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dimanche, 14 avril 2024

Jouets de guerre

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Jouets de guerre

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/giocattoli-di-guerra/

Il semble que Moscou ait envoyé un cadeau au président Macron. On ne sait pas s'il s'agit de l'ambassade russe à Paris ou du Kremlin directement... mais le cadeau est tout de même arrivé.

Il s'agit d'une boîte de petits soldats, de miniatures de chars d'assaut, etc.

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Le genre de jouets, j'imagine, qui faisait autrefois le bonheur des enfants. À l'époque où les PlayStation et les smartphones n'existaient pas encore. Et que ce qui comptait, c'était... l'imagination.

Quoi qu'il en soit, l'expéditeur d'un tel cadeau - un ambassadeur d'humeur badine, Lavrov ou Poutine lui-même - a fait preuve d'un solide sens de l'humour. Et d'une bonne dose d'ironie.

J'ai déjà écrit sur Macron, sur ses bizarres et dangereuses illusions napoléoniennes. De sa perspective d'envoyer les troupes de l'OTAN combattre l'ours russe aux côtés des Ukrainiens. Et de sa préparation des divisions de la Légion étrangère à entrer, dans un court laps de temps, sur le terrain des combats.

Une illusion qui n'est pas seulement la sienne, malheureusement. Car Stoltenberg et les dirigeants bruxellois semblent de plus en plus sur la même longueur d'onde. Malgré les freins de Washington. Et ce n'est pas peu dire.

Mais c'est lui, Macron, qui a le plus avancé dans ce sens. Il est le précurseur. Le petit Napoléone de noantri (à la sauce française) dans la campagne de Russie.

Et les Russes lui envoient des petits soldats. Jouez avec, lui disent-ils entre les lignes. Et laissez la vraie guerre aux grands.

Un geste de mépris très peu diplomatique. Mais le président français a montré qu'il ne se souciait guère de la diplomatie et des relations internationales. Et qu'il les comprend encore moins.

Mais il ne faut pas y voir une simple... plaisanterie, car à mon humble avis, ce geste laisse entrevoir autre chose.

Le moment est critique. Avec une Commission européenne qui demande un effort économique supplémentaire aux États membres, jusqu'à 100 milliards au total, afin de continuer à alimenter Zelenski. Alors qu'il est désormais clair que l'Ukraine est en train de s'effondrer.

Moscou n'est pas pressé. Sa stratégie vise à user l'ennemi le plus possible. Et à ménager hommes et moyens. Mais elle avance. Lentement et inexorablement. Il est pourtant évident qu'elle portera bientôt le coup. D'ici l'été. Peut-être plus tôt.

Washington est sur le point d'abandonner le bateau qui coule. Et ce n'est pas à cause de l'obstructionnisme républicain à la Chambre des représentants. Ni à cause du retour, attendu et redouté, de Trump.

C'est l'administration Biden qui est pressée de se sortir du bourbier ukrainien.

Trop inquiète de l'évolution de la situation au Moyen-Orient. Et le risque d'un affrontement avec l'Iran. Sans parler de la tension croissante avec Pékin.

Et puis, probablement, Zelenski a fait son temps. En menant tout un peuple à l'abattoir. Et maintenant, on n'a plus besoin de lui. En fait, il devient un handicap. Pour piquer l'ours russe, d'autres possibilités s'ouvrent. La Moldavie, l'Arménie...

Mais très peu en Europe l'ont compris. Et l'ont accepté.

A part Orban et Fico, qui n'ont plus rien à voir avec le narratif occidental, l'Espagne et quelques autres. La majorité continue à se comporter comme des lemmings. Comme des rats suicidaires.

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Derrière Macron, qui, de ces rats autodestructeurs, s'est autoproclamé chef.

Et Moscou lui envoie des petits soldats. Pour bien montrer à quel point les Russes craignent les forces armées européennes sans le parapluie protecteur américain.

C'est à se poser des questions, non ?

Ordre en échange d'uranium

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Ordre en échange d'uranium

Leonid Savin 

Source: https://www.geopolitika.ru/article/orden-v-obmen-na-uran

Le président français Emmanuel Macron s'est rendu au Brésil le 26 mars. Dans le contexte de déclarations agressives sur l'envoi éventuel de militaires français en Ukraine, ainsi que de la perte d'influence dans un certain nombre de pays africains (le dernier sur la liste étant le Sénégal, où des élections présidentielles avaient eu lieu la veille), ce voyage ne doit pas être considéré comme une simple visite, mais comme une exploration du terrain en vue de réorienter la présence française dans le monde.

Il n'est pas exclu que la Russie soit évincée, du moins dans les domaines où nous pourrions concurrencer Paris, comme l'énergie nucléaire.

Bien qu'il s'agisse d'une visite d'État de haut niveau, les photos des deux présidents, qui sont déjà devenues un mème, ont suscité un véritable engouement. Une publication brésilienne les a qualifiées de "mariage", car le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et M. Macron se tenaient la main et souriaient.

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Et la photo commune avec un chaman indien ressemblait vraiment à une parodie de mariage gay dans l'Église anglicane, où le mariage entre personnes de même sexe est autorisé*. Le chaman et le chef indien local à temps partiel ont reçu un ordre de Macron "pour leur contribution à la défense de l'environnement". Macron a répondu à ces mèmes en disant : "Oui, c'est un mariage. Le Brésil aime la France. Et la France aime le Brésil".

En réalité, la situation n'est pas aussi hilarante qu'on pourrait le penser en regardant la photo. Par exemple, un membre du parlement brésilien, Filipe Barros, a réclamé une enquête officielle pour savoir si les accords avec la France violent la souveraineté du pays.

Et ces doutes sur le fond de la politique étrangère française ne visitent pas que des personnalités brésiliennes. En Guyane, où Macron s'était rendu la veille, des députés se sont plaints de discuter de questions importantes à huis clos, qualifiant cette pratique de "forme de sectarisme".

Les sujets abordés par les deux présidents ont tourné autour de l'Amazonie, une région riche en bio-ressources, et ont évoqué la protection de l'environnement et la lutte contre le changement climatique dans une position "pour tous les bons contre tous les mauvais".

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Lula et Macron ont signé un plan d'action commun pour développer la bioéconomie et protéger la forêt tropicale. L'accord comporte de nombreuses phrases communes sur la nécessité de réduire les émissions et l'engagement envers les traités précédents, mais certains points mettent en lumière des mécanismes d'accompagnement très intéressants.

La lutte contre le dépérissement des forêts est liée à la nécessité de développer "des instruments financiers innovants, des mécanismes de marché et des paiements pour les services environnementaux".

La protection des arbres commence par l'Amazonie, mais se termine par l'ensemble des forêts tropicales de la planète et par la création de nouveaux instruments de paiement: "Le Brésil et la France sont déterminés à travailler bilatéralement et avec leurs partenaires pour créer un nouveau système de gouvernance pour l'architecture financière internationale... Ce changement... devrait... entraîner une réforme équitable des institutions financières internationales".

Alors que le Brésil est membre des BRICS et adopte une position modérée sur le développement de toutes sortes d'alternatives de paiement, en particulier dans le contexte du Sud global, la France fait partie du collectif occidental, qui s'engage à préserver tous les moyens de son hégémonie, y compris les systèmes de paiement et les systèmes financiers.

Dès lors, comment la France peut-elle être utile à la modernisation et à la transformation de l'architecture financière internationale ? Le rôle de Paris ne serait-il pas, dans ce cas, subversif et saboteur ? Ces questions sont particulièrement pertinentes aujourd'hui, en cette année de présidence russe des BRICS, où l'on discute de la possibilité de créer des instruments de paiement internationaux alternatifs.

Une clause de l'accord stipule également que "les présidents ont reconnu l'importance de promouvoir une science inclusive du climat et du développement durable avec une plus grande participation des scientifiques des pays en développement, à la lumière des considérations de genre".

Lula a certainement utilisé la rhétorique du "genre" pendant la campagne pour gagner les votes des électeurs "progressistes", mais ce flirt continu avec eux doit encore être rationalisé.

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Le plan d'action pour la bioéconomie et la protection des forêts tropicales est plus spécifique et concerne directement l'Amazonie. Il prévoit des mesures globales pour développer l'industrie à l'aide de ressources publiques et privées. Un important programme d'investissement dans la bioéconomie de l'Amazonie brésilienne et guyanaise a été annoncé. L'objectif est de mobiliser 1 milliard d'euros au cours des quatre prochaines années.

Ce programme s'articulera autour de plusieurs axes. Un dialogue entre les administrations française et brésilienne, des partenariats techniques et financiers entre banques publiques sont envisagés. Des coordinateurs spéciaux seront affectés aux entreprises françaises et brésiliennes les plus innovantes dans le domaine de la bioéconomie. Un centre de recherche, d'investissement et d'échange de technologies clés sera également créé et un nouvel accord scientifique entre les pays sera conclu.

L'accord établira également de nouvelles normes pour récompenser les pays "forestiers" qui investissent dans la restauration des ressources. Enfin, pour financer la protection des forêts tropicales et de la biodiversité, il est prévu de promouvoir conjointement des partenariats innovants dans le monde entier.

D'une manière générale, si l'on résume ce qui a été écrit, il est prévu de créer une sorte de terrain d'expérimentation pour certaines actions, qui pourront ensuite être étendues à d'autres régions du monde. Étant donné que le Brésil présidera le sommet sur le climat COP30 en 2025, le PR sur l'agenda environnemental arrive à point nommé. Et il ne fait aucun doute que l'administration Lula continuera à s'appuyer sur ce thème.

Les projets communs dans le domaine de l'énergie nucléaire ont également été abordés. Selon le député brésilien Júlio Lopes, qui faisait partie de la délégation, un protocole d'accord a été signé entre les services géologiques du Brésil et de la France sur l'exploration de l'uranium.

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Actuellement, le Brésil se situe au huitième rang mondial en termes de réserves d'uranium - environ 280.000 tonnes. Elles sont estimées à environ 62 milliards de dollars et sont suffisantes pour alimenter l'ensemble du programme nucléaire du pays. Le monopole de l'exploration minière est détenu par l'entreprise publique Industrias Nucleares do Brasil.

Plusieurs sections de l'accord indiquent que les pays approfondiront leur coopération dans le domaine de l'énergie nucléaire et faciliteront l'échange d'informations pour l'exploration des minéraux critiques. L'investissement français dans le traitement des minerais sur le territoire brésilien est également envisagé.

Selon Júlio Lopes, dans le cadre de la réorganisation des activités nucléaires au Brésil, la reconstruction de la centrale nucléaire d'Angra-1 et la construction d'Angra-3 sont également prévues.

Cependant, fin 2022, Rosatom a signé un contrat avec Industrias Nucleares do Brasil pour la fourniture d'uranium enrichi destiné à la production d'assemblages combustibles pour les réacteurs d'Angra-1. Le contrat a été conclu à la suite d'un appel d'offres ouvert et durera jusqu'en 2027.

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Rosatom souhaite également achever la construction d'Angra-3. Le processus d'approbation de la construction de cette centrale a été compliqué pour un certain nombre de raisons, mais en 2022, la société brésilienne Eletronuclear a repris les travaux de construction des fondations. La mise en service d'Angra-3 est prévue pour 2028. La centrale aura une capacité de 1405 mégawatts et une capacité de production d'électricité de 12 millions de mégawattheures par an, ce qui est suffisant pour alimenter 4,5 millions de personnes.

Il est maintenant question que l'entreprise française Framatome, qui fabrique des réacteurs, s'implante au Brésil. Il n'est donc pas exclu que la France se prépare un coussin de sécurité nucléaire au Brésil, qu'elle considère en même temps comme un nouveau marché prometteur.

Si l'uranium cesse de provenir du Niger, ce qui est tout à fait possible à la lumière des événements actuels, Paris compensera avec du minerai brésilien. Et dans le même temps, elle importera ses technologies, en faisant du lobbying pour évincer les entreprises russes. Très probablement, elle ne fera pas l'économie des mécanismes de corruption, qui sont une composante indispensable de la grande politique des pays occidentaux.

Et l'agenda environnemental sera une bonne couverture pour la manipulation d'actifs, les activités de renseignement et l'extension de l'influence au niveau des communautés locales.

Il ne sera pas difficile pour la France de donner quelques ordres supplémentaires aux chefs de tribus. L'échange de perles de verre contre de l'or est un vieux truc éprouvé par les colonisateurs européens en Amérique latine.

* Le mouvement LGBT est considéré comme extrémiste dans la Fédération de Russie.

L'alternance à Dakar

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L’alternance à Dakar

par Georges FELTIN-TRACOL

Le 24 mars dernier, avec une participation s’élevant à 61,30%, 54,28% des électeurs sénégalais  choisirent dès le premier tour Bassirou Diomaye Diakhar Faye à la présidence de la République de cet État francophone d’Afrique occidentale. Le 2 avril, conformément au cadre constitutionnel en vigueur, le plus jeune chef d’État sénégalais, 44 ans, prêta serment devant une quinzaine de dirigeants africains, en particulier le Nigérian Bola Tinubu, président en exercice de la CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest). La cérémonie d’investiture mit un terme à un trimestre politique agité.

La chronique n°103 évoquait la décision explosive des sept juges du Conseil constitutionnel. Ils annulaient le report de la présidentielle au mois de décembre et exigeaient sa tenue selon le calendrier légal prévu. Constatant l’inaction de l’exécutif à fixer une date précise pour le premier tour, ce même conseil imposa le 24 mars et conserva le même nombre de candidats. Seule Rose Wardini retira sa candidature.

Mis devant le fait accompli, le président Macky Sall pousse à la démission, dès le 6 mars, le premier ministre, Amadou Ba, et en nomme un nouveau, Sidiki Kaba. Amadou Ba poursuit sa campagne électorale. Le Parlement adopte dans le même temps une loi d’amnistie pour toutes les violences commises depuis 2021. Cette mesure pacificatrice concerne aussi bien les manifestants et/ou émeutiers que les forces de l’ordre responsables de nombreux tirs mortels (une soixantaine de tués).

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Une fois celle-ci promulguée à la mi-mars, le président-fondateur du mouvement des PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité) dissout, Ousmane Sonko, et le secrétaire général de ce parti interdit, mais très actif dans la clandestinité, Bassirou Diomaye Faye, quittent leur cellule respective. Si Ousmane Sonko a perdu ses droits civiques et est inéligible, Bassirou Diomaye Faye qui se trouvait en détention provisoire pour outrage à la magistrature, reste candidat. Dans le même temps, début mars, la justice réhabilite Ousmane Sonko, annule sa condamnation par contumace et le réinscrit sur les listes électorales. Certes, il est trop tard pour qu’il puisse remplacer Diomaye Faye. À peine libérés, le duo multiplie les réunions publiques et soulève l’enthousiasme de la jeunesse déclassée. Quinze jours plus tard, ce tandem remporte les élections et passe du statut de prisonniers politiques à celui de dirigeants de premier plan. Ce parcours n’est pas étonnant. Maints dirigeants au XXe siècle ont d’abord connu la prison avant d’accéder au pouvoir. Il est fort probable qu’au XXIe siècle, divers politiciens (à l’instar peut-être de Nicolas Sarközy dans les prochains mois) se retrouvent en prison après l’exercice du pouvoir.

L’engouement électoral en faveur de Bassirou Diomaye Faye a surpris tous les observateurs. Il est courant qu’au Sénégal, le vainqueur gagne dès le premier tour même si, dans les années 1960, Léopold Sédar Senghor était le candidat unique. Seules les présidentielles de 2000 et de 2012 ont connu un second tour. En 2000, le libéral du PDS (Parti démocratique sénégalais) Abdoulaye Wade bat le président socialiste Abdou Diouf. En 2012, le président Abdoulaye Wade perd face à son ancien Premier ministre, Macky Sall…

Outre sa jeunesse, Bassirou Diomaye Faye suscite bien des interrogations. Les PASTEF seraient des souverainistes de gauche. Or la gauche occidentale semble s’en méfier. La une de Libération du 26 mars 2024 montre un Diomaye Faye en contre-plongée, singulière façon de saluer la victoire d’un ancien prisonnier politique. Nos belles âmes festives, wokistes, inclusives et féministes n’apprécient guère que le nouveau président soit de manière officielle bigame. Ce musulman pieux a une première épouse de confession chrétienne avec qui il a quatre enfants (une fille et trois garçons), et une seconde épouse musulmane.

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Fait inédit, le Sénégal accepte désormais deux épouses officielles. Le protocole établirait une « première dame » et une « seconde dame ». La bigamie demeure cependant pour les gendéristes de l’Occident terminal une manifestation patriarcale honnie alors qu’il s’agit d’une coutume africaine fort respectable pour tout ethno-différencialiste conséquent. Autre pierre d’achoppement à venir: le nouveau gouvernement envisagerait de renforcer la pénalisation de l’homosexualité. Voilà une intention qui ne va pas dans le sens du LGBTisme international… La majorité des Sénégalais est musulmane même si la République du Sénégal est un État laïque. Les confréries musulmanes et une prégnance certaine de l’animisme structurent cet islam incompatible avec la vision rigoriste des wahhabites. Il est habituel que les Sénégalais de toutes religions célèbrent le lundi de Pâques.

Qualifié d’« anti-Système », Bassirou Diomaye Faye a étudié à l’ÉNA de Dakar. Haut-fonctionnaire, il choisit l’inspection des finances et des domaines. Il partage avec son collègue, Ousmane Sonko, une ferme détermination à combattre la corruption endémique. Des prospections au large des côtes du Sénégal révèlent l’existence de vastes gisements d’hydrocarbures sous-marins (gaz et pétrole). Pas certain donc que le peuple sénégalais accepte la transition écologique à la mode occidentale et la mise à la retraite des véhicules thermiques. C’est fou que les Verts occidentaux reformulent sous couvert d’un discours écologiste bienveillant envers le climat les vieilles lunes néo-colonialistes et pseudo-paternalistes !

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Malgré l’onction populaire incontestable, le mandat du nouveau président s’ouvre sur diverses incertitudes. Quelles vont être les relations entre le président Diomaye Faye et Ousmane Sonko ? Une éventuelle réforme constitutionnelle créerait la fonction de vice-président de la République, mais quel rôle garderait le Premier ministre ? N’y a-t-il pas un risque de tricéphalisme exécutif ? Pour couper court à toutes les spéculations, le nouveau président a immédiatement nommé Ousmane Sonko Premier ministre. Quels rapports ce tandem va-t-il dorénavant entretenir avec la « Françafrique » en coma dépassé ? Certes, il souhaite quitter la zone du franc CFA (Communauté financière africaine) ou bien concevoir une nouvelle monnaie, peut-être à vocation panafricaine, dégagée du cours de l’euro. Leur aura d’anciens opposants peut leur attirer la sympathie des gouvernements militaires de l’Alliance du Sahel (Mali, Niger et Burkina Faso) d’autant qu’un même panafricanisme les anime.

Par ailleurs, comment le nouveau chef de l’État va-t-il gouverner alors qu’il doit cohabiter avec une Assemblée nationale qui lui est hostile ? La Constitution interdit toute dissolution dans les deux premières années de la législature. Cette contrainte cessera en juillet prochain. Il est toutefois possible que le PDS qui a appelé, deux jours avant le scrutin, à voter pour Bassirou Diomaye Faye soutienne le nouveau gouvernement. Les nouveaux responsables doivent par conséquent composer avec un « Établissement » plus ou moins hostile, même si Macky Sall a reçu son successeur, le 28 mars, afin de déclencher le processus de transition démocratique.

Le Sénégal ouvre une nouvelle page de son histoire. Il a su surmonter une incroyable crise politico-institutionnelle. Il a montré à tout un continent enclin aux coups d’État, aux révolutions de palais et aux soulèvements populaires que la voie électorale peut renverser dans les formes légales et pacifiques un gouvernement solidement installé. Ce n’est peut-être pas un hasard si, ancienne colonie française, le Sénégal a eu pour fondateur un poète, épris de littérature et agrégé de grammaire. Par le biais de la langue qu’on habite toujours, certaines particularités morales françaises s’y enracinent durablement.

Salutations flibustières !

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 110, mise en ligne le 10 avril 2024 sur Radio Méridien Zéro.

Les élections européennes et l'impossibilité du changement

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Les élections européennes et l'impossibilité du changement

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/04/11/eurovaalit-ja-muutoksen-mahdottomuus/

À quelques mois des élections du Parlement européen, nous devons recommencer à orienter le calendrier électoral dans la bonne direction. Les électeurs se voient à nouveau rappeler la menace que représentent les "partis extrémistes" - les partisans de Poutine - pour l'"unité européenne".

Les experts en politique étrangère avertissent qu'un "coup d'État d'extrême droite" est en cours sur l'Eurocontinent. Politico, quant à lui, prévient que "cette fois, la menace de l'extrême droite est réelle". Comme en coordination, l'YLE finlandais, par l'intermédiaire d'un professeur de l'université de Tartu, appelle également à éviter la "droite" qui, tout en poursuivant "l'intérêt national", poursuit également "l'intérêt russe".

Même si le Parti populaire européen (PPE) de centre-droit restera le groupe le plus important du Parlement, les deux groupes de centre-droit, Identité et Démocratie (ID) et les Conservateurs et Réformistes européens (ECR), pourraient également l'emporter. Et si c'est le cas ?

Les deux partis prônent désormais un atlantisme centré sur l'Occident, de sorte que les propos alarmistes de l'YLE et de ses partenaires sur les "partis qui font le jeu de Poutine" semblent exagérés. Les partis populistes de droite européens sont de toute façon loin de former un front commun, et des femmes leaders telles que Giorgia Meloni et Marine Le Pen s'affrontent actuellement pour le leadership de l'euro-droite.

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Même un populisme de droite apparemment eurosceptique ne représente pas une véritable alternative au courant politique dominant, mais comme l'affirme Thomas Fazi, "le principal obstacle à l'émergence d'un front populiste de droite européen uni n'a pas grand-chose à voir avec les différences idéologiques entre les partis, mais avec la nature même de l'Union européenne".

Tout au long de son existence, l'Union européenne a poursuivi l'intégration et l'union politico-économique, dans le but de créer des "États-Unis d'Europe" fédéralistes. Une Union aussi politisée ne peut travailler avec des États souverains et a donc besoin d'un pouvoir de décision supérieur à celui des parlements nationaux. La Commission européenne, qui définit l'orientation de la politique de l'euro, "agit sans transparence et sans mandat populaire démocratique".

"Puisque Bruxelles exerce un contrôle économique et financier sur les États membres, en particulier dans les pays de la zone euro, même les gouvernements populistes n'ont pas d'autre choix que de suivre les règles de l'UE", précise M. Fazi.

L'exigence de maintenir un "capitalisme néolibéral" est inscrite dans les fondements de l'Union, de sorte que même la gauche radicale n'a aucune chance dans l'Union d'aujourd'hui. L'UE est construite sur l'idée de la primauté des marchés capitalistes et de la production industrielle dans l'intérêt des grandes entreprises. Il n'y a pas de place pour une "Europe des peuples" dans l'équation des eurocrates kalergistes.

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Lorsque le Hongrois Viktor Orbán a bloqué le programme d'aide conjoint de l'UE à l'Ukraine, Bruxelles a menacé de saboter l'économie hongroise. Cela en dit long sur la "mentalité néocoloniale" qui règne au cœur de l'UE et sur les limites que les dirigeants de l'euro sont prêts à franchir pour mettre au pas les gouvernements réticents.

En raison des politiques centralisées de l'euro, les partis populistes de la zone euro ne peuvent se permettre d'être radicaux que dans l'opposition nationale, mais une fois au pouvoir, ils sont effectivement contraints de trahir leurs promesses électorales et de promouvoir des politiques qui s'écartent de leur propre programme, dans le cadre de la machine de l'euro.

Même si le Parlement européen obtient une majorité de droite lors des prochaines élections, il serait naïf de penser que la politique générale changera. Rien ne garantit non plus que la montée en puissance des gouvernements nationaux populistes créera les conditions nécessaires pour "changer l'UE de l'intérieur". Le véritable pouvoir dans l'UE se trouve ailleurs - à la Commission, au Conseil et à la Banque centrale européenne.

"En refusant de reconnaître l'éléphant dans la pièce - l'incompatibilité fondamentale et irréconciliable entre l'UE et la démocratie - les populistes de droite à travers le continent se préparent à une nouvelle défaite", prédit M. Fazi à propos du résultat des prochaines élections, où même les votes de protestation ne feront pas grande différence.

La seule crainte des eurofédéralistes est que des décideurs accèdent au pouvoir dans les États membres et fassent pression en faveur d'un retrait de l'Union. Jusqu'à présent, cette possibilité a été exclue avec succès; les partis qui sont entrés dans le système, de la droite à la gauche, ont été manipulés pour être favorables à l'euro, et les critiques des politiciens individuels n'ont pas eu d'importance. Cela changera-t-il un jour ?

samedi, 06 avril 2024

La guerre des banquiers contre la Chine

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La guerre des banquiers contre la Chine

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/04/04/pankkiirien-sota-kiinaa-vastaan/

Alors que débute l'année du dragon, "l'empire anglo-sioniste lance sa guerre contre la Chine", estime Richard H. Solomon. Jusqu'à présent, la Chine a fait preuve "d'une humilité et d'une retenue incroyables, ne réagissant que très peu aux insultes et provocations scandaleuses de l'administration néoconservatrice américaine".

