainebleau, alors que Paris capitule après de violents combats. Les armées coalisées entrent en France, sous le commandement du Prussien Blücher et de l’Autrichien Schwarzenberg. Ceux-ci renouent avec la stratégie de Götz von Berlichingen au 16ième siècle : pénétrer l’espace des Gaules par la conquête du plateau de Langres, où la Seine, les rivières du bassin de la Seine et la Meuse prennent leurs sources. Sur le flanc oriental du plateau de Langres coule la Saône, principal affluent du Rhône, qu’elle rejoint à Lyon. Les stratégies impériales, quand elles ont été déployées contre la France, avaient une dimension hydrographique. Les Autrichiens entendaient soumettre à une occupation permanente ce plateau de Langres, de façon à :

1) contrôler le bassin de la Seine et, partant, Paris, ensuite

2) prévenir toutes manœuvres françaises en direction de la Meuse, et, simultanément de l’ensemble fluvial le plus proche à l’Est, constitué par la Meurthe et la Moselle, qui donne sur le Rhin et, enfin

3) mettre un pied dans le bassin du Rhône, pour, à bien plus long terme, ramener dans le giron impérial l’espace rhodanien, ancien royaume de Burgondie du temps de l’empereur Conrad II.

Charles-Quint, et son allié et parent Philibert de Savoie, avaient tenté des opérations similaires en Provence, façade méditerranéenne de l’espace médiéval du royaume de Burgondie. La chute de Napoléon Bonaparte n’a pas entraîné l’application de cette vieille stratégie hydrographique : Metternich préféra se ménager une France dirigée par Talleyrand (qui accède au pouvoir le lendemain 31 mars 1814) contre un danger prussien et protestant qu’il voit poindre à l’horizon. Metternich veut rétablir de la sorte l’alliance franco-autrichienne, scellée avant la révolution, par le mariage du futur Louis XVI et de Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine.

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samedi, 29 mars 2008

Entretien avec S.E. Vladeta Jankovic

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Entretien avec son Excellence Vladeta Jankovic, ambassadeur de Serbie auprès du Saint-Siège

L’ « Indépendance » du Kosovo : une entorse au droit international

Le quotidien romain « Rinascita » a interviewé l’ambassadeur de Serbie auprès du Saint Siège, Vladeta Jankovic. Les journalistes de Rinascita lui ont posé quelques questions sur l’avenir de la Serbie, sur les très prochaines élections politiques et administratives prévues pour le 11 mai 2008 et sur les risques qu’encourt le droit international à la suite de la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo par les séparatistes albanais.

Propos recueillis par Andrea PERRONE

Q. : Monsieur Vladeta Jankovic, Voyeslav Kostunica a démissionné de son mandat de premier ministre. La crise de la coalition au pouvoir à Belgrade a été suscitée par les débats sur l’adhésion éventuelle à l’Union Européenne et par la problématique de l’intégrité territoriale de la Serbie. Quelles sont les prévisions pour les prochaines élections ?

VJ : La démission du premier ministre était inévitable. Les divergences de vue entre les différents partenaires de la coalition portaient sur les éléments suivants : une partie du gouvernement, axée autour du Parti Démocratique de Boris Tadic, le Président serbe, était en faveur du processus d’intégration à l’Union Européenne, sans tenir compte du fait que la majeure partie des membres de l’UE avait reconnu la proclamation illégale d’indépendance du Kosovo. Les autres partenaires de la coalition de l’exécutif serbe, comme le Premier ministre, estimaient qu’il fallait geler le processus d’intégration à l’UE afin que les pays membres se déclarent tous en faveur de l’intégrité territoriale de la Serbie, telle qu’elle existait de facto avant la proclamation de l’indépendance kosovare. Ces divergences de vue portaient effectivement sur des éléments substantiels. A partir du moment où il a constaté qu’il ne pouvait plus obtenir l’unanimité, le Premier ministre a demandé au Président, en accord avec les principes de la Constitution, de dissoudre le Parlement et de fixer une date pour de prochaines élections législatives. Celles-ci ont été prévues pour le 11 mai. Le peuple se prononcera : il décidera s’il faut aller de l’avant dans les négociations avec l’Union Européenne, nonobstant le fait qu’une grande partie des Etats européens ait reconnu l’indépendance du Kosovo ou, au contraire, si Belgrade devra concentrer tous ses efforts pour conserver l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Serbie, comme le reconnaissent par ailleurs les résolutions des Nations Unies.

Q. : Il y a un mois, Pristina s’est déclarée indépendante de Belgrade. Qu’en pensez-vous ?

VJ : Pour l’essentiel, je retiens qu’il n’y aura pas de différence, quel que soit l’équipe qui sortira victorieuse des élections du 11 mai : tous seront d’accord pour dire que l’indépendance du Kosovo est illégale et que l’idée d’un Etat kosovar indépendant est impensable. La Serbie ne le reconnaîtra jamais. Cependant, il est plus difficile de dire maintenant quelle approche sera la meilleure. Le plus important, c’est que tous les Serbes se mettent d’accord pour refuser l’indépendance du Kosovo. A l’heure actuelle, la majorité des Etats de l’UE a reconnu l’indépendance du Kosovo, ce qui fait 16 Etats sur 27.

Q. : Pensez-vous qu’un gouvernement plus fort, par exemple porté par un tandem Kostunica-Nikolic, aura une approche plus ferme sur la question de la sécession du Kosovo ?

VJ : Il me parait fort difficile de spéculer dès aujourd’hui sur les résultats des prochaines élections. Il me parait cependant impossible qu’un seul parti puisse obtenir d’emblée la majorité absolue, sans avoir besoin de partenaire.

Q. : Avec la sécession du Kosovo, c’est une boîte de Pandore qui s’ouvre…

VJ : C’est prévisible. Et c’était prévisible depuis longtemps. Et, de fait, les Albanais de Macédoine, qui forment 30% de la population macédonienne, cherchent déjà à obtenir davantage de droits pour leur minorité ; ils exigent que la langue albanaise soit reconnue comme langue officielle en Macédoine, que leur drapeau soit hissé sur les bâtiments publics, qu’une amnistie soit décrétée pour tous les Albanais qui ont participé à l’insurrection de 2001 en Macédoine. Ce pays est donc sur la voie de la fédéralisation. La partie albanophone de la Macédoine réclament aujourd’hui cette fédéralisation et finira demain par réclamer une sécession, vu que les Albanais de Macédoine ont déjà reconnu l’indépendance du Kosovo. Nous avons donc une crise sécessionniste en Macédoine et une autre en Géorgie, où les républiques indépendantistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud veulent s’unir à la Russie. Voilà donc la boîte de Pandore que vous évoquiez dans votre question… De manière analogue, la Transnistrie pourra proclamer son indépendance, de même que le Nagorno-Karabakh, où le processus est déjà à l’œuvre. On peut également prévoir que de telles sécessions auront lieu ailleurs dans le monde. A peu près vingt-six pays ont reconnu l’indépendance du Kosovo, mais d’autres ont refusé de reconnaître cette sécession parce qu’ils craignent qu’ils auront tôt ou tard à affronter un problème similaire à l’intérieur de leurs propres frontières, comme Chypre, la Slovaquie, la Roumanie et l’Espagne. En dehors d’Europe nous avons l’Indonésie et l’Inde en conflit avec le Pakistan pour le Cachemire. L’indépendance du Kosovo a mis en crise l’ensemble du droit international. On remet ainsi en question les décisions des Nations Unies et leurs résolutions. Certains Etats prétendent que le Kosovo est un cas à part, un cas sui generis. C’est faux.

Q. : Pensez-vous que le rôle de Moscou et les futures décisions russes seront vraiment importants pour trouver une solution ?

VJ : Pour ce qui concerne Moscou, la Russie a soutenu la Serbie depuis le début de la crise. Le Kosovo est virtuellement perdu pour la Serbie depuis 1999. La Fédération russe, en 1999, sous Eltsine, était très faible économiquement et politiquement. Depuis lors, tout a changé. La Fédération de Russie est devenue beaucoup plus forte et veut prouver au monde qu’elle peut exercer une réelle influence sur la question. La Russie sous Poutine est en mesure de soutenir la Serbie, de forcer la décision en sa faveur, non pas parce que les Russes sont orthodoxes et slaves mais pour une question de principes, liée au droit international qui a subi une grave entorse à la suite de la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo. La Russie est redevenue forte et soutient la Serbie à la tribune des Nations Unies, à l’OSCE et dans toutes les organisations internationales. Mais il n’y a pas que la Russie qui soutient la Serbie au niveau international ; en effet, au Conseil de Sécurité, quinze pays s’affirment en faveur de Belgrade, dont la Russie, bien sûr, mais aussi la Chine, le Vietnam, l’Indonésie, la Libye et l’Afrique du Sud, dont le soutien est ferme, car, en Afrique, les frontières des Etats sont instables, complexes et difficiles à maintenir. Les Américains exercent une forte pression sur la République Tchèque, la Grèce, la Roumanie, mais ces pays continuent à résister car, potentiellement, ils pourraient avoir les mêmes problèmes que la Serbie avec le Kosovo. En outre, rappelons-nous que le monde a une population d’environ six milliards d’âmes et que si l’on additionne les habitants de la Chine, de la Russie, de l’Inde, de l’Indonésie, de l’Afrique du Sud, nous obtenons un chiffre de quelque trois milliards et demi de personnes ; nous pouvons dire alors que la majeure partie de la population de la planète soutient la Serbie.

Q. : Je voudrais vous parler des églises, des monastères et des Serbes du Kosovo ? Quel sera leur avenir ?

VJ : Les monastères et les églises du Kosovo doivent impérativement être placés sous la protection des contingents militaires de l’UNMIK. Les monastères orthodoxes du Kosovo sont d’une valeur culturelle inestimable : ils remontent aux 12ième, 13ième et 14ième siècles. Pour l’heure, ce sont des soldats italiens très courageux qui les défendent : leur attitude est exemplaire malgré le comportement du gouvernement italien et le rappel à Belgrade de notre ambassadeur en Italie. Ces monastères et ces églises, sous la protection des troupes italiennes de l’UNMIK relèvent d’un héritage culturel important pour le monde entier. Ils sont un patrimoine pour l’humanité toute entière et figurent d’ailleurs sur la liste des sites à protéger, dressée par l’UNESCO. Les fresques que l’on trouve dans ces bâtiments historiques sont parmi les plus belles de cet art au monde. On peut comparer leur facture et leur qualité à ce que l’on retrouve dans la cathédrale de Chartres en France.

Q. : Quelle différence y a-t-il entre la mission de l’UNMIK et celle d’EULEX ?

VJ : La mission de l’UNMIK est très importante. La Serbie ne s’oppose nullement à la présence de l’UNMIK parce que celle-ci a été décidée par le Conseil de Sécurité de l’ONU. En revanche, la mission européenne EULEX ne rencontre pas l’approbation de la Serbie, parce qu’elle n’a pas été sanctionnée par une décision des Nations Unies. La différence entre les deux missions est donc de taille. La mission de l’UNMIK découle d’une résolution votée aux Nations Unies et repose sur les principes de l’ONU, voilà pourquoi la Serbie accepte pleinement sa présence sur le territoire serbe.

Q. : Quelle est la position du Saint Siège et du Pape Benoît XVI, alias l’ancien Cardinal Josef Ratzinger, à propos de l’indépendance du Kosovo ?

VJ : La position du Saint Siège repose sur la prudence et la modération. Elle s’est déjà exprimée en diverses occasions et le Saint Père l’a confirmée lors de la présentation de mes lettres de créance, il y a un mois. Le Saint Siège comprend qu’il y a péril pour toute la chrétienté, pour les milliers de réfugiés qui ont dû quitter le Kosovo en 1999 ; le Saint Siège se préoccupe surtout de la défense de la justice et des principes du droit international. La Serbie croit, elle aussi, au droit international, au droit des gens et des Etats. C’est le moment de faire montre de solidarité et de ne plus penser aux divisions au sein de la chrétienté. Les chrétiens doivent défendre les droits et principes culturels des autres peuples. C’est très important pour le Saint Siège, non seulement pour les droits de la Serbie mais aussi pour ceux de tous les autres peuples et, subséquemment, pour la paix dans le monde.

(entretien paru dans « Rinascita », Rome, 20 mars 2008 ; http://www.rinascita.info ; adresse électronique pour toute information : info@rinascita.net ).

 

 

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Citation de Montesquieu

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Citation de Montesquieu

« Dans les monarchies extrêmement absolues, les historiens trahissent la vérité, parce qu’ils n’ont pas la liberté de la dire : dans les Etats extrêmement libres, ils trahissent la vérité à cause de leur liberté même, qui, produisant toujours des divisions, chacun devient aussi esclave des préjugés de sa faction, qu’il le serait d’un despote ».

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vendredi, 28 mars 2008

Citation de Nicolas Berdiaev

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Citation de Nicolas Berdiaev

 

« Les événements se déroulent dans la réalité de l’esprit avant de se manifester dans la réalité extérieure de l’histoire ».

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Socialisme et gildes

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Davide D’AMARIO :

Le projet social d’Ezra Pound : communautés et gildes

« Je sais, et non d’après une théorie mais bien par expérience, que l’on peut vivre infiniment mieux avec très peu d’argent et beaucoup de temps libre, qu’avec plus d’argent et moins de temps. Le temps n’est pas de l’argent, mais presque tout le reste… » (Ezra POUND).

Les réflexions, que je couche ici sur le papier, sont le fruit d’une lecture du très beau livre de Luca Gallesi, « Le origini del fascismo di Ezra Pound », édité auprès des Edizioni Ares. A l’évidence, cet article est tout simplement un point de départ qui me permettra de développer ultérieurement mes sentiments « extravagants » et, quelles que soient les positions que prendront les hommes que je mentionnerai dans mes interprétations, celles-ci ne pourront être ramenées ou assimilées en tous points à la structure solide et scientifique du livre de Gallesi.

Quand Marx, bien à raison, proposait l’unité de tous les travailleurs du monde, à une période historique bien précise, les capitalistes étaient divisés. Ils s’opposaient les uns aux autres dans des querelles internes, inhérentes à la division de leur camp en « capitalismes nationaux ». Rappelons aussi que Marx, à cette époque, parlait de gouvernements réduits à des « comités d’affaires » pour le compte de leurs bourgeoisies respectives. Je pense que Marx se rendait parfaitement compte que les limites territoriales opposaient les bourgeoisies capitalistes entre elles, limites dans lesquelles on retrouvait une diversité monétaire, la concurrence, le protectionnisme, de véritables barrières économiques de toutes natures qui contribuaient à limiter l’internationalisation des capitaux et généraient des tensions parmi les capitalistes.

Par ce préambule, je veux simplement arriver au constat que la réflexion de Marx est plus actuelle aujourd’hui qu’elle ne l’était hier parce que, depuis trente ans environ, les travailleurs subissent attaque sur attaque ; certes, on me rétorquera qu’ils en ont toujours subies mais, aujourd’hui plus que jamais, c’est bien pire : ils ont été totalement éliminés du jeu dans la mesure où ils ont perdu toute conscience unitaire. Dans cette situation difficile, la pensée prophétique d’Ezra Pound me semble mieux expliquer la situation de nos contemporains. Effectivement, les communautés de travailleurs ont été, à intervalles réguliers, divisées, fragmentées, disloquées ; les attaques principales contre elles se sont faites au niveau des salaires mais plus encore au niveau de leur dignité humaine. C’est ici que reviennent les fameux « comités d’affaires » de Marx. Plus que jamais, aujourd’hui, et sous les yeux de tous, les exploités sont divisés et les décideurs du monstre capitaliste s’organisent de plus en plus, s’unissent et coordonnent leurs agissements criminels.

Que le lecteur me pardonne cette petite digression, mais j’entends exprimer ici ma conviction que cette digression peut intégrer le raisonnement que je vais développer ici, justement parce que je vais parler des socialismes atypiques, utopiques et étranges, de ces socialismes que l’inquisition de certains pontes marxistes-léninistes, sans Marx ni Lénine, ont campé comme des drôleries dépourvues de sens (dans le meilleur des cas !).

Le socialisme qui trouve ses origines quasi magiques dans l’œuvre du poète-économiste Ezra Pound propose une vision du monde humain diamétralement opposée aux spéculations financières et à l’usure, qui ont perfectionné aujourd’hui leur horrible règne. Ce socialisme est communautaire et il a séduit également le génial poète irlandais William Butler Yeats, qui a lutté pour l’indépendance de sa Terre, fière et passionnée, une indépendance enracinée dans la littérature, le théâtre, la poésie, la Vie. Mieux que toutes paroles ou éloges à l’adresse à ce héraut de la liberté irlandaise : l’épitaphe gravé sur sa tombe, qui évoque l’attitude existentielle à adopter sur le chemin terrestre et difficile de chacun. « Jette un regard froid sur la Vie, sur la Mort, Chevalier, et poursuis ton chemin ».

Je vais maintenant chercher à ramener à la mémoire de mes lecteurs ces nombreux socialistes, dont les idées n’ont pas été concrétisées, ces expériences de communautariens inconscients, en leur époque, de la portée de leurs projets, de tous ces hommes dont les propositions généreuses n’ont pas été suivies d’effets, mais que nous pouvons, sans hésiter, poser comme les pionniers au cœur pur, au langage vrai, du mouvement actuel de décroissance. Et pas seulement de ce mouvement-là…

Esquissons l’historique de quelques-unes de ces tentatives ou expériences. Dans l’Angleterre, rebelle et pensante, fièrement anti-capitaliste et anti-colonialiste, une perspective révolutionnaire s’est dessinée dans les esprits, certes sur un plan plutôt théorique et nettement moins pratique, mais néanmoins digne de nos respects. Dans cette Angleterre, une culture alternative a vu le jour, très différente de l’impérialisme officiel, qui n’était que racisme hautain, exclusivisme social et économique, à des années lumière des politiques maçonniques et sectaires axées sur la violence envers les exploités : la littérature de l’époque en témoigne. Les enfants, filles et garçons, furent les premières victimes de cette violence sociale, de la monstrueuse dynamique socio-politique de cet âge du manchestérisme triomphant. On les retrouvaient par dizaines de milliers dans de sinistres orphelinats, dans d’hideuses fabriques, dans des « maisons de correction ou de redressement », sans cesse exposés au châtiment de la bastonnade, au stupre, ou furent purement et simplement tués car considérés comme inutiles ou bons à rien voire destinés à devenir simple viande de boucherie dans un futur imaginé comme complètement robotisé.

Face à ces visions d’horreurs, se constitue, sur le plan doctrinal, le « socialisme des gildes ». Il se veut une doctrine culturelle alternative, différente de l’horreur manchésterienne. Le « gildisme » a été théorisé par un historien anglais, G. D. H. Cole, puis, au fil des années, par le livre manifeste d’un architecte socialiste et chrétien, Arthur Joseph Penty (1875-1937), « The Restoration of the Gild System », paru en 1906.

Ce socialisme atypique, admirateur du moyen âge, ennemi infatigable et passionné de l’industrialisme moderne, lançait un appel au retour à l’artisanat, à un système de production à petite échelle, sous le contrôle normatif des gildes professionnelles. En suivant l’exemple du socialiste William Morris, ce socialisme refusait l’idée que la production de produits « de qualité médiocre et vendus à bon marché » constituait un avantage pour le consommateur. De cette façon, ce socialisme gildiste anticipait, avec ses idées radicales, tous les courants critiques du système capitaliste nés dans les années 70 du 20ième siècle, courants qui, au cours de ces dernières années, sont revenus à pas de colombe sur l’avant-scène idéologique mondiale. Ces critiques recèlent des rancoeurs contre un système abominable et sont perpétuellement à la recherche de solutions pour soulager les peines des travailleurs réduits à l’esclavage, y compris de solutions dans la lutte actuelle contre les caractères démoniaques de l’exploitation mentale des travailleurs. Dans cette optique intellectuelle et socialiste, l’homme ne doit pas se limiter à analyser la vie à l’intérieur des structures dominantes de la société industrielle mais, au contraire, doit s’en évader et lancer des dards empoisonnés sur le monstre « Progrès », posé comme fin en soi et qui nous broie tous aujourd’hui.

Dans le même filon, où se mêlent intérêts culturels et intérêts politiques, nous trouvons la publication « The New Age », éditée par A. R. Orage. Elle fut une revue, une tribune, qui assura le lien, la jonction, entre ce socialisme des gildes et le renouveau artistique et culturel constitué par la résistance communautarienne (avant la lettre). A cette revue contribuèrent des militants et des penseurs, des écrivains et des poètes du calibre d’un Ezra Pound, d’un William Butler Yeats, d’un G. K. Chesterton et de bien d’autres qui, ensemble, formèrent une redoute dans les années 10 et 20 du 20ième siècle en Angleterre, où germèrent des idées qui demeurent encore et toujours actuelles. Dans cette revue, on étudiait et analysait les œuvres de Nietzsche et de Marx, pour les enrichir et les dépasser, les inscrire dans des projets réalisables.

