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mardi, 06 octobre 2020

Alain Brossat : « Grand espace » et guerre froide

Un voyage en compagnie de l’infréquentable Carl Schmitt au pays de l’impérialisme universaliste

Alain Brossat, avec qui nous avions réalisé un entretien en juin dernier à l’occasion de la parution de son livre Hong Kong, le somnambulisme des mouvementistes (Éditions Delga), nous a fait parvenir cet article dans lequel il interroge l’actualité de la notion de « grand espace » forgée par Carl Schmitt, et la manière dont elle permet de saisir les enjeux contemporains de la nouvelle guerre froide qui oppose les États-Unis et la Chine, dont l’Asie orientale est l’un des principaux terrains de conflit.1)

51USNoSsgPL._SX329_BO1,204,203,200_.jpgLorsque Carl Schmitt écrit son essai consacré à la notion de « grand espace »1 (Grossraum) au printemps 1939, il entend manifestement mettre son talent et sa compétence de juriste au service des visées expansionnistes du Führer, en Europe de l’Est tout particulièrement, ceci quelques mois seulement avant l’invasion de la Pologne par la Wehrmacht. La notion de « grand espace » est destinée à assurer, autant que faire se peut, un fondement théorique et juridique à l’entreprise guerrière de Hitler, à la conquête d’un « espace vital » (Lebensraum) à l’Est de l’Allemagne. On pourrait dire pour aller à l’essentiel que le Grossraum promu dans cet essai au titre à rallonge, c’est l’habillage juridique du Lebensraum de teinte, elle, distinctement vitaliste2.

Comme le dit Schmitt lui-même, ce livre est écrit « selon des thèses et des points de vue déterminés, dans une situation déterminée », ce qui en résume parfaitement le caractère instrumental, engagé et partisan. Dans la mesure même où cet essai se place explicitement au service d’une cause politique, d’une entreprise conquérante à propos de laquelle un consensus s’est établi, dès les lendemains de la Seconde guerre mondiale et de la chute du IIIème Reich, pour la qualifier comme entièrement illégitime et criminelle, son statut dans l’espace de la recherche académique persiste à être, aujourd’hui encore, particulièrement litigieux. Impossible en effet d’emprunter la catégorie de « grand espace » telle qu’il la déploie dans cet essai en faisant abstraction de sa destination très explicitement nazie. Il faut donc constamment en « casser la coquille » nazie lorsque l’on tente de la remobiliser dans l’horizon d’une analytique du présent – et singulièrement des configurations nouvelles qui se dessinent en Asie orientale, dans le contexte de la nouvelle Guerre froide dont les États-Unis et la Chine sont les principaux protagonistes.

Il faut, pour ce faire, commencer par reconstituer le dispositif argumentatif et théorique mis en place par Schmitt pour élever la notion de « grand espace » à la dignité d’un principe du droit international. Conçu comme une notion dynamique, concrète, en prise directe sur l’actualité historico-politique du moment, le « grand espace » se présente comme l’opérateur du dépassement de la situation figée, léguée par le droit international du XIXème siècle, selon lequel l’équilibre entre les États ou les États-nations constitue le fondement de tout ordre international et la garantie première de l’effectivité du droit des gens. L’introduction de la notion de « grand espace » dans l’horizon du droit international est ce qui va permettre, dit Schmitt, de prendre en compte des dynamiques effectivement à l’oeuvre dans le présent, tout particulièrement celle où l’on voit « un grand peuple » (le peuple allemand évidemment) affirmer sa vocation à prendre l’ascendant sur d’autres peuples, manifester sa puissance et se destiner ainsi à faire valoir son droit à s’établir dans un « grand espace concret ».

41Slx8ar6bL._SX328_BO1,204,203,200_.jpgAvant d’en arriver à cette affirmation, Schmitt, de manière très habile, évoque ce qui, à ses yeux, constitue le premier exemple de formation d’un « grand espace » dans l’histoire moderne – la promotion par les États-Unis, dès les débuts du XIXème siècle, de la « Doctrine Monroe ». C’est là, dit-il, « dans l’histoire récente du droit international, le premier exemple, et le plus réussi à ce jour d’un principe du grand espace en droit international ». Donc le précédent doté d’une incontestable autorité que Schmitt va mobiliser afin de faire valoir les droits de l’Allemagne nazie à s’établir dans le « grand espace » qui lui revient, mais tout en dénonçant la perversion ou le détournement de l’esprit premier de la doctrine Monroe.

Le procédé est, on va le voir, d’une habileté d’autant plus diabolique que la critique argumentée par Schmitt est d’une acuité impressionnante, ayant résisté à l’épreuve du temps d’une manière si évidente que l’on en demeure accablé – comment un nationaliste-conservateur rallié au nazisme tant par calcul que par conviction (même si son nazisme se sépare sur bien des questions de celui des SS et autres idéologues et mythologues de l’aryanité) peut-il énoncer en 1939, dans un écrit destiné à donner un air de respectabilité juridique à l’hubris conquérante du Führer, une critique de ce qu’il appelle l’impérialisme universaliste dont le tranchant conceptuel continue de sauter aux yeux aujourd’hui même ? Tout se passe comme si, depuis que ce texte de circonstances a été écrit, le temps (le cours des choses) n’avait fait que travailler pour lui, s’acharner à en confirmer la qualité critique – lorsqu’il évoque le destin de la version originale du « grand espace » – celle dont les États-Unis ont été les promoteurs…

À l’origine, rappelle Schmitt, la Doctrine Monroe consista à déclarer une condition d’immunité : celle du continent américain tout entier face aux entreprises coloniales européennes. Il s’agissait bien d’affirmer, en effet, que « les peuples des continents américains (…) ne se sentaient plus les sujets des grandes puissances étrangères et ne voulaient plus être objets de colonisation ». Il s’agissait de proclamer leur sortie de l’orbite de l’histoire européenne, avec ses royaumes, ses empires, ses principes de légitimité monarchique et dynastique. La Doctrine Monroe, à ce titre, définit les Amériques comme un « grand espace » dont le propre est d’avoir rompu toute relation d’hétérogénéité avec les puissances européennes. Elle consiste, un pas plus avant, à faire des États-Unis le garant de la non-dépendance de ce « grand espace ». Simplement, une ambiguïté persistante existe à propos du statut même de cette « doctrine », remarque Schmitt : énonce-t-elle « un véritable principe de droit » ou bien est-elle « une maxime purement politique » mise en avant par le gouvernement des États-Unis en tant que celui-ci dispose des moyens d’en assurer l’efficience ? Cette sorte de « double nature » du premier « grand espace » est, nous le verrons, un enjeu de première grandeur dans la discussion portant sur cette notion même.

9780521115421.jpgRapidement, dans le cours de l’histoire des États-Unis, argumente Schmitt, la Doctrine Monroe a subi une décisive inflexion dont l’effet est le suivant : « Principe de non-intervention et de rejet des ingérences étrangères au départ, elle s’est muée en justification des interventions impérialistes des États-Unis dans d’autres États américains » – donc, le motif bien connu de l’Amérique centrale et l’Amérique latine comme chasse gardée de l’Oncle Sam… Et ici déjà, on voit que ce qui va l’emporter très vite, à l’usage, ce n’est pas la fondation d’un principe de droit international – donc doté d’une validité et d’une portée universelles – mais bien l’interprétation décisionniste de la Doctrine Monroe : « Ce que dit au fond la Doctrine Monroe, c’est au seul gouvernement des États-Unis d’Amérique qu’il revient de le définir [je souligne, AB], de l’interpréter et de lui donner sa sanction » (déclaration du Secrétaire d’État Hugues – 1923).

C’est à partir de ce tournant et sur sa lancée que la politique internationale des États-Unis va se réorienter en changeant d’échelle : en « falsifiant » la Doctrine Monroe, elle va abandonner son « principe d’espace continental et s’allie[r] à l’universalisme planétaire de l’Empire britannique » pour devenir une puissance mondiale et conquérante tendant à étendre la notion de « grand espace » à l’échelle de la Terre.

Et c’est ici que Schmitt va, si l’on peut dire, effectuer cette percée décisive dont l’effet est que son texte (de « circonstances nazies ») trouve un écho manifeste dans notre présent, ceci tout particulièrement dans cette partie du monde – en Asie orientale. Le changement d’échelle de la Doctrine Monroe entendue comme rationalisation ou mise en concept de la notion de « grand espace » a pour effet de s’énoncer désormais dans les tons universalistes et se transformer en dispositif d’intervention planétaire. Or, c’est là, note Schmitt à bon escient, que se situe le tour de passe-passe, que prend racine la falsification de ce qui constitue la disposition première, anti-coloniale, de cette doctrine : en dissolvant, dit Schmitt, une idée ordinatrice concrète, spatialement déterminée, dans des idées universalistes planétaires, la puissance états-unienne s’autorise à s’immiscer en toutes choses sous des prétextes humanitaires, à associer indissolublement « idéaux », « valeurs » et pan-interventionnisme.

9780415522861.jpgJe cite Schmitt: « Les notions générales universalistes applicables à la planète entière sont en droit international les armes typiques de l’interventionnisme ».

Cet énoncé présente une double caractéristique : d’une part, il s’inscrit distinctement dans une tradition qui est celle du discours anti- et contre-révolutionnaire inauguré par Edmund Burke lorsque celui-ci objecte à la proclamation de droits universels par la Révolution française que ceux-ci sont une vue de l’esprit – il n’existe, comme le dit Schmitt dans le même vocabulaire que Burke, que des droits « concrets » – ceux des Anglais, des Français, des Allemands, etc. Il n’est pas surprenant que, sur cette question primordiale, le crypto-nazi qu’est Schmitt mette ses pas dans ceux des théoriciens de la contre-révolution qui, tout au long du XIXème siècle, poursuivent la tradition burkienne – de Bonald, Donoso Cortès, etc. – ce qui en dit suffisamment long sur le genre de « révolution » dont se réclamaient les nazis.

Mais, d’un autre côté, il est incontestable, vérifiable à l’épreuve du siècle entier qui va du traité de Versailles (en tant que celui-ci est placé sous la houlette de Woodrow Wilson et des « principes » généraux qu’il proclame à cette occasion en même temps que se met en place le nouvel hégémonisme états-unien) aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, que le discours universaliste et les pratiques qui s’y associent dans le champ de la politique internationale sont, sous cette condition, le truchement de politiques constamment hégémonistes – celles de l’Empire américain et de cet Occident qui, tout particulièrement depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, lui fait cortège.

Le trait de cette époque, si l’on peut dire, c’est que l’universalisme référé aussi bien à la Révolution américaine qu’à la Révolution française y est constamment accompagné comme son ombre par sa falsification « interventionniste » et hégémoniste – et c’est sur ce point que la critique schmittienne fait constamment mouche et, à l’épreuve de la situation présente, apparaît comme n’ayant pas pris une ride : par quelque bout qu’on prenne l’affaire, les jeunes « mouvementés » de Hong Kong « adoptés » par Donald Trump et Boris Johnson au nom de la défense des idéaux, principes et valeurs universels (liberté-démocratie), ça sonne faux, horriblement faux

Et ce n’est évidemment pas une mince épreuve pour nous qui ne sommes pas précisément de ce bord, que ce soit ce crypto-nazi de Schmitt qui, avec une extraordinaire prescience, mette le doigt sur ce point d’effondrement perpétuel, cette faille irréparable du discours universaliste occidental qui se réclame et de la tradition des grandes révolutions de la modernité et de celle des « Lumières » – les guillemets s’imposent ici. Le constant amalgame des intérêts impériaux avec le nom de l’universel, c’est-à-dire les principes et les valeurs, ou bien encore avec ce que Schmitt appelle « la pérennité et l’intérêt de l’humanité » – une opération typiquement occidentale en tant qu’hégémoniste -, c’est là ce qu’il appelle impérialisme universaliste, un concept dont la pertinence a fait mieux, depuis qu’il l’a forgé, que conserver son éclat et son actualité. « La Doctrine Monroe, écrit Schmitt, est devenue sous Theodore Roosevelt et Woodrow Wilson une doctrine planétaire d’impérialisme universaliste ».

imagescsp.jpgComme quoi des concepts dotés d’une considérable force propulsive, propres à intensifier la pensée du présent, ce peut être dans le fumier d’un argumentaire plein de vice et de malice en faveur de la constitution d’un « grand espace » nazi, tout autant que dans tel vénérable traité de philosophie politique sanctifié par la tradition qu’on les trouve, aussi révoltante la chose soit-elle.

