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mardi, 26 avril 2016

O. Dard: conférence sur Georges Valois

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Etats-Unis: Une offensive judiciaire globale

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Etats-Unis: Une offensive judiciaire globale

par Jean-Michel Quatrepoint

Source : Fondation Res Publica, Jean-Michel Quatrepoint

Accueil de Jean-Michel Quatrepoint, journaliste économique, membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica, auteur de “Alstom, un scandale d’État – Dernière liquidation de l’industrie française” (Fayard : août 2015), au colloque “L’extraterritorialité du droit américain” du 1er février 2016.

L’exportation du droit américain, l’extraterritorialité des lois américaines est un processus qui ne date pas d’aujourd’hui. Voilà des années, voire des décennies que les États-Unis développent une stratégie globale d’hyperpuissance en s’appuyant sur un arsenal juridique et en imposant leurs lois, leurs normes, au reste du monde. Il aura fallu l’amende colossale infligée à BNP Paribas (8,9 milliards de dollars) et celle qui, infligée à Alstom (772 millions de dollars), fut la véritable cause, quoi qu’en dise le PDG d’Alstom, de la vente de la division « énergie » à General Electric, pour que nos dirigeants découvrent la réalité d’une guerre économique engagée depuis des décennies. Ils ont ainsi découvert, tardivement, le caractère meurtrier d’un arsenal juridique dont la mise en place remonte à plus d’un quart de siècle.

Dans la décennie 90, après l’effondrement du communisme, les États-Unis vont se doter d’une série de lois qui concernent les entreprises américaines mais aussi toutes les entreprises étrangères. La majorité de ces lois, Trade Acts ou embargos, permettent aux responsables américains du commerce d’identifier et de sanctionner les comportements « injustes et déraisonnables » des acteurs économiques rivaux des Américains.

On peut classer ces textes dans quelques grands chapitres :
Le plus connu aujourd’hui est la lutte contre la corruption, le fameux Foreign Corrupt Practices Act(FCPA) qui s’appliquait aux entreprises américaines qui versaient des pots de vin aux fonctionnaires et aux hommes politiques pour obtenir des contrats. En 1998, ce FCPA est étendu aux entreprises étrangères et il va servir de modèle à la convention OCDE censée réprimer la corruption, notamment en matière de grands contrats.

Symposium Brochure.jpgLe second chapitre est une batterie de lois qui criminalisent le commerce avec les États sous embargo américain. Certaines de ces lois sont bien connues, telles les lois Helms-Burton et D’Amato qui sanctionnent les entreprises commerçant avec l’Iran, Cuba, la Libye, le Soudan etc. (au total il y aura 70 embargos américains à travers le monde). En 2006, un banquier britannique, un des dirigeants de la Standard Chartered, dira : « Putains d’Américains, qui êtes-vous pour nous dire et pour dire au reste du monde que nous ne devons pas travailler avec les Iraniens ? ». Quelques années plus tard la Standard Chartered devra payer 700 millions de dollars d’amende pour avoir commercé avec l’Iran.

Autre chapitre, une batterie de lois criminalisent le commerce avec les pays sous embargo ONU.
Ensuite viendra le blanchiment de l’argent sale des terroristes ou des narcotrafiquants.

Le Patriot Act, édicté en 2001 après l’attaque sur les Twin towers, sous couvert de lutte contre le terrorisme, donne des pouvoirs élargis aux différentes agences pour accéder aux différentes données informatiques.

Enfin la loi Dodd-Frank de juillet 2010 confère à la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme américain de la bourse, le pouvoir de réprimer toute conduite qui, aux États-Unis, concourt de manière significative à la commission de l’infraction, même lorsque la transaction financière a été conclue en dehors des États-Unis et n’implique que des acteurs étrangers. Cela va donc très loin.

Cerise sur le gâteau, en 2014, le Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA) donne au fisc américain des pouvoirs extraterritoriaux qui contraignent les banques étrangères à devenir ses agents en lui livrant toutes les informations sur les comptes et avoirs des citoyens américains dans le monde. Si elles n’obtempèrent pas, 30 % de leurs revenus aux États-Unis sont confisqués et, plus grave encore, elles peuvent se voir retirer leur licence. Or, pour une banque, notamment les plus grandes, ne plus pouvoir travailler aux États-Unis et ne plus pouvoir compenser en dollars équivaut à un arrêt de mort. On a souvent voulu voir derrière le FATCA le moyen pour les Américains de faire enfin plier les banquiers suisses, les « gnomes de Zurich », les obliger à abandonner leur sacro-saint secret bancaire. C’est vrai… mais c’est l’arbre, moral et médiatique, qui cache la forêt. Ainsi, BNP Paribas a été contrainte de fournir dans le cadre de son amende la liste des comptes de ses clients américains et franco-américains. C’est ainsi que des personnes fort respectables, qui ont la malchance d’avoir la double-nationalité mais qui ont toujours gagné et déclaré leur argent en France, sans avoir de revenus aux États-Unis, sont sommées par l’Internal Revenue Service (IRS), le fisc américain, de fournir toutes leurs déclarations d’impôts. Si jamais elles ont payé moins en France que ce qu’elles auraient payé aux États-Unis, l’IRS leur réclame la différence. Cela s’appelle du racket.

Avec le recul, on s’aperçoit qu’il est très difficile de contester chacune de ces mesures : Qui va s’élever contre le fait de lutter contre la corruption… ? De même qui n’est favorable à la répression des narcotrafiquants et du blanchiment de leur argent ? Il en est de même du terrorisme. C’est là toute l’habileté du projet américain théorisé en 2004 par Suzanne Nossel, laquelle a inspiré Hillary Clinton lorsque cette dernière était secrétaire d’État.

C’est la théorie non du soft power mais du smart power, affirmation par les États-Unis d’une vision universelle au nom de leur compétence universelle.

Les États-Unis se vivent comme le nouveau peuple élu. Leurs victoires contre les forces du mal (en 1945 contre le nazisme, plus tard contre le communisme), leurs performances économiques, témoignent de la supériorité de leur modèle. Il est donc normal que tous les autres peuples adoptent ce modèle car la globalisation implique l’uniformisation. Les États-Unis énoncent donc de grands principes, valables pour tous et que tous sont contraints de respecter à travers un arsenal juridique, à travers la puissance du dollar, à travers les technologies qui permettent de tout savoir (on pense à la NSA). Le tout, bien sûr, pour le bien commun.

