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mercredi, 18 mars 2020

Hommage à "l'ami" Edouard Limonov, le punk russe des lettres

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Hommage à "l'ami" Edouard Limonov, le punk russe des lettres

Par Axel Gyldén
Ex: https://www.lexpress.fr

Grand reporter à L'Express, Axel Gyldén a connu l'écrivain russe, disparu le 17 mars, qui se considérait comme "un génie". Rencontre avec un mégalomane sympathique.

Edouard Limonov n'avait pas d'ami. "Ce qu'il faut dans la vie, c'est mener des projets avec des gens et les fréquenter le temps que dure ce projet, qu'il soit politique, littéraire ou autre. Mais avoir des amis, quel intérêt?", m'avait asséné le provocateur professionnel Edouard Limonov en 2011 pendant l'interview fleuve (5 jours, 40 heures) qu'il m'avait accordée dans le cadre d'un projet éditorial sous la forme d'un livre entretien édité par L'Express (1) et qui, avouons-le, espérait surfer sur le succès phénoménal du remarquable Limonov (P.O.L.) d'Emmanuel Carrère. 

Cet automne-là, Edouard Limonov m'avait reçu au cinquième étage d'un immeuble de l'avenue Lénine, à la périphérie de Moscou. Chez l'écrivain russe, c'est un garde du corps du corps qui vous ouvrait la porte. Juste derrière, en veste et coule roulé noirs, droit comme un i et sec comme une trique, se trouvait le sulfureux écrivain international, politicien russe et agitateur d'idées. 

VIDÉO: Edouard Limonov: "Je me considère comme un génie" 

41oMmodk19L._SX317_BO1,204,203,200_.jpgD'une poignée de main ferme, il accueillait les visiteurs sans manières dans son appartement de 100 mètres carrés à la déco minimaliste: quelques chaises, un bureau en formica, un fauteuil en skaï et, sur les murs gris, trois ou quatre photos où l'on reconnaissait le maître des lieux, pour la plupart des clichés pris à Paris, dans le Marais, où il avait vécu au début des années 1980, et devant Notre-Dame.

Il n'a pas voulu me dire - c'était ma première d'une longue série de questions - ce qu'il pensait du succès fulgurant du livre que venait de lui consacrer Emmanuel Carrère et qui l'avait, en quelque sorte, ressuscité. Cependant, il était clair que l'écrivain russe, tricard à Paris depuis les années 1990 en raison de son engagement pro serbe en Yougoslavie vingt ans auparavant, se délectait de cette réhabilitation inattendue offerte sur un plateau par le romancier français.  

Enfant surdoué, rebelle, voyou, poète, agitateur et écrivain...

C'est le génie d'Emmanuel Carrère d'avoir consacré un livre à Limonov, dont la trajectoire se confond avec celle de la Russie, depuis Khrouchtchev jusqu'à Poutine, et les soubresauts de notre époque, des années Mitterrand à celle de Slobodan Milosevic. 

La biographie de l'écrivain décédé est fascinante. Enfant surdoué puis adolescent rebelle, voyou, ouvrier en Ukraine, "Eddy" devient poète underground à Moscou sous Leonid Brejnev, majordome au service d'un milliardaire à New York, écrivain déjanté (puis pestiféré) à Paris, puis soldat pro slave dans les Balkans aux côtés des Serbes, et enfin, de retour à Moscou, chef du parti "nasbol" (national-bolchevik) - interdit en 2007-, et enfin prisonnier politique, puis héros d'un best-seller en France, récompensé par le Renaudot.

LIRE AUSSI: Interview d'Edouard Limonov: "Poutine règne par le mensonge total" 

Personnage hors du commun, Edouard n'était pas antipathique, ni particulièrement chaleureux. C'était d'ailleurs l'essentiel de son charme pour peu que l'on goûte à l'humour glacial. Comme il est plaisant, à l'heure de la "com" et de la séduction à tout prix, de rencontrer quelqu'un qui ne cherche pas à plaire... 

Anti-politiquement correct avant que cette posture ne devienne à la mode, Limonov balançait ses réponses comme des cocktails Molotov, parfois accompagnées d'un rire sardonique à la manière de Joker le personnage borderline et nihiliste de Batman. "L'industrie du tourisme me dégoûte, expliquait-il tranquillement lorsqu'on l'interrogeait sur la notion de vacances. J'ai été enchanté lorsque j'ai appris que des touristes allemands avaient été dévorés par des requins en Egypte.

"Salvador Dali? Un minable!"

Limonov-d-Emmanuel-Carrere-Pol.jpgCette manière de parler peut être déstabilisante. Elle est aussi rafraîchissante. Car, au moins les propos de Limonov procédaient-ils d'une pensée réellement personnelle, hors sol et hors cadre, qui a le mérite d'interroger les certitudes. Tout en l'écoutant énoncer ses vérités dégoupillées, il fallait toujours se demander si elles étaient à prendre au second ou au troisième degré. Tout bien réfléchi, c'était au premier. 

Tour à tour mégalo, fanfaron, lumineux, agressif, excessif, foutraque et de mauvaise foi, Limonov, 69 ans à l'époque, n'avait pas renoncé à combattre l'esprit bourgeois et tous ceux qu'il considérait comme ses porte-parole, pêle-mêle: Mikhaïl Gorbatchev ("un plouc"), BHL ("le troubadour de la rive gauche"), Bernard Pivot ("regarde-moi ce visage sans volonté..."), Salvador Dali ("un minable")! 

Il y avait du Sid Vicious, chanteur et bassiste des Sex Pistols, chez cet écrivain qui se présentait comme "le punk de la littérature russe" et, aussi, un peu de Louis-Ferdinand Céline, avec qui il partageait le glorieux statut de "pestiféré" des lettres. "Les prix littéraires, c'est de la merde", asséna-t-il, parmi mille saillies, lors de nos entretiens. 

"Les Russes sont lourdingues, surtout s'ils sont alcoolisés"

A propos de ses compatriotes russes, Limonov disait : "Ils sont lourdingues, surtout s'ils sont alcoolisés. Des gens capables d'emmerder le monde toute la soirée si l'on aborde un sujet qui leur tient à coeur." 

Et puis, aussitôt après: "L'âme russe, c'est moi! Un mec capable de prendre des risques sans réfléchir aux conséquences. Il faut se jeter dans des situations sans réfléchir. Faute de quoi, on reste le cul sur sa chaise, incapable de construire son histoire. Il faut vivre tant que l'on est vivant." 

Mégalomane, Limonov? Sûrement. Il suffisait qu'il ait séjourné dans la même ville, Rome, qu'un terroriste des Brigades Rouges dans les années 1970, sans avoir jamais fréquenté ni croisé ce dernier, pour qu'il trouve une signification historique à cette banale coïncidence et, mieux, fasse du terrorisme italien d'extrême gauche un élément de sa propre biographie. 

A coup sûr, dans l'au-delà, sa créativité débordante lui permettra de raconter partout qu'avant de partir, il fut l'un des grands témoins, sinon le protagoniste majeur, de la crise du coronavirus! Sacré Edouard... 

Note:

(1) Limonov par Edouard Limonov, conversations avec Axel Gyldén (Ed. L'Express), 2011, 142p., 12,90€. 

Ernst Jünger & The End Times by Tomislav Sunić: The Balkanization of The System

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Ernst Jünger & The End Times by Tomislav Sunić: The Balkanization of The System

 
 

Aveux d’Agnès Buzyn : une défaillance criminelle de l’État Macron ?