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Les citoyens européens n'ont pas à prendre parti par réflexe dans ce combat de titans, mais ils ne doivent pas non plus défendre les intérêts de politique étrangère des États-Unis et de leur troupeau de vassaux. La Chine est une superpuissance dirigée par le parti communiste, et alors ? Nous devons regarder au-delà des ismes et des mots et évaluer les actes.

Il n'y a plus d'"Amérique" libre ni d'États-nations européens indépendants. Le soi-disant "Occident" n'est rien d'autre qu'une "coalition de cartels financiers, de multinationales, d'oligarques, du complexe militaro-industriel, de l'État profond et du lobby sioniste", dont les jours de gloire sont (heureusement) révolus.

"Comme tous les empires pathologiquement corrompus en phase finale, l'Occident dément rêve de renouveau", constate Solomon. Ses sujets ne peuvent qu'"essayer d'éviter d'être submergés par les raz-de-marée d'un géant en train de sombrer".

Les survivants de la destruction de l'Occident peuvent se regrouper et "adopter le principe de la coprospérité, avec la Chine comme principal acteur mondial, éclairant le chemin de l'humanité vers une civilisation Star Trek de type deux sur l'échelle Kardashian".

La Chine s'est efforcée de rester en dehors du conflit, mais à un moment donné, Pékin devra peut-être riposter lorsque les provocations "biologiques, économiques et militaires" de Washington et de Londres iront trop loin et dépasseront même la tolérance confucéenne. Sur la base des actions américaines, l'agression ne fera que s'intensifier.

Selon Solomon, la bonne dissuasion pour la Chine consisterait à mettre sa "propre peau dans le jeu". Les cosmopolites sans racines de la puissance monétaire occidentale ne sont pas seulement des parasites de la société et des profiteurs aux dépens des autres, mais aussi des lâches matérialistes qui ne veulent pas mourir.

Alors qu'ils peuvent condamner à mort des millions ou des milliards de personnes simplement pour leurs propres intérêts égoïstes, la superclasse dirigeante est prête à tout pour maintenir sa propre existence. "Les services de renseignement chinois devraient localiser tous leurs bunkers et villes souterraines et faire savoir que si une guerre majeure éclate, la Chine les frappera", conclut M. Solomon.

Les cercles financiers de Wall Street ont autrefois délocalisé l'industrie manufacturière américaine en Chine, afin de transformer l'Amérique en une économie fondée sur l'usure, en vendant de la dette dans l'espoir que la Chine achèterait cette dette et laisserait les initiés de Wall Street contrôler également l'économie chinoise.

Ce modèle économique était connu sous le nom de "Chimerica". Bien que la Chine ait initialement bénéficié de cet arrangement, Solomon affirme que Pékin a rejeté une relation symbiotique dans laquelle "la classe sans racines de Wall Street prendrait le contrôle de la civilisation chinoise vieille de cinq mille ans après avoir vidé les États-Unis de leur substance".

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Néanmoins, certains affirment que toute la confrontation Est-Ouest n'est que du théâtre Kabuki et que la Chine serait déjà sous le contrôle du cartel bancaire Rothschild et Rockefeller (c'est-à-dire les propriétaires de la planète). Solomon n'est pas d'accord.

Le "techno-féodalisme" idéalisé par les esclavagistes occidentaux exige non seulement la destruction des différentes cultures, mais aussi la transformation génétique de la classe dirigeante. Selon le protocole transhumaniste de la clique de Davos, les dirigeants chinois devraient être prêts à détruire la culture et l'ADN de leur peuple, vieux de cinq mille ans.

Solomon ne croit pas que les dirigeants chinois soient prêts à une telle chose. "Si certaines des innovations technologiques chinoises sont liées à la sécurité nationale, la technologie est principalement utilisée pour améliorer la vie des citoyens chinois, ce qui est tout à fait contraire à la politique américaine.

Un "avenir chinois" après l'hégémonie américaine serait plus prometteur que l'ancien régime, affirme Solomon, ne serait-ce que parce que la Chine "n'a jamais mené dans son histoire une politique d'agression militaire ou de conquête en dehors de son propre territoire". La Chine "a même construit un mur pour empêcher les barbares d'entrer".

Solomon souligne que la coopération de la Chine avec les puissances étrangères est basée sur une transaction, une interaction mutuellement bénéfique dans laquelle des services ou des biens sont échangés. Contrairement à l'Occident et à son libéralisme, la Chine ne cherche pas à mettre le monde entier à son image.

Qu'en est-il de la pandémie des taux d'intérêt, dont on dit qu'elle a commencé en Chine ? La Chine n'a pas suivi la technologie ARNm de l'Occident, mais a offert à ses citoyens des vaccins traditionnels. "Bien que certains fonctionnaires chinois pro-occidentaux aient insisté sur les livraisons d'ARNm de Pfizer et sur la production nationale d'ARNm, le parti communiste a résisté à la pression de la classe politique américaine", explique Solomon.

Le parti communiste a peut-être réagi de manière excessive en adoptant une stratégie extrêmement rigoureuse, mais selon Solomon, c'est parce que la Chine était confrontée à une attaque biologique. Pour des "événements futurs" similaires, il conseille également aux Occidentaux de s'appuyer sur "le zinc, les vitamines C et D et la médecine traditionnelle chinoise".

Du point de vue de Solomon, la Chine reste "le principal rempart contre les envahisseurs de l'empire anglo-sioniste américain et les sous-fifres de leur mafia financière mondiale".

Étant donné "le pouvoir monstrueux des banquiers internationaux, l'empereur président Xi doit jongler avec un enchevêtrement complexe de neutres, d'alliés et d'adversaires pour mener la Chine à la victoire, ce qui, dans un sens plus large, signifie la survie de l'espèce humaine". Solomon considère que Xi défend "les principes fondamentaux du Tao".

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J'espère que Solomon a raison, même si je suis souvent frustré par les actions (ou l'inaction) des grandes puissances et les machinations des cercles financiers qui se cachent derrière la gouvernance mondiale. Quelle que soit la vérité ultime, nous vivons une époque dangereuse mais intéressante, dans des limbes précaires entre le nouvel et l'ancien ordre mondial.

Selon le philosophe Oswald Spengler, l'Occident est déjà condamné. "Le génie occidental a fait passer le monde des chevaux et des chars à la société industrielle moderne. Il en a résulté de nombreuses créations incroyables, mais aussi beaucoup de souffrance et de mort", résume Solomon. C'est pourquoi il souhaite suivre "l'évolution de la Chine vers l'autoréalisation nationale".

Mais Solomon est (trop ?) optimiste et ne peut s'empêcher d'avoir une pensée pour l'Occident. "Si la philosophie occidentale intègre les principes de la loi du karma pour établir un équilibre yin-yang et que l'Europe rejoint la Chine et la Russie dans une alliance eurasienne, je crois que le rétablissement et la réintégration positive de l'Occident dans la famille mondiale sont encore possibles.

Questions... turques

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Questions... turques

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/robe-turche/

Erdogan a perdu. Célébrations dans les rues des métropoles turques: Istanbul, Ankara, Izmir...

Célébrations aussi dans les médias italiens. Ils soulignent la raclée prise par le sultan, qui a toujours été présenté à notre opinion publique comme un méchant despote.

Mais.

Mais il s'agissait d'élections locales. Où l'AKP, le parti d'Erdogan, visait à reconquérir Ankara et Istanbul, déjà gouvernées par l'opposition du CHP. En Italie, ce dernier s'est présenté comme un parti social-démocrate, ou plus simplement socialiste.

En réalité, c'est le parti qui revendique l'héritage d'Atatürk. Laïque et nationaliste. Et les foules qui fêtaient dans les rues des deux métropoles, sans surprise, scandaient: Kemal ! Kemal ! 

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Comme l'a souligné Carlo Marsili (photo), longtemps ambassadeur à Ankara et aujourd'hui plus grand spécialiste italien de la politique turque, ce résultat prouve de manière irréfutable que la Turquie est une démocratie. J'ajouterai qu'il en va de même pour toutes les absurdités qui sont dites et écrites en Italie à propos du despotisme d'Erdogan.

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Il s'agissait d'élections locales. Le choix des maires. Et pourtant, elles étaient chargées d'un poids politique très fort. Le défi entre l'AKP, ou plutôt Erdogan, qui y avait mis tout son poids et sa tête, et l'opposition. Ou plutôt le CHP, dirigé par le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu (photo). Lequel a d'ailleurs saigné à blanc tous les autres partis d'opposition. Sauf dans les provinces kurdes, où le succès prévisible et modéré du parti minoritaire de référence a été enregistré.

Le fait le plus important, cependant, est que le CHP semble avoir dépassé le parti d'Erdogan dans les pourcentages nationaux. Ce qui, automatiquement, désigne Imamoglu pour les prochaines élections présidentielles en tant que successeur du sultan.

Erdogan paie principalement une crise économique interne et l'échec de nombre de ses politiques sociales. Il s'est ainsi aliéné le soutien de la classe moyenne urbaine, qui soutenait l'AKP à l'époque.

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Toutefois, il s'agit là de problèmes internes à la République turque. Des problèmes turcs, pour l'analyse desquels je me réfère à ce que des experts authentiques tels que Carlo Marsili et le professeur Fabio L. Grassi (photo) de l'université Sapienza écrivent et disent ces jours-ci. Tous deux font d'ailleurs partie du comité scientifique de la Fondation Nodo di Gordio.

Il est toutefois intéressant de noter comment un tel résultat pourrait affecter la politique étrangère d'Ankara. Notamment parce que le CHP est ouvertement atlantiste. Et Imamoglu semble avoir bénéficié de tout le soutien possible, et pas seulement moral, de Washington.

La position internationale de la Turquie est en effet... ambiguë. Erdogan, suivant les lignes de fond stratégiques turques liées à la tradition ottomane, a conduit le grand pays anatolien à jouer sur plusieurs tableaux. Dans l'OTAN et, en même temps, dans le dialogue avec Moscou. Un jeu complet qui a fait d'Ankara un acteur géopolitique présent et influent non seulement dans les Balkans et au Moyen-Orient, mais aussi dans tout le Maghreb et la Corne de l'Afrique.

Une stratégie tous azimuts qui a éveillé les soupçons (et c'est un euphémisme) de Washington. Lequel ne peut renoncer à son alliance stratégique avec la Turquie, mais ne pardonne pas à Erdogan le "dialogue" avec Moscou et Téhéran. D'où le soupçon (sic !) qu'une longa manus "amie"... était derrière le coup d'État manqué de 2016.

Erdogan a maintenant près de quatre ans pour retrouver le consensus et corriger ses erreurs de politique intérieure. Et rien n'est encore joué quant à l'avenir d'Ankara. Toutefois, il faudra voir comment le sultan se comportera sur la scène internationale pendant cette période. Compte tenu de son caractère, je doute qu'il accepte de rentrer dans le rang comme un canard boiteux. Et, peut-être, faudra-t-il s'attendre à d'autres... surprises.

Mourir pour Kiev? Les vents de la guerre ou du business soufflent-ils?

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Mourir pour Kiev? Les vents de la guerre ou du business soufflent-ils?

Ernesto Milá

Source: http://info-krisis.blogspot.com/2024/03/morir-por-kiev-soplan-vientos-de-guerra.html

Nous sommes confrontés à une campagne d'"opérations psychologiques" visant à faire comprendre à la population la proximité de la guerre. Mais nous sommes aussi à quelques mois de changements historiques, tant aux États-Unis que dans l'UE: en 2025, rien ne sera plus comme avant. Même après le mois de mai, lorsque auront eu lieu les élections européennes, il apparaîtra clairement que les gouvernements qui proposent aujourd'hui une guerre extérieure, mais qui ne sont même pas capables de contrôler les minorités ethniques parasites chez eux, seront faibles dans l'ensemble de l'UE. Sinon, la victoire de Donald Trump aux États-Unis - s'il parvient à se présenté aux électeurs - est acquise. Et Trump a été très explicite sur ses projets. Il est donc douteux qu'entre la fin 2024 et les premiers mois de 2025, la tension belliqueuse puisse être maintenue -  ceux qui l'ont déclenchée en sont bien conscients. Alors, y a-t-il un risque de guerre, et quelle est la raison de cette campagne de préparation psychologique ? Ces quelques lignes tenteront de répondre à cette question.

* * *

C'EST ARRIVÉ IL Y A VINGT ANS : LE MÉCANISME DIABOLIQUE À L'OEUVRE

Ceux qui s'en souviennent savent comment la "préparation psychologique" de la guerre en Irak a commencé :

    - d'abord, on a insisté activement et passivement sur la complicité de l'Irak avec... Al-Qaida et sur sa responsabilité dans tout massacre qui éclaterait dans le monde. Notre illustre José María Aznar a même soutenu - avec non moins de sérieux - que l'ETA et Saddam étaient la même chose.

    - Ensuite, nous avons été convaincus que l'armée de Saddam Hussein (la "troisième du monde") préparait une offensive générale contre les pays voisins et une escalade de la violence pour anéantir Israël ;

    - Finalement, cette nouvelle a été amplifiée et la légende selon laquelle il possédait des "armes de destruction massive" est apparue (même Colin Powell, Secrétaire à la Défense, avec un sérieux étonnant, a affirmé que ces "armes", des gaz chimiques mortels, étaient fabriquées dans des camions mobiles...) ;

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Et cela pendant deux ans, depuis les échos de l'invasion américaine de l'Afghanistan en 2001, qui s'amenuisaient,  jusqu'à la nuit des attaques contre Bagdad, le 1er mai 2003... On connaît la suite.

LA CAMPAGNE PSYCHOLOGIQUE EST DE RETOUR

Aujourd'hui, le même processus se répète : "La Russie est coupable", a déclaré le bureau ovale de la Maison Blanche. Ainsi, les gouvernements "alliés" (c'est-à-dire vassaux, car les empires n'ont pas d'"alliés"), les groupes de médias, les ONG et les experts, suivant l'ordre, s'empressent d'accuser la Russie et Poutine de tout ce que l'on peut imaginer.

Les similitudes entre cette "préparation psychologique" à la guerre du Golfe (qui, en substance, était la même que celle suivie par Roosevelt et Churchill depuis 1938 jusqu'à ce qu'ils parviennent à transformer un conflit localisé en une guerre mondiale) sont évidentes. Mais la situation internationale est totalement différente.

Les signes ne trompent pas: tous les gouvernements fantoches du Département d'État américain (y compris celui de l'Espagne, quoique timidement) s'accordent sur une chose qui est loin d'être certaine: le conflit ukrainien et les "conquêtes russes" qui s'ensuivent n'arrêteront pas Vladimir Poutine. Question piège: "Quand Vladimir Poutine a-t-il déjà montré par un geste qu'il voulait "conquérir" des territoires européens ou asiatiques pour la Russie?" Réponse: "JAMAIS".

La guerre en Ukraine - et c'est la partie importante du récit "occidentaliste" - n'a pas été initiée par Poutine, mais par l'ambition de l'OTAN d'intégrer l'Ukraine dans son dispositif anti-russe, rompant les promesses - pour la énième fois - faites par le président Bush (senior) au leader soviétique de l'époque, Gorbatchev. La Russie - alors en situation de faiblesse, notamment sous le gouvernement de l'alcoolique Boris Eltsine - était restée silencieuse face aux incorporations successives des pays d'Europe de l'Est dans l'OTAN, aux tentatives du Pentagone d'allumer des conflits dans le Caucase et dans les anciennes républiques soviétiques, à son interventionnisme en Ukraine. Etc, etc. Le répertoire des coups "occidentaux" contre la Russie était sans fin. Mais dès le début du millénaire, la reconstruction de l'État russe a commencé sous la houlette de Vladimir Poutine.

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La faiblesse, l'apathie et le zèle alcoolique d'Eltsine ont été remplacés par la volonté de restaurer la dignité de l'État et de la nation russes. Et à la tentative d'intégration de l'Ukraine dans l'OTAN (qui avait déjà provoqué une guérilla dans les républiques devenues indépendantes de Kiev et réclamant leur intégration dans la Fédération de Russie, approuvée par référendum), Poutine a répondu par une attaque localisée dans le sud-est de l'Ukraine.

Les gouvernements laquais, les experts rémunérés et les médias défaillants ont tous condamné l'"invasion russe", alors que le responsable d'une guerre (et de tous les massacres qui s'ensuivent) n'est pas celui qui attaque en premier, mais celui qui rend la guerre possible. Et les États-Unis ont cherché à impliquer les pays de l'UE dans un conflit finalement provoqué dans les bureaux du Pentagone :

- Tout d'abord, le département d'État a ordonné des sanctions contre la Russie. Et les gouvernements occidentaux ont sanctionné la Russie, bien qu'ils aient été les premiers à en souffrir (tant pis pour la volonté impérialiste et tant pis pour l'indignité des gouvernements traîtres à l'égard de ceux qui les ont élus).

- Ils sont ensuite allés jusqu'à saboter les installations russes dans la Baltique par des attaques terroristes - le sabotage de Nord Stream - afin d'interrompre le flux de gaz russe vers l'Europe occidentale et, bien sûr, les États-Unis eux-mêmes ont offert du gaz à un prix deux fois plus élevé aux gouvernements européens. Mais l'économie de marché est incontrôlable et les Russes ont réussi à maintenir le flux de gaz vers les marchés européens grâce au commerce triangulaire. Plus cher, bien sûr, en raison de la présence d'intermédiaires.

- Les États-Unis ont envoyé (et continuent d'envoyer) du matériel militaire à l'Ukraine. En fin de compte, ce sont les Ukrainiens qui se font tuer et les bénéfices vont au consortium militaro-pétro-industriel au cœur même de l'"administration Biden" (ou quelqu'un croit-il vraiment que ce vieil homme aux neurones atrophiés, qui a perdu le sens des réalités depuis au moins cinq ans, est celui qui gouverne réellement à la Maison-Blanche) ?

Mais la guerre contre la Russie ne pouvait être soutenue par la seule aide militaire américaine - du matériel obsolète et périmé - et les gouvernements "vassaux" - les plus touchés par les sanctions - ont dû apporter leur contribution. L'Espagne a envoyé six chars "Léopard", pratiquement inutiles pour la guerre de positions qu'est devenu le conflit ukrainien à partir du moment où les troupes russes ont atteint les objectifs qu'elles s'étaient fixés. L'Allemagne - gouvernée par des écocrates, des sociaux-démocrates et des libéraux - a fait l'essentiel du travail. La Pologne, qui aspire à prendre une partie du territoire ukrainien une fois le conflit terminé, s'est mise en retrait. Les autres gouvernements ont envoyé des fonds et des aides de plusieurs dizaines de millions d'euros... à l'un des pays les plus corrompus du monde, où les vrais dirigeants sont la mafia azkénaze !

Et le temps passe : les offensives ukrainiennes, claironnées par la presse et les experts occidentaux, n'aboutissent pas. Il semblerait qu'elles ne soient que des prétextes pour montrer que Zelensky fait quelque chose de l'argent et des armes qui lui sont envoyés. En fait, tout ce qu'il a réussi à faire, c'est de continuer à causer de nouveaux morts. Les attaques de drones occidentaux ont donné lieu, en représailles, à une destruction de plus en plus systématique des infrastructures (cette stratégie n'est pas propre à Poutine ; elle a été expérimentée lors des bombardements de l'OTAN sur la Yougoslavie à la fin du 20ème siècle).

Le fait est que la guerre est déjà perdue - elle l'était dès le premier jour - pour l'Ukraine: on peut même s'interroger sur la "volonté de se battre pour sa liberté" du "peuple ukrainien", pour un pays qui, pour l'instant, a été abandonné par 2.000.000 de citoyens qui ont préféré fuir à l'Ouest plutôt que de servir leur pays par les armes...

LE MONDE SE RECOMPOSE SANS CESSE

Les séquelles du conflit ukrainien ouvrent un nouveau scénario. Contrairement à ce que prédisaient ses promoteurs (les ploutocraties occidentales et surtout américaines), la Russie n'est pas plus faible aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a trois ans. Le monde s'est scindé en deux: l'"Occident" (divisé, confus, en crise) et le "reste du monde" (Chine, Inde, Russie, etc.), qui soit aspire à l'hégémonie commerciale mondiale (Chine), soit veut suivre sa propre voie sans imposition ni conflit (Russie, Inde). Le conflit ukrainien a tué la "mondialisation": c'est le premier constat.

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Or, le conflit ukrainien a éclaté parce que le vrai pouvoir aux États-Unis - nous répétons, le complexe militaro-pétrolier-industriel - a mis au pouvoir une vraie marionnette. Mais il y a des élections aux États-Unis tous les quatre ans. Par ailleurs, le cycle électoral démocratique se poursuit dans les pays occidentaux. Les prochaines étapes seront les élections européennes de juin 2024 et les élections américaines de novembre. Dans les deux cas, il est possible que la situation change radicalement.

    - Aux États-Unis, le complexe militaro-pétrolier-industriel n'a pas trouvé de candidat de remplacement. Kamala Harris, placée à la vice-présidence pour remplacer Biden lorsque ses problèmes cérébraux ne pouvaient plus être dissimulés, avait presque tout pour faire d'elle la candidate idéale de l'establishment: femme et peau foncée... mais il lui manquait tout autre attribut susceptible de susciter l'empathie de l'électorat. Aujourd'hui, elle est l'une des personnalités politiques les plus décriées des États-Unis. Le candidat à la vice-présidence sur le ticket démocrate devra être surveillé: seul un aveugle pourrait ne pas voir que Biden, s'il était élu, ne tiendrait pas beaucoup plus quelques mois avant d'être disqualifié. Mais c'est peu probable: Biden a très peu de chances d'être élu. La différence entre Biden et Trump est telle que le premier ne pourrait l'emporter que si Trump ne pouvait se présenter à l'élection par quelque artifice juridique (ce qui est tenté depuis qu'il a quitté ses fonctions), s'il mourait de mort naturelle (les hamburgers et la nourriture "typiquement américaine" qu'il apprécie habituellement ne sont pas exactement une garantie de longue vie) ou s'il était assassiné (et ce ne serait pas la première fois, aux États-Unis, qu'une action terroriste contre une personnalité change la politique de l'administration). En cas de victoire de Trump, il est clair qu'un des premiers objectifs serait d'arrêter toute aide à Kiev, de lâcher l'OTAN... "Si l'Europe veut de la défense, qu'elle la paie". En tant qu'homme d'affaires, il sait que personne ne peut supporter un niveau d'endettement comme celui des États-Unis actuellement et que, si l'argent continue d'affluer dans les caisses publiques, il serait mieux utilisé pour reconstruire les infrastructures, assainir la société américaine, créer des emplois et réduire le poids de la dette. Tout le reste - à commencer par l'Ukraine - est secondaire. On sait donc très bien quelle sera la politique de la seconde administration Trump: cesser les engagements pesants à l'étranger et se concentrer sur la reconstruction à l'intérieur du pays (qui en a bien besoin, comme ont pu le constater tous ceux qui ont voyagé aux États-Unis).

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"Bumbling Biden", l'un des sites web les plus suivis aux États-Unis, montre clairement que la détérioration mentale de Biden n'est pas seulement une ressource électorale trumpiste.

    - Il y a ensuite les élections dans l'Union européenne. La tendance la plus probable est la suivante: un affaiblissement de la gauche, un déclin continu de la droite libérale et une montée des divers candidats nationaux de droite (que leurs adversaires appellent souvent "extrême droite"). Et l'UE est dans une situation où elle a besoin d'une réforme par le haut: RÉFORME OU LIQUIDATION. Les quinze dernières années - dont la politique a été dominée par le centre-gauche - ont mis l'UE à l'écart de la politique internationale. L'Europe est aujourd'hui un nain politique, avec une perte de positions économiques, une bureaucratie lourde et étouffante dominée par l'axe franco-allemand, qui n'est plus gouvernée par des critères technocratiques - comme elle l'était autrefois - et n'est plus que la "jambe européenne" d'une mondialisation qui a cessé d'exister.

La question des prochaines élections européennes n'est plus de savoir s'il y aura un "glissement à droite", mais quelle sera l'ampleur de la défaite de la gauche et de la montée de la "droite nationale".

Si aux Etats-Unis les choses sont claires, dans l'UE les choses sont beaucoup plus complexes. Tout dépendra de l'ampleur de la défaite des candidatures de gauche et des avancées de la "droite nationale" (ainsi que de sa capacité à élaborer des stratégies communes au sein du Parlement européen). Mais en tout état de cause, il semble très peu probable qu'après la fin de l'année, les constantes de la situation actuelle soient maintenues: l'Ukraine ne pourra plus tenir longtemps, et le complexe militaro-pétrolier-industriel n'aura plus le temps d'achever la campagne de "préparation psychologique" à une nouvelle guerre généralisée.

Et cela ne conduit pas à la question essentielle : y a-t-il une chance de conflit généralisé ?

LES CHANCES D'UN CONFLIT GÉNÉRALISÉ

Les déclarations de Macron à ce sujet (un présomptueux incapable de maintenir l'ordre à 500 mètres de l'Elysée et qui aspire à la puissance internationale), celles de Lloyd Austin, secrétaire américain à la Défense, qui met en garde contre la prochaine "invasion russe", l'intention des gouvernements européens de se réarmer et même celle de la pauvre Margarita Robles (l'une des rares ministres de l'actuel gouvernement espagnol à pouvoir se vanter d'avoir une carrière propre, d'avoir même travaillé dans l'administration de la justice mais qui n'a aucune connaissance des questions militaires et doit se fier aux rapports des services de renseignement espagnols, qui se basent sur ceux de la CIA et du Département d'État) d'envoyer une demi-douzaine de Léopards supplémentaires en Ukraine, ce qui, dans l'ensemble, n'est rien de plus qu'un "feu de paille".