Nous avons eu affaire, là, à une culture socialiste originale et non dogmatique, qui a pris forme, a émergé à la vie en se mêlant sans remords à la religiosité véritable du peuple, sans chercher à trancher le cordon ombilical qui reliait le socialisme aux traditions populaires, sans renier des formes fortes et solidement ancrées de religiosité païenne ou chrétienne, présentes au sein du peuple.

La « Ligue des Gildes Nationales » en fut le mouvement organisé, la représentante de cette jeune communauté de pensée. Elle naquit en l’année fatale 1915, où une boucherie sans nom allait commencer, où la fine fleur de la jeunesse européenne tombera au combat ou en sortira renforcée. Dès son émergence, cette « Ligue » eut à subir les avanies des marxistes sectaires, ignorants et démagogues, qui la traitèrent de « mouvement petit-bourgeois et utopiste ». Ces socialistes communautariens et gildistes, qui avaient adhéré à la « Ligue », croyaient que la force éthique, et non le matérialisme vulgaire, devait se poser comme le noyau incandescent de la lutte socialiste parce qu’ils estimaient que la liberté individuelle devait s’épanouir à l’intérieur et en symbiose avec la communauté populaire ; ils pensaient également que la responsabilité sociale devait s’étendre au peuple tout entier, de façon à ce que la Révolution trouve dans le peuple lui-même, et non à l’extérieur de lui, une légitimité faite de sang, de chair et d’idée, prête à prendre, aux moments terribles de l’épreuve, les rênes de la cause communautaire. Pour ces militants communautariens et nationaux, la lutte contre l’esclavage et contre l’incertitude étaient les axes majeurs de l’action socialiste.

Dans leurs propositions, les gildistes de la « Ligue » réclamaient d’être libérés du spectre du chômage, d’être libres dans les usines, de bénéficier du droit au travail sous la houlette de directeurs qu’ils auraient choisis, d’éliminer du monde du travail tous les dirigeants imposés d’en haut, tant dans les entreprises privées que dans le secteur de l’Etat. Ils étaient convaincus que sans une démocratie industrielle, il ne pouvait pas y avoir de démocratie politique. Cette brève approche de l’idéologie gildiste nous permet de conclure que le « contrôle communautarien » devait venir de la « base ». Ce mouvement, non unitaire, alignait à l’évidence des personnalités diversifiées, exprimant des positions parfois contradictoires, mais, en dépit de ces divergences de surface, elles avaient toutes un projet général, qu’il serait intéressant de raviver aujourd’hui.

Davide D’AMARIO.

(article paru dans le quotidien romain « Rinascita », 19 février 2008).

 

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jeudi, 27 mars 2008

Kosovo: nouveau protectorat américain?

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Safet BABIC :

 

Le Kosovo : nouveau protectorat américain ?

 

Le Kosovo, que les Allemands nomment aussi l’Amselfeld, le « Champ des Merles », est une région au centre de la péninsule balkanique, dont les frontières touchent au sud-ouest l’Albanie, au nord-ouest le Monténégro, au nord et à l’est la Serbie aujourd’hui réduite et, au sud-est, la Macédoine. Après la guerre de 1999, le Kosovo a reçu, par le truchement de la résolution 1244 des Nations Unies, le statut d’un territoire autonome à l’intérieur de la Serbie et a été placé sous l’administration de l’ONU.

 

Les frontières occidentales et méridionales du Kosovo sont constituées de zones montagneuses. Au centre de cette cuvette, nous trouvons deux plaines : celle du Champ des Merles, avec Pristina pour capitale, et la Métochie à l’Ouest, dont le centre est Prizren. Les deux plaines sont séparées par une zone de collines, semi-montragneuse. Le Kosovo, avec ses 10.877 km², a une superficie a peu près égale au tiers de celle de la Belgique. Sa densité démographique de 175 habitants par km² en fait un territoire à la population relativement dense. On estime que la population du Kosovo est d’environ 1,9 million d’habitants. Cette population est très jeune : 33% a moins de quinze ans ; 6% seulement a plus de 65 ans. Entre 350.000 et 400.000 Kosovars vivent à l’étranger, surtout en Allemagne, en Autriche et en Suisse. D’après des estimations récentes de l’OSCE, 91% de la population du Kosovo est albanaise, 5% est serbe et les derniers 4% sont constitués d’autres minorités, surtout des Tziganes et des Turcs. A la suite des élections parlementaires du 17 novembre 2007, que les Serbes ont boycottées, le PDK, ou « Parti Démocratique du Kosovo », formation du chef de l’opposition Hashim Thaçi, est devenu la principale force politique du pays. Une semaine après ces élections, ont commencé les ultimes négociations entre Serbes et Albanais du Kosovo à Baden près de Vienne. Elles se sont terminées le 28 novembre 2007 sans qu’un accord n’ait été conclu. Après cet échec, le Président Sejdiu a exclu toute poursuite des négociations avec la Serbie et a annoncé que la seule alternative serait de proclamer bien vite l’indépendance du Kosovo.

 

C’est ainsi que l’indépendance du Kosovo est devenue une probabilité toujours plus grande, même si la Serbie, et son allié traditionnel, la Russie, ont annoncé que ce ne serait pas sans conséquences. Les Albanais du Kosovo reçoivent le soutien des Etats-Unis et de l’Union Européenne. Même l’ancien ministre allemand des affaires étrangères, l’écologiste Fischer, n’hésite pas à transgresser certaines règles diplomatiques et à propager l’idée d’un Kosovo indépendant. Mais l’histoire nous enseigne toutefois que le Kosovo est le cœur même de la Serbie.

 

Une histoire sanglante

 

Ce n’est pas sans raison qu’un homme politique macédonien, il y a quelques années, qualifiait les Balkans de « débris d’empires ». Longtemps peuplé de populations de souche illyrienne, le Kosovo est devenu la patrie des Serbes, une population slave méridionale. Au départ, le Kosovo a été le centre de la Serbie médiévale. Le biographe de Charlemagne, Eginhard, mentionne déjà la Serbie en 822. L’Albanie n’apparaîtra dans les textes médiévaux qu’en 1272, après qu’elle eût été fondée par Charles d’Anjou. Avant l’occupation ottomane à la suite de la défaite serbe du Champ des Merles en 1389, aucune chronique n’évoque d’Albanais en Serbie. Ce n’est qu’après l’occupation complète de la Serbie par les Turcs musulmans que les Albanais pénètrent dans cette région située au nord de leur zone de peuplement, après avoir adhéré en masse à la religion islamique. Les historiens albanais voient dans les Albanais des descendants des Illyriens, ce qui est cependant contesté. Les Serbes quittent le pays par vagues, ce qui diminue leur pourcentage au sein de la nouvelle population.

 

A la suite des avancées des troupes du Prince Eugène de Savoie-Carignan, qui battent les Turcs, les Serbes se soulèvent au Kosovo et font payer cher aux occupants ottomans les avanies que ceux-ci leur avaient fait subir. La « Grande Migration » de 1690 mena beaucoup de Serbes sur le territoire de l’actuelle Croatie, où les souverains autrichiens les utilisèrent comme paysans-colons et garde-frontières, dotés de privilèges, le long de la frontière militaire austro-ottomane, afin de prévenir et contenir toute nouvelle invasion turque.

 

En 1871, le rapport était de 318.000 Serbes pour 161.000 Albanais au Kosovo. Tandis que la Serbie était devenue complètement indépendante en 1878, la domination turque au Kosovo ne se termina qu’en 1912. Dans les dernières années de l’occupation ottomane, la terreur anti-serbe alla crescendo, tant et si bien que peu avant que n’éclate la première guerre mondiale en 1914, il n’y avait plus que 90.000 Serbes dans la région. Pendant la seconde guerre mondiale, la Kosovo appartenait à l’Albanie qui était protectorat italien. Tandis que les Serbes sont demeurés jusqu’à nos jours assez germanophobes, l’Allemagne était généralement adulée chez les Albanais. Il y eut même une division de Waffen-SS constituée de volontaires albanais (la Division « Skanderbeg »).

 

Après 1945, le chef de la nouvelle Yougoslavie communiste, Tito, interdit aux Serbes de revenir sur le territoire du Kosovo, alors qu’il laissait les frontières entre la Serbie et l’Albanie ouvertes, ce qui entraîna l’immigration de 100.000 Albanais sur le territoire kosovar, sous souveraineté yougoslave. Sous Tito régnait un véritable embargo sur toutes les informations en provenance du Kosovo. Finalement, la minorité serbe subit ouvertement attaque sur attaque, ce qui, d’après des sources américaines, a entraîné l’exode hors du Kosovo de quelque 60.000 Serbes entre 1972 et 1982. En 1974, le régime titiste accorde une autonomie élargie aux Albanais du Kosovo. Cette autonomie fut annulée en 1989 après l’énorme vague d’indignation qui secoua la Yougoslavie après que les Albanais eurent commis des viols en masse et des voies de fait contre des concitoyens non albanais au Kosovo.

 

Dans les années 90, l’UçK se constitue grâce aux appuis que lui procurent les services secrets américains. L’UçK entendait systématiser la terreur pour parvenir à un Kosovo indépendant. L’appareil policier serbe riposta, avec toute la rigueur voulue, en 1999. L’exode des Albanais du Kosovo vers l’Albanie fut le prétexte saisi par l’OTAN pour intervenir militairement contre la Serbie. En Allemagne, le gouvernement rouge-vert de l’époque participa allègrement à cette violation flagrante du droit des gens, déguisée en « action de représailles », alors qu’un pays de l’OTAN comme la Grèce a eu le courage d’exprimer à l’égard de la Serbie sa « solidarité orthodoxe » et de rester neutre. Depuis 1999, 16.000 soldats de la KFOR, sous le commandement de l’OTAN, sont stationnés au Kosovo, dont 3500 militaires de la Bundeswehr allemande. Malgré cette présence, personne ne s’attend à une relance économique de la province, vu le taux de chômage de 70% qui y règne.

 

Aujourd’hui, on parle d’installer au Kosovo un protectorat américain supplémentaire, après que l’expérience bosniaque se soit, elle aussi, avéré un fiasco total. Dans le nouveau cabinet kosovar, on constate, par exemple, que le ministère de l’énergie sera confié à l’économiste Justina Pula-Shikora, qui avait travaillé jusqu’ici à la fameuse Fondation Soros à Pristina. L’Etat du Kosovo ne sera donc jamais qu’une marionnette aux mains de Washington. Pour amadouer le gouvernement de Belgrade, on promet aux Serbes qu’ils pourront adhérer à l’UE. Le contribuable allemand ira bien entendu de sa poche pour financer ce marché de dupes.

 

Un avenir sanglant ?

 

Il serait tout à fait incongru d’appliquer des critères centre-européens dans une région comme les Balkans. Sur le plan historique, le Kosovo a appartenu politiquement, depuis toujours, à la Serbie. Mais la Voïvodine, très fertile sur le plan agricole, appartenait jadis ethniquement à la Hongrie et est aujourd’hui peuplée majoritairement de Serbes. Quant aux Serbes de Bosnie, qui menacent de proclamer leur propre Etat indépendant sur le territoire bosniaque, ils ne sont arrivés là qu’à partir du 16ième siècle. Beaucoup d’entre eux venaient d’ailleurs du Kosovo. Il faut aussi se rappeler qu’une grande partie des 600.000 Serbes qui ont vécu pendant plusieurs siècles en Krajina, un territoire croate, ont quitté la Croatie après l’opération « Tempête » du Général Ante Gotovina en 1995.

 

Le mieux, à l’évidence, est de trouver des solutions pacifiques à cet imbroglio, prévoyant des entités ethniquement homogènes et cohérentes sur le plan territorial. On pourrait éventuellement procéder à des « échanges territoriaux » et à des compensations matérielles. Or ce sont précisément des solutions pacifiques de ce type-là que l’Occident, avec les Etats-Unis en tête, a sans cesse torpillé. Car finalement l’existence d’entités étatiques fragiles sert l’hégémonisme global. Les faiblesses intérieures entraînent la dépendance en politique extérieure. Cette réalité vaut sur le plan de la domination culturelle comme sur celui de la domination économique, ce que démontrent notamment les privatisations au profit de consortiums étrangers en Bosnie et au Kosovo. Ce dernier détient, soulignons-le, les plus grandes ressources en minerais divers d’Europe. Les Balkans ont toujours eu une grande importance géopolitique et, au beau milieu de ceux-ci, le Kosovo réunit à lui seul tous les atouts stratégiques de la péninsule. Il est à la croisée des voies de communications, à cheval sur les lignes de fracture de demain, quand il s’agira de maîtriser les sphères d’influence politiques et les réserves de matières premières.

 

L’offre serbe d’accorder une très large autonomie au Kosovo, d’accepter que se constitue une équipe de football kosovar indépendante et que la province aujourd’hui majoritairement albanophone dispose de représentations diplomatiques a été une offre correcte, une ouverture au dialogue intelligente et posée. Mais les Kosovars, excités par les Américains, ont exigé l’indépendance totale. Même si l’on raisonne en termes d’ethnies, de patries charnelles ou d’appartenance linguistique, on doit alors partir du principe minimal d’une partition possible et nécessaire du Kosovo entre la Serbie et l’Albanie. En effet, au nord de la rivière Ibar, la majorité de la population est serbe. En revanche, si l’on raisonne en termes d’histoire et de culture, cette partition est impensable pour les Serbes car la plupart des monuments religieux et des monastères serbes se situent au-delà de la rive sud de l’Ibar.

 

Si d’aventure le Kosovo devenait définitivement indépendant, les mouvements sécessionnistes auraient le vent en poupe dans le monde entier, ce qui constituerait un désavantage évident pour la Russie, principal adversaire géopolitique des Etats-Unis. La problématique du Kosovo montre, de manière exemplaire, que tout assemblage étatique multiculturel est, à terme, menacé d’éclatement et, qu’en fin de compte, seules les puissances extérieures à l’espace (« raumfremde Mächte ») profitent de leurs tensions intérieures. La protection qu’accordent les Etats-Unis aux Albanais musulmans du Kosovo ne tiendra qu’aussi longtemps que cela conviendra aux intérêts des cénacles dominants de New York et Washington. Si, un jour, les Albanais du Kosovo décidaient de mener leur politique à leur guise, ils devront vite déchanter et il ne leur resterait plus qu’à méditer un adage jadis forgé par Ernst Niekisch : « Celui qui a l’Amérique pour amie, n’a plus besoin d’ennemis ! ».

 

Safet BABIC.

(article paru dans « Deutsche Stimme », février 2008 ; cf. http://www.deutsche-stimme.de ; trad. franç. : Robert Steuckers).

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Franz Xaver Baader

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27 mars 1765: Naissance à Munich de Franz Xaver von Baader. Ingénieur des mines de formation, il se révèle comme philosophe en 1814, quand il soumet un mémoire aux Empereurs d’Autriche et de Russie et au Roi de Prusse, afin de pérenniser l’idéal de “Sainte-Alliance” continentale. Pour forger définitivement ce bloc véritablement eurasien (avant la lettre!), Baader étudie la théologie et plaide pour un rapprochement entre le catholicisme occidental et l’orthodoxie russe, que Rome refusera. Baader deviendra ainsi un adversaire résolu de la Papauté romaine, ennemie de l’unification européenne et eurasiatique.

La théologie de Baader puise ses sources chez les Pères de l’Eglise et chez les mystiques allemands du moyen-âge. Hostile au cartésianisme et au rationalisme des Lumières, Baader croit à la révélation divine et pense que l’homme participe du divin, comme le pensaient aussi les mystiques médiévaux. L’homme est donc un être intermédiaire entre la sphère du divin et celle de la nature. L’homme est une part d’un donné préexistant, dont il s’agit de maintenir l’harmonie. L’Etat doit tenir compte de ce donné et ne jamais succomber aux sirènes des idéologies mécaniques qui se revendiquent fallacieusement d’un “état de nature” et d’un “droit naturel”. Les Etats doivent se donner des constitutions particulières, fruits organiques de leur propre histoire, et non pas viser à adopter tous un modèle préétabli, unique, de constitution, qui serait considéré comme une panacée valable en tous temps et tous lieux. Baader s’insurgera très vite contre les misères générées par la société industrielle et réclamera l’avènement d’un Etat qui ait une politique sociale bien définie, afin d’éviter la prolétarisation des masses. Franz Xaver von Baader meurt à Munich le 23 mai 1841.

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mercredi, 26 mars 2008

Nouvelle alternative à la mondialisation

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Rodolphe LUSSAC:

Ni Davos, ni Porto Alegre: pour une troisième voie, nouvelle alternative à la mondialisation

 

D’un côté, Davos, la Mecque du patronat planétaire, le pèlerinage des ultra-riches, le séminaire des évêques de l’ultralibéralisme, nous donne la température de l’univers de l’argent-roi en direct de la capitale éphémère de la World Company. De l’autre côté, Porto Alegre, la grande fer­me expérimentale, des hippies high-tec, des anarcho-li­bertaires recyclés, les gourous d’une humanité juste et pai­sible, les routards du tiers mondisme et les fidèles ré­pli­ques du Che, pour nous donner mauvaise conscience et, en passant, laisser quelques larmes sur les favellas brésilien­nes, histoire de comprendre quelque chose sur le fossé Nord-Sud. Bref à en croire les apparences, il s’agirait là de deux camps ennemis, hermétiques, bien retranchés, entre le camp des mondialistes et ceux du "non mondialisme". En fait, structurellement, sociologiquement, culturellement et même politiquement,  il n’en est rien.

 

Le camp des mondialistes et celui des prétendus anti-mon­dialistes sont tous deux affectés par ce que l’on appelle, en sociologie, les vertus de "l’isomorphisme", c’est-à-dire qu’ils possèdent les propriétés structurelles analogues qui permettent une autorégulation et une conservation délé­tère du système dominant. D’un côté, la légitimité de Da­vos, de l’autre, la contestation de Porto Alegre, le tout sau­­poudré à la sauce médiatique et le tout est joué. Tous deux sont de vastes agents de socialisation à l’échelle in­ternationale;  ils fonctionnent dans une complémentarité fallacieusement hostile, comme des vases communicants par interposition médiatique. L’un comme l’autre de ces deux camps ont besoin de leurs coups de gueule, d’action spec­taculaires pour jouir d’une notoriété médiatique. Il s’a­git en fait d’un commerce médiatique. Les deux camps ont l’un comme l’autre besoin de leur façade antagoniste et agressive, pour se médiatiser et se vendre mutuel­le­ment, en inculquant systématiquement, d’une façon com­plémentaire, une culture spécifique et unique à l’échelon planétaire.

 

Jeunes rebelles sans cause

 

"Soutenir la croissance et réduire la fracture" le mot d’or­dre de Davos. Les deux camps se confortent dans leur rôle de courroie de transmission médiatique réciproque; la par­ticipation de soixante-neuf représentants d’organisations non-gouvernementales et de nombreux syndicalistes au cô­té de représentants de multinationales, n’ont fait que re­flé­ter la promotion médiatique d’une version réformiste, humanisée des "globals leaders". Une forme de mondia­lisa­tion sociale à l’écoute des plus défavorisés. De l’autre cô­té, à Porto Allegre on est bien loin des cocktails molotov, des affrontements, des gaz lacrymogènes et des voitures in­cendiés de Seattle et Zurich. Cette fois-ci, on a bien com­pris le message. A l’ajustement phraséologique de Davos ont répondu les accents institutionnels et réformistes d’une nouvelle forme de mondialisation à visage humain. Le mou­ve­ment des sans-terre, l’organisation Via Campesina, le mou­vement ATAC, les rescapés de mouvements maoïstes, les crados anarcho-libertaires , les bolchos en tout genre et les étudiants ratés des campus de la nouvelle gauche, ont planché, répartis en cent ateliers, pour affirmer une plus grande participation de la société civile dans le commerce international. Bref les jeunes rebelles sans cause ont bien com­pris la leçon de leurs paternels. Le forum de Porto Ale­gre s’est terminé sans déclaration finale. Et pour cause, en l’absence de fondements suffisants pour une réflexion ar­ti­cu­lée et fructueuse, les participants n’ont fait que leur a­veu d’impuissance et de leur incapacité de véhiculer une quel­conque vision du monde, un quelconque projet de société, à part le fait de fumer du shit en communauté sous l’oeil bien veillant du Che et de la Passionaria. Le discours ré­volutionnaire a cédé le pas devant une stratégie réfor­mi­ste qui rejoint le discours globalisant et rassurant d’une crois­sance soutenue des pontifes de Davos.

