jeudi, 18 mai 2017
L’œuvre politique de l’Impératrice Marie-Thérèse
Helge Morgengrauen :
L’œuvre politique de l’Impératrice Marie-Thérèse
Dans le prologue de sa trilogie dramatique de 1798, Schiller aborde la figure du chef de guerre Wallenstein : son souvenir dans l’histoire, écrit-il, mêle dans la confusion faveurs et haines. Marie Thérèse Walburga Amalia Christina, future reine de Bohème et de Hongrie, épouse de l’Empereur romain-germanique François I Etienne de Lorraine, on ne peut certes pas en dire autant : l’Impératrice, au contraire de Wallenstein, demeure respectée en sa mémoire, jusqu’à nos jours, au-delà de toutes les frontières. Bien sûr, nous vivons à l’ère du « politiquement correct », idéologie néfaste qui tente de tout dénigrer. Quelques tenants de cette nuisance idéologique cherchent à dénoncer cette bonne Impératrice en la décrétant « antisémite ». Leurs efforts semblent vains. Ils se condamnent ainsi à la marginalité.
La grandeur des empereurs de la lignée des Habsbourg, en Autriche comme à l’étranger, est incontestée. Marie Thérèse fut la plus forte des femmes de ce lignage. L’Autriche lui doit beaucoup. Elle est un exemple lumineux d’épouse et de mère, de monarque avisée et clairvoyante, de réformatrice radicale, de stratège pertinente et de bienfaitrice miséricordieuse.
Fille de l’Empereur Charles VI, elle est née le 13 mai 1717 à Vienne. Dans un premier temps, il n’était pas question de faire de cette jeune femme le successeur de son père l’Empereur. Mais quand il s’est avéré que le monarque n’allait jamais avoir de descendant masculin, celui-ci concocta la fameuse « Pragmatique Sanction », stipulant qu’une femme pouvait assurer la succession dynastique. L’objectif de Charles VI était de conserver l’unité des territoires autrichiens. Jusqu’à sa mort le 20 octobre 1740, il lutta pour que toutes les puissances européennes reconnaissent la « Pragmatique Sanction ». Son successeur sur le trône romain-germanique fut toutefois, non un Habsbourg comme ce fut le cas pendant des siècles, mais un Wittelsbach bavarois, Charles Albert de Bavière, couronné Empereur sous le nom de Charles VII.
Le 25 juin 1741, Marie Thérèse est couronnée Reine de Hongrie à Pressburg/Bratislava, alors capitale du Royaume de Hongrie. Le 12 mai 1743, elle devient, à Prague, la Reine de Bohème. Après la mort de Charles VII, François Etienne de Lorraine, que Marie Thérèse avait épousé en février 1736, devient l’Empereur du Saint-Empire romain-germanique. Vingt ans plus tard, François-Etienne meurt à son tour et son fils aîné, Joseph, devient son successeur. Marie Thérèse ne fut jamais formellement « Impératrice » mais se faisait appeler ainsi.
Son grand ennemi à l’intérieur du Saint-Empire fut le Roi de Prusse Frédéric II le Grand, qui dut bien reconnaître, lorsqu’elle mourut, « qu’elle avait fait honneur à son trône et à son sexe ». Frédéric n’avait fait que guerroyer contre elle mais ne l’avait jamais considérée comme son ennemie. Avec la montée en puissance de la Prusse, le déclin du Saint-Empire, déjà fortement affaibli en tant qu’institution, ne fit que s’accroître. Quarante-deux ans après la fin de la Guerre de Sept Ans, le vieil Empire cessa d’exister. Cent-trois ans plus tard, l’Autriche, meurtrie par sa défaite face à la Prusse à Königgrätz/Sadowa, se retira du « Deutscher Bund ». Quatre-vingt ans plus tard, la Prusse, à son tour, n’existait plus et l’Autriche était réduite à la taille d’un micro-Etat.
L’œuvre bénéfique de Marie Thérèse se constate encore 237 ans après sa mort. En 1774, elle introduisit l’école obligatoire, dont l’Autriche est encore très fière. La Prusse, il faut le dire, l’avait précédée en ce domaine, en introduisant l’obligation scolaire dès 1717, année de la naissance de Marie Thérèse. La Prusse avait aboli la torture dès 1740, la première année de la régence de Marie Thérèse. La Saxe l’abolit à son tour en 1760. L’Autriche suivit en 1776 et les Etats Pontificaux seulement en 1815 !
