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mercredi, 11 mai 2016

Synergies européennes: Page Google+ et Tweets

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Aujourd’hui 11 mai 2016, rejoignez les 1.231.976 lecteurs de la page Google+ de l’Oncle Bob (alias Robert Steuckers)

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Thèmes abordés cette semaine (différents de ceux d’ « euro-synergies » !!) :

Tintin et le monde arabe

Bolcheviser l’appareil maurrassien

Crise terroriste selon Xavier Raufer

Sadiq Khan

Le Patriarche Kirill et sa guerre sainte

Définition d’une République bananière

Les milices citoyennes de l’Oregon

La Pologne et l’alternative des Jagellon

TTIP : la voie vers l’esclavage généralisé

Le Liban sous influence saoudienne

Le gouvernement allemand contre le TTIP

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Une autre bonne idée pour étoffer votre documentation personnelle:

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« L’utilité de l’inutile » de Nuccio Ordine

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« L’utilité de l’inutile » de Nuccio Ordine

Par Hervé Couton

« N’est il pas curieux que, dans un monde pétri de haines insensées qui menacent la civilisation elle-même, des hommes et des femmes de tout age, s’arrachant en parti ou totalement au furieux tumulte de la vie quotidienne, choisissent de cultiver la beauté, d’accroître le savoir, de soigner les maladies et d’apaiser les souffrances, comme si, au même moment, des fanatiques ne se vouaient pas au contraire à répandre la douleur, la laideur et la souffrance? Le monde a toujours été un lieu de confusion; or les poètes, les artistes et les scientifiques ignorent les facteurs qui auraient sur eux, s’ils y prenaient garde, un effet paralysant. »

Ce texte, extrait de l’introduction d’un article intitulé « L’utilité du savoir inutile » paru en 1939 a été  écrit par Abraham Flexner chercheur américain de l’université de Princeton. Dans cet article, Flexner nous propose un récit très intéressant de quelques grandes découvertes scientifiques pour montrer comment les recherches scientifiques, d’abord jugées inutiles, parce que dépourvues de toute visée pratique ont finalement débouchées contre toute attente sur des applications qui, du domaine des télécoms à celui de l’électricité, se sont révélées fondamentales pour l’humanité. Cet article de Flexner est intégralement reproduit et traduit pour la première fois dans un petit fascicule que j’ai lu récemment et qui m’a fortement interpellé. « L’utilité de l’inutile » (Les Belles Lettres, 2014), c’est son titre, a été écrit en 2013 par le philosophe italien Nuccio Ordine et l’objet de son livre rejoint celui de Flexner et consiste à défendre l’idée que même en temps de crise, il n’est pas vrai que seul ce qui est source de profit soit utile. « Certains savoirs sont des fins en soi et précisément parce qu’ils sont par nature gratuits, désintéressés et éloignés de toute obligation  pratique et commerciales, ils peuvent jouer un rôle fondamental dans la formation de l’esprit et dans l’élévation du niveau de civisme et de civilisation  de l’humanité. »

nuccio3OnIEoL._SX195_.jpgOrdine s’élève contre l’idée de profit « qui mine en leurs fondements même les institutions comme les écoles, les centres de recherche, les universités, les laboratoires et les musées, ainsi que les disciplines humanistes et scientifiques dont les valeurs devraient ne résider que dans le savoir pour le savoir indépendamment de toute capacité de produire des rendements immédiats et pratiques. »

Ordine insiste dans cet ouvrage sur l’utilité des savoirs inutiles « qui s’opposent radicalement à l’utilité dominante qui, pour des intérêts purement économiques, est en train de tuer progressivement la mémoire du passé, les disciplines humanistes, les langues classiques, l’instruction, la libre recherche, la fantaisie, l’art, la pensée critique, et les conditions mêmes de la civilisation qui devraient être l’horizon de toute activité humaine. »


Ce qui ne produit aucun profit est considéré comme un luxe superflu, comme un obstacle à l’optimisation du temps.

Le texte d’Ordine s’articule en trois parties :
o la première s’attache à démontrer l’utile « inutilité » de la littérature. L’auteur y cite successivement les philosophes Pétrarque, Aristote, Platon, Kant, Ovide et Montaigne qui insistent tous sur le fait que la littérature, les arts, le savoir n’ont pas d’utilité pratique et ne doivent pas être soumis au principe de rentabilité. Il livre également les pensées de Garcia Lorca qui invite les lecteurs a nourrir grâce à la littérature « ce petit grain de folie que nous avons tous en nous » et sans lequel il serait « bien imprudent de vivre » ou cite encore Ionesco qui écrivait ce texte prémonitoire « Dans toutes les grandes villes du monde, c’est pareil, l’homme moderne, universel, c’est l’homme pressé, il n’a pas le temps, il est prisonnier de la nécessité, il ne comprend pas qu’une chose puisse ne pas être utile; il ne comprend pas non plus que, dans le fond, c’est l’utile qui peut être un poids inutile, accablant. Si on ne comprend pas l’utilité de l’inutile, l’inutilité de l’utile, on ne comprend pas l’art; et un pays ou on ne comprend pas l’art est un pays d’esclaves et de robots, un pays de gens malheureux, de gens qui ne rient pas, un pays sans esprit; ou il n’y a pas d’humour, ou il n’y a pas le rire, ou il y a la colère et la haine. » et on pourrait ajouter, un pays ou les hommes peuvent devenir des proies faciles pour les fanatismes les plus fous.

