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mercredi, 08 avril 2015

Vers une guerre totale de l’information

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Notre guerre totale

Ex: http://www.dedefensa.org

Nous reproduisons ci-dessous une chronique d’Alexandre Latsa, publiée notamment dans le Sputnik-français (le 31 mars 2015), concernant la “guerre de l’information” (“guerre de la communication” pour nous), dont ce chroniqueur français résidant en Russie estime qu’elle est “totale”. Cela nous paraît un jugement absolument fondé, ainsi qu’est fondée la place considérable et proéminente que Latsa assigne à la Russie dans le processus qui a conduit à la possibilité d’un tel conflit. (Nous avons déjà largement mis en évidence combien ce phénomène de l’émergence de la Russie dans le domaine de la communication, par opposition à ce que fut la Russie-URSS durant l’époque de la Guerre froide, est un des grands événement de notre époque de crise diluvienne [voir le 19 février 2015].) En effet, c’est parce que la Russie est apparue en quelques années comme la nouvelle source fondamentale du développement du nouveau courant de communication qu’on observe depuis le début du siècle, que l’on assiste aujourd’hui à cette “guerre totale de l’information/de la communication”. Cette position puissante de la Russie est, pour le boc BAO quelque chose d’insupportable et d’inacceptable, dans la mesure où elle assure à la Russie une puissance antiSystème remarquable ; dès lors que la chose était réalisée, la “guerre totale” devenait inévitable. Le fait est que nous l’avons.

Bien entendu, cette toute nouvelle situation est essentiellement due à la continuelle affirmation grandissante dans le champ de l’information activiste de l’internet, des “bloggeurs”, des “réseaux sociaux”. C’est un phénomène effectif depuis 1999-2000, mais qui est entré dans une seconde période depuis 2010-2012, une période de maturité plaçant ce courant en position de prendre la première place dans le système de la communication. Latsa met bien en évidence un phénomène concomitant qui est la dégénérescence et la décadences accélérées du journalisme classique, du journaliste de la presse-Système, qui ne doit qu’à lui-même cette chute finale ; parce qu’en se soumettant au Système, c’est-à-dire à l’absence de liberté, à une “liberté d’expression” réduite aux narrative du Système, au conformisme épuisant de médiocrité, et finalement à la robotisation, cette catégorie socio-professionnelle s’est “faite hara-kiri” dans le cadre somptueux et faussaire des privilégiés du Système. («Un des correspondants français à Moscou, écrit Latsa, m’avait confié qu'il avait parfaitement compris qu'il faisait partie de la dernière génération de journalistes traditionnels, génération qui serait probablement remplacée à terme par des bloggeurs.») La situation est telle aujourd’hui que, pour les journalistes de la presse-Système conscients de cette situation où ils sont contraints d’évoluer et qui veulent ne pas tout perdre, l’unique porte de sortie est de se donner à eux-mêmes, à côté de leur position-Système, une activité de bloggeur en ouvrant leurs propres blogs.

Nous sommes bien loin désormais des seules activités de propagande et de désinformation, nous sommes dans une autre dimension, dans un autre monde, et c’est sur ce terrain entièrement nouveau que se développe “notre guerre totale”. L’émergence de la Russie et sa montée en première ligne avec la crise ukrainienne est l’acte décisif de l’installation de ce nouveau monde et du déclenchement de cette “guerre totale” ; désormais, la Russie a remplacé les USA dans cette activité du nouveau courant de communication de ce qu’on doit désigner comme une communication antiSystème, avec une presse-antiSystème directement opposée à la presse-Système. Les “dissidents” US ont fait un travail magnifique entre 1999-2000, puis ils ont cédé cette place de moteur et d’inspirateur à la Russie depuis 2010-2012. La Russie a l’immense avantage que ce qui joue chez elle le rôle de “presse-Système” n’a évidemment pas grand’chose à voir, dans l’esprit certes, avec la véritable presse-Système, que cette pseudo-presse-Système travaille le plus souvent en symbiose avec le monde des bloggeurs en montrant une exceptionnelle souplesse à cet égard ; le résultat est qu’un RT ou un Sputnik.News travaille dans le même sens que les bloggeurs et atteint une audience mondiale qu’aucun organe de presse-Système du bloc BAO n’a jamais atteint.

