Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mercredi, 08 mars 2023

L'archéofuturisme 20 ans après : ce que Faye nous a permis de comprendre

bdc05fff55800bad2cd52fcbaee988d2.jpg

L'archéofuturisme 20 ans après: ce que Faye nous a permis de comprendre

Par Adriano Scianca

Source: https://www.ilprimatonazionale.it/cultura/archeofuturismo-quello-che-faye-ci-ha-aiutato-a-capire-82600/

À l'occasion du quatrième anniversaire de la mort de Guillaume Faye, nous reproduisons pour nos lecteurs cet article de l'éditeur Adriano Scianca, publié dans ce journal le 31 mars 2018 [Il Primato Nazionale].

Rome, 31 mars 2018 - À la fin des années 1990, le nom de Guillaume Faye jouissait d'une aura légendaire auprès de quelques lecteurs cultivés, nostalgiques de l'âge d'or de la Nouvelle Droite, mais il était essentiellement inconnu de la plupart, car trop de temps s'était écoulé depuis la splendeur de son œuvre principale, Le système à tuer les peuples, qui remonte au début des années 1980. Lorsque, il y a exactement 20 ans, L'Archéofuturisme est sorti, les deux catégories de lecteurs - ceux qui n'en connaissaient pas l'existence et ceux qui se demandaient ce qu'il était devenu - ont été choquées. Le texte, en effet, était une véritable bombe atomique: par son style et par son contenu. Controversé, exagéré, provocateur, certes, comme savent l'être tous les grands écrivains. Il faut dire que le nouveau Printemps de Faye n'a pas eu beaucoup de fruits: malgré quelques exceptions (Pourquoi nous combattons ?, par exemple), la formule alchimique du succès de L'Archéofuturisme n'a jamais été répétée et les ouvrages suivants de l'auteur ont vite fini par être répétitifs et généralement sans mordant et sans éclat.

f0ae43930b7e605240873fb1fd6c5c98.jpg

Faye, alliant la puissance de l'archaïque aux suggestions futuristes

L'œuvre de 1998 a cependant fortement marqué l'imaginaire des deux décennies suivantes et n'a pas perdu substantiellement de son actualité. L'initiative de l'éditeur d'Aga, qui vient d'en éditer la réédition, après celle éditée en 1999 par Seb, ancêtre directe de l'actuelle maison d'édition de Maurizio Murelli, est donc plus que bienvenue. La thèse du livre est bien connue, ne serait-ce que pour avoir été entendue ici ou là : il faut unir Evola et Marinetti, le sacré et la technoscience, la puissance des suggestions archaïques et futuristes. La savoureuse petite nouvelle qui clôturait l'essai en donnait une image plastique, avec un fonctionnaire de l'empire euro-sibérien traversant les steppes dans un train à grande vitesse ultramoderne, profitant par la fenêtre de la course d'une meute de loups.

Mais c'est surtout le discours sur l'islam qui va bouleverser les anciens admirateurs de Faye et susciter le débat dans son vivier naturel. Le vieux chantre de la "cause des peuples" contre le système américano-centré a ressurgi de nulle part pour appeler à la guerre contre les musulmans.

Hérésie, trahison, main de la CIA ou du Mossad ? Sur le sujet, comme d'habitude, le point de vue de Faye tend à pousser les concepts à l'extrême, avec quelques tensions et quelques arguments taillés à la hache. Sur tout ce discours, et en général sur le lien entre la question immigrée et la question islamique, la longue recension, non pas de cet ouvrage, mais du suivant, La colonisation de l'Europe, proposée par l'un des principaux compagnons de Faye en Italie, Stefano Vaj (Per l'autodifesa etnica totale, paru dans la revue L'Uomo libero), dans laquelle les ambiguïtés d'un anti-islamisme primaire ont été bien disséquées, reste inégalée.

