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jeudi, 28 octobre 2021

La Guerre de Succession d'Espagne: une guerre mondiale avant l’heure

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La Guerre de Succession d'Espagne: une guerre mondiale avant l’heure

par Georges FELTIN-TRACOL

Deux guerres d’ampleur mondiale ont marqué l’histoire du XXe siècle quand bien même l’épicentre se trouvait en Europe. Cette « guerre civile européenne de trente ans » se manifestait aussi par des fronts en Afrique (Tanganyika avec Paul Emil von Lettow–Vorbeck entre 1914 et 1918, Afrika Korps en Afrique du Nord de 1941 à 1943), en Asie, en Océanie (Guerre du Pacifique de 1941 à 1945 ou les occupations japonaises, australiennes, britanniques et étatsuniennes des possessions allemandes du Pacifique dès 1914…) et sur toutes les mers de la planète.

Or, ce n’est pas la première fois que les puissances européennes se combattent partout sur terre et en haute-mer. La Guerre de Succession d’Espagne se déroule au début du XVIIIe siècle sur plusieurs fronts et suscite des batailles navales. « C’est l’ensemble du continent qui devient un champ de bataille entre deux grands blocs, la “ Grande Alliance de La Haye ” et les Bourbons. On se bat en Italie, dans les Pays-Bas, sur le Rhin, on se bat bientôt en Hongrie, en Bavière et dans la Péninsule ibérique; on se bat aussi sur les mers, de la côte du Brésil jusqu’au Spitzberg; on se bat dans les Caraïbes, en Floride et au Québec, dans un conflit qui tend à s’élargir à l’espace du globe », écrit Clément Oury dans un livre qui fait date.

51tKGqwjmxL.jpgDiplômé de l’École des Chartes et docteur en histoire de l’université Paris – Sorbonne, l’auteur réalise avec La Guerre de Succession d’Espagne. La fin tragique du Grand Siècle la première synthèse en français de ce conflit continental majeur. Avec un réel talent d’écriture, il intègre dans son travail aussi bien l’« histoire – bataille » que l’approche méthodologique de l’« école des Annales », des considérations géo-stratégiques que l’étude de l’équipement, du matériel et de l’état d’esprit des combattants. Il se penche même sur l’opinion publique et sur ce qu’on appellera plus tard la        « propagande ». Il en profite pour réviser le concept de « stratégie de       cabinet ». Il s’intéresse, à la suite d’André Corvisier, à l’agencement des armées et des marines de guerre. Il se penche sur le moral des soldats et démontre le grand rôle de l’intendance militaire. Il distingue enfin les fantassins des « vieux corps » des « régiments de nouvelle levée ».

Incertitudes dynastiques 

« La monarchie espagnole est le géant des cent cinquante premières années de l’époque moderne. » Charles II de Habsbourg règne sur un ensemble disparate (Pays-Bas « belgiques », Milan et Naples, possessions d’Amérique, Philippines, comptoirs africains) dont il est le seul élément d’unité. Or, le 1er novembre 1700 s’éteint le roi d’Espagne, le dernier représentant de la branche madrilène des Habsbourg. Frappé par la consanguinité de ses ascendants, son père étant l’oncle-cousin de sa mère… et malgré deux mariages consécutifs, le monarque reste stérile, ce qui inquiète toutes les cours d’Europe d’autant que depuis les abdications de Charles Quint en 1555, Habsbourg d’Espagne et Habsbourg d’Autriche s’épaulent mutuellement contre les menaces anglaise, réformée, française et ottomane. La complexité des règles successorales des Espagnes attise la revendication de quelques candidats soutenus à Madrid où se forment des coteries. L’ambassadeur de France, le marquis d’Harcourt, anime le «parti français». La reine Marie-Anne de Neubourg dirige le « parti allemand » favorable au fils de l’Électeur de Bavière. Le « parti autrichien » considère le second garçon de l’empereur Léopold, l’archiduc Charles, comme l’unique vrai successeur de son oncle. Ces trois tendances recherchent l’appui du « parti castillan » du cardinal Portocarrero.

DFM3-2ED.jpgL’ouverture du testament de Charles II d’Espagne surprend tout le monde.          « Charles désigna le candidat Bourbon, Philippe d’Anjou, comme son héritier légitime et universel. La France avait beau avoir été l’ennemi qui, depuis des décennies, s’emparait régulièrement de quelques joyaux de la Couronne, elle était en 1700, aux yeux des Espagnols, la seule puissance suffisamment forte pour protéger leur empire. » Convoquant en urgence le Conseil d’en-haut qui se tient dans les appartements de Madame de Maintenon et après deux journées de vives discussions au cours desquelles le Grand Dauphin d’habitude effacé intervient en faveur de son deuxième fils, Louis XIV accepte la succession. Il rend publique sa décision, le 16 novembre 1700, devant des courtisans stupéfaits. Philippe d’Anjou devient Philippe V d’Espagne. Le « Roi-Soleil » se doute que son choix risque de déclencher une guerre. Nul ne sait pas encore que « la Guerre de Succession d’Espagne est le plus long conflit du règne de Louis XIV, le plus long également du XVIIIe siècle ».

Louis XIV « n’est plus un conquérant orgueilleux et implacable : c’est un vieillard inquiet, soucieux de conserver ses frontières et sensible à l’accablement de son peuple. La guerre ne vise plus à des conquêtes destinées à consolider le “ pré carré ”, mais s’attache à défendre le territoire d’un autre pays, l’Espagne ». Ce conflit sera, « pour le royaume de France, une épreuve terrible, la pire sans doute de l’Ancien Régime ». En effet, « le testament de Charles II représente, au sein de l’ordre européen qui s’est installé à l’issue de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, un bouleversement politique majeur. Pourtant, un rééquilibrage s’opère à une vitesse surprenante. Face à la France et à l’Espagne, un bloc disparate mais soudé d’États européens se constitue en dix-huit mois ».

L’affrontement de deux blocs

Contre le nouveau bloc dynastique de la France et de l’Espagne dont les peuples accueillent avec joie leur nouveau souverain, ce qu’on appelle bientôt les « Deux-Couronnes » bourboniennes auxquelles se rallient les Électeurs de Bavière et de Cologne, Clément Oury mentionne la « Grande Alliance » (Maison d’Autriche, Provinces-Unies, Angleterre). Ces trois États parviennent « à regrouper autour d’eux la majorité des puissances moyennes ou mineures de l’Europe du Nord et de l’Empire » dont le Brandebourg – Prusse, le Hanovre, la Savoie et le Portugal. Les États alliés sont en périphérie par rapport au nouvel ensemble franco-espagnol. « De même que la position centrale de la France par rapport aux possessions espagnoles offre un avantage indéniable en matière de répartition et de coordination des forces, la concentration du pouvoir à Versailles permet des prises de décision rapides et  cohérentes. » L’auteur montre bien par ailleurs que « Louis XIV comme ses conseillers appartenaient à l’école “réaliste” en matière de relations internationales, celle qui cherchait à identifier les “intérêts des États”. Selon cette approche, les monarchies ou les républiques d’Europe devaient poursuivre des objectifs rationnels, c’est-à-dire ceux de leur survie et de leur agrandissement. Les décisions des souverains, comme les déclarations de guerre ou les alliances entre États, étaient le fruit de calculs froids. Elles devaient s’entendre en termes de sécurité des frontières et d’accroissement territorial ».