Cette sorte d’autopsie de la Doctrine Monroe à laquelle procède Schmitt en ouverture de son récit répond à un double objectif : d’une part faire du « grand espace » une notion essentielle pour penser les relations internationales au XXème siècle, par-delà la codification des relations entre États-nations. L’époque, affirme Schmitt, n’est pas celle des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’égalité formelle des États-nations, grands et petits, n’est qu’une fabulation peut-être utile mais assurément inconsistante, la notion de droits des minorités une vue de l’esprit inspirée par un humanitarisme bêtifiant, ou bien alors le truchement de calculs tortueux destinés à entraver la montée en puissance de tel ou tel « grand peuple »… Et c’est ici que se dévoile le second objectif de Schmitt : fonder en raison et en droit l’ambition du Reich nazi de se doter de son propre « grand espace » – en faisant valoir son droit de conquête en Europe orientale et centrale.

« Nous ne proposons pas une ‘Doctrine Monroe’ allemande », dit Schmitt, désireux de prévenir l’objection des démocrates européens et états-uniens prompts à soupçonner Hitler de vouloir redessiner les frontières de l’Europe à ses conditions, comme Woodrow Wilson l’avait fait, aux siennes propres, lors de la signature du traité de Versailles. Une affirmation que l’on ne saurait entendre comme une pure dénégation : en effet, la constitution d’un « grand espace » allemand, telle que l’entendent les nazis, repose sur des prémisses toutes différentes de celles qui inspirent l’impérialisme universaliste états-unien. Comme chacun sait en effet, les nazis ne sont pas universalistes pour un sou – leur idéologie de la supériorité raciale et des droits historiques ou naturels des Allemands, leur mystique du Volk reposent au contraire sur un particularisme exacerbé. Ce qu’ils entendent faire valoir, c’est leur droit propre, en tant qu’ils sont ce qu’ils sont (supposés être) à la différence et l’encontre, s’il le faut, de tous les autres – ceci au nom de la race, de l’inégalité des races, au nom des droits allemands et nullement au nom de principes généraux, abstraits, humanitaires et universalistes.

Le droit, dit Schmitt, ils sont fondés à le faire valoir en tant qu’ils sont un grand peuple : « Lorsqu’un grand peuple fixe de sa propre autorité la manière de parler et même de penser des autres peuples, le vocabulaire, la terminologie et les concepts, c’est là un signe de puissance irrésistible ». À l’exemplarité, telle qu’elle se trouve au fondement de la politique du « grand espace » à l’américaine (« faites comme nous, soyez démocrates, puisqu’il se trouve que, providentiellement, la démocratie est le seul des régimes politiques civilisés et le nôtre en même temps… »), Schmitt oppose la prise d’ascendant à l’allemande (« vous n’échapperez pas à l’emprise de notre pensée, de nos concepts, de nos mots, car ce sont les plus puissants, ils sont irrésistibles ! » [mes guillemets, pas ceux de Schmitt !, AB]).

61n5Ya0GHqL.jpgEn termes de puissance, ce qui correspond pour Schmitt à la notion de « grand peuple » en droit de revendiquer un « grand espace », c’est l’empire. Certes, ce concept se décline sous des formes singulières, substantiellement différentes les unes des autres – ainsi, « Reich, imperium, Empire, ne sont pas la même chose ». C’est qu’il importe à Schmitt de souligner le caractère unique du Reich allemand – une singularité absolue – « nous n’ignorons pas que l’appellation Deutsches Reich dans sa singularité concrète et sa majesté, est intraduisible » énonce-t-il fièrement. Mais en même temps, opération délicate, il faut bien placer l’accent sur le fait que le Reich nazi relève de la catégorie générique d’empire, dans la mesure même où le statut ou la condition d’empire est ce qui, pour Schmitt, donne accès à des prérogatives tout à fait particulières : « Sont ’empires’ les puissances dirigeantes porteuses d’une idée politique rayonnant dans un grand espace déterminé [je souligne, A.B] d’où elles excluent par principe les interventions de puissances étrangères. (…) Il est certain que tout empire possède un grand espace où rayonne son idée politique, et qui doit être préservé de l’intervention étrangère ».

Disant cela, Schmitt entend établir définitivement deux choses. Premièrement que l’on n’est plus, en 1939, dans le temps du système ou de l’agencement général fondé sur l’équilibre conflictuel des États-nations, que l’État-nation n’est plus l’unité de compte de la politique européenne, mondiale et, par conséquent, du droit international. Deuxièmement, que l’Allemagne, en tant que « grand peuple », empire affirmant sa singularité, est en mesure de revendiquer son « grand espace » propre, tel que précédemment défini. « Que cette idée reçue de l’État, concept central du droit international, ne réponde plus au réalisme ni à la vérité, on en a dès longtemps pris conscience. (…) Ces dernières années, l’Allemagne a ébranlé la domination du concept d’État sur le droit international en lui opposant le concept de peuple », écrit-il, rendant sa perspective tout à fait explicite.

Je me trompe peut-être, mais il me semble que je pourrais maintenant interrompre cet exposé, me tourner vers vous qui vivez en Asie orientale et dire : voilà, je vous ai tout raconté, c’était une fable sur votre présent, sur votre actualité, imaginée par un vieux nationaliste-conservateur allemand passé au nazisme et qui décrit parfaitement les conditions qui sont les vôtres – de te fabula narratur… Mais puisque la commande qui m’a été passée exige que je livre le film avec les sous-titres, alors, allons-y, et ne craignons pas de passer du régime de la fable à celui de l’analytique du présent, laquelle inclut des diagnostics et des pronostics…

Après la défaite de l’Allemagne et du Japon, les États-Unis parachèvent la constitution de leur « grand espace » à l’échelle globale, ce qui ne veut évidemment pas dire que celui-ci coïncide avec les limites de la planète. L’existence d’un autre empire, soviétique, fixe des bornes à leur expansion impériale, de même que, dans une certaine mesure, la persistance de zones d’influence héritées des empires coloniaux européens. Mais après la Seconde guerre mondiale, l’empire dit américain se globalise en ce sens qu’il se projette sur tous les continents et s’affiche plus que jamais comme un modèle universel en termes de formes de vie, de « valeurs » proclamées, de civilisation.

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Ce trait est particulièrement saillant en Asie orientale et dans le Pacifique où le « grand espace » états-unien est aussi bien terrestre que maritime et où il inclut toutes les sphères de la vie : le cas du Japon est, sur ce plan, exemplaire – les bases américaines, la démocratie parlementaire mais aussi le jazz et le bourbon. De même, le Pacifique devient pour les États-Unis ce que Schmitt appelle un « espace vital », comme la Méditerranée l’était pour l’Italie dans les rêves de grandeur de Mussolini. Avec cette « prise » (Nahme/Nomos) qu’effectuent les États-Unis sur le Pacifique après la victoire sur le Japon, la mer cesse d’être un élément rétif à la formation du « grand espace », « inaccessible à la domination humaine », dit Schmitt. Le Pacifique devient, pour les États-Unis, dans leur dimension impériale, « un espace de domination humaine et de déploiement effectif de la puissance ». L’extension du « grand espace » états-unien après 1945 vérifie l’assertion de Schmitt : « l’empire est plus qu’un État agrandi, de même que le grand espace n’est pas qu’un micro-espace agrandi ».

Depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, plusieurs épisodes-clé ont jalonné le processus de délimitation du « grand espace » états-unien dans le Pacifique et en Asie orientale – la Révolution chinoise, la guerre de Corée, la guerre du Vietnam pour l’essentiel – le rapprochement terminologique et conceptuel opéré par Schmitt entre Ordnung (ordre) et Ortung (localisation) y manifeste sa pleine validité : tout « grand espace » produit un « ordre » (fonctionnant selon des règles) et cet « ordre » est localisé, c’est-à-dire jalonné, balisé (où l’on retrouve un des gestes premiers de la philosophie politique de Schmitt – le nomos dans sa relation au traçage d’une délimitation, d’une frontière).

Sous ce régime de l’« empire », le « grand peuple » qui déploie sa puissance dans le « grand espace » qu’il a délimité n’y exerce pas sa souveraineté selon la définition de ce terme que propose la tradition de la philosophie classique européenne, une souveraineté qui s’est affirmée au XIXème siècle comme la prérogative des États-nations – elle y fixe des règles et limites : ainsi, dans le « grand espace » états-unien Asie de l’Est/Pacifique, pas question qu’une entité ou un territoire bascule dans l’autre « camp » au temps de la Guerre froide, pas question que Taïwan redevienne partie intégrante de la Chine, qu’Okinawa ou la Corée du Sud cessent d’accueillir des bases « américaines », que les communistes s’installent au pouvoir en Indonésie, etc.

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Dans son essai de 1939, Schmitt énonce une sorte d’utopie naïve (ou peut-être faussement naïve), sinistre dans tous les cas, une involontaire dystopie, donc, plutôt qu’une utopie à proprement parler : celle d’un ordre planétaire fondé sur une répartition réglée en « grands espaces », en bref, un partage du monde opéré par les « grands peuples » qui auraient su s’imposer, un partage entre des empires lesquels, par définition, ne sauraient être nombreux. Il faut, dit-il, « inventer le concept d’un ordre du grand espace » – une figure qui ressemble à s’y méprendre au cauchemar d’Orwell, dans 1984 – le partage du monde entre des empires répondant aux doux noms d’Eurasia, Océania, Eastasia

La question première qu’élude l’utopie grossräumig de Schmitt est évidemment celle des points de contact et de recouvrement entre les « grands espaces » – et des conflits qui en découlent. La raison pour laquelle il oblitère ce problème est évidente : en 1939, il épouse le discours de paix dont le Führer enrobe sans relâche le Drang nach Osten dans lequel il s’est engagé après l’invasion de la Tchécoslovaquie et à l’aube de la campagne de Pologne, une diversion dont la signature du Pacte germano-soviétique « de délimitation des frontières et d’amitié » en septembre 1939 (dans les mots de Schmitt lui-même) sera la plus brillante et infâme des manifestations. Pas question d’afficher que le Reich s’apprête à mettre l’Europe à feu et à sang pour faire valoir ses « droits » à son grand espace ; il s’agit au contraire de décrire la formation de cet espace comme découlant purement et simplement d’un décret du destin historique, voué à trouver son débouché de la plus naturelle et pacifique des façons.

Or, ce que montre l’attaque surprise lancée contre l’URSS en juin 1941, à l’instar même du raid éclair mené par l’aviation japonaise contre Pearl Harbor, c’est que le régime des « grands espaces » n’est pas tant celui des justes répartitions que celui d’une perpétuelle lutte à mort placée sous le signe de la lutte pour l’hégémonie (un concept que je n’ai pas trouvé chez Schmitt, curieusement). Les « grands espaces » ne cohabitent pas heureusement, qu’ils soient terrestres ou maritimes (ou les deux), le fameux traité de Grotius sur le droit de la mer l’illustre parfaitement, à l’aube de la modernité politique et économique, en tant que sa rédaction découle directement du heurt de deux ambitions « grand-spatiales » – en Asie notamment, celle des Pays-Bas et celle de la Grande-Bretagne.

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Le concept de « grand espace » intensifie les enjeux de ce qui se subsume habituellement sous la notion de « zone(s) d’influence ». Il met crûment en lumière le fait que ce qui y est en jeu dans les répartitions qui s’opèrent sous ce régime, ce ne sont pas simplement des jeux d’« influence » mais bien des enjeux d’emprise, de territorialisation et d’exercice pratique de la puissance. Les États-Unis prennent en Indochine le relais du colonialisme français non pas pour y devenir « influents », mais pour tenter d’empêcher qu’y exerce son emprise le communisme entendu comme idéologie dont l’avers est un « grand espace » lancé à la conquête du monde. Ils se trompent du tout au tout quant à l’homogénéité de cet espace, sous-estiment les divisions et différends qui le minent, mais ce que met parfaitement en lumière la désastreuse guerre du Vietnam, c’est que le « grand espace », dès lors qu’il devient un opérateur réel – mais toujours caché, car à proprement parler inavouable – des relations internationales, contient en lui-même la guerre « comme la nuée porte l’orage » (Jean Jaurès).

En effet, c’est sous le signe de cette notion même, et d’elle seulement, qu’une puissance va pouvoir faire du conflit opposant deux factions dans un pays situé à plus de 11 000 km de ses côtes les plus proches (le Vietnam) un enjeu de sécurité vitale. Lorsque les gouvernants et les stratèges d’une puissance, lorsqu’un peuple (qui se voit comme « grand ») commencent à penser leur rapport au monde et aux autres puissances, aux autres peuples, selon les « logiques » du « grand espace », le seuil séparant les questions de politique intérieure et celles qui ont trait à la politique internationale tend à devenir flou, l’extérieur devient l’intérieur et, de ce fait même, des notions comme celles d’intérêt vital, de sécurité ou de danger vital vont tendre à devenir obsessionnelles en même temps qu’elles se globalisent – ce qui conduit les États-Unis à se projeter sur le théâtre vietnamien (comme naguère coréen) pour y défendre leurs « intérêts vitaux ».