Cette compétence universelle, par définition, s’applique à toutes les activités humaines. L’offensive contre la FIFA et Sepp Blatter (et par ricochet contre Michel Platini), a été menée par les Anglo-saxons, par les Américains. Une offensive fort habile car chacun sait que la FIFA (Fédération Internationale de Football Association), comme le CIO (Comité international olympique), sont des lieux où le népotisme et la corruption règnent en maîtres. Pour les Américains, il s’agit de faire exploser ce système et de le remplacer par un autre où la puissance américaine sera dominante et imposera ses règles.

Il est très difficile de s’opposer à ce smart power, véritable idéologie qui s’appuie sur la défense des droits de l’homme, la libre concurrence non faussée, le droit des consommateurs, le droit des minorités etc.

Cette stratégie s’appuie également sur les ONG anglo-saxonnes. Ce sont elles qui sont à l’origine de l’affaire Volkswagen. Loin de moi l’idée de défendre Volkswagen et l’industrie automobile allemande mais il est intéressant d’observer comment cette affaire s’est déroulée. Au départ, le lobby automobile européen, dominé par les industriels allemands, avait de très bonnes relations avec la Commission européenne et, évidemment, les normes de pollution et de consommation en Europe ont été fixées avec l’assentiment des constructeurs automobiles. Nous avons tous pu constater que l’affichage des consommations des véhicules ne correspond absolument pas à la réalité sur le terrain. Il se trouve que Volkswagen avait misé sur le diesel, invention essentiellement européenne, pour pénétrer le marché américain. Or, aux États-Unis, les normes anti-pollution pour le diesel sont beaucoup plus rigoureuses qu’en Europe, notamment pour les particules fines (on pourrait parler d’une norme protectionniste). Volkswagen a décidé, pour pénétrer le marché américain avec ses véhicules diesel, d’installer secrètement un logiciel fourni par Bosch. Logiciel qui permettait de masquer la réalité de émissions de particules. Ce truquage est découvert par une ONG américaine qui dévoile l’affaire en 2014 et transmet le dossier à l’agence fédérale de protection de l’environnement. C’est alors que l’affaire commence. Volkswagen, qui a effectivement triché, est piégée. Les media s’en mêlent, la machine s’emballe (48 Class actions, dans 48 États différents). La machine de guerre judiciaire américaine s’est mise en branle et le coût pour Volkswagen, indépendamment du coût pour son image, va se chiffrer en dizaines de milliards de dollars. Volkswagen (tout comme sa filiale Audi) avait énormément misé sur les États-Unis : le marché américain devait être le nouvel eldorado pour le constructeur automobile allemand qui espérait s’implanter aux États-Unis, bénéficier du dollar, d’une main d’œuvre moins chère qu’en Europe pour réexporter ensuite des modèles ou des sous-ensembles sur le marché européen et sur l’Asie. Ambition que l’industrie automobile américaine, en plein renouveau, grâce aux subventions données notamment à General Motors, ne voit pas d’un très bon œil. Est-ce un hasard si l’affaire du petit logiciel de Volkswagen a émergé ? Ce qui va se passer sur l’affaire Volkswagen est important car, si les Allemands plaident coupables, ils ont cependant commis un crime de lèse-majesté début janvier en refusant aux prosecutors et aux enquêteurs américains l’accès à leurs données, notamment sur le sol allemand. En effet, quand la machine judiciaire américaine est en branle (les entreprises qui sont « passées dans la moulinette » en savent quelque chose), les enquêteurs américains déboulent et ont accès à tout, mails, documents etc. Or les Allemands, invoquant la German law, qui interdit la communication de données à des puissances étrangères extérieures à l’Union Européenne, ont refusé de donner l’accès aux documents et aux mails internes à leur siège social. Les Allemands iront-ils jusqu’au bout du bras de fer, refuseront-ils d’obéir aux injonctions de la justice américaine? Cela peut se terminer par l’obligation pour Volkswagen de fermer ses usines aux États-Unis. On est là dans un processus lourd de conséquences.

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Les États-Unis, forts de leur puissance, ont donc développé un arsenal juridique tous azimuts. Ils décident qui peut commercer avec qui. Ils peuvent décider aussi d’éliminer les concurrents. Les entreprises françaises en savent quelque chose avec l’Iran. À la différence de ce qui se passait dans les années 80-90, ils bénéficient de la position du dollar: 78 % des transactions mondiales se font en dollars et tout est compensé par les États-Unis. Comme toutes les transactions en dollars transitent par les États-Unis, toute transaction en dollars est soumise à la loi américaine. Ils ont aussi les écoutes : on a découvert que la NSA et les services américains écoutaient systématiquement tout, y compris les chefs d’État… et personne n’a protesté. Et surtout, cette extraterritorialité devient un extraordinaire businessqui profite d’abord aux Américains. Les amendes proprement dites commencent à atteindre des montants conséquents. Pour les banques, le total des amendes infligées par la justice américaine est de 125 milliards de dollars, dont une bonne partie concerne les banques américaines. Mais les banques américaines ont été condamnées pour les affaires de subprimes (aucun banquier américain n’a fait de prison) tandis que les banques européennes et japonaises ont été condamnées pour avoir violé des embargos. Les banques suisses ont payé un très lourd tribut pour ne pas avoir communiqué à temps un certain nombre de données.

On en est aujourd’hui à 35 milliards de dollars d’amendes pour les banques étrangères et une demi-douzaine de milliards de dollars pour les groupes industriels. Sur les dix premières amendes infligées, notamment pour des affaires de corruption, aux groupes industriels, neuf concernent des groupes étrangers. Le record va à Siemens (800 millions de dollars) suivi par Alstom (772 millions de dollars).

Cet argent sert d’abord à l’auto-alimentation du système judiciaire américain (la SEC, le Trésor, le DOJ etc.) dont les coûts annexes sont considérables. Le système judiciaire américain, les centaines de milliers de lawyers des cabinets, sont embauchés par les entreprises et vivent « sur la bête ». L’argent des amendes fait donc vivre le système judiciaire américain au sens large. S’y ajoute la contestation de brevets etc. L’application de ce système de l’extraterritorialité est un formidable business qui alimente la machine judiciaire et juridique américaine.

