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mardi, 19 juillet 2022

En Eurasie, la guerre des corridors économiques bat son plein

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En Eurasie, la guerre des corridors économiques bat son plein

Pepe Escobar

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/eurasia-la-guerra-dei-corridoi-economici-e-pieno-svolgimento

La guerre des corridors économiques bat son plein, avec l'entrée en vigueur du premier flux de marchandises de la Russie vers l'Inde via le corridor international de transport Nord-Sud (INSTC).

Peu de gens, à l'Est comme à l'Ouest, savent qu'il s'agit d'une initiative de longue date : l'accord Russie-Iran-Inde visant à mettre en place une route commerciale eurasienne plus courte et moins chère à travers la mer Caspienne (par opposition au canal de Suez) a été signé pour la première fois en 2000, à l'époque d'avant le 11 septembre.

L'INSTC en pleine activité est un puissant symbole de l'intégration eurasienne, au même titre que l'initiative "Belt and Road" (BRI), l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l'Union économique eurasienne (UEE) et, enfin et surtout, ce que j'ai décrit il y a deux décennies comme le "Pipelineistan".

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La Caspienne est la clé

Voyons d'abord comment ces vecteurs interagissent.

La genèse de l'accélération actuelle réside dans la récente visite du président russe Vladimir Poutine à Achgabat, la capitale du Turkménistan, pour le 6e sommet de la Caspienne. Cet événement a non seulement permis d'approfondir l'évolution du partenariat stratégique entre la Russie et l'Iran, mais, élément crucial, les cinq États bordant la mer Caspienne ont convenu qu'aucun navire de guerre ou base de l'OTAN n'y serait autorisé.

Cela configure essentiellement la Caspienne comme un lac virtuel russe et, dans une moindre mesure, iranien, sans compromettre les intérêts des trois "stans", l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Turkménistan. À toutes fins utiles, Moscou a resserré son emprise sur l'Asie centrale.

La mer Caspienne étant reliée à la mer Noire par des canaux de la Volga construits par l'ex-URSS, Moscou peut toujours compter sur une flotte de réserve de petits navires - invariablement équipés de puissants missiles - qui peuvent être transférés en un rien de temps vers la mer Noire si nécessaire.

Le renforcement des liens commerciaux et financiers avec l'Iran va désormais de pair avec le rattachement des trois "stans" à la matrice russe. Pour sa part, la république turkmène, riche en gaz, s'est historiquement montrée idiosyncrasique - si ce n'est qu'elle a engagé la plupart de ses exportations vers la Chine.

Sous la direction d'un nouveau leader, le président Serdar Berdimuhamedow, sans doute plus pragmatique, Ashgabat pourrait choisir de devenir membre de l'OCS et/ou de l'EAEU.

L'Azerbaïdjan, un État bordant la mer Caspienne, présente quant à lui un cas complexe : un producteur de pétrole et de gaz que l'Union européenne (UE) envisage de transformer en fournisseur d'énergie alternatif à la Russie, même si ce n'est pas pour tout de suite.

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Le lien avec l'Asie occidentale

La politique étrangère iranienne du président Ebrahim Raisi est clairement orientée vers une trajectoire eurasienne et le Sud mondial. Téhéran sera officiellement incorporé à l'OCS en tant que membre à part entière lors du prochain sommet à Samarkand en septembre, tandis que la demande officielle d'adhésion aux BRICS a été soumise.

Purnima Anand, responsable du Forum international des BRICS, a déclaré que la Turquie, l'Arabie saoudite et l'Égypte sont également très intéressées par une adhésion aux BRICS. Si cela se produit, d'ici 2024, nous pourrions voir un puissant pôle d'Asie occidentale et d'Afrique du Nord fermement installé au sein de l'une des institutions clés du monde multipolaire.

Alors que Poutine se rendra à Téhéran la semaine prochaine pour des pourparlers trilatéraux entre la Russie, l'Iran et la Turquie, ostensiblement sur la Syrie, le président turc Recep Tayyip Erdogan devrait aborder le sujet des BRICS.

Téhéran opère sur deux vecteurs parallèles. Si le Plan d'action global conjoint (JCPOA) devait être réactivé - une possibilité assez éloignée, compte tenu des derniers remous à Vienne et à Doha - cela représenterait une victoire tactique. Cependant, le rapprochement avec l'Eurasie se situe sur un tout nouveau plan stratégique.

Dans le cadre de l'INSTC, l'Iran utilisera au maximum le port de Bandar Abbas, crucial sur le plan géostratégique - à cheval sur le golfe Persique et le golfe d'Oman, au carrefour de l'Asie, de l'Afrique et du sous-continent indien.

Toutefois, même si cela peut être présenté comme une victoire diplomatique majeure, il est clair que Téhéran ne pourra pas tirer pleinement parti de son adhésion aux BRICS si les sanctions occidentales - et en particulier américaines - ne sont pas totalement levées.