Comme le rappelle Schmitt, la puissance doit se mettre en espace et pas seulement se territorialiser, se doter d’un territoire inscrit dans des frontières. La puissance est constamment portée à se désinscrire de son territoire en franchissant ses propres limites – l’intervention des États-Unis dans le conflit vietnamien, c’est exactement ça. Mais ce franchissement déterritorialisant n’est possible que parce qu’il s’opère sur « fond » de « grand espace » – depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, les États-Unis voient le Pacifique et l’Asie orientale jusqu’à la façade maritime de la Chine comme leur zone de sécurité, incluant un pays comme les Philippines et excluant l’avènement d’un régime hostile dans tout le sud-est asiatique.

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La chaîne d’équivalence construite par Schmitt entre « grand peuple », empire, puissance étatique et « grand espace » fonctionne parfaitement lorsqu’on la met à l’épreuve de la situation actuelle en Asie orientale et dans la zone occidentale du Pacifique. La montée en puissance de la Chine continentale au cours des dernières décennies suscite l’apparition d’une quête de « grand espace » inévitablement maritime en même temps que terrestre, un processus d’expansion qui, nécessairement, entraîne de périlleux « frottements » avec le grand espace établi dans cette zone au temps de la splendeur de la Pax Americana – dans cette région tout particulièrement.

Ces effets de friction (toujours susceptibles de s’enflammer) sont d’autant plus périlleux que l’une des puissances concernées et en déclin et l’autre en pleine ascension. D’une façon générale, lorsque la « mise en espace » de deux puissances étatiques débouche sur ce genre de heurt – cela produit des étincelles, mais tout particulièrement dans cette configuration où est en jeu non seulement la rencontre de deux « grands espaces » mais la position hégémonique à l’échelle globale. C’est la raison pour laquelle la Mer de Chine méridionale est aujourd’hui l’un des endroits les plus dangereux du monde et n’est pas près de cesser de l’être. Dans cette configuration où, chaque jour ou presque, des navires de guerre et des chasseurs-bombardiers de Chine populaire et des États-Unis se mesurent et se surveillent dans le détroit de Taïwan et en mer de Chine du Sud, il apparaît distinctement que la notion de « grand espace » permet de se tenir au plus près de ce qui est en jeu sur ce théâtre de crise en cours d’intensification : ce qui y est en jeu est bien davantage qu’un conflit classique entre deux États-nations. Il n’y est pas question de tracés de frontières, de territoires disputés entre l’une et l’autre puissance mais bien de spatialisation de la puissance dans un sens beaucoup plus général.

L’une des deux puissances impliquées dans le conflit s’active à construire un glacis maritime aux portes de son territoire, l’autre à préserver ses prérogatives impériales et hégémoniques dans un espace régional situé à des milliers de kilomètres de son territoire propre. Au reste, la confrontation en cours entre un « grand espace » en cours de formation et l’autre en cours de délitement a tout un arrière-plan fait de guerre économique et commerciale, et dont l’enjeu est la position de leader de l’économie mondiale.

En d’autres termes, et contrairement à ce que prétend Carl Schmitt lorsqu’il épouse le « discours de paix » de Hitler, le « grand espace » a pour vocation naturelle à se globaliser, se mondialiser, son développement est porté par une dynamique déterritorialisante qui fait sauter tous les verrous et tend à effacer toutes les frontières.

En ce sens, les ambitions de Pékin en Mer de Chine du Sud sont inséparables de ce qui se profile derrière les nouvelles « routes » chinoises s’ouvrant tous azimuts en direction de l’Asie du Sud-Est, de l’Asie centrale, l’Europe, l’Afrique…

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Il ne s’agit pas de dire pour autant que toutes les dynamiques à l’oeuvre dans le développement d’un « grand espace » se valent et se ressemblent – les ambitions chinoises en Mer de Chine du Sud couplées à la Belt and Road Initiative, ce n’est pas le remake de la Sphère de co-prospérité asiatique du Japon impérial, militariste et conquérant et pas davantage la copie conforme de la doctrine Monroe dans sa version impérialiste, hégémoniste et mondialisée. Simplement, mobiliser le concept de « grand espace » pour penser les conflits globaux d’aujourd’hui et les menaces de guerre qui pèsent sur la planète, c’est ce qui permet de comprendre que, comme Schmitt l’avait saisi dès 1939, nous ne vivons plus depuis belle lurette sous le régime de la conflictualité complémentaire des États-nations entendu comme « système », avec ses règles et ses conventions ; nous ne vivons pas davantage sous celui des « camps » comme au temps de la Guerre froide, mais bien sous celui des « grands espaces ». Fondamentalement, par exemple, l’échec de l’Union européenne qui n’est jamais parvenue à se constituer comme puissance et entité propre, autonome, capable de rivaliser, en politique internationale, avec d’autres puissances, c’est l’échec de l’ambition à former un « grand espace » reterritorialisé autour du vieux continent mais capable de rayonner dans le monde entier, en incarnant la capacité et la singularité d’un « peuple européen », d’une singularité européenne, ceci dans l’après de l’âge des empires coloniaux européens. Un tel peuple européen post-colonial(iste) a radicalement échoué à se former et, avec lui, son « imperium » et son « grand espace ».

Une formule comme celle que je relève dans Le Monde du jour même où j’achève la préparation de cette communication (3/07/2020) – « Des exercices militaires chinois autour de l’archipel des Paracels inquiètent le Pentagone » – ne devient intelligible que si on la réfère à la notion de « grand espace ». Dans son apparente banalité, cette formule ne prend son sens qu’en tant qu’elle se réfère implicitement à l’existence d’un « grand espace » états-unien s’étendant jusqu’aux confins maritimes de la RPC. Inversement, si la formule symétrique « Le ministère de la Défense chinois s’inquiète de la présence de navires militaires américains entre Key West et La Havane » est imprononçable et dénuée de sens, c’est à l’évidence qu’il n’existe pas de « grand espace » chinois s’étendant à proximité des côtes de la Floride. La notion de « grand espace » fonctionne ici comme ce qui accompagne le retour au réel. Le « réalisme » inspiré par Schmitt étant, dans cette configuration, ce qui s’oppose à l’« idéologique » – la fiction déréalisante selon laquelle toutes les souverainetés étatiques sont égales en droit(s) et donc en puissance. Si les États-Unis apparaissent fondés à « s’inquiéter » sans répit de garantir la souveraineté de facto de Taïwan, à s’alarmer de ce que les installations militaires chinoises sur des îlots situés en mer de Chine méridionale violent les droits du Vietnam, des Philippines, de Singapour et du Sultanat de Brunei (etc.), si la « liberté des mers » leur tient tout particulièrement à coeur dans cette zone, davantage sans doute qu’en d’autres espaces maritimes  (etc.), c’est bien que la notion de « grand espace » est, dans notre présent, plus fonctionnelle que jamais.

Mais c’est en même temps pour cette raison même que cette notion ne saurait figurer dans le lexique des chancelleries ni dans celui de la science ou la philosophie politique à l’occidentale – c’est en effet une notion dont l’effet premier est de « flouter » les lignes de partage entre ce qui est censé se situer au fondement du droit international considéré comme un acquis du progrès de la civilisation et notamment du rejet du « droit de conquête » – ceci tout particulièrement après la défaite des régimes militaristes et expansionnistes (Allemagne, Japon, Italie) lors de la Seconde guerre mondiale. La notion de « grand espace » est véridictionnelle très précisément en tant qu’elle disperse ces faux repères. Elle permet d’énoncer des diagnostics réalistes sur le présent et les dangers qu’il recèle, tout particulièrement dans cette région où se rencontrent les deux plaques telluriques du « grand espace » états-unien, usé mais nullement défait, et du « grand espace » chinois en voie d’expansion. Elle permet par conséquent d’imaginer aussi des pronostics d’avenir – pas tout à fait roses, dans leur réalisme même.

  1. 1) J’adopte la graphie « grand espace » afin de marquer qu’il ne s’agit pas simplement d’un espace qualifié de grand, mais d’un concept unitaire – j’aurais aussi bien pu opter pour grand-espace pour tenter de rendre le Grossraum allemand.
  2. 2) Le titre complet de l’essai de Schmitt est : Le droit des peuples réglé selon le grand espace proscrivant l’intervention de puissances extérieures – une contribution au concept d’empire en droit international (1939-1942, Krisis 2011).

vendredi, 28 février 2020

Le droit des peuples réglé sur le grand espace de Carl Schmitt

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Le droit des peuples réglé sur le grand espace de Carl Schmitt

par Karl Peyrade

Ex: https://www.lerougeetlenoir.org

Avec Le droit des peuples réglé sur le grand espace (1939-1942), Carl Schmitt commence à s’intéresser, dans le cadre de son analyse juridique et géopolitique, à la question de l’espace. Le droit international public est désigné par le juriste allemand comme le droit international des gens, c’est-à-dire ceux qui appartiennent à un Etat territorialement délimité dans un pays homogène. Le concept de grand espace apparaît au XIXe siècle avec l’idée de territoires équilibrés. Dans la tradition juridique française initiée par Jean Bodin puis reprise par les jacobins, ce sont plutôt les frontières naturelles qui ont servi à justifier l’expansion gallicane. A l’opposé, la logique de grand espace valide le droit des peuples à forte population à dominer sur les autres. La conception française s’articule sur un schéma géographique tandis que la notion de grand espace est liée à un déterminant démographique.

41Slx8ar6bL._SX328_BO1,204,203,200_.jpgCe paradigme spatial apparaît très explicitement dans la doctrine Monroe de 1823. Cette théorie américaine revendique l’indépendance de tous les Etats américains, interdit leur colonisation par des Etats tiers et défend à ceux-ci d’intervenir en leur sein. Elle crée donc un corpus de règles ayant vocation à s’appliquer à un grand espace qui est l’espace américain. La difficulté réside dans le fait que la doctrine Monroe a évolué avec le temps. Elle est passée d’un non-interventionnisme catégorique à un impérialisme intransigeant, d’une neutralité à une position morale donnant le droit de s’ingérer dans les affaires des pays du monde entier. « L’aversion de tous les juristes positifs contre une telle doctrine est bien compréhensible ; devant pareille imprécision du contenu normatif, le positiviste a le sentiment que le sol se dérobe sous lui », ironise l’auteur. En fait, les américains ont modifié leur interprétation de la doctrine Monroe au fil du temps et de leurs intérêts. La raison d’Etat se passe facilement des débats juridiques car contrairement à ce que de nombreux juristes pensent, dans la lignée du positivisme juridique, le droit ne créé rien. Il est simplement le reflet d’un rapport de forces. Les marxistes le désigneraient comme étant une superstructure.

D’après Talleyrand, l’Europe est constituée de relations entre Etats. Monroe est le premier à parler de grand espace. Le grand espace repose sur l’idée d’inviolabilité d’un espace déterminé sur lequel vit un peuple avec un projet politique. Il suppose aussi l’absence d’intervention dans les autres espaces. Au départ, ce principe était donc interprété dans un sens continentaliste. Mais à l’arrivée, on débouche sur un interventionnisme capitaliste et universaliste avec le triomphe de l’interprétation britannique. Le passage de la neutralité à l’impérialisme américain s’incarne particulièrement en la personne du président Wilson (1917). Ce dernier a fait du principe local du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes un principe à valeur universelle. Carl Schmitt critique cette « réinterprétation de la doctrine Monroe, au départ idée concrète du grand espace, géographiquement et historiquement déterminée, en principe général d’inspiration universaliste, censé valoir pour la Terre entière et prétendant à l’ubiquité ».

Le principe de sécurité des voies de communication britanniques constitue un bon exemple de notion universaliste au profit de l’impérialisme anglo-saxon. Contrairement aux Etats-Unis et à la Russie, il n’existe pas de continuité spatiale dans l’empire britannique qui est une addition de possessions émiettées sans espace déterminée et sans cohérence. Afin de justifier la sécurité des voies de communication, les anglais ont adopté des principes universalistes permettant d’assimiler l’empire britannique au monde. En effet, les anglais régnaient sur la mer. Ils avaient donc intérêt à ce que les voies maritimes soient sécurisées au nom de leur principe de sécurité des voies de communication leur permettant d’intervenir partout et de dominer les espaces maritimes des pays neutres. A titre d’exemple, ils ont empêché le monopole français sur le Canal de Suez en invoquant le principe de droit naturel des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cela n’a en revanche pas fonctionné à Panama où les américains leur ont justement opposé la doctrine Monroe.

