Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 01 mai 2016

Les Allemands réticents à l’idée de défendre la Pologne et les pays baltes

bundew021_303,00.jpg

Les Allemands réticents à l’idée de défendre la Pologne et les pays baltes

Allemagne – Les Allemands ne veulent pas défendre la Pologne et les Pays baltes contre la Russie

par Olivier Bault

Ex: http://www.visegradpost.com

Un sondage réalisé début mars par l’institut TNS pour les Polonais de l’Instytut Spraw Publicznych (ISP) et les Allemands de la Fondation Bertelsmann a de quoi inquiéter les alliés d’Europe centrale et orientale. À la question de savoir si des soldats allemands doivent être envoyés pour défendre d’autres pays de l’OTAN comme la Pologne et les Pays baltes en cas d’attaque russe, 57 % des Allemands interrogés ont répondu non. Seuls 31 % ont répondu oui et 12 % n’étaient pas sûrs.

L’Allemagne est le principal obstacle au déploiement de forces de l’OTAN dans les pays de l’ancien bloc de l’Est car elle craint que cela n’envenime encore les relations avec la Russie. Les réticences allemandes à la présence de bases permanente de l’OTAN en Pologne et dans les Pays baltes ont été réitérées par la ministre de la Défense allemande Ursula von der Leyen il y a deux semaines pendant la conférence sur la sécurité GLOBSEC 2016 dans la capitale slovaque Bratislava.

Le commandant opérationnel des forces polonaises a également signalé, lors d’une conférence de presse avec le ministre de la Défense Antoni Macierewicz, la forte opposition allemande à la participation de forces ukrainiennes aux grandes manœuvres Anakonda 2016 qui se dérouleront en Pologne du 7 au 17 juin, avec la participation d’environ 31.000 militaires dont environ 12.000 Polonais, 13.900 Américains, 1.200 Espagnols et 1.000 Britanniques. Le général Tomaszycki a aussi évoqué des difficultés posées par les autorités allemandes pour la circulation sur le réseau routier des forces américaines censées se rendre d’Allemagne en Pologne pour ces manœuvres.

À l’automne 2014, les médias allemands publiaient un rapport sur la capacité opérationnelle des forces armées allemandes selon lequel l’Allemagne, en raison du sous-financement chronique de son armée, serait de toute façon incapable de secourir efficacement ses alliés de l’Est en cas de besoin.

Les Américains ont découvert du pétrole en Antarctique

antarh4WYAAfgsb.jpg large.jpg

00:05 Publié dans Affiches | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : affiche, humour | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Culture de masse ou Ochlocratie ?

WoodstockMusicampArtsFair3.jpg

Culture de masse ou Ochlocratie?

La culture de masse, appelée volontiers « culture populaire » par ses défenseurs, telle que nous la connaissons, a fini par incarner à peu près tout ce qu’il aurait pu survenir de pire dans une société. Outre le phénomène du consumérisme dû à la massification des désirs, et l’utilitarisme gouvernant jusqu’à l’art lui-même en transformant la Culture en vulgaire industrie soumise aux marchés, elle impacte généralement sur le comportement d’un peuple dans d’autres domaines, tout simplement en étant parvenu à l’aliéner lui-même en tant que collectif. L’idée d’homme-masse repose sur le constat que l’individu est contradictoire avec les impératifs de la société de consommation, les mécanismes propagandistes d’icelle cherchant dès lors à briser « l’individualité » pour massifier l’individu comme s’il devenait à son tour une « foule », avec ce que cela suppose de direction émotionnelle, irrationnelle, bref de démagogie au sens premier. Dès lors, l’on en vient à constater la même chose que Pasolini : le peuple n’existe plus, la masse l’a remplacé. Il n’y aurait donc plus de démos, mais quelque chose que l’on pourrait rapprocher de l’okhlos tel qu’on le trouve dans la typologie des régimes des Politiques d’Aristote, mais aussi dans La Vie Heureuse de Sénèque.