Vingt ans plus tard, si ce qui semblait être une obsession à l'époque n'a pas acquis les caractéristiques d'une prophétie, il s'en est fallu de peu. Trois ans après L'Archéofuturisme, Al-Qaïda s'est donné la peine de lancer le plus grand défi terroriste de l'histoire aux États-Unis d'Amérique. Et tout le monde, il faut le dire, a commenté à l'époque, non sans raison, que celui qui sème le vent... L'impression était qu'il s'agissait d'une question spécifique aux Américains, à savoir s'ils voulaient voir en Ben Laden une marionnette américaine, ou en faire l'interprète extrême mais conséquent d'une réaction à leur puissance planétaire. Ce n'est que quelques années plus tard que le terrorisme islamiste a commencé à frapper indistinctement les Européens, avec une fréquence et une férocité telles qu'elles ont découragé tout faux drapeau infatigable. Dans les périphéries multiraciales, une haine sourde et impitoyable de tout ce que nous sommes était apparue, bien au-delà de ce que nous disons ou faisons, bien au-delà de nos distinctions, certes fondées et sacro-saintes, entre l'Europe et l'Occident. Faye avait-il donc raison de nous appeler à la croisade ? Il a certainement eu raison de nous faire réfléchir à une question que nous avons toujours abordée selon des coordonnées culturelles vieilles d'au moins un siècle.

cd3eda2fd6690af779119b6dc9ad60fd.jpg

Peu après le retour sur scène de l'ancien néo-droitiste, une réponse pro-islamique à Faye est parue en France : Les Croisés de l'Oncle Sam, de Tahir de la Nive. Mais le plus intéressant dans cet essai, c'est la préface de Claudio Mutti, qui reprend une à une les références culturelles de Faye, en montrant comment, au fil des années, elles ont manifesté de la sympathie pour l'islam : comment peut-on "unir Evola et Marinetti" contre Mahomet, alors que tous deux ont fait l'éloge de la religion musulmane, tout comme Nietzsche, Heidegger, etc. La réplique a du sens, mais elle repose sur une erreur fondamentale : l'idée d'appliquer à l'islam "chez nous" les mêmes catégories d'interprétation qu'à l'islam "chez eux". Les clés herméneutiques devaient être mises à jour, en tenant compte d'une "minorité" de moins en moins "minoritaire" qui, en Europe, se montre très peu encline à discuter du soufisme et de Guénon, préférant travailler à s'approprier un continent qu'il n'y avait pas de raison de ne pas considérer comme une future terre d'islam. Mais force est de constater que toute réflexion sérieuse sur le sujet fut vite contrariée par les élans d'une droite fallacieuse, occidentaliste, triviale, hostile à la religion et à la tradition musulmanes plus qu'à toute autre chose.

Bref, la question reste à penser. Mais pour cela, il faudrait savoir sortir des slogans adolescents, abstraits et autoréférentiels ("les centres commerciaux sont pires que les mosquées", a-t-on entendu récemment, ce qui ne veut strictement rien dire), tout en gardant la tête froide pour imposer sa propre vision des choses, ni instrumentalisée, ni exploitable, ni louée par les trublions de tous les débats, ni empruntée aux bonimenteurs médiatiques, compréhensible par le grand public mais sans facilités sloganistiques. Le passage, on le comprend bien, est étroit. Mais savoir le repérer, c'est ce qui distingue les révolutionnaires des marionnettes.

Guillaume Faye, l'homme des provocations volcaniques. Les souvenirs de Stefano Vaj

9eac3cc73747b1ed6eca3d3ded288ff1.jpg

Guillaume Faye, l'homme des provocations volcaniques. Les souvenirs de Stefano Vaj

Source: https://www.ilprimatonazionale.it/approfondimenti/guillaume-faye-nietzschanesimo-pratico-stefano-vaj-107728/

A l'occasion de l'anniversaire de la mort de Guillaume Faye, nous republions cet article de Stefano Vaj

Rome, 11 mars 2019 - "Seule la pensée radicale est féconde. Parce qu'elle seule crée des concepts audacieux qui brisent l'ordre idéologique hégémonique et permettent de sortir du cercle vicieux d'un système de civilisation qui s'est révélé être en faillite. Pour reprendre la formule du mathématicien René Thom, auteur de la Théorie des catastrophes, seuls des "concepts radicaux" peuvent faire basculer un système dans le chaos - la "catastrophe" ou le changement d'état violent et brutal - pour donner naissance à un autre ordre".

