samedi, 22 mars 2008
Guerres latentes et stratégie des "Contras"
Guerres latentes et stratégie américaine des "Contras"
Parmi les éléments clefs de la doctrine de Reagan, introduite au début des années 80, il y avait l'application de la tactique de la guerre indirecte, par le truchement de groupes criminels, agissant au titre de marionnettes (cf. les termes "War by proxy", guerre par procuration, et "Contras strategy", stratégie des contras). Cette stratégie a été appliquée à grande échelle au Nicaragua, un pays qui, pendant plusieurs années consécutives, a subi une attaque de la part des Etats-Unis, par le biais d'unités composées de bandits (les "Contras"), entièrement financées, armées et entraînées par les Etats-Unis.
La Cour de La Haye avait condamné les stratégies américaines
En vue d'examiner la stratégie américaine consistant à mener des guerres indirectes (la "stratégie des Contras") à la lumière de la législation internationale positive, il faut préalablement se référer à la décision de la Cour Internationale de La Haye, qui constitue un précédent valable. En 1986, cette Cour a condamné les actes de terrorisme international, tels qu'ils avaient été mis en forme par la politique étrangère américaine à la suite de la "Doctrine Reagan". Au cours du procès "Nicaragua against the US", la Cour internationale a dit que les Etats-Unis avaient violé la législation internationale, à la suite d'actes d'agression prouvés. La sentence de la Cour a été énoncée comme suit:
«(3) Considérant que les Etats-Unis, en entraînant, fournissant, finançant, équipant et armant les forces des Contras, et également en encourageant, maintenant et organisant des opérations militaires et para-militaires contre le Nicaragua et sur le territoire de ce pays, ont agi contre la République du Nicaragua, en contrevenant de manière flagrante les normes de la législation internationale communément acceptée, en intervenant dans les affaires intérieures d'autres pays.
(4) [La Cour] estime dès lors que les Etats-Unis d'Amérique ont commis des attaques armées contre Puerto Sandino le 13 septembre et le 14 octobre 1983, et ont également commis d'autres actes d'intervention, tels que mentionnés dans le paragraphe 3 de la présente sentence, y compris l'usage de la force militaire contre la République du Nicaragua, en contrevenant de manière flagrante les normes de la législation internationale communément acceptée, qui rejettent les interventions dans les affaires intérieures d'autres pays» (1).
«L'élément, la composante, de violence est particulièrement évidente dans le cas d'une intervention soutenue par l'usage de la force - dans sa forme ouverte, par un usage direct de la force militaire, ou dans sa forme latente, par le soutien apporté aux actions terroristes et subversives se déroulant sur le territoire d'un autre Etat» (3).
En outre, il nous semble bon de rappeler ici que, durant les sessions du Premier Tribunal Russell International, qui examinait les crimes de l'armée américaine au Vietnam, le célèbre philosophe britannique Lord Bertrand Russell, de concert avec Jean-Paul Sartre, a déclaré, en tant que représentant principal de ce Tribunal, que "les Etats-Unis considéraient le Vietnam de la même façon que Hitler avait considéré l'Espagne". Si Lord Russell était toujours vivant, il ajouterait aujourd'hui que les Etats-Unis considèrent la Yougoslavie comme Hitler considérait l'Espagne.
Dans son message adressé au Second Tribunal Russell International, qui examinait les crimes contre la paix et contre l'humanité, ainsi que les crimes de guerre américains en Amérique latine, Lord Russell a déclaré: «Les formes modernes d'agression internationale consistent à établir des régimes marionnettes, servant les intérêts d'Etats étrangers. La caractéristique principale de ces régimes marionnettes réside dans leur fonction, qui est de garantir la continuité des investissements étrangers (soit l'expansionnisme géopolitique étranger). Ces gouvernements marionnettes liquident brutalement tous les opposants politiques qui osent dénoncer le comportement collaborationniste de ces marionnettes… Les Etats-Unis emploient la CIA dans ce sens et dépensent des millions de dollars pour acheter, tuer ou renverser les gouvernements qui résistent à l'impérialisme américain" (4).