989d24897f0adff3e1aae94a1f310070.jpgDu côté de la « Grande Alliance de La Haye » apparaît vite un incontestable triumvirat : le duc anglais de Marlborough, ancêtre du criminel de guerre Winston Churchill, le prince Eugène de Savoie pour les Habsbourg, et le Grand Pensionnaire des Provinces-Unies Heinsius. Quand ils n’arrivent pas à se rencontrer, ils s’échangent une intense correspondance épistolaire. Une cohérence dans le commandement s’établit, car « il s’agissait en fait de la conjonction de leurs poids politique, diplomatique et (pour les deux premiers) militaires ». Chacun doit toutefois garder à l’esprit les intérêts spécifiques de leur État respectif. Heinsius négocie sans cesse avec les États-Généraux bataves. À Vienne, face à la « Vieille Cour » dont la priorité est la défense de l’Italie et une faction rivale dite « allemande » qui, pacifiste, cherche à défendre les rives du Rhin, le prince Eugène et les jeunes archiducs Joseph et Charles appartiennent au parti de la « Jeune Cour » qui, « lui-même traversé par des tensions internes, était réformateur et belliqueux. Il prônait une lutte résolue contre la France pour obtenir l’intégralité de la monarchie espagnole au profit des Habsbourg ». Proche des whigs bellicistes, Marlborough fait face à l’hostilité des tories proto-jacobites assez méfiants par ailleurs envers l’éventuelle accession sur le trône anglais de la Maison de Hanovre. Publiciste tory, Jonathan Swift publie de nombreux pamphlets contre la majorité whig à la Chambre des Communes. Ces rivalités intestines se répercutent avec plus de violence ailleurs en Europe. Territoire espagnol, le royaume de Naples voit se déchirer les « Blancs », partisans de Philippe V, et les « Noirs », soutiens de l’archiduc Charles. « Dans les Pays-Bas s’affrontent le parti des “ carabiniers ”, pro-Bourbon, et celui des “ cuirassiers ” pro-Habsbourg. »

Clément Oury va jusqu’à se demander si la Guerre de Succession d’Espagne ne favorise pas « une conscience nationale en germe » tant sont nombreux les libelles et les pamphlets. En raison de la profusion des gazettes qui n’hésitent pas à déformer les nouvelles, l’auteur y observe la formation d’« une société d’information ». Les guerres incessantes de Louis XIV, les ravages du Palatinat en 1674 et en 1689, l’annexion de territoires au mépris des coutumes et la révocation en 1685 de l’édit de Nantes rendent les peuples européens gallophobes. Le royaume de France connaît lui aussi en proie à des « cabales ». « Les cabales sont […] des réseaux d’influence peu structurés, aux limites floues, et qui regroupent des personnages d’importance se soutenant mutuellement pour s’assurer de conquérir les meilleures places au sommet de l’État, en écartant leurs adversaires. » Les trois principales qui polarisent les rapports de force sont la « cabale des Seigneurs », conservatrice, aristocratique et militaire, autour de Madame de Maintenon, la « cabale de Meudon » autour du Grand Dauphin et de son demi-frère, le duc légitimé de Maine, et la « cabale des Ministres », réformatrice et dévote, avec le duc de Berry et, de façon indirecte, le duc d’Orléans.

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Pourquoi donc les Espagnols, ennemis des Français depuis le début du XVIe siècle, acceptent-ils un monarque français ? Clément Oury ne l’évoque pas, mais l’abrogation de l’édit de Nantes a satisfait l’Espagne. En outre, « en appelant le petit-fils de Louis XIV, les élites ibériques reconnaissaient la puissance du modèle administratif et militaire français, dont la solidité semblait seule à même de garantir l’intégrité de la monarchie ». Or s’affrontent dans les Espagnes et leur outre-mer deux visions contradictoires de l’État. « Le modèle de l’absolutisme Bourbon, centralisateur et unificateur, s’oppose au gouvernement par conseil, plus fédéraliste, prôné par l’opposant Habsbourg. » Il faut en effet savoir que « la Castille était sous la dépendance du roi et de son administration, mais ce n’était pas le cas de la couronne d’Aragon, elle-même constituée du royaume d’Aragon (autour de Saragosse), de la Catalogne et de la région de Valence. Dans ces trois provinces, des libertés constitutionnelles, les fueros, restreignaient les compétences administratives et fiscales du Roi Catholique ».

Dualité espagnole intrinsèque

Élevé à Versailles dans une étiquette absolutiste, Philippe V cherche à centraliser ou pour le moins à uniformiser cette entité politique hétérogène si bien que la Catalogne et ses « miquelets » se rallient à l’archiduc autrichien qui assume ouvertement ses prétentions. « Le 12 septembre 1703, à Vienne, l’archiduc Charles, le fils de Léopold, se fit couronner roi d’Espagne sous le nom de Charles III. » En revanche, dès 1706, la Castille démontre son entière loyauté à Philippe V.

Le prétendant Habsbourg défend pour sa part la polysynodie en vigueur à Madrid. Ce système institutionnel se comprend à l’aune de conseils techniques comme le Conseil d’État ou le Conseil de guerre, ou géographiques tels le Conseil de Castille, le Conseil d’Aragon, le Conseil d’Italie et le Conseil des Indes. Les Castillans se méfient beaucoup de cet archiduc ambitieux qui semble « s’appuyer sur les forces centrifuges de la monarchie ou sur ses ennemis traditionnels : Catalans et Portugais. Enfin, comment croire qu’un Roi Catholique puisse être soutenu avec autant d’ardeur par tous les États protestants d’Europe, Angleterre et Hollande en tête ? » Toutefois agissent dans toutes les terres hispaniques, ses partisans. Ce sont les tout premiers « carlistes » qu’on appelle aussi les « austrophiles » ou les « austriacistes ». « Ce mouvement de soutien à l’archiduc [...] s’appuyait moins sur la personne du souverain que sur la tradition de délibération et de fédéralisme qu’il incarnait. » Il est patent qu’« en Catalogne même, le parti austraciste s’appuyait sur trois piliers : les vigatans, sa branche militaire, une milice encadrée par de petits nobles locaux qui avaient mené la résistance contre la France durant le conflit précédent; la bourgeoisie commerciale de Barcelone, qui rêvait de faire de la Catalogne la “ Hollande de la Méditerranée ”; et le bas clergé, surtout les ordres mendiants ».

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Il est intéressant de noter que cent cinquante ans plus tard, le carlisme fera de ces bastions historiques austrophiles des places fortes au nom de « Dieu, du Roi et des fueros ». Le carlisme bourbonien qui surgit au XIXe siècle reprend maints arguments austracistes du début du XVIIIe siècle. En raison des contentieux dynastiques en son sein à partir de la seconde moitié du XXe siècle où la faction majoritaire carliste se proclame révolutionnaire, socialiste et autogestionnaire au mépris du traditionalisme se relance un courant carloctaviste favorable à l’archiduc Dominique de Habsbourg - Toscane, surtout quand l’actuel prétendant traditionaliste, le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme, disparaîtra sans héritier direct.

