jeudi, 04 septembre 2025
Cinq raisons de soutenir les BRICS
Cinq raisons de soutenir les BRICS
par Riccardo Paccosi
Source : Riccardo Paccosi & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/cinque-ragioni-pe...
De la reductio ad unum à la pluralité comme valeur: les cinq raisons de soutenir les BRICS
Même si le sommet récemment tenu à Tianjin concernait l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), d’un point de vue politique, tous s’accordent à dire qu’il a indirectement représenté une avancée du projet plus général des BRICS. Il est donc possible d’évaluer cette perspective géopolitique.
Il faut préciser que, à l’horizon de l’humanité, se profilent des menaces – telles que l’organisation des sociétés sur la base du système de crédit social – qui échappent complètement à la géopolitique, c’est-à-dire qui traversent tous les camps politiques.
Pourtant, la différence essentielle entre le monde multipolaire promu par les BRICS et l’Empire unipolaire porté par l’Occident est fondamentale et impose de prendre position. Ceux qui soutiennent la renaissance de la démocratie et de la souveraineté populaire dans les sociétés occidentales corrompues, ne peuvent qu’être du côté des BRICS pour les cinq raisons suivantes :
1) Les BRICS rejettent l’idée fanatique et enfantine des néolibéraux selon laquelle ramener le monde à l’Un, nier les différences, serait la solution à tous les maux.
La philosophie puérile de la reductio ad unum a été à la base de l’Union européenne et des tentatives de gouvernance mondiale menées par le Forum économique mondial, dont les résultats aujourd’hui démontrent qu'elles ont pleinement échoué.
Les BRICS rejettent la reductio ad unum et adoptent, au contraire, la pluralité comme vision générale du monde.
2) Les BRICS ont en fait déjà enterré l'idée d'une Fin de l’Histoire, c’est-à-dire la thèse de Fukuyama selon laquelle le modèle libéral anglo-saxon finirait par se répliquer dans tous les coins du monde.
Les BRICS sont composés de systèmes institutionnels et économiques très différents les uns des autres, et considèrent donc la diversité systémique comme une valeur fondatrice.
3) Bien qu’y participent aussi des États non démocratiques, les BRICS posent les seules conditions possibles aujourd’hui pour la renaissance de la démocratie.
La Déclaration de Kazan en 2024 place au centre la question de la souveraineté, condition à la fois juridique et méta-juridique, sans laquelle il ne sera jamais possible d’établir un vrai pouvoir populaire dans aucun pays du monde.
Cela doit aussi être relié au fait que les BRICS rejettent également l’idéologie de l’Un Impérial – le mondialisme – et qu’ils restaurent à sa place l’internationalisme, c’est-à-dire un ordre mondial fondé sur la pluralité des nations souveraines.
4) Les BRICS annoncent un ordre mondial basé sur le respect mutuel entre grandes et petites nations, sur le droit international, en opposition au darwinisme néolibéral appliqué aux relations internationales, caractéristique de l’Occident, c’est-à-dire une approche basée sur la domination et le terrorisme.
5) Les BRICS esquissent une vision du monde qui prévoit, pour de larges segments de la population mondiale, croissance économique et amélioration des conditions sociales.
Une vision où l’avenir existe, alors que l’Occident, au contraire, a détruit toute perspective autre que celle d’un état d’urgence permanent et éternel, où croît la pauvreté et où seule règne la perspective d'une guerre planétaire.
14:08 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, brics, multipolarité, politique internationale | |
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Amérique latine: les États-Unis reviennent à la diplomatie des canonnières
Amérique latine: les États-Unis reviennent à la diplomatie des canonnières
Leonid Savin
La semaine dernière, le président américain Donald Trump a décidé d’envoyer une flotte de navires de guerre et un sous-marin au large du Venezuela dans le cadre d’une opération spéciale ciblant les cartels de la drogue internationaux. La porte-parole de la Maison-Blanche, Carolyne Levitt, a également déclaré que la force militaire serait utilisée, si nécessaire, contre le Venezuela.
Étant donné qu’auparavant, le président du Venezuela, Nicolás Maduro, avait déjà été accusé d’être à la tête du cartel de la drogue "Sun" et de ne pas être un président légitimement élu, il y a toutes les raisons de penser que ce geste démonstratif de force pourrait dégénérer en une provocation sérieuse avec des conséquences imprévisibles pour toute la région.