Détruire tout Etat souverain existant et le transformer en marionnette obéissante
L'établissement de régimes marionnettes est historiquement l'une des méthodes traditionnelles, bien éprouvée, de la politique américaine pour détruire la souveraineté des pays et pour réduire les peuples en esclavage. Dans cette optique, il est désormais nécessaire de considérer ces méthodes comme des actes d'agression, relevant de tribunaux internationaux. Ce type d'agression a été baptisé "guerre latente" (5), qui se présente assez souvent comme des formes de conflits internes ou de guerres civiles, qui sont, en coulisses, et à tous les niveaux pratiques, dirigés par des hommes de l'Amérique ou par des marionnettes. Le but d'une "guerre latente" et des politiques de coercition menées par les Etats-Unis est "de détruire tout Etat souverain existant ou de le transformer en une marionnette obéissante" (6). La condamnation de la doctrine Reagan, telle qu'elle a été formulée par le Tribunal international de La Haye, n'a pas eu le moindre effet sur la logique terroriste de la politique internationale des Etats-Unis. Aspirant à exercer une domination absolue sur la planète entière, guidés par une idéologie impérialiste et par un nihilisme et un révisionnisme en matière de droit international, les Etats-Unis, après la désintégration de l'Union Soviétique, sont enclins à mettre en œuvre des tactiques voire à déclencher une guerre indirecte même en Europe: ce fut le cas en Bosnie et au Kosovo.
D'après les témoignages recueillis par le Tribunal International chargé d'investiguer les crimes de guerre américains en Yougoslavie, et dirigé par l'ancien Ministre américain de la Justice, Ramsey Clarke, il appert clairement que la CIA a créé, armé et financé de toutes pièces un gang de terroristes albanais (la soi-disant "Armée de Libération du Kosovo", ALK, ou, en albanais, UCK) en Yougoslavie. Dans le but de financer cette ALK, la CIA a installé partout en Europe des structures criminelles et mafieuses, très bien organisées sur le plan de la contrebande de stupéfiants et du narco-trafic.
Narco-trafiquants tchétchènes et albanais: héritiers des Contras du Nicaragua
Quand on lit les témoignages apportés à ce Tribunal International et concernant l'organisation par les Etats-Unis de bandes criminelles armées sur le territoire de la Yougoslavie, on peut aisément tracer un parallèle avec les bandes similaires de Tchétchénie. Dès 1995, des informations diverses permettaient d'attester que les bandits guerilleros séparatistes de Dudaïev avaient été entraînés dans des camps de la CIA au Pakistan et en Turquie. Désormais plus aucun observateur sérieux ne peut infirmer que les terroristes guerilleros tchétchènes sont les équivalents des Contras du Nicaragua ou que les combattants de l'UCK (ALK) du Kosovo actuel.
Le ministre russe de la défense, le Maréchal Igor Sergueïev, a déclaré à juste titre que les Etats-Unis visent à "établir un contrôle complet sur le Caucase du Nord", d'où le conflit qui oppose l'armée russe aux gangs tchétchène, qui sont un pion dans les manipulations géopolitiques des Etats-Unis.
Le Maréchal Igor Sergueïev observe ensuite que le conflit militaire de Tchétchénie est une forme intermédiaire d'agression militaire américaine contre la Russie. Les troupes russes qui luttent contre les gangs tchétchènes, résistent en fait contre une attaque de l'expansionnisme américain, visant à installer l'hégémonie des Etats-Unis dans le Caucase.
Nikolaï von KREITOR.
(Texte russe: http://lieber-engel.virtualave.net/vk-6.htm... )
Notes:
(1) "Nicaragua vs. The United States of America" [1986, I.C.J., June 27, 1986 / Opinion de la Court]; cf. également Michael Riesman & Chris Antonius, The Laws of War, Vintage Books, New York, 1994, pp. 17-18.
(2) Ibid., p. 98 (§205).
(3) Ibid., p. 98 (§205), p. 99 (§209); cf. également Antonio Cassese, Violence, War and the Rule of Law in the International Community, in: David Held (ed.), Political Theory Today, Stanford University Press, Stanford, 1991, p. 269.
(4) Message de Bertrand Russell au "Tribunal contre le Crime du Silence", in: Proceedings of the International War Crimes Tribunal, Clarion Books, Simon & Schuster, New York, 1970, p. 38.