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Philosophiquement, la vision universaliste du monde trouve sa source dans la théorie du droit naturel du XVIIe siècle qui trouve son apogée dans le concept de liberté commerciale forgée au XIXe siècle. Il ne faut pas confondre la loi naturelle qui vient de Dieu et le droit naturel selon lequel les hommes naissent tous avec des droits inhérents à leur personne humaine. Ainsi, au-delà des caractéristiques ethniques, culturelles ou religieuses, l’homme parce qu’il est homme dispose de certains droits fondamentaux. L’avènement des droits de l’homme constitue l’aboutissement suprême de la théorie du droit naturel.

A l’inverse de cette théorie, la logique des grands espaces n’a pas de portée universaliste. Elle intègre l’évolution historique des grandes puissances territoriales ayant de l’influence sur des pays tiers. Le paradigme n’est donc plus national mais spatial. Au sein de l’espace dominé par une grande puissance règne la paix en raison de l’exigence de non-intervention. Mais en dehors de cet espace, l’intervention redevient possible. Carl Schmitt reprend le concept allemand d’empire pour l’adapter aux particularités de son époque. L’impérialisme répond au contraire à une vision supra ethnique, capitaliste et universaliste. L’auteur plaide pour le Reich allemand contre les deux universalismes de son temps : l’URSS socialiste et la révolution mondialo-libérale occidentale. Il faut rappeler que la pensée schmittienne n’est en aucun cas une pensée racialiste ce que les membres de la SS n’ont pas manqué de lui reprocher. Elle s’appuie en revanche sur un peuple constitué historiquement et ayant conscience de lui-même. Pour Schmitt, le concept d’empire est traversé par les mêmes idées, la même philosophie, ancré dans un grand espace et soutenu par un peuple.

« Les autres concepts de l’espace, désormais indispensables, sont en premier lieu le sol, à rattacher au peuple par une relation spécifique, puis celui, corrélatif au Reich, débordant l’aire du peuple et le territoire étatique, du grand espace de rayonnement culturel, mais aussi économique, industriel, organisationnel […] L’empire est plus qu’un Etat agrandi, de même que le grand espace n’est pas qu’un micro-espace agrandi. L’Empire n’est pas davantage identique au grand espace ; chaque empire possède un grand espace, s’élevant par là au-dessus de l’Etat spatialement déterminé par l’exclusivité de son domaine étatique, au-dessus de l’aire occupée par un peuple particulier. »

Plusieurs conceptions peuvent découler de cette notion de grand espace. Une acception purement économiste pourrait le voir uniquement comme le lieu de l’échange commercial avec d’autres grands espaces. La vision impériale, et non impérialiste, aboutirait à des relations entre empires basés sur des grands espaces. Au sein de ces grands espaces, des relations interethniques pourraient voir le jour. Sous réserve de non-ingérence de puissances étrangères, des relations interethniques pourraient même naître entre empires différents. La notion d’empire permet, contrairement à l’universalisme des droits de l’homme, de conserver les Etats et les peuples.

Juridiquement, l’espace est traditionnellement abordé par le droit de la manière suivante : le droit privé l’appréhende à travers l’appropriation d’une terre tandis que le droit public le considère comme le lieu d’exercice de la puissance publique. Les théories positivistes voient le droit comme « un ordre intimé par la loi ». Or, « les ordres ne peuvent s’adresser qu’à des personnes ; la domination ne s’exerce pas sur des choses, mais sur des personnes ; le pouvoir étatique ne peut donc se déterminer que selon les personnes ». Le positivisme juridique n’admet donc l’espace que comme un objet relevant de la perception, déterminé selon le temps et l’espace. Au fond, il s’agit d’un espace vide sur lequel s’exerce le pouvoir étatique. A l’inverse, Carl Schmitt part de l’espace pour fonder tout ordre juridique. L’auteur note l’influence juive au sein du droit constitutionnel allemand sur le concept d’espace vide : « Les rapports bizarrement gauchis qu’entretient le peuple juif avec tout ce qui touche au sol, à la terre et au territoire découlent du mode singulier de son existence politique. La relation d’un peuple à un sol façonné par son propre travail d’habitation et de culture, et à toutes les formes de pouvoir qui en émanent, est incompréhensible pour un esprit juif. » Le juriste allemand conclue son ouvrage en insistant sur le vocable juridique du Moyen-Âge qui avait une dimension spatiale (Stadt = site, civitas = cité, Land = terre etc.) et en constatant que la négation de l’espace conduit à la négation des limites ce qui aboutit à l’universalisme abstrait.

« Ces considérations ne visent certes pas à prôner le retour vers un état de choses médiéval. Mais on a bien besoin de subvertir et d’éliminer un mode de pensée et de représentation regimbant à l’espace, dont le XIXe siècle marque l’avènement, et qui gouverne encore la conceptualisation juridique tout entière ; en politique internationale, il va de pair avec l’universalisme déraciné, négateur de l’espace et par là sans limite, de la domination anglo-saxonne des mers. La mer est libre au sens où elle est libre d’Etat, c’est-à-dire libre de l’unique représentation d’ordre spatial qu’ait pu penser le droit d’obédience étatique. »

nomos.jpgOuvrage court mais très exigeant, Le droit des peuples réglé sur le grand espace constitue une bonne introduction à l’ouvrage majeur Le nomos de la terre qu’écrira par la suite Carl Schmitt. Ecrit dans un style toujours clair sans être universitaire, le livre présente le grand mérite d’être en avance sur son temps. A une époque où l’on réfléchissait encore en termes de nation, il anticipe largement les grandes évolutions du monde. Aujourd’hui, comment nier que le monde est traversé par une logique de blocs animés par une puissance dominante. L’espace américain est dominé par les Etats-Unis, l’espace asiatique par la Chine et l’espace eurasiatique par la Russie. Il n’y a guère que l’Europe qui ne suit pas cette évolution. En effet, au lieu de s’ancrer dans son espace culturel et religieux, elle a préféré se dissoudre dans un système technico-économique abstrait sous-tendu par les inévitables droits de l’homme. A trop nier l’espace, on finit par nier l’homme comme produit d’un enracinement culturel pour aboutir à l’homme-marchandise.

Karl Peyrade

lundi, 28 décembre 2015

“Stato, grande spazio e nomos”, Carl Schmitt e la globalizzazione americana che stermina

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“Stato, grande spazio e nomos”, Carl Schmitt e la globalizzazione americana che stermina

Ex: http://www.ilprimatonazionale.it

Roma, 24 dic – Far passare l‘hostis, il nemico, per un criminale al fine di eliminarlo. E’ l’operazione che Carl Schmitt prevedeva avrebbero attuato i nuovi “padroni del mondo”, gli Stati Uniti. Una guerra contro l’altro da sé, a suon di missili anche, certo, ma senza rinunciare e piuttosto preferendo quello che più recentemente Joseph Nye ha definito soft power, attraverso il quale Washington avrebbe dovuto imporre un modello culturale e di vita a partire dal controllo dei media. Schmitt anticipò e comprese da subito che “l’universalismo dell’egemonia anglo-americana” avrebbe sancito un sistema unico globale cancellando distinzioni e pluralità spazio-temporali. Un mondo dominato dalla tecnologia generata da una sola potenza, da strategie economiche transnazionali e finanche da una “polizia internazionale”. Il giurista tedesco vide oltre la globalizzazione, che è sterminata perché cancella il Terminus come per Hegel l’infinito si realizza a spese del finito, e lo fece ante litteram senza essere un nano salito sulle spalle dei giganti del suo tempo. Lo fece da gigante con buona pace della crème della mediocrità intellettuale, che ancora si affanna a revisionare lui come Heidegger senza afferrarli mai se non per collocarli altrove poiché colpevoli di non essere come loro prima che essere macchiati dell’eterna colpa nazista.

Già nel fondamentale Terra e Mare Schmitt analizzava il diacronico processo che ha portato la talassocrazia statunitense ad imporsi sulle potenze di terra europee. Ben prima della recentissima uscita di “Stato, grande spazio e nomos” (Adelphi, pp. 527, euro 60) i lettori italiani potevano coglierne la filosofia politica che inchiodava il liberalismo alla vacuità su cui fin dalle origini poggiava, a quel tentativo mai celato di imporre la società al di sopra dello Stato, fino all’estirpazione di quest’ultimo professata da Franz Oppenheimer. Se è pur vero che per Schmitt lo Stato per essere tale necessita del concetto di “politico” oggi assente, Voltaire in Zadig e nel Candido sosteneva che i legami commerciali e contrattuali fossero preferibili a quelli basati sul Blut und Boden, sintagma germanico impronunciabile al tempo dell’ortodossia umanitaria dell’antiparadigma Ius Soli, perché intrinsecamente meno dispotici. Per Schmitt era vero l’opposto perché porre lo Stato al di sotto dell’individuo significava “degradarlo appositamente in zone di immoralità e di violenza”, renderlo quindi un feticcio primitivo.

Ed è proprio questo l’eterno inganno liberale, sciogliere l’individuo da ogni responsabilità, confondendo il voluttuario con la volontà prometeica che ha un’origine e per questo, soltanto per questo, è destinata a portare il fuoco che edifica e non cancella il confine e la norma. La grandezza di Schmitt sta qua, nel tracciare un solco nel diritto internazionale e nella filosofia politica, e basterebbe Il nomos della terra, inevitabile come lo è Essere e tempo di Heidegger per la metafisica, a sfidare i guardiani del caos. Alla cancellazione della definizione c’è sempre l’alternativa della definizione stessa che potrà pure essere tacciata di inattualità ma resterà certezza di fronte ad ogni dissoluzione. Come il Castello dei Pirenei di Matisse, l’opera di Schmitt resta una roccia che si erge sopra le onde che tentano di spazzare via ogni Nomos della Terra.

Eugenio Palazzini

vendredi, 12 juin 2015

Eurasia y Europa: diálogo de “Grandes Espacios”

por Natella Speranskaja

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

natella-speranskaya.jpgCarl Schmitt consideraba la tierra como un todo único y buscaba su misión global. Este “todo” fue recogido por Schmitt en el concepto de Nomos. Schmitt usó la palabra griega derivada del verbo «nemein», que es idéntico al alemán “nehmen”, “tomar”. El Nomos comprende tres actos del drama: la “toma”, “la división y distribución de lo tomado”, “la explotación y el uso de lo tomado y distribuido”. Según Schmitt, el Nomos de la Tierra existió siempre. El Primer Nomos es descrito como la “tierra prometida” de los pueblos antiguos. Es el Nomos de la antigüedad y la Edad Media. Dejó de existir después de la exploración de los grandes océanos y el continente americano. Así comenzó el Segundo Nomos, el Nomos de los estados nacionales soberanos que tenían estructura eurocéntrica. Los acontecimientos de la Segunda Guerra Mundial condujeron a su destrucción, por lo que la tierra fue dividida en este y oeste, ambos en un estado de “guerra fría”. No se trata de meros opuestos geográficos, sino de contraposiciones más originales y profundas. Carl Schmitt escribió: “Toda la historia de la confrontación planetaria de Oriente y Occidente en su totalidad es reducible al dualismo fundamental de los elementos: la tierra y el agua, la tierra y el mar. Lo que ahora llamamos el Oriente, es una sola masa de sólida tierra: Rusia, China y la India – un enorme pedazo de tierra, la “Tierra Media” [“Middle Earth”], como es llamada por el gran geógrafo inglés Sir Halford Mackinder. Lo que hoy llamamos Occidente, es uno de los océanos mundiales, un hemisferio donde se sitúan los océanos Atlántico y Pacífico. La confrontación de las potencias, de los mundos marítimo y terrestre, es la verdad global que está en el corazón de la explicación del dualismo de civilizaciones que genera constantemente una tensión planetaria y estimula todo el proceso de la historia”. Por lo tanto, el nacimiento de un tercer Nomos fue causado por la división del mundo entre el Oeste y el Este. Sin embargo, fue destruido con la caída del muro de Berlín y el colapso de la Unión Soviética.

La interpretación de Schmitt de “tres Nomos de la Tierra” nos lleva a la pregunta: ¿cuál será el cuarto Nomos de la Tierra? Alexander Dugin, el fundador de la teoría de un mundo multipolar, el fundador de la escuela rusa de geopolítica, cree que el nuevo Nomos de la Tierra será un Nomos de lógica gran continental del continente euroasiático. Sin duda, la peor opción posible sería un Nomos unipolar, globalista. Cuál Nomos será el establecido depende de la decisión estratégica del Heartland, Rusia, la civilización de la tierra.