Hors d’Espagne, le conflit soulève d’autres révoltes. Ainsi les « Malcontents » de Hongrie sont-ils dirigés par un magnat protestant, descendant des princes de Transylvanie, François II Rákóczi. Mais, dès 1704, les Franco-Espagnols s’en désintéressent ! « Louis XIV, qui n’a pas oublié les troubles de la Fronde, se défie des mouvements de rébellion. » Versailles joue tardivement et avec une réticence certaine la carte jacobite. Les Anglais et les Écossais fidèles aux Stuart exilés forment une « diaspora, que l’on estime à 40.000 personnes environ, s’était réfugiée en France, mais aussi en Italie et en Espagne. Ses membres étaient avant tout des militaires, officiers et soldats ». Louis XIV héberge le prétendant jacobite, Jacques III, fils de Jacques II d’Angleterre et d’Écosse, à Saint-Germain-en-Laye. La « Grande Alliance » anti-Bourbon investit peu de son côté dans la «Guerre des Camisards». Ce  « mouvement prophétique protestant, actif dans les Cévennes et le Vivarais » conduit par « un jeune garçon boulanger de vingt et un an, Jean Cavalier, prédicant et prophète » sert surtout de diversion militaire. La « petite guerre » (ou guérilla) correspond aux théâtres d’opération hongrois et cévenole. Il faut souligner que « les partisans étaient des troupes régulières, détachées de l’armée, et à qui était confiée une mission précise : reconnaissance, fourrage ou réquisitions ».

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Batailles et négociations parallèles

« La Guerre de Succession d’Espagne marque l’aboutissement d’un “ Grand Siècle ” militaire caractérisé par l’augmentation constante de la taille des armées et par l’amélioration de l’organisation du ravitaillement. L’augmentation des moyens des différents États belligérants permettait d’enrôler et d’équiper un nombre supérieur de soldats; les impératifs de l’approvisionnement des hommes et de l’alimentation des chevaux avaient tendance à prendre une part croissante dans le choix des théâtres d’opérations et dans la direction de la guerre. » Clément Oury insiste, d’une part, sur le rôle déterminant de l’intendance et, d’autre part, sur l’importance de la guerre des places avec l’application de la poliorcétique « ou l’art de la conduite d’un siège » Cela implique pendant l’encerclement d’une place forte de maintenir des lignes de communication continues ainsi que des sources variées d’approvisionnement. Cependant, « dans les relations internationales de l’Europe d’Ancien Régime, la négociation et l’action militaire ne sont pas des séquences séparées : elles se déroulent de concert durant toute la durée du conflit ».

La variété des fronts en Europe et au-delà nécessite une concertation permanente entre les responsables des forces anti-Bourbon. Le prétendant Charles III d’Espagne se rend à Windsor saluer la reine Anne d’Angleterre et s’entretient avec les généraux anglais de la campagne à venir de 1704. « Jamais on n’avait vu une telle coopération – et une telle interdépendance – entre les adversaires de la France. » Une autre visite modifie le sort de l’Europe septentrionale. En avril 1707, Marlborough rencontre le roi de Suède Charles XII en pleine « Guerre du Nord ». Le capitaine général anglais « de facto […] diplomate en chef de la Grande Alliance » le persuade de ne pas envahir la Silésie autrichienne « et d’attaquer plutôt Pierre le Grand pour installer un tsar à sa dévotion en Russie – c’est donc sur les bons conseils de Marlborough que le roi de Suède se lança dans la campagne qui allait mener à son épouvantable défaite de Poltava, deux ans plus tard ». À l’été 1702, 14.000 Anglais ont débarqué près de Cadix. C’est « la première fois que les Britanniques réalisaient une opération aussi ambitieuse, si loin de leurs bases et sans le moindre soutien local ».

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L’auteur ne cache pas travers et défauts français. Rivalités, divergences d’appréciations et querelles d’ego incessantes ruinent toute coordination effective entre les troupes. Le Royaume de France pâtit d’un mal chronique: le manque d’argent. Mais, « malgré son coût prohibitif, le système financier tint bon. Même accablé par les défaites, le roi de France garde tout au long de la guerre une image suffisamment bonne pour trouver encore des investisseurs. La dette s’était internationalisée », y compris auprès des contempteurs habituels de la monarchie absolue de droit divin. « De nombreux jansénistes exilés en Hollande, comme Pasquier Quesnel, souhaitaient la victoire du parti Bourbon, alors même que le pays qui les accueillait était engagé dans l’autre camp. »

Imprévus militaires et inattendus politiques

Au cours de cette longue et terrible guerre, « les territoires extra-européens deviennent des enjeux stratégiques majeurs, justifiant un effort naval soutenu ». La stratégie prend en compte le domaine naval. Il paraît désormais évident que « pour la marine davantage encore pour l’armée, le rôle de l’argent était essentiel. Les Français, aussi bien que les Anglais et les Hollandais, savaient que de la solidité financière dépendait la puissance navale, qui conditionnait à son tour le commerce, source d’enrichissement pour les particuliers et pour l’État ». Clément Oury avertit que « la guerre dans les Antilles n’était pas moins impitoyable que celle qui se menait dans les plaines de Flandre ». La supériorité navale anglo-hollandaise oblige les navires des Deux-Couronnes à repenser leur tactique. « Les Français pratiquent la course sur toutes les latitudes, des Caraïbes et de l’Amérique du Sud jusqu’à Arkhangelsk. On a calculé que sur l’ensemble du conflit, le butin se monte à  6587 prises, dont 3126 faites à Dunkerque et 886 par Saint-Malo, pour des montants respectifs évalués, au bas mot, à 30 et 15 millions de livres. » « En mai 1712, [le corsaire Cassard] ravagea les îles portugaises du Cap-Vert, avant de décharger son butin à la Martinique. […] En juin, il soumit les îles anglaises de Montserrat et Antigua; en octobre ce fut au tour de la colonie hollandaise de Surinam d’être contrainte à une contribution de 800.000 florins. En janvier 1713, il ravagea l’île hollandaise de Saint-Eustache, puis il tomba sur la colonie hollandaise de Paramaribo le 18 février, et la pilla ainsi que celle de Curaçao. » Quant à la Royale, on lui assigne « une tâche d’escorte pour convoyer l’or des Indes; elle est également incitée à prêter ses vaisseaux pour les opérations de course ».

Vient enfin le « tournant » des années 1710 – 1711 marqué un an auparavant par un vibrant appel de Louis XIV à ses sujets. Lu un dimanche de juin 1709 dans toutes les églises du royaume, le message royal explique les raisons de la poursuite de la guerre et les exigences extravagantes de la Grande Alliance. En 1710, les tories remportent les deux tiers des sièges aux Communes. Ils entament des discussions secrètes avec Versailles. Les pourparlers s’accélèrent après le coup de tonnerre dynastique du 17 avril 1711. Ce jour-là meurt sans héritier l’empereur Joseph. Son frère Charles III d’Espagne obtiendra sous peu la couronne impériale. Il est hors de question pour l’Angleterre et les Provinces-Unies que cette guerre menée contre le bloc dynastique bourbonien entérine la reconstitution de l’Empire de Charles Quint. Il est piquant de rappeler qu’élu empereur, Charles VI n’aura, lui aussi, aucun héritier mâle. Il prendra en 1713 la Pragmatique Sanction qui fera de sa fille aînée Marie-Thérèse son héritière, ce qui entraînera la Guerre de Succession d’Autriche (1740 – 1748). Quel aurait été le sort des territoires hispaniques si l’archiduc était resté Charles III d’Espagne ?