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Aveux d’Agnès Buzyn : une défaillance criminelle de l’État Macron ?

Ex: https://www.vududroit.fr

« On aurait dû tout arrêter, c’était une mascarade » vient de nous dire la pauvre Agnès Buzyn en parlant des élections municipales, entre ces sanglots dont elle n’est pas avare.

Ces aveux formulés dans le journal le Monde et selon lesquels le plus haut sommet de l’État savait parfaitement la catastrophe qui se profilait sont assez terrifiants. « Quand j’ai quitté le ministère, assure-t-elle, je pleurais parce que je savais que la vague du tsunami était devant nous. Je suis partie en sachant que les élections n’auraient pas lieu. » Bien sûr, c’est une pure et simple désertion qu’elle a commise et qu’elle reconnaît aujourd’hui en essayant assez lâchement de s’en défausser. Mais de cela elle se débrouillera avec sa conscience sur laquelle pèsera une partie de ces morts qui vont tomber, emportés par le virus, et dont on sait parfaitement qu’ils vont se compter par milliers. Dormez bien Madame Buzyn, si vous le pouvez.

Mais il y a plus grave, beaucoup plus grave, on peut déduire de ses propos le caractère criminel du comportement des décideurs publics dont c’était la responsabilité de prendre toutes les mesures permettant d’affronter la catastrophe et d’éviter une hécatombe.

Que nous dit-elle en effet ? : « Je pense que j’ai vu la première ce qui se passait en Chine : le 20 décembre, un blog anglophone détaillait des pneumopathies étranges. J’ai alerté le directeur général de la santé. Le 11 janvier, j’ai envoyé un message au président sur la situation. Le 30 janvier, j’ai averti Edouard Philippe que les élections ne pourraient sans doute pas se tenir. Je rongeais mon frein. » Donc, dès la fin janvier il était clair que prévenu par la ministre de la santé de la république Emmanuel Macron savait à quoi il fallait s’attendre, son premier ministre aussi ainsi que le directeur général de la santé. Malgré cela, le président de la république paradait le 7 mars dans les rues de Paris pour inciter les parisiens à continuer à aller au théâtre ! Tous ceux, professeurs de médecine, spécialistes, chercheurs qui sonnaient l’alarme se faisaient insulter par les serviteurs du pouvoir, de Jean-Michel Apathie à Christophe Barbier en passant par l’ineffable Michel Cymes et bien sûr l’inévitable Sibeth Ndiaye. L’incompétence à la direction d’un État de toute cette équipe arrivée au pouvoir par surprise en 2017 n’est plus à démontrer, mais aujourd’hui si l’on en croit Buzyn ce n’est pas de cela qu’il s’agit.

Si ces faits sont établis, si Madame Buzyn dit la vérité, tout cela engage la responsabilité pénale de tous ces décideurs publics.

Que nous dit le code pénal, celui-là même utilisé dans l’affaire du sang contaminé ?

C’est tout d’abord l’article 221–6 qui s’applique et qu’il faut citer intégralement :

 « Le fait de causer, dans les conditions et selon les distinctions prévues à l’article 121-3, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, la mort d’autrui constitue un homicide involontaire puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

En cas de violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, les peines encourues sont portées à cinq ans d’emprisonnement et à 75 000 euros d’amende. »

Il renvoie à l’article 121-3 qui nous dit :

« Il y a également délit, lorsque la loi le prévoit, en cas de faute d’imprudence, de négligence ou de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, s’il est établi que l’auteur des faits n’a pas accompli les diligences normales compte tenu, le cas échéant, de la nature de ses missions ou de ses fonctions, de ses compétences ainsi que du pouvoir et des moyens dont il disposait.

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Dans le cas prévu par l’alinéa qui précède, les personnes physiques qui n’ont pas causé directement le dommage, mais qui ont créé ou contribué à créer la situation qui a permis la réalisation du dommage ou qui n’ont pas pris les mesures permettant de l’éviter, sont responsables pénalement s’il est établi qu’elles ont, soit violé de façon manifestement délibérée une obligation particulière de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, soit commis une faute caractérisée et qui exposait autrui à un risque d’une particulière gravité qu’elles ne pouvaient ignorer. »

Ces deux textes, fruit d’une élaboration particulière dans les années 90 pour justement bien définir le périmètre de la responsabilité personnelle en matière d’homicide et de coups et blessures involontaires, méritent un éclairage.

Dans ce domaine, la France applique depuis toujours ce que l’on appelle : « la théorie de l’équivalence des conditions » qui veut que tous ceux qui ont commis le dommage ou CONTRIBUÉ à sa réalisation sont pénalement responsables. C’est ce que l’on appelle les « auteurs directs » et les « auteurs indirects ». On prendra un exemple un peu éloigné de notre sujet mais qui éclaire la problématique. L’automobiliste qui renverse un cycliste et le tue est l’auteur direct de l’infraction de l’article 221–6 par défaut de maîtrise de son véhicule. Mais, si la manœuvre mortelle a aussi été causée en raison d’une voirie défectueuse non signalée à cet endroit, les responsables de celle-ci seront également poursuivis.

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Bien évidemment, l’auteur principal et direct des morts de la pandémie est bien le coronavirus. Mais il existe aussi comme vient de l’avouer Agnès Buzyn des auteurs indirects dont la culpabilité si elle est établie serait accablante. Le chef de l’État, le Premier ministre, la ministre de la santé, le directeur général de la santé, savaient donc à quoi s’en tenir dès janvier ? Alors manifestement, n’ayant pas pris les mesures afin de l’éviter alors qu’elles étaient de leur compétence, en n’appliquant pas les « diligences normales » qu’exigeaient leurs responsabilités, ils ont contribué à créer la situation d’une catastrophe aggravée. Et en s’abstenant d’agir, ils ont commis une faute pénale caractérisée en exposant autrui « un risque d’une particulière gravité qu’ils ne pouvaient ignorer ».

Par conséquent, compte tenu de l’ampleur de tout ceci, comme cela avait été le cas pour l’affaire du sang contaminé, il est indispensable que la Cour de Justice de la République soit saisie d’une procédure dirigée contre les ministres pour dire si leur défaillance est établie ainsi que le prétend Agnès Buzyn et prononcer à leur encontre les sanctions à la mesure du dommage subi. Le juge judiciaire de droit commun doit l’être pour les fonctionnaires qui n’ont pas fait leur devoir comme cela avait été également le cas dans l’affaire du sang contaminé.

Emmanuel Macron quant à lui ne risque rien. Avec ses propres pouvoirs et un Parlement à sa botte, celui qui pouvait tout est protégé par son immunité.

Reste le déshonneur.

L’honneur d’être non-aligné ou la dissidence comme nécessité morale

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L’honneur d’être non-aligné ou la dissidence comme nécessité morale

Ex: https://flux.md
 

(Préface à l’édition roumaine du livre de Pierre-Antoine Plaquevent : SOROS et la société ouverte. Métapolitique du globalisme)

Je commencerai cette introduction en précisant que tous les efforts éditoriaux, médiatiques et académiques que nous déployons avec obstination depuis des années, contre un ennemi qui est de toute évidence infiniment plus puissant que nous, sont la conséquence de l’inquiétude douloureuse que nous inspire l’état de léthargie, voire d’imbécilité collective, dans lequel les maîtres du discours dominant ont réussi, au cours des trente dernières années, à pousser la société. Notre Université Populaire, qui concentrait initialement ses efforts sur la formation des jeunes, s’est, au cours des dernières années, réorientée principalement vers une activité éditoriale. Tous nos auteurs – sans exception aucune – viennent des rangs ô combien honorables de la nouvelle dissidence – de celle qui s’oppose à un impérialisme d’un type nouveau, sans précédent historique connu, exercé à l’échelle mondiale par une élite perverse, avide et démoniaque.