Les réformes thérésiennes ont touché tous les domaines de la vie. Elles ne concernent donc pas seulement les institutions politiques et militaires mais aussi la jurisprudence, l’enseignement, l’économie et la religion. Toutes ces mutations profondes et durables s’appellent les « réformes thérésiennes ». Par une politique dynastique et matrimoniale avisée, Marie Thérèse et son ministre d’Etat von Kaunitz ont réussi à améliorer la position de l’Autriche sur l’échiquier européen.
Cette stratégie ne tenait toutefois pas compte des désirs et des besoins des princesses autrichiennes. Une seule d’entre elles a pu librement se choisir un époux : Marie Christine a pu convoler avec son élu, le Duc Albert de Saxe-Teschen dont on se rappelle à Vienne parce qu’il y a fondé l’Albertina, une collection célèbre dans le monde entier, conservée dans un bâtiment sis derrière l’Opéra de la capitale autrichienne.
La très belle archiduchesse Marie Elisabeth devait épouser le Roi de France Louis XV mais elle fut frappée de la variole et rien ne résulta de ce projet. La plus jeune des princesses, Marie-Antoinette devint l’épouse du futur Roi de France Louis XVI. Princesse héritière puis Reine, Marie-Antoinette ne cessa de correspondre avec sa mère qui, toujours, lui recommandait de ne pas oublier sa germanité. La pauvre Reine de France fut victime de la guillotine après le déclenchement de la révolution française.
Quand Marie Thérèse quitta la vie en novembre 1780, elle avait maintenu son héritage. Elle n’avait perdu que la Silésie et quelques territoires en Haute-Italie. Elle laissa à ses héritiers un Etat que l’on peut qualifier de très moderne pour son époque. Deux de ses fils lui succédèrent, Joseph II et Léopold II.
Helge Morgengrauen.
(article paru dans « zur Zeit », Vienne, n°19/2017, http://www.zurzeit.at ).
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dimanche, 27 avril 2014
Les mots ne sont pas de ce monde de Hugo von Hofmannsthal
Les mots ne sont pas de ce monde de Hugo von Hofmannsthal
Ex: http://stalker.hautetfort.com
L'article ci-dessous, quelque peu modifié, a paru initialement ici.
«De sorte que n’ayant rien et ne pouvant rien donner, ils s’abandonnent à des mots qui simulent la communication : puisque chacun ne saurait faire en sorte que son monde soit le monde des autres, ils imaginent des mots qui contiennent le monde absolu, et ils nourrissent de mots leur ennui, ils confectionnent un baume de mots contre la douleur.»
Carlo Michelstaedter, La persuasion et la rhétorique (L’Éclat, 1998), p. 97.
«Au commencement était le Verbe. Avec ces paroles, les hommes se trouvent sur le seuil de la connaissance du monde et ils y restent, s’ils restent attachés à la parole. Quiconque veut faire un pas en avant, ne serait-ce qu’un minuscule pas, doit se libérer de la parole, doit se libérer de cette superstition, il doit essayer de libérer le monde de la tyrannie des mots.»
Fritz Mauthner.
Je reste stupéfié par la maturité dont témoigne le jeune Hugo von Hofmannsthal dans ses lettres à un officier de marine (du nom d’Edgar Karg) intitulées Les mots ne sont pas de ce monde (Rivages poche, dans l’excellente collection Petite Bibliothèque), où j’ai cru reconnaître quelques-unes des plus belles intuitions d’un autre jeune prodige, Carlo Michelstaedter.
En fin de compte, prolongeant, non sans les gauchir assurément, les déclarations désespérées de Lord Chandos, les grands livres, ceux, fort rares, capables de bouleverser une vie entière, seraient, on peut le penser avec l’auteur du Chevalier à la rose, ceux-là mêmes qui auraient réussi à percer le mystère de cette langue qui n’est nulle langue : «J'ai su en cet instant, avec une précision qui n'allait pas sans une sensation de douleur, qu'au cours de toutes les années que j'ai à vivre [...], je n'écrirai aucun livre anglais ni latin : et ce, pour une unique raison, d'une bizarrerie si pénible pour moi que je laisse à l'esprit infiniment supérieur qu'est le vôtre le soin de la ranger à sa place dans ce domaine des phénomènes physiques et spirituels qui s'étale harmonieusement devant vous : parce que précisément la langue dans laquelle il me serait donné non seulement d'écrire mais encore de penser n'est ni la latine ni l'anglaise, non plus que l'italienne ou l'espagnole, mais une langue dont pas un seul mot ne m'est connu, une langue dans laquelle peut-être je me justifierai un jour dans ma tombe devant un juge inconnu».