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Gazoducs et "stans"

On peut affirmer que la Russie et la Chine pourraient combler le vide technologique occidental dans le processus de développement de l'Iran. Mais les plates-formes comme l'INSTC, l'EAEU et même les BRICS peuvent faire beaucoup plus.

Grâce au "Pipelineistan", la guerre des couloirs économiques devient encore plus complexe. La propagande occidentale ne peut admettre que l'Azerbaïdjan, l'Algérie, la Libye, les alliés russes de l'OPEP et même le Kazakhstan ne sont pas exactement disposés à augmenter leur production de pétrole pour aider l'Europe.

Le Kazakhstan est un cas délicat : il est le plus grand producteur de pétrole d'Asie centrale et est en passe de devenir un important fournisseur de gaz naturel, juste après la Russie et le Turkménistan. Plus de 250 champs pétroliers et gaziers sont exploités au Kazakhstan par 104 sociétés, dont les géants occidentaux de l'énergie tels que Chevron, Total, ExxonMobil et Royal Dutch Shell.

Alors que les exportations de pétrole, de gaz naturel et de produits pétroliers représentent 57% des exportations du Kazakhstan, le gaz naturel représente 85% du bilan du Turkménistan (dont 80% des exportations sont destinées à la Chine). Il est intéressant de noter que Galkynysh est le deuxième plus grand champ de gaz de la planète.

Par rapport aux autres "stans", l'Azerbaïdjan est un producteur relativement mineur (bien que le pétrole représente 86% de ses exportations totales) et essentiellement une nation de transit. Les aspirations de Bakou à la super-richesse se concentrent sur le corridor gazier méridional, qui comprend pas moins de trois gazoducs : Bakou-Tblisi-Erzurum (BTE) ; le gazoduc transanatolien (TANAP) dirigé par la Turquie ; et le gazoduc transadriatique (TAP).

Le problème avec ce festival d'acronymes - BTE, TANAP, TAP - est qu'ils ont tous besoin d'investissements étrangers massifs pour augmenter la capacité, ce dont l'UE manque cruellement, car chaque euro est engagé par les eurocrates non élus de Bruxelles pour "soutenir" le trou noir qu'est l'Ukraine. Les mêmes problèmes financiers s'appliquent à un éventuel gazoduc transcaspien, qui se connecterait ensuite au TANAP et au TAP.

Dans la guerre des corridors économiques - le chapitre "Pipelineistan" - un aspect crucial est que la plupart des exportations de pétrole du Kazakhstan vers l'UE passent par la Russie, via le consortium des pipelines de la Caspienne (CPC). Alternativement, les Européens réfléchissent à une route de transport international transcaspienne encore confuse, également connue sous le nom de Corridor du milieu (Kazakhstan-Turkménistan-Azerbaïdjan-Géorgie-Turquie). Ils en ont discuté activement à Bruxelles le mois dernier.

La conclusion est que la Russie conserve le contrôle total de l'échiquier des gazoducs d'Eurasie (et nous ne parlons pas des gazoducs Power of Siberia 1 et 2 exploités par Gazprom vers la Chine).

Les dirigeants de Gazprom ne savent que trop bien qu'une augmentation rapide des exportations d'énergie vers l'UE est hors de question. En outre, ils considèrent que la Convention de Téhéran - qui contribue à prévenir et à contrôler la pollution et à maintenir l'intégrité environnementale de la mer Caspienne - a été signée par les cinq membres riverains.

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La rupture de la BRI par la Russie

La Chine, pour sa part, est persuadée que l'un de ses principaux cauchemars stratégiques pourrait finir par disparaître. La fameuse "échappée de Malacca" est sur le point de se concrétiser, en collaboration avec la Russie, grâce à la route maritime du Nord, qui raccourcira le corridor de commerce et de connectivité entre l'Asie de l'Est et l'Europe du Nord de 11 200 miles nautiques à seulement 6 500 miles nautiques. C'est le jumeau polaire de l'INSTC.

Cela explique également pourquoi la Russie s'est engagée dans la construction d'une large gamme de brise-glace à la pointe de la technologie.

Voici donc une interconnexion entre les Nouvelles Routes de la Soie (l'INSTC fonctionne en parallèle avec la BRI et l'EAEU), le Pipelineistan et la Route maritime du Nord, sur le point de bouleverser complètement la domination commerciale occidentale.

Bien sûr, les Chinois ont planifié cela depuis un certain temps. Le premier Livre blanc sur la politique arctique de la Chine, de janvier 2018, montrait déjà comment Pékin vise, "conjointement avec d'autres États" (c'est-à-dire la Russie), à établir des routes commerciales maritimes dans l'Arctique dans le cadre de la Route de la soie polaire.

Et comme une horloge, Poutine a ensuite confirmé que la route maritime du Nord devrait interagir avec la route de la soie maritime de la Chine et la compléter.

La coopération économique entre la Russie et la Chine évolue à tant de niveaux complexes et convergents que le simple fait d'en garder la trace donne le tournis.