aristote-3kkkk.jpg

Plus précisément, Aristote définit le régime des foules, l’ochlocratie, comme tel :

« Une autre espèce de démocratie, c’est celle où toutes les autres caractéristiques sont les mêmes, mais où c’est la masse qui est souveraine et non la loi. C’est le cas quand ce sont les décrets qui sont souverains et non la loi. Cela arrive par le fait des démagogues. Car dans les cités gouvernées démocratiquement selon la loi il ne naît pas de démagogue, mais ce sont les meilleurs des citoyens qui occupent la première place. Là où les lois ne dominent pas, alors apparaissent les démagogues ; le peuple, en effet, devient monarque, unité composée d’une multitude, car ce sont les gens de la multitude qui sont souverains, non pas chacun en particulier mais tous ensemble. De quel gouvernement parle Homère en disant que « le gouvernement de plusieurs n’est pas bon », de celui-ci ou de celui où beaucoup de gens exercent le pouvoir individuellement, cela n’est pas clair. Donc un tel peuple, comme il est monarque, parce qu’il n’est pas gouverné par une loi, il devient despotique, de sorte que les flatteurs sont à l’honneur, et un régime populaire de ce genre est l’analogue de la tyrannie parmi les monarchies. C’est pourquoi le caractère de ces deux régimes est le même, tous deux sont des despotes pour les meilleurs, les décrets de l’un sont comme les ordres de l’autre, et le démagogue et le courtisan sont identiques et analogues. Et ils ont chacun une influence prépondérante, les courtisans sur les tyrans, les démagogues sur les régimes populaires de ce genre. Ces démagogues sont causes que les décrets sont souverains et non les lois ; ils portent, en effet, tout devant le peuple, car ils n’arrivent à prendre de l’importance que du fait que le peuple est souverain en tout, et qu’eux sont souverains de l’opinion du peuple. Car la multitude les suit. »

Il est dès lors possible de transposer pareille définition dans le cadre de nos sociétés contemporaines. Si nous regardons les grandes tendances sociales de fond, telles qu’elles furent brillamment analysées successivement par Pasolini, puis Christopher Lasch, et Michéa, nous remarquons que malgré leurs horizons différents, tous finissent par dresser le même constat autour d’un dénominateur commun qu’est la toute-puissance de la culture de masse. Si Aristote oppose loi et décret, peuple et masse (démos et okhlos), on en revient au final au dualisme entre raison et passion, dont le consumérisme érigea cette dernière en hégémonie culturelle. Sénèque, célèbre précepteur de Néron, tient un constat très semblable, bien qu’il ne nomme jamais l’okhlos.

CARPE DIEM

La société n’est plus conduite par la raison, ni même par l’intérêt général, mais par l’affect. Aristote opposait en effet la Loi à la Masse, la loi étant considérée comme l’expression pure de la raison, tandis que la Masse a toujours été l’allégorie du caprice, des passions aussi éphémères que contradictoires. Le principe de la société de consommation, en massifiant les désirs par l’instauration d’un hédonisme de masse s’inscrit pleinement dans ce paradigme. Le consommateur doit agir par des pulsions qu’on lui instille dans son esprit propre, de sorte qu’il perd son individualité, et devient masse lui-même. L’individu est contradictoire avec les impératifs de la consommation.