Les gens de BNP Paribas seront sans doute heureux d’apprendre qu’une partie de leur amende va servir à indemniser les citoyens américains qui avaient été victimes de la prise d’otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran en 1979. Plus de cinquante personnes, retenues pendant 444 jours, n’avaient jamais été indemnisées parce que, dans l’accord entre l’Iran et Ronald Reagan, l’Iran avait refusé de payer quelque indemnité que ce soit (l’une des raisons pour lesquelles les Iraniens avaient pris en otage les personnels de l’ambassade américaine était la « prise en otage » par les Américains des compte iraniens à la Chase Manhattan Bank…). Le Congrès a l’intention d’utiliser 1 à 2 milliards de dollars, pris sur l’amende de BNP Paribas, pour indemniser ces ex-otages américains.

Plus grave : les accords que les entreprises étrangères sont contraintes de signer s’accompagnent généralement de la mise sous tutelle de fait de ces entreprises qui, de par le settlement, l’accord passé avec la justice américaine, subissent pendant six mois, un an, trois ans… la présence de contrôleurs indépendants chargés de vérifier que l’entreprise condamnée se conforme bien à toutes les règles de la compliance américaine. Alcatel Lucent avait été condamnée il y a quelques années à une amende pour corruption à propos d’affaires qui remontaient au début des années 2000 (le montant, moins important que celui infligé à Alstom, s’élevait quand même à 170 millions de dollars). Contrainte d’accepter pendant trois ans la présence d’un contrôleur indépendant, Alcatel Lucent devait lui donner toutes les informations que ce contrôleur jugeait utiles à la réalisation de sa mission. D’aucuns disent que Alcatel Lucent a été ainsi pillée pendant quelques années par la justice américaine. Les secrets de fabrication et un certain nombre de données essentielles peuvent être transférés ainsi à une puissance étrangère.
L’extraterritorialité du droit américain permet à la puissance américaine, sur les secteurs qu’elle estime stratégiques, d’asseoir sa domination.

Merci.

Source : Fondation Res Publica, Jean-Michel Quatrepoint, 01-02-2016

L’Europe à pied

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L’Europe à pied

par Georges FELTIN-TRACOL

 

eurpiedcouv38912.jpgPour vivre l’aventure, est-il nécessaire de s’inscrire à une émission pseudo-« survivaliste » de télé-réalité débile ou partir pour des contrées exotiques loin de chez soi ? Non, répondent Fanny Truilhé et Mathilde Gibelin, deux femmes de 22 et 24 ans, qui, du 21 septembre 2009 au 28 juillet 2010, parcoururent – à pied – plus de 6 000 km en visitant une partie du continent européen.

 

L’exploit mérite d’être salué d’autant qu’il n’était pas que physique; il fut aussi humain, culturel et patrimonial. En effet, Mathilde et Fanny, deux amies formées depuis l’âge de 9 ans aux longues marches par un mouvement scout, avaient la ferme intention de récolter auprès des populations rencontrées un maximum de récits populaires locaux. « Nous nous sommes concentrées sur les légendes, racontées de génération en génération. Elles nous semblaient parfaites pour partir à la rencontre de nos cousins européens. Quels seraient nos points communs et nos différences ? Une somme de questions auxquelles nous brûlions de répondre. Non d’un point de vue universitaire, mais par le vécu, le charnel et l’humain (p. 9). » On doit reconnaître que le résultat est très décevant. Pour preuve, elles questionnent un jour dans les Alpes un vieux paysan qui les renvoie aussitôt à des jeunes gens. « Quel paradoxe ! Comment les jeunes pourraient-ils avoir connaissance d’un héritage s’il ne leur a pas été transmis ? C’est tragique, une société sans transmission ! (p. 26) » Le folk lore (ce savoir populaire) s’est évanoui ou se trouve, uniformisé et affadi, dans les guides touristiques présents sur les comptoirs des offices spécialisés.

 

Marche et hospitalité

 

Parties du Ventoux afin d’atteindre l’Aubrac dix mois plus tard, Fanny et Mathilde passent en Provence et en Italie jusqu’à Rome. Elles traversent ensuite la Grèce, d’Olympie à Thessalonique, marchent en Autriche, en Slovaquie, en République tchèque, en Allemagne orientale, au Danemark, circulent en Écosse et en Irlande, avant de revenir en France par la Bretagne, la Mayenne et le Massif Central. Elles avaient convenu au préalable avec leurs parents quelque peu inquiets par cet itinéraire de découvrir la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie en train et ce, pour des raisons bien compréhensibles de sécurité. Elles n’hésitent pas à faire de l’auto-stop – voire de l’« auto-bateau » – et à prendre l’avion (plus simple que la nage pour rallier l’Écosse). En effet, « les règles, nous les fixons nous-mêmes, et si pour 30 km de marche par jour, nous devons faire une demi-heure de stop occasionnellement pour rencontrer quelqu’un ou aller visiter une ville, nous n’allons pas nous en priver ! (p. 44)».

 

Le vif dépit d’assister à la perte du savoir culturel populaire se trouve largement compensé par de nombreuses marques de sympathie exprimées tout au long de leur trajet. Sous la protection d’une très bonne étoile, à moins que cela soit une remarquable Fortuna, Fanny et Mathilde sont souvent bien accueillies, le soir venu. Certains jours, elles se voient claquer les portes. Toutefois, les maisons s’ouvrent devant elles. Ainsi, près de Pontremoli en Italie, se retrouvent-elles « attablées avec les époux, les deux enfants et la grand-mère (p. 54) » pour partager un dîner. Une autre fois, « le Grec qui tient la bicoque ne veut pas nous laisser repartir sans que nous n’ayons fini les plats (p. 84) ». Plus tôt, à Embrun, « un couple nous invite spontanément chez lui. Ils sont d’une gentillesse et d’un naturel fous… comme si nous étions attendues, qu’ils nous connaissaient… vous allez dormir là, prenez une douche, le repas est prêt, nous vous attendons… ça alors ! L’hospitalité est une valeur que certains honorent vraiment (p. 27) ». Mathilde insiste régulièrement sur cette vieille notion d’hospitalité. « L’hospitalité a longtemps été une valeur sacrée et accueillir des inconnus était un devoir. Alors bien sûr, de nos jours, dans notre société individualisée où ce sont les valeurs marchandes, où “ tout s’achète et tout se vend “ qui sont de mise, personne n’est obligé d’accueillir des inconnus chez lui. Notre démarche est donc décalée, mais importante, voire nécessaire. Montrer que d’autres modes de fonctionnement sont possibles et que les échanges peuvent être gratuits. Nous demandons l’hospitalité, les gens nous offrent le gîte et bien souvent le couvert et si nous ne leur proposons pas d’argent, nous leur offrons bien plus : l’occasion de rendre service. Cela peut paraître étrange, mais ce n’est guère souvent possible et lorsque nous repartons, les gens nous remercient presque systématiquement de nous être arrêtées chez eux ! Alors que c’est nous qui devrions leur être redevable ! Ce que nous sommes également, bien entendu ! Mais tout de même, c’est frappant à quel point les gens nous sont reconnaissants (p. 176).»