Une analyse plus détaillée révélera certains des points les plus fins, comme la manière dont la BRI et l'OCS interagissent, et comment les projets de la BRI devront s'adapter aux conséquences entêtantes de l'opération Z de Moscou en Ukraine, en mettant davantage l'accent sur le développement des corridors d'Asie centrale et occidentale.

Il est toujours crucial de considérer que l'un des principaux objectifs stratégiques de Washington dans sa guerre hybride implacable contre la Russie a toujours été de perturber les corridors de l'IRB traversant le territoire russe.

À l'heure actuelle, il est important de réaliser que des dizaines de projets BRI dans le domaine de l'industrie, de l'investissement et de la coopération interrégionale transfrontalière finiront par consolider le concept russe du partenariat de la Grande Eurasie, qui tourne essentiellement autour de l'établissement d'une coopération multilatérale avec un large éventail de nations appartenant à des organisations telles que l'EAEU, l'OCS, les BRICS et l'ANASE.

Bienvenue au nouveau mantra eurasien : créer des corridors économiques, pas des guerres.

jeudi, 04 novembre 2021

Le nouvel axe géopolitique Russie/Chine/Allemagne/Iran pourrait reléguer la domination mondiale des États-Unis aux oubliettes de l'histoire

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Le nouvel axe géopolitique Russie/Chine/Allemagne/Iran pourrait reléguer la domination mondiale des États-Unis aux oubliettes de l'histoire

Par Alfredo Jalife Rahme

Ex: https://kontrainfo.com/nuevo-eje-geopolitico-entre-rusia-china-alemania-iran-podria-enviar-el-dominio-global-estadunidense-al-basurero-de-la-historia-por-alfredo-jalife-rahme/

Le géopoliticien brésilien Pepe Escobar - l'un des meilleurs au monde pour la région eurasienne et bien supérieur à l'israélo-américain Robert Kaplan, devenu un vulgaire propagandiste du Pentagone - lance une théorie prospective téméraire sur le nouvel axe Russie/Chine/Allemagne/Iran (cf. https://bit.ly/2Vl1BXV).

Après 117 ans, la thèse du géographe Sir Halford John Mackinder (https://amzn. to/3yqgPsV) - énoncée en soutien à la thalassocratie britannique - sur l'Eurasie comme "heartland" - alors qu'il imaginait au départ que les États-Unis risquaient fort de se confiner sur une "île" marginalisée - est de retour avec vigueur, ayant rempli sa mission téléologique de domination universelle par l'Anglosphère depuis la Première Guerre mondiale jusqu'à la grave crise financière de 2008 - pour d'autres, depuis la mise en scène hollywoodienne du 11 septembre - or ce scénario mackindérien revient maintenant en "sens inverse" : lorsque les Eurasiens, posés comme "isolés" selon les héritiers de cette perspective mackindérienne, reprendront le flambeau géostratégique, ce sera au détriment du déclin indéniable des États-Unis.

Dans son style très sympathique d'optimisation des "hard data" au rythme de la samba, Escobar déclare: "Aujourd'hui, ce n'est pas l'axe Allemagne-Japon, mais le spectre d'une entente Russie-Chine-Allemagne qui terrifie [sic] l'hégémon en tant que trio eurasien capable d'envoyer la domination mondiale des États-Unis dans les poubelles [sic] de l'histoire".

Il explique que la Russie et la Chine ont cessé de faire preuve de leur "infinie patience taoïste (note : philosophie chinoise de l'harmonie et de la "voie spirituelle")" dès que les "acteurs majeurs" du cœur de l'Eurasie (Mackinder dixit) "ont clairement vu à travers le brouillard de la propagande impériale".

En effet, l'empire américain désormais décadent, étendu à l'anglosphère thalassocratique et financiariste, détient encore un leadership inégalé avec sa puissante machine de "propagande noire", à l'unisson avec le dollaro-centrisme, lequel est cependant ébranlé par le projet du yuan numérique et le retour triomphal des métaux précieux (or et argent).

Escobar ne cache pas que la route sera "longue et sinueuse, mais l'horizon [sic] finira par dévoiler une alliance Allemagne/Russie/Chine/Iran [sic] qui remaniera l'échiquier mondial"; il énonce cette thèse en référence au livre de feu le russophobe obsessionnel et compulsif Zbigniew Brzezinski (https://amzn.to/3xt1C9q). Alors que les États-Unis - qu'il décrit comme un "empire du chaos (https://amzn.to/3rR6jII)" - sont "progressivement et inexorablement expulsés (sic) du cœur de l'Eurasie, la Russie et la Chine gèrent conjointement les affaires de l'Asie centrale", comme en témoigne la récente conférence de Tachkent (Ouzbékistan), pays d'Asie centrale.

Escobar expose la collision de la Route de la Soie contre la QUAD -USA/Inde/Japon/Australie-, et le leadership régional de la Russie, qui pousse au "grand partenariat eurasien", et qui, par ailleurs, a renouvelé avec la Chine pour cinq années supplémentaires le Traité de bon voisinage, d'amitié et de coopération, signé en 2001 (https://bit.ly/37g7B6P).

