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mercredi, 25 novembre 2015

Daech, c’est très simple

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Daech, c’est très simple

Jan Marejko
Philosophe, écrivain, journaliste
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Comprendre le comportement des terroristes islamistes n’est pas compliqué. A condition d’éliminer une tache aveugle qui, pour l’instant, … aveugle presque tout le monde. Qu’on ne parvienne pas à éliminer cette tache est, pour moi, un mystère ou, pour parler comme Karl Marx, un hiéroglyphe indéchiffrable. En quoi consiste-t-elle ?

Les hommes peuvent aimer la mort, la guerre. Freud a parlé d’instinct de mort, mais c’est beaucoup trop vague. On ne peut pas comprendre ce qui se passe dans les conflits à partir de la psychologie seulement. Pourquoi ?

S’emparer d’une Kalachnikov, ce n’est pas s’emparer de boîtes de conserves et de belles salades. Dans un supermarché, ce qui me meut, ce sont mes besoins terrestres. Pas lorsque j’avance avec une Kalachnikov, car alors, ce qui me meut, ce ne sont pas des besoins, mais quelque chose qui me dépasse et pour quoi je suis prêt à mourir. On ne peut pas mourir lorsqu’on veut acheter des salades. Les clients qui errent dans les beaux rayonnages de nos produits de grande qualité n’ont pas pris un risque de mort.

Cela fait au moins trente ans que j’essaie d’attirer l’attention sur cette élémentaire distinction et que  je passe pour un pestiféré dans les milieux qui veulent promouvoir une paix perpétuelle. Or, en disant cela, je ne fais pas de réclame pour la Kalachnikov ou l’engagement dans Daech. Lorsque je dis cela, je fais une constatation banale. Les hommes aiment prendre des risques de mort comme Charles Péguy lorsqu’il est monté à l’assaut d’une tranchée allemande. Les hommes croient pouvoir rencontrer Dieu ou la patrie en marchant à la mort. Les hommes mais aussi les femmes, parfois avec plus de fureur encore que les hommes, comme Svetlana Alexievitch l’a admirablement montré.

Ceux qui aiment les risques de mort pour se sentir mus par quelque chose de plus grand que d’alléchantes et débiles publicités, voient dans la paix perpétuelle une consommation perpétuelle, une condamnation à errer dans le labyrinthe de supermarchés proposant de quoi subvenir à nos besoins terrestres et rien qu’à cela. Lorsqu’on est  bloqué dans le chômage et une société qui ne propose plus d’autre perspective que la croissance et l’élévation du niveau de vie, on est beaucoup plus alléché par un risque de mort que par une publicité pour nespresso avec ou sans George Clooney. Une vie dans la guerre ou le terrorisme  est plus excitante qu’une vie dans McDonald. J’ai pu le sentir en regardant un film sur la guerre d’Espagne. J’étais ému par la ferveur des Brigades rouges et, paf !, interruption par une publicité  pour engager le spectateur à soigner ses hémorroïdes avec un onguent. Brusque passage d’un l’élan mystique des révolutionnaires espagnols à l’univers des besoins quotidiens, en l’occurrence le besoin de soulager son derrière. Il y avait d’un côté l’émotion provoquée par des hommes prêts à se sacrifier pour un idéal, de l’autre un consumérisme éhonté. Avec une publicité qui, jour après jour, nous traite comme de misérables rats cherchant leur satisfaction au terme d’un parcours dans les dédales de la consommation, pas étonnant que des jeunes veuillent rejoindre Daech.

Ne pourrons-nous résister aux terroristes islamistes qu’avec des hommes prêts à prendre un risque de mort ? Certainement. Mais il y a risque de mort et risque de mort. Les islamistes fanatiques prennent ce risque pour ressentir le frisson du sacré. Ce n’est pas nouveau. Les guerriers d’Israël le connaissaient, raison pour laquelle ils appelaient Dieu l’Eternel des armées. Achille aussi a connu ce frisson. Rien de tel qu’un champ de bataille pour savoir si nous sommes soulevés par un souffle qui dépasse nos élans vers des salades. Ernst Jünger, soldat allemand dans la Première guerre mondiale, disait qu’à chaque explosion d’un obus, il sentait s’ouvrir le portail de l’éternité. Mais il faut distinguer, comme dit Alain René  Arbez, entre le martyre qui s’expose (à la mort) et le djihadiste qui s’explose avec sa ceinture de dynamite. Au-delà du martyre, il y a aussi le soldat qui fait face à la mort pour défendre son pays, sa famille, ses biens. Il n’avance pas sous les balles pour éprouver un frisson sacré. Il n’est pas un nihiliste désespéré qui s’attend à tomber en extase apocalyptique dans la destruction de soi et du monde. Il veut au contraire conserver ce qui peut l’être dans sa lutte contre ses ennemis.

Notre culture ne nous parle, depuis des décennies, que de croissance et de droits de l’homme. Ainsi réduits au rang de choses destinées à fonctionner dans de grands machins, les Européens ne sont guère prêts à devenir des soldats risquant leur vie pour défendre des patries par ailleurs en voie de dissolution dans l’Europe unie.

Mais on aurait tort de perdre courage. Tandis que des fissures apparaissent dans le monde arabe, des fissures apparaissent aussi dans ce discours occidental qui tend à faire de nous des rats.

Notes : le rat dont je parle ici est tout proche de l’homme sans qualité de Robert Musil. Personne n’est allé aussi loin dans la réduction de l’homme au rat que Richard Dawkins lorsqu’il écrit ceci (que je suis tenté de considérer comme un blasphème) : « Quand une mère voit son enfant sourire, elle se sent récompensée de la même manière que la nourriture dans l'estomac est la récompense d'un rat dans un labyrinthe ». Le premier philosophe à parler de la prise d’un risque de mort est Hegel  dans sa célèbre lutte du maître et de l’esclave, lutte très bien décrite par Francis Fukuyama dans La fin de l’histoire. Une citation d’Ernst Jünger en dit long sur l’attraction que la guerre exerce sur l’âme « La guerre était notre rêve de puissance, de grandeur et de gloire ». Svetlana Alexievitch décrivant la passion des jeunes femmes russes à défendre leur patrie écrit : « Elles étaient animées d’une telle foi que, de la mort, elles attendaient la vie ».

Jan Marejko, 22 novembre 2015

mardi, 24 novembre 2015

Une réflexion madrilène sur Alain de Benoist, doxographe erratique et communautariste naïf

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Une réflexion madrilène sur Alain de Benoist, doxographe erratique et communautariste naïf


Très récemment, Alain de Benoist est revenu tout fier d’Espagne, où quelques-unes des brochures de ce célèbre « polygraphe et doxographe » (P. A. Taguieff) ont été traduites et vaguement commercialisées. Il s’est produit en spectacle à Madrid mais semble ne pas avoir convaincu tous ceux qui sont venus écouter cette voix que l’on dit encore trop souvent « révolutionnaire » mais donne de plus en plus la triste impression de chercher l’adéquation aux corpus dominants, notamment en évoquant, de manière lassante, une société idéale, selon ses vœux, où des communautés très diverses et très hétéroclites vivraient en une harmonie parfaite, un peu comme sur les couvertures des brochures colportées par les témoins de Jéhovah, où les petits moutons font des câlins à de bons gros lions devenus végétariens. Jésus J. Sebastian (eh oui, il a un « Jésus » non comme rabbi mais comme disciple…), directeur de la revue espagnole « Elementos », qui parait exclusivement en « pdf » sur le net, et qui est l’équivalent de la revue du « canal historique » de la nouvelle droite parisienne, énonce une critique de son « maître-à-penser », lui reprochant 1) une pensée erratique et désordonnée et 2) une insistance suspecte sur ce « communautarisme » digne de la naïveté des témoins de Jéhovah. Critique qui fera plaisir à des hommes comme Guillaume Faye ou Pierre Vial. Critique qui s’avère plus que jamais pertinente, suite aux massacres de Paris, perpétrés à deux pas du bureau de Benoist, dans le 11ème arrondissement. Ces massacres ont pulvérisé l’idéal de « multiculturalité » des idéologues dominants et médiatisés. Ils ont aussi réduit en poussière la pâle adaptation communautariste de cette idéologie dominante que le doxographe de Benoist avait voulu colporter pour se donner bonne conscience, pour se dédouaner, pour se faire pardonner ses péchés de jeunesse par le grand prêtre BHL et surtout pour récupérer un tout petit strapontin dans les médias du système. Sic transit gloria mundi… Sa mayonnaise n’a pas pris même chez ses féaux disciples de la péninsule ibérique. Matière à réflexion pour les petits gamins qui l’adulent et se sont extasiés récemment, avant le massacre de la rue de Charonne, devant le récit de son voyage historique à Madrid, devant les déclamations plastronnantes qu’il a affichées sur son petit blog narcissique.


clown-pour-homme_2.jpgPour information, voici la critique du directeur d’ « Elementos », parue sur le site d’« El Manifiesto », publication électronique également liée au canal historique de la ND parisienne (http://www.elmanifiesto.com/articulos.asp?idarticulo=5216&utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter ) : «Personnellement, j’ai toujours considéré Alain de Benoist comme un maître, un maître-à-penser. Et, à coup sûr, je regrette vivement certaines époques où sa pensée était, disons-le, plus stable, même si elle véhiculait des évolutions innovantes et parfois assez surprenantes. Le fait est que la mouvance connue sous le nom de Nouvelle Droite et placée sous sa direction conserve certains gènes héréditaires, parfaitement identifiables, mais en même temps, elle dépend de manière excessive des « revirements idéologiques » brusques de son principal animateur. A chaque découverte, à chaque innovation, à chaque réflexion issues du cerveau inquiet d’Alain de Benoist, la Nouvelle Droite est sommée de se repositionner, de s’adapter, de se reformuler. En effet, on peut constater que chaque étape dans l’évolution de la pensée d’Alain de Benoist a fait émerger une tendance nouvelle au sein de la Nouvelle Droite, que l’on peut inscrire dans un registre, où elle figure au titre d’extrait. C’est ainsi que l’on a vu des intellectuels qui ont choisi leur propre chemin après avoir croisé « la ligne de Benoist ». Ces mutations incessantes et constantes, au sein d’un organisme vivant comme la Nouvelle Droite, ont généré des séquelles. D’un côté, cela nous a appris à ne pas absoluiser notre pensée, à ne pas transformer notre propre idéologie en une essence, un fondamentalisme, à ne pas nécessairement rechercher de la perversité dans les autres courants de pensée, comme le marxisme, et plutôt à aller y découvrir des points de convergence. De la perversité, nous en trouvons de toutes les façons dans le libéralisme. D’un autre côté toutefois, cette même flexibilité idéologique (ndt : issue des variations et soubresauts de la pensée de Benoist), qui varie comme varie l’appréhension de notre identité, ne doit pas nous empêcher de soumettre à débat cet autre brusque changement dans la pensée du « maître », qui consiste à affirmer un communautarisme radical : ce dernier peut être acceptable dans le cadre d’une critique générale du libéralisme mais doit être discuté et critiqué quand il nous invite avec trop d’empressement à reconnaître l’autonomie des communautés minoritaires (et qui ne sont peut-être minoritaires que pour le moment…), minorités qui ont envahi nos sociétés européennes. Parce qu’elles ne sont pas simplement venues pour demeurer chez nous mais pour nous remplacer ».


Texte original :

« Personalmente, siempre he considerado a Alain de Benoist como un maestro, un maestro del pensamiento. Y, ciertamente, añoro aquellas épocas en las que su pensamiento era, por decirlo de alguna manera, más estable, aunque nunca exento de evoluciones innovativas y, a veces, incluso sorprendentes. El caso es que la mouvance conocida como Nueva Derecha, bajo su patrocinio y liderazgo, conserva ciertos genes hereditarios perfectamente identificables pero, al mismo tiempo, depende excesivamente de los bruscos “giros ideológicos” de su principal protagonista. A cada descubrimiento, a cada innovación, a cada reflexión que viene de la mano inquieta de Alain de Benoist, el pensamiento de la Nueva Derecha tiene que replantearse, adaptarse y reformularse. De hecho, cada paso en la evolución del pensamiento de Alain de Benoist ha generado una nueva tendencia en la Nueva Derecha, como un registro, como un estrato. Y por eso, también hubo intelectuales que continuaron su camino después de cruzar la “línea Benoist” Estas constantes e incesantes mutaciones en un organismo vivo como es la Nueva Derecha tienen, desde luego, sus secuelas. Por un lado, hemos aprendido a no absolutizar nuestro pensamiento, a no hacer de nuestra ideología algo esencial, un fundamentalismo, y a no buscar la perversidad de otras corrientes, como la marxista, incluso a buscar determinadas convergencias con las mismas. Perversidad que sí que encontramos siempre, sin embargo y por descontado, en el liberalismo. Pero por otro lado, esa misma flexibilidad ideológica, variable como es la identidad, no nos debe impedir debatir algún que otro cambio brusco del “maestro”, como es la asunción de un radical comunitarismo, aceptable en su crítica del liberalismo, pero discutible en cuanto al reconocimiento de la autonomía de las comunidades minoritarias (de momento) que invaden nuestras sociedades europeas. Porque no sólo han venido para quedarse, han llegado para sustituirnos”.


Les gamins de Paris vont encore dire que nous sommes “méchants” d’avoir publié cet extrait de Jésus J. Sebastian. Que c’est un acte gratuit. Une vengeance d’âne de Pape, vingt ans après… Non : c’est de bonne guerre parce qu’après avoir publié un article de Guillaume Faye sur ce site, nous avons encore eu droit à deux « commentaires » sous pseudonyme du doxographe lui-même ou de l’un de ses factotums. Nous n’avons pas le droit de republier du Faye. Faye, lui, n’a pas le droit d’écrire sans être dénigré suite à une vindicte trentenaire du doxographe. Nous avons simplement voulu arroser l’arroseur, marri parce que la visite de Faye à Washington fut un succès et que la vente de ses livres bat tous les records aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Scandinavie et dans l’espace linguistique néerlandophone (qui oublie petit à petit le français). Le doxographe communautariste est un vilain jaloux, un envieux tenaillé par un ressentiment qui aurait fait rire Nietzsche. Mais on ne le prend plus guère au sérieux. Ses litanies provoquent la lassitude.

Attentats de Paris: la phase d’exploitation

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Attentats de Paris: la phase d’exploitation

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Vendredi dernier, la France découvrait de façon très concrète l'ampleur de la menace islamique pesant sur son territoire. Une semaine plus tard la situation a évolué: aux réactions de bon sens des premières heures - promesse d'une riposte impitoyable, contrôles aux frontières, volonté affichée d'expulser les indésirables - sont assez vites venues se greffer des déclarations parasites, stériles, voire contre-productives. Si l'enquête proprement dite a progressé à grands pas, le train des mesures politico-juridiques semble bien avoir déraillé avant même de quitter la gare.

Cela n'a rien de surprenant. Les élites de France (et d'ailleurs) ne seraient pas arrivées là où elles sont sans un grand sens de l'improvisation et de l'escamotage leur permettant de se ramener à leur agenda initial quelle que soit la force des événements venus, un instant, les perturber. Après quelques heures de déclarations émues, les hauts fonctionnaires et les bureaux politiques ont donc travaillé d'arrache-pied pour en revenir au plan initial: maintenir le statu-quo et garder le pouvoir, et peut-être même le renforcer.

