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samedi, 10 avril 2021

Dojo. Arc, lance et bâton: à la découverte du Kyudo, du Jodo et du Naginata

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Dojo. Arc, lance et bâton: à la découverte du Kyudo, du Jodo et du Naginata

La formation des guerriers (et des individus) par l'utilisation des armes dans l'histoire (synthétique) de trois disciplines des anciens samouraïs

par Cristina Di Giorgi

Ex : https://www.barbadillo.it/

jpg.jpgAu Japon, les arts martiaux ont des origines très anciennes et sont profondément ancrés dans la culture traditionnelle du pays. Parmi les disciplines qui, de ce point de vue, sont les plus éloignées dans le temps, il y a certainement le tir à l'arc, qui se pratiquait à pied ou à cheval. Dans ce dernier cas, on parle de yabusame alors que dans le premier cas, on parle de kyujutsu. C’est donc l'ancêtre du Kyudo, discipline plus moderne.

Le yabusame (diffusé principalement dans les classes aristocratiques) est né durant la période Kamakura (1185-1333) et il existe encore quelques endroits où il est pratiqué aujourd'hui (dont le sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu de Kamakura, à une heure de train de Tokyo). Quant au tir à l'arc à pied, il s'est développé pendant la période féodale comme un art de combat. L'une des premières écoles formelles de kyujutsu, qui a introduit une approche scientifique du tir à l'arc, est l'Ogasawara-Ryu, fondée au 14ème siècle et spécialisée dans le cérémonial accompagnant la pratique. L'école coexistante Heki, qui privilégie les techniques de tir, a également été suivie.

On peut lire à ce sujet ce qui suit sur le site de l'Association italienne de Kyudo, qui regroupe les pratiquants italiens de la discipline:

"Bien que coexistantes, les deux écoles sont restées bien distinctes, chacune dans sa propre sphère. Plus tard, cependant, au fil du temps et en fonction de l'évolution des conditions sociales, toutes deux ont cherché le moyen de concilier certaines de leurs différences respectives" et "elles ont rapidement acquis la conviction que le cérémonial séparé de la technique et de l'habileté ne pouvait pas vraiment être appelé tir à l'arc", car représentant avec les deux éléments, ensemble, l'essence unique d'une discipline qui est ensuite progressivement devenue aussi spirituelle.

Quoi qu'il en soit, depuis 1543, date à laquelle le Soleil Levant a commencé à utiliser le fusil à mèche, l'utilisation de l'arc a commencé à décliner et l'art connexe (kyujutsu), sans rapport avec la guerre, est devenu une discipline martiale (kyudo) qui, tout en maintenant la tradition, vise toujours à l'amélioration individuelle de ceux qui le pratiquent.

En outre, après la Seconde Guerre mondiale, avec la fondation de la All Nippon Kyudo Federation (1949) d'abord, puis de la Fédération internationale de Kyudo (2006), l'art du tir à l'arc a été codifié dans des normes de pratique uniformes, élaborées par des maîtres appartenant à différentes écoles et styles anciens, car elles étaient liées à l'origine régionale, en rapport avec une orientation philosophico-religieuse spécifique et à l'accent mis sur certains aspects du tir.

imageskyudo.jpgDeux mots sur les instruments et la pratique du Kyudo: tout d'abord l'arc (yumi). Il est grand (environ 2 mètres) et il est fait d'éléments en bois et en bambou, ce qui le rend élastique et résistant à la fois. Les flèches étaient et sont de formes et de matériaux différents selon leur utilisation et leur lieu de fabrication. Quant aux compétitions, on lance généralement une cible à 28 ou 60 mètres et le vainqueur est décrété non seulement en fonction du nombre de flèches qui ont atteint la cible (efficacité du tir) mais aussi en fonction de l'exécution correcte des mouvements et des positions de base. En effet, le but du Kyudo n'est pas seulement de participer à des compétitions, mais de cultiver l'esprit et le corps comme une méthode d'amélioration de soi par la recherche de la perfection du tir combinée à la pureté de l'esprit et à l'harmonie intérieure et extérieure.

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Nous avons vu qu'au centre de la pratique du Kyudo se trouve l'arc japonais. En ce qui concerne le Jojutsu, le même ancien art martial japonais, l'arme utilisée est le Jo, c'est-à-dire un bâton court (le Bo, au contraire, est le bâton long) avec lequel on frappe l'adversaire en utilisant les deux extrémités et en l'utilisant aussi bien comme une épée que comme une lance. On croit généralement que le Jo-jutsu a été fondé en 1600 par Muso Gonnosuke, qui, selon la légende, est le seul guerrier à avoir battu en duel, à l'aide d'un bâton court, le célèbre samouraï Miyamoto Musashi.

En 1940, le Jojutsu est devenu le Jodo moderne. Cette évolution s'est faite par la codification, par les grandes écoles de l'époque, d'un programme officiel de douze formes fondamentales de base (kata), qui a permis, entre autres, de standardiser la méthode de transmission.

Une fois ceux-ci appris, on procède à d'autres séries de kata anciens et à l'approfondissement des différents aspects de la discipline, en donnant de plus en plus d'importance non seulement à la précision du geste, mais aussi à la qualité et à la quantité d'énergie employée dans l'exécution, qui influent sur l'efficacité de la technique utilisée.

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Les katas du jodo, divisés en séquences de mouvements de base (kihon), sont exécutés en tenant compte de la distance, du rythme, de la vitesse et de la force, qui varient selon l'expérience du pratiquant. Ils sont toujours exécutés par deux: l'un des pratiquants -comme il est expliqué sur la page de la discipline sur le site de la Confédération italienne de kendo, qui regroupe également les pratiquants de iaido, naginata et jodo- tient un bâton (Jo), l'autre un sabre (bokken ou bokuto). L'épéiste (généralement le professeur ou un élève expert) attaque et le Jodoka se défend, en appliquant différentes techniques en fonction du type d'attaque. Ces techniques comprennent des coups de sabre, des mouvements de pointe de lance droite (yari) et des mouvements circulaires de la lance incurvée (naginata).

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Parlons de la lance. Dans les temps anciens, il existait au Japon de nombreuses écoles qui étudiaient les différentes façons d'utiliser cette arme et les techniques de combat associées. Tout d'abord, il convient d'apporter une petite précision concernant le terme "lance": la véritable lance était appelée yari, tandis que la naginata (littéralement "longue épée") avait à son sommet la lame d'une véritable épée.

"Cette arme - lit-on sur le site de Kendo Roma, l'un des dojos de la capitale italienne où l'on pratique également le Naginata-do - est devenue célèbre pour son énorme polyvalence et pour le grand nombre d'écoles qui se sont consacrées à l'étude et à l'application de cette arme dans le combat et la guerre".

Apparu sur les champs de bataille de la période Kamakura (1185-1333), pendant l'ère Tokugawa, le naginata a ensuite été de moins en moins utilisé dans les guerres et de plus en plus dans les combats individuels pour défendre les bâtiments et les maisons privées. Sous ce dernier aspect, il convient de rappeler que lorsque les pères, maris et/ou fils étaient absents (et cela arrivait souvent, surtout à l'époque féodale), c'était aux femmes d'administrer et d'assurer la sécurité de leur foyer. C'est également pour cette raison que les Japonaises ont appris très tôt à utiliser le naginata, qui, entre autres choses, étant une arme à emboîtement qui permet de maintenir l'adversaire à une certaine distance, compense au moins partiellement les déséquilibres liés au poids, à la taille et à la force des combattants.

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Quant à la diffusion de l'art martial relatif (d'abord appelé naginata-jutsu et ensuite naginata-do, lorsque l'aspect guerrier y a été joint, comme dans beaucoup d'arts martiaux, également l'aspect spirituel et mental), nous devons nous rappeler qu'à l'époque moderne (en 1955 pour être précis) le naginata a été codifié par le Zen Nihon Naginata Renmei, qui a fixé les bases (kihon), les kata et les règles. Dans notre pays, les pratiquants de Naginata-do sont membres de la Confédération italienne de kendo, qui soutient et promeut également cette discipline martiale.

Cristina Di Giorgi

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lundi, 03 juin 2019

Zen & Martial Arts

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Zen & Martial Arts

Translated by Guillaume Durocher

Ex: http://www.counter-currents.com

Translator’s Note: The following extracts are drawn from Taisen Deshimaru, Zen et Arts martiaux (Paris: Albin Michel, 1983 [1977]). The style reflects the rambling, spontaneous speaking of many Zen masters, whose “writings” are often not of their own initiative, but rather sayings recorded by their pious (often Western) followers. Another example of this would be Shunryū Suzuki, who was popular in California. This does raise the question of how “Taisen Deshimaru” authored the books ascribed to him. Deshimaru’s French was poor and his English a tolerable “Zenglish.” The particular French language used then must be the product of his followers. Still, as with all foundational spiritual texts, whatever the relationship with the founder himself, the words are a genuine reflection of his school or movement, and, in this case, of an authentically Francophone and European Zen.