La flotte américaine comprend trois destroyers de classe Arleigh Burke équipés de missiles guidés, un sous-marin et trois navires de débarquement transportant environ 4500 marines. Si la cible était des cartels de la drogue utilisant de petits bateaux ou des sous-marins artisanaux, souvent utilisés une seule fois, une telle flotte, aussi puissante, ne serait pas nécessaire. Il serait plus logique d’utiliser des avions de reconnaissance en coordination avec des bâtiments des garde-côtes, qui patrouillent le long des routes présumées empruntées par les trafiquants. Bien que, selon certaines déclarations, des avions de détection à longue portée Boeing P-8-A Poseidon de la marine américaine participent également à cette opération.
La diabolisation de la direction vénézuélienne n’a pas été un événement isolé. L’ancien procureur général américain William P. Barr a déclaré précédemment que "depuis plus de 20 ans, Maduro et plusieurs collègues de haut rang auraient conspiré avec les FARC (groupe rebelle colombien d’extrême gauche), ce qui aurait permis à des tonnes de cocaïne d’entrer dans les circuits américains et, par suite, de les dévaster."
En février 2025, Donald Trump a inscrit le groupe Tren de Aragua, actif aux États-Unis, sur la liste des organisations terroristes. Des mesures similaires ont été prises contre la MS-13 salvadorienne et six autres groupes mexicains. Il faut souligner qu’il n’y a aucune preuve qu’il existe des cartels de la drogue à l’intérieur du Venezuela ou que le gouvernement de ce pays ait des liens avec des gangs aux États-Unis. Il s’agit d’une désinformation pure, utilisant des méthodes similaires à celles employées auparavant contre la Russie.
En réalité, toutes les accusations portées contre le gouvernement vénézuélien sont tirées par les cheveux et basées sur un faux rapport rédigé par Joseph Humire, directeur du Center for a Safe and Free Society, un think tank conservateur lié à l’extrême droite américaine.
Ce rapport a été publié le 5 décembre 2024 par la Heritage Foundation et présenté comme un document stratégique pour la «sécurité de l’hémisphère».
Selon le journal britannique The Guardian, Humire aurait utilisé des données fictives et manipulé des déclarations à l’encontre du gouvernement vénézuélien dans divers médias américains, en mentant également lors d’audiences au Congrès américain.
Il est aussi mentionné que les déclarations de Humire concernant les liens entre le gouvernement de Maduro et des groupes criminels organisés ont suscité des doutes, y compris dans la communauté du renseignement américain.
Néanmoins, ces fausses accusations ont fonctionné: une récompense de 50 millions de dollars a été offerte pour Nicolás Maduro (probablement pour inciter l’armée vénézuélienne à commettre un coup d’État), de nouveaux prisonniers ont été envoyés à Guantanamo, en janvier 2025, la loi anti-immigration de Laken Riley a été adoptée aux États-Unis, et le Venezuela a été qualifié d’« État sponsor du terrorisme » (ce qui entraînera de nouvelles sanctions et autres mesures restrictives si la liste officielle est modifiée). Le dernier prétexte invoqué est la lutte contre les cartels de la drogue (dont au moins un, "Sun", est fictif), qui représentent une menace pour les États-Unis, pour laquelle Donald Trump a autorisé l’usage de la force armée.
Il faut aussi noter que, parallèlement, les États-Unis continuent de négocier avec Caracas pour l’extraction de pétrole, mais cela n’est pas beaucoup médiatisé. Probablement, la diabolisation du gouvernement vénézuélien vise aussi à renforcer la position de Washington dans ces négociations.
Mais Caracas a répondu fermement à ces provocations américaines par une déclaration de mobilisation. Le ministre de la Défense, Vladimir Padriño Lopez, a déclaré que « la patrie ne se discute pas, la patrie se défend ». Nicolás Maduro a donc annoncé la mobilisation de la milice bolivarienne, dont les membres ont été appelés à se rendre dans les points de rassemblement les 23 et 24 août. Le soutien au gouvernement vénézuélien a été exprimé par divers partis politiques, syndicats et organisations non gouvernementales, dont certains sont russes.