Tout est signe de tout : c'est le vieux précepte sacré, magique puis ésotérique que redécouvriront, cependant affadi depuis qu'il s'est appelé synesthésie ou correspondance, Maistre, mais aussi Baudelaire, Bloy, Hello, Huysmans, Massignon et bien d'autres écrivains patients, silencieux, inquiets de protéger les tigres au splendide pelage, afin que d'autres, inconnus pas même nés, puissent, à leur tour, scruter les signes de Dieu.
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mardi, 25 décembre 2012
Croatia’s Patron Saints; the House of Habsburg and the Idea of the Reich
Croatia’s Patron Saints; the House of Habsburg and the Idea of the Reich
Tom Sunic
What follow is the English translation of my lecture given in the German language for the gentlemen of the Order of St. George, held on September 29, 2012 in the city of Varaždin, Croatia, under the patronage of the House of Habsburg and the crown prince Karl von Habsburg. The speech was subsequently published in the December 2012 issue of the Austrian literary monthly Die Aula.
* * *
In Central Europe of yesteryear, during the time of the Danube Monarchy and within the Holy Roman Empire, every city, every village, every estate had its respective patron saint who provided each peasant, each citizen, each knight with prowess and power. In today’s Europe the patron saints are no longer the saints like St. George, or St. Michael, or St. Isidore, but soccer players, filmmakers, Hollywood stars — or the European Central Bank speculators. This was aptly predicted, one hundred years ago, by Oswald Spengler, namely that the rootless citizens of Europe would strive for “second religiousness” (Der Untergang des Abendlandes, p. 941) (The Decline of the West). Now, instead of the old identities new patron saints or “idols” must be worshiped. Spengler adds: “To this corresponds in today’s Euro-American world the occult and theosophical swindle, the American Christian Science, the mendacious lounge bar Buddhism, the religious arts and crafts.”
The idea of the Reich as an Opportunity
- The national identity of a Polish nationalist, who may otherwise agree on all issues with his counterpart from Germany, such as their common criticism of globalism or their anticommunism and anti-capitalism, is often rooted in his anti-German feelings.
- One third of Hungarians—more than 2 million people—reside in Slovakia, Serbia and Romania; their national identity is often framed by their rejection of their neighbors.
- Despite an apparent peace between Serbs and Croats, these similar and neighboring peoples have two completely different historical narratives and two completely mutually hostile victimhoods. In short, Serbs and Croats, despite their astonishing similarity display two radically and mutually exclusive identities. For a Croatian nationalist, it is difficult to become “a good Croat” without first describing himself as a “good anti-Serb”.
The St. George’s Order inherited the legacy of the 14th-century crusaders who opposed the infidels who had pushed their way into Central Europe — of course, not to preach human rights or integration, but rather to impose on Europeans their own values and their own religion. At that time Saint George knights had no intention of acting as world improvers preaching multicultural diversity. Rather, they needed to defend themselves against the incoming Turkish threat. Had the Order of Saint George pontificated about pacifism, the city of Varaždin would look very different today. In a state of emergency, “to live means to kill” as the German writer Ernst Jünger once wrote. Or, more aptly put, “a free man is a fighter”, as Nietzsche once wrote and as the Croatian volunteers demonstrated 20 years ago during their war of independence.
The Reich, the opposite of the Empire
The idea of the Reich excludes rabid nationalism and searches instead for its main goal in the diversity of its imperial peoples. In retrospect, one can see the disastrous legacy left by the nation- state, which has left us, over the last hundred years, devastating civil wars, false national myths, permanent territorial disputes, land grabbing and petty state particularism. In an ideal, yet feasible European future, the revival of the European Reich in Central Europe should be the only solution. This would enable the warring European nations, such as Serbs and Croats, Hungarians and Romanians, Slovaks and Czechs, Poles and Germans to retain their national and territorial sovereignty, to continue upholding their specific identity, and to best accomplish their spiritual endeavors.
But any revival of the idea of the Reich requires unconditionally a new hierarchy of values, values which stand in sharp contrast to today’s liberal values. In today’s egalitarian and economy-driven systems, where money rules and where the sameness of individuals and cultures plays the leading role, the idea of the Reich cannot take root. The Reich not only presupposes a geopolitical large space, but means first and foremost a spiritual and transcendental duty for all its citizens.