Is there not a Way which would allow man to surpass the limits of his humanity? To go beyond?

It was to answer this fundamental hope that Budo[1] [2] produced the principle of wasa. One can define a wasa as an art, as a kind of super-technique passed on from master to student, enabling one to impose oneself on other man and to elevate oneself above them. The wasa of Japanese Budo goes back to the historical age of the samurai. It is a power, beyond the individual’s own strength.

Zen, for its part, has created another super-technique, which not only grants physical and mental strength, but even opens the path to Wisdom, the path of a wisdom comparable to that of God or Buddha. This is zazen:[2] [3] a training in sitting down in a traditional posture, a training in walking, in feeling oneself standing up, in breathing correctly; a mental attitude, the hishiryo[3] [4] state of consciousness, a profound and unique education. (16)

* * *

deshimarubook2.jpgThe Seven Principles

The fusion of Buddhism and Shintoism enabled the creation of Bushido, the Way of the samurai. One can sum up this Way in seven fundamental points:

  1. Gi: right decision in equanimity, the right attitude, truth. When we must die, we must die.
  2. Yu: bravery with shades of heroism.
  3. Jin: universal love, benevolence towards humanity.
  4. Rei: right behavior, which is a fundamental point.
  5. Makoto: total sincerity.
  6. Melyo: honor and glory.
  7. Chugi: devotion, loyalty.

These are the seven principles of the spirit of Bushido. Bu: martial arts. Shi: the warrior. Do: the Way.

The way of the samurai is imperative and absolute. The practice coming from the body via the unconscious is fundamental. Hence the very great importance assigned to education in right behavior.

The influences between Bushido and Buddhism have been reciprocal. But Buddhism was influenced by Bushido in five respects:

  1. The calming of sentiments.
  2. Tranquil obedience in the face of the inevitable.
  3. Self-mastery in the presence of any event.
  4. Greater intimacy with the idea of death than with that of life.
  5. Pure poverty.

Before the Second World War, Zen Master Kodo Sawaki gave lectures to the greatest martial arts masters, to the highest authorities of Budo. In French, we confuse martial arts and the arts of wars; but in Japanese the former is the Way. In the West, these martial arts, which are now fashionable, have become a sport, a technique, without the spirit of the Way.

In his lectures, Kodo Sawaki said that Zen and the martial arts have the same taste and are united. In Zen as in the martial arts, training counts for a lot. How long must one train? Many people have asked me: “How many years must I do zazen?” And I answer: “Until your death.” Then my conversation partners are not very happy. Europeans want to learn quickly, some even in a single day. “I’ve been once and I’ve understand,” so they say! But the dojo is different from University.

And Budo, too, one must continue up to one’s death. (20-21)

* * *

In the martial arts, one must penetrate the elements, the phenomena, and not miss the mark. The martial arts are then essentially virile, because man penetrates woman. But nowadays, everyone saves their energy and only half-lives. We are always incomplete. People half-live, tepid like bathwater. (31)

* * *

We must create our life, make ourselves free, detached, attentive only to the here and now: everything is there. (32)

* * *

To concentrate means the complete expulsion, the total discharge of energy. This must be found in all the acts of our life. In the modern world, we see just the opposite: the young half-live and are half-dead. And during their work or during zazen, they think of sex, and vice versa: it is like this in all the acts of life. (33)

* * *

One must channel the body’s tension and the technique’s skill into the mind’s mindfulness-intuition. The mind is then empty, ku,[4] [5] flawless. This is Zen. This is also the true way of Budo. In the face of death, as with life, the consciousness must be calm. And one must decide, all the while accepting, one’s life as much as one’s death. To not passively endure.[5] [6] Even if my body dies, my mind must remain upright: this is the training of Zen and Budo. (48)

* * *

In the spirit of Zen and Budo, daily life becomes a battlefield. Every moment one must be conscious, getting up, working, eating, going to sleep. Self-mastery is found here. (49)

* * *

You can use [controlled breathing] in your daily life. In a discussion, when you are getting emotion, practice it, and you will calm yourself. You keep your control. (53)

* * *

One must not bow any old which way: in the West, one vaguely joins the hands together and one bends the head down a bit; one has not understood anything about the gesture’s beauty! One must bow completely: join one’s hands together slowly, arms straight, parallel to the ground, the ends of the fingers coming to the nose’s height, then curving thus one’s back towards the ground, powerfully, to get back up with one’s hands still joined and putting the arms naturally along the body. Body upright, neck upright, feet on the ground, the mind calm. (In a majestic gesture, Taisen Deshimaru got up and bowed to us.) Thus you show the respect you have for your opponents, for your master, for the dojo, and for life! I am sometimes asked why I bow before the statue of the Buddha, in the dojo: I am not bowing to a wooden statue, but to all those who are here with me, in the dojo, and also to the entire cosmos. (55)

* * *

deshib3.jpgNo one is normal today. Everyone is a bit mad, with their mind working all the time: they see the world in a narrow, impoverished way. They are consumed by their ego. They think they see, but they are wrong: they are projecting their madness, their world, onto the world. No lucidity, no wisdom in that! That is why Socrates, like Buddha, like all sages, first says, “Know yourself and you will know the universe.” That is the spirit of traditional Zen and Bushido! For this, the observation of one’s behavior is very important. Behavior influences consciousness. With the right behavior, there is the right consciousness. Our attitude here, now, influences the entire environment: our words, our gestures, our bearings, all this influences what happens around us and within us. The actions of every moment, of every day, must be right. The behavior in the dojo will spill over in your daily life. Every gesture is important! How to eat, how to get dressed, how to wash, to go to the toilet, how to put things away, how to behave with others, with one’s family, one’s wife, how to work, how to be completely in each gesture. One must not dream one’s life! But one must be completely in everything we do. This is training in the kata.[6] [7] The spirit of Zen and Buddha tends to this: they are true sciences of behavior. This has nothing to do with the imagination that transforms the world, as in many religions. One must live the world with one’s body, here and now. And completely concentrate on each gesture. . . . Modern civilization understands nothing of all this, from school onward we are cut off from life in order to do theory. (55-56)

* * *

“What is the Buddha way?” It is to study the ego. “What is studying the ego?” To forget oneself. . . . “Do not think. Do not search. Do not desire. Do not hold yourself back. Do not obtain. Do not give up.” (66)

* * *

You must kill yourself, kill your own spirit. (69)

* * *

“The moon’s reflection in the river water does not move, does not flow. It’s only the water which is passing.” . . . If one wants to explain the relationships between spirit, consciousness, and the true self, it is exactly like the relationships between the Moon, its reflection, and the river water. (69-70)

* * *

In Budo, consciousness and action must always be a unity. At first, in aikido, kendo, etc., one repeats the wasa, the techniques, and the kata, the forms. One repeats them constantly for two or three years. The kata and wasa, the forms and techniques, also become a habit. At first to practice them, one must use one’s personal consciousness. It is the same in playing the piano, the drum, or the guitar, for example. At the end, it is possible to play unconsciously, without attachment anymore, without using the principles anymore. One can play naturally, automatically. It is possible to create something fresh by this wisdom. And it is the same in our daily life. This is Zen, the spirit of the Way.

The great works of art are created beyond technique. In the field of technology and science, the great discoveries go beyond principles and techniques. To be attached to only one idea, one category, one system of values, is a false conception, contrary to the laws of life and of the Way. (81)

* * *

If we only think about the result, the fruits [of our actions] with our personal consciousness, then we cannot concentrate nor evacuate our full energy. If we only make the make, the greatest fruits will then appear, unconsciously, naturally. Practice without consciousness is better than conscious practice. (83)

* * *

There need only be neither love nor hatred
For understanding to appear
Spontaneously clear
Like the light of day in a cave.

— From the Shin Jin Mei (Poem on Faith and Mind, 89)[7] [8]

* * *

[How can one exercise one’s ki?[8] [9]] By practicing zazen! (People laugh.) But also by training oneself in combat, in action. Today, children are too weak: modern education makes them weak, soft, ki-less. Master Obaku always educated with his kyosaku (staff) by striking great blows upon this follower who was too intelligent, asked too many questions, and always analyzed each situation with his conscious mind. (102-3)

* * *

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There is no reason to be afraid of anything. Those who are afraid are too selfish, think only of themselves. One must abandon one’s ego, then fear vanishes. When you always go against, fear arises. Even in a fight, one must have the same consciousness as one’s opponent and not go against, but with. This is a great koan.[9] [10]

One must become the situation and not differentiate oneself from it. A selfish being can never be brave, never. The true traditional education of the martial arts strengthens ki, destroys egoism and fear, makes one abandon the dualistic spirit, and develop mushin consciousness,[10] [11] which forgets the self.