C’est dans cette logique que nous avons accédé à une « société de l’immédiat », véritable incarnation du carpe diem poussé à son comble. Puisque tout est éphémère, que tout doit répondre à des besoins crées ex nihilo, mais momentanés, nous avons nivelé la Loi sur le sociétal au lieu du social, la raison sur la passion, le langage sur la communication. En clair, la terre ne fait plus que juger le pays des Elfes si cher à Chesterton, mais l’a nivelé à son image. Le carpe diem du consumérisme n’a ni mémoire ; sa seule tradition est l’hédonisme, et ce n’est qu’en arrachant l’individu de tout processus culturel et historique, de praxis en quelque sorte, qu’il parvient à le massifier. Plus personne ne lit, plus personne ne prend le temps de la contemplation. Le recul ne peut être autorisé dans une civilisation où nous ne cessons d’être bombardés d’informations, de spots publicitaires, qui nous fournissent tout ce que l’intellect devrait faire comme effort en ouvrant un bon roman, jusqu’à la réflexion elle-même qui nous est offerte par les médias de masse en nous dépossédant de notre souveraineté sur nos propres opinions. Car si « ces démagogues sont causes que les décrets sont souverains et non les lois », c’est parce qu’« ils portent, en effet, tout devant le peuple, car ils n’arrivent à prendre de l’importance que du fait que le peuple est souverain en tout, et qu’eux sont souverains de l’opinion du peuple. Car la multitude les suit », ou, comme le disait plus brièvement Sénèque : « nous périssons par l’exemple des autres. »

sen.jpg

Dès lors que ce qu’on appellerait aujourd’hui le star-system est consacré, le démagogue (du grec démos : « peuple » ; et agô : « conduire ») n’a plus qu’à exploiter les passions populaires pour accroître sa propre popularité, à l’opposé du populiste, sans cesse invectivé, puisque plus intéressé par la défense des intérêts du peuple. Ce tour de force culturel ayant fait du populisme la lie de la pensée politique, est l’une des clefs pour comprendre pourquoi le peuple se hait lui-même aujourd’hui. Incapable d’être souverain de ses propres opinions, il se jette dans les bras de celles dénonçant ses propres défenseurs. Bref, « le peuple se dresse contre la raison en défenseur de son propre mal », comme le note Sénèque. C’est pourquoi il se produit ce qui se produit dans les assemblées où ceux-là mêmes qui ont fait les magistrats s’étonnent que ce soient ceux-là qui aient été faits, lorsque l’inconstante faveur populaire a changé. Nous approuvons et condamnons les mêmes choses : c’est l’issue de tout jugement rendu par la majorité. »

Par incapacité ou confort intellectuel, il donne de même plus d’importance au démagogue parce que celui-ci, en renonçant à toute forme d’élitisme, s’imagine que la politique n’est qu’affaire de psychologie. Comme James Burnham l’avait si bien compris, le démagogue actuel a la conviction solide, dogmatique même, que l’action politique procède des mobiles de l’homme politique, de son être, de son avoir, de son intimité, voire de « l’homme de la rue ». En croyant niveler le politique à un micro-trottoir permanent, le démagogue ne fait qu’appliquer scrupuleusement les procédés de la communication et des médias de masse. Il ne s’adresse plus à des individus, encore moins à des intellects, mais à un ensemble compact, monolithique, aussi bien physiquement que spirituellement, soit l’oklhos. Toute la politique d’aujourd’hui n’est plus qu’une vaste application du Viol des foules par la propagande politique de Tchakhotine, ou les discours s’articulent autour des pulsions primaires des électorats ; combattive, nutritive, sexuelle et parentale ; qui s’incarnent en réalité dans le charisme, l’intérêt matériel et immédiat, ou encore la recherche de la norme et de la sécurité. Les politiciens sont devenus autant d’enseignes, de labels, dont les électeurs choisiraient les axes les plus conformes à leurs intérêts personnels, fondés sur l’affect, au détriment des intérêts collectifs et de la raison, comme l’on choisirait les mets d’un menu de restaurant, réalisant la critique nietzschéenne de la démocratie qui veut qu’elle serait un régime de la médiocrité ; permettant aux électeurs de réfléchir assez pour pouvoir voter, mais pas suffisamment pour voter intelligemment. L’utilitarisme momentané guide sempiternellement nos choix, puisqu’eux-mêmes conditionnés à nos désirs de l’instant. Cette manufacture du consentement triomphe du fait que l’on ne cherche plus à convaincre, mais à persuader, et que le seul consensus optimal ne peut être qu’obtenu que par le prisme des intérêts particuliers de chacun, quitte à explorer les confins de l’extrême contradiction pour cela. Ce qui permet d’être souverain de l’opinion des gens, c’est précisément le grand cortège de flatteries à l’endroit de chacun. Les classes sociales ne permettent plus la lutte culturelle, mais sont au contraire instrumentalisées pour répondre aux impératifs de la communication. « C’est pourquoi il se produit ce qui se produit dans les assemblées où ceux-là mêmes qui ont fait les magistrats s’étonnent que ce soient ceux-là qui aient été faits, lorsque l’inconstante faveur populaire a changé ». (Sénèque, De la Vie Heureuse)