o dans la deuxième partie du texte, Ordine montre que les réformes, la réduction continuelle des ressources financières et la recherche de profits opérées dans le domaine de l’enseignement, de la recherche fondamentale  ou des activités culturelles – notamment en Italie - ont des conséquences désastreuses. Abaissement du niveau d’exigence dans l’enseignement pour facilité la réussite des étudiants, réduction progressive de l’enseignement des auteurs classiques de la littérature et de la philosophie, transformation des établissements en entreprises à fabriques de diplômes au moindre coût pour le marché du travail afin de rentrer dans des logiques de compétitivité. Limiter l’enseignement à cet objectif, qui n’en reste pas moins indispensable,  c’est l’amputer de la dimension pédagogique éloignée de toute forme d’utilitarisme, qui permet de produire « des citoyens responsables capables de dépasser leur égoïsmes pour embrasser le bien commun, se montrer solidaires, pratiquer la tolérance, revendiquer leur liberté, protéger la nature, défendre la justice … »  et l’auteur de conclure sur cette partie que « saboter la culture et l’instruction, c’est saboter le futur de l’humanité ».

nuccioX327_BO1,204,203,200_.jpgo enfin dans la troisième partie, Ordine montre la valeur illusoire de la possession et ses effets destructeurs sur la dignité humaine, sur l’amour et sur la vérité. Comme le disait Montaigne « C’est le jouir, non le posséder, qui nous rend heureux« . Ordine nous démontre que ce ne sont pas les richesses accumulées qui font la dignité humaine mais le libre arbitre, que l’amour ne supporte pas d’être mis en cage et qu’il doit toujours se mouvoir librement, enfin que croire en la vérité et la maintenir toujours en vie consiste justement à la mettre continuellement en doute; car « si on ne refuse pas l’idée même d’une vérité absolue, il ne peut y avoir de place pour la tolérance ».

Avec ces deux textes, celui d’Ordine et celui de Flexner,  réunis dans cet ardent manifeste plein de sagesse, il est mis en lumière le fait que la science et les sciences humaines ont beaucoup à nous apprendre sur l’utilité de l’inutile et que les artistes, les humanistes, les scientifiques jouent un rôle essentiel dans la bataille qu’il faut mener contre la dictature du profit, pour défendre la liberté et la gratuité de la connaissance et de la recherche.


« C’est surtout dans les moments de crise économique, quand l’utilitarisme et l’égoïsme le plus sinistre semblent être l’unique boussole ou l’unique ancre de salut, qu’il faut comprendre, que l’utilité de l’inutile, c’est l’utilité de la vie, de la création, de l’amour, du désir ». Ordine nous rappelle que sans une telle prise de conscience il serait bien difficile de comprendre que « lorsque la barbarie a le vent en poupe que le fanatisme s’acharne contre les êtres humains, elle s’acharne aussi contre les bibliothèques et les œuvres d’art, contre les monuments et les chefs d’œuvre. La furie destructrice s’abat sur ces choses considérées inutiles : les livres hérétiques consumés dans les flammes de l’inquisition, les ouvrages décadents lors des autodafés des Nazis à Berlin, la destruction des bouddhas de Bâmiyân par les Talibans en Afghanistan, ou encore les bibliothèques du Sahel à Tombouctou menacées par les jihadistes maliens. Autant d’œuvres inutiles et désarmées, silencieuses et inoffensives, mais dont la simple existence est perçue comme une menace ».


Voilà pourquoi Ordine croit de toute façon « qu’il vaut mieux continuer de se battre en restant persuadés que les classiques, l’enseignement et l’art de cultiver le superflu qui ne produit aucun profit peuvent nous aider à « résister », à conserver une lueur d’espoir, à entrevoir un rayon de lumière qui nous permettent de rester sur la voie de la dignité ». Car, continue Ordine, « si nous laissions périr ce qui est inutile et gratuit, si nous écoutions le chant des sirènes qu’est l’appât du gain, nous ne ferions que créer une collectivité privée de mémoire qui, toute désemparée, finirait par perdre le sens de la vie et le sens de sa propre réalité ». « Et il deviendrait alors difficile d’espérer que l’ignorant homo sapiens puisse conserver le rôle qu’il est censé jouer  :  rendre l’humanité plus humaine… »

Hervé Couton.

L’Utilité de l’inutile. Manifeste. Suivi d’un essai d’Abraham Flexner (Les Belles Lettres, 2014 et 2015, version augmentée) de Nuccio Ordine

Hervé Couton, photographe, passionné de littérature, amateur de bons moments, de bons mots, de nouvelles et de romans. Retrouvez son travail ici

De l’ingérence à la solidarité entre Européens: les débuts d’un vrai débat?

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De l’ingérence à la solidarité entre Européens: les débuts d’un vrai débat?

Gérard Dussouy, professeur émérite à l’université de Bordeaux

Ex: http://metamag.fr

Quand on est un vrai européen, c’est-à-dire un européen convaincu qu’il n’y a pas de salut en dehors de l’unité combative du continent, et que l’on rejette le souverainisme suranné, il n’y a pas de quoi s’offusquer de l’intrusion récente dans la vie politique française d’Angela Merkel. Celle relative à la montée du populisme qu’elle a contribué à créer dans son pays et à l’accentuer chez les voisins. En effet, la meilleure façon de lui répondre est de la mettre devant ses propres responsabilités, et, si elle ne les prend pas, de lui dire avec d’autres Allemands qui ont commencé à le faire : Merkel mussweg ! (1).

L’amorce d’un débat européen ?