Instead of Galicia, one can substitute the word “Croatia”. It is no coincidence that at present time half-hearted Croatian diplomats speak not a single word of the German language, speaking instead with their Austrian or Hungarian countermarts in broken English. This is a long way from the Diplomatic Academy founded by Maria Theresa, not to mention the multilingual emperors and generals such as Charles V, Prince Eugene, and Otto von Habsburg. These people were genuine Europeans, in contrast to present day Brussels and Zagreb bureaucrats.
What does the idea of the Reich mean for the Croatian people today? Nothing. Many of them have no idea whatsoever about its meaning. In order to receive a good certificate for their politically correct behavior from the Euro-commissars, present day Croatian politicians must bend over backwards in order to keep their public discourse in line. They use empty words and phrases, such as ‘globalism’, ‘multiculturalism’, ‘European-Atlantic integration’, ‘transparency’, or “free market democracy” — without knowing what these words stand for. In any case most Croatian politicians are contaminated by communism. Shortly before the collapse of Yugoslavia they had raved about the eternity of Titoism. Now they pontificate about the eternity of the EU and liberal democracy. A new form of mimicry, a new form of mental terror has arisen, very similar to the mimicry in the former Yugoslavia, only this time couched in different words.
The EU: the replica of Yugoslavia
The break-up of Yugoslavia and the ensuing war in the Balkans, as well as the rise of extreme nationalism, were a logical consequence of the absence of the idea of the Reich. A state miscarriage, dubbed Yugoslavia, was for 50 years financially kept afloat by the liberal West and also upheld and secured by the communist terror at home. Similar to their predecessors, the current Croatian elites have inherited a solid pedigree from the communist period. Despite their ultra-liberal phraseology they can barely hide their communist convictions. Their rootless morphology, although wrapped this time in diverse modalities, can daily be observed in Croatia.
The Reich of those times, i.e. from the 15th until the 19th century, and its peripheral peoples like Croatians, was not a fun place where one went skinny dipping on some Croatian beach and drank oneself to death 24 hours a day. The entire space stretching from Carinthia to Macedonia was a horror place where one had to exercise military talent in order to survive. Reich citizens in Carinthia described the Turkish hordes which had almost made it to the Alps and nearly reached Venice with the words “runners and fire-setters“ (Renner und Brenner). Incidentally, it would be a wise idea for actual German diplomats based in Zagreb to engage as patron saints in the excavations of the German-Austrian Wehrmacht soldiers. Thy were murdered by the Communists in Yugoslavia in the summer 1945 with their bones still lying behind the hotel “Imperijal” in the town of Rab, on the Croatian island of Rab.
But the idea of the Reich in Central Europe cannot be revived as long as the whole of Europe continues to feed itself spiritually and psychologically on the communist and liberal heritage. Despite the collapse of communism across Eastern and Central Europe, it is still impossible to bring a single former Yugoslav Commissar to justice. Not a single old Communist in today’s Croatia has been brought to justice for his participation in the crimes against the Croatian people.
* * *
From the point of view of international law, Croatia has achieved little with its independence. The country is mentally ill and semi-sovereign, so that 20 years after its declaration of independence, as well as 16 years after the war, one must raise the question what did the Croats actually achieve with their independence.Croatia’s sovereignty is exercised no longer in Belgrade, but in Brussels and in Washington.
There are many parallels among Germany, Austria and Croatia. Geographically Croatia— all the way eastwards to Transylvania — is part and parcel of the Danube basin, which has been fully permeated by the Central European spirit. It is above all the idea of the Reich that has kept the Croats alive until today. In the eyes of Croats,Austria and Germany are not only the most important European countries, but the embodiment of Europe altogether. Granted, small in-between-European nations, like Croats or Slovaks will never play a decisive role in high politics. Whatever happens in Berlin or Vienna will have its effects only on the following day in Croatia. And this has always been the case in Croatia’s history.
For Croats, Serbs, Germans, Hungarians, Romanians, Slovaks and other Central Europeans, the only path to their sovereignty lies in their rejection of petty nationalism, as well as in their throwing off of abstract globalism. The goal for all Croats and all Central Europeans should be their common assertion of the idea of the Reich.