HOMO FESTIVUS

festi0FpW7so+L.jpgÀ partir de là advient la société acculturée, hédoniste, massifiée, et donc ochlocratique ; l’homo festivus succède à l’homo sapiens sapiens. Le démos n’existe plus pour la simple et bonne raison que le peuple ne se reconnaît plus après la longue et savante aliénation de lui-même. Il doit faire corps avec les pulsions qu’on lui inculque, corps avec l’Entreprise qui ne voit en lui qu’un consommable comme n’importe quel autre dont elle nécessite les services à un instant T ; bref, il doit s’oublier dans les grands ensembles qu’on lui impose aussi bien comme cadre de vie maximaliste qu’intimiste. Quand le retour des lubies liées à la Patrie ou à la Culture resurgissent inopinément par la force majeure, elles sont immédiatement avilies ; on leur fait dire leur exact contraire, on fait passer le festivisme pour une résistance culturelle contre la barbarie avec tout l’art de nous faire prendre des vessies pour des lanternes en comptant sur le concours bienveillant de la manufacture du consentement, parce que justement « les flatteurs sont à l’honneur », toujours plus agréables aux oreilles des foules que ces donneurs de leçons ataviques venant d’un autre temps. La docilité de l’homme moderne face aux décrets des démagogues est précisément l’un des points centraux de l’ochlocratie. Sénèque disait de la vie heureuse ne peut se traduire par un quelconque vote majoritaire, tout simplement parce qu’« il n’en va pas si bien avec les affaires humaines que ce qui est  le meilleur plaise au plus grand nombre : une preuve du pire, c’est la foule ». La société de consommation en est l’application moderne parfaite, puisqu’elle ne tolère ni vie privée, ni intimité, ni pensée personnelle. Elle se donne dans le voyeurisme le plus grossier, mais aussi le plus violent, puisque ceux qui refusent de s’y soumettre sont aussitôt suspicieux aux yeux de la fatuité des masses. Le corps en est objectivisé, puisque devenu objet de consommation et de jouissance immédiate, dont les innombrables concours de beauté procèdent sans la moindre honte. Celui qui, par malheur, prend le temps de la contemplation et de l’épanouissement intellectuel et spirituel est aussitôt jugé « bizarre », déprécié, comme un fort au pays des faibles. Il s’attire le ressentiment de tous, parce qu’il leur rappelle leur propre médiocrité.

Seulement, Aristote entendait l’ochlocratie comme limitée au moins au gouvernement d’une cité. Si la société de consommation a permis sa concrétisation par la voie de la communication et son langage physico-mimique, et sa propagande hédoniste soigneusement entretenue par les médias, elle a aussi permis le déracinement des individus. Reniant leur passé, leur identité culturelle, leur modèle culturel même, l’okhlos d’aujourd’hui ne se contente plus d’être un régime des foules borné à une entité politico-juridique telle qu’un État, mais l’a largement transcendé. En faisant de la liberté une fin absolue, une véritable tautologie politique, sociale et sociétale qui ne sauraient s’embarrasser de la moindre obligation envers quoi que ce fût, l’oklhos d’aujourd’hui ne se reconnaît plus qu’à travers les entéléchies qui conviennent à son statut de déraciné. Ces réalités virtuelles, village mondial en tête, qui voudraient réaliser le rêve platonicien de la cité unique – qu’Aristote avait critiqué sévèrement dans ses Politiques – où tout et n’importe quoi seraient en commun, des biens aux hommes, des contrées aux cultures, sont le danger à long terme de l’ochlocratie. L’idée qu’une œcuménopole permettrait l’unicité parfaite de l’espèce humaine ne serait en fait que la fin de ce dont les déracinés se rêvent propriétaires. Réfutant les déterminismes, ils veulent pourtant s’approprier les aboutissants des processus socio-historiques qui leur hérissent les poils comme on achèterait une orange marocaine dans un supermarché norvégien. Le clan est l’égal de la nation, les droits des minorités de la République. Dépourvu d’identité, de culture propre, bref de ce qui caractérise le démos, cette acculturation paradigmatique achèverait la massification des individus, puisqu’il n’y aurait plus de peuple, mais qu’une seule et immense masse planétaire qui grouillerait un peu partout, changeant de culture au gré de ses envies du moment ; un temps italienne, un temps esquimau, selon la dernière émission vue à la télé ou l’endroit où elle passe ses vacances. Ce serait un monde désenchanté, dépourvu de la moindre authenticité, où le consumérisme triomphant serait enfin parvenu à nous faire consommer la Culture, comme il nous a appris à consommer la politique, le travail et les travailleurs, ou encore les sentiments.