Dans les circonstances actuelles, personne ne veut la guerre. Absolument personne:

    - Poutine parce qu'il connaît les résultats de la dernière guerre mondiale, qui pèsent encore sur l'inconscient collectif du peuple russe (qui a payé le prix fort pour sa participation: entre 18 et 20.000.000 de morts).

    - Le complexe militaro-pétrolier-industriel américain parce qu'il sait que le temps presse, qu'il n'a pas le temps de mener une campagne d'opérations psychologiques pour préparer les esprits à la guerre, et qu'après novembre, rien ne sera plus comme avant.

    - Les gouvernements européens parce qu'ils savent pertinemment qu'ils ne sont même pas en mesure de surmonter les conflits internes qui pourraient réveiller les minorités ethniques à un moment où il serait impossible de continuer à les subventionner (ce qui serait le cas en cas de conflit et d'"économie de guerre").

POURQUOI LES FANFARONNADES BELLICISTES PROLIFÈRENT-ELLES (SOUVENIR DE COVID) ?

La question sous-jacente est la suivante: si personne ne veut la guerre, à quoi servent toutes ces déclarations bellicistes et cette campagne d'opérations psychologiques visant à préparer la population à la guerre ? Faux: il ne s'agit pas d'une campagne de préparation à la guerre, mais d'une campagne de préparation au grand marché de l'armement. Pour cela, il y a une date limite entre aujourd'hui et la fin de l'année. Et sur ce point, toutes les parties sont d'accord :

    - le complexe militaro-pétrolier-industriel américain parce que son activité est la fabrication d'armes, qu'elles soient utilisées ou non;

    - l'UE parce que la revitalisation de l'industrie de l'armement créerait de nouveaux emplois et revitaliserait l'économie de l'UE...

La campagne "psy-ops" déclenchée actuellement est très similaire à celle que nous avons déjà vue à l'occasion du COVID :

    - premièrement, la peur est générée, le fameux "nous allons tous mourir",

    - deuxièmement, des mesures absolument irrationnelles sont décrétées et acceptées en raison de la peur générée au préalable, et enfin vient le salut sous la forme de la "mort de nous tous",

    - et enfin, le salut vient sous la forme d'un vaccin miraculeux.

Quel est l'intérêt de tout cela, en tant qu'expérience sociale ? Ce qui est certain, c'est que la "campagne COVID" a été générée à partir de l'OMS par des entreprises du secteur pharmaceutique et pour multiplier leurs profits de manière exponentielle. En fin de compte, ce qui a été voulu avec ce "grand mensonge" (le virus existait, mais la majorité des décès ont été causés par de mauvais protocoles de traitement du virus, émis par l'OMS et diffusés par des gouvernements ignorants, des experts crédules et acceptés par une population terrifiée, isolée et soumise à des pressions psychologiques dans la solitude de leurs maisons) n'était rien d'autre qu'une opération économique.

Si celle-ci était menée par les multinationales de la santé, sous "l'autorité" de l'OMS, les instigateurs de la crise actuelle - répétons-le encore - sont le complexe militaro-industriel et pétrolier américain, avec les départements d'État et de la Défense comme porte-drapeaux et l'OTAN comme "complice nécessaire". Il ne cherche pas une guerre que, dans l'état actuel de la course aux armements, les États-Unis ne pourraient pas gagner - et que, après novembre, Donald Trump ne chercherait même pas - et dont aucun pays européen ne veut, mais seulement à donner un coup de pouce à l'industrie de l'armement. C'est tout, et c'est ce que dit la logique.

NE PAS SE LAISSER IMPRESSIONNER PAR LA VIRULENCE DES PROPOS

Il est donc important de ne pas se laisser impressionner par le sérieux des informations. Le risque de conflit est minime. Il y a deux ans et demi, lorsque le conflit ukrainien a commencé, les possibilités étaient bien plus nombreuses: l'administration Biden avait encore beaucoup de temps devant elle, et même la gauche progressiste était globalement en bien meilleure position qu'aujourd'hui (dans la sphère ibéro-américaine, le groupe de Puebla dominait sans conteste la scène ibéro-américaine et péninsulaire: aujourd'hui, il joue les trouble-fête et les protestations s'accumulent dans le seul pays où il a réussi à prospérer au cours des deux dernières années, le Brésil). Au départ, il y avait des doutes sur la position qu'adopteraient la Chine et l'Inde par rapport au conflit ukrainien: aujourd'hui, il n'y a plus de doute. Ils ne sont pas dans le camp "occidental": leur proximité avec le gouvernement russe est indéniable, et il en va de même pour l'Iran. Il ne s'agit pas du même scénario et c'est pourquoi les instigateurs de la "psy-op pro-guerre" ont déclenché la campagne avec un objectif beaucoup plus réaliste: faire tourner les usines d'armement. Pour multiplier, répétons-le, leurs dividendes.

Bien sûr, il s'agira ensuite de savoir dans quels conflits les armes pourront être utilisées. Et là, il ne semble pas y avoir beaucoup de différence avec la guerre froide: sur des fronts secondaires. L'Afrique a toutes les raisons de consommer de grandes quantités d'armes conventionnelles pour que ses peuples s'entretuent à cœur joie. Nous incluons également le Maghreb. Et c'est là que l'Espagne intervient :

    - Il serait bon que nous, Espagnols, n'oubliions pas que le Maroc revendique des fragments de territoires historiquement espagnols, y compris les îles Canaries, ainsi que Ceuta, Melilla et les îles adjacentes.

    - N'oublions pas non plus qu'en Espagne, les tensions politiques, les blocages constitutionnels, l'aveuglement, la psychopathie et la médiocrité de certains gouvernants conduisent à des situations parallèles à celles qui se sont terminées en 1936 par l'éclatement de la guerre civile.

Ce n'est pas vers l'Ukraine que Margarita Robles devrait se tourner, mais vers le renforcement de l'appareil militaire espagnol face aux deux seuls conflits possibles qui pourraient apparaître à notre horizon stratégique: une offensive de "l'ennemi du Sud", le Maroc, ou un problème politico-civil, voire ethnique, que les forces de l'ordre ne seraient plus en mesure de maîtriser.

ET L'UKRAINE ? PLEURER SUR LE MALHEUR D'UN PAYS

Et l'Ukraine ? L'Ukraine a déjà perdu la partie. Elle a perdu à partir du moment où, au lieu d'opter pour la neutralité et les bonnes relations avec la Russie et l'UE, elle a calculé - non pas "l'Ukraine", mais la mafia azkénaze qui y règne - qu'elle pouvait tromper la vache occidentale plus qu'une Russie qui sait qui est qui dans la politique ukrainienne.

L'opinion publique occidentale est de plus en plus convaincue que Zelensky devra tôt ou tard faire des "concessions territoriales" à la Russie (en réalité, ce n'est pas nécessaire: les incorporations ont déjà été faites et l'Ukraine n'a qu'à accepter que les territoires, la culture et les traditions des Russophones qui, par les aléas de l'histoire - avec le réalignement stalinien au premier plan - ont été accidentellement incorporés à son territoire, ne le sont plus.

La véritable question qui devra être réglée lors des pourparlers de paix sera le statut de l'Ukraine d'après-guerre et le sort de Zelensky et de sa clique (et ici la grande question est de savoir qui achèvera Zelensky, l'indifférence occidentale ou son propre peuple). Qui reconstruira l'Ukraine ? Qui paiera pour la reconstruction ? Quelles garanties de neutralité un futur gouvernement ukrainien sera-t-il en mesure d'offrir à la Russie ?

Autant de questions qui seront à régler en 2025, difficiles mais moins destructrices qu'un conflit généralisé.

jeudi, 04 avril 2024

Des cendres aux flammes

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Des cendres aux flammes

par Mats Loman

Source: https://motpol.nu/matsloman/2024/04/02/ur-askan-i-elden/

Nous, Suédois, sommes peut-être plus mal en point que nous ne le pensons.

Il y a une guerre en Ukraine. Nous l'avons compris, en règle générale. Mais nous ne comprenons pas à quel point la guerre a pris de l'ampleur. Il ne s'agit pas seulement d'une guerre entre l'Ukraine et la Russie. C'est aussi une guerre entre les États-Unis et leurs États clients en Europe, d'une part, et la Russie, d'autre part.

La guerre est plus importante que ce que l'on nous a dit. Et les conditions d'une poursuite réussie de la guerre sont peut-être pires que nous ne le pensons et la défaite est plus que probable.

Les agents et les amis des États-Unis dans le monde politique suédois ont amené la Suède à adhérer à l'OTAN. La raison invoquée était que la Suède devait être assurée d'une plus grande sécurité. Il semble maintenant que le résultat, peu de temps après l'introduction, pourrait être exactement le contraire, une insécurité considérablement accrue.

En Allemagne, un scandale a éclaté il y a deux semaines.

La directrice de l'agence de presse russe RT, Margarita Simonyan, a annoncé le vendredi 1er mars que la partie russe avait appris que des officiers de la Bundeswehr avaient envisagé des actes de guerre allemands contre la Russie. Oui, ils ont même entendu les conversations en question. Ils les ont entendues parce que les conversations ont été interceptées et enregistrées. Le matériel a également été publié.

Le lundi de la semaine suivante (4 mars), le magazine patriotique allemand en ligne Zuerst ! a publié cette nouvelle pour la première fois. À ce moment-là, les reportages et les commentaires allaient bon train. Les Allemands ont commencé à parler de "der Taurus-Abhör-Skandal".

De quoi s'agit-il ?

Quatre officiers de l'armée de l'air allemande avaient passé des appels longue distance (en date du 19 février). Quatre généraux. Le chef de l'armée de l'air Gerhartz, un général d'état-major et deux généraux de corps d'armée. Trois des participants se trouvaient en Allemagne lors de l'appel, le quatrième était à Singapour.

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Les officiers ont parlé de la guerre en Ukraine. Ils ont mentionné les efforts déployés par les Britanniques et les Français. Les Britanniques et les Français aident déjà les Ukrainiens avec la technologie des fusées que les Ukrainiens ne peuvent pas ou ne sont pas autorisés à utiliser eux-mêmes.

Les Allemands ont parlé de l'opportunité d'une intervention allemande, avec des armes allemandes, avec les fusées dites Taurus. Ils ne voulaient pas être inférieurs aux Alliés. Les roquettes viseraient le pont russe sur le détroit de Kertch et d'autres cibles à l'intérieur du territoire russe. Comment procéder ? Combien de roquettes faut-il utiliser ?

Quelqu'un a mis les généraux allemands sur écoute. Qui ? On suppose généralement que ce sont les Russes qui ont écouté et enregistré la conversation tenue entre ces officiers allemands. Ce sont les Russes qui ont été les premiers à rendre public ce qui s'était passé.

Lorsque Zuerst ! écrivait sur ce scandale, les Russes avaient déjà fait plusieurs déclarations sur l'incident.

Maria Zacharova est porte-parole du ministère russe des affaires étrangères.

Mme Zacharova s'est indignée. "Maintenant, les Occidentaux ont reconnu", a-t-elle déclaré. Ils ont reconnu que des militaires d'autres nationalités sont directement impliqués dans la guerre en Ukraine. Le président français a récemment déclaré à plusieurs reprises qu'il pourrait être question de déployer des troupes françaises régulières en Ukraine. Les critiques affirment depuis longtemps que les unités régulières américaines et britanniques combattent en Ukraine, déguisées en mercenaires. Toutefois, l'Occident a toujours affirmé que l'Ukraine gérait sa propre défense. L'Occident n'aiderait que très peu l'Ukraine. Il n'y aurait que des mercenaires occasionnels. Pour Mme Zacharova, les conversations allemandes interceptées sont la preuve que l'Occident a menti sur sa propre contribution à la guerre.

Le président Poutine s'est également exprimé. Il a semblé moins bouleversé. Certes, il a jugé l'affaire remarquable. Mais il voulait surtout une explication. L'Allemagne a-t-elle l'intention de faire la guerre à la Russie, avec des attaques allemandes contre des cibles russes ?

Le président russe ne s'est pas contenté de demander une explication, il l'a exigée. La demande du président avait le caractère d'un ultimatum. Le président Poutine a déclaré qu'il attendait une réponse. Il a également précisé quand il comptait la recevoir.

Dans un premier temps, la partie allemande n'a pas su comment réagir à l'incident. Devait-elle admettre que les pourparlers avaient bel et bien eu lieu ou accuser les Russes d'avoir tout inventé ?

Les représentants du gouvernement allemand n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur une position commune, du moins en apparence.

Le chancelier Scholz a déclaré que quelque chose de très grave s'était produit et qu'une enquête approfondie devait être menée.

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Le ministre de la défense, M. Pistorius (photo), est particulièrement contrarié. Il s'indigne de ce qu'il considère comme une ingérence indue de la Russie dans les affaires intérieures allemandes. Les Russes tentent de semer la discorde et la division dans le camp occidental, a-t-il déclaré. Et l'Occident ne devrait pas permettre de telles divisions. Telle était la position de Pistorius.

Ni le chancelier ni le ministre de la défense n'ont nié que la conversation interceptée avait eu lieu. Ils n'ont pas non plus nié que la conversation avait le contenu entendu dans les enregistrements.

L'Allemagne a aujourd'hui une véritable opposition. Une opposition patriotique.

Elle aussi s'est exprimée sur le scandale du Taurus.

L'Alternative für Deutschland (AfD) a deux porte-parole publics, Tino Chrupalla et Alice Weidel.

Chrupalla a fait une déclaration. Il a réitéré la position de son parti sur la question de la guerre. Selon l'AfD, l'Allemagne ne doit pas chercher à entrer en guerre avec un autre État, ni avec la Russie. Le parti peut envisager un retrait de l'OTAN ; l'AfD ne souhaite pas vraiment que l'Allemagne reste dans une alliance militaire qui fait courir à l'Allemagne le risque d'un conflit avec des États avec lesquels elle n'a pas de différend.

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Chrupalla (photo) a trouvé la conversation des généraux de l'armée de l'air dérangeante. Les généraux ont enfreint la loi, a-t-il déclaré. Lui et son parti s'attendent à ce que le ministre de la défense démette les quatre généraux de leurs fonctions. Pour quelle raison ? Eh bien, M. Chrupalla suppose que les officiers allemands se sont engagés dans des plans de guerre que le gouvernement et le Bundestag n'ont pas décidés. Les forces armées allemandes ne peuvent pas faire la guerre de leur propre initiative. La loi allemande l'interdit. Les décisions de guerre doivent être prises par le gouvernement. Et une telle décision ne peut être prise par le gouvernement sans consultation et décision préalables du Bundestag.

John Helmer est un journaliste américain.

Le samedi 15 mars, ce journaliste américain publie lui aussi un article sur "der Taurus-Abhör-Skandal", dans le magazine en ligne également américain Unz Review.

Helmer annonce une nouvelle sensationnelle. L'interception en question n'était pas russe, comme on l'avait d'abord pensé, même du côté russe; elle était américaine. Et l'analyse des documents qui n'ont pas été inclus dans un premier temps a révélé, non pas que les généraux allemands se préparaient à la guerre dans le dos du gouvernement allemand, en collusion avec les Américains, comme on l'a cru dans certains milieux, mais que les généraux se préparaient dans le dos des Américains. Et qu'ils ont été mis sur écoute par ces derniers. Et leurs propos ont été révélés aux médias.

Helmer pense que les Américains ont compris qu'ils avaient perdu la guerre en Ukraine et qu'ils essaient maintenant de s'en retirer. Et que font les États clients des Américains en Europe dans cette situation? La conversation allemande qui a fait l'objet d'une fuite suggère, entre autres, qu'ils sont déjà impliqués dans la guerre. Que font-ils alors? Se retirent-ils également de la guerre? Non, explique M. Helmer, les États-clients européens envisagent de poursuivre la guerre contre les Russes par leurs propres moyens, sans les Américains.

En pratique, les Russes ont déjà gagné la guerre en Ukraine.

Les Américains veulent se retirer.

Les soldats allemands, britanniques et français sont déjà sur le terrain. Et leur réaction à l'éventualité d'un retrait des Américains n'est pas nécessairement d'arrêter leurs propres efforts, mais peut-être au contraire de les accroître encore.

Nous, Suédois, avons été intégrés à l'OTAN par un gouvernement très proche du gouvernement américain. Le parti américano-suédois a toujours pensé qu'en intégrant la Suède dans l'OTAN, nous serions sous la protection des États-Unis. Les Russes n'oseraient alors pas nous attaquer.

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Aujourd'hui, la situation est différente. Il y a une guerre avec la Russie. La guerre ne se passe pas bien pour l'Occident. Elle va si mal que les Américains envisagent apparemment de se retirer de l'effort de guerre. Les États européens clients des États-Unis se retrouvent donc seuls face à la Russie. Si la guerre en Ukraine ne peut être gagnée par les États-Unis et les États-clients ensemble, il est peu probable que les États-clients puissent gérer seuls une guerre avec la Russie. Les clients des États-Unis en Europe pourraient se lancer dans une aventure guerrière qu'ils ne pourraient pas gérer. En Suède, on ne nous a pas donné ce qu'il fallait "pour que nous puissions dormir tranquillement la nuit". C'est ce qu'avait promis le parti américain dans le monde politique suédois. Le résultat le plus probable est la propagation de l'insomnie. Du moins, lorsque les Suédois auront enfin compris ce qui se passe.

 

La montée en puissance de la Chine et l'effondrement de l'Occident

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La montée en puissance de la Chine et l'effondrement de l'Occident

par Maurizio Bianconi

Source: https://www.destra.it/home/lavanzata-della-cina-e-il-tracollo-delloccidente/

Lorsque le mur de Berlin est tombé (en 1989), on a dit que la démocratie avait vaincu le communisme. Il allait de soi que le soi-disant "monde libre" était désormais l'arbitre et le maître de la planète. 45 ans plus tôt, des nationalismes agressifs, dirigistes et impitoyables avaient été vaincus. Puis ce fut l'effondrement des régimes libertaires, collectivistes et classistes.

Le libéralisme, sans plus de contrepoids symétriques, perd toute réserve et devient - dit-on - "sauvage". Il a déclenché l'offensive spéculative, la croissance quantitative, réduisant de plus en plus les droits, les protections du travail, les identités des personnes et des communautés. Il a eu des illusions d'hégémonie et d'homogénéisation du monde.

Même cette partie orientale qui se présentait comme une terre de conquête: la Chine. Un milliard et demi de personnes à transformer en consommateurs et en main-d'œuvre bon marché. Un faux pas a été commis. L'entrée de la Chine dans l'W.T.O. (World Trading Organisation), c'est-à-dire son entrée dans la sphère du libre-échange.

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Dans les intentions, il s'agissait d'une stratégie de conquête et d'élimination progressive du collectivisme chinois, accompagnée d'une campagne d'augmentation des investissements, de circulation de l'argent, d'exploitation de la production sans droits et d'excellents profits, d'ouverture des crédits et des marchés. Ce qui est arrivé à l'Occident, c'est comme les joueurs de cornemuse des montagnes: ils sont allés jouer et ont été joués. Le communisme n'a pas été vaincu, il est vivant et bien vert.

Avec une patience toute chinoise, pas à pas, les Chinois ont commencé à mettre le pied à l'Ouest et à faire leur chemin. De victimes désignées, ils se sont lentement imposés comme premiers acheteurs de produits essentiels à la production de base, ont occupé des marchés concurrentiels et acheté des titres de la dette des gouvernements occidentaux. Ils ont littéralement acheté l'Afrique au kilomètre carré et les matières premières qu'elle possède en son sol, dans ses ports et ses escales en Occident. Ils se sont assurés, grâce à l'aide et aux intérêts productifs et commerciaux, le contrôle politique de territoires que l'Occident supposait être son domaine exclusif. Ils s'apprêtent à monopoliser l'électricité et à profiter de l'économie verte sans même en respecter les règles.

Avec la technique chinoise des mille blessures (en chinois, lingchi), ils démolissent le colosse et s'imposent comme une puissance mondiale antagoniste de l'Occident et destinée à la suprématie. Le communisme, depuis le de profundis récité à tort et à travers, triomphe sans jamais être mort, mais n'a seulement été vulnérable que dans son expression soviétique. Aujourd'hui, mêlé au sentiment national, à l'amour patriotique et au libre marché dûment hétérodirigé par l'État, il a donné naissance à une sorte de facho-communisme gagnant.

Le principe d'identité et l'impérialisme russe, repoussé dans l'orbite chinoise par les choix politiques occidentaux, gagnent aussi. La Russie suit son cours et renaît à l'ombre du bloc de l'Est, rendant contre-productif le siège de l'OTAN à ses frontières. Nous nous sommes empêtrés dans une guerre qui était le résultat d'une revanche historique et de provocations récentes dans l'espoir que l'économie spéculative des banques et de la finance en tirerait profit et que la Russie, en tant qu'agresseur, serait affaiblie.

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En réalité, l'Occident s'est enlisé dans un bourbier que la ruse millénaire de l'Orient a aussi fait croître. Il s'est retrouvé plongé dans la Troisième Guerre mondiale polycentrique, où la Chine - jusqu'à présent indirectement - frappe par segments, par petits points générant de la douleur. Les États-Unis et l'Occident se voient minés dans des positions, des marchés, des zones d'influence tandis que la République populaire de Chine occupe des espaces économiques et des positions stratégiques. L'Union européenne joue son rôle de serviteur obtus des Etats-Unis et entraîne ses pays membres dans le tourbillon.

Toute tragédie a son côté comique. Alors que l'échec de l'économie spéculative se déroule sous nos yeux et que la Chine triomphe et se développe à nos dépens, l'un des meneurs du jeu (européen), Mario Draghi, ne craint pas le ridicule et déclare que grâce à ces choix, la richesse et le bien-être du monde ont augmenté. L'exemple, dit-il, ce sont les 800 millions de Chinois qui ont considérablement augmenté leur niveau de vie.

"Oh, bravo !", s'exclame-t-on. Les succès chinois aux dépens de l'Occident seraient la preuve de la réussite des choix occidentaux de soumettre la Chine. Ici, on ne sait pas s'il faut faire preuve d'ironie ou reprendre le slogan de Grillo ou le prix de Giachetti. On se contente de dire que "la mauvaise volonté n'a jamais été de trop". Et comme le rappelle un proverbe de ma ville natale, mais connu partout, "a l'òcio ingordo gli schiantò il collo".

mercredi, 03 avril 2024

Europe 1914 - 2024. Encore des somnambules?

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Europe 1914 - 2024. Encore des somnambules?

par Anton Giulio De Robertis

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27766-antongiulio-de-robertis-europa-1914-2024-di-nuovo-i-sonnambuli.html

À la veille de la Première Guerre mondiale, le sentiment dominant en Europe, le "topos", était celui de l'improbabilité de la guerre. Un sentiment que les positions peu scrupuleuses de nombreux dirigeants européens tendent à raviver aujourd'hui.

Les_somnambules.jpgCes dernières semaines, on a assisté à un retour sur un livre publié en 2013 par Christopher Clark sur la genèse de la Première Guerre mondiale, Les somnanbules. Eté 1914. Comment l'Europe a marché vers la guerre (The Sleepwalkers. How Europe got to the Great War), dans lequel les dirigeants qui ont mené leur pays à la guerre sont décrits comme des somnambules, c'est-à-dire des acteurs qui ont marché irrésistiblement vers un objectif dont ils n'étaient pas pleinement conscients.

L'étude analyse les dynamiques qui ont conduit au déclenchement de la Grande Guerre par des pays dont les sociétés, jusqu'aux échelons les plus élevés, sont restées liées au topos de l'"improbabilité de la dégénérescence" en un conflit général de la crise austro-serbe, pourtant grave.

Aujourd'hui, la guerre russo-ukrainienne risque de provoquer une dynamique similaire, car pendant toute la seconde moitié du 20ème siècle et les premières décennies de ce siècle, la conviction largement répandue, c'est-à-dire le topos, de l'impossibilité d'un conflit entre puissances dotées de l'arme nucléaire a dominé en raison de l'énormité des destructions qu'il entraînerait et auxquelles même l'hypothétique vainqueur n'échapperait pas.

En conclusion de son analyse de la genèse de la guerre qui a opposé les puissances de l'Entente, la France, la Grande-Bretagne et la Russie, à celle de la Triple Alliance (mais avec la défection de l'Italie) entre l'Autriche-Hongrie et l'Allemagne, Clark cite une phrase emblématique du topos de l'improbabilité prononcée en 1936, sur le balcon de l'hôtel de ville de Sarajevo, par Rebecca West, leader d'opinion dans le monde anglo-saxon de son époque : "Je ne comprendrai jamais comment cela a pu se produire".

Une phrase qui reprenait, plus de vingt ans plus tard, le sentiment largement répandu dans tous les cercles responsables des puissances qui se sont retrouvées plus tard impliquées dans la guerre.