 

Le fait de marcher des centaines de kilomètres à pied à l’heure du tout-automobile ne peut qu’attirer l’attention des médiats locaux et des habitants, surpris par leur objectif. Fanny et Mathilde suscitent en tout cas intérêt et admiration. En Grèce, « quand le restaurateur apprend que nous faisons le tour de l’Europe à pied, il nous offre le pain (p. 103) ». En outre, elles ne sont pas toujours seules; elles croisent d’autres randonneurs avec qui elles font de temps en temps un bout de chemin quand ne marchent pas à leurs côtés proches amis et parents !

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Voir une autre Europe

 

En Grèce, en Bulgarie, en Roumanie et en Hongrie, Fanny et Mathilde appréhendent une autre réalité, ignorée des Européens de l’Ouest : de vieux contentieux nationaux, frontaliers et territoriaux, de vives controverses consacrées aux mérites théologiques comparés des paganismes, de l’Orthodoxie et du catholicisme romain, et un euroscepticisme certain. « L’Union européenne pense, dans son humble magnanimité, que l’Europe de l’Est et centrale n’aspire qu’à devenir comme l’Ouest : marchande. Mais pas du tout ! D’ailleurs ils rejettent globalement l’Union européenne, qui leur impose les standards occidentaux. Ils la vivent comme une réelle menace de leurs traditions et leur façon d’être qui est typiquement différente de la nôtre, peuples de l’Europe occidentale (p. 147). »

 

Plus concrètement, la lecture de ce carnet de voyage écrit à quatre mains montre que se supporter 24 heures sur 24 et sept jours sur sept devient à la fois épuisant et agaçant. Les moments les plus rudes se déroulent en février – mars en Allemagne, puis au Danemark. Outre le froid, la neige, la pluie, le vent glacial, l’humidité, la platitude de la grande plaine du Nord les mine. « Nous sommes lassées, marre de ces paysages, de la fatigue physique et de ces douleurs… (p. 225) »

 

Fanny et Mathilde retrouvent cependant leur vigueur et leur courage en se posant en Écosse au début du printemps. Elles en apprécient les montagnes, puis se promènent dans la Verte Irlande. Elles ont raison de s’écarter de la perfide Albion. Quant au retour en France, le parcours n’est pas si aisé que cela, car les sentiers de randonnée sont surtout prévus pour la promenade dominicale et nullement pour de vraies randonnées…

 

Dans son essai La Jeunesse au pouvoir, Julien Langella évoque des mouvements juvéniles du début du XXe siècle, en particulier les Mendigoxales basques, cette « petite élite d’alpinistes et de randonneurs », et les Wandervogel allemands, qui fuyaient un monde triste, urbanisé et industriel afin de redécouvrir la culture ancestrale, le patrimoine et l’âme des lieux. Mathilde et Fanny s’inscrivent dans cette tradition, non à l’échelle régionale, mais à l’échelle continentale. Leurs quarante semaines d’efforts sont une subtile initiation à la vie, un passage décisif entre une adolescence révolue et une existence d’adulte qui se profile avec son lot de mariage, d’enfants et d’activités professionnelles.

 

Il serait bien que jeunes filles et garçons répètent à leur tour cette expérience de vie physique, culturelle et sportive (porter 20 kg dans le sac à dos et marcher 30 km par jour, c’est du sport !) lors d’une année sabbatique. Mais serait-ce aujourd’hui souhaitable, possible et réalisable avec l’invasion en cours de l’Europe par des hordes d’immigrés allogènes et la fermeture indispensable des frontières nationales ? Fanny et Mathilde ont profité d’un moment où les flux migratoires massifs n’en étaient qu’à leurs débuts. Le 11 février 2010, la police germanique les prend pour des clandestins et les contrôle ! Parcourir dorénavant l’Italie ou la Grèce serait très risqué, dangereux même, surtout pour de jeunes Européennes. C’est la raison pour laquelle le récit de Fanny Truilhé et de Mathilde Gibelin est important. Elles offrent une belle aventure humaine riche en esprit européen survenue il y a plus de six ans, il y a maintenant une éternité.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Fanny Truilhé et Mathilde Gibelin, Tour d’Europe. 6 000 kilomètres à pied, Les Amis du Livre européen, 2015, 348 p., 24 € (à commander : 21, rue de Fécamp, 75012 Paris).


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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Géopolitique de l’Arménie

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Géopolitique de l’Arménie

Ex: https://globalediplomatie.com

Pour comprendre la situation géopolitique de l’Arménie, il faut d’abord comprendre ses frontières, et donc son Histoire. En effet, la République d’Arménie tire ses forces et ses faiblesses diplomatiques de sa géographie et de son histoire.

 D’une superficie d’environ 29 000 km2, soit un peu plus petit que la Belgique, l’Arménie est enclavée au cœur du Caucase, au croisement des mondes perses, russes et turcs. Cette situation « inconfortable » est d’abord le fruit des relations houleuses entre ces grandes puissances dans l’Histoire. En effet à la fin du XVIIIème siècle, les arméniens vivent principalement dans l’Empire Ottoman et dans l’Empire Perse. Mais la progression de l’Empire Russe dans la région, notamment à partir d’Alexandre, va conduire à un premier bouleversement démographique, politique et géographique : près de 100 000 arméniens quittent les territoires musulmans, ottomans ou perses, pour se mettre sous la protection de la Russie, désormais présente dans le Caucase. D’une certaine manière, deux « Arménies » existent alors : l’une russe, l’autre ottomane.

Le sentiment national arménien émerge à partir de la fin du XIXème siècle et il rencontre de plein fouet le nationalisme turc, le « pan-turquisme », qu’on pourrait comparer au « pan-germanisme ». Quand ce dernier visait à rassembler les peuples germanophones d’Europe, le nationalisme turc vise à remplacer l’Empire Ottoman multi-ethnique et multi-confessionnel, par une nation turque qui engloberait les peuples turcophones d’Asie centrale. Or, l’Arménie et les arméniens étaient précisément une entrave au projet des « jeunes turcs », ce qui explique les premiers massacres à partir de 1895.