Guillaume-Fayecitation.jpg

Guillaume Faye représente la déclinaison intellectuelle et polémique, et l'exemple, d'un nietzschanisme pratique qui ne voit d'intérêt à être dans le monde que pour le comprendre, et ne voit d'intérêt à le comprendre que pour le changer. Le respect muséal des expériences passées, l'érudition suffisante, la précision philologique, la peur du changement, la recherche de la popularité personnelle, la navigation astucieuse parmi les préjugés de son public, le moralisme lugubre du militant sévère, n'ont jamais eu leur place dans cet enthousiasme panique : c'est ce qui m'a toujours attiré vers cet ami et cet interlocuteur dont l'activité et la pensée ont fortement conditionné ma propre parabole intellectuelle.

Conditionnement largement dialectique, car une formation et une sensibilité largement communes ne nous ont jamais empêchés de défendre des conclusions souvent différentes, parfois opposées, sur divers sujets, en partant cependant d'hypothèses et de sensibilités partagées, en partant de l'idée que les provocations doivent être acceptées et abordées sérieusement quelle que soit leur origine, et que dans chaque problème, dans chaque évolution passée ou présente, se cache une opportunité à côté du danger qui, autrement, ne se serait jamais manifesté. Mais le conditionnement était si important qu'il ne serait pas exagéré de dire que j'ai appris le français pour traduire Le système à tuer les peuples.

Ainsi, même après que nos contacts personnels et téléphoniques soient devenus plus sporadiques, mes deux principaux écrits, Investigation of Human Rights et Biopolitics. The New Paradigm, en plus d'être truffés de citations de Faye, ne représentent rien d'autre que des développements parallèles de préoccupations communes, et un troisième texte - qui m'a causé quelques problèmes, notamment en raison de la décision de celui qui l'avait initialement publié de l'intituler Pour une autodéfense ethnique totale - représente en fait une réinterprétation critique des questions soulevées dans La colonisation de l'Europe, dont je ne partage toujours pas les évaluations concernant le rôle de l'islam, mais qui reste l'un des textes fondamentaux que nous devons aborder lorsque nous examinons la question de l'immigration non européenne sur notre continent.

Jeune-Bretagne-Crise-européenne-12-1-768x513.jpg

De même, mon engagement plus récent dans le monde du transhumanisme, et en particulier dans l'AIT et dans l'associationnisme identitaire et fédéraliste de Terra Insubre, dont les représentants occupent aujourd'hui des positions institutionnelles et académiques très importantes en Italie, sont à leur tour le reflet d'intérêts partagés qui, au moment même de la mort de Faye, arrivent en quelque sorte à maturité dans la conscience collective d'au moins des minorités significatives de notre société, avec des résultats qui commencent à transcender la sociologie et le mouvement des idées pour entrer dans l'histoire.

Dans ce cadre, les positions et les provocations exprimées et promues de façon volcanique par Faye pendant plus de quarante ans ne sont pas étrangères au changement de perspective qui s'opère, même si lui-même ne prend pas tout ce qu'il dit plus au sérieux que Nietzsche ou Marinetti, l'essentiel étant d'appeler le lecteur ou l'auditeur à "mettre la pensée en mouvement", et à explorer des voies qui l'amènent à considérer autrement ce qu'il croit savoir ou avoir compris des processus passés et en cours, plutôt que de se perdre dans des détails ou des préoccupations documentaires, pour lesquels notre auteur a d'ailleurs manifesté son mépris en prenant l'habitude d'introduire régulièrement dans toutes ses œuvres une seule fausse source, inventée de toutes pièces !

006724613.jpg

Je ne suis donc pas convaincu par ceux qui ne lui pardonnent pas d'associer, surtout dans des ouvrages plus directement liés à l'actualité politique, des intuitions profondes à des hypothèses ou des démarches invraisemblables et farfelues, voire dangereusement ambiguës, et parfois contradictoires par rapport à des thèses tenues simultanément dans le même texte - comme c'est le cas pour une bonne partie du livre sur la Nouvelle question juive, qui a attiré les foudres d'une grande partie du monde juif et de la totalité des cénacles de l'antisémitisme primaire, et que j'ai été surpris et quelque peu gêné de lui dédier. Je continue donc à considérer son rôle comme précieux et décisif, même dans sa production la plus discutable, et j'ai de la chance que nous ayons appris à nous connaître et que nous ayons forgé une amitié faite avant tout d'un attachement à des valeurs communes.