No need to want to win; only then can one win.

To abandon the ego . . . That is the secret to the right life. The strengthening of the will, strength, and skill are necessary in life as in the practice of the martial arts. But to strengthen the spirit and find one’s freedom remain essential!

Mushin . . . nothingness. (103)

* * *

[Does the spirit remain?] Perhaps. I don’t agree with the Western theories which separate body and spirit. The spirit needs a form to realize itself, therefore a body. Also, if a body is dead, what we know under the name of spirit also dies, returns to the cosmic energy. Our ki, upon death, returns to the cosmos.

The real problem remains: where does all this come from? (105)

* * *

Another factor in the loss of ki, especially in modern civilization, is dispersion, mental agitation, anxiety, disordered thoughts: today, we use the frontal lobes too much, whereas one should develop the unconscious activity of the hypothalamus to strengthen the deep brain, intuition, instinct. And the lack of vital energy is making everyone sick: everyone is more or less sick today. (106)

* * *

To know how to concentrate is to put one’s ki, one’s vital energy, in one single action at a time.

Training in concentration means that, little by little, one knows how to concentrate on one thing at a time, but also to be conscious of everything which is happening around us. . . . In general, we need to fully concentrate in each situation. Here, now, I drink water; to only do this, to drink water. To concentrate on the water I drink. And so forth. No need to think too much! . . .

Concentration is acquired through training: to be concentrated on each gesture. To return to the normal state of the body and the mind. In the end, will plays no more role, it is done automatically, naturally, unconsciously. Without fatigue. Whereas with the will, the frontal lobes become tired, and with them, the entire being. During fights, the lower dan[11] [12] tire quickly because they are tense, always ask themselves what they should do, when to act, and so on. It’s the same thing for an actor who thinks about his role while acting, he is bad: he must live his role, that’s all, commit himself completely. . . . (107-8)

* * *

[What is the Way?] To look at one’s consciousness, here and now . . . and the Zen koan says: the Way is under your feet. (108)

* * *

[T]he martial arts ultimately aim to keep oneself alive in the face of contrary forces, whereas zazen resolves the question of death. I often say: practicing zazen is likely entering your coffin because, in the end, you abandon everything. . . . It follows that in being alive, we need to concentrate on life and the approach of death, we need to abandon life and know how to die. That is wisdom. But what is life, what is death?

Then, if we want to really live, we need to know death within oneself. Life is a succession of here-and-nows: one needs to constantly concentrate, in the here and now. People, who are worried by the future or the past, do not realize the illusion in which they live. One must resolve the contradiction in oneself, the contradiction carried by the brain itself. (108-9)

* * *

[What should I do when I am attacked? One cannot think of all these things at once.] Don’t think, of course! But react with wisdom. One must always be wise. If you are attacked by someone stronger than you and you really don’t feel you are up to size, it is better to flee! No need to get whooped! (People laugh.) Otherwise, one needs to fight. Without passion, with instinct, strength, and wisdom. (109)

* * *

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By reflecting on oneself, one can then see the imperfections of one’s karma and control the bonno,[12] [13] desires, and passions. And in this zazen is the great mirror to ourselves which allows us to improve ourselves. If in life there is no such practice which rebalances tendencies, we develop only a part of ourselves. One becomes, one way or another, too spiritualist or too materialist. That is the mistake of all of modern civilization and the cause of the current crisis. (110)

* * *

. . . understand that your life is nothing but a dream, a bubble, a shadow . . . Your death will come soon: never forget this from one moment of consciousness to another, from each breath in to each breath out. (118)

* * *

With a long experience, and thanks to the infinite merits of zazen, you will understand all this unconsciously . . . Nor is it from one day to the next that we will become sensitive to the goodness of the people with whom we live. On the Buddha-Way, you must always keep hope without ever tiring, whether this be in happiness or misfortune. . . .

It is within us that is found the root, the origin of life and death. (121)

* * *

If the mind is calm, the body can act spontaneously; action then becomes free and easy. If one always uses one’s conscious mind, the body is constrained in its action. (131)

* * *

Nowadays people are too chatty. When they talk, they only speak according to the result of the words, at a superficial level, to be polite, out of interest or competition. Human interrelations become complexity, worry, and pride. By the practice of zazen, we learn to have direct, natural ties, not influenced by our ego, and we also learn the merits of silence. (134)

* * *

“To study the Buddha-Way is to study oneself; to study oneself is to abandon the ego; to abandon to ego is to melt into the whole cosmos.” (136)

* * *

Cosmic energy is concentrated in the lower belly, and in particular in the genitals. Sexual energy, indeed, is the primary manifestation of this universal life in us, and enables the relationship between the life of the universe and individual life, between the world of phenomena and the invisible world of ku. . . .

Sexual energy during procreation enables the manifestation of the force (ki) of universal life in the phenomenal world. (137)

* * *

In Europe, the philosophers have tried to realize this fusion between mind and matter, but only at a superficial, purely intellectual level. (138)

Notes

[1] [14] The martial arts. The Way of the samurai, to be precise: bushido. Budo is the way of combat. But the kanji bu really means: to stop the sword, to stop using the sword, to cease fighting. [Unless otherwise indicated, footnotes are taken from Zen et arts martiaux’s Glossary. – GD]

[2] [15] Seated meditation. – GD

[3] [16] Thinking without thinking. Beyond thought.

[4] [17] Vacuity. Existence without a noumenon. In Buddhism, it also means: the Invisible. A notion identical with the notion of God.

[5] [18] For subir. – GD

 [6] A “form” in Budo. All the martial arts – judo, kendo, aikido, etc. – have kata: forms, actions, training exercises aimed at winning. The beginners must learn the kata, internalize them, use them, and then create based on them, from this original and specific form unique to each of the martial arts.

[7] [19] Translated from the French. – GD

[8] [20] Invisible activity imbued with the energy of the cosmos. Becomes the energy of the body, in all its cells.

[9] [21] A Zen riddle, often apparently absurd. – GD

[10] [22] “Mind without mind,” a kind of detached activity, comparable to “flow.” – GD

[11] [23] A rank in Eastern martial arts. – GD

[12] [24] Illusions, attachments. – GD

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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jeudi, 25 janvier 2018

La résurrection des arts martiaux historiques européens

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La résurrection des arts martiaux historiques européens

Depuis le début des années 1990, chercheurs et pratiquants travaillent sur l'ensemble du continent à la résurrection des Arts Martiaux Historiques Européens.
 
La Fédération Française des AMHE fonctionne depuis 2011, tandis que la fédération européenne vient de voir le jour en février dernier. Du pugilat des Jeux Olympiques de la Grèce Antique à la lutte française du XIXe siècle en passant par la gladiature romaine, l'escrime médiévale et la très redoutable Glima, l'art de combat des Vikings, c'est tout le patrimoine martial européen qui s'offre aujourd'hui à l'étude et à la pratique.
 
L'équipe de Karatebushido.com est heureuse et fière de vous présenter ici le compte rendu de la première rencontre d'Arles d'AMHE Lutte qui s'est tenue les 24 et 25 janvier derniers. Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à les découvrir que nous en avons eu à filmer ces échanges entre experts de disciplines fondatrices de l'identité des divers peuples d'Europe, évoquant les heures les plus glorieuses de notre histoire.
 
Un reportage de Chirstophe Champclaux et Linda Meriau.
 
Pour plus de renseignements : www.ffamhe.fr
 
Un reportage de Chirstophe Champclaux
 

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mardi, 29 septembre 2015

Archerie et arts martiaux japonais

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ARCHERIE ET ARTS MARTIAUX JAPONAIS

Le paradis perdu

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr 

Le Sentier, la Voie « n’est rien d’autre que le méridien central sis au cœur de la moelle épinière à travers lequel le pratiquant au cours de sa vie cherche à s’élever de l’obscurité (l’ego) vers la lumière (le Soi). » Michel Coquet, "Le Kyûdô".