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En fait, cette conviction est restée dominante dans les milieux politiques et militaires de ces pays jusqu'à l'ultimatum de Vienne à la Serbie. Jusqu'à cette date, ces milieux, même après la tentative d'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand, ont conservé leur optimisme quant à l'évolution de la crise et n'ont pas renoncé à la traditionnelle pause estivale ni à la routine des échanges internationaux.

Le chef d'état-major allemand Helmut von Moltke, par exemple, n'a pas interrompu sa cure thermale à Carlsbad; l'empereur Guillaume II est parti pour la Norvège le 21 juillet, en pleine crise, montrant qu'il excluait la possibilité d'une escalade vers un conflit majeur. De même, dans le camp opposé, le président français Poincaré, de retour avec le premier ministre Viviani de sa visite d'État en Russie, trouve déplacé d'avoir rappelé en France quelques unités militaires du Maroc. Le Premier ministre britannique Asquith, quant à lui, consacre tout le mois de juillet à la question de l'Ulster.

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Beaucoup moins optimiste, mais développant une vision essentiellement prémonitoire, un observateur extérieur très autorisé tel que le colonel House (photo), conseiller écouté du président américain Wilson, a signalé dès mai 14 que la course aux armements terrestres et navals en Europe conduirait à un conflit (1).

On sait comment la déclaration de guerre à la Serbie et la mobilisation russe ont enclenché une dynamique de mesures militaires que les hauts commandements des deux camps ne pouvaient plus différer, démentant le topos de l'improbabilité qui avait prévalu malgré la poursuite et l'aggravation de la crise austro-serbe. À partir de 1945, après l'utilisation de l'arme nucléaire contre le Japon, une conviction s'est répandue qui s'apparente en quelque sorte à la thèse de l'improbabilité du début du 20ème siècle: c'est le "topos de l'impossibilité" de la guerre nucléaire.

Après les explosions d'Hiroshima et de Nagasaki, cette conviction s'est imposée dans les milieux scientifiques les plus responsables, ainsi que dans les cercles diplomatiques et politiques de haut niveau, pour aboutir à la célèbre déclaration de Reagan et Gorbatchev à Genève en 1985: "la guerre nucléaire ne pouvait pas être gagnée et n'aurait jamais dû être menée".

Dans la crise ukrainienne, le topos qui semble donc vaciller aujourd'hui est celui de l'impossibilité d'un conflit nucléaire, alors même que dès les premiers signes de belligérance, le président américain a exclu toute hypothèse d'intervention directe des forces américaines, précisément pour éviter le déclenchement d'une escalade pouvant conduire à une confrontation nucléaire. La complication de cette position linéaire réside dans les différentes modalités de l'engagement des autres pays de l'OTAN à soutenir l'"Ukraine lésée".

Les formes et les dynamiques de ce soutien ont évolué dans une escalade continue de mesures et de fournitures de moyens qui, de défensives, ont tendu à acquérir progressivement des caractéristiques offensives - avec des développements dont les limites sont déclarées indéfinies - tout comme la réponse russe potentielle reste indéfinie, même si, à plusieurs reprises, Moscou n'a pas exclu de recourir à l'arme nucléaire, en cas de situation extrême.

Mais au-delà du déroulement des opérations sur le terrain et du type de ravitaillement envoyé à Kiev, dans les déclarations de certains dirigeants occidentaux sur le caractère inacceptable de la défaite de l'Ukraine, réapparaît l'attitude de Saint-Pétersbourg en 1914 qui, refusant a priori que la Serbie puisse être écrasée, a donné son feu vert aux mesures qui ont conduit au déclenchement de la Grande Guerre.

Ne pas s'interdire d'aider l'Ukraine à éviter sa défaite, et se réjouir de l'ambiguïté stratégique qui en résulte, implique d'adopter une attitude similaire de la part de l'autre camp, dont la panoplie comprend également l'arme nucléaire. On ne peut donc qu'être soucieux d'éviter que ne s'enclenche le même mécanisme imparable de 1914 qui a poussé les dirigeants européens à entrer en guerre comme des somnambules.

L'hypothèse de l'insertion d'unités militaires des pays atlantiques sur le théâtre de guerre ukrainien accentuerait ce risque, ajoutant une nouvelle pièce à cette guerre mondiale en morceaux dénoncée par le Pontife romain, et risquerait malheureusement de faire converger ces pièces vers un conflit mondial ouvert.

Quelles que soient les tâches que ces contingents pourraient accomplir, si certains d'entre eux tombaient sous le feu des Russes, la situation se présenterait, toujours exclue par le "topos de l'impossibilité": l'affrontement direct entre les forces russes et atlantistes.

À ces risques s'ajoute l'intention de déclencher une véritable course aux armements en Europe. Une dérive qui, déjà au début du 20ème siècle, comme nous l'avons vu, avait conduit un observateur aussi perspicace que le colonel House à prédire avec justesse l'inévitable déclenchement de la guerre, en contradiction flagrante avec l'opinion dominante de l'époque.

Une maxime très répandue veut que "l'histoire soit la maîtresse de la vie". Mais pour que la vie en profite, il faut que les leçons de l'histoire soient comprises par ceux qui sont responsables de notre destin. Pour l'instant, cela ne semble pas être le cas.

Extrait de Pluralia du 22 mars 2024

Note:

(1) Nous savons bien que le "topos de l'improbabilité" a été démenti par la dynamique imparable déclenchée après les mesures militaires de l'Autriche et de la Serbie par la volonté de Saint-Pétersbourg d'empêcher à tout prix la débâcle de la Serbie en lançant la mobilisation de ses forces. Une évolution qui, à son tour, a mis les militaires allemands en position d'imposer, comme indispensable à la sécurité de l'Empire, le déclenchement de mesures préventives similaires. Une dynamique dictée par la stratégie militaire, au-delà du souci de paix des autorités civiles, qui se trouvaient dans l'incapacité de faire des choix inspirés précisément par ce souci.

ISIS, l'alibi (trop) parfait de l'Occident

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ISIS, l'alibi (trop) parfait de l'Occident

par Clara Statello

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27751-clara-statello-isis-l-alibi-troppo-perfetto-dell-occidente.html

L'ISIS-K a montré ce qui devrait être la confirmation définitive de la matrice islamiste de l'attaque terroriste de Moscou. Tard samedi soir, Amaq News, l'agence de presse affiliée à l'État islamique, a publié une vidéo enregistrée par les terroristes eux-mêmes des moments terribles du massacre de l'hôtel de ville de Crocus. La séquence, dans sa version intégrale, a été postée sur la chaîne Telegram du blogueur dissident ukrainien Anatoly Shary, mais son visionnage n'est pas recommandé en raison de sa monstruosité.

Le commando fait irruption dans un hall, tirant délibérément sur des civils. Ils égorgent un homme sur le sol, en veillant à ne laisser aucun survivant. Ensuite, l'un des terroristes se montre dans la salle en criant "inshallah" et "allahu akbar". C'est la signature indiscutable de l'ISIS, la confirmation de la version occidentale, exonérant Kiev de tout soupçon d'implication.

Dans une interview au Time, le politologue américain Edward Luttwak (celui-là même qui, il y a quelques semaines, déclarait à la télévision qu'il n'y avait pas de civils à Gaza, légitimant ainsi l'extermination massive des enfants palestiniens) explique que l'Occident n'attaque en rien Moscou.

Il établit une similitude avec le conflit israélo-palestinien : "Ce qui s'est passé en Russie est très similaire à ce que fait le Hamas au Moyen-Orient". Il assure que l'attaque n'a rien à voir avec l'Ukraine, qu'il est erroné de faire des rapprochements, qu'il s'agit de la guerre sainte habituelle et que le problème ne concerne que les victimes civiles.

L'écrivain Roberto Saviano, sur son compte Instagram, rappelle que l'ISIS-K est une "vieille connaissance" à lui. Sur la base de ses enquêtes sur le trafic de drogue en Afghanistan, il spécule :

"L'ISIS-K a toujours fourni de l'héroïne aux cartels russes et probablement en exploitant ce rapport de connaissance territoriale a réussi à réaliser cet attentat dans le but probablement de venger les activités de l'Iran, soutenu par Poutine, contre l'ISIS-K."

Entre-temps, les rédactions de tous les grands journaux travaillent sans relâche pour expliquer au public italien ce qu'est l'ISIS-K, où il opère, comment il est né et pourquoi il a décidé de frapper la Russie. Il s'agit d'une véritable avalanche médiatique qui ne laisse aucune place aux pistes alternatives à la matrice islamiste. L'Occident impose ainsi sa version de l'attentat, court-circuitant les enquêtes des autorités russes, toujours en cours, qui mettent en lumière des éléments de connexion entre les terroristes et l'Ukraine.

La publication des images du massacre ne fait que prouver un lien entre les assaillants et l'agence de presse affiliée à l'ISIS, elle ne prouve pas que l'ISIS en soit l'instigateur. La matrice devra être vérifiée par les enquêteurs russes, à travers l'interrogatoire des terroristes présumés arrêtés samedi, l'analyse des preuves recueillies sur les lieux du crime, les témoignages des survivants, etc. L'Occident peut ne pas apprécier, mais il ne peut pas ignorer le travail d'enquête, qui est mené par les autorités russes, et certainement pas par les rédactions des journaux italiens, Saviano ou les politologues américains.

Celle d'Amaq News pourrait être une action de propagande ou une fausse piste. Ce sont les enquêtes qui permettront de retrouver les instigateurs, et certainement pas la propagande des pays qui mènent une guerre par procuration contre la Fédération de Russie.

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Jusqu'à présent, les enquêteurs russes n'ont pas trouvé de lien direct entre les auteurs de l'attaque et l'ISIS-K. Ce que l'on sait d'eux, c'est qu'ils sont citoyens du Tadjikistan. Comme ils ne parlent pas russe, il a fallu faire appel à un interprète pour les interroger. Ils seraient arrivés en Russie au début du mois de mars, quelques jours avant que l'ambassade des États-Unis à Moscou ne lance l'alerte à un éventuel attentat terroriste, invitant ses ressortissants dans le pays à éviter les lieux très fréquentés, en particulier les concerts. Il semble que les cinq personnes arrêtées ne se connaissaient pas, qu'elles aient été recrutées sur Telegram contre une somme d'argent (comme les personnes qui ont incendié des urnes et jeté des bombes à essence dans des bureaux de vote lors des élections présidentielles ou qui ont pris d'assaut des centres de recrutement). Ils auraient notamment été en contact avec l'assistant d'un prédicateur anonyme qui les aurait payés. Ils n'auraient jamais eu de relation directe avec les donneurs d'ordre.

"Les fragments d'interrogatoire ne permettent pas de dégager une image cohérente. On ne sait pas exactement ce qui reliait ces personnes, quels motifs les poussaient à organiser l'un des attentats terroristes les plus sanglants de l'histoire de la Russie", expliquent les analystes de Ria Novosti.

En dehors de la propagande de la presse occidentale et d'ISIS, il y a les faits. Et les seuls faits incontestables concernent l'arrestation du commando, qui s'est déroulée dans la région de Briansk, sur une route menant à la frontière ukrainienne.

Un détail assez étrange est rapporté: en cours de route, le groupe s'est débarrassé de ses armes. Dans une brève allocution prononcée samedi après-midi, le président russe Vladimir Poutine a déclaré:

"Du côté ukrainien, selon des données préliminaires, une "fenêtre" a été préparée pour permettre aux participants à l'attaque terroriste du Mall Crocus de franchir la frontière".

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Le chef d'État russe n'est pas le seul à évoquer l'implication de Kiev. Le blogueur dissident ukrainien Anatoly Shary (photo), opposant à Zelensky mais aussi farouche détracteur de Moscou, en est certain.

Réfugié en Espagne depuis des années, il a subi plusieurs agressions de la part de nationalistes ukrainiens, dont une récente tentative de meurtre. Il est convaincu que l'attaque a été organisée par l'Ukraine.

"Ils ont trouvé des singes assez stupides et ont espéré qu'ils seraient tous tués sur place", écrit-il sur sa chaîne Telegram, "Devinez qui a mené l'attaque terroriste?".

Il pense que Kiev espérait que le commando ne sortirait pas vivant de l'hôtel de ville de Crocus.

"L'option numéro deux consistait à les achever à la frontière, au lieu de la traverser, n leur aurait administré du plomb dans le visage. Cela expliquerait le mystère de l'abandon des armes". "Ni l'une ni l'autre n'a fonctionné", conclut-il, faisant allusion au fait que les témoignages des terroristes présumés permettront de remonter jusqu'aux commanditaires.

L'expert militaire russe Boris Rozhin, du blog ColonelCassad, affirme:

"Les vidéos des artistes sous le label ISIS sont nécessaires pour protéger les organisateurs de l'attaque terroriste en Ukraine et les clients aux États-Unis".

Il estime que les États-Unis continuent de "faire des déclarations sur la non-implication du régime nazi" parce qu'ils sont complices de l'attaque. Cette conclusion est également celle de la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Maria Zakharova, qui parle ouvertement de désinformation de la part de Washington :

"Tant que l'enquête sur l'attentat terroriste contre l'hôtel de ville de Crocus n'est pas terminée, toute déclaration de Washington justifiant Kiev doit être considérée comme une preuve".

Il avait précédemment noté que les ambassades des pays occidentaux avaient prévenu du danger d'attentats, sans expliquer comment et pourquoi elles le savaient.

Deux éléments doivent également être pris en compte dans l'appréciation des faits. Le premier est que des hommes de Daesh ont déjà combattu dans les rangs de l'armée ukrainienne. L'année dernière, le Tchétchène Abdul Hakim, chef du groupe Ajnad al-Kavkaz, déjà actif dans le nord de la Syrie, est apparu lors de la bataille de Bachmut. Au même moment, dans une vidéo de Sky News (supprimée par la suite), des djihadistes portant des gilets-suicides apparaissaient. Il existe donc une filière entre Kiev et le terrorisme islamiste.

Enfin, l'Ukraine utilise délibérément le terrorisme comme opération de guerre. Le chef du renseignement militaire (GUR) Kyrilo Budanov et le chef des services intérieurs (SBU) Vasil Malyuk l'ont affirmé à plusieurs reprises. Des enquêtes publiées dans The Economist et le New York Times ont montré l'existence d'unités de forces spéciales, formées par la CIA et le MI6, chargées des exécutions politiques extrajudiciaires et des opérations d'infiltration. L'attentat de vendredi soir s'inscrit donc parfaitement dans la stratégie de Zelensky, qui consiste à porter la guerre sur le territoire russe. Pendant que le commando tuait à Crocus, les forces de Kiev lançaient une attaque vicieuse contre des civils à Belgorod, puis contre des citoyens de Crimée.

Bien entendu, cela ne prouve en rien l'implication de l'Ukraine. Si la matrice islamiste était confirmée, on ne manquerait pas de remarquer l'objectif commun de l'Occident et de l'ISIS: infliger une défaite stratégique à la Russie. Dans ce cas, les démocraties libérales seraient-elles prêtes à déclarer à nouveau la guerre au terrorisme islamique ou laisseraient-elles faire ? Et dans quelle mesure ?

Qui est Clara Statello?

Clara Statello, diplômée en économie politique, a travaillé comme correspondante et auteur pour Sputnik Italia, traitant principalement de la Sicile, du Mezzogiorno, de la Méditerranée, du travail, de la mafia, de l'anti-mafia et de la militarisation du territoire. Passionnée de politique internationale, elle collabore avec L'Antidiplomatico, Pressenza et Marx21, dans le but de montrer la pluralité des voix, des visions et des faits qui ne trouvent pas d'espace dans la presse traditionnelle et l'"information libre".

mardi, 02 avril 2024

Le futur a commencé il y a exactement 25 ans

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Le futur a commencé il y a exactement 25 ans

par Vincenzo Costa

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27755-vincenzo-costa-il-futuro-ha-avuto-inizio-esattamente-25-anni-fa.html

L'avenir a commencé il y a 25 ans, le 24 mars 1999.

Sans mandat de l'ONU, se moquant des réserves russes, laissant le monde entier stupéfait, l'OTAN a bombardé la Serbie pendant des mois, faisant un très grand nombre de victimes civiles: 2500 civils ont péri sous les bombes humanitaires de l'OTAN, 89 enfants, il y a eu un grand nombre de blessés, un enfer parsemé de destructions.

Il s'agissait d'un geste unilatéral, dépourvu de légitimité, mené dans notre pays par la "gauche".

L'opinion publique occidentale a été droguée, comme d'habitude, les services secrets britanniques, qui nous offrent toujours un beau menu de nouvelles fabriquées, ont fait leur sale boulot, comme d'habitude. Les crétins habituels de la "droite humanitaire" ont trouvé des arguments, les marxistes de Pelosi et Nuland se sont alignés comme d'habitude, prouvant qu'on peut être marxiste et crétin.

Mais le reste du monde a regardé, a compris que le même traitement réservé à la Serbie serait progressivement accordé à tous les autres.

Les Russes ont compris qu'un changement de cap était nécessaire et que l'intégrité de la Fédération de Russie était en danger (pour des raisons d'espace, j'éviterai les détails, notamment le fait qu'une partie du terrorisme islamique a été créée par l'Occident), les pays d'Amérique du Sud qu'ils allaient redevenir l'arrière-cour des États-Unis, la Chine que ce serait bientôt son tour.

Un processus souterrain s'est enclenché.

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Le reste du monde a compris que le monde unipolaire, le monde du droit humanitaire, était un monde dans lequel les États-Unis étaient le maître et l'arbitre absolu. Que la mondialisation était l'extermination des différences: que c'était un monde totalitaire.

Le monde se préparait à un conflit avec l'Occident.

Aujourd'hui, Micron propose d'envoyer des troupes au sol en Ukraine, parce que la Russie aboie mais ne mord pas. Récemment, il a affirmé que l'Occident avait franchi toutes les lignes rouges, à chaque fois, sans que Moscou ne réagisse. D'abord les sanctions, puis les armes, puis les chars, puis les missiles, puis les F-16.

Nous pouvons franchir tous les seuils, à tel point que la Russie craint un conflit ouvert avec l'OTAN.

Et nous pouvons faire des ravages à l'arrière, déclencher un terrorisme qui déstabilise la société russe. Le général américain Milley a préconisé cette stratégie il y a longtemps: faire en sorte qu'aucun Russe ne puisse dormir en paix, créer la panique dans tous les coins de la Russie.

En fait, ayant perdu la guerre sur le terrain, l'armée ukrainienne se limite à des actions terroristes, bombardant des villages frontaliers, n'atteignant que des cibles civiles, et nous verrons bientôt qui a embauché ces terroristes. 

D'ailleurs, il est évident que le complexe ukraino-anglais est un complexe terroriste: North Stream en est un exemple, l'attentat à la bombe contre Daria Douguina en est un second. Même les Américains ont confirmé qu'il avait été orchestré par les services de renseignement ukrainiens.

D'aucuns pensent que la Russie ne réagira pas de toute façon et que nous pouvons nous permettre une escalade.

C'est possible, mais j'ai le sentiment qu'ils ont changé de stratégie là-bas, et Lavrov, habituellement prudent, a été clair.

Les missiles russes violent désormais l'espace aérien polonais et frappent des zones situées presque à la frontière. Les avions russes sont de moins en moins respectueux des avions de reconnaissance de l'OTAN qui guident les missiles ukrainiens. Ils ont clairement fait savoir, que si un missile Taurus arrive sur le sol russe, ils bombarderont l'Allemagne, car si elle fait des actions de guerre contre la Russie, elle devient une cible légitime.

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Et si l'Occident utilise ISIS (qui a été créé par Obama et Clinton) pour faire du terrorisme en Russie, les représailles seront évidentes. En attendant Micron a renforcé les mesures de protection personnelle, Zelensky ne bénéficie plus de la sécurité que les Russes lui avaient garantie, le chef des services ukrainiens, on peut le jurer, est une cible.

Enfin, si les troupes occidentales sont déployées sur le terrain avec une certitude absolue, à un certain niveau, des troupes asiatiques et africaines seront déployées du côté russe.

À toute cette masse de crétins casqués, il faut demander: voulez-vous cela?

À ceux qui, le 24 mars 1999, ont déclenché une guerre qui a exterminé tout le droit international et créé les conditions du désastre d'aujourd'hui, nous devons dire: que pensiez-vous qu'il résulterait de ces actions ?

Et si vous n'avez pas été capables de prévoir, c'est que vous étiez des crétins, pas la classe dirigeante.

dimanche, 31 mars 2024

Triomphe du nationalisme multipolaire au Sénégal

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Triomphe du nationalisme multipolaire au Sénégal

Par Raphael Machado

Source: https://jornalpurosangue.net/2024/03/29/triunfo-do-nacionalismo-multipolar-no-senegal/

Ces dernières années ont été des années de retournement et d'espoir en Afrique, notamment en Afrique de l'Ouest et autour du Sahel, avec le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Guinée Conakry qui ont connu des révolutions nationalistes menées par des militaires anti-atlantistes.

Ces révolutions nationalistes ont été impulsées par des sanctions et des menaces d'invasion, mais des dialogues en coulisses, certes aidés par la Russie et la Chine avec le Nigeria (qui aspire à rejoindre les BRICS), ont conduit à une pacification et à une normalisation de la nouvelle situation politique dans la région (ce qui n'a toutefois pas empêché les pays en question de se retirer de la CEDEAO - la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest).

Après l'échec du projet d'intervention militaire à travers le Nigeria et ses alliés, promu par les États-Unis et la France, l'Occident atlantiste a "ressuscité" l'Etat islamique/ISIS dans la région, qui y est soudainement apparu en force, avec les classiques "mystérieuses Toyota", des vidéos excessivement bien produites, un niveau plus élevé d'organisation et d'équipement militaire, etc. sous le titre d'État islamique - Province du Sahel.

Le groupe est combattu avec acharnement par les militaires de la région avec le soutien du groupe Wagner, qui est, comme on le sait, un bourreau expérimenté de l'Etat islamique/ISIS en Syrie.

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Tous ces événements font partie de l'effondrement de la Françafrique, vestige de l'ancien projet impérialiste français tardif qui subordonnait les anciennes colonies françaises à l'élite financière parisienne (et maintenant européenne) par la dépendance du franc CFA aux décisions prises dans les couloirs des banques de Paris, puis de Francfort.

Mais ce qui est de bon augure, c'est que si ces processus se sont déroulés par la "force" ces dernières années, on assiste aujourd'hui au Sénégal à un retournement de situation par la voie électorale, au sein d'une structure démocratique, avec la victoire de Diomaye Faye, 44 ans, dès le premier tour avec 54 % des voix, un jeune chef d'État de plus dans une Afrique marquée par une gérontocratie servile à l'égard de l'Occident.

La "révolution nationale-démocratique" a cependant été précédée par l'instabilité et la violence, les manifestations contre le gouvernement pro-Françafrique de Macky Sall ayant été réprimées avec une extrême violence en 2023, avec l'assassinat d'au moins 30 patriotes.

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Macky Sall a même tenté d'annuler les élections et d'arrêter la plupart des opposants, mais il a renoncé, est revenu en arrière et a libéré les prisonniers politiques - probablement persuadé de le faire en coulisses parce qu'il est possible que le pays tombe dans une guerre civile dans le cas contraire. Peut-être la France elle-même a-t-elle favorisé une résolution pacifique de la situation, car en cas de guerre civile, le tournant anti-atlantiste au Sénégal aurait pu être beaucoup plus radical. C'est une explication plausible de la raison pour laquelle Macron a donné à Sall un "poste" immédiat en tant que délégué spécial au Pacte de Paris, le nommant également comme prochain président.

Faye est le secrétaire général de l'organisation des Patriotes du Sénégal, un parti national-populaire d'orientation panafricaniste dont l'un des principaux objectifs est l'abandon du franc CFA et le rétablissement de la souveraineté monétaire du Sénégal.

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Des ponts de contact, de partenariat et d'investissement avec la Russie et l'Axe contre-hégémonique à travers Ousmane Sonko ou Kemi Seba sont possibles, dans la mesure où le Sénégal peut garantir l'accès indispensable de l'"Axe de la résistance africaine" à la mer à travers le port de Dakar.

Dakar est également une partie importante de plusieurs projets d'infrastructure de l'Union africaine qui sont étroitement liés à l'initiative chinoise Belt and Road. Un exemple est le projet de relier Dakar à Djibouti par une ligne de chemin de fer, la Russie ayant déjà manifesté son intérêt pour contribuer au financement et à la construction du projet.

"Par chance", ce chemin de fer, dont le projet remonte à plusieurs années, passerait par les pays mêmes dans lesquels les terroristes wahhabites ont soudainement "surgi" au cours des cinq dernières années, et qui sont aujourd'hui combattus par les militaires nationalistes et le groupe Wagner.

Le Sénégal est en effet l'un des pays les plus prometteurs d'Afrique, avec une "zone économique-industrielle spéciale" en préparation à Dakar - un endroit où le Brésil pourrait certainement faire des investissements intéressants, d'autant plus que le plus grand gisement de gaz d'Afrique de l'Ouest (450 milliards de m3) y a été découvert ces derniers mois et que le nouveau président a déjà annoncé qu'il voulait renégocier tous les contrats pétroliers et gaziers (au grand dam de BP et de Woodside).

vendredi, 29 mars 2024

Confrontation avec la Russie: la réalité impose des limites

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Confrontation avec la Russie : la réalité impose des limites

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27733-piccole-note-il-confronto-con-la-russia-la-realta-impone-limiti.html

Gel des avoirs russes, fiabilité des banques occidentales en jeu. Les appels de Borrell

Les annonces grandiloquentes des dirigeants occidentaux et les prétendus succès ukrainiens se heurtent souvent à la réalité. Ainsi, la proposition d'utiliser les intérêts accumulés par les avoirs russes gelés en Occident pour aider l'Ukraine - plus de trois milliards d'euros par an - a suscité une frénésie qui a empêché son approbation, du moins pour l'instant.