Pour autant ces variations de leadership pour la presse-antiSystème, des USA vers la Russie, n’ont pas de valeur d’orientation spécifique qui impliquerait l’identification prioritaire, voire exclusive, d’un parti, d’une nation, etc. ; elles ont une valeur utilitaire en poursuivant et en renforçant un mouvement par essence en-dehors et au-dessus des nationalités et des spécificités pseudo-idéologiques parce qu’il s’agit du mouvement, de la dynamique antiSystème. Il reste que cette émergence russe permet de mesurer la prodigieuse diversité, la créativité, la liberté de commentaire des innombrables “fantassins médiatiques” (expression mentionnée par Latsa) qui font aujourd’hui la substance du système de la communication. Là se trouve bien la maturité du phénomène.

Face à cette nouvelle situation, c’est la panique, la panique dans le Système, la panique-Système, dont on a sans cesse de nouveaux échos en même temps que le ridicule des réactions de défense. Les ripostes envisagées par les principales puissances au service du Système, que ce soit les USA ou que ce soit l’UE, des centaines de $millions et de €millions alloués pour un effort novateur de pseudo-“contre-propagande” impliquant de façon comique que, jusqu’ici, l’information du Bloc BAO sur la Russie était à la fois neutre et virginale, tout cela a le dérisoire du poids du papier imprimé à la manière des faux-monnayeurs, selon les tactiques tonitruantes si originales des généraux chamarrés des diverses Banques Centrales du bloc BAO ; du papier, comme celui qui imprime la presse-Système, qui servirait, pour l’usage qu’on imagine, au Système en passe de devenir dans cet immense affrontement un énorme “trou du cul du monde”, – une catégorie spécifique du “trou noir” où disparaissent les univers. Effectivement, la position dans “cet immense affrontement” du Système, des pays du bloc BAO, qui se considèrent comme les maîtres de la communication et de l'affirmation d’influence qui va avec, est celle d’un immense désarroi devant l’efficacité de la dynamique antiSystème avec l’entrée de la Russie dans le jeu.

La sensation générale qui ressort de cette situation est que l’on se trouve devant une situation réellement révolutionnaire par la place que prend désormais la communication, avec la puissance qu’elle est capable de diffuser, avec les effets qu’elle est capable d’obtenir. Nous sommes très loin de l’univers orwellien, même si la technique du Système, de sa presse-Système, etc., est effectivement le plus souvent grossièrement orwellienne. Il s’agit d’une “guerre totale” s’exprimant par les moyens d’un outil qui avait servi de complément, parfois très important certes, mais dont on n’avait jamais conçu jusqu’ici qu’il constituerait le cœur même de la guerre, à la fois son inspiration, son orientation et son outil. C’est une “guerre totale” d’influence, une “guerre totale” de persuasion, un affrontement des psychologies d’abord et des esprits par conséquent, une guerre sans contacts antagonistes nécessaires, sans violence matérielle prépondérante même si elle suscite ou alimente des conflits qui se font, eux, avec des violence matérielles, des destructions et du sang. Cette “guerre totale” peut ainsi bien mieux être interprétée comme une “guerre totale spirituelle”, permettant d’autant mieux de dégager l’enjeu qui est dans l’affrontement de deux conceptions spirituelles du monde séparées par un phénomène d’inversion totale de l’une par rapport à l’autre. Cela définit bien mieux que tous les Huntington du monde le véritable “conflit de civilisation” (“civilisation” au singulier) : c’est le véritable conflit ultime, la véritable “guerre totale” “autour de la civilisation” parce que ce qui était notre “civilisation” est devenue “contre-civilisation”, et qu’il s’agit absolument de la détruire.

dedefensa.org

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Vers une guerre totale de l’information

par Alexandre Latsa

Nous voilà revenus à une sorte de nouvelle guerre froide médiatique cyber-violente, dans laquelle la Russie d’aujourd’hui apparaît de nouveau comme un modèle politique pour bon nombre d’Européens.