L’ingérence, entre des Européens qui sont tous dans la même galère, doit être réciproque pour être légitime. Et, elle devient une très bonne chose si elle peut favoriser l’européanisation des débats. Les Européens, à leur tour, ont le droit de mettre en cause la politique d’immigration forcée de Madame Merkel, et le risque qu’elle leur fait courir à tous, à moyen terme : celui d’un véritable auto-ethnocide.

Face à une question aussi vitale que l’immigration de masse, ne serait-il pas légitime, sachant que le parlement européen ne peut, ou ne veut, rien faire, et compte tenu que nos pays sont des démocraties, de consulter leurs peuples en organisant dans TOUTE l’Union européenne des référendums sur la question des migrants et des réfugiés ?

L’Autriche, un test grandeur nature?

Sans attendre qu’une telle démarche soit mise en route, on peut se demander si, à leur façon, les élections présidentielles autrichiennes n’en sont pas une première concrétisation. En effet, personne ne contestera que l’arrivée en tête, au premier tour, du candidat du FPÖ, s’explique avant tout par le refus du peuple autrichien d’être submergé par le déferlement migratoire qui vient de commencer, et qui n’est rien par rapport à ce qui s’annonce.

theories_rel_inter_t1_L12.jpgL’arrivée éventuelle au pouvoir suprême en Autriche, on le saura dans moins d’un mois, dans un pays aussi proche et de la même langue maternelle que l’Allemagne, de Monsieur Norbert Hofer, a de quoi alarmer Madame Merkel. Si l’hypothèse devient réalité, l’Autriche va être, de quelque côté que l’on se place, celui de l’ingérence, ou celui de la solidarité, le test grandeur nature par excellence. Berlin fera tout pour isoler l’Autriche, et pour faire tomber son nouveau président au plus vite, si possible avant qu’il ne puisse se faire seconder par un exécutif de la même majorité que lui, à la suite de nouvelles élections législatives.

Face à l’ingérence, l’Autriche peut-elle alors compter sur des solidarités en Europe ? C’est ici que l’affaire prendra une dimension stratégique fondamentale, et qui intéresse tous ceux qui rêvent d’un réveil de l’Europe. Soit le nouveau pouvoir autrichien choisit la voie du souverainisme forcené, du repli ombrageux, et il commencera ainsi par se fâcher avec ses voisins européens. Alors, l’ingérence bruxelloise, à l’initiative de Madame Merkel, aura la tâche largement facilitée. Aucun Etat européen n’est en mesure, en effet, de défier à lui tout seul le système occidental en place.

theories_rel_inter_t3_L12.jpgSoit, au lieu de cela, au lieu de se barricader, l’Autriche s’apprête à jouer le rôle du « Piémont de l’Europe », de l’Europe retrouvée. Elle choisit alors de sonner l’heure de la résistance européenne et du rassemblement. Elle pourrait le faire en menant de front deux initiatives. D’une part, en constituant un noyau dur au cœur de l’Europe en se rapprochant de la Hongrie (ce qui semble naturel et ce qui serait un beau pied de nez de la défunte Double monarchie à l’histoire) et d’autres États plus ou moins sur sa ligne. D’autre part, en soutenant à travers tout le continent tous ceux qui, pour poursuivre l’analogie historique avec l’unification italienne, sont prêts à tenir le rôle des « garibaldiens » de la cause européenne.

Alors, mais pas de la façon dont Madame Merkel l’espère, même si elle a pris récemment parti pour une fermeture efficace des frontières méridionales de la zone Schengen, les choses pourraient évoluer en Europe. Si, enfin, les débats pouvaient s’européaniser, celui sur l’immigration mais d’autres encore, et si, bien entendu, un discours de défense de toutes les authenticités et de tous les intérêts de l’Europe pouvait se déployer, grâce à de nouveaux gouvernements populaires et à des connections partisanes qui œuvreraient, tous ensemble, à la réhabilitation et à la refondation de l’Europe.

(1) Merkel dehors ! Merkel doit partir !

Gérard Dussouy a publié un Traité de Relations internationales, en trois tomes, Editions L’Harmattan, 2009. Et en 2013, Contre l’Europe de Bruxelles, fonder un État européen, Editions Tatamis. Une édition italienne de ce dernier livre, mise à jour et adaptée, est en préparation.

Lettre ouverte à un ami d'extrême gauche

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Lettre ouverte à un ami d'extrême gauche

Pierre Eisner

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Votre discours est toujours le même. Il glorifie, partout et en toute occasion, la lutte des gentils travailleurs contre les méchants patrons ou contre l'état employeur, justifie toutes les grèves, toutes les manifestations organisées par les syndicats les plus durs. Il existe pourtant des éléments qui devraient vous amener à réfléchir.

Vous soutenez, par exemple, aussi bien les ouvriers en grève en Allemagne et en France. N'avez-vous pas remarqué que les règles du travail ne sont pas les mêmes dans les deux pays et que les intérêts des ouvriers peuvent se trouver antagonistes ? Ce qui peut être bon pour les uns peut être mauvais pour les autres.

Les gouvernements des pays dans lesquels vous vous opposez à l'action sont issus d'élections. Dans ces dernières les riches exploiteurs sont beaucoup moins nombreux que les pauvres opprimés. Comment expliquez-vous que ce soient les intérêts des moins nombreux qui l'emportent ?

Prenons un exemple qui est, dans son principe à défaut des détails, hélas très répandu. Dans un bassin d'emploi déjà sinistré, une entreprise connaît de graves difficultés. Elle propose d'abaisser les salaires de ses ouvriers pour équilibrer ses comptes. Que va-t-il se passer ?