El politólogo italiano Tiberio Graziani piensa que Rusia “tiene todo lo necesario para cumplir con el papel histórico de piedra angular de todo el sistema mundial”, y se refiere a su ubicación en el corazón de Eurasia como uno de sus elementos más importantes. Es por eso que todas las decisiones estratégicas de los atlantistas implican la fragmentación del Heartland, considerando que este proceso proporcionará el acceso a un orden unipolar. Alexander Dugin dice: “Por eso, de si Rusia puede ser suficientemente debilitada, dividida y desestabilizada, y sus fragmentos sometidos a poderes externos, depende en gran medida el destino de la globalización”. Y más aún: “Para cualquier persona que se tome en serio la contra hegemonía estadounidense, la globalización y la dominación planetaria del Occidente (atlantismo), el axioma debe ser la siguiente declaración: el destino del orden mundial se decide por el momento solamente en Rusia, por Rusia y a través de Rusia”. Para describir el momento en el que vivimos ahora, el prominente sociólogo Zygmunt Bauman aplica el concepto de interregno – así se llamaba en la antigua Roma el período entre la muerte del César y la llegada del siquiente. Es un estado de inestabilidad, de incertidumbre, de imprevisibilidad, cuando la demolición del viejo orden es tan obvia como el surgimiento del nuevo. Pero lo que vaya a ser este nuevo orden (y, en consecuencia, el nuevo Nomos) no se sabe. En el contexto de los cambios del nuevo orden mundial, podemos hablar de un desplazamiento paradigmático desde el “momento unipolar” hacia la formación de un orden mundial multipolar. En otras palabras, el foco debería ponerse en el final de la era de la unipolaridad, porque existen todas las condiciones esenciales para la realización del proyecto alternativo. Según Huntington, el estado unipolar es capaz de “hacer frente eficazmente a todos los grandes problemas internacionales por sí solo, y ninguna de las uniones de otros estados puede, incluso hipotéticamente, ser capaz de detenerlo”. Es difícil negar que la potencia hegemónica representada por los Estados Unidos no tiene ahora un rival serio, ya sea una coalición de estados o, aunque parezca increíble, un solo estado que muestre un potencial tan fuerte que implique inevitablemente la rápida restauración del orden bipolar.

Según Zygmunt Bauman, hace unos 60-70 años ocurrió un hecho que contribuyó a un cambio fundamental en la política mundial: la brecha entre Macht [Fuerza] y Staat [Estado] – en otras palabras, entre la Fuerza y la Política, la Fuerza y el Estado (que son aspectos integrales del Poder) – condujo a la situación en la que Macht (la Fuerza) se trasladó al espacio supranacional. Por lo tanto, el Estado-nación ya no podía controlarla. En el paradigma unipolar concretamente los estados nacionales son los actores de las relaciones internacionales. Dicha brecha significa ni más ni menos un deslizamiento gradual hacia la no-polaridad. Es decir, según Richard Haass, director de Estudios de Política Exterior en el Instituto Brookings y jefe del CFR, esto será lo que determine las relaciones internacionales en el siglo XXI. Los estados-nación son casi privados de la posibilidad de la eficiencia “de hacer cosas” (como Bauman entiende Macht), surgiendo un estado de parálisis política. Antonio Gramsci trata el interregno como un período en el que lo viejo ya no funciona, y lo nuevo aún no ha aparecido.

Estamos “atrapados” entre la unipolaridad y la multipolaridad, y no tenemos ni idea de cuál debería ser la solución a esta situación. Por supuesto, surge la pregunta: ¿qué hacer? Y, sobre todo, a los propios estados-nación, que de iure retuvieron la capacidad de tomar decisiones. Pero Zygmunt Bauman sostiene con razón que, en las actuales circunstancias, la pregunta debería ser formulada de una manera diferente: ¿quién va a hacer lo que es necesario en lugar de lo que hay que hacer? ¿Qué actor asumirá la responsabilidad de las acciones que resuelvan los problemas fundamentales? Claro es que nosotros no lo consideramos como los estados-nación. En su lugar, nos dirigimos a la teoría desarrollada por Alexander Dugin, la Teoría del Mundo Multipolar.

En su libro con el mismo título, Dugin ofrece una imagen clara de lo que está sucediendo hoy en el campo de las relaciones internacionales: cuando el modelo bipolar del orden mundial cambió a uno unipolar, esto vino a significar el triunfo de la ideología liberal-democrática. Occidente ha modelado los valores y directrices de un sistema que se impone sobre el mundo como universal. Por lo tanto, Occidente llegó a la aplicación constante del control (la dictadura) de las esferas cognitivas y estratégicas. El campo de las relaciones internacionales se convirtió en la “Ciencia Norteamericana”, el contenido de las discusiones se redujo a la confrontación polémica entre realistas y liberales. El propio cuerpo diplomático se formó en el mundo unipolar y en el discurso occidental, en la mentalidad occidental, donde los actores políticos son los estados nacionales. Otro modelo de orden mundial, a saber, el modelo multipolar, implica una forma de organización de los espacios en base a varios actores, “civilizaciones”, como ha señalado acertadamente Samuel Huntington. Esto nos conduce a la formación de un nuevo cuerpo diplomático y un nuevo lenguaje diplomático basados en un orden mundial multipolar. Y los pensadores políticos más progresistas ya han llegado a alguna conclusión sobre la necesidad de cambiar el paradigma de las relaciones internacionales. Uno de ellos acaba de plantear la cuestión de qué será lo próximo, otros han encontrado la respuesta y aplican libremente los conceptos básicos del nuevo sistema. Es imposible no reconocer el hecho de que la gran mayoría de las figuras políticamente comprometidas permanecen bajo el viejo paradigma, sin percibir el cambio en curso que dará comienzo al nuevo período histórico, cambiando por completo el panorama de la política mundial. El mundo unipolar ya es el ayer. Aquí y ahora estamos discutiendo el cambio del paradigma unipolar a uno multipolar, poli-civilizacional.

La teoría del mundo multipolar sugiere establecer nuevos actores en las relaciones internacionales, que son las civilizaciones, y cada una de ellas, por definición, tiene un centro estratégico que sirve como sujeto de diálogo en las relaciones internacionales y, por lo tanto, como sujeto de poder. La transición de los estados nacionales a las civilizaciones es una consecuencia inevitable de la ruptura descrita por Zygmunt Bauman.

El profesor Adam Roberts, especialista en Relaciones Internacionales, señala la pérdida del papel de liderazgo de los Estados Unidos en el orden mundial actual. A la pregunta sobre quién ejercerá como sustituto, da una respuesta completamente obvia: nadie. Más precisamente, todavía no hemos entrado en el período de interregno, solamente nos hemos acercado, y todo lo que está sucediendo en la política global es la agonía del César moribundo (los EEUU).

La genuina aparición del interregno sucederá con la pérdida definitiva del papel de Estados Unidos como potencia hegemónica en el mundo y la cancelación del “momento unipolar”. Es aquí cuando aparece el peligro: en el período de interregno, y en la aplicación coherente de las etapas de formación de un orden mundial multipolar llegará “la geometría variable” de la no polaridad, y todo estará en el crisol de la globalización; estamos inmersos en la modernidad líquida (Z. Bauman), cuya característica principal es la “no-direccionalidad de los cambios”, es decir, la ausencia de una dirección estricta, de una directriz, lo que en última instancia nos deja sin preparación para responder a los desafíos repentinos, difíciles de determinar desde cualquier tipo de cálculo o proyección. El colapso de la Unión Soviética ocurrió repentinamente, como el relámpago, cambiando por completo el panorama de la historia. La no-polaridad que parece venir puede llegar a ser un respiro necesario, un período de posibilidad de formación del pleno valor del nuevo modelo de orden mundial, pues es imposible negar el hecho de que el cambio de paradigma, seguido por la demolición de numerosas estructuras, no será capaz de crear rápidamente, en todos los ámbitos de la vida política, todas las condiciones necesarias para la entrada en el orden multipolar. La no polaridad, el interregno en el siglo XXI, es el funeral del César retirado y la preparación para la entronización de los nuevos gobernantes (en plural), es decir, el ascenso de los polos, de los centros de poder.

La no-polaridad supone la “decapitación” de los EEUU, pero al mismo tiempo puede ser definida como un intento de la potencia hegemónica por mantener su influencia a través de la auto-dispersión, de la disolución. Bajo estas circunstancias, es estrictamente necesario evitar retrasos, quedarse atrapado en el entorno post-liberal, así como humildad en una “no-polaridad coherente”. Los nuevos actores deben desafiar ahora la posmoderna “no direccionalidad de los cambios” y tomar conscientemente la responsabilidad absoluta de las decisiones y de las acciones estratégicas en el campo de la práctica política. El principal investigador asociado de la Fundación New America, Parag Khanna, analizando la situación actual y la precaria situación de los EEUU, aborda la función crítica de la diplomacia, hacia la cual debería ser desplazado el enfoque. Para la mejora de la estructura diplomática mundial se contempla la responsabilidad de la consolidación de la hegemonía estadounidense. Sin embargo, esto no tiene en cuenta el hecho de que el lenguaje diplomático está experimentando un reformateo significativo en el contexto del cambio paradigmático al modelo multipolar, y este proceso es irreversible. En la actualidad tenemos que hablar del diálogo de civilizaciones. El diálogo se construye en un nivel completamente diferente, que está más allá de las reglas del diálogo entre los estados nacionales (es decir, fuera del discurso occidental impuesto), con los EEUU teniendo el poder de la toma de decisiones final. A menos que entendamos que la batalla por la dominación del mundo no es entre civilizaciones, sino entre una sola civilización (la occidental) contra todos los “otros” – y en la que se ofrecen sólo dos opciones: 1) estar del lado de esa civilización, 2) o estar contra ella defendiendo el derecho a la propia independencia y singularidad – no seremos capaces de formular un nuevo lenguaje diplomático para el diálogo de civilizaciones. Y esto debería ser entendido, sobre todo, por la élite de la civilización responsable, según Alexander Dugin, de conducir el diálogo. Si todos los “otros” están de acuerdo con el proyecto unipolar, nuestra batalla está perdida, pero si escogen una opción radicalmente diferente, estaremos a la espera del “ascenso del resto” (Fareed Zakaria). Deberíamos tener en cuenta que el mundialmente famoso politólogo británico Paul Kennedy, ha expresado su preocupación por la aparición de diferencias ideológicas entre los EEUU y Europa, debido a la oposición a uno de los proyectos del orden mundial – unipolar o multipolar. En el entorno actual deberíamos confiar, no sólo en el aumento de los conflictos entre Europa y América, sino preparar la situación de ruptura y de división de la primera respecto a la influencia hegemónica de la segunda. Aquí Rusia tiene un papel especial.

CS-4499VTL.jpgSin embargo, debemos admitir que durante las últimas décadas, Rusia se alejó cada vez más de su propósito original de ser un puente entre Oriente y Occidente. El interregno puede ser nuestra oportunidad de recuperarse, una oportunidad para Rusia para convertirse y ser. La teoría de un mundo multipolar puede ser considerada como el punto de partida del fin de la era unipolar y el de entrada en el período “post-norteamericano”, una característica del cual será la presencia de varios polos (los sujetos del diálogo inter-civilizacional), y la segura eliminación de la crisis de identidad, porque en un mundo multipolar la identidad adquiere un carácter civilizatorio. Hoy nuestro diálogo con Europa es un diálogo de “grandes espacios”; en el nuevo sistema de relaciones internacionales el Großraum [el “Gran espacio” de Carl Schmitt] se convierte en un concepto operativo de la multipolaridad. Alexander Dugin ofrece el modelo “CUATRO polar” o “cuadri-polar” del mundo, que consta de cuatro zonas.

En la primera zona, bajo el control total de los Estados Unidos, hay dos o tres “grandes espacios.” Tenemos dos “grandes espacios” mediante la combinación de los EEUU y Canadá por un lado, e Iberoamérica por otro. Según Alexander Dugin, pueden surgir tres “grandes espacios” cuando “dividimos aquellos países de Iberoamérica suficientemente bien integrados con los EEUU y que están completamente bajo su control, y aquellos que tienden a crear su propia zona geopolítica, desafiando a los EEUU”.

La segunda zona es la zona Euro-Africana, con la Unión Europea como su polo indudable. Aquí aparecen tres “grandes espacios”: la Unión Europea, el África negra y el Großraum árabe.

La tercera zona es Eurasia, con Rusia (el Heartland) como su polo. El profesor Dugin indica que hay también una serie de centros regionales de poder, como son Turquía (si elige el camino de Eurasia), Irán, Pakistán y la India. Por lo tanto, la zona de Eurasia se compone de varios “grandes espacios”: Rusia y los países de la CEI son el Großraum ruso-euroasiático; tres “grandes espacios” son también Turquía, Irán, e India y Pakistán.

La cuarta zona es la región del Pacífico. Su polo puede ser ya sea China (que es un “gran espacio”), o Japón (un potencial Großraum que tiene todos los factores esenciales -económicos, geopolíticos, tecnológicos, etc.- para su recuperación).