Bien longtemps, trop longtemps, le champ de l'information a été le domaine réservé d'une élite médiatique qui occupait tant la presse écrite que le petit écran. Dès le début des années 2000, la révolution Internet a initié un processus qui semble maintenant irréversible: l'émergence de voix dissidentes sur internet, mais aussi et surtout la possibilité pour d'authentiques spécialistes et experts de s'exprimer et de toucher un public de plus en plus large.

Breedlove appelle à une guerre de l'information contre la Russie

Le passage obligé par la presse écrite ou par les chaînes de télévision n'est plus, et ce bouleversement a notamment donné naissance à un nouveau type de citoyen: le blogueur.

Généralement simple commentateur, celui-ci peut être un expert et donc apporter dans un domaine précis une expertise qui manque journalistes, correspondants et autres pigistes de la presse généraliste. Le bloggeur présente en outre une autre force: écrivant souvent dans un esprit Wiki, bénévole ou caritatif, il n'est soumis à aucune rédaction, il tire ses revenus d'activités professionnelles sans rapport avec le monde médiatique. Souvent il entretient un dialogue avec les lecteurs de son blog, dialogue qui provoque la création de quasi think-tanks de toutes dimensions sur de différents sujets.

Le blogueur est bien souvent un travailleur acharné, stakhanoviste de la vérité, ou de sa vérité, celle qui ne va pas forcément dans le sens des grands médias. Avec la multiplication des blogs, forums et témoignages venus du terrain, autant dire que les journalistes professionnels ne peuvent plus impunément écrire n'importe quoi. Désormais, pour le journaliste qui fournit une prestation médiocre ou mensongère, la punition n'est jamais très loin: elle fait rapidement le tour de la planète sur Internet, comme on peut s'en assurer ici ou là.

C'est sans aucun doute cette médiocre qualité du travail fourni par les journalistes français, avec une bien trop forte empreinte idéologique, qui a provoqué et favorisé l'émergence de nombreux fantassins idéologiques, pour reprendre l'expression d'un journaliste français, qui ont rejoint la bataille de l'information de façon totalement bénévole, avec leur conviction pour seule arme.

Ce processus de « bloggerisation » de la communication, et donc de l'information sur Internet, bouleverse la donne et inquiète fortement les centres d'information traditionnels. Un des correspondants français à Moscou avec lequel j’ai échangé il y a quelques années m'avait confié qu'il avait parfaitement compris qu'il faisait partie de la dernière génération de journalistes traditionnels, génération qui serait probablement remplacée à terme par des bloggeurs.

Alors qu'en France on fait désormais écrire des robots à la place des journalistes, en s'inspirant de la tendance anglo-saxonne qui émerge au sein des agences généralistes de type Associated Press, en Russie c'est une tendance inverse qui émerge. Le blogueur y est de plus en plus pris en considération, et depuis août 2014, une loi assimile le blogueur qui dépasse une certaine audience (plus de 3.000 visiteurs uniques par jour) à un média presque à part entière, avec des devoirs mais aussi des droits (source).

Cette évolution est fondamentale dans le cadre global de la guerre de l'information qui oppose de plus en plus frontalement l'Otan à la Russie. Longtemps les populations d'Europe n'ont eu droit qu'à une seule lecture des événements et de l'histoire: celle concoctée par les chancelleries des pays de l'Otan, puis médiatisée par les principales agences généralistes occidentales (AP, AFP et Reuters).