L’histoire des guerriers japonais, leurs techniques de combat et leur éthique fascinent le public occidental. Études, romans, films, animations et mangas nous offrent une image souvent trompeuse sur ces hommes dépeints comme des fanatiques, des serviteurs zélés, fidèles jusqu’à la mort, le drame de la Grande Guerre en Asie, venant pour beaucoup, confirmer cette interprétation des guerriers japonais. La guerre terminée, le Japon pacifié et placé sous tutelle nord-américaine, s’efforce d’oublier ce passé violent et militariste et de forger une nouvelle image, que l’on appelle depuis peu, le Cool Japan. La soif du public européen et nord-américain pour une spiritualité exotique, et par conséquent plus vrai, plus authentique, a favorisé le développement en Occident des arts martiaux modernes, exportés du Japon.

Le budô, apparu au début de l’ère Meiji, représente aujourd’hui l’image que le Japon et les Japonais souhaiteraient se donner d’eux-mêmes au monde. Un grand écart donc entre le Hagakure de Yamamoto Tsunetomo (et son apologie contemporaine, Le Japon moderne et l’éthique samouraï de Mishima Yukio) et les publications contemporaines sur les arts martiaux mettant en avant le développement personnel masquant en réalité, dans le cas du kendô par exemple, une activité sportive occidentalisée. Le livre de Michel Coquet, « Le kyûdô, art sacré de l’éveil », paru cette année aux éditions du Chariot d’Or (groupe éditorial Piktos) apporte un éclairage « objectif », reposant sur une longue et sincère "expérience" de la méditation, des arts martiaux en général et du kyûdô en particulier. Il existe une multitude d’ouvrages sur un sujet vendeur qui fait le bonheur des auteurs et éditeurs spécialisés, dont il ne faut pas diminuer l’importance et le rôle dans la connaissance- et bien souvent la méconnaissance - de la culture martiale japonaise. Il est préférable de jeter un voile pudique sur le manque de fondement (et de profondeur) de certains de leur propos (tel ce grand maître de ïaïdô japonais au « keikogi » bariolé, qui nous laisse découvrir non seulement des techniques prétendument avancées, apprises dès la première année au Japon avec un professeur digne de ce nom, mais aussi son beau caleçon bleu...).


kyudo82360470525.jpgLoin du tape-à-l’oeil, Michel Coquet, né en 1944, a sincèrement voué sa vie à l’apprentissage des arts martiaux japonais (karaté, kenjutsu, ïaïdô, kyûdô, aïkidô, etc.), un apprentissage spirituel, car le budô, la voie du guerrier, ne peut être assimilée à un sport ou à une discipline olympique (tel le judô, et comme une partie de la fédération internationale de kendô le souhaiterait). Au Japon, une grande compagnie de sécurité sponsorise des lutteurs, des kendôkas, et les "matches de sumo" flairent bon le business... Actuellement le budô inclut de multiples disciplines, comme le judô, le kyudô, sumô, l’aïkidô, shôrinji kempô, naginata, jukendô : le guerrier de jadis est aujourd’hui éclaté en de multiples disciplines édulcorées. En somme, « budô » désigne les « arts martiaux » depuis l’ère Meiji (1868-1912). Avant cette date, on employait les termes de « bugei » et de « bujutsu », et même « l’ancienne voie du guerrier », ou « kobudô » est un néologisme. Bugei, ou l’ « art du guerrier » est une appellation caractéristique de la période d’Edô, où l’art militaire s’inspirait des autres domaines artistiques, comme le noh (pour les déplacements et les postures) ou la cérémonie du thé (les katas), ce qui manifestait une volonté d’esthétiser les techniques de combat. 


Les auteurs contemporains rappellent non sans raison que l’idéophonogramme désignant le guerrier « bu » (武) se décompose en « hoko », partie supérieure du tracé ressemblant à deux lances entrecroisées signifiant « lance, hallebarde » et, dans sa partie inférieure « tomeru » (止arrêter), soit une idée défensive, proche de l’idéal de la shinkage-ryu, le « sabre de vie ». L’interprétation la plus satisfaisante, car la plus ancienne, rappelle que le radical « tomeru » serait dérivé d’un idéogramme d’une graphie proche signifiant « pied » ce qui désignerait l’homme portant les armes pour la bataille ou le fantassin. Une autre, toute aussi pertinente et en relation avec l’objet du livre de Michel Coquet, serait que l’ensemble du kanji « bu » serait un dérivé d’un autre idéogramme homophone désignant la « danse », en particulier dans sa dimension religieuse, ce qui souligne la place de la spiritualité dans les arts martiaux depuis leur origine. 


La « Voie » (道) est un terme polysémantique signifiant prosaïquement « point de passage », « voie », « distance », un terme qui se réfère aussi à des concepts philosophico-religieux, comme une manière d’agir, un domaine de la connaissance, une discipline, un état, une essence, un secret... Dans la Chine antique, et en particulier le taoïsme, il était employé en référence aux grands principes de l’univers. Dans son acception contemporaine, « dô » insiste sur l’importance spirituelle, et non uniquement sportive ou physique, de l’individu. La « Voie » est un moyen de développement et d’accomplissement personnels. Le kyûdô est celle de l’arc, un chemin comme tant autre susceptible de conduire à l’éveil (au sens bouddhique du terme).


Après l’invention du propulseur, l’arc est la première machine issue de l’imagination humaine, une machine autonome permettant de dépasser les limites de l’anatomie, une machine permettant de tuer aussi bien pour se nourrir que pour assurer la défense du groupe. Elle était l’arme de prédilection des communautés de chasseurs-cueilleurs, et pour tous ces motifs cette arme faisait l’objet de vénération (lire Michel Otte, À l’aube spirituelle de l’humanité, Odile Jacob, 2012). Dans son ouvrage, Michel Coquet se concentre sur l’aire culturelle asiatique, et en particulier l’antiquité du sous-continent indien, la Chine et le Japon. L’arc tient une place importante dans les mythologies et les traditions asiatiques (et indo-européennes, il suffit de se rappeler les épreuves infligées par Pénélope à ses prétendants...): l’auteur consacre un beau chapitre à la lecture et à la compréhension du « joyau spirituel » qu’est la Bhagavad Gîtâ", mythe mettant en scène l’archer Arjuna, engagé dans une bataille plus spirituelle que militaire, la bataille pour la réalisation de soi. 


D’un point de vue historique et technique, les premières écoles d’archerie nippones seraient, selon la tradition, apparues au tournant des VIe et VIIe siècles au moment de l’introduction du bouddhisme dans l’archipel nippon. L’arc était utilisé monté et il était primordial pour un guerrier de savoir tirer à cheval, et diverses formes d’entraînement ont été mises au point : le tir sur un cheval lancé au galop, une chasse à courre ayant pour cible des chiens, ou bien encore le tir à longue distance à l’aide d’un arc spécifique, le tôya. L’arc était la pierre-angulaire des stratégies développées sur le champ de bataille, et les archers les plus habiles, capturés par l’ennemi, étaient parfois mutilés pour les empêcher de reprendre du service (pendant la Guerre de Cent Ans en Europe, on amputait un ou plusieurs doigts des archers faits prisonniers (souvent l’index et-ou- le majeur, pratique à l’origine du doigt d’honneur).

L’introduction des armes à feu par des marins portugais, en 1543, changera la donne, comme en Europe l’archerie est alors condamnée : d’habiles forgerons parvinrent à imiter et à améliorer les prototypes originaux et bon nombre de fusils de fabrication japonaise seront exportés de par l’Asie. Toutefois, le fusil restera une arme sans valeur spirituelle, car dans le fond, les Japonais appréciaient les duels ou les moyens de mettre en valeur leur habileté et leur courage, ce qui était le cas des tireurs à l’arc monté et des fantassins combattant à l’arme blanche. Lors de son séjour au Japon (1969-1973), Michel Coquet s’initia au kyûdô, et son dernier livre revient sur cette expérience, car dans les arts martiaux, la seule réalité c’est l’Expérience. Les katas que l’on répète inlassablement et avec sincérité pour maîtriser une technique martiale font partie de l’enseignement traditionnel, comme jadis l’apprentissage par la répétition et les moyens mnémotechniques ( il suffit de relire l’Odyssée ou l’Illiade pour s’en rendre compte). La posture du corps, la manière de marcher, la respiration, participent à cette quête de la « non-pensée » ou du « temps éclaté » (le terme est de Kenji Tokitsu), toutes ces petites choses « oubliées », broyées par la conscience (et la modernité) et pourtant fondamentale et caractéristiques de notre espèce. À l’exception de quelques erreurs historiques mineures (concernant surtout la protohistoire), qui tiennent à mon avis à la difficulté d’accès à une documentation récente, le livre de Michel Coquet pose les bases de la philosophie et de la pratique de l’arc traditionnel japonais ; même si ce livre complète (et est sur bien des points plus accessible) le livre de Eugen Herrigel, « le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc », rien ne vaut, comme le souligne Michel Coquet, la pratique avec un bon « sensei »... Une pratique sans esprit de compétition ou de recherche de résultat : au kendô deux adversaires qui se frappent en même temps marquent des points, dans la réalité brute, ils seraient morts... Ici, l’ennemi s’est surtout soi-même...


