vendredi, 17 octobre 2025
Si les États-Unis venaient à s’effondrer, nous devrons répondre à la question: qui sommes-nous ?
Si les États-Unis venaient à s’effondrer, nous devrons répondre à la question: qui sommes-nous ?
par Gennaro Scala
Source : Gennaro Scala & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/qualora-crollasse...
« Si la Russie était vaincue en Ukraine, la soumission européenne aux Américains se prolongerait d’un siècle. Si, comme je le pense, les États-Unis étaient vaincus, l’OTAN se désintégrerait et l’Europe serait laissée libre. »
C’est ce qu’affirmait Emmanuel Todd lors d’un entretien au Corriere di Bologna, à l’occasion de la présentation dans la ville de la traduction de son livre La défaite de l’Occident. Il s’agit probablement d’une simplification volontaire ; disons que ce serait une condition nécessaire, mais non suffisante. Le problème de l’identité est celui le plus difficile à affronter, il génère de « l’angoisse ». J’ai remarqué que lorsque j’ai essayé d’aborder la discussion sur ce sujet, il y a généralement une baisse des interactions.
Ceux qui affirment que nous sommes colonisés par les États-Unis disent indubitablement la vérité, mais ce n’est qu’une partie du problème. Même avec un regard sommaire sur l’histoire du siècle dernier, il apparaît que la « guerre de Trente Ans » est l’effondrement de toute la civilisation européenne. Les vaincus ne sont pas seulement l’Allemagne et l’Italie, mais aussi la France et l’Angleterre qui perd son empire colonial. Il fut commode de désigner le seul mal dans le fascisme-nazisme. Il suffit de rappeler que l’idéologie raciale naît en Angleterre, est incubée en France puis se développe en Allemagne. L’idéologie raciale était une régression barbare qui attestait déjà de la fragmentation de l’idée d’une unité culturelle européenne. Une civilisation est toujours nécessairement l’union de différentes « races » (soit des groupes humains particuliers), tandis que le racisme (voir à ce sujet l’historien Andrea Giardina) était absent dans la civilisation romaine, dont le fascisme se proclamait héritier, civilisation qui, pour le meilleur ou pour le pire, a perduré plusieurs siècles, presque deux millénaires si l’on considère « l’Empire byzantin ».
Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, la civilisation européenne s’effondre et la culture européenne disparaît progressivement dans ses déclinaisons nationales et même locales, surtout en Italie, qui se distinguait par la richesse de ses cultures locales, dont il ne reste que peu de chose. Pasolini affirmait qu’il s’agissait d’un véritable génocide culturel. La culture, ou plutôt les cultures européennes, sont remplacées par la culture de masse de l’industrie culturelle américaine. À l’école, on nous a fait étudier Dante, Manzoni, Leopardi, Foscolo, mais notre cœur battait pour les séries télévisées ou les films à la télévision. Nous avons grandi et avons été formés mentalement par la culture de masse principalement d’origine américaine. Il serait réconfortant, voire un peu puéril, de penser que la fin de la culture européenne est due principalement à la malveillance et à la capacité de manipulation du pouvoir américain, qui la caractérisent tout de même. Elle s’est surtout effondrée à cause de ses contradictions internes.
Il faut donc éviter l’anathème « apocalyptique » contre la culture de masse, à la façon de l’école de Francfort, en constatant que la « culture de masse » a produit quelque chose de bon, surtout en Italie, lorsqu’elle s’est greffée sur notre tradition culturelle. À titre d’exemple, pensons au chef-d’œuvre cinématographique de Comencini inspiré du chef-d’œuvre de Collodi, un conte de fées riche en symboles profondément ancrés dans notre histoire culturelle, de la culture grecque et romaine à la Bible et au conte populaire. Ou aux bandes originales d’Ennio Morricone, enracinées dans la tradition musicale italienne. Cependant, la culture de masse est principalement un amas de déchets, où l’on peut parfois trouver quelque chose de bon et d’utile, mais qui est constitué de produits à consommer puis à jeter, souvent stupides, déments, aberrants. La production culturelle est aussi un divertissement, mais lorsque cela devient son objectif principal, lorsque cela devient la façon dont des êtres humains en cage remplissent une vie vide, privée de relations sociales normales, elle devient dégradante. La culture, dans ses diverses manifestations, sert à définir notre être-au-monde, en tant qu’êtres humains qui participent à l’humanité à travers leur propre culture, leur propre langue et leurs propres traditions.