Entre désinformation et agenda politique, un petit tour d'horizon s'impose.

L'épopée du faux passeport syrien

La découverte d'un passeport syrien à côté du cadavre d'un des assaillants du Bataclan fut un épisode tout à fait symptomatique d'une communication de crise échappant pendant quelques heures à l'exécutif. Rapportée par un policier sans doute sous le coup de l'émotion, elle fut transmise à un journaliste et reprise immédiatement par de nombreux médias internationaux. Plus possible désormais de planquer ce détail sous le tapis du secret de l'instruction, voire du Secret Défense. Mais le pire arriva ensuite lorsqu'une source gouvernementale grecque confirma que les empreintes digitales du porteur du passeport avaient été enregistrées à Lesbos le 3 octobre!

Le passeport retrouvé au Bataclan fut donc l'écueil sur lequel plusieurs mensonges vinrent se fracasser:

  • L'innocuité du flot de migrants, au sein desquels ne saurait se trouver le moindre terroriste;
  • La qualité de la surveillance des frontières de l'Espace Schengen et des frontières intérieures dans l'Union Européenne;
  • La vigilance de la surveillance des milieux islamistes par les services de renseignement français.

Il fallut donc orchestrer un rétropédalage massif. Premier angle d'attaque, minimiser l'importance de ce "mystérieux" passeport - sans succès. Dès les premières heures, outre le conditionnel de circonstance, on insista lourdement sur le fait que ce passeport syrien "serait un faux". Mais qu'est-ce que cela change? Les empreintes digitales du kamikaze ne laissent aucun doute. Il a bien suivi la route des migrants dans les Balkans. Le fait d'avoir employé un faux document n'illustre rien d'autre que la faiblesse du contrôle des frontières de l'Espace Schengen. A ce stade, on se demande même d'ailleurs si se munir du moindre passeport était réellement nécessaire...

L'incongruité de la découverte de ce passeport sur les lieux du massacre donna également lieu à divers détournements de piètre qualité sur le Web. Tout cela ne pouvait être qu'une "manipulation". Restait à inventer laquelle.

La dernière phase de la stratégie de désinformation, la plus vicieuse, fut lancé par plusieurs personnalités politiques ; par exemple le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, qui jugea lundi que ce passeport pouvait être "une fausse piste" lancée par le groupe Etat islamique pour "radicaliser" le débat migratoire. Les graines du doute étaient plantées, à dessein.

Est-il possible que les terroristes aient gardé sur eux un faux passeport syrien juste pour orienter, post-mortem, le débat sur les migrants et la politique migratoire? Sans pouvoir l'exclure totalement, l'hypothèse paraît largement invraisemblable. Elle ne cadre pas avec une attaque synchronisée contre le public d'un match de football, des terrasses de restaurants, ou une salle de concert la veille du week-end - bref, des Bobos parisiens dans leurs activités habituelles. Les assaillants eurent-ils attaqué une permanence du Front National ou un repaire de patriotes, on aurait pu penser qu'ils jetaient de l'huile sur le feu ; mais le soir du 13 novembre, ils s'attelèrent au contraire à s'aliéner une des communautés françaises les plus ouvertes face à l'islam, ce qui ne traduit pas un niveau élevé de conscience politique...

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Les troupes de l'Etat Islamique ne brillent guère par leur intelligence, essayant par exemple d'abattre des avions russes à l'aide de préservatifs gonflés. En Europe, les islamistes sont difficiles à repérer et à surveiller, essentiellement à cause de leur nombre, mais leur mode de pensée est extrêmement simple: les infidèles doivent être tués, dominés ou convertis, point. Ils sont capables de subtilité, mais essentiellement dans le domaine des subterfuges visant à se dissimuler face à leurs cibles. En l'occurrence, on se demande d'ailleurs, même pour une "tête pensante" de Daesh, quel serait l'intérêt de focaliser l'attention sur les migrants musulmans. Le seul effet serait d'instiller la méfiance et de rendre plus compliquée encore leur arrivée sur le sol européen, soit un résultat totalement contre-productif.

De toute évidence, l'hypothèse tordue d'un faux passeport abandonné exprès ne tient absolument pas la route du point de vue de l'Etat Islamique. Mais elle tient au contraire parfaitement debout du point de vue de l'Union Européenne et de sa classe politique, prête à toute invention pour peu qu'elle contribue à rendormir une opinion publique agitée.

Dans ces heures difficiles, un petit mensonge ne coûte pas cher...

La ritournelle du Padamalgam™

Bien que la société française soit très inquiète, il faut absolument l'apaiser. A cette fin, le Padamalgam, un puissant opiacé, est distillé à large dose depuis une semaine. Pas un jour ne passe sans que paraissent plusieurs articles décrivant en long, en large et en travers toutes les opérations de communications opérées par les communautés musulmanes européennes, les messages d'amour et de tolérance, les gestes d'apaisement des uns et des autres - jusqu'aux victimes des terroristes elles-mêmes.

Malgré des télescopages malheureux, nous assistons ainsi à un étalage continuel de textes parfois très beaux. Pensons par exemple au fameux Vous n'aurez pas ma haine d'un père dont la famille vient d'être brisée:

"Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde (...) Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l'affront d'être heureux et libre. Car vous n'aurez pas sa haine non plus."

Oui, hormis que ce petit garçon sera peut-être un peu moins "heureux et libre" maintenant qu'il est orphelin de mère et qu'il finira par comprendre qu'il est en danger à cause de la veulerie de gens comme son père, ce qui pourrait alimenter une certaine amertume à l'adolescence... Car, il faut bien le reconnaître, continuer à vivre comme si de rien n'était suite aux attentats de Paris revient exactement à laisser de nouveaux attentats se préparer sur un mode opératoire identique.

Dans le même ordre d'idée, les citoyens dotés d'un minimum de mémoire se rappelleront la photo du petit Aylan Kurdi, l'enfant mort noyé retrouvé sur une plage turque, disponible en gros plan dans tous les médias. Visiblement, à ce moment, la "nécessité d'informer" (d'une certaine façon, cela va sans dire) prenait apparemment le pas sur d'autres obligations journalistiques comme la déontologie, le respect des morts, la protection des mineurs et tutti quanti.

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Malgré la polémique les médias s'empressèrent de rétorquer qu'ils avaient toutes les raisons de procéder comme ils le firent. Le contraste n'en est que plus grand avec la volonté actuelle de masquer une image du massacre du Bataclan circulant sur Twitter et Facebook. Dès lors, on comprend bien que les justifications liées à la "dignité humaine" ou au "secret de l'enquête" ne sont rien d'autre que des prétextes. La photo d'Aylan Kurdi devait être diffusée parce qu'elle servait certains objectifs politiques ; celles de la tuerie du Bataclan doivent être retirées parce qu'elles les desservent.

Il en est d'ailleurs de même avec les témoignages directs rapportant des égorgements et des coups de poignard portés au ventre des victimes par l'équipe de terroristes islamistes du Bataclan. Ces informations sont pour l'heure cantonnées aux médias étrangers, sur lesquels le gouvernement français n'a pas prise. Les médias suisses, eux, se contentant de censurer ces détails sordides non par obéissance mais par proximité idéologique.

Une fois de plus, l'affrontement fait rage entre les sources institutionnelles et les réseaux sociaux pour connaître la vérité.

Maastricht ou la Sécurité

Le dernier volet de l'exploitation politique des attentats de Paris dépasse le simple cadre de l'information pour provoquer des effets sur toute la population française et jusque dans les plus hautes instances européennes.

"Le Pacte de Sécurité l'emporte sur le Pacte de Stabilité." Ces mots sont ceux de François Hollande et donnent une idée de la bassesse du chef d’État, prêt à exploiter la mort de plus d'une centaine de victimes pour s'épargner des obligations de bonne gestion.

Depuis 2007 la France n'a jamais respecté les critères de Maastricht d'un déficit maîtrisé des dépenses publiques - sans même entrer dans la polémique de la pertinence de critères aussi larges. Les déclarations du président d'un retour dans les clous en quelques années n'ont jamais été rien d'autre que des paroles en l'air destinées à donner le change à Bruxelles ; les attentats de Paris lui apportent désormais une posture morale qui suffira à quémander perpétuellement la clémence des autorités de surveillance européennes.

Il est clair pour quiconque en aurait jamais douté que la France ne respectera jamais les critères d'un déficit public annuel en-dessous de 3% de PIB, et encore moins maintenant alors qu'elle dispose d'une excuse.

La sécurité a un prix, c'est un fait. François Hollande s'engage ainsi à recruter 8'500 policiers, gendarmes et juristes dans le cadre d'un large panel de mesures. Mais toutes ces dépenses, étalées sur plusieurs années, resteront une goutte d'eau dans l'océan des déficits de l’État français. Est-il question de renvoyer chez eux les criminels étrangers qui peuplent les prisons hexagonales? De mettre un terme à l'arrosoir des politiques sociales, qui représentent une véritable manne pour les mouvements terroristes en plus de miner tout espoir d'intégration par le travail? De remettre sur la table les critères d'acquisition de la nationalité ou la surveillance pérenne des frontières?

Il n'est évidemment pas question de tout cela. A la place, la France rajoutera une strate de bureaucratie sur un pays qu'elle écrase. Mieux encore, en guise de réforme François Hollande demande une facilitation et une pérennisation de l'état d'urgence: en un mot, encore plus de pouvoir discrétionnaire à disposition de la police et de l'exécutif. Pour que même Jean-Luc Mélenchon s'en inquiète, on comprend que certaines bornes ont été franchies.

Les politiciens français savent parfaitement exploiter quelque chose d'aussi abominable qu'une attaque terroriste ; ils maîtrisent parfaitement la maxime résumée par le maire démocrate de Chicago Rahm Emanuel:

« Ne jamais gâcher une bonne crise. »

 Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, 22 novembre 2015

Tangled Threads of US False Narratives

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Tangled Threads of US False Narratives

Exclusive: Official Washington’s many false narratives about Russia and Syria have gotten so tangled that they have become a danger to the struggle against Sunni jihadist terrorism and conceivably a threat to the future of the planet, a risk that Robert Parry explores.

By Robert Parry

Ex: http://www.consortiumnews.com

One way to view Official Washington is to envision a giant bubble that serves as a hothouse for growing genetically modified “group thinks.” Most inhabitants of the bubble praise these creations as glorious and beyond reproach, but a few dissenters note how strange and dangerous these products are. Those critics, however, are then banished from the bubble, leaving behind an evermore concentrated consensus.

This process could be almost comical – as the many armchair warriors repeat What Everyone Knows to Be True as self-justifying proof that more and more wars and confrontations are needed – but the United States is the most powerful nation on earth and its fallacious “group thinks” are spreading a widening arc of chaos and death around the globe.

We even have presidential candidates, especially among the Republicans but including former Secretary of State Hillary Clinton, competing to out-bellicose each other, treating an invasion of Syria as the least one can do and some even bragging about how they might like to shoot down a few Russian warplanes.

Though President Barack Obama has dragged his heels regarding some of the more extreme proposals, he still falls in line with the “group think,” continuing to insist on “regime change” in Syria (President Bashar al-Assad “must go”), permitting the supply of sophisticated weapons to Sunni jihadists (including TOW anti-tank missiles to Ahrar ash-Sham, a jihadist group founded by Al Qaeda veterans and fighting alongside Al Qaeda’s Nusra Front), and allowing his staff to personally insult Russian President Vladimir Putin (having White House spokesman Josh Earnest in September demean Putin’s posture for sitting with his legs apart during a Kremlin meeting with Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu).

Not surprisingly, I guess, Earnest’s prissy disapproval of what is commonly called “man spread” didn’t extend to Netanyahu who adopted the same open-leg posture in the meeting with Putin on Sept. 21 and again in last week’s meeting with Obama, who – it should be noted – sat with his legs primly crossed.

This combination of tough talk, crude insults and reckless support of Al Qaeda-connected jihadis (“our guys”) apparently has become de rigueur in Official Washington, which remains dominated by the foreign policy ideology of neoconservatives, who established the goal of “regime change” in Iraq, Syria and Iran as early as 1996 and haven’t changed course since. [See Consortiumnews.com’s “How Neocons Destabilized Europe.”]

Shaping Narratives

Despite the catastrophic Iraq War – based on neocon-driven falsehoods about WMD and the complicit unthinking “group think” – the neocons retained their influence largely through an alliance with “liberal interventionists” and their combined domination of major Washington think tanks, from the American Enterprise Institute to the Brookings Institution, and the mainstream U.S. news media, including The Washington Post and The New York Times.

This power base has allowed the neocons to continue shaping Official Washington’s narratives regardless of what the actual facts are. For instance, a Post editorial on Thursday repeated the claim that Assad’s “atrocities” included use of chemical weapons, an apparent reference to the now largely discredited claim that Assad’s forces were responsible for a sarin gas attack outside Damascus on Aug. 21, 2013.

After the attack, there was a rush to judgment by the U.S. State Department blaming Assad’s troops and leading Secretary of State John Kerry to threaten retaliatory strikes against the Syrian military. But U.S. intelligence analysts refused to sign on to the hasty conclusions, contributing to President Obama’s last-minute decision to hold off on a bombing campaign and to accept Putin’s help in negotiating Assad’s surrender of all Syrian chemical weapons (though Assad still denied a role in the sarin attack).

Subsequently, much of the slapdash case for bombing Syria fell apart. As more evidence became available, it increasingly appeared that the sarin attack was a provocation by Sunni jihadists, possibly aided by Turkish intelligence, to trick the United States into destroying Assad’s military and thus clearing the way for a Sunni jihadist victory.

We now know that the likely beneficiaries of such a U.S. attack would have been Al Qaeda’s Nusra Front and the spinoff known as the Islamic State (also called ISIS, ISIL or Daesh). But the Obama administration never formally retracted its spurious sarin claims, thus allowing irresponsible media outlets, such as The Washington Post, to continue citing the outdated “group think.”

The same Post editorial denounced Assad for using “barrel bombs” against the Sunni rebels who are seeking to overthrow his secular government, which is viewed as the protector of Syria’s minorities – including Christians, Alawites and Shiites – who could face genocide if the Sunni extremists prevail.

Though this “barrel bomb” theme has become a favorite talking point of both the neocons and liberal “human rights” groups, it’s never been clear how these homemade explosive devices shoved out of helicopters are any more inhumane than the massive volumes of “shock and awe” ordnance, including 500-pound bombs, deployed by the U.S. military across the Middle East, killing not only targeted fighters but innocent civilians.

Nevertheless, the refrain “barrel bombs” is accepted across Official Washington as a worthy argument for launching devastating airstrikes against Syrian government targets, even if such attacks clear the way for Al Qaeda’s allies and offshoots gaining control of Damascus and unleashing even a worse humanitarian cataclysm. [See Consortiumnews.com’s “Obama’s Ludicrous ‘Barrel Bomb’ Theme.”]