La pratique des arts martiaux contient intrinsèquement un rapport avec la mort, et cette relation aide au détachement et à mieux vivre... Le kyûdô répond à ce besoin d’union avec le réel, ce paradis perdu, peut-être le « Sacré éladien » tapi au fond de chacun d’entre-nous. Cette quête du paradis perdu, que d’aucuns compensent, une bière à la main, en regardant Games of the Trone, c’est aussi un phénomène de société : le grand malheur de l’Occident est d’avoir « oublié », d’avoir dénigré notre culture et nos valeurs martiales et spirituelles : il y a quelque chose à puiser dans l’esprit de la chevalerie et les valeurs martiales, sans pour autant y voir l’ombre du fascisme. Les arts martiaux traditionnels créent du sens et sont vraiment un moyen de réenchanter le monde. 


Michel Coquet, «Le KYÛDÔ - Art sacré de l’éveil» aux éditions Chariot d'Or, Format : 15,5 x 24, pages : 320, 25 €

mercredi, 11 mars 2015

The Four Warrior Practices for Achieving: Anytime, Anywhere

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The Four Warrior Practices for Achieving: Anytime, Anywhere

Angel Millar

Ex: http://peopleofshambhala.com

We’re all human. So why can some face down even the most terrifying situations, overcoming overwhelming odds, and achieving what so many others others might believe impossible?

Reading the classical commentaries on the martial arts, listening to contemporary masters, and hearing how contemporary elite military units tackle situations, tells us that there are less than a handful of truly essential elements of accomplishment. And they are available to everyone, to be applied in everyday situations, even where there is no conflict as such. Here they are:

1. Set Realistically High Goals:

“A good martial artist,” said Bruce Lee, “puts his mind on one thing at a time.” The famed martial artist was reminding his student, Joe Hyams, of an important principle. “The secret of kime [tightening the mind], is to exclude all extraneous thoughts,” Lee told Hyams (as the latter describes it in his book Zen In the Martial Arts), “thoughts that are not concerned with achieving your immediate goal.”

In Insanely Simple: The One Obsession that Drives Apple’s Success, Ken Segall notes that Apple — the company that gave us the Mac, iMac, iPod, iPad, and other history-making devices — focussed, excluding all kinds of good ideas, to concentrate on one. The point was to see the idea through, and to create something truly great out of it. Apple didn’t try to do everything at once. But by pushing the boundaries of one idea at a time, Apple created new, and — just as importantly — extremely simple to use devices.

By aiming high (but realistically so), Apple created things that have changed how we interact and think about technology.

Master archer Awa Kenzo (left), samurai Miyamoto (center) and sumi-e circle by Yamada Mumon Roshi.

Visualizing the arrow hitting the target: master archer Awa Kenzo (left); samurai Miyamoto (center) and sumi-e circle by Yamada Mumon Roshi.

It’s a principle that Apple could have learned from martial arts training (whether of an ancient military elite, contemporary practitioners of Tai Chi, or something else). Faced with some grueling, repetitive exercise — e.g., more push-ups than you think you can do — then the set can be broken up. Instead of aiming for, say, 100, which you think you cannot do, aim for the realistically high number of 10, and then keep doing that until you  can reach a hundred.

Aiming realistically high creates focus. It also encourages the individual — or group or company for that matter — to realize that they can do more than they thought. Indeed, it means doing something better than expected. With successes stacking up, you can aim realistically higher still.

2. Visualization:

When we’re facing a challenging situation, visualization may be one of the ways we begin to get to grips with it. In some situations. Mostly, people live in dread, fear, or inflate their egos to cope with stress and set backs. It’s unhealthy.

Visualization isn’t imagination per se. It’s focussed thinking; a bit like meditation. Artists and designers, given a specific project, will visualize — even if they don’t think of it in such terms. They have a strong idea of where they’re going, and how they’re going to get there, before they start.

“Every block of stone has a statue inside it and it is the task of the sculptor to discover it,” remarked Michaelangelo. What did he mean. In effect, Michaelangelo was saying that he visualized the statue in the stone. Not, however, as something imposed on it, but as something that was integral to it. The sculptor had to work with the natural fabric — the strengths and weaknesses — of each block.

Visualization has been part of humanity since the beginning. One theory suggests that tool making and speech emerged at the same time, not because the tools were difficult to make and required discussion, but because these activities use the same part of the brain. In both cases, we need to know what we want, either to make or to say. The primitive tool maker had to know what his tool was going to look like. Less complex, for sure, like Michaelangelo with his sculpture, the tool maker had to discover the axe head in the intact flint stone. And to get it out he had to work with the material.

Yes, in art and design, things change along the way. New insights and better ideas come up, often as a result of an “accident” occurring in the process. (Most discoveries were made by accident.) But then the designer will visualize to comprehend what exactly they want to do with that.

Facing a more stressful situation, visualization helps us to understand the situation we’re walking into, so that we don’t panic once we’re in it. If it’s a verbal or physical confrontation (such as in contact sports), then we’re going to be better equipped to deal with it in an efficient and responsible manner. We’ve thought about how we might respond to certain possibilities. That makes the whole thing a little less scary.

To sum up, visualization helps us know what we want, and to work with what we have, whether that is the tools for design or our own skill (or limitations) and the the behavior of an opponent in martial arts.

3. Breathing:

You’ve heard someone say it: “take a deep breath and relax.” In the West, where we don’t focus very much on our breathing (unless we have problem with our lungs), it sounds almost like folk wisdom. What’s taking a deep breath going to do? Well, it turns out, probably quite a bit.

Tai Chi, Kung-fu, Karate, and many other martial arts systems place significant emphasis on breathing. Breathing with the movements (such as strikes with the hands or feet), injects them with maximum force, yet helps to prevent the martial artist hyperventilating, losing concentration, and becoming fatigued.

Within Systema, a Russian martial arts system, breathing is perhaps the major component. Systema is a modern martial arts, and, as such, it was designed for those of us around today. So things haven’t changed very much.

Yet, Systema uses the breath not only for fighting, or self-defense, but also — like some older martial arts — for de-stressing and healing the body. For example, the practitioner might, on waking and still laying in bed, breathe, imagining the breath traveling through his body, as he tenses and relaxes is it as a kind of wave going down the body.

In more traditional martial arts, such as Kung-fu and Karate, the practitioner will often meditate on the breath entering into the belly (more specifically the tan tien, just below the navel), to store and build up energy (chi) there.

The use of breath and movement is not limited to the martial arts.

In traditional ink painting (sumi-e), the painter moves the brush while breathing out. At a minimum, it helps the artist control his hand.

Martial artists, such as the famed samurai and ronin Miyamoto Musashi, also practiced painting, as well as other arts. Not surprisingly, since the brush and sword were considered one, and the principles of each art applicable to the other arts.

An exercise for painters, who are also adherents of Zen Buddhism, is to paint a circle in ink with one motion and in one breath. It’s harder than it looks. Most of time, looking at these circles, one sees a kind of wobble in the circle, and, frequently, they are misshapen. Something happened to the consciousness at such a point. Concentration was lost. The breath wasn’t consistent.

In summing up, deep breathing steadies the nerves and helps us retain control and composure in challenging and even frightening situations. It keeps us level headed.

4. Self-talk:

Self-talk is the motivational talk that we can use when things are tough — really tough.

Hopefully we’re in a situation where we’ve aimed realistically high, have visualized the goal, and are breathing deep, clearly, and consistent with our actions. But self-talk is the talk that propels us along when we could easily — and are more than tempted to — give up. It’s telling yourself that you can make it to the end of the race (even though feel like hell). Or that you can do those push-ups. Or that you can make whatever project not only work but really stand out.

Because of the stress of the situation in which we use this kind of talk, we tend to use short, pithy phrases. Nike’s memorable tag line — “Just Do It” — is really the kind of thing that athletes tell themselves when they’re pushing themselves hard.

Self-talk isn’t delusion or egocentrism. It’s not about saying: I’m the greatest. It’s about reaching deep into yourself for that one extra push when you most need it. It’s about giving your all.

We all face challenging situations. But think about these four principles — aiming realistically high, visualization, deep breathing, and self-talk — and, as they come up, you’ll be able to cope with, and come out on top of, those situations a lot more easily.