Des valeurs qui restent exprimées surtout dans les parties plus théoriques et moins connues, mais non moins provocantes, de son œuvre, comme Per farla finita con il nichilismo, une analyse pas toujours fiable mais brillante de la pensée de Heidegger publiée en italien grâce à Francesco Boco, ou Futurismo e Modernità, publié à l'origine par Divenire, une revue d'études interdisciplinaires sur la technologie et le post-humain, qui mérite certainement d'être redécouverte.

Stefano Vaj

Ouvrages de Stefano Vaj:

61LlEXwNo1L.jpg

510KiTr4e7L.jpg

41n+yHfQ3iL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

71rJJfAROFL._AC_UF1000,1000_QL80_.jpg

Le roman Laurus comme manifeste du traditionalisme russe

9788412227659_baja4.jpg

Le roman Laurus comme manifeste du traditionalisme russe

Darya Douguina

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/il-romanzo-laurus-come-manifesto-del-tradizionalismo-russo?fbclid=IwAR3bjfqyRle2zNK5MTtsiH4xkgwSEzzY0y7qKWGn6PyInd43KLWw5kaaz7s

Le roman-vie, un "roman non-historique" comme l'appelle l'auteur Evgeny Vodolazkine (docteur en philologie, spécialiste de la littérature russe ancienne), est une description du destin et du développement intérieur d'Arséni le guérisseur. Après avoir reçu une formation médicale de son grand-père Christophe, Arséni entre dans la vie qui recèle toutes ses complexités, ses tentations et ses épreuves. Dès le début, le profil d'Arséni trahit un homme appelé en esprit et marqué par un don particulier, par un charisme inhabituel. Il est mobilisé par une puissance supérieure pour servir les gens. Il n'est pas de ce monde, mais il sert les gens de ce monde. Déjà en cela, nous pouvons voir la trame de la souffrance et de la douleur.

photo_Vodolazkine.jpg

Pendant une épidémie, Ustina, une jeune fille pauvre dont le village a été frappé par une épidémie, arrive chez Arséni. Le jeune guérisseur l'accueille comme il accueille tous ceux qui ont besoin d'aide et de secours, ceux qui sont en détresse et n'ont nulle part où aller et personne vers qui se tourner. Arséni la laisse entrer chez lui, la recueille, lui donne un abri et... ils grandissent ensemble. Trop. Et surtout - sans le sacrement de l'église, obligatoire pour un homme de la Vieille Russie. Cela signifie que leur union est un péché et qu'elle entraîne la douleur, la souffrance, la mort et une fin sombre. Ustina tombe enceinte, mais par peur de la censure et des reproches, Arséni ne l'emmène pas au mariage. De plus, il ne sait pas comment expliquer qu'elle a été sauvée de la peste. L'amour s'avère donc être un péché, l'enfant est le résultat d'une chute, et en plus de la situation sanitaire compliquée avant l'accouchement, qu'Arséni lui-même est obligé de soigner, Ustina ne reçoit pas la communion, car comment expliquer sa situation au confesseur ?

Et c'est ainsi que le pire se produit. Ustina meurt pendant un accouchement atroce, le bébé est mort-né. Arséni perd presque la raison à cause de son chagrin et de la connaissance de sa complicité dans l'horreur qui s'est produite. Ustina et son enfant mort-né, qui n'a pas été baptisé, ne méritent même pas des funérailles correctes selon les normes de l'époque ; la femme en douleurs n'était pas mariée et l'enfant est mort non baptisé. Tous deux sont enterrés dans le Bogedomk, un endroit spécial en dehors des cimetières chrétiens où sont jetés les cadavres des vagabonds, des ophi, des sorciers et des clowns. Avec Ustina, le premier Arséni meurt et un nouveau est né, qui s'appelle Ustin cette fois: il prend pour nom la version masculine du nom de sa bien-aimée, de sa victime et de son péché. C'est ainsi que le héros commence sa route : la route du repentir, des actes héroïques et de la souffrance pour surmonter la douleur spirituelle et métaphysique persistante de sa jeunesse, détachée de l'axe.

