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lundi, 17 mars 2008

Jean Pierre Boyer

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17 mars 1825: Jean-Pierre Boyer, président haïtien, devient, après élection, le chef d’un Etat regroupant Haïti et Saint-Domingue, auparavant possession espagnole. Par l’intermédiaire d’un « indigénisme » d’idéologie républicaine et « illuministe », les Etats-Unis s’assurent d’un pouvoir faible à leur dévotion indirecte dans le Golfe du Mexique, soit dans les Caraïbes, que le géopolitologue belge des années 30, Jacques Crokaert, avait nommé la « Méditerranée américaine ». L’objectif est de ne laisser s’implanter aucune puissance européenne dans les îles caraïbes, de façon à ne pas y créer un tremplin —ou une base de sous-marins— face à la masse continentale nord-américaine. La France a pu conserver la Martinique et la Guadeloupe parce que De Gaulle, à Londres, s’est rangé aux côtés des alliés occidentaux. Les autorités de Vichy craignaient une main-mise américaine sur ces îles, de même que sur Saint-Pierre-et-Miquelon, mais les gaullistes ont dû se battre aussi pour conserver à la France ces « confettis d’empire », dont l’importance stratégique pourrait pourtant s’avérer capitale.

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dimanche, 16 mars 2008

Sur Marc. Eemans

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Marc. Eemans : poète peintre ou peintre poète?

En hommage à Marc. Eeman, à l’occasion du quatrième anniversaire de son absence, nous avons traduit ce texte de 1972, que lui avait consacré Jo Verbrugghen

Le moins que l'on puisse dire sur Marc. Ee­mans, c'est qu'il est un artiste à facettes mul­ti­ples, un artiste très controversé, voire maudit pour certains cénacles; quoi qu'il en soit, dans au­cun domaine où il a déployé ses activités dif­férenciées et assez dispersées, que ce soit dans le domaine de l'histoire de l'art, de la pein­ture ou de sa critique d'art indépendante, on ne peut le définir de manière complète et dé­finitive. Marc. Eemans échappe sans cesse à tou­tes les orthodoxies, à toutes les formes de dog­matisme, à toutes les classifications ar­bi­traires, qui posent des normes étroites, rigides et prédéfinies. Quant à la question (subalterne) de savoir si son œuvre appartient ou non à l'es­pace du surréalisme, elle est, à mon avis, sans importance et il l'a d'ailleurs précisé lui-mê­me en ces termes : « Je poursuis en soli­tai­re une voie parallèle au surréalisme "ortho­doxe" (pour autant qu'il y en ait un) et que je sois considéré comme surréaliste ou non, peu me chaut. Ce n'est après tout qu'une étiquette et les injures, les suspicions et les diffamations de certains qui n'ont rien de commun avec la pensée profonde d'André Breton m'indiffèrent. Ce que je sais, c'est que je ne serais pas ce que je suis, si le surréalisme n'avait pas exis­té». Cette dernière phrase est importante, à coup sûr, ne fût-ce que parce qu'elle permet une approche plus juste de l'œuvre de Marc. Ee­mans en tant qu'artiste créateur.

La puissance magique originelle des sagas et des traditions

Marc. Eemans est, pour l'essentiel, un poète. De son recueil de poésies "Vergeten te Wor­den" (éd. Hermès, 1930), en passant par “Het Boek van Bloemardinne" (éd. Colibrant, 1954), par “Hymnode" (éd. Colibrant, 1956) et par la sé­lection la plus récente, "Les cheminements de la grâce" (éd. Espaces-Fagne, 1970), son œu­vre poétique présente une unité remarqua­ble, enrichissante et vraiment accomplie. Sans aucune discontinuité, Marc. Eemans coule dans les mots une nostalgie inextinguible : celle du mot qui étaye, celle du concept qui parvient vraiment à abstraire, celle de la conception irréconciliable du "mot" et du "contenu"; bref, les éléments essentiels de la poésie et l'inten­sité intérieure de son art, il entend les lier d'une manière audacieuse et indissoluble à la puis­sance magique originelle des sagas et des tra­ditions les plus anciennes, avec ou sans re­ligiosité délibérée et vécue, avec une folie heu­reuse et avec la profondeur du transport my­sti­que qui procure identité et parole.

Réconcilier les fragments de diverses traditions

Sa poésie, à laquelle il donne en toute cons­cien­ce une dimension ésotérique, ne sera vrai­ment comprise dans son message initiatique et hu­manisant que par ceux qui acceptent d'être initiés aux vérités cachées sous des oripeaux poétiques ou sous la forme de légendes dans les récits mythologiques de l'Occident et de l'O­rient : mythe du Graal, mythe de la Toison d'Or, l'Odyssée, les mythes perses de Zurvan ou de Yima, les mystères d'Eleusis, les Nibe­lun­gen, pour ne citer que les sources princi­pa­les de son inspiration. Le message et l'intention du Marc. Eemans poète sont autant syncréti­ques que religieux : délibérément, il mélangera des fragments de diverses traditions avec des passages différents ou des sagesses issues d'ail­leurs; il va les réconcilier, les forcer à faire éclore une nouvelle révélation, qui, en même temps, sera une prise de position particulière et personnelle de type manichéen, où il n'ac­ceptera aucune autre vérité que celle de sa pro­pre expressivité, que celle d'une univer­sali­té libératrice et englobante, bref, un mélange étrange de coercition et de libération, de ha­sard et de conséquence logique. Son art est dès lors naturellement baroque, surchargé, as­sez violent, archaïsant, déconcertant. Les ima­ges qu'il utilise sont concentrées puisqu'elles ont absorbé à satiété des éléments concrets que le poète a puisé dans la nature qui l'en­tou­re et nous entoure ou qu'il a repris, tout sim­plement, d'autres phénomènes tangibles et vi­sibles. Mais ce ne sont pas les images en elles-mêmes qui sont importantes, ni même les lam­beaux et les concepts qu'il puise dans les récits my­thologiques puisque ces images, lambeaux et concepts sont subordonnés à l'expressivité, au lien qui unit langue et sentiment, folie et image, langage et contenu : une telle position con­duit nécessairement à une spiritualisation et à une abstraction.

Des aspirations religieuses limitées au monde de l’existence temporelle

L'homme est la donnée centrale : l'homme a­vec sa nostalgie d'un ailleurs, l'homme et ses in­certitudes quant à l'existence ou la non exis­tence, l'homme avec ses doutes et ses crain­tes, ses espoirs et désespoirs, avec ses ques­tions troublantes qui n'ont pas d'autres répon­ses que de nouvelles questions dépourvues de sens, l'homme avec son incommunicable can­deur et ses efforts impuissants pour échapper à lui-même et qui se perd dans une pitoyable er­rance vers des mondes oniriques, autant de refuges que nous espérons pour échapper à nos limites temporelles et à notre désolation au spectacle de l'insuffisance humaine. Marc. Ee­mans n'accepte aucun au-delà et limite vo­lon­tairement et brutalement ses aspirations re­li­gieuses au monde de l'existence temporelle el­le-même. Son mysticisme et un mysticisme sans Dieu, sans enfer, sans ciel, sans Etre su­pé­­rieur. Notre destin est la Terre. La vie se ter­mi­ne avec la mort de la vie : il n'y a pas le moin­dre espoir de fuite, ni pour lui, le poète, ni pour nous, dans un au-delà libérateur.

Tout est lié dans l’unité d’une création unique

Bien entendu, sa poésie est manichéenne, gno­stique : la solution, l'explication, la responsa­bi­li­­té, la libération finale de la prison de nos in­certitudes ne sont possibles que sur la voie du re­gard porté vers notre intériorité, sur la voie de la gnose qui lance ses regards tous azimuts et ne connaît ni limites ni préjugés ni particu­la­rismes. Tout se passe toujours entre la vérité et le mensonge, entre Eros et Thanatos, entre la lumière et l'obscurité, entre le bien et le mal, en­tre l'esprit et la matière et aucun de ses élé­ments ne peut être longtemps séparé de l'au­tre. Tout est lié dans l'unité d'une création uni­que. A l'intérieur des cycles de temporalité, tout passe. Il n'existe pas de bien sans le mal, pas de vérité sans mensonge, pas de certitude sans doute. L'esprit, lui-même, fait partie de no­tre propre matérialité et ce n'est que par cette voie somatique et matérielle que l'esprit peut s'exprimer. La mort n'est pas un tournant mais une fin, pire, la fin, la seule issue. L'au-de­là que nous essayons d'atteindre n'existe qu'en nous. Il se trouve en notre intériorité, il vit et meurt avec nous et le chemin du pèlerin vers l'absolu ne connaît pas d'autre issue que la porte sans sensualité de la mort. De la mê­me manière, le chemin vers la poésie la plus su­blime et vers l'abstraction la plus détachée pas­se nécessairement par la langue la plus ex­pressive, celle des images.

Un intérêt pour la mystique des Pays-Bas

Autre élément, tout aussi important dans la poé­­sie de Marc. Eemans : son intérêt pour la my­stique des Pays-Bas [Nord et Sud confon­dus], qui constitue la base et le substrat de sa propre langue poétique. En outre, le contre­poids de cet intérêt pour une mystique à la­quelle il se soumet, et qui le force à se re-créer sans cesse, est la recherche constante d'une sou­pape de sécurité, d'une libération qu'il trou­ve dans un jeu intellectualiste et, plus encore, dans le défi. Eemans provoque, blesse, défie, dé­sarçonne. L'intention et le choix des mots dans “Het Boek van Bloemardinne” est en ce sens une véritable provocation, voire une sorte de pastiche puisque, sur base de quelques ra­res allusions de Pomerius sur la figure mysté­rieuse de Bloemardinne, Marc. Eemans réécrit les textes légendaires, introuvables depuis le mo­yen âge, de cette mystique flamande héré­tique dans ses “carmina nefanda”. L'œuvre four­mille d'intenses éléments mystiques, très pré­gnants, d'expériences et de révélations my­stiques, mais aussi de réminiscences d'Hade­wych, de Ruusbroec et de Maître Eckhart. L'œu­­vre fourmille donc d'images visionnaires d'une haute sublimité, de détachements mais aussi d'évocations de rituels magiques lascifs et sensuels qu'Eemans fait revivre dans la Fo­rêt de Soignies, dans la région où, plus tard, Ruus­broec se dressera contre les ensei­gne­ments hérétiques de Bloemardinne. Mais “Het Boek van Bloemardinne” n'est pas entièrement un pastiche puisque tout est d'Eemans lui-mê­me, puisque Bloemardinne (pour autant qu'elle ait vraiment existé) n'est finalement qu'un nom, qu'un drapeau ne recouvrant aucun con­te­nu; le livre d'Eemans est surtout un maillon précieux, mieux, un tournant décisif, entre ses premiers écrits et ses premières allusions et espérances d'ordre métaphysique, d'une part, et ses chants d'amour supra-mondains que l'on trouvait dans “Hymnode”.

Un surréalisme où il y a toujours référence à un mythe

Quand il peint ou qu'il dessine, Marc. Eemans re­ste un poète. Dans ses traits et dans les for­mes concrètes et tangibles qu'il crée, il expri­me les mêmes aspects et aspirations, recrée le mê­me climat. Sur chaque toile, dans chaque es­quisse, dans chaque dessin linéaire, nous re­trouvons la même préoccupation mystique, le mê­me intérêt pour les récits mythologiques, le mê­me esprit et le même défi provocateur. Il est frappant de constater combien cette œuvre est apparentée au surréalisme, pourtant, elle n'est jamais un véritable surréalisme, ni même un vrai symbolisme, même si l'on considère les ima­ges qu'il englobe dans ses compositions  —un nu féminin, un aigle, une image de la gé­mellité—  comme des symboles, car elles per­mettent toujours une autre interprétation, qui re­ste peut-être secondaire, mais qui est néan­moins présente et possible. Marc. Eemans n'a pas besoin d'un langage symbolique. Il est ca­pable de s'exprimer, simplement en posi­tion­nant les uns à côté des autres des éléments fon­cièrement étrangers ente eux, d'une ma­niè­re syncrétique. Magritte aussi procédait de la sor­te, quoique dans une optique totalement dif­férente voire antagoniste. Chez Marc. Ee­mans, l'inclusion d'un motif ou d'un symbole est toujours justifiée par la référence à un my­the, de manière à ce que la composition soit et de­meure cohérente. L'élément ludique consti­tue une partie intégrante de ce sérieux créa­teur. Le défi se cache derrière un rapport trou­ble, sensuel sinon érotique : ainsi, il placera de jo­lies filles nues tirées du magazine "Lui" à cô­té d'éléments secondaires pour créer une com­­position inhabituelle mais à vocation éso­té­ri­que; les modèles des photographes de “Lui", dé­ployant tout le charme de leurs seins ou de leurs nombrils, se retrouvent dans une com­po­si­tion ésotérique qu'elles n'ont sûrement ja­mais soupçonnée! Par exemple, le portrait à la Van Eyck du Sire Arnolfini, Eemans va le re­pla­cer au-dessus d'un paysage marin soulevé par une tempête, qu'il aura emprunté à un maître hollandais; de même, l'homme au turban rou­ge de Van Eyck se verra uni à un paysage ita­lien volcanique, celui du Vésuve, tel qu'on peut le voir dans le Musée de Capo di Monte. Les sou­venirs de sa première épouse, décédée, il les fera revivre dans une composition très fine, où domine une lumière nordique.

Provocation ? Kitsch ?

Sans jamais s'interrompre, Eemans provoque : jusqu'à la limite du mauvais goût, sinon du kitsch, il peint des ciels et des horizons en des cou­leurs spongieuses et blêmes; sur d'autres toi­les, il réagit par rapport à son propre passé et aux difficultés que lui ont apportées les an­nées d'occupation. Jamais il n'avait caché, à l'é­poque, son dégoût pour les théories du Ver­di­naso de Joris van Severen et pourtant, il y a quelques années, il a peint “La Croix de Bour­gogne”, où des mains qui s'entrecroisent avec, en leur centre, un poing fermé, rappelle d'une manière incompréhensible le symbole du Ver­di­naso. Dans une autre toile encore, qui est une composition inachevée, il réunit, d'une fa­çon tout aussi provocante, les mêmes mains pour former un swastika.

Cette provocation déconcertante n'est à son tour qu'un masque, une image folle qui ne con­cer­ne pas l'essence de son œuvre. C'est com­me si Marc. Eemans se mettait un masque sur le visage, comme s'il retournait cette espèce de sophisme pour se défendre contre ses pro­pres expressions, pour se soustraire à notre cu­riosité qui cherche à comprendre.

« Le Pèlerin de l’Absolu » : symbole de l’œuvre tout entière

Marc. Eemans est et reste un poète qui se dis­si­mule derrière des mots et des images, qui ca­che sa vision pessimiste de la vie derrière l'ai­greur d'images secondaires. Les mots, les li­gnes, les toiles et les poèmes forment une uni­té. Dans les deux disciplines, Eemans utilise les mê­mes paroles, mais dans un langage diffé­rent. C'est très évident dans le double et ma­gi­stral auto-portrait qu'il a réalisé en 1937 et qu'il a appelé “Le Pèlerin de l'Absolu”. De ma­nière très marquée, ce tableau extraordinaire ré­sume l'ensemble de son œuvre, qui est vrai­ment un unique dédoublement sublime.

Jo VERBRUGGHEN, juin 1972.

 

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samedi, 15 mars 2008

G. Nivat: Vers la fin du mythe russe

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A lire:

Georges NIVAT : Vers la fin du mythe russe. Essais sur la culture russe de Gogol à nos jours, L'Age d'Homme, Lausanne, 1988, 22,87 Euro, (pas d'ISBN mentionné dans l'ouvrage).

 

Oblitéré par une soviétologie généralement insuffisante, le savoir sur la Russie, en Occident, est réduit à des cli­chés inopérants. Le grand souffle de l'histoire russe ne trouve aucun écho dans nos médias, si ce n'est pour le dé­nigrer et le criminaliser. Cette lacune du savoir historique a des conséquences très graves aujourd'hui: les Eu­ropéens de l'Ouest ne se rendent absolument pas compte que toutes les attaques concentrées contre le ter­ri­toi­re russe aujourd'hui sont des attaques contre l'Europe dans son ensemble. Des notions géographiques aussi es­sentielles que les Balkans, le Caucase, l'Asie centrale, la Mer Noire ne font rien vibrer chez nos concitoyens. Geor­ges Nivat, philologue slave de nationalité française, comble évidemment cette lacune, du moins po­ten­tiel­le­ment, car les médias n'évoquent guère son œuvre titanesque. Vers la fin du mythe russe est un ouvrage de 403 pages, très dense, mais dans lequel nous conseillons plus particulièrement le chapitre 9, intitulé "'Du pan­mon­golisme au mouvement eurasien", afin de bien connaître les tentatives russes de théoriser cet espace no­yau, que le géographe britannique McKinder nommait le "Heartland". L'idéal du "mobilisme" mongol a effec­ti­ve­ment hanté les esprits, et pas seulement celui de ce baron germano-balte, Fiodor von Ungern-Sternberg, Com­man­deur d'une "division de cavalerie asiatique", lancée aux trousses des bolcheviques de Trotski dans les im­men­sités sibériennes. A signaler également, les chapitres 16 et 17, où Nivat évoque deux figures importantes, Pierre Pascal, traducteur d'Evola, auteur d'un ouvrage sublime sur les martyres japonais après 1945, qui est un rus­­sophile, mais un russophile réprouvé, auquel on ne donnait aucun accès aux grands médias. Ensuite, il nous parle d'Alain Besançon, ponte de la lourdeur "sovié­to­lo­gique" aux temps de la Guerre Froide, qui a oblitéré par des vérités propagandistes, made in USA, la dy­na­mi­que de l'histoire russe, si bien que nous ne sommes plus en me­sure de comprendre l'actualité tragique qui se dé­roule aujourd'hui sous nos yeux. Le chapitre 21 traite de la notion de "fratrie russo-européenne", chère à Vla­dimir Volkoff. Le chapitre 29 analyse le fondement de la pen­sée de Soljénitsyne : les fortifications du moi, qu'il s'agit pour nous d'intégrer en nos fors intérieurs, pour lutter con­tre la dictature médiatique, exactement com­me les "chevaliers du Goulag" avaient lutté contre leurs tour­menteurs. Enfin, à lire éga­le­ment, le chapitre 35, con­sacré à Zinoviev, féroce analyste d'un réel, devenu irréel sous les coups répétés d'une idéologie sché­ma­tique, qui réduit tout à ses tristes dimensions. S'abstraire de ce mon­de inique passe par la satire la plus féroce, une satire bien perceptible dans l'histoire littéraire russe.