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Angel Millar is an author, blogger, and the editor of People of Shambhala.

jeudi, 12 février 2015

Miyamoto Musashi: un esprit sans entraves

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Miyamoto Musashi

Un esprit sans entraves

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr
Si il existe une personnalité japonaise à la renommée mondiale, c'est bien Miyamoto Musashi (1584-1645), ce rônin, maître-escrimeur hors-pair, artiste et philosophe, auteur des Écrits sur les Cinq Éléments, couramment et improprement appelé Traité des Cinq Roues.  Sa postérité est telle que ce que nous connaissons réellement de sa vie fraye avec le romanesque et le légendaire, et bien sûr ce personnage atypique a ses adulateurs et détracteurs chez les amoureux de la culture japonaise et des arts martiaux. Ce qui est certain, à la lecture des Écrits sur les Cinq Éléments, c'est que Musashi était un esprit libre en phase avec la vie. Ces cinq rouleaux rédigés à l'extrême fin de sa vie étaient destinés à transmettre l'essence de son art à ses élèves.

Toutefois, cet enseignement dépasse le simple cadre des techniques du combat au sabre et de la stratégie, ceux-ci ne sont que des voies parmi tant d'autres menant à l'accomplissement de soi. Mais, les Écrits sur les Cinq Éléments, sont teintés d'amertume : Musashi règle ses comptes. Il aspirait  à devenir l'instructeur d'un puissant seigneur voire du shôgun, mais comme bon nombre de japonais du XVIIe siècle, ses perspectives réelles d'ascension sociales se sont éteintes sur le champ de bataille de Sekigahara (20-21 octobre 1600). Il était du mauvais côté, celui des perdants : les Toyotomi et leurs alliés seront tenus éloignés des postes honorifiques ou les plus importants. Musashi s’est battu sous la bannière du seigneur Ukita, suzerain du seigneur Shinmen Sôkan. Ce clivage pèsera lourd ; les haines se raviveront au moment des guerres civiles qui précèdent et succèdent l’instauration de l'ère Meiji en 1868. 
 
Il sera l’invité du clan Ogasawara (1616-1617), puis du Hosokawa, famille apparentée au Tokugawa, mais n’aura ni le titre ni les émoluments d’un maître-d’armes de son niveau. Le clan Hosakawa l’a recruté en 1611 pour régler un différend polititique : il tue Sasaki Kojiro en combat singulier sur l’île de Funajima (avril 1612). Il sera un satellite du clan jusqu’à sa mort. Musashi participe comme soldat ou comme conseiller militaire aux guerres conduites par le shôgun contre les derniers partisans des Toyotomi (sièges d’Osaka, 1614-1615) et les Chrétiens de l’île de Shimabara conduits par Shirō Amakusa (1637-1638). Surtout, il mène à partir de 1618 (ou 1620) une politique d’adoption, certainement mêlé à un sincère désir de paternité, lui servant à placer des soutiens politiques. 
 

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miyllivre.jpgMiyamoto Mikinosuke deviendra un vassal de la seigneurie de Himeji (1622), mais le jeune homme suivra son seigneur dans la mort en pratiquant le suicide rituel (1626). Miyamoto Iori, qui serait peut-être un sien neveu, entrera au service du seigneur Ogasawara (1626). Surtout, en 1624, il séjourne à Edo, la capitale, et noue d’étroites relations avec Hayashi Razan, un célèbre savant confucéen, ce dernier proche du Shôgun l’aurait proposé comme maître de sabre, mais le Shôgun disposant déjà de deux maîtres d’armes de renom, Yagyû Munenori (école shinkage ryû) et Ono Jiroemon (Ono-ha Ittō-ryū),  déclinera l’offre. 

Nous savons peu de choses authentiques sur les duels de Miyamoto Musashi, le premier se serait déroulé au village de Hirafuku-mura en 1596, contre un élève de l’école Shînto-ryû. Musashi n’avait que 12 ans. En 1604, il gagne une série de duels contre le clan Yoshioka dans la banlieue de Kyôtô. Il aurait ensuite formé Tada Hanzaburô, un moine du temple d’Enkôji, qu’il autorisa à enseigner à la fin de son apprentissage. En 1607, il gagne un duel contre Shishido Baiken, un expert en kusari-gama (une faucille liée à une chaîne se terminant par un poids en acier). De passage dans la capitale, il vainc deux adeptes de la shinkage-ryu, mais surtout échange avec Musô Gonnosuke, un expert du combat au bâton, celui-ci fera évoluer son art au contact de Musashi et créé une école (Shintô-Muso-ryû).

Que pouvons-nous avancer sur cet homme ? 

Son art est tout d’abord un héritage familial. Son père biologique (ou adoptif, selon d’autres hypothèses), Miyamoto Munisai, était un maître d’arme pratiquant le sabre et le jitte

Le jitte est une arme de neutralisation, sa lame est non-tranchante et effilée avec une griffe latérale au niveau de la garde. Le jitte était une arme d’appoint complétant le sabre. Toutefois, selon d’autres sources le jitte manipulé par Musashi aurait été un modèle à dix griffes. Le jitte et le sabre court (wakizashi) servaient à immobiliser ou à parer la lame de l’adversaire offrant une ouverture pour une frappe au sabre long (katana). Toutefois, pour Musashi, l’emploi des deux sabres est circonstancielle comme l’affirme les Écrits sur les Cinq Éléments, mais cette technique fait l’originalité de son école. C’était peut-être, outre les aspects techniques, un moyen de se différencier et de « séduire » un seigneur en quête d’instructeur. L’école de Musashi, la Hyōhō Niten Ichi ryū (“l’École de la stratégie des deux Ciels comme une Terre”) existe encore de nos jours, mais l’usage des deux sabres n’était guère prisé pendant l’époque d’Edo. La manipulation de deux armes nécessite un entraînement particulier et le dégainé n’est pas aisé, surtout en espace clos (De même, le retour des deux lames dans leurs fourreaux nécessite que l’on se dessaisisse de l’une d’entre-elle). Les samouraïs préféreront de loin, l’usage du katana ou du wakizashi et rarement les deux en même temps.
  
miy2020861069_1_75.jpgCe qui reste de Musashi : l’empreinte spirituelle d’un homme, qui n’était probablement pas le meilleur artiste martial du Japon (la vie se réduit-elle aux arts martiaux ? Musashi était par ailleurs artiste et philosophe), mais d’un homme libre (ou pour le moins qui a pu se construire une marge d’autonomie plus importante que la moyenne au regard de sa situation sociale) qui se contentait d’être pleinement, de transmettre et de construire. Ayant atteint la maturité spirituelle et technique, Miyamoto Musashi vainquait sans tuer.  Les Écrits sur les Cinq Éléments respirent la vie, c’est un modèle de pensée aux antipodes du caractère morbide et étriqué du hagakure de Yamamoto Tsunetomo. Le livre de Musashi est important car, il révèle les techniques gardées généralement secrètes par les autres écoles, à savoir les techniques corporelles (respiration, distance, postures, etc.). Pour une lecture approfondie, il est vivement recommandé de lire la traduction des Écrits sur les Cinq Éléments et la biographie de Miyamoto Musashi par Kenji Tokitsu (Miyamoto Musashi. Maître de sabre japonais du XVIIe siècle, Points Sagesse, 1998). Le texte est analysé en profondeur et les cinq formules techniques (utilisant les deux sabres) sont complétées par une présentation des katas tels qu’ils sont encore pratiqués de nos jours (Imai Masayuki, 10e successeur de la branche principale de l’école de Musashi). 

Ces techniques sont visibles sur le site de la branche française de l’école

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jeudi, 09 décembre 2010

Entretien avec Alexandre Belov: communauté païenne russe et arts martiaux

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1996

 

Entretien avec Alexandre Belov:

communauté païenne russe et arts martiaux

 

Q.: Qu'est-ce que le paganisme pour vous?

 

AB: Pour moi, le paganisme est en premier lieu la somme des expériences indépendantes vécues au fil de l'histoire par un peuple particulier, tant dans le contexte des processus vitaux que dans le domaine de la connaissance.

 

Q.: Comment le paganisme slave a-t-il pu survivre sous la férule du communisme?

 

AB: La dictature communiste n'a nullement contrarié les intérêts du paganisme slave. Il faut ajouter que l'athéisme commu­niste a permis de contenir les attaques chrétiennes contre la liberté de la connaissance. L'ère communiste a ainsi rendu un grand service au paganisme slave.

 

Q.: Quelle est selon vous la particularité du paganisme slave en comparaison avec les autres paganismes euro­péens?