 

Macdonaldisation des styles de vie

 

En fait d’un point de vue culturel, Davos et Porto Allegre ne sont que l’alter ego, les deux faces prétendument op­posées d’un seul et unique processus de mondialisation qui se propage à l’échelon planétaire, articulé autour d’une dualité complémentaire, le nivellement uniformisateur d’un côté et la micro-hétérogénéité anarchique de l’autre côté. En effet, la mondialisation propage la macdonaldisa­tion des styles de vie, des normes de comportement, des musiques, des modes de consommation par un processus de nivellement culturel uniformisateur. Cette uniformisation est soutenue par les relais médiatiques et non gouver­ne­mentaux de la société civile qui propage subtilement le ré­pertoire des normes et des valeurs des droits de l’homme, de la démocratie, de l’économie de marché, de la protec­tion de l’environnement qui s’imposent aux quatre coins du monde. A cela vient se greffer la cyberspace et la hightech culturelle dernier cri.

 

En effet, d'un côté, on vend en quantité colossale des ordi­nateurs de dernier cri à des populations du tiers-monde, des représentants de l’élite locale, des intellectuels, des universitaires, des opérateurs sociaux culturels, qui en font la promotion et la commercialisation auprès de leur propre population en louant les vertus de la démocratie de mar­ché, de l’écologie, du féminisme, etc. De l'autre côté, en réac­tion à la propagation de la culture consumériste et glo­ba­lisante, se constitue des pôles culturels pseudo-contes­ta­taires, des groupes de pression souvent affiliés à des partis d’obédience socialisante voire communisante, qui prônent et génèrent un modèle micro-hétérogène culturel qui se manifeste dans toutes sortes de métissage, de crispations identitaires régionalistes, d’ethnicité , de prêt-à-porter spi­ritualiste, lesquels seraient bien sûr les remèdes et l’alter­native à l’économie libérale, avec une redistribution plus jus­te des richesses, une solidarité internationale et une hu­manité plus juste, bref le tralala pleurnichard des alterna­tifs de tous bords.

 

Un échappatoire insuffisant et bricolé

 

En fait, ce camp contestataire est affecté par la maladie de l'hybridation, et ne constitue en réalité qu’un échappa­toire insuffisant et bricolé à la culture Mcdonald de Davos, comme les larmoyants refrains sur le terroir pathétique de José Bové. Ce courant d’idée n’est que le rejeton de la mon­dialisation culturelle et ne peut être perçu comme un vé­ritable mouvement de contre-modernité, car il procède des mêmes matrices individualistes, égalitaristes et écono­micistes qui font les piliers de la technocratie internatio­nale. D’un côté, le monde de Davos serait une gigantesque Bourse mondiale avec toboggans entre les diverses places boursières mondiales, un argent facile et une frénétique spé­culation où se délecteraient les yuppies débiles sur les start-ups du dernier modèle net, les sites, les portals, pro­viders avec tous les barbarismes qui nous en mettent plein la figure: Yahoo, Wanadoo, Amazon, Vizzavi; dans ce parc d’attraction dernier cri,  le décrochage définitif de la reli­gion ultra-libérale par rapport à la ringardise économique et sociale de "l'archaïsme" socialo-humain s’opérerait par la promotion et la banalisation des nouvelles technologies, du monde virtuel et de la cyberconscience planétaire. De l’au­tre côté, le monde de Porto Allegre deviendrait une gigan­tesque rave party, avec le cannabis légalisé, où gigo­te­raient des générations entières de pacifistes décervelés, des gourous de l’humanisme techno, des raspoutines eth­nos, au-dessus de laquelle s’élèverait un gigantesque nuage de fumée, du hashish recyclé pour préserver la couche d’o­zone. Bref, la symbiose des deux mondes se fait par la vé­nération de l’hyperhédonisme et de l’ultra-rentabilité de milliards instantanés dans une ivresse collective, voilà l’al­chimie du mondialisme réalisée, la pierre philosophale de la Word company enfin trouvée.

 

A l’ordre technocratique néolibéral des high tech trusts de Davos et l’hétérodésordre anarcho-soviet de Port Allegre, une Troisième voie s’impose, véritable alternative philoso­phique, métapolitique et économique qui soit une force de pro­position, non seulement réactive, mais authentique­ment et profondément matricielle. Cette nouvelle matrice se propose de :

 

Soumettre la modernité à un “Modulor”

 

- Ne pas rejeter la modernité mais repenser la modernité comme le résultat d’une dialectique entre la nature bio­lo­gique de l’homme, l’organicité de la vie et les construc­tions de l’intelligence entre lesquels une équation étroite et asymétrique doit être établie au risque d’un débor­de­ment abstrait et incontrôlé du phénomène de la technicité, qui s’égare dans un désert d’artificialité, de dissymétrie et de stérilité. Comme chez Le Corbusier, la modernité serait soumise à un "Modulor", une unité de mesure dont les va­leurs proportionnelles sont basées sur le corps humain et sur le corps organique social.

 

- Dénoncer l’imposture libérale qui, depuis Kant, Adam Smith, en passant par Milton Friedman, Hayek et la théorie de la justice de John Rawls, en vient à générer un véritable darwinisme social sous l’appellation sordide d’égalité des chances, processus dissolvant de toute forme de solidarité sociale où le rôle de l’Etat disparaît pour laisser place à la suprématie techno-financière des grands trusts transnatio­naux;

 

-La mondialisation est le fruit de ferments individualistes qui, depuis la révolution française et l’avènement du règne de la bourgeoisie mercantile, désintègre tout lien social et empêche toute forme de société d’évoluer organiquement de manière responsable et disciplinée.

 

Réintroduire le civisme et le loyalisme

 

L’absence de contrôle social engendre une irresponsabilité collective et individuelle croissante. Face à cette contagion individualiste, la crispation sécuritaire et la répression s’or­ganise à l’échelon planétaire pour contenir la montée de l’incivisme et de la criminalité pandémique. C’est la nou­velle "guerre civile" localisée dont a parlé Hans Magnus En­zensberger, une forme de "brutalisation de la société" qui est le fruit conjugué de l’anomie généralisée, de l’idéo­logie sécuritaire et l’individualisme moderne. L’homme est dualité: tourné vers le dedans et membre de la cité, sa tragédie intérieure comme son drame politique découlent de cette double et contradictoire orientation; toute vraie politique, toute religion , tout mythe qui prétend ignorer l’un des deux aspects ou supprimer l’une des appar­te­nances est malfaisant. L’être humain et son milieu réagis­sent en symbiose; c’est pourquoi il sera prioritaire de réintroduire dans les sociétés contemporaines le civisme et le loyalisme des citoyens, comme premier fondement d’une refonte globale du système.

 

- Face à la conception économiciste, mercantile et socié­taire de la vie sociale et individuelle, face à la sclérose et le déficit des institutions démocratiques qui se manifestent dans la structure des partis politiques et dans les méthodes de travail parlementaire, il convient de restaurer la su­pré­ma­tie de la sphère politique sur celle de l’économique, une politique au service du bien-être général, qui au-delà des clivages politiciens, de l’impuissance, de la gabegie, des lut­tes partisanes stériles saura sagement combiner l’auto­rité et la liberté, la hiérarchie et la justice sociale. Ainsi, le primat du politique en tant qu’incarnation d’une "polis" régénérée, saura écarter le plus insidieux et le plus nocif abus de pouvoir commis en Occident qu’est le "scientisme politique", cette prétention du rationalisme qui veut que la raison réglerait seule toutes les relations de la collectivité. Cette restauration du politique, terrain de communion, agira comme principe d’unité spirituelle, comme sym­bo­le unificateur d’une nation et ultime ancrage d’une ad­hésion à la famille de chaire et de sang que sont les na­tions.

 

-Dénoncer l’utopie conservatrice et réactionnaire du pro­grès. Depuis, Marx, Darwin, Rousseau, puis Fukuyama, le cou­rant progressiste, qui croit en un progrès linéaire et con­tinu de l’humanité, confondu avec les performances de l’informatique et des hautes technologies, nous annonce la fin de l’histoire. Or l’histoire même, les guerres, les géno­cides apportent un démenti radical à l’idée de progrès et même à l’idée de providence. Le mal pourrait se transfor­mer en bien, or la crise de l’idée de progrès résulte de la crise de la représentation du mal, d’un dérèglement de la dialectique du mal et du bien, corroboré par l’absence de représentation du point de démarcation entre le bien et le mal. Toute la philosophie du progrès est à revoir.

 

Une vision synecdotique et métonymique de l'univers

 

- Devant l’anti-historicisme de la pensée contemporaine, il convient de réinstaller au cœur de la vie des peuples le sens de l’histoire. L’histoire conçue comme un phénomène culturel, métapolitique et organique indispensable dans la vie et l’affirmation de l’être collectif que sont les peuples, laquelle est une succession de conflits, de mélanges entre le pouvoir consensuel et le pouvoir absolu, la liberté et la contrainte, l’égalité et la hiérarchie, l’initiative et le con­trôle multiple, la fraternité et la terreur. L’histoire s’ins­crit dans une vision "synecdotique et métonymique de l’u­nivers" qui, dans un espace-temps donné, est le vecteur d’une mise en forme et le moteur d’un ordre de choses, ex­pression d’un espace symbolique collectif, qui tire ses sour­ces d’une dialectique conflictuelle entre le conscient et l’in­conscient collectif des peuples.

 

- A l’idée illuministe et utopique d’une humanité au sin­gulier, substituer le concept d’une universalité régéné­rée par les valeurs de pluralité, de noblesse et de digni­té, une humanité en tant que jonction solidaire et orga­ni­que entre l’individu, la communauté et leur intégra­tion harmonieuse dans l’espace-temps.

 

Attirer l'adhésion volontaire des peuples

 

- Substituer à la conception gestionnaire libérale de l’Etat, la conception et la fonction anagogique de l’Etat souverain, comme créateur de valeurs et de concepts transcen­dan­taux, capables d’attirer l’adhésion volontaire des peuples.

 

-Dans la lignée de Hobbes et de Bodin, réhabiliter l’idée schmit­tienne du "nomos", d’un enracinement territorial de l’Etat moderne, à vocation  universelle qui supplanterait les mécanismes artificiels multinationaux et régionaux qui ser­vent l’uniformité mondialiste.

 

-A la suprématie de "l’international law", en vigueur et d’essence anglo-saxonne, en tant que droit international général, impersonnel, uniformisateur, abstrait et indiffé­ren­cié, le plus souvent instrumentalisé par les puissances dominantes, il conviendra de procéder à une refonte ju­ridique européenne, qui instituera un droit des peuples et des gens générateur d’un ordre de rapports organi­ques et différenciés entre les nations européennes, ga­rant du respect de la pluralité, de la gradation fonction­nel­le et de l’autonomie relative de chaque sujet et com­po­sante nationale. Un droit "éminent, central et de sou­verainetés partielles " —imperium eminens et jus singu­lare—, en vertu duquel il sera possible d’appliquer le principe pondéré des nationalités qui se substituerait aux divisions et aux inégalités générées par l’actuel "in­ternational law".

 

Hypertrophie logocentrique et refoulement du mythos

 

-Nous assistons, depuis l’ère philosophique socratique, à une contagion de l’hypertrophie logocentrique, marqué par le phénomène du "refoulement du mythos par le logos", lequel a précédé ce que Heidegger a appelé "la domination du logos", le règne du concept de la raison discursive et nar­rative précédant la période du nihilisme occidental. A cette image contemporaine logocentrique en laquelle un Logos construit le centre du monde, pour reprendre une expression de Ludwig Klages, il convient de substituer une nouvelle forme de déconstructivisme philosophique comme paradigme d’un nouveau nihilisme actif. Il ne s’agit pas ici d’opposer le "mythos", le langage en "état stationnaire", au soi-disant "logos" , " le langage en processus", car la dé­mon­stration irréfutable a été faite que le logocentrisme depuis les Lumières, et jusqu'à nos jours, a été contaminé par un es­prit de vengeance et de ressentiment, ce que Gabriel  de Mal­by, à la veille de la révolution, illustrera par ces ter­mes: "Vengez les droits de l’homme, c’est à quoi se réduit la poétique de l’histoire". De sorte que le logocentrisme de la philosophie contemporaine est devenu l’une des expres­sions les plus conservatrices et les plus totalitaires dans l’in­terprétation de la vérité et du monde. Il convient donc de substituer à cette interprétation logocentrique du mon­de une interprétation "épochale" de la vérité et du monde, permettant un retour à l’essence humaine, conçue non pas comme une hégémonie de la présence, mais comme la per­cep­tion active d’un perpetuum mobile de la remontée vers l’en-deçà de l’abaissement et de la réduction logocen­tri­que. Cette position déconstructiviste ouvrirait la voie vers une forme de philosophie active, qui pour combattre les théories totalitaires, ne l’affronte pas par un affrontement critique mais par le biais d’une pensée créatrice, qui dé­pas­se, transcende les oppositions, les contraires vers une forme de synthèse totale.

 

Le rôle actif, créateur et novateur du mythe

 

-Réinstaller dans l’histoire collective des peuples le rôle ac­tif, créateur et novateur du mythe. Non pas le mythe conçu comme l'image archaïque et stationnaire, passéiste, d’une figure fondatrice, mais comme le vecteur de nouvelles po­tentialités créatrices à l’oeuvre dans l’inconscient collectif et individuel des peuples. Même si, selon la définition de Lévi-Strauss, le mythe a longtemps été considéré comme une onde stationnaire, il est néanmoins certain que cette onde stationnaire est soumise à des ruptures. La rupture dans l’histoire contemporaine consiste dans le clivage entre l’entropie du mythe prométhéen progressiste et utopique des sociétés contemporaines et les leçons qualifiées comme "régressives" de l’histoire, ponctués d’événements tragi­ques à rebours d’un sens linéaire et progressiste de l’hu­ma­nité. Tout comme le langage, dont Deleuze et Fou­cault ont démontré qu’il s’agissait d’un composé de rapport de for­ce, nous assistons, à l’époque contemporaine, à une scis­sion entre le théâtre des énoncés c’est-à-dire, la glose mé­diatique et conformiste promettant la fin de l’histoire et l’a­vènement du bien-être de l’humanité entière, et la réa­lité du champ de visibilité quotidien c’est-à-dire l’actualité cruelle de tous les jours, une scission entre le primat du parler et de la penser unique et de l’irréductibilité du vi­sible. C’est précisément à l’intersection de cette scission, que nous entendons restaurer le rôle créateur du mythe, non plus comme une onde stationnaire, mais considéré com­me une onde dynamique et dialectale d’un rapport de forces.

 

Non pas le mythe fondateur de jadis mais une nouvelle forme de "mythe constitutif" et dynamique, constitutif de "jus terrae", projection archétypale du "jus spiritus", sub­stituant au processus de la sécularisation de l’histoire et à sa réduction à une forme d’engineering realpoliticien et cal­culateur, la matrice et support d’un nouveau droit, fac­teur "historicisant", d’une affirmation souveraine, d’une né­gation radicale, d’une confrontation constante de forces opposés et irrationnelles en perpétuel devenir. Le "logos" mondialiste, qui désagrège les continuités naturelles et his­toriques, crée des séismes épistémologiques, marqués par le signe de l’inadéquation. Lorsque l’on entre dans le champ de la mondialisation technicienne, nous s’assistons plus aux transmutations mais à l’action des forces muti­lantes, et au règne des mutations brutales.

 

Le logos mondialiste élimine le rôle cognitif de l'imagination

 

A la relation corps-âme-esprit de l’univers du "mythos" se substitue l’inéluctabilité d’un dualisme foncier qui relègue l’imagination et l’inconscient à la folie. Car l’espace du "my­thos" est l’espace de la transmutation qui ne s’épanouit que par l’imagination. Notre nouveau mythe constitutif vo­yage à travers d’autres cultures qu’il assimile par l’espace de transmutation. C’est-à-dire que la convergence s’opère au plan des symboles. La transmutation du "mythos" possè­de une faculté transfiguratrice en vertu de laquelle un sym­bole, un archétype, sort de sa propre constellation, passe à la suivante, s’y installe, en subit l’impact mais retrouve sa propre origine et longueur d’onde, sans dégrader le champ d’allégorie et sans mutilation. Le "logos mondialiste" éli­mine le rôle cognitif de l’imagination en lui substituant le langage virtuel. Dès lors, à la transmutation des formes sym­boliques se substituent des mutations de toutes espè­ces, avec l’explosion de contenus étrangers dans des for­mes inadéquates à les contenir et le résultat est l’appa­ri­tion de formes hybrides, des monstres de Frankenstein, un bri­colage idéologique produisant des amalgames construits des plus pervers. Seul le "mythos" qui conquiert, digère et intègre par voie de transmutation est en mesure de par­ve­nir et de faire croître le "telos" des grandes cultures univer­salisantes.

 

Face aux passéismes oniriques des souverainistes et l’ab­sen­­ce de vision d’avenir des technocraties gouvernantes, le seul choix historique est désormais entre l’Europe, en tant que communauté spirituelle de nations unies par la même histoire, la même culture et le même destin, et l’ultra­li­béralisme américain fondé sur le consumérisme cosmo­po­lite. A la rhétorique médiatique dominante, pleurni­char­de et fallacieuse quand elle évoque le fossé Nord Sud, le fossé entre riches et  pauvres, il conviendra de dénoncer priori­tairement le génocide culturel et identitaire euro­péen. C’est pourquoi, l’européanisation indispensable des nations européennes se fera sous la forme de cercles con­centriques qui, de façon centripète, agiront à partir  des axes "pié­mon­tais" franco-germanique, germano-mitteleu­ro­péen, et germano-russe, fondement de l’unité et de l’idéal sym­pho­nique grand européen.

 

Rodolphe LUSSAC.

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mardi, 25 mars 2008

Eurasia come destino

Eurasia come destino

Luca Leonello Rimbotti

Aleksandr Dughin, Eurasia. La rivoluzione conservatrice in Russia Quello che ci domina non è un Impero. L’America ha un esercito e un’industria molto forti: ed è tutto. Le sue multinazionali - assai più agevolmente dei suoi eserciti - occupano qua e là nazioni e intere aree. Poi, però, l’America perde sempre la pace. Contrariamente a quanto ne pensano Luttwak, il geostratega dei finanzieri, oppure Toni Negri, il parafilosofo della borghesia parassita, gli USA non sono affatto un Impero, ma la sua grottesca parodia: non un segno di interiore potenza, non un cenno di superiore civiltà, nessun grandioso disegno valoriale, che non sia l’ottusa ripetizione di una vuota parola, in cui non crede più nessuno: democrazia, solo e sempre lo stesso logoro slogan.

Il disegno politico di opporre al Nulla planetario la sostanza di un vero Impero portatore di tradizione culturale, di civiltà e di autentico potere di popolo ha i confini precisi dell’Eurasia. In quello spazio geostorico che va da Lisbona a Vladivostok - l’Europa decenni or sono indicata da Jean Thiriart - numerose intelligenze politiche europee dell’ultimo secolo hanno visto la giusta risposta agli interrogativi posti dalla moderna politica mondiale. Se proprio quest’anno si ricordano i cento anni della conferenza londinese in cui Sir Halford Mackinder gettò le prime basi della moderna geopolitica, è proprio per rammentare che fin da allora l’Eurasismo poté dirsi una via ideologica e politica prettamente europea. Si voleva la risposta del blocco di terraferma nei confronti della talassocrazia mercantilista anglo-americana, già allora ben delineata. Behemoth contro Leviathan. La schmittiana, solida e immutabile Terra, contro il liquido, infido e mutevole Mare. Oppure, per dirla con le parole antiche di Pound: contadini radicati al suolo contro usurai apolidi. L’Eurasismo è il disegno geopolitico di assicurare l’Asia centrale all’Europa, per farne un blocco in grado di reggere la contrapposizione con il mondo occidentale-atlantico.

Antica idea russa, questa. I Russi avevano - (hanno?) - come una doppia anima: temono l’Asia (specialmente l’Asia gialla), ma ne amano il mistero, gli spazi. Dostoewskij ben rappresenta quest’angoscia russa. Maksim Gorkij, ad esempio, che pure stava dalla parte dei bolscevichi, era terrorizzato dalla possibile mongolizzazione della Russia bianca. Savickij invece, uno dei primi “eurasisti”, proclamava l’Oriente come fatale terra del destino europeo. Per parte sua, Karl Haushofer - lo studioso tedesco che con Ratzel fu il vero fondatore della geopolitica - aveva un’idea ben chiara: “Europa alleata della Russia contro l’America”. Intorno a questa nuova scienza - la geopolitica - da lui energicamente divulgata, si ritrovarono in molti.