False-Narrative Knots

But it is now almost impossible for Official Washington to disentangle itself from all the false narratives that the neocons and the liberal hawks have spun in support of their various “regime change” strategies. Plus, there are few people left inside the bubble who even recognize how false these narratives are.

So, the American people are left with the mainstream U.S. news media endlessly repeating storylines that are either completely false or highly exaggerated. For instance, we hear again and again that the Russians intervened in the Syrian conflict promising to strike only ISIS but then broke their word by attacking Al Qaeda’s Nusra Front and “our guys” in Sunni jihadist forces armed by Saudi Arabia, Qatar, Turkey and the CIA.

Though you hear this narrative everywhere in Official Washington, no one ever actually quotes Putin or another senior Russian official promising to strike only at ISIS. In all the quotes that I’ve seen, the Russians refer to attacking “terrorists,” including but not limited to ISIS.

Unless Official Washington no longer regards Al Qaeda as a terrorist organization – a trial balloon that some neocons have floated – then the Putin-lied narrative makes no sense, even though every Important Person Knows It to Be True, including Obama’s neocon-leaning Defense Secretary Ashton Carter.

The U.S. political and media big shots also mock the current Russian-Iranian proposal for first stabilizing Syria and then letting the Syrian people decide their own leadership through internationally observed democratic elections.

Okay, you might say, what’s wrong with letting the Syrian people go to the polls and pick their own leaders? But that just shows that you’re a Russian-Iranian “apologist” who doesn’t belong inside the bubble. The Right Answer is that “Assad Must Go!” whatever the Syrian people might think.

Or, as the snarky neocon editors of The Washington Post wrote on Thursday, “Mr. Putin duly dispatched his foreign minister to talks in Vienna last weekend on a Syrian political settlement. But Moscow and Tehran continue to push for terms that would leave Mr. Assad in power for 18 months or longer, while — in theory — a new constitution is drafted and elections organized. Even a U.S. proposal that Mr. Assad be excluded from the eventual elections was rejected, according to Iranian officials.”

In other words, the U.S. government doesn’t want the Syrian people to decide whether Assad should be kicked out, an odd and contradictory stance since President Obama keeps insisting that the vast majority of Syrians hate Assad. If that’s indeed the case, why not let free-and-fair elections prove the point? Or is Obama so enthralled by the neocon insistence of “regime change” for governments on Israel’s “hit list” that he doesn’t want to take the chance of the Syrian voters getting in the way?

Reality Tied Down

But truth and reality have become in Official Washington something like Gulliver being tied down by the Lilliputians. There are so many strands of lies and distortions that it’s impossible for sanity to rise up.

Another major factor in America’s crisis of false narratives relates to the demonizing of Russia and Putin, a process that dates back in earnest to 2013 when Putin helped Obama sidetrack the neocon dream of bombing Syria and then Putin compounded his offense by assisting Obama in getting Iran to constrain its nuclear program, which derailed another neocon dream to bomb-bomb-bomb Iran.

It became ominously clear to the neocons that this collaboration between the two presidents might even lead to joint pressure on Israel to finally reach a peace agreement with the Palestinians, a possibility that struck too close to the heart of neocon thinking which, for the past two decades, has favored using “regime change” in nearby countries to isolate and starve Lebanon’s Hezbollah and Palestinian groups, giving Israel a free hand to do whatever it wished.

So, this Obama-Putin relationship had to be blown up and the point of detonation was Ukraine on Russia’s border. Official Washington’s false narratives around the Ukraine crisis are now also central to neocon/liberal-hawk efforts to prevent meaningful coordination between Obama and Putin in countering ISIS and Al Qaeda in Syria and Iraq.

Inside Official Washington’s bubble, the crisis in Ukraine is routinely described as a simple case of Russian “aggression” against Ukraine, including an “invasion” of Crimea.

If you relied on The New York Times or The Washington Post or the major networks that repeat what the big newspapers say, you wouldn’t know there was a U.S.-backed coup in February 2014 that overthrew the elected Ukrainian government of Viktor Yanukovych, even after he agreed to a European compromise in which he surrendered many powers and accepted early elections.

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Instead of letting that agreement go forward, right-wing ultra-nationalists, including neo-Nazis operating inside the Maidan protests, overran government buildings in Kiev on Feb. 22, 2014, causing Yanukovych and other leaders to flee for their lives.

Behind the scenes, U.S. officials, such as neocon Assistant Secretary of State for European Affairs Victoria Nuland, had collaborated in the coup plans and celebrated the victory by Nuland’s handpicked leaders, including the post-coup Prime Minister Arseniy Yatsenyuk, whom she referred to in an earlier intercepted phone call as “Yats is the guy.”

Nor would you know that the people of Crimea had voted overwhelmingly for President Yanukovych and – after the coup – voted overwhelmingly to get out of the failed Ukrainian state and reunify with Russia.

The major U.S. news media twists that reality into a Russian “invasion” of Crimea even though it was the strangest “invasion” ever because there were no photos of Russian troops landing on the beaches or parachuting from the skies. What the Post and the Times routinely ignored was that Russian troops were already stationed inside Crimea as part of a basing agreement for the Russian fleet at Sevastopol. They didn’t need to “invade.”

And Crimea’s referendum showing 96 percent approval for reunification with Russia – though hastily arranged – was not the “sham” that the U.S. mainstream media claimed. Indeed, the outcome has been reinforced by various polls conducted by Western agencies since then.

The MH-17 Case

The demonization of Putin reached new heights after the July 17, 2014 shoot-down of Malaysia Airlines Flight 17 over eastern Ukraine killing all 298 people onboard. Although substantial evidence and logic point to elements of the Ukrainian military as responsible, Official Washington’s rush to judgment blamed ethnic Russian rebels for firing the missile and Putin for supposedly giving them a powerful Buk anti-aircraft missile system.

That twisted narrative often relied on restating the irrelevant point that the Buks are “Russian-made,” which was used to implicate Moscow but was meaningless since the Ukrainian military also possessed Buk missiles. The real question was who fired the missiles, not where they were made.

But the editors of the Post, the Times and the rest of the mainstream media think you are very stupid, so they keep emphasizing that the Buks are “Russian-made.” The more salient point is that U.S. intelligence with all its satellite and other capabilities was unable – both before and after the shoot-down – to find evidence that the Russians had given Buks to the rebels.

Since the Buk missiles are 16-feet-long and hauled around by slow-moving trucks, it is hard to believe that U.S. intelligence would not have spotted them given the intense surveillance then in effect over eastern Ukraine.

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A more likely scenario of the MH-17 shoot-down was that Ukraine moved several of its Buk batteries to the frontlines, possibly fearing a Russian airstrike, and the operators were on edge after a Ukrainian warplane was shot down along the border on July 16, 2014, by an air-to-air missile presumably fired by a Russian plane.

But – after rushing out a white paper five days after the tragedy pointing the finger at Moscow – the U.S. government has refused to provide any evidence or intelligence that might help pinpoint who fired the missile that brought down MH-17.

Despite this remarkable failure by the U.S. government to cooperate with the investigation, the mainstream U.S. media has found nothing suspicious about this dog not barking and continues to cite the MH-17 case as another reason to despise Putin.

How upside-down this “Everything Is Putin’s Fault” can be was displayed in a New York Times “news analysis” by Steven Erlanger and Peter Baker on Thursday when all the “fundamental disagreements” between Obama and Putin were blamed on Putin.

“Dividing them are the Russian annexation of Crimea and its meddling in eastern Ukraine, Moscow’s efforts to demonize Washington and undermine confidence in NATO’s commitment to collective defense, and the Kremlin’s support of President Bashar al-Assad of Syria,” Erlanger and Baker wrote.

Helping ISIS

This tangle of false narratives is now tripping up the prospects of a U.S.-French-Russian-Iranian alliance to take on the Islamic State, Al Qaeda and other Sunni jihadist forces seeking to overthrow Syria’s secular government.

The neocon Washington Post, in particular, has been venomous about this potential collaboration which – while possibly the best chance to finally resolve the horrific Syrian conflict – would torpedo the neocons’ long-held vision of imposed “regime change” in Syria.

In editorials, the Post’s neocon editors also have displayed a stunning lack of sympathy for the 224 Russian tourists and crew killed in what appears to have been a terrorist bombing of a chartered plane over the Sinai in Egypt.

On Nov. 7, instead of expressing solidarity, the Post’s editors ridiculed Putin and Egyptian President Abdel Fattah el-Sisi for not rushing to a judgment that it was an act of terrorism, instead insisting on first analyzing the evidence. The Post also mocked the two leaders for failing to vanquish the terrorists.

Or as the Post’s editors put it: “While Mr. Putin suspended Russian flights on [Nov. 6], his spokesman was still insisting there was no reason to conclude that there had been an act of terrorism. … While Western governments worried about protecting their citizens, the Sissi and Putin regimes were focused on defending themselves. …

“Both rulers have sold themselves as warriors courageously taking on the Islamic State and its affiliates; both are using that fight as a pretext to accomplish other ends, such as repressing peaceful domestic opponents and distracting attention from declining living standards. On the actual battlefield, both are failing.”

Given the outpouring of sympathy that the United States received after the 9/11 attacks and the condolences that flooded France over the past week, it is hard to imagine a more graceless reaction to a major terrorist attack against innocent Russians.

As for the Russian hesitancy to jump to conclusions earlier this month, that may have been partially wishful thinking but it surely is not an evil trait to await solid evidence before reaching a verdict. Even the Post’s editors admitted that U.S. officials noted that as of Nov. 7 there was “no conclusive evidence that the plane was bombed.”

But the Post couldn’t wait to link the terrorist attack to “Mr. Putin’s Syrian adventure” and hoped that it would inflict on Putin “a potentially grievous political wound.” The Post’s editors also piled on with the gratuitous claim that Russian officials “still deny the overwhelming evidence that a Russian anti-aircraft missile downed a Malaysian airliner over Ukraine last year.” (There it is again, the attempt to dupe Post readers with a reference to “a Russian anti-aircraft missile.”)

The Post seemed to take particular joy in the role of U.S. weapons killing Syrian and Iranian soldiers. On Thursday, the Post wrote, “Syrian and Iranian troops have lost scores of Russian-supplied tanks and armored vehicles to the rebels’ U.S.-made TOW missiles. Having failed to recapture significant territory, the Russian mission appears doomed to quagmire or even defeat in the absence of a diplomatic bailout.”

Upping the Ante

The neocons’ determination to demonize Putin has upped the ante, turning their Mideast obsession with “regime change” into a scheme for destabilizing Russia and forcing “regime change” in Moscow, setting the stage for a potential nuclear showdown that could end all life on the planet.

To listen to the rhetoric from most Republican candidates and Democratic frontrunner Hillary Clinton, it is not hard to envision how all the tough talk could take on a life of its own and lead to catastrophe. [See, for instance, Philip Giraldi’s review of the “war with Russia” rhetoric free-flowing on the campaign trail and around Official Washington.]

At this point, it may seem fruitless – even naïve – to suggest ways to pierce the various “group thinks” and the bubble that sustains them. But a counter-argument to the fake narratives is possible if some candidate seized on the principle of an informed electorate as vital to democracy.

An argument for empowering citizens with facts is one that transcends traditional partisan and ideological boundaries. Whether on the right, on the left or in the center, Americans don’t want to be treated like cattle being herded by propaganda or “strategic communication” or whatever the latest euphemism is for deception and manipulation.

So, a candidate could do the right thing and the smart thing by demanding the release of as much U.S. intelligence information to cut this Gordian knot of false narratives as possible. For instance, it is way past time to declassify the 28 pages from the congressional 9/11 report addressing alleged Saudi support for the hijackers. There also are surely more recent intelligence estimates on the funding of Al Qaeda’s affiliates and spin-offs, including ISIS.

If this information embarrasses some “allies” – such as Saudi Arabia, Qatar and Turkey – so be it. If this history makes some past or present U.S. president look bad, so be it. American elections are diminished, if not made meaningless, when there is no informed electorate.

A presidential candidate also could press President Obama to disclose what U.S. intelligence knows about other key turning points in the establishment of false narratives, such as what did CIA analysts conclude about the Aug. 21, 2013 sarin attack and what do they know about the July 17, 2014 shoot-down of MH-17.

The pattern of the U.S. government exploiting emotional moments to gain an edge in an “info-war” against some “enemy” and then going silent as more evidence comes in has become a direct threat to American democracy and – in regards to nuclear-armed Russia – possibly the planet.

Legitimate secrets, such as sources and methods, can be protected without becoming an all-purpose cloak to cover up whatever facts don’t fit with the desired propaganda narrative that is then used to whip the public into some mindless war frenzy.

However, at this point in the presidential campaign, no candidate is making transparency an issue. Yet, after the deceptions of the Iraq War – and with the prospects of another war based on misleading or selective information in Syria and potentially a nuclear showdown with Russia – it seems to me that the American people would respond positively to someone treating them with the respect deserving of citizens in a democratic Republic.

Investigative reporter Robert Parry broke many of the Iran-Contra stories for The Associated Press and Newsweek in the 1980s. You can buy his latest book, America’s Stolen Narrative, either in print here or as an e-book (from Amazon and barnesandnoble.com). You also can order Robert Parry’s trilogy on the Bush Family and its connections to various right-wing operatives for only $34. The trilogy includes America’s Stolen Narrative. For details on this offer, click here.

Now the truth emerges: how the US fuelled the rise of Isis in Syria and Iraq

The war on terror, that campaign without end launched 14 years ago by George Bush, is tying itself up in ever more grotesque contortions. On Monday the trial in London of a Swedish man, Bherlin Gildo, accused of terrorism in Syria, collapsed after it became clear British intelligence had been arming the same rebel groups the defendant was charged with supporting.

The prosecution abandoned the case, apparently to avoid embarrassing the intelligence services. The defence argued that going ahead with the trial would have been an “affront to justice” when there was plenty of evidence the British state was itself providing “extensive support” to the armed Syrian opposition.

That didn’t only include the “non-lethal assistance” boasted of by the government (including body armour and military vehicles), but training, logistical support and the secret supply of “arms on a massive scale”. Reports were cited that MI6 had cooperated with the CIA on a “rat line” of arms transfers from Libyan stockpiles to the Syrian rebels in 2012 after the fall of the Gaddafi regime.

Clearly, the absurdity of sending someone to prison for doing what ministers and their security officials were up to themselves became too much. But it’s only the latest of a string of such cases. Less fortunate was a London cab driver Anis Sardar, who was given a life sentence a fortnight earlier for taking part in 2007 in resistance to the occupation of Iraq by US and British forces. Armed opposition to illegal invasion and occupation clearly doesn’t constitute terrorism or murder on most definitions, including the Geneva convention.

But terrorism is now squarely in the eye of the beholder. And nowhere is that more so than in the Middle East, where today’s terrorists are tomorrow’s fighters against tyranny – and allies are enemies – often at the bewildering whim of a western policymaker’s conference call.

For the past year, US, British and other western forces have been back in Iraq, supposedly in the cause of destroying the hyper-sectarian terror group Islamic State (formerly known as al-Qaida in Iraq). This was after Isis overran huge chunks of Iraqi and Syrian territory and proclaimed a self-styled Islamic caliphate.