9782213686363-475x500-1.jpg

Arséni-Ustin devient plus tard un herboriste et un guérisseur célèbre, sa renommée s'étendant à toute la Russie. Mais ce n'est qu'une étape. Puis vient le temps d'une nouvelle "transition". Et il avance dans la chaîne des anciennes figures spirituelles russes: fou, vieillard, prophète.  Le fou Thomas donne un nouveau nom au héros - désormais, c'est Amvrosy, et à son tour, il entreprend l'exploit de traverser la folie, atteignant la sainteté et l'impassibilité dans l'humiliation volontaire et un comportement atypique - parfois provocateur.

S'ensuit un pèlerinage à Jérusalem avec le moine italien Ambroise et, au retour de ce pénible voyage, l'accession au rang de moine et se qui généralement s'ensuit, jusqu'à l'ordre monastique le plus élevé, le schema. Ainsi, d'Arséni-Ustin est né Laurus - de la douleur de l'âme, qui a vu le corps de la bien-aimée Ustina jeté dans la géhenne ; du témoignage de la mort du moine Ambroise ; de l'observation des éléments pendant les tempêtes, dans lesquelles les marins périssaient ; de l'injustice générale du monde et du bourbier qui couvrait les terres russes (et non-russes) ; de l'infinité des espaces et des âmes russes, au-delà de la compréhension des étrangers et des Russes eux-mêmes.

Quel genre de personnes vous êtes, dit le marchand Siegfried. - Un homme se soucie de vous, il vous consacre toute sa vie, vous le tourmentez toute sa vie. Et quand il meurt, vous lui attachez une corde aux pieds et le traînez, et vous êtes en larmes.

- Vous êtes dans notre pays depuis un an et huit mois déjà, dit le forgeron Averky, et vous n'en avez rien compris.

- Et vous, vous le comprenez ? - demande Siegfried.

- Le comprenons-nous ? - Le forgeron hésite et regarde Siegfried. - Nous non plus, bien sûr, nous ne le comprenons pas.

Jalons de la vie humaine Traditions

Arséni - Ustin - Amvrosi - Laurus

La vie de Laurus, qui dans son hagiographie est divisée en plusieurs cycles - enfance/jeunesse/maturité/vieillesse et "sannyasa" (la vie d'un ermite qui renonce complètement au monde) soit la vie d'un homme de la Tradition.

010152745.jpg

Dans la description de la vie ascétique de Laurus, le canon indo-européen de la vie d'un homme de la Tradition (décrite de manière vivante dans le Manu-smriti et d'autres écrits hindous) luttant pour la libération, composée de quatre cycles, se manifeste. Le roman, comme la vie de Laurus, est divisé en quatre parties: "Le livre de la connaissance", "Le livre du renoncement", "Le livre de la voie" et "Le livre du repos". Selon les Upanishads, la libération devient possible si l'on vit dignement les trois ashrams (les trois étapes de la vie):

1) L'étude des Vedas, le discipulat (brahmacharya) - la première étape de la vie d'Arséni - apprendre de la sagesse de son grand-père Christophe.

2) Le foyer et le sacrifice pour l'épouse et la famille (grihastha) - la famille d'Arséni, la mort d'Ustina et l'acceptation ultérieure de celle-ci en elle-même - le dialogue constant avec l'amante décédée.

3) Les années d'ermitage dans la forêt (vanaprastha) - à la fois l'herculéanisme et l'errance et le voyage à Jérusalem

4) La dernière période d'ashram (sannyasa) - associée dans l'hindouisme au retrait des affaires mondaines et à la dévotion totale au développement spirituel, c'est une période de méditation et de préparation à la mort. Dans la tradition hindoue, il était très important de mourir sans abri, nu, seul, un mendiant inconnu. C'est ainsi que meurt Laurus, après avoir été calomnié.

Il est important de noter qu'à chacune de ces étapes de la vie dans la Tradition, il y avait un changement de nom. Ainsi, nous, lecteurs, assistons à une séquence de quatre personnages - Arséni, Ustin, Ambrosi et Laurus - chacun manifestant quatre étapes différentes de la formation humaine dans la tradition indo-européenne.

"J'ai été Arséni, Ustin, Ambrosi, et maintenant je suis Laurus. Ma vie est vécue par quatre personnes différentes qui ont des corps différents et des noms différents. La vie est comme une mosaïque et elle se désagrège", dit Laurus.