Pendant la dernière décennie, la situation a évolué à mesure que de nombreux outils de communications non occidentaux ont émergé et pris de l'importance, que l'on pense à Al-Jazeera, Russia Today ou encore à des supports indiens ou chinois de très grande dimension qui communiquent de plus en plus activement dans les langues des pays occidentaux.

L'apparition de points de vue non-occidentaux, et non «occidentophiles» (soit absolument pas pro-américains) a beaucoup inquiété les chancelleries de certains pays occidentaux. Depuis deux ans environ, Bruxelles a activé et financé une armée de « trolls » chargés d'influencer les votes aux élections européennes. Cette révélation a probablement convaincu une large part des européens que si l'UE critique la Corée du Nord, elle emploie pourtant les mêmes méthodes quand il s'agit de « convaincre » ses populations de bien voter.

Dans ce monde médiatique en mutation, les outils de communication russes vers l'étranger ont enregistré quelques succès. Il y a les plateformes RIA Novosti et Voix de la Russie, désormais fusionnées sous l'appellation Sputnik mais aussi Russia Today, qui sont aujourd'hui des acteurs majeurs de l'information/ré-information et donc de la guerre entre médias qui fait rage.

A l'ouest c'est la panique.

Le commandant en chef des troupes de l'Otan en Europe a récemment appelé à mener une guerre de l'information, notamment sur les réseaux sociaux, tandis que le conseil américain des gouverneurs de la radiodiffusion déplorait que les Etats-Unis soient en train de perdre la guerre de l'information face à la Russie. A Bruxelles, l'ambiance est la même. Les Etats baltes et la Grande-Bretagne ont appelé à mettre en place un plan de réponse aux médias russes en lançant notamment une chaîne de télévision paneuropéenne en russe.

Face aux médias russes, une haine suintante est apparue au grand jour lorsque l'année dernière le rédacteur du magazine The Economist, Edward Lucas, a qualifié les employés de Russia Today d'excentriques et de propagandistes et appelé à rejeter et exclure « ces gens » (sic) du monde du journalisme. Pour la présidente de Lituanie, la propagande russe doit être identifiée et tout bonnement éradiquée.

Nous voilà revenus à une sorte de nouvelle guerre froide médiatique cyber-violente, dans laquelle la Russie d'aujourd'hui apparaît de nouveau comme un modèle politique pour bon nombre d'Européens. Mais alors que les pays occidentaux faisaient autrefois de la propagande antisoviétique en s'appuyant surtout sur les mouvements de droite, conservateurs ou patriotiques, la situation s'est aujourd'hui inversée.

Désormais, il y a en France et un peu partout en Europe des gaullistes et des patriotes qui soutiennent majoritairement la Russie, alors que ce sont les gens de centre-droit et de centre-gauche qui sont les meilleurs relais de Washington et de Bruxelles. Leur influence sur la vie de la Cité est cependant en train de fondre lentement, comme du reste le lectorat des grands médias traditionnels français.

 

Alexandre Latsa

00:05 Publié dans Actualité, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, défense, guerre, guerre totale, cyberguerre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Múdspelli

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Múdspelli
 
Ex: http://taaldacht.nl

Also available in English.

In de Germaanse letterkunde van de vroege Middeleeuwen bestaat een zeer geheimzinnig woord dat telkenmale in één adem wordt genoemd met vuur en verwoesting en het einde van de wereld, te weten Múdspelli. Het is onduidelijk wat het letterlijk betekent en de vraag is bovendien of het oorspronkelijk een christelijk begrip is of dat het uit het oude Germaanse heidendom stamt. Er zijn al vele voorstellen gedaan, maar geen ervan is echt overtuigend. Valt er dan wellicht een nieuwe duiding te bedenken?