Il est clair qu'au cours des six premiers mois de Biden, peut-être dans le but de séduire Berlin pour créer une sainte alliance européenne contre la Chine, les États-Unis ont renié les affects antirusses de l'Ukraine, de la Pologne et des États baltes ("Le gazoduc Nord Stream 2 : l'Allemagne et la Russie gagnent ; l'Ukraine et les États-Unis perdent ; cf. https://bit.ly/3AamvaO), tandis qu'ils se retirent d'Afghanistan et d'Irak.

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Pepe Escobar décrit l'affrontement à Tianjin entre les États-Unis et la Chine comme un "séisme géopolitique", comme je l'ai déjà signalé à propos des "trois commandements" avec lesquels le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi a damé le pion à la sous-secrétaire d'État américano-israélienne Wendy Sherman (https://bit.ly/3ymLRBT).

Escobar se moque du niveau avilissant des think tanks américains, lorsque le Carnegie Endowment, avec 11 auteurs - dont le conseiller à la sécurité nationale (https://bit.ly/3jh4DEB), l'israélo-américain Jake Sullivan - soutient comment "la politique étrangère américaine fonctionnera mieux pour la classe moyenne". Sans commentaire !

Escobar conclut que "c'est maintenant le début d'un nouveau monde géopolitique et le préquel" - le contexte qui mène aux événements - "d'un requiem impérial" où "de nombreuses suites suivront".

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samedi, 18 janvier 2020

Battle of the Ages to Stop Eurasian Integration

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Battle of the Ages to Stop Eurasian Integration
 
Coming decade could see the US take on Russia, China and Iran over the New Silk Road connection

Ex: https://www.unz.com

Iranian seamen salute the Russian Navy frigate Yaroslav Mudry while moored at Chabahar on the Gulf of Oman during Iran-Russia-China joint naval drills. The photo was provided by the Iranian Army office on December 27, 2019. Photo: AFP / HO / Iranian Army office

The Raging Twenties started with a bang with the targeted assassination of Iran’s General Qasem Soleimani.

Yet a bigger bang awaits us throughout the decade: the myriad declinations of the New Great Game in Eurasia, which pits the US against Russia, China and Iran, the three major nodes of Eurasia integration.

Every game-changing act in geopolitics and geoeconomics in the coming decade will have to be analyzed in connection to this epic clash.

The Deep State and crucial sectors of the US ruling class are absolutely terrified that China is already outpacing the “indispensable nation” economically and that Russia has outpaced it militarily. The Pentagon officially designates the three Eurasian nodes as “threats.”

Hybrid War techniques – carrying inbuilt 24/7 demonization – will proliferate with the aim of containing China’s “threat,” Russian “aggression” and Iran’s “sponsorship of terrorism.” The myth of the “free market” will continue to drown under the imposition of a barrage of illegal sanctions, euphemistically defined as new trade “rules.”

Yet that will be hardly enough to derail the Russia-China strategic partnership. To unlock the deeper meaning of this partnership, we need to understand that Beijing defines it as rolling towards a “new era.” That implies strategic long-term planning – with the key date being 2049, the centennial of New China.

The horizon for the multiple projects of the Belt and Road Initiative – as in the China-driven New Silk Roads – is indeed the 2040s, when Beijing expects to have fully woven a new, multipolar paradigm of sovereign nations/partners across Eurasia and beyond, all connected by an interlocking maze of belts and roads.

The Russian project – Greater Eurasia – somewhat mirrors Belt & Road and will be integrated with it. Belt & Road, the Eurasia Economic Union, the Shanghai Cooperation Organization and the Asia Infrastructure Investment Bank are all converging towards the same vision.

Realpolitik

So this “new era”, as defined by the Chinese, relies heavily on close Russia-China coordination, in every sector. Made in China 2025 is encompassing a series of techno/scientific breakthroughs. At the same time, Russia has established itself as an unparalleled technological resource for weapons and systems that the Chinese still cannot match.

At the latest BRICS summit in Brasilia, President Xi Jinping told Vladimir Putin that “the current international situation with rising instability and uncertainty urge China and Russia to establish closer strategic coordination.” Putin’s response: “Under the current situation, the two sides should continue to maintain close strategic communication.”

Russia is showing China how the West respects realpolitik power in any form, and Beijing is finally starting to use theirs. The result is that after five centuries of Western domination – which, incidentally, led to the decline of the Ancient Silk Roads – the Heartland is back, with a bang, asserting its preeminence.

On a personal note, my travels these past two years, from West Asia to Central Asia, and my conversations these past two months with analysts in Nur-Sultan, Moscow and Italy, have allowed me to get deeper into the intricacies of what sharp minds define as the Double Helix. We are all aware of the immense challenges ahead – while barely managing to track the stunning re-emergence of the Heartland in real-time.

In soft power terms, the sterling role of Russian diplomacy will become even more paramount – backed up by a Ministry of Defense led by Sergei Shoigu, a Tuvan from Siberia, and an intel arm that is capable of constructive dialogue with everybody: India/Pakistan, North/South Korea, Iran/Saudi Arabia, Afghanistan.