Géographiquement, les arméniens empêchaient la création d’une grande nation turque. Le génocide de 1915 s’inscrit dans ce contexte tendu, exacerbé par la première guerre mondiale où la Russie et la Turquie s’affrontent dans la région. En effet, bon nombre d’autorités turques craignent une alliance implicite entre les populations arméniennes présentes dans l’Empire Ottoman et l’ennemi russe.

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Indépendante en 1918 à la chute de l’Empire Ottoman, l’Arménie ne le restera pas longtemps : dès 1920, par un accord entre Atatürk et Staline, elle bascule dans le giron soviétique, comme son nouveau voisin et rival l’Azerbaïdjan. Or, Moscou va appliquer dans le Caucase la même politique territoriale qu’en Asie centrale : « diviser pour mieux régner », c’est à dire dessiner des frontières complexes et alambiquées, qui compliqueraient tout projet d’indépendance. C’est ainsi que les frontières arméniennes coupent en deux l’Azerbaïdjan, ou que la province historiquement arménienne du Haut-Karabakh est rattaché à Bakou. L’Arménie resta tout au long de la guerre froide une sorte d’Etat-tampon entre les deux blocs, entre l’URSS et la Turquie de l’OTAN.

La première faiblesse de l’Arménie, c’est sa démographie : alors que plus de 600 000 arméniens ont quittés le pays à la fin de l’ère soviétique, il ne reste qu’un peu moins de trois millions d’habitants dans le pays. Difficile de peser sur la scène internationale, l’Arménie est « prise en sandwich » entre 6 millions d’azéris, et 75 millions de turcs. Entourée d’États hostiles, l’Arménie n’a pas, comme Israël exemple, un accès à la mer pour se décloisonner.

Drapeau de la République du Haut-Karabagh
Drapeau de la République du Haut-KarabaghA la chute de l’Empire Soviétique en 1991, après une guerre gagnée (mais toujours officiellement en cours) pour la récupération du Haut-Karabakh, l’Arménie se retrouve sous la pression des trois blocs : Russie, Turquie, Iran. Ses frontières, contestées, et sa situation, en plein milieu du monde turc, rendent la situation diplomatique et géopolitique de l’Arménie difficile. Mais comme au judo, l’Arménie sait retourner la puissance de ses adversaires à son avantage. Erevan sait utiliser habilement les rivalités entre les grandes puissances qui l’entourent, pour tirer son épingle du jeu.La première faiblesse de l’Arménie, c’est sa démographie : alors que plus de 600 000 arméniens ont quittés le pays à la fin de l’ère soviétique, il ne reste qu’un peu moins de trois millions d’habitants dans le pays. Difficile de peser sur la scène internationale, l’Arménie est « prise en sandwich » entre 6 millions d’azéris, et 75 millions de turcs. Entourée d’États hostiles, l’Arménie n’a pas, comme Israël exemple, un accès à la mer pour se décloisonner.

arhASSOC arménie.jpgSeconde faiblesse de l’Arménie : la faiblesse de ses ressources naturelles, surtout comparées à son rival azerbaidjanais, riche en pétrole et en gaz, puisé notamment dans la mer Caspienne. L’Arménie est d’autant plus défavorisée que l’Azerbaïdjan achemine son gaz vers son principal client, son « grand frère » turc, en contournant soigneusement les frontières arméniennes, en passant par la Géorgie. C’est ainsi le cas avec l’oléoduc BTC (Bakou-Tbilissi-Cyhan), actif depuis 2005, et le gazoduc SCP (South Caucasian Pipeline) bâti en 2007. L’Arménie assiste ainsi impuissante au renforcement des liens entre Ankara et Bakou, et à leur enrichissement mutuel. En effet, grâce à ces gazoducs et oléoducs qui contournent l’Arménie, l’Azerbaïdjan a multiplié par 4 sa capacité transport d’hydrocarbure. Le pays s’est donc considérablement enrichi, et cette nouvelle manne financière lui a permis d’accroître ses moyens militaires, au point que désormais, le budget militaire azéri est comparable… au budget global de l’État arménien.

Prise en étau entre une Turquie menaçante et un Azerbaïdjan qui monte en puissance, la petite république d’Arménie paraît condamnée à subir l’influence de ses dangereux voisins. Et pourtant, elle va habilement faire de sa faiblesse une force.

Une fois encore, il est utile de faire appel à l’Histoire, l’Histoire du temps long : l’Arménie est située  dans une zone stratégique, au croisement de l’Asie et l’Europe. Depuis la route de la Soie, le sud du Caucase est une zone incontournable de rencontre, d’échanges et de rapports de force. Après la chute de l’URSS, dans laquelle l’Arménie avait un rôle secondaire, le pays est redevenu mécaniquement une clef de voûte des réseaux économiques et politiques des grandes puissances. L’Histoire et la Géographie offrent des déterminismes qui transcendent les siècles.

Habilement, l’Arménie utilise cette situation géographique, fait « monter les enchères », et sait se faire courtiser. C’est ainsi que le pays est l’un des rares au monde à bénéficier simultanément de bonnes relations avec la Russie, les États-Unis et l’Iran. Chacune de ces puissances a en effet une bonne raison de se rapprocher d’Erevan.

Les États-Unis – qui ont d’ailleurs installé en Arménie l’une de leur plus imposantes ambassade – voient en effet dans l’Arménie un intermédiaire pour amorcer une détente des relations avec l’Iran, et cherchent à tout prix à limiter l’influence russe dans le Caucase.

 L’Iran de son côté a historiquement de liens étroits avec l’Arménie et les arméniens (importante diaspora arménienne dans le nord du pays). La courte frontière entre les deux pays suffit à développer des relations particulièrement étroites. Téhéran, longtemps isolé sur la scène internationale, a en effet compté sur l’Arménie pour défendre sa cause. Enfin et surtout, l’Iran redoute la montée en puissance de l’axe « turc » Ankara-Bakou. L’Arménie, située pile entre les deux pays, coupant l’Azerbaïdjan en deux, est un véritable caillou dans la chaussure pour ce rapprochement. Mécaniquement, l’Iran est très proche de l’Arménie diplomatiquement, et entretiennent des liens économiques étroits.