Vers l’ère atlantique… 

Finalement, « la Guerre de Succession d’Espagne s’est dénouée sur les champs de bataille du nord de la France, dans les salons d’Utrecht et au palais de Rastatt ». Au mépris des lois fondamentales du royaume de France qui établissent une monarchie successorale (et non héréditaire), ce que proclame dans le vide le Parlement de Paris, Philippe V renonce pour lui et ses descendants tout droit sur la couronne de ses aïeux. Son frère cadet, le duc de Berry, et le duc Philippe d’Orléans abandonnent pour leur part toute revendication sur le trône d’Espagne. Plus d’un siècle plus tard, cela n’empêchera pas le roi des Français Louis-Philippe de convoiter ce trône pour son dernier fils Antoine d’Orléans, duc de Montpensier et époux de Louise-Fernande de Bourbon, sœur cadette d’Isabelle II. Ces renonciations simultanées témoignent de l’avènement thalassocratique anglo-saxon. Entre « deux conceptions de la monarchie : l’une, française, strictement dynastique et de droit divin; l’autre, britannique, inspirée par les principes de la Glorieuse Révolution, dominée par la rationalité politique et les traités internationaux, et garantie par les autres souverains européens », c’est la conception anglaise qui l’emporte à l’aube du « siècle des Lumières ». Il n’est d’ailleurs pas anodin si Paul Hazard situe « la crise de la conscience européenne » entre 1685 et 1715…

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Les traités d’Utrecht de 1713 et la Paix de Rastatt du 6 mars 1713 modèlent donc une Europe qui s’affranchit du « Grand Siècle » ludovicien. « Les traités d’Utrecht offrent à la Grande-Bretagne les moyens de la domination maritime et commerciale à laquelle elle aspire. […] Elle se voit récompensée pour ses bons offices par la cession de Gibraltar, de Minorque, du détroit et de la baie d’Hudson, de Terre-Neuve (même si les Français y conservent un droit de pêche), de l’île de Saint-Christophe. » Le bilan pour les Habsbourg demeure mitigé. « Les États héréditaires de la Maison d’Autriche confirmaient leur statut de grande puissance européenne. Dans une perspective téléologique, ces gains jetaient les bases d’un futur “ empire d’Autriche ”. Mais dans la logique dynastique, c’était un désastre. L’idéal de la Maison de Habsbourg, celui d’un empire catholique partagé en deux branches distinctes mais indissociablement liées, avait vécu.»

La victoire des puissances maritimes anglo-hollandaises participe à l’émergence de la Modernité. Ainsi peut-on retenir que « de ce conflit éreintant naît un nouvel agencement des pouvoirs en Europe et, par le biais des empires coloniaux, sur l’ensemble de la planète. Le temps où une famille (Habsbourg au XVIe siècle, Bourbon au XVIIe) jouissait d’une prééminence diplomatique et militaire est désormais révolu. Le siècle des Lumières s’ouvre sur le triomphe de la notion d’équilibre entre les États. La Guerre de Succession d’Espagne marque ainsi un tournant. L’Empire espagnol est démembré; la Maison d’Autriche se recentre sur Italie et sur les Balkans; l’Angleterre affirme sa prééminence sur les mers et sa présence sur le continent, au détriment de la Hollande; les ambitions royales de la Prusse et de la Savoie se confirment; la puissance française demeure redoutable, mais elle revient à des bornes acceptables par ses homologues européens. Si on ajoute que, au même moment, la Russie triomphe de la Suède pendant la Grande Guerre du Nord (1700 – 1721), on constate qu’au début du XVIIIe siècle se dessine une carte de l’Europe où dominent les États qui s’affronteront encore lors de la Première Guerre mondiale ». La Guerre de Sept Ans (1756 – 1763), puis les Guerres de la Révolution et de l’Empire (1792 – 1815) accentueront la mainmise anglo-saxonne pour au moins les deux siècles suivants. Maîtresse du Canada, l’Angleterre commencera un long et patient ethnocide des peuples américains d’ethnie française. Gibraltar et les Malouines resteront des territoires sous occupation britannique. Le récent fiasco de la vente des sous-marins français à l’Australie n’est au fond qu’une très lointaine conséquence de la défaite commune de l’Hispanité et de la Francité sur les champs de bataille de Blenheim (1704) et de Malplaquet (1709).

  • Clément Oury, La Guerre de Succession d’Espagne. La fin tragique du Grand Siècle, Tallandier, 2020, 520 p., 25,90 €.

jeudi, 18 mai 2017

L’œuvre politique de l’Impératrice Marie-Thérèse

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Helge Morgengrauen :

L’œuvre politique de l’Impératrice Marie-Thérèse

Dans le prologue de sa trilogie dramatique de 1798, Schiller aborde la figure du chef de guerre Wallenstein : son souvenir dans l’histoire, écrit-il, mêle dans la confusion faveurs et haines. Marie Thérèse Walburga Amalia Christina, future reine de Bohème et de Hongrie, épouse de l’Empereur romain-germanique François I Etienne de Lorraine, on ne peut certes pas en dire autant : l’Impératrice, au contraire de Wallenstein, demeure respectée en sa mémoire, jusqu’à nos jours, au-delà de toutes les frontières. Bien sûr, nous vivons à l’ère du « politiquement correct », idéologie néfaste qui tente de tout dénigrer. Quelques tenants de cette nuisance idéologique cherchent à dénoncer cette bonne Impératrice en la décrétant « antisémite ». Leurs efforts semblent vains. Ils se condamnent ainsi à la marginalité.

La grandeur des empereurs de la lignée des Habsbourg, en Autriche comme à l’étranger, est incontestée. Marie Thérèse fut la plus forte des femmes de ce lignage. L’Autriche lui doit beaucoup. Elle est un exemple lumineux d’épouse et de mère, de monarque avisée et clairvoyante, de réformatrice radicale, de stratège pertinente et de bienfaitrice miséricordieuse.

Fille de l’Empereur Charles VI, elle est née le 13 mai 1717 à Vienne. Dans un premier temps, il n’était pas question de faire de cette jeune femme le successeur de son père l’Empereur. Mais quand il s’est avéré que le monarque n’allait jamais avoir de descendant masculin, celui-ci concocta la fameuse « Pragmatique Sanction », stipulant qu’une femme pouvait assurer la succession dynastique. L’objectif de Charles VI était de conserver l’unité des territoires autrichiens. Jusqu’à sa mort le 20 octobre 1740, il lutta pour que toutes les puissances européennes reconnaissent la « Pragmatique Sanction ». Son successeur sur le trône romain-germanique fut toutefois, non un Habsbourg comme ce fut le cas pendant des siècles, mais un Wittelsbach bavarois, Charles Albert de Bavière, couronné Empereur sous le nom de Charles VII.

Le 25 juin 1741, Marie Thérèse est couronnée Reine de Hongrie à Pressburg/Bratislava, alors capitale du Royaume de Hongrie. Le 12 mai 1743, elle devient, à Prague, la Reine de Bohème. Après la mort de Charles VII, François Etienne de Lorraine, que Marie Thérèse avait épousé en février 1736, devient l’Empereur du Saint-Empire romain-germanique. Vingt ans plus tard, François-Etienne meurt à son tour et son fils aîné, Joseph, devient son successeur. Marie Thérèse ne fut jamais formellement « Impératrice » mais se faisait appeler ainsi.

Son grand ennemi à l’intérieur du Saint-Empire fut le Roi de Prusse Frédéric II le Grand, qui dut bien reconnaître, lorsqu’elle mourut, « qu’elle avait fait honneur à son trône et à son sexe ». Frédéric n’avait fait que guerroyer contre elle mais ne l’avait jamais considérée comme son ennemie. Avec la montée en puissance de la Prusse, le déclin du Saint-Empire, déjà fortement affaibli en tant qu’institution, ne fit que s’accroître. Quarante-deux ans après la fin de la Guerre de Sept Ans, le vieil Empire cessa d’exister. Cent-trois ans plus tard, l’Autriche, meurtrie par sa défaite face à la Prusse à Königgrätz/Sadowa, se retira du « Deutscher Bund ». Quatre-vingt ans plus tard, la Prusse, à son tour, n’existait plus et l’Autriche était réduite à la taille d’un micro-Etat.