 

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Inventaire de la modernité avant liquidation

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« Inventaire de la modernité avant liquidation /Au-delà de la droite et de la gauche, études sur la société, la ville, la politique »
Par Pierre Le Vigan

La modernité est en période d’épuisement historique. Consommer toujours plus, être toujours plus compétitif, être toujours plus « ouvert » sur le monde, tout cela aboutit à ce que les peuples soient de moins en moins eux-mêmes. S’ouvrir ? Oui, mais pour donner quoi et recevoir quoi ? C‘est cette crise de la modernité finissante qu’examine Pierre Le Vigan, collaborateur notamment des revues « Eléments » et « Nouvelle Ecole ». L’auteur explique pourquoi la société est de plus en plus désintégrée, et pourquoi les repères de valeurs s’estompent. Le capitalisme financier se dresse contre les producteurs, le travail n’est plus facteur d’intégration, le culte de l’urgence rend fou l’individu hypermoderne, la religion de la transparence nie les intimités et met l’homme à nu. Il n’est dès lors pas étonnant qu’il se blesse et que les maladies psychiques explosent. Dans ce contexte, l’immigration rend plus fragile encore le socle commun de souvenirs, le sens d’un avenir partagé et le monde commun lui-même qui fonde la « common decency ».

La ville est le lieu où cette crise du lien social se traduit le plus nettement, puisqu’elle est le lieu de la production des formes et qu’elle donne ses couleurs à nos vies et à notre imaginaire. Or cette ville est à la fois tentaculaire et vidée de son intensité urbaine que ne rappellent plus que les centres commerciaux géants ou les flammes des jours d’émeutes. Société fragmentée en multiples infra-cultures tribales, ville désurbanisée et ghettoïsée, l’étonnant serait que le politique se porte bien. De fait, le politique a perdu son espace qui est l’espace public ; le libéralisme qui a toujours sous-estimé la nécessité de liens communautaires devient la caricature de lui-même : il n’est plus la responsabilité de chacun, il n’est plus le droit à l’initiative. L’hypermédiatisation transforme la démocratie représentative en coquille vide, et la démocratie d’opinion prend la place d’une souhaitable mais impossible démocratie directe dans une société dont le lien social s’effrite voire se rompt.

Dans cette situation il ne peut y avoir, indique Pierre Le Vigan, qu’une réponse globale qui prenne en compte l’ensemble des pratiques de l’homme. La société doit confectionner à nouveau du lien social au service d’un projet de civilisation : indépendance de l’Europe, économie relocalisée et autocentrée. Pierre Le Vigan défend un véritable projet écologique qui prenne d’abord en compte les besoins d’enracinement de l’homme. Comme l’écrit l’auteur, nous sommes plongés dans une « guerre des valeurs » : s’aligner sur l’Amérique, ou être plus américain que l’Amérique – c’est encore une façon de raisonner dans les mêmes termes quantitatifs et marchands. C’est pourquoi, à l’inverse, l’auteur propose de penser la puissance autrement, comme la force intime d’une civilisation, irriguée par sa propre conception du monde. Conscient de la nécessité d’être concret et pragmatique, l’auteur évoque longuement et précisément les conditions pour redonner sens à la démocratie confisquée qui est la nôtre. Il propose ainsi une dose de proportionnelle mais s’oppose à la proportionnelle intégrale, il prône le référendum d’initiative populaire et préconise de dissocier nationalité et citoyenneté. C’est ainsi qu’apparaissent les grandes lignes d’une démocratie impériale européenne. « Nous ne cesserons d’affirmer le monde contre ce qui va dans le sens de sa négation [et] de la mort de l’esprit », écrit Pierre Le Vigan.


Noël Rivière
12/02/08
Polémia

Pierre Le Vigan, « Inventaire de la modernité avant liquidation /Au-delà de la droite et de la gauche, études sur la société, la ville, la politique », préface d’Alain de Benoist, Avatar Editions, Collection Polémiques, 2007, 424 p., 39 €.

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vendredi, 14 mars 2008

Evola: Die Lehre der "integralen Tradition"

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»Cavalcare la tigre«
Julius Evola und die Lehre der »integralen Tradition«

Das Leben des Barons Giulio Cesare Andrea Evola steht im Zeichen der Tradition. Er beschwor das Wesen des Politischen auf geistiger Grundlage, gegen Chauvinismus und bourgeoisen Nützlichkeitsmaterialismus. Als Vertreter des aristokratischen Prinzips und Befürworter einer auf dem Sakralen gründenden elitären Haltung war er einer der schärfsten systemimmanenten Kritiker des Faschismus – und zugleich Berater Benito Mussolinis.

Julius Evola wurde am 19. Mai 1898 in Rom geboren. Den Ersten Weltkrieg verbrachte er als Artillerieoffizier an der Front. Anschließend beteiligte er sich an den avantgardistischen Kulturbewegungen des Dadaismus und Futurismus. Anfang der zwanziger Jahre wandte er sich jedoch von der Kunst ab und begann ein Ingenieurstudium, das er aber kurz vor Beendigung abbrach. Daraufhin widmete er sich der Philosophie.
Ende 1926 bildete sich in Rom unter Leitung von Evola die »Gruppe von Ur«, die sich in magischen Übungen und Initiationsriten übte. Nach Zerfall der Gruppe beschäftigte sich Evola mit den Grundlagen der Tradition und faßte seine Erkenntnisse in den Werken »Die hermetische Tradition« (1931), »Das Mysterium des Grals« (1937) und »Lo yoga della potenza« (1949) zusammen.
Julius Evola wurde streng katholisch erzogen, wandte sich aber bereits in früher Jugend vom Katholizismus ab und der heidnischen Antike zu. Sehr großen Einfluß hatten die Schriften Meister Eckharts auf ihn ausgeübt, die er auf Deutsch las. Eine andere Einflußquelle war der Taoismus. Ausgehend vom Hauptwerk Lao Tses, dem »Tao Te King«, schreibt Evola in seinem Buch »Heidnischer Imperialismus«: »Die Überlegenheit beruht nicht auf Macht, sondern die Macht auf der Überlegenheit.« Demzufolge geht Evola grundsätzlich von der Überlegenheit geistiger über materielle Kräfte aus.

Evola und der Faschismus

Daraus ergab sich auch Evolas Haltung zum Faschismus. Diese war nicht unkritisch, aber er glaubte, daß eine Korrektur genügen müsse, um den Faschismus in die richtigen Bahnen zu lenken. Für Evola war klar – und da stimmte er mit Mussolini überein –, daß die römische Antike die eigentliche große Zeit war und es seitdem nur einen kulturellen Abstieg gab. Er ist damit einer der prominentesten Vertreter des Kulturpessimismus.
Bereits seit 1929 schrieb Evola von der aufbrechenden Gefahr, daß sich »Amerikanismus« und »Bolschewismus« die Welt aufteilen könnten. Dabei würde Europa verlieren – und mit Europa meinte er vor allem das Europa mit antikem Bezug.

»Revolte gegen die moderne Welt«

Eines der berühmtesten Werke Julius Evolas ist die »Revolte gegen die moderne Welt«: Das 1934 erschienene Buch gilt als sein Hauptwerk. Darin lehnt er alles Moderne ab. Er vermißt das »Sakrale« der Antike. Evola versteht sich als Traditionalist. Der demokratische Gedanke, daß die Macht eines Herrschers von den Untertanen käme, ist ihm völlig fremd. Das »Königtum« erwächst ihm nicht aus der Basis, sondern aus der aristokratischen Einstellung, aus dem Geist, aus der »Rasse« des Herrschers. So lehnt er nicht nur die Demokratien ab, wie wir sie heute als solche verstehen, sondern auch alle anderen Theorien, die im Namen des Volkes handeln, also auch Kommunismus und Nationalsozialismus. Die Französische Revolution und die aus ihr kommende Moderne erscheint ihm als Wurzel des Übels. Bemerkenswert ist, daß Evola den Begriff der »Nation« – da aus der Französischen Revolution kommend – ablehnte und stattdessen ein Vertreter des Reichsbegriffes war. Dies war auch einer der wesentlichen Punkte, die ihn vom modernistischen Flügel des Faschismus trennten.
Obwohl seit frühester Jugend ein Bewunderer Deutschlands, lehnte Evola den Nationalsozialismus wegen seiner modernistischen und biologistischen Ausrichtung grundsätzlich ab. Gleichwohl sah er in den Überlegungen Heinrich Himmlers, einen Ordensstaat der SS zu errichten, etwas Bewundernswertes. Umgekehrt war das Verhältnis der SS-Führung zu Evola ambivalent. Einerseits wurde er von dieser bei seinen Vortragsreisen in Deutschland nach Möglichkeit behindert; andererseits war Himmler ein eifriger Leser seiner Werke, welcher auch seiner persönlichen Umgebung die Lektüre anordnete. Himmler war vor allem von den esoterischen Zügen Evolas und dessen asiatischen Bezügen angetan.

Evola in der Zeit nach den Zweiten Weltkrieg

Nachdem Julius Evola bei Recherchen im Archiv der SS- Organisation »Ahnenerbe« in Wien 1944 bei einem Bombenangriff schwer verletzt worden war und zeitlebens querschnittsgelähmt blieb, kehrte er erst 1947 nach Rom zurück. 1951 wurde ihm wegen »Verherrlichung des Faschismus« und »Bildung einer faschistischen Verschwörung« der Prozeß gemacht, in dem er allerdings freigesprochen wurde. Danach wirkte er insbesondere bei den Bestrebungen des italienischen MSI in den fünfziger Jahren, eine Europäische Soziale Bewegung zu schaffen, mit.
Der sogenannten Studentenrevolte, die mit dem Jahr 1968 verknüpft ist, stimmte Evola zu. Er galt bei den – zumeist linken – Studenten als eine Art »Anarchist von Rechts«, und sein Buch »Cavalcare la tigre« – 1968 erschienen – wurde an den Universitäten begeistert gelesen. Insbesondere die Wendung gegen den »Konsumterror« entsprach den Ideen und Gedanken Evolas, jedoch kritisierte er die Oberflächlichkeit der 68er. Julius Evola starb am 11. Juni 1974 in Rom.

»Cavalcare la tigre« (»Den Tiger reiten«)

»Den Tiger reiten« kann man sowohl als gegenwartsbezogene Ergänzung zu den Hauptwerken Evolas lesen oder auch völlig ohne deren Kenntnis, einfach als ein Mensch, der sich in der modernen Welt nicht zuhause fühlt, der aber davon überzeugt ist, daß es in dieser Welt keinen Raum gibt, um eine neue, ganz andere Ordnung zu errichten. Dieses Buch ist daher ein nihilistisches, das auf den Umschlag des aktiven Nihilismus in ein Positives abzielt.
Der Ausgangspunkt des Werkes ist demgemäß auch nicht eine Doktrin, sondern eine Haltung: die innere Distanz. Da Evola die modernen Phänomene abklopft, ihre Unzulänglichkeit und Widersprüchlichkeit aufdeckt und zugleich zeigt, wie weit man an ihnen bei Wahrung der inneren Distanz teilhaben kann, um ihnen schließlich eine andere Richtung zu geben – und sie eben wie einen Tiger zu lenken –, scheint untergründig die traditionelle Welt auf, was womöglich eindrücklicher ist, als wenn diese lehrbuchmäßig aufgegliedert würde.
Die bürgerlichen Konventionen der üblichen »Rechtskultur« kommen zumeist überhaupt nicht in den Blick, nur dann, wenn Evola seine Kritik an Jugendkult, Zügellosigkeit und Verweigerungshaltung von diesen scharf abgrenzt. Nicht eine Wiedererrichtung einer irgendwie konservativen Gesellschaftsordnung wird angepeilt, sondern die Errichtung einer inneren Ordnung in der Freiheit von der äußeren Pseudo-Ordnung.
Da Julius Evola von einem zyklischen Verlauf der Weltgeschichte ausgeht – von den »vier Weltzeitaltern« – und sich die Menschheit zur Zeit im »dunklen Weltzeitalter« befindet – dem »Kali – yuga« der altindischen Überlieferung –, lehnt er jegliche restaurative Bestrebungen hin zu überkommenen Ordnungen ab und befürwortet stattdessen – ähnlich wie Nietzsche –, den Verfall sogar noch zu beschleunigen, damit das »dunkle Zeitalter« endlich seinem Ende entgegengeht und Platz macht für ein neues »goldenes Zeitalter«. Doch solange der derzeitige Zustand noch anhält, soll der Mensch, der sich der Tradition verpflichtet fühlt, in »innerer Distanz« zu seiner heutigen Umwelt verharren. Wie diese innere Distanz im einzelnen aussehen kann, darüber sagt Evola nichts aus.

Evolas Anhänger – unterschiedliche Strömungen

Dies führt dazu, daß es sowohl »kontemplative« als auch »aktivistische« Anhänger Evolas gibt. Erstere berufen sich zu Recht auf - besonders den »späten« – Evola, da dieser Zeit seines Lebens kleine Gruppen von »Jüngern« um sich scharte, aber insbesondere in seinen letzten Lebensjahren noch den Plan verfolgte, einen neuen – allerdings »heidnischen« – Ritterorden zu gründen. Letztere nehmen die nihilistischen Aspekte von Evolas Gedanken auf, gehen aber noch einen Schritt weiter, um schließlich dem apolitischen Individualismus eine neue politische Front entgegenzusetzen.
Hauptvertreter dieser Strömung war der Italiener Franco Freda mit seinem 1969 erschienenen Buch »La disintegrazione del sistema«. Unmittelbar als Reaktion auf Evolas Buch hatte dieser brillante Kopf der jungen italienischen radikalen Rechten den Text »Per un radicalismo di destra: Cavalcare la tigre« verfasst und gründete die Gruppo di Ar. In der »Disintegration des Systems« proklamierte Freda einen Standpunkt der Tradition völlig außerhalb des Systems und den Zusammenschluß aller systemfeindlichen Kräfte, ob sie in der bürgerlichen Welt als »links« oder »rechts« gelten mögen.
Der »authentische Staat« wird in der Konzeption Fredas nicht von dieser oder jener Ideologie gebildet. Sein Herz ist eine Macht, die die irdische und individuelle Ebene übersteigt. Gerade deshalb basiert er – und das heißt seine Ordnung und Hierarchie – nicht auf Besitzverhältnissen, sondern die materiellen Reichtümer gehören dem Staat und damit allen seinen Angehörigen, also dem Volk. Freda spricht deshalb vom Volksstaat und entwirft eine Art spartanischen Sozialismus, angelehnt an das Vorbild des platonischen Idealstaates. Von unmittelbarer Relevanz war jedoch der offene Aufruf zur Zerstörung des bürgerlichen Systems, mit dem der Text endet: »Es ist schlußendlich notwendig, für die Zerstörung des Systems die wirklich geeigneten Ziele in einer radikalen Weise zu präzisieren. Die Taktiken zu verlassen, die für die legalistischen Zwänge oder die reformistischen Illusionen ausreichen: ohne irgendeine – schuldige – Unentschlossenheit gegenüber der Anwendung all der drastischen und resoluten Mittel, die den Hindernissen entsprechen, die es zu überwinden gilt und die von der Großartigkeit des Ziels verlangt werden.«
Evola selbst konnte und wollte solchen radikalen Gedankengängen nicht folgen und warnte vor einer »maoistischen Schwärmerei«. Aber der tiefer liegende Konflikt bleibt bestehen: Wie weit kann der Mensch der Tradition sich mit dem antagonistischen politischen Gegner einlassen, um das System zu überwinden, das beide als Gefängnis ansehen? Und wie sieht es mit ausländischen Bezugspunkten aus? Und schließlich: die Volksstaat – Konzeption nicht nach dem bürgerlichen Nationalismus des 19. Jahrhunderts, sondern im Rückgriff auf Sparta und Platons »Politeia« als Gegenpol zu dem – oder auch als Rückzug aus dem – sich auflösenden bürgerlichen System.
Diese Fragestellungen haben sich nach dem Untergang des kommunistischen Systems durch den »Endsieg des Kapitalismus« und dem aus diesem Anlaß vom Sieger proklamierten »Ende der Geschichte« neu gestellt. In der Frontstellung seit dem Beginn des imperialistischen Krieges gegen die islamische Welt stellt sich die noch dringendere Frage, wie eine Verbindung mit dieser zustande kommen kann, um das Joch des Systems abzuwerfen, ohne daß die eigene Identität dabei verloren geht.
Auch wenn Evolas Gegenwartsanalyse selbst einer Anpassung an die neue Lage bedürfte, so gibt sie doch eine deutliche Orientierung, in welchem Sinne diese Anpassung zu erfolgen hat.

Günther Schwemmer

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K. K. F. W. Lachmann, érudit latiniste

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14 mars 1793: Naissance à Brunswick du philologue classique allemand Karl Konrad Friedrich Wilhelm Lachmann, auteur de commentaires sur le De Rerum Natura de Lucrèce, ouvrage pionnier et innovateur en éru­dition latine. Lachmann établira les règles de la métrique et de la prosodie de l’ancien et du moyen haut al­lemand médiéval. En 1829, il publie des éditions de la poésie de Catulle et de Tibulle. En 1847, il inaugure les études homériques, en publiant un ouvrage remarqué (bien que dépassé aujourd’hui) sur l’Iliade. Véritable héros des études sur la longue mémoire européenne, Lachmann a uni, en sa personne, le passé latin, grec et germanique de l’Europe.