Al justificar las directrices básicas para la acción práctica de construir un mundo multipolar, el profesor Dugin se centra en las siguientes direcciones:

1. Reorganización estratégica del Heartland.

Esto implica la actividad geopolítica de la “tierra media” y la puesta en práctica de proyectos de integración dirigidos a fortalecer el modelo multipolar.

2. Cambios en la mentalidad de la élite política de Rusia.

Principalmente se centra en la adquisición de pensamiento geopolítico, así como un alto nivel de competencia en el campo de las ciencias sociales, la sociología y la historia. “La élite de Rusia debe entenderse a sí misma como la élite del Heartland, debe pensar en categorías euroasiáticas, no sólo a escala nacional, siendo al tiempo claramente consciente de la no aplicabilidad del escenario atlantista y globalista para Rusia” – escribe A. Dugin. No podemos hablar de ningún despertar de la élite hasta que se haga una elección consciente hacia el eurasianismo, rechazando las ciegas tentativas de jugar a los escenarios anti-rusos de las estrategias atlantistas.

3. El modelo de la construcción de las relaciones entre Rusia y Estados Unidos.

Comprendiendo las destructivas políticas estadounidenses encaminadas a desmantelar Rusia por el control absoluto de toda Eurasia, dichas relaciones se convierten en irreversiblemente hostiles. Tenemos que emprender acciones drásticas para evitar la presencia de la OTAN en el “gran espacio” de Eurasia y el debilitamiento del Heartland.

4. El modelo de la construcción de relaciones con Europa.

Este modelo implica una asociación estratégica con los países, adheriéndose a la política de la tradición continental – Francia, Alemania, Italia y España. Aquí es apropiado hablar sobre el proyecto del eje “París-Berlín-Moscú”. Otra situación distinta se presenta con los países de la “nueva Europa”, así como Inglaterra, que están orientados contra Rusia y tienen una tendencia a adaptarse a las exigencias de Washington.

5. El proyecto “Gran Europa del Este.”

Este proyecto incluye a los eslavos (eslovacos, checos, polacos, búlgaros, serbios, croatas, eslovenos, bosnios, macedonios, serbios musulmanes), y a los ortodoxos (macedonios, serbios, búlgaros, griegos y rumanos). El Prof. Dugin dice que los húngaros son el único pueblo que no entra en la categoría “ortodoxos”, y al mismo tiempo no puede ser llamado “eslavo”. Los húngaros tienen un origen eurasiático-turanio.

6. Los países del Heartland y del CEI occidentales.

Se trata de la integración multipolar de Rusia, Ucrania y Bielorrusia, que pertenecen a la zona del Heartland, en una sola estructura estratégica. Esta acción política evitará el riesgo de entrada de Bielorrusia y Ucrania en la OTAN. Se presta especial atención a Moldavia, cuya integración con Rumania, que es una parte de la OTAN, parece imposible hasta la ejecución del proyecto de la “Gran Europa del Este.”

7. Oriente Medio euroasiático y el papel de Turquía.

El Prof. Dugin menciona el «Proyecto del Gran Medio Oriente» estadounidense en relación con Oriente Medio. El mismo implica la democratización y la modernización de las sociedades de Oriente Medio, y el fortalecimiento de la presencia militar de los EEUU y la OTAN. Guiados por intereses antagónicos, la estrategia del Heartland en esta dirección debe incluir acciones políticas dirigidas a la salida de Turquía de la OTAN y la creación del eje “Moscú-Ankara.” Por otra parte, el proyecto del eje “Moscú-Teherán” se debe tomar con la máxima atención. Según Alexander Dugin, Irán es un “espacio estratégico que resuelve automáticamente el problema de la conversión del Heartland en una fuerza en el mundo global”. Ni Rusia ni Irán deben permitir la ejecución del escenario establecido en el proyecto de la “Gran Asia Central” (Greater Central Asia Partnership). Su puesta en marcha conduciría inevitablemente a la aparición del “cordón sanitario” que separaría Rusia de Irán. Adicionalmente, al incluir países como Georgia, Afganistán, Armenia, Azerbaiyán, Kirguistán, Kazajstán, Uzbekistán, este cordón dejaría a estos países controlados por la influencia norteamericana. La unión de Rusia e Irán, por supuesto, resolverá otro problema fundamental, es decir, se abrirá el “anillo de la anaconda”, privando a los estrategas estadounidenses de cualquier posibilidad de impedir las operaciones marítimas de Rusia.

La estrategia del Heartland debe incluir proyectos de integración de Rusia, Kazajstán y Tayikistán en un único espacio económico y aduanero. A su vez, la relación con Pakistán debe ser construida en estricta conformidad con la estrategia de desalojo de las fuerzas estadounidenses de esta zona. Alexander Dugin apunta a la necesidad de un nuevo modelo de relaciones con la mayoría pastún de Afganistán.

8. El eje “Moscú-Nueva Delhi”.

Las relaciones con el “gran espacio” políticamente neutral de la India deberían estar dirigidas a lograr la asociación. El principal objetivo de este eje es impedir los intentos de Washington de desplegar su dominio en la región del sur de Asia.

9. Relaciones ruso-chinas.

El prof. Dugin se centra en dos cuestiones difíciles, como son:

– La propagación demográfica de los chinos en zonas poco pobladas de Siberia;

– La influencia de China en Asia Central.

Es necesario construir una relación equilibrada con China, centrándose en el punto fundamental de contacto estratégico, de apoyo de la idea de un mundo multipolar.

10. Relaciones ruso – japonesas.

El prof. Dugin indica la necesidad de Japón de liberarse de la influencia estadounidense y el apoyo de Japón como potencia regional soberana. Aquí es apropiado hablar del proyecto del eje “Moscú – Tokio” como parte integrante de la política asiática de Eurasia. “La alianza con Japón es vital – dice Alexander Dugin en su obra “Las bases de la geopolítica“- el eje Moscú-Tokio, contrariamente al eje Moscú-Beijing, es importante y proporciona tales perspectivas para la construcción del imperio continental que finalmente compondrá una Eurasia geopolíticamente completa, debilitando sumamente al mismo tiempo el imperio atlantista de Occidente, si no destruyéndolo finalmente”.

11. La geopolítica de la zona ártica.

Los siguientes países tienden a controlar esta zona: EEUU, Canadá, Noruega, Dinamarca y Rusia. Todos estos países (excepto Rusia) son miembros de la OTAN. Conquistando territorios en la región polar, y uniéndose a la carrera para explotar grandes depósitos de minerales, Rusia incluyó en sus planes futuros la creación de un sistema de comunicación y seguimiento en el Ártico a gran escala. Rusia reclama una zona polar con un tamaño de 1,2 millones de kilómetros cuadrados, con el entrante Polo Norte. En 2011, un valiente movimiento de los investigadores rusos que plantaron una bandera rusa en el fondo marino del Océano Ártico, fue muy publicitado por los medios de comunicación estadounidenses.

No hay duda de que entramos en una batalla por cambios fundamentales en las reglas del discurso político, realizando la tarea de socavar los principios básicos de la hegemonía occidental. La ejecución del proyecto multipolar, en contra de las consideraciones de los politólogos occidentales escépticos, depende del curso político al cual Rusia se adhiera. La elección hacia el eurasianismo muestra un acercamiento a la disposición de dar el siguiente paso en la construcción de un nuevo orden mundial.

(Traducción Página Transversal)

Fuente: Fourth Way Platform

 Extraído de: La Cuarta Teoría Política en español.

vendredi, 05 décembre 2014

The Historical Necessity of a New Russian Grossraum

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The Historical Necessity of a New Russian Grossraum

by Nikolai von Kreitor

Ex: http://www.amerika.org

The most fundamental principle in geopolitics is the principle of Grossraum (=Great Area) formulated by the prominent German jurist Carl Schmitt in his book Völkerrechtlishe Grossraumordnung mit Interventionsverbot für Raumfremde Mächte (1) and seen by him as a foundation for the science of international law and international relations.

A Grossraum is an area dominated by a power representing a distinct political idea. This idea was always formulated with a specific opponent in mind; in essence ,the distinction between friend and enemy would be determined by this particular political idea. As an example Carl Schmitt cited the American Monroe Doctrine and its concept of non-intervention by foreign powers in the American Raum. “This is the core of the original Monroe Doctrine, a genuine Grossraum principle, namely the union of politically awakened people, a political idea and, on the basis of this idea, a politically dominant Grossraum excluding foreign intervention.”

Carl Schmitt’s knowledge and sense of history were equaled by his ability to define core issues. That ability enabled Schmitt to quickly grasp the essence of national foreign policy , articulate it in his book, relate the idea and implementation of the American Monroe Doctrine to the concept of Grossraum , subject Grossraum to analysis, incorporate it into the framework of international law and contrapose American Grossraum to a new German Grossraum, opposed to and competing with the American. By subjecting Grossraum to scholarly investigation and by placing it in the context of global politics, Schmitt had hoped to enlarge the horizon of learning and to update the state-centered system of international law to include relations between Grossräume (Different Great Areas).(2)

In so doing he subjected the political theology of American expansionism, the American state-policy and objectives of world domination formulated and codified in the Monroe Doctrine and its various extension, to a demystifying and critical analysis showing that the essence of Wilsonian universalism before, during and after the World War II was in fact an insidious ideology to equate American national interest, American expansionism and the principles of the Monroe Doctrine with the interest of mankind(3). Discussing emerging political realities , Schmitt noted that Germany needed to formulate her own Grossraum and to conceptualize the nature of international law as a relationship between different Grossräume, rejecting thereby the universalistic claims of the United States.

The center of Carl Schmitt’s discussion was the geopolitical and the ideological substance of the Monroe Doctrine, especially the series of ideas articulated prior to Theodore Roosevelt’s reinterpretation of it justifying a “capitalist imperialism”(4) and Woodrow Wilson’s reinterpretation that sough to justify a “kind of pan-interventionist world ideology”(5) , i.e. to justify the principles of the Monroe Doctrine and the new international law it created in the Western Hemisphere to principles valid for the whole world. The substance of the new American international law, created by the Monroe Doctrine, was in fact an absence of international law, understood traditionally as law of nations created by mutual consent of those nations, in the Western Hemisphere, since the Monroe Doctrine postulated that the only source of the new international law was the will of the United States. According to Schmitt the Monroe Doctrine, historically seen, was the vehicle of American subjugation of the Latin American countries and transformation of those countries into virtual American protectorates.

President Woodrow Wilson’s objectives at the end of the W.W. I to elevate the principles of the Monroe Doctrine to universally valid principles for the whole world was in fact America’s first bid for world domination. On April 12, 1919, at the Paris Peace Conference , President Wilson assured the delegates that the Monroe Doctrine was “the real forerunner of the League of Nations” and asked rhetorically ,”Indeed are we not assembled here to consecrate and extend the horizon of this document as a perpetual charter for all the world.”(6)

The Monroe Doctrine, that nineteenth-century formulation of American foreign policy, has according to Schmitt a profound relevance for the Germany of his day. Though Schmitt recognized that the realities of power politics in the Western Hemisphere of the nineteenth century were different from those on the European continent of the twentieth century , he realized that the Monroe Doctrine had extended the parameters of international relations. As far as Schmitt was concerned, the Monroe Doctrine was “the first and until now the most successful example of a Grossraum principle”(7) that had over a period of time acquired validity, for it was referred to in every important text and dictionary of international law and was defended by the United States as “an expression of the inalienable right to self-defense”(8) Calling the Monroe Doctrine, i.e. the American expansionism, a “right to self-defense”, clearly showed the substance of American political theology-the ideological justification of U.S. imperialism as well as the equation in the ideology of expansionism with self-defense: an important ideological component that will became a center-peace of American mystification of U.S. expansionism.

Carl Schmitt points out that at the end of the W.W. I, at the Paris Peace-conference which resulted in the Treaty of Versailles and the creation of the League of Nations , United States succeeded to include the Monroe Doctrine in the Article 21 of the League’s Covenant. Inclusion of the Monroe Doctrine in the Article 21 in the League of Nation’s Covenant, which reads “Nothing in this Covenant shall be deemed to affect the validity of international engagements, such as treaties of arbitration or regional understandings like the Monroe Doctrine, for securing the maintenance of peace.” symbolized for Carl Schmitt Europe’s defeat by the United States and the end of the old Jus Publicum European, which had been the foundation for all preexisting international relations. For one thing , the League of Nations, purportedly an universal international organization and predecessor of the United Nations, was excluded from asserting any jurisdictional claims in the American Grossraum, i.e. the Western Hemisphere. Western Hemisphere was excluded from the purview of the League. Thus the United States asserted the pre-eminence of its will and the ordering principles of her Grossraum, i.e. her unrestricted hegemony in the Western Hemisphere, over the League of Nations.