Saksen


Aan het begin van de negende eeuw is de kerstening van de Saksen –woonachtig in wat nu Noordwest-Duitsland en Noordoost-Nederland is– in volle gang. Als onderdeel van deze inspanningen verschijnt er tussen 825 en 850 een bijzonder werk: een Oudsaksisch heldendicht van wel zesduizend verzen, geheel in Germaans stafrijm, dat het verhaal van Jezus vertelt als ware hij een hoofdman die krijgers onder zich heeft en door de onmetelijke wouden van Middilgard reist. Het is niets minder dan de Germaanse uitgave van de blijde boodschap. De dichter is onbekend en hij heeft zijn werk geen naam gegeven, maar hij noemt Jezus onder meer de Hêliand (‘Heiland, Verlosser’) en onder die naam staat het thans bekend.

In verzen 2589b-2592a komen wij het geheimzinnige woord dan tegen (vertaling Van Vredendaal):

Tot wasdom komen ze samen;
de verdoemden groeien met de goeden op,
totdat Múdspelli’s macht over de mensen komt
bij het einde der tijden.

En een flink eind later, in verzen 4352a–64, andermaal (vertaling Van Vredendaal):

Wees waakzaam! Gewis komt voor jullie
de schitterende doemdag: dan verschijnt de heer
met zijn onmetelijke macht en het vermaarde uur,
de wending van de wereld. Wacht je er dus voor
dat hij je niet besluipt als je slaapt op je rustbed,
je bij verrassing overvalt bij je verraderlijke werken,
bij misdaad en zonde. Múdspelli komt
in duistere nacht. Zoals een dief zich beweegt
in het diepste geheim, zo zal de dag komen,
de laatste van dit licht, en de levenden overvallen,
gelijk de vloed deed in vroeger dagen:
de zwalpende zee verzwolg de mensen
in Noachs tijden.

Hoewel de Hêliand geen regelrechte Bijbelvertaling is komt het een en ander uiteraard zeer bekend voor: “Want gij weet zelven zeer wel, dat de dag des Heeren alzo zal komen, gelijk een dief in den nacht” (1 Thessalonicensen 5:2). Maar wie of wat Múdspelli nu genauw is blijft onduidelijk, al zal het voor de Saksische toehoorder een bekend begrip zijn geweest, wat erop duidt dat het oud is. De Hêliand is overigens het voornaamste van slechts enkele waarlijk letterkundige werken in het Oudsaksisch, dus het zal niet verbazen dat het verder niet voorkomt in Oudsaksische geschriften.

Beieren


Omstreeks 870 na Christus verschijnt verder naar het zuiden –in Beieren– een Oudhoogduits gedicht dat vertelt over de strijd tussen Elias en de Antichrist, als waren zij de keurstrijders van God en de grote Vijand. Elias verslaat de Antichrist, maar is zelf ook gewond en zodra zijn bloed de Aarde raakt ontbrandt zij op geweldige wijze. Regels 55b-60b (eigen vertaling):

De doemdag gaat dan te lande,
gaat met het vuur mannen bezoeken.
Daar kan een verwante een ander niet helpen tegenover het Múspilli.
Want de wijde aarde verbrandt geheel,
en vuur en lucht vagen alles weg;
waar is dan die beschikte grond waar een man immer met zijn verwanten voor vocht?

Het gedicht vertelt voorts dat heel Mittilgart zal branden: geen berg of boom wordt gespaard. Water droogt op, zeeën worden verzwolgen, de hemelen vlammen en de maan valt. Niets weerstaat het Múspilli. Men merke dan op dat de vorm van het woord iets anders is: in vergelijking met Oudsaksisch Múdspelli lijkt Oudhoogduits Múspilli wat meer verbasterd. Het blijft onduidelijk wat diens genauwe betekenis is, maar ook hier zal het voor de toehoorder van die tijd een bekend begrip zijn geweest.

