C’est un feuilleton avec deux protagonistes : Marc-Édouard Nabe (qui réplique sur Internet) et votre serviteur (qui le fait ici). Cela divertit, paraît-il, et, cerise sur le gâteau, fait de la publicité au BC. Rappelons les faits. Tout commence à l’automne 2021 lorsqu’une société de production d’émissions de télévision (fondée par le producteur Laurent Bon et le journaliste Yann Barthès) entreprend de réaliser un documentaire sur Céline¹. À charge évidemment. Raison pour laquelle ils sollicitent un expert en photographie pour visionner un reportage réalisé au printemps 1943 qui relate le voyage de Fernand de Brinon en Allemagne et en Pologne (où il se rend sur les lieux du massacre de Katyn). L’objectif étant d’identifier Céline dans ce film. L’expert concédera que, contrairement à Brasillach, celui-ci n’était pas du voyage mais affirme, contre toute vraisemblance, qu’il se trouvait à l’arrivée du train, le 29 juin 1943. Dans le but, renchérit Nabe de converser avec… Brasillach à propos précisément de Katyn ! Pure invention. L’expert fut abusé par un document des RG indiquant fautivement que Céline était présent à la gare de l’Est². L’évidence physionomique réfute cette thèse. Et Nabe, habituellement plus suspicieux, d’avaliser ce bobard³. On a beau lui apporter la preuve que Céline ne quitta pas Saint-Malo fin juin 43, rien n’y fait4. Cet été malouin fut consacré à l’écriture et il n’éprouva aucunement le désir d’entreprendre un trajet harassant pour questionner Brasillach sur Katyn, d’autant qu’il était amplement renseigné sur le sujet.

Quant à la polémique qui, en 1939, l’opposa à Brasillach, on déplore, une fois de plus, la méconnaissance de Nabe dès qu’il est question de documents : il ignore le dossier que publia L’Année Céline en 20235. Et met dès lors au défi les “butineurs du Bulletin” de publier l’intégralité de ce que Céline écrivit alors à Brasillach. L’autre problème est qu’une discussion pondérée avec Nabe s’avère impossible. Dès qu’on le contredit, il s’abaisse aux insultes et autres gracieusetés6. Un exemple entre tous : dans un premier temps, il reproche avec grossièreté à Henri Godard de ne pas avoir publié la version inédite de Féerie sous le titre Au vent des maudits soupirs pour une autre fois (!). Lorsque je lui apprends que ce titre fautif amalgame deux titres envisagés par Céline (Au vent des maudits et Soupirs pour une autre fois)7, il incrimine une fois encore Godard, ne sachant pas que celui-ci dut s’incliner devant le choix de l’ayant droit.

Mais Nabe ne doute jamais, assénant allégations fautives et invectives injurieuses avec aplomb. À tout prendre, je préfère les dénigrements d’un célinien enivré de selfies (égoportrait en français) qui se fit connaître en publiant les textes des autres. Si la gratitude n’est pas sa qualité première, au moins l’étalement de ses rancœurs ne sombre pas dans la trivialité.
- (1) « Céline : les derniers secrets », film de Élise Le Bivic et Paul Sanfourche.
- (2) Voir M. L., « L’expert n’est plus aussi catégorique », Le Bulletin célinien, n° 466, octobre 2023, pp. 5-6.
- (3) Il est à noter que Nabe est le seul célinien dans ce cas. Voir par exemple Jean-Luc Germain, « Ô vessies, ô lanternes… Réflexions sur quelques hallucinations audiovisuelles » in L’Année Céline 2021, Du Lérot, 2022, pp. 264-267.
- (4) Rappelons que ce 29 juin 1943, Céline envoie de Saint-Malo une carte postale à Marie Canavaggia. Le lendemain, il adresse, également de Saint-Malo, une lettre à Henri Poulain.
- (5) « Plusieurs états d’une lettre à Robert Brasillach » in L’Année Céline 2022, Du Lérot, 2023, pp. 23-28.
- (6) Et ce dès le titre de son article : « Marc Laudelout, le connard du doute » (!), Nabe’s News, n° 34, 23 septembre 2025. Mais Nabe sait être courtois, par exemple quand il me priait de collaborer à un recueil critique consacré à l’un de ses livres (L’Affaire Zanini, Éd. Du Rocher, 2002), proposition que je déclinai d’ailleurs.
- (7) Il lui aurait suffi de lire la correspondance de Céline à Lucette pour le savoir (lettre du 10 août 1946).
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