Une réunion extraordinaire d’ALBA-TCP a été organisée, au cours de laquelle les actions des États-Unis contre le Venezuela ont été condamnées. Dans la déclaration, il est dit que « nous rejetons catégoriquement les ordres du gouvernement américain concernant le déploiement des forces armées sous des prétextes fallacieux, avec l’intention évidente d’imposer une politique illégale, interventionniste et contraire à l’ordre constitutionnel des États d’Amérique latine et des Caraïbes. Le déploiement militaire américain dans les eaux des Caraïbes, déguisé en opérations anti-drogue, constitue une menace pour la paix et la stabilité dans la région. »
Ils ont également exigé de Washington qu’il mette fin immédiatement à toute « menace ou action militaire qui viole l’intégrité territoriale et l’indépendance politique » des pays de la région, ainsi que le « respect sans condition du cadre juridique international et des mécanismes multilatéraux de règlement pacifique des différends ».
Outre Cuba, le Nicaragua et la Bolivie, des critiques à l’égard de Washington ont été exprimées par les dirigeants du Mexique, de la Colombie et du Brésil, ainsi que par de petits États insulaires des Caraïbes: République Dominicaine, Antigua-et-Barbuda, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Saint-Christophe-et-Niévès, Grenade et Sainte-Lucie.
Quant à l’évolution possible du scénario, il est probable que Washington tentera d’utiliser le conflit territorial entre le Venezuela et le Guyana, en entrant dans les eaux territoriales que le Venezuela considère comme étant siennes, mais que le Guyana ne reconnaît pas (notamment où se trouvent d’importants gisements de pétrole). Même sans l’accord du gouvernement guyanais, il est peu probable que ce pays puisse empêcher une telle opération de piraterie.
Il est également évident que, dans un contexte géopolitique plus large, les États-Unis veulent jouer la carte de la force face à la Colombie et au Brésil, dont la direction n’est pas actuellement sous influence de Washington. Avec le renforcement de leur influence en Argentine, en Uruguay, au Paraguay, au Pérou, en Équateur, au Panama et en Bolivie (après les dernières élections générales où le Mouvement pour le socialisme a perdu face à des candidats et partis pro-américains), il semble qu’un plan systématique est en marche pour contrôler toute l’Amérique latine. Et le Venezuela reste un obstacle difficile à franchir.
13:56 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, venezuela, amérique latine, amérique du sud, amérique ibérique, géopolitique, hémisphère occidental | |
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La Nouvelle Droite italienne, entre intérêt culturel et incidence politique
La Nouvelle Droite italienne, entre intérêt culturel et incidence politique
Leonardo Rizzo
Source: https://electomagazine.it/la-nuova-destra-tra-interesse-c...
Une essai met en lumière « l’histoire et les idées » du « parcours métapolitique » qui va de 1977 à 1992. Deux fils parallèles se dessinent : des affirmations qui risquent à terme d'être qualifiées d’ingénues, voire de présomptueuses, et la mise en exergue de données factuelles importantes.
Les données chronologiques remarquables que l'on trouve dans l’essai "Ils l’appelaient la Nouvelle Droite" ("La chaiamavano Nuova Destra", Il Palindromo) montrent la distance qu'il y a entre l'ampleur du mouvement et son « parcours métapolitique », qu’il décrit, partant de l'année 1977 à l'année 1992; autre fait à signaler: l’auteur, Giovanni Tarantino, est né en 1983 à Palerme, il n’appartient donc pas, en termes d’âge, à la période évoquée dans son travail. Il est frappant que l’intérêt d’un « jeune », non directement impliqué pour une aventure à forte valeur culturelle, soit si prononcé, alors qu’il ne résulte de ce mouvement aucune incidence politique véritablement significative.
En parcourant le livre, ces deux fils conducteurs se croisent jusqu’à s’entrelacer: des affirmations facilement taxables d'ingénuité ou de prétention, telles, d'une part, que l'énoncé d'« une autre idée de l’Europe », l'annonce de l'émergence d'« une autre dimension », le croyance de « représenter un tournant », et, d'autre part, la mise en exergue de faits importants, dignes d'être signalés, comme celui d'avoir été « verts avant les Verts » et d'avoir amorcé une « ère du dialogue ». Des figures comme Sabino Acquaviva, Massimo Cacciari, Alessandro Campi, Alex Langer, Adriano Sofri, Marco Boato, Giacomo Marramao, Gianfranco Miglio, Antimo Negri, Geminello Alvi, Roberto Formigoni, Giampiero Mughini, Massimo Fini et Francesco Rutelli ont été influencés par la Nouvelle Droite italienne.