Les salafistes et la République

Les salafistes et la République

Recension de « Silence Coupable » de Céline Pina

Auteur : Jacques Sapir
Ex: http://zejournal.mobi
 

silence_coupable.jpgUn livre très intéressant vient de paraître, publié chez un petit éditeur, c’est Silence Coupable de Céline Pina [1]. L’auteur est une élue locale PS, qui fut conseillère régionale d‘Île de France. Son livre se veut un cri d‘alarme, mais aussi un cri de détresse, quant à l’abandon de la laïcité qu’elle perçoit et qu’elle analyse dans plusieurs domaines. Elle dénonce une politique d’abandon de la part des politiques, qui ne peut que mener le pays soit à la tyrannie soit à la guerre civile.

L’intérêt de ce livre vient de ce qui est décrit et analysé. Car l’analyse s’appuie le plus souvent sur une expérience de terrain. Tout, bien entendu, n’est pas nécessairement du même intérêt, mais le lecteur trouvera des descriptions et des analyses du plus haut intérêt dans son livre. Il en tirera un sentiment de colère ou d’angoisse, mais ce livre ne le laissera pas indifférent. C’est même une lecture qu’il convient de conseiller à tous et de souhaiter qu’elle soit même imposée aux élites parisiennes bien pensantes tout comme la vaccination est imposée aux enfants. Il en va de la salubrité dans notre pays !

Les salafistes font de la politique

Ce livre, il est vrai, est assez décousu. Mais, cela traduit le sentiment de colère, colère d’ailleurs largement justifiée, qui a présidé à son écriture et ne doit pas être porté à son préjudice. En plus d’une assez longue introduction, il s’articule en trois chapitres, qui traitent des méfaits de l’électoralisme et du clientélisme (chapitre I), de la question du droit des femmes et de l’islamisme (chapitre II) et enfin de la convergences des identitaires que l’auteure croit déceler entre le Front National et les islamistes.

L’introduction définit, quoi que de manière assez lâche, le terme d’islamisme qui s’applique globalement à la mouvance salafistes et plus précisément aux organisations liées aux Frères Musulmans dont certaines (Baraka City) sont nommément désignées. Cette précaution est indispensable car si les tendances les plus politiques et radicales de l’islam sont les plus visibles, elles ne sont pas – et de loin – les plus nombreuses. On pourrait ici ajouter que ce dont il est question est une lecture à la fois moderne (car adaptée aux codes de communication politique en vigueur) et régressive de l’islam. Cette lecture régressive alimente un projet politique constitué, qui est antagonique avec les principes d’organisation de la République et de la démocratie et l’inconséquence des politiques qui se refusent à « nommer l’ennemi » est ici justement dénoncée[2]. Cette capacité de la mouvance salafiste et des Frères Musulmans à « faire de la politique » alors que les principaux partis, du P « S » aux « Républicains » ont abandonné le domaine des choix politiques est aussi très bien remarquée.