La Russie est quant à elle un allié solide de l’Arménie, en dépit de la chute de l’URSS. Les relations russo-arméniennes représentent l’archétype de la diplomatie d’Erevan. En effet, la Russie a de multiples raisons de s’implanter dans la région, et comme au temps de l’URSS, Moscou cherche à limiter l’influence à la fois turque et américaine. Simultanément, l’importante diaspora arménienne en Russie (1,1 millions d’arméniens, soit 0,78% du pays), et les années passées dans le giron soviétique on crée des liens culturels très forts. Ce rapprochement se traduit concrètement par des accords à la fois militaires et économiques. Au niveau militaire, la Russie dispose de trois bases en Arménie, qui représentent en tout près de 5 000 hommes. Les deux pays font partie depuis 1992 de l’OTC (Organisation du Traité de sécurité Collective), et en 2011, ils ont signés un accord de défense mutuelle. Parallèlement, la Russie est très présente dans l’économie arménienne, notamment dans l’agriculture, l’aluminium, l’uranium, ou le secteur bancaire. Dans le secteur de l’énergie, les entreprises russes sont propriétaires des 5 barrages hydrauliques du pays, ainsi que des deux centrales nucléaires. Ainsi, 80% du parc énergétique en Arménie appartiens à investisseurs russes.

Pendant que la Russie investit en Arménie, celle-ci profite du soutien diplomatique et militaire de Moscou. C’est grâce à cette « protection » russe que l’Arménie peut s’offrir le luxe de tenir tête à l’Azerbaïdjan et la Turquie (notamment sur le dossier du Haut-Karabakh), qui sont pourtant bien plus riches et plus peuplés que la petite république caucasienne.

Simultanément, « l’eldorado énergétique » azerbaidjanais s’est révélé ses dernières années décevant, la croissance engendrée par les ressources en hydrocarbures n’étant pas à la hauteur des prévisions. Condamné à revoir ses ambitions à la baisse, le grand rival de l’Arménie ne deviendra pas comme il l’espérait une sorte « d’Arabie Saoudite du Caucase ». C’est une mauvaise nouvelle pour l’Azerbaïdjan, pour la Turquie, mais aussi la Géorgie qui est le pays de transit de ces flux gaziers et pétroliers. Ce dernier pays s’est avéré d’autant plus fragile et vulnérable lors de la « guerre des 5 jours » contre la Russie, en Août 2005.

Pour l’Arménie, la situation est donc moins désespérée qu’il n’y paraît. Entourée d’États hostiles, elle a su en retour habilement s’attirer les faveurs d’autres puissances régionales (Iran, Russie) ou Internationale (USA). Comme dans les arts martiaux, elle a utilisé la puissance de ses adversaires à son propre bénéfice.

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Impressionen der Reichsidee

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Impressionen der Reichsidee
 
von Johannes Konstantin Poensgen
Ex: http://www.blauenarzisse.de

Der Ghibellinische Kuss“ versammelt Aufsätze, Thesen und Reden Hans-​Dietrich Sanders zur Wiederherstellung des deutschen Reiches.

sander_der-ghibellinische.jpgHans-​Dietrich Sander (geb. 1928) ist den jüngeren oft nur noch als Kolumnist der Zeitschrift Neue Ordnung bekannt. Seine letzte Buchpublikation, Die Auflösung aller Dinge: Zur geschichtlichen Lage des Judentums in den Metamorphosen der Moderne, liegt achtundzwanzig Jahre zurück. Sanders Karriere gehörte zu denjenigen, die mit dem fortschreitenden Anziehen der Daumenschrauben in der Bundesrepublik der 80er beendet wurden.

Sander ließ sich damals nicht unterkriegen und machte mit seinen Staatsbriefen weiter, die er bis 2001 herausgab. Sanders Spätwerk, insbesondere seine Überlegungen zur ghibellinischen Reichsidee, liegen daher nicht als Monographie, sondern in Form einer Reihe von in über einem Jahrzehnt entstandener Artikel vor. Es ist sehr begrüßenswert, das eine Sammlung der bedeutendsten dieser Schriften jetzt unter dem Titel Der Ghibellinische Kuss im Arnshaugk-​Verlag erschienen ist.

Sander und sein Herausgeber sind nicht immer klar zu trennen

Neben der Tatsache, dass eine Reihe von Einzelaufsätzen nicht die beste Darstellungsweise des Themas ist, leidet dieses Buch jedoch noch unter einem anderen Strukturfehler. Im Wunsch, manche Texte dem Fortgang der Zeit anzupassen, griff der Herausgeber Heiko Luge zum Mittel der fortgeltenden Historisierung. Dass heißt, die alten Texte wurden an manchen Stellen der heutigen Lage angepasst. Vermutlich aus Altersgründen geschah dies jedoch nicht durch Sander selbst, sondern „nach Rücksprache mit dem Autor“ durch Luge.

An manchen Stellen sind daher Sander und sein Herausgeber schwer zu unterscheiden, zumal „nach Rücksprache mit dem Autor“ eine interpretationsoffene Formulierung ist. Bei einem Werk tieferen Inhalts handelt es sich aber nicht um einen Werbetext oder eine Gebrauchsanweisung, deren Autorschaft unerheblich ist. Das Lesen solcher Texte stellt eine Form der Verständigung zwischen Autor und Leser dar. Kurz, wenn Sander, aus welchen Gründen auch immer, nicht in der Lage war, sie selbst durchzuführen, hätte man die fortschreitende Historisierung besser unterlassen.

Das Reich als europäische Ordnungsmacht

Dass der Ghibellinische Kuss trotzdem ein bedeutendes Buch ist, liegt sowohl an der Problemstellung, wie am Lösungsvorschlag. Die erste ist, je nach Perspektive, die deutsche Frage in der Mitte Europas, oder die europäische Frage um Deutschland herum. Die erste gilt vielen als mit der Wiedervereinigung beantwortet. Was die Frage der europäischen Selbstbehauptung betrifft, so ist über kein Thema mehr Tinte ergebnislos verspritzt worden.

sander2xxx.jpgAuf der einen Seite stehen hier die Eurokraten und ihre Claqueure, die selbst dort, wo sie die Fehler ihre Baus erkennen, keine Korrektur im Blick haben, auf der anderen Seite die Europakritiker, die entweder zu achtundzwanzig einzelnen Nationalstaaten zurückwollen – immer noch die realistischste Nicht-​Lösung; oder aber sich in die Charles de Gaulle zugeschriebene Formulierung eines „Europas der Vaterländer“ flüchten, von dem keiner weiß, wie es aussehen, noch weniger was es zusammenhalten soll.