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P. Gentile et les démocraties mafieuses

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Panfilo Gentile, critique et pourfendeur des démocraties mafieuses

 

On dit que le terme “partitocratie” est né à l'U­ni­versité de Florence en 1949 : le premier à l'a­voir utilisé serait Giuseppe Maranini, à l'oc­ca­sion de l'ouverture de l'année académique. Mais parmi les premiers hommes politiques à avoir utilisé ce terme figure Don Luigi Sturzo qui, au Sénat, avait dénoncé l'avènement de la par­titocratie “contre laquelle il fallait opposer une résistance sérieuse dès le départ”. Cepen­dant, la critique de l'immixtion générale des par­tis politiques en tous domaines est vieille d'au moins un siècle. Déjà Minghetti, en 1881, a­vait publié un volume dédié aux partis politi­ques et à leur ingérence dans la justice et l'ad­ministration (I partiti politici e la loro ingerenza nelle giustizia e nell'administrazione). Avant lui, Ruggero Bonghi avait dénoncé la “profonde corruption [des mœurs politiques] que provo­quaient les partis”. Il relevait que “nous étions en train de transformer les meilleures formes de gouvernement en les formes pires qui aient ja­mais existé, en un réseau fort dense de pe­tites ambitions qui… s'étendant à tous le pays, compénétrant sa moelle, ne laissera au­cun mem­bre intact et sain”.  Ce sera cependant l'a­vè­nement du parti-église, du parti-Prince, de fac­ture léniniste, qui fera que la forme poli­ti­que “parti” assumera sa pleine légitimité à do­miner la société civile.

 

Rendre justice à ceux qui, très tôt, avaient dénoncé les tares de la partitocratie

 

Mais les efforts pour dénoncer la partitocratie, fil­le directe du Parti Unique (dont elle est la ver­sion tentaculaire sous la forme du “pluralis­me”), deviendront plus systématiques et com­plets dans l'Italie républicaine de la seconde moi­tié du 20ième siècle. J'estime que c'est une in­justice, et un oubli injustifié, que cette cri­ti­que tardive et unanime de la partitocratie ait ou­blié ceux qui, des décennies auparavant, en a­vaient dénoncé les tares avec une précision ri­goureuse. Finalement, certains auteurs com­me Flores d'Arcais ont soutenu la thèse que la partitocratie était de droite (et même de “nou­velle droite”) en son essence. Nous assistons là à un véritable renversement des rôles et des dé­finitions, si l'on considère que les pré­cur­seurs les plus lucides et les plus intransigeants de la critique de la partitocratie appartenaient plutôt à la sphère culturelle de droite. On pou­vait peut-être imputer à cette culture une cer­taine sympathie pour les solutions autoritaires, un anti-parlementarisme et, dans certains cas, un anti-démocratisme, mais certainement pas une volonté de défendre les travers de la par­ti­tocratie.

 

Panfilo Gentile observe trois Italies politiques

 

Nous utilisons ici le vocable de “droite” au sens large, tout en faisant allusion à des anti-fas­cis­tes du genre de Mario Vinciguerra ou de Piero O­perti ou à d'anciens fascistes comme Camillo Pel­lizzi ou Carlo Costamagna, ou à des per­son­nalités comme Giacomo Perticone, Lorenzo Ca­boara, et, enfin, à Gianfranco Miglio. Mais le po­lémiste le plus efficace dans sa critique de la par­titocratie fut Panfilo Gentile, au départ jour­na­liste. Panfilo Gentile est un vieux chêne de la culture politique italienne qui a successivement vé­cu, de manière difficile et non conformiste, l'Ita­lie de Giolitti, l'Italie de Mussolini et l'Italie de la République d'après 1945. Gentile, qui meurt en 1971, a traversé les trois Italie(s), en pré­férant toujours la partie “incorrecte” de la cul­ture, en somme la culture d'opposition du mo­ment. Il avait commencé sa carrière comme so­cialiste dans les colonnes d'Avanti quand le di­recteur de ce journal était Benito Mussolini; avec celui-ci, il a partagé également l'ex­pé­rien­ce d'Utopia. Ensuite, il est passé à l'Unità de Sal­vemini, pour ensuite devenir professeur d'u­ni­versité et se consacrer à une carrière d'avo­cat dans la période fasciste. Plus tard, il se re­trou­va parmi les activistes du Mondo de Pan­nun­zio et de Risorgimento liberale. Après avoir assuré un moment la direction de Nazione et avoir passé un long moment dans la rédaction du Corriere della Sera, il termine ses activités de publiciste à droite, dans les pages de Spec­chio, de Roma et de Borghese. Mais, surtout, il a­chève de publier une captivante trilogie con­tre la partitocratie, avec Polemica contro il mio tempo, Opinioni sgradevoli et Democrazie ma­fiose, trois volumes édités par Volpe. Ces livres ont connu de nombreuses rééditions; en les re­li­sant, on s'aperçoit de l'éternelle fraîcheur et vi­vacité des arguments de ce polémiste cul­ti­vé; de plus, la lucidité de ses positions criti­ques reste pleinement actuelle. Notre démo­cra­tie, écrivait Panfilo Gentile dans les années 60, est en réalité “une oligarchie de demies por­tions” à laquelle correspond également une in­telligentsia constituée à son tour de “demies por­tions”. Le déclin des élites est donc à l'ori­gine de la mauvaise qualité de la démocratie ita­lienne. Ses pages, consacrées au “dé­ca­den­tisme” qui caractérise l'intelligentsia de gau­che, sont très pertinentes. Avec vigueur et lu­ci­dité prophétique, Panfilo Gentile prévoyait, en pleine effervescence de 1968, la fin des idéolo­gies. A commencer, d'ailleurs, par l'idéologie du progrès, dont il entrevoyait, justement dans les années où elle connaissait son apothéose, les signes du déclin.

 

Démocraties mafieuses, cryptocraties et néo-capitalisme

 

Les démocraties mafieuses selon Panfilo Gen­ti­le sont très justement décrites et définies com­me des “cryptocraties” : ce qui signifie que, dans ces démocraties mafieuses, le pouvoir de­vient invisible, occulté, soustrait à la lumière du consensus et du contrôle public. C'est le pou­voir des groupes, des secrétariats de parti et aussi des lobbies et des potentats de l'éco­no­mie. Il s'agit, ni plus ni moins, des pouvoirs forts et invisibles, dont on parle à intervalles ré­guliers. Nous ne devons pas oublier les pa­ges que Panfilo Gentile a écrites sur le néo-ca­pi­talisme et la nouvelle bourgeoisie. Il sou­te­nait la thèse que le néo-capitalisme, avec la dés­humanisation qu'il générait, avec le con­for­mis­me qu'il généralisait, était le terrain idéal pour faire croître la partitocratie. C'est évi­dem­ment une analyse dont il faut se souvenir au­jour­d'hui quand on oppose les désastres de la partitocratie aux “merveilles” que l'on prête à la caste des “entrepreneurs”. Ou quand on af­firme qu'il faut guérir les erreurs de la politique par la thérapie du marché. Analyse d'autant plus intéressante que Panfilo Gentile ne se po­sait pas d'emblée comme anti-libéral ni même comme un opposant au laisser-faire en écono­mie.

 

Unique remède : la république présidentialiste

 

Les conclusions de Panfilo Gentile  —même si el­les sont enclines au pessimisme—   l'ont con­duit, de perplexités en perplexités, à réclamer le passage à une République présidentialiste. Il ne voyait pas d'autres correctifs efficaces con­tre la partitocratie. C'était pour lui l'unique re­mè­de, qu'il considérait toutefois comme anti-au­toritaire, parce qu'il restituait une autorité dé­cisionnaire au-delà des cénacles [occultes] des partis. La République présidentialiste était l'u­nique voie, selon lui, qui était un libéral anti-partitocrate, pour annuler les effets pervers d'une “démocratie sans peuple”, dont parlent é­galement Duverger et Nenni. Ainsi, Panfilo Gen­tile, remettait le sceptre entre les mains du peuple [réel].

 

Dans le corpus doctrinal du conservateur Pan­fi­lo Gentile ressurgit toutefois une ancienne hé­ré­dité socialiste; n'oublions pas qu'il fut, entre au­tres choses, avant la Grande Guerre, l'au­teur d'un important essai révisionniste du mar­xis­me, où il a tenté de réinstaller le socialisme dans le filon de l'idéalisme critique. C'est la tâ­che qu'il s'était assigné dans les colonnes d'A­vanti, le journal dont Mussolini était le ré­dac­teur en chef. Celui-ci y a d'ailleurs consacré une longue recension, où il n'épargnait pas à Pan­filo Gentile d'âpres critiques, y compris à la syn­taxe et au titre qu'il jugeait “trop prolixe pour un ouvrage aussi bref”. Pourtant, ce mê­me Mussolini a trouvé dans cet essai de Panfilo Gentile ce qu'il s'apprêtait à faire, c'est-à-dire bouleverser le socialisme de fond en comble, mê­me si, dans un premier temps, il a critiqué les thèses de cet ouvrage.

 

« A quelles conclusions aboutit ce Gentile ? » se demandait Mussolini. « A un boulever­se­ment total de la notion même de socialisme. Le facteur économique, de subordonnant, devient su­bordonné. Passe au second plan. Le so­cialis­me n'est plus une nécessité économique, mais une nécessité transcendante, métaphysique : il de­vient la réalisation nécessaire de l'idée ». Il s'a­git donc du renversement du socialisme en un idéalisme, en un mythe, ce que fera Musso­lini plus tard, mais en s'inspirant de Sorel et de l'autre Gentile, Giovanni Gentile, théoricien de l'ac­tualisme fasciste.

 

Mais l'ancien socialiste Panfilo Gentile se défi­ni­ra plus tard, en 1969, dans un entretien accor­dé à Gianfranco de Turris, comme “l'un des ra­res réactionnaires d'aujourd'hui”. Et il ajoutera, dans une préface au livre Apologia della rea­zione de Ploncard d'Assac, que “l'unique façon d'être progressiste, c'est d'être réactionnaire”. En ces années-là, Panfilo Gentile se définissait aussi comme “un jacobin d'extrême droite” et critiquait le fascisme parce que “trop démocra­tique et trop populaire”. Panfilo Gentile était donc réactionnaire, mais restait libéral, et laï­que (il fut l'auteur d'une excellente Storia del Cristianesimo), demeurait en lutte permanente con­tre la “cléricalisation des esprits”. 

 

Contre la « cléricalisation » des esprits

 

Ceux qui l'ont connu dans ses dernières an­nées, quand il habitait dans la Via Veneto à Ro­me, se rappelleront de lui comme l'homme tou­jours assis dans l'angle gauche de son ca­bi­net de travail, à côté d'une machine à écrire por­tative sur laquelle il tapait à un seul doigt, en­touré de chiens et de chats. Sur les murs é­taient suspendus des portraits dédicacés de D'An­nunzio, de Gioacchino Volpe, de Missiroli et de Croce, ainsi que l'ordre de Commandeur du Cordon Bleu. Il était largement octogénaire. Il avait l'habitude de ne jamais révéler son â­ge. A un journaliste qui l'avait qualifié de “do­yen” dans un interview, il avait demandé de changer ce terme : « C'est pour ceux qui sont en­core plus vieux que moi ». Une chose est cer­taine : ses pages sur les démocraties ma­fieu­ses, la chienlit du 20ième siècle, n'ont pris au­cune ride, car elles décrivent encore mieux notre temps que le sien. Ce vieux réactionnaire ja­cobin aimait le passé, mais, en fait, il a décrit l'avenir.

 

Marcello VENEZIANI.

(extrait du livre L'Antinovecento. Il sale di fine millenio, Leonardo ed., Milan, 1996, ISBN 88-04-40843-X).

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jeudi, 13 mars 2008

F. Thual: Géopolitique du bouddhisme

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A lire:

François THUAL : Géopolitique du Bouddhisme, Editions des Syrtes, Paris, 2002, 10 Euro, ISBN 2-84545-048-6.

 

Généralement, ceux qui manifestent leur enthousiasme pour le bouddhisme dans nos pays, imaginent que cette re­ligion asiatique est une religion de paix et de sérénité, proche de l'idéal hippy. Thual dissipe cette illusion et mon­tre que "cette religion millénaire a participé à l'Histoire et à sa violence". Il étaye son argumentation en ana­­lysant notamment le cas thaïlandais, où le nationalisme siamois, fondé sur un bouddhisme proprement thaï, a servi de moteur à une politique visant à restituer le royaume thaï dans ses dimensions pré-coloniales, avant que les Anglais n'aient grignoté son territoire au profit de la Birmanie, inféodée au British Empire, et de la Ma­laisie et que les Français n'aient annexé au Laos ou au Cambodge des territoires auparavant thaïlandais. De mê­me, le bouddhisme japonais, dans sa version Zen, a également participé à l'idéologie nationaliste nipponne (à ce propos lire : Brian Victoria, Le Zen en guerre - 1868-1945, Seuil, Paris, 2001, 21,04 Euro, ISBN 2-02-041258-6). Thual dépouille donc le regard occidental sur le bouddhisme de ses naïvetés.

 

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Erdogan: "Assimilierung ist ein Verbrechen"

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»Assimilierung ist ein Verbrechen«
Türkischer Ministerpräsident Erdogan bestätigt unfreiwillig die NPD
Während im Südosten Anatoliens nahezu täglich Menschen sterben, weil das türkische Militär den kurdischen Freiheitskampf für einen eigenen Staat mit aller Brutalität unterdrückt, erdreisten sich dieser Tage türkische Spitzenpolitiker, dem deutschen Volk Anweisungen zu geben.

Am Rande der Beisetzung einer in Ludwigshafen verbrannten türkischen Familie, die über einem türkischen Kulturverein wohnte und in deren Fall trotz eingeflogener türkischer Brand-Experten keine Hinweise auf Brandstiftung gefunden wurden, forderte der Parteichef der türkischen Sozialdemokraten, Deniz Baykal, die  »Fremdenfeindlichkeit« in Deutschland mit der Wurzel zu beseitigen.
Übertroffen wurde der streitbare Türke von seinem Ministerpräsidenten  Recep Tayyip Erdogan. Der islamistische Regierungschef der Türkei, der gerade das Kopftuchverbot an Universitäten in seinem Land aufheben ließ, forderte anläßlich seiner (Trauer)-Tour durch Deutschland im Kanzleramt tatsächlich die Einrichtung von staatlich finanzierten türkischen Schulen und Universitäten. Bei seiner öffentlichen Rede in der Kölner Arena forderte Erdogan seine Landsleute auf, ihre nationalen Eigenheiten in Deutschland zu bewahren, denn »Assimilierung ist ein Verbrechen gegen die Menschlichkeit«.
In der BRD gehen 500.000 türkische Kinder zur Schule. Der Großteil scheitert kläglich im bundesrepublikanischen Bildungssystem und die Milliardenbeträge für diese Jugendlichen sind rausgeworfenes Geld, wenn man die PISA-Studie und die Arbeitslosenstatistiken genauer analysiert. Auch gezielte Sprachförderungen, muttersprachlicher Unterricht durch 500 türkische Lehrer und deutsch-türkische Privatschulen in Köln, Hannover und Berlin bringen wenig.
Repräsentative Untersuchungen in den Niederlanden bei Berufsanwärtern für die holländische Eisenbahn belegen außerdem, daß Einwanderer aus der Türkei und Marokko einen um etwa 20 Punkte niedrigeren Durchschnitts-IQ haben als Mitteleuropäer. Auch in der zweiten Generation betrug die Differenz noch 12  IQ-Punkte. Während die erste Generation türkischer Gastarbeiter tatsächlich oftmals körperlich schwer gearbeitet hat, müssen die verzogenen und gescheiterten Nachkommen staatlich alimentiert werden. Letztlich fehlt es vielen türkischen Jugendlichen auch am Willen, sich den deutschen Verhältnissen anzupassen.
Heranwachsende mit Migrationshintergrund scheitern in der bundesdeutschen Arbeitswelt nicht, weil sie ihre Muttersprache nicht beherrschen, sondern weil sie schlichtweg nicht in der Lage sind, sich auf Deutsch adäquat auszudrücken. Türkischen Verbänden ist die niedrige Abi-turientenquote ihrer Landsleute in Deutschland ein Dorn im Auge; bleiben doch jungen Türken viele Berufsfelder schon von vorneherein verschlossen.
Erdogans Äußerungen sind ein weiterer Beleg für die Maßlosigkeit türkischer Spitzenpolitiker gegenüber anderen Völkern.
Während angehende Erzieherinnen in westdeutschen Ballungsgebieten für ihre spätere Berufspraxis türkisch lernen müssen, wünscht sich der türkische Regierungschef eine Sonderbehandlung für seine hiesigen Volksgenossen.
So sollen nach Erdogans Wünschen türkische Ghettokinder – am besten noch gegen die Schulempfehlungen deutscher Lehrer –  in türkischsprachigen Gymnasien zur Hochschulreife aufgepäppelt werden. Dabei ist allgemein bekannt, daß das türkische Bildungssystem dem deutschen Bildungswesen bei weitem nicht das Wasser reichen kann. Die zunehmende islamistische und seit jeher türkisch-nationalistische Ausrichtung der Lehrpläne dürften den meisten deutschen Steuerzahlern nicht schmecken. Die türkische Ghettobildung wäre dann auch bildungspolitisch langfristig abgesichert.
Dank dem Antidiskriminierungsgesetz müßten dann deutsche Firmen und öffentliche Einrichtungen türkische Schmalspur-Absolventen einstellen, obwohl diese kaum deutsch können. Während junge Türken in mehr Schlüsselpositionen gehievt werden würden, blieben mehr junge Deutsche auf der Strecke, weil schlichtweg das Geld für ihre Ausbildung fehlt.
Erdogans Forderung ist ein Armutszeugnis für die kognitiven Lernfähigkeiten seines Volkes, das auch nach 40 Jahren in der Fremde nicht fähig ist, die eigenen Kinder sprachlich auf das Schulsystem vorzubereiten. Vielleicht würden bislang verbotene kurdische Schulen in Anatolien Erdogan zum Umdenken bringen. 
Gleichzeitig bestätigen seine Aussagen das politische Programm der NPD. In ihrem Grundsatzprogramm lehnt die NPD die unnatürliche Assimilierung von Ausländern als verhängnisvoll für alle Beteiligten ab. Sogar die Einführung von nach Nationalitäten getrennten Schulklassen ist im NPD-Parteiprogramm verankert, um den in der Bundesrepublik lebenden wesensfremden Ausländern die Rückkehr in ihre Heimatländer zu erleichtern. Erdogans Forderung macht daher für eine gewisse Zwischenphase tatsächlich Sinn, daher der kollektive Aufschrei der linken Pädagogen und etablierten Integrationsbefürworter.
Nach einer Untersuchung der Universität Duisburg-Essen fühlen  sich junge Türken unter 30 Jahren in Deutschland oft unwohl und benachteiligt. Mit 57 Prozent gab die Mehrheit der jungen Türken zu, daß sie sich nur der Türkei verbunden fühlen. Daher fanden Erdogans Formulierungen großen Anklang unter den in Deutschland lebenden Türken. Wahrlich – wenn die NPD-Programmatik in wesentlichen Teilen nun sogar vom Ministerpräsidenten der Türkei bestätigt wird, dann ist die nationale Opposition in Deutschland auf dem richtigen Weg.