(5) Harry Magdoff, The Age of Imperialism, Monthly Review Press, New York, 1969; voir également, International Security - The Military Aspect, Report of Panel II of the Special Studies Project of Rockefeller Brothers Fund, Doubleday and Co., New York, 1958, p. 24.
(6) Antonio CASSESE, id., p. 267; Tom Farer, «Political and Economic Coercion in Contemporary International Law», in: American Journal of International Law, 79, 1985, p. 408.
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mardi, 26 février 2008
Guerre froide et globalisation: deux stratégies américaines
John KLEEVES :
Guerre Froide et globalisation : deux stratégies américaines pour dominer le monde
Depuis leur fondation en 1787, les Etats-Unis poursuivent une politique de “balance of powers” en Europe. Elle se synthétise parfaitement par la fameuse formule de George Washington : « Les malheurs de l'Europe sont autant d'avantages pour les Etats-Unis ». Pour la politique américaine, l'équilibre des puissances en Europe est une nécessité, pour éviter que ne se forme, sur ce sous-continent de la grande masse continentale eurasiatique, des agrégations de puissance, qui conduiraient à créer une entité capable de dominer facilement le commerce mondial. L'objectif suprême des Etats-Unis est de dominer pour leur propre bénéfice le commerce mondial. Les Etats-Unis ont d'abord voulu dominer le commerce avec la Chine : ce fut la fameuse question du “marché d'Orient”. Cette politique du “marché d'Orient” a toujours été d'une importance cardinale pour les Etats-Unis, tant et si bien qu'on peut dire que leurs interventions dans les deux guerres mondiales, mais surtout dans la seconde, a été la nécessité, à leurs yeux, de sauver le “marché d'Orient”, c'est-à-dire le marché chinois, de la mainmise japonaise, devenue réalité depuis l'invasion nippone de la Chine en 1937.
La conclusion de la seconde guerre mondiale a été une tragédie pour les Etats-Unis : en Europe, la sphère d'influence russe (soviétique) s'étendait jusqu'à l'Elbe, rendant théoriquement possible la formation d'un bloc hégémonique en Europe, ce que refusait la politique traditionnelle américaine. En Extrême-Orient, les Etats-Unis, après l'élimination du Japon, n'étaient pas parvenus à s'emparer de la Chine. Face à cette double situation, il leur fallait :
◊ 1. Tenter de détruire la Russie, en tirant profit de leur avantage militaire : ils étaient les seuls, à l'époque, à posséder l'arme nucléaire. Il fallait obliger la Russie a se maintenir sur la défensive sur ses frontières.
◊ 2. Il leur fallait intervenir dans la guerre civile chinoise. Mais Mao gagne la guerre. L'objectif est alors de le renverser.
◊ 3. Empêcher les pays d'Europe occidentale de développer un activisme commercial trop important.
◊ 4. Profiter de la faiblesse des pays européens de l'Ouest après les affres de la guerre pour s'installer dans le tiers monde et pour soumettre la plus grande majorité possible de pays de cette zone à une politique néo-coloniale.
Comment faire ? Comment mettre les choses en œuvre pour réaliser ce programme sans révéler leurs propres intentions? Pour atteindre leurs objectifs, les Américains devaient évidemment dissimuler leurs intentions de dominer le monde, sinon le monde entier se serait rebellé et leurs efforts se seraient avérés vains.
Ils ont organisé leur politique selon les critères spécifiques de la Guerre Froide, qui a pourtant été étudiée et réétudiée. Cette politique pose comme axiome premier que l'URSS, en tant qu'Empire communiste, est l'Empire du Mal, parce qu'il veut exporter son idéologie et asseoir de la sorte son hégémonie dans le monde entier : les Etats-Unis doivent dès lors s'opposer de toutes leurs forces à ce projet dangereux, non pas pour satisfaire leurs intérêts nationaux, mais par devoir moral, car ils se posent comme l'incarnation de l'Empire de la Liberté et du Bien, parce qu'ils sont viscéralement hostiles au communisme. Ce théâtre était pure comédie, une mise en scène planétaire, orchestrée par l'établissement le plus rusé et le plus comédien que l'histoire ait jamais vu. L'une des expressions de cette capacité de mettre de telles comédies en scène est bien entendu Hollywood. Les Américains savaient pertinemment bien que l'URSS ne cultivait pas d'intentions agressives. De plus, ils n'avaient rien à redouter de l'idéologie communiste, au contraire de ce qu'ils faisaient croire, mais craignaient seulement les effets de cette idéologie sur les multinationales américaines : les pays qui devenaient communiste se fermaient ipso facto aux trafics et aux spéculations internationales.