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The campaign isn’t going well. Last month, Isis rolled into the Iraqi city of Ramadi, while on the other side of the now nonexistent border its forces conquered the Syrian town of Palmyra. Al-Qaida’s official franchise, the Nusra Front, has also been making gains in Syria.

Some Iraqis complain that the US sat on its hands while all this was going on. The Americans insist they are trying to avoid civilian casualties, and claim significant successes. Privately, officials say they don’t want to be seen hammering Sunni strongholds in a sectarian war and risk upsetting their Sunni allies in the Gulf.

A revealing light on how we got here has now been shone by a recently declassified secret US intelligence report, written in August 2012, which uncannily predicts – and effectively welcomes – the prospect of a “Salafist principality” in eastern Syria and an al-Qaida-controlled Islamic state in Syria and Iraq. In stark contrast to western claims at the time, the Defense Intelligence Agency document identifies al-Qaida in Iraq (which became Isis) and fellow Salafists as the “major forces driving the insurgency in Syria” – and states that “western countries, the Gulf states and Turkey” were supporting the opposition’s efforts to take control of eastern Syria.

Raising the “possibility of establishing a declared or undeclared Salafist principality”, the Pentagon report goes on, “this is exactly what the supporting powers to the opposition want, in order to isolate the Syrian regime, which is considered the strategic depth of the Shia expansion (Iraq and Iran)”.

Which is pretty well exactly what happened two years later. The report isn’t a policy document. It’s heavily redacted and there are ambiguities in the language. But the implications are clear enough. A year into the Syrian rebellion, the US and its allies weren’t only supporting and arming an opposition they knew to be dominated by extreme sectarian groups; they were prepared to countenance the creation of some sort of “Islamic state” – despite the “grave danger” to Iraq’s unity – as a Sunni buffer to weaken Syria.

That doesn’t mean the US created Isis, of course, though some of its Gulf allies certainly played a role in it – as the US vice-president, Joe Biden, acknowledged last year. But there was no al-Qaida in Iraq until the US and Britain invaded. And the US has certainly exploited the existence of Isis against other forces in the region as part of a wider drive to maintain western control.

The calculus changed when Isis started beheading westerners and posting atrocities online, and the Gulf states are now backing other groups in the Syrian war, such as the Nusra Front. But this US and western habit of playing with jihadi groups, which then come back to bite them, goes back at least to the 1980s war against the Soviet Union in Afghanistan, which fostered the original al-Qaida under CIA tutelage.

It was recalibrated during the occupation of Iraq, when US forces led by General Petraeus sponsored an El Salvador-style dirty war of sectarian death squads to weaken the Iraqi resistance. And it was reprised in 2011 in the Nato-orchestrated war in Libya, where Isis last week took control of Gaddafi’s home town of Sirte.

In reality, US and western policy in the conflagration that is now the Middle East is in the classic mould of imperial divide-and-rule. American forces bomb one set of rebels while backing another in Syria, and mount what are effectively joint military operations with Iran against Isis in Iraq while supporting Saudi Arabia’s military campaign against Iranian-backed Houthi forces in Yemen. However confused US policy may often be, a weak, partitioned Iraq and Syria fit such an approach perfectly.

What’s clear is that Isis and its monstrosities won’t be defeated by the same powers that brought it to Iraq and Syria in the first place, or whose open and covert war-making has fostered it in the years since. Endless western military interventions in the Middle East have brought only destruction and division. It’s the people of the region who can cure this disease – not those who incubated the virus.

Les médias audiovisuels font objectivement le jeu des terroristes

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TERRORISME : L’OVERDOSE MÉDIATIQUE

Les médias audiovisuels font objectivement le jeu des terroristes

Jean Ansar
Ex: http://metamag.fr
Le traitement médiatique de la dramatique actualité française, en butte à une guerre asymétrique menée contre no us au nom d'Allah, est irresponsable.On nous affaibli, on nous inquiète, on met en vedette les tueurs.

Tout d’abord, il y a ces défilés permanents d’experts qui expliquent tous après coup et qui annoncent toujours le pire. Ils se font mousser. Ils savent tout et c’est du rabâchage. On entend la même chose depuis 10 jours. Les médias participent à la montée de l’angoisse collective. C’est indiscutable.

Dans le même temps, ils sont à la recherche désespérée de l’esprit du 11 janvier disparu avec ce deuxième attentat. Ils ont du mal à  y renoncer à  leur France "black blanc beur". Ils sentent bien que les Français voudraient un régime même provisoirement autoritaire pour assurer la dimension sécuritaire et ne font pas confiance au système et à ses représentants politico-médiatiques.

Alors, ils nous tendent l’épaule pour qu’on pleure plutôt que de crier vengeance. Leur hantise serait une réaction populaire violente. Ils accumulent donc les pages Facebook, les chandelles illuminées, les messages. Ils pratiquent toujours la ligne éditoriale du pas d’amalgame et valorisent, comme fascinés, les terroristes.
 

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D’insupportables visages aussi privés d’intelligence qu’arrogants tournent en boucle. "Même pas peur", slogan creux, permet à quelques intellectuels auto proclamés, cultureux et histrions de justifier le maintien de leurs suffisances et de leurs spectacles.

Mais les Français, en réalité, ont peur et ils ont bien raison et l’opération "tous au bistrot" a été un échec révélateur. Même pas peur mais angoissés comme jamais. A qui la faute ? La frénésie informative rend impossible le retour à l’indispensable sang froid.

En fait les journalistes idéologiques qui prétendent nous informer sont comme des mouches dans un bocal de verre. Ils ne voient pas les parois du réel et s'y fracassent pour retrouver leur monde virtuel si léger si aérien devenu inaccessible et pour longtemps.

Les terroristes se moquent eux de nos marseillaises, de nos bougies et de nos drapeaux. En revanche, ils scrutent les médias. Ils se sentent importants, on ne parle que d’eux, ils font la loi, ils sont le centre de la France.
 
Un traitement plus sobre devrait s’imposer car les médias  ont une influence. Leur espoir c’est bien sûr un vote moins défavorable à la gauche pour les régionales dans un réflexe légitimiste. Ils commencent à penser que François Hollande revient dans le jeu présidentiel. Ils le font car c’est ce qu’ils souhaitent comme ils voient une France courageuse défendant les valeurs de tolérance.

Ils ne veulent pas admettre que les Français ont compris et pensent finalement comme Marion Maréchal Le Pen, bien plus claire et donc courageuse que sa tante si peu présente… Dans les médias, on ne voit même plus Philippot

«Nous ne sommes pas une terre d’islam. Si les Français peuvent être de confession musulmane (...) c’est à la condition seulement de se plier aux mœurs de la France», a dit la députée. «Chez nous, on ne vit pas en djellaba. Chez nous, on ne vit pas en voile intégral (...) A Rome, fais comme les Romains. En France, fais comme les Français», a-t-elle ajouté, en appelant à «en finir avec le droit du sol qui fabrique des Français qui n’en sont pas». Une phrase qui serait approuvée par une immense majorité de nos concitoyens mais qui, pour les médias, reste bien sûr «  controversée ». Les élections régionales risquent d’être une grande claque alors que la droite de Sarkozy est totalement inaudible.

Bien sûr, on ne peut fermer les médias irresponsables comme les mosquées salafistes. On arriverait presque parfois à le souhaiter.
 

Vivre dans une société de plus en plus sécurisée et de plus en plus vulnérable

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Vivre dans une société de plus en plus sécurisée et de plus en plus vulnérable

A Bogota, le 23 mai 2014. REUTERS/John Vizcaino.

C’est la triste loi du terrorisme que d’imposer de plus en plus de contraintes à des pays de plus en plus vulnérables. La Colombie, le Mexique, le Liban et Israël montrent ce qui nous attend.

Bogota (Colombie)

José Antequera vit dans le quartier de La Macarena à Bogota. Je le retrouve dans un petit café en bas de chez lui, face à un commissariat de police. Un commissariat? Le mot «caserne» ou «compound» conviendrait mieux.

Des policiers en armes montent la garde. Le ballet incessant des voitures militarisées frappe. Devant nous, je vois un pick-up circuler dans la rue. Il a un gyrophare et, sur la plateforme arrière, six policiers lourdement armés scrutent les mouvements des passants. Bogota est un pays «en guerre». Et cela dure depuis des années.

José Antequera est habitué à ces mesures de sécurité exceptionnelles. Il les approuve du bout des lèvres. Il ne peut pas faire autrement. Son père a été assassiné. «Mon père était en faveur de la paix. Il a été assassiné parce qu’il était pour la paix», me dit le jeune homme, dont les propos sont traduits par sa copine. Son regard est sévère, mais il prête peu d’attention aux hommes en armes. L’habitude.  

Naissance d’une société sécuritaire

La semaine qui a précédé les attentats de Paris, j’étais à Bogota. Hasard du calendrier. J’ai pu voir, sur place, ce qu’était une société sécuritaire. Et ce à quoi la France allait devoir désormais s’habituer.

«Nos forces armées ont mis en place une véritable national security», résume José Antequera. Et en effet, pour faire face aux attaques et enlèvements politiques des FARCs, des narcotrafiquants ou des groupes para-militaires, quand ce n’est pas simplement pour freiner la petite délinquance de droit commun, la Colombie à bâti une société ultra-sécurisée.

 

Pour entrer dans le moindre immeuble de bureau, il faut laisser ses papiers d’identité et se faire prendre en photo. Des services de sécurité privés veillent partout. Lorsque le lieu est stratégique –par exemple le siège de la radio RCN ou des chaînes de télévision nationales NTN 24 ou Caracol, où je me rends–, la sécurité s’accompagne de chiens renifleurs, d’hommes en armes, de vitres blindées et de portiques de sécurité dignes des aéroports. Il m’a fallu une quinzaine de minutes de fouilles et de contrôles pour pouvoir pénétrer dans ces médias stratégiques.

Si on veut changer de l’argent, on doit présenter son passeport et laisser ses empreintes digitales (pour lutter contre la fraude fiscale et le blanchiment d’argent). Si on veut se rendre dans un restaurant ou un grand magasin, on doit obtenir le feu vert d’un vigile. Même chose si on visite un ami dans le moindre appartement privé. Le budget dédié à la sécurité est le premier poste gouvernemental en Colombie et les sociétés de sécurité privées pullulent.

Lorsqu’on circule dans la rue, surtout le soir, des barrages inopinés de police sont fréquents. Ils suscitent souvent de longs embouteillages, le temps que les pièces d’identités soient vérifiées ou, parfois, que les coffres des voitures soient fouillés.

Du fait des risques d’enlèvements, il n’est guère possible de prendre un taxi dans la rue. Pour éviter les problèmes, il faut appeler une compagnie spécialisée et obtenir d’elle un double code: le premier doit être donné au chauffeur, qui est ainsi protégé; le second est fourni par lui au client, lequel est à son tour en sécurité. Je teste à plusieurs reprises le système du «double code» et cela, en effet, fonctionne bien.

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Partout une sécurité d’aéroports

A Bogota, les habitants semblent habitués à ces contrôles incessants. Il en va de même au Mexique. A Mexico, le système sécurisé des taxis se rapproche de celui de Bogota. A Veracruz, Monterrey, Puebla ou Xalapa, des villes mexicaines particulièrement dangereuses, j’ai également vu lors de plusieurs voyages des policiers en armes sillonner les rues dans des pick-ups sécurisés. Partout, on est fouillé à l’entrée des immeubles; les portiques de sécurité sont innombrables; les vigiles montent la garde. Avoir un rendez-vous professionnel ressemble à un passage de sécurité d’aéroport.

En Israël, le système sécuritaire est à la fois plus moderne et plus perfectionné. Cela commence dès la frontière, à l’aéroport Ben Gourion, où tout visiteur fait l’objet d’un interrogatoire intense, souvent répété à plusieurs reprises par différents agents spécialisés. A l’entrée des grands magasins, des gares routières ou des lieux de culte, l’armée monte la garde. Partout, dans les bus comme dans les restaurants, on voit des hommes –et des femmes– avec leurs fusils, puisque les militaires sont autorisés à garder leurs armes jusque dans leurs déplacements privés. A 18 ans, tout le monde effectue d’ailleurs un service militaire de trois ans (deux ans pour les femmes).

Lorsqu’on circule entre les villes israéliennes (pour ne pas parler des passages vers des zones contrôlées par les Palestiniens), les check-points sont fréquents, inopinés ou plus réguliers. L’armée est présente à de nombreux carrefours stratégiques, avec des véhicules blindés. Les conscrits sont lourdement armés.

Il en va de même au Liban où j’ai pu constater, encore en octobre dernier, que les sièges des principaux lieux officiels –les ministères ou, par exemple, le siège de la chaîne de télévision Future– sont de véritables bunkers. Des dalles de bétons entourent ces lieux stratégiques, avec maints grillages barbelés et, parfois, un char d’assaut est même posté. Dans les grands hôtels, on passe systématiquement sacs et valises dans des détecteurs et des scanners.

«Avec plus de policiers, on n’est pas forcément mieux protégé», résume toutefois José Antequera à Bogota. Certes, ces démonstrations de force et ces mesures sécuritaires exceptionnelles rassurent les habitants de Colombie, d’Israël, du Mexique ou du Liban. Mais elles n’empêchent guère les commandos bien armés ou les attentats minutieusement préparés.

Face à des vigiles peu ou pas armés, face à des policiers qui ne peuvent surveiller chaque rue et chaque café, les attaques restent partout possibles. Il y en a constamment, au Mexique comme en Israël. C’est la tragique loi du terrorisme que de donner naissance partout à des sociétés à la fois de plus en plus sécurisées et de plus en plus vulnérables. Et on risque de devoir ajouter, désormais, à la liste de ces pays hautement sécuritaires, la France.

lundi, 23 novembre 2015

Molenbeek expliqué à nos voisins français

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Molenbeek expliqué à nos voisins français

Par Kevin Desmet

Le journal flamand De Morgen, équivalent de son homologue parisien Libération, situé bien à gauche de l’échiquier politique, habitué à distiller les fadaises d’un discours dit de gauche mais qui n’a plus rien de social et a fortiori de « socialiste », dressait, au lendemain du carnage de Paris un bilan provisoire de l’affaire qui émeut l’Occident depuis la nuit du 13 au 14 novembre derniers. Ce dossier, qui abordait les manquements de la « Sûreté de l’Etat » belge et le foyer jihadiste de Molenbeek, prend une certaine saveur rétrospective après la tirade de Zemmour, appelant à bombarder cette commune multiculturelle plutôt que Raqqa en Syrie.