Les ouvriers et leurs syndicats acceptent les propositions de la direction et l'entreprise est momentanément sauvée. Mais rien ne dit que le problème ne va pas finir de se représenter.

Les ouvriers et leurs syndicats refusent ces propositions. Les difficultés de l'entreprise s'aggravent rapidement jusqu'à la faillite. Tout le monde perd son emploi.

On voit que, devant une telle situation, il ne peut y avoir que de mauvaises réponses. Rien ne sert de prôner la lutte, d'organiser la grève, de monter des actions violentes. Tout ce qui peut être tenté ne fait qu'accélérer le désastre.

Vous allez me dire que s'il n'y a rien à faire c'est parce que le problème ne se situe pas au niveau de l'entreprise. Vous avez parfaitement raison. Mais vous ne voudrez pas dire que si le bassin d'emploi n'avait été sinistré, l'entreprise aurait pu se séparer d'une partie de ses effectifs, lesquels auraient trouvé du travail dans des entreprises voisines en développement. Peu importe.

Si le niveau adéquat n'est pas celui de l'entreprise, alors quel est-il ? Il faut savoir que le plein emploi dépend de deux facteurs : les biens dont la production est utile et les personnes employables à cette fin.

La réponse qui vient aussitôt à l'esprit est celui de l'état, à savoir par exemple la France. C'est à ce niveau qu'est organisé le vote du peuple et qu'on pourrait raisonnablement attendre des décisions. Malheureusement nous vivons une période où la production des biens nécessite souvent une échelle plus grande que la France et où le mouvement des personnes vers la France connait de multiples circonstances l'alimentant. On ne peut absolument rien faire contre le premier fait. Accessoirement vous vous opposez à toute restriction pour le second. Ce niveau est donc inadéquat. Et cela ne dépend pas de la bonne volonté des électeurs et des dirigeants. C'est une chose que vous auriez pu noter, plutôt que de vous accrocher, comme les souverainistes, à l'élection présidentielle.

D'ailleurs on a déjà créé une zone de libre-échange en Europe. A ce niveau on dispose de la bonne échelle pour produire des biens nécessitant de gigantesques investissements. Cependant vous n'êtes pas seul à vous opposer à une solution à ce niveau. Du côté des personnes, l'organisation de l'Europe est si incohérente que le contrôle des frontières y est inopérant. Et surtout, du côté de biens, cette zone de libre échange n'est qu'un prétexte pour entrer dans un libre-échange mondial, dans lequel on n'attend même pas de réciprocité. Peut-être allons-nous échapper au TAFTA, mais ce ne sera que partie remise. Les pauvres Européens n'y peuvent rien. Il n'y a pas, à ce niveau, suffisamment de démocratie pour espérer un changement. Et de cela vous parlez peu.

vuistrton21556-f5fb0.pngIl ne reste donc que le niveau mondial. Le problème est que s'il y a peu de démocratie au niveau de l'Europe, il n'y en a pas du tout au niveau mondial. Surtout il n'est pas possible qu'il y en ait. De grands blocs existent qui entendent bien garder leur autonomie. Il s'agit bien de la Chine ou de l'Inde que des Etats-unis d'Amérique. De plus les disparités de développement entre les continents rendent impossible toute harmonisation. Qu'il y a-t-il de commun entre des revendications salariales en France et au Bengladesh ? Pire encore, les disparités culturelles sont insurmontables.

Tout semble donc bloqué. Heureusement ce n'est pas vrai. Il y a un niveau où les choses peuvent changer. C'est celui de l'Europe, puisque ce n'est pas son concept mais son organisation qui est en cause. La réponse est donc extrêmement simple. Il suffit de transférer un système démocratique rendu inutile au niveau des états vers un équivalent au niveau de l'Europe. Cela s'appelle l'intégration européenne. Qu'attendez-vous pour y penser ? Ne trouvez-vous pas que, pour se voiler la face, les souverainistes n'y suffisent pas ?

Pierre Eisner (Le Parti des Européens)

Seselj:2 – Mondialisme:0

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Seselj: 2 – Mondialisme: 0

 

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Ces dernières semaines, l’homme politique serbe, Vojislav Seselj (prononcez «Chéchell»), a remporté coup sur coup deux magnifiques succès contre les agents du mondialisme toujours en action dans les Balkans.

 

Le 24 avril 2014, des élections législatives se tenaient en Serbie. Entérinant la demande du Premier ministre Aleksandar Vucic, le chef de l’État serbe, Tomislav Nikolic, prononçait la dissolution de l’Assemblée nationale où leur formation, le Parti serbe du Progrès (SNS), disposait d’une majorité confortable (170 élus sur 250), allié, qui plus est, au Parti socialiste de Serbie d’Ivica Dacic, lui-même associé aux nationalistes de Serbie unie.

 

Les résultats furent mitigés. Bien sûr, le SNS obtint 48,25 % et 131 sièges tandis que ses alliés socialistes et nationalistes, avec 10,95 %, en conservaient 29. Éparpillée en plusieurs mouvements concurrents, l’opposition libérale-démocratique parvint à franchir le seuil de représentativité fixé à 5% et gagna 45 élus. Toutefois, le gouvernement se vit déborder sur sa droite. Après huit années d’absence, le Parti radical serbe (SRS) revint enfin au Parlement (22 députés et 8,10 %).