L’Eurasismo come movimento politico storico fu cosa effimera: nato nel 1921 a Sofia per iniziativa di alcuni russi fuggiti dalla rivoluzione, si diceva erede dei vecchi slavofili: sognavano una grande Russia eurasiatica avversa all’Occidente. Cristiani ortodossi, alla maniera di Spengler pensavano che l’Occidente stesse tramontando e che al suo posto dovesse sorgere la “terza Roma” moscovita. Ma già nel 1927 l’organizzazione, infiltrata dai bolscevichi, sparì dalla scena. Ma non le sue idee. Che l’Europa dovesse sottrarsi all’egemonia anglosassone e al crescente predominio americano, appoggiandosi invece alla Russia e al suo prolungamento asiatico, rimase una convinzione diffusa. Il nazional-bolscevismo fu una viva espressione di questa tendenza, soprattutto nella Germania di Weimar, ma anche nell’URSS. Furono in diversi - a cominciare da Ernst Niekitsch - a pensare a una forma di comunismo nazionale e a un asse Berlino-Mosca, per creare una nuova forma di politica europea macro-continentale. E persino Alfred Rosenberg rifletté su un blocco russo-germanico. Erano orientamenti politici, ma al di sotto si animavano forti suggestioni culturali. L’Asia centrale, il Tibet, la Mongolia: realtà mitiche e mistiche, di cui alcuni personaggi subivano uno strano fascino. Era la terra magica del “Re del Mondo”, una specie di ombelico terrestre che si diceva racchiudesse tradizioni, saperi, occulte potenze. Questo mito era alimentato da figure al limite del fantastico: Roman Ungern-Sternberg, ad esempio. Detto Ungern Khan, questo bizzarro barone baltico combatté l’Armata rossa in Asia centrale, organizzò un esercito di cosacchi, mongoli, tibetani, siberiani, puntando all’erezione di un Impero teocratico di tipo lamaista in Eurasia. Claudio Mutti riporta che egli avrebbe ereditato, come potente talismano, nientemeno che il misterioso anello con la svastica che era stato di Gengis Khan.

Ma ci furono anche eminenti studiosi che videro nell’Asia centrale il fulcro di una forza che l’Europa avrebbe fatto bene ad assicurarsi. Giuseppe Tucci, grande orientalista, promosse studi, viaggi, contatti, fondò istituti e riviste, si disse convinto che il patrimonio di conoscenze esoteriche di cui l’Asia è detentrice dovesse far parte della nostra cultura: “Io non parlo mai di Europa e di Asia, ma di Eurasia”. Ma si può ricordare anche l’etnologo e geografo svedese Sven Hedin - tra l’altro, noto ammiratore di Hitler - che vagò per tutta la vita nell’Asia centrale alla ricerca delle sue più arcane tradizioni. E sulle tracce di un Tibet lontano padre del mondo ariano si misero, in quegli stessi anni, anche studiosi e ricercatori delle SS. A tutto questo si intrecciano interi brani di quella cultura alternativa, animata dall’esoterismo tradizionalista, che può riassumersi negli studi in materia portati avanti da Guénon o da Evola. E per molti decenni fu Lev Gumilëv, storico dei popoli della steppa, a lungo perseguitato dai sovietici, a elaborare il modello eurasiatico e a rilanciarlo anche in epoca post-comunista. Ma la geopolitica, erede della “geografia sacra” e così ricca di retroterra sapienziale, è soprattutto realtà. E’ la scienza che lega economia, storia e geografia: i popoli devono seguire le vie della loro collocazione, non quelle degli interessi dettati dall’internazionalismo finanziario. La geografia è quella: immutabile nei secoli, e i bisogni dei popoli ne sono la diretta conseguenza.

Da un po’ di tempo, sotto la spinta negativa dell’espansionismo americano-atlantista, si è avuto un ritorno della concezione geopolitica e, di conseguenza, dell’Eurasismo. Nella Russia post-comunista, una forma di Eurasismo è rinata per iniziativa di Aleksandr Dughin, che nel 1992 fondò la rivista “Elementy”, recante il sottotitolo “rassegna eurasista”. E tuttavia, il suo è un Eurasismo differente da quello religioso e conservatore degli anni venti. Dughin si è rifatto alla Rivoluzione Conservatrice tedesca - di cui Karl Haushofer era stato leader in materia di geopolitica - oppure a quell’ambiente della Nuova Destra europea (De Benoist, Steuckers) che ha fatto della scelta europeista anti-americana un suo cardine: rompere con l’atlantismo filo-americano, che sta portando i popoli alla rovina. Guardare invece a est, alla Russia, e a tutto quell’enorme bacino centroasiatico, dalle cui potenzialità ancora inespresse potrebbe partire un progetto di antagonismo politico di portata mondiale.

L’Eurasia non è una trovata dell’ultima ora. Quella di guardare alla Scizia, al Caucaso o addirittura alle Indie è un’antica nostalgia europea. Oggi la geopolitica ci ricorda che i bisogni, la collocazione e la terra dei nostri popoli europei sono i medesimi di duemilacinquecento anni fa. Solo che, nel frattempo, e in nome di interessi estranei, lontani e pericolosi, la nostra identità viene per la prima volta nella storia minacciata molto da vicino. La geopolitica e l’Eurasismo servono a ricordarci che l’Europa ha in mano la possibilità di gestire uno spazio imperiale omogeneo territorialmente e culturalmente, bene in grado di fronteggiare l’imperialismo atlantista-occidentale, e che questo grande spazio aspetta solo di essere organizzato da una volontà politica. Poiché l’Europa si merita un destino europeo.

* * *

Tratto da Linea del 4 Luglio 2004.

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lundi, 24 mars 2008

Quand les Turcs ravageaient le Frioul

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Archimede Bontempi:

Quand les Turcs saccageaient le Frioul

Pier Paolo Pasolini, qui était Frioulan (et fier de l'être), a tou­jours gardé le souvenir des histoires que la tradition orale et populaire lui avait légué; plus tard, il a lu les docu­ments conservés dans les archives municipales de sa pro­vince. Ces souvenirs et cette lecture l'ont conduit à écrire une pièce de théâtre, où transparaît toute son émotion, I Turcs tal Friûl, dans laquelle il a introduit une prière rap­pelant les invasions les plus effrayantes de ces cinq der­niers siècles, remémorées par les documents d'archives de no­tre Europe. Cette œuvre dramatique de Pasolini est l'une des rares pièces jamais rédigées sur l'invasion et l'oppres­sion subie par le peuple frioulan, face aux Ottomans. Quels ont été les faits historiques?

Les premières pressions ottomanes sur la Padanie orientale re­montent à plus de 500 ans, quand les troupes d'Osman Bey amorcent une série d'incursions terribles en partant de leurs bases en Bosnie, terre où ils se sont installés après le succès de l'invasion menée personnellement par le Sultan Mourad I et la défaite de l'armée serbe au Champs des Mer­les au Kosovo-Métohie en 1389.

En 1415, l'armée ottomane soumet la Slovénie (terre im­périale!) et des bandes d'irréguliers bosniaques et albanais pénètrent dans le Frioul pour en saccager les campagnes. Ils n'osent pas encore s'approcher des villes, bien défendues par les troupes de la Sérénissime. En 1472, pour la pre­miè­re fois, une armée régulière ottomane se présente aux fron­tières. Huit mille cavaliers turcs franchissent l'Isonzo et arrivent aux portes d'Udine. Leur nombre est toutefois in­suf­fisant pour disloquer les défenses frioulanes. Ils se con­ten­tent de décrocher en emportant leur butin et les escla­ves qu'ils ont capturés au sein de la population. Venise sent le danger et ordonne la construction d'une ligne de fortifi­ca­tions entre Gradisca et Fogliano et d'un mur entre Gra­dis­ca et Gorizia. Cinq ans plus tard, le 31 octobre 1477, une véritable armée bien structurée attaque le Frioul, déjà é­prouvé en août par une invasion de troupes de cavaliers, légères et mobiles. Lorenzo de Papiris nous narre cette attaque dans une chronique conservée dans les archives du chapitre d'Udine. L'avant-poste de Cittadella sur l'Isonzo tom­be; les Ottomans se répandent dans le Frioul. Vieillards et enfants sont systématiquement massacrés. Les garçons et les femmes sont enlevés pour être réduits en esclavage dans l'Empire ottoman. Au printemps suivant, les hordes tur­ques pénètrent en Carniole et en Carinthie, terres ger­ma­niques et impériales, pour y commettre les mêmes dé­pré­dations. Ces attaques sont les premières escarmouches dans une longue série d'invasions.

1499: le Frioul ravagé et incendié

Dans la nuit du 28 septembre 1499, une armée de 30.000 hom­mes, commandée par Iskander Bey, vient renforcer les bandes d'irréguliers bosniaques, albanais et tziganes qui é­cu­ment les campagnes à la recherche de butin et d'escla­ves. Les 30.000 hommes d'Iskander Bey franchissent l'Ison­zo, assiègent la forteresse de Gradisca, où se sont retran­chées les troupes de la Sérénissime. Tout le Frioul est in­cen­dié: du haut des clochers de San Marco à Venise, on pou­vait voir rougir les flammes des incendies allumés par les Ottomans dans toute la plaine, de la Livenza jusqu'au Ta­gliamento. Les flèches incendiaires, enduites de soufre, n'é­pargnaient ni les petites bourgades ni les fermes isolées. Les Ottomans assiègent ensuite Pantanins. Aviano, Polceni­go, Montereale, Valcellina et Fono tombent les unes après les autres. Morteglan, solidement fortifiée, résiste, mais un tiers de la population est tué ou déporté. Selon le haut ma­gi­strat vénitien Marin Sanudo, 25.000 Frioulans disparais­sent durant cette invasion. Marco Antonio Sebellico, de Tar­cento, écrit que toute la plaine entre l'Isonzo et le Ta­gliamento n'est plus qu'un unique brasier. Aujourd'hui en­co­re, une stèle rappelle l'événement à la Pieve de Tricesimo: «…et le dernier jour d'octobre, les Turcs ont franchi l'Isonzo pour venir ensuite brûler notre patrie de fond en comble».

La valeur militaire des estradiots serbes

Les seules troupes capables d'opposer une résistance réelle aux Ottomans ont été les estradiots (ou stradiotes) serbes et grecs qui combattaient pour le compte de la Sérénis­si­me. Ces troupes réussirent à tuer mille Ottomans dans les durs combats sur la plaine d'Udine. Elles connaissaient bien les techniques de combat des Turcs: de rapides incursions de cavaliers, qui criblent leurs cibles de flèches incen­diai­res, puis feignent de se retirer, pour ré-attaquer avec la ra­pi­dité de l'éclair. Les estradiots étaient capables de contrer cette stratégie, propre des peuples de la steppe. Ils ont aus­si été utilisés contre les alliés des Turcs, les Français, en pénétrant les rangs de la cavalerie lourde pour en dis­loquer les dispositifs.

Le 4 octobre, comblés de butin et d'esclaves, l'armée otto­mane s'apprête à repasser le Tagliamento, mais la rivière est en crue et tous les prisonniers ne peuvent se masser sur les bacs et radeaux. Pour ne pas s'en encombrer, Iskander Bey en fait égorger plus de mille sur les rives du Taglia­men­to. Le gros de l'armée passe à côté de Sedegliano, assiège le château de Piantanins, et met un terme à la résistance désespérée des Frioulans, commandés par Simone Nusso de San Daniele, qui, capturé, sera empalé par les vainqueurs. Le château est complètement rasé.

Le Frioul mettra de très nombreuses années pour se re­met­tre de ces ravages. Le Doge de Venise, Agostino Barbarigo, à la demande des nonnes d'Aquileia, exempte de nom­breu­ses communes de l'impôt. Le Sultan Bajazet II, plus tard, reprend cette guerre d'agression contre Venise sur terre et sur mer, avec l'appui de la France, allié traditionnel des Ot­tomans. Marco d'Aviano, prédicateur de réputation euro­péen­ne, qui s'était distingué pendant le siège de Vienne en 1683, n'a jamais cessé de puiser des arguments historiques dans les chroniques frioulanes relatant ces invasions. C'est ce qu'il a fait quand il exhortait les troupes de l'armée européenne qui s'apprêtaient à libérer l'Europe du Sud-Est de la domination turque. L'écrivain contemporain Carlo Sgor­lon retrace la biographie de ce prédicateur thaumatur­ge dans son roman Marco d'Europa.

Archimede BONTEMPI.  

(article paru dans La Padania, le 20 octobre 2000; http://www.lapadania.com ).

 

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dimanche, 23 mars 2008

Entretien avec Christophe Gérard

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Christopher Gérard: Parcours d'un païen

 

Acte un. Imaginez un gamin, douze ans à peine, pas­sionné d'archéologie, penché sur le squelette d'un guer­rier franc enterré là depuis quoi ? dix, quinze siècles... L'enfant, pas encore un adolescent, s'active pour mettre à jour les restes du vieux Belge qui en son temps dut être un rude gaillard ardennais. Pour Christopher —car vous l'aurez deviné, c'est de lui qu'il sagit— plus qu'une pièce de musée c'est une authentique relique qu'il est en train d'exhumer. Mieux: qu'il ressuscite. Premier senti­ment de religiosité, et déjà, confusément, le sens du tra­gique. L'alchimie s'opère.

 

Acte deux, quelques années ont passé. Nous retrouvons Christopher, jeune homme toujours passionné de fouilles, dégageant du chantier où il s'affaire une pièce de monnaie romaine du règne de Constantin. On lui a dit que ces rui­nes, tout ce qu'il reste d'un édifice jadis magnifique, re­montent aux premiers chrétiens et à leur frénésie destruc­trice. Pourquoi un tel déchaînement de violence ? Il frotte la pièce, parvient à lire l'inscription qui y est martelée. En bon latiniste qu'il est, il n'éprouve aucune peine à la tra­dui­re. Soli Invicto Coniti. Sans qu'il s'en rende bien compte, quel­que chose se produit en lui, comme une prise de cons­cience qui va déterminer toute sa vie. Sa religion est faite.

 

Si vous demandez à Christopher Gérard ce qu'il fait dans la vie, question typiquement occidentale qu'il déteste, sa ré­pon­se sera invariablement la même: «archéologue de la mé­moire». Avec ça, vous serez bien avancé. Demandez-lui plu­tôt qui il est, et d'où il vient. Là, il vous répondra tout ac­cent dehors: «Moi, Irlandais, Germain et Hellène»! Né new-yorkais en 1962, d'un père belge et d'une mère d'ori­gi­ne irlandaise, Christopher Gérard n'attend pas sa première année pour faire son grand retour sur le Vieux Continent. Il n'en bougera plus que pour effectuer deux voyages en Inde, ce qui, pour Gérard l'indo-européen revient au même, ou à peu près. Une fois diplômé de l'Université Libre de Bruxel­les (licence de philologie), Gérard se lance dans l'enseigne­ment. Mais pas n'importe lequel, celui de la plus vieille sa­gesse européenne, celle que lui a révélé sa double forma­tion et d'historien et d'helléniste-latiniste. Par des moyens modernes, Christopher Gérard entend diffuser la vision du mon­de qui est la sienne, la vision archaïque d'avant l'arri­vée des chrétiens.

 

Le chemin de Wilflingen et la naissance d'Antaios

 

Ne manquant pas d'ambition et prenant son courage à deux mains, il prend la route de Wilflingen en 1992 après Jésus Christ (la précision a son importance) et frappe à la porte d'Ernst Jünger, pour obtenir de lui l'autorisation de repren­dre à son compte la publication d'Antaios, revue détudes po­lythéistes que le nonagénaire auteur du Traité du rebelle avait cofondé et animé avec Mircea Eliade de 59 à 71. Jün­ger accepte. Le premier numéro d'Antaios nouvelle formule paraît sous le parrainage de l'anarque le 8 novembre 1992. Une date des plus symboliques; le 1600ème anniversaire de l'in­terdiction du paganisme par l'empereur chrétien Théo­do­se, le 8 novembre 392. Antaios se veut une source d'in­spi­ration pour préparer le XXIème siècle, dont on sait de­puis Jünger qu'il sera celui des Titans, et le XXIIème siècle, ce­lui des Dieux, toujours selon Jünger. Depuis, Antaios s'ho­nore d'accueillir dans ses pages Michel Maffesoli, Alain Daniélou, Arto Paasilina, Robert Turcan, Gabriel Matzneff, ou Jean-Claude Albert-Weill, et publie des inédits de Cio­ran, Michaux, Borges, F.G. Jünger, Evola et Ziegler. Existe aussi pour soutenir la revue une Société d'Etudes Polythéi­stes, fondée en 1998, un 8 novembre également.

 

Le paganisme selon Christopher Gérard? L'expression, su­per­be, est de lui: «redevenir soi-même macrocosme». Pas de divinité tutélaire, ni menu à la carte, façon New Age. Pas question de se convertir au brahmanisme ou à l'hin­douis­me. Ridicule! Pas de mythe de l'Age d'Or. Pas d'illusion sur la technique, mais pas de blocage mental dessus. Pas d'i­dolâtrie non plus. «Méden agan» (rien de trop). Prier une multitude de dieux revient toujours à vénérer le seul et mê­me dieu démultiplié en autant de services à rendre. Non, le paganisme vrai consiste à révérer l'un et son con­trai­re, Apollon et Artémis, Sol et Luna, tous participant d'un même ordre du monde harmonieux, dans une pratique per­sonnelle, libre et joyeusement acceptée. Une ascèse, un combat aussi, contre le monothéisme génocidaire, l'ho­mo­généisation, les idéologies modernes. Rien de plus éloi­gné du paganisme que le fanatisme, le sectarisme reli­gieux. Cest pourquoi Gérard n'aime pas le mot foi, et lui pré­fère fides (sa devise, «Fides aeterna»).

 

Et n'allez pas lui dire que le monde est désenchanté, lui vous rétorquera crépuscule en bord de mer, brâme du cerf au petit matin, bruissement du vent dans les branches, chant du ruisseau. Entretien (propos recueillis par Laurent SCHANG).

 

Le Baucent: Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas en­core, Christopher Gérard, pourquoi ce titre, Parcours païen ?

 

Christopher Gérard: Parcours païen est un recueil de tex­tes illustrant le réveil des Dieux dans la conscience d'un jeu­ne Européen d'aujourd'hui. La pensée grecque, surtout celle des présocratiques (sans oublier l'héritage tragique), l'empereur Julien, le souvenir de fouilles archéologiques menées durant l'adolescence, la figure solaire de Mithra, des voyages aux Indes sur les traces d'Alain Daniélou, l'Ir­lan­­de ancestrale, tous ces éléments à première vue dis­pa­ra­tes, mais d'une cohérence souterraine, composent le pay­sa­ge mental d'un «Païen» d'aujourd'hui. La vision proposée est donc personnelle: il s'agit bien d'un itinéraire peu banal et d'un témoignage, celui de la permanence d'un courant polythéiste en Europe.

 

En rassemblant ces textes, j'ai voulu offrir au lecteur des pi­­stes de réflexion et montrer que le Paganisme est à la fois civilisateur et apaisant. Trop de malentendus, de ca­ri­ca­tures l'ont rendu «suspect» et il était temps d'en finir avec toute une bimbeloterie pseudo-païenne.

 

Le paganisme: une intelligence profonde de la Vie

 

Ce recours à la mémoire païenne constitue un idéal de rési­stance aux ravages de la modernité. Prenons un exemple: les Grecs nous ont livré comme principale leçon de ne se laisser arrêter par aucune question, de refuser tout dogma­tisme. Or notre modernité, héritière d'un Christianisme dé­sincarné (protestantisé), se fonde sur des dogmes: auto­no­mie de l'individu, mythe du progrès, etc. Etre Païen, c'est opposer à ces chimères les cycles éternels, la souveraineté de la personne, c'est-à-dire des hommes et des femmes de chair et de sang qui héritent, maintiennent et transmettent des traditions, une lignée, un patrimoine au sens large. Je lisais il y a peu le beau roman d'un authentique Païen, Jean-Louis Curtis, Le Mauvais Choix (Flammarion 1984). E­coutons ce que cet homme remarquable hélas disparu dit du Paganisme: «On discerne dans le Paganisme une grâce quasi miraculeuse, une intelligence profonde de la vie, du bonheur de vivre. Alors point de religion contraignante, mais seulement des fables gracieuses ou terribles, (...) des choses de beauté qui étaient à la portée de tous». Curtis voit bien que les utopies, ces maladies de l'intelligence, vo­missent le sacré parce qu'elle y voient une menace. Etre Païen aujourd'hui, c'est refuser les utopies, la marchan­disa­tion du monde et le déclin de la civilisation européenne. Le Paganisme aujourd'hui, c'est être à la fois archaïque et fu­tu­riste, comme dirait Guillaume Faye. C'est aussi reven­di­quer haut et fort une souveraineté attaquée de toutes parts.