This apparatus does smooth (complex) geopolitical issues over in a manner that still eludes Beijing.

In parallel, virtually the whole Asia-Pacific – from the Eastern Mediterranean to the Indian Ocean – now takes into full consideration Russia-China as a counter-force to US naval and financial overreach.

514BiChCuYL.jpgStakes in Southwest Asia

The targeted assassination of Soleimani, for all its long-term fallout, is just one move in the Southwest Asia chessboard. What’s ultimately at stake is a macro geoeconomic prize: a land bridge from the Persian Gulf to the Eastern Mediterranean.

Last summer, an Iran-Iraq-Syria trilateral established that “the goal of negotiations is to activate the Iranian-Iraqi-Syria load and transport corridor as part of a wider plan for reviving the Silk Road.”

There could not be a more strategic connectivity corridor, capable of simultaneously interlinking with the International North-South Transportation Corridor; the Iran-Central Asia-China connection all the way to the Pacific; and projecting Latakia towards the Mediterranean and the Atlantic.

What’s on the horizon is, in fact, a sub-sect of Belt & Road in Southwest Asia. Iran is a key node of Belt & Road; China will be heavily involved in the rebuilding of Syria; and Beijing-Baghdad signed multiple deals and set up an Iraqi-Chinese Reconstruction Fund (income from 300,000 barrels of oil a day in exchange for Chinese credit for Chinese companies rebuilding Iraqi infrastructure).

A quick look at the map reveals the “secret” of the US refusing to pack up and leave Iraq, as demanded by the Iraqi Parliament and Prime Minister: to prevent the emergence of this corridor by any means necessary. Especially when we see that all the roads that China is building across Central Asia – I navigated many of them in November and December – ultimately link China with Iran.

The final objective: to unite Shanghai to the Eastern Mediterranean – overland, across the Heartland.

As much as Gwadar port in the Arabian Sea is an essential node of the China-Pakistan Economic Corridor, and part of China’s multi-pronged “escape from Malacca” strategy, India also courted Iran to match Gwadar via the port of Chabahar in the Gulf of Oman.

So as much as Beijing wants to connect the Arabian Sea with Xinjiang, via the economic corridor, India wants to connect with Afghanistan and Central Asia via Iran.

Yet India’s investments in Chabahar may come to nothing, with New Delhi still mulling whether to become an active part of the US “Indo-Pacific” strategy, which would imply dropping Tehran.

The Russia-China-Iran joint naval exercise in late December, starting exactly from Chabahar, was a timely wake-up for New Delhi. India simply cannot afford to ignore Iran and end up losing its key connectivity node, Chabahar.

The immutable fact: everyone needs and wants Iran connectivity. For obvious reasons, since the Persian empire, this is the privileged hub for all Central Asian trade routes.

On top of it, Iran for China is a matter of national security. China is heavily invested in Iran’s energy industry. All bilateral trade will be settled in yuan or in a basket of currencies bypassing the US dollar.

US neocons, meanwhile, still dream of what the Cheney regime was aiming at in the past decade: regime change in Iran leading to the US dominating the Caspian Sea as a springboard to Central Asia, only one step away from Xinjiang and weaponization of anti-China sentiment. It could be seen as a New Silk Road in reverse to disrupt the Chinese vision.

Battle of the Ages

A new book, The Impact of China’s Belt and Road Initiative, by Jeremy Garlick of the University of Economics in Prague, carries the merit of admitting that, “making sense” of Belt & Road “is extremely difficult.”

41yxxAul9TL._AC_UL436_.jpgThis is an extremely serious attempt to theorize Belt & Road’s immense complexity – especially considering China’s flexible, syncretic approach to policymaking, quite bewildering for Westerners. To reach his goal, Garlick gets into Tang Shiping’s social evolution paradigm, delves into neo-Gramscian hegemony, and dissects the concept of “offensive mercantilism” – all that as part of an effort in “complex eclecticism.”

The contrast with the pedestrian Belt & Road demonization narrative emanating from US “analysts” is glaring. The book tackles in detail the multifaceted nature of Belt & Road’s trans-regionalism as an evolving, organic process.

Imperial policymakers won’t bother to understand how and why Belt & Road is setting a new global paradigm. The NATO summit in London last month offered a few pointers. NATO uncritically adopted three US priorities: even more aggressive policy towards Russia; containment of China (including military surveillance); and militarization of space – a spin-off from the 2002 Full Spectrum Dominance doctrine.

So NATO will be drawn into the “Indo-Pacific” strategy – which means containment of China. And as NATO is the EU’s weaponized arm, that implies the US interfering on how Europe does business with China – at every level.

Retired US Army Colonel Lawrence Wilkerson, Colin Powell’s chief of staff from 2001 to 2005, cuts to the chase: “America exists today to make war. How else do we interpret 19 straight years of war and no end in sight? It’s part of who we are. It’s part of what the American Empire is. We are going to lie, cheat and steal, as Pompeo is doing right now, as Trump is doing right now, as Esper is doing right now … and a host of other members of my political party, the Republicans, are doing right now. We are going to lie, cheat and steal to do whatever it is we have to do to continue this war complex. That’s the truth of it. And that’s the agony of it.”