 

Il faut reconnaître qu’outre la crise économique et l’afflux en Serbie des fameux « migrants » dont la présence n’est qu’un plaisant début, de nombreux Serbes furent (re)conquis par le charisme intact du président-fondateur du SRS, Vojislav Seselj. Quatre ans plus tôt, à la présidentielle, son épouse ne recueillait que 3,78 % des suffrages. Tribun hors-pair et d’une remarquable intelligence, Seselj redevient la mauvaise conscience de ses anciens camarades Nikolic et Vucic. En effet, les deux principaux personnages de l’État ont longtemps milité au SRS, issu en 1991 de la fusion du Parti radical populaire avec le Mouvement tchetnik serbe de Seselj.

 

Partisan de la « Grande Serbie »

 

Très tôt défenseur de l’idée panserbe en Yougoslavie communiste autogestionnaire, Vojislav Seselj, né en 1954, fréquenta les milieux dissidents anti-communistes, méprisa l’œuvre étatique de Tito et fut même condamné dans la décennie 1980 à de la prison pour des raisons politiques. Quand , au début des années 1990, explose la deuxième Yougoslavie, fondée en 1945, il approuve l’action nationale-communiste de Slobodan Milosevic au Kossovo et en Bosnie-Herzégovine. Le président-poète Radovan Karadzic dirigera d’ailleurs l’équivalent du SRS en Bosnie. De nombreux militants radicaux répondirent à l’appel de leurs frères serbes de Bosnie. Jugeant la politique de Milosevic trop conciliante, parfois timorée et souvent complaisante à l’égard des puissances occidentales, Vojislav Seselj dénonce avec force les compromissions ainsi que les ingérences répétées de l’ONU, de l’OSCE, de l’UE et de l’OTAN. Sa notoriété au sein de la société serbe inquiète bientôt Bruxelles, Berlin, Paris, Londres et Washington d’autant que le SRS participe par intermittence – au gré des retournements politiques de Milosevic – à ses gouvernements.

 

L’indéniable popularité de Seselj agace les Occidentaux qui établissent en 1993 via une lamentable résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, un « Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie » (TPIY). Pur héritier de ceux de Nuremberg et de Tokyo, cette instance entend poursuivre, juger et condamner de soi-disant « criminels de guerre », en particulier s’ils sont serbes et croates. Soutenu par un Occident amnésique et déjà bien dégénéré, ce TPIY devient un instrument redoutable contre les affirmations nationales et populaires renaissantes. « Nulle neutralité à en attendre : un tel tribunal ne saurait se détacher du politique et donc œuvrer à une paix équilibrée. Bien au contraire, en niant la part irrésistible du politique dans les relations internationales, une institution judiciaire aboutirait à des résultats opposés à ses attentes. Il n’y aurait aucune impartialité à espérer d’un tel objet juridique, immanquablement manipulé par ceux ayant les moyens de le faire (1). » Le procureur auprès du TPIY émet un mandat d’arrêt contre Seselj qui, en février 2003, choisit (à la surprise générale !) de se rendre à La Haye aux Pays-Bas, siège du TPIY. Un internement préventif d’une douzaine d’années commence dans la prison ultra-sécurisée de Scheveningen.

 

Avant d’aller à La Haye, Vojislav Seselj organisa un triumvirat constitué de son épouse, de Tomislav Nikolic et d’Aleksandar Vucic pour diriger le parti. Or, en 2008, las d’être toujours battu aux élections, Nikolic et Vucic fomentent une scission et fondent le SNS qui se définit national-conservateur pro-européen. La modération revendiquée du nouveau parti est appréciée par les Serbes qui élisent en 2012 Nikolic à la présidence, puis portent au pouvoir Vucic deux ans plus tard.

 

Une parodie de justice

 

Il est très probable que cette trahison a décuplé l’ardeur de Vojislav Seselj devant ses juges mondialistes. Juriste et enseignant de droit, l’ancien maire de Zemun, une commune de la banlieue de Belgrade, entre 1996 et 1998 met en œuvre une véritable défense de rupture. Cette stratégie de prétoire fut théorisée par l’avocat français Jacques Vergès. Celui-ci estimait que « la stratégie de rupture s’oppose fondamentalement à la stratégie de connivence. […] Le procès de connivence est le procès classique. C’est le procès dans lequel juges, accusé, accusateur public sont d’accord sur les principes. Par rapport à ceux-ci, il s’agit donc seulement de discuter du degré de responsabilité de l’accusé. […] À aucun moment, il n’est question de discuter du bien-fondé des principes que la société invoque pour condamner le racolage, le vol ou le meurtre. Or, par rapport à cela, il y a des moments dans l’histoire d’une société où le conflit est plus fondamental. C’est le cas chaque fois que l’accusé rejette les principes que partagent l’immense majorité des membres de la société où il se trouve (2) ». Vojislav Seselj est un extraordinaire exemple pour tous les futurs accusés d’opinion à venir de l’Occident « totalimaire », de la pseudo-UE et de l’Hexagone libéral-sociétaliste.

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Cette lutte inégale, digne du combat entre David et Goliath – Moloch mondialiste, prouve l’inanité d’un système judiciaire à vocation internationale. Il fut déjà dénoncé par Maurice Bardèche dans Nuremberg ou la Terre promise (1948) et Nuremberg ou Les Faux-Monnayeurs (1950). Plus récemment, d’autres juristes s’indignèrent du fonctionnement de ce pitoyable machin judiciaire. Pour preuve, « le contenu du règlement révèle des atteintes inadmissibles aux principes les plus élémentaires de la procédure pénale, s’indigne François Terré. Maintes dispositions exorbitantes caractérisent la procédure retenue, par exemple quant à la protection des témoins (3) ». L’auteur évoque aussi « le recours à des démarches indignes : dissimulation de documents, tromperies et ruses pour attirer des personnages prêts à coopérer à l’œuvre dite de justice […]. Pis : marchandage avec un gouvernement consistant à promettre, en quelque sorte, une “ rançon ” pour la livraison de Milosevic. Si la Yougoslavie, ou ce qui en restait, n’avait pas été aux abois, elle n’aurait probablement pas aidé le transfert de Milosevic. La justice a ses raisons que l’argent ne comprend pas (4) ».