Schmitt emphasizes that before Grossraum could be anchored in international law it had to be legitimized by a political idea. The geopolitical and ideological conviction behind the original Monroe Doctrine, proclaimed in 1823 – the belief that the Americas had to be defended from the “status quo powers of legitimacy”(9) , the Holly Alliance, the European Con-cert formed after the defeat of Napoleon – justified its proclamation and gave it credibility. President James Monroe announced the doctrine in response to rumored intervention in America of the Holy Alliance. The United States justified its policy on the basis of its inalienable right of self-defense , a principle on which international law is found. Hence the declaration warning the members of the Holy Alliance that the United States “would consider any attempt on their part to extend their system to any portion of this hemisphere as dangerous to our peace and safety” and that the U.S. government would “view any interposition for the purpose of oppressing them, or controlling in any other manner their destiny, by any European power in no other light than as manifestation of an unfriendly disposition toward the United States”. As a corollary of the principle of nonintervention, Monroe declared that the United States was committing itself to a policy of non-intervention “in the internal concerns of any European powers.”(10)

Carl Schmitt notes that the Monroe Doctrine , originally proclaimed as a vehicle of defense against interventionism and European colonialism, transformed itself into it’s opposite, becoming the main legal and ideological instrument of American interventionism, expansionism, economic imperialism and colonization of the Western Hemisphere.(11) The language of the Monroe Doctrine lended itself to a political-semantic corruption of the English language: American interventionist policies were still presented as defense, American colonialism was heralded as establishment of democracy, installation of puppet regimes in Latin-America serving their American masters was called a preservation of civilized forms of government, the many repeated American military interventions to keep the puppet regimes in power and to expand American economic penetration – a peace-keeping operations and, quite consistent with what George Orwell would latter call a New Talk, the enslavement of Latin-American countries, their transformation into protectorates was heralded as enlargement of the frontiers of freedom.

The interventionist substance of the Monroe Doctrine was clearly emphasized in 1904, in the so called Roosevelt Corollary pronounced by President Theodore Roosevelt shortly after the Hague Peace Conference the same year. Roosevelt proposed to make an exception to general international law in favor of the Western Hemisphere and this exception were to be made by ” a unilateral American pronouncement , not through a universally agreed amendment to international law.”(12) Roosevelt explicitly rejected the notion that the new international law in the Western Hemisphere could be created through multilateral, inter-American action, instead, Roosevelt asserted, its creation was only through unilateral action by the United States, i.e. the source of the new international law was solely the will of the United States.

“Instead of abolishing intervention in the Western Hemisphere, Roosevelt explicitly sanctioned this practice and claimed for the United States a monopoly of the right to engage in it… Finally the Roosevelt corollary applied to American intervention of all kind and for whatever purpose.”(13) The new international law in the Western Hemisphere, as formulated by Theodore Roosevelt, was in fact an absence of international law, or, to put it in another way, the foreign expansionist policy of the United States was elevated into a quasi international law. Thus the Roosevelt corollary defined the principle of organization and control of geopolitical space under American domination. That principle of domination suspended the operation of general norms of international law and elevated the imperialist will of the United States into the sole normative source. Or, as Secretary of State Olney had earlier expressed it: “United States is the sole sovereign in the Western Hemi-sphere and its will is a fiat.” Carl Schmitt also emphasized the territorial criterion of the Monroe Doctrine for the international law. He noted that the doctrine introduced territorial lines of delineation and demarcation into the body of international law, infused the international law with the concept and substance of geopolitics.

THE CONCEPT OF GERMAN GROSSRAUM

Based on the perception that the Monroe Doctrine provided the precedent for justification for both German and Japanese Grossraum, Schmitt observed that the traditional Eurocentric order underlying international law- relations between and among sovereign states- had been superseded by relations between and among sovereign Grossräume(14) As far as Germany was concerned , her Grossraum consisted, according to Schmitt’s view during the 30-ties, predominantly of Central and Eastern Europe. Though Schmitt failed to define the precise territorial dimensions of Germany’s Grossraum, he cited the Monroe Doctrine as the basis for maintaining that Grossraum in not something abstract and diffuse but contains “recognizable territorial limits”(15).

According to the Monroe Doctrine, Schmitt argued, the leading or hegemonial power is the one that determines the governing political idea for its realm. United States asserted the political idea that it had the hegemonial right to exclude from the Western Hemisphere any foreign power, or any foreign influence. After the end of the Word War I United States also asserted that the newly formed international organization , the League of Nations , was also excluded from asserting any jurisdiction in the Western Hemisphere. Schmitt emphasized that the new German Grossraum , seen by him as analogous to the American Grossraum, should also exclude any foreign interference, and above all American influence, and argued for the proclamation of a Ger-man Monroe Doctrine. Schmitt rejected the false universalist claims of the United States and noted that as a matter of principle non-interference by European states in the affairs of the American continent cannot be justified unless the United States likewise refrains from interference in the affairs of the European continent. In Carl Schmitt’s view geopolitics and international law have been joined in the Germanic Monroe Doctrine underlying the German Grossraum.

Carl Schmitt defined also the concept of a national Grossraum principle by extending his analysis to encompass the Reich . Though “the concept of Grossraum belongs to the concept of Reich (Empire, Realm) , the two are not identical because “not every state or every people within the German Grossraum is part of the Reich”. A Reich, according to Schmitt, “is the leading and sustaining power whose political idea radiates over a specific Grossraum”. And the code that governs relations between Grossräume is that of nonintervention.(16) Schmitt asserted that in the middle of Europe the German Reich faces the interventionist claims of the Anglo-Saxon pseudo-universalism. Against those claims it contraposes the principle of national life style “based on the principle of national respect.”(17)

Whereas relations between Grossräume were to be governed by the principle of nonintervention , intra-Grossraum relations in Schmitt’s construct were to be based on respect for every nation and nationality. Although in Schmitt’s configuration this connoted a policy of domination exercised without the need to resort to the extraordinary means of intervention , decision about whether to intervene, reflecting power-political realities, would not be made in any capital of the German Grossraum other than Berlin. One possible justification for intervention in a nation in the Reich was that it pursued foreign policy goals inimical to the security interests of Germany. In another work Carl Schmitt defines the Reich as “the leading and supporting powers whose political idea is radiated over a specified major territory and which fundamentally exclude the intervention of extra-territorial powers with regard to this territory.”(18)

It should be noted that Carl Schmitt, while recognizing that the historically changing world order and nature of international relations necessitated the reformulation of the international law in terms of equal relationship between competing Grossräume, he nevertheless never advocated an unrestricted expansion of a singular Grossraum i.e. geopolitical objectives of total world hegemony by for example Germany. Quite to the contrary : the substance of his work Grossraum gegen Universalismus is a strong criticism of the American ideology of universalism and from that ideology derived foreign policy on which U.S. embarked in a limited scope during the presidency of Theodore Roosevelt, and which became the ideological hallmark of the Wilsonianism during and after the World War I.

American universalism , emphasized Schmitt, globalized the principles of the Monroe Doctrine to principles valid for the whole world i.e. to universal principles and thus , ideologically and politically, laid claims for extension of American hegemony in the Western Hemisphere to a hegemony over the whole world. American objectives for world conquest and domination used the ideology of universalism to revise the geographical limitations of the Monroe Doctrine- the very principle of geographical delimitation and demarcation of the concept of Grossraum- and to justify American interventionism in the European continent. While American universalism was a rejection of the idea of co-existence of different Grossräume and thus not only a rejection of the concept of Grossraum with its principles of geographic delimitation but also a claim for global world hegemony, so was also Hitler’s concept of Lebensraum which served as an ideological device for foreign policy objectives of establishment first of German continental hegemony and latter of global world hegemony . In other words there were ideological and geopolitical similarities between Wilson’s universalism and Hitler’s Lebensraum. Both Wilsonian universalism and Nazi-Germany’s Lebensraum were falsification of a genuine Grossraum principle and both universalism and Lebensraum rejected the very notion of international pluralism, of co-existence of Grossräume.

Both universalism and Lebensraum as concepts were antithetical to Schmitt’s concept of territorial limits of Grossraum and both universalism and Lebensraum encompassed no territorial limits serving as ideological justification for global world domination.(19)

In formulating the concept of Grossraum Carl Schmitt wanted to broad the framework of international law to include relations between Grossräume. His concept allowed for the rational conduct of international relations and provided a compelling principle for the international law that would correspondent to new historical realities.

THE RELEVANCE OF THE CONCEPT OF GROSSRAUM FOR RUSSIA

Prior to the dissolution or , I would rather say, subversion of the Soviet Union in 1991, in the bipolar world of two superpowers , there existed two competing Grossräume ( Great Areas) or two opposing political blocks, each with its sphere of influence and thus geographical delimitation and demarcation: the Atlantic Grossraum, dominated by the United States, and the Eurasian Grossraum, dominated by the Soviet Union. The political competition between the two blocks gave a substantial latitude for autonomy and independence for countries included in the sphere of influence of the two blocks. However after 1991 a completely new world order has been created. The bipolar world landscape of two superpowers has been transformed into a mono landscape of one superpower imposing its will on the rest of the world. The concept of a New World Order, propounded first by President Bush and now implemented by the neo-Wilsonian foreign policies of President Clinton, must be seen as a realization and assertion of the principles on the Monroe Doctrine to principles valid for the whole world, or, in other words, as a Roosevelt corollary for the whole world, with a new international law equated with the U.S.’s will. The globalization of the Monroe Doctrine , the pronouncement of the Bush/Clinton corollary is the assertion of the legitimacy of American intervention in the world for whatever purposes United States deem necessary, in other words , it is the equation of the United States will with grounds for intervention, an equation which is not only a radical repudiation of the priciples of non-intervention contained in the United Nations Charter, and thus a repudiation of the essence and substance of the United Nations, but is also the substance of the new international law of the New World Order. In the post-Cold War political landscape , United States, invoking and asserting her principles of legitimacy of American world-wide hegemony , is in a position visavi Europe similar to the position of the former Holy Alliance visavi America in the past. American intrusion into the Eurasian geopolitical vacuum after the demise of the Soviet Union, has necessitated a formulation and implementation of a global policy of pseudo-universalism and intervention. Therefore an absolute geopolitical necessity for Russia now, tantamount to her national survival, is the re-establishment of her Grossraum, which is a prerequisite not only for the future independence of Russia but also for the independence of other European countries as well. Re-establishment of the Russian Grossraum and a necessary new geopolitical alliance, which one my symbolically call “a second Treaty of Rapallo”, will be the beginning of disintegration of the global system of American universalism and interventionism and thus a necessary prerequisite for the rebirth of America-free Europe. During the interwar years, in the Europe after the Treaty of Versailles , Carl Schmitt, observing the universalist claims of international law of American and British imperialism, asserted that “behind the facade of general norms of international law lies, in reality, the system of Anglo-Saxon world imperialism”(20)

Today, observing the new American expansionism, the American invasion in the geopolitical vacuum of the Eurasian Grossraum, the decline and fall of the United Nations and the perversion of this international body into a legitimacy facade for the United States bid for world conquest and hegemony in the New World Order , one may say, as it was said once before by Carl Schmitt , that behind the facade of general norms of international law , lies now in reality the system of American world imperialism and expansionism. For the substance of the New World Order is the globalization of the American hegemony without any geographical limitations, the triumph of the old Wilsonian universalism or the neo-Wilsonian policies of President Clinton, a universalism that is a radical rejection of the notion of peaceful co-existence of Grossräume, of a pluralistic world order build on respect for existing state sovereignties.

The primary foreign policy objective of Russia must be the formulation of her own Monroe Doctrine, geographically delimiting Russian Grossraum, which would exclude the intervention on foreign powers and above all the United States.

A formulation of a Russian Monroe Doctrine implies by necessity a rejection of the pseudo-universalist claims of the American New World Order and the validity of a new international law that legitimizes that order. It also implies a firm rejection of American legal nihilism and revisionism, it mandates a restoration of a world order codified by the Helsinki Accord. Thus a Russian Monroe Doctrine will be an expression of a genuine and inalienable right to self-defense against American expansionism and it’s new territorial ambitions. Integral to the purpose of self-defense must be a Russian claim for respect for Russian minorities in any state where they are to be found as well as prevention of foreign policy inimical to the security interest of Russia , such as membership in NATO , prevention of coming into power of governments serving as agents of foreign power , in short , of governments of American Quislings.

The geographical delimitation of the Russian Grossraum is the territory of the former Soviet Union, countries belonging to the former socialist block , including Yugoslavia, now subjected to a war of aggression by the United States.