Moscow, Beijing and Tehran are fully aware of the stakes. Diplomats and analysts are working on the trend, for the trio, to evolve a concerted effort to protect one another from all forms of hybrid war – sanctions included – launched against each of them.

For the US, this is indeed an existential battle – against the whole Eurasia integration process, the New Silk Roads, the Russia-China strategic partnership, those Russian hypersonic weapons mixed with supple diplomacy, the profound disgust and revolt against US policies all across the Global South, the nearly inevitable collapse of the US dollar. What’s certain is that the Empire won’t go quietly into the night. We should all be ready for the battle of the ages.

(Republished from Asia Times by permission of author or representative)

mardi, 17 janvier 2017

Théâtre d’ombres : le nouveau Grand Jeu en Eurasie

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Théâtre d’ombres :
le nouveau Grand Jeu en Eurasie

L’approche occidentale du « diviser pour régner » face aux rivaux mondiaux est obsolète à l’ère des Nouvelles routes de la soie

Par Pepe Escobar

Source Asia Times & http://lesakerfrancophone.fr 

Ainsi, en plein cœur de Bali, fasciné après une conversation sérieuse avec un dukun – un maître spirituel – j’étais sidéré : ce devrait être un nouveau Yalta, le cadre parfait pour un sommet Trump–Xi–Poutine fixant les paramètres à venir d’un nouveauGrand Jeu en constante évolution en Eurasie.

La culture balinaise ne fait aucune distinction entre le séculier et le surnaturel – sekala et niskala. Sekala est ce que nos sens peuvent discerner. Niskala est ce qui ne peut pas être détecté directement mais seulement suggéré, comme les mouvements géopolitiques massifs qui nous attendent.

Captif de la vitesse vertigineuse de l’ici et maintenant, l’Occident a encore beaucoup à apprendre d’une culture très évoluée qui a prospéré il y a cinq mille ans le long des rives de la rivière Sindhu – maintenant Indus – dans ce qui est actuellement le Pakistan, puis a migré de l’empire Majapahit de Java vers Bali au XIVe siècle sous la pression de l’avancée de l’islam.

Dans la conception hindou-balinaise de la structure cosmique, l’homme est une sorte de modèle à l’échelle de l’univers. L’ordre est personnifié par les dieux, le désordre personnifié par les démons de la terre. Il s’agit du dharma et du adharma.

Adharma règne sans contrôle en Occident.

Dans la philosophie religieuse hindou-balinaise, pour chaque force positive il y a un contrepoids, une force destructrice. Les deux sont inséparables – coexistant en équilibre dynamique. Le dualisme occidental est si peu sophistiqué par rapport à cela.

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Dans le Suthasoma – un grand poème épique bouddhiste Mahayana composé dans le centre de Java à l’époque où le bouddhisme se mêlait joyeusement avec l’hindouisme shivaïste – nous trouvons un vers exceptionnel : « Bhineka tunggal ika » c’est différent, mais c’est un.

C’est aussi la devise de l’Indonésie, blasonnée dans ses armoiries, sous l’oiseau mythique doré Garuda. C’est un message d’unité, comme le « E pluribus unum »américain. Maintenant, il ressemble plus à un message anticipant l’intégration eurasienne via les Nouvelles routes de la soie ; ce n’est pas par hasard si Xi Jinping a officiellement lancé la route de la soie maritime en 2013 en Indonésie.

Avec l’ère Trump sur le point de commencer, la conjoncture géopolitique actuelle ressemble à – et se ressent comme – un immense Wayang kulit, un jeu d’ombre balinais.

L’origine historique du jeu d’ombre se trouve très probablement en Inde, bien qu’on le trouve partout en Asie. Le bien et le mal coexistent dans le jeu d’ombre, mais l’hindouisme cherche à représenter le choc comme une sorte de partenariat bizarre.

Kulit signifie peau, couvrant. Wayang est la marionnette, faite de peau de vache, peinte et munie de bâtons que le dalang – le maître de marionnettes – manipule à volonté.

Chaque performance Wayang kulit est une histoire racontée par un dalang [marionnettiste] à travers des voix qu’il doit imiter, des ombres sur un écran et de la musique d’ambiance. Le dalang – sorte de prêtre – incarne tous les personnages et doit connaître par cœur les histoires qu’il raconte.

Seuls quelques individus en Occident peuvent être qualifiés de dalangs – en particulier dans la sphère géopolitique. Les dalangs réels sont en fait totalement invisibles, enfouis profondément dans le niskala. Mais nous avons leurs émissaires, les dalangs visibles, experts médiatiques et vénérés.

Le taureau blanc et la fille asiatique

Maintenant, comparez le jeu d’ombre balinais – représentant sekala et surtout niskala – avec l’approche made-in-Occident ; le fil d’Ariane qui pourrait, peut-être, nous guider hors du labyrinthe géopolitique actuel en utilisant un concept excessivement révéré : la logique.