 

Je vous signale qu'en plus, l'ouvrage comprend une défense de l'Empire: du Brabant à la Zélande, de la Lorraine au Limbourg, nous sommes tous les héritiers d'une civilisation prestigieuse. Il nous appartient de rétablir l'axe carolin­gien, pivot d'un ordre continental digne de ce nom. Ad­ve­niet Imperium!

 

Parcours païen est le premier titre d'une nouvelle collec­tion que je dirige aux éditions L'Age d'Homme intitulée An­taios qui, comme l'indique clairement son Manifeste po­ly­théiste est d'affirmer de façon sereine, par le biais de tra­vaux sérieux dans le cadre de l'érudition sauvage que «les Dieux sont fiction, mais non fabulation» (Ernst Jünger).

 

Le B.: Vous citez abondamment Ernst Jünger et on com­prend pourquoi. Mais que pensez-vous de son com­pa­triote Hermann Hesse, dont l'œuvre immense, disponible au format de poche, présente bien des similitudes avec cel­le de Jünger, en particulier s'agissant de la vision du monde, et ce malgré deux cheminements dans le siècle à l'op­posé l'un de l'autre ? Je pense à Siddharta, Demian, ou Le Loup des steppes.

 

C.G.: Vous avez raison de faire référence à cet écrivain «alémanique», que Jean Mabire définit très justement dans Que lire II (1995) comme «le plus fidèle disciple de Nietz­sche, mais aussi des romantiques allemands». La lecture de Siddhartha m'a bouleversé autant que celle de Sur les fa­laises de marbre. Hesse, comme Jünger est l'un des grands éveilleurs de l'aire germanique: tout jeune Européen doit avoir lu Le Loup des steppes, Le Voyage en Orient, Le jeu des perles de verre,... J'empoigne mon exemplaire annoté de Siddhartha et je tombe sur ces li­gnes: «Qu'un héron vînt à passer au-dessus de la forêt de bambous et Siddhartha s'identifiait aussitôt à l'oiseau, il vo­lait avec lui au-dessus des forêts et des montagnes, il de­ve­nait héron, vivait de poissons, souffrait sa faim, parlait son langage et mourait de sa mort». Quelle plus belle évocation du Paganisme?

 

Le B.: Récemment j'ai vu un documentaire sur le dé­cryp­tage par Champollion de la pierre de Rosette. Sa métho­de aujourd'hui est connue: comparer les textes grecs gra­­vés sur la pierre à ceux en caractères hiéroglyphi­ques. Après coup je me suis souvenu de ce que disait Si­mone Weil, qui affirmait un siècle après Champollion, que la Grèce n'aurait pu exister philosophiquement, re­li­gieu­sement et métaphysiquement sans l'apport de l'E­gyp­te, qu'elle n'en est en quelque sorte que la fille aînée. Propos pour le moins déconcertants, en tout cas pour moi, et qui rappellent la thèse controversée du livre Black Athena. Votre avis sur la question? 

 

Dans le même ordre d'idées, que faut-il penser de l'inter­prétation chrétienne, en particulier développée par Si­mo­ne Weil, qui veut que la Grèce ait trouvé la finalité de son œuvre intellectuelle et spirituelle dans le catho­licis­me, via le judaïsme des intellectuels gréco-latinisés, les Fla­vius Josèphe d'Egypte et d'Israël?

 

C.G.: Je connais mal l'œuvre de Simone Weil, mais com­ment ne pas partager sa méfiance pour les sociétés indus­trielles en tant que systèmes aliénants? L'Enracinement, écrit à Londres en 1943 peu avant sa mort, comporte des pa­ges splendides que tout dissident peut faire siennes. Ceci dit, son pacifisme, son admiration pour la révolution bol­che­vique ne me séduisent pas ni surtout son lent suicide et son goût de la mortification. Sur le plan religieux, elle se dé­finit davantage comme «helléno-chrétienne» que comme disciple de l'Ancien Testament, ce en quoi elle renie ses an­cê­tres juifs. Je ne crois pas à la théorie à la mode chez di­vers Catholiques de la «préparation évangélique», vieux thè­me de la propagande chrétienne depuis le IIIe siècle: la pensée et les rites du Paganisme auraient préparé le triom­phe nécessaire et absolu du fils d'un charpentier palestinien en qui le Dieu créateur de l'univers se serait incarné pour assurer, par le biais d'un supplice infamant, le salut indivi­duel de milliards d'individus décédés, vivants et à naître. Se­lon ces justifications a posteriori déguisées en thèses pro­vi­dentialistes, le seul Catholicisme (Protestants et Or­tho­doxes comptent pour du beurre) serait l'horizon indépas­sable de la pensée (même prétention à la perfection dans le marxisme!). Pour un Païen conséquent, du IVe ou du XXe siècle, ce ne sont là que fantasmagories, bricolage théolo­gique et syncrétisme stratégique en vue du contrôle des es­prits (l'appropriation du platonisme par les Philon, Clément dAlexandrie et autres penseurs chrétiens, l'organisation du culte des saints pour satisfaire les attentes des paysans, par exemple). Entreprise qui trahit une origine bien humai­ne.

 

Paganisme éternel et christianisme cosmique

 

Le Paganisme éternel est une religiosité cosmique et poly­théiste, une Tradition sans début ni fin, ignorant le Dieu créateur extérieur à sa création, le dogme (tombeau de la pensée), le prosélytisme (signe d'une faiblesse intrinsèque, d'un doute fondamental), le sens linéaire de l'histoire, etc. Que des influences de la Grèce sur l'Egypte et vice versa (et sans doute de l'Inde sur la Grèce et l'Egypte) aient été im­portantes, c'est une évidence: le monde antique est fait de ces correspondances mystérieuses. Mais cela ne doit pas nous entraîner dans un confusionnisme qui, s'il peut se ré­véler socialement acceptable, n'en demeure pas moins un malentendu, bref une impasse de la pensée. Si le paysan eu­ropéen pouvait jadis être l'adepte parfaitement incons­cient et sincère de ce que M. Eliade appelle justement le Christianisme cosmique (qui n'a rien à voir avec les Evan­giles!), un Européen cultivé d'aujourd'hui doit être cohérent et opérer un choix entre le culte exclusif du Crucifié censé nous sauver d'un hypothétique péché originel et les reli­gions cosmiques qui constituent l'authentique Traditio pe­ren­nis. Si des rites, des lieux et des mythes préchrétiens (idem dans le Judaïsme et l'Islam qui se sont nourris des traditions antérieures) ont été superficiellement revêtus d'un vernis chrétien et donc récupérés, cela ne fait pas d'eux des rites, des lieux et des mythes chrétiens. Chartres est moins chré­tien que traditionnel. Que le culte de la Vier­ge recouvre ce­lui, originel, de la Grande Déesse, ne fait pas de celle-ci la mère du Nazaréen. En ce sens, les Pro­tes­tants sont d'ail­leurs plus cohérents. Je préfère évidemment la posture ba­roque, qui n'est plus celle de l'Eglise actuelle, de plus en plus infectée d'esprit protestant! Mais l'am­bi­va­lence baro­que est-elle possible aujourd'hui?

 

Le B.: Cette année encore, la fête d'Halloween a connu un record d'affluence. Que pensez-vous de ces festivités essentiellement commerciales en provenance des Etats-Unis, et de leur condamnation par l'Eglise en tant que manifestation du Paganisme, à l'image, paraîtrait-il, de la Gay Pride?

 

C.G.: Je vous avoue que je lis peu la «grande» presse (je lui préfère de modestes bulletins rédigés par des hommes de conviction comme votre Baucent), je n'ai pas la télévision (je tiens à mon intégrité mentale) et je n'écoute jamais la radio (je pratique l'écologie active: éviter toute forme de pollution, y compris sonore). Tout ce tumulte dont vous par­lez m'est donc étranger. J'ai bien aperçu lors de prome­nades cette avalanche de citrouilles et de sorcières, ces figurines plutôt kitsch. Que dire? Je ne fête pas Halloween déguisé en sorcière avide de chouingomme, mais la Samain, antique fête des Druides et des Guerriers, qui est en fait une veillée d'armes. Le premier novembre, pour les Celtes, est une date plus importante que le Solstice d'hiver. Pen­dant quelques jours, les hommes ont accès, sans risque de sacrilège, à l'Autre Monde, celui des Dieux. Le temps est sus­pendu et bien des barrières sont momen­tanément le­vées. La Samain est un moment décisif dans la lutte éter­nelle des Dieux contre les forces du néant; elle est aussi le prologue à l'obscurité qui s'étend. La fête per­met à tous de se préparer à triompher des obstacles: il s'a­git, oui, d'une veillée d'armes, d'où la Mort n'est pas absen­te, mais sans rien de lugubre ni de ludique. C'est vous dire si je ne me reconnais pas dans les enfan­tillages venus des States, cette débauche de consumérisme et d'infantilisme (soyons en­fantins, peut-être, mais pas in­fan­tiles!). La Sa­main est tra­gi­que, Halloween, c'est kitsch. C'est comme si nous com­parions le Tokay à je ne sais quelle mixture bru­nâtre à bulles.

 

Quant aux imprécations de l'Eglise, elles sont fort am­bi­guës. Une chose est de condamner la grotesque gay pride et l'invasion des citrouilles —symbole de crétinisation—, mais de là à parler de Paganisme... Le culte de la mar­chandise, du Veau d'or, la dépravation ou l'exhibitionnisme n'ont strictement rien de païen. Je suis pour ma part le pre­mier à rejeter ces ferments de décadence. Mais le clergé fait mine de confondre la plus ancienne religion du monde (qu'ils ont pillée sans vergogne) avec les pires ma­ni­festations de l'âge sombre. Ce qui dérange en fait ce cler­gé, c'est la vitesse avec laquelle une fête celtique (instru­men­talisée par les mercantis) efface la lugubre Toussaint. C'est de voir que l'imprégnation chrétienne cède si vite la place à de très archaïques archétypes, que la teinture chré­tienne disparaît sous les assauts inlassables du vent et de la pluie. La même remarque peut s'appliquer aux soirées techno: ce n'est pas ma tasse de Bushmills, Dieux merci, mais il est clair que l'ombre de Dionysos s'étend sur ces fê­tes crépusculaires. Heureux retour des temps.

 

Propos recueillis par Laurent SCHANG, le 8 novembre 2000, anniversaire de l'interdiction de tous les cultes païens par Théodose (392).

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samedi, 22 mars 2008

Guerres latentes et stratégie des "Contras"

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Guerres latentes et stratégie américaine des "Contras"

Parmi les éléments clefs de la doctrine de Reagan, intro­dui­te au début des années 80, il y avait l'application de la tac­tique de la guerre indirecte, par le truchement de groupes criminels, agissant au titre de marionnettes (cf. les termes "War by proxy", guerre par procuration, et "Contras strategy", stratégie des contras). Cette stratégie a été ap­pliquée à grande échelle au Nicaragua, un pays qui, pen­dant plusieurs années consécutives, a subi une attaque de la part des Etats-Unis, par le biais d'unités composées de ban­dits (les "Contras"), entièrement financées, armées et en­traînées par les Etats-Unis.

La Cour de La Haye avait condamné les stratégies américaines

En vue d'examiner la stratégie américaine consistant à me­ner des guerres indirectes (la "stratégie des Contras") à la lu­mière de la législation internationale positive, il faut préalablement se référer à la décision de la Cour Inter­na­tio­nale de La Haye, qui constitue un précédent valable. En 1986, cette Cour a condamné les actes de terrorisme in­ter­national, tels qu'ils avaient été mis en forme par la politi­que étrangère américaine à la suite de la "Doctrine Rea­gan". Au cours du procès "Nicaragua against the US", la Cour internationale a dit que les Etats-Unis avaient violé la lé­gi­slation internationale, à la suite d'actes d'agression prou­vés. La sentence de la Cour a été énoncée comme suit:

«(3) Considérant que les Etats-Unis, en entraînant, fournis­sant, finançant, équipant et armant les forces des Contras, et également en encourageant, maintenant et organisant des opérations militaires et para-militaires contre le Nica­ra­gua et sur le territoire de ce pays, ont agi contre la Répu­blique du Nicaragua, en contrevenant de manière flagrante les normes de la législation internationale communément acceptée, en intervenant dans les affaires intérieures d'au­tres pays.

(4) [La Cour] estime dès lors que les Etats-Unis d'Amérique ont commis des attaques armées contre Puerto Sandino le 13 septembre et le 14 octobre 1983, et ont également com­mis d'autres actes d'intervention, tels que mentionnés dans le paragraphe 3 de la présente sentence, y compris l'usage de la force militaire contre la République du Nicaragua, en contrevenant de manière flagrante les normes de la législa­tion internationale communément acceptée, qui rejettent les interventions dans les affaires intérieures d'autres pays» (1).

«L'élément, la composante, de violence est particulière­ment évidente dans le cas d'une intervention soutenue par l'usage de la force - dans sa forme ouverte, par un usage di­rect de la force militaire, ou dans sa forme latente, par le soutien apporté aux actions terroristes et subversives se déroulant sur le territoire d'un autre Etat» (3).

En outre, il nous semble bon de rappeler ici que, durant les sessions du Premier Tribunal Russell International, qui examinait les crimes de l'armée américaine au Vietnam, le célèbre philosophe britannique Lord Bertrand Russell, de con­cert avec Jean-Paul Sartre, a déclaré, en tant que re­pré­sentant principal de ce Tribunal, que "les Etats-Unis con­sidéraient le Vietnam de la même façon que Hitler avait considéré l'Espagne". Si Lord Russell était toujours vivant, il ajouterait aujourd'hui que les Etats-Unis considèrent la You­goslavie comme Hitler considérait l'Espagne.

Dans son message adressé au Second Tribunal Russell In­ter­national, qui examinait les crimes contre la paix et contre l'hu­manité, ainsi que les crimes de guerre américains en A­mérique latine, Lord Russell a déclaré: «Les formes moder­nes d'agression internationale consistent à établir des régi­mes marionnettes, servant les intérêts d'Etats étrangers. La caractéristique principale de ces régimes marionnettes ré­si­de dans leur fonction, qui est de garantir la continuité des investissements étrangers (soit l'expansionnisme géopoliti­que étranger). Ces gouvernements marionnettes liquident bru­talement tous les opposants politiques qui osent dé­non­cer le comportement collaborationniste de ces marionnet­tes… Les Etats-Unis emploient la CIA dans ce sens et dépen­sent des millions de dollars pour acheter, tuer ou renverser les gouvernements qui résistent à l'impérialisme américain" (4).

Détruire tout Etat souverain existant et le transformer en marionnette obéissante

L'établissement de régimes marionnettes est historique­ment l'une des méthodes traditionnelles, bien éprouvée, de la politique américaine pour détruire la souveraineté des pays et pour réduire les peuples en esclavage. Dans cette optique, il est désormais nécessaire de considérer ces mé­tho­des comme des actes d'agression, relevant de tribunaux internationaux. Ce type d'agression a été baptisé "guerre la­tente" (5), qui se présente assez souvent comme des for­mes de conflits internes ou de guerres civiles, qui sont, en coulisses, et à tous les niveaux pratiques, dirigés par des hommes de l'Amérique ou par des marionnettes. Le but d'une "guerre latente" et des politiques de coercition me­nées par les Etats-Unis est "de détruire tout Etat souverain existant ou de le transformer en une marionnette obéissan­te" (6). La condamnation de la doctrine Reagan, telle qu'el­le a été formulée par le Tribunal international de La Haye, n'a pas eu le moindre effet sur la logique terroriste de la politique internationale des Etats-Unis. Aspirant à exercer une domination absolue sur la planète entière, guidés par une idéologie impérialiste et par un nihilisme et un révi­sion­nisme en matière de droit international, les Etats-Unis, après la désintégration de l'Union Soviétique, sont enclins à mettre en œuvre des tactiques voire à déclencher une guer­re indirecte même en Europe: ce fut le cas en Bosnie et au Kosovo.

D'après les témoignages recueillis par le Tribunal Interna­tio­nal chargé d'investiguer les crimes de guerre américains en Yougoslavie, et dirigé par l'ancien Ministre américain de la Justice, Ramsey Clarke, il appert clairement que la CIA a créé, armé et financé de toutes pièces un gang de terro­ristes albanais (la soi-disant "Armée de Libération du Koso­vo", ALK, ou, en albanais, UCK) en Yougoslavie. Dans le but de financer cette ALK, la CIA a installé partout en Europe des structures criminelles et mafieuses, très bien orga­ni­sées sur le plan de la contrebande de stupéfiants et du nar­co-trafic.

Narco-trafiquants tchétchènes et albanais: héritiers des Contras du Nicaragua

Quand on lit les témoignages apportés à ce Tribunal Inter­na­tional et concernant l'organisation par les Etats-Unis de bandes criminelles armées sur le territoire de la Yougo­sla­vie, on peut aisément tracer un parallèle avec les bandes similaires de Tchétchénie. Dès 1995, des informations di­verses permettaient d'attester que les bandits guerilleros sé­paratistes de Dudaïev avaient été entraînés dans des camps de la CIA au Pakistan et en Turquie. Désormais plus aucun observateur sérieux ne peut infirmer que les terro­ris­tes guerilleros tchétchènes sont les équivalents des Contras du Nicaragua ou que les combattants de l'UCK (ALK) du Ko­sovo actuel.

Le ministre russe de la défense, le Maréchal Igor Sergueïev, a déclaré à juste titre que les Etats-Unis visent à "établir un contrôle complet sur le Caucase du Nord", d'où le conflit qui oppose l'armée russe aux gangs tchétchène, qui sont un pion dans les manipulations géopolitiques des Etats-Unis.

Le Maréchal Igor Sergueïev observe ensuite que le conflit militaire de Tchétchénie est une forme intermédiaire d'a­gres­sion militaire américaine contre la Russie. Les troupes russes qui luttent contre les gangs tchétchènes, résistent en fait contre une attaque de l'expansionnisme américain, visant à installer l'hégémonie des Etats-Unis dans le Cau­ca­se.

Nikolaï von KREITOR.

(Texte russe: http://lieber-engel.virtualave.net/vk-6.htm... )

Notes:

(1)     "Nicaragua vs. The United States of America" [1986, I.C.J., June 27, 1986 / Opinion de la Court]; cf. également Michael Riesman & Chris Antonius, The Laws of War, Vintage Books, New York, 1994, pp. 17-18.

(2)     Ibid., p. 98 (§205).

(3)     Ibid., p. 98 (§205), p. 99 (§209); cf. également Antonio Cassese, Violence, War and the Rule of Law in the Inter­national Community, in: David Held (ed.), Political Theory To­day, Stanford University Press, Stanford, 1991, p. 269.

(4)     Message de Bertrand Russell au "Tribunal contre le Crime du Si­­lence", in: Proceedings of the International War Crimes Tri­bunal, Clarion Books, Simon & Schuster, New York, 1970, p. 38.

(5)     Harry Magdoff, The Age of Imperialism, Monthly Review Press, New York, 1969; voir également, International Security - The Mi­litary Aspect, Report of Panel II of the Special Studies Pro­ject of Rockefeller Brothers Fund, Doubleday and Co., New York, 1958, p. 24.

(6)     Antonio CASSESE, id., p. 267; Tom Farer, «Political and Eco­no­mic Coercion in Contemporary International Law», in: Ame­ri­can Journal of International Law, 79, 1985, p. 408.