La raison est simple et Reuters l'écrit, expliquant que plusieurs banques ont averti les dirigeants de l'UE qu'elles craignaient des représailles de la part de la Russie, mais surtout que la décision pourrait conduire à "une érosion plus large de la confiance dans le système bancaire occidental".

Le danger est évident : les pays qui ont confié leur argent à ces banques ne peuvent que s'alarmer. Leurs avoirs pourraient subir le même sort en cas de collision avec l'Occident. Ils risquent de les retirer et de les diriger vers des banques plus fiables.

En ce qui concerne les succès ukrainiens, une autre question cruciale se pose. Alors que ses forces sont écrasées sur la ligne de front, Kiev tente de remporter des succès tactiques qu'il peut exhiber au monde, et en particulier à ses alliés, pour signaler qu'il est encore capable de blesser l'ennemi et que la guerre n'est donc pas encore perdue.

Incursions en territoire russe et sur le front de la mer Noire

Les Ukrainiens tentent d'obtenir ces succès de trois manières. Tout d'abord, les attaques terrestres, par infiltration, en territoire russe, qui semblent toutefois limitées à ce jour.

En effet, elles ont été menées pour la première fois dans la période précédant la déclaration de Prigojine, dans le but de créer une bulle d'instabilité qui favoriserait leur action. Une fois la parenthèse Prigojine refermée, ils se sont essoufflés, pour reprendre avant les élections russes, pour tenter d'attiser la peur qu'ils se répercutent dans les urnes (c'est bizarre, mais c'est une méthodologie propre au terrorisme). Là encore, elles n'ont pas eu l'effet escompté et, à l'heure actuelle, les opérations sont au point mort.

Il s'agit d'actions sophistiquées, qui coûtent cher en termes de renseignement et, surtout, qui envoient des éléments d'élite à une mort plus ou moins certaine. D'où la nécessité d'un dosage judicieux.

L'autre front sur lequel Kiev se concentre est celui de la mer Noire, où ses actions ont d'ailleurs connu un certain succès, puisqu'elles ont permis de couler ou d'endommager quelques navires ennemis. A tel point que le Kremlin a dû se mettre à l'abri en remplaçant le commandant de la marine, l'amiral Nikolai Yevmenov.

Cela dit, il faut souligner un détail non négligeable: il y a longtemps qu'il n'y a pas eu d'attaques contre le port de Sébastopol, qui se sont produites au début du conflit et qui étaient beaucoup plus incisives, même sur le plan symbolique, que celles contre les navires.

Il n'en reste pas moins que l'action ukrainienne a rendu les eaux de la mer Noire peu sûres pour les Russes. En revanche, sur le terrain, elle peut bénéficier du soutien non dissimulé de l'OTAN qui, contrairement à celui déployé sur le champ de bataille ukrainien, reste hors de portée des missiles russes.

Attaques contre l'infrastructure énergétique russe

L'autre direction sur laquelle Kiev se concentre est celle des attaques à l'intérieur du territoire russe, soit par sabotage, soit par des attaques de drones et de missiles à longue portée. La cible privilégiée de ces attaques est constituée par les lignes de production et de distribution d'énergie russes. Sur ce front, elles semblent avoir remporté un certain succès, Moscou ayant été contrainte d'admettre la perte de 600.000 barils de pétrole.

Mais, selon le Financial Times, les Américains auraient demandé aux Ukrainiens de renoncer à de telles opérations, car ils craignent une hausse des prix de l'énergie, ce qui, en cette année électorale, serait désastreux pour la fortune de Joe Biden.

La chose a été confirmée par le gouvernement ukrainien qui, par la bouche d'Olga Stefanishina, vice-premier ministre, a déclaré qu'il s'agissait d'"objectifs légitimes", rejetant ainsi la demande de Washington.

Il est probable que les choses se soient déroulées différemment de ce que rapporte le FT, c'est-à-dire que les Russes ont informé les États, avec lesquels ils restent en communication sous le radar, qu'ils n'étaient plus disposés à tolérer de telles attaques, qui ne sont possibles que grâce à l'armement et aux renseignements de l'OTAN. Et ils ont menacé de riposter, d'où la pression américaine.

Au-delà des possibles coulisses, il reste que le refus de Kiev explique pourquoi Moscou a attaqué hier l'infrastructure énergétique de l'Ukraine à une échelle aussi massive. Il s'agissait d'un signal fort, destiné à persuader les ennemis récalcitrants de suivre des conseils plus cléments et de reconnaître la réalité. Jusqu'à présent, Moscou a évité de se déchaîner contre ces infrastructures, se limitant à des coups de fleuret, mais elle pourrait changer d'avis et brandir l'épée.

Telle est la dynamique complexe de la guerre en Ukraine, qui se développe à différents niveaux et donne lieu à des compromis continus entre les parties, où l'OTAN joue un rôle important, voire décisif.

L'option de l'apocalypse reste en suspens

En ce qui concerne l'OTAN, l'option de l'apocalypse, c'est-à-dire la possibilité pour l'Europe d'envoyer des troupes avec des risques très élevés de conflit mondial, reste d'actualité. Le sursaut musculaire de Macron, et d'autres avec lui, n'est pas totalement retombé, malgré les craintes et les réactions négatives (tout récemment, le chef du Comité militaire de l'OTAN, l'amiral Rob Bauer, s'est lui aussi lancé dans cet exercice, selon lequel l'OTAN est prête pour un conflit avec la Russie),

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Sur ce point, le ministre des affaires étrangères de l'UE, Josep Borrell, s'est exprimé, appelant à ne pas déclencher de fausses alertes et réaffirmant que l'Europe se contenterait de soutenir Kiev de l'extérieur. Il n'est pas à l'ordre du jour d'aller mourir pour le Donbass", a-t-il conclu.

Précision importante, puisqu'il a évoqué la fameuse question : "Mourir pour Dantzig ?", qui a résonné en Europe au début de la Seconde Guerre mondiale. Borrell s'est ainsi voulu rassurant, tout en rappelant les risques encourus.

Une ambiguïté qui contraste avec "l'ambiguïté stratégique" revendiquée par Macron dans son vague défi à Moscou. Dans les intentions du président transalpin, une telle ambiguïté, brandissant l'impensable, c'est-à-dire la guerre à grande échelle jusqu'à l'affrontement nucléaire, devrait convaincre l'ennemi de reculer.

En réalité, une certaine clarté est nécessaire dans les périodes sombres ; l'ambiguïté ne fait qu'épaissir les ténèbres. Qu'il en soit ainsi.

Campagne Ukraine: les déclarations (inquiétantes) du chef d'état-major français

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Campagne Ukraine: les déclarations (inquiétantes) du chef d'état-major français

par Giuseppe Masala

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27735-giuseppe-masala-la-campagna-d-ucraina-le-dichiarazioni-inquietanti-del-capo-di-stato-maggiore-francese.html

Malgré la levée de boucliers de nombreuses capitales européennes suite aux propos de Macron, qui a émis l'hypothèse d'une intervention terrestre dans le conflit ukrainien par l'OTAN, ou par une coalition de volontaires dirigée par la France elle-même, des rumeurs continuent d'arriver de Paris sur les préparatifs de la Campagne d'Ukraine. 

L'intervention du chef d'état-major de l'armée de terre française, Pierre Schill, dans le journal Le Monde, est particulièrement pertinente à cet égard : "L'armée française est prête. Quelle que soit l'évolution de la situation internationale, les Français peuvent être sûrs que leurs soldats réagiront rapidement. Pour se prémunir contre les attaques et protéger les intérêts nationaux, l'armée française se prépare aux combats les plus difficiles".

C'est une véritable déclaration d'intention qu'exprime le général dans le journal le plus prestigieux de France. Un signe que le moment doit être considéré comme solennel et que le peuple doit se préparer ; après tout, les propres déclarations de Macron avaient la même intention évidente. Le général conclut d'ailleurs en reprenant un autre concept fondamental exprimé par Macron: "L'enjeu est de faire en sorte que la force dont font preuve les troupes françaises inverse la tendance afin de dissuader les attaques contre la France".

Elle s'appuie pour sa défense sur son arsenal nucléaire, ainsi que sur une armée entraînée et compatible avec les armées de ses alliés, notamment en Europe". Ici aussi, le général réitère un concept fondamental déjà exprimé par Macron, presque comme pour souligner que ce que le président a déjà dit ne doit pas être considéré comme mal exprimé: les armes nucléaires de la France couvrent uniquement et exclusivement le territoire français, garantissant, en cas de menace, des représailles qui dissuaderont quiconque d'une attaque. Une déclaration lue à contre-jour n'a qu'une seule interprétation: les autres pays européens (à l'exception de la Grande-Bretagne) sont dépourvus de parapluie nucléaire défensif, de sorte que quiconque le souhaite peut en principe frapper leur territoire sans risquer grand-chose. A moins que l'on veuille croire à un bouclier nucléaire garanti par les Etats-Unis, mais il faudrait être vraiment naïf pour croire que quelqu'un à la Maison Blanche et au Pentagone prendrait le risque de voir des villes comme New York, Chicago ou Los Angeles frappées par des engins nucléaires afin de garantir des représailles en cas d'attaque nucléaire sur Berlin, Varsovie ou Rome.

Un concept d'ailleurs bien compris par le vieux Romano Prodi qui a immédiatement lancé un appel public à la France: "Je le répète : l'Europe a besoin d'une politique étrangère et d'une défense communes. Et en ce qui concerne cette dernière, la France, qui détient la bombe atomique, a une plus grande responsabilité et un leadership naturel, mais elle devra se dépêcher de mettre l'arme nucléaire à la disposition de l'Europe, compte tenu de l'augmentation des dépenses militaires allemandes". On notera la finesse du vieux renard des chancelleries européennes: Prodi insiste sur l'augmentation des dépenses militaires allemandes, qui manifestement, selon l'ancien Premier ministre, rendra l'Allemagne militairement autonome en fermant la fenêtre d'opportunité pour que Paris prenne le leadership européen.

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Cependant, le déclenchement du mécanisme pervers des préparatifs de guerre est démontré par d'autres déclarations importantes comme celles du chef d'état-major adjoint de l'armée polonaise, Karol Dymanowski (photo), qui a déclaré à un journal polonais: "Avant, il y avait 40.000 soldats prêts à devenir un bouclier de l'OTAN, et maintenant, il y en a déjà 300.000 de disponibles. Ces soldats arriveront dans le pays non pas après le début de la guerre, mais avant". Le général polonais prévient que la préparation du conflit a déjà largement commencé avec le déplacement d'un très grand nombre de troupes en Pologne (auxquelles s'ajoutent celles de la péninsule scandinave, des pays baltes, de la Roumanie, de la Moldavie et des autres pays limitrophes de l'Ukraine, de la Russie et de la Biélorussie): des préparatifs d'ailleurs dûment camouflés par les habituels exercices militaires qui permettent de déplacer des troupes sans trop alarmer les populations civiles. Les Russes ont utilisé cette tactique dans les mois qui ont précédé l'attaque de l'Ukraine, et l'Occident l'utilise maintenant en massant des troupes et du matériel sur le flanc oriental de l'OTAN, à la frontière russe.

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Ce que l'on appelle le "build-up" n'est cependant pas seulement lié à la construction du dispositif militaire au sens strict, mais aussi à la construction des infrastructures nécessaires à son fonctionnement optimal. En effet, nous venons d'apprendre que la plus grande base de l'OTAN en Europe est en cours de construction en Roumanie. Il s'agit de la 57e base aérienne "Mihail Kogalniceanu" de Constanta qui, grâce à des travaux d'agrandissement colossaux (pour la modique somme de 2,5 milliards de dollars), s'apprête à devenir la plus grande base de l'OTAN en Europe, taillée sur mesure, selon les experts, pour la guerre contre Moscou.

Il ne semble pas exagéré de définir la Roumanie comme un véritable bastion de l'OTAN tourné contre Moscou. Cette affirmation est également valable si l'on considère que la base militaire de Deveselu, dans le sud de la Roumanie, qui abrite le système de défense antimissile balistique Aegis Ashore de la marine américaine, a également été achevée. En ce qui concerne ce système d'armement, les responsables russes avertissent depuis des années que les systèmes de lancement vertical MK-41 de la base pourraient facilement être calibrés pour lancer des missiles de croisière Tomahawk vers la Russie.

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Mais dans la péninsule scandinave et dans les pays baltes également, le renforcement militaire est largement en cours, tout comme le concert de déclarations d'hommes politiques qui tendent à créer cet effet de grenouille ébouillantée qui habitue l'opinion publique à l'inévitabilité de la guerre. Tout d'abord, la Finlande et la Suède ont officiellement adhéré à l'OTAN, autorisant le déploiement de troupes et de véhicules des pays de l'Alliance atlantique sur leur territoire national. D'autre part, les déclarations russophobes d'hommes politiques locaux se sont multipliées, à l'instar du président réélu du Parlement finlandais, Jussi Halla-aho, qui a déclaré que tuer des soldats russes était "juste et nécessaire". Sans parler de la ministre finlandaise des affaires étrangères, Elina Valtonen, qui a déclaré qu'elle ne pouvait exclure l'envoi de troupes en Ukraine.

Enfin, il convient de mentionner qu'au sein de l'Union européenne, les déclarations se succèdent sur la nécessité de convertir l'appareil de production européen au statut d'économie de guerre. Les déclarations du président du Conseil européen, le Belge Charles Michel, qui, imitant Mario Draghi, a déclaré qu'il fallait faire "tout ce qu'il faut" pour éviter une victoire russe, sont à cet égard significatives.

Si l'on additionne toutes ces déclarations et surtout les actes politiques et administratifs qui en découlent, il est vraiment difficile de ne pas voir le cadre qui nous conduit pas à pas vers un conflit direct avec la Russie. Alors bien sûr, on peut toujours espérer qu'il s'agit d'une simple escarmouche pour une meilleure place à la table de paix. Mais, dans l'état actuel des choses, il faut être optimiste pour y croire.

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Qui est Giuseppe Masala?

Giuseppe Masala est né en Sardaigne en 25 Avanti Google, il est diplômé en économie et s'est spécialisé dans la "finance éthique". Il cultive deux passions, la langue python et la littérature. Il a publié le roman (qui, selon ses ambitions, devrait être le premier d'une trilogie) "Una semplice formalità", lauréat de la troisième édition du prix littéraire "Città di Dolianova" et également publié en France sous le titre "Une simple formalité", ainsi qu'une nouvelle "Therachia, breve storia di una parola infame", publiée dans un recueil par Historica Edizioni. Il se déclare cybermarxiste, mais comme Leonardo Sciascia, il pense qu'"il n'y a pas d'échappatoire à Dieu, ce n'est pas possible. L'exode de Dieu est une marche vers Dieu".

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mercredi, 27 mars 2024

L'Europe de Brzezinski est née

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L'Europe de Brzezinski est née

par Fabrizio Bertolami

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27724-fabr...

La configuration envisagée par la rencontre entre Macron, Scholz et Tusk était déjà l'un des points centraux de la stratégie énoncée par Zbignew Brzezinski dans son célèbre essai de 1997 intitulé "Le grand échiquier", dans lequel il affirmait que l'Ukraine devait adhérer à l'OTAN et à l'UE, dessinant ainsi un scénario géopolitique totalement nouveau, différent à la fois du scénario "méditerranéen" (France, Allemagne, Italie) et du scénario "carolingien" (France, Allemagne, Benelux) dans lequel la France, l'Allemagne, la Pologne et l'Ukraine forment un bloc capable d'intégrer les trois nations les plus peuplées du continent et en même temps capable de se consolider jusqu'aux frontières de la Russie.

* * * *

Le 15 mars à Berlin, lors d'une réunion à trois, le président français Macron, le chancelier allemand Scholz et le Premier ministre polonais nouvellement élu Tusk ont signé un accord visant à fournir un soutien conjoint en matière d'armement à l'Ukraine.

"Nous utiliserons les bénéfices des actifs russes gelés en Europe pour soutenir financièrement les achats d'armes pour l'Ukraine", a déclaré Scholz, énumérant les efforts de l'UE pour accroître le soutien à Kiev.

La réunion fait suite à certaines déclarations du président français sur la possibilité d'envoyer des troupes occidentales en Ukraine, bien que certains pays comme l'Italie aient rapidement souligné qu'ils n'enverraient pas de soldats car "nous ne sommes pas en guerre avec la Russie", comme l'a déclaré le ministre italien des affaires étrangères, M. Tajani.

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En effet, lors d'une interview à la télévision nationale française, M. Macron a déclaré qu'une victoire russe en Ukraine "réduirait la crédibilité de l'Europe à zéro" et signifierait que "nous n'avons pas de sécurité", ajoutant que la sécurité du continent est "en jeu" dans le conflit qui, selon lui, "est existentiel pour notre Europe et pour la France et si la situation s'aggrave, nous serions prêts à faire en sorte que la Russie ne gagne jamais cette guerre".

L'accord tripartite comprend un engagement commun à fournir de l'armement à Kiev et n'envisage pas, pour l'instant, l'envoi de troupes des trois pays sur le terrain. La France, comparée aux deux autres partenaires, a jusqu'à présent envoyé moins d'armes et fourni moins de fonds, ce qui impose probablement à Macron la nécessité de changer de rythme, mais certains analystes suggèrent que la raison pourrait être géoéconomique et étroitement liée à la possibilité que l'Ukraine perde son accès à la mer.

Selon le journal français Le Monde, "le cabinet de M. Macron a expliqué que l'objectif était de restaurer l'ambiguïté stratégique de l'Occident. Après l'échec de la contre-offensive ukrainienne en 2023, le président français estime que promettre des dizaines de milliards d'euros d'aide et fournir - tardivement - des équipements militaires à Kiev ne suffisent plus. Surtout si Poutine est convaincu que "l'Occident a définitivement exclu de mobiliser ses forces".

Ce nouveau schéma d'alliances, qui exclut les nations méditerranéennes au détriment de celles de l'Europe du Nord et de l'Est, était déjà l'un des points centraux de la stratégie énoncée par Zbignew Brzezinski dans son célèbre ouvrage intitulé "Le grand échiquier" de 1997, dans lequel il affirmait que l'Ukraine devait rejoindre l'OTAN et l'UE, dessinant ainsi un scénario géopolitique totalement inédit, différent du scénario "méditerranéen" (France, Allemagne, Italie) et du scénario "carolingien" (France, Allemagne, Benelux) dans lequel la France, l'Allemagne, la Pologne et l'Ukraine forment un bloc capable d'intégrer les trois nations les plus peuplées du continent et, en même temps, de se consolider aux frontières de la Russie.

Lors d'une conférence de presse tenue le 4 mars, l'ancien président russe Medvedev a présenté une carte montrant une possible disposition de l'Ukraine après la guerre, dans laquelle tout l'est et le sud deviendraient russes, tandis que l'ouest serait divisé entre la Pologne, la Hongrie et la Roumanie. Cette carte se fonde en partie sur le passé historique de la région ukrainienne, qui a été attribuée pendant des siècles aux quatre nations contiguës : la région située à l'ouest, qui comprend la Galicie, puis Lvov/Lemberg et Ivano-Frankivsk, a fait partie intégrante de la Pologne jusqu'en 1772, puis est passée à l'empire des Habsbourg après le premier partage de la Pologne et connaît toujours la présence d'une importante minorité ethnique polonaise. Toujours à l'ouest, la région connue sous le nom de Transcarpathie faisait partie intégrante de la Grande Hongrie depuis sa semi-indépendance au temps des Habsbourg jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. La région riveraine a été russe pendant des siècles, Odessa ayant été fondée en 1794 par l'impératrice Catherine, et à ce jour, la proportion de la population russophone dans la région est légèrement supérieure à 40 %. Les régions du Donbass, de la Crimée et, d'une manière générale, celles situées à l'est du Dniepr étaient des protectorats russes depuis leur création jusqu'à la naissance de l'Union soviétique, lorsqu'elles ont été cédées à ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom d'Ukraine.

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Malgré le partage de région de l'Ouest en faveur des nations susmentionnées, c'est probablement la conquête par la Russie du littoral ukrainien qui effraie le plus le président français, car elle supprimerait simultanément l'accès de Kiev à la mer et empêcherait la création de la zone connue sous le nom de "Trimarium", qui s'étend de la mer Baltique à la mer Noire, en passant par la Méditerranée orientale ; la première éventualité empêcherait l'Ukraine de faire usage du droit d'inviter des navires militaires d'autres nations, comme le prévoit la convention de Montreaux de 1936, qui réglemente également l'accès à la mer Noire par les détroits du Bosphore et des Dardanelles, et l'empêcherait totalement d'accéder aux voies maritimes pour exporter sa production de blé, dont elle est l'un des plus grands producteurs mondiaux.

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Ce classement particulier est aujourd'hui dominé par l'Australie, la Russie se situant en cinquième position et, comme le montrent les chiffres ci-dessous, la somme des exportations russes et ukrainiennes dépasserait le quota français, ce qui entraînerait la possibilité d'une concurrence pour la fixation des prix des céréales, précisément en faveur des Russes.

    - Australie : 10,2 milliards de dollars (15,4 % du total des exportations mondiales de blé)

    - États-Unis : 8,52 milliards de dollars (12,9 %)

    - Canada : 7,9 milliards de dollars (12%)

    - France : 7,4 milliards de dollars (11,2 %)

    - Russie : 6,8 milliards de dollars (10,3 %)

    - Argentine : 3,1 milliards de dollars (4,7 %)

    - Ukraine : 2,7 milliards de dollars (4 %)

L'éventualité que le projet "Trimarium" ne se concrétise pas aurait également une incidence sur la possibilité de fermer l'accès maritime à la Russie, tant au nord (mer Baltique) qu'au sud (Méditerranée, via la mer Noire). Il n'est un secret pour personne que la défense de la Crimée, d'où la prompte intervention russe en 2014 suivie du référendum sur l'annexion organisé de la péninsule, est la principale préoccupation russe, compte tenu de la présence de la flotte militaire de Moscou et de la possibilité d'atteindre la Méditerranée et les côtes d'Afrique du Nord, et en particulier la Syrie où se trouve, à Tartous, la seule base navale russe en dehors de ses frontières.

Sources :

https://www.politico.eu/article/emmanuel-macron-olaf-scho...

https://www.elpais.cr/2024/03/15/scholz-macron-y-tusk-com...

https://www.reuters.com/world/europe/scholz-macron-tusk-s...

https://simplicius76.substack.com/p/sitrep-3724-macron-ra...

https://www.themoscowtimes.com/2024/01/11/putin-says-ukra...

https://www.lemonde.fr/en/france/article/2024/03/14/macro...

https://www.repubblica.it/esteri/2024/03/04/news/mappa_me...

https://it.wikipedia.org/wiki/Convenzione_di_Montreux

https://www.worldstopexports.com/wheat-exports-country/?e...

https://comedonchisciotte.org/quando-brzezinski-ordino-al...

dimanche, 24 mars 2024

L’Europe est-elle "une puissance herbivore" dans un monde de "puissances carnivores"?

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L’Europe est-elle "une puissance herbivore" dans un monde de "puissances carnivores"?

Irnerio Seminatore

TABLE DES MATIERES

- Introduction

- L’Europe, « puissance herbivore »

- E. Macron et l’envoi de troupes au sol

- Le monde de demain et les forces centripètes

- La France, la diplomatie et la prospective stratégique.

- Répercussions stratégiques de la guerre d’Ukraine aux Etats-Unis

- Problèmes régionaux et « Balance Mondiale »

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Introduction

Le déterminisme des forces historiques, dont chaque collectivité a une connaissance différente selon les lieux et selon les époques, s’exprime ici en deux parties du même texte qui ont pour objet deux formes d’engagement, européen et mondial. Pour le premier, l’intention de l’auteur vise à éclairer, par une forme de paradoxe, celui de l’Europe « puissance herbivore », les traits du pouvoir qui s’est constitué à partir du Traité de Rome de 1957 et ses limites d’action. Pour le deuxième, cette même intention tâche de rendre intelligible à notre conscience l’idée de l’Europe affaiblie, la situant dans l’histoire globale d’un système planétaire, hégémonisé par les deux vainqueurs de la deuxième guerre mondiale et, après la dislocation de la Fédération des Républiques Socialistes Soviétiques en 1989, par les Etats-Unis d’Amérique seuls. Pour parvenir à tisser un lien entre l’évolution du vieux continent et le monde, on fera recours aux notions de puissance et de souveraineté et à l’émergence d’un nouveau rapport entre risque et liberté politique. Ainsi, dans la dialectique multiforme qui bouleverse les paradigmes hérités, remettant en cause les époques et les civilisations, l’objectif inavoué de l’analyse est d’aspirer à préfigurer les nouveaux visages des aspirants à l’empire de demain, en perturbateurs rationnels et déclarés qui entendent confirmer ou infirmer par la force, le pouvoir immanent d’hégémon.  Dans la première partie, qui concerne l’Europe et l’évocation de l’arme nucléaire, la dimension de la conscience historique fera référence aux solutions possibles des conflits en cours et à l’enracinement précaire du régime démocratique, dans la deuxième à l’importance et à la relativité de la relation entre autocraties, philosophies de l’histoire et géopolitique planétaire.