Electoralisme et clientélisme

pinagetImageEm.ashx.jpgLe premier chapitre s’ouvre sur une dénonciation au vitriol des méfaits du clientélisme qui fut pratiqué tant par les partis de « gauche » que par ceux de droite. On sent ici nettement que c’est l’expérience de l’élue de terrain qui parle. La description des petites comme des grandes compromissions, que ce soit lors du « salon de la femme musulmane » ou dans l’éducation nationale (et le rôle funeste à cet égard de la Ligue de l’enseignement ou de la Ligue des droit de l’Homme sont ici très justement pointés du doigt) montre que Céline Pina connaît parfaitement son sujet. Il est clair que certains élus cherchent à s’allier avec les islamistes tant pout avoir le calme ans un quartier que pour faire jouer une « clientèle » électorale. Le procédé est anti-démocratique. Il est surtout suicidaire dans le contexte actuel. Malek Boutih l’avait déjà énoncé et Céline Pina enfonce le clou et donne des exemples.

Elle montre, aussi, que la montée en puissance des organisations islamistes n’a été possible qu’en raison de la perte d’un véritable projet de transformation (qui fut dissous dans le magma européen) mais aussi en raison de la montée du narcissisme dans la société[3].

On ne peut qu’approuver sur ce point. Pour l’avoir dans mon ouvrage Souveraineté, Démocratie Laïcité[4] moi aussi dénoncé, je pense que l’on peut établir un lien entre les « parades narcissiques » et la montée des comportements religieux ostentatoires. Mais, il y a aussi, et peut être surtout, un projet politique dans tout cela. Ceci est clairement affirmé à plusieurs reprises.

De l’islam et de l’islamophobie

Cette question du projet politique est d’autant plus importante qu’elle est niée par ceux que Céline Pina appelle les « idiots utiles » de l’islamisme. On connaît le discours, pour l’avoir beaucoup entendu, ne tombons pas dans « l’islamophobie » ». Mais, qu’entend-on par là ? S’il s’agit de dire que tous les musulmans ne sont pas des terroristes, que l’islamisme n’est pas l’islam, il s’agit d’une évidence. Mais, à vouloir combattre une soi-disant « islamophobie » on peut aussi préparer le terrain à une mise hors débat de l’Islam et des autres religions. Et là, c’est une erreur grave, dont les conséquences pourraient être terribles. Elle signe la capitulation intellectuelle par rapport à nos principes fondateurs. Non que l’Islam soit pire ou meilleur qu’une autre religion. Mais il faut ici affirmer que toute religion relève du monde des idées et des représentations. C’est, au sens premier du terme, une idéologie. A ce titre, toute religion est critiquable et doit pouvoir être soumise à la critique et à l’interprétation. Cette interprétation, de plus, n’a pas à être limitée aux seuls croyants.

C’est un point important. La nécessaire discussion qu’il faut avoir sur le rôle de la colonisation, et aussi sur ses crimes, doit être disjointe de la question de la laïcité mais aussi de celle du droit à la critique des religions. Le mélange des genres ouvre ici toutes grandes les portes dans lesquelles s’engouffreront, si l’on n’y prend garde, les mouvements qui portent un islam à la fois politique et profondément réactionnaire.

Droits des femmes, égalité et puissance symbolique du corps des femmes

Les pages qui sont consacrées aux droits des femmes et à l’islamisme sont particulièrement intéressantes. Céline Pina montre bien en quoi la question du corps des femmes est un enjeu stratégique pour les islamistes et comment ils entendent en faire un objet soumis afin de soumettre, à sa suite, l’ensemble de la population.

Cela pose, dans un contexte nouveau, la question de la frustration sexuelle utilisée comme arme dans une idéologie qui apparaît nettement comme proto-fasciste. De ce point de vue, le fait que l’habillement devienne aujourd’hui un enjeu politique invite le législateur à se saisir de la question. De ce point de vue, il convient de rappeler ici le texte de notre Constitution, qui dit : « Au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les régimes qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et libertés de l’homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de 1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République »[5].