Notre bon ami Pierre-Antoine Plaquevent, auteur de cette enquête métapolitique si brillante et si actuelle, fait partie d’une pléiade française de chercheurs par vocation, qui, atteignant aujourd’hui la fleur de l’âge,consacrent toutes leurs forces au décryptage de l’essence du régime sous lequel gît leur patrie, la France, qui chancèle désormais au seuil d’une extinction rapide et irrévocable. Ces guerriers, qui partent armés de leur plume à la reconquête de l’Europe, sont devenus des oiseaux rares dans notre univers d’opacité généralisée. Dans un Occident démasculinisé, aplati, tombé dans la douce étreinte du capitalisme de la séduction, du désir et du confort, mortifiant toute capacité d’exercice intellectuel autonome et annihilant jusqu’à l’idée même de courir des risques aux service de valeurs plus hautes, ces hommes véritables représentent le seul espoir de renaissance spirituelle et politique de ce continent auquel ont échu en partage des fonctions hors du commun dans le concert des civilisations de notre monde.

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Pierre Antoine Plaquevent

Pierre-Antoine Plaquevent fait partie d’une famille idéologique souvent appelée « souverainisme européen ». Dans leur vision des choses, l’Etat-nation, devenu cible prioritaire des forces occultes mondialistes décidées à instaurer un gouvernement mondial, est le principal obstacle que rencontrent encore ces forces, la dernière redoute contre leur offensive. Je ne peux ici m’abstenir de mentionner au moins quelques-uns des auteurs de cette illustre génération à laquelle appartient Pierre-Antoine : Lucien Cerise, Pierre Hillard, Valerie Bugault, Youssef Hindi. Voilà pour ceux que j’ai déjà publiés aux presses de l’Université Populaire ; d’autres attendent encore leur tour, ou sont en cours de traduction. Et, puisque je viens de citer quelques-uns des intellectuels de première ligne du Paris universitaire non-aligné, ou du moins de la génération des cadets, je suis dans l’obligation de citer aussi quelques auteurs plus âgés, qu’on pourrait considérer comme précurseurs directs de cette génération : Jean Parvulesco (d’origine roumaine), Guillaume Faye, Alain de Benoist, Robert Steuckers, Michel Geoffroy, Jean-Claude Michéa, Ivan Blot,le père Jean Boboc (d’origine roumaine), Jean-Michel Vernochet, Philippe de Villiers, Hervé Juvin, Marion Sigaut, Philippe Beneton, Chantal Delsol et, bien entendu, l’infatigable dissident, sociologue et écrivain, affublé par la nomenclatura de la correction politique de toutes les étiquettes possibles et imaginables : Alain Soral.Cette liste,sans aucune prétention de classement, est celle d’auteurs de premier plan de la France actuelle ; elle n’est présentée ici que dans l’espoir de voir les lecteurs de la présente préface se mettre en quête de leurs livres.

Pour esquisser le profil de cette série d’auteurs extrêmement divers et originaux, et qui pourtant présentent des points de résistance communs dans leurs visions du monde respectives, il faudrait commencer par remarquer que le courant de pensée qu’ils incarnent trouve son origine dans une réaction contre la rupture introduite dans le monde occidental par ce qu’on appelle « les Lumières », et par la Révolution dite française. Ainsi donc, par allusion au titre du célèbre ouvrage de Julius Evola, on pourrait soutenir que ces auteurs représentent une« Révolte contre le monde moderne ». Traditionnaliste, conservatrice, antilibérale et anticapitaliste, leur école de pensée pourrait être brièvement caractérisée de la façon suivante :

Elle se prononce contre :

     la subordination du politique à l’économique – c’est-à-dire la réduction de l’acte de gouvernement à une simple gouvernance,réduite à merci par l’expertocratie, et celle des collectivités humaines organiques à une simpleagglutination d’atomes dans le cadre de la « démocratie de marché » ;

     la domination des Etats-Unis d’Amérique sur l’Europe (dont la partie occidentale leur a été vassalisée à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale) ;

     l’OTAN, comme structuredésuète qui a perdu sa raison d’être à la fin de la Guerre Froide, avec la disparition du Pacte de Varsovie, et qui fonctionne comme simple prête-nom de l’hégémonie américaine ;

     la suprématie des euro-bureaucrates de Bruxelles sur les Etats-nations ; l’UE est considérée comme un projet anti-européen, antinational et anti-chrétien, qui annihile la souveraineté de ses Etats-membres ;

     « le moment unipolaire » qui a commencé lors de la chute de l’URSS, et auquel ces auteurs souhaitent voir succéder un nouvel ordre des relations internationales : l’ordre multipolaire ;

     la monnaie unique EURO (qui provoque de graves dommages dans l’économie de tous les Etats-membres, au profit de la mafia financière mondialiste) ; ces auteurs se prononcent pour le retour aux monnaies nationales comme élément fondamental de l’indépendance économique ;

     la disparition de l’argent liquide et la généralisation des puces implantées dans le corps des citoyens, sous prétexte de confort du consommateur, mais en vertu d’un objectif réel qui est l’instauration d’un contrôle total sur la population de la planète ;

     l’usage de l’argent comme mesure de toute chose, contre le techno-capitalisme, aussi connu sous le nom de turbo-capitalismeou capitalisme des désastres – le mot-clé est ici : le capitalisme comme mal en soi ;

     le libre-échangisme, la nomadisation des peuples, des capitaux, des biens et des services dans le cadre d’un système mondialiste hyperlibéral ;

     la société de consommation, l’individualisme, le libéralisme philosophique, politique et économique, etc..

Ces intellectuels français de premier plan sont, pour la plupart, activement engagés dans la lutte pour ce qu’on appelle désormais le Frexit, sur le modèle du Brexit britannique, étant donné que, de leur point de vue, l’UE est une structure irréformable. Pour tout citoyen de l’ex-URSS, le parallèle s’impose tout naturellement : le ridicule dont se couvrait Gorbatchev à l’époque de la Perestroïka avec son slogan « Une Union réformée, un parti réformé ! » (alors même que l’empire soviétique rendait l’âme) n’a d’égal que le comique des eurofanatiques agrippés au drapeau de la pérennité de l’UE.

skanirovanie0001-768x1103.jpgSignalons au passage – car cela n’a rien d’un hasard – que des membres de ces deux générations de la dissidence française figurent aussi parmi les voix les plus écoutées parmi celles que rassemble à intervalles plus ou moins réguliers le Forum de Chișinău, une plateformeinternationale de discussion dont la visibilité augmente d’année en année dans divers pays du monde. C’est ainsi que l’exposé présenté par Pierre-Antoine Plaquevent, par exemple, dans le cadre de la session du 21 septembre 2019 était intitulé« Multipolarité et société ouverte : réalisme géopolitique versus utopie cosmopolite. Pluriversum vs universum » – un texte de référence, qu’on gagnera à étudier attentivement (https://flux.md/stiri/chisinau-forum-iii-pierre-antoine-plaquevent-discurs-video).