Si la domination américaine venait à être sérieusement remise en cause, la fragilité du confort avec lequel nous nous sommes livrés à l’hégémonie culturelle américaine apparaîtrait au grand jour, et l’on verrait combien la culture de masse est incapable de répondre aux besoins humains fondamentaux. Cela est déjà attesté par le désordre moral et psychique dévastateur de nos sociétés.
Si les États-Unis venaient à s’effondrer, nous devrions répondre à la question : qui sommes-nous ?
Ce ne sera pas facile, mais cela pourrait être un nouveau départ.
19:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes | |
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Gaza. La rhétorique de la paix
Gaza. La rhétorique de la paix
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/gaza-la-retorica-della-pace/
Pax Americana. Donald Trump affirme avoir fourni de nombreuses armes à son ami Netanyahu. Même des armes si sophistiquées qu'il ne savait pas lui-même qu'il les possédait.
Et cela, a-t-il déclaré textuellement, a conduit à la paix à Gaza.
Or, la déclaration de Donald Trump est révélatrice de ce qu'est le concept même de paix pour les Américains. Pas seulement pour l'actuel président, mais pour tous les Américains. Ou plutôt, pour la grande majorité d'entre eux et, surtout, pour les élites qui ont toujours gouverné l'empire occidental.
La paix après la conquête. La pacification d'un territoire conquis et complètement assimilé.
Ce n'est pas tout à fait nouveau, à bien y regarder. Cela rappelle, au fond, la Pax Romana. Le « si vis pacem para bellum » de l'empire le plus durable que l'histoire ait connu.
Mais cette similitude n'est qu'apparente. Les Romains assimilaient les peuples conquis. Ils intégraient leurs élites. Ils romanisaient les croyances et les dieux différents.
Rien de tout cela en Amérique.
Plus de 100 millions d'autochtones, les célèbres Peaux-Rouges ou « (Amér)Indiens », ont été exterminés. Et également dépouillés de leur mémoire, grâce à une machine médiatique, au cinéma et à d'autres moyens qui ont réécrit l'histoire.
Faisant passer le mensonge pour la vérité.
On dira que c'est du passé. Et pourtant, cela rend bien compte de la différence culturelle profonde et radicale entre les anciens Romains et les Américains modernes.
Et mon vieil ami avait probablement raison lorsqu'il m'a dit: les Américains prétendent, avant tout à eux-mêmes, être les héritiers des Grecs et des Romains. En réalité, ils sont les Carthaginois. Une puissance commerciale impitoyable, incapable de ressentir la moindre « pietas ».
Et c'est ainsi que Trump donne voix à cette Amérique/Carthage. Il l'incarne totalement, même avec son soutien sans réserve à Israël. Ou plutôt au sionisme impérialiste de Netanyahu.
Peut-être (mais le doute est permis) ne pense-t-il pas à un génocide total des Palestiniens de Gaza. Comme le voudrait Bibi, en revanche.
Peut-être vise-t-il à les intégrer comme main-d'œuvre dans un nouveau Gaza Resort.
Un no man's land, géré par des sociétés financières dirigées par Tony Blair. Un nom qui est une garantie. Malheureusement.
Et il envisage un avenir merveilleux de plage de luxe pour les riches. Une plage fabuleuse, à condition de ne pas creuser dans le sable. On pourrait y trouver trop de crânes.
Et des souvenirs inquiétants.
17:47 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, gaza, palestine | |
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Tempête dans un verre d’eau: le Danemark relativise l’alerte aux drones
Tempête dans un verre d’eau: le Danemark relativise l’alerte aux drones
Copenhague/Munich. Il ne s’agissait vraisemblablement pas d’une attaque de drones russes: au Danemark, les récentes informations sur de prétendus survols de drones sont de plus en plus relativisées. Les incidents initialement considérés comme dramatiques au-dessus de Copenhague et de certaines installations militaires du pays manquent, même après plusieurs semaines, de toute base probante – la gouvernement danois a désormais dû le reconnaître.