IJsland


De laatste plekken waar het woord verschijnt –deze keer in de vorm Múspell– zijn in de Oudijslandse letterkunde. Een van de belangrijkste schriftelijke bronnen aangaande het Germaans-heidense wereldbeeld is een bundel van gedichten die thans bekend staat als de Poëtische Edda. De belangrijkste van deze is de Vǫluspá (‘voorspelling van de zienster’). Dit gedicht, dat waarschijnlijk in de 10e eeuw na Christus is opgesteld door een heiden die daarmee oeroude overlevering doorgaf, verhaalt van de schepping van de wereld en van het einde van de wereld – elders de Ragnarǫk genoemd. Wij lezen dan tegen het einde ervan, in verzen 44 en 45 (vertaling De Vries):

Een kiel uit het oosten
komt met de mannen
van Múspell beladen
en Loki aan’t roer.
Tezaam met de reuzen
rent nu de wolf,
en hen begeleidt
de broer van Byleist.

Uit het zuiden komt Surtr [‘Zwart’]
met vlammend zwaard
en gensters fonkelen
van dit godenwapen.
Rotsen barsten,
reuzen vallen,
de helweg gaan mannen,
de hemel splijt.

Elders in de Oudijslandse letterkunde krijgen wij meer te lezen over Múspell, en wel in de zogenaamde Proza-Edda, een soort dichtershandboek vol verhalen dat omstreeks 1220 door de christelijke geschiedkundige Snorri Sturluson is geschreven. Hij putte hiervoor uit de heidense overlevering, zoals de reeds genoemde gedichten hierboven, maar het is vaak niet te achterhalen in hoeverre hij er een eigen invulling aan gaf, waardoor voorzichtig lezen geboden is. In hoofdstuk 4 van het deel dat de Gylfaginning heet, meldt Snorri het volgende (eigen vertaling):

Toen sprak Derde: ‘Doch eerst was er in het zuiden de wereld die Múspell heet. Deze is licht en heet. Zó dat hij vlammend en brandend is. En hij is onbegaanbaar voor degenen die daar vreemdelingen zijn en daar niet hun vaderland hebben. Daar is een genaamd Surtr, die daar bij de grens ter verdediging zit. Hij heeft een vlammend zwaard, en bij het einde der wereld zal hij oorlog gaan voeren en alle goden verslaan en de hele wereld met vuur verbranden.’

Verderop in het verhaal wordt verteld dat Múspellsheimr (‘Múspells heem’) in de oertijd gesmolten deeltjes en vonken uitschoot en dat de goden en de dwergen hiervan de zon en de sterren hebben gemaakt. En er wordt meerdere malen verhaald van hoe Múspellsmegir (‘Múspells knapen’) en Múspellssynir (‘Múspells zonen’) op het laatst zullen uitrijden en oorlog zullen voeren, opdat Miðgarðr wordt verwoest.

Duiding


Dat het woord een samenstelling is staat vast, maar wat betekent het nu werkelijk en hoe oud is het? Is het een christelijk begrip dat zelfs IJsland wist te bereiken toen dat nog grotendeels heidens was –hetgeen op zichzelf niet ondenkbaar is– of is het oud genoeg om uit heidense tijden te stammen? Zoals gezegd is het waarschijnlijk tamelijk ouder dan zijn eerste verschijning op schrift, daar het woord al vrij bekend zal zijn geweest voor de toehoorders destijds, en lijkt het dus van heidense oorsprong.

Er is al in elk geval al aardig wat voorgesteld en het gesprek is nog steeds gaande. Een goede opsomming hiervan is te vinden in de onderaan vermelde verhandeling van Hans Jeske uit 2006. In het kort: voor het eerste lid is verband gezocht met o.a. Oudsaksisch múð ‘mond’ en Latijn mundus ‘wereld’, voor het tweede lid met o.a. Oudhoogduits spell ‘vertelling’ en spildan ‘vernietigen’, waardoor we uitkomen met duidingen als ‘mondelinge vernietiging’ (door God), ‘mondelinge vertelling’ (als onbeholpen vertaling van Latijn ōrāculum ‘goddelijke uitspraak’) of ‘wereldvernietiging’. Maar allen stuiten op vormelijke, inhoudelijke en/of geschiedkundige bezwaren, waardoor geen ervan echt weet te overtuigen. Het is dan ook de hoogste tijd voor een geheel nieuwe duiding.