De fait, cette fameuse « Sûreté de l’Etat » ou « Staatsveiligheid » en néerlandais, n’avait que pour seule tâche, naguère, de surveiller la subversion communiste (réelle ou imaginaire) et surtout un ennemi intérieur, le nationalisme flamand. Toute personne qui s’approchait de ce croquemitaine-là était dans le collimateur, bien plus que le stalinien non repenti ou le maoïste surexcité. Les francophones qui cherchaient un « modus vivendi » entre les communautés linguistiques belges étaient aussi suspectés de faire le jeu de « séparatistes » dont on faisait automatiquement des suppôts de feu Adolphe Hitler. La bêtise de ces milieux était (et est encore) effarante. Ce sont les deux Dupondt d’Hergé qui, mécaniquement, cherchent à arrêter ou à épauler Tintin sans être jamais capables d’intuition ou d’empathie. Le dessinateur avait vu juste : une instance étatique est toujours incapable de discernement ; seuls les vertueux, qui le sont parce qu’ils ont un cœur pur et une intuition infaillible, peuvent résoudre les problèmes. Aujourd’hui, ces vertueux, imaginés par les commanditaires du journal Le Vingtième Siècle en 1928-29, sont considérés comme des subversifs : ils sont surveillés, traqués, poursuivis par une magistraille aux ordres, par les hyènes qui peuplent des médias de plus en plus médiocres. Les jihadistes réels ou potentiels, eux, bénéficient d’une paix royale : tout soupçon contre l’un ou l’autre de ces angelots est considéré comme du racisme, dont assimilable à l’hitlérisme et, par ricochet, au nationalisme flamand et au « séparatisme ». D’un côté, des boucs émissaires ; de l’autre des intouchables parés de toutes les vertus et bénéficiant de toutes les tolérances.


De Morgen constate en effet que les services de la « Sûreté de l’Etat » ne comptent pas, dans leurs rangs, des arabisants capables de déchiffrer les messages, conversations téléphoniques, productions littéraires ou pamphlétaires des salafistes, wahhabites et autres exotiques animant l’antichambre du terrorisme de Daech. Si elle n’en compte pas, ou n’en compte que trop peu, c’est qu’on ne les a pas recrutés puisque le jihadisme, pourtant en phase ascendante depuis deux grosses décennies, n’a jamais été considéré comme un problème important, contrairement, par exemple, à une association littéraire flamande qui étudierait les poèmes ou les dissertations musicales d’un abbé plus ou moins « séparatiste » à ses heures de colère politique. Bêtise, stupidité crasse et aveuglement de Béotien.


Apparemment le machin ne compterait pas davantage de turcologues avertis dans ses rangs pour surveiller une diaspora pourtant turbulente et appuyée par son ambassade et ses réseaux mafieux. Rien n’a permis de prévoir et d’empêcher les dérapages d’extrémistes turcs, mobilisés par les ondes depuis Ankara contre leurs compatriotes kurdes, araméens ou autres. Incendies volontaires, voies de fait, émeutes ont pu avoir lieu sans entraves et surtout sans répression aucune pour ôter aux récalcitrants l’envie de recommencer. Nous avons là un milieu, potentiellement très violent, qui n’est pas contrôlé ni réprimé, au nom, sans doute, des valeurs atlantiques qu’ils sont censés partager puisque la Turquie est membre de l’OTAN… Aujourd’hui, non contente d’exciter ses extrémistes, la Turquie soutient Daech en lui achetant du pétrole à prix bradé. Analyse simple, bien présente sur les médias anglo-saxons qui contestent les politiques bellicistes de Londres et Washington, bien présente aussi dans les études établies par les services allemands mais analyse que les Dupondt de la « Sûreté de l’Etat » belge ne font pas. Les lanceurs turcs de cocktails Molotov sont d’agréables plaisantins ; le club local de philatélistes flamands, lui, est dans le collimateur : il risque, en examinant la dentelure d’un timbre de l’époque de Léopold II, de répandre des idées « séparatistes ».


Le nouveau ministre de l’intérieur dément le reproche du Morgen : pour lui, la Sûreté aligne bien quelques arabisants, peut-être deux ou trois turcologues, mais ce sont sans doute ceux qu’il vient de recruter pour combler les lacunes de ses prédécesseurs, dont une mégère folle à lier qui n’a laissé derrière elle que les résultats de ses gaffes, bévues et boulettes. La péronnelle n’est pas douée mais elle a obtenu des voix de braves handicapés de la dure-mère autochtones, incapables de jauger ses incompétences, de troupeaux de subsahariens ignorant les tenants et aboutissants de la société belge, de jihadistes potentiels qui jargonnent leurs conneries salafistes et d’extrémistes turcs complotant le prochain jeu pyromaniaque à commettre contre de pauvres Kurdes. C’est l’arithmétique sans âme de ces suffrages qui compte en partitocratie et non les compétences, non le bon sens, non la simple capacité de discernement. Justement, le bon sens veut que l’on refuse absolument d’importer des querelles venues d’horizons très lointains, d’espaces géoculturels totalement étrangers à notre paisible Nord-Ouest européen. La devise aurait dû être de rejeter fermement toute importation de conflits extérieurs à la sphère civilisationnelle européenne. Les fauteurs de telles importations doivent être jugés, condamnés et expulsés et, le cas échéant, leurs ambassadeurs rappelés à l’ordre voire expulsés, en dépit de l’OTAN, de l’avis d’Hillary Clinton ou des humeurs d’Obama. Personne en Belgique n’a envie d’exporter en Anatolie, en Atlas ou en Syrie les querelles intracommunautaires belgo-belges et si des extrémistes wallons ou flamands décidaient d’incendier un foyer culturel ou de molester d’autres de leurs compatriotes à Diyarbakir ou à Emirdag, je trouverais très juste qu’ils aient affaire à la justice locale.


Ceci dit, il est certes de bon ton, depuis toujours, de brocarder les badernes de la « Sûreté de l’Etat » mais la transformer en un club distingué d’arabisants pointus et de turcologues chevronnés est une impossibilité pratique, tout simplement parce que des savants de bon acabit n’ont pas l’étoffe de flics et, ensuite, de tels spécialistes en langues orientales parleraient un arabe classique, raffiné et pur, et non pas l’un de ces innombrables dialectes abâtardis, parlés des côtes atlantiques du Maroc jusqu’au littoral d’Oman, en passant par la Mauritanie et le Soudan. Il faudrait non seulement de bons arabisants mais aussi des virtuoses de mille et un dialectes mélangés à des langues africaines, berbères, hamito-sémitiques, nilotiques, turques, kurdo-persanes, etc.


La question doit alors être posée : peut-on intégrer (et je ne parle même pas d’assimiler) des masses importantes de nouveaux concitoyens, venues de civilisations exotiques où des visions hostiles à l’égard de la nôtre existent, sont repérables, dormantes (comme jusqu’ici) ou réactivées (depuis le retour des fondamentalismes) ? Le sociologue allemand Gunnar Heinsohn constatait, il y a une quinzaine d’années, dans un best-seller largement vendu Outre-Rhin, que l’espace géoculturel islamique comptait une masse impressionnante de jeunes hommes de quinze à trente ans. Dans aucun cas de figure, en terres islamiques ou ailleurs, une telle masse ne peut être assimilée. Les Américains visaient à les atteler à une nouvelle société de consommation (peut-être celle qui devait éclore suite aux printemps arabes) mais ce projet d’un Greater Middle East consumériste, correspondant à l’espace géographique de l’USCENTCOM américain, est désormais un beau fiasco. Dans un tel vivier, on peut recruter des candidats à la guerre, en l’occurrence au Jihad. Exactement comme on recrutait en Irlande ou dans certaines régions d’Allemagne pour faire face à Napoléon à Waterloo ou pour combler les rangs des armées envoyées dans tous les coins de l’Empire britannique au 19ème. Il y a donc, chez ces jeunes de quinze à trente ans, dans les pays musulmans comme dans les diasporas musulmanes d’Europe et d’ailleurs, une masse critique d’esprits échaudés en quête d’un combat qui donne sens à la vie. Facteur incontournable que les tenants imbéciles des idéologies irénistes en Occident n’ont pas tenu compte. On allait les « civiliser » par la sécurité sociale, l’idéal hippie, les gay prides, les concerts à la Woodstock, l’espoir d’obtenir un emploi dans le secteur tertiaire, les variétés de la télé, le football ou la philatélie : le jihadisme fait voler en éclat cette illusion stupide.

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On n’a rien obtenu de tout cela mais bel et bien ce Molenbeek qui excite la verve de Zemmour et aussi, faut-il l’ajouter, de quelques voix moins médiatisées liées aux services secrets français. Molenbeek, commune voisine de Bruxelles et fleuron de l’industrialisation de la capitale belge avant 1914, devait devenir le phare du multiculturalisme à la belge. Philippe Moureaux, l’ancien maire de cette commune, un fils de notaire nanti, passé au socialisme par esprit de lucre et de calcul et aujourd’hui largement septuagénaire, s’est employé à cette tâche. Molenbeek n’est pas devenu un phare malgré ses efforts mais, au contraire, un repoussoir. Le bonhomme, arrogant et buté, ne désarme pourtant pas : au lendemain des massacres de Paris, il en remet une couche dans les colonnes du Soir. Sa politique, prétend-il, a été la seule bonne. Molenbeek serait demeuré un phare s’il avait pu poursuivre sa politique de « proximité ». Ces propos triomphalistes et narcissiques ont provoqué, sur internet, un déluge d’insultes de la part de ses anciens administrés autochtones et d’autres Bruxellois. Le Soir, moniteur totalitaire qui impose à la capitale belge une chape de « correction politique » sans nuances, est obligé de véhiculer cette colère populaire, faute de perdre ses derniers lecteurs.


Cet entretien a suscité des critiques dans les propres milieux socialistes que Moureaux avait dominés de sa faconde brutale pendant près de trois décennies. Ainsi, Hans Bonte, maire de Vilvorde, faubourg industriel proche de Bruxelles, rappelle que sa commune a fourni huit jihadistes connus aux troupes de Daech. Trois sont revenus et circulent librement, dont un seul est muni d’un bracelet. Ce dernier est passé dans le bureau de Bonte pour lui signifier qu’il déménageait à Bruxelles parce que là, au moins, il n’était pas aussi étroitement surveillé. Le lascar a déménagé et personne ne sait plus où il se trouve… Il n’y a pas meilleur preuve de laxisme et d’incompétence, donnant raison à ceux qui inspirent Zemmour dans ses tirades anti-molenbeekoises. Pourtant, Molenbeek, passé aujourd’hui de l’islamo-socialisme multicultureux à la Moureaux au libéralisme insipide et bon teint de la nouvelle mairesse François Schepmans, n’est pas du tout une zone de « no-go » ou de « non-droit », contrairement à ce qu’affirme un paquet d’exagérateurs en tous genres. On peut circuler dans Molenbeek. Y faire son marché. Mais dans une ambiance multiculturelle plus chamarrée qu’à Charonne par exemple. 40% de la population totale est musulmane. Dans les vieux quartiers limitrophes du centre historique de Bruxelles, cette proportion monte à 80% ou plus. Le fondamentalisme a fait une progression inquiétante au sein de cette population, en dépit du laïcisme prononcé qu’affichait Moureaux au début de sa carrière, où, à tous les repas, il bouffait du curé et du Flamand (parce que les populations flamandes demeuraient plus fidèles au catholicisme sociologique). Les fondamentalistes acharnés restent certes minoritaires mais l’histoire nous enseigne que les minorités sont toujours plus actives et virulentes que les majorités pétries de quiétude. Les actions politiques, révolutionnaires ou terroristes découlent de cette virulence minoritaire et deviennent aisément légendaires, si elles engrangent des succès. A Molenbeek, ce sont donc ces minoritaires salafistes qui donnent le ton. Le laïcisme socialiste de Moureaux, ponctué de laïcisme maçonnique soi-disant adepte des « Lumières », a généré un obscurantisme à faire pâlir le plus obtus des ultramontains du 19ème. Bel exemple d’hétérotélie, de dérive paradoxale entre les intentions et le résultat. La génèse de Daech en Belgique provient donc bel et bien de ce laïcardisme bouffeur de curés, à défaut de pouvoir bouffer du mollah ou de l’imam. C’est au nom des Lumières que l’obscurité a envahi cette commune. La dinguerie laïcarde a accouché de la dinguerie wahhabite, au bord du Canal de Willebroeck. Double déni du réel : l’un déni accouche de son contraire apparent ; en bout de course, on a toujours du déni, le négatif n’engendrant que du négatif.

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Vingt ans de mayorat de Moureaux débouchent sur un quartier ingérable, dont les folies meurtrières frappent désormais Paris, à 300 km en TGV de Bruxelles. Rappelons aussi que ce sinistre Moureaux est l’inventeur et le promoteur de la fameuse loi contre le racisme : ses actions anti-racistes à Molenbeek ont conduit à l’horreur sans nom qui vient de meurtrir la Ville-Lumière. La loi contre le racisme n’avait pas pour but de punir les incivilités grossières de quelques poivrots passant leur colère sur les pauvres allochtones. Elle avait bien plutôt pour but d’annihiler toute critique des déviances dangereuses que certains voyaient pointer à l’horizon dès la fin des années 70.

molenbeekPEREUBUmg54a41d5d72733.jpgEn effet, sous la férule de Moureaux, officiellement adepte des Lumières révolutionnaires, républicaines et maçonniques dans un pays anciennement hispanique et habsbourgeois qui a toujours largement vomi ce type de discours ou s’en moquait copieusement, toute critique à l’égard du salafisme rampant, du « racisme » de ce salafisme qui rejetait la culture européenne dominante et toutes les autres cultures (animiste subsaharienne, bouddhiste d’Asie, etc.) issues d’autres immigrations, de sa misogynie, était assimilé au racisme colonialiste ou hitlérien, à l’antisémitisme centre-européen, au pogromisme ukrainien, etc. Alors que ce salafisme prônait un rejet, pratiquait des amalgames, posait des jugements a priori qui sont autant d’attitudes négatives propres aux formes de racisme que la loi de Moureaux entendait réprimer mais uniquement au détriment de la paisible population autochtone, connue pour sa jovialité et sa tolérance. Cette loi ne reposait pas sur des faits objectifs mais sur des opinions, que des esprits missionnaires et quasi messianiques entendaient généraliser sous peine de punition. Donc nous avions deux poids deux mesures. Mauvaise politique. Le salafiste pouvait traiter de porc ou de singe, d’impurs ou de mécréants n’importe quel autochtone sans que celui-ci ne pouvait rétorquer par des termes inélégants comme « macaque », « bougnoul », « moutouf », « tchouk-tchouk » ou autres indélicatesses, courantes à Bruxelles avant la « Loi Moureaux ». Ce sentiment d’être toujours du mauvais côté, du côté des méchants, des hitléromaniaques, explique le mépris et l’agressivité des Belges de souche à l’adresse de leur ancien bourgmestre socialiste, copieusement insulté sur le site lesoir.be , parfois traiter de « crapule » dans le courrier des lecteurs du Soir.