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L’Europe, « puissance herbivore »

L’expression de « puissance herbivore » appartient à Frank-Walter Steinmeier (photo), Président de la République Fédérale d’Allemagne et à l’évocation d’un débat qui a trop duré et qui divise la France et L’Allemagne sur la souveraineté politique de l’Europe, sa puissance militaire et son autonomie stratégique (1991-2017). Cet état a-t-il été surmonté ? Depuis le passage brutal aux rapports de force de la part de l’Union européenne, qui s’est voulue géopolitique lors de son investiture, en 2017, le réveil des opinions apparaît choquant et apeuré. Nous entrons de pleins fouets, depuis les déclarations improvisées du Président Macron de mardi 5 mars 2024 à Prague, dans l’âge inconnu des grands bouleversements historiques. Le thème de l’indépendance politique et de l’autonomie stratégique de l’Europe a été un réquisitoire permanent adressé à l’Europe établie et aussi sa pierre d’achoppement. Ce thème sera-t-il le tombeau du continent ? L’épouvante de la situation actuelle est dictée pour l’essentiel par le pouvoir de décision irrévocable et non partagé de l’arme nucléaire, évoqué comme repoussoir de la soumission à une puissance tutélaire extérieure, l’Amérique. Pour l’autre, par la crainte en un nouvel isolationnisme de celle-ci, suite aux élections présidentielles de novembre 2024. L’ordre européen de l’équilibre des forces entre l’Est et l’Ouest a pris fin avec l’ouverture des hostilités en Ukraine et le principe de légitimité de cet ordre de sécurité s’est effondré sur l’écueil du régime politique qui fonde la légitimité de son pouvoir sur l'usage délibéré de la force. Dès lors ce régime, autocratique, peut-il franchir impunément les lignes rouges du « tiers non engagé » (Union européenne), face à une dégradation de la situation militaire (défaite possible de l’Ukraine) et aux répercussions que cela entrainerait ?

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Macron et l’envoi de troupes au sol

Emmanuel Macron a appelé mardi à Prague les alliés de l'Ukraine à "ne pas être lâches" face à une Russie "devenue inarrêtable", semblant assumer ses propos controversés sur la possibilité d'envoyer des troupes occidentales dans ce pays en guerre. "Nous abordons à coup sûr un moment de notre Europe où il conviendra de ne pas être lâches", a lancé le président français au début de sa visite en République tchèque. "On ne veut jamais voir les drames qui viennent", a-t-il prévenu devant la communauté française.

"Il nous faudra être à la hauteur de l'Histoire et du courage qu'elle implique", a-t-il insisté.

Déclarations inopportunes et visant une posture de leadership européen, selon certains, ces déclarations ont été confirmées par l’intéressé après une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement des 27 à Paris, tous unanimes sur une politique de non engagement au sol de troupes combattantes de la part des européens, qui ont désavoué le président français. De surcroit et dans le but d’éviter tout malentendu, John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré sans tarder "Il n'y aura pas de troupes américaines engagées au sol en Ukraine.  Ce n'est pas ce que demande le président Zelensky. Il demande des outils et des capacités. Il n'a jamais demandé que des troupes étrangères combattent pour son pays".

En passant aux perspectives sécuritaires et historiques quels accommodements prendront les relations entre l’Europe et la Russie après la défaite possible et annoncée de Ukraine dans le couloir continental de l'Eurasie qui a permis par le passé, l’existence de l’empire russe, puis soviétique ?

L'ordre européen de demain ne naîtra pas d'une perspective géopolitique unique, ni d'un rapport mondial des forces de conception équilibrée, avec un partenariat entre la Russie et la Chine qui ne joueront plus au contre-poids avec l’Occident, mais profiteront de toutes les variables des rapports de pouvoir, de légitimité et de force à l'échelle du monde

Les triangulations stratégiques Etats-Unis, Russie et Chine et, en subordre, les allégeances des Brics et des puissances relatives émergentes (le Sud global) conduiront à se poser fatalement la question essentielle de toute coalition: Qui gouvernera ce processus de changement et qui décidera des jeux d’influence et de contrôle sur le Heartland du monde et au-delà ?

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Le monde de demain et les forces centripètes

Il est fort probable que l'ordre planétaire de demain sera celui où des forces centripètes pourront contribuer à définir l'avenir commun et où la reconnaissance de l'unité planétaire s'accompagnera de l'acceptation du nouveau centre de gravité du monde, l'Asie-Pacifique. relativisant le poids de l’Europe.

Entre-temps  le changement de l'Hégémonie (américaine), sera l'objectif prioritaire de la nouvelle phase historique, la phase néo-machiavélienne de l'histoire universelle, qui procédera de la priorité de tout système de « blocs instables » pour parvenir à l'établissement d'une rivalité  maîtrisée. Si l'hégémonie sera l'objectif affiché pour maintenir l'unité du système, des revendications de groupes minoritaires multiples dépasseront, et de loin, le respect dû autrefois aux autorités établies et il n'y aura pas d'uniformité rationnelle des sociétés ni de théories politiques ( soient -elles démocratiques) préfigurant un ordre d'avenir.

Face à la « menace russe » vis-à-vis des pays d'Europe centrale (Pologne, Hongrie, Etats baltes), obligés de choisir entre l'unité de façade proposée par l'Union européenne et l'exigence de protection et de sécurité, garantie par l'Hégémon à travers l'Otan, ces pays choisiront l'asservissement à l'Hégémon et la guerre contre l'ennemi désigné, voulue par le leader de bloc.

Ainsi la vassalité de l'Europe centrale vis à vis de l'Amérique deviendra une nécessité politique pour éviter que l’Allemagne joue la carte d'une nouvelle entente stratégique avec Moscou, une réédition de l'Ostpolitik contre les puissances passives de l'Ouest et contre les illusions politiques de la France de durcir le verbe (Macron) et de préférer la politique intérieure à la politique internationale et continentale.

Un débat, au même temps qu'un combat, est en cours en Europe occidentale sur le soutien humanitaire aux populations civiles ukrainiennes. Ne croyant plus à une résistance de Kiev face à Moscou, l'Amérique entend clairement affaiblir et épuiser la Russie, par personne interposée. Or, dans l'éloignement d'un compromis, imposé par les Américains à Zelensky, comment l'Europe doit elle se définir par rapport aux cinquante-huit pays qui, aux Nations Unies, n'ont pas voté la censure contre Moscou pour son initiative militaire, dictée par son exigence de sécurité et de cohésion intérieure ?

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La France, la diplomatie triangulaire et la prospective stratégique

Au titre d'une rétrospective historique, l'issue de la première « guerre froide » a comporté le remplacement des tensions et des crises par le développement d'une coopération paneuropéenne entre nations indépendantes, situées entre l'Atlantique et l'Oural. Ceci a impliqué pour la France, de considérer le pan-européisme comme un moyen pour dépasser l'ordre bipolaire.

Cependant la transition de la bipolarité à la diplomatie triangulaire a comporté le renversement du « jeu d'antagonismes asymétriques » entre Washington-Pékin et Moscou, par l'antagonisme sino-américain, qui a pris le dessus sur le rapprochement russo-chinois, à l'époque improbable. A un aperçu très général les autres changements de l'échiquier géopolitique nous autorisent à une  esquisse de prospective stratégique, caractérisée par les variables systémiques suivantes :

- une neutralisation de l’Ukraine et un partage des influences territoriales est-ouest;

- des hypothèses de conflit entre pôles et des scénarios de belligérance entre alliances continentales et alliances insulaires;

- la riposte de l’Hégémon à une grande coalition eurasienne et anti-hégémonique (Russie, Chine, Iran);

- les incertitudes des nouvelles « coalitions multipolaires » dans un contexte de bipolarisme sous-jacent (Chine-USA);

- un système de sécurité ou de défense collectives, qui échappe en large partie aux organes multilatéralistes existants (ONU, OTAN, autres...) et aux instances de gouvernance actuelles (G7, G20), et cela en raison des variations de la « mix security »;

- des combinaisons croisées de la « Balance of Power » et de la « Balance of Threats » (la première pratiquée par les puissances traditionnelles et la deuxième par les puissances montantes comme mélange de menaces et de vulnérabilités);

- la démocratisation du feu ballistico-nucléaire (ADM) et la généralisation multiforme de nuisances et de terrorisme (Iran, Corée du Nord...);

- la dominance offensive de la cyber-guerre et des guerres spatiales, qui induit une modification du rapport de forces entre attaquants et défenseurs (avec une prime à l'attaquant);

- l'asymétrie, les guerres hybrides et les conflits non maîtrisées;

- une tentative d'isolement international de la Russie, sous l’effet d’une multitude de sanctions économiques et financières, personnelles et de groupe, à l'efficacité douteuse. Ces mesures, impliquant une logique de rétorsions, frappent en retour l'Allemagne (Nord Stream 2, désindustrialisation, stagnation économique) et les autres pays européens, suscitant une fracturation de l'unité de camp occidental, déjà compromise par la subordination de la démocratie à l'Hégémonie.

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Répercussions politiques de la guerre d’Ukraine aux Etats-Unis

La guerre en Ukraine et sa fonction imposée et presque fatale d’Etat -tampon a relancé un débat aux Etats-Unis entre les deux courants de pensée, les idéalistes interventionnistes, en gros Biden et les démocrates, défenseurs de la démocratie libérale et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et les réalistes classiques, Trump, Elon Musk, Carlson Tucker, porteurs du souverainisme et du nationalisme américain quant au rôle des Etats-Unis dans le monde. La manifestation plus évidente de cette opposition a été le rejet du vote au Congrès américain pour une énième allocation de fonds à l’Ukraine et Israël pour un montant de 106 milliards de dollars, qui seront pris en charge par l’UE à hauteur de 50 milliards d’euros

En l’absence d’un débat équivalent en Europe, le bilan européen ne va pas plus loin d’une préoccupation pour le retour de Trump et un appel à indépendance et à l’autonomie stratégique de l’Europe qui touche indirectement, surtout en France, au vieux débat sur la souveraineté et la supranationalité et à « l’irresponsabilité stratégique, diplomatique et, in fine politique du Chef de l’Etat ». Ce bilan investit le domaine du multilatéralisme et de ses institutions, (UE, ONU, FMI, BM...) et donc le rapport entre autorités fonctionnelles et autorités politiques dans la scène internationale. Il a été remarqué que, pour le Secrétaire d'Etat, Antony Blinken, la guerre en Ukraine est la transposition du débat interne entre républicains-populistes et idéalistes-progressistes, intégrant l'Ukraine et l'Europe centrale dans une zone de redéfinition de la géopolitique américaine. En son sein, la posture prioritaire est représentée par la menace de l'Empire du milieu. Ainsi l'issue de la crise ukrainienne et de celle israélo-palestinienne et au sens large, moyen-orientale, est resituée à la marge du baromètre des relations globales entre Washington-Moscou-Beijing.

Problèmes régionaux et « balance » mondiale

Le sur le plan politique, le théâtre euro-méditerranéen (par l'inclusion des crises en chaîne, allant des zones contestées de l'Europe orientale au Moyen Orient et donc des Pays Baltes, Bélarus et Ukraine au Golfe et à l'Iran, en passant par la Syrie et par la confrontation israélo-palestinienne), peut-devenir soudainement l'activateur d'un conflit inter-étatique de haute intensité. Cette hypothèse n'est pas nulle et nous pousse à la conjecture que la clé, déterminante et finale, de l'antagonisme régional en Europe, dont l'enjeu est la suprématie, jugée dangereuse, d'un État sur le continent, par le contrôle de sa zone d'influence est, aux yeux des occidentaux, la répétition par la Russie des aventures des grands États du passé (Espagne, France et Allemagne). La conclusion d'une pareille aventure se situerait dans la bordure continentale et maritime de l'Eurasie et dans la stratégie du Rimland du monde. Ainsi, l'actuelle progression vers une guerre générale repropose aux décideurs le dilemme classique, hégémonie ou équilibre des forces, comme dans les guerres du passé. Or, suite à la constitution d'un système asiatique autonome autour de la Chine, comme nouveau centre de gravité mondial, la victoire finale, dans un affrontement général, pourrait échapper à la coalition des puissances maritimes, le Rimland, par l'impossibilité d'une conquête ou reconquête de l'Eurasie de la part de l'Amérique et de ses forces coalisées et vassales. Au sein de la triade, Russie, États-Unis et Chine les deux plans d'analyse, régional et planétaire, présentent des interdépendances conflictuelles majeures et caractérisent cette conjoncture comme de « révolution systémique », plus encore que de « transition hégémonique ». En ce qui concerne l'Europe, qui a inventé tous les concepts-clés de la vie internationale, la souveraineté, l'État-nation, l'équilibre des forces, l'empire universel et la jalouse émulation ; elle demeurera le seul ensemble du monde moderne à ne jamais avoir connu de structure politique unifiée et, de ce fait, elle sera affaiblie, divisée et impuissante.

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Ainsi en Europe de l'Ouest, dépourvue d'unité et d'identité politique et militaire, la confrontation colporte une déstabilisation des régimes au pouvoir et des formes de sociétés, au cœur desquels s'affrontent des guerres civiles latentes entre héritages ethniques et culturels antinomiques. Depuis 1945 et le processus de décolonisation, l'Europe a perdu la force et la confiance en elle-même, qu'elle a remplacé par le règne de la morale et de la loi, aggravé par l'égarement de ses intérêts et de son rôle. Quant aux aspects géopolitiques et stratégiques, la crise des démocraties occidentales engendre deux tentatives contradictoires, dont la première est constituée l'exigence de compenser les faiblesses internes de l'autorité et de l'État, marquées par le terrorisme et par l'ennemi islamique et la deuxième par subordination accrue à l'alliance atlantique, l'Otan. Dans une pareille situation, la Chine, puissance extérieure à l'Europe, mais dominante en Eurasie, serait bénéficiaire d'une lutte à mort entre l'Occident et la Russie et marquerait sa prééminence finale sur le monde connu.

Bruxelles, le 9 Février 2024.

vendredi, 22 mars 2024

Le Moyen-Orient : le laboratoire géopolitique du nouveau monde

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Le Moyen-Orient : le laboratoire géopolitique du nouveau monde

par Luigi Tedeschi

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/medio-oriente-il-laboratorio-geopolitico-del-nuovo-mondo

Le déclin de l'hégémonie mondiale des États-Unis sanctionne la fin du siècle américain. Les États-Unis sont à la croisée des chemins : se retirer de la région ou provoquer un conflit de bien plus grande ampleur. Le retour de l'histoire dans les affaires géopolitiques mondiales a rendu un verdict sans appel : l'hégémonie mondiale est impossible. Le monde multipolaire aura pour protagonistes des États-Civilisations installés dans de vastes espaces continentaux, composés des peuples les plus divers, mais unifiés par des valeurs identitaires éthico-politiques communes.

Des séquelles indéchiffrables - Gaza

Gaza est l'épicentre d'un affrontement qui implique l'ensemble du Moyen-Orient comme théâtre d'un conflit géopolitique aux répercussions mondiales. Des acteurs majeurs tels que les États-Unis et l'Iran, soutenus par la Chine, la Russie et d'autres puissances mineures comme l'Afrique du Sud, sont également impliqués dans le conflit entre Israël et le Hamas. La domination sur l'ensemble du Moyen-Orient est en jeu. À Gaza, une phase de la Grande Guerre bat donc son plein.

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Netanyahou est déterminé à remporter une victoire décisive qui implique non seulement l'éradication du Hamas de Gaza, mais aussi la fin de la question palestinienne. Le conflit de Gaza représente l'épilogue d'un dessein politique de Netanyahou et de la droite ultra-orthodoxe israélienne, qui consiste à rendre impossible la création d'un État palestinien. Depuis des décennies, la stratégie de Netanyahou consiste à diviser les Palestiniens en Cisjordanie, sous l'administration de l'ANP, et à Gaza, où l'enracinement du Hamas a été largement favorisé par Israël, en autorisant le transfert de fonds qataris aux Palestiniens. Puisqu'il n'y a donc pas de corps légitime et unifié des Palestiniens, toute négociation aurait été impossible. Par conséquent, la seule solution possible à la question palestinienne aurait été l'occupation progressive de toute la Cisjordanie par les colons israéliens, avec l'émigration massive des Palestiniens eux-mêmes. L'attentat du 7 octobre a constitué une occasion inespérée pour Netanyahou, dont le leadership était déjà largement discrédité et qui faisait l'objet d'âpres protestations populaires, avec des accusations de corruption et de projets de réforme jugés antidémocratiques, de se légitimer en tant que premier ministre d'un gouvernement d'union d'urgence, qui recomposait un pays déchiré par des conflits internes, au nom de la sécurité nationale.

Bien sûr, la fin de la guerre entraînera aussi nécessairement la démission de Netanyahou, qui s'acharne donc à la prolonger indéfiniment, avec le mirage d'une victoire définitive sur le Hamas. Mais cet objectif s'avère impossible à atteindre. Malgré la guerre d'extermination menée par Israël, avec près de 30.000 Palestiniens tués, l'occupation de Gaza n'a détruit que 30% du potentiel de guerre du Hamas, et les données sur les pertes infligées à l'armée israélienne font l'objet d'une censure absolue. Ajoutez à cela que l'expulsion des Palestiniens de Gaza est également impossible, étant donné le refus de l'Égypte et d'autres pays arabes de les accepter. Une nouvelle "Nakba" est hautement improbable.

Séparer la tragédie de la population civile de la guerre "terroriste" du Hamas est totalement infondé. La population palestinienne s'identifie totalement à la cause du Hamas et de l'Axe de la Résistance. Cela justifierait-il alors la guerre d'extermination d'Israël? Le génocide en cours à Gaza, ainsi que le régime d'apartheid imposé aux Palestiniens de Cisjordanie, affecteront profondément les nouvelles générations palestiniennes: le Hamas deviendra un symbole indélébile de la lutte pour la libération de la Palestine. Gaza est un point de non-retour, tant pour Israël que pour l'axe de la résistance. Même en cas de déportation totale des Palestiniens de leur terre, l'identité nationale d'un peuple apatride en diaspora existerait toujours. Exactement comme ce fut le cas pour les Juifs au cours des siècles.

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Plusieurs plans de paix se sont succédé au fil des ans, sans succès. L'échec des accords d'Oslo a marqué la fin de la perspective de deux États. De plus, des projets farfelus de gouvernement pour Gaza avec la participation des Etats arabes et de la Turquie, des revitalisations fantômes de l'ANP (en tant qu'organe représentatif des Palestiniens reconnu à l'ONU mais délégitimé par les Palestiniens eux-mêmes), avec l'adhésion du Hamas, sont hypothétiques. Tous les projets de pacification dans la région ont échoué parce qu'ils ont été conçus sans le consentement des Palestiniens. Au contraire, de tels accords auraient confiné les Palestiniens dans de petites enclaves sans aucune autonomie. La seule solution théoriquement possible serait la création d'un seul État multiethnique sur le modèle sud-africain. Mais compte tenu du climat de haine qui s'est encore renforcé entre Juifs et Palestiniens, cette solution s'avère pour l'instant impraticable. La suite - Gaza reste indéchiffrable.

La victoire stratégique du Hamas

Netanyahou est vivement critiqué pour l'inefficacité dont ont fait preuve les services de renseignement et le haut commandement de l'armée pour empêcher l'opération Al Aqsa de libération des otages détenus par le Hamas. Mais il ne faut pas croire qu'avec son limogeage, la ligne politique d'Israël connaîtra des changements de cap significatifs. Le leadership de Netanyahou a duré (par phases intermittentes) pendant 20 ans en vertu du consensus populaire obtenu et aujourd'hui, la majorité des Israéliens, tout en contestant le premier ministre, selon un récent sondage, approuve à 80 % l'action de nettoyage ethnique menée par Israël dans la bande de Gaza.

Israël considère ce conflit comme une "guerre existentielle", qui s'inscrit dans un contexte beaucoup plus large impliquant l'ensemble du Moyen-Orient. Ces dernières années, les échecs des interventions américaines en Irak, en Syrie et en Afghanistan ont conduit à un élargissement de la zone d'influence de l'Iran jusqu'à la Méditerranée. Israël, dans cette nouvelle configuration géopolitique du Moyen-Orient, se retrouve isolé, surtout après la paix conclue entre l'Iran et l'Arabie Saoudite avec le parrainage de la Chine et la fin de l'Alliance Abrahamique. L'État juif est exposé à une guerre incessante, quoique de faible intensité, aux frontières du Liban et de la Syrie avec le Hezbollah, à un conflit permanent avec la population arabe de Cisjordanie et est menacé en mer Rouge par les actions des Houthis yéménites. A terme, il pourrait être usé.

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Ainsi, après le prochain bombardement de Rafah et une phase où Netanyahou pourrait médiatiquement faire passer l'opération de Gaza pour une victoire totale sur le Hamas, Israël pourrait viser un élargissement du conflit afin de briser l'encerclement du bloc pro-iranien, ce qui impliquerait nécessairement l'implication directe des Etats-Unis. Mais l'hégémonie américaine au Moyen-Orient est désormais révolue, et les États-Unis n'ont pas l'intention de mener de nouvelles guerres au Moyen-Orient, après des échecs répétés qui ont gravement entamé leur statut de superpuissance.

Ce conflit marque la fin de l'alliance abrahamique. Avec ces accords, également signés par les Etats-Unis, après la reconnaissance de l'Etat juif par les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, le Maroc, et avec l'adhésion possible de l'Arabie Saoudite, Israël prendrait un rôle de premier plan dans la coalition et le statut de première puissance militaire et financière de la région, dans le cadre de la restauration d'une hégémonie américaine indirecte au Proche-Orient. Après le 7 octobre, Israël est isolé et menacé, dans un contexte de pays hostiles soutenus par les puissances du BRICS+.

Israël a donc adopté une position victimaire, évoquant la mémoire de l'Holocauste, et dans la perspective de la propagande du courant dominant occidental, le génocide de Gaza s'est transformé en une guerre d'autodéfense existentielle contre les Palestiniens et les États islamiques qui menaceraient son existence. Une mystification évidente de la réalité émerge de ce récit médiatique. Hanan Ashrāwī s'exprime à cet égard dans une interview intitulée "The two states will not happen" publiée dans le numéro 1/2024 de "Limes" : "Depuis quand un occupant revendique-t-il la légitime défense contre l'occupé ? Nous en sommes à l'inversion des rôles : la victime est Israël qui se défend contre le Palestinien brutal. Le premier n'existe plus, mais c'est dans ces 75 années précédentes qu'il faut chercher les causes du désastre. Je ne me lasserai pas de le crier : Israël tue, détruit, massacre et continue d'agir en toute impunité. Tout au plus doit-il ne pas en faire trop. Mais quel est le seuil de l'excès ? Dix mille enfants tués? Deux millions de personnes réduites à la famine ? Deux tiers des bâtiments rasés ? Ils ont aussi ouvert le feu sur des civils qui attendaient de l'aide humanitaire. Étaient-ils aussi des terroristes ? La haine, la violence ne naissent pas de rien. Elles sont le fruit empoisonné de la captivité imposée à deux millions de personnes à Gaza et aux populations emmurées de Cisjordanie".

L'opération Al Aqsa du 7 octobre est tout à fait conforme à la stratégie mise en œuvre par le Hamas depuis des décennies. Avant le 7 octobre, la cause palestinienne avait été rayée de l'ordre du jour international. La stratégie du Hamas a toujours consisté à provoquer des événements marquants afin de faire réapparaître la cause palestinienne dans le contexte géopolitique mondial, dans le but d'impliquer la Palestine dans les intérêts et les projets politiques des pays de la région du Moyen-Orient. Du point de vue du Hamas, l'opération Al Aqsa représente donc un succès : la cause palestinienne est devenue décisive pour la reconfiguration politique de la région du Moyen-Orient, ainsi que pour la mise en œuvre des nouveaux équilibres géopolitiques mondiaux qui émergent de la Grande Guerre.

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Les Etats-Unis : une hégémonie mondiale impossible

Le Chaosland actuel découle de la décadence des Etats-Unis, seule superpuissance garante de l'ordre mondial unilatéral. Les États-Unis sont depuis longtemps en proie à une crise d'identité qui a généré une profonde conflictualité au sein de la population. Les mythes fondateurs qui sous-tendaient les valeurs unificatrices dans lesquelles le peuple américain s'est toujours reconnu ont disparu. Le mythe messianique de la destinée manifeste qui légitimait l'expansionnisme américain à l'échelle mondiale a disparu. Les défaites répétées dans les guerres préventives contre les "États voyous" ont profondément affecté l'identité politique et culturelle même des États-Unis.