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L’œuvre bénéfique de Marie Thérèse se constate encore 237 ans après sa mort. En 1774, elle introduisit l’école obligatoire, dont l’Autriche est encore très fière. La Prusse, il faut le dire, l’avait précédée en ce domaine, en introduisant l’obligation scolaire dès 1717, année de la naissance de Marie Thérèse. La Prusse avait aboli la torture dès 1740, la première année de la régence de Marie Thérèse. La Saxe l’abolit à son tour en 1760. L’Autriche suivit en 1776 et les Etats Pontificaux seulement en 1815 !

Les réformes thérésiennes ont touché tous les domaines de la vie. Elles ne concernent donc pas seulement les institutions politiques et militaires mais aussi la jurisprudence, l’enseignement, l’économie et la religion. Toutes ces mutations profondes et durables s’appellent les « réformes thérésiennes ». Par une politique dynastique et matrimoniale avisée, Marie Thérèse et son ministre d’Etat von Kaunitz ont réussi à améliorer la position de l’Autriche sur l’échiquier européen.

Cette stratégie ne tenait toutefois pas compte des désirs et des besoins des princesses autrichiennes. Une seule d’entre elles a pu librement se choisir un époux : Marie Christine a pu convoler avec son élu, le Duc Albert de Saxe-Teschen dont on se rappelle à Vienne parce qu’il y a fondé l’Albertina, une collection célèbre dans le monde entier, conservée dans un bâtiment sis derrière l’Opéra de la capitale autrichienne.

La très belle archiduchesse Marie Elisabeth devait épouser le Roi de France Louis XV mais elle fut frappée de la variole et rien ne résulta de ce projet. La plus jeune des princesses, Marie-Antoinette devint l’épouse du futur Roi de France Louis XVI. Princesse héritière puis Reine, Marie-Antoinette ne cessa de correspondre avec sa mère qui, toujours, lui recommandait de ne pas oublier sa germanité. La pauvre Reine de France fut victime de la guillotine après le déclenchement de la révolution française.

Quand Marie Thérèse quitta la vie en novembre 1780, elle avait maintenu son héritage. Elle n’avait perdu que la Silésie et quelques territoires en Haute-Italie. Elle laissa à ses héritiers un Etat que l’on peut qualifier de très moderne pour son époque. Deux de ses fils lui succédèrent, Joseph II et Léopold II.

Helge Morgengrauen.

(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°19/2017, http://www.zurzeit.at ).

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jeudi, 23 juin 2016

Emperor Maximilian & the Dream of a European Mexico

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Emperor Maximilian & the Dream of a European Mexico

 

One hundred and forty-nine years ago, on June 19, 1867, Maximilian von Hapsburg—Emperor of Mexico, brother to Austrian Emperor Franz Josef, and descendant of Holy Roman Emperors—was shot by a firing squad of rebels in Querétaro, Mexico. Maximilian stood six-foot-two, had blond hair and blue eyes, and was 34 years of age. He had been Emperor of Mexico for barely two-and-a-half years.

Maximiliano.jpgSo ended the short life of Maximilian, and the much briefer life of Imperial Hapsburg Mexico. Often viewed as a sort of black comedy out of Evelyn Waugh—aristocratic simpleton moves to the tropics and gets lynched by noble savages—the Maximilian story is a grave one that reverberates to the present day. Put simply, Maximilian’s rule was  a  valiant attempt to turn a perpetually bankrupt, disorderly Mexico into something else—an orderly, prosperous, Europeanized country. A transformed Mexico, newly planted with arrivals from Austria, Hungary, Germany, France and, perhaps most importantly, the Confederate States of America.

In 1865-66, Germans founded colonies in Yucatan. Confederates went to Monterey and Cordoba and the new town of Carlota, 70 miles west of Veracruz, where they farmed, built sawmills and freight companies, and helped construct the first-ever long-distance railway line between the Gulf Coast and Mexico City.[1][2][3] During Maximilian’s brief reign, Mexico’s international debts were settled, while trade and commerce revived.[4]

Not for long of course. Imperial Mexico got strangled at birth by its northern neighbor. The U.S.A. wanted a weak, unstable country at its southern border, so it armed and funded the guerrillas who overthrew and executed the Emperor.

Now, this is not the conventional, vague explanation one usually hears for Maximilian’s reign and collapse. The usual story blames it all on the French. We’re told Maximilian was no more than a puppet emperor installed by Napoleon III, and propped up by the French army and Foreign Legion (who were there originally for reasons to do with Mexico defaulting on debts, or something). Thus when those French forces withdrew, the Imperial regime collapsed.

There are a couple of serious problems with this potted history. For one thing, contemporary reports tell us Maximilian’s rule was fairly popular for most of his reign. The largely European upper classes—grandees, business people, clergy—liked him from the start (and cooled on him only when he proved to be a little too progressive and liberal for their taste).The indios and common people particularly welcomed him, seeing in this monarch an end to the constant upheavals that had colored the national scene ever since Mexico’s dubious independence in 1821.[5]

There had been at least 40 different governments in four decades; the exact number is indeterminable. Maximilian’s opponents — Benito Juarez, Porfirio Diaz, and their followers — were a ragtag collection of so-called “Liberal” bureaucrats and warlords, essentially the same sort of self-seeking politicos who had been exploiting the country since the 1820s. By the time Maximilian arrived in Mexico at the end of 1864, Juarez and Diaz, et al. had been chased to the banks of the Rio Grande, where they waited for succor from the United States.

It was not long in coming. The Washington regime had determined to sabotage the Imperial government however it could. This was far and away the determining factor in Maximilian’s downfall. As the American Civil War wound down in 1865, the Federals turned their sights on the Southwest, and gave the rebel warlords all the gold [6] and guns they needed to keep up their guerrilla campaign. According to reports, 30,000 rifles were deposited on the riverbank near El Paso by Gen. Philip Sheridan.[7] With the South now defeated, the U.S. Army had plenty of surplus. Sheridan also brought an “army of observation” of 50,000 men to the border, to support the rebels and threaten the Imperial and French troops.[8]  Whenever possible, the Federals prevented Southerners from embarking to the new colonies by ship.[9] Washington refused diplomatic recognition to Maximilian’s government, and went so far as to brazenly warn Austria and other European countries not to aid Maximilian. (The United States, warned Secretary of State Seward, “cannot consent” to European intervention and establishment of “military despotism” in the Western Hemisphere.[10])

Bizarrely, Washington continued to recognize insurgent leader Benito Juarez as Mexican president long after his term ended in 1864.[11]

LBM-525007df728e7a1594228f.jpgThe U.S.’s persistent and calculated support for the rebels shows that Maximilian’s fall was neither inevitable nor foreordained. Which makes it very compelling to imagine what might have become of Mexico had Maximilian’s cause prevailed.  Would Imperial Hapsburg Mexico have become a sort of Austria-Hungary of the tropics, full of ski resorts, opera festivals and retirement chalet-condos in the Sierra Madre? Perhaps the current Hapsburg heir would be Emperor of Mexico.

Or — to consider the Confederate heritage — might Mexico have become the fulcrum of an expansionist military/commercial empire, eventually encompassing all of Central America, much of the Caribbean, and perhaps even South America — a Knights of the Golden Circle dream, fulfilling its manifest destiny?

Either way, in order to survive it would need to crack its mestizo problem, which after all was the main cause of Mexico’s instability. Maximilian himself never seems to have explored racial matters or noted the connection between Mexico’s heterogeneous, mostly nonwhite population, and its tumbledown governmental administration; but no doubt his ex-Confederate advisors were no doubt ready to enlighten him. In any case, the clear policy of Imperial Mexico was to fill the country up with white people.