Sander hat all dem den Reichsgedanken voraus. Von diesem Fundament lassen sich Konturen einer um Deutschland als Hegemonialmacht gestalteten europäischen Ordnung entwickeln. Diese Ordnung, die die europäischen Völker um den Kern eines deutschen Nationalstaats gruppiert, ihnen Schutz gewährt und sie in ihrer Eigenart bewahrt, ist nach Sander Inhalt der ghibellinischen Reichsidee. Mit seinem auf Thomas Hobbes zurückgreifenden Herrschaftsbegriff, der Gegenseitigkeit von Schutz und Gehorsam, vermag er zudem die strukturelle Grundbedingung eines handlungsfähigen europäischen Raumes anzugeben.

Mit der Herrschaft des Reiches setzt sich Sander über die schwammigen Vorstellungen einer „europäischen Einigung“ hinweg, die bestenfalls weder Schutz gewährt, noch Gehorsam verlangt, schlimmstenfalls diesen einfordert, ohne jenen überhaupt geben zu können.

Die drei Verbote

Wer aber in der ghibellinischen Idee Rezepte für das Hier und Heute sucht, wird bei Sander enttäuscht werden. Er weiß zu gut, dass das heutige Deutschland nicht über die nötigen Mittel verfügt, nicht materiell, aber erst recht nicht geistig, dass es nicht „reichfähig“ ist. Aus dieser Einsicht schreibt er auch mehr für die Zukunft als für die Gegenwart, um die Idee des Reiches, der einzigen Ordnung, deren Europa aus eigener Kraft ohne einen äußeren Hegemon fähig ist, nicht in Vergessenheit geraten zu lassen. Dass zudem erst der ganz aktuelle Saustall ausgemistet werden muss, bevor es an langfristige Planungen geht, sollte jedem offensichtlich sein.

Wenn aber ein unabhängiges Europa möglich sein soll, so muss es zu einem eigenständigen Großraum werden. Nach den Erfahrungen der Globalisierung ergänzt Sander das „Interventionsverbot für raumfremde Mächte“ Carl Schmitts um ein „Immigrationsverbot raumfremder Stämme und Völkerschaften“, sowie um ein „Investitionsverbot raumfremden Kapitals“. Ob es möglich ist, die Globalisierung, die One World der Technik und des Verkehrs durch raumordnungspolitische Dekrete zu bannen, darf aber bezweifelt werden. Die Alternative dürfte jedoch ein immer weiter ausuferndes Chaos sein, dass aufgrund seiner schieren Ausmaße von keiner Ordnungsmacht mehr zu bändigen wäre, wie das Reich auf europäischem Boden eine darstellen könnte.

Leider keine kulturmorphologische Grundlage

sander3xxx.jpgEs bleibt die Frage der „Reichfähigkeit“ der Deutschen. Dass wir in der Lage sind über den eigenen Tellerrand hinauszublicken und ganz Europa im Blick zu haben, dies haben wir in unserer Geschichte mehrfach bewiesen, zuletzt ironischerweise unter Angela Merkel in der Eurokrise, während der es den Deutschen als einzigen nicht nur um kurzfristige Eigeninteressen ging. Zusammen mit unserer Mittellage und unserer relativen Macht betrachtet, ist Sander daher uneingeschränkt beizupflichten, dass eine europäische Ordnung nur von Deutschland ausgehen und um Deutschland herum gestaltet werden kann.

Sanders Ausführungen zu den Deutschen sind allerdings allzu oft reine Behauptungen. Um die Reichstauglichkeit der deutschen Volksseele genauer auszumessen, fehlt Sander leider die kulturmorphologische Grundlage. So verliert sich der promovierte Geistesgeschichtler bisweilen im Strom seiner Eindrücke, insbesondere, wenn es um die Bedeutung des Christentums, des römischen Erbes und beider Beziehung zum Germanentum geht, einem Thema, das unzählige Denker zu wüstesten Assoziationen verleitet hat.

When Men and Mountains Meet: Spiritual Ascent in the Age of Commodification

When Men and Mountains Meet: Spiritual Ascent in the Age of Commodification

“Great things are done when Men & Mountains meet / This is not Done by Jostling in the Street,” wrote William Blake.

The modern world suffocates the soul of humankind. Matter longs for the embrace of soul, just as the unborn is ensheathed in the mother’s womb; and the soul desires the caress of matter, just as a newborn is cradled in the mother’s arms. Every moment is the nondual experience of gestation and birth of soul into matter, matter into soul. Modern life severs this connection as carelessly as the assembly line obstetrician prematurely severs the umbilical cord that still carries vital nutrients from mother to child. We are weighed upon scales imbalanced by ceaseless activity and insidious apathy, our hearts faint with anxiety and our bodies dead with the weight of indifference.

How do we reconnect with the primordial source in a decentered and displaced world?

The spiritual quest of the higher person is the path that leads one on a journey to reunite with divine nature, and there are few greater paths to accelerate this reunification than the experience of the mountains. Amongst the peaks one transforms from a rank-and-file soldier of modernity into a Grail Knight—a golden embryo shining in the dark cosmic womb of creation.

In Meditations on the Peaks, Julius Evola wrote:

In the struggle against mountain heights, action is finally free from all machines, and from everything that detracts from man’s direct and absolute relationship with things. Up close to the sky and to crevasses—among the still and silent greatness of the peaks; in the impetuous raging winds and snowstorms; among the dazzling brightness of glaciers; or among the fierce, hopeless verticality of rock faces—it is possible to reawaken (through what may at first appear to be the mere employment of the body) the symbol of overcoming, a truly spiritual and virile light, and make contact with primordial forces locked within the body’s limbs. In this way the climber’s struggle will be more than physical and the successful climb may come to represent the achievement of something that is no longer merely human. In ancient mythologies the mountain mountain peaks were regarded as the seats of the gods; this is myth, but it is also the allegorical expression of a real belief that may always come alive again sub specie interioritatis.