 

En détention, Vojislav Seselj se joue de ses accusateurs publics. Récusant tout avocat et exigeant au contraire de se défendre lui-même, il contraint par une sévère grève de la faim en novembre 2006 le TPIY à accepter sa revendication légitime. Il ose ainsi affronter un «droit international pénal [… qui] vise l’universalisme abstrait d’un nouvel ordre international prétendument pacifié sous couvert de criminalisation de la guerre dite d’agression (5) ». Vojislav Seselj entreprend une véritable guérilla juridique et extra-judiciaire. «Dans le prétoire, où il se trouvait en tant qu’accusé mais aussi en qualité d’avocat, il a très clairement expliqué sa position, rapporte la journaliste étatsunienne Marlise Simons. Depuis sa reddition en 2003, il n’a eu de cesse de répéter qu’il utilisait la Cour comme une tribune politique parce qu’elle était “ avant tout un tribunal politique ” créé par l’Occident pour punir la Serbie. “ Le seul moyen de vous affronter est donc de présenter des discours politiques plus intelligents que les vôtres ”, ajoutait-il (6). » Seselj méprise les représentants judiciaires du mondialisme occidental : il ne se lève pas à leur entrée puisqu’il ne reconnaît pas leur légitimité et leur tient tête au point d’être condamné à diverses reprises à un total de cinquante mois de prison pour « offenses à la Cour ».

 

Une intense et belle guérilla judiciaire

 

Cette attitude conflictuelle renforce sans cesse un Vojislav Seselj atteint d’un cancer du colon. « Je méprise cette Cour. Je suis là pour vous briser. […] Ma santé en pâtira sans doute, mais je me délecte. Je m’amuse comme jamais (7). » Il oppose à ses détracteurs de si solides arguments qu’en novembre 2014, le TPIY le libère enfin. Les habituelles ligues de (petite) vertu droit-de-l’hommiste, d’habitude si promptes à fustiger une supposée sévérité judiciaire à l’encontre de telle ou telle racaille des banlieues de l’immigration, conservent un pesant silence à propos de cet innocent embastillé. Ces associations subventionnées anti-discriminatoires se félicitent de l’application croissante d’une scandaleuse discrimination. Après 1919, « le droit international est détourné par le droit pénal puisque dans le Pacte de la SdN l’ennemi est désigné comme agresseur. Ce qui veut dire que les concepts du droit international s’imprègnent de droit pénal et criminel. C’est une logique discriminatoire qui l’emporte, alors que la logique du jus publicum europaeum était non-discriminatoire. L’agresseur devient un criminel (8.) ».

 

Le cas de Vojislav Seselj démontre surtout que « la justice internationale que nous avons instituée définit bien les crimes soumis à sa juridiction (crimes contre l’humanité, génocides, crimes de guerre), mais elle ne poursuit pas, loin s’en faut, tous les criminels sur lesquels pèse cette charge : elle poursuit seulement ceux que les circonstances diplomatiques lui permettent de saisir, et ceux dont le crime provoque dans l’opinion occidentale le plus d’indignation (9) ». Chantal Delsol prolonge les pertinentes remarques de son professeur Julien Freund qui proclamait dès 1965 qu’« il y a de l’imposture dans cette justice politique qui fait de tous les hommes, suivant qu’ils appartiennent à l’une ou l’autre catégorie sociale, ou bien des innocents ou bien des coupables. Non seulement “ aucun politique peut se flatter d’être innocent ” (Merleau-Ponty), mais aucun pays ne peut en remontrer aux autres sur le chapitre de ce qu’on appelle la morale collective ou sociale. Il est donc bien vrai que la culpabilité est surtout une arme politique servant à dégrader l’homme dans l’ennemi (10) ». Julien Freund craignait que « cette méthode des condamnations actuellement en l’honneur dans les relations internationales ne tourne pas à une parodie de justice (11) ». Or le procès de Vojislav Seselj fut une incroyable farce nuisible et coûteuse. La justice internationale avec le TPIY et la Cour pénale internationale (CPI), pratique l’impolitique. Pourquoi ? « Parce qu’elle est le tribunal de la morale davantage que du droit (12). » C’est donc avec raison que Vojislav Seselj « se présente comme l’homme qui a vaincu la justice internationale, “ une justice anti-serbe ” (13) ».

 

Les coups de butoir qu’il a affligés aux juges confirme ce qu’avançait Jacques Vergès : « Un procès de rupture à caractère politique éclaire les contradictions profondes de la société. Il sème le doute auprès de ses membres et entrave ainsi son bon fonctionnement (14). » Cette magistrale guérilla porte finalement ses fruits : le 31 mars 2016, le TPIY l’acquitte de tous les chefs d’inculpation. Certes, le parquet fit aussitôt appel. Il n’empêche qu’une très belle estocade venait d’être donné. Par une résistance quotidienne tenace, le nouvel acquitté, encore traité de « détenu » dans L’Obs du 28 avril 2016 (le contraire aurait étonné de la part des Drahi’s Boys), repousse seul « le désir d’instaurer un tribunal mondial et plus loin un gouvernement mondial répond à la nécessité de briser la puissance des gouvernements particuliers, en cas de crimes d’État (15) ». Il empêche de faire « perdre à la notion de guerre toute signification, parce qu’elle cesse d’être un acte d’hostilité politique pour devenir une entreprise policière (16) ». Son succès à La Haye, confirmée à Belgrade par les valeureux électeurs serbes, signifie une claque retentissante aux Oligarchies.