En montant ce théâtre, les Etats-Unis atteignirent leurs objectifs : avec le prétexte qu'il fallait bloquer l'avance du communisme, ils opposèrent artificiellement, en Europe, les Russes aux Européens de l'Ouest, ce qui leur permettait d'avoir les mains libres, dans le reste du monde, pour subvertir les pays qui leur résistaient et pour pratiquer leur politique néo-colonialiste. Le processus néo-colonialiste, mise en branle par les Etats-Unis, s'est fait par le biais de guerres, d'opérations de “counter-insurgency”, d'escadrons de la mort, de quelque 500 coups d'Etat, etc., qui ont provoqué la mort d'environ 30 millions de personnes entre 1945 et 1990. En Europe, l'OTAN servait à :
◊ 1. Faire croire à la “menace” russe, bien que l'OTAN ait été créée en 1949 et le Pacte de Varsovie en 1956…
◊ 2. Contrôler étroitement, influencer en profondeur voire subvertir les pays membres de l'OTAN, via des réseaux comme Gladio, etc.
◊ 3. Introduire dans la future Union Européenne leur cheval de Troie, la Grande-Bretagne.
Ce qu'il convient de bien souligner aujourd'hui, c'est que, pendant tout le temps qu'a duré la Guerre Froide, personne, en dehors du cercle restreint de ses metteurs en scène anglo-saxons, n'a jamais compris la véritable nature de comédie, d'instrumentalisation que revêtait cette Guerre Froide. Une comédie qui ne servait, en ultime instance, que les seuls intérêts américains. En Europe, politiciens et intellectuels (la “fine fleur” des journalistes, des philosophes, des politologues…) s'efforçaient de prendre très au sérieux les arguments avancés par les Américains. Certains faisaient du zèle : ils s'ingéniaient à trouver la meilleure formule pour lutter contre le “danger communiste”, comme, en Italie, des intellectuels comme Indro Montanelli, Arrigo Levi ou Enzo Biagi. Alors que la Guerre Froide était essentiellement une guerre anti-européenne! Non, jamais ces intellectuels et politiciens n'ont compris le truc au cours de ces 45 années. Cet aveuglément est dû à la perfection, il faut le dire, et à la cohérence de la mise en scène américaine. Par le truchement de l'USIA (United States Information Agency), véritable Ministère de la Propagande avec ses 30.000 employés, les Etats-Unis parvinrent à mobiliser et à uniformiser tous les médias américains : les écrivains, les universitaires, les acteurs (depuis 1953, Hollywood est sous le contrôle direct de l'USIA). Donc en dehors du cercle restreint, que je viens d'évoquer, peu nombreux furent ceux qui ont vraiment compris comment s'agençaient les choses. J'en fais partie —sans vouloir en tirer orgueil— et c'est en Italie qu'est paru mon livre sur les modi operandi des Etats-Unis : cf. Vecchi trucchi (Ed. Il Cerchio, Rimini, 1991). Or ma démonstration est limpide et logique; les critiques l'ont admis, mais tacitement seulement, car personne ne veut admettre de s'être trompé pendant quarante-cinq ans sans interruption. Plus personne ne parle aujourd'hui de l'anti-communisme déployé par les Américains pour en faire le moteur de la Guerre Froide.
Pire : si personne ne tire les leçons de la Guerre Froide, personne ne sera en mesure de comprendre les mécanismes de la globalisation, à l'œuvre aujourd'hui.