Extrapolating to the present day, one might speculate that the big racial discussion a century-and-a-half later would concern illegal immigration . . . particularly nonwhite aliens and immigrant from the north of the border. (“Decades ago we allowed some blacks to come down to work in the Konditoreien and Krankenhausen . . . We felt so sorry for them, the way they were treated in the U.S. of A. Those little negro girls in Little Rock! We didn’t know what they were really like. But now! Right outside Charlottenburg, the toniest suburb of Mexico-Stadt, there’s this ghastly slum that looks like the South Side of Chicago . . .”)

But to return to less whimsical musings . . .

Why Maximilian? Why was he there? For most people this is a complete conundrum. As noted above, the origins of Imperial Hapsburg Mexico are generally skimmed over in (American) history, dismissed as an incursion by “the French” for some vague purposes of empire-building or debt-collection. The whole adventure is known mainly through celebration of Cinco de Mayo, which commemorates a minor battle from 1862, years before Maximilian was anywhere on the scene.

In grade-school and high-school history, the Maximilian episode is often (or used to be) presented as an object lesson in the “Monroe Doctrine,” the 1823 promulgation that the United States must regard as “unfriendly” any “interference” by European powers in the political affairs of independent states in the New World. But even if you take the Monroe Doctrine seriously (and it’s pretty hard to, considering that it’s nothing more than a unilateral declaration of a nation’s supposed “sphere of influence”), the Doctrine does not strictly apply to the Maximilian case. Maximilian did not rule Mexico as an Austrian prince or satrap of France. He was ostensibly offered the Imperial crown by the “people of Mexico,” and however dubious that vox populi might be, Maximilian accepted the offer in good faith, and took it as a duty. As Emperor of Mexico he did not owe fealty to any other state or prince.

LEFM-10e75e132d5af4b88866.jpgThe many evasive characterizations of the Maximilian story—European interference, imperial aggrandizement, debt-collection, et al.—all avoid the fundamental reason why Maximilian was brought in. And that was the horrifying disorder and lawlessness that had characterized Mexico in the generation or so since independence. One can argue that disorder is just innate to Mexico. Regardless, the chaos had become particularly noticeable by the early 1860s, when after years of governmental corruption, the Benito Juarez administration announced it would default on the loans made by overseas investors. (The crisis that precipitated the 1862 military intervention by France, along with Britain and Spain.) A good example of this corruption, or incompetence, is shown by the Veracruz-to-Mexico City railway mentioned above. This had originally been planned, and concession granted, in 1837. But construction of the 300-mile route never really commenced till 1865, under Maximilian. At this time Mexico did not have a single long-distance railway.

The post-independence years had brought a complete breakdown of communication and law-enforcement through most of Mexico. Traveling any distance overland was a dangerous expedition, one that should only be taken only with armed guard. A fact of life celebrated in a popular painting genre of the period: the robbery of a stagecoach, or diligencia. Usually titled something like “Assault on the Diligencia,” these paintings display masked bandits having their way with stagecoach booty and despairing passengers.

The diligencia genre can be considered an ancestor of the film western, particular such examples as John Ford’s 1939 Stagecoach. (The Mexican title of which is, oddly enough, La Diligencia.) Thus the disorder of the Mexican outback was in fact the original Wild West. Its lawlessness is of great significance to Americans, because the background  of the western, in fiction and film — unpatrolled wilderness, distant towns, bandits around every mountain pass — is basically a legacy of the former Mexican rule. Or non-rule, rather. In this context Maximilian was the befuddled new sheriff, or dude from the East. He comes to town to bring civilization and order, and gets his hat shot off.

Notes

1. Neal and Kremm, The Lion of the South: General Thomas C. Hindman, Mercer University Press, 1997.

2. David M. Pletcher, “The Building of the Mexican Railway,” Hispanic American Historical Review, Duke University Press, Feb. 1950.

3. Carl Coke Rister,”Carlota, A Confederate Colony in Mexico,” The Journal of Southern History, Feb. 1945.

4. J. Kemper, Maximilian in Mexico, tr. by Upton, 1911.

5. J. Kemper, op. cit.

6. Besides supplying a munitions depot on the Rio Grande, the U.S. financed the insurgents by buying heavily discounted war bonds. Brian Loveman, No Higher Law: American Foreign Policy and the Western Hemisphere Since 1776. UNC Press, 2010.

7. NY Times, 2013. http://opinionator.blogs.nytimes.com/2013/10/04/maximilia... [3]

8. Loveman, op. cit.

9. (General Sheridan, again.) Rister, op. cit.

10. Loveman, op.cit.

11. J. Kemper, op. cit.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[3] http://opinionator.blogs.nytimes.com/2013/10/04/maximilian-in-mexico/: http://opinionator.blogs.nytimes.com/2013/10/04/maximilian-in-mexico/

lundi, 14 juillet 2014

Habsburg betekende meer voor de Zuidelijke Nederlanden dan Oranje

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Hoch Habsburg!

Habsburg betekende meer voor de Zuidelijke Nederlanden dan Oranje

door Xavier Everaert

Ex: http://www.doorbraak.be

Op de vooravond van 200 jaar Willem I houdt Xavier Everaert een betoog om de orangistische euforie te temperen.

Voor een groot deel van de Vlaamse Beweging is 2015 een feestjaar om reikhalzend naar uit te kijken. Ik grijp dit graag aan om, een discussie te openen die zich tegenwoordig enkel ontspint tussen pot en pint van het iets belezener segment van de Vlaamse Beweging. Een discussie die vroeger wel eens de ‘legitimistische versus ultralegitimistische kwestie’ werd genoemd. .

Voor de orangistische lezer wil ik beginnen met het werk van misschien wel Vlaanderens meest belezen orangist Karim Van Overmeire te prijzen. Zijn boek Het Verloren Vaderland, het Verenigd Koninkrijk der Nederlanden 1815-1830 (Uitgeverij Egmont, 2005) is een aanrader voor elke orangist, groot- en heel-Nederlander. Doch ben ik van mening dat de lofzang op het Verenigd Koninkrijk en in het bijzonder koning Willem eerder is ingegeven door een gevoel van overcompensatie en cognitieve dissonantie dan een historisch-feitelijke bilan. Willem was in geen geval de ‘bevrijder’ van de Zuidelijke Nederlanden en evenmin de wegbereider van de latere Belgische pioniersrol in de continentale industriële economische ontwikkeling. Een belangrijke periode die men, zeker in orangistische kringen, graag lijkt te vergeten is de belangrijke periode van autonomie die de Zuidelijke Nederlanden genoten tussen 1715 en 1790, onder de Oostenrijkse tak van de Habsburgers. Een betoog ter (her)waardering van de Oostenrijkse periode, in tijden van (nakende) oranjegekte.