 

« Avec la justice internationale apparaissent des instances dotées de légitimité pour enlever les citoyens à la protection et à l’autorité de leur État, prévient Chantal Delsol. Les États perdent le monopole du commandement et du jugement (17). » Par une défense de rupture intégrale qui s’est révélée payante, le chef du SRS montre une voie difficile, héroïque et d’opposition complète à tout mondialisme, à toute « gouvernance planétaire », à tout cosmopolitisme mortifère. Il est indispensable de combattre le TPIY, la CPI et les autres tribunaux internationaux. N’oublions jamais qu’« un gouvernement mondial ne signifierait pas seulement la fin de la politique stricto sensu, comme gouvernement de la liberté des points de vue, mais aussi, et d’une autre manière, la fin de la politique lato sensu, comme gouvernement doté d’un monopole de la force légitime (18) ». Grâce à Vojislav Seselj, cette sinistre perspective est pour un temps freinée. Honneur à lui !

 

Georges Feltin-Tracol

 

Notes

 

1 : Julian Fernandez, « Du côté sombre de la Cour pénale internationale : revenir à Carl Schmitt ? », dans Serge Sur (sous la direction de), Carl Schmitt. Concepts et usages, CNRS Éditions, coll. « Biblis – Inédit », 2014, p. 161.

 

2 : « De la stratégie judiciaire », entretien avec Jacques Vergès, dans Krisis, « Stratégies ? », n° 10 – 11, avril 1992, pp. 54 – 55.

 

3 : François Terré, « Comment le TPI a permis à Milosevic de se poser en victime », dans Le Figaro, le 14 mars 2006.

 

4 : Idem.

 

5 : Valéry Prat, « De la criminalisation de la guerre : Carl Schmitt à Nuremberg, Carl Schmitt et Nuremberg », dans Carl Schmitt. Concepts et usages, op. cit., p. 136.

 

6 : Marlise Simons, « La Cour pénale internationale s’interroge sur ses procédures », supplément en français de The New York Times, dans Le Figaro, le 27 avril 2012.

 

7 : Idem.

 

8 : Valéry Prat, art. cit., p. 137. C’est nous qui soulignons.

 

9 : Chantal Delsol, La grande méprise, La Table ronde, coll. « Contretemps », 2004, pp. 17 – 18.

 

10 : Julien Freund, L’Essence du politique, Dalloz, 2004, p. 505.

 

11 : Idem.

 

12 : Chantal Delsol, op. cit., p. 62.

 

13 : Hélène Despic-Popovic, « Vojislav Seselj. L’encombrant boutefeu du nationalisme serbe », dans Libération, le 14 juillet 2015.

 

14 : Jacques Vergès, art. cit., p. 60.

 

15 : Chantal Delsol, op. cit., p. 65.

 

16 : Julien Freund, op. cit., p. 618.

 

17 : Chantal Delsol, op. cit., p. 127.

 

18 : Idem, p. 65.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

The danger is the Banana Republic, not the Weimar Republic

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Insider Nation v. Outsider Nation

The danger is the Banana Republic, not the Weimar Republic

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Does the rise of nationalist populism in both Europe and North America, illustrated by politicians like Donald Trump, Nigel Farage, Marine Le Pen and others, mean that the Atlantic community now resembles Weimar Germany? Facile comparisons of contemporary Western populists to totalitarian, militarist dictators like Hitler and Mussolini are not only hyperbolic but also misleading. The greatest danger to liberal democracy on both sides of the Atlantic is not its consolidation under neo-fascist dictatorship, but rather its gradual decay into something like the oligarchic regimes that have long existed in many Latin American countries. Fascism? No. Banana republic? Maybe.

Across the political spectrum, there is growing recognition of the need for more widespread sharing of the gains from economic growth. In the United States, center-right “reformicons” propose new or expanded wage subsidies and child tax credits. On the center-left, the debate has changed from how to cut Social Security, the public pension on which most retirees depend, to how to expand it.

Many of these proposals would help mitigate economic exclusion as well as reduce economic inequality at the margins. But what about social and political exclusion? A citizen’s place in the social order is defined by more criteria than after-tax income plus government benefits. By themselves, mere economic reforms will not address the sense of powerless outsiders that real power is monopolized by the insiders.

“Corporatism” is a pejorative term nowadays, for left, right, and center. But it is important to recognize that the corporatist government-business-labor arrangements of the mid-20th century in Europe and the US did more than share the gains from growth while promoting labor peace. Thanks to membership in trade union federations or agrarian associations, many industrial workers and small farmers had a second way to influence public policy, in addition to voting. At the same time, in the conventional political realm, non-elite citizens had more influence because political parties were federations of local and regional parties, with ideas flowing up as well as down.

Today’s Western societies are more atomized than at any point since the industrial revolution began. Twentieth-century corporatist arrangements were destabilized by the information revolution and dismantled by centrist governments to remove obstacles to competitive markets. The gains in efficiency have been real in many sectors, but they have come at the price of the loss of agency for most workers. A similar disempowerment of citizens has followed the disintegration of membership-based political machines and the transformation of parties into mere labels that can be captured by activists or purchased by rich individuals or cliques of donors.