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La fin de la dissuasion armée de la superpuissance américaine a engendré la Grande Guerre. Comme l'indique Lucio Caracciolo dans l'éditorial "Chronicles from Lake Victoria" du numéro susmentionné de "Limes" : "La cause première de la Grande Guerre est le déclin rapide de l'empire américain. La prétention mondiale a érodé la nation. Elle remet en question son existence. Et révèle son fond maniaco-dépressif. Une maladie des empires, oscillant entre le délire de toute-puissance, avec son excitation psycho-motrice, et la dépression catatonique, qui se manifeste par l'aboulie et la dysthymie. En moins de trente ans, le Numéro Un est passé de l'unipolarité géopolitique à la bipolarité psychique". De l'état dépressif généralisé du peuple américain, les symptômes s'étaient déjà fait sentir lors de la guerre du Vietnam : au fur et à mesure que le mythe de l'invincibilité américaine se dissolvait, le peuple commençait à ne plus se reconnaître dans les institutions de son propre pays. Manifestement, pour les États-Unis, la psycholabilité collective est une caractéristique de leur identité. Cette pathologie a depuis lors contaminé tout l'Occident.

Cependant, la prévision d'un avenir isolationniste pour les États-Unis est peu probable. L'unité nationale américaine elle-même pourrait ne pas survivre à la fin de l'empire américain. Pour les États-Unis, l'expansionnisme fait partie intégrante de leur "être au monde" et il semble donc tout à fait logique qu'ils persévèrent dans la défense acharnée de leur rôle hégémonique dans le monde, qui s'est avéré insoutenable au fil du temps.

Dans le conflit israélo-palestinien, l'hégémonie sur le Moyen-Orient est en jeu entre deux prétendants : États-Unis - Israël et Iran - BRICS. Les États-Unis sont donc à la croisée des chemins : soit ils se retirent de la région, soit ils provoquent un conflit beaucoup plus important.

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L'objectif premier des États-Unis est de contenir l'influence iranienne au Moyen-Orient. En cas de retrait américain de Syrie et d'Irak, les conséquences géopolitiques seraient dévastatrices pour les États-Unis : outre l'isolement d'Israël, un retrait américain donnerait lieu à une expansion économique et politique de la Chine et de la Russie dans la région, renforcerait le statut de la Turquie en tant que puissance régionale et entraînerait la fin de l'influence américaine dans la péninsule arabique, puisque l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis feraient partie du nouvel équilibre géopolitique au Moyen-Orient. De plus, comme après l'abandon de l'Afghanistan, la crédibilité de la dissuasion américaine est déjà au plus bas, pour Biden, un nouveau retrait, même du Moyen-Orient, compromettrait considérablement ses chances d'être réélu à la Maison Blanche.

Ayant échoué dans leur stratégie de domination indirecte, c'est-à-dire exercée grâce à la primauté d'Israël dans la région, les États-Unis, dont l'implication directe dans un conflit plus large est souhaitée par l'État juif, n'auraient plus que l'option de la guerre totale pour restaurer leur hégémonie. Une telle option est impraticable pour les États-Unis. En effet, l'Amérique devrait s'engager dans une guerre contre l'Iran et ses alliés tout en devant contenir la Chine dans le Pacifique (qui est sa priorité stratégique), soutenir l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie, et aussi préserver sa présence dans une Afrique minée par l'expansion des puissances des BRICS. Ce même soutien américain inconditionnel à Israël, en plus de susciter une vaste vague d'antisionisme et d'antiaméricanisme à travers le monde, a eu pour effet de miner sérieusement les relations des Etats-Unis avec leurs alliés arabes dans la région. Ajoutez à cela le fait que le pouvoir thalassocratique américain n'est même plus en mesure de garantir la sécurité des voies de navigation marchande dans le monde. En mer Rouge, la mission Aspides est en cours pour protéger les navires marchands en route entre Ormuz, le golfe d'Aden et Suez, en tant que bouclier naval de défense contre les actions hostiles des Houthis. Une telle situation est d'ailleurs reproductible à l'échelle mondiale, dans tous les détroits océaniques d'importance vitale pour le commerce mondial. Et les foyers de conflits se multiplient partout. La surexposition américaine dans le monde est évidente : l'insoutenabilité de son statut de superpuissance mondiale est la cause de son déclin.

Il faut aussi noter que la stratégie des bombardements aveugles en Irak, en Syrie, en Afghanistan, pratiquée par les Américains et qui s'est avérée perdante, a été reproduite par Israël à Gaza. Une erreur fatale a été commise : le Hamas a été considéré comme un mouvement islamique radical au même titre qu'ISIS, les Takfiri, etc. En plus de ne pas prendre en compte le niveau d'armement et d'organisation bien plus avancé des militants du Hamas par rapport à celui d'ISIS, le grand consensus populaire en sa faveur a été complètement négligé.

L'erreur capitale d'Israël est d'avoir ignoré le fait que le Hamas, tout comme le Hezbollah, les Houthis et d'autres, sont des entités non étatiques profondément ancrées dans le territoire, dotées de classes dirigeantes qui incarnent aujourd'hui l'identité politique et spirituelle de leurs peuples. Associer le Hamas aux bandes de mercenaires égorgeurs d'ISIS révèle le suprémacisme raciste invétéré dont sont affligés tant les États-Unis qu'Israël, unis par un dogmatisme théologique - l'Ancien Testament - qui les empêche d'avoir une vision objective de la réalité historique et surtout de comprendre l'identité et les motivations de l'ennemi.

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En outre, en Israël comme aux États-Unis, la domination de la technocratie a entraîné une absence de stratégie militaire et politique, ce qui ne peut que conduire à une débâcle géopolitique irréversible.

La disparition de l'hégémonie mondiale des États-Unis est un symptôme évident de la fin du siècle américain. Alian de Beniost, dans un livre datant de 1976 et intitulé "Le mal américain", a formulé des considérations sur le destin des États-Unis qui pourraient s'avérer prophétiques aujourd'hui : "L'Amérique d'aujourd'hui est un cadavre en bonne santé. Avec son immense puissance matérielle, avec son extension géographique, avec son goût du gigantisme et avec la fructification de son capital, (tout comme l'Union soviétique) elle a su créer des illusions. En mettant l'accent sur les facteurs matériels, sur les éléments quantifiables, elle a imposé au monde l'idéal de la super-production. Mais cela suffit-il à garantir son éternité ? Prisonniers du désir de <vivre vite> (fast life), les Etats-Unis disparaîtront aussi brutalement qu'ils ont surgi ; plus tôt qu'on ne le pense, peut-être. A l'échelle des nations, ils auront été ce que certains hommes sont à l'ordre des individus : des aboyeurs bruyants et doués, mais qui ne laissent pas de trace parce que leur œuvre est une esbroufe. L'Empire romain, après avoir été une réalité, a été une idée, qui a façonné la vie de l'Europe pendant mille ans. L'<empire> américain ne peut durer que dans son présent. Il peut <être>, mais il ne peut <transmettre>. Ayant tout consommé avant d'arriver à maturité, il n'aura rien à laisser en héritage".

Les États-Unis pourraient être considérés par les historiens du futur comme un phénomène historique rapidement obsolète, au même titre que les biens de consommation du système capitaliste qui, en plus d'avoir détruit les peuples, les cultures, la nature et les ressources, est en train de s'autodétruire avec ses crises progressives. Le retour de l'histoire dans les événements géopolitiques mondiaux a prononcé une sentence sans appel : l'hégémonie mondiale est impossible.

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États-civilisations: le retour de l'idée d'Empire

L'avènement du monde multipolaire préfigure la résurrection de l'histoire sur les cendres d'un monde unipolaire autoréférentiel dirigé par les États-Unis, configuré idéologiquement comme la "fin de l'histoire", auquel succéderait un libre marché mondial inspiré des vieux dogmes idéologiques libéraux "hors de l'histoire".

Les événements qui se sont déroulés dans la région MENA au cours des dernières décennies sont révélateurs d'une nouvelle phase historique qui entraînera une profonde redéfinition de l'ordre géopolitique mondial. La défaite de l'Occident en Syrie et en Irak, ainsi que la fuite des États-Unis d'Afghanistan, ont sanctionné la fin de la stratégie du chaos, mise en œuvre avec les printemps arabes, les révolutions colorées et, avec elles, la fin de l'expansionnisme américain à l'échelle mondiale. La défaite en Syrie pourrait devenir le carrefour de l'histoire contemporaine, le "Stalingrad" des États-Unis et de l'Occident tout entier.

Les guerres de libération du Moyen-Orient ont donné naissance à l'Axe de la résistance, au sein duquel convergent des groupes ethniques, des cultures et des religions différents, mais qui sont unifiés par des intérêts et des stratégies communs.

Une grande guerre est en cours, qui, au Moyen-Orient, est configurée comme une guerre anticoloniale, puisqu'Israël subsiste en tant qu'épicentre de l'hégémonie coloniale occidentale dans la région. La fin du colonialisme est également sanctionnée par le déclin des États du Moyen-Orient, qui ont été créés sur la base des partitions coloniales du siècle dernier. Les États ne disparaîtront pas, mais ils prendront une configuration entièrement différente. De nouvelles patries transnationales fondées sur des valeurs spirituelles, culturelles, identitaires et religieuses sont apparues, indépendantes des paradigmes ethnico-linguistiques de l'État-nation occidental. De la lutte commune contre l'Occident hégémonique sont nées des communautés non étatiques qui revendiquent la dignité, l'indépendance et la reconnaissance. De la lutte pour la liberté et l'indépendance naissent les valeurs communautaires fondatrices des homelands, et les guerres de libération génèrent une force motrice décisive pour l'émancipation et le développement des peuples, étant donné la nécessité vitale de s'opposer à une puissance dominante plus forte, économiquement, militairement, politiquement.

Les patries individuelles pourront être reconnues dans le cadre d'instances supranationales plus larges. Le monde multipolaire aura pour protagonistes des États-Civilisations installés dans de vastes zones continentales, composés des peuples les plus divers, mais unifiés par des valeurs identitaires éthico-politiques communes.

Le Moyen-Orient est configuré comme un laboratoire géopolitique dans lequel émerge un nouveau monde multipolaire, déjà en gestation avec la création du groupe BRICS. Un modèle géopolitique paradigmatique qui peut être reproduit dans les contextes les plus divers. Un monde composé d'entités supranationales : une renaissance en version moderne des anciens empires. Mais l'idée d'Europe ne trouve-t-elle pas son origine dans le concept d'empire universel transmis au fil des siècles et commun à toutes les civilisations successives ?

jeudi, 14 mars 2024

Trump, dernier espoir de l’Europe armée ?

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Trump, dernier espoir de l’Europe armée ?

Par Georges FELTIN-TRACOL

Dans Le Figaro du 9 novembre 2016, Étienne de Montety rappelait à propos de l’élection – surprise à la Maison Blanche de Donald Trump que son patronyme vînt d’un substantif signifiant en anglais « atout ». Il ajoutait aussitôt que le verbe to trump se traduit par « éclipser, ridiculiser, battre, voire l’emporter sur … ». Force est de constater que l’étymologie du nom de famille du 45e président des États-Unis correspond parfaitement à la situation actuelle.

En campagne pour des élections primaires qu’il survole largement, ayant déjà remporté les scrutins et caucus de l’Iowa, du New Hampshire, du Nevada, des Îles Vierges américaines, de la Caroline du Sud et du Michigan, Donald Trump rêve de battre – à la régulière ! - en novembre prochain un Joe Biden très mal en point. Il a cependant tétanisé les chancelleries occidentales par une sortie dont il est coutumier.

En réunion électorale en Caroline du Sud, le 10 février dernier, l’homme aux cent dix-neuf chefs d’accusation a menacé les États européens membres de l’OTAN. Si ces derniers ne réalisent pas un effort réel dans leur défense nationale en augmentant de manière conséquente leur budget militaire (plus de 2 % du PIB), il pourrait en tant que futur chef de l’État ne pas appliquer l’article 5 du traité de 1949 et ne pas secourir des États peut-être agressés par leur voisin russe.

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Plusieurs collaborateurs conservateurs classiques de Trump entre 2017 et 2021 ont signalé qu’il avait eu l’intention de faire sortir les États-Unis de l’OTAN en 2019. Les agents républicains de l’État profond surent l’en dissuader. De retour en 2025 dans le Bureau ovale, Donald Trump compterait cette fois-ci sur des administrateurs en plein accord avec sa politique. Conscients de cette menace, les démocrates ont adopté une loi qui contraint tout président désireux de quitter l’OTAN à demander l’accord préalable du Congrès.

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Maints commentateurs s’offusquent du dessein isolationniste du très probable candidat à la présidentielle de novembre 2024. Ces grincheux oublient volontiers que Donald Trump s’inscrit dans la continuité diplomatique étatsunienne, en particulier dans celle de la Farewell Address. Le 19 septembre 1796, le grand journal de l’époque, American Daily Advertiser, publie un texte du président George Washington. Il y annonce qu’il ne briguera pas un troisième mandat et fait de cette déclaration imprimée son testament politique. Conscient de la faiblesse d’une armée balbutiante et des fragilités d’un ensemble fédéral récent, le premier président américain invite la jeune république au détachement diplomatique envers les événements révolutionnaires survenus en Europe. « La grande règle de notre conduite, écrit-il, pour ce qui touche à nos rapports avec les puissances étrangères doit être de développer nos échanges commerciaux mais d’entretenir avec elles le moins de relations politiques possibles. » En 1789, le Congrès a changé le ministère des Affaires étrangères créé en 1781 en Secrétariat d’État pourvu de nouvelles attributions intérieures plus tard réparties à d’autres membres du cabinet exécutif. George Washington insiste par conséquent sur une diplomatie qui rejette les alliances permanentes et qui permet au contraire une neutralité active capable de s’adapter à toutes les circonstances internationales possibles.

Donald Trump montre sa fidélité à l’enseignement de son très lointain prédécesseur, même si les États-Unis d’Amérique sont entre-temps devenus la première puissance globale de la planète. Fondé sur le rejet de l’immigration, la condamnation des traités de libre-échange et un isolationnisme certain, le nouveau conservatisme trumpien (à distinguer du néo-conservatisme belliciste et hégémoniste du clan Bush) s’écarte résolument du conservatisme classique qui préconise la hausse constante du budget du Pentagone afin de financer toutes les interventions extérieures, la dérégulation économique intérieure qui profite aux nouvelles industries numériques et du divertissement wokiste, et la baisse massive des impôts. Seules la défense des valeurs morales traditionnelles et la lutte contre l’avortement peuvent en théorie rassembler ces deux courants antagonistes du conservatisme outre-Atlantique.

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Les propos polémiques de Donald Trump en Caroline du Sud ont le grand mérite de réveiller des gouvernements européens poussifs qui pensent écarter toute menace parce qu’ils bénéficient du « parapluie étatsunien ». Certains États ont néanmoins commencé à se réarmer. Que ce soit sous les nationaux-conservateurs du PiS ou sous le régime d’extrême centre proto-autoritaire de Donald Tusk, la Pologne poursuit sa montée en puissance et entend devenir la première force militaire de l’Union dite européenne.

La Hongrie de Viktor Orban ne cesse de réclamer depuis des années une coordination intégrée des armées du continent. À partir du second septennat de François Mitterrand, la France soutient une « défense européenne ». Avec le Brexit, elle reste la seule détentrice de l’arme atomique au sein de la pseudo-Union. Favorable à une vague « souveraineté européenne », Emmanuel Macron souhaiterait étendre le principe de la dissuasion nucléaire à l’ensemble des États membres de l’Union dite européenne qui appartiennent aussi à l’OTAN, ce qui exclurait l’Irlande, l’Autriche, Malte et Chypre. Mais la Norvège, l’Islande, l’Albanie, le Monténégro et la Macédoine du Nord recevraient-ils eux aussi cette protection ? Quant à la Turquie, elle tâcherait au plus vite d’acquérir le rang de puissance nucléaire. Par ailleurs, si se concrétise cette couverture nucléaire française en Europe, qui aurait la prérogative d’appuyer sur le bouton fatal ? Serait-ce le président de la République française qui deviendrait de facto le principal stratège de la Cité paneuropéenne ou bien un aréopage de chefs d’État et de gouvernement qui déciderait après les inévitables palabres ? Dans l’urgence du moment, même en visioconférence, on se doute bien qu’une telle réunion serait impossible à organiser.

Confier la force de dissuasion nucléaire à l’échelle européenne pose donc l’inévitable question de la souveraineté. Celle-ci ne se partage pas. Par le principe de subsidiarité, elle se décline seulement auprès d’autorités compétentes. Dans le cadre de la riposte immédiate, ce qui suppose une très grande réactivité, la caste jacassante ne peut pas décider sans omettre que la qualité intellectuelle du personnel dirigeant actuel confine à la nullité totale.

Les Européens n’en sont qu’au début d’un saut historique vers un inconnu peut-être prometteur, surtout si Donald Trump revient au pouvoir à la fin du mois de janvier 2025. N’a-t-on pas dit au début de cette chronique que « trump » voulait dire « atout » ? Sa seconde élection pourrait devenir un formidable atout pour l’émancipation militaire, bien malgré elle, d’une Europe nantie et somnolente.  

 

GF-T

 

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 105, mise en ligne le 5 mars 2024 sur Radio Méridien Zéro.

mercredi, 13 mars 2024

Ukraine et OTAN: que veut Macron?

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Ukraine et OTAN: que veut Macron?

Pierre Le Vigan

Possible envoi de troupes au sol en Ukraine. On a parlé d’un nouveau délire. D’une incohérence : des « troupes au sol » mais toujours pas de co-belligérance. D’un « en même temps » ingérable. Et si Macron devait être pris au sérieux ? Et s’il avait un projet à long terme ? Enoncé peut-être trop tôt. Comme un « ballon d’essai ». Mais un vrai projet. Pas bon pour nous. Pas bon du tout. Enquête sur ce que Macron projette.  

Troupes au sol ? Le vrai projet de Macron

La déclaration selon laquelle Macron « n’excluait pas l’envoi de troupes (françaises) au sol en Ukraine » (29 février 2024) a fait du bruit. On a parlé de coup de folie, ou au mieux de l’envie de « faire l’intéressant ». La dernière hypothèse n’est pas tout à fait fausse car Macron reste l’acteur de théâtre qu’il aurait aimé être et qu’il a été à son tout petit niveau. Reste qu’il ne parle pas comme un particulier. Il est chef d’Etat, ou du peu qu’il en reste. Avec l’inconvénient majeur d’engager le destin de notre peuple. D’où la nécessité de ne pas en rester à l’ironie, certes très roborative, d’une équipe comme celle de Mozinor dans sa talentueuse parodie « Trouposol ».

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Que veut Macron ? Tout d’abord faire oublier sa prodigieuse impopularité en politique intérieure. Sa venue au Salon de l’Agriculture a failli ressembler aux pires moments (pour lui) de la crise des Gilets jaunes. En faisant monter la dramatisation et la peur en politique étrangère, Macron fait oublier à quel point toute sa politique – et sa personne même – est l’objet de détestation dans le peuple français.

Le deuxième objectif de la déclaration de Macron doit être pris au premier degré. Il porte réellement sur la politique étrangère. Rappel du contexte. Dans le conflit Russie-Ukraine, il est désormais évident que l’Ukraine ne peut gagner. Qu’est-ce que cela veut dire ? Elle ne récupérera pas les territoires perdus, encore moins la Crimée, et si la guerre dure, elle perdra d’autres territoires (Odessa ?) – ce qu’elle aurait évité en négociant en 2022, ce que précisément les EUA l’ont dissuadé de faire, les Américains étant prêts à soutenir l’Ukraine jusqu’au dernier Ukrainien.  

Or, cet échec de l’Ukraine est avant tout un échec de l’OTAN. Cette alliance, Macron l’avait déjà déclarée « en état de mort cérébrale » (8 novembre 2019). Certains avaient cru voir un néo-gaullisme dans cette déclaration. Ce n’était pas le cas une seconde. C’était la préparation à une prise de relais. Que peut l’OTAN aujourd’hui ? Retarder, voire empêcher la paix entre la Russie et l’Ukraine. C’est ce qu’a fait l’OTAN, c’est-à-dire Washington et ses laquais, depuis 2022, et c’est le seul vrai succès qu’a remporté l’OTAN. Faire durer la guerre et isoler durablement l’Europe de la Russie, ce dont l’Europe souffre plus que la Russie. Tel était le but.

Il s’agit donc de reprendre le travail de l’OTAN mais en l’européanisant. Tel est le projet de Macron. Telle est la mission qui lui est confiée. Pourquoi ? Parce que tel est l’intérêt du Capital international. Or le Capital international est très lié aux intérêts américains. Macron est l’homme du Capital. Il est actuellement en charge de la SFIC: Section Française de l’Internationale du Capital (la maison mère de la SFIO: Section Française de l’Internationale de l’Oligarchie). Macron est donc d’abord, inévitablement, l’agent du capital américain, la fraction dominante du capital mondial, forme économique de l’Occident collectif avec ses pseudopodes tels les fondations mondialistes, l’Etat d’Israël [1] et d’autres. Parce que c’est lui, le capitalisme américain, qui domine le capitalisme mondial. Et que quand la périphérie est fichue, il faut la sacrifier et sauver le noyau.

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C’est pourquoi, après avoir détruit l’industrie française à la suite de Hollande, Macron veut détruire ce qu’il reste d’industrie en Europe, et donc l’industrie allemande. C’est en cours: le gaz américain est pour les Allemands six fois plus cher que le gaz russe. Conséquence: leur industrie n’est plus compétitive. Et donc, l’industrie allemande quitte l’Europe et s’installe aux EUA. C’est pourquoi Macron ne s’est aucunement opposé à la politique de l’UE des « sanctions » contre la Russie, qui étaient avant tout des auto-sanctions contre l’Europe.

N’imaginons pas un instant que Macron soit inintelligent. Il savait ce qu’il faisait. Sa mission ? Sauver le capitalisme. Enrayer la baisse des taux de profits. Et donc sauver d’abord le capitalisme américain. En ce sens, Macron fait le « job ». Que l’Europe soit vidée de ses dernières industries (9% du PIB en France correspond à l’industrie, il ne reste donc plus grand-chose à liquider), qu’elle soit pillée par les EUA, tel est l’intérêt du capitalisme international. Tel est donc l’objectif de Macron puisqu‘il est un de ses fondés de pouvoir et son « délégué France ». Si des miettes avaient été disponibles pour le capitalisme national français, Macron n’était pas fondamentalement contre, mais ce n’est malheureusement plus possible. « No soucy » comme on dit dans les bureaux des « managers ». On sacrifie la France. Et l’Europe.

C’est pour cela que Macron veut un néo-OTAN. Pour créer de la tension, faire taire les oppositions en politique intérieure, préparer les esprits à une éventuelle guerre, si cela devient un jour l’intérêt des Américains. Tel est le sens du propos de Macron sur l’éventualité d’envoi de troupes françaises (et européennes) au sol, mais aussi sur l’éventuelle européanisation de notre force de frappe, idée agitée depuis des années (Marc Finaud et Grégoire Mallard, « L'européanisation de la dissuasion française : une idée dangereuse vouée à l'échec », La Tribune, 18 février 2020).  

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Après avoir fait mourir les Ukrainiens pour les intérêts américains, à savoir couper les ponts entre la Russie et l’Europe, l’idée macronienne (et anticipant peut-être sur les projets trumpistes) d’un néo-OTAN européanisé serait de faire tuer les Européens pour accélérer leur propre déclin et leur servitude face à une Amérique requinquée. Rappelons que, du point de vue américain, ce qui était « épatant » dans la IIème guerre mondiale, c’est que l’Allemagne et la Russie se massacraient mutuellement.

Autre avantage, mineur, mais non négligeable, de la déclaration de Macron: créer un « patriotisme » français anti-russe et faire apparaître le RN comme pro-russe, tout ce qui n’est pas pro-guerre étant supposé pro-russe. D’où la déclaration de Gabriel Attal: « Le RN soutient davantage la Russie que l’Ukraine » (5 mars 2024). Tout parti qui ne s’aligne pas sur les positions bellicistes de Macron est dit pro-russe. Et plus que LFI, c’est le RN qui est visé, ceci en vue des élections européennes du printemps 2024, mais plus encore en vue des élections présidentielles. Car si le RN n’a cessé de se normaliser et de donner des gages aux atlantistes, au grand capital, et même à l’UE, ce n’est pas (ou pas encore) le premier choix de l’oligarchie.

Mais le débat excède très largement la petite politique. C’est l’avenir de nos peuples européens qui est en jeu. Maîtrise de l’immigration, réindustrialisation et économie auto-centrée, relance de la natalité des autochtones: ce sont là des impératifs vitaux pour les peuples d’Europe.  En 1945, Staline avait eu ce mot: « Les nazis passent, l’Allemagne demeure. » Encore avait-il fallu chasser les nazis. Dans un contexte évidemment très différent, quand les Européens se débarrasseront des divers micro-Macron  et autres agents de l’Internationale du Capital, l’Europe pourra revivre.

PLV  

Pierre Le Vigan est urbaniste et essayiste. Il est l’auteur de plus de vingt livres. Derniers en date : Le coma français (éditions Perspectives libres), Clausewitz, père de la théorie de la guerre moderne (même éditeur) ? Avez-vous compris les philosophes. Introduction à la pensée de 42 philosophes (la barque d’or), Comprendre les philosophes (Dualpha), La planète des philosophes (Dualpha).

labarquedor@gmail.com

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Note:

[1] on remarquera que cet Etat est fondé sur le même principe que les EUA: la colonisation-expropriation-expulsion-voire des mesures plus définitives, là des Indiens, ici des Palestiniens. Et on n’oubliera pas que certains Israéliens refusent de participer à cette infamie, sauvant l’honneur, et peut-être l’avenir.

samedi, 09 mars 2024

Trump, Nuland et Khrouchtcheva

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Trump, Nuland et Khrouchtcheva

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/03/06/trump-nuland-ja-hrustsova/

Le "super mardi" des primaires présidentielles américaines a révélé que le pouvoir en place est clairement déterminé à donner une seconde chance à Trump en tant que figure de proue de l'"Occident global". Il reste encore des mois de théâtre électoral, mais le résultat semble déjà assez clair, avec le déclin du soutien populaire à Biden.