So sollen nach Erdogans Wünschen türkische Ghettokinder – am besten noch gegen die Schulempfehlungen deutscher Lehrer –  in türkischsprachigen Gymnasien zur Hochschulreife aufgepäppelt werden. Dabei ist allgemein bekannt, daß das türkische Bildungssystem dem deutschen Bildungswesen bei weitem nicht das Wasser reichen kann. Die zunehmende islamistische und seit jeher türkisch-nationalistische Ausrichtung der Lehrpläne dürften den meisten deutschen Steuerzahlern nicht schmecken. Die türkische Ghettobildung wäre dann auch bildungspolitisch langfristig abgesichert.
Dank dem Antidiskriminierungsgesetz müßten dann deutsche Firmen und öffentliche Einrichtungen türkischen Schmalspur-Absolventen einstellen, obwohl diese kaum deutsch können. Während junge Türken in mehr Schlüsselpositionen gehievt werden würden, blieben mehr junge Deutsche auf der Strecke, weil schlichtweg das Geld für ihre Ausbildung fehlt.
Erdogans Forderung ist ein Armutszeugnis für die kognitiven Lernfähigkeiten seines Volkes, das auch 40 Jahre in der Fremde nicht fähig ist, die eigenen Kinder sprachlich auf das Schulsystem vorzubereiten. Vielleicht würden bislang verbotene kurdische Schulen in Anatolien Erdogan zum Umdenken bringen. 
Gleichzeitig bestätigen seine Aussagen das politische Programm der NPD. In ihrem Grundsatzprogramm lehnt die NPD die unnatürliche Assimilierung von Ausländern als verhängnisvoll für alle Beteiligten ab. Sogar die Einführung von nach Nationalitäten getrennten Schulklassen ist im NPD-Parteiprogramm verankert, um den in der Bundesrepublik lebenden wesensfremden Ausländern die Rückkehr in ihre Heimatländer zu erleichtern. Erdogans Forderung macht daher für eine gewisse Zwischenphase tatsächlich Sinn, daher der kollektive Aufschrei der linken Pädagogen und etablierten Integrationsbefürworter.
Nach einer Untersuchung der Universität Duisburg-Essen fühlen  sich junge Türken unter 30 Jahren in Deutschland oft unwohl und benachteiligt. Mit 57 Prozent gab die Mehrheit der jungen Türken zu, daß sie sich nur der Türkei verbunden fühlen. Daher fanden Erdogans Formulierungen großen Anklang unter den in Deutschland lebenden Türken. Wahrlich – wenn die NPD-Programmatik in wesentlichen Teilen nun sogar vom Ministerpräsidenten der Türkei bestätigt wird, dann ist die nationale Opposition in Deutschland auf dem richtigen Weg.

Safet Babic

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1881: création de l'Okhrana

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13 mars 1881: Création de l’Okhrana, police politique des Tsars. Cette police voit le jour après l’assassinat du Tsar Alexandre II, véritable modernisateur de la Russie. Il émancipe la paysannerie créant le système du « zemstvo », ensemble de gouvernements autonomes locaux, scellant de facto l’abolition du servage. Alexandre II a régné sur la Russie entre 1855 et 1881, époque où elle venait d’affronter l’Occident protecteur de la Turquie lors de la Guerre de Crimée, où elle avait avancé ses pions en Asie centrale, butant ainsi contre les possessions indiennes de l’Angleterre, où elle avait appuyé l’émancipation des peuples roumains et bulgares en lutte contre l’oppresseur ottoman.

Les armées d’Alexandre avait prêté main forte à ces nationalistes orthodoxes du Danube et des Balkans, amenant leurs armées à 30 km de Constantinople, ce que ne pouvait admettre Londres, qui dépêcha des officiers de cavalerie et de marine pour réorganiser l’armée turque en pleine liquéfaction. En Asie centrale, l’œuvre d’Alexandre II fut considérable : création des protectorats de Boukhara en 1868 et de Khiva en 1873, maitrise de zones clefs dans cette région qui revient aujourd’hui à la une de l’actualité, organisation systématique de chemins de fer, accélérant la progression de forces russes dans la région.

De 1871 à 1881, les forces russes occupent également la région de Kouldja dans l’actuel Sin Kiang chinois. Alexandre II a donc mené une politique eurasienne conséquente, qui a permis de consolider l’empire russe et de challenger les Anglais aux frontières de la Perse et de l’Inde. Les éléments « révolutionnaires » qui l’ont assassiné, étaient-ils vraiment incontrôlés ? La police politique créée au lendemain de son assassinat vise donc à contrôler d’éventuelles influences étrangères sur les mouvements politiques contestataires russes de l’époque, exactement comme ils le font aujourd’hui, avec les révolutions oranges, roses, etc.

00:34 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : eurasisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

De Gucht en de nieuwe Koude Oorlog

De Gucht en de nieuwe Koude Oorlog

anti-navo.gifKarel De Gucht heeft op een vergadering in het Nato Defence College in Rome harde oorlogstaal gebruikt ten opzichte van Rusland. Omdat Rusland – dat een bondgenoot is van Servië – voortdurend de onafhankelijkheid van Kosovo blokkeert met veto’s in de VN-Veiligheidsraad, stelt de Gucht voor om resolutie 1244 van de VN die die onafhankelijkheid in de weg staat gewoonweg te omzeilen. Omzeilen is een eufemisme voor negeren en dat kunnen de Russen niet dulden.

De Russen zijn niet zo vertrouwd met de Belgische gebruiken om alle wetten en afspraken aan hun laars te lappen, als ze niet in het kraam passen van de politieke profiteurskaste. Voor de Gucht en zijn Atlantische broodheren is het uitroepen van de onafhankelijkheid van Kosovo niet zo zeer ingegeven door volkenrechtelijke motieven, maar spelen er veeleer Amerikaanse geostrategische doelen en belangen. En de Belgische kaste is een trouwe bondgenoot en kruiperige slippendrager van die Amerikaanse belangen. Volgens de Gucht moeten de NAVO en de EU nu maar eens krachtdadig de lijn trekken tot waar de Russische ambities mogen en kunnen gaan. De Gucht eist ook dat de NAVO zijn verantwoordelijkheid moet nemen ten opzichte van de Kosovaarse onafhankelijkheid en dat we ons niks moeten laten dicteren door de Russen. Het kan niet dat Rusland de wet dicteert, zegt de burgemeester van Berlare. De NAVO moet kunnen uitbreiden naar landen zoals de Oekraïne en andere vroegere Oostblokstaten stelt de Gucht. Dat zijn landen die tot nu behoren tot de invloedsfeer van Rusland en waar de EU in opdracht van de NAVO die invloedsfeer wil inpikken. Dat die overname van invloedsferen in het voordeel van Europa zou zijn is natuurlijk maar schijn. De EU-bureaucratie staat in dezen volledig ten dienste van het Amerikaanse imperialisme. De EU wil wel een versterkte Europese Veiligheids- en Defensiepolitiek (EVDP) maar – zo stelt de Gucht – die is niet in strijd met de belangen en doelstellingen van de NAVO-politiek. Integendeel, hoe sterker de EVDP wordt, hoe krachtiger de NAVO zal kunnen optreden, stelt hij. Omdat de bevolking niet meer zo uitgesproken Atlantisch denkt, wil de Gucht meer de nadruk leggen op de Europese defensiepoot. Ik kan dat zo makkelijker verkopen in mijn land, zegt de Gucht onomwonden.

Het is duidelijk dat de huidige Belgische machtskaste nog steeds de belangen van de VS verdedigt en niet de Belgische of de Europese belangen. Ook het zenden van gevechtseenheden (want wat zijn gevechtsvliegtuigen anders?) naar Afghanistan moeten gezien worden in het licht van de VS-strategie (en hun wereldwijde bondgenoten) om overal rond Rusland basissen te installeren. De VSA willen Rusland isoleren. De strijd tegen de Taliban dient hier alleen maar als camouflage. Omdat de VSA steeds meer te kampen hebben met een gigantische economische crisis – en ze dus niet meer in staat zijn alleen de militaire alleenheerschappij in stand te houden – schakelen ze nu de pro-Atlantische elite uit de gehele wereld in om hen ter hulp te komen. Deze elites die de huidige door de VS gestuurde globalistische economische wereldorde aankleven, plegen op hun beurt diefstal tegenover hun eigen bevolkingen door geld en middelen te draineren richting VS. Dat daarbij ook mensen geofferd moeten worden speelt voor de verraderselite geen enkele rol. Zo zijn er reeds 16 Nederlandse soldaten gesneuveld in Afghanistan. Op zich is het heel begrijpelijk dat de kapitaals- en andere elites zich haasten om de VS te hulp te snellen. De VS gijzelen de wereld met hun “deficit spending”. Dat is simpel gezegd: geld uitgeven dat ze niet hebben. De Amerikaanse kapitaalklasse, maar ook de gewone Amerikaans bevolking (70% van de groei in de VS is afkomstig van plaatselijke consumptie) teert op het werk en de inkomsten die in de rest van de wereld worden gerealiseerd en die via de Dollar naar de VS worden afgeleid. De VS kunnen inderdaad maar boven hun stand leven, omdat de Dollar nog steeds als internationaal betaalmiddel wordt aanvaard. 86% van alle deviezenhandel heeft met de Dollar te maken en 55% van alle internationale handel gebeurt met dezelfde Dollar. Ook bestaat 2/3 van alle bezittingen van de centrale banken uit dollars.

Aan dat verhaal dreigt nu een eind te komen, de VS kampen met een enorm tekort op hun begroting en op hun handelsbalans en er komt dus een gigantische economische en financiële ineenstorting en een economische recessie. (George Soros voorspelt zelfs de grootste financiële instorting sinds 60 jaar, d.w.z. bij het uitbreken van de Tweede Wereldoorlog.) Die zal de rest van de wereld meesleuren in een economische recessie Voor de Amerikanen is oorlog voeren dan ook een bijna onontkoombaar gegeven. Men denkt daarmee de macht van de Dollar in stand te kunnen houden en tegelijk de productieoverschotten weg te kunnen werken. De wereldelites zullen proberen om die financiële catastrofe te vermijden en daarom steunen ze de Amerikanen in hun oorlogsinspanningen. Men wil kost wat kost de dominantie van de Dollar als geldstandaard behouden. Zelfs opkomende grootmachten zoals China hebben massaal in de Dollar belegd. Een groot deel van de uitstaande schuld van de Amerikaans staat is in handen van de Chinezen via staatsobligaties. Maar uiteindelijk zullen deze wanhoopspogingen van de Amerikanen en hun collaborerende machtselites in Europa op niks uitlopen. De Amerikaanse supermacht is uitgehold en overgenomen door de grote corporaties. De Amerikaanse staat is alleen nog het omhulsel dat dient om de wereldheerschappij van het globalistische kapitaal veilig te stellen. Het is de gewapende arm van het wereldkapitaal geworden.

Voor Nationaal-Revolutionairen moet het duidelijk zijn: de huidige elites zijn niet meer bereid en niet meer in staat om onze Europese volkeren te verdedigen tegen komende wereldwijde crisissen en zullen zich uiteindelijk laten meeslepen in militaire avonturen. Er moeten in de Europese ruimte nieuwe en sterke bondgenoten worden gezocht. De Oost-Europese en Russische volkeren kunnen die bondgenoten zijn. Het is daarom crimineel om het grootste volk, het Russische, volledig te isoleren. De Amerikanen willen Kosovo als militaire basis gebruiken. Omdat Servië dat op zijn grondgebied nooit zal willen dulden, forceren de VS en de Euro-elite een vazalstaat. Want dat zal het statuut van Kosovo zijn en niks anders. De Koude Oorlog is dan helemaal terug.

Eddy Hermy,
Algemeen N-SA-coördinator

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Le Zen en guerre

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Le Zen en guerre

 

Moine soto zen depuis 1964, Brian Victoria pu­blie Le Zen en guerre. Ce livre est intéressant en dépit de sa tonalité politiquement trop cor­recte. J. P. Berthon écrit en préface: « L'une des caractéristiques du bouddhisme japonais con­cerne son étroite relation avec l'Etat. Ce der­nier lui exprime souvent son soutien, tout en le contrôlant au niveau de son clergé et de ses organisations. En retour, le bouddhisme a tou­jours offert au pouvoir son support spirituel. Dans certains cas, comme celui de l'école de Ni­chiren et de sa revendication de l’“établisse­ment de la Loi juste pour la paix dans le pays” au XIIIè siècle, le bouddhisme put même pren­dre à l'occasion des accents menaçants en de­mandant des réformes immédiates de la part de l'Etat. Ce que propose le bouddhisme de l’é­poque Meiji, ce sont, également, des "doctrines pour temps de guerre" qui entraînent l’ensem­ble des sectes dans le sillage du système impé­rial sans que les savants des études bouddhi­ques ne fassent entendre la moindre voix dis­sonante à l'encontre de ce choix pour le moins singulier. L'aventure militariste à laquelle fut as­socié le bouddhisme japonais au cours de la pre­mière moitié du XXe siècle ne manquera pas d’intriguer le lecteur occidental » (JdB).

 

Brian VICTORIA , Le Zen en guerre 1868-1945. Le Seuil. 2001. 368 pages. 138 FF.

 

L’opinion de Jean DESSALLE :

 

Le découpage temporel est un exercice délicat. Le risque est toujours de construire un récit à par­tir d’une idéologie ou d’un savoir actuel qui amè­nent à opérer un tri regrettable parmi les do­cu­ments. La dénonciation du bouddhisme en tant que moyen psychique de la plus efficace des cultures militaires, celle des bushis nip­pons, oublie la dimension d’experts martiaux à la limite des capacités humaines qu’ils ont in­carnée. Parallèlement, le bouddhisme n’a-t-il pas porté, depuis vingt-trois siècles, l’expan­sion politique d’empires parmi les plus vastes qui aient jamais existé ?  Comment l’auteur s’é­tonne-t-il que cette philosophie et cette psy­chologie aient si bien servi les arts de la poli­ti­que, de la guerre, comme d’ailleurs ceux de l’es­thétique, malgré la non-violence, le déta­che­ment et l’introspection de la pensée com­plè­te ? N’en est-il pas de même en Occident avec les monothéismes ? Il est normal que les phi­losophes bouddhistes se soient posées la ques­tion de la compatibilité avec les multiples dimensions de la vie sociale et aient apporté une réponse. D’autant que le bouddhisme n’est pas un dogme et n’en contient pas ; qu’il ne dis­pose même pas d’écritures saintes : tous les tex­tes ne font que proposer et préconiser (JD).

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mercredi, 12 mars 2008

B. Rio: l'Arbre philosophal

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Entretien avec Bernard Rio :

«L'arbre philosophal»

Q. : Pouvez-vous nous dire votre forma­tion et vos rencontres ?

Je crois volontiers que la formation où qu’elle ait lieu et de quelque ordre qu’elle soit est à l’instar des rencontres un jeu de hasards élec­tifs, une sorte de jeu de l’oie dont la règle ap­pa­rente ne peut contrecarrer une volonté im­pé­rieuse et une fantaisie supérieure qui nous é­chappent. Né en Bretagne, dans une vieille ci­té médiévale endommagée par la guerre, ma pre­mière éducation a naturellement été in­fluen­cée par mon environnement familial et géo­graphique. A une petite distance de la mai­son familiale, un lieu-dit porte le nom de Mané Sa­lut, la montagne du Salut qui doit son topo­ny­me à l’itinérance religieuse des anciens Bre­tons. Depuis le moyen âge, le pèlerin avait ici cou­tume de saluer le clocher de Notre-Dame du Paradis qu’il découvrait au sommet de la col­line. Après s’être signé et avoir entonné un can­tique, il descendait dans la vallée du Blavet à la manière dont tout pèlerin sur le chemin de dieu pénètre dans un territoire consacré. Sur la ri­ve gauche du Blavet, face à la flamboyante ba­silique, s’élève une chapelle rudimentaire dé­­diée à Saint-Caradec, un saint du cinquième siè­cle typiquement breton c’est-à-dire anachro­ni­quement païen puisqu’il s’agit de l’avatar du dieu Caratacos. Si j’ai choisi de faire cette di­gression, c’est que je suis intimement per­sua­dé que nous portons en nous un héritage im­ma­nent et immémorial qui transparaît au fil du temps et de nos rencontres.