Le ministre de la Défense, Troels Lund Poulsen, a délibérément évité le terme « drones » lors de sa dernière conférence de presse et n’a parlé que d’« observations aériennes ». Il s’est ainsi nettement démarqué de la position précédente: « Je pense que la leçon à tirer de ce que nous avons vu concernant les observations de drones – ou ce que nous préférons désormais appeler observations aériennes – est qu’il faut de nombreux éléments différents pour déterminer précisément s’il s’agit réellement d’un drone ou d’autres objets ».
Cette formulation plutôt vague contraste fortement avec les déclarations de la Première ministre Mette Frederiksen du 25 septembre. La cheffe du gouvernement avait alors parlé sans détour d’une « attaque » de drones et affirmé qu’ils avaient été « aperçus à plusieurs endroits près d’infrastructures critiques, militaires et civiles ».
Les conséquences des prétendues observations ont, elles, été bien réelles: l’espace aérien au-dessus de l’aéroport de Kastrup avait été temporairement fermé le 22 septembre. Cependant, il n’a pas été possible d’identifier les objets volants inconnus ni d’arrêter des suspects. Et il n’existe à ce jour absolument aucun indice d’une quelconque activité russe. Le chef de la police nationale, Thorkild Fogde, a reconnu qu’il manquait toujours des « informations concrètes » sur l’origine et le type des supposés drones.
D’ailleurs, également à Munich: là-bas aussi, presque une semaine après les prétendues observations de drones à l’aéroport, qui avaient conduit à une interruption temporaire du trafic aérien, on ne sait absolument rien. Un porte-parole de la police fédérale a déclaré à l’agence de presse AFP que, malgré « d’importantes mesures de recherche », aucun responsable n’avait pu être identifié. Le site a été survolé, mais rien n’a été constaté. Le type de drone n’est pas non plus connu. On ne sait même pas s’il y a réellement eu un danger concret pour le trafic aérien à l’aéroport de Munich (mü).
Source: Zu erst, Octobre 2025.
15:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drones, actualité, danemark, europe, affaires européennes | |
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L'UE prévoit un changement de régime en Hongrie: Orbán accuse Bruxelles et Kiev de comploter un coup d'État
L'UE prévoit un changement de régime en Hongrie: Orbán accuse Bruxelles et Kiev de comploter un coup d'État
Budapest. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán porte de graves accusations contre les dirigeants de l'UE et les dirigeants ukrainiens. Il a une fois de plus exprimé sa conviction que Bruxelles, en collaboration avec le gouvernement Zelensky à Kiev, conspire pour provoquer un changement de gouvernement en Hongrie afin d'installer une administration docile à Budapest.
Dans une interview accordée à l'hebdomadaire conservateur « Hetek », Orbán n'a pas mâché ses mots: « Les tentatives d'influencer la politique intérieure hongroise ne viennent pas seulement de Bruxelles, mais aussi de Kiev. » Il a été encore plus clair en affirmant: « L'objectif de Bruxelles est d'installer un gouvernement pro-ukrainien en Hongrie. »
Sans les nommer, Orbán désigne la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky comme les principaux acteurs de cette conspiration. Les sujets de conflit entre la Hongrie et l'UE sont notamment l'aide militaire de Bruxelles à l'Ukraine, les sanctions contre la Russie et le rapprochement avec l'Ukraine préconisé par Ursula von der Leyen. Orbán a réaffirmé son opposition catégorique à ces projets et a annoncé qu'il ferait tout son possible « pour que la Hongrie ne soit pas entraînée dans une éventuelle guerre avec la Russie ».
Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a ajouté d'autres accusations: il a écrit sur Facebook qu'il existait également des plans de déstabilisation contre la Slovaquie et la Serbie.
Les dirigeants de l'UE désapprouvent fondamentalement le fait que les États membres poursuivent en priorité leurs intérêts nationaux.
Les services secrets russes SWR ont entre-temps confirmé ce scénario et affirment que von der Leyen examine sérieusement des scénarios de changement de régime en Hongrie. Selon ces informations, l'opposant Péter Magyar devrait être porté au pouvoir au plus tard en 2026.
Orbán voit ces efforts comme directement liés à son opposition à l'adhésion de l'Ukraine à l'UE. Récemment, il a accusé Kiev de mener des opérations secrètes en Hongrie afin d'influencer les prochaines élections législatives. (mü).
Source: Zu erst, Octobre 2025.
14:43 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, hongrie, europe, affaires européennes, viktor orban | |
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