 

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Erich Wichman: citaat

 

180px-erich_wichmann_omstreeks_1927.jpg“Alles is heden bedacht en berekend. Er is geen plaats meer in deze wereld voor avontuur, imprévu, élasticité, phantasie en ‘daemonie’. Het allerdomste verstand geldt alleen. God is ’stil gaan leven’. Het is een dode tijd, een tijd zonder ziel, zonder geloof, zonder kunst, zonder liefde. […] Dit is geen tijd meer, een overgang, wie weet waarheen? Als alles anders wordt dan wij willen - en waarom zou het niet anders worden? - dan kan men ons ‘dwazen’ noemen. Elke daad kan een dwaasheid heten, is in zekere zin een dwaasheid. En wie bang is een ‘dwaas’ te heten, ja te zijn; wie bang is het levend deel van een levend geheel te zijn; wie niet ‘dienen’ wil; wie terwille van zijn kostelijke ‘persoonlijkheid’ geen ‘factor’ wil zijn en misschien het omgekeerde bewerken van wat hij dacht; wie schuwt een ‘melaatse des geestes’ te worden; wie geen ‘stukje’ kan zijn, geen blad in de wind, geen dier in nood, geen soldaat in een loopgraaf, geen man met knuppel en revolver op de Piazza del Duomo (of op de Dam); wie niets begint, als hij het einde niet ziet, wie niets doet om geen domheid te doen: die alleen is de ware ezel! Men bezit niets, wat men niet weg kan smijten, ook zichzelf en eigen leven niet. En daarom kunnen wij nu misschien deze ‘Républiques des Camarades’, deze stal der ‘mauvais bergers’, uitmesten. Ja, met geweld, ja, met ‘onwettige middelen’! ‘Door frazen is ‘t volk bedorven, ‘t zal door frazen niet genezen worden’ (Multatuli). Nogmaals dan: te wapen!”

Erich Wichman

 

Charles Kay Ogden

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22 mars 1957 : Mort à Londres de l’écrivain et linguiste Charles Kay Ogden, inventeur des méthodes d’en­seignement du “basic English”. Ogden forge effectivement les règles d’un anglais standardisé, uniformisé, apte à être enseigné sur la planète entière. Il commence ce combat dès 1912 et achèvera de mettre sa méthode au point vers 1934, une méthode qui se base, entre autres choses, sur une étude précise de la signification des mots. Tout au long de cette période de maturation de sa pensée, le grand public se désintéresse de ses efforts. La seconde guerre mondiale et l’alliance indéfectible entre Churchill et Roosevelt va changer sa situation. Le Premier Ministre britannique, dont on connaît le bellicisme outrancier, l’appelle en 1943 pour diriger un comité afin de diffuser dans le monde le “basic English” et sanctionner, par là, la victoire des puissances maritimes sur le continent européen. C’est Ogden qui est le linguiste à la base de la plupart des méthodes utilisées dans l’en­seignement de l’anglais en dehors des pays anglophones.

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vendredi, 21 mars 2008

O la Espana de los Austrias o la Espana de los Borbones

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Ernesto MILA:

O la Espana de los Austrias o la Espana de los Borbones

Infokrisis.- Resulta absolutamente imposible encontrar una tercera vía para la subsistencia histórica de España. Desde el punto de vista de los modelos, en España solamente existen dos formas de concebir la vertebración del Estado. O la España imperial, descentralizada, que no dudaba en referirse a “las Españas”, o la España unidimensional, centralizada y centralizadora, niveladora de las peculiaridades regionales que fue la España de los Borbones desde el Decreto de Nueva Planta hasta nuestros días. Esta es una reflexión sobre el futuro de España.

I

Importancia del tema

La existencia de una “nación” implica la existencia de una “misión” y de un “destino” que den causa y principio de razón suficiente a esa nación. Cuando Ortega (y más tarde José Antonio Primo) definen a la nación como una “unidad de destino en lo universal” aciertan con precisión, pero la definición era coja ayer y es todavía más coja hoy.

En efecto, porque si una nación es una “unidad de destino en lo universal” hace falta preguntarse ¿cuál es el destino universal de España? Esto es algo más que un trabalenguas o un juego de palabras. Es una exigencia necesaria para actualizar y renovar el patriotismo español.

Durante el franquismo –una forma de jacobinismo católico y, por tanto, anómalo- se respondía a esta pregunta dando algunas fórmulas que databan de la historiografía menéndezpidaliana de finales del XIX: la misión universal de España consistía en ser el bastión y la defensa de la catolicidad.

El planteamiento no era excesivamente original. De hecho, el patriotismo francés y el patriotismo inglés proponen exactamente lo mismo. Los legitimistas franceses no dudan en asegurar que la monarquía franca está emparentada con la dinastía de David y, por tanto, en ella se encuentra el rey legítimo ungido por Dios. Los ingleses opinan exactamente lo mismo e incluso se consideran –en tanto que la madre del Emperador Constantino era natural de las Islas Británicas- como depositarios de una legitimidad de origen. Y, en el fondo, los conservadores norteamericanos hacen una mixtura entre la defensa del occidente cristiano y la misión de los EEUU. Así que limitarnos a hacer una simbiosis religión-España es cualquier cosa menos una respuesta al problema de ¿cuál es hoy el destino universal de España? ¿Cuál es su misión histórica en estos momentos?

Si no hay respuesta no hay posibilidades de actualizar el concepto de nación española tal y como se ha sostenido en las últimas décadas, especialmente desde el 98 hasta finales del franquismo.

¿Hay respuesta? Para extraer algo de luz hay que abordar la cuestión desde otro punto de vista.

1. La España de los Austrias, heredera de la Reconquista y de la España Gótica.

Hemos dicho en la introducción: existen solamente dos concepciones sobre la vertebración del Estado. O bien la concepción propia de los Grandes Austrias que deriva de la concepción que sostenían los distintos reinos de la España medieval, o bien la concepción propia de los Borbones.

La primera se refería a “las Españas” y cristalizaba en la idea de Imperium. La idea se remonta a la visión que tenían de sí mismos los reinos de la Reconquista. Para ellos, tal o cual reino eran solamente una parte de un todo superior que se identificaba con el pasado imperial romano, reinterpretado y reconducido por los godos. Esta idea estuvo presente a lo largo de toda la Reconquista, desde sus orígenes. Terminado este ciclo histórico, al abrirse la etapa imperial, no es una “nación” lo que se articula, sino un “imperio”. Todos los imperios son inviables sin reconocer la autonomía de las partes, a cambio de la cual se responde con un principio de lealtad.

El ejército “español” de Flandes, que luchaba por los derechos del Imperio en aquella región, era un ejército multinacional. Bajo los estandartes del Duque de Alba lucharon soldados ingleses, alemanes, italianos y, por supuesto, españoles, llegados por mar o por el “camino español” que atravesaba el norte de Italia, el oeste de Suiza y el sur de Alemania hasta Flandes y que todavía lleva hoy ese nombre. Frecuentemente las rivalidades nacionales entre los voluntarios de distinto origen se saldaban compitiendo en valor y heroísmo. Así se forjó el Imperio.

La idea de Imperio está tan alejada de la idea de centralización como próxima a la idea de imperialismo o de jacobinismo está el nacionalismo nivelador y reduccionista.

La idea imperial de los Austrias surgía del medioevo, cuando en toda Europa se experimentaba la nostalgia del “orden imperial” romano. Los godos (visigodos y ostrogodos) intentaron la reconstrucción de la parte occidental del Imperio, y así hubiera sido de no haber sido derrotados por los francos en Vouillé. A partir de ese momento, los godos trasladan su capital de Tolosa a Toledo y conservan solamente la Galia Narbonense (Septimania) más allá de los Pirineos, donde reinará Akhila, el último rey godo, sucesor de Roderic (Don Rodrigo).

Es esa idea imperial la que se transmite a los reinos de la Reconquista y la que llega hasta los Austrias.

Es evidente que en esta concepción la “nación española” era inexistente. Lo que existían eran “las Españas” (los distintos reinos cristianos de la Península, las taifas islámicas estaban por supuesto ajenas a este concepto) de un lado, y el Imperio y la Catolicidad de otro.

Julius Evola ha demostrado ampliamente que la catolicidad surge de la fusión entre la idea imperial romana y la idea nórdico-germánica. El cristianismo se había hecho con el control del Imperio, pero a partir de Constantino y, mucho más, después de que Odoacro, rey de los hérulos, depusiera a Rómulo Augústulo, Roma fue cada vez más católica a costa de irse alejando del cristianismo primitivo. La inyección de sangre nórdico-germánica a través de las invasiones del siglo V-VI hicieron que se reinsertaran en Europa Occidental nuevamente los valores que habían sido específicamente romanos y que se habían ido difuminando en los primeros siglos del cristianismo. Así surgió el feudalismo y así resucitó la idea imperial.

Cuando Odoacro asalta Roma envía las insignias imperiales romanas a Constantinopla, indicando explícitamente que allí se trasladaba la capital imperial. Para todos los pueblos germánicos que atraviesan las fronteras del Rhin, el Imperio Romano tenía algo de sagrado y misterioso y lo asumen sin restricciones. Ellos mismos se consideran foederati del Imperio, una parte del mismo. Finalmente serán ellos –especialmente los godos- quienes recuperarán la idea que el propio Pelayo y sus sucesores tenían en el cerebro mientras se fortificaban en los contrafuertes de las montañas astures y cántabras.

La idea de un poder centralizado y ubicuo era absolutamente ajena a la mentalidad imperial romana, goda o medieval. Eran perfectamente conscientes de que la imposición de una unidad artificial generaba reacciones de supervivencia en la periferia. Por otra parte, lo que interesaba era el vínculo de la fides, la lealtad que ambas partes de debían mutuamente. Como en todo pacto feudal, las dos partes estaban comprometidas a una serie de deberes, derechos, obligaciones y prebendas; esto es, estaban comprometidos por los fueros que definían todos estos aspectos.

2. La España de los Borbones, contra el imperio por la uniformidad

Cuando muere el último de los austrias y Francia pone sobre la mesa sus aspiraciones sobre España, se desencadena la Guerra de Sucesión. Este momento se produce en plena crisis de la España imperial, cuando se han producido las derrotas en Flandes, se debilita el vínculo ultramarino con las colonias a causa de la piratería y se afronta el ascenso de Inglaterra como gran potencia oceánica. La batalla de Almansa y la toma de Barcelona figuran entre los episodios más dramáticos de esa contienda, que termina con la entronización de Felipe V y la aplicación de las reformas que los borbones estaban llevando a cabo en el vecino país. Estas reformas tenían que ver con la “modernización” del país, sí, pero también eran intentos de restar autonomía a las partes, reducir al mínimo o eliminar la legislación foral y crear un nuevo poder centralizador en el que el nexo de unión no fueran los vínculos de lealtad entre las partes y el todo, sino la existencia de un poder exterior, fuerte, nivelador, homogeneizador y, en buena medida, asfixiante.

A decir verdad, a pesar de que fueron los jacobinos quienes cortaron la cabeza al último de los borbones franceses, Luis XVI, el proceso de centralización, que se exasperó en el período revolucionario, ya se había iniciado con Luis XIV y era previsible desde entonces. Los revolucionarios apenas se limitaron a otra cosa que dar un nuevo golpe de tuerca.

Y éste fue el origen del problema en España. En el fondo, las guerras carlistas fueron una respuesta de algunas zonas de España contra los intentos de nivelación del liberalismo jacobino.

Cuando en el siglo XX el franquismo termina derrotando a la República, no acompaña su fraseología “imperial” (que en el franquismo siempre quedó en un mero esteticismo y en un mito retórico sin traducción en la práctica y sin llegar al fondo de lo que significaba esta opción) de una “práctica imperial”, sino que esa fraseología grandilocuente cristaliza en una práctica niveladora y jacobina. Incluso en una primera fase de desarrollo del régimen, la imagen del separatismo como el “enemigo” hace que cualquier tipo de regionalismo, por tibio que fuera, termine siendo considerado como mero “separatismo antiespañol”.

Lo realmente paradójico –o casi mejor “parajódico”- del franquismo fue que su nacional-catolicismo adoptó, en la práctica, no la doctrina católica del Imperio, sino la doctrina atea, masónica y jacobina de la “nación centralizada”.

3. La degeneración de la idea imperial: nacionalismo periférico

El nacionalismo periférico catalán y vasco aparece a mediados del siglo XIX. En Cataluña como subproducto de medios carbonarios (a los que pertenecía Buenaventura Carlos Aribau y el conde de Güell, en su juventud, fundador de Jove Catalunya), pero también a causa del desengaño de medios carlistas por las sucesivas derrotas. Esa primera generación nacionalista catalana y vasca vio como los púlpitos se convertían en predicadores de la nueva idea. ¿Qué había ocurrido?

Cuando el vínculo feudal se debilita por traición de una de las partes o falta de lealtad de cualquiera de ellas hacia la otra, se produce una ruptura del sistema de pesos y contrapesos que aseguraron la estabilidad política europea durante siglos.

La aparición del jacobinismo y del absolutismo borbónico primero, hizo que amplios sectores sociales ya no respondieran con “lealtad” a un sistema que pretendía amputarles sus áreas de autonomía. Roto el vínculo de lealtad, se produce el estallido de las partes, cada una de las cuales intenta recuperar su propia autonomía.

Llama la atención que, inicialmente, el nacionalismo catalán fuera más bien un regionalismo. La segunda generación nacionalista (Güell, Prat de la Riba, etc.) no aspiraba a otra cosa más que a que Cataluña “dirigiera a España” en tanto que consideraban que eran los únicos que podían hacerlo. Cataluña era para ellos la parte “seria y trabajadora” de España y, por tanto, le correspondía asumir su dirección. Cuando se produce la huelga general, la semana trágica, a principios del siglo XX, esta generación –vinculada a la alta burguesía catalana- entiende que solamente el ejército español puede conjurar los estallidos sociales protagonizados por los anarquistas y, por tanto, renuncia a su nacionalismo, insistiendo en un regionalismo, a menudo ingenuo, que hará que durante la guerra civil algunos de sus exponentes opten por apoyar al franquismo (Cambó y su Lliga).

Pero en la segunda mitad del siglo XX este fenómeno interfiere con otro.

4. La degeneración de la idea borbónica: el nacionalismo independentista

El fenómeno descrito no puede desvincularse de otro aparecido en la segunda mitad del siglo XIX y que ya podía intuirse en los primeros intentos carbonarios (Jove Catalunya). El fenómeno que vamos a describir es analizado hasta la saciedad en dos obras de Julius Evola: Gli Uomine e le Rovine y Rivolta contro il mondo moderno (lo esencial de estas obras puede leerse en el blog Biblioteca Evoliana, http://juliusevola.blogia.com).

La tesis de Evola es la siguiente:

- El concepto imperial supone la existencia de una idea y de unos valores superiores (autoridad y lealtad fundamentalmente). Mientras esa idea se mantenga como central, las partes que forman el todo imperial tendrán una referencia superior.

- En el momento en el que la tensión se relaja y se diluyen los valores superiores, no puede apelarse al vínculo de la fides para mantener la unión de las partes (todo imperio por el mero hecho de su extensión territorial es, necesariamente, “diverso”) sino que hay que apelar a la fuerza bruta para imponer la nivelación y la cohesión de las partes.

- En el momento en que se produce este fenómeno ya nada impide que las “partes de las partes”, esto es, las regiones y/o nacionalidades en las que está dividida la nación, reivindiquen exactamente el ser lo mismo que la nación, a modo de fotocopias reducidas de la misma.

- No es raro que el nacionalismo catalán sea profundamente centralizador (barcelonés) reproduciendo el esquema jacobino en una escala más reducida.

- Cuando se deja de creer en unos principios superiores para aferrarse a elementos ligados a la materia (y la “nación” está vinculada al “demos”, a los “enfants de la patrie”), una “nación” puede dividirse hasta el infinito y cualquier parte encontrará una justificación para salvaguardar y mantener su “especificidad” y sus “rasgos diferenciales”.

El centralismo borbónico que se inicia con Felipe V no podía sino generar un rechazo de las partes. Ese rechazo ya se evidenció en la pérdida de las colonias americanas, cuando la aparición de una burguesía local ligada solamente a sus intereses económicos generó el proceso de independencia de las colonias en tanto esas burguesías entendían que la autonomía les evitaba pagar impuestos y aumentaba sus beneficios. Pues bien, ésta es la concepción burguesa de la nación.

Paradójicamente, el franquismo que se declaraba católico adoptó –acaso como respuesta a la vinculación del nacionalismo catalán y vasco a la República- en el tema nacional posiciones indudablemente jacobinas, especialmente en sus dos primeras décadas. Es realmente significativo que los últimos mohicanos del franquismo que formaron en Fuerza Nueva, un partido que alcanzó cierto renombre en la transición como única encarnación del franquismo, tuviera como lema: “Dios, Patria, Justicia” en lugar del “Dios, Patria, Rey, Fueros”, sellando la desaparición de los “fueros”.

5. Algunas conclusiones

Si la nación española está en crisis es, sencillamente, porque está en crisis la idea de España. En el marasmo de la segunda mitad del siglo XX, las naciones-Estado –como España- perdieron el ritmo de la historia. El boom de las comunicaciones, la irrupción de las nuevas tecnologías y de las culturas de masas, hicieron que la idea nacional debiera de ser revisada y actualizada. Pero nada apreciable se hizo. Los “patriotas” siguieron defendiendo una concepción de España que databa de la crisis del 98… cuando la historia entraba en el siglo XXI.

Esto supuso el desmoronamiento del “frente patriótico”. La derecha alumbró como eslogan la idea del “patriotismo constitucional”, que suponía la adhesión a la idea de Patria suscitada solamente por la lealtad a una norma constitucional (que, como todas, es pasajera, transitoria y mutable). Por otra parte, uno de los rasgos de la crisis de la izquierda han sido sus contradicciones en lo que se refiere al Estado y a su articulación. Los maoístas de los años 70 se decían “patriotas y antifascistas” y los zapateristas de ayer declaraban que “ser patriota supone pagar impuestos y no criticar al gobierno” (especialmente si es del PSOE). Por su parte, los sectores marginales de la extrema-derecha siguieron defendiendo las formas de patriotismo contradictorio derivados del jacobinismo franquista y menendezpelayano.

En nuestra opinión:

- La Nación Española, en su actual configuración, no tiene posibilidades de sobrevivir en un mundo globalizado, ni su economía tiene la más mínima posibilidad de responder a los desafíos del tiempo nuevo (el proyecto de caza europeo, el Airbus, el ciclotrón y cualquier otro proyecto científico ambicioso del siglo XXI tiene un presupuesto que excede con mucho el de cualquier Estado Nación europeo).

- Esa crisis de la idea del Estado Nacional se evidencia en el silencio con el que los nacionalistas españoles responden a la pregunta que hemos formulado al principio: “¿cuál es el destino universal de España?”-

- La crisis se ve agudizada desde el momento en el que las clases políticas periféricas aspiran a tener un control directo de los recursos del Estado en sus autonomías. No hay nacionalismo ni independentismo que no aspire a controlar las llaves de la “caja”. Por lo tanto, es previsible que en los años siguientes aumenten las tensiones en esa dirección.

- El punto de inflexión de la crisis del Estado y de la idea de Nación tiene lugar con el Decreto de Nueva Planta y la modernización del Estado sobre la base del modelo absolutista borbónico. Ese proceso, como hemos visto, lleva primero al absolutismo centralizador y luego al jacobinismo nivelador.

- Ir en esa dirección, inercialmente, lleva a una centrifugación creciente del Estado en beneficio de las formas de jacobinismo independentistas encarnadas en los partidos nacionalistas periféricos.

- La única posibilidad de asumir un “nuevo curso” y romper con estas dinámicas es abandonar de una ve y para siempre el modelo borbónico del Estado, tomando nuevamente como referencia el modelo austriacista o modelo imperial.

- Ese modelo, por lo demás, tiene la ventaja de que, no solamente respeta la autonomía de las partes, sino que, además, responde perfectamente a las exigencias del tiempo nuevo en la medida en que la idea imperial es una idea supranacional que determina una “nueva dimensión nacional” adecuada al actual momento histórico.

- Para alcanzar esa “nueva dimensión nacional” existen varios recursos: el actual aparato del Estado, la existencia de la Unión Europea que debe de ser algo más que un “mercado” o una zona de librecambio, afirmando una vocación imperial y civilizadora.

- Una vez más, Europa, teatro del Imperio Romano, que intentaron reconstruir los pueblos godos, que configuró la catolicidad medieval y que asumieron los Grandes Austrias, vuelve a ser nuestro destino histórico.

Así pues, podemos articular estas conclusiones en tres principios:

1) Crítica al modelo de Estado borbónico y centralizador.

2) Defensa del modelo imperial de los Grandes Austrias.

3) Traslación de la idea imperial a la Unión Europea.

Entendemos la dificultad que tiene para los nacionalistas de toda Europa la defensa del último punto. Y, sin duda, para cristalizar una idea imperial europea serían necesarias distintas etapas intermedias. Una de estas etapas la vamos afrontar a la vuelta de pocos años: la lucha contra el Islam infiltrado en la tierra europea.

Quien conoce de cerca al Islam conoce su intolerancia, su rigidez y su incapacidad para adaptarse a situaciones nuevas, así como su total imposibilidad de modernización e integración en la cultura europea.