William Butler Yeats : porte ouverte sur les mythes vivants

Ces riches heures sont nombreuses. Je citerai en premier lieu le sculpteur Raffig Tullou (1909-1990), fondateur du mouvement arti­sti­que des seiz breur, de l’association historique du Koun breizh et de la confraternité spirituelle Kredenn geltiek, un personnage attachant dont l’ir­révérence intellectuelle a contribué à me fai­re prendre des chemins de traverse. Il y a aus­si ma rencontre avec l’Irlande en 1979 et la dé­­couverte de l’œuvre de William Butler Yeats qui m’a ouvert la porte à des mythes que je qua­lifierai de vivants. C’est à cette période que nous avons fondé avec quelques amis la revue Ar­tus. Les maoïstes et les staliniens tenaient l’u­niversité tandis que nous réinventions une dis­sidence culturelle.

Q. : Les correspondances entre les tradi­tions européennes vous ont-elles fasciné pour des raisons philosophiques ou au­tres?

Au fur et à mesure que j’avance dans une ap­pré­hension de la matière celtique, j’ai le senti­ment que l’horizon s’élargit. Quelques auteurs fé­­tiches que sont l’Irlandais Yeats, le Gallois Po­wys, les Bretons Chateaubriand et Gracq, le Brit­to-Français Danielou m’ont mené dans d’au­­tres lieux et en d’autres siècles. La poésie de Yeats m’a conduit aux récits mythologiques ir­landais, les romans inspirés de Powys m’ont ouvert une voie médiévale et arthurienne, Cha­teaubriand a insinué une piste géopolitique. N’a-t-il pas déjà écrit l’essentiel sur les rela­tions conflictuelles entre la Turquie et l’Europe dans Mémoires d’Outre-Tombe ! Pour revenir à vo­tre question, c’est en étudiant ma parcelle de territoire armoricain que je me suis inté­res­sé curieusement et naturellement aux tradi­tions celtiques insulaires, puis aux traditions eu­ro­péennes et enfin au domaine indo-euro­péen.

Le bouillonnement des années 70 et 80

Q. : Qui vous a initié au comparatisme?  Quand avez-vous découvert Dumézil?

Retrouver un nom, une date, un titre ou un in­stant précis me laisse aujourd’hui perplexe. Je ne peux pas désigner avec certitude la pater­nité de ma démarche. Elle s’inscrit dans un mou­­ve­ment, dans une période : la fin des an­nées soixante-dix et le début des années qua­tre-vingt, avec le bouillonnement de la nou­vel­le droite. La boîte de Pandore était alors ouver­te. La multiplication des publications et des col­­loques m’a occupé et rassasié pendant plu­sieurs années. Je me souviens notamment d’u­ne communication de Louis Rougier qui m’avait grandement impressionné. C’est à cette pério­de que j’ai lu les travaux de Georges Dumézil ain­si que ceux de Julius Evola, René Guénon, Mir­cea Eliade sans oublier le fameux « Que-sais-je ? » de Jean Haudry sur les Indo-Eu­ro­péens et la première version des Druides de Christian-J. Guyonvarc’h publiée par ses soins et dédicacée après une conférence où nous n’é­tions pas dix. Mon appétit était grand et je dé­vorais tout ce qui passait à ma portée, d’Ez­ra Pound à Emil Cioran sans omettre les celti­sants Georges Dottin, d’Arbois de Jubainville, Jo­seph Vendryes, Joseph Loth…

Mesure du monde, vitalité du quotidien

Q. : Le structuralisme vous a-t-il parfois ten­té? Pourquoi rejetteriez-vous Durk­heim, Frazer, Freud ?

D’emblée je dirai que la littérature m’a amené à la philosophie et que la mythologie m’a libéré du folklore. Je reconnais qu’Heidegger et Du­mé­zil ont chacun à leur manière et dans leurs do­­maines respectifs renouvelé notre perception de la « structure » européenne, en apportant par leur vision cohérente une réponse savante et pertinente au matérialisme du vingtième siè­cle. Nonobstant la fulgurance intellectuelle de leurs travaux, mes affinités me poussent da­vantage vers des auteurs dont l’attitude et la for­me de leurs écrits, peut être moins sa­van­tes, me semblent plus en adéquation avec ma sen­sibilité. Je veux ici parler de William Butler Yeats, de John Cowper Powys, d’Aldo Leopold ou d’Henry David Thoreau… J’admire leur me­su­re du monde, la vitalité de leur quotidien, le plaisir et la magie qui imprègnent leurs écrits. En ce qui concerne Durkheim, Freud et Frazer, ils doivent être replacés dans leur contexte so­cial. Je serai plus complaisant avec James Geor­ge Frazer que je relis épisodiquement. Re­la­tivisons certains propos en nous disant que bien peu de critiques d’aujourd’hui auraient a­lors individuellement disposé du savoir ency­clo­pédique de Frazer et osé se lancer dans une telle extravagance éditoriale durant cette ère vic­torienne. Frazer a, à sa manière, ouvert une voie même s’il y a juxtaposé l’incomparable.

Q. : Quelle est la limite de votre compa­ra­tisme? Doit-il demeurer circonscrit à un do­maine? Ou peut-on opter légitimement pour la comparaison généralisée? A quel moment avez-vous choisi?

La limite que l’on se donne est un prétexte pour ne pas se faire taper sur les doigts par les « spé­cialistes », un conformisme qui cache une fri­losité intellectuelle et un manque d’intuition. La marge fait toujours partie de la page et elle n’est pas seulement réservée aux annotations des professeurs. Pourquoi devrions-nous tous sui­vre la même route et le même sens de cir­culation au même moment ? La seule restric­tion qui vaille est la rigueur du cheminement in­tellectuel et non pas la nature de la com­pa­rai­son. Il faut sans cesse apprendre auprès des spécialistes pour élargir son champ d’investi­ga­tions et renouveler ses questions. J’ai encore beau­coup à apprendre dans une multitude de do­­­maines et je trouve passionnant les com­pa­raisons osées par certains, je pense ainsi aux pistes mythologiques à la question épisté­mo­lo­gique ! Il faut parfois se perdre dans la forêt pour trouver son chemin.

Je considère mes « travaux » comme des balbutiements…

Q. : Pourriez-vous nous indiquer vos tâ­ton­ne­ments et le rôle qu’ils ont tenu dans la genèse de vos propres travaux ?

Le sentiment d’avancer dans le brouillard ne me quitte pas. Cette incertitude omniprésente est une nécessité. L’étude succède à l’interro­gation de départ et je ne sais toujours pas où elle peut mener. Il faut sans cesse chercher des repères pour prendre la bonne direction mais tel un archéologue je ne suis jamais as­su­ré de piocher dans la bonne parcelle. Je ne con­nais pas ce que je cherche. Il me faut sans arrêt valider les matériaux que j’utilise. Ne dis­po­sant pas d’étudiants pour déblayer le terrain, cha­que étude demande du temps. Je suis mon idée en arpentant toutes les pistes qui me vien­nent à l’esprit, j’amasse alors dans ma be­sa­ce des matériaux divers que je sors en vrac sur ma table à l’issue de la cueillette. Je trie, je com­pare. C’est ainsi que je travaille. Je con­si­dère chacune de mes recherches comme une ex­périmentation Il faut douter pour com­men­cer une recherche sinon je me contenterai des pu­blications d’autrui. Je suis d’ailleurs surpris que des auteurs plus qualifiés que moi puissent prêter un intérêt à mes balbutiements car je con­sidère mes « travaux » comme des bal­bu­tiements.

Mandarins jaloux et évêché rouge

Q. : Quelles sont vos relations avec les en­seignants des disciplines académiques ? Êtes-vous tenu à l’écart ? Vos travaux sont-ils jugés aventureux? Quelles sont vos relations avec la Société Internatio­na­le des Études Indo-Européennes ?

Je lis avec attention ce qui paraît dans le do­mai­ne celtique et indo-européen et lorsque j’em­prunte quoique ce soit à autrui je me fais une obligation de référencer ma source. Par ail­leurs lorsque dans le cadre de mes re­cher­ches, je ne trouve pas dans un ouvrage la ré­pon­se à une question qui me taraude l’esprit, j’é­­cris à plus émérite que moi. Les spécialistes ne sont heureusement pas tous aussi engoncés dans un corset académique, certains prennent la peine de me répondre. J’ai aussi eu le plaisir d’ac­cueillir plusieurs « sommités » lors de col­lo­­ques en Bretagne, notamment le professeur Jean Haudry qui m’a fait le grand honneur de ré­­pondre à une invitation en 2000. D’autres spé­cialistes comme le professeur Louis Prat ont ai­mablement collaboré à la revue que j’anime. Cet­te promiscuité ne plaît pas à quelques man­darins jaloux de leurs prérogatives mais que vou­lez-vous que j’y fasse ! L’objet de mes re­cherches me vaut quelques inimitiés et une re­lative mise à l’écart. La Bretagne demeure une ter­re cléricale, la couleur politique de l’évêché a viré du blanc au rouge mais rien n’a changé dans son comportement exclusif et arbitraire.

Q. : Quels principes vous guident quand vous abordez un mythe ou quand vous com­parez divers récits, voire des élé­ments hétérogènes comme un récit et un rite ? Pourriez-vous résumer votre métho­de ?

Je commence d’abord par relever tous les faits, sym­boles et croyances présents dans le mythe ou le conte. Je compare ensuite ces éléments pour dégager un concept et déterminer la co­hé­rence de ces éléments par rapport à la struc­ture du récit. J’étudie isolément chaque fait pour lui trouver une concordance avec le ré­cit. Cette étude peut être multiple : sym­bo­li­que, linguistique, calendaire… Il s’agit de vé­ri­fier la spécificité de cet élément dans une tra­me en multipliant les analyses. S’il apparaît que des éléments sont interchangeables avec d’au­tres récits, je confronte alors les concepts en les superposant et en les juxtaposant. L’ob­jet de ces comparaisons et croisements multi­ples est de retrouver le sens originel du mythe et de tenter une explication de son évolution. Cet­te grille de décryptage est facile d’emploi et per­met d’identifier la nature du texte en le dé­gageant de son vernis clérical et «folklorique». Le mythe mais aussi le conte ou le rite n’ont rien de superficiel ou d’aléatoire, ils corres­pon­dent à un imaginaire structuré. Ils répondent et fonctionnent comme un apprentissage cultu­rel.

Q. : Comment se renseigner sur le poly­théisme européen ? Peut-on le connaître ? Existe-t-il des manuels valables ?

L’étude du polythéisme est aujourd’hui aisée. Pour limiter mon propos à la matière celtique, dis­ponible en langue française, les travaux de Christian-J. Guyonvarc’h sont indispensables. On peut y ajouter ceux du professeur Pierre-Y­ves Lambert dans le registre brittonique, de Jean-Louis Bruneaux dans le domaine gaulois mais aussi des études comme L’Aurore celti­que de Philippe Jouët ou celle de Jean-Claude Lo­zac’hmeur sur les origines indo-européennes de la légende du Graal…

Nous sommes au bord d’un précipice

Q. : Quels rapports établissez-vous entre la connaissance des mythes et légendes in­­do-européennes et la société actuelle ? Les Européens pourraient-ils former une gran­de société homogène ? Un sentiment de solidarité a-t-il déjà uni les peuples d’Eu­rope ?

La société occidentale actuelle n’a appa­rem­ment plus grand chose de commun avec le mon­de structuré des indo-européens de l’an­ti­qui­té. Nous vivons dans un monde marchand qui est régi selon des normes marchandes. Il n’y a donc plus de place pour le sacré mais uni­quement la place pour le « business » dans cet­te société matérialiste et individualiste. C’est vrai pour l’Europe entière, de l’Irlande à la Grèce, de l’Espagne à la Finlande. Nous som­mes au bord d’un précipice. « Mais, écrit A­lain Danielou, ce cataclysme ne sera dû qu’à nos erreurs et c’est la folie des hommes qui en dé­terminera le moment ». L’appréhension des my­thes et des légendes n’a par conséquent au­cun intérêt quantifiable dans ce système son­nant et trébuchant, il s’agit même d’une dé­vian­ce suspecte dans cet espace de prédateurs sans foi ni loi. Les mythes sont aujourd’hui niés, les rites abandonnés car dépourvus d’«in­térêt». Telle est la religion d’aujourd’hui. Si nous quittons le champ des apparences, la con­naissance des mythes et des légendes reste ce­pendant fondamentale pour l’homme et la so­ciété. C’est un apprentissage qui peut se muer en une quête. Apprendre à lire un conte, ap­prendre à décrypter une symbolique, c’est pous­ser une porte, c’est faire un pas en avant, c’est se réapproprier et accomplir les rites… De­­puis que j’ai franchi cette frontière im­ma­té­riel­le, je n’ai pas voulu refermer la porte, je n’ai pas pu revenir en arrière car le mythe est de­venu réalité vivante. Ma perception du mon­de a évolué, elle est devenue moins idéolo­gi­que, plus concrète, plus sensée. C’est un mon­de du détail innombrable. Mea maxima culpa. Je peux désormais être suspecté de paganisme à l’instar de tous les Européens qui regardent de l’autre côté du miroir et dont je me sens so­li­daire.

Prendre le temps de marcher en tournant et en virant

Q. : Quels rapports établissez-vous entre ana­lyse et synthèse ? L’érudition, si ma­l­traitée aujourd’hui, serait-elle une forme po­lie du désespoir ? Si vous aviez à re­com­mencer, choisiriez-vous la même voie de recherche ?

Thèse, antithèse, synthèse… Ce sont des outils préa­lables à l’analyse. L’Occidental a, à mon avis, besoin d’une méthode scolaire pour met­tre en place ses idées dans un environnement « cartésien ».  C’est un préambule pour forger ses propres outils, se débarrasser, le moment ve­nu, des préjugés et partir à la conquête de son monde intérieur. Il n’y a pas de désespoir dans la recherche mais un espoir sans illusion. C’est une démarche intellectuelle et spirituelle qui a des incidences matérielles. Elle ne s’ap­pa­­rente pas à une fuite mais à une marche en a­vant. Je n’ai rien à recommencer ou à re­gret­ter car chaque orage, chaque cul de sac offrent des détours, des pauses, des silences et des in­terrogations éprouvantes. Les anciens che­mins suivaient les courbes du paysage, cou­raient le long des rivières, passaient les es­tuai­res à marée basse. Il faut prendre le temps de marcher en tournant et virant. La ligne droite se­rait à mes yeux synonyme d’ennui ou de vé­ri­té, que mon dieu avant tous les dieux me gar­de de l’un et de l’autre.

Q. : Quelle impression vous laissent les scien­ces humaines actuelles ? Votre tra­vail est-il un plaisir ? Une ascèse ? Est-ce très dur d’avancer ? Avez-vous des mo­ments de doute?

Mes occupations m’éloignent des sciences hu­mai­nes actuelles à moins que ce ne soit l’in­ver­se ? Les parodies religieuses occidentales m’in­dif­fèrent également. Je discerne dans une égli­se catholique épurée de ses reliques païennes un déclin qui me semble irrémédiable tandis que les groupes néopaïens se gargarisent d’é­phé­mères gesticulations ô combien étrangères au sacré. La tentation est grande de s’isoler dans son travail mais le plaisir de partager une in­terrogation reste pour moi primordial. La com­­paraison des recherches entre amis s’avère tou­jours instructive et je ne conçois pas mes pe­tits travaux comme un plaisir solitaire. Quit­te à me répéter, je perçois l’étude comme un mo­yen de cheminer et non comme un but. Elle doit, par conséquent, être une aventure et une dis­cipline, un mélange d’excitation et de sé­ré­ni­té avec l’incertitude permanente. Cette in­cer­ti­tude, elle seule, peut, je crois, préserver de l’il­lusion et de la suffisance. L’étude n’a pas non plus lieu d’être coupée du monde mais doit s’ins­crire dans un espace foisonnant, s’ex­pri­mer avec et par la nature. L’approche spé­cu­la­ti­ve vise paradoxalement à une mise en mou­ve­ment de l’homme extrait de son environ­ne­ment par la philosophie cartésienne, elle vise à sa réintégration dans les élémentaires. Les mots seuls ne suffisent pas à dire le langage des sens et ce travail de recherche devrait per­mettre une libération a contrario de l’aliénation inhérente à la société marchande et à l’oppor­tu­nisme paresseux de l’espèce humaine. La na­ture sauvage permet à l’homme « éveillé » de con­juguer ses paradoxes, de goûter à des joies in­dicibles, d’approcher la divinité. Après avoir ap­pris dans les livres, il reste à apprendre le lan­gage de la forêt, de l’océan… La mémoire d’un chêne vénérable vaut, je le pense, le sa­voir d’un professeur. Le doute est permis mais le chemin du monde est ouvert à qui veut s’y aventurer.

 

(propos recueillis par Jean DESSALLE).

 

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Debord: la révolution au service de la poésie

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Debord: la révolution au service de la poésie

 

Vincent Kaufmann publie Guy Debord, la révo­lu­tion au service de la poésie. Il écrit en intro­duc­tion: «  L'improbable lecteur sans qualités que j'imagine être ne demande rien à Debord. Ne demandant rien, il est aussi le contraire d'un lecteur frustré, lui reprochant d'être ceci plu­tôt que cela, ceci moins que cela, ou l'accu­sant de duplicité, ou lui faisant des scènes par­ce qu'il n'aurait pas été capable de produire la théorie de la prochaine révolution, et encore moins de s'y engager, avec ou sans bombes. Il ne demande rien, et peut-être reçoit-il du mê­me coup plus, ayant alors la possibilité d'en­tre­voir Debord tel qu'il est, tel qu'il a été. Voir De­bord tel qu'il est, c'est voir en lui l'enfant perdu qu'il a toujours voulu être, expert en perdition ou sensible à l'irrémédiable passage du temps. C'est voir en lui le guerrier mélancolique, qui est aussi un joueur, celui qui fait de la guerre un grand jeu. C'est voir l'amoureux des pas­sions et l'expert en plaisirs, ceux de l'amour com­me ceux de la dérive à travers les villes, qui construit des internationales pour vivre ces pas­sions. Et c'est surtout voir comment ces dif­fé­rents aspects d'une même personnalité se fon­dent dans une œuvre, dans un style. De­bord écrit en stratège, il fait de la politique en poète, il fait la guerre par goût du jeu, et il con­struit des avant-gardes par mélancolie, com­me s'il prévoyait d'emblée leur dissolution à venir. Et il le fait en étant toujours lui-même, en restant le même. Tout compte fait, il n'est pas sûr que Debord soit un auteur difficile à com­prendre » (PM).