Être une mosaïque ne signifie pas tomber en morceaux, réplique Innocent. Tu as brisé l'unité de ta vie, tu as renoncé à ton nom et à ton identité. Mais même dans la mosaïque de ta vie, il y a quelque chose qui unit toutes ses parties séparées, c'est l'aspiration à Lui (à Dieu - note de l'auteur). En Lui, elles seront réassemblées", répond le vieil homme Innocent.

Quatre vies, étapes, images, visages-personnalités différents fusionnent en un seul visage. Le passage des quatre étapes de la vie dans le roman est l'ascension successive de l'homme du plus bas au plus haut, de la manifestation matérielle à la plus haute réalisation - le sacrement théurgique. Ce qui est décrit dans Laurus est l'expérience néo-platonicienne du retour de l'âme à sa source, le Bien, l'Un. Le roman peut être considéré dans le schéma néoplatonicien de l'ascension de la création vers sa source ineffable.

Ces quatre périodes de la vie du protagoniste ont également une dimension sociale, de caste : l'ascension d'une étape à l'autre est aussi un changement de statut social. Du disciple au "mari", du "mari" à l'ermite, de l'ermite au moine et à l'ermite. Tout ceci est un mouvement le long de l'axe vertical des strates sociales : alors que dans la première partie, Arséni possède une maison, des livres, des herbes et un petit territoire, à la fin du livre, il n'a plus de murs et ses refuges sont les voûtes de pierre, les arbres et la forêt. Ainsi, en passant à une nouvelle phase, Arséni s'est également séparé des livres de Christophe. Le nouveau héros, le philosophe et le gardien, n'est pas apte à posséder une quelconque propriété privée. Il ne peut rien avoir, car la possession de quelque chose signifie l'affaiblissement de la tension de la contemplation du haut. A la fin du roman, Laurus ne possède rien, toute sa nourriture est celle des oiseaux et des bêtes, il n'appartient même plus à lui-même. Il appartient à l'Absolu.

vodolazkine-aviateur_poche-BD.jpg

Le problème du temps et de l'éternité dans le roman Laurus

L'un des principaux thèmes du roman est le problème de l'interprétation du temps: le temps matériel dans Laurus, suivant les thèmes platoniciens, est compris comme "le simulacre mobile de l'éternité". Deux dimensions semblent coexister dans le roman : un temps linéaire menant à la fin (la ligne eschatologique du roman vient de l'Occident - Ambroise vient en Russie pour trouver la réponse à la question de la date de la fin du monde), une dimension judéo-chrétienne et une dimension pérenne-mythologique, issue de la tradition antique, qui dans le christianisme est devenue une dimension du cycle circulaire du culte, qui apparaît simultanément comme une spirale et se transforme en paradoxe : les événements reproductibles - les fêtes de l'Église - qui se reproduisent à chaque fois, se réalisent comme s'ils n'avaient jamais eu lieu auparavant. Chaque fois, des événements similaires en termes de signification apparaissent différents (une conversation entre Laurus et le vieil Innocent : "Parce que j'aime la géométrie, je compare le mouvement du temps à une spirale. C'est une répétition, mais à un niveau nouveau et plus élevé'). Même le récit lui-même, la vie d'Arséni, reproduit la spirale - de nombreux événements du roman sont similaires, mais ils se produisent chaque fois à un nouveau "niveau supérieur" (par exemple, à la fin de sa vie - Arséni, anciennement Laurus, fait accoucher à nouveau, cette fois la mère en douleurs ne meurt pas, et le bébé survit).

"Il existe des événements similaires", poursuit l'aîné, "mais de cette similitude découle le contraire. L'Ancien Testament est inauguré par Adam, mais le Nouveau Testament est inauguré par le Christ. La douceur de la pomme mangée par Adam se révèle être l'amertume du vinaigre bu par le Christ. L'arbre de la connaissance conduit l'homme à la mort, mais l'arbre de la croix lui donne l'immortalité. Souviens-toi, Amvrosi, que la répétition nous est donnée pour vaincre le temps et notre salut.