 

AB: La particularité essentielle du paganisme slave est d'avoir cultivé radicalement la “grande idée barbare”, c'est-à-dire l'idée d'unir le Nord de glace à l'élément du feu. La variante russe du paganisme slave a joué un plus grand rôle historique dans les traditions d'Europe orientale que le paganisme slave en général, parce qu'il a réussi à conserver et à maintenir durant des siècles au moins trois linéaments païens fondamentaux: l'adoration du Soleil, de trois divinités associées et de Prav (*), c'est-à-dire l'adoration du Dieu du Tonnerre comme divinité principale assurant l'équilibre et l'harmonie de l'univers. Le der­nier avatar de Prav se retrouve dans la désignation en langue russe du christianisme d'Orient, Pravoslaviyé, soit “orthodoxie”. Le nom, au départ païen, a été volé par les chrétiens.

 

Q.: Quels ont été les réunions, rencontres ou événements qui vous ont conduit à créer la “Communauté Païenne Russe”?

 

AB: La création de la communauté païenne russe a été suivie par une deuxième naissance: la fondation d'un centre du culte pour toute la Russie, le sanctuaire de Peroun, Dieu du Tonnerre des Slaves anciens, à Radoucha. Cette fondation a été condi­tionnée, d'une part, par la nécessité de propager la tradition nationale du culte, et, d'autre part, par la nécessité de développer cette tradition en prenant en compte la dynamique du développement dans la société contemporaine.

 

Q.: Pouvez-vous nous parler de la nature particulière de l'Art Martial Slave, que vous pratiquez et enseignez, et la comparer aux arts martiaux orientaux?

 

AB: Goritsa est un art de combat qui récapitule l'expérience historique de la “lutte russe” et la connecte à cette “grande idée barbare” que je viens de vous évoquer. J'ai créé ce système de lutte et je m'en occupe depuis environ quinze ans. Je m'occupe plus généralement d'arts martiaux depuis 24 ans. L'une des particularités principales de Goritsa est d'utiliser les réflexes les plus caractéristiques des lutteurs cherchant à diriger l'attitude de leurs adversaires. Toutes les actions de l'adversaire relèvent de ce complexe que sont toutes les actions bio-mécaniques typiques. Cela permet d'attaquer un adver­saire en connaissant à l'avance ses réactions possibles. La Goritsa est un système unique de combat qui privilégie l'attaque. La Goritsa n'est donc pas un système d'auto-défense. Autre particularité de la Goritsa: ses sources remontent à la chevalerie et sont héritées du symbolisme physique de l'arme du combattant pendant la lutte. C'est là que réside toute entière la diffé­rence entre cet art martial et sa variante chinoise, qui imite plutôt l'attitude de l'animal. J'ai dénombré plus de vingt différences fondamentales entre l'art martial slave, la Goritsa, et les règles des arts martiaux extrême-orientaux.

 

Q.: L'Art Martial Slave est-il pratiqué aujourd'hui dans toute la Russie?

 

AB: Les objectifs et les tâches de la Goritsa sont difficiles à réaliser dans la Russie actuelle, parce que la caste militaire est déconsidérée par la propagande occidentaliste actuelle au profit d'une vision purement économiciste de la société, portée par les financiers qui ne s'intéressent pas aux arts martiaux.

 

Q.: Vous revenez d'un voyage en Italie. Vous y avez organisé des démonstrations et répendu votre enseignement. Que pensez-vous de l'expansion de l'Art Martial Slave en Europe?

 

AB: La campagne de promotion de la Goritsa en Europe est possible, même nécessaire, parce que cette méthode de combat exprime un mode de connaissance fondamentalement païen, partant non-conformiste dans le contexte actuel. C'est le meilleur moyen pour recréer une caste guerrière dans toute l'Europe, qui soit animée par des principes qui soient vraiment les siens.

 

Q.: En dehors de la Russie, quelles sont pour vous les traditions européennes les plus intéressantes?

 

AB: Ce qui m'attire dans la tradition païenne européenne, c'est surtout la beauté et la sagesse que l'on retrouve dans la poésie épique populaire. Nous découvrons là une éthique authentique. Non importée.

(propos recueillis par Jean de BUSSAC et traduit par Anatoli M. IVANOV).

 

(*) NDT: “Prav” est un terme difficile à traduire, emprunté au “Livre de Velès”, un faux devenu à mon grand regret très popu­laire parmi les néo-païens russes. “Prav” est à la racine des mots russes “pravy” (droit), “pravda” (vérité) et “pravoslaviyé” (orthodoxie).

lundi, 28 septembre 2009

Le combat slave

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ARCHIVES de SYNERGIES EUROPEENNES - 1996

Le combat slave:

Entretien avec Alexandre Konstantinovitch Belov

 

Notre interlocuteur Alexandre K. Belov est un homme d'une force mentale rare. Il a visiblement intégré le sens du combat intégral et l'élévation spirituelle qui lui don­nent une maîtrise de son art impressionnante. A. K. Belov rentre d'une tournée en Europe, où sa candidature a été retenue pour organiser des cours d'art martial slave dans les écoles de la police italienne. A cette occasion, il a été accueilli par nos amis milanais de Sinergie/Italia. J'ai eu personnellement l'insigne honneur de le ren­contrer à son domicile à Moscou le 11 avril 1996 (G. Sincyr).

 

Q.: Dois-je vous appeler Belov ou Sélidor, qui est votre surnom?

 

AKB: Comme vous voulez. Sélidor est un surnom païen. C'est un nom “guerrier”. Mais je vous rappelle que les Russes sont les derniers en Europe à avoir gardé la tradition purement indo-européenne de s'appeler d'un nom patronymique.

 

Q.: Quand avez-vous commencé à vous occuper du “combat slave”?

 

AKB: J'ai inventé ce type d'art martial. J'ai commencé à le mettre au point à partir de 1972. A la fin des an­nées 70, je pratiquais le karaté et j'avais obtenu le grade supérieur, la “ceinture noire”. Mais plus tard, le karaté a été interdit; j'ai alors entamé des recherches dans nos propres traditions et j'ai découvert une forme de combat russe très intéressante et très puissante. C'est en 1986 que j'ai achevé mon travail de rénovation de la pratique de cet art martial traditionnel oublié que j'ai appelé “combat slave”.

 

Q.: Quelles différences y a-t-il entre le “combat slave” et les autres formes de com­bat à mains nues?

 

AKB: Le “combat slave” est un système d'attaque. Nous ne nous défendons pas, nous attaquons. Le principe d'un combat de défense est absurde, à mes yeux, et n'est pas conforme aux mentalités des Spartiates et des Chevaliers européens. Le combat d'attaque est un combat honnête, sans procédés perfides. Cette tradition est à l'opposé de la tradition orientale. Celle-ci imite les mouvements des animaux alors que nous, nous imitons ceux des armes. Imiter les animaux constitue une perversité pour l'homme. Même chose pour les horoscopes orientaux: ils disent par exemple “c'est l'année du cochon” et ceux qui sont nés cette années-là disent “je suis un cochon”. Ce sont là des simplismes que je trouve dévalori­sants.

 

Q.: Pourtant, il y a un culte du loup chez les Promores, les habitants de la côte de la Mer Blanche?

 

AKB: Le Loup est le totem des tribus guerrières. Mon totem est le Loup Bleu.

 

Q.: Où en est la communauté païenne à Moscou?

 

AKB: En 1994, une scission a traversé le mouvement païen. Nous nous sommes séparés des païens qui n'avaient que des intérêts mercantiles, pour former une véritable communauté de guerriers. Le guerrier ne peut pas être fondamentalement un chrétien. En effet, comment concilier le métier des armes, le métier de la guerre, avec le précepte chrétien d'aimer son ennemi? Au combat, le guerrier hait son ennemi, sinon il ne peut pas le combattre efficacement. Un vrai guerrier sera toujours un païen. En tant que Russes et que Slaves, nous vénérons essentiellement Peroun, le Dieu du Tonnerre dans la mythologie de nos ancêtres.

 

Q.: Combien de membres compte votre communauté?

 

AKB: Nous sommes environ 40.000.

 

Q.: Coopérez-vous avec d'autres organisations païennes?

 

AKB: Non, avec aucune autre organisation. A mon grand regret, je ne connais aucune organisation qui re­cherche tout à la fois force et sagesse.

 

Q.: Vous préparez la création d'un grand mouvement. Pouvez-vous nous en dire quelques mots?