Allereerst: het Oudgermaans erfde van zijn voorloper –het Proto-Indo-Europees– meerdere wijzen van samenstellingen maken. Bij één daarvan reeg men twee woorden én een achtervoegsel aan elkaar tot één onzijdig zelfstandig naamwoord. Het achtervoegsel gaf de samenstelling een lading van veelheid en verzameling. Een bekend voorbeeld hiervan is de samenstelling van *alja- ‘ander, vreemd’ + *landa- ‘land’ + *-jan (achtervoegsel) tot *aljalandjan (o.) ‘het geheel van andere landen’ oftewel ‘het buitenland’. Het woord is o.a. als Oudsaksisch elilendi, Oudhoogduits elilenti en Nederlands ellende overgeleverd. Deze wijze van samenstellen lijkt na de Oudgermaanse tijd niet meer in gebruik te zijn geweest, dus als wij zo’n samenstelling tegenkomen in de dochtertalen is zij waarschijnlijk vrij oud, namelijk van voor de kerstening der Germanen.

Welnu, Oudsaksisch Múdspelli, Oudhoogduits Múspilli en Oudnoords Múspell hebben er alles van weg genauw zo’n soort oude samenstelling te zijn. Onder meer omdat ze onzijdig zijn en een spoor van het genoemde achtervoegsel tonen. Dat wil zeggen, ze lijken terug te gaan op Oudgermaans *Mūdaspalljan (o.), een samenstelling van *mūda- + *spalla- + *-jan (achtervoegsel). De vraag is vervolgens: wat zijn *mūda- en *spalla-?

Over *spalla- kunnen we bondig zijn. Hoewel het anderszins niet is overgeleverd in de Germaanse talen is dit woord goed te verbinden met de Proto-Indo-Europese wortel *(s)pel-, *(s)pol-, die wij verder kennen van onder meer Oudkerkslavisch poljǫ, polĕti ‘branden, vlammen’ en Russisch pólomja ‘vlam’. Dan zou Oudgermaans *spalla- ook iets als ‘vuur’ of ‘vlam’ hebben betekend.

Over *mūda- valt meer te vertellen. Dit woord is, weliswaar verlengd met verschillende achtervoegsels, namelijk wél overgeleverd in de Germaanse talen. Enerzijds zijn er –met een achtervoegsel dat vertrouwdheid en verkleining aangeeft– Middelnederduits mudeke, 16e eeuws Nederlands muydick, streektalig Duits Muttich, Mutch, Mautch en Oostvlaams muik, die allen ongeveer ‘bewaarplaats of voorraad van ooft of geld’ betekenen, maar soms meer algemeen en oorspronkelijk ‘opeenhoping’. Anderszijds zijn er Oudhoogduits múttun (mv.) ‘voorraadschuren’, Silezisch Maute ‘bergplaats van ooft’ en Beiers Mauten ‘voorraad van ooft’.

Vervolgens kunnen wij dit *mūda- verbinden met de Proto-Indo-Europese wortel *meuH- ‘overvloedig, krachtig in vermenigvuldiging’ (voorgelegd door Michael Weiss in 1996), die anderszins ten grondslag ligt aan Grieks mūríos ‘talloos, onmetelijk’, Hettitisch mūri- ‘tros ooft’, Luwisch-Hettitisch mūwa- ‘een ontzagwekkende eigenschap, van bijvoorbeeld een koning of god’, Hiërogliefisch Luwisch mūwa- ‘overweldigen (o.i.d.)’ en ten slotte Latijn mūtō en Oudiers moth, beide ‘mannelijk geslachtsdeel’. Mogelijk horen hierbij ook Oudgermaans *mūhō ‘grote hoop’ (vanwaar o.a. Oudengels múha en Oudnoords múgi) en *meurjōn (vanwaar o.a. Nederlands mier).