Oostenrijkse Nederlanden

Als gevolg van de Spaanse Successieoorlog en de afkondiging van de Vrede van Utrecht van 1713 werden de Zuidelijke Nederlanden overgeheveld van de Spaanse naar de Oostenrijkse tak van de Habsburgers. De Franse pretendent Filips van Anjou werd door de Europese mogendheden erkend als de nieuwe legitieme vorst van Spanje, in ruil voor verzaking aan zijn aanspraken op de Franse troon en het verlies van de Spaanse gebieden in Italië en de Nederlanden. De Vrede van Utrecht was het sluitstuk van een grote pacificatiestrategie van de economische grootmachten Engeland en Nederland. Met de Engelse erkenning van Filips van Anjou werden de relaties met Spanje genormaliseerd en de dood van Lodewijk XIV in 1715 betekende ook meteen het einde van Franse oorlogszucht. De Nederlandse Republiek had aangestuurd op een buffer tussen Nederland en Frankrijk, zonder dat het zelf wou instaan voor de militaire implicaties daarvan. Bij een eventuele Franse inval wou de Republiek voornamelijk tijd kopen om zich te bewapenen. Een bevriende mogendheid die de militaire verdedigingsgordel die de Zuidelijke Nederlanden uiteindelijk moesten worden kon bekostigen, werd gevonden in Oostenrijk. De Oostenrijkse Habsburgers stonden niet te springen om de Zuidelijke Nederlanden over te nemen van de Spanjaarden. Meermaals hebben zij de Zuidelijke Nederlanden proberen betrekken in ruilovereenkomsten met de hertog van Savoye in 1720, en met de hertog van Beieren in 1778. Beide zonder succes. Laat nu net deze desinteresse een belangrijke rol gespeeld hebben in de economische ontwikkeling van de Zuidelijke Nederlanden in de 18e eeuw.

 

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Terwijl Oostenrijk zich bestuurlijk hervormde en een sterkere centralistische koers ging varen, genoten de Zuidelijke Nederlanden een tot dan toe ongekende autonomie. Dit stond uiteraard in schril contrast met de strategie van de Spaanse Habsburgers, die steeds een bikkelharde bedenpolitiek voerden en ongemeen harde represailles hadden genomen. Karel VI, die regeerde via landvoogdes Maria Elisabeth, schroefde de publieke uitgaven drastisch terug en zette duidelijk in op een verzoening met de Staten in de Zuidelijke Nederlanden. Karels non-interventiebeleid resulteerde in een sterke economische groei, na meer dan een halve eeuw economische terugval na de sluiting van de Schelde in 1648. Onder Karels opvolger Maria Theresia kenden de Zuidelijke Nederlanden hun grootste economische bloei sinds keizer Karel V, tot groot ongenoegen van de Engelsen. Engeland had met de toekenning aan Oostenrijk een totale militarisering van de Zuidelijke Nederlanden voor ogen. Een zwaarbewapende regio die élke mogendheid in Europa moest ontmoedigen om militaire actie tegen een andere mogendheid te ondernemen. Een grote blunder van Engeland. In 1722 werd de Oostendse Compagnie opgericht naar het model van de VOC, die toen al over haar hoogtepunt heen was. In de periode 1725-28 had de Oostendse Compagnie een marktaandeel van 58% in de West-Europese thee-invoer, en liet daarmee de VOC met 13% ver achter zich. De oprichting van de Oostendse Compagnie was in onmiddellijke overtreding van het Verdrag van Münster, dat Vlaamse overzeese handel ten stelligste had verboden, om zo de Nederlandse commerciële vloot te bevoordelen.

Handel en industrie

De Oostenrijkse periode was van vitaal belang voor de renaissance van de Vlaamse handelsgeest, die onder druk van de Republiek en Engeland sinds 1648 werd gefnuikt. Niet alleen de wedergeboorte als zeevarende natie, ook de aanleg van de verbeterde steenwegen kende haar hoogtepunt onder de Habsburgers, en niet – zoals vele orangisten beweren - onder Willem. Tijdens de Oostenrijkse periode werd maar liefst 2841 km wegen aangelegd in de Zuidelijke Nederlanden, waarvan het merendeel in het oude Graafschap Vlaanderen (1141 km)[1]; een veelvoud van de aanleg onder Willem (zelfs gecorrigeerd in de tijd). Vermeldenswaardig hierbij is dat van de traditionele centralistische planning van wegen in de Oostenrijkse periode geen sprake was. De wegenbouw was grotendeels een private aangelegenheid, en gericht op commercieel in plaats van militair transport. De ongeschiktheid van de ‘Belgische’ wegen voor militaire doeleinden zou honderd jaar later Napoleon duur komen te staan, terwijl het intensieve commerciële wegennet de weg zou vrijmaken voor het regionale specialistische wegennet, en dus een belangrijke verklarende factor is in het vraagstuk over de Belgische leidersrol in de continentale industrialisering. Ook de hardnekkige mythe van Willems rol in de aanleg van het kanaal Gent-Terneuzen moet tegen dit kritische licht gehouden worden: het kanaal werd uitgediept in de bestaande bedding van het kanaal Gent-Zelzate, dat door de Nederlandse blokkade van Zeeland een doorgang tot Terneuzen steeds in de weg had gestaan.

Dankzij de uitbouw van het wegennet en de afwezigheid van fysiocratische centrale planning, in schril contrast met de protectionistische politiek van Frankrijk en Engeland op dat moment, groeiden de Zuidelijke Nederlanden uit tot de belangrijkste uitvoerder van graan, tarwe, rogge en vlas van Europa[2]. Voor het eerst in de geschiedenis boekten de Zuidelijke Nederlanden een overschot op hun handelsbalans en behoorden hongersnoden definitief tot het verleden[3]. Engelands leidende rol in de industrialisering ging gepaard met een sterke bevolkingsgroei die het politieke draagvlak voor een protectionistisch landbouwbeleid aanzienlijk vergrootte. In 1757 werd de export van graan naar het continent vrijwel volledig opgeschort. Hiermee werd de Republiek plots geconfronteerd met een hardnekkig tekort aan landbouwproducten. Internationale handel, vooral over zee, was op dat moment erg duur geworden door het einde van de monopolistische vaarroutes, waardoor de handel over land steeds belangrijker werd. Hierdoor werden de Oostenrijkse Nederlanden de belangrijkste voedselleverancier van de Republiek. De enorme vraag vanuit de Republiek voor landbouwproducten uit de Zuidelijke Nederlanden zorgde voor een belangrijke en doorgedreven diversificatie van de Vlaamse en Waalse agrarische industrie[4]. De eigen bevolking ging ook steeds veel minder verbruiken onder invloed van de opkomende aardappelcultuur. De belangrijke economische verstrengeling tussen de Zuidelijke Nederlanden (producent) en de Republiek (consument) was de voornaamste garantie op vrede tussen beide gebieden tot 1830[5]. In dit opzicht is het ook niet verwonderlijk dat Lieven Bauwens in 1800 met de Mule Jenny naar Vlaanderen en niet naar Nederland kwam. De economische goederenstroom van Zuid naar Noord bleek ook een belangrijke doorslaggevende factor te zijn in de oprichting van de Société Générale in 1822.

Een niet onbeduidende kanttekening, zeker in het licht van de vermaledijde Brabantse Omwenteling: de populariteit van ‘Belgische’ producten op buitenlandse markten werd hevig tegengewerkt door de Staten, die zo goedkoop mogelijke prijzen nastreefden op de nationale markt, in overeenstemming met de protectionistische politiek van Engeland en Frankrijk[6].