On doit ici en comprendre les enjeux. La Res Publica ce principe d’un bien commun qui est à la base de la République, et qui découle de la souveraineté, implique la distinction entre un espace privé et un espace public. Cet espace public est constitué tant par un processus d’exclusion que par un processus d’inclusion. La contrepartie du processus d’inclusion (sans distinction de race, de religion ni de croyance) doit être l’exclusion radicale de ceux qui rejettent ce principe.

Les limites de l’ouvrage

Les critiques que l’on doit faire à cet ouvrage portent en réalité sur des points où Céline Pina se révèle imprécise. Par exemple sur le projet « islamique » : ce dernier n’est pas opposé à l’état de droit, car il considère que le droit doit être défini par la religion (et en l’occurrence l’islam). C’est ici la confusion classique entre « état de droit » et démocratie. L’obsession pour la rule by law (i.e. la légalité formelle) et la fidélité au texte tourne bien souvent à l’avantage des politiques gouvernementales quelles qu’elles soient[6]. Il faut rappeler, à la suite de David Dyzenhaus, qu’il peut y avoir des « états de droit » qui sont particulièrement régressif, comme le fut l’Apartheid en Afrique du sud[7]. La véritable question consiste à penser la légitimité et sa source, la souveraineté, comme émise depuis un corps politique qui ne doit être divisé par nulle croyance religieuse, nul préjugé sur la « race », ou sur le sexe. Or, s’il y a quelque chose qui gène dans ce livre est qu’il est fait référence de nombreuse fois à la « légitimation des institution » mais nullement à la légitimité, ni à sa source, la souveraineté.

De même doit-on relever une erreur sur la question de la laïcité. Cette dernière ne date nullement de la loi de 1905 qui, en France, établit seulement la séparation de l’église et de l’Etat. L’origine de la laïcité est plus ancienne, et elle est associée à l’émergence de la distinction entre une sphère privée et une sphère publique, point qui est par ailleurs justement souligné dans le livre.

Enfin, la « tirade » obligée sur « l’ADN » du Front National dépare dans un livre de cette qualité. C’est une regrettable facilité. D’une part parce que l’ADN est une caractéristique des êtres vivants et que c’est une métaphore qui tire l’analyse politique, et les sciences sociales en générale, vers l’idée de « lois naturelles », ce qui est une erreur. D’autre part parce que le refus de voir le processus d’évolution, mais aussi de divergence, qui est aujourd’hui à l’œuvre au sein du Front National pose le problème d’un aveuglement devant la réalité.

Mais, ces critiques ne doivent nullement décourager le lecteur. Bien au contraire ; Céline Pina a écrit un livre important, un livre qui la plupart du temps sonne juste et touche ce qui fait mal dans notre société. Nous ne saurions jamais assez l’en remercier. Il faut donc lire ce livre et souhaiter qu’il ait le plus grand retentissement possible.

Notes

[1] Pina C., Silence Coupable, Paris, Kero, 2016.

[2] P. 11 et pp. 35-36.

[3] Elle cite deux fois, en introduction, ce problème, aux pages 9 et 16.

[4] Sapir J., Souveraineté, Démocratie, Laïcité, Paris, Michalon, 2016.

[5] Article premier du préambule de la Constitution de 1946 repris dans la Constitution de 1958 : http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/la-constitution/la-constitution-du-4-octobre-1958/preambule-de-la-constitution-du-27-octobre-1946.5077.html

[6] Dyzenhaus D., The Constitution of Law. Legality In a Time of Emergency, Cambridge University Press, Londres-New York, 2006.

[7] Dyzenhaus D, Hard Cases in Wicked Legal Systems. South African Law in the Perspective of Legal Philosophy, Oxford, Clarendon Press, 1991.


- Source : RussEurope

De Jean Monnet à Barack Obama, le rêve fou de l’État mondial

Actualité relativement encombrée au sommet du Babel bruxellois, tout à sa dérive idéologiquement mortifère pour les peuples et les nations d’Europe.