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samedi, 16 octobre 2010
Italo Svevo
di Graziella Balestrieri
Fonte: Roberto Alfatti Appetiti (Blog) [scheda fonte]
"Ogni lettore, quando legge, legge sé stesso. L'opera dello scrittore è soltanto una specie di strumento ottico che egli offre al lettore per permettergli di discernere quello che, senza libro, non avrebbe forse visto in se stesso". (M.Proust)
N.S
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samedi, 24 avril 2010
Il crollo degli imperi
di Paolo Macry
Fonte: Corriere della Sera [scheda fonte]
Da tempo sono consapevole di quanto anomali siamo nel mondo moderno L' imperatore Francesco Giuseppe (1916)Ma a vincere fu soprattutto la realpolitik più che un' autentica spinta nazionalista
La sequenza cronologica che porta dal collasso dell' impero al trionfo dello stato nazionale sembrava scritta nelle tavole della storia. Nel 1918, quando dai domini asburgici erano nati quattro nuovi Paesi, a vincere non era stato soltanto il wilsonismo, ma anche una sorta di senso comune ben diffuso in Occidente. E perfino i massimi simboli della tradizione imperiale erano finiti rapidamente nell' oblìo. L' 11 novembre di quell' anno, il giorno dopo la rinuncia al trono, Carlo d' Asburgo aveva abbandonato la residenza di Schönbrunn in una serata piena di nebbia, stando ben attento a evitare l' uscita principale del castello, perché la polizia aveva avvertito del pericolo di dimostrazioni popolari. Ma si era trattato di un falso allarme. Ad assistere alla fine di sei secoli di storia non c' era nessuno, né operai con la coccarda rossa, né curiosi. L' euforia era esplosa altrove, tra le élite dei nuovi Stati nazionali o tra gli italiani che avevano conquistato le «terre irredente». Il giovane Carlo, di fatto, era uscito di scena in perfetta solitudine. Già negli anni che avevano preceduto il 1914, in un contesto internazionale sempre più competitivo, le classi dirigenti degli imperi continentali erano sembrate afflitte dai peggiori incubi. «Andiamo verso il collasso e lo smembramento», aveva scritto un influente diplomatico viennese, mentre i Romanov apparivano preoccupati dal pan-islamismo e guardavano con ansia a quegli Ottomani che stavano cedendo pezzi di sovranità alle minoranze interne e alle grandi potenze. Temevano - loro, e non di meno degli Asburgo - di fare la stessa fine. «Dopo la Turchia, tocca all' Austria: è questo lo slogan che circola in Europa», aveva scritto qualcuno. Innumerevoli volte, a carico dei domini di Pietrogrado, Vienna e Istanbul, l' opinione pubblica occidentale aveva emesso una sentenza di morte. Erano i «grandi malati», le «prigioni dei popoli», la negazione del principio di nazionalità. Accuse che corrispondevano del resto alla coscienza inquieta delle élite imperiali. «Da molto tempo sono consapevole di quanto anomali siamo nel mondo moderno», avrebbe confessato nel 1916 Francesco Giuseppe. La stessa decisione d' imbarcarsi nella guerra era nata da un simile pessimismo. «Non vogliamo finire ai margini della storia» - aveva dichiarato un funzionario viennese alla vigilia del conflitto - allora è meglio essere distrutti subito». Con una tipica miscela di vittimizzazione e aggressività, quei circoli politici scivolavano nella retorica del «fare o perire». E fare significava fare la guerra. Fin dal tardo Ottocento, gli imperi sembravano aver perso la loro partita con gli Stati nazionali. Rispetto a una forma istituzionale ben radicata nell' Europa più moderna, era fatale che apparissero come residui del passato. Agli occhi di quell' Europa, lo Stato nazionale era il destino dell' impero, una sorta di nemesi delle sue molte «colpe storiche»: le dimensioni territoriali eccessive, il carattere multietnico, il debole controllo sulle periferie, l' inefficacia del governo e della governance. L' impero appariva sconfitto dallo Stato nazionale perché non ne aveva il mastice identitario e culturale, né dunque la forza di mobilitazione comunitaria. Il che in parte è vero, in parte è la classica profezia che si autorealizza. Ci sono storici che hanno sostenuto con buoni argomenti come, allo scoppio della Grande Guerra, i domini dei Romanov fossero economicamente e culturalmente in pieno sviluppo. E quelli asburgici godessero di ottima salute. Delle centinaia di migliaia di militari fatti prigionieri sul Piave, nel novembre 1918, gli austriaci sarebbero stati appena un terzo, mentre il grosso era composto da cechi, slavi del sud, polacchi, italiani. Come dire che, sebbene multinazionale, l' esercito di Vienna aveva tenuto fino all' ultimo. Forse non è il caso di sopravvalutare la spinta delle nazionalità. Significativamente, gli Stati emersi dal crollo asburgico avrebbero avuto in comune gravi squilibri politici, derive autoritarie, conflitti etnici. E questo dimostra come, al loro interno, la coesione nazionale restasse debole e come i nuovi governanti fossero poco radicati tra le rispettive popolazioni e avessero conquistato il potere - più che per la forza dei movimenti nazionali - grazie alla realpolitik degli Alleati, i quali, com' è noto, avevano legittimato le nazionalità dei domini asburgici in chiave antitedesca. Ma Francia e Inghilterra erano state incerte fino all' ultimo sulla sistemazione geopolitica da dare a quei territori: per l' esattezza, fino ai clamorosi errori politici e diplomatici commessi da Carlo d' Asburgo nel 1918. Il che suggerisce che la storia gioca le proprie carte, come insegnano i libri, ma ha sempre altre carte di riserva da giocare. E questo vale anche per la grande partita tra imperi e nazionalità. Le catene cronologiche sono molto meno fatali di quanto non appaiano a cose fatte.