Ainsi donc, le livre de Pierre-Antoine Plaquevent présente unesynthèsedes origines intellectuelles du « phénomène Soros », des instruments qui lui ont permis d’accumuler des ressources financières astronomiques et d’étendre ses tentacules à l’échelle mondiale. Aujourd’hui, le nom du sinistre George Soros est sur toutes les lèvres. C’est lui qu’affronte le président américain Donald Trump, c’est contre lui que se bat le premier-ministre hongrois Viktor Orbán, c’est lui que maudit le leader panafricain Kemi Seba (https://www.facebook.com/watch/?v=10155199656817082), lui que vise dans ses textes le philosophe russe Alexandre Douguine, lui que critique le formateur d’opinion géorgien Levan Vassadze, c’est à son propos qu’ironise le célèbre politicien et activiste arménien David Shahnazarian. Dans le monde entier, là où vibre encore l’esprit de résistance face au rouleau compresseur mondialiste, des hommes politiques et des journalistes honnêtes, des activistes de la société civile et des auteurs en sciences humaines et sociales considèrent George Soros comme l’ennemi public numéro un.

De la « doctrine Soros », comme d’ailleurs de l’impérialisme américain dans son ensemble, on peut dire, pour les caractériser, qu’ils ont la tromperie pour base. C’est-à-dire qu’ils avancent masqués, sous couvert de bonnes intentions, comme la défense des droits de l’homme, de la démocratie, de la justice et des autres mythes fondateurs de l’Occident, afin d’endormir la vigilance du public et d’obtenir son consentement à la réalisation de leurs plans véritables, perfides tout autant que pervers. De ce point de vue : rien de nouveau sous le soleil. Toute guerre – même une guerre sans déclaration de guerre et sans forces militaires, comme celle que mène Soros – obéit aux lois de la guerre. Or, le vénérable chinois Sun Tzu ne disait-il pas que « l’art de la guerre tout entier est fondé sur la tromperie » ? Il faut donc croire que, si les moyens évoluent, les buts de guerre restent bien les mêmes : conquérir un peuple, pour le soumettre à une domination exercée au profit des vainqueurs.

En Roumanie, on a déjà beaucoup écrit, et l’on continue à écrire souvent sur les réseaux d’influence et les serviteurs – qu’ils soient issus des « ONG » ou de la faune politique classique – de ce fer de lance de forces occultes qui apparaissent rarement dans le champ de vision du public. Le présent ouvrage contient d’ailleurs un chapitre entier consacré à la Roumanie. En République Moldave, en revanche, il semble que seul le politologue Bogdan Tîrdea se soit sérieusement occupé de décrypter toute l’intrication des radicules de l’expertocratie et de la médiocratie sorosiennes locales, de ce nuage de sauterelles boursophagesqui étouffe l’espace public de leur omniprésence paralysante. Autrement dit : l’ignorance du grand public moldave en matière de guerre cognitive, de mind control, d’ingénierie sociale et autres instruments de façonnage de la « pensée unique » est tout simplement alarmante. D’où, justement, notre effort de traduction et de publication de livres comme le présent ouvrage, visant au « désenchantement » du lecteur, à lui permettre d’échapper à la magie du discoursdominant, en lui rendant sa capacité d’interprétation profonde et complexe de la réalité.

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Dans tous les pays où elles sont présentes, les Fondations Soros, l’Open Society Institute, l’Institut pour les Politiques Publiques, ainsi que tout autre organisation financée par ce magnat et ses congénères (qu’il s’agisse de structures privées, publiques nationales ou publiques internationales) représentent en réalité des réseaux destinés au recrutement de mercenaires d’élite, grassement payés pour exercer une influence décisive sur le mental collectif. Ainsi, un pays indépendant ne peut que chercher à exclure de son territoire les agissements de cette pieuvre criminelle. En ce sens, même les Etats-Unis, patrie adoptive de Soros, ne sont en réalité qu’une semi-colonie, un Etat captif contrôlé par la cleptocratie nichée dans les tanières de « l’Etat profond » (deep state), avec une démocratie de vitrine à la merci des maîtres du grand capital.

A l’heure actuelle, par conséquent, l’émancipation de tout pays implique nécessairement l’éradication de ces troupes d’occupation non-militaire, productrices de dommages infiniment plus graves que ceux que pourrait entraîner une présence militaire étrangère de type classique. En la matière, c’est une fois de plus le leader hongrois Viktor Orbán qui montre l’exemple à suivre. Lui et son équipe ont en effet réussi à mettre en fuite le magnat d’origine hongroise, et font entendre depuis les tribunes internationales une plaidoirie à visage découvert contre ce nouveau type d’agression à l’encontre des peuples, de corruption des élites politiques et d’imposition d’un agenda réellement catastrophique en matière de politiques publiques.

En République Moldave, néanmoins, les réseaux Soros continuent à mener le bal de la vie publique. Et ce, en premier lieu, du fait de la plus grande réussite de cette cohorte de laquais du capital étranger : avoir réussi à garder son masque d’honorabilité, d’altitude intellectuelle, voire de supériorité indiscutable par rapport à tout membre ou participant non-affilié de la classe politique ou du débat public. Le grand public ne parvient pas même à voir en eux l’équipe soudée qu’ils constituent de facto, en raison de la subtilité avec laquelle ces derniers se partagent les rôles et se cachent derrière une multitude de titres grandiloquents, de noms d’ONG aux objectifs tous plus nobles les uns que les autres, charitables et d’une grande utilité sociale. Ce sont donc toujours eux qui distribuent des notes de conduite aux politiciens moldaves, eux qui vérifient la régularité des élections, et encore eux qui truquent les sondages de campagne électorale pour favoriser les entreprises politiques des marionnettes de l’Occident.

Soir après soir, année après année, avec méthode et méticulosité, ces putes de luxe du grand capital occidental remplissent les plateaux des chaînes de télévision moldaves, ensorcelant le téléspectateur au moyen de la même fable interminable, et finissant par réussir à leur inoculer une certaine perception de la réalité, qui devient purement et simplement axiomatique. Et l’état de fascination des téléspectateurs annule en eux jusqu’à la dernière ombre de raison autonome, créant ainsi le terreau fertile propice à l’exercice du néo-chamanisme européiste.

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Dans cette guerre cognitive totale, pour avoir la moindre chance de gagner, il est absolument nécessaire d’être d’abord conscient de vivre en état de guerre, en qualité de cible des ennemis situés de l’autre côté de l’écran des télévisions. Or, compte tenu de l’ignorance presque totale du grand public, l’agresseur domine sans partage le champ de bataille, étant donné qu’il est en mesure de transformer le gros de la population en « idiots utiles » à sa cause. Dans ces conditions, le processus d’uniformisation par lavage de cerveau et dressage systématique des acteurs politiques ayant affecté l’intégralité du spectre politique, notre vie publique ressemble à l’agitation d’une poignée de cafards dans un bocal. Qu’importe désormais qui gagne les élections, et qui les perd ? Ce qui compte véritablement, c’est que tous ces rouages insignifiants du Système continuent à se mouvoir à l’intérieur de l’enclos, sans franchir la ligne de démarcation qui assigne ses limites à la vie politique de notre pays.