D’abord, un rembobinage. Revenons à la naissance de l’Occident, en Europe. La légende nous raconte qu’un beau jour Zeus a jeté son œil vagabond sur une fille aux grands yeux brillants : Europe. Un peu plus tard, sur une plage de la côte phénicienne, un taureau blanc extraordinaire s’est présenté. Europe, intriguée, se rapproche et commence à caresser le taureau ; bien sûr, c’était Zeus déguisé. Le taureau emporta alors Europe et se dirigea vers la mer.

Zeus eut trois fils avec Europe – à qui il légua une lance qui ne manquait jamais sa cible. Un de ces fils, comme nous le savons tous, était Minos, qui construisit un labyrinthe. Mais surtout, ce que la légende nous a enseigné, c’est que l’Occident est né d’une fille – Europe – venue d’Orient.

La question est maintenant de savoir qui trouvera le fil d’Ariane pour nous sortir du labyrinthe, qui, cinq siècles après l’ère de la Découverte – dirigée par l’Occident – nous a conduits au déclin, avec en tête de file son chef, les États-Unis.

L’administration Obama, leader de l’Ouest « de l’arrière », a contre-attaqué avec un pivot vers l’Asie – lire confinement de la Chine – et une guerre froide 2.0 par la diabolisation de la Russie. L’ensemble du projet de l’UE fait face à un effondrement total. Le mythe de la supériorité culturelle et politique européenne / occidentale – cultivé au cours des cinq derniers siècles – est réduit en poussière, si l’on considère « toutes les immensités de la vague asiatique », comme l’écrit Yeats dans son poème The Statues. Ce sera certainement le siècle de l’Eurasie.

Une voie cohérente aurait été ce que Poutine a proposé en 2007 – un emporium unifié du commerce continental de Lisbonne à Vladivostok. L’idée a ensuite été reprise et élargie par les Chinois via le concept de One Belt, One Road (OBOR).

Au lieu de cela, l’administration Obama, menant l’Occident « de l’arrière », a contre-attaqué avec un pivot vers l’Asie et une Guerre froide 2.0.

Écoutez les dalangs occidentaux

Et cela nous mène, à la veille d’une nouvelle ère géopolitique possible, à ce que les dalangs occidentaux les plus visibles peuvent concocter dans le niskala.

Sekala se manifeste, dans les secteurs de l’État profond des États-Unis, par une hystérie hors de contrôle 24/7, à propos des actes russes diaboliques, avec les néocons/néolibérauxcons et les vestiges de l’administration Obama poussant la guerre froide 2.0 à ses limites. Pourtant niskala, où opèrent Henry Kissinger et Dr. Zbigniew Brzezinski , « Grand échiquier », est l’endroit où s’élaborent les concepts de l’action réelle. Ce n’est pas un secret que l’urbain, cérébral, et légendaire Kissinger conseille maintenant Trump. La stratégie à long terme pourrait être qualifiée, classiquement, de Diviser pour régner, mais légèrement remixée dans ce cas : une tentative de briser le partenariat stratégique Russie-Chine en s’alliant au nœud théoriquement le plus faible, la Russie, pour mieux contenir le nœud le plus fort, la Chine.

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D’un « Nixon en Chine » à un « Trump à Moscou »

Il est évident que les vains sycophantes dans le style de Niall Ferguson vont auréoler le rusé Kissinger de couronnes hagiographiques, inconscients du fait que Kissinger pourrait monter dans un manège plus rentable, sous la forme d’un business en plein essor pour son cabinet d’expertise florissant Kissinger Associates Inc., qui est aussi membre de US-Russia Business Council, côte à côte avec ExxonMobil, JPMorgan Chase et le champion du Big Pharma, Pfizer.

Pour résumer : on oublie les révolutions de couleur et autres régime change, pour laisser la place à un confinement bienveillant.

Il y a près d’un an, Kissinger avait déjà prononcé un discours sur la façon dont Washington devrait traiter Moscou :

« Les intérêts à long terme des deux pays exigent un monde qui transforme les flux contemporains turbulents en un nouvel équilibre qui sera de plus en plus multipolaire et mondialisé […] La Russie doit être perçue comme un élément essentiel de tout équilibre mondial, et non pas principalement comme une menace pour les États-Unis. » 

Un Kissinger multipolaire prônant que la Russie n’est « pas une menace » – on se demande pourquoi, à l’époque, la machine Clinton n’a pas accusé le vieil homme d’être, lui aussi, un otage de la romance avec Poutine.

De plus, quelques mois avant la victoire de Trump, mais en contraste marqué avec Kissinger, Brzezinski s’est trouvé dans un profond état d’alerte rouge, alarmé par « l’érosion des avantages technico-militaires des États-Unis », comme détaillé par exemple dans ce rapport du CNAS.

Brzezinski a sombrement affirmé l’évidence que l’infériorité militaire des États-Unis « signerait la fin du rôle mondial de l’Amérique » et que le résultat serait « très probablement un chaos mondial ».