 

Vincent KAUFMANN, Guy Debord, la révo­lu­tion au service de la poésie, 2001, Fayard, 412 pages, 24,30 Euro.

 

Archives et documents situationnistes

Chez Denoël est paru le n°1 des Archives et do­cuments situationnistes dirigés par Christo­phe Bourseiller. Il écrit: «  Les temps ont chan­gé. Le spectacle n'a certes pas relâché le joug, mais l'Internationale situationniste ne saurait être appréhendée comme elle le fut aupara­vant. L'IS n'existe plus et Guy Debord est par­ti. Dans un tel contexte, il nous a paru essen­tiel d'oser passer à la recherche. Changement d'é­poque, changement de ton. Comme son ti­tre l'indique, la revue se donne pour dessein l'é­tude de l'Internationale situationniste et des mou­vements qui l'ont précédée ».  A noter, un en­tretien avec Pierre-André Taguieff, sans dou­te l’élément le plus intéressant du dossier,  et une étude très politiquement correcte de Bour­seiller intitulée   « Récupération à tous les éta­ges. L'Internationale situationniste, Guy De­bord et l'extrême droite » (PM).

 

Archives et documents situationnistes. 2001. Denoël. 172 pages. 14 Euro.

 

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1881: la Tunisie devient protectorat français

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12 mars 1881: Le Bey de Tunis signe le Traité du Bardo, qui fait de la Tunisie un protectorat français. La France avait été contrainte, par les puissances de la Sainte-Alliance, de conquérir l’Algérie pour mettre un terme à la piraterie barbaresque, aux rafles d’esclaves sur les côtes européennes, pour réparer les torts qu’elle avait infligés à l’Europe pendant les guerres révolutionnaires et napoléoniennes, pour parfaire, avec son surplus démographique, les conquêtes projetées par Charles-Quint en Afrique du Nord. Cette contrainte imposée était toutefois soumise à des conditions : la France pouvait certes occuper et coloniser le centre de l’Etat algérien actuel, mais non l’Oranie, qui devait revenir à la Belgique de Léopold I (qui fournit des troupes et s’apprête à y envoyer des colons flamands).

L’Oranie, occupée par les tercios espagnols de Charles-Quint, devait devenir un bastion de la reconquista romaine et catholique de l’Afrique du Nord et recevoir une population exclusivement ibérique. Les soldats des tercios, issus de la paysannerie des Asturies, de la Castille ou de l’Extramadoure, estimaient le sol nord-africain trop ingrat et préféraient se tailler des domaines dans les Amériques. Les légionnaires et les officiers belges qui commandent des régiments français dans la guerre de conquête de l’Algérie ont pour objectif final de rendre l’Oranie à un Etat qui se veut l’héritier de l’empire de Charles-Quint. Léopold I, protestant allemand, admet que l’Oranie sera catholique et flamande et gouvernée par un collège de prêtres. Charles-Quint avait mis pied en Tunisie avec des troupes issues des Pays-Bas, d’Allemagne et d’Italie. La Tunisie revient donc aux Etats héritiers de l’empire de Charles-Quint et la France n’a aucun droit dans ce territoire qui fait face à la Sicile de Frédéric II de Hohenstaufen, puis du Royaume traditionnel des Deux-Siciles, satellite de l’Espagne. Les revendications ultérieures de Mussolini sont dès lors fondées.

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Bush licenzia l'ammiraglio Fallon

Bush licenzia l’ammiraglio Fallon che si è opposto ad una guerra all’Iran
di Maurizio Blondet - 10/03/2008

Fonte: effedieffe [scheda fonte]

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La diminuzione per il prezzo del petrolio scontenta Goldman Sachs che azzarda un prossimo vertiginoso aumento. Tolto di mezzo l’ammiraglio Fallon, un attacco preventivo all’Iran potrebbe rendere felice la banca d’affari statunitense.
Prima la buona notizia, se la si può chiamar così: la domanda mondiale di petrolio e suoi derivati è calata del 3,4 % nell’ultimo mese (1). Segno che la recessione sta intaccando i consumi di prodotti petroliferi, il che fa prevedere che il prezzo del petrolio possa scendere. Ciò darebbe ragione a Ben Bernanke, il capo della banca centrale USA, che ha dichiarato che i rincari in corso da settimane (non solo del petrolio ma delle materie prime) sono un fenomeno speculativo di breve respiro: «I guadagni speculativi non possono essere sostenuti, ‘fondamentali’ non li supportano. Se la Federal Reserve e i mercati futures vedono giusto, i prezzi saranno più bassi, non più alti, da qui a un anno».

I «fondamentali» dicono dunque che i consumi diminuiscono, diminuiscono le richieste di energia delle industrie e le esportazioni per la recessione (o depressione) in corso, con almeno il vantaggio di raffreddare i rincari. Solo un evento potrebbe far balzare il greggio a 200 dollari il barile, come prevede Goldman Sachs: un attacco preventivo all’Iran.E qui la cattiva notizia.

Il presidente Bush si appresta a rilevare dal comando la personalità che con più decisione e coraggio si è opposta ad una guerra all’Iran: l’ammiraglio William Fallon, comandante del CENTCOM (US Central Command), ossia il responsabile del teatro bellico del Medio Oriente e Asia Centrale, che è responsabile delle flotte americane presenti nel Golfo Persico. Lo ha rivelato un ex ufficiale del Pentagono diventato giornalista, P.M. Barnett, sulla rivista Esquire (2), raccontando come Fallon, l’autunno scorso, abbia «focosamente contraddetto» Bush e Cheney che gli ordinavano l’attacco. Un vero e proprio litigio alla Casa Bianca.

Bush e Cheney pretendevano una dichiarazione dall’ammiraglio, quella stessa che loro ripetevano continuamente: «L’opzione di un attacco preventivo è e resta sul tavolo». Poco dopo il litigio, al Financial Times, l’ammiraglio dichiarò che «una terza guerra è proprio ciò che non ci serve». In settembre, ad Al Jazeera, Fallon tornò sul concetto: «Questo costante tambureggiare di conflitti non è sensato né utile». A novembre, in visita al Cairo dove incontrò Mubarak, chiarì pubblicamente che «era da escludere un attacco contro l’Iran e che Washington stava elaborando opzioni non militari» contro il programma nucleare di Teheran.

Nessuna delle dichiarazioni era stata concordata con la Casa Bianca, anzi. La terza, in Egitto, ha irritato Bush e Cheney più delle altre, perché - secondo loro - minacciare l’attacco all’Iran serviva a «calmare le ansie dell’Egitto e dei regimi arabi amici degli Stati Uniti», tutti sunniti e inquieti del regime sciita iraniano.

Il 17 ottobre 2007, in conferenza-stampa, Bush aveva lanciato un messaggio apparentemente rivolto agli europei e a non meglio identificati oppositori interni: «Se siete interessati a scongiurare la terza guerra mondiale, mi sembra dovreste essere interessati a prevenire che quelli (gli iraniani) ottengano le conoscenze necessarie per costruirsi una bomba nucleare». L’opposizione interna, negli ambienti militari come dell’intelligence, dev’essere stata molto decisa, sull’orlo del rifiuto di obbedienza.

In quel periodo è uscito il rapporto NIE, stilato da 16 agenzie spionistiche, in cui si affermava che il programma nucleare militare iraniano era stato interrotto dal 2003. Il nuovo capo dello Stato Maggiore generale, ammiraglio Mike Mullen, aveva detto pubblicamente in ottobre: «Dobbiamo pensare bene ai rischi che si corrono ad essere impegnati in un terzo conflitto nella regione». Anche se, aggiunse, l’opzione militare «non può essere scartata».

L’ammiraglio Fallon ha voluto andar oltre - si apprende adesso - perché i Paesi arabi alleati degli USA nella zona (palesemente sauditi, emirati, Kuwait), lungi dal desiderare un’aggressione all’Iran, avevano reagito con panico alle voci di minaccia che venivano dalla Casa Bianca: una guerra nel Golfo avrebbe destabilizzato l’intera regione, fecero (giustamente) presente all’ammiraglio. «Quelli non parlavano d’altro, ho dovuto fare quella dichiarazione perché non ricamassero troppo sulla faccenda», ha detto Fallon a Barnett.

Fallon racconta a Barnett anche un altro particolare: alla Casa Bianca, irritatissimi, gli chiesero «come mai era andato a incontrare Mubarak», evidentemente senza il permesso presidenziale. Fallon rispose che quello era il suo lavoro, che è non solo militare ma diplomatico. Va notato che in questa sua coraggiosa posizione, l’ammiraglio è stato abbandonato - o meglio pugnalato alla schiena - dal cosiddetto partito d’opposizione a Bush.

I tre candidati democratici principali alla presidenza (Hillary e Obama anzitutto) hanno espresso il loro pubblico sostegno a «tenere l’opzione militare contro l’Iran sul tavolo». Invece il re dell’Arabia Saudita ha dato manforte all’ammiraglio, ricevendo Ahmadinejad in visita ufficiale. Il fatto è che, specie dopo l’articolo di Barnett, la Casa Bianca sta accelerando la sostituzione dell’ammiraglio Fallon con un gallonato più pieghevole.

Può sembrare impossibile che Bush, negli ultimi mesi della presidenza, con la situazione economica americana al collasso e le armate americane già troppo estese in Iraq e in Afghanistan, tenti un’avventura aggressiva contro l’Iran. Ma secondo Bill e Kathy Christison, due ex agenti della CIA esperti del Medio Oriente, un attacco puramente aereo alle installazioni nucleari iraniane, magari con armi atomiche tattiche, darebbe a Bush una apparente vittoria a poco prezzo, che «prima delle elezioni del novembre 2008, garantirebbe probabilmente una vittoria repubblicana». Le conseguenze a lungo termine di una tale «vittoria» non sarebbero più una preoccupazione di Bush, ma del prossimo presidente (3).

McCain, l’uomo del complesso militare-industriale, ha già avvertito che «ci sarà una lunga guerra». Inutile dire che ciò confermerebbe la «profezia» di Goldman Sachs, i cui analisti - nonostante il raffreddamento della domanda nell’economia reale - hanno previsto un rincaro del greggio fra 150 e 200 dollari il barile «molto presto», in caso di una «major disruption» delle forniture (4). E cosa può provocare una «major disruption»?

Ma Goldman Sachs è famosa per azzeccare «profezie» che fanno comodo alla speculazione finanziaria, specie ai numerosi hedge fund che hanno puntato sul rialzo del greggio acquistando derivati futures, e che rischierebbero molto - troppo - se invece il petrolio, come prevede Bernanke, calasse per ridotta domanda a causa della recessione. Se i fondamentali (ossia la recessione globale) minacciano i profitti del gioco d’azzardo, una guerra può modificarli. Cosa non farebbe la speculazione per manipolare i mercati.




1) Mike Whitney, «Post-bubble America», Counterpunch, 9 marzo 2008.
2) Gareth Porter, «Admiral Fallon’s ‘no Iran war’ line angered White House», Interpress Service, 8 marzo 2008.
3) Bill e Kathy Christison, «Crisis over Teheran alleged nuclear plans nearing climax», Counterpunch, 9 marzo 2008. («The danger of a war against Iran instigated by the U.S. and Israel remains real. The overextended state of U.S. ground forces, and Bush’s probable willingness to treat at least small nuclear weapons as ordinary weapons, mean that a war would possibly not be a ground war at all, but would begin with large air attacks and early use of nuclear weapons. While the longer term results of using nuclear weapons would be utterly disastrous, both for the world and for the U.S., the immediate results might be seen as a quick and cheap victory for the U.S. If the apparent military victory occurred before the November 2008 U.S. election, it would probably guarantee a Republican electoral victory. Given Bush’s interest in his own place in history, such a scenario could easily appeal to his gambling instincts»).
4) Steve Gelsi,  «New ‘super-spike’ might mean $200 a barrel oil - Goldman’s projections foretell persistent turbulence in energy prices», MarketWatch, 7 marzo 2008.

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mardi, 11 mars 2008

Hommage à Jordis von Lohausen

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Hommage au Général Baron Jordis von Lohausen (1907-2002)

Le Général Jordis von Lohausen, qui fut mon pre­mier impulseur, n'est plus. Il vient de dé­cé­der à l'âge de 95 ans. Je me souviendrai tou­jours de lui, que j'avais rencontré lors d'un col­loque dans le merveilleux château de Sababurg en Hesse du Nord, dans le Pays des Contes de Grimm, en bordure de la célèbre "Märchen­stras­se". Nos préoccupations étaient les mê­mes malgré les nombreuses années de vie et d'ex­périences qui nous séparaient irré­média­ble­ment. En lisant ses derniers ouvrages, pu­bliés par Wolfgang Dvorak-Stocker, j'étais é­mer­veillé par l'unité de sentiments qui de­meu­rait entre nous. Personne n'est éternel, la "Gran­­de Faucheuse" nous attend tous, mais, pour des hommes de la trempe et de la gen­tillesse de von Lohausen, elle arrive toujours trop tôt. Qu'il sache cependant que nous con­ti­nuerons à œuvrer dans son sens, que le grain qu'il a semé en nos jeunes têtes continuera à ger­mer, en dépit des oppositions de tous or­dres. Jordis von Lohausen a raisonné en ter­mes de pérennité. Il nous a demandé de tou­jours juger en termes d'histoire et de géo­graphie, en tenant compte du temps et de l'es­pace. Il s'est ainsi hissé au rang de vrai maître, qui ne raisonne pas dans le vide. Nous reste­rons ses disciples et, armés de cette méthode, nous aurons toujours raison, même si nous n'em­portons pas tout de suite la victoire sur les sots et les pervers (RS).

Au début du mois de septembre 2002, le Gé­né­­ral Baron Jordis von Lohausen, géopolito­lo­gue de premier plan, est décédé à Graz en Sty­rie, où il résidait. Malgré son très grand âge, le Général était toujours actif, rédigeait des artic­les et publiait des livres, que l'on peut consi­dé­rer comme autant d'incitations originales à une ré­flexion de fonds sur le destin historique et géo­­graphique des peuples.

Né en 1907 dans le foyer d'un officier de cava­lerie de l'Armée Impériale & Royale austro-hon­groise, Jordis von Lohausen amorce à son tour une carrière d'officier en 1926, dans les rangs de l'armée de métier de la nouvelle ré­pu­blique autrichienne. En 1938, avec l'An­schluß, alors qu'il a le grade de Capitaine, son u­nité est intégrée dans la Wehrmacht grande-al­le­mande. Pendant la seconde guerre mon­dia­le, il participe aux campagnes de Pologne, de Fran­ce et de Libye. En 1942, avec le grade de Com­mandant (Major), il devient le chef d'un ré­­gi­ment qui s'en va combattre en Russie. En­tre deux engagements sur le Front de l'Est, il pas­se six mois en mission diplomatique auprès de l'ambassade d'Allemagne à Rome.

Journaliste radiophonique et attaché militaire

En 1947, Jordis von Lohausen entame une car­riè­re de journaliste radiophonique: il est tour à tour collaborateur libre d'une station autri­chien­ne, qui s'appelle "Alpenland", et de la ra­dio de Brème en RFA. Il crée des émissions cul­turelles, en présentant notamment les splen­­­deurs des villes d'art italiennes. En 1955, quand les occupants alliés quittent l'Autriche et qu'une nouvelle armée voit le jour, il entre à son service auprès du Ministère de la Défense Fédérale, ce qui l'amènera à devenir attaché mi­litaire autrichien dans les ambassades de Lon­­dres et de Paris. Quand il quitte défini­tive­ment la carrière diplomatique, il se met à écri­re livres et articles de géopolitique. A l'âge de 72 ans, en 1979, il publie ainsi son ouvrage prin­cipal "Mut zur Macht. Denken in Konti­nen­ten", qui sera ultérieurement traduit en plu­sieurs langues. Ce livre, malheureusement é­pui­­sé en langue allemande aujourd'hui (ndlr: les éditions parisiennes "Le Labyrinthe" ont en­core un stock de la traduction française, intitu­lée "Les empires et la puissance"; disponible en écrivant à : elements@labyrinthe.fr ; 19,67 Eu­­ro), mais deux autres titres, plus récents, pa­rus dans les années 90, restent disponibles chez l'éditeur styrien Leopold Stocker à Graz.

Immédiatement après la seconde guerre mon­diale, Jordis von Lohausen avait rédigé un ma­nus­crit qui ne paraîtra chez Leopold Stcoker qu'en 1998, sous le titre "Reiten für Rußland – Ge­spräche im Sattel" ("Chevaucher pour la Rus­sie - Conversations en selle"). L'auteur se re­mémore ses propres expériences et ses con­ver­sations avec de jeunes officiers  —pour la plu­­part des étudiants—  pendant la grande mar­­che en avant des troupes allemandes, hon­groises et roumaines en Ukraine et en Russie (entre Don et Kouban), alors qu'inéluctable­ment  s'annonçait la catastrophe de Stalingrad. Ces jeunes gens évoquent les motifs réels de la guerre et sont unanimes à cultiver l'espoir (de plus en plus ténu) que l'Allemagne reviendra ra­pidement aux idéaux de la jeunesse de l'en­tre-deux-guerres en proclamant le droit à l'au­to-dé­termination des peuples oppressés par le Krem­lin soviétisé, ce qui ne pourra que favo­ri­ser les desseins du Reich. Le Commandeur du Ré­giment, qui n'est pas un autre homme que l'a­uteur lui-même, donne à ses jeunes ca­ma­ra­des l'exemple de la monarchie austro-hon­groi­se, qui, selon lui, était un Empire (Reich) réussi qui se hissait au-dessus des peuples sans les met­tre au pas ni éradiquer leurs spécificités. La guerre en cours n'aura de sens, pour le Com­man­deur, que si elle rapproche Russes et Al­le­mands, qui devront alors mettre leurs ef­forts en commun pour bâtir un Reich, sur le mo­dèle austro-hongrois, mais de dimensions beau­coup plus vastes, de la Mer du Nord jus­qu'à l'Océan Pacifique.