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Le journal flamand de gauche, De Morgen, pourtant antiraciste, hostile aux politiques critiquant l’immigration, constate que Moureaux a été « aveugle ». Et que cet aveuglement était volontaire, pour obtenir les voix de tous les immigrés de sa commune, fondamentalistes compris, parce que l’électorat populaire belge, traditionnellement socialiste, diminuait en nombre. Paris valait bien une messe pour Henri IV. Pour Moureaux, Molenbeek valait bien quelques fatwahs contre les « souchiens » fulminées par des imams de garage. En fermant les yeux devant ce racisme qui tue et exclut l’Autre, tous les Autres, à qui mieux mieux, déguisé derrière le paravent de la religion, Moureaux conservait le pouvoir et ses prébendes, alors tant pis pour les principes voltairiens et persiflants, applicables seulement aux autochtones demeurés vaguement catholiques qui ne votaient plus pour lui. Dans le langage multicultureux de Moureaux, le terme « proximité », tiré du jargon des intellos parisiens, signifiait « clientélisme ». Du moment que l’on était client, on pouvait tout faire, y compris cracher sur les Lumières, dont Moureaux se réclamait, faire de l’obscurantisme, pratiquer de l’exclusion, débiter des conneries grosses comme des maisons, applaudir au massacre des chiites, des yezidis, des baathistes laïques ou des alaouites, génocider les peuples résiduaires de l’Orient complexe, s'esbaudir au spectacle du dynamitage des temples de Palmyre, allègrement commettre des crimes contre l’humanité, massacrer des civils. Conserver des voix était tout ce qui comptait : cette attitude cynique interpelle évidement les traditions démocratiques du pays car elles ont été dévoyées en partitocratie, laquelle permet tout pourvu que cela ne gène pas son fonctionnement à très court terme.


De Morgen laisse la parole à Bilal Benyaich, sociologue d’origine marocaine, issu de la VUB flamande qui prône les valeurs des Lumières, analyste sans concession des dérives allochtones en région bruxelloise, nommé secrétaire d’Etat à la lutte contre le terrorisme en 2014. Le diagnostic de ce sociologue bardé de diplôme, exemple emblématique d’une intégration parfaitement réussie, est cruel et sans appel : « Le PS, pour des considérations électoralistes, a commis de lourdes erreurs à Bruxelles. Le parti (socialiste) a dansé sur les airs que jouaient ces gens (= les fondamentalistes) pour pouvoir capitaliser leurs voix. Dans les années 80, le parti maintenait encore une ligne anti-radicale. Dans les années 90, il a abandonné cette ligne. Bon nombre d’imams ont alors introduit l’islam salafiste. Les parents ont suivi. Ils sont coresponsables du fait que des éléments jihadistes incontrôlés circulent dans les rues de Bruxelles ».


Pour Moureaux, ces analyses sont dues à « l’hystérie des Flamands » : elles n’ont dès lors aucun fondement. La nouvelle bourgmestre (mairesse) libérale, Françoise Schepmans rétorque : c’était la volonté de Moureaux « de faire de Molenbeek un laboratoire de la multiculturalité », démarche qui a conduit à la situation actuelle qui permet à des petites cellules jihadistes de ecruter des molenbeekois pour commettre allègrement des crimes contre l’humanité en Syrie comme à Paris. L’enfer est pavé de bonnes intentions et qui veut faire l’ange fait la bête (de l’Apocalypse). Il y a beaucoup de sagesse dans les adages populaires. Les bonnes intentions (irresponsables) que proclament les nuisances idéologiques sont la matrice d’une criminalité sans nom et, il faut bien le dire aujourd’hui, les tenants de ces nuisances idéologiques sont les responsables, non encore jugés et condamnés, de crimes abominables, du même genre de ceux qu’ils reprochent à leurs adversaires politiques, toujours campés comme hitléromanes. La Belgique saura-t-elle trancher dans le lard, faire arrêter et condamner ceux qui sont responsables moralement des carnages d’Irak, de Syrie et de Paris ? Aura-t-elle le courage, la force morale, de rejeter ses politiciens qui ont permis ces dérives sanglantes, pour que, plus jamais, des individus aussi immondes puissent exercer encore des fonctions politiques, fussent-elles modestes ? On en doute, ce pays est gangréné. Les cerveaux de la plupart de nos concitoyens sont rongés par la lèpre incurable des idéologies tirées des éthiques de conviction, hostiles à toute attitude responsable.


De Morgen prétend que ce fondamentalisme, qui a émergé notamment à Molenbeek, est dû à la pauvreté, à la précarité. C’est une dernière illusion de gauche de ce journal de gauche : on sait très bien que le jihadisme ne dérive pas nécessairement de la pauvreté et ce n’est certainement pas le cas des terroristes molenbeekois du Bataclan ou de Charonne. Bilal Benyaich est plus lucide que le ramassis d’illuminés et de méchants idiots qui constituent le personnel politique belge. Il écrit : « Le grand problème, c’est que le nombre de personnes, qui croient en ce discours de suprématie musulmane, est très élevé. Dans certains quartiers, on peut aisément parler d’une moitié de la population. Seule une très petite minorité prend les armes mais le potentiel est énorme. Nous avons affaire à des dizaines de milliers de jeunes qui se sont socialisés dans le schéma ‘nous-contre-eux’, partagé par l’extrême-droite et les extrémistes islamistes qui ne voient à l’horizon qu’une guerre entre l’Occident et l’islam. Ce ne sont pas nécessairement des musulmans puritains mais ils constituent un énorme vivier potentiel pour l’Etat islamique et autres mouvements similaires ». Ce n’est donc pas un exposant de l’extrême-droite ou un conservateur inquiet qui prend la parole ici, mais un sociologue « maroxellois » qui sait de quoi il parle. Son diagnostic de secrétaire d’Etat à la lutte contre le terrorisme pourrait parfaitement servir à un procureur du Roi pour instruire enfin le procès qui devra conduire à la condamnation sévère des multicultureux électoralistes qui, par folie et irresponsabilité, ont provoqué la mort atroce, inutile, de centaines de milliers d’innocents, en Irak, en Syrie et à Paris, avec la bénédiction initiale de leurs maîtres américains et des manipulateurs de la CIA et de la NSA, sans oublier les mécènes saoudiens ou qataris.

Kevin Desmet.

 

Paroles visionnaires de Carl Schmitt

Schmitt1xxxx.jpgParoles visionnaires de Carl Schmitt

« Ce serait une stupidité de croire qu'un peuple sans défense n'aurait que des amis, et il serait bas et malhonnête de compter que l'ennemi se laisserait peut-être attendrir par la non-résistance. Personne n'ira croire que les hommes puissent, par exemple, changer le monde et y créer une situation de moralité pure en renonçant à toute productivité esthétique ou économique; combien moins encore un peuple renonçant à toute décision politique saurait-il placer l'humanité dans une situation où régnerait la moralité pure ou l'économie pure. Qu'un peuple n'ait plus la force ou la volonté de se maintenir dans la sphère du politique ce n'est pas la fin du politique dans le monde. C'est seulement la fin d'un peuple faible. » 

 La notion de politique, Carl Schmitt.

Ne faudrait-il pas repenser notre modus operandi en matière de terrorisme ?

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Ne faudrait-il pas repenser notre modus operandi en matière de terrorisme?
 
Cessons de montrer à nos agresseurs qu'à chaque fois qu'ils frappent sur notre territoire, ils déstabilisent le pays, poussent le président de la République à rassembler le Congrès, à rappeler les forces armées, etc.
 
Commandant de police
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Si l’on fait le rapport du nombre d’intervenants dans les forces de police pour l’arrestation d’un terroriste « vivant », on arrive peu ou prou à 1.000/5, sans parler des 5.000 cartouches qui ont été tirées par nos forces de police lors de l’intervention à Saint-Denis.

Imaginons qu’au même instant, dans les dix plus grandes villes de France, des terroristes passent à l’action. Allons-nous avoir la capacité de rassembler plus de 20.000 policiers sur les lieux d’opération, allons-nous déplacer les chars d’assaut pour parvenir à circonscrire des équipes de 4 ou 5 terroristes ? Somme toute, qu’est-ce qui fait la différence entre un preneur d’otages à la suite d’un braquage de banque et un terroriste, si ce n’est que le but recherché par les protagonistes est d’un côté l’argent et de l’autre l’application d’une idéologie crapuleuse ? Et pourtant, une prise d’otages dans une banque n’a jamais déplacé plus d’une trentaine de policiers.

Ne faudrait-il pas, alors, repenser le mode d’intervention de nos forces de police en matière de terrorisme et, d’une manière plus concrète encore, interdire les médias de diffuser en direct ces interventions afin de ne pas fournir des informations capitales aux terroristes assiégés, mais surtout aux autres terroristes qui voient en direct leurs complices sous le feu de nos forces de l’ordre et, par conséquent, peuvent ainsi organiser leur évasion du territoire ou, pire encore, déclencher une autre attaque en guise de revanche.

Si nous prenons l’intervention à Saint-Denis, nos renseignements avaient permis de situer exactement la position des terroristes : on savait qu’ils occupaient un petit local d’à peine 30 m2, par conséquent il s’agissait d’interpeller 3 ou 4 personnes. Le temps jouant pour nos forces de police, il y a bien un moment où l’un des terroristes serait sorti pour aller chercher de quoi manger. Il suffisait alors de l’interpeller discrètement jusqu’à ce que le prochain subisse le même sort, mais surtout le premier arrêté aurait pu fournir suffisamment d’informations pour faciliter l’arrestation des autres protagonistes.

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En résumé, ne serait-il pas plus opérationnel d’intervenir dans l’ombre et le silence, de placer un système de surveillance sophistiqué pour détecter tous les mouvements des terroristes à l’intérieur du domicile, ou bien de diffuser à l’intérieur un produit soporifique au lieu d’envahir le quartier avec des véhicules de police laissant apparaître en grosses lettres « BRI » ou « RAID », comme si ces services avaient besoin de publicité médiatique.

Cessons de montrer à nos agresseurs qu’à chaque fois qu’ils frappent sur notre territoire, ils déstabilisent le pays, poussent le président de la République à rassembler le Congrès, à rappeler les forces armées, etc. Lorsqu’on veut inquiéter le terrorisme, on agit comme lui, dans l’ombre et le silence, et l’on fait disparaître ses soldats sans coup férir.

Génération Rantanplan

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Génération Rantanplan

Publié par amoyquechault2.over-blog.com

Lorsqu’une nation est aussi férocement et sauvagement agressée, on s’attendrait à sentir le sol et les murs de la maison commune trembler sous la violence du rugissement de colère et de rage de son peuple, terrifiant cri de la bête blessée relevant la tête dans un violent soubresaut d’orgueil et de courage pour mordre sans pitié la main qui l’a frappé.

Or, depuis vendredi dernier, l’atmosphère n’est saturée que d’un long miaulement femelle, un vaste gémissement tragique et pleurnichard, un immense sanglot fienteux expurgé par des millions de bouches tremblotantes et hagardes, postillonnant spasmodiquement leur incompréhension terrorisée.

« Mais pourquoi nous ? Pourquoi nous ? » répète inlassablement le bobo libéral-libertaire recroquevillé en position fœtale sur la moquette 100% fibres naturelles de son loft rénové du 11e arrondissement. « Pourquoi moi et mes frères, pourquoi mes semblables, ces gens bien éduqués, tolérants, ouverts, antiracistes jusqu’à l’extrême limite du trognon, écolos-sympas et gay-friendly ? ». Entre deux crèmes de jour et un tri sélectif, il s’interroge profondément. Et il a raison. En effet, pourquoi frapper la génération bisounours, celle qui aime tout le monde sauf, bien sûr, les sales fachos et, bien entendu, ses ignobles ancêtres obscurantistes et esclavagistes ? Pourquoi eux, qui ne cessent de répéter que l’Islam est une religion de paix et de fraternité qui a toute sa place en Europe, eux qui étaient prêts à toutes les acceptations et les reptations pour ne pas froisser la susceptibilité de nos hôtes mahométans, glorieux rédempteurs de toutes les vilénies et de toutes les tares d’un Occident criminel ? Pourquoi eux qui ne demandaient pas mieux que de faire de nouvelles pipes aux Muzz et autres minorités de tous poils ? A l’horreur, s’ajoute donc l’injustice. Inimaginable. Insupportable. Si au moins ils avaient liquidé Marine, Zemmour ou Houellebecq, il y aurait une logique, une cohérence. Mais là ? C’est le camp du bien qu’on attaque, ce sont ceux qui avaient tous les brevets de citoyenneté mondiale et d’amour sans frontières qu'on assassine. Scandale dans le scandale, abomination dans l’abomination ! Comment peut-on haïr à ce point des gentils ? Face à cette interrogation déstabilisante, empressons-nous d’ajouter des fleurs dans nos cheveux et allons vite nous trémousser à Bastille sur du John Lennon, transe cathartique et expiatoire pour somnambules trop soudainement éveillés et désirant retourner au plus vite dans les limbes cotonneuses du sommeil médiatico-bien pensant. La narcolepsie, ultime remède au réel. Ressortons aussi les vieux drapeaux « Peace and love » mités, les arcs-en-ciel délavés, et dégueulons d’un amour si général, si global, si diffus, si incantatoire, qu’il devient sans consistance ni objet. On n’aime plus quelqu’un ou quelque chose, on aime tour court. Même ce qui nous tue. J’aime tout parce que je ne suis plus rien. Suicide collectif et festif par overdose d’amour universel.

Le viol de la cité

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Le viol de la cité

par Patrice-Hans Perrier

Ex: http://www.dedefensa.org

Nous avons pris le parti de relire un classique de la philosophie politique afin d’y puiser quelques victuailles conceptuelles en cette période tumultueuse entre toutes. Les derniers attentats de Paris ont été exécutés à une époque charnière, dans un contexte où l’Imperium semble vouloir reprendre la main au Moyen-Orient. Les commanditaires qui téléguident la nébuleuse dite de l’État islamique (EI) sont les mêmes qui profitent de l’ouverture des frontières afin de pulvériser la souveraineté des états au moment de composer notre analyse. Et, si le procès politique devenait caduc au moment même où nos représentants s’apprêtent à décréter l’état d’urgence généralisé ?

La politique n’est plus un art : elle dérive de plus en plus vers la sphère de la gestion des activités humaines liées à la survie de l’espèce. C’est en partie ce que soutient la philosophe Hannah Arendt dans la première partie de son opus intitulé « Condition de l’homme moderne ». (*) Reprenant l’observation de Martin Heidegger à propos de la dérive techniciste du monde moderne, Arendt nous met en garde contre l’anéantissement de la volonté politique qui menace nos cités. Le citoyen, devenu consommateur, ne possède plus rien en propre et son aliénation croissante est tributaire du rôle qui lui est assigné au cœur de la société postmoderne. Le consommateur s’exécute, sans discuter, alors qu’une caste de professionnels de la politique fait semblant de gouverner. Le procès politique n’est plus qu’un leurre dans un contexte où nos gouvernants ont remis les clefs de la cité à de puissants conglomérats apatrides.

Il est difficile, dans un tel contexte, d’analyser les actualités afin d’en extraire un sens, une direction qui puisse nous aider à identifier les jalons du procès politique en cours de déroulement. Certaines puissances anonymes (l’état profond) ont subventionné la nébuleuse de l’État islamique et de ses affidés afin de pulvériser l’ordre géopolitique au Moyen-Orient, de faire main-basse sur de nouveaux gisements énergétiques et de remodeler cette région du monde au profit du projet d’un « Grand Moyen-Orient » susceptible de conforter leur domination.