La clase política europea ha permitido la instalación del Islam sobre la sagrada (sagrada en la medida en que aquí están enterrados nuestros antepasados y en la medida en que este continente ha sido el faro de la civilización) tierra de Europa, sin medir las consecuencias. Esa clase política degenerada ha “respetado” y promovido el mantenimiento de la identidad islámica en Europa, sin pensar que quien dice “identidad” dice “territorialidad”. Hoy en Europa ya hay zonas que “están en Europa”, pero que “ya no son Europa”. Son los guetos islámicos que se extienden por toda Francia, por Flandes, por Inglaterra, Alemania del Oeste, Norte de Italia, Suiza, y por la costa mediterránea española y la aglomeración de Madrid.

La sucesión de crisis económicas que se avecina y la situación explosiva en el Magreb, así como las peculiaridades religiosas y antropológicas de los islamistas, hacen inevitable el conflicto final.

Pues bien, en el momento en el que se desencadene ese conflicto, será la hora en la que todos debemos estar dispuestos para la batalla final que, no solamente tendrá como desembocadura la conjuración del peligro islamista en Europa, sino también el hundimiento de las redes de intereses y de las clases políticas surgidas en Europa en la segunda mitad del siglo XX. En la convulsión de esos momentos, la idea imperial deberá alzarse como el mito movilizador de las mejores energías europeas. Y los españoles estaremos ahí también presentes porque ese será el momento en el que el modelo borbónico podrá ser sustituido por el modelo austriacista que nos llevará un proceso de convergencia con Europa sobre bases históricas, culturales, de “misión y destino”, en lugar de meramente coyunturales y económicas.

Tal es la primera aportación para este debate necesario sobre el patriotismo y la nación.

© Ernest Milà – infokrisis – infokrisis@yahoo.es – http://infokrisis.blogia.com

Sábado, 02 de Febrero de 2008 21:59 #.

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jeudi, 20 mars 2008

R. Steuckers : inleiding tot spreekbeurt op colloquium v. Eurorus (Dendermonde)

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Robert Steuckers : Geopolitieke implicatie van de conflicten in de Kaukasus en de Balkan

 

Al de conflicten, die voor 1914 ontstonden, werden na de ineenstorting van de Sovjetunie gereactiveerd. Alle mogelijke separatistische pogingen werden cynisch uitgebuit; niet meer door Europese mogendheden maar wel door de Verenigde Staten, die de beroemde Brzezinski-doctrine hebben aangewend; daarmee mikten ze op het fragmenteren van het oude Russische Rijk, van de Oekraïne tot aan de Chinese grens. Voor Brzezinski was het voor Amerika noodzakelijk een permanente chaos langs de vroegere Zijde-Route te creëren. De Verenigde Staten moesten daarbij de Soenni Islam, het Saoedisch-Wahhabitische geld en het Turkse pantoeranisme als instrumenten hanteren. Naast deze zuiver geostrategische wilskracht, die Brzezinski klaar heeft getheoretiseerd en geuit, moet men de eeuwige oliepolitiek van de Verenigde Staten in al onze strategische redeneringen bijvoegen: de conflicten in de Kaukasus, in Tsjetsjenië en in Daghestan, en in de Balkan met Kosovo, zijn ontstaan op de huidige of toekomstige routes van de olie- en gaspijplijnen, die de koolwaterstoffen naar Europa brengen of zullen brengen. Het doel van Washington mikt niet op de bevrijding van onderdrukte volkeren maar op de oprichting van vazalstaten die ter gelegenheid de transit van koolwaterstoffen naar Europa zouden kunnen blokkeren. Tegelijkertijd, willen de Verenigde Staten kleinschalige Staten creëren juist in het midden van landzones tussen hoog strategische zeegebieden, zoals tussen de Adriatische Zee en de Zwarte Zee, en simultaan tussen de grote waterweg Donau en de Egeïsche Zee, wat Kosovo betreft, en tussen de Zwarte Zee en de Kaspische Zee, wat Tsjetsjenië betreft. De grootste gemene deler van deze politiek is de volgende: ieder machtprojectie van Europa te beletten in de richting van de belangrijkste strategische zones van de wereld.

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R. Steuckers: résumé de l'intervention au colloque d'Eurorus de Termonde

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Robert Steuckers : Implications géopolitiques des conflits caucasiens et balkaniques

Tous les conflits antérieurs à 1914 ont été réactivés après l’effondrement de l’Union Soviétique. Les potentialités de séparatisme ont été exploités, non plus par des puissances européennes, mais par les Etats-Unis, qui ont ainsi appliqué la fameuse doctrine Brzezinski, visant la fragmentation de l’ancien Imperium russe, de l’Ukraine à la frontière chinoise. Pour Brzezinski, il fallait créer le chaos sur le tracé de l’ancienne « Route de la Soie » en se servant de l’islam sunnite, de l’argent saoudien wahhabite et du pantouranisme turc comme instruments, afin de contourner l’obligation de faire voter des budgets à un Congrès animé de velléités isolationnistes. A cette volonté purement géostratégique, théorisée par Brzezinski, s’ajoute l’éternelle politique pétrolière des Etats-Unis : les conflits du Caucase, en Tchétchénie et au Daghestan, et des Balkans, avec le Kosovo, se situent sur les tracés actuels ou futurs des oléoducs et gazoducs amenant les hydrocarbures en Europe. L’objectif de Washington n’est nullement d’aider à la libération de peuples opprimés, mais de créer des Etats vassaux capables de bloquer l’acheminement d’hydrocarbures vers l’Europe, si le besoin s’en fait sentir. Il s’agit, par la même occasion, de créer des micro-Etats au centre de territoires situés entre deux zones maritimes hautement stratégiques, entre l’Adriatique et la Mer Noire, et entre le Danube et l’Egée, pour le Kosovo, entre la Mer Noire et la Caspienne, pour la Tchétchénie. Le dénominateur commun de cette politique est d’entraver toute projection de la puissance européenne vers les zones stratégiques clefs de la planète.

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1816: Autonomisation du Brésil

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20 mars 1816: Le Brésil acquiert une plus large autonomie dans le « Royaume-Uni du Portugal, du Brésil et des Algarves ». Cette autonomie s’instaure dans un contexte fort effervescent ; en effet, l’Amérique ibérique est secouée par des révoltes créoles contre le pouvoir de Madrid, sous l’impulsion de Bolivar, qui, battu, s’était réfugié en janvier 1816 à Haïti. Il battra trois ans plus tard les troupes espagnoles, commandées par le Général Baneiro, en Colombie. Cette guerre incessante, téléguidée par les Etats-Unis, chassera l’Espagne du continent sud-américain, permettant aux Etats-Unis de prendre le relais, sous le masque fallacieux d’une « libération des peuples ». Cette politique permettra au Président Monroe de proclamer sa célèbre formule : « L’Amérique aux Américains », fermant du même coup l’ensemble du « Nouveau Monde » ou « Hemisphère occidentale », à toute influence européenne. Washington imposera ses politiques économiques de manière bien plus dure que Madrid.

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mercredi, 19 mars 2008

El Emperador Carlos V

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Ernesto MILA:

La idea imperial del Emperador Carlos V: del "imperio universal" al "imperio cristiano"

Infokrisis.- Tras la publicación del artículo titulado “O la España de los Austrias o la España de los borbones” que ha tenido como resultado un abundante intercambio epistolar con amigos que han enriquecido el debate y, en sus discrepancias, nos han ayudado a trabajar más el tema, damos otro paso intentando concretar un punto: ¿cuál era la idea imperial de nuestros “Grandes Austrias”? Este es el resultado de las reflexiones sobre el tema.

La idea que los Austrias se hacían de España era la de la “España Imperial”. Lo cual es decir poco porque a esta definición hay que darle contenidos. De hecho, la mejor página de nuestra historia encierra también el germen de la decadencia. En la historia de España, el último despuntar de la idea imperial aparece con nuestros “Grandes Austrias” de la misma forma que en la historia del Reino Unido la idea imperial aparece en el siglo XIX de la mano de la Compañía de Indias dando al Imperio Inglés el aire de una prolongación del poder de la alta burguesía, es decir de la casta de los sacerdotes, de la misma forma que en la idea imperial de Carlos V lo que está presente, especialmente, es el concepto de “Imperio al servicio de la fe” y, por tanto, el elemento preponderante es el clero.

En este sentido, mientras el Imperio Inglés está al servicio de la tercera casta, de la función productiva, el Imperio Español lo está al servicio de la casta sacerdotal. Y en este sentido, el Imperio Español tiene una inspiración superior al inglés… pero dista de la idea imperial romana o incluso del Sacro Imperio Romano-Germánico tal como se concibió en la Edad Media gibelina.

Y este es el centro de la polémica: la idea imperial de los Austrias pudo ser una idea superior al concepto sacerdotal, pero se quedó en este nivel demostrando sus limitaciones. Porque en los primeros años del gobierno de Carlos V, todavía no existía una idea imperial definida. Y justo en esos primeros años dos tendencias contrapuestas modelan las ideas aun frágiles del jovenzuelo de mandíbula caída que apenas hablaba holandés, tenía las opiniones mal definidas y delegaba en su corte de flamencos. Esas dos tendencias son las que vamos a intentar entrever en el presente estudio.

Dos personajes frente a frente: Gattinara y Mota

Hasta Menéndez Pidal, la figura de Mercurino Gattinara había pasado prácticamente desapercibida a los historiadores que lo consideraban una especie de funcionario aventajado de palacio, pero en absoluto un hombre influyente en las ideas del joven Emperador Carlos. Menéndez Pidal fue el primero que reclamó atención sobre esta figura, a partir de los trabajos de Karl Brandi (Kaiser Karl V). Menéndez Pidal se lamentaba de que la figura del Emperador Carlos no atrajera el interés de los historiadores en España, a pesar de haber hecho de nuestro país el centro del Imperio y sí en cambio en Alemania. y, a partir suyo, la historiografía le ha reconocido el lugar que le corresponde como uno de los “máximos estadistas del Renacimiento”.

Aparte de los documentos históricos exhumados por todos estos historiadores, el elemento central es la propia autobiografía de Gattinara: Historia vite et gestorum per dominum magnun cancellarium. Menéndez Pidal puntualiza que esta obra cae en exageraciones y coge en falta en varias ocasiones al canciller del Emperador Carlos, aun reconociéndole, efectivamente, la gran influencia que tuvo sobre él.

Se ha presentado a Gattinara como un humanista español con vocación europeista en la misma órbita que Erasmo de Rotterdam que muchos lo tienen por su inspirador. Así pues es frecuente que muchos historiadores consideren que las ideas de Gattinara eran simplemente “humanistas”, sin más. No es así. Gattinara estaba muy influido por Dante, el gran gibelino y su idea imperial la recogió de la célebre obra del florentino De monarchiae.

Por otra parte, lo que se tiene generalmente como “humanismo” en el Renacimiento es algo muy distinto a lo que consideramos hoy con el mismo nombre. El “humanista” de hoy sería un perfecto imbécil en el Renacimiento. Francis Yates en su libro sobre Giordano Bruno y el Humanismo Mágico ha explicado que esa forma de humanismo estaba vinculado al neoplatonismo, no como filosofía sino como pensamiento mágico. Son los Pico Della Mirandola, los Tomasso Campanella, los Giordano Bruno, los grandes humanistas italianos quienes rescatan el Corpus Hermeticum y los grandes libros de magia. El propio Bruno no es condenado tanto por sus teorías astronómicas… como por sus prácticas de magia ceremonial y “simpática”. La obra de Yates, exhaustiva y crítica no deja lugar a dudas sobre este extremo. La conclusión a la que llega es que el humanismo renacentista fue algo muy diferente a lo que generalmente pensamos hoy.

Gattinara se había educado en ese ambiente y no es de extrañar que el gibelinismo tal como fue expuesto por Dante se convirtiera en su idea política central.

Nacido en 1465 como hijo de la pequeña nobleza piamontesa, estuvo inicialmente al servicio de la Casa de Saboya y luego de los Habsburgo. En 1510 Gattinara fue enviado a España por primera vez al servicio de Carlos V. En 1518 fue nombrado Gran Canciller de Carlos V. Hombre de gran experiencia diplomática, sus ideas no coincidían con las de otros consejeros del círculo íntimo del Emperador: Chièvres por un lado (partidario del alineamiento con Francia) o el clérigo Pedro Ruiz de la Mota, el verdadero rival ideológico de Gattinara.

De Mota dice Menéndez Pidal: “Era Mota un clérigo español que, por rozamientos con Fernando el Católico, se había ido a Bruselas a la corte del príncipe Carlos, antes de ser éste rey y estuvo a su lado catorce años, desde 1508 a 1522. Allá en Flandes fue limosnero del príncipe; ahora era obispo de Badajoz. Su dominio de varios idiomas y su elocuencia le daban un gran puesto en la corte; ocupaba el tercer lugar en el Consejo real, después de Chièvres y de Gattinara”.

Lo que se produjo en el interior de la corte del Emperador Carlos no fue un choque frontal sino una lucha ideológica en sentido propio de la que ambos, Gattinara y Mora fueron cristalizaciones de dos corrientes de su época: el gibelinismo declinante y la idea sacerdotal que alcanzaría su expresión más concreta en el Concilio de Trento. Vistas las personas, vayamos ahora a sus ideas.

La situación de la idea imperial en el Renacimiento

Dice Menéndez Pidal que “la idea imperial no la inventa Gattinara ni sugiere hoy nada de lo que sugería a los hombres de antes” y explica que en el siglo XX podía haber un emperador de Alemania, un Zar de todas las rusias, un emperador inglés o cualquier otro, pero en el Renacimiento el título de emperador indicaba a una figura única señor de todo el mundo y monarca universal y añade: “Tal concepción revestía para los hombres una grandeza verdaderamente romana”. Para concluir: “El Imperio era la forma más perfecta de la sociedad humana”.

Menéndez Pidal juzga que la cumbre de la idea imperial fue romana y se prolongó durante seis siglos, que luego conocio un breve revival en los siglos IX y X durante el imperio carolingio si bien atenuada y que luego, atenuada más aun, subsistió en el Sacro Imperio Romano-Germánico. Esta misma idea es la que sostiene Julius Evola a lo largo de todas sus obras.

Carlos V se educa inicialmente en el marco de un imperio capidisminuido que es sólo una sombra de lo que un día fue con los Hohenstaufen y del que solamente es posible encontrar una inspiración lejana con la idea imperial romana. Dicho de otra manera: no había política imperial propiamente dicha en el período de juventud de Carlos V y no estuvo presente en su educación. Esta le vendría después.

Es más, en aquel momento la idea imperial se había degradado hasta ser en cierto sentido la antítesis de la romana. Para Roma, el emperador se debía consagrar al bien del súbdito y súbdito terminó siendo, desde César a Justiniano, todo aquel que habitaba en alguna región del imperio por alejada que fuese. Era, por el contrario, práctica habitual en el Renacimiento que los emperadores esquilmaran a las regiones periféricas del Imperio tal como en sus primeros años hicieron los consejeros de Carlos V con España.

Así llega Carlos V a España, sin las ideas claras y con unos patrones de gobierno heredados de anteriores emperadores. Gobierna en España pero no habla ni una sola palabra de español y delega en flamencos. Menéndez Pidal recuerda que no es esta la única contradicción de aquel reinado: se dice “emperador romano”, pero sólo gobierna de hecho en Alemania, de hecho en una parte; es el “rey del mundo” pero ha sido elegido en Alemania; no es emperador si no es ungido por el Papa, pero no gobierna en los territorios temporales del Papa. Finalmente, en España ocurre lo inevitable: la hostilidad de nuestro pueblo, la revuelta de las comunidades de Castilla, la guerra civil.

La grandeza de Carlos V reside en el hecho de que su dilatado reinado no está presidido por otra cosa que por resolver las contradicciones que encontró en la idea imperial, depurarla, intentar reconstruir una idea coherente y viable en la que doctrina y realidad converjan.

Las ideas políticas de Gattinara

En cierto sentido, Gattinara podría ser llamado “el último gibeino” y, desde luego, si hay una orientación a la que puede adherirse el consejero saboyano de Carlos V es a esta corriente ideológica que tuvo en Dante a su gran inspirador. De hecho, Gattinara tiene en la De Monarchia del poeta florentino su libro de cabecera. La historiografía, empezando por Menéndez Pidal, acepta unánimemente que fue de esa obra de la que Gattinara extrajo su idea imperial que quiso trasladar al Emperador Carlos.

No se trataba solamente de conservar los reinos recibidos en herencia, sino de ampliarlos aspirando a la monarquía universal y a un gobierno efectivo sobre todo el mundo. Solamente cuando ese gobierno se obtuviera el Imperio podía considerarse culminado y la “pax romana” sobrevenida. En ese momento el “orden” se impondría definitivamente sobre el “caos”.

En 1519, Gattinara transmitió esa idea al futuro emperador animándole a presentar su candidatura al Imperio. En la práctica esa política implicaba una actitud antifrancesa. Gattinara en esa y en otras ocasiones recomendó al y Emperador Carlos la recuperación del Delfinado y la desmembración de Francia, así como promover una política de expansión de la influencia en la península itálica como caminos únicos para una paz permanente.

Gattinara en el siglo XVI como Dante en el XIV, propone una monarquía universal. La figura del Emperador equivale a la del Rey del Mundo de las leyendas arcaicas. En esta óptica, no había lugar para la sumisión al papado, y la “defensa de la fe” se planteaba en términos políticos, no religiosos. La gran misión de España no era la lucha contra los príncipes alemanes que habían abrazado las distintas formas de protestantismo, sino la unión de todos los europeos –protestantes, católicos- bajo un proyecto común. En la lucha por la destrucción del Islam no solamente tenían un puesto de combate los países católicos, sino también los príncipes cristianos no afectos a Roma.

Mota: o la primacía de la fe

La primera declaración imperial, cuando Carlos V parte de España para ser coronado en Alemania, tiene lugar en 1520. Ahí encontramos un atisbo de la idea imperial que presidirá su gobierno. Esa declaración es atribuida por la historiografía al arzobispo Pedro Ruiz de la Mota en la declaración antes las cortes de A Corunha.

Mota introduce en su discurso el término “emperador” e “imperio” que terminarán por hacerse habituales en lengua castellana. El tiempo está maduro porque en esa época estos términos ya gozan de suficiente difusión gracias a la popularidad de las novelas de caballería, en especial el Amadís de Gaula y el Tirant lo Blanc.

En ese discurso Mota define a Carlos V como “rey de reyes” y “único en la tierra”, reconoce que ”este imperio es continuación del antiguo”, aludiendo al Romano. Recuerda que mientras otras tierras enviaban a Roma tributos, Hispaniae enviaba emperadores y concluye la introducción diciendo que: “ahora vino el imperio a buscar emperador a España, y nuestro rey de España es hecho, por la gracia de Dios, rey de los romanos y emperador del mundo”.

Pero la parte ideológica y los contenidos aparecen luego: ¿por qué existe el Imperio? Dice Menéndez Pidal comentando el discurso: “[Carlos V] Aceptó el Imperio par cumplir las muy trabajosas obligaciones que implica, para desviar grandes males de la religión cristiana” y, en el texto original Mota alude a “la empresa contra infieles enemigos de nuestra santa fe católica, en la cual entiende con la ayuda de Dios, emplear su real persona”.

En la concepción de Mota reflejada en el discurso de A Corunha, España es el corazón y el centro del Imperio cuya misión es la defensa de la fe.

Así pues, resumiendo, la idea de Mota es la un Imperio cristianizado, cuyo núcleo duro es España, dedicado a la defensa de la fe católica.

Esta idea volverá a estar presente unas semanas después en Works bajo la sombra de Lutero. Es entonces, en 1521, cuando Carlos V escribe “de su puño y letra” la declaración político-religiosa en la que asume abiertamente la defensa de la cristiandad empleando “mis reinos, mis amigos, mi cuerpo, mi sangre, mi vida y mi alma” e invoca a “sus antepasados” en alusión a su abuela Isabel la Católica. En esta segunda declaración, parece evidente que Carlos V ha asumido la idea de Mota: el “Imperio Cristiano” que intenta establecer la armonía entre “los príncipes católicos” basado en la “universalitas christiana”.

La victoria de la idea imperial católica: triunfo y tragedia

Es significativo que, cuando los comuneros recuerden a Carlos V el testamento de su abuela, que se deshaga de los consejeros flamencos y mire por el bien de su pueblo [entendiendo por tal a Castilla]. En esa misma época, el condestable de Castilla le recomendaba que se casara con Isabel de Portugal añadiendo “por que es de nuestra lengua”, expresión que Menéndez Pidal clifica de “inexactitud filológica, pero que revela la fraternidad fundamental hispanoportuguesa”. Todos estos elementos, unidos a las ideas de Mota, tienden a hispanizar la idea imperial de Carlos V y a impregnarla de una evidente patina católica que estará presente hasta sus últimos días en Yuste.