 

AKB: Notre objectif est de créer en Russie une communauté de professionnels de la guerre, du combat et de la défense, structurée par des référentiels païens. Pour moi, tout guerrier est un prolétaire: il ne pos­sède que sa force. Et seule sa force compte dans sa fonction. Je ne tiens pas le prolétariat pour une classe, mais pour un degré de développement mental.

 

(propos recueillis par Gilbert Sincyr et traduits par Anatoli M. Ivanov).

lundi, 31 août 2009

Le bouddhisme martial

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Le bouddhisme martial

Examinons le rôle que peut parfois jouer le bouddhisme en temps de guerre, en prenant nos exemples dans l’histoire du Japon entre l’annexion de Taïwan (1895) et la défaite de 1945. En général, on va chercher les racines religieuses de l’impérialisme japonais dans le shintô, terme mixte sino-japonais signifiant la “voie des dieux” et dérivé du chinois “shendao”. Le terme japonais exact étant “kami no michi”, où l’on reconnait le terme “kami”, signifiant “dieu”, comme dans “kamikaze”, le “Vent des dieux”, allusion à la tempête qui coula en 1281 la flotte d’invasion mongole. Les pilotes “kamikaze”, prêts à se suicider dans l’action, devaient imiter cette tempête salvatrice en se jettant sur les porte-avions américains. Le “shintô” est en fait l’équivalent japonais du chamanisme, l’art d’entrer en contact avec les esprits. Cette religion, éminemment nationale, rend un culte à la dynastie impériale qu’elle pose comme descendante de la déesse solaire Amaterasu.

 

Pourtant, le bouddhisme, religion bien plus intellectuelle,  a apporté un soutien plus étayé à l’impérialisme japonais que le shintô, religion animiste. Les maîtres connus du bouddhisme zen, comme Suzuki Teitarô, alias Daisetsu (= “Grande Simplicité”), qui allait apporter la culture zen aux Etats-Unis après 1945, et Kodo Sawaki, le maître de Taisen Deshimaru, qui apportera, lui, le zen en Europe, enseignent tous deux la supériorité des Japonais et plaident pour leur droit à dominer les autres. Citons aussi Yamada Mumon, qui exprimera peut-être quelques vagues regrets, mais qui, encore dans ses vieux jours, avait déclaré que les autres pays asiatiques devaient se montrer reconnaissants à l’égard du Japon, parce que celui-ci, par son “auto-sacrifice”, avait ouvert la voie à leur décolonisation. Le bastion de la pensée pro-impérialiste a été l’école de Kyoto, qui combinait le bouddhisme à des éléments de philosophie occidentale.

 

National-socialisme et bouddhisme

 

Peut-on avancer l’hypothèse que l’impérialisme bouddhiste a trouvé quelque écho chez l’allié du Japon pendant la seconde guerre mondiale, l’Allemagne national-socialiste? Le régime national-socialiste avait interdit les “sectes” (cette législation inspire aujourd’hui la politique face aux sectes qu’adoptent la France et la Belgique). Contrairement à tous les mythes qui circulent aujourd’hui et qui veulent nous faire croire à des “racines occultes du nazisme”, le régime a fait dissoudre toutes les associations religieuses marginales et excentriques: l’odinisme, la franc-maçonnerie, l’anthroposophie de Rudolf Steiner, les petits clubs d’astrologie et les officines de diseuses de bonne aventure. Tous étaient frappés d’illégalité et, à partir de 1941, leurs adeptes étaient passibles du camp de concentration. Il y avait toutefois une exception: le bouddhisme qui, dans des cercles restreints, pouvait se déployer librement. Certains analystes critiques de cette époque en concluent qu’il y a un lien étroit entre bouddhisme et national-socialisme. Disons plutôt que l’exception faite en faveur du bouddhisme s’explique par un geste diplomatique destiné à ne pas irriter l’allié japonais.

 

Cependant, les faits l’attestent: il y avait, en Allemagne, à cette époque, un intérêt réel pour les aspects martiaux du bouddhisme, notamment par le biais des travaux d’Eugen Herrigel (“Le zen dans l’art du tir à l’arc”) et du Comte Karlfried von Dürckheim, que l’on trouve encore et toujours dans toute librairie “New Age”. La dimension martiale, mise en exergue dans cette Allemagne des années 30 et 40, n’est pas une simple projection des idées quiritaires, à la mode en Europe à cette époque, sur une tradition d’Extrême Orient. Les maîtres du bouddhisme reconnaissent pleinement qu’une telle dimension martiale existe dans leur religion; par exemple, le livre de Deshimaru, “Zen Way to Martial Arts” nous révèle un bouddhisme pratique, qui table sur la plus extrême simplicité et qui abandonne toute philosophie et toute dévotion; cette variante-là du bouddhisme a été la religion choisie par la caste féodale des samourais. Ce n’est pas un phénomène exclusivement japonais: la Chine avait, elle aussi, une longue tradition d’arts martiaux pratiquée dans les monastères bouddhistes; d’après la légende, cette tradition avait été importée en Chine par un moine venu d’Inde méridionale, Bodhidharma.

 

La mort n’est pas un événement grave

 

En quoi consiste le lien entre bouddhisme et arts martiaux, lien qui s’inscrit clairement dans la durée? Bouddha lui-même est issu de la caste des guerriers, mais il renonça à ce statut lorsqu’il  opta pour la vie d’ascète. Il se tint alors éloigné de toute forme de violence, notamment quand il n’entreprit rien contre une armée qui s’avançait pour exterminer son propre clan, celui des Shaka. Ou lorsqu’il para à une attaque contre sa personne sans faire usage de la violence, en attirant la brute, qui lui en voulait, dans un débat fécond. Pourtant, indubitablement, cet ascétisme avait une composante martiale. L’institution des ascètes itinérants est clairement dérivée de ces groupes de jeunes gens qui cherchaient l’aventure, en marge de la société établie. Dans ces marges, ils se soumettaient mutuellement à toutes sortes d’épreuves. Ces épreuves constituaient le lien entre l’exercice des arts militaires et les pénitences physiques imposées par la religion. Ce n’est donc pas un hasard s’ils ont attiré des hommes issus de la caste des guerriers comme Vardhamana Mahavira, fondateur du jaïnisme, et Siddhaartha Gautama, le futur Bouddha. 

 

Outre ce lien historique probable, il y a deux éléments fondamentaux du bouddhisme qui rend cette religion intéressante pour les samourais et les autres guerriers. D’abord, premier élément, la méditation aiguise véritablement l’attention sur le “hic et nunc”, sur l’ici et le maintenant. Elle postule le calme et la concentration totale en excluant la peur, les affects et les intérêts. C’est une telle disposition d’esprit dont le guerrier a besoin lorsqu’il fait face au danger et à la mort. Ensuite, deuxième élément, le bouddhisme a apporté la doctrine de la réincarnation en Chine et au Japon. Cette doctrine relativise la mort, car mourir ne signifie finalement pas autre chose que d’ôter ses vieux habits pour revenir demain, revêtu d’autres. Animés par cette idée, les guerriers trouvent plus supportable le souci, l’angoisse, qu’ils éprouvent quand ils s’avancent sur le champ de bataille. Mourir n’est pas vraiment une catastrophe et tuer n’est pas vraiment un crime, car qui meurt aujourd’hui revient quand même demain.

 

Le bouddhisme zen du beatnik Alan Watts

 

Caractéristique du “Grand Véhicule”, l’un des trois principaux courants du bouddhisme auquel appartient aussi la tradition zen: l’accent mis sur l’altruisme. D’une doctrine qui se focalise sur la “compassion” et sur la volonté de libérer tous les êtres conscients de leurs souffrances et de leur ignorance, on est passé, par distorsion, par une sorte de chemin de traverse,  à une doctrine du sacrifice de soi, comme par exemple, celui du samourai pour son seigneur. Le Japon moderne a interprété cette doctrine comme celle du sacrifice du soldat mobilisé pour son peuple et pour son empereur.

 

Malgré tout ces  antécédents, on s’étonnera de constater que le zen est devenu très à la mode aux Etats-Unis dans les années 50, alors que les Américains venaient de perdre des centaines de milliers de soldats dans la guerre contre le Japon. Ce sera surtout le beatnik Alan Watts qui travaillera à acclimater le zen aux Etats-Unis: le “beat zen” devait constituer une alternative fraîche et joyeuse aux religions alourdies par un ballast dogmatique trop important. Le “beat zen” était pur, était innocent. Cette attitude est typique de la réception favorable qui a toujours été accordée au bouddhisme en Occident moderne.

 

“Moestasjrik”/ “’t Pallieterke”.

(article tiré de “’t Pallierterke”, Anvers, 30 août 2006; trad. franç.: Robert Steuckers / 2009).