Hieruit valt op te maken dat Oudgermaans *mūda- waarschijnlijk zoveel betekende als ‘opeenhoping, veelheid, overvloed e.d.’ of anders in bijvoeglijke zin ‘overvloedig’.

Besluit


*Mūdaspalljan is dan een zeer oud, heidens begrip dat het beste is op te vatten als het ‘Overvloedige Gevlamte’ of het ‘Vuur des Overvloeds’ en bij uitbreiding het ‘Vurige Wereldeinde’. En dat is een betekenis die uitstekend past in de zinsverbanden waarin we het woord in de dochtertalen tegenkomen. Men leze hen boven maar eens terug. Een mogelijk bezwaar is evenwel dat het woord dan uit tamelijk zeldzame woordstof is opgebouwd. Maar zoiets zouden we juist verwachten van een oud, mythologisch geladen woord. Germaanse dichters gebruikten vaak woorden die in de algemene taal niet of nauwelijks (meer) voorkwamen om zo een stijl van verheven ernst te scheppen.

Op grond van de Oudijslandse benamingen Múspellsmegir (‘Múspells knapen’) en Múspellssynir (‘Múspells zonen’) is wel betoogd dat Múspell een reus of iets dergelijks is. Maar het woord is zoals gezegd onzijdig en diens ‘knapen’ en ‘zonen’ zijn volgens de hier voorgesteld duiding goed te begrijpen als een dichterlijke voorstelling van de afzonderlijke vlammen die voortrazen als heel de wereld wordt verzwolgen.

De Vǫluspá verhaalt dat na deze eindstrijd de Aarde herrijst –groen en fris– en dat mensen een zorgeloos leven in vreugde zullen leiden. De overeenkomsten met de christelijke leer over het hiernamaals op een Nieuwe Aarde zijn opvallend en vaak wordt er aan ontlening gedacht. Doch als we beseffen dat er in de Oudgermaanse tijd menig langhuis en medehal in vlammen moet zijn opgegaan, wouden konden branden door ongelukkige blikseminslagen, en menig akker door vijanden ware verschroeid, en er niets anders opzat dan te herbouwen en herzaaien, dan is het goed mogelijk dat de heidenen van weleer dachten dat ooit heel Middilgard in het Múdspelli zou eindigen, dat de wereld der mannen zou branden in een Alverzengend Vuur, vooraleer het weer zou herrijzen – groen en fris.

Verwijzingen

Faulkes, A., Edda (Londen, 1995)

Jeske, H., “Zur Etymologie des Wortes muspilli”, in Zeitschrift für deutsches Altertum und deutsche Literatur, Bd. 135, H. 4 (2006), pp. 425-434

Krahe, H. & W. Meid, Germanische Sprachwissenschaft III: Wortbildungslehre (Berlijn, 1969)

Philippa, M., e.a., Etymologisch Woordenboek van het Nederlands (webuitgave)

Rix, H., Lexikon der indogermanischen Verben, 2. Auflage (Wiesbaden, 2001)

Simek, R., Lexikon der germanischen Mythologie, 3. Auflage (Stuttgart, 2006)

Vaan, M. de, Etymological Dictionary of Latin and the other Italic Languages (Leiden, 2008)

Vredendaal, J. van, Heliand (Amsterdam, 2006)

Vries, J. de, Nederlands etymologisch woordenboek (Leiden, 1971)

Vries, J. de, Edda: Goden- en heldenliederen uit de Germaanse oudheid, 10e druk (Deventer, 1999)

Weiss, M., “Greek μυϱίος ‘countless’, Hittite mūri- ‘bunch (of fruit)’”, in Historische Sprachforschung, 109. Bd., 2. H. (1996), pp. 199-214