La coexistence des deux dimensions - temporelle et éternelle - est également évidente dans la structure même du récit : dans Laurus, les descriptions de la vie russe médiévale sont étroitement imbriquées avec des épisodes contemporains, le protagoniste vit avec les morts - il leur parle constamment, discute avec eux, parle de ses expériences. Cette structure est largement apparentée aux romans postmodernes. Vodolazkin est certainement un postmoderne dans sa technique. Cependant, en remplissant le "collage" d'intrigues de différentes étapes, il place les significations traditionalistes profondes au-dessus de la technique. Dans le roman, la coexistence de plusieurs époques est montrée de manière particulièrement subtile et vivante : nous nous trouvons dans la Russie médiévale, puis nous passons dans le monde moderne avec les chercheurs, les amateurs de livres et les historiens, puis nous nous retrouvons témoins de la terminologie soviétique - Vodolazkin a réussi de manière très intelligente et organique à montrer le synchronisme, l'existence parallèle de plusieurs époques et dimensions. Tout comme différentes tranches de temps coexistent dans le roman, il y a en nous aujourd'hui à la fois l'archaïque et le futur. Nous sommes aujourd'hui nos ancêtres, qui observent le monde en pleine mutation à travers nos yeux, et nos futurs enfants.

BRISBANE_1eredecouve_BD.jpg

Le roman Laurus est un manifeste à grande échelle du traditionalisme russe, une incarnation du paradoxe russe de la coexistence du temps et de l'éternité en nous, de ce canon indo-européen de l'hagiographie déguisé en znakhar médiéval, de ce mythe de l'éternel retour et de la découpe de ce mythe avec la flèche du temps, en direction de la fin du monde. Laurus est un manifeste du mouvement vertical. Celui que nous avons oublié derrière la frénésie du quotidien. Et il se manifeste si clairement en temps de peste. Hier et aujourd'hui.

"Le Christ n'est-il pas la direction générale ?" demande le vieux. Quelle direction cherchez-vous encore ? Et ne vous laissez pas emporter par le mouvement horizontal au-delà de toute mesure. Et de quoi ? demanda Arséni. Le mouvement vertical, répondit l'ancien en pointant vers le haut. 

Dépêches sur les événements de Géorgie

gxdd5jw44f-i1orcaqzueyuvm64cdc2ycmerxykj9z9x3aebzgm0owb0tvpbeii1dygw8jzwzrx7yynri89cml5qozshnq-jwykvtelbqlnwigackawwfrfqeqof7yds32mtknjn1bfpojv3gdnpkd1qbkhlw19h83gfrn7b96mll-q9k3obycc2h0cubbad-o.jpg

Dépêches sur les événements de Géorgie

Manifestations de masse à Tbilissi contre la loi sur les agents étrangers - l'essentiel

Source: https://katehon.com/ru/news/v-tbilisi-massovye-protesty-protiv-zakona-ob-inoagentah-glavnoe

Mardi, 7 Mars 2023 - 22:09

L'opposition géorgienne s'est unie et tente de chasser le gouvernement et son chef, Bidzina Ivanichvili, par la force (jusqu'à présent sans recourir aux armes). La loi sur l'influence étrangère prévoit que les personnes morales qui reçoivent plus de 20 % de fonds étrangers doivent le déclarer publiquement.

    - Le rassemblement devant le parlement a commencé après l'adoption du projet de loi en première lecture. Les citoyens s'y opposent car ils estiment que la loi entrave l'intégration européenne de la Géorgie.
    - Le chef du parti au pouvoir, Rêve géorgien, estime que la société est volontairement désinformée, alors que la transparence des ONG contribuera à réduire la polarisation politique.
    - Au milieu du bruit et des affrontements, les députés ont dû être évacués du bâtiment du Parlement sous la protection de la police.
    - Le ministère de l'intérieur a déclaré que le rassemblement "a pris un caractère violent". L'opposition insiste sur le caractère pacifique de la manifestation
    - La police a tiré des gaz lacrymogènes et actionné des canons à eau lors du rassemblement qui a suivi. Des manifestants, des journalistes et des policiers ont été blessés
    - Levan Ioseliani, procureur géorgien, a appelé la police et les manifestants à "ne pas dépasser les limites".
    - La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili a annulé ses réunions à New York et s'adressera bientôt au peuple.
    - Notez que le nouvel ambassadeur américain en Géorgie, Robin Dunnigan, est considéré comme un expert en matière de coups d'État (appelés "révolutions colorées").