Soros est le porte-parole d’une entité, d’un monde financier qui est en même temps un dispositif de combat, et auquel, depuis quelques années, s’attache le nom générique de corporatocratie. Le titre célèbre de l’ouvrage de l’américain David C. Korten, Quand les multinationales [en anglais : « corporations »] gouvernent le monde (1994), nous donne l’occasion de souligner que nous avons à faire à un sujet non-étatique, dont la force d’influence dépasse de loin celle de n’importe quel état, à un acteur international d’un poids incroyable, disposant d’une capacité de corruption colossale dans le cadre d’organisations comme l’ONU ou l’UE. C’est à juste titre que, depuis des tribunes officielles, le premier ministre hongrois Viktor Orbán a décrit ces deux structures internationales comme « les institutions les plus corrompues du monde ».

En l’espace de quelques décennies, cegangster ducapitalisme spéculatif a réussi à assener des coups étourdissants à l’économie de toute une série de pays – de la Grande-Bretagne à la Malaisie – au moyen d’opérations financières sophistiquées qui l’ont propulsé sur la liste des milliardaires les plus riches de la planète. Soros est donc l’une des figures emblématiques de cette classe de banksters qui a profité de la déréglementation néolibérale, et de l’annihilation par cette dernière de la souveraineté économique des Etats.

Passons juste en revue quelques-uns des éléments-clé de l’idéologie de Soros et des actions promues par ce dernier et ses acolytes partout dans le monde :

   La « Société ouverte », concept-clé repris à son mentor Karl Popper, implique pour Soros la mort des Etats-nations et leur dissolution dans un creuset (melting pot) mêlant tous les peuples, toutes les civilisations, toutes les cultures et toutes les religions sous l’égide d’un Gouvernement Mondial ;

   En relations internationales, la position de Soros est solidaire de celle du complexe militaro-industriel américain, qui, chapeauté par la CIA et les autres services secrets atlantistes, promeut une hégémonie américaine absolue dans un monde unipolaire, des interventions armées sous des prétexteshumanitaires et des guerres de changement de régime (”regime change wars”) ;

   La distribution des rôles en géopolitique mondiale se fait en noir et blanc : les rôles positifs sont réservés au bloc occidental (USA, OTAN, UE) et, accessoirement, à des pays vassalisés qui font vœu d’obéissance et voient dans leur vassalisation un cadeau du ciel ; les rôles négatifs, eux, reviennent à des pays qui refusent de sacrifier leur souveraineté sur l’autel du mondialisme (Russie, Chine, Iran, Syrie) ;

     Sur le plan économique, promotion – conjointement au FMI, à la Banque Mondiale, à l’OMC, à l’UE et aux autres instruments de la corporatocratie – des dogmes du néo-libéralisme (dits aussi Consensus de Washington ou école de Milton Friedman) : déréglementation, libre-échange, financiarisation de l’économie, limitation des compétences des gouvernements nationaux à un minimum (small government), refus du contrôle des banques centrales par les autorités nationales (adoption de dispositions constitutionnelles imposant la soi-disant « indépendance » desbanques dites nationales), accueil des prêts externes présentés comme des bienfaits dus à la magnanimité de « partenaires de développement » (nouveau nom de code des colonisateurs économiques) ;

     En politique, l’élément prioritaire est l’uniformisation des perceptions concernant le phénomène économique, autour des dogmes néo-libéraux décrits ci-dessus. De ce point de vue, le nom des chefs et des partis qui gouvernent un pays n’a plus d’importance : quels qu’il soient, ces derniers vont de toute façon promouvoir aveuglement les politiques du colonialisme économique et le jeu de la grande finance internationale. D’où aussi l’idée selon laquelle « tout ce qui est bénéfique pour l’Amérique est aussi bénéfique pour notre pays » ;

     Dans le domaine des guerres cognitives, la pieuvre Soros a entre autres pour objectif de vous inoculer l’idée selon laquelle la démocratie libérale, avec son suffrage universel, son individualisme, l’avidité et l’obsession de l’enrichissement comme principales vertus du capitalisme, et avec les droits de l’homme comme religion d’Etat,constitue un modèle sacro-saint, indiscutable et pérenne (« Il n’y a pas d’alternative », comme disait Margaret Thatcher :„There Is No Alternative”) ;

     Le caractère séculaire de l’Etat, aussi connu sous le nom de « laïcité » (et inspiré de la « mystique de la laïcité » dont parle Youssef Hindi) est exacerbé, la persécution des églises devenant le passe-temps favori des bandes de mercenaires de la « société civile » et de leurs complices des médias corrompus. La « Religion républicaine » issue de la Révolution dite française fait elle aussi partie des dogmes incontournables de ce type de société à prétentions universelles ;

     La volonté obsessive d’effacer toutes les caractéristiques de l’identité collective des peuples, en provoquant, au moyen de vagues d’invasions comme la récente « crise des migrants », un remplacement programmé des populations indigènes de l’Europe (un véritable ethnocide non-violent, donc), au profit de populations allogènes qui forment le précariat docileetmanœuvrable du grand capital (le « Grand Remplacement ») ;

     L’essence maléfique de ce tsunami civilisationnel transparaît aussi dans les autres objectifs prioritaires de son action néfaste :suicide assisté et euthanasie, encouragement à l’avortement, légalisation des drogues, flicage de l’enfance par des institutions prétendument sociales comme le Barnevernet norvégien (retirer les enfants à l’autorité des parents, conflictualiser les relations entre ces derniers en vue de transférer à la « société ouverte » le rôle de l’éducateur), promotion du féminisme comme idéologie créatrice d’hostilité entre hommes et femmes, théorie du genre niant le caractère de donné naturel du sexe, qui serait une question de choix individuel, homosexualité, « mariages gay », procréation artificielle et, en bout de course, transhumanisme.

Dans cette guerre spirituelle totale, chacun doit donc choisir en connaissance de cause. Or notre auteur est parfaitement conscient du fait que l’adoption d’une perspective interprétative strictement positiviste limiteraitou déformerait la compréhension de son objet de recherche. C’est précisément pour cela qu’il recourt à une lecture spiritualiste, métapolitique, proche du concept de théologie politique de Carl Schmitt. Ainsi, partir de la vision chrétienne permet de révéler le caractère inversé de la « société ouverte », et donc son essence pardéfinitionsatanique, antithétique à la création divine.

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Le moment vient tôt ou tard, pour chacun d’entre nous, de faire son choix :au milieu de cette gigantomachie apocalyptique, il faut passer soit à la droite, soit à la gauche de la Vérité. Telles étaient aussi les paroles du Sauveur : « Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre.Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. » (Matthieu 6:24).

En d’autres termes : pour être capable de déchiffrer facilement l’essence maléfique des machinations d’un personnage comme Soros, on doit disposer d’un système de référence limpide, solide, et même immuable – la vision chrétienne, et, plus largement, la vision religieuse du monde. Seul un tel système nous permet d’interpréter la réalité à partir d’une grille de lecture fondée sur le respect de normes stables, qui font partie de notre identité profonde. Et ce, parce qu’un esprit déconnecté de la source supérieure de la lumière divine, de la véritable connaissance mystique, restera à tout jamais dans les limbes de l’approximatif et de l’erreur irrémédiable.