Les vases communicants

Pendant ce temps, les mêmes commanditaires faisaient pression sur la classe politique pour que l’ouverture des frontières soit maintenue in extenso, histoire d’accueillir les flots de réfugiés et de « migrants » en provenance de ce Moyen-Orient plongé dans les grands remous de cette réingénierie forcée. Il devenait patent qu’un projet de « Grande Europe » s’actualisait alors que les effets délétères de la recomposition d’une partie du monde risquaient de faire exploser le cœur de l’Europe pro-atlantiste. Les vases communicants de la géopolitique fonctionnent à plein rendement à l’heure où nos dirigeants politiques sont incapables de prendre des décisions susceptibles d’avoir un impact en temps réel sur la gouvernance de nos cités.

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Action – réaction

Les récents attentats terroristes qui ont frappé Paris de plein fouet permettront à ceux qui sont véritablement aux manettes d’actionner une nouvelle séquence de décisions arbitraires. De nouvelles forces d’intervention se préparent d’ores et déjà au combat afin d’aller frapper quelques cibles affiliées à la nébuleuse de l’EI, des mesures de musellement de la liberté d’expression seront adoptées sous peu, la tension montera encore d’un cran et le chaos s’étendra de plus belle. Les résultats seront à la hauteur des attentes des commanditaires de toute cette agitation sans queue ni tête. La Russie risque d’élargir son périmètre d’intervention dans l’espace aérien syrien, ce qui pourrait entraîner, par voie de conséquence, le déclenchement d’un véritable conflit régional. Les alliés de l’état syrien voudront intervenir et châtier une partie des pays commanditaires de cette fumeuse nébuleuse islamiste. D’autres populations seront déplacées, avec pour conséquence une augmentation des flux de réfugiés prenant d’assaut les métropoles européennes. La boucle sera bouclée, alors que la reconfiguration de l’ensemble européen pourra démarrer.

Une politique de destruction contrôlée

Le domaine public a été supprimé au profit d’une « politique sociétale » qui permet à d’astucieux intérêts privés d’empiéter sur le bien commun. À l’heure où l’ubiquité de la communication court-circuite la chronologie des événements réels, on peut raisonnablement affirmer que les grands régisseurs de la machination politique sont capables de fabriquer de toutes pièces une partie de l’histoire officielle. Le consentement sera manufacturé en fonction de la grille de lecture commandée pour la circonstance.

Hannah Arendt nous prévient que, dans un contexte où l’impérialisme techniciste triomphe, « la propriété a perdu sa valeur d’usage privé, qui était déterminée par son emplacement, pour prendre une valeur exclusivement sociale déterminée par sa perpétuelle mutabilité, la fluctuation des échanges ne pouvant être fixée temporairement que par rapport à un dénominateur commun, l’argent ». Cette assertion est capitale en cela qu’elle illustre avec concision le phénomène de dérive progressive qui gangrène l’habitus de l’ancien citoyen.

Ainsi, pour préciser notre propos, qu’il nous soit permis de rappeler à nos lecteurs que plusieurs instances municipales ont déjà procédé à la confiscation d’un grand nombre de résidences secondaires ou inhabitées afin de les mettre à la disposition des nouveaux « migrants » qui essaiment aux quatre coins de l’Europe de l’Ouest. Les autorités publiques, sous couvert de mesures extraordinaires d’aide aux réfugiés, procèdent à la liquidation d’une part croissante de la propriété privée des petits rentiers, des personnes à la retraite ou des exploitants agricoles.

Une citoyenneté dissoute

Ce bouquet d’actions illégales (couvertes par des décrets d’exception) permettra de mettre en place de véritables « zones franches » au cœur de nos cités, alors que la destruction du tissu social prendra des proportions nouvelles. Les habitants de ces « zones franches » seront subventionnés, dispensés de payer des taxes et feront l’objet de mesures de surveillance onéreuses. Cette situation fera en sorte d’obliger les pouvoirs municipaux à augmenter le fardeau fiscal imposé aux petits exploitants et autres infortunés propriétaires implantés dans le paysage des nations touchées par ce fléau. Les pouvoirs publics, obligés d’obéir aux desiderata de l’hyper-classe mondialiste, deviendront, conséquemment, les complices d’un phénomène de spéculation qui permettra à des holdings immobiliers ou à des trusts de faire main basse sur une partie du patrimoine des « nationaux » devenus de véritables indésirables chez eux. 

Le nouveau consommateur, qui ne produit pratiquement plus rien, est en voie de devenir un ilote, privé de son habitus naturel. Arendt fait le lien avec la politique de l’ancienne Grèce, dans un contexte où le foyer (oikia) et la famille représentaient les lieux de la reproduction générique de l’espèce. La vie en dehors du foyer familial, permettant de participer à l’organisation future de la cité, les hommes d’action pouvaient s’adonner à l’art de la politique. Une borne salutaire séparait la sphère privée de l’espace publique.

De nos jours, la techni-cité fait en sorte de brouiller les pistes, dans un contexte où la politique ne sert plus qu’à régenter les rapports de forces qui mettent en scènes des intérêts privés qui finissent par phagocyter l’espace public, l’AGORA. C’est ainsi que la sphère privée et l’espace publique finissent par être anéantis au profit d’un nouvel espace social, mu par une « politique sociétale ». Et, Arendt de préciser que « l’avènement des « sciences du comportement » signale clairement le dernier stade de cette évolution, quand la société de masse a dévoré toutes les couches de la nation et que le « comportement social » est devenu la norme de tous les domaines de l’existence ».

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La nouvelle ingénierie sociale

Nous avons eu l’occasion, à plusieurs reprises, de nous pencher sur le phénomène de la « postmodernité à géométrie variable », ce contexte anxiogène qui permet aux « ingénieurs sociaux » de littéralement démolir la conscience de l’individu lambda. Les médias sociaux tiennent le rôle de caisse de résonnance au service de la mise en place de cette ingénierie destinée à remodeler nos habitudes de vie. Les Anonymus, collectif de pirates informatiques travestis en justiciers virtuels, viennent de déclarer la guerre à DAESH, une autre excroissance de la nébuleuse « islamiste ». Plusieurs médias – dominants ou résistants – ont salué avec empressement la décision des Anonymus de pirater les comptes des médias sociaux de plusieurs milliers d’affidés de DAESH. À y regarder de plus près, Anonymus représente le bras « armé » d’une opinion publique qui est muselée et prise en otage par le monde médiatique.

Les trublions de l’information jouent aux défenseurs de la veuve et l’orphelin, prenant pour cible certaines composantes de la nébuleuse « terroriste ». « Les gouvernements sont incapables de nous protéger », semble dire les Anonymus, alors pourquoi ne pas nous défendre par nos propres moyens ? Peu nous importe si l’action entreprise par Anonymus est justifiable ou non, ce qui nous intéresse c’est le rôle joué par cette « nébuleuse de la contre-information » dans le cadre de la vaste entreprise d’ingénierie sociale qui se met en place présentement. Dans un contexte où le gouvernement français parle d’adopter des mesures extraordinaires – temporairement – on peut s’en inquiéter à juste titre. Malgré les vœux pieux de la classe politicienne, les flux de réfugiés prendront encore plus d’ampleur, alors que la circulation des simples citoyens fera l’objet de mesures de contrôle systématiques.

La nouvelle cible à l’ordre du jour c’est DAESH et les autres émanations de la constellation « islamiste ». Qu’il nous soit permis de mettre un bémol face aux assertions d’un Jacques Sapir qui affirmait, récemment, « qu’en décidant de décréter l’état d’urgence, le Président de la République a fait un acte de souverain. Il l’a fait en notre nom à tous, au nom du peuple français ». Nous croyons que le gouvernement Hollande profitera de l’état d’urgence pour faire régner une politique de la terreur et ainsi mettre au pas la grogne populaire et les mouvements de résistance qui menacent  l’« ordre républicain ». Les flux de migrants vont, peut-être, se tarir momentanément et les forces de l’ordre seront en mesure de sécuriser une partie du territoire français. Toutefois, cet état d’urgence permettra de museler toutes les voies qui s’opposaient, d’ordinaire, à la politique extérieur menée par la France depuis Sarkozy. La France n’aura d’autre choix que de se joindre aux forces coalisées derrière l’OTAN et la politique impérialiste pourra se poursuivre vaille que vaille.

Anonymus conforte la position d’impuissance du citoyen lambda en proposant d’agir à la place d’une classe politique qui est discréditée et qui n’a plus les moyens de ses ambitions. Chemin faisant, les mécanismes de l’ingénierie sociale en phase opératoire agissent comme de puissants adjuvants, alors que la joute politique ressemble à une pièce de théâtre. Nous assistons, impuissants et prostrés, à la destruction de nos habitus pérennes et à l’abolition définitive d’une part importante de cette liberté qui est l’apanage de notre civilisation moribonde. C’est le procès médiatique qui a pris le relais, alors que certains intérêts privés se sont appropriés l’entièreté du domaine public. Il ne nous reste plus que les rogatons de la politique sociétale pour nous divertir. En espérant pouvoir chasser cette angoisse qui paralyse notre conscience de citoyens dépossédés.

Patrice-Hans Perrier

Note

(*) Hannah Arenddt, in « Condition de l’homme moderne – THE HUMAN CONDITION. Éditeur Calmann-Lévy, Collection AGORA, Paris, 1961. ISBN : 2-86917-029-7.

Russia Debates Unorthodox Orthodox Financial Alternative

Russia Debates Unorthodox Orthodox Financial Alternative

Ex: http://journal-neo.org

A significant debate is underway in Russia since imposition of western financial sanctions on Russian banks and corporations in 2014. It’s about a proposal presented by the Moscow Patriarchate of the Orthodox Church. The proposal, which resembles Islamic interest-free banking models in many respects, was first unveiled in December 2014 at the depth of the Ruble crisis and oil price free-fall. This August the idea received a huge boost from the endorsement of the Russian Chamber of Commerce and Industry. It could change history for the better depending on what is done and where it further leads.

Some 20 years ago during the Yeltsin era, within the chaos of Russian hyperinflation and IMF “shock therapy,” the Russian Orthodox Church introduced a similar proposal for interest-free banking as an alternative. During that time a gaggle of liberal pro-free-market Russian economists around Yeltsin, such as Yegor Gaider, prevailed. They instead opened Russia’s state-owned assets to literal plunder by western banks, hedge funds and corporations.

In my first visit to Russia in May 1994 to give a talk at a Russian economic institute on IMF shock therapy, I saw first-hand the lawless mafia, russkaya mafiya, speeding through the near-empty Tverskaya Street near Red Square in new state-of-the-art Mercedes 600 limos without license plates. It was a devastating time in Russia and Washington and the technocrats at the IMF knew exactly what they were doing to foster the chaos.

US sanctions focus attention

By 2014 much has changed in Russia. Most significantly, the infatuation with everything American of two decades ago has understandably vanished. The US Treasury financial sanctions were launched in stages in 1914 against specific individuals around President Putin, specific banks and corporations dependent on foreign credit. They had the effect of forcing a critical rethinking among Russian intellectuals, government officials and in the Kremlin itself.

The Washington attacks, legally-speaking acts of warfare against a sovereign nation, were initiated by the US Treasury’s Office of Terrorism and Financial Intelligence, the only government finance agency in the world with its own in-house intelligence agency. The Office was created under the pretext of going after and freezing the assets and bank accounts of drug cartels and terrorists, something it seems strangely inept at if we judge from their record regarding groups like ISIS or Al Qaeda in Iraq. It seems to be far better going after “undesireable” countries like Iran and Russia. It has offices around the world, including in Islamabad and Abu Dhabi.

Those US Treasury financial warfare sanctions and the prospect of much worse to come have sparked a deep debate within Russia on how to defend the nation from more attacks. Vulnerability to western sanctions in their banking system has led Russia, like China, to develop an internal Russian version of SWIFT interbank payments. Now the very nature of money and its control is at the heart of the debate.

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Unorthodox Orthodox Proposal

In January 2015, in the depth of the financial crisis, with a Ruble at half what it had been months earlier and oil prices in a free-fall as a result of the September 2014 John Kerry-King Abdullah agreement, the Moscow Patriarchate reissued its idea.

Dmitri Lubomudrov, the Orthodox Church’s legal adviser told the media at that time, “We realized we couldn’t stay dependent on the Western financial system, but must develop our own. As with the Islamic system, the Orthodox one will be based not just on legislation, but on Orthodox morality as well, and will be an invitation to businessmen seeking security at a time of crisis.” Among its features would be interest-free credit issuance and prohibition of investment in gambling casinos or such activities going against Church moral values.

Then in early August this year the Orthodox plan for interest-free money creation gained a major added support. Sergei Katyrin, head of the Russian Chamber of Commerce and Industry, after meeting with Vsevolod Chaplin, the senior Orthodox cleric overseeing the project, announced, “The Chamber of Commerce and Industry supports the creation of the Orthodox Financial System… and is ready to provide its platform for detailed and professional discussion of these questions together with the relevant committees of the chamber.” The proposal is aimed at reducing Russia’s reliance on the Western banking system, an essential national economic security requirement.

Much as with Islamic banking models than ban usury, the Orthodox Financial System would not allow interest charges on loans. Participants of the system share risks, profits and losses. Speculative behavior is prohibited, as well as investments in gambling, drugs and other businesses that do not meet Orthodox Christian values. There would be a new low-risk bank or credit organization that controls all transactions, and investment funds or companies that source investors and mediate project financing. It would explicitly avoid operations with active financial risks. Priority would be ensuring financing of the real sector of the economy, its spokesman stated.

Interestingly, Russia’s largest Islamic autonomous republic, Tatarstan, recently introduced Islamic banking into Russia for the first time and it was supported positively by German Gref, CEO of the state-owned Sperbank, Russia’s largest bank. This May, Gref called it a very important instrument amid the current problems with raising funds on international markets. In July Sberbank and the Republic of Tatarstan signed an agreement on cooperation in the field of Islamic financing.

Under Czar Alexander III and his Finance Minister Nikolai Bunge, Russia established the Peasant Land Bank in the beginning of the 1880’s to give interest-free loans to the liberated peasantry that had been freed from serfdom in 1861 by his father, Alexander II and given land. The Land Bank invested in the modernization of Russian agriculture with farmers only paying a small handling charge for credits. The result was such a spectacular rise in Russian wheat, and other cereals that Russia became the world “bread basket” up to outbreak of World War I, exceeding the combined production of the USA, Argentina and Canada by some 25%.

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Glazyev proposals

The new prominence of the Orthodox Monetary model in Russian discussions comes at a time when one of Vladimir Putin’s economic advisers, Sergei Glayzev, the person advising the President on Ukraine as well as relations with fellow-members of the Eurasian Economic Union, has presented a plan for enhancing Russia’s national economic and financial security under the quite sensible assumption that the financial sanctions and now military pressures from Washington and NATO are no whimsical accident but a deep-seated strategy of weakening and economically destroying one of the two nations which stand in a way of a globalist US New World Order.

In May 2014, a few weeks after the Obama Administration imposed a series of select sanctions on key Russian individuals, banks and energy companies, striking at the heart of the economy, Glazyev made an interview with the Russian financial paper, Vedomosti, in which he proposed a number of prudent defensive measures. Among them were several which are now policy. This has included a credit and currency swap with China to finance critical imports and a shift to settlement in national currencies–Ruble and RMB; creation of a Russian interbank information exchange system, analogous to SWIFT, for payments and settlements within the Eurasian Economic Union and other partner countries.