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Meditations on the Peaks (English translation available from Inner Traditions) is a collection of Evola’s writings on the spiritual quest of mountain climbing. While not free of the commodification of the modern sporting life (one only need to look at the resort towns inviting crass hordes of weekend warriors that contaminate the regions for a reminder), the mountains offer potential for the spiritual conquest of self-overcoming. By training the body, purifying the soul and cultivating a reverence for mortality, one may, with iron will and monumental discipline, ascend the peaks in contemplation of their silent, still and divine majesty.

Evola presents mountain climbing as a Yoga of the scholar and the athlete. The modern world has divided the intellectual and athletic pursuits, creating a false dichotomy of “nerds” and “jocks” that predominates the industrialized West. Either the body atrophies for feint intellectual praise and bourgeois academic prestige, or the mind suffers for the pursuit of empty competition and physical achievement. In this dichotomous framing of brains against brawn, both scholar and athlete lose touch with the metaphysical reality that study and training develops. It is among the peaks where this division is erased. Evola wrote:

[A]mong sports, mountain climbing is certainly the one that offers the most accessible opportunity for achieving this union of body and spirit. Truly, the enormity, the silence, and the majesty of the great mountains naturally incline the soul toward that which is greater than human, and thus attract the better people to the point at which the physical aspect of climbing (with all the courage, the self-mastery and the mental lucidity that it requires) and an inner spiritual realization, become the inseparable and complementary parts of one and the same thing.

At the heart of Evola’s study of the peaks is the eleventh century Tibetan Buddhist sage Milarepa. Credited with the revival of metaphysical doctrine within the Mahayana school of Buddhism, Milarepa’s teachings were known in the form of songs describing episodes of his life that remained within the current of oral tradition until modern times.

One day, Milarepa journeyed into the mountains for ascetic retreat. When six months had passed without seeing their teacher, Milarepa’s disciples had assumed that he had fallen victim to a brutal snowstorm, caught without food against the unforgiving elements. In their mourning, his disciples made sacrificial offerings prescribed for the dead. When spring arrived, they went to search for him. During their journey, they were astonished when they saw a snow leopard that transformed into a tiger. As they entered the Cave of the Demons, they heard a singing voice that they immediately recognized as their teacher’s. It was Milarepa who had projected the images of the leopard and the tiger, having sensed his disciples approaching. He told his disciples that although he went a long time without food he did not hunger, for he gained sustenance from the offerings they made for him.

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Upon returning home, Milarepa explained how he was able to “endure the elements, the icy temperatures, and raging wind, thus overcoming the invisible forces (the ‘demons’) disguised as snow,” thusly singing:

The snowfall was beyond all measure. Snow covered the Whole mountain and even touched the sky, falling through the bushes and weighing down the trees.

In this great disaster I remained in utter solitude. The snow, the wintry blast, and my thin cotton garment fought against each other on the white mountain. The snow, as it fell on me, turned into drizzle. I conquered the raging winds, subduing them to silent rest.

The cotton cloth I wore was like a burning brand. The struggle was of life and death, as when giants wrestle and sabers clash.

I, the competent yogi, was victorious; my power over the vital heat (tumo) and the two channels was thus shown. By observing the Four Ills caused by meditation and keeping to the inner practice, the cold and warm pranas became the essence. This was why the raging wind grew tame and the storm, subdued, lost its power.

Not even the devas’ army could compete with me. This battle, I, the yogi, won.

These are the harsh conditions one must endure on the merciless path of higher spirituality. Abandoning the world in cosmic isolation, the seeker must withstand the chaotic conditions of an unrestrained cosmos through the power of their own inner flame. It is during times of great peril, whether alone atop a physical mountain or abandoned to the darkest predilections of life, when we must light the fire of our crucible and burn away within. One might be left for dead, but will gain sustenance from the offerings of mourners as the unborn child receives nutrients from the mother. For it is in these most rugged and unforgiving of conditions that we return to the cosmic womb of creation, where all dross and detritus burns away and we emerge purified and renewed.

To this day, Evola remains a controversial figure in metaphysical circles. Mention of his name is enough to incite neo-McCarthyist accusations of fascist tendencies or a mistaken sympathy amongst white national racialists. Owing perhaps to the ever widening gulf between spirit and body, it is near impossible nowadays to balance an admiration for a great scholar’s superlative body of work with a reservation of their difficult political views without finding oneself in the snake pit of guilt by association. As the body is further estranged from the spirit, both will descend into a pit of decadent self-pleasure, and find anathema anything which challenges one to greater heights. Evola’s ideas are dangerous. But, like the mountains, so too is the spiritual quest. As the great mountaineer Reinhold Messner said, “The mountains are not fair or unfair, they are just dangerous.”

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Messner is one of the best exemplars of the discipline cultivated on the path of higher spirituality. He is the first individual on record, along with Peter Habeler, to ascend Mount Everest without supplemental oxygen. Messner is also the first climber to ascend all fourteen of the eight-thousanders, mountains located in the Himalayan and Karakoram ranges with peaks exceeding 8,000 meters (26,247 ft) above sea level. These are peaks that are well above the “death zone,” altitudes where the amount of oxygen is insufficient to sustain human life. Messner’s records are not the same as the medals won by competing athletes; they are physically intangible totems, cairns left on the path toward mastery. Eschewing the commodification of the modern world, Messner is the paragon of peak physical, mental and spiritual development.

The mountains remain a testament of spiritual initiation in the modern era. Populations will grow and disappear, cultures will spread and vanish, and civilizations will rise and fall, but the mountains will keep still for centuries. The timeless stability of the mountains is what has attracted spiritual seekers to them since the dawn of human culture. In this still and silent wilderness, where the body of man is at the mercy of both nature and the gods, we find the foundation to build the inner sanctum. When in the mountains, an ascetic like Julius Evola or a libertine like Aleister Crowley both find the sanctuary they seek. At these altitudes, it matters not what your opinions are or who they offend, but how well you have conditioned the body and trained the mind.

“The mountain requires purity and simplicity,” Evola wrote, “It requires asceticism… In this context, the mountainous peaks and the spiritual peaks converge in one simple yet powerful reality.

Meditations on the Peaks is published by Inner Traditions and available from their website or from Amazon.com and other booksellers.

Andrei Burke is a poet and critic who currently resides in the Los Angeles area. He holds a B.A. in Film and and M.A. in the Humanities. His work has appeared on Ultraculture and WITCH.
Andrei Burke is a poet and critic who currently resides in the Los Angeles area. He holds a B.A. in Film and and M.A. in the Humanities. His work has appeared on Ultraculture and WITCH.