Et comme nous vivons une époque dont le transcendant a été banni, il s’avère que nous sommes pour la plupart totalement vulnérablesface aux offensives de la « société ouverte ». Dans un monde tombé dans l’immanence et inondé de relativisme, tout se liquéfie, se dissout, s’efface : traditions, hiérarchies, systèmes moraux, identités collectives, attachements durables, appartenance à des groupes comme la famille, la nation, la religion, le territoire (l’espace sacré des ancêtres). Dans de telles conditions, le virus mortel Soros trouve un terrain idéal pour se propager à l’échelle mondiale. Et les pays qui cherchent à lui résister sont relégués dans la catégorie des « sociétés fermées », des « Etats voyous », où le stratège Soros s’emploie à tendre les filets d’une nouvelle « révolte populaire pacifique contre la dictature et pour la démocratie ».

En ce sens, le « phénomène Soros » peut être considéré comme un aboutissement logique de la chute dans la Modernité comme révolution anthropologique radicale. Placé au centre de l’univers par les philosophies anthropocentristes, l’homme d’aujourd’hui prend le visage hideux de Soros, qui semble sorti tout droit des caprices de Goya ou desténèbres cauchemardesques de l’Hadès, peuplées de monstres épouvantables. Son masque funeste s’intègre au portrait de groupe de la gérontocratie bancaire internationale, qui se rêve Gouvernement Mondial, fourré dans ces clubs pour élites démoniaques que sont la Commission Trilatérale, le Club Bildelberg, le Forum de Davos etc..

L’effort entrepris par Pierre-Antoine Plaquevent mérite tout notre respect. Il témoigne d’un esprit de croisé, engagé en première ligne du combat contre «le mystère du mal» – l’esprit d’un homme pour qui l’aventurede ce combat représente le sens même de l’existence. Et dans les mains duquel le présent ouvrage constitue une arme, l’épée qui éventre les ténèbres, ouvrant la voie au jaillissement de la lumière.

Iurie Roșca

"Nouvelle histoire de la Révolution française" par Jean-Clément Martin

Jean-Clément Martin, avec le talent qu’on lui connaît, arrive à décortiquer les passionnants faits historiques qui marquent encore durablement la société française du XXIe siècle. En France, il demeure toujours difficile d’aborder sereinement les nombreuses questions soulevées par les événements liés à la Révolution.

Pourquoi, plus de deux cents ans après 1789 et la mort du roi Louis XVI survenue le 21 janvier 1793, en sommes-nous encore là ? Dès les premières lignes l’auteur livre une intéressante réflexion : « La Révolution fascine ou dérange. Qu’elle soit morale, sexuelle, économique ou politique, elle porte un imaginaire qui séduit ou révulse mais ne laisse jamais indifférent ».

En même temps, comment en serait-il autrement ? 1789 semble être l’horizon indépassable pour l’écrasante majorité des acteurs de la vie politique française, comme si de 496 – date du baptême de Clovis – au 5 mai 1789 – ouverture des États Généraux –, il n’y avait presque rien eu entre-temps. Pourtant, Martin rappelle que « même si la France continue de se dire Patrie des droits de l’homme, elle se réclame moins de son héritage révolutionnaire qu’elle ne le fit jusqu’au milieu du XXe siècle. »

9782262081515ORI.jpgLes raisons de ce relatif abandon intellectuel sont multiples : mondialisme, faiblesses intellectuelles et historiques chez la grande majorité du personnel politique et l’inventaire de la Révolution est de plus en plus connu… Cela étant, un homme situé à l’extrême gauche de l’échiquier politique républicain n’a pas hésité, tout récemment, à commettre une œuvre dans laquelle il assume se reconnaître dans l’héritage jacobin.(1)

Quoi qu’il en soit, la France républicaine reste imprégnée par la Révolution, et l’auteur écrit, avec selon nous une pointe d’ironie, que « son hymne national, qui revendique de faire couler le sang de ses ennemis dans les sillons, est toujours chanté dans les stades du monde entier ». Nous citerons également, entre autres : la Marianne, la devise Liberté-Égalité-Fraternité inscrite aux frontispices de nombreux bâtiments, officiels ou non, autant de symboles qui démontrent tous la mainmise idéologique de la Révolution sur la France contemporaine.

De fait, ce n’est donc pas un hasard si « la force de cet imaginaire est telle que l’année zéro des temps modernes français est toujours identifiée à 1789. Tous se rejoignent sur ce point, qu’ils regrettent la monarchie idéalisée, qu’ils voient 1789 ou 1793 comme la première marche vers le totalitarisme, ou bien au contraire qu’ils demeurent convaincus que 1789 jette les bases d’une ère nouvelle pour l’humanité, ou qu’ils puisent plus simplement dans les rebondissements des événements révolutionnaires des enseignements pour aujourd’hui. »(2)

Pour comprendre les bouleversements historiques, encore faut-il prendre le temps de les analyser loin des passions. Effectivement ces dernières obscurcissent souvent la vue et embrument les capacités de réflexion. Martin estime que « c’est le processus révolutionnaire lui-même qui est à examiner pour ce pour quoi il se donne : une inventivité politique, économique, sociale, religieuse, culturelle, qui commence sous l’effet des expériences européennes et américaines dans les années 1785-1787 et qui est accompagnée, en permanence, par les contre-courants provoqués en retour. »

Pour saisir l’essence de la Révolution, il faut constamment avoir à l’esprit comme le dit Martin que « la Révolution est dans cette optique une création et une affirmation ininterrompue d’expériences, créant une attente à jamais insatisfaite et une angoisse de l’échec. »

Très rapidement, les révolutionnaires en sont venus à se poser la question suivante : « Comment finir la révolution ? », car le vide institutionnel créé par la mort de Louis XVI fut en définitive difficile à combler, comme beaucoup s’en aperçurent, souvent à leurs dépens.

La période Révolutionnaire fut marquée par la guerre intérieure et aux frontières, par des exécutions officielles – approuvées par l’État de droit(3) – et non officielles – violences des populations non encadrées par les différents gouvernements révolutionnaires – ainsi que par des rivalités politiques très puissantes. Martin n’entend bien sûr pas fermer les yeux sur ces nombreux épisodes : « Il ne s’agit pas d’exonérer les acteurs de leurs responsabilités. Ce qui est en jeu est la compréhension des moments révolutionnaires, de ces périodes pendant lesquelles des façons de voir s’imposent, des groupes s’emparent du pouvoir, des personnalités sont reconnues et suivies. »

L’intention de Martin ne repose pas sur la volonté de défendre ou d’attaquer la Révolution : « Le but du livre a été d’inscrire ces moments dans la période révolutionnaire tout entière – ce que Maistre appelait l’époque – en respectant les engrenages minuscules qui ont régi les rapports entre les individus et les groupes. »

Après une lecture attentive et critique, nous pouvons dire que l’objectif est atteint, même si nous ne suivons pas l’auteur dans toutes ses intuitions et analyses.