Récapitulons. Avec la Guerre Froide, tout allait bien pour l'Oncle Sam. Mais la perestroïka annule ce ronron. Que représentait-elle pour les Etats-Unis? Ceci : avec la perestroïka, la voie était aplanie pour une alliance entre l'Europe occidentale et la Russie. La Russie, de fait, n'était plus l'ennemie, mieux, elle pouvait devenir une alliée, dont l'arsenal nucléaire constituait un atout pour faire front aux Etats-Unis sur tous les marchés mondiaux et pour leur soustraire bon nombre de pays sous statut néo-colonial. En compensation, la Russie aurait bénéficié des technologies et des investissements européens. Ce rapprochement, s'il se réalisait, aurait été mortel pour les visées hégémoniques américaines. Les Américains ont tout de suite compris le danger et se sont mis à penser une politique alternative, devant remplacer la logique et les pratiques de la Guerre Froide. Il leur fallait forger une nouvelle politique, présentant d'autres motivations de façade, leur permettant de poursuivre substantiellement leur politique éternelle. L'objectif des Américains était de faire en sorte que :
◊ 1. L'Europe Occidentale soit dissuadée de faire ce qui correspond à ses intérêts; faire en sorte qu'elle ne s'allie pas à la Russie, au contraire, il fallait mettre tout en œuvre pour qu'elle s'oppose à Moscou, souhaite la dissolution de la Fédération de Russie, voire sa destruction.
◊ 2. Les Etats-Unis trouvent un autre prétexte pour remplacer l'anti-communisme devenu inutile, afin de subvertir le tiers monde et le maintenir sous statut néo-colonial.
Ils vont réussir leur pari et infléchiront les choses dans le sens voulu, en inventant le concept de “globalisation”. Mais qu'est-ce que la globalisation, autrement dit le mondialisme? C'est avant toute chose une nouvelle comédie, une nouvelle mise en scène pour illusionner les nigauds. Pour être plus précis, c'est une comédie en deux actes, pour deux publics différents, mais dont la finale reste une surprise.
L'acte premier
Le premier acte a pour public le monde dans son sens le plus vaste. Il consiste à faire croire à ce vaste monde que la globalisation n'est rien d'autre qu'un projet d'amélioration généralisée de nos conditions. Les Américains s'empressent de nous dire qu'elle est une idée généreuse, désintéressée. C'est un système où le monde fonctionnera mieux, disent-ils. Pour éviter des conflits, des effusions de sang, des affrontements ethniques et religieux, des tentatives expansionnistes, des révolutions, des régimes despotiques, des économies dysfonctionnantes, etc., comme on en a vus à profusion depuis toujours, il faut imposer au monde, pour son bien, certaines règles fondamentales, valables pour tous. Pour être bref, il s'agit des règles de la démocratie parlementaire, du libre marché et des droits de l'homme : si tous les Etats de la planète finissent par respecter ces règles, les maux de notre monde cesseront un à un d'exercer leurs ravages. Mais pour que tous les Etats les respectent, ces règles, il faut absolument mettre sur pied une “force internationale” qui puisse punir, le cas échéant, les déviants, ou mettre un holà à leurs pratiques haïssables. Le champ d'intervention de cette “force internationale” ne connaît évidemment pas de frontières. Cette “force internationale” ne peut être que celle de l'Occident (donc l'OTAN, puisque l'OTAN = Etats-Unis + Europe occidentale), puisque c'est l'Occident qui a intégré au mieux ces règles jusqu'ici, comme le démontre son succès économique, technologique et moral (cet Occident a inventé les droits de l'homme), bref, comme le démontre le “Progrès”. En d'autres termes, cet Occident, sous la houlette de l'Amérique, se fait un point d'honneur à mettre le monde sur le droit chemin, celui qu'il a lui-même emprunté. Afin, bien entendu, d'améliorer la vie de tous les Terriens.