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jeudi, 07 mai 2009
La mission de Sixte de Bourbon-Parme
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1989
La mission de Sixte de Bourbon-Parme
Tamara GRIESSER-PECAR, Die Mission Sixtus. Österreichs Friedensversuch im Ersten Weltkrieg, Amalthea, Wien/ München, 1988, 414 S., DM 38.
La guerre sévissait depuis deux ans déjà, lorsque l'Empereur et l'Impératrice d'Autriche-Hongrie décidèrent, en décembre 1916, de mener des négociations secrètes extraordinaires. Par l'intermédiaire des Princes Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, de leur propre chef et sans en avertir l'allié allemand, l'Empereur Charles et l'Impératrice Zita, prirent des contacts secrets avec les autorités politiques des puissances de l'Entente, la France et la Grande-Bretagne. Leur objectif: obtenir la paix, tant qu'il y avait encore quelque chose à sauver. En effet, le couple impérial était parfaitement conscient de la volonté française d'éclater l'ensemble austro-hongrois en plusieurs petites nations aisément contrôlables, qu'on pourrait téléguider depuis Paris contre Berlin et Vienne. Par la paix anticipée qu'ils espéraient obtenir, ils voulaient éviter un sort funeste à l'œuvre politique pluriséculaire de leurs ancêtres. Les tractations auront quelque chose de tragique: les intermédiaires de l'Empereur étaient tous deux officiers de l'armée belge, en guerre contre l'Allemagne, alliée de l'Autriche-Hongrie. Les négociations, menées sans que Berlin le sache, finiront par être connues de tous et faire passer Charles de Habsbourg pour un traître qui complotait dans le dos de l'Allemagne.
Les Allemands d'Autriche lui en voudront cruellement. Mais l'intérêt du livre de Tamara Griesser-Pecar ne réside pas seulement dans la narration détaillée de cette affaire, mais aussi dans l'analyse du rôle de l'Italie dans l'échec des négociations secrètes. En plein milieu de celles-ci, l'Italie essuie un cuisant échec militaire, ce qui renforce la position de l'Autriche et déforce celle des Alliés, qui avaient escompté des victoires italiennes pour faire fléchir Vienne. Les Autrichiens avaient le dessus et pouvaient demander des conditions de paix honorables, d'autant plus que des unités françaises s'étaient mutinées après les offensives inutiles de George Nivelle. Des grèves secouent la France et les ouvrières descendent dans les rues en criant: «Nous voulons nos maris!».