Esta concepción juega malas pasadas al Emperador. Tras la victoria de Pavía, Francisco I , vencen los consejeros de Carlos V que preconizan un trato deferente hacia el prisionero esgrimiendo la idea del “imperio de paz cristiana” que supondrá poco después la liberación del rey vencido y el que no se atuviera a su palabra dada reanudando la hostilidad contra España. Carlos V hace gala de “modestia principis” y se preocupa mucho más del “bien de la cristiandad” que de la pujanza del Imperio, renunciando a aprovechar los frutos de la jornada de Pavía.

Hoy los historiadores reconocen el error. Gattinara, por el contrario, había recomendado desmembrar Francia, incorporar algunos territorios al Imperio y desbaratar el poder económico (luego el peso político) de ese reino, para poder establecer con más facilidad la “monarquía universal”.

No hay que olvidar que en ese momento la idea del “imperio cristiano” presidida por Carlos V era contemplada con ambigüedad desde el Vaticano. Las dudas sobre la postura del Papa provocaron en 1526 el “Saco di Roma”, con el asalto de la ciudad por nuestras tropas dirigidas por el condestable de Borbón y el encierro del Papa en Sant’Angelo. En 1526, en un escrito firmado por Carlos V al Papa Clemente VIII y redactado por Alfonso de Valdés reafirma su plan: guerra contra los turcos en defensa de la fe, cuando éstos fueran vencidos, Lutero volvería al redil o se estaría en condiciones de eliminar a sus partidarios. Si el papa se opusiera y no apoyara a Carlos V, al emperador le cabría apelar al juicio de un Concilio general. La carta de Valdés fue entregada al nuncio Baltasar de Castiglione, pero el papa, inicialmente se niega a la convocatoria del concilio y Caros V apela al Colegio de Cardenales. Dicho con otras palabras: Carlos V termina situando su defensa de la catolicidad por encima del papado, como último y lejano reflejo de las ideas de Gattinara sobre el Imperio como institución superior al Papado.

En 1528 las cosas vuelven a su lugar: Carlos V reconoce al papado superior al Imperio y marcha a Roma a ser coronado emperador. Mantiene la idea del concilio (que será, finalmente, la asamblea de Trento). Resume su proyecto en el discurso del 16 de septiembre de 1528 que, hoy se acepta fue redactado por el obispo de Guadix, uno de sus consejeros, fray Antonio de Guevara, predicador de palacio y cronista imperial. Como era de esperar, ese discurso se orienta hacia la “monarquía católica” y la “defensa de la fe”.

Tras ser coronado emperador, Carlos V se entrevista con en Bolonia con el embajador Contarini al que le desmiente que aspire a ser “monarca universal”. Carlos V aspira a “hispanizar Europa”, trasladar el sentido de cruzada y de guerra contra el turco que había experimentado nuestro pueblo durante los ocho siglos de dominación islámica.

Es en este caldo de cultivo ideológico en el que luego florecerá la mística española del siglo de Oro, en el que se producirá la colonización española de América bajo el signo de la cristiandad. Así mismo, es inseparable el fenomenal impulso literario de la lengua castellana de la adhesión que experimentó el Emperador Carlos por esa lengua que hizo suya (“es tan noble que merece ser sabida y entendida por todo la cristiandad” dijo al obispo de Macon, embajador francés que no hablaba correctamente castellano). Ese impulso empieza ya bajo Carlos V con La Celestina y El Lazarillo de Tormes, con la recopilación del Romancero y con la difusión del Amadis y el Tirant.

Subsiste la “idea unitaria” (Menéndez Pidal dice que Carlos V “al hispanizar su imperio propaga la hispanidad por Europa”). Pero, a decir verdad, la correlación de fuerzas no le es favorable.

Basando en la fe católica la salud y la unidad del Imperio se enfrenta inevitablemente a los príncipes centroeuropeos que han abrazado las distintas formas de protestantismo. La salud del Imperio queda vinculada a la del catolicismo y si el Emperador puede responder por él mismo, no puede hacerlo por la aptitud y dimensiones de los papas de la época.

Esta vinculación Imperio-España-Catolicidad hace que el imperio termine fragmentándose y desangrándose en las guerras de religión que cubrirán una dilatada época hasta principios del siglo XVII con la paz de Utrech. Si, ciertamente, ha sido el mejor momento de la historia de España… breve y fugaz, por lo demás, pero con errores políticos y de orientación que vale la pena sopesar.

Se venció en Lepanto y se contuvo a los turcos (¿hubiera actuado de otra manera ante una ofensiva enemiga un imperio que aspirase a la Monarquía Universal? ¿Acaso no hubiera reunido más fuerzas, no sólo para derrotar a los turcos en Lepanto, sino para devolverlos a Asia Central de donde nunca debieron salir?); el Imperio salió renovado tras la crisis que se prolonga desde el siglo XIV hasta Carlos V, pero la renovación se realiza en función del catolicismo. Las guerras de religión demostraron la sumisión del Imperio a la fe. Y el imperio se perdió precisamente por la aceptación de esa misión y de esa sumisión. Diferente hubiera sido si el Imperio en sí mismo, hubiera agrupado la doble espada “espiritual y temporal”, si el Emperador se hubiera considerado superior al Papado, si el “orden de Melkisedec en función del que se consagraba a los emperadores gibelinos, se hubiera reconocido como superior al “orden de Abraham”, si el Emperador, en definitiva, hubiera estado por encima del sacerdocio.

Pero esto hubiera supuesto rescatar el ideal gibelino; contrariamente a lo que se tiene tendencia a pensar, este ideal suponía la primacía del imperio sobre el papado, solamente entendiendo el Imperio como la síntesis del ideal espiritual y temporal encarnado en la figura del Emperador. Esa era la idea de Mercurino Gattinara y del “humanismo mágico” de su tiempo. Esa idea fue derrotada en la polémica ideológica que envolvió a la corte del Emperador Carlos. Y se pagó, como todo error –porque a la postre las guerras de religión fueron un error que debilitaron al Imperio y terminaron por dejarlo exangüe-, caro.

La idea imperial fracasó pronto. Carlos V renunció al Archiducado de Austra que entregó a su hermano Fernando de Habsburgo y, más tarde, haría lo mismo con la corona húngara. La dinastía de los Austrias se partió irremisiblemente en dos: la española y la vienesa. La idea del imperio español católico, en su decadencia, favorecería la multiplicación de los Estados Nacionales,

El error de fondo fue reducir toda sacralidad al papado y, por tanto, la misión del imperio solamente podía ser la defensa de la fe católica… cuyo centro no era España, sino el Vaticano. El centro del Imperio no estuvo en la Península, tras llegar de Flandes, terminó estando, tampoco en Roma como concepto imperial, sino en el Vaticano. Pero el Vaticano tenía otros intereses que no siempre coincidían con los del Imperio. Fue un error y se pagó. Seguramente de haber triunfado las tesis de Mercurino Gattinara, la historia de Europa habría tomado una orientación diferente.

La idea imperial que defendió Gattinara era superior a la idea que finalmente el Emperador Carlos terminó asumiendo, de la misma forma que la idea de Mota implicaba una renovación de la decaída idea imperial anterior y que sería también superior a los episodios históricos que seguirían luego. Pero, si hay que situar a la idea imperial de Carlos V en la escala de la historia hay que concluir necesariamente que, siendo elevada, había otras opciones más elevadas todavía.

© Ernesto Milà – infokrisis – infokrisis@yahoo.es – http://infokrisis.blogia.com

Jueves, 21 de Febrero de 2008 09:29 #.

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mardi, 18 mars 2008

B. Rabehl: Der kurze Weg zur RAF

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Der kurze Weg zur RAF
Bernd Rabehl stellt in einer neuen Veröffentlichung die Frage nach der linken Gewalt

Wie aus einem internen Kriminalitätslagebericht der Berliner Polizei hervorgeht, der vor kurzem in der Tageszeitung Die Welt veröffentlicht wurde, ist die Zahl linksextremer Straftaten in der Hauptstadt im vergangenen Jahr stark angestiegen – um ein Drittel von 540 auf 720 Fälle. Auch bei den linken Gewaltdelikten ist ein Anstieg von 56 Prozent auf insgesamt 175 Fälle zu verzeichnen.

Ähnlich stellt sich die Situation in Deutschlands zweitgrößter Stadt Hamburg dar. So geht aus einer vorläufigen Antwort des Senats auf eine Kleine Anfrage des Hamburger SPD-Bürgerschaftsabgeordneten Andreas Dressel hervor, daß die Anzahl linksextremistischer Straftaten von Januar bis November 2007 im Vergleich zum Vorjahreszeitraum von 16 auf 57 Delikte um 256 Prozent anstieg. Die Anzahl rechtsextremer Straftaten sank dagegen im gleichen Zeitraum um 23 Prozent von 384 auf 293 Delikte. Zu letzterer Zahl muß man allerdings wissen, daß es sich bei drei Vierteln der dem Rechtsextremismus zugeordneten Straftaten nach Angaben des Hamburger Senats um »Taten aus dem Bereich der Propagandadelikte wie zum Beispiel Hakenkreuzschmierereien« handelt. Besonders besorgniserregend fällt in der Hansestadt der Anstieg von linksextremistischen Gewaltdelikten von 8 auf 31 Fälle aus, was einer Zunahme von 287 Prozent entspricht.
Zu diesen Meldungen paßt, daß die Berliner Polizei schon im November vergangenen Jahres eine Serie von über 100 von Linksextremisten auf Autos verübte Brandanschläge meldete, die sich alleine im Jahr 2007 zutrugen. Und auch hier ist Berlin kein Einzelfall: Erst im Januar dieses Jahres bekannte sich eine bislang unbekannte Gruppe von Linksextremisten zu einer Serie von neun Brandanschlägen auf Autos in Göttingen. Durch die Brandanschläge wurden seit Oktober 2006 unter anderem Fahrzeuge der Göttinger Polizei, der Bundespolizei sowie von Firmen und Privatpersonen zerstört und ein Schaden in Höhe von 175. 000 Euro angerichtet.
Das eigentlich Interessante an diesen Meldungen besteht in ihrer geradezu totalen Nichtbeachtung durch die Medien. Während das Land im Oktober 2006 in wochenlange Schockstarre fiel, weil auf einer Sekundarschule im sachsen-anhaltinischen Parey einem Schüler ein Schild mit einer antisemitischen Parole umgehängt worden war, können linksextremistische Straftaten, selbst dann, wenn sie sich zu den größten Straßenschlachten seit dem Ende der Weimarer Republik ausweiten, was im vergangenen Jahr in Rostock am Rande des G8-Gipfels der Fall gewesen war, die Aufmerksamkeit der Öffentlichkeit nur kurz fesseln. Meist läßt man sie allerdings ganz unter den Tisch fallen. Dieses krasse Mißverhältnis in der Wahrnehmung politisch motivierter Gewalt gehört – wie so vieles andere auch, mit dem das Land momentan zu kämpfen hat – zur Erbschaft der Achtundsechziger.

Linkes Deutungsmonopol

Diese etablierten erst subtile Unterscheidungen von aktiver und passiver, von struktureller und manifester, von revolutionärer und konterrevolutionärer Gewalt und errichteten auf der Basis solcher Definitionen dann schließlich ein Deutungsmonopol, das darauf hinauslief, daß »linke« Gewalt immer für gut oder doch zumindest für deutlich weniger kritikwürdig befunden wurde als andere Formen von politisch motivierter Gewalt.
Vierzig Jahre nach »68« hält nun auch ein Mann Rückschau, der zu den Hochzeiten der 68er-Bewegung zu den engsten Freunden und Weggefährten Rudi Dutschkes zählte, für zwei Jahre im Bundesvorstand des »Sozialistischen Deutschen Studentenbundes« wirkte und der heute zu den sachkundigsten, aber auch kritischsten Geistern zählt, wenn es darum geht, sich daran zu erinnern, was damals eigentlich gewesen war, und was die 68er-Bewegung im Guten wie im Bösen zustandegebracht oder versäumt hat. Die Rede ist von Bernd Rabehl, dem das Otto-Suhr-Institut der Freien Universität Berlin nach einem Interview mit dieser Zeitung im Jahr 2005 keine Lehraufträge mehr erteilte – ein Disziplinierungsversuch, der offensichtlich fehlschlug, denn an der Unabhängigkeit der Positionen Rabehls hat sich nichts geändert.
Dies stellt Rabehl auch in seiner jüngsten Veröffentlichung, einem kurzen, dafür umso präg-nanteren Bändchen mit dem Titel »Linke Gewalt – Der kurze Weg zur RAF« unter Beweis, der als Reaktion auf die »eigenartige Renaissance« der RAF im Jahr 2007 entstand. Die »zunächst kämpferische, dann beinahe nostal-gische Sympathie für die Täter« sage viel »über das Verhältnis der Linken zur Gewaltfrage« aus, so Rabehl weiter, der allerdings zwischen dem Gewaltverständnis der klassischen radikalen Linken mit ihrem »geschichtsdeterministischen Anspruch einer ›revolutionären Gewalt‹« und der antiautoritären Linken, bei der eine »ästhetische Betrachtung von Politik« vorherrschte, unterscheidet. Rabehl konstatiert aber auch, daß die damalige Unruhe, die eine ganze Generation von Studenten ergriff, aus sehr tiefliegenden Impulsen gespeist wurde und deshalb auch mit rein restaurativen Antworten nicht mehr zu beruhigen war: »Hinter den Provokationen stand die Überzeugung, daß weder Ost- noch Westeuropa nach 1945 befreit worden waren. Fremde Truppen waren einmarschiert, hatten die Städte und Gebiete besetzt und unter sich aufgeteilt … Die einen nannten ihr Machtgebilde ›Volksdemokratie‹, die anderen ›parlamentarische Demokratie‹. Die Traditionen, auf die sich die Linke berief – 1789, 1848, 1871, 1917/18, 1936 – waren nach 1945 nicht in die neuen Verfassungen aufgenommen worden. Es gab so gut wie keine Selbstbefreiung der Völker und Klassen und keine wirkliche Beteiligung der Wähler an der Macht.«

Ausnahmegestalt Dutschke

Wie auch schon in seiner Biographie »Revolutionär im geteilten Deutschland« sieht Rabehl im Rückblick in Rudi Dutschke, insbesondere auch wegen dessen charakterlichen Qualitäten, den einzigen Mann, der in der damaligen Situation den gordischen Knoten hätte durchschlagen und die Verhältnisse zum Positiven ändern können. Allerdings sei Dutschke zwischen den an ihn als Revolutionär, Theoretiker und Familienvater gestellten unterschiedlichen Ansprüchen geradezu zerrieben worden, und das Attentat vom Gründonnerstag 1968, bei dem Dutschke angeschossen wurde, habe dann schließlich die Fraktionierung und den Zerfall der außerparlamentarischen Opposition befördert. Nun sei der Weg für diejenigen frei gewesen, die auf die Gewaltkarte setzten und bei der RAF oder anderen terroristischen Vereinigungen landeten. Eine andere Fraktion wiederum, so Rabehl, beschritt »den traditionellen Weg der Durchexerzierung der verschiedenen Kampfpositionen der KPD«, um die Radikalopposition zugunsten »einer halbliberalen und halbdemokratischen Karrierepartei« – Rabehl meint hier die »Grünen« – aufzulösen.
Besonders interessant sind dann die Analysen Rabehls in seinem »Ausblick« betitelten letzten Kapitel. Dort prognostiziert er: »Sicher ist, daß Terror oder Stadtguerilla als Themen im wahrsten Sinne des Wortes ›schlagartig‹ wieder auf der Tagesordnung stehen werden, wenn die Kriege in Nahost und in Afghanistan nicht auf ihren Raum begrenzt bleiben. Bei einer Ausweitung dieser Kriege würden die Stadtguerillas der islamischen Kämpfer das ›Wasser‹ in den deutschen und europäischen Städten nutzen, um ihre Aktionen gegen den Militärapparat der NATO und der Bundeswehr zu starten.« In den linken Globalisierungsgegnern von »Attac« sieht Rabehl hingegen keinen neuen SDS, denn, »wer genauer hinschaut, weiß, daß den Attac-Protagonisten nur die Entgrenzung des Kapitals gegen den Strich geht, die Entgrenzung von Kulturen, Völkern, Grenzen aber mitnichten«.

Substanzlose Globalisierungsgegner

In den »multikulturellen Träumern« sieht Rabehl Kollaborateure, die beim »Umbau Europas« der »politischen Eliten der herrschenden Parteien« mitspielen: »Die Träumer begreifen nicht, daß alle Ansätze von Protest, ›Klassenkampf‹, Widerstand, Streik, Widerwort durch das mittlerweile fast flächendeckend vorfindbare ›babylonische Völkergemisch‹ längst paralysiert sind.« Daraus zieht Rabehl den Schluß: »Die Globalisierungsgegner bleiben in ihrem Internationalismus ohne Substanz, solange sie nicht die nationale Frage stellen und die nationale Selbstbehauptung der einzelnen Völker und Nationen als das begreifen, was sie ist: das Bollwerk gegen die grenzenlose Vernutzung. Auf eine provokante Formel gebracht: Ohne eine radikale Rechte wird es keine radikale Linke geben.«
Rabehls Schrift »Linke Gewalt – der kurze Weg zur RAF« ist als zweiter Beitrag in der von der Edition Antaios herausgebrachten und mit der etwas merkwürdigen Bezeichnung »Kaplaken« betitelten Reihe erschienen. Das Wort »Kaplaken« stammt aus dem Holländischen und bezeichnet eine Sondervergütung für erfolgreiche Kapitäne; in dem Zusammenhang mit der Namensgebung für eine Buchreihe soll es wohl auf den geistigen Gewinn verweisen, den die Lektüre dieser Reihe verspricht. Freilich läßt schon der Blick auf die anderen Titel der Reihe kaum etwas zu wünschen übrig: Da finden sich Karlheinz Weißmanns »Konservatives Minimum« und Bernard Willms' »Philosophie der Selbstbehauptung« neben Theodor Lessings »Intellekt und Selbsthaß« sowie weitere Titel von Götz Kubitschek und Hermann Heidegger. Die Lektüre von Rabehls Bändchen macht jedenfalls Lust auf mehr.

Arne Schimmer

Buchempfehlung: Bernd Rabehl – Linke Gewalt. Der kurze Weg zur RAF, Edition Antaios, 79 S., 8,00 Euro (Art.-Nr. 104138). Zu beziehen über den DS-Buchdienst, Postfach 100 068, 01571 Riesa, Tel.: 03525/5292-0, Fax: -23 oder klicken Sie hier und bestellen gleich in unserem Internetladen.

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lundi, 17 mars 2008

F. Thual : Géopolitique du chiisme

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A lire:

François THUAL : Géopolitique du Chiisme, Arléa, Paris, 2002 (1ière éd. : 1995), 6 Euro, ISBN 2-86959-562-X.

 

Depuis la prise de pouvoir par l'Ayatollah Khomeiny en 1979, en Iran, et depuis que le Hizbollah libanais-pa­les­ti­nien défraye la chronique sanglante du Proche-Orient, on a tendance, dans nos pays, à limiter le phénomène re­­­ligieux chiite à l'Iran et au Liban. C'est inexact. Il existe des chiismes, comme le précise Thual dans son ou­vra­­ge. Les Alevis turcs dérivent du chiisme mais se passent de clergé. Les Alaouites de Syrie relèvent égale­ment du chiisme. Les Hazaras, persanophones mais de souche mongole, qui vivent au centre de l'Afghanistan et qui conservent, sous leur vernis musulman, des éléments du bouddhisme antérieur (Bamiyan), sont également des chiites, fidèles à une alliance perse toute théorique, dans le contexte actuel. Le phénomène est donc beau­­coup plus complexe qu'on ne le croit généralement. Cependant, Thual doit constater qu'il n'existe pas d'in­ter­­nationale chiite, comme il n'existe pas d'internationale bouddhiste. Certains cercles iraniens rêvent ef­fec­ti­ve­­ment d'un "panchiisme", mais entre ce rêve et la réalité, la marge est importante sinon insurmontable. Thual (p. 135): «Il ne peut pas y avoir d'internationale chiite car, …, il n'y a pas de centre chiite. Le chiisme reste en­glué dans les fragmentations que lui a léguées son long passé … force est de constater que les antagonismes na­tio­­naux et théologiques entre les branches du chiisme le (= le mouvement vers le panchiisme) condamneraient ra­­pidement à l'impuissance».

 

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