Mais ce discours est mensonger, car le monde ne s'est pas amélioré. Tout au contraire. Que se passerait-il si cette globalisation serait partout en acte? La “démocratie parlementaire” apporterait partout le règne du grand capital, parce que les élections dépendent toujours des médias et que les médias dépendent de leurs propriétaires. Toutes les protections érigées au fil des décennies de lutte sociale pour les citoyens les plus démunis tomberaient. Le “libre marché” jetterait bas toutes les structures d'aide sociale; dans les pays les plus faibles, le développement cesserait aussitôt; tout enracinement local de l'industrie se verrait extirpé. Les catégories les plus pauvres de la population, dans les pays faibles (formant la majorité dans le monde) augmenterait en nombre, jusqu'à la démesure; elles seraient oubliées de leurs gouvernants. En compensation, les droits de l'homme seraient respectés en tous lieux : la liberté d'expression, mais uniquement pour louer le système parce que les propriétaires des médias ne permettraient pas d'autres discours; la liberté de vote également, mais pour des citoyens qui n'auront été informés que par les mêmes médias; la liberté de religion, mais uniquement pour les religions qui respectent les droits de l'homme : l'Islam devrait abandonner le tchador. En substance, nous aurons une misère accrue et une chute dans la barbarie pour la majeure partie de l'humanité.
Mais alors où se trouve l'erreur conceptuelle de la globalisation, si nous partons du principe qu'elle est une idée désintéressée? Elle se trouve dans la formulation même des droits de l'homme : ceux-ci ne prévoient le droit fondamental à la vie et au travail. Ce droit élémentaire, vital, pour l'homme, n'a pas été inscrit dans les droits de l'homme, tout simplement parce que, pour le respecter, les Etats auraient dû, [comme l'avait prévu Fichte en son temps - ndt], protéger leurs économies par des barrières douanières et maintenir de puissantes législations sociales, ce qui postule l'installation d'une autocratie ou d'une démocratie parlementaire parfaite, où n'existerait aucun médium privé, où le vote serait obligatoire pour tous, selon le mode de la proportionnelle absolue, etc. En effet, les droits de l'homme, tels que nous les connaissons, ont été formulés en ne tenant compte que des exigences du capitalisme le plus sinistre : les droits de l'homme sont en effet leur masque moral.
Acte second
Le second acte concerne l'Europe occidentale. Les Américains lui disent : vous avez compris que notre discours n'est qu'un tissu d'historiettes pour nigauds. Mais faire fonctionner le monde de cette façon ne convient qu'à nous, pays occidentaux, car nous utilisons déjà plus ou moins le même système et nous avons acquis un avantage en agissant au sein du libre marché, lequel ne fera plus que se dilater démesurément. En particulier, ce système convient à nos multinationales qui ont toujours rêvé de pouvoir agir sans l'obstacle des frontières. Nous avons des milliers de multinationales, mais vous aussi, vous en avez, n'est-ce pas? Bref, nous pouvons agir de concert, dans la mesure où nous respectons le jeu de la concurrence. L'idéologie de la globalisation donne aux Occidentaux l'excuse de subvertir les pouvoirs politiques ailleurs et d'intervenir partout pour leurs intérêts.
Comme les pays occidentaux sont tous aux mains des cénacles du grand capitalisme, dominés à leur tour par les multinationales, ils ont accepté les arguments des globalistes car, à terme, ils sont gagnants. Pour réaliser ce projet, ils doivent abandonner l'idée d'une alliance opérative avec la Russie, idée qui avait été envisagée entre 1990 et 1998 en Italie, en France et en Allemagne. Ils devront dès lors se retourner contre elle pour l'émietter territorialement et pour conquérir, avec les Américains, les marchés qu'elle recèle. Ensuite, viendra le tour de la Chine. Ce projet a pris forme : le rapprochement avec la Russie a été interrompu brusquement et les premiers actes d'hostilité ont eu lieu, lors de l'attaque de l'OTAN contre la Yougoslavie.
La finale est une surprise. Elle concerne l'Europe occidentale. Déjà, au moment de l'attaque par l'OTAN de la Yougoslavie, les Etats-Unis avaient l'intention de déclencher un affrontement nucléaire en Europe, qui aurait éliminé et la Russie et l'Europe occidentale. Mais même si tout va bien pour les Européens et que la globalisation euro-américaine progresse, cela ne signifie pas que les multinationales américaines ont l'intention de partager le monde avec les Européens. Aujourd'hui, l'Europe occidentale sert à éliminer la Russie, mais dès que les Américains auront atteint leur objectif de rester la seule et l'unique superpuissance nucléaire, ils diront adieu à l'Europe, laissant pantois les nigauds qui auront cru à leurs boniments. Les multinationales européennes finiront une à une par être absorbées par leurs homologues américaines. L'Europe deviendra ainsi un gigantesque Guatemala. Enfin, la Grande-Bretagne restera la dernière alliée des Etats-Unis mais sera trahie à son tour.