Sa solution pour les États-Unis était alors « de façonner une politique dans laquelle au moins l’un des deux États potentiellement menaçants devient un partenaire dans la quête d’une stabilité d’abord régionale et ensuite plus large, et donc de contenir le rival le moins prévisible mais potentiellement le plus susceptible de passer en tête. À l’heure actuelle c’est la Russie, mais à plus long terme, cela pourrait être la Chine. »

Alors vous avez compris, encore et toujours diviser pour régner, afin de contrer les menaces indisciplinées.

Brzezinski, après la débâcle de la machine Clinton et d’Obama , n’est plus qu’un perdant pitoyable. Il a donc été obligé de rebattre légèrement les cartes. Contrairement à Kissinger, et fidèle à sa russophobie enragée, sa devise Diviser pour régner consiste à séduire la Chine pour l’éloigner de la Russie, assurant ainsi que « l’influence américaine est maximisée ».

Dans une prévisible, et bien occidentale, contemplation de son nombril, Brzezinski suppose que la Chine ne peut pas choisir d’aller contre les États-Unis, car il est « dans son intérêt d’appartenir à l’ensemble dominant ». Pourtant, l’« ensemble dominant » n’est plus les États-Unis, c’est l’intégration eurasienne.

Les Nouvelle routes de la soie, ou OBOR, représentent le seul vaste projet d’intégration géoéconomique et géopolitique sur le marché. Alors que Kissinger peut rester, sans doute, l’ultime dalang de la realpolitik, Brzezinski, le mentor d’Obama est toujours otage de Mackinder. La direction chinoise, quant à elle, est déjà bien en avance sur Mackinder et Alfred Mahan. Les nouvelles routes de la soie visent à intégrer, par le commerce et les communications, non seulement le Heartland (One Belt), mais aussi le Rimland (One Road, la route maritime de la soie).

Un partenariat avec l’Union économique eurasienne (EEU) sera essentiel à l’ensemble du projet. Peu de gens se souviendront que lors de la crise de folie de la Guerre froide 2.0, en septembre dernier, le Forum économique de l’Est s’activait à Vladisvostok, avec Poutine proposant un « espace d’économie numérique » dans toute l’Asie-Pacifique et la Chine s’engageant à participer davantage au développement de l’Extrême-Orient russe.

Ce que nous voyons sans doute maintenant, ce sont les deux principaux dalangs occidentaux, Kissinger et Brzezinski, essayant de s’adapter à la nouvelle normalité – l’intégration eurasienne via les Nouvelles routes de la soie (OBOR) et l’Union économique eurasienne  (EEU) – en proposant des versions contradictoires et bienveillantes de la devise Diviser pour régner, alors que les services de renseignement américains continuent de s’accrocher, dans un désespoir agité, à l’ancien paradigme de la confrontation.

Comme piliers principaux – la Triple Entente ? – de l’intégration eurasienne, Moscou, Pékin et Téhéran sont très conscients de la présence d’un étranger, porteur de cadeaux, tapi dans niskala. Un étranger visant, en vrac, Moscou qui trahirait Téhéran en Syrie et sur l’accord nucléaire ; Moscou qui se séparerait de Pékin ; Pékin qui trahirait Téhéran ; et toutes sortes de permutations intermédiaires du théâtre d’ombre entre la contention et le pillage.

Ce sera l’histoire principale à suivre tout au long des Routes de la soie. Selon la parole mémorable de Yeats, « un miroir reflété dans un miroir, voilà tout le spectacle. » Pourtant, le spectacle doit continuer – avec les dalangs d’Est et d’Ouest lâchés dans le niskala profond.

Bienvenue dans le Tournoi des ombres du XXIe siècle.

Pepe Escobar est l’auteur de Globalistan : How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues : a snapshot of Baghdad during the surge (Nimble Books, 2007), Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009), Empire of Chaos (Nimble Books) et le petit dernier, 2030, traduit en français.

Traduit et édité par jj, relu par Catherine pour le Saker Francophone.

 

dimanche, 15 mai 2016

Destitution de Dilma Rousseff : entretien avec Pepe Escobar

 

Destitution de Dilma Rousseff : entretien avec le journaliste Pepe Escobar

La présidente brésilienne Dilma Rousseff vient d'être officiellement écartée du pouvoir présidentiel au Brésil. L'annonce fait suite au vote hier des sénateurs en faveur de l'ouverture du procès en destitution de la dirigeante, qui est automatiquement remplacée pour une période de 180 jours maximum par celui qui était alors vice-président de la République, Michel Temer. Ce que beaucoup dénoncent comme un "coup d'état institutionnel" met fin à 13 ans de pouvoir de la gauche au Brésil. Vendredi dernier, le Cercle des Volontaires recevait le journaliste brésilien alternatif Pepe Escobar afin qu'il nous livre son analyse sur des événements pas forcément faciles à appréhender vus de France.

http://www.cercledesvolontaires.fr