De missers van keizer Jozef

De eerlijkheid gebiedt mij, ook als overtuigd ‘ultralegitimist’, een paragraaf te wijden aan de politieke missers van keizer Jozef, God hebbe zijn ziel, die in de tien woelige jaren voorafgaand aan de Brabantse Omwenteling, over onze gewesten regeerde. Inderdaad, keizer Jozef had de goede relaties tussen de ‘Belgen’ en de Oostenrijkse monarchie op enkele jaren tijd erg verzuurd. Zijn schromelijke onderschatting van de Roomse greep op de Zuidelijke Nederlanden en de macht van de Staten hebben tot de jammerlijke opstand geleid die wij vandaag kennen als de Brabantse Omwenteling, wat in feite niet meer was dan een opportunistisch los verbond tussen de verarmde clerus (de Vrede van Münster had hun rol als wereldlijke machthebbers aanzienlijk beperkt), de ambachten (wier rol in een groeiende en diversifiërende markt uitgespeeld leek) en de vrijmetselarij (Van der Noot, die tot de corrupte oligarchie van de ‘Zeven Geslachten van Brussel’ behoorde) in een wanhopige poging om hun greep op de samenleving opnieuw te verstevigen. Het verzet tegen Jozefs afschaffing van de Staten en de herroeping van de Blijde Inkomst moet tegen dit kritische licht gehouden worden: dit waren instituties die niet werden ontmanteld om de greep van de keizer op de Zuidelijke Nederlanden te verstevigen, maar om de Zuidelijke Nederlanden te wapenen tegen de nakende uitdagingen van de 19e eeuw: de industrialisering en het vrij ondernemerschap. Keizer Jozef was misschien wel politiek ongeletterd, economisch was hij een ongeëvenaarde visionair van het kaliber dat Vlaanderen nu zo hardnekkig ontbeert.

Toen keizer Jozef overleed in 1790, wist zijn broer keizer Leopold de vrede te herstellen. Op de Conventie van Den Haag verbond Oostenrijk er zich uitdrukkelijk toe om de autonomie van de Oostenrijkse Nederlanden te respecteren. Keizer Leopold, in al zijn goedheid, verleende de opstandelingen gratie en voerde een aantal belangrijke fiscale hervormingen door in 1790-‘91, voornamelijk de afschaffing van de accijnzen en een uniformering van de personele belasting en de zegelrechten, alsook de afschaffing van de lokale belastingen, de zogenaamde octrooien (stedelijke douanerechten).

'Brabantse' Omwenteling

Wanneer de Oostenrijkse Nederlanden in 1794 onder de voet werden gelopen door de Franse revolutionairen zagen de samenzweerders van de Brabantse omwenteling hun kans schoon om een onafhankelijk ‘België’ te stichten onder Franse voogdij, maar Napoleon weigerde de eis van de Comité des Belges et Liégeois Unis, en annexeerde de Zuidelijke Nederlanden bij Frankrijk. In 1797 erkenden de Oostenrijkers het verlies middels de Vrede van Campo Formio, en het jaar erop werden de accijnzen en de lokale belastingen die Leopold had afgeschaft terug ingevoerd.

Op het Congres van Wenen (1815) zetten de Britten hun verkeerde inschatting van 1713 recht en kenden ze de Zuidelijke Nederlanden toe aan Nederland. De Oostenrijkers, die geruïneerd uit de Napoleontische oorlogen kwamen, bleken niet in staat hun rol als ‘politieman van Europa’ naar behoren te vervullen, en werden vervallen verklaard van hun zeggenschap over de Zuidelijke Nederlanden.

Verenigd Koninkrijk der Nederlanden

Iets waar ik de orangisten binnen de Vlaamse Beweging op attent wil maken, is hun inconsistentie houding ten aanzien van de Belgische en de heel-Nederlandse kwestie. Artikel 1 van de Acht Artikelen van Londen bepaalde dat het nieuwe Verenigd Koninkrijk een unitaire natie zou zijn onder de bestaande Nederlandse grondwet. De stemming over die grondwet zou met een meerderheid in de Zuidelijke Nederlanden worden weggestemd, maar die stemming werd ongeldig verklaard, en de grondwet werd schaamteloos aangenomen. Terwijl de Zuidelijke Nederlanden 3,5 miljoen inwoners telde en de Noordelijke 2, werden de parlementaire zetels paritair verdeeld: 55 elk. Het Zuiden moest bijspringen in het afbetalen van de Nederlandse oorlogsschuld van 1726 miljoen gulden, een schuld waar het helemaal geen aandeel in heeft gehad. Drie op vier ambtenaren waren Noord-Nederlanders en alle publieke instellingen bevonden zich in het Noorden. Terwijl het Zuiden katholiek was, voorzag de Nederlandse grondwet de uitdrukkelijke bepaling dat de koning der Nederlanden nooit een katholiek kon zijn. Vijf op de zes legerofficieren kwamen uit het Noorden. Er was geen persvrijheid, althans niet voor de pers in het Zuiden, en geen godsdienstvrijheid of onderwijsvrijheid voor de katholieken. Ondanks het grote aandeel Franstalige Nederlanders, was de enige officiële landstaal Nederlands, en werden Franstalige medeburgers in het Nederlands berecht en door de overheid bediend. Willem weigerde de Zuidelijke vraag naar ministeriële verantwoordelijkheid in te willigen, waardoor parlementaire controle op de uitvoerende macht onmogelijk was. De Raad van State, op dat moment een adviesorgaan van Willem, kon wetgeving aannemen zonder parlementaire goedkeuring. De waslijst met voorbeelden van autocratische waanzin is vrijwel eindeloos, en het ondemocratische dna van het Verenigd Koninkrijk, waar menig orangist mee dweept, doet pijnlijk denken aan het België van heden.

In 1822 richtte Willem de Société Générale op. Officieel om de economie in het Zuiden te stimuleren.Mmaar zijn onorthodoxe praktijken – die vandaag zou worden gecatalogeerd onder de term ‘handel met voorkennis’ – kwam in feite neer op het verzekeren van noordelijke controle op de productie en investeringen in het Zuiden. Om het in hedendaagse termen te zeggen: een garantie op ‘transfers’ van Zuid naar Noord. Dit verklaart ook waarom amper Zuiderlingen intekenden op de aandelen van de Société Générale. Het latere België werd volledig afgesneden van de internationale kapitaalmarkt en zo in zijn industriële groei gefnuikt. De economische welvaart die de Zuidelijke Nederlanden onder de Oostenrijkse Habsburgers hadden opgebouwd na de economische isolatie sinds 1648, en de pioniersrol in de industrialisering die België via het Gent van Lieven Bauwens speelde rond 1800, werd onder Willem een halt toegeroepen en trok pas na de Belgische revolutie terug aan.

 

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Zo, een broodnodige kanttekening bij de nakende oranjegekte van 2015, die de Vlaamse Beweging ongetwijfeld in haar greep zal hebben, is bij deze geschetst. Laat dit vooral een aanzet zijn om het debat over de mythe van Willem te voeren, en de nodige caveats te plaatsen bij zijn hagiografie. Misschien kan dit wel een aansporing zijn om meer aandacht te besteden aan de Oostenrijkse periode, een belangrijk cesuur van vrede en voorspoed in de anders zo woelige en bloedige geschiedenis van de Zuidelijke Nederlanden.

Xavier Everaert is doctoraatsstudent in de rechtseconomie aan de Universiteit van Turijn.


[1] A.R.A., Raad van Financiën, nrs. 5748-5805.

[2] Algemeen Rijksarchief Brussel, Raad van Financiën, nrs. 5748-5805.

[3] E. Scholliers, De levensstandaard in de XVe en XVIe eeuw te Antwerpen, Antwerpen 1960.

[4] P. Lindemans, Geschiedenis van de landbouw in België, Brussel, 1852.

[5] J.A. Faver, Het probleem van de dalende graanaanvoer uit de Oostzeelanden in de tweede helft van de XVIIe eeuw, in AAG Bijdragen, nr. 9, Wageningen 1963, 3-28.

[6] A.R.A., Oostenrijkse Kanselarij der Nederlanden, nr. 505.