Voici ce qu'est la globalisation. Jadis les politiciens et les intellectuels européens ont gobé les fables qui se profilaient derrière la comédie de la Guerre Froide. Jusqu'à satiété! Aujourd'hui, ils chantent les louanges de la globalisation, jusqu'à l'indigestion. Il faudra à l'avenir mieux sélectionner les hommes d'influence au sein des médias. Il n'est pas nécessaire, à cette fin, d'instituer des procédures complexes pour examiner leurs curricula, leurs titres académiques, leurs références, etc. : il suffirait de leur faire passer un simple test d'intelligence…
John KLEEVES.
(article paru dans Orion, octobre 1999).
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dimanche, 24 février 2008
Sur Gustave Ratzenhofer (1842-1904)
Robert STEUCKERS :
Sur Gustave RATZENHOFER (1842-1904)
Né à Vienne le 4 juillet 1842, le sociologue et Maréchal des armées impériales autrichiennes Gustav Ratzenhofer fut l'exemple même du self-made-man. Fils d'horloger, orphelin très tôt, Ratzenhofer devient cadet dès l'âge de seize ans, en 1859. Sa volonté, son entêtement opiniâtre, ont triomphé des barrières sociales strictement hiérarchisées de l'Autriche-Hongrie du XIXième. L'œuvre de Ratzenhofer est un reflet de cette lutte constante qu'il mène, lui, le fils d'horloger, pour s'imposer aux aristocrates de l'état-major et de la bonne société viennoise. Il gravira tous les échelons de la hiérarchie militaire et terminera sa carrière comme président du tribunal militaire suprême de Vienne en 1898 et comme Feldmarschall-Leutnant en 1901, année de sa retraite. Les idées et les notions sociologiques défilent dans ses livres comme des troupes à la parade et s'imposent au lecteur comme les ordres indiscutables d'un commandeur à ses troupes. Sa philosophie politique et sa sociologie font irruption dans l'histoire des idées comme un retour du romantisme politique de Fichte et de Schelling, mais sous les auspices d'une autre méthode, en l'occurrence la méthode biologique, en vogue depuis l'émergence des écoles darwiniennes. Chez Ratzenhofer, en effet, la méthode dialectique fait place à la méthode biologique.
Après avoir entamé une carrière d'écrivain militaire, Ratzenhofer se tourne vers la sociologie et la philosophie politique, armé des théories positivistes de Comte, Mill et Spencer et des idées de Ludwig Gumplowicz sur la lutte des races. Son premier ouvrage, Wesen und Zweck der Politik, als Teil der Soziologie und Grundlage der Staatswissenschaften (Essence et but de la politique en tant qu'élément de la sociologie et assise des sciences politiques), paru en trois volumes à Leipzig en 1893, est d'inspiration résolument comtienne, à la différence que, pour Comte, la philosophie positive débouche sur la sociologie, tandis que la Weltanschauung de Ratzenhofer, elle, se base sur la sociologie. Partant de la formule héraclitéenne polemos pathr pantwn, Ratzenhofer déduit que l'inimitié absolue est la force motrice primordiale de la politique. L'histoire humaine n'est pas seulement un cas spécial de l'histoire naturelle générale. L'homme est un élément de la nature globale: il n'est donc pas seulement soumis aux lois générales de la nature dans ses mécanismes et ses chimismes mais aussi dans son vécu intérieur, dans son psychisme.
Autre perspective développée par l'œuvre politique et sociologique de Ratzenhofer: l'évolution des divers types d'associations humaines. Une évolution réduite, par la méthode biologisante de Ratzenhofer, aux dimensions physiques, chimiques et biologiques des pulsions de l'âme humaine. Deux pulsions principales animent les hommes, les poussent à l'action: l'auto-conservation, soit la concurrence entre les sociétés pour les denrées alimentaires (Brotneid), et le sexe, pierre angulaire des liens de consanguinité (Blutliebe). Dans le monde des hordes primitives, le conflit, la règle de l'hostilité absolue, sont l'essence des relations entre les hordes. A l'intérieur d'une horde particulière, l'hostilité absolue est tempérée par les liens de consanguinité. L'Etat survient quand il y a conquête d'un territoire et de sa population par une ethnie forte: les vaincus sont réduits en esclavage et contraints d'exécuter les travaux de la sphère économique. La multiplication des contacts entre sociétés, favorisée par le commerce, atténue la rigueur des ordres sociaux nés des conquêtes violentes: c'est la civilisation.