Les conversations de ces hommes, intellectuels et soldats, ont été véritablement ciselées pour le lecteur par un virtuose de la parole, qui a su faire donner tous ses talents dans les stations de radio où il a œuvré de 1947 à 1955. Mais el­les n'abordent pas que cette unité de destin vir­tuelle entre Russes et Allemands: elles po­sent des questions, qui restent essentielles, sur l'ê­tre fondamental des peuples, sur le sens de l'his­toire, sur l'avenir des cultures et des civil­i­sa­tions dans un monde qui se meut sans cesse vers une unité artificielle, monotone, mono­chro­me et monolithique. Par la simplicité et la lim­pidité des phrases forgées par Lohausen, ce li­vre éclaire chaque lecteur en profondeur et lui fait prendre conscience des lignes de force à l'œu­vre en ce monde.

Les facteurs refoulés : histoire, espace, peuples et langues

Tous les livres et articles de Lohausen se pen­chent sur ces facteurs refoulés aujourd'hui que sont l'histoire, l'espace, les peuples et les lan­gues. Aujourd'hui, sous les effets pervers des idéo­logies dominantes et des simplismes mé­dia­tiques, nous considérons les processus his­to­­riques comme dépendants des intérêts des ca­stes dominantes ou comme le résultat de la volonté de chefs isolés, comme dépendants du développement de l'économie ou de la techni­que ou comme les effets des luttes entre diffé­rents groupes sociaux pour obtenir puissance ou influence. Cependant, l'histoire découle iné­vi­ta­blement de facteurs plus profonds comme les diverses mentalités et formes de vie des peu­ples, qui ont toujours été très importantes pour donner l'impulsion première et fonda­men­tale au développement des territoires; de mê­me, l'histoire se développe différemment si un territoire possède des frontières naturelles com­me des chaînes de montagne ou des fleu­ves ou, au contraire, s'il a des frontières ou­ver­tes et difficilement défendables, ce qui con­traint le peuple qui l'occupe à subir les atta­ques de ses voisins ou à passer à l'attaque pour éviter de telles agressions (ndlr: dans "Mut zur Macht" ou, en français, dans "Les em­pires et la puissance", Jordis von Lohausen cite les exemples de la Prusse de Frédéric II au 18ième siècle et de l'Etat d'Israël pendant la Guer­re des Six Jours de juin 1967).

Dans un autre ouvrage récent, intitulé "Denken in Völker - Die Kraft von Sprache und Raum in der Kultur- und Weltgeschichte" ("Penser en ter­mes de peuples - La puissance de la langue et de l'espace dans l'histoire des civilisations et du monde"), Jordis von Lohausen étudie systé­matiquement ces facteurs profonds et sous-ja­cents. Il nous dévoile les conditionnements ca­chés de l'histoire, s'interroge sur le sens de ter­mes comme "Reich", "Etat", sur des qua­li­fi­ca­tifs comme "impérial", "national" ou "régio­nal". Il démontre que l'équation opérée par la Ré­volution française entre "Etat" et "Nation" a provoqué, au 20ième siècle, dans l'espace cen­tre-européen, des guerres abominables et dé­va­statrices, des expulsions calamiteuses et des génocides. En fin d'ouvrage, il tente de deviner le destin futur, en termes de géopolitique, de l'Allemagne, de la Russie et des Etats-Unis.

Un avenir dans la dignité

Les travaux de Jordis von Lohausen demeu­re­ront capitaux pour tous ceux qui veulent vrai­ment œuvrer pour le bien de leur peuple et qui ne se proclament pas "nationalistes" sans don­ner de contenu réel et concret à leur option de ba­se. Jordis von Lohausen a travaillé pour ceux qui voient l'enjeu, qui savent que seul le main­tien des langues, des cultures et des peuples per­mettra un avenir des hommes dans la di­gni­té. C'est en partant de telles prémisses qu'il analyse l'avenir de la Russie, des peuples des Bal­kans et du Proche-Orient, de même que les rapports entre l'Europe et les Etats-Unis ainsi que l'avenir géopolitique de l'Allemagne.

Wolfgang DVORAK-STOCKER.

(hommage rendu dans le journal  "Zur Zeit", Vienne, n°39/2002).

 

 

 

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A. Rashid : L'ombre des talibans

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A lire:

Ahmed RASHID : L'ombre des taliban, Editions Autrement, Paris, 2001, 19,95 Euro, ISBN 2-7467-0173-1.

 

Ahmed Rashid est un journaliste pakistanais, correspondant de la BBC et de CNN. Il n'empêche que son ouvrage nous révèle des aspects intéressants du phénomène taliban. D'abord, Rashid croque une histoire de ce mou­ve­ment dans l'Afghanistan en proie à des dissensions civiles graves, consécutives de l'évacuation du pays par les troupes soviétiques. Cette histoire commence en 1994 et se termine à la suite de l'intervention américaine en oc­­­tobre 2001. Pour Rashid, le mouvement taliban est un défi à l'islam, car il interdit absolument toute forme de compromissions avec des idéologies musulmanes moins rigides ou, a fortiori, avec l'Occident. Mais ce mou­ve­­ment a été "dopé" à l'héroïne, sans le trafic de cette substance, jamais il n'aurait tenu le coup. Rashid nous ex­­plique d'un point de vue pakistanais quels sont les nouveaux éléments dans le "Grand Jeu", montre que l'af­fai­re des oléoducs trans-afghans a été déterminante dans l'évolution des rapports entre les Etats-Unis et les Ta­li­­bans. Dans un chapitre 15, Ahmed Rashid analyse un conflit au sein de l'Islam, entre Chiites et Sunnites, soit en­­­tre deux puissances antagonistes, l'Iran et l'Arabie Saoudite, cette dernière, plus fondamentaliste et plus ri­go­­riste, étant un allié privilégié des Etats-Unis. L'intérêt de cet ouvrage est de montrer que drogues et pétrole sont les enjeux majeurs du conflit en cours, que les unes et l'autre vont servir à asseoir la puissance financière des Etats-Unis (comme les guerres de l'opium contre la Chine avaient permis de remplir les caisses de certaines ban­ques londoniennes au 19ième siècle) et leur donner la maîtrise du commerce des hydrocarbures, au dé­tri­ment des puissances énergétiquement faibles et pauvres, en dépit de leurs immenses potentialités industrielles et commerciales: l'Europe et le Japon.

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Leo Strauss et le nihilisme

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Leo Strauss et le nihilisme

 

“Rivages” a publié Nihilisme et politique  de Léo Strauss (1899-1973). Ce livre est composé de trois essais: Sur le nihilisme allemand (1941), La crise de notre temps (1962), et La cri­se de la philosophie politique  (1962). La tra­ductrice écrit en présentation: « Une “des­truction de la raison” a eu lieu à la fin du XIXe siècle, avec le progressisme aveugle qui, après avoir triomphé politiquement et intellectuelle­ment, a dû faire face à la critique des Nietz­sche, Spengler, Heidegger. Et cette destruction de la raison dans l'historicité a conduit au ni­hi­lis­me allemand qui a engendré le nazisme. La ci­vilisation s'est alors trouvé incapable de ré­sis­ter efficacement au retour de la barbarie à l'in­térieur de l'homme civilisé occidental. En d'au­tres termes, ou bien nous assumons ces faits et nous les interrogeons radicalement, et ce­la revient à réouvrir la querelle des Anciens et des Modernes (à retrouver la tradition de l'at­titude philosophique que l'on pourrait résu­mer ainsi: modération dans l'action publique, re­cherche immodérée de la vérité dans le pri­vé); ou bien nous continuons à avancer aveu­glé­ment, dans un nouveau nihilisme qui n'est pas, lui, opposé à la modernité, mais qui se con­fond avec elle, et l'on voit se profiler d'au­tres maux à l'horizon » (PM).

Léo STRAUSS, Nihilisme et politique. 2000. Editions Rivages. 146 pages. 12,96 Euro.

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Prof. Dr. P. Bachmeier : sur la politique étrangère de la Russie actuelle

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Réflexions générales sur la politique étrangère actuelle de la Russie

Entretien avec le Professeur Peter BACHMEIER

Le Professeur Dr. Peter Bachmeier est né à Vienne en 1940. Après des études à Graz, Belgrade et Moscou, il a acquis les diplômes d’historien et de politologue, spécialisé dans les questions est-européennes. De 1972 à 2005, il fut collaborateur du célèbre Institut autrichien d’Europe orientale et méridionale, où il dirigea un département. Il enseigna également à l’Institut des Sciences politiques de l’Université de Vienne. Les propos que nous avons traduits ici ont été recueillis par deux journalistes de l’hebdomadaire « zur Zeit », Walter Tributsch et Dimitrij Grieb.

Q. : Vu les rapports tendus entre l’Ukraine actuelle et la Russie de Poutine, serait-il invraisemblable d’imaginer que tôt ou tard l’Ukraine se divisera en deux parties ? Les faits parlent pour eux-mêmes : on sait qu’il existe une Ukraine orientale favorable à la Russie et une Ukraine occidentale tournée vers l’Occident, division sanctionnée de surcroît par des faits géographiques incontournables…

PB : Si vous ne tenez compte que de facteurs purement statistiques ou si vous mettez exclusivement l’accent sur cette césure objective de nature géographique, vous pourriez effectivement penser que cette division est susceptible de devenir tôt ou tard réalité. Mais je ne pense pas qu’on en arrivera là. Je pense plutôt que la population ukrainienne refusera une adhésion à l’OTAN, y compris en Ukraine occidentale, même si certains sondages nous disent le contraire aujourd’hui. Je pense donc que la population ukrainienne dans son ensemble rejettera l’adhésion à l’OTAN. De surcroît, au sein même de l’OTAN, les opinions divergent quant à l’opportunité d’une adhésion ukrainienne.

Q. : Il semble de plus en plus patent que, sur l’échiquier international, la Russie et la Chine marchent main dans la main. Nous le voyons dans l’affaire du Kosovo, où les deux puissances ont clairement articulé leur refus d’une indépendance kosovar. Nous le voyons aussi dans le cas de l’Iran, où Russes et Chinois s’opposent à tout projet d’agression américaine. Sont-ce là les contours d’une politique durable ou n’est-ce que l’indice d’une communauté d’intérêts passagère ?

PB : Je pense qu’il existe un réel partenariat stratégique entre la Russie, la Chine, l’Inde, l’Iran et quelques autres pays qui leur sont associés. Ils ont, me semble-t-il, l’intention d’unir leurs efforts sur le long terme, non seulement sur les plans diplomatique et militaire, mais aussi dans les grands projets d’infrastructure comme par exemple, la création d’une nouvelle « Route de la Soie » qui se concrétiserait par une vision eurasienne commune : telle me semble la priorité première de la Russie actuelle.

Q. : Lorsqu’il s’est agi de reconnaître l’indépendance du Kosovo, on a assisté, comme il fallait s’y attendre, à des divergences au sein de l’Union Européenne. Pensez-vous que les mêmes divergences se manifesteront lorsqu’il s’agira d’opter pour une coopération plus étroite avec la Russie ?

PB : Au cours de ces dernières années et surtout au cours des derniers mois de l’année 2007, nous avons pu observer un retour de la Russie dans les Balkans. Et pas seulement en rapport avec la Serbie, qui, comme tous le savent, est protégée par la Russie. Depuis juillet 2007, on planifie, dans les Balkans, l’installation d’un nouveau gazoduc, qui passera par la Mer Noire, la Bulgarie et la Serbie pour aboutir en Autriche. En janvier, Poutine s’est rendu en Bulgarie et y a suggéré la participation à un projet gigantesque, justement celui du gazoduc « South Stream », plus la construction d’une nouvelle centrale nucléaire. Le projet était si formidable que le gouvernement bulgare en a perdu la voix ! Mais il a signé l’accord proposé. La presse n’en a soufflé mot. L’an passé, Poutine se trouvait à Zagreb pour le sommet des pays est-européens et, à tous les pays représentés, il a fait d’alléchantes propositions en matière de fourniture d’énergie. C’est surtout par le truchement de cette politique énergétique que la Russie est revenue dans les Balkans.

Q. : En observant ce retour, les gens vont évidemment se dire que le but de la Russie de Poutine est de récupérer ses anciennes sphères d’influence… Est-ce le cas ?

PB : Peut-être mais certainement pas dans le sens que l’on donnait jadis à la notion de « sphère d’influence ». Je ne crois pas que la Russie cherche à établir des bases militaires dans les Balkans. Si la Russie revient dans les sphères d’influence dont elle disposait jadis, ce n’est pas sur le plan militaire qu’elle entame cette démarche mais par le biais de projets économiques. Simultanément, la Russie ne cesse de suggérer des projets nouveaux et alternatifs à l’UE. Elle n’a donc pas l’intention de raviver la Guerre Froide au sens ancien du terme. Bien au contraire. Elle ne cesse de proclamer qu’elle veut coopérer de manière optimale avec l’UE. Cette option est bien entendu en contradiction avec l’échec du sommet UE-Russie de Samara l’an passé. Mais cet échec n’est pas imputable à la Russie. C’est la Chancelière et Présidente du Conseil de l’UE, Angela Merkel, qui en porte la responsabilité.

Q. : La question est donc la suivante : dans quelle mesure l’Europe, ou l’UE, est-elle prête à reconnaître que son meilleur allié potentiel se trouve à l’Est plutôt qu’à l’Ouest ?

PB : Sur le plan économique, les choses sont claires : l’UE est le plus important partenaire de la Russie. En tant qu’Etat, l’Allemagne est le plus grand partenaire commercial de la Russie. La Russie, quant à elle, est le plus grand marché potentiel pour l’Allemagne. 40% du gaz naturel consommé en Allemagne vient de Russie et les intérêts du monde économique allemand sont encore et toujours fixés en priorité sur la Russie.

Q. : Certes, mais aussi sur l’Amérique…

PB : Bien sûr, aussi sur l’Amérique. Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que cela soit une contradiction que la politique allemande soit très dépendante de l’Amérique.

(extrait d’un entretien paru dans « zur Zeit », Vienne, n°9/2008 ; traduction franç. : Robert Steuckers).

 

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KVHV: Kosovo: Europa aan de Europeanen!

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Persbericht KVHV

KOSOVO: EUROPA AAN DE EUROPEANEN!

Op zondag 17 februari riep de Servische provincie Kosovo de onafhankelijkheid uit. Op de beelden vanuit de hoofdstad Pristina konden we zien dat met Albanese en Amerikaanse vlaggen gezwaaid werd. De Kosovaarse kwestie kan niet duidelijker geïllustreerd worden.

Albanese vlaggen. De culturele bakermat van het Servische volk ligt in Kosovo. Deze provincie is naar culturele, historische en emotionele waarde vergelijkbaar met wat de Groeningekouter, waar de Guldensporenslag in 1302 plaatsvond, voor de Vlamingen betekent. Door demografische evolutie en vervolging van de Serviërs in de laatste eeuw, is op heden een meerderheid van de bevolking islamitisch en etnisch-cultureel verwant met de Albanezen.

Amerikaanse vlaggen. Joegoslavië was een communistische dictatuur die door Servië gedomineerd werd. Gezien de historische banden van de Serviërs met Rusland, bevindt Servië zich in de invloedssfeer van Rusland. Het uiteenvallen van de Joegoslavische multiculturele communistische dictatuur in 1991 is legitiem op basis van het zelfbeschikkingsrecht der volkeren. Elke volgende fase (Bosnië, Montenegro, Kosovo) in het uiteenvallen van Joegoslavië is dit niet. De VSA weigerden de opdeling van Bosnië tussen Servië en Kroatië en participeerden actief in de onafhankelijkheid van Montenegro. Dit met één enkele reden: het terugdringen van Joegoslavië, het opdelen van het Servische volk, en zo het terugdringen van de Russische invloed ten voordele van de Amerikaanse geopolitieke belangen.

De VSA participeert actief in de oprichting van islamitische landen in Europa (Bosnië, Kosovo) en dringt aan op de opname van het islamitische Turkije in de EU, terwijl de VSA een zogenaamde ‘war on terror’ voert tegen het islamitisch extremisme in Irak en Afghanistan. Dit bewijst primo de hypocrisie van de Amerikaanse buitenlandse politiek, secundo de strijdigheid van deze Amerikaanse buitenlandse politiek met de belangen van de Europeanen en tertio dat niets anders dan Amerikaanse geopolitieke belangen gemoeid zijn met de onafhankelijkheidsverklaring van Kosovo. De Italiaanse generaal Fabio Mini, ex-bevelhebber van de NAVO-troepen in Kosovo, waarschuwt voor de onafhankelijkheid van Kosovo die niet de bevolking, maar wel de criminele clans ten bate komt. Heeft Europa baat bij de oprichting van een islamitische maffiastaat?

Het Katholiek Vlaams Hoogstudenten Verbond verklaart zich solidair met het Servische volk. Kosovo is en blijft Servisch grondgebied. Wij veroordelen de imperialistische Amerikaanse acties met betrekking tot Kosovo en de aantasting van de soevereiniteit van het Servische volk door de geopolitiek van de VSA.

Wij roepen de Belgische regering op de onafhankelijke staat Kosovo niet te erkennen en actief alle diplomatieke middelen in te schakelen opdat de onafhankelijke staat Kosovo niet wordt erkend door onze bondgenoten in de EU en de NAVO. Bij erkenning van de staat Kosovo dient de Belgische regering onmiddellijk onze troepen terug te trekken uit KFOR.

Conform de Monroe-doctrine, Amerika aan de Amerikanen, verklaren wij: Europa aan de Europeanen!