Je me demande simplement pourquoi les euro-atlantistes sont si terrifiés par le retour de Trump. Pensent-ils vraiment que Trump est le signe avant-coureur d'un changement radical ? Qu'est-il advenu de l'expression trumpienne appelant à "drainer le marais" la dernière fois ?

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Trump s'est plaint à plusieurs reprises que les autres pays membres de l'OTAN ne finançaient pas suffisamment l'alliance défensive atlantique. Il ne faut pas y voir la rhétorique d'un lobbyiste américain de l'industrie de l'armement visant à inciter les pays européens membres de l'OTAN à augmenter leurs dépenses de défense. Je ne pense pas que Trump brisera l'alliance militaire, il n'en a pas l'autorité.

Les capitalistes américains laisseront Trump revenir à la Maison Blanche, parce qu'il soutiendra Israël avec encore plus d'enthousiasme que Biden. Trump a déjà dit qu'Israël devait "s'occuper de ses problèmes" à Gaza, il n'est donc pas l'homme qu'il faut pour empêcher le génocide palestinien et démanteler l'ethnocratie sioniste. Je ne serais pas surpris si cette fois Trump est prêt à la guerre contre l'Iran (et la Chine).

***

La sous-secrétaire d'État américaine aux affaires politiques, Victoria Nuland, l'une des faucons de guerre les plus virulents de la politique étrangère américaine et le principal architecte du conflit ukrainien, a annoncé sa démission.

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La démission de Mme Nuland est considérée comme un signe que la guerre par procuration menée par les États-Unis en Ukraine touche à sa fin, ou du moins que la poursuite du projet sera déléguée aux Britanniques et aux eurocrates. Mission accomplie, puisque l'Europe a été contrainte de rompre ses relations avec la Russie et d'épuiser son moteur économique avec la politique de sanctions autodestructrice de l'Allemagne.

Nuland sera remplacée, au moins temporairement, par John Bass, qui a supervisé le retrait américain d'Afghanistan. Je me demande si un avion d'évacuation américain décollera encore de Kiev, avec à son bord le gouvernement fantoche dirigé par Zelensky.

***

Même Nina L. Khrouchtcheva, professeur russo-américaine de relations internationales et critique de Poutine, estime que la rhétorique guerrière actuelle est "totalement irresponsable". Les dirigeants de l'OTAN tentent d'effrayer la population en l'avertissant que si Poutine remporte la victoire en Ukraine, il attaquera ensuite l'un des pays de l'alliance militaire.

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"Cette escalade rhétorique pourrait rendre plus probable une escalade militaire. Poutine n'a jamais manifesté le désir d'entrer en guerre avec l'OTAN. En attisant les craintes qu'il le fasse, les dirigeants de l'OTAN risquent de créer une sorte de prophétie autoréalisatrice", déclare Mme Khrouchtcheva, qui qualifie ces propos de "provocateurs et stupides".

vendredi, 08 mars 2024

L'adieu à Victoria ?

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L'adieu à Victoria ?

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/victoria-addio/

Victoria Nuland s'en va. Après 35 ans de service, sous sept présidents différents et dix secrétaires d'État - démocrates et républicains - la populaire Toria, comme on l'appelle dans les palais de Washington, a annoncé son... départ à la retraite. Son patron, le secrétaire d'État Blinken, l'a rapidement confirmé. Avec, comme à l'accoutumée, des remerciements et des éloges somptueux.

Il a accepté sa requête et a immédiatement procédé à la nomination d'un autre sous-secrétaire comme adjoint aux affaires politiques à titre intérimaire, John R. Bass. Qui, jusqu'à présent, ne s'occupait que d'environnement, d'écologie, de transition verte.

Un changement, même temporaire, qui ne peut que nous laisser perplexes. Car il est certain que ce bon Bass n'aura que très peu à dire sur la politique américaine dans le monde. Et ce, à une époque que l'on pourrait qualifier de critique. Gaza, les révolutions africaines, la mer Rouge... et, surtout, la confrontation avec Moscou en Ukraine.

Oui, l'Ukraine. Dans les événements récents, Nuland a toujours joué un rôle d'une importance fondamentale. Même s'il est apparemment relativement discret.

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C'est en effet elle qui a tissé la toile, et tenu les ficelles, du changement de régime, ou plutôt du coup d'État de la place Maïdan. Qui a violemment défenestré le président élu, Victor Yanoukovitch, soupçonné d'être trop proche de Poutine.

Ce qui, soit dit en passant, est discutable. Yanoukovitch cherchait simplement à entretenir de bonnes relations avec la Russie pour des raisons économiques. Et il a accordé des garanties à la minorité russophone - près de 40 % de la population - qui avait largement contribué à son élection.

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Dans les jours agités de la place Maïdan, Nuland était à Kiev en personne. Elle dirigeait, dit-on, les événements. Et c'est elle qui a choisi le nouveau chef de gouvernement (qui n'a été élu par personne), Arsenij Yatsenyouk, un économiste qui a poussé Kiev de plus en plus dans l'orbite occidentale pendant la transition.

Plus tard, aux Etats-Unis, Nuland a été accusée d'avoir dépensé plus de dix millions de dollars pour cette opération. Elle n'en a admis que cinq.

Mais c'est toujours elle qui a poussé Yatsenyouk à placer trois "outsiders" à des postes clés du gouvernement. Un Américain, bien que d'origine ukrainienne, un Géorgien et un Lituanien. Tous trois appréciés à Washington. Et tous les trois sélectionnés (un véritable casting) par deux sociétés privées. Appartenant à George Soros.

En revanche, Toria est une experte de la Russie. Conseillère, sur le sujet, de nombreux présidents. À l'exception, bien sûr, de Trump. Quand, pour la seule fois en près de quarante ans, elle a été écartée de Washington.

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En revanche, elle est l'épouse de Robert Kagan. Considéré comme l'un des porte-drapeaux idéologiques du nouvel "interventionnisme démocratique", visant à exporter l'idéologie américaine dans le monde entier.

D'autre part, elle est elle-même russe. Ou plutôt, fille d'un médecin juif qui a fui la Bessarabie russe pour se réfugier aux États-Unis. Et son manque de sympathie pour Moscou est bien connu. Toute son action politique, toute sa vie même, a eu pour but de faire éclater la Russie. Pour que l'Ours ne soit plus une menace pour les intérêts américains.

Américains, il faut le souligner. Et elle a toujours interprété l'OTAN comme un simple instrument de Washington.

Les Européens ? On a besoin d'eux, mais ils ne comptent pas.

C'est précisément lors d'une conversation téléphonique - filtrée - avec l'ambassadeur américain en Ukraine, lorsqu'il lui a fait part de certains doutes des alliés, en particulier des Allemands, concernant le candidat qu'elle avait choisi pour diriger le gouvernement de Kiev, qu'elle a répondu catégoriquement : "Fuck the EU" (J'emmerde l'UE) !

C'est dans cette phrase que réside toute la femme.

Aujourd'hui, elle s'en va. Volontairement ? Là encore, on peut s'interroger. L'échec retentissant de sa récente mission en Afrique française a peut-être eu une influence. Ce qui lui a valu les moqueries publiques de Maria Zakharova. Une autre femme de fer, porte-parole de Poutine.

Mais il est peut-être plus probable qu'elle soit devenue encombrante. Et embarrassante. Surtout pour les cercles de Washington, dont Blinken est proche, qui commencent à envisager la nécessité de traiter avec Poutine.

Et à cet horizon, il n'y a certainement pas de place pour Toria.

Portrait. Victoria Nuland, du mépris de l'UE à la démission

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Portrait. Victoria Nuland, du mépris de l'UE à la démission

La politique intérieure américaine impose le réalisme à l'Alliance atlantique

par Sarmaticus

Source: https://www.barbadillo.it/113278-il-ritratto-victoria-nuland-dal-disprezzo-per-lue-alle-dimissoni/

Qui est Victoria Nuland, dont la démission a été annoncée mardi dernier par le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, comme le signe d'un changement de cap avant le vote de novembre 2024 ?

Même la plupart des Américains (l'attention qu'ils portent aux médias étrangers est modeste) l'ignorent. Plus ignorant encore est le fait que le choix de Mme Nuland (descendante d'un médecin ayant immigré de Bessarabie, alors annexée à l'URSS) comme secrétaire d'État adjointe par le président Biden découle de la guerre froide, à l'origine des plans d'expansion continue de l'OTAN, de la course aux armements et d'un encerclement plus poussé de la Russie. Et presque tous les Américains ignorent que de 2003 à 2005, pendant l'occupation militaire américaine en Irak, Nuland a été conseillère en politique étrangère de Cheney, l'âme noire de l'administration Bush Jr.

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Ceux qui connaissent bien Nuland sont les Ukrainiens. Il y a dix ans, ils l'ont entendue au téléphone. Elle a alors lancé un "Fuck the EU" en guise de directive à l'ambassadeur américain à Kiev, Geoffrey Pyatt, ce qui n'est pas très élégant. Il s'agissait de remplacer le président ukrainien élu, Victor Yanukovich. En neuf lettres seulement, Mme Nuland a exprimé son dégoût pour l'UE, qui a placé à Kiev le champion de l'austérité Vitali Klitschko, et non la marionnette américaine Artseniy Yatseniuk. Première étape pour remplacer Yanukovich, pro-russe.

Mépris pour l'UE

Ce "Fuck the Eu" est devenu viral. Le département d'État, embarrassé, a accusé les Russes d'avoir intercepté l'appel, sans pour autant en nier l'authenticité. Tout comme la NSA a mis sur écoute les téléphones des alliés européens des États-Unis. Malgré l'indignation de la chancelière Angela Markel, personne n'a renvoyé Nuland. Dont la bouche nauséabonde a éclipsé le plus grave : le complot visant à renverser le gouvernement élu de l'Ukraine et la responsabilité de l'Amérique dans une guerre civile qui a fait treize mille morts avant février 2022, faisant de l'Ukraine le pays le plus pauvre d'Europe, avant même l'"opération spéciale" de la Russie.

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Les néo-conservateurs

Nuland, son mari Robert Kagan (cofondateur du "Projet pour un nouveau siècle américain") et leurs collègues néo-conservateurs ont entraîné les relations américano-russes dans une dangereuse spirale descendante. Mme Nuland a atteint cet objectif à partir d'un poste secondaire, celui de secrétaire d'État adjointe aux affaires européennes et eurasiennes. Promue au rang de numéro 3 du département d'État, on se demandait jusqu'à quel point elle allait créer des problèmes. Aujourd'hui, il semble qu'à Washington, on ait enfin tiré les bonnes conclusions.

Biden aurait dû apprendre des erreurs d'Obama que de telles nominations comptent. Au cours de son premier mandat, M. Obama avait permis à l'agressive secrétaire d'État, Hillary Clinton, au secrétaire à la défense, Robert Gates, ainsi qu'aux chefs de l'armée et de la CIA d'opposer une guerre orwellienne sans fin à son message d'espoir et de changement. Prix Nobel de la paix, Obama avait fini par être le président des enlèvements (dont un, devenu tristement célèbre, même à Milan) ; des emprisonnements sans fin et sans habeas corpus à Guantanamo ; d'une succession d'attaques de drones meurtrières même sur des civils innocents ; de la poursuite de l'occupation américaine de l'Afghanistan, puis de sa fin sans honneur en 2021 ; d'une spirale terrorisme/antiterrorisme ; des guerres en Libye et en Syrie.

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Obama après Clinton

Après Clinton, avec le nouveau top staff de son second mandat, Obama a eu sa propre politique étrangère, travaillant directement avec le président russe Poutine pour résoudre les crises en Syrie et ailleurs. Poutine avait en effet évité l'escalade en Syrie en septembre 2013, en négociant le retrait et la destruction des armes chimiques et en aidant Obama à négocier l'accord intérimaire avec l'Iran.

Craignant de perdre leur contrôle sur la politique étrangère américaine, les néo-conservateurs ont lancé une campagne visant à qualifier Obama de "faible" en matière de politique étrangère et à lui rappeler leur pouvoir.  Avec l'aide de Nuland, Kagan a écrit l'article "Superpowers don't retire" (Les superpuissances ne prennent pas leur retraite) dans le New Republic en 2014. Kagan a appelé à une politique étrangère encore plus agressive, pour exorciser les craintes d'un monde multipolaire que les États-Unis ne domineraient plus. Moralité : Obama a invité Kagan à déjeuner à la Maison Blanche, réduisant la diplomatie avec la Russie (mais poursuivant discrètement la diplomatie avec l'Iran).

En 2014, les néoconservateurs, contre Obama, ont agi pour le coup d'État en Ukraine endettée, pour soutenir un candidat pro-OTAN, contre le Premier ministre Viktor Yanukovich, qui a rejeté l'accord commercial soutenu par les États-Unis avec l'UE, préférant le plan de sauvetage de 15 milliards de dollars de la Russie.

Pacte léonin

L'accord commercial avec l'UE était censé ouvrir l'Ukraine aux importations en provenance de l'UE, mais sans aucune réciprocité : un pacte léonin que Yanukovich n'a pas accepté. Au lieu de cela, cet accord a été approuvé par le gouvernement post-coup d'État de 2014, ce qui a aggravé les problèmes économiques de l'Ukraine.

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La force motrice derrière le coup de 5 milliards de dollars de Nuland était le parti Svoboda d'Oleh Tyahnybok (photo) et la milice "Secteur droit". Lors de l'appel téléphonique susmentionné avec l'ambassadeur américain, Nuland a parlé de Tyahnybok comme de l'un des "trois grands" leaders de l'opposition qui pourraient aider le Premier ministre Yatsenyuk, soutenu par les États-Unis.

Lorsque les manifestations de rue à Kiev se sont transformées en affrontements en février 2014, Yanukovich et l'opposition soutenue par l'Occident ont signé un accord - négocié par la France, l'Allemagne et la Pologne - pour un gouvernement d'unité nationale et pour organiser de nouvelles élections dans l'année. Mais cela n'a pas suffi aux États-Unis.

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D'autre part, après avoir perdu la base navale de Sébastopol, la Russie a accueilli favorablement (83 % de participation, 97 % de majorité) le résultat du référendum sur la réunification de la Crimée, russe de 1783 à 1954. Avec une majorité russophone, les provinces de Donetsk et de Louhansk ont à leur tour fait sécession de l'Ukraine, déclenchant la guerre qui fait toujours rage.

Pire que l'URSS ?

Nuland et les néo-conservateurs ont cependant multiplié les frictions avec la Russie et la Chine pour justifier une politique étrangère militariste et gonfler les budgets du Pentagone. Dans Foreign Affairs (juillet 2020), dans l'article "Pinning Down Putin", Nuland a soutenu que la Russie, plus que l'URSS, constituait une menace. Elle souhaite donc une OTAN plus agressive.

Depuis qu'elle a été ambassadrice auprès de l'OTAN pendant le second mandat de Bush Jr, Nuland souhaite une OTAN frontalière avec la Russie. Elle incarnait la volonté la plus dangereuse, la volonté de surenchère des Etats-Unis, poursuivie depuis les années 1990. Sa démission signifie-t-elle que Washington prend acte de l'issue du champ de bataille en Ukraine ? Peut-être, et ce ne serait pas la première fois : il l'a fait en Corée, en Indochine, en Irak, en Somalie, en Afghanistan....

Sarmaticus

jeudi, 07 mars 2024

Economies de guerre

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Economies de guerre

Andrea Marcigliano

Source : https://electomagazine.it/economie-di-guerra/

En Europe, ou plutôt en Europe occidentale, ce que nous appelons l'Union et qui est en fait l'OTAN - les malins l'appellent le Natostan - les décisions économiques des différents pays sont fortement conditionnées par la guerre.

Des économies de guerre - normales, pourrait-on dire. Les exigences de la guerre conditionnent, et lourdement, les choix économiques. Les gouvernements belligérants doivent investir dans l'armement. Et, logiquement, trouver l'argent pour le faire. Donc, faire des coupes dans d'autres secteurs. Inévitablement au détriment des citoyens. Coupes dans l'État-providence, surtout. Ou ce qu'il en reste (et il en reste de moins en moins) après l'avènement de l'euro. Et les impositions de Bruxelles.

Coupes dans la santé, dans l'éducation, dans les services. Sur l'aide aux plus faibles. Qui, comme cela a toujours été le cas, sont ceux qui paient le plus lourd tribut à l'état de guerre.

Mais un problème se pose. Nous, les Européens, ne sommes pas en guerre. C'est du moins ce que nous disent nos gouvernements. Qui estiment que fournir des armes, de l'entraînement militaire, des services de renseignement à l'un des deux belligérants, c'est ne pas être directement impliqué dans le conflit. Une position très étrange et discutable. Mais c'est ainsi. Même si certains "leaders" européens, de Macron à Meloni, s'engouffrent dans des agendas belliqueux et bellicistes, envisageant d'envoyer des troupes de l'OTAN pour soutenir Kiev. Mais cela, précisent-ils, ce n'est pas faire la guerre à la Russie. Ah bon...

Prenons toutefois ces déclarations au pied de la lettre. Alors, expliquez-moi pourquoi nous devons accepter des coupes dans notre vie quotidienne, des sacrifices, des réductions de services... pourquoi et pour qui ?

Et surtout, expliquez-moi pourquoi nous devons supporter tout cela alors que d'autres, et précisément les pays belligérants, semblent ne pas être affectés.

Laissons l'Ukraine tranquille. Elle est un pays, certes, en catastrophe économique. Mais qui était déjà dans cet état avant le conflit avec Moscou. Une économie en plein effondrement. Un pays qui reposait sur des trafics plus ou moins criminels. Avec des élites dites prédatrices et autoréférentielles.

Restons-en là et concentrons-nous sur la Russie.

La Russie qui, selon nos politiciens (et leurs mouches du coche intellectuelles) allait s'effondrer économiquement et socialement sous le poids des sanctions. En quelques mois seulement. Et au lieu de cela.

Et au lieu de cela, Vladimir Poutine annonce, ces jours-ci, un plan d'investissement social surprenant. Un rêve même pour les pays européens les plus prospères. A fortiori pour l'Italie...

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Voyons voir...

Un plan pour les six prochaines années. Officiellement annoncé devant la Douma en séance plénière.

11 milliards d'euros pour les infrastructures de santé.

7 milliards pour l'"économie des données". La mise en place de plateformes numériques dans les principaux secteurs économiques et sociaux. Prévu d'ici 2030.

4 milliards d'euros pour la construction de 40 campus d'enseignement supérieur (au moins).

1 milliard d'euros pour de nouvelles résidences universitaires.

3 milliards pour le fonds de développement industriel.

1 milliard pour un système satellitaire facilitant l'accès à l'internet.

1 milliard pour des projets éducatifs et historiques. A travers les médias, le cinéma, les réseaux sociaux.

822 millions d'euros pour augmenter le taux de natalité dans les régions à faible taux de natalité. Soutien aux familles.

98 millions d'euros pour les universités pédagogiques. Formation des enseignants.

Et enfin, création d'un fonds spécial pour soutenir les prêts hypothécaires aux familles nombreuses.

Bien sûr, certains diront que Poutine se dirige vers les élections. Et que tout cela sert à apporter de l'eau à son moulin électoral.

C'est sans doute vrai... mais cela amène néanmoins deux réflexions.

Si Poutine, en tant que tyran tel qu'il est dépeint par les médias occidentaux, doit promettre et faire tout cela pour être sûr d'être réélu... eh bien, il me semble qu'il s'agit d'une autocratie dure comme l'acier. Une autocratie, curieusement, "démocratique" dans ses us et coutumes. Non ?

Et puis, la Russie n'était-elle pas censée être à genoux ? Et, au lieu de cela, elle se permet des investissements pharaoniques dans les dépenses sociales...

Alors que nous, sans être en guerre, nous devons nous serrer la ceinture.

Décidément, ça ne colle pas.

mercredi, 06 mars 2024

Les avertissements des ex-généraux allemands se perdent dans les clameurs de guerre

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Les avertissements des ex-généraux allemands se perdent dans les clameurs de guerre

par Jochen Sommer

Source : https://ansage.org/die-warnungen-deutscher-ex-generaele-gehen-im-kriegsgeschrei-unter/

Tandis que des politiciens en rien spécialisés, souvent sans formation aucune ni expérience professionnelle, et encore moins de la guerre, déblatèrent en toute insouciance sur les nouvelles livraisons d'armes allemandes à l'Ukraine, il existe encore de véritables experts qui osent prôner la modération et la prudence et s'opposer à la rhétorique générale de l'escalade - avec l'effet suivant, qu'ils sont plutôt rarement invités dans les talk-shows allemands, où des profanes complètement déconnectés, comme l'agitateur de "Correctiv" et acteur journalistique Marcus Bensmann ou la Verte Marina Weisband, répandent leurs fantasmes de paix victorieuse après la défaite de la Russie dans une mégalomanie moralisatrice. L'un de ces esprits rationnels de plus en plus oubliés dans le désert de la folie est l'ancien conseiller de Merkel et général de brigade Erich Vad.

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Vad a tout récemment félicité le chancelier allemand Olaf Scholz pour sa décision de ne pas envoyer de missiles de croisière Taurus à l'Ukraine. "Du point de vue allemand, une livraison de Taurus à court terme et la mise à disposition de soldats capables de manœuvrer le système d'armes qui en résulterait constitueraient une participation claire à la guerre", a déclaré Vad.

Le missile Taurus permettrait de détruire le Kremlin et donc le siège du gouvernement russe. En revanche, les systèmes britanniques et français livrés à l'Ukraine ne disposeraient pas d'une telle portée et d'une telle puissance de destruction. Il a demandé à Scholz de communiquer plus clairement sa décision à la population - ce qui serait d'autant plus nécessaire pour envoyer un signal à la Russie que les plans de guerre exprimés par les officiers de l'armée de l'air dans la conversation divulguée urbi et orbi ne bénéficient en aucun cas de l'appui du gouvernement. Malheureusement, cette fois encore, il ne faut pas s'attendre à ce que le chancelier prenne des mesures décisives et clarifie sa position - si c'est bien la sienne et s'il se souvient encore de ce qu'il défend. Au contraire, presque chaque fois que Scholz a promis quelque chose jusqu'à présent, il a fait exactement le contraire par la suite.

Une coalition de bellicistes

Les figures habituelles parmi les bellicistes de sa propre coalition le poussent à agir de la sorte avec leur véhémence et leur irresponsabilité bien connues, en particulier l'inévitable belliciste du FDP Marie-Agnes Strack-Zimmermann. La seule conséquence qui lui vient à l'esprit concernant le scandale des écoutes téléphoniques de la semaine dernière, où les officiers se sont notamment exprimés de manière totalement ouverte sur la destruction du pont de Kertch en Crimée par des missiles Taurus, est que les missiles de croisière devraient "naturellement" être livrés à l'Ukraine. Elle espère sincèrement que le chancelier et ses conseillers s'en sont rendu compte "et qu'ils ont enfin mis de côté leur naïveté". Après que Scholz a une nouvelle fois exclu la livraison, mais que les raisons de son refus ont été soi-disant réfutées par des experts dans les 24 heures, on veut manifestement le dissuader de "donner quand même le feu vert, car la Russie craint le Taurus, précisément parce qu'il est si efficace". L'Allemagne est de toute façon considérée depuis longtemps comme un ennemi par la Russie, a-t-elle poursuivi. Pour une fois, elle a raison de dire cela, mais ce n'est pas une raison pour pousser l'escalade encore plus loin et mettre l'Ukraine en possession d'armes qui lui permettraient d'attaquer directement le territoire russe.

L'insouciance avec laquelle des personnages aussi calamiteux que Strack-Zimmermann, le politicien vert Anton Hofreiter ou l'expert en "défense" de la CDU Roderich Kiesewetter parlent de l'extension continue d'une guerre perdue depuis longtemps - qui ne peut être terminée qu'à la table des négociations - à la troisième guerre mondiale laisse pantois. La constatation que l'ancien inspecteur général de l'armée allemande et ex-président du comité militaire de l'OTAN, le général de l'armée de l'air Harald Kujat, a récemment faite à Weltwoche s'applique à eux: à savoir qu'en Allemagne sont parfois à l'œuvre des personnes "qui ne savent pas distinguer un fusil d'un concombre". Il est frappant de constater que ce sont des ex-généraux expérimentés comme Vad et Kujat qui, dès le début, ont mis en garde contre l'allégeance aveugle de type Nibelungen à l'Ukraine et ont vu venir sa défaite - tandis que des acteurs politiques, pour la plupart sans service et étrangers au sujet, se lancent dans une rhétorique guerrière aussi stupide que dangereuse. Cela aura des conséquences apocalyptiques si les voix de la raison ne s'imposent pas enfin et si l'Allemagne ne se tient pas enfin à l'écart d'une guerre qui, contrairement à ce que la propagande perpétue, n'a jamais été la nôtre.