Martin nous présente en effet une étude passionnante et réellement originale sur la Révolution française. Nous saluons son érudition et surtout son grand talent de pédagogue pour expliquer des situations complexes dont le profane ne mesure pas toujours les implications puissantes. La bibliographie se montre conséquente et exhaustive. Elle permet de repérer d’excellents ouvrages pour creuser les sujets qui nous intéressent. L’auteur ne se départit jamais de son rôle d’historien et, quand il analyse les faits historiques, il ne défend pas une cause politique. Il énonce même que la révolution – mais par le haut ! – fut initialement lancée par Louis XV, et maladroitement reprise par Louis XVI…

La suite est connue : révoltes, Révolution, espoirs de la mise en place d’une société nouvelle et d’un Homme nouveau, libéralisation de la violence, stabilisation des institutions qui restent malgré tout fragiles, pour finir par Bonaparte prenant le pouvoir. Onze ans après avoir tué leur roi, les Français voyaient à Paris un étrange paradoxe : un général de la Révolution – soupçonné un temps d’avoir été jacobin – devenir Empereur en présence du Pape Pie VII. Quel roman que l’histoire française, pour reprendre une phrase très connue de Napoléon…

Pour conclure, rappelons que dès le début des émotions populaires, l’attente exprimée par les Français vivant à l’heure de ces soubresauts politiques atteignait des sommets. Martin note qu’il n’y a «  pas lieu de s’étonner que nombreux soient ceux qui, au moment de l’ouverture des États Généraux en France et surtout après la prise de la Bastille, parlent de l’heureuse révolution qui se déroule sous leurs yeux ». Leurs espoirs seront douchés. Cela arrive généralement quand on accorde – trop légèrement ? – sa confiance aux politiques.

Nous laissons le mot de la fin à l’auteur : « Le scandale de la Révolution tient depuis la fin du XVIIIe siècle à ce qu’elle a été « une promesse dont l’échec est inscrit dans la nature même de la promesse » pour reprendre une formule saisissante de M.-C Blais. »

Rien à ajouter !

Notes

(1) Alexis Corbière, Jacobins !, Paris, Éditions Perrin, 2019

(2) Jean-Clément Martin, Robespierre : la fabrication d’un monstre, Paris, Éditions Perrin, 2016

(3) État de droit révolutionnaire, notion difficile à discerner, à défendre et à légitimer au vu des différents coups de force (parfois meurtriers) opérés par les révolutionnaires pour s’approprier le pouvoir et le garder…

 

Turquie : le migrant, ce boulet (de canon)

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L’ANTIPRESSE 224

LE BRUIT DU TEMPS par Slobodan Despot

Turquie : le migrant, ce boulet (de canon)

La guerre lancée ces derniers jours par la Turquie contre le continent européen est inédite. Même Jean Raspail, dans sa vision de cauchemar du Camp des Saints, n’avait pas envisagé que les déracinés débarquant par bateaux soient poussés dans le dos par des baïonnettes. Or c’est ce qui est en train d’arriver aux frontières de la Grèce.

Dans un entretien diffusé sur CNN, le ministre de l’intérieur turc Süleyman Soylu déploie un diagramme en se pourléchant les babines : c’est la statistique du flot humain qu’il s’apprête à lâcher sur l’Europe pour la désunir et la déstabiliser. C’est ce même ministre qui, en 2017, avait menacé de « distiller » vers l’Europe 15000 migrants par mois. Ayant déjà obtenu 6 milliards d’euros de l’UE pour contenir ses 3,6 millions de malheureux, la Turquie se livre au chantage classique, utilisant une masse humaine comme outil d’extorsion.

Le ciel a bien changé depuis l’an 2015 où Mme Merkel, sans l’aval de ses partenaires européens, avait ouvert les bras au flot humain en répondant « on y arrivera » («wir schaffen das») à qui s’inquiétait de cette démarche imprudente. S’en est suivie une expansion décomplexée de l’AfD. À l’époque, au moins, quelqu’un les avait invités sur le Vieux continent. Aujourd’hui, c’est l’inverse : on les y pousse de force. On les entasse dans des autocars et on les fait débarquer, pistolet en main, devant les barbelés de la frontière grecque. Le caractère forcé du mouvement est attesté par les ONG et leurs avocats : « Environ 300 migrants du centre de rapatriement d’Akyurt à Ankara ont été transportés à la frontière contre leur volonté dans la nuit du 29 février, a déclaré le 4 mars Sadik Onur Gelbal, président du centre des droits des migrants de l’association du barreau d’Ankara. Selon un migrant encore présent dans le centre, seuls 7 migrants sont restés dans le centre après avoir résisté à l’expulsion. Les avocats n’ont pas été autorisés à le visiter. »

Piteux devant les forts, arrogant devant les faibles, Erdogan se défoule sur l’UE de l’humiliation subie sur le terrain en Syrie puis, le 5 mars dernier, à Moscou. Il profite du désastre humanitaire d’Idlib pour « dégazer » une réserve de réfugiés qui n’ont rien à voir avec ce front-là (Afghans et Pakistanais pour la plupart). Et il ne les envoie pas n’importe où.

A Andrinople (Edirne), le principal point de sortie, Bulgarie et Grèce sont à même distance ou peu s’en faut. Mais le Sultan ménage la Bulgarie qui lui a rendu de pas si menus services lors de la tentative de coup d’État de 2016, en renvoyant ses opposants gülenistes se faire peler le jonc à Ankara. Surtout, il sait que la Grèce est un maillon faible et marginalisé de l’Europe. Et il profite de l’occasion pour régler des comptes historiques avec le voisin qui incarne au plus profond la civilisation qu’il veut abattre. La guerre est donc déclarée en mer Égée.

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Situation inédite, l’humain n’y sert plus de chair à canon, mais carrément d’obus — ou de bélier. Les migrants déferlent sur les barbelés, les gardes-frontières sont débordés, les paysans grecs patrouillent en armes de l’autre côté ou pulvérisent du lisier de porc sur les clôtures pour tenir à distance les mahométans. En mer, les vedettes turques cherchent à éperonner les patrouilleurs grecs pour créer l’incident militaire. C’est une diversion bienvenue après l’aventure avortée en territoire syrien, et une mise à l’épreuve cruelle d’une « unité » européenne dont tout le monde, à commencer par la Sublime Porte, sait qu’elle n’existe pas. D’autant moins qu’il s’agirait en l’occurrence de choisir entre A) la solidarité européenne et B) la cohésion otanienne. L’issue du dilemme ne fait aucun doute — sachant que l’option B ne se décide même pas à Bruxelles mais à Washington. Le satrape du Bosphore peut donc laisser s’ébattre librement sa queue de scorpion qu’il a dû rentrer entre les jambes devant les Russes. Comment ? L’Europe, terre de solidarité et d’accueil, ne veut pas accueillir ces misérables ? Elle foule aux pieds ses valeurs ? Les autorités grecques sont nazies, pas moins. Et vlan ! Un argument favori de nos démocraties qui leur revient à la figure en partant de l’angle le plus improbable. L’ogre qui leur reproche de ne pas être véganes ! En quelques jours, la Sublime Porte en aura fait davantage pour démanteler le village Potemkine européen que les eurosceptiques et brexiteurs réunis en trois législatures.

C’est dans cette ambiance crépusculaire que le couple Merkron va se rendre à la Porte douze jours après que la Porte se fut rendue au Kremlin. Saisissante ironie de l’histoire : le Saint Empire romain-germanique (Rome I) allant plier le genou devant Constantinople (Rome II) allant plier le genou devant Moscou (Rome III) (1). Car l’issue de la négociation fait peu de doute : Mme Merkel a déjà — mollement — levé son index dans la première mise aux enchères de stocks humains, en déclarant accepter un lot. Tout ce qu’elle et Macron espèrent, c’est que les 700 millions octroyés à la Grèce pour héberger les migrants suffiront à construire un glacis façon Sud-Liban dans les Balkans. Les risques de chantage seront plus contenables qu’avec les Ottomans.