Rien Vandenberghe

Praeses KVHV afd. Gent

Nationaal voorzitter KVHV

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lundi, 10 mars 2008

J. von Lohausen: réflexions sur le destin de la France et de l'Allemagne

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Jordis von LOHAUSEN :

Réflexions sur le destin de la France et de l'Allemagne

 

En septembre 2002, le Général autrichien Jor­dis von Lohausen mourait dans sa 97ième année. Dans l'un de ses derniers ou­vrages (1998), il évoque un journal de guerre contenant les conversations qu'il a eues avec ses camarades, tous jeunes of­fi­ciers, sur les routes interminables de la Russie méridionale, pendant la grande a­van­cée allemande de 1942. Ces réflexions restent d'une grande fraîcheur, elles sont toujours actuelles et, à l'époque, peut-on dire avec le recul des ans, elles étaient pré­monitoires. Pour le premier anniver­sai­re de sa disparition, nous livrons aux ré­fle­xions de nos amis francophones, cet ex­trait significatif de ce journal de guerre.

 

“Il ne s'agit pas seulement de nous”, dit le ca­marade qui se trouvait au milieu de notre grou­pe, plus exactement à la droite du milieu, “il s'agit de l'Europe”. Il s'agit de savoir si au moins l'une des nations européennes, occiden­tales, parviendra à percer, à devenir une puis­san­ce mondiale; il s'agit de savoir si au moins l'une de ces nations parviendra à rendre sa pla­ce à l'Europe, la place qu'elle a perdue à la sui­te de la dernière guerre. Nous sommes les seuls à avoir relevé un tel défi, car les Français et les Italiens sont trop éloignés d'ici, des plai­nes russes. Les Britanniques, les Espagnols, les Portugais ont eu leur part —sur mer. Notre tour est venu : sur Terre !

 

France et Allemagne : des racines politiques communes

 

Il ne s'agit pas seulement de nous car, seuls, nous n'avons pas suffisamment de puissance bous­culante comme l'aurait une Europe unie; Fran­çais et Allemands ne parlent pas la même lan­gue, de l'Atlantique à Memel il n'y a pas qu'un seul peuple mais deux peuples qui ne sont pas unis au sein d'un Empire englobant  —avec deux peuples impériaux de souche fran­que sous une même instance impériale. Alle­mands et Français ont évolué de manières très différentes, mais, il n'empêche, leurs racines po­­­litiques sont les mêmes. Eux et nous som­mes frères, jumeaux, et notre haine, les uns en­vers les autres, est une haine entre frères, pour autant que nous sommes encore capables de la percevoir comme telle. Mais qui d'entre nous ressent encore les choses comme cela? De surcroît, cette haine est mauvaise conseil­lè­re, comme pourraient l'être l'envie, l'ambition dé­mesurée, l'orgueil. Nous ne devrions même pas tenter de nous soumettre à la loi de cette hai­ne. “Avec un cœur pur, tu combattras” nous en­seigne le chant héroïque du Bhagavadgita  —toute à la fois une sorte d'Edda indienne et d'é­vangile des anciens Aryens d'Inde. En aucun in­stant, le guerrier pur ne songera à quelque suc­cès pour lui-même; il doit prendre acte clai­rement, avec un regard serein, des faits qui a­ni­ment la Terre. Pour ce qui concerne les Fran­çais, généralement, le regard serein, le leur, qu'ils posent sur la terre européenne est le sui­vant : tout le territoire qui s'étend des Pyré­nées jusqu'au cœur de l'Allemagne, jusqu'au lieu où commence la partie vraiment orientale de l'Allemagne au-delà du Harz et de la Bohè­me, est par nature un, entre les Pyrénées et le Harz, il n'y a pas d'obstacles, pas de frontières géo­graphiques réelles, si ce n'est des régions mo­yennement montagneuses comme les Cé­ven­nes, les Vosges, le Jura, la Forêt Noire, les Ar­dennes. Il n'y a pas de frontières si ce n'est la langue, pas d'autres frontières que le latin qui a été imposé aux Gaulois. César, ici, s'a­vè­re a posteriori le grand séparateur de l'Europe transalpine; a posteriori, il se révèle plus fort que tous les rois francs de Clovis à Charles.

 

Mais ne jetons pas la pierre à César : ce n'est pas lui qui, finalement, a brisé l'unité euro­péen­ne. L'ironie de l'histoire veut que la tradi­tion impériale romaine ait été reprise par nous, les Germains, et la tradition royale germanique des rois francs ait été reprise par les Français. C'est la politique des petits-fils de Charle­ma­gne qui a brisé l'unité de l'Europe, car ils ont imposé le non-sens des partages carolingiens. Il y eut pourtant trois occasions manquées de restituer l'unité impériale européenne. Elles ont échoué toutes les trois. D'abord sous Louis XIV. La prise de Strasbourg lui coûta la cou­ronne impériale romaine. Les princes électeurs étaient devenus méfiants; ils ne l'ont pas élu et lui ont préféré le candidat Habsbourg.

 

Du temps de Napoléon et de Bismarck, les peuples n’étaient pas mûrs pour l’unité européenne !

 

La seconde tentative fut celle de Napoléon. En 1806, l'Empire n'avait plus d'empereur. En 1810, il épouse Marie Louise. Mais il resta l'Em­­pereur des seuls “Français”. Finalement, troi­sième tentative, en 1870 : c'était le tour des Prussiens; ils avaient renversé le dernier Bo­naparte, ils avaient vaincu les Habsbourg, et les Bourbons étaient loin du pays. C'était le mo­ment de poser un grand geste historique : pla­cer la frontière allemande sur l'Atlantique, pla­cer simultanément la frontière française sur le Niémen. Entre les deux, plus de frontières, plus de frontière sur le Rhin, plus de frontières sur la crête des Vosges, plus d'Empire alle­mand, mais un seul Empire franc ! Ni les temps ni les peuples n'étaient mûrs pour une telle au­dace. Il était à la fois trop tard et trop tôt.

 

Gagnerons-nous cette fois le cœur des Fran­çais? La balle est dans notre camp. Londres a com­mis les actes qu'il fallait pour cela soit ain­si: Dunkerque, Dakar, Mers-el-Kebir. Trois fers brû­lants dans la chair de la France ! Mais ce se­ra avec ce fer-là qu'il nous faudra forger. Tous ont trahi la France, sauf nous, leurs en­ne­mis. Il nous suffirait d'un mot et nous les au­rions à nos côtés. J'ai entendu de mes propres o­reilles ce qu'ils disaient chez eux, entre eux : “on nous a trahis”. Les Allemands étaient tout dif­férents de ce qu'on leur avait décrit. “Nous au­rions dû marcher avec eux”. Le destin nous in­diquait la voie : nous aurions pu enfin les dé­sar­mer réellement, les désarmer par notre mag­nanimité. Nous devions leur laisser leur fier­té et leur épée, apaiser leurs craintes, aller à l'encontre de leurs espérances. Nous aurions dû simplement leur expliquer : “Vous n'êtes pas vaincus et nous ne sommes pas vos vain­queurs. Nous sommes tous victimes de la mê­me mauvaise politique. On ne veut pas que nous soyons amis. Votre défaite ne relève pas de votre faute et notre succès n'est pas un mé­rite, notre opposition est un malentendu, a tou­jours été un malentendu”. Il s'agit de créer une France qui puisse couvrir nos arrières. Pour aujourd'hui comme pour toujours.

 

La fierté ennoblit le vaincu, la magnanimité ennoblit le vainqueur

 

Pourquoi suis-je en train de vous raconter tout ce­la? Parce que la France nous soumet à une é­preuve. Ce fut là-bas une répétition générale pour notre projet ici, en Russie. Nous ne de­vons pas oublier deux choses : la fierté enno­blit le vaincu, la magnanimité ennoblit le vain­queur. Malheur à nous car nous oublions ces prin­cipes ici en Russie, car la Russie  —dit-on—  ne se laisse conquérir que par des Russes. Nos propres forces nous porteront encore à gagner la prochaine bataille, peut-être encore la sui­van­te; nous irons plus loin, seulement si nous ne prenons rien aux peuples qui sont devant nous, mais si nous leur apporterons ce qui nous donnera la force d'aller de l'avant. Si nous ne leur faisons pas comprendre que nous som­mes entrés dans ce pays comme des libé­ra­teurs et non comme des oppresseurs, com­me des serviteurs de cette terre et non pas com­me des dominateurs, si nous ne leur fai­sons pas clairement comprendre et saisir cela, eh bien, nous ne gagnerons pas cette guerre. Dans ce cas, nous ne resterons pas ici. Jus­qu'ici, tout a reposé sur la puissance de nos ar­mes, mais, bien vite, très vite même, tout re­po­sera sur le drapeau que nous arborerons, le dra­peau du droit à l'auto-détermination. Si ce dra­peau parvient à annoncer et promettre à ces peuples, ce qu'ils espèrent ardemment, a­lors ce n'est plus nous qui porterons ce dra­peau, mais il nous portera !

 

Non l’expérience gauloise de César, mais l’expérience persane d’Alexandre

 

Nous sommes venus ici en Russie non pas pour ré­­péter l'expérience gauloise de César, mais pour renouveler l'expérience persane d'Ale­xan­dre. Alexandre n'a jamais expulsé personne, si ce n'est le Grand Roi. Il n'a expulsé personne de sa patrie, n'a forcé personne à adopter les dieux grecs ni même la langue grecque. Il fit de la fille du roi vaincu la reine du pays conquis et de son propre pays et laissa à tous les peu­ples tels qu'ils étaient, ne plaça personne au-des­sus d'eux et fit de toutes ces nations des al­liées. Dorénavant, elles étaient fières d'ap­par­tenir au monde grec. Plus tard, même les Ro­mains n'ont pu les vaincre. Sept cents ans après Alexandre, les Romains déplacent leur ca­pitale de Rome à Byzance. L'impérialité ro­mai­ne est ainsi devenue grecque. L'Empire ro­main d'Occident s'est effondré, l'Empire grec a te­nu encore pendant un millénaire ! Celui qui fu­sionne les peuples agit sur un bien plus long ter­me que celui qui se borne à les soumettre. Il ne nous faut donc pas imaginer que nous al­lons transformer la Russie en une gigantesque Al­lemagne ! Nous ne pourrions jamais réaliser un tel projet. Mais faire l'Europe de l'Atlantique au Pacifique, cela, nous sommes en mesure de le faire. N'est-ce pas une tâche suffisante?

 

Jordis von LOHAUSEN.

(Extrait de Reiten für Russland. Gespräche im Sattel, L. Stocker Verlag, Graz, 1998, ISBN 3-7020-0831-4).

 

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Despot: balles perdues

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A lire:

Slobodan DESPOT : Balles perdues. Interventions contre l'emprise totalitaire, L'Age d'Homme, Lausanne, 2002, 15 Euro, ISBN 2-8251-1674-2.

 

On connaît l'engagement de Slobodan Despot pour la patrie de ses ancêtres, la Serbie. Son ouvrage, recueil d'ar­ticles et d'interventions, part d'un constat très exact et très inquiétant: le pilonnage médiatique précède et ac­compagne désormais, …, toutes les opérations géostratégiques de l'empire mondialiste. Raison pour laquelle tou­te véritable action métapolitique se doit de contrer le discours liberticide et ethnocidaire des médias. Une ac­tion métapolitique qui n'aurait pas pour objectif premier de mener ce combat-là est évidemment un leurre, donc un instrument du système. Il faut savoir, dans ce contexte de guerre médiatico-culturelle, que les médias fonc­tionnent à l'aide de vérités toutes faites, détachées du temps et de l'histoire, et, partant, que la première démarche à faire et à faire faire, c'est de se replonger dans l'histoire réelle, charnelle et souvent cruelle des peuples. Le texte de Slobodan Despot qui nous semble le plus approprié dans ce nouveau recueil, est celui intitulé «La signification du Kosovo dans l'histoire du peuple serbe».  Il nous rappelle que c'est sur le territoire du Kosovo, à l'époque entièrement serbe et orthodoxe, que le Roi Lazare a décidé de faire face à l'envahisseur ottoman, en marche vers Vienne. Il a laissé sa vie pour l'Europe, pour notre civilisation, sur ce fameux "Champ des Merles". Le martyre de ses chevaliers aurait dû dicter une conduite inflexible aux Européens, les rendre irrémédiablement sourds à toute la propagande américaine, qui manipule la Turquie et les Musulmans des Balkans contre les puissances européennes. Cette conduite inflexible aurait dû être la suivante: maintenir le Kosovo tout entier sous la garde de la Serbie et évacuation progressive vers la Turquie des populations mu­sul­manes, terrorisées et instrumentalisées par les pires réseaux mafieux qu'ait jamais connu notre continent, ainsi que l'a prouvé un analyste hors paire, tel Xavier Raufer.

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dimanche, 09 mars 2008

Nagarjuna, doctrine de la vacuité

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Nagarjuna, doctrine de la vacuité

Jean-Marc Vivenza publie une très bonne étude sur Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité. Moi­ne bouddhiste du IIe-IIIe siècle, il est consi­dé­ré comme le grand métaphysicien du boud­dhis­me Mahâyâna. Une métaphysique qui ne con­cerne pas seulement les bouddhistes com­me le remarque fort justement l'auteur qui é­crit: «... l'enseignement de Nâgârjuna n'est pas détachable, isolable d'un contexte religieux spécifique, d'une tradition spirituelle bien pré­ci­se, qui joueront un rôle éminemment impor­tant, tant dans sa formation que dans l'expres­sion de son discours. Mais il ne serait pas ju­ste, il ne serait pas objectif de ne pas recon­naî­tre, de ne pas percevoir la portée d'une telle pensée, portée dont la validité ne s'arrête pas aux frontières du seul bouddhisme, mais dé­bor­de très largement sur les larges domaines de la pensée philosophique universelle (...). On peut l'affirmer sans crainte, Nâgârjuna se pro­po­se rien de moins que d'offrir la possibilité d'un nouveau rapport à l'être, non par une on­to­logie particulière, mais par l'auto-abolition de l'ontologie commune, non par une ontologie né­­gative, mais par la négation de toute on­to­lo­gie possible. Pensée vide du vide, la doctrine de la vacuité est une pensée de l'au-delà de l'ê­tre et du non-être. Une pensée souveraine de la nescience, une science libératrice de "non-pensée"» (JdB).

Jean-Marc VIVENZA, Nâgârjuna et la doc­tri­ne de la vacuité, 2001, Editions Albin Michel, 250 pages, 120 FF.                      

 

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Thalassocratie anglaise et pirates barbaresques

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Ernst zu REVENTLOW:

La thalassocratie anglaise et les pirates barbaresques

 

Petit texte à méditer après l'affaire de Perejil…

 

…depuis le début de la dernière décennie du XVIIIième siècle, les guerres, fomentées par l'Angleterre, firent rage en Europe et, pendant ce temps, la flotte britannique devint, à la suite d'une longue série de batailles navales, la seule maîtresse des mers. La politique de l'Angleterre dans la question de la piraterie, à l'époque, a été caractéristique. Les pirates des Etats barbaresques en Méditerranée ont étendu, pendant les guerres inter-européennes, leurs entreprises de razzia jusqu'en dans la Mer Baltique, où ils pillaient les navires de commerce et capturaient les équipages. Dans ce contexte, nous nous bornerons à rappeler le traité que, très tôt, l'Angle­terre a signé avec l'un de ces Etats méditerranéens (ndt : il s'agit du Maroc!!) : cet Etat a reçu l'autorisation de pour­suivre ses raids et razzias à la condition de ne jamais s'attaquer aux bâtiments battant pavillon anglais. Les Britanniques ne souhaitaient qu'une chose: c'est que ces autres pirates (ndt: marocains) commettent le plus de dommages possibles à la navigation commerciale non anglaise, du moins quand les navires de Londres ne pou­vaient pas faire ce travail hautement lucratif eux-mêmes. Quelques années après les guerres de libération (ndt: Espagnols, Allemands et Russes contre Napoléon), la question de la piraterie était devenue insupportable en Europe; dans toutes les villes portuaires allemandes se constituaient des "ligues anti-pirates", mais rien ne se passait, car les Anglais ne voulaient pas que les navires de guerre russes pénètrent en Méditerranée pour y éradiquer le mal à la racine. L'entrée de navires russes en Méditerranée aurait relativisé là-bas la suprématie bri­tannique. La diète allemande se borna à nommer une commission, qui, comme on devait s'y attendre, s'en­li­sa dans les discussions stériles, jusqu'à ce qu'en 1829, les villes hanséatiques allemandes s'adressèrent au Sultan du Maroc, par l'intermédiaire de l'Angleterre, pour lui demander de bien vouloir accepter un tribut annuel et de lais­ser les navires de la Hanse en paix. Voilà quel était l'état de la Hanse allemande en l'année de grâce 1829, face au Sultan du Maroc et de l'Angleterre !

(extrait de : Graf Ernst zu REVENTLOW, Der Vampir des Festlandes, E. S. Mittler u. Sohn, Berlin, 1916, pp. 70-71).

 

Les leçons à tirer de cet épisode de l'histoire :

 

A)       Les thalassocraties (hier l'Angleterre, aujourd'hui les Etats-Unis) sont toujours prêts à utiliser le potentiel hu­main et technique de l'Afrique du Nord pour nuire aux intérêts de l'Europe. L'Afrique du Nord et ses po­pu­lations sont des atouts cardinaux dans les stratégies anglo-américaines contre les puissances con­tinen­tales européennes.

 

B)       La piraterie a été un instrument aux 18ième et 19ième siècles; aujourd'hui, c'est l'immigration et les cercles in­tégristes et les mafias (notamment de la drogue) qu'elle véhicule. Ces cercles commettent toutes sortes de déviation, empêchant le développement optimal des nations européennes.

 

C)       Strauß-Hupé, géopolitologue américain des années 40, parlait de "casser l'atout de l'homogénéité démo­gra­phique" des nations européennes.

 

D)       Les Européens qui refusent de prendre ces faits historiques en compte sont de dangereux irréalistes voire des agents d'influence de Washington ou des déments, qui s'enivrent pathologiquement de trahisons.

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