A Russian Grossraum can only be a genuine, geographically delimited Grand Area and the international law it would create will be, according to Carl Schmitt’s visions, an international law encompassing the co-existence of Grossräume and thus a rejection of the international law of the New World Order- the universalization of American principles of legitimization of global and unlimited American expansionism and domination. A peaceful co-existence of Grossräume can hardly be achieved without the geopolitical expulsion of the United States from Eurasia.

In the past the United States has been successful in theologization of American geopolitical objectives of world domination – the ideology of Wilsonian pseudo universalism-and demonization of geopolitical competitors and thus rejection of the very notion of geopolitical pluralism. The restoration of the Russian Grossraum is therefore the only guaranty for international peace and renewed respect for international law, constructed not as the will of the United States but as the collective will of sovereign countries and geopolitical blocks. Russian Grossraum is the only guaranty against the future anti-utopia of a Monroe Doctrine for the whole world.

The historical necessity and actuality of a new Russian Grossraum, excluding American interference in Eurasia, confluence with Charles de Gaulle’s vision of a free Europe from Atlantic to Urals and beyond to Vladivostok, which could only exist as America-free Europe. Without a reconstitution of a Russian Grossraum, the future not only of Russia but also of other European countries, will be the present of Latin America. In other worlds, the historical necessity of a Russian Grossraum is a decision for a future of freedom and national and cultural authenticity, a decision against the future as American protectorate. And again, the Russian choice is also the choice of Europe.

ENDNOTES

(1) Carl Schmitt -Völkerrechtliche Grossraumordnung mit Interventionsverbot für Raumfremde Mächte- Ein Bitrag zum Reichsbegriff im Völkerrecht (Duncker & Humblot, Berlin, 1991)

(2) some authors trace the concept of Grossraum in earlier writings of Friedrich Naumann and others. “According to their concept of Mitteleuropa , modern political, economic, and technological considerations necessitated the creation of a German empire in the center of Europe that would allow Germany to survive in a world dominated by political units larger than a typical European nation-state, namely Russia, the British Empire , and the United States..Raumtheorie was first established as a specialized field of study in the twenties , when it became an integral part of the developing sciene of geopolitics” -see Joseph W. Bendersky-Carl Schmitt (Princeton University Press, Princeton, 1983) – at p. 251

(3) Carl Schmitt – Grossraum gegen Universalism in Positionen und Begriffe im Kampf mit Weimar- Genf- Versailles 1923-1939 (Duncker & Humblot , Berlin , 1988)

(4) Carl Scmitt -Völkerrechtlische Grossraumordnung – ibid. p. 37

(5) Carl Schmitt- Völkerrechtlische Grossraumordnung- ibid. pp 38-39

(6) Stephen Bonsal -Unfinished Business (New York, 1944) pp. 184-185; also Arthur P. Whitaker-The Western Hemisphere Idea (Cornell University Press, New York, 1954) at p. 125

(7) Carl Schmitt- Völkerrechtlische Grossraumordnung- ibid. p. 23

(8) Carl Schmitt- Völkerrechtlische Grossraumordnung- ibid. pp. 17, 19, 27-30

(9) Carl Schmitt- Völkerrechtlische Grossraumordnung- ibid. p. 34

(10) see Thomas A. Bailey – A Diplomatic Hisstory of the American People (Englewood Cliffs, N.J., 1980), pp. 183-184

(11) see Carl Schmitt -Völkerrechtliche Formen des modernen Imperialismus in Schmitt Positionen und Begriffe

(12) Arthur P. Whitaker- The Western Hemisphere Idea -ibid. – p. 100

(13) Arthur P. Whitaker- The Western Hemisphere Idea -ibid. – p. 100

(14) Carl Schmitt – Volkerrechtliche Grossraumordnung- ibid. p. 76, 77, 81

(15) Carl Schmitt – Volkerrechtliche Grossraumordnung- ibid. p. 16

(16) Carl Schmitt – Volkerrechtliche Grossraumordnung- ibid. p. 66

(17) Carl Schmitt – Volkerrechtliche Grossraumordnung- ibid. p.71

(18) Carl Schmitt – Der Reichbegrif in Völkerrecht in Positionen und Begriffe – ibid. at p. 303

(19)in fact American universalism can be seen as Lebenraum for American economic imperialism

(20)Carl Schmitt – Völkerrechtliche Formen des modernen Imperialismus ibid. p.43

dimanche, 23 mars 2014

Völkerrechtliche Großraumordnung statt multikriminelle Gesellschaft

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Völkerrechtliche Großraumordnung statt multikriminelle Gesellschaft

Eine Kolumne von Jürgen Schwab aus dem Jahr 2005

Ex: http://sachedesvolkes.wordpress.com

Wenn die Vorstadtproleten einmal augestickt sind, kann nur noch die Staatsmacht helfen. Das zeigt sich jetzt in Paris und anderen Städten Frankreichs. Das Problem ist nur, daß der in Europa seit 1945 herrschende Liberalismus überhaupt keine “Staatsmacht” kennt. Deshalb sollten Nationalisten grundsätzlich zwischen “Nationalstaat” und “System” zu unterscheiden wissen.

In den Vororten von Paris sind die randalierenden Proleten zumeist afrikanischen Herkunft und der liberale Nachtwächterstaat läßt witzigerweise seine Polizei mit Gummigeschossen auf die Brandstifter schießen. Dies kommt einer Aufforderung gleich, einfach die nächsten Nächte weiter zu randalieren. Ganz anders in den spanischen Enklaven an der marokkanischen Küste, wo an die Grenztruppen bereits scharfe Munition ausgegeben wurde – mit dem durchschlagenden Erfolg. Zumindest vorerst. Die Einwanderer aus Afrika, die aus dem Maghreb (arabisch “Westen”, also Tunesien, Algerien und Marokko) oder gleich unterhalb der Sahara herstammen, wo die Hauptfarbe finster wie Nacht ist, proben den Aufstand. “Souverän ist, wer über den Ausnahmezustand entscheidet”, schrieb einmal der Staatsphilosoph Carl Schmitt. Nach der Logik Schmitts ist nur ein Staat souverän, der fähig und willens ist, seinen äußeren und inneren Feind (Krieg, Bürgerkrieg) zu töten. Allerdings mit Gummigeschossen und Gummiknüppeln und dem Versprechen, demnächst die Gießkanne des Sozialstaats über die Multikulturellen der Vororte regnen zu lassen, ist Souveränität im Sinne eines französischen Staats freilich dauerhaft nicht herzustellen. Unterdessen nutzen türkische Verbände in Berlin die Gunst der Stunde, um auch die soziale Gießkanne vom BRD-”Staat” einzufordern. Das soll wohl heißen, wenn die soziale Gießkanne nichts mehr hergibt, dann gibt’s Randale .

voelkerrechtliche-grossraumordnung-mit-072301885.jpgDie französische Regierung möchte nun jungen Afrikanern erlauben, die Schule bereits mit 14 anstatt mit 16 Jahren verlassen zu dürfen, da viele Afrikaner auf französisches Schulwesen ohnehin keinen Bock haben. Auf dem Arbeitsmarkt sollen sie sich dann bereits mit 14 unter die vielen anderen Arbeitslosen tummeln. Daß Arbeitsplätze – gerade im Zeitalter der Automatisierung – beliebig zu vermehren seien, gehört zum Lügengebäude des Liberalismus. Sozial ist deshalb nicht nur, was Arbeitsplätze schafft, sondern was raumfremde Arbeitskräfte – gesetzlich und friedlich – des Landes verweist. Die Lösung kann natürlich nur lauten: Die derzeit ausufernde Entwicklungshilfe ist an die Heimreise junger Afrikaner mit samt ihren Familien zu knüpfen. Schulen und Arbeitsplätze sind für Algerier in Algerien zu schaffen, da macht das Lernen – mit arabischer Unterrichtssprache! – erst richtig Spaß.

Als ich vor ziemlich genau drei Jahren in Nordfrankreich unterwegs gewesen war, hatte ich mit den Afrikanern – auf rein privater Ebene – überhaupt keine Probleme. Niemand von denen versuchte mein Auto anzuzünden. Ganz im Gegenteil: Ein junger Maghrebiner wies mir bei anbrechender Dunkelheit den Weg in Cambrai, wo mich ein Kamerad erwartete. Ein paar Tage später beendete eine Schwarzafrikanerin meine Irrfahrt mit dem Auto durch eine Stadt südöstlich von Paris, indem sie mir zusätzliche Infos zu meinem zu ungenauen Kartenausschnitt gab. Hätten die beiden Afrikaner gewußt, daß ich französische “Rassisten” besuchen möchte, hätten sie mir vielleicht den Weg nicht gewiesen .

Der Kamerad südöstlich von Paris warnte mich schon vor meiner Abreise, daß ich mich auf dem Weg zu ihm “in Afrika” befinden würde. Als ich zur Hauptverkehrszeit am Spätnachmittag mitten durch Paris fuhr, hatte ich im Stau Zeit, mir die Bushaltestellen anzusehen. Mein Kamerad hatte recht: Von etwa 20 Personen, die da jeweils standen, waren ungefähr 8 Franzosen und 12 Afrikaner, von den letzten die eine Hälfte braun, die andere Hälfte schwarz.

Die bürgerlichen Kräfte, nicht nur in Frankreich, sondern auch in Deutschland, vor allem in Bayern, schüren insbesondere seit dem 11. September 2001 die Hysterie gegen den Islam – so als ob es “den Islam” gäbe und nicht vielmehr Völker, die dem islamischen Kulturkreis angehören und sich oftmals so spinnefeind untereinander sind wie Spanier und Basken und Südtiroler und Italiener. Die Nationalisten in Frankreich und Deutschland sollten diesen proamerikanischen Verlockungen der Innenminister Nicolas Sarkozy und Günther Beckstein sehr kritisch gegenüberstehen. Der Islam widerspricht natürlich den Kulturen europäischer Völker (Ausnahmen in Bosnien und Albanien bestätigen die Regel), weshalb Missionierungen dieser Religion in unseren Breiten strikt zu unterbinden sind. Am besten kann dies nur durch ein Gesetz zur Ausländerrückführung funktionieren. Die Propagandafloskel des Herrn Beckstein vom “Euro-Islam” im Rahmen von Parallelgesellschaften ist als Irreführung des Stimmviehs zu erkennen.

Der Morgen danach – Pariser Geschäft nach Randale

Die Nationalisten sollten bei allen Interessensgegensätzen Araber, Türken und andere Ausländer mit Würde und Respekt behandeln – soweit dies die Verhältnisse zulassen und man nicht selbst angegriffen wird. Viel wichtig ist es, auf die Ursachen der Überfremdung hinzuweisen, die da wären:

1. Die Landung alliierter Truppen 1944 in der Normandie, in deren Marschgepäck die multikulturelle Gesellschaft für das gesamte Westeuropa mit dabei gewesen war;

2. Das Interesse des internationalen Kapitals, das durch die Anwerbung raumfremder Lohndrücker eine Aufblähung der Reservearmee an Arbeitslosen betreibt, wodurch sich die kapitalistische Ausbeutung heimischer und fremder Arbeitskräfte besser gestalten läßt;

3. Zudem ist darauf hinzuweisen, daß sich die europäischen Vasallen des US-Imperialismus in muslimischen Ländern als Steigbügelhalter der Unterdrückung betätigen. Dies allein wäre der Grund für Araber in Paris und für Türken in Berlin auf die Barrikaden zu gehen.

Nationalisten sollten gerade heute Carl Schmitts bereits 1941 erhobenes Konzept von der “Völkerrechtlichen Großraumordnung – mit Interventionsverbot für raumfremde Mächte” verfechten. Das heißt: Deutsche sollen in Deutschland arbeiten, Franzosen in Frankreich, Türken in der Türkei und Algerier in Algerien; die Bundeswehr ist wehrhaft in Mitteleuropa zu machen und läßt die Amerikaner in Afghanistan alleine Imperialist spielen. Dafür werden dann die Zinksärge von Afghanistan ausschließlich in die USA verschickt und nicht nach Deutschland.

Hingegen steht die Menschenrechtspolitik des Herrn Beckstein für “Euro-Islam” in Deutschland und US-Imperialismus aus deutscher Hand in Afghanistan. Und während die große Koalition aus Union und SPD sicherlich bald Gewehr bei Fuß stehen wird, wenn George W. Bush demnächst den Iran überfallen wird, werden deutsche Nationalisten nicht protestieren, wenn sich der Iran atomar bewaffnen möchte und der neue starke Mann in Teheran, Mahmoud Ahmadinejad, das zionistische Schlangennest im Orient von der Landkarte streichen möchte.

Jürgen Schwab

samedi, 04 mai 2013

Grossraum: International Conference of Global Revolutionary Alliance

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