* * *

756782149885680.jpg

Les États-Unis menacent la Géorgie de sanctions pour avoir adopté une loi sur les agents étrangers

Source: https://katehon.com/ru/news/ssha-prigrozili-gruzii-sankciyami-za-prinyatiya-zakona-ob-inoagentah

Mardi, 7 Mars 2023 - 22:54

Les autorités américaines n'excluent pas la possibilité d'imposer des sanctions à la Géorgie en raison de la loi sur les agents étrangers. C'est ce qu'a annoncé le département d'État américain dans la nuit de mardi à mercredi.

Ils ont expliqué que pour l'instant, il s'agit de sanctions personnelles contre des hommes politiques géorgiens.

"Nous disposons d'un certain nombre d'outils qui nous permettent de demander des comptes à quiconque, dans n'importe quel pays, entrave l'exercice d'un droit de l'homme universel", a déclaré le porte-parole du département d'État, Ned Price.

Un peu plus tôt, l'ambassadrice des États-Unis à Tbilissi, Kelly Degnan, avait également exprimé sa protestation. Elle a qualifié le projet de loi de "contraire à la loi américaine et dirigé contre les médias et les ONG".

Ces propos ont surpris les membres du gouvernement géorgien. Ainsi, Thea Tsulukiani, vice-premier ministre de Géorgie et ministre de la culture, a avoué ne pas comprendre la logique américaine.

Premièrement, pourquoi la loi géorgienne doit-elle se conformer à la législation américaine ? Deuxièmement, comment peut-elle contredire la législation américaine, si elle reprend littéralement la loi américaine existante sur les agents étrangers. La seule différence est que la version géorgienne est beaucoup plus douce.

Aux États-Unis, la loi permet à la fois à une personne morale et à une personne physique d'être reconnue comme agent étranger. En Géorgie, elle n'autorise que les personnes morales. Malgré cela, Washington a accusé Tbilissi de violer les droits de l'homme.

Le parlement géorgien a adopté en première lecture la loi sur les agents étrangers. Cela a déclenché des protestations massives et des affrontements avec la police de l'extérieur. Mécontents de la décision des parlementaires, les manifestants craignent que la nouvelle loi ne devienne un obstacle sur la voie de l'intégration européenne du pays.

* * *

640794a402e8bd5a9d41fc79.jpeg

La présidente géorgienne en visite aux États-Unis qualifie la Statue de la Liberté de symbole de la lutte nationale et soutient le Maïdan à Tbilissi

Source: https://katehon.com/ru/news/prezident-gruzii-iz-ssha-nazvala-statuyu-svobody-simvolom-nacionalnoy-borby-i-podderzhala

Mardi, 7 Mars 2023 - 23:04

La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili, dans un discours aux manifestants à Tbilissi, a déclaré qu'elle soutenait la protestation contre la loi sur les agents étrangers. Elle a ajouté qu'elle opposerait son veto à cette loi.

"J'en appelle à vous, ce soir, à Rustaveli, où je me suis tenue plus d'une fois. Ce soir, je suis à New York et la Statue de la Liberté est derrière moi. C'est un symbole de ce pour quoi la Géorgie s'est toujours battue, de ce que nous avons atteint aujourd'hui. Je me tiens à vos côtés parce que vous représentez aujourd'hui la Géorgie libre", a déclaré Salome Zurabishvili dans son discours vidéo.

* * * 

2023-03-07_22-11-28.jpg

La police de Tbilissi répond aux cocktails Molotov en tirant des balles en caoutchouc contre les manifestants

Source: https://katehon.com/ru/news/policiya-tbilisi-v-otvet-na-kokteyli-molotova-primenila-rezinovye-puli-protiv-protestuyushchih

Mardi, 7 Mars 2023 - 11:16 pm

Pour tenter de disperser les foules violentes de manifestants, la police a commencé à utiliser des balles en caoutchouc. Ni les canons à eau ni les gaz lacrymogènes n'ont pu calmer les manifestants, et les manifestants eux-mêmes ont commencé à lancer des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre.

Les manifestants ont déjà reçu le soutien de la présidents de la Géorgie, qui, bien qu'il s'agisse d'une personnalité officielle, peut encore influencer l'humeur de la foule, dont la taille, selon les premières estimations, est d'au moins 10.000 personnes.

La police retient les manifestants avec des matraques en caoutchouc près du bâtiment du parlement géorgien, la circulation est bloquée dans toute la ville et des équipements spéciaux ont été envoyés dans les rues de Tbilissi.