La Nouvelle Droite italienne a su établir des connexions avec divers autres mouvances politiques, allant du milieu catholique de Comunione e Liberazione et du magazine hebdomadaire Il Sabato jusqu’aux Radicaux. Elle a ainsi anticipé en partie ce qui s’est passé en Italie depuis la fin des années 70: nous sommes encore loin du berlusconisme, mais nous ne sommes pas si éloignés de Bettino Craxi et Francesco Cossiga. Une forte nécessité de travailler de nouvelles modes, de nouveaux styles, des paroles pionnières et des contenus différents, la nécessité d'un recul nécessaire et de réflexions personnelles émerge déjà. L’Italie était alors en pleine mutation.
Pour la Nuova Destra (ND), il s’agit surtout de transformer la jeunesse du parti qu'était le MSI. Là encore, nos deux fils conducteurs, celui des déclarations grandiloquentes et celui de la saisie juste de la réalité concrète, s’entrelacent. On pense notamment à l'initiative des Camps Hobbit, inventés par Generoso Simeone, qui, chaque année, pendant quelques jours, rassemblent initiatives de presse, créateurs de bandes dessinées, animateurs de radio, poètes, musiciens, initiateurs d'une alimentation alternative, militants d'une écologie différentes et amateurs de littérature fantastique. Ces camps furent des chantiers d’expérimentation, où l'on a sans cesse suggéré des formes de communication sociale et de culture pop, bien plus proches de la modernité que celles de la droite partisane du MSI. Il faut penser, sur ce plan, à la « musique alternative », mais surtout à J.R.R. Tolkien, qui devient le saint patron et l’éponyme de cette révolution culturelle.
Ce constat montre à quel point il est déplacé de lancer des polémiques périodiques sur le néofascisme attribué à Giorgia Meloni, pour lui nuire. La présidente du Conseil, bien qu’elle ne vienne pas directement de la Nouvelle Droite, a grandi dans un environnement qui en est issu: la section romaine de Colle Oppio, placée sous la direction de Fabio Rampelli et d’autres que l’on peut légitimement considérer comme des "frères aînés" dans cette mouvance. Ce monde avait remplacé l’imaginaire fasciste par un imaginaire tolkienien et s’était largement inspiré du patrimoine environnemental, où des figures de la ND comme Alessandro Di Pietro avaient été pionniers, établissant notamment des contacts avec le prix Nobel Konrad Lorenz.
Avant la volte-face de Fiuggi (ndt: l'abandon par Fini du "continuïsme néo-fasciste"), la Nouvelle Droite a apporté une contribution importante à la « modernisation de la droite italienne » et à la « sortie de ce tunnel qu'était le néofascisme », en « critiquant les nostalgiques ». La critique contre les centrales nucléaires était moins « moderne ». La tentative de « constituer un autre pôle culturel, combinant éléments de droite et de gauche, pour les amener à une nouvelle synthèse hors des partis » et de « passer de la politique au politique », de manoeuvrer entre le « léninisme de droite » et le « gramscisme de droite », a été moins réussie. Après des mots à consonance héroïque, la critique formulée par la ND envers le « conservatisme bourgeois », l’« obsession de la sécurité », la « défense de l’Occident », l’« individualisme » et le « nationalisme » a échoué : ces valeurs restent fondamentales pour la droite italienne, indépendamment du néofascisme.
On peut dire que la tentative de pousser la droite vers un libertarisme a échoué – heureusement, car, indépendamment des convictions personnelles, cela nous aurait amenés à une compétition perdante face à la gauche, qui, pour citer Augusto Del Noce, soutenait le « parti radical de masse ». Les relations avec la composante rautienne du MSI (Pino Rauti) restent également non résolues: la Nouvelle Droite aspire à une « indépendance par rapport à la forme parti », mais beaucoup de ses membres en proviennent.
Le livre de Tarantino admet qu’un « melting-pot » (incapacitant) s’est constitué au sein de la ND, où « tout aboutit à tout et à son contraire »: Tolkien se mêle à la pensée d'un Del Noce, la maison d’édition Rusconi avec Franco Freda. C'est là un « catalogue d’intentions et de déclarations qui peut sembler vain » mais qui a des répercussions concrètes dans de nombreuses actions importantes. Il a aussi permis l’émergence de personnalités intellectuelles tout aussi importantes, dont les noms restent ici non mentionnés pour éviter de porter préjudice par omission.
12:41 Publié dans Livre, Livre, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, nouvelle droite, nuova destra, italie, giovanni tarantino | |
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