Essence et objectif de la politique en tant que partie de la sociologie et fondement des sciences de l'Etat
Wesen und Zweck der Politik, als Theil der Sociologie und Grundlage der Staatswissenschaften, 3 vol., 1893
Cet ouvrage en trois volumes débute par une définition des fondements sociologiques de la politique. Les rassemblements humains commencent au niveau de la horde; ensuite, vient le stade la communauté, fermée sur le monde extérieur mais où l'on repère déjà les gentes et les clivages entre dominants et dominés. Le stade suivant est celui de l'Etat, porté par le peuple (Volk), ouvert par nécessité sur le monde —et par nécessité seulement— et organisé par un gouvernement, expression de la personnalité sociale. Le stade ultime, venant immédiatement après celui de l'Etat, est le stade du Kulturkreis, de l'aire culturelle, laquelle est hypercomplexifiée et présente des ramifications sociales multiples. La lutte sociale est le produit du contact entre la société et les éléments qui lui sont étrangers. La vie sociale conduit à une différenciation continue des individualités sociales.
D'où Ratzenhofer déduit les lois essentielles de la sociologie: les sociétés politiques structurées tempèrent la lutte sociale mais cette temporisation n'est pas éternelle; les structures temporisatrices finissent pas s'essouffler et pas se révéler caduques. Elles doivent alors faire place à de nouvelles structures, mieux adaptées aux nécessités que la société doit affronter. Ensuite, Ratzenhofer constate que les Etats en phase de croissance cherchent l'adéquation de leurs institutions politiques avec les exigences de la société qu'ils policent. Les Etats en déclin sont ceux qui subissent le choc d'éléments culturels nouveaux, c'est-à-dire les Etats dont les structures sont progressivement disloquées par le choc de l'innovation et doivent céder le terrain à de nouvelles individualités politiques, mieux adaptées aux nécessités. Toutes les expressions de la vie sociale doivent conduire à des actes politiques. De ce fait, la sphère politique peut et doit tirer profit des développements de la science sociologique. Une bonne connaissance des rythmes et des diversités de la société conduit les serviteurs de l'Etat à adapter et à moderniser continuellement les structures politiques et à assurer de la sorte leur durée.
Ratzenhofer affirme ensuite que les lois de la société sont les mêmes que celles de la nature. Ainsi, le concept de politique équivaut à la Lebensklugheit, c'est-à-dire l'intelligence intuitive des lois de la vie qui perçoit sans détours les nécessités politiques et opère sans cesse un recours sans illusion à l'environnement naturel. Cette Lebensklugheit, ajoute Ratzenhofer, est le fait de l'homme libre, non de celui qui est contraint d'obéir pour survivre. L'égoïsme, dans la sphère du politique, est égoïsme collectif car l'homme politique véritable est celui qui est capable de mettre sa propre Lebensklugheit au service d'une instance collective, poussé par l'impératif éthique.
La célèbre loi de l'hostilité absolue, pierre angulaire du système sociologique de Ratzenhofer, nous révèle que les pulsions égoïstes, individuelles ou collectives, sont les moteurs des mouvements sociaux. Egoïsmes moteurs qui contredisent les théories eudémonistes du social car l'action politique, aux yeux de Ratzenhofer et de son inspirateur Ludwig Gumplowicz, n'est pas de dévoiler le sublime qu'il y a dans l'homme mais de mesurer très objectivement les forces, les dynamismes qui agissent dans le tissu social. Ces forces, ces pulsions sont la source de la puissance politique d'une nation. L'objectif du politique, c'est de les harmoniser et de les canaliser dans le sens de l'idée motrice, du mythe mobilisateur qui fait la personnalité politique de la nation. Il faut donc comprendre les pulsions des hommes, puis les classer selon qu'elles appartiennