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dimanche, 11 février 2018

J. F. Gayraud: finance mondiale et capitalisme criminel

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La Finance mondiale est-elle minée par le crime?

Entretien avec Jean-François Gayraud, auteur du livre
" Le nouveau Capitalisme criminel". Jean-François GAYRAUD
n'en démord pas : les économistes se trompent,
la crise économique n'est pas systémique
mais criminelle. Ce commissaire divisionnaire de la
Police nationale, ancien membre de la DST,
criminologue, proche du chercheur belge Paul JORION,
a un point de vue unique sur la crise financière.
L'actualité lui donne raison. Au Japon, le bitcoin est
en chute libre : et s'il s'agissait d'une
vaste escroquerie ? L'Escroquerie et le crime n'ont-ils
pas, de tout temps, accompagné la vie
économique? Jean-François Gayraud
dénonce cette criminalité dans un rapport.
 
 

JFG-2NCC.jpgJean-François

Gayraud :

l'économie mondiale

vue du côté de la criminologie (RFI )

 
Crises financières,
narcobanques,
trading de haute
fréquence...
Financiarisé,
mondialisé
et dérégulé à l'excès,
le capitalisme n'est-il pas
devenu criminogène ?
 
Invités :
 
- Jean-François Gayraud,
commissaire de la Police
nationale, et ancien
membre de la Direction
de la surveillance du
territoire, essayiste.
« Le nouveau capitalisme
criminel », éditions Odile
Jacob.
 
- Christian Chavagneux, rédacteur en chef adjoint
de la revue Alternatives Economiques. « La capture.
Où l'on verra comment les intérêts financiers ont
pris le pas sur l'intérêt général et comment mettre
fin à cette situation », éd. La Découverte.
 
- Jacques de Saint-Victor, historien. « Un pouvoir
invisible. Les mafias et la société », éd. Gallimard.
 

lundi, 11 mai 2015

X. Raufer: Cybercriminologie

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Entretien avec
Docteur en géopolitique et criminologue
Il enseigne dans les universités Panthéon-Assas (Paris II), George Mason (Washington DC) et Université de Sciences politiques et de droit (Pékin)
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr 
« La cybercriminalité plus dangereuse que le terrorisme ? »
 

1834415189.jpgDans votre dernier ouvrage consacré à la cybercriminalité, vous citez James Comey, patron du FBI : « Ce péril est si grave que, pour la seconde année consécutive, […] il surpasse à la fois le terrorisme, l’espionnage et, même, celui représenté par les armes de destruction massive. » Fichtre…

Comprenons le patron du FBI : il vit dans une société formatée par, et droguée à, la surenchère médiatique. Devant le gratin de la Silicon Valley, toute annonce en dessous de la première guerre (numérique) mondiale déclenche forcément des bâillements d’ennui.

Il n’empêche : le péril cybercriminel est réel. Aujourd’hui, le monde numérique, c’est la Banque de France moins les coffres-forts : d’ordinaire et le plus souvent, les pirates de tout poil n’ont qu’à se servir. L’an passé, un géant américain de la distribution s’est fait subtiliser quasiment toutes les données confidentielles personnelles de soixante-dix millions de cartes de paiement (en fait, toutes celles de son immense clientèle) – soit un tiers de toutes ces cartes en usage aux États-Unis. Récemment, on a vu le piratage de TV5 Monde : des heures durant, la capture d’un grand réseau télévisé, de ses serveurs et canaux de diffusion, de ses comptes sur les réseaux sociaux, etc. Pour la France, un « choc stratégique » aussi important dans le monde virtuel que les tueries de janvier passé (Charlie Hebdo, Hyper-Cacher, etc.) dans le monde physique.

Le récent piratage de la chaîne TV5 Monde que vous évoquiez à l’instant amène à poser cette question : la France est-elle bien protégée ?

La France manque d’un organe de détection précoce des dangers et menaces. Trop souvent, nos services officiels réagissent à un drame en cours, ou déjà commis, mais n’opèrent pas – ne savent pas encore, donc ne peuvent opérer – dans le registre du préventif. Or, la génération spontanée n’existe pas plus dans le domaine stratégique qu’en biologie. Tous préparatifs d’un acte sanglant comme l’attaque de Charlie Hebdo (dans le monde physique) ou de TV5 Monde (dans le cybermonde) laissent forcément des traces ; ce qu’on appelle des signaux faibles ou des « ruptures d’ambiance », analogues à ce que la sagesse grecque antique appelait des « épiphanies ».

C’est cela qu’il faut savoir déceler avant le drame. Dans les mois précédant le 11 septembre 2001, de multiples signes avant-coureurs furent signalés aux autorités. Mais ces signes n’ont pas été compris à temps. Pour l’essentiel, on a réalisé ce qu’ils annonçaient à partir du 12 septembre, la catastrophe survenue. C’est cela qu’il faut éviter. En matière stratégique, il faut simplement permettre à la France d’appliquer dans le concret un proverbe tiré de la sagesse populaire : « mieux vaut prévenir que guérir. »

D’un autre côté, face à ce « péril », grande est l’impression que les États concernés misent tout sur la « cyber-prédiction » ; comme s’il fallait s’en remettre uniquement à d’autres ordinateurs pour se défendre. N’est-ce pas un peu naïf ?

Question de génération : ceux qui nous gouvernent connaissent mal le cybermonde et les périls qu’il renferme. Notamment, ils ignorent tout de l’idéologie pernicieuse de Silicon Valley, un fort toxique cocktail de scientisme (Max Planck : « Seul le mesurable est réel ») et d’un hyper-libéralisme (dit « libertarien ») frisant l’anarchisme pur et simple. Dans la propagande de cet anarcho-capitalisme domine l’idée que seule l’informatique nous protégera des périls du monde. C’est affirmé avec une force inouïe : “There Is No Alternative”, en abrégé TINA. Ainsi, nous dit la Silicon Valley, l’avenir est dans le prédictif informatisé.

Or, c’est bien sûr absurde – car la véritable incertitude n’est pas plus modélisable aujourd’hui que du temps d’Aristote –, sinon tout le monde gagnerait à la loterie ou au tiercé. Ce sont ces fariboles, proches de l’escroquerie intellectuelle, que les géants de la Silicon Valley vendent aux gogos. Tout cela, je l’expose en détail dans mon dernier bouquin. Lisez-le, vous serez édifiés !

Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

lundi, 13 janvier 2014

Entreprises, risques criminels et communication d'influence: le décryptage de Xavier Raufer

Entreprises, risques criminels et communication d'influence:
le décryptage de Xavier Raufer

9782130620723FS.gif"Evolution des dangers et des menaces : ouvrons les yeux" : tel est le thème du colloque organisé au Sénat le 29 janvier prochain sous l'égide de l'Institut Jean Lecanuet, avec le concours scientifique du DRMCC, Département de recherche sur les menaces criminelles contemporaines de l'université Paris-II Panthéon-Assas. Présidée par Yves Pozzo di Borgo, sénateur de Paris, cette journée d'études est ouverte à tous sous réserve d'inscription préalable (programme ; inscription : inscription@institutjeanlecanuet.org ).

Interviendront lors de ce colloque Xavier Raufer, Jean-Marie-Bockel, David Naccache, François Haut, Pierre Delval, François Werner, Alain Bauer, Michel Quillé, Alain Establier, Régis Poincelet, Xavier Bertrand, ainsi que moi-même au nom de Communication & Influence, pour expliquer comment la communication d'influence peut aider l'entreprise à contrer les actions de déstabilisation, tout en optimisant son capital immatériel.

Dans l'entretien qu'il m'a accordé pour préparer cette journée, Xavier Raufer - docteur en géopolitique, co-directeur du DRMCC, enseignant à l'international (Chine, Etats- Unis...) - estime que les menaces criminelles concernent aujourd’hui prioritairement les sphères économique et financière. Et donc l'entreprise.

Bonne lecture, et une nouvelle fois, bonne année 2014 à tous !

Bruno Racouchot
COMES COMMUNICATION
tel : +33 (0)1 47 09 36 99 / mob : +33 (0)6 10 84 35 15
courriel : bruno@comes-communication.com
site : www.comes-communication.com
et www.www.communicationetinfluence.fr

vendredi, 05 février 2010

La fraude est un rouage essentiel de l'économie

« La fraude est un rouage essentiel de l’économie »

Pour [lui], la globalisation et l’effacement de l’Etat ont favorisé l’émergence d’un pillage sans précédent au coeur du système financier, organisé dans l’opacité et en toute impunité. Interview.

L’éclatement des bulles, technologiques ou financières, révèle nombre de scandales et de malversations, telles les affaires Enron ou Madoff. La financiarisation de l’économie s’accompagnerait-elle d’une nouvelle criminalité ? Pis, nous dit le magistrat, auteur de « L’Arnaque » (Gallimard), cette criminalité est partie prenante du système économique, dont elle est devenue « la variable d’ajustement et de régulation ». De quoi s’inquiéter !

Qu’est-ce qui vous permet de dire qu’une nouvelle criminalité, différente des mafias, a pénétré les circuits économiques ?

J’hésite à parler de délinquance ou de criminalité, car cela obscurcit le débat. Je préfère parler de fraude, de pillage ou de prédation.

La globalisation économique et financière a fait évoluer les frontières de la criminalité : à l’ancienne, de forte intensité et de haute fréquence, s’est superposée une fraude de plus faible intensité et de basse fréquence qui est facilement ignorée dans les analyses officielles.

Les techniques frauduleuses sont devenues des variables d’ajustement de l’économie globalisée, et même des modes de gestion de celle-ci, et pas seulement des malversations marginales.

Il ne s’agit pas du gangstérisme en col blanc des mafias ou des escrocs, mais d’un pillage de l’économie à travers le système financier. Cette prédation est, de la part des acteurs, un acte rationnel, même si elle aboutit à l’irrationalité quand le système s’effondre, comme dans la crise des subprimes.

Ces techniques sont donc frauduleuses sans être toujours délictueuses ?

Oui, parce que les réglementations étatiques se sont restreintes au profit de l’autorégulation des marchés, censés faire leur propre loi. Les Etats ont accepté que cette dernière se substitue à la leur, et ils ont perdu le contrôle des régulations.

Les acteurs de ces marchés peuvent violer – en général impunément – ce qu’il reste de lois étatiques quand elles les gênent. Les Etats sont dépassés par leur puissance et par leur inventivité. Souvent, les acteurs de ces marchés n’ont même plus de comptes à rendre et peuvent faire ce qu’ils veulent allégrement, dans une opacité totale, y compris en violant les principes selon lesquels ils prétendent fonctionner.

En quoi le scandale des savings and loans, aux Etats-Unis, a-t-il « introduit la criminalité comme mode de gestion » ?

Au début des années 80, on assiste aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne à la mise en place des premiers mécanismes de financiarisation de l’économie.

A l’époque, les savings and loans, des caisses d’épargne mutualistes qui permettaient l’accession à la propriété des classes populaires et moyennes, deviennent financièrement incorrectes, puisqu’elles sont hors du marché concurrentiel.

La remontée des taux, pour contrer l’inflation, et les mesures ultralibérales prises par Ronald Reagan vont placer les caisses d’épargne en faillite virtuelle. Or, ce système mutualiste était un moteur de l’économie américaine, puisqu’il soutenait le secteur de la construction : s’il s’écroulait, l’économie était menacée.

Le pouvoir politique va donc laisser les savings and loans devenir la proie des affairistes, des mafias, des escrocs et des politiques corrompus. Tout ce beau monde fait tourner l’argent et crée une bulle immobilière qui cache l’ampleur de la faillite frauduleuse.

Spéculations, escroqueries, banqueroutes, blanchiment, se mêlent à un rythme effréné, sous l’oeil indifférent des pouvoirs publics. Des experts ont estimé que 60 à 80 % des faillites des caisses étaient dues à des dérives criminelles.

Ce scandale a introduit la criminalité comme mode de gestion des crises. Il a été une sorte de transition entre un gangstérisme traditionnel et une criminalité financière intégrant la fraude comme élément de régulation au coeur des mécanismes économiques et financiers. L’Etat s’interdit d’intervenir, puisque c’est contraire à sa doctrine néolibérale, encourageant implicitement les pratiques frauduleuses.

Est-ce à dire que vous pensez que toute l’économie est « criminalisée » ?

Pas du tout. Je ne dis pas que l’économie est devenue entièrement frauduleuse, mais simplement que si on ne voit pas la fraude on ne comprend rien à ce qui se passe. Si quelqu’un a besoin de frauder, il fraude. S’il peut faire autrement que frauder, évidemment il ne fraude pas. Conclusion : la fraude est un acte de gestion comme un autre, ni plus ni moins.

On a beaucoup parlé du rôle de la banque américaine Goldman Sachs…

Elle a en effet d’abord joué le rôle de chef de file des manipulations du marché ayant favorisé la bulle Internet, qui succède à la crise des savings and loans. Elle s’est distinguée par exemple, à la fin des années 90, par une technique d’introduction en Bourse frauduleuse dite de l’ »échelonnement », qui lui vaudra une amende de 40 millions de dollars en 2005.

Mais elle n’est pas la seule. L’éclatement de la bulle Internet et le scandale Enron révèlent le rôle de JP Morgan, qui avait créé des sociétés offshore afin de faciliter les opérations illicites du spécialiste de courtage d’énergie. Elle devra payer une amende de 135 millions de dollars.

Loin d’être un scandale isolé, Enron est symptomatique des nouvelles pratiques, qu’illustreront encore les affaires WorldCom, Adelphia, Qwest ou Vivendi. Donner des informations erronées ou trompeuses sur la réalité de l’entreprise, avec la complicité des auditeurs, des comptables, des commissaires aux comptes, des agences de notation, grâce à la passivité des autorités de contrôle, est devenu pratique courante.

Warren Buffett en viendra, dès 1998, à déplorer que « beaucoup de PDG considèrent ces manipulations non seulement comme convenables, mais comme un devoir ». L’aspect structurel de la fraude lui ôte, aux yeux de ceux qui la pratiquent, toute connotation morale susceptible de les retenir peu ou prou.

En quoi ont-ils tous besoin de ces pratiques ?

Ils n’ont pas forcément besoin de pratiques frauduleuses, mais au moins de ne plus avoir de limites. Mettre des limites fait partie des fonctions des Etats, qui, malgré leur affaiblissement, veulent sauver les apparences.

On le voit avec le « cinéma » qui est fait autour des bonus des traders ou des paradis fiscaux. En réalité, la fiscalisation des bonus est facile à contourner, et la finance, contrairement aux fraudeurs fiscaux ou aux mafias, n’a pas besoin de paradis fiscaux ou judiciaires pour se dissimuler. Ce qui l’intéresse avant tout, c’est la protection réglementaire des places financières internationales où les régulations et les contrôles sont allégés, voire inexistants, sans qu’elle ait à se cacher.

Les Etats peuvent obliger les banques à augmenter leurs fonds propres, mais il suffit à celles-ci de domicilier leurs hedge funds dans les paradis réglementaires, où elles peuvent, en toute transparence, oublier ces contraintes. Ainsi, les Suisses, qui savent qu’à terme ils seront obligés de coopérer pour ce qui concerne la fraude fiscale et le blanchiment d’argent sale, continueront de proposer à la grande finance leur savoir-faire en matière de laxisme réglementaire.

Vous qualifiez le système financier mondial de « finance Ponzi », le modèle d’escroquerie sur lequel s’est organisé le fonds Madoff. N’est-ce pas un peu exagéré ?

Je ne suis pas le seul à parler de la finance Ponzi, qui est devenue le modèle du système financier. Les subprimes sont un schéma de Ponzi à grande échelle : les banques ont fait entrer les emprunteurs dans le cycle de la spéculation immobilière en leur promettant qu’ils en profiteraient.

On leur a dit : « Achetez une maison à 100, elle vaudra 120 dans deux ans. Si vous n’avez pas assez d’argent pour rembourser, on vous fera un nouveau prêt en réévaluant votre hypothèque. » Cela marchait tant que la bulle grossissait. Qui s’est enrichi ? Pas les emprunteurs, expulsés de chez eux. Mais les agents immobiliers et les financiers, qui faisaient croître la bulle financière en titrisant leurs créances.

Les profits des banquiers alimentent la bulle financière, qui, en retour, vient gonfler la bulle immobilière. Cette finance ne repose que sur elle-même, sur le crédit qu’elle octroie. Il n’y a aucune création de valeur. Le coup de génie, c’est que l’emprunteur entre dans une mécanique où il est à lui-même son propre escroc.

L’explosion des revenus des hauts dirigeants des entreprises et des banques a-t-elle quelque chose à voir avec cet envahissement de la fraude ? Peut-on parler de corruption ?

Les bonus sont parfaitement légaux, même s’ils participent au fonctionnement de la finance Ponzi, qui nous a fait basculer dans un univers de l’au-delà de la loi. La loi, c’est bon pour les citoyens ordinaires, rarement pour les acteurs de la finance.

Dans ces transgressions, le droit n’a plus guère de prise. Quand on a besoin de frauder, on fraude, et l’on n’a même pas mauvaise conscience, puisque le gain est devenu la seule mesure de l’utilité sociale. Que disent les banquiers ? « Nous avons gagné cet argent, nous pouvons donc en faire ce que nous voulons ! » Plus personne n’a de responsabilité. Si on fraude et qu’on se fait prendre, on paie une petite amende, et c’est reparti.

Jusqu’où peut se développer cette croissance par la fraude ?

L’affaire Enron et la crise des subprimes montrent que la finance Ponzi dispose de trois ressorts qui peuvent se combiner différemment : d’abord, des actifs insuffisamment valorisés, ou qui ne peuvent être rentabilisés par la seule application des lois du marché ; ensuite, des techniques de manipulation, de dissimulation comptable et de transgression des lois qui s’apparentent à de la fraude ; enfin, l’inventivité et la prolifération financières.

Ces trois ressorts de la finance Ponzi sont de nouveau à l’oeuvre dans la pseudo-reprise actuelle. L’immobilier n’offre plus d’actifs valorisables par des bulles. La finance s’est donc tournée vers les marchés d’actions et leurs dérivés, les matières premières, l’or, la dette des Etats, etc.

Comme la titrisation – cette invention géniale de la finance Ponzi – est en panne, ce sont les Etats qui alimentent directement, à fonds perdus, la nouvelle spéculation, de plus en plus opaque. Le secteur financier s’est concentré autour d’une poignée de mégabanques qui font la pluie et le beau temps face à des Etats démunis.

Croyez-vous vraiment que les Bourses mondiales sont euphoriques parce que l’économie se redresse ? Cherchez plutôt du côté des dark pools et des crossing networks, des flash orders ou du trading haute fréquence, qui sont entre les mains d’un tout petit nombre d’opérateurs, et vous découvrirez pourquoi Martin Bouygues ne comprend plus rien au cours de ses actions. C’est qu’il n’y a rien à comprendre : les cours sont manipulés dans l’obscurité la plus complète.

La finance mondiale me fait penser au ver-coquin, ce parasite qui se nourrit du cerveau des bovidés et meurt avec son hôte. Le système financier sera emporté avec l’ensemble de l’économie. A moins qu’il ne trouve une autre manière de s’alimenter, par exemple un conflit mondial, comme cela s’est produit après la crise de 1929. En vrai, a-t-on jamais vu mourir la finance ?

L’Expansion

jeudi, 17 décembre 2009

Questions internationales: mondialisation et criminalité

Dans les kiosques !

Impératif ! Lecture vivement conseillée !

Questions Internationales n°40 Novembre/Decembre 09 HQ [Hotfile]

mardi, 28 avril 2009

La mafia albanaise

La Mafia Albanaise

 

 

Tous les pays ont un “milieu” criminel. Peu nombreux sont cependant ceux qui ont suscité une authentique mafia, une société secrète permanente dotée de rites d’initiation, d’une loi du silence et pratiquant un recrutement clanique. La Cosa Nostra Sicilienne, les triades chinoises et les Yakuza japonais sont célèbres, mais on connaît mal en revanche la mafia albanaise, telle qu’elle opère dans ses fiefs d’Albanie, de Macédoine et du Kosovo, partout en Europe - et même en Amérique du nord. La drogue, la contrebande, l’émigration illégale, la traite des femmes - en un mot tout le répertoire des activités criminelles - sont parmi les rares industries à connaître un essor spectaculaire dans les Balkans. La mafia albanaise , crainte pour sa férocité, ses vengeances implacables, va même jusqu’à inspirer un grand respect aux puissantes familles mafieuses de Sicile. « Drogue, prostitution, cigarettes, trafic d’armes : la pègre est partout », se lamente l’ancien chef de la police de Vlora (Albanie). « La mafia contrôle à peu près un tiers de l’économie, ajoute un spécialiste de la Banque mondiale. Elle sera la grande gagnante de la crise »


Structure

Les mafieux Albanais sont soumis à un « code d’honneur », le Canon du 15ème siècle écrit par Leke Dukagjini. En plus du mariage, de la famille et de la propriété, il y est question d’honneur : il est impossible de revenir sur une parole donnée. Ce Canon a régi la vie quotidienne des clans du Nord et de l’Est du pays jusqu’au 20ème siècle et a codifié la pratique de la vendetta. Lors de la chute du communisme en 1990, les criminels dont la vie et les pratiques avaient peu changé depuis la Guerre Froide se sont convertis aux méthodes modernes. Ils ont traversé les frontières au début des années ‘90 et le mouvement migratoire s’est poursuivi même après la guerre du Kosovo. Ils ont commencé à travailler comme assistants dans des réseaux de trafic de drogue déjà existants dirigés par des Turcs et des Kurdes. D’après la police, ils sont rapidement parvenus à se tailler une place et faire valoir leurs « droits ». Les clans du crime albanais sont organisés selon les anciennes règles de la vie rurale. Le chef de chaque clan reçoit l’allégeance d’un groupe de vassaux qui ont souvent des liens de sang avec lui. Ils se réunissent en comité, nommé « Bajrak », où l’on discute de nouvelles entreprises. Par exemple, la somme nécessaire à l’ouverture d’une maison close à Soho sera fournie par les membres du comité et une partie des profits sera expédiée aux proches restés au pays.

La loi du silence est inviolable. Les Albanais ont quatre atouts dans leur manche : comme toute mafia florissante, ils bénéficient d’un lieu sûr dans leur patrie et d’une large diaspora ; leur pays se situe au carrefour des plus importantes voies du trafic de drogue ; leurs contacts avec l’Armée de Libération du Kosovo leur ont permis de se fournir en armes et, enfin, ils sont résolus à employer une violence extrême. (1)

Activités

La Mafia Albanaise contrôle plus de 70 % du marché de l’héroïne en Suisse, en Autriche, en Allemagne et dans les pays scandinaves, des milliers de prostituées “travaillant” dans des conditions horribles, de l’Italie à la Suède, des dizaines de commandos de cambrioleurs ultra-professionnels, formés d’anciens militaires ou policiers. En Angleterre, des Albanais, qu’ils soient originaires d’Albanie ou du Kosovo, sont soupçonnés par Scotland Yard de chantage, de possession d’armes et de vols qualifiés. (1) En fait, la Mafia Albanaise sévit dans six principaux secteurs d’activités : la drogue (principalement l’héroïne, dont l’acheminement passe par la « route des Balkans », à partir de la Turquie) ; la contrebande, qui a connu un essor considérable grâce à l’embargo contre la Yougoslavie depuis près de huit ans (principalement le trafic de cigarettes); la prostitution (les mineures sont enlevées dans les camps de réfugiés kossovars par leur compatriotes, en Albanie ou bien récupérées de force une fois acheminées clandestinement en Europe de l’Ouest), le trafic d’armes (stocks pillés durant l’insurrection de Tirana en 1997, approvisionnement en Allemagne de l’Est ou encore auprès des mafias russe et italiennes implantées en Suisse, en Belgique et en Italie) ; le racket (principalement au détriment des réfugiés kossovars et des diasporas albanaises de l’Ouest ; enfin, l’acheminement d’immigrants vers l’Union européenne. (2)

Prostitution

Les Albanais dirigeraient la traite des femmes pour toute la Grande-Bretagne à destination du marché de la prostitution. Scotland Yard, le service de police britannique, estime que les gangs albanais contrôlent près de 75 % de la prostitution à Soho, à Londres. Les personnes impliquées dans ces réseaux sont pour la plupart des femmes et des enfants victimes de formes modernes d’esclavage, enlevées et manipulées par leurs patrons. À leur arrivée à Soho, les Albanais ont fait main basse sur le réseau de prostitution sans crier gare. Rien que pour Soho, chaque année, plus de 18 M€ , fruits de l’exploitation de près de mille prostituées, retournent en Albanie .

Les grandes villes d’Europe occidentale sont les premières destinations du trafic de femmes, car ces villes constituent les places principales de l’industrie du sexe. Les femmes arrivent du monde entier, même si un grand nombre proviennent des pays d’Europe de l’Est » : voilà comment Interpol résume sobrement le boom du « business » de la prostitution sur le Vieux Continent. Depuis les années 90, l’arrivée de prostituées de la République tchèque, de Bulgarie ou d’Albanie n’a cessé d’augmenter. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, 300 000 femmes venues de l’Est se prostituent en Europe occidentale. En France, où il y aurait entre 15 000 et 18 000 prostituées, les femmes venues des pays de l’Est en représentent environ un quart. Ces nouveaux réseaux de prostitution, notamment ceux contrôlés par la mafia albanaise, sont d’une violence inouïe. Les rares prostituées qui osent parler décrivent une nouvelle forme d’esclavage, en plein coeur de l’Europe. (1)

« Des femmes achetées et violées collectivement dans des camps »

« Les réseaux de prostitution albanais constituent la forme de “voyoucratie” la plus primaire. Il existe des camps de soumission, où les femmes sont achetées et violées collectivement avant d’être acheminées vers les grandes villes européennes »(3)

A Bruxelles, la moitié des prostituées seraient de nationalité albanaise. Pour la justice belge les « centres de formation » sont situés en Albanie : les jeunes femmes y sont vendues pour aller « travailler » à Londres, Hambourg ou Paris. « Selon leur beauté, leurs dons pour les langues étrangères et leurs aptitudes professionnelles, leur prix de vente à la fin 1999 allait de 10 000 à 15 000 francs » (4) A Milan, il existerait un véritable « marché aux femmes », où les différents réseaux passent commande. Une fois en activité en Europe de l’Ouest, les prostituées sont soumises à une forte pression de la part de leurs proxénètes. Au Kosovo les maisons closes ont « poussé comme des champignons » avec l’afflux des 50 000 soldats de la KFOR, des employés de la Mission des Nations unies au Kosovo (MNUK) et des personnels des organisations non gouvernementales. Originaires surtout de Moldavie, d’Ukraine, de Roumanie et de Bulgarie, les femmes sont vendues aux enchères entre 1 000 et 2 500 dollars (de 1 084 à 2 709 euros) aux proxénètes kosovars

Stupéfiants

Si pour Scotland Yard, c’est l’argent de la drogue qui a permis à la mafia Albanaise de prendre le contrôle de la prostitution à Soho, d’autres observateurs estiment généralement qu’elle s’est spécialisée au début dans la prostitution pour pouvoir investir ses gains dans le trafic de drogue. (5) Le criminologue Xavier Raufer estime que le Kosovo est devenu le paradis des trafiquants de drogue. Il accuse l’OTAN d’avoir ouvert la boîte de Pandore en toute connaissance de cause. (4) ” Pour lui, La guerre du Kosovo a déclenché un cataclysme criminel énorme ”

En l’année 2000, les spécialistes Italiens de la lutte antimafia traquaient les liens financiers entre les trafiquants de drogue proches d’Al Quaïda et les caïds siciliens ; ils affirmaient qu’une fois la cargaison d’héroïne arrivée en Italie « c’est la mafia albanaise alliée avec la Cosa Nostra sicilienne qui se chargeait d’alimenter les marchés européens et américains » (6)

Concernant la drogue dure, les clans Albano-kossovars semblent avoir acquis une position dominante, parfois monopolistique, dans le trafic international d’héroïne, celui de la cocaïne étant partagé avec les « leaders » mondiaux que sont les « Cartels » mexicains et surtout colombiens. Depuis le début des années 90, en effet, le système criminel en vigueur en Italie et en Europe de l’Ouest a considérablement évolué. Les Turcs ont conservé le monopole du marché en gros de l’héroïne, mais ont cédé aux Albanais, principalement kossovars, le contrôle de l’acheminement vers l’Ouest. Cette nouvelle configuration nécessite des centres de stockage, situés principalement en Hongrie, mais également en République Tchèque et en Bulgarie, principales plaques tournantes de la mafia albanaise à l’Est. D’après un rapport d’Interpol daté de novembre 1997, «les Albanais du Kosovo détiennent la plus grande part du marché de d’héroïne en Suisse, en Autriche, en Allemagne, en Hongrie, en Tchéquie, en Norvège, en Suède, en Pologne et en Belgique », et ils représenteraient à eux seul près de 15 % des arrestations d’Interpol pour le trafic de drogue. En avril 1999, les brigades anti-mafia de Bulgarie signalaient une véritable explosion du trafic d’héroïne depuis le début de la guerre du Kossovo. Les policiers des stups et les experts d’Interpol sont-ils impresionnés des quantités phénoménales de drogue saisies auprès des réseaux albanais. Pour Xavier Raufer, c’est bien « la preuve que la mafia albano-kossovare joue désormais un rôle central dans le narco-trafic européen et que la guerre du Kossovo a bel et bien déclenché un cataclysme criminel énorme dont les Balkans souffrent déjà et dont l’Europe, occidentale comme orientale, ressent maintenant les premiers effet ».

La Suisse, qui accueille environ 200 000 réfugiés albanais (deuxième communauté immigrée du pays), est l’une des principales plaques tournantes du trafic de drogues et d’armes vers l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et la République tchèque, où la police soupçonne les nombreux vendeurs et fabriquants albanais de bijoux en or de procéder au blanchiment de l’argent du trafic. Le 10 décembre 1998, le quotidien londonien The Independant révélait que les mafieux albanais contrôlaient 70 % du marché suisse de l’héroïne. Ce sont d’ailleurs près de 2000 Albanais du Kossovo qui croupissent actuellement dans les geôles helvétiques pour trafic de stupéfiants. La Scandinavie est devenue une zone de refuge pour les criminels albanais. Plusieurs trafics de drogue dirigés par de jeunes Kossovars ont été démantelés au cours de l’année 1999. Arrêté le 23 février 1999 par la police tchèque, le « parrain » kossovar Princ Dobroshi avouera, selon un rapport du BIS (service de sécurité tchèque) publié le 12 mars dans les journaux praguois, que « le trafic servait à financer des achats d’armes. livrées à l’Armée de Libération du Kossovo ». (2)

De fait, d’après un Rapport de 24 pages des services de renseignement de l’Otan révélé par le Washington Times du 5 juin 1999, les liens entre la mafia albano-kossovare, l’UCK et l’actuel boom de l’héroïne en Occident ne fait plus aucun doute. D’après ce rapport, « de nombreux membres de l’UCK sont plus ou moins impliqués dans le marché juteux de l’héroïne. La route des Balkans générerait plusieurs dizaines de millions de dollars par an »

(1)L’Europe s’inquiète de la mafia albanaise in “le Courrier des Balkans”, 3 décembre 2002

(2) Réalité sur l’UCK, Alexandre del Valle, Christian Amiard, le patron de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH).

(3) Selon Christian Amiard, le patron de l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH).

(4)La Mafia albanaise. Une menace pour l’Europe, Xavier Raufer, Editions Favre, mai 2000

(5)La guerre du Kosovo a déclenché un cataclysme criminel énorme, in “L’humanité” 14/02/2000

(6) Les liaisons afghanes de la mafia sicilienne , site du gouvernement Français

Frank FURET

Source : bancpublic.be


 

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