A strategic proposal of Glazyev that the state impose a halt on all export of gold, precious metals, and rare earth elements, and that the Central Bank buy up gold mined by foreign companies to build monetary gold reserve strength, was, unfortunately, refused by Central Bank Governor Elvira Nabiullina who told the Duma, “We don’t believe that a moratorium is needed on gold exports. We are able to buy enough gold to diversify our gold and currency reserves.”

Nabiullina has come under criticism from members of the Duma for being far too slow in building the gold reserves of the ruble. Russia today is the world’s second largest gold producer after China, and China has been building its Peoples’ Bank of China gold reserves in recent years at a feverish pace. Western central banks, led by the Federal Reserve, since gold backing for the dollar was abandoned in August, 1971, have done everything, including brazen market manipulation, to discourage gold currency reserves around the world.

Most recently, on September 15 Glazyev presented a new series of economic proposals to the Presidential Russian Security Council to, as he stated it, reduce the vulnerability to western sanctions over the coming five years and achieve foundations for long-term growth and economic sovereignty. Among his proposals were creation of a State Committee on Strategic Planning under the President of the Russian Federation, together with a State Committee for Scientific and Technological Development, modeled on a system created in Iran during the 1990s following the introduction of Western sanctions there.

The first measure, creation of a Committee on Strategic Planning, echoes the highly successful French national Planification model introduced under President Charles de Gaulle, that was credited with transforming France from a stagnant peasant-dominated economy to an advanced, innovative modern industrial nation by the early 1970’s.

In the 1960’s France had a General Commission of the Plan which surveyed the entire economy to identify critical weaknesses that needed attention for overall national development. They would set goals for the coming 5 years. General Commission members were senior civil servants consulting with business leaders, trade unions and other representative groups. Each proposed plan was then sent to the national parliament for voting approval or change.

The crucial difference between France’s 5-year Planification and the Soviet 5-year central planning model was that the French was indicative and not imperative as was the Soviet Five Year Plan. Private or state companies could freely decide to focus on a sector such as railway development knowing the state would encourage the investment with tax incentives or subsidies to lower risk and make it attractive. It was highly successful until the mid-1970’s when the massive oil shocks and increasing Brussels supra-national rule-making made it increasingly difficult to implement.

There are other features to the detailed Glazyev proposal, among the most interesting his proposal to use Central Bank resources to provide targeted lending for businesses and industries by providing them with low interest rates between 1-4 percent, made possible by quantitative easing to the tune of 20 trillion rubles over a five year period. The program also suggests that the state support private business through the creation of “reciprocal obligations” for the purchase of products and services at agreed-upon prices.

Russia is in a fascinating process of rethinking every aspect of her national economic survival because of the reality of the western attacks. It could produce a very healthy transformation away from the deadly defects of the Anglo-American free-market banking model.

F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
First appeared: http://journal-neo.org/2015/11/22/russia-debates-unorthod...

Filip De Pillecyn een linkse rechtse?

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Door: Dirk Rochtus

Ex: http://www.doorbraak.be

Filip De Pillecyn een linkse rechtse?

'De Prins der Nederlandse Letteren' was een cultureel collaborateur, maar hij had ook linkse trekjes. Een nieuwe kijk op Filip De Pillecyn.

De schrijver Filip De Pillecyn (1891-1962) mag dan wel in vergetelheid geraakt zijn, het naar hem genoemde comité onder het voorzitterschap van professor Emmanuel Waegemans probeert de belangstelling voor zijn werk aan te wakkeren, onder andere met de publicatie van een jaarboek. Toch draagt ook de politieke context waarin De Pillecyn zich bewoog, zeker niet bij tot een beter begrip van hem. De Pillecyn wordt afgerekend op datgene waarin zijn politieke en publicistische activiteiten in de jaren 40 waren geculmineerd, namelijk de collaboratie. Moet dan álles wat daaraan voorafging, – het denken, schrijven, organiseren van na de Eerste Wereldoorlog – in het licht van die collaboratie gezien worden?

filimensen04_x.jpgZelfbestuur

Bracht De Pillecyn niet een pacifistische overtuiging mee uit de loopgraven van de Eerste Wereldoorlog? Als medestichter van het Comité Heldenhulde, voorloper van het IJzerbedevaartcomité, bekommerde hij zich om een waardige herdenking van de gesneuvelde frontsoldaten. Op de IJzerbedevaarten in de jaren 20 en 30 vertolkte hij luid de verzuchting 'Nooit Meer Oorlog'. Ook andere gedachten van hem hebben aan actualiteit niets ingeboet. Als medeoprichter van de Frontbeweging bepleitte hij samen met Hendrik Borginon in het pamflet 'Vlaanderens dageraad aan den IJzer' zelfbestuur voor Vlaanderen binnen een federale structuur – toen nog een hemelsgroot taboe. Ook de 'godsvrede' die hij bepleitte, moet in het pluralistische Vlaanderen van vandaag nog altijd worden bevochten tegen onverdraagzame en extremistische krachten. Laten we even stilstaan bij wat we de 'internationale dimensie' zouden kunnen noemen in het werk van De Pillecyn, zijn polemiseren tegen het militarisme en tegen het opkomende fascisme, zijn geloof in democratie en wereldvrede.

'Anarchie der Wereldpolitiek'

In de Studies IX (2015) werpt Etienne Van Neygen licht op een minder bekende De Pillecyn, een zowaar als 'links' te bestempelen De Pillecyn. Van 1922 tot 1928 schreef Filip De Pillecyn het satirische weekblad Pallieter vol. Met zijn scherpe pen nam hij ondermeer generaals, Belgische nationalisten, en de Italiaanse fascistische dictator Mussolini en zijn aanhangers onder vuur. Van een antimilitaristische houding had hij trouwens al daarvoor als hoofdredacteur van De Standaard blijk gegeven. Ze kwam duidelijk naar voren in zijn verzet tegen het Frans-Belgisch Militair Akkoord. De generale staven van het Franse en het Belgische leger hadden op 7 september 1920 de clausules van een militair defensief akkoord uitgewerkt dat enkel in werking zou treden ingeval van een niet-uitgelokte aanval op een van de twee partners. Enkele dagen later hadden de Belgische en de Franse regering door de ministers van Buitenlandse Zaken ondertekende nota's uitgewisseld waarin zij het militair akkoord goedkeurden. Het parlement kwam er niet eens aan te pas. Alfons Van de Perre, een bekende naam in de Vlaamse beweging, had tijdens de lange onderhandelingen die aan het akkoord voorafgingen een zeventiental vrije tribunes gepubliceerd in De Standaard waarvan de teneur luidde: 'Een Belgisch-Militair Verbond sleurt België willens nillens in de anarchie der Wereldpolitiek.' Inderdaad richtte België zich in zijn buitenlandse politiek door het akkoord op Frankrijk. In 1923 zou het land zich zelfs op sleeptouw laten nemen door Parijs om mee het Duitse Ruhrgebied te bezetten. De Vlaamse beweging bestreed het akkoord omdat in de woorden van Van de Perre 'Ze (= de Vlamingen) zijn overtuigd dat het de Franse invloed in Vlaanderen zal versterken.' Ook De Pillecyn liet zich in die zin uit in De Standaard van 5 september 1920: 'Men hore het goed: Vlaanderen wil niet weten van het verbond. Men mene niet dat het voldoende is met een paar mensen een papiertje te ondertekenen om ons de korporaalsrol te laten spelen bij de eerstkomende internationale verwikkelingen. Zij (...) vergeten dat het Belgisch leger in hoofdzaak wordt gevoed door Vlaamse jongens; hun weze hier dan ook herinnerd dat het Vlaamse volk, afkerig van hun verbond ... weigert zijn jongens als pand te laten dienen voor de voorgenomen overeenkomst. Nooit meer dan bij deze gelegenheid heeft men uit het oog verloren dat Vlaanderen in België ligt ....' Maar toen het akkoord eenmaal gesloten was, schreef Alfons Van de Perre nog een laatste bijdrage waarin hij zijn moedeloosheid te kennen gaf. Volgens Theo Luyckx, historicus en biograaf van Alfons van de Perre, zou er druk van hogerhand uitgeoefend zijn op De Standaard om de positie van de Vlaming Prosper Poullet (behorende tot de Katholieke Partij) als minister van Spoorwegen in de regering niet in het gedrang te brengen.

Filip-De-Pillecyndddddf.jpgGeradicaliseerd

Hier kwam De Pillecyn weer op de proppen. De dag waarop Van de Perre zijn laatste bijdrage voor de krant had geschreven, kreeg hij een brief van de hoofdredacteur waarin deze betreurde dat De Standaard niet gedaan had wat de Vlamingen van haar hadden verwacht, namelijk 'een uitdrukkelijke verklaring dat Vlaanderen weigerde de handtekening der Regering als geldig te erkennen ...en onomwonden kritiek voor onze ministers die het verbond goedkeurden.' De Pillecyn besloot zijn brief met de woorden: 'Ik acht het dringend nodig dat "De Standaard" onmiddellijk zonder aanzien van personen de campagne van verzet opent die reeds door de Frontpartij werd ingezet.' Ook Ernest Claes sloot zich bij de kritiek van De Pillecyn aan in een vrije tribune die op 20 september 1920 verscheen: 'Ik zou wel eens willen zien wat 'n gezicht onze ministers zouden opzetten zo De Standaard van morgen af een campagne begon tegen die Frans-Belgische entente ...' We zien in de brief van De Pillecyn drie gedachten opduiken die zijn politieke opstelling in de jaren 20 karakteriseren: antimilitarisme, verzet tegen Frans imperialisme en kritiek op het establishment ('onze ministers'). De onderliggende toon vormde zijn geradicaliseerd Vlaams-nationalisme. Zo vond hij De Standaard te minimalistisch en te nauw aanleunend bij de Katholieke Vlaamse groep in de Kamer. Na een meningsverschil met directeur Frans Van Cauwelaert verliet hij in 1922 dan ook de krant.

Antimilitarisme

Filip De Pillecyn zou zijn journalistieke pen echter niet laten rusten en stichtte nog datzelfde jaar het satirische weekblad Pallieter. Hier kon hij zich als 'een echte satiricus en polemist' ontpoppen zoals Rik Van Cauwelaert in zijn bijdrage 'De journalist Filip De Pillecyn' schrijft. Nog volgens dezelfde auteur gaf De Pillecyn blijk van 'onbesuisdheid' en ging hij 'ook al eens uit de bocht'. De Pillecyn schuwde geen boude taal.

Toen de Duitse maarschalk Paul von Hindenburg in 1925 werd verkozen tot rijkspresident, bestempelde De Pillecyn hem als 'een professionele vechtersbaas'. Hindenburg droeg als opperste bevelhebber van het Duitse leger tijdens de Eerste Wereldoorlog inderdaad een grote verantwoordelijkheid voor de uitzichtloze slachtpartijen. Hij zou later ongewild ook een omineuze rol in de Duitse geschiedenis spelen door op 30 januari 1933 een zekere Adolf Hitler tot rijkskanselier te benoemen. Van generaals moest De Pillecyn niets hebben. Ze waren voor hem 'gesternde en gesabelde slagergasten'. Als hij de naam van maarschalk Pétain hoort, zegt hij, 'dan is er ergens een knal in de buurt en 't is mij alsof ik rondom mij moet kijken of er geen bloedplas ligt.' De verschrikkingen van de oorlog hadden van hem een pacifist gemaakt. Dat het Belgisch-Frans Militair Akkoord als 'defensief' werd gekarakteriseerd, maakte op hem geen indruk. Het verschil tussen een 'defensief' en een 'offensief' akkoord was louter theoretisch, elk militair akkoord droeg de kiemen van geweld en oorlog in zich. Zijn antimilitarisme was gekoppeld aan een geloof in de mensheid en aan kritiek op het kapitalisme. Dat was niet ontypisch voor de tijdsgeest, denken we maar het 'O-Mensch-Pathos' van de Duitse expressionisten, of aan de kritiek van revolutionairen van links en van rechts op wat ze respectievelijk kapitalisme en plutocratie noemden. Voor De Pillecyn kwam dit samen in de bevinding dat de Vlaamse strijd geen zin had als ze niet ook antimilitaristisch was: 'Vlaanderen ligt midden de mensheid; een Vlaanderen dat niet meetrilt met de mensheid, dat is het onze niet. Een Vlaanderen die (sic) zich afbeult voor een taalwet en met blij zweet de oorlog van morgen spijst met zijn legerbudget, dat is het onze niet'. Boven de hoofden van de regeerders en de militairen 'drijft de lucht van petrool, cokes, financie'. De Pillecyn zag in België een aanhangsel van Frankrijk, en het Belgische establishment rolde wat graag de rode loper uit voor een Franse president als Poincaré: 'Het was buiten de traditie een vreemd Staatshoofd in het Parlement te ontvangen. Maar voor Frankrijk is er in België steeds een uitzondering.' De Pillecyn onderscheidde wel tussen het Frankrijk van de politiek en het Frankrijk van de geest: Zijn Pallieter onderscheidt tussen de chauvinisten van de 'Action française' en de 'denkers vol fijne intellectualiteit'. Zo ontkracht De Pillecyn voor eens en altijd het vooroordeel als zouden Vlaams-nationalisten een natuurlijke afkeer van de Franse taal en cultuur hebben.

FilipBlauwbaard.gifIn Pallieter valt De Pillecyn ook het fascisme en het kolonialisme aan. Als pacifist verwerpt hij het wapengekletter van de fascistische leider Benito Mussolini en vanuit zijn democratische inborst fulmineert hij ook tegen het Belgische nationalisme met zijn fascistische sympathieën. Maar tegelijk had De Pillecyn een gebroken verhouding met de democratie als systeem. De totstandkoming van het Frans-Belgisch Militair Akkoord ontnam De Pillecyn het geloof in de eerlijke werking van de parlementaire democratie: 'De Regeringen, onze Theunis net zo goed als Poincaré, zorgen er eerst voor dat zij een meerderheid hebben die op voorhand ja heeft gezegd.' Rik Van Cauwelaert beschrijft in zijn bijdrage hoe De Pillecyns afkeer van het parlementarisme alleen maar toenam, en hoe de journalist en auteur daarin bevestigd werd door het gebrek aan ruggengraat bij vele Vlaamse volksvertegenwoordigers tegenover de opstoot in het Belgische nationalisme. Waar situeert De Pillecyn alias Pallieter zich nu ideologisch? Was hij een linkse jongen zoals Van Neygen in de titel van zijn bijdrage schrijft, en zoals zijn antimilitarisme, antifascisme en antikolonialisme doen vermoeden? Was hij een linkse die de 'afkeer voor het parlementarisme [...] naar de collaboratie leidde', zoals Rik Van Cauwelaert stelt? Of behoorde hij door dit amalgaam tot de mensen die de historicus Otto-Ernst Schüddekopf noemde: 'Linke Leute von rechts' (Linkse mensen van rechts)?

(Voordracht gehouden door Dirk Rochtus bij de voorstelling van het jaarboek Filip De Pillecyn Studies XI van het Filip De Pillecyncomité, in Beveren, 8 november 2015)

Foto: Filip De Pillecyn,  (c) collectie AMVC Letterenhuis