Deux projets différents animaient alors la diplomatie française: 1) celui de maintenir l'Autriche-Hongrie telle quelle, afin de faire contre-poids à la Prusse et de ne pas créer le chaos en Europe Centrale et 2) celui d'éliminer l'Empire des Habsbourgs, de le morceler et d'instaurer des régimes d'idéologie républicaine et illuministe en Europe Centrale. La deuxième solution finira par l'emporter. Dans ce contexte, le Prince Sixte arrive à Paris et explique que l'Italie est prête à faire une paix séparée à condition que l'Autriche cède le Trentin italophone (pas le Sud-Tyrol germanophone), avec pour compensation, l'ensemble ou une partie de la Somalie. La France et l'Angleterre ont donc intérêt, elles aussi, à signer une paix séparée avec l'Autriche. Lloyd George était favorable au projet, car les événements de Russie laissaient entrevoir la cessation des hostilités entre Russes et Allemands, le Prince Lwow ayant contacté les autorités du Reich en ce sens. De ce fait, l'Italie et la Russie risquaient de quitter l'Entente et de laisser Français et Britanniques seuls face aux armées allemandes et austro-hongroises. Poincaré et Ribot rétorquent que ni les intérêts serbes ni les intérêts roumains ni la question polonaise n'ont été pris en compte par le vieux monarque autrichien. Les Français se montrent très réticents à l'endroit du projet visant à coupler la rétrocession du Trentin à l'Italie et la récupération de l'Alsace-Lorraine. En effet, si l'Italie reçoit le Trentin, elle cessera de se battre et l'Entente manquera de troupes pour arracher par les armes les départements alsaciens et lorrains à l'Allemagne.
Les Alliés occidentaux se rendaient compte que l'Italie jouait son jeu seule mais que son poids militaire était tel qu'ils ne pouvaient la négliger. Le 3 juin 1917: coup de théâtre: l'Italie proclame qu'elle entend exercer un protectorat sur l'Albanie, coupant de la sorte l'accès de la Serbie à la mer. Le petit royaume slave des Balkans ipso facto ne pouvait plus acquérir un accès à l'Adriatique qu'en grignotant le territoire austro-hongrois, situation inacceptable pour Vienne. Au même moment, les Slovènes, Croates et Serbes à l'intérieur de la monarchie souhaitent constituer un royaume constitutionnel séparé selon le modèle hongrois.
Les contradictions internes de la monarchie la fragilise et la tenacité du Ministre italien Sonnino, imposant aux Alliés ses vues sur l'Albanie malgré les revers militaires italiens, négociant avec les Anglais et les Français un partage des Iles de l'Egée et du territoire turc, fait échouer les pourparlers entre Sixte et les autorités anglaises et françaises. De plus, les propositions de paix italiennes ne venaient ni de Sonnino ni du Roi d'Italie, ce qui réduisait considérablement les chances de l'Empereur autrichien et des frères de Bourbon-Parme. Le livre de Tamara Griesser-Pecar est une enquête très serrée qui nous permet de saisir la vision européenne et pacifiste, éloignée des engouements idéologiques générateurs de carnages abominables, des Bourbon-Parme et des Habsbourgs. Albert Ier y avait pleinement souscrit. La réussite de leurs projets aurait évité la seconde guerre mondiale et la partition de l'Europe à Yalta (Robert Steuckers).
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dimanche, 03 mai 2009
Le Japon et les Centraux pendant la première guerre mondiale
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1987
Le Japon et les Centraux pendant la première guerre mondiale
Josef KREINER (Hrsg.), Japan und die Mittelmächte im Ersten Weltkrieg und in den zwanziger Jahren, Bouvier Verlag/Herbert Grundmann, Bonn, 1986, 253 S.
Dans cet ouvrage collectif, on lira surtout avec profit les conclusions de Rolf-Harald Wippich sur l'histoire des relations germano-japonaises avant la première guerre mondiale. Les rapports entre l'Allemagne et le Japon sont alors essentiellement déterminés par le facteur russe. Japonais et Allemands voulaient ménager la Russie qui se rapprochait de la France. En 1898, Ito Hirobumi déclare: «Le Japon doit tenter de s'entendre avec St. Petersbourg et de partager la grande sphère d'intérêts de l'Orient avec sa puissante voisine. L'Allemagne pourrait jouer un rôle important en tant que troisième partenaire». Le Japon n'octroyait à Berlin qu'un rôle subalterne. Et, en Allemagne, personne n'avait un projet cohérent de politique extrême-orientale. Le Japon n'était pas considéré comme un facteur en soi dans les calculs allemands, mais comme une variable de la politique chinoise. Les Japonais jouissaient d'une certaine bienveillance: la variable qu'ils constituaient agissait vaguement dans le sens des projets allemands, surtout quand ils avaient maille à partir avec la Russie, ce qui allégeait la pression slave aux frontières orientales du Reich.