The result of these trends is something like Disraeli’s “two nations” within every advanced Western democracy — only the two nations are best described not as the rich and the poor but rather as insiders and outsiders.

Insider Nation on both sides of the Atlantic is extraordinarily homogeneous, in spite of its professed dedication to diversity. In societies in which the traditionally-defined white population is shrinking, Insider Nation is overwhelming white. Although meritocracy is the official creed of Insider Nation, its allegedly self-made men and women are almost always born into the wealthy or professional classes, seldom into working class or poor families. The new oligarchy is linked by education at a few institutions, like the Ivy League universities in the US, and increasingly by intermarriage.

Insider Nation is hostile to politics, as it has traditionally been practiced in modern democracies. The ideal of Insider Nation is nonpartisan technocracy, staffed by the best and brightest graduates of a few elite schools. It is assumed that domestic and foreign policy consist of a set of discrete problems, each of which has an optimal solution upon which rational, disinterested, nonpartisan individuals can agree. The style of Insider Nation is that of corporations, think tanks, consulting firms — soft-spoken, analytical, emotionless.

Voters are ignorant and dangerous, from the insider perspective, and legislatures are too much under the influence of the voters. The political project of Insider Nation is to remove decision-making from legislatures to non-legislative bodies — bureaucracies, courts, trans-national agencies, treaty arrangements — or, failing that, to nullify the will of the voters by persuading elected officials to support the nonpartisan elite consensus, whatever they may have said during the campaign.

The technocratic pose of the new pan-Western oligarchy is just that: a pose. The alleged solutions to public policy issues — great increases in the immigration of non-citizen, non-unionized workers with little leverage vis-à-vis firms, cuts in entitlement spending to pay for lower taxes on the rich — just happen to coincide with the narrow class interests of employers and the rich.

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The pretense of meritocracy is undermined by nepotism. John Gray has written about the elite, coterie-based “Namierite” politics of contemporary Britain. In the United States, much of the billionaire donor class tried and failed to nominate a third member of the Bush family for the presidency, to run against the second member of the Clinton family to seek the White House in a generation.

Outsider Nation could not be more different from Insider Nation. Membership in political parties, churches, local community groups, charities, and clubs has declined in all Western nations. The social universe has shrunk to work, the family, and the virtual reality provided by television, radio, and the internet. For all their flaws, the old social institutions simultaneously empowered people while acculturating them to civility and teamwork. “Manners are small morals,” as the saying goes. But the mass media, which reward the rude and the shocking and the belligerent with celebrity, are acting as a de-civilizing influence. If Insider Nation is a nation of technocrats, Outsider Nation is a nation of trolls.

When the alienated, anomic members of Outsider Nation rally behind candidates like Jeremy Corbyn in Britain or Donald Trump in the U.S., the refined oligarchs of Insider Nation are flabbergasted. The tribunes of the outsiders have outlandish ideas . . . and, worse, they have no style.

But the rise of populist tribunes as a response to the increasing social and epistemic closure of Western elites was entirely to be expected. Now that access to political influence depends, not on decentralized grassroots party organizations or trade associations and unions, but on mobilized money or media celebrity, it is only natural that outsiders will turn to champions who are billionaires like Ross Perot, TV celebrities like Italy’s Beppe Grillo, or a combination of both, like billionaire and reality television star Donald Trump. Absent spokesmen like these, the disconnected majority would have little or no voice at all.

This kind of insider-outsider system, pitting a wealthy oligarchy against poor and angry outsiders, has existed for generations in many Latin American countries. It is also familiar in the American South, where populist tribunes like “Big Jim” Folsom battled for the white working class and small farmers against what he called “the Big Mules.” Mussolini and Hitler are not the precursors to today’s national populists. Think Huey Long or Hugo Chavez.

In such a social order, conventional left-right distinctions break down. The elite insiders often combine conservative economic views with progressive views on issues involving race and gender. The non-elite outsiders are often socially conservative, religious and even racist. At the same time, they may be conventionally left-wing in their hostility to banks and business and their support for a generous welfare state. Oligarchs tend to be civilian, while populists often have military backgrounds or military links, not because populists are necessarily militarists, but because in a class-stratified society the military may be one of the few avenues of upward mobility for the working class.

Is this the future of the West — never-ending clashes between North Atlantic versions of Juan Peron and the equivalent of the Buenos Aires Jockey Club? This is not as bad as the breakdown of the Weimar Republic in Germany followed by National Socialism. But a world of decaying democracies dominated by nepotistic, elite coteries, in which alienated mobs now and then use elections as an excuse to demonstrate inchoate rage, is dystopian enough.

If banana republicanism is to be avoided, reformers in America and Europe will have to do far more than buy off the population with a tax credit here and a subsidy there. Indeed, if a package of enlightened reforms is handed down from above by benevolent billionaires and the technocrats and politicians whom they subsidize, with little or no public participation or debate, the lack of voice and agency of most citizens will simply be underlined in the most humiliating way.

To save Western democracy from further decay, reformers will have to build rebuild old institutions or build new ones which can integrate ordinary citizens from the local to the national level, so that everyone can be an insider. That is a project for several generations, not several administrations. Success is far from certain. But the alternative is all but certain: a future, not of dictators and concentration camps, but of gated communities — and mobs led by demagogues at their gates. •

Feature image courtesy of  Jeff Warren via Flickr (Creative Commons)

Michael Lind is a contributing writer of The Smart Set, a fellow at New America in Washington, D.C., and author of Land of Promise: An Economic History of the United States.

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