La tractation serait déjà difficile sans les migrants : avec eux, elle devient désespérée. Avec une perversion sardonique, les Turcs ont parfaitement compris que la munition humaine était plus pénétrante face aux Européens que les obus à l’uranium appauvri. Elle les met en demeure d’abjurer le commandement premier de leur décalogue, décalogue qui au fil du temps s’est imprudemment réduit à cette seule ligne : « Tu accepteras l’Autre, toujours et en toutes circonstances, fût-ce au détriment de tes propres intérêts ! ». Si elle n’accueille pas ces surnuméraires, n’importe leur nombre, si elle se met à couler leurs embarcations comme le font les Américains dans le golfe du Mexique, l’UE cesse ipso facto d’exister. Voici donc les Européens réduits à accueillir les bras ouverts ce bombardement explicitement destiné à faire crouler leur forteresse. Il ne leur reste qu’à faire contre mauvaise fortune bon cœur. « Oh, le joli pavé qui nous arrive sur la tête ! Justement, il nous manquait une dalle dans l’allée... » Il y a à la fois une obscénité et une justice immanente dans la composition de ce tandem. L’obscénité, c’est que deux puissances de l’Ouest européen vont solder l’avenir du continent par-dessus les premiers concernés, les peuples balkaniques à qui l’on n’a rien demandé. La justice immanente, c’est qu’il s’agit des deux premiers coupables de la crise migratoire en Europe. L’Allemagne, pour avoir ouvert la boîte de Pandore en 2015. La France, pour avoir détruit la Libye, verrou de l’Afrique, et activement œuvré à livrer la Syrie laïque aux djihadistes (2). Provoquant un marasme de crimes, de terreur et d’exils.

Il faudrait être naïf pour croire, cependant, que les deux pèlerins iront à Byzance en s’écorchant les genoux. Nul doute qu’ils feront une fois de plus porter le fardeau à d’autres, à commencer par la Grèce officiellement promue parking à migrants (mais les tractations ont discrètement cours avec d’autres pays de la région dont la Serbie non-membre de l’UE). Comme au temps des guerres ottomanes, le Saint Empire cherche à se construire un glacis face au Turc. À cette différence près qu’au lieu de lever des troupes dans les Balkans, il essaie d’y caser les boucliers humains de l’envahisseur. C’est là que le grotesque vire au tragique. C’est tragique en tout premier lieu pour les êtres humains concernés, qui ne sont considérés comme tels ni d’un côté ni de l’autre.

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Dans les lointaines années 2000, au temps où la migration se « limitait » à des boat-people, la journaliste communiste Maria Pace Ottieri avait eu l’idée de s’embarquer à Lampedusa pour rencontrer ces humains face à face, un par un, et tenter de comprendre ce qui les motivait à tout lâcher — argent, travail, famille — pour rejoindre l’Europe au risque de leur vie. L’illusion de la prospérité occidentale, à leurs yeux, était plus puissante que tous les sacrifices. J’ai publié à l’époque son récit débordant d’humanité (et du reste primé en Italie), Une fois que tu es né, tu ne peux plus te cacher, dans l’indifférence totale des médias francophones. Dans les migrants, nos bien-pensants semblaient voir des icônes, des symboles et surtout des statistiques, mais y reconnaître un ingénieur, un infirmier ou un garçon de café semblables à ceux de chez nous semblait les incommoder. De cet échec éditorial, j’ai tiré une leçon précieuse. À l’époque déjà, ce n’étaient pas des hommes, mais des missiles. Utilisés, en l’occurrence, dans une guerre intestine de l’Europe contre elle-même.

Voici qu’on entasse ces humains-missiles dans cinq, bientôt dix ou vingt îles grecques, devenues camps provisoires — or on le sait bien, il n’y a que le provisoire qui dure. Voici Lesbos dévastée et transformée en lazaret. Lesbos, patrie de la sublime Sapho de Mytilène et de ces voluptés que l’islam, justement, voue aux gémonies : le saphisme et l’ouzo. Ce n’est pas seulement une question de territoire : c’est tout un pan de notre imaginaire commun, de notre conscience esthétique et culturelle, qui est saccagé comme les sites archéologiques d’Irak après le passage successif des GI’s et du djihad. Les uns comme les autres, les arrivants comme les indigènes, nous sommes victimes non d’un, mais de deux projets d’anéantissement de l’humain.

D’un côté, l’antihumanisme islamique. De l’autre, un logiciel interne au monde développé auquel le nivellement coranique va comme un gant. En 2018, trois ans après le « wir schaffen das » de Mme Merkel, alors que l’opération était pudiquement qualifiée de « demi-succès », le patron du patronat allemand semblait le seul à se féliciter de la manœuvre. « Je suis moi-même surpris que cela aille si vite », a affirmé le dirigeant de la fédération des patrons allemands BDA, Ingo Kramer dans une interview au quotidien régional Augsburger Allgemeine. « Sur les plus d’un million qui sont arrivés en particulier depuis 2015, 400.000 d’entre eux suivent une formation par alternance ou ont décroché un emploi. » Autrement dit, et dans le meilleur des cas, un migrant travaillait (ou se formait) pour en nourrir deux autres. On était bien loin de la solution au problème de nos retraites, invoquée comme motif de l’appel d’air. Cela eût-il été un plein succès que l’idée de déraciner des millions d’humains pour résoudre le problème économique d’une autre population serait profondément révoltante. Sans même parler de l’élément de contrainte (3).

Quoi qu’il en soit, le patronat reste bien content d’avoir toute cette masse de pression sous la main pour amener, in fine, les salaires et les conditions de travail à parité avec la Chine (son but probable quoiqu’inavoué). Entre le cynisme ottoman et le fonctionnalisme industriel, les conséquences sont les mêmes. Les peuples sont singuliers et conscients d’eux-mêmes, mais les masses interchangeables et malléables : remplaçons donc ceux-là par celles-ci, nous disent à la fois l’islam et le capitalisme globalisé. M. Macron® et Mme Merkel, lors de leur rencontre avec M. Erdogan, ne débattront au fond que d’une seule question : comment fondre une masse indistincte dans une autre masse indistincte. Chrétiens, prolétaires, Bavarois ou Pakistanais : les épithètes ne comptent plus. Nous ne sommes plus qu’une aire peuplée d’unités fonctionnelles. Le sultan Erdogan utilise peut-être l’humain comme boulet de canon. Mais l’idée ne vient pas de lui. Ce à quoi nous faisons face aujourd’hui n’a qu’une appellation adéquate : l’abolition de l’homme.

NOTES

  1. 1) Les prophètes de la Troisième Rome sont aux anges !
  2. 2) Je me souviens de ce débat littéraire avec Isabelle Hausser, à Morges en 2014, lorsque la romancière nous avait fièrement expliqué comment elle et son mari, Michel Duclos, le prodigieusement ignare ambassadeur de France à Damas avaient soutenu l’opposition « démocratique » syrienne qui devait s’avérer entièrement fantasmée.
  3. 3) Dans une interview accordée à Sept.info en 2016, Jean-Philippe Gaudin (actuel chef du Service de renseignement de la Confédération), alors patron du renseignement militaire, déclarait que « La migration forcée a toujours été une arme » et précisait que le rythme de l’intégration des migrants était la clef de son succès. Comment intégrer assez rapidement des flots d’arrivants, qui plus est forcés ?