Le désintérêt pour le Japon en Allemagne vient d'un préjugé: le Japon s'est borné à imiter servilement le système prussien en amorçant l'ère Meiji. De surcroît, les Allemands souhaitent que les Russes jettent tout leur dévolu en Extrême-Orient et s'emparent de la Mandchourie et de la Corée. L'Empereur Guillaume, tenaillé par son obsession du «péril jaune», veut que la région soit sous domination «blanche», russe en l'occurrence. De cette façon, les Russes ne seront pas disponibles pour un projet panslave de balkanisation de l'Europe centrale au détriment de l'Autriche et au bénéfice direct de la France. Le Japon, même s'il a agi dans un sens favorable à l'Allemagne en Chine et s'il a montré à la Russie que le véritable danger était à l'Est et non en Europe Centrale, reste un facteur qui peut troubler les relations germano-russes. Ce souci de conserver de bons rapports avec la Russie conduit les Allemands à négliger les approches du cabinet germanophile de Yamagata/Aoki (1898-1900) et à ne pas conclure un pacte tripartite dans le Pacifique avec l'Angleterre et le Japon. En 1902, Anglais et Japonais signent un traité d'alliance sans l'Allemagne, qui n'est plus que spectatrice dans le Pacifique Nord. Occupant la forteresse de Kiao Tchéou, avec un hinterland chinois, l'Allemagne pouvait jouer un rôle d'arbitrage dans le conflit russo-japonais, tant que celui-ci restait latent. Après les événements de 1905 et la défaite de la Russie, la Japon est maître du jeu en Extrême-Orient; l'Empire des Tsars se tourne vers l'Europe et la stratégie du «para-tonnerre japonais» ne joue plus en faveur du Reich. Conclusion: l'Allemagne, maîtresse de la Micronésie, restait la dernière puissance européenne à éliminer dans la sphère d'influence directe du Japon. Ce sera le résultat de la première guerre mondiale dans la région.
Dans ce même volume, signalons également l'étude de Félix Moos (en langue anglaise) sur la Micronésie. Longtemps espagnol, l'immense archipel passe aux Allemands pour la somme de 4.500.000 dollars en 1899. Le Japon en prendra possession après Versailles. Pour le géopoliticien Haushofer, ce transfert dans les mains japonaises est normal et naturel, puisque le Japon est une puissance non étrangère à l'espace Pacifique (Robert Steuckers).
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lundi, 13 avril 2009
Aux origines de la Croatie militaire
Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1995
Aux origines de la Croatie militaire
L'éditeur C. Terana, spécialisé dans les rééditions de livres d'histoire militaire, publie La Croatie militaire (1809-1813). Les régiments croates à la Grande Armée du Commandant P. Boppe, ouvrage paru en 1900 et illustré de six planches en couleurs et d'une carte des “Provinces Illyriennes”. L'auteur nous rappelle les origines de la Croatie militaire: «Après que les Turcs, en 1685, eurent été contraints de lever le siège de Vienne et eurent été rejetés en Bosnie, l'empereur Léopold Ier, roi de Hongrie, organisa en 1687 un cordon de régiments frontières pour servir de barrière aux incursions qu'ils pourraient encore tenter, autant qu'à la propagation de la peste. Ce cordon fut établi sur une longue bande de pays s'étendant du littoral hongrois de l'Adriatique à la Transylvanie et ne dépassant pas la largeur moyenne de huit lieues, c'est à dire une journée de marche. Tout ce territoire fut soustrait à la féodalité seigneuriale, le souverain en devenant le maître absolu, et fut divisé en dix-sept provinces dites régiments; chaque régiment fut subdivisé en compagnies et celles-ci en familles (...). Cette organisation subsistait au commencement de ce siècle telle qu'elle avait été créée, tant elle s'adaptait aux besoins qui l'avaient fait concevoir, aussi bien qu'aux mœurs et au tempérament des habitants de contrées qui portaient le nom, justifié dans la réalité, de Confins militaires. Les Croates ayant toujours à se défendre contre les brigands venant de Turquie, vivaient sur un perpétuel qui-vive et étaient constamment armés; un fusil, un khangiar, plusieurs pistolets à la ceinture faisaient partie de leur costume, on pourrait presque dire d'eux-mêmes; ils étaient soldats de naissance:l eur groupement en régiments s'imposait donc par la nature même des choses et c'est un peuple organisé militairement que Napoléon devait, en 1809, trouver sur la rive droite de la Save» (P. MONTHÉLIE).
P. BOPPE, La Croatie militaire, Editions C. Terana; 31 bd Kellermann, F-75.013 Paris, 268 p., 150 FF.
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