Tout d’abord, ce 26 avril, la Commission européenne exposait sa « nouvelle » vision stratégique concernant la façon dont son action extérieure contribuerait à « aider les migrants à devenir plus autonomes (…) avec un accès à l’éducation et aux moyens de subsistance », selon les mots du Commissaire européen à l’aide humanitaire et à la gestion de crise, Christos Stylianides.

Dans le même temps, se tient, à New-York, le treizième cycle de négociations sur le TTIP, du 25 au 29 avril 2016, la présence de Barack Obama sur le continent européen n’étant donc pas tout à fait fortuite si l’on en juge par ses récentes prises de position, à Londres comme à Berlin, tant à l’encontre du « Brexit » qu’en faveur du TAFTA (« Trans-Atlantic Free Trade Agreement », également connu sous l’acronyme de TTIP, « Transatlantic Trade and Investment Partnership » ou Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement).

Renforcement de la porosité des « frontières » extérieures européennes, d’un côté, abaissement – sinon disparition pure et simple – des barrières tarifaires et non tarifaires, de l’autre. Deux mouvements convergents qui, dans une unité de temps remarquable, résument à eux-seuls le grand projet mondialiste de gouvernance mondiale.

Unité méthodologique aussi. Naguère appelée Communauté économique européenne, l’UE dut passer, stratégiquement, par l’étape sectorielle de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier), selon un plan imaginé par son principal instigateur, Jean Monnet. Ce dernier considérait, en effet, que « la construction économique devait essentiellement être une étape vers une construction politique (…), notre préoccupation principale [étant] d’arriver à la disparition des souverainetés nationales absolues ». Évacuation du politique, primat de l’économique, logique intégrative, irréversibilité, institutionnalisation, tels sont les piliers aujourd’hui empruntés au « Père » de l’Europe pour bâtir la nouvelle union euro-atlantique, dernière étape avant le grand saut vers le gouvernement mondial. Dès lors, dans cette optique, a-t-on commencé par ouvrir la circulation des personnes (ici celle des immigrants), puis celle des marchandises et des capitaux (le fameux accès aux « marchés publics » américains).

Ainsi, la Commission européenne œuvre pour que « l’Europe reste une destination attrayante pour les migrants dans un contexte de déclin démographique », tout en souhaitant « éliminer [les] droits ainsi que d’autres obstacles au commerce, dont les contrôles administratifs trop longs (…) augmentent les coûts des échanges de marchandises ».

Les rôles semblent d’ailleurs rigoureusement distribués ; à l’UE la gestion des flux migratoires, aux États-Unis, la mise en place d’un marché économique transatlantique intégré. En outre, si la première peut compter sur l’afflux régulier de populations allogènes sur ses côtes, pour rendre impossible toute « ré-émigration » massive éventuelle, les seconds ont pris soin d’emmailler le processus euro-atlantiste dans une série de traités préalables dont l’ignorance du grand public est proportionnelle à son inéluctabilité.

Or, excepté les habituels initiés, qui a entendu parler du CETA (« Comprehensive Economic and Trade Agreement »), cet accord commercial (actuellement rediscuté sur ses marges, notamment sur le recours à l’arbitrage privé) entre l’Union européenne et le Canada conclut le 26 septembre 2014 à Ottawa entre le Premier ministre canadien Stephen Harper et le président de la Commission européenne de l’époque, José Manuel Barroso ? Et qui sait, finalement, que le TISA ou Accord sur le commerce des services (« Trade in Services Agreement »), en discussion depuis 2014, a pour objectif de libéraliser l’intégralité du marché des services, à commencer par ceux faisant l’objet d’un monopole public, soit les services publics ?

Et, dans le plus grand silence médiatique, le traité transpacifique (TPP), a été officiellement signé, le 4 février dernier, à Auckland (Nouvelle-Zélande) entre les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada, le Mexique, le Pérou, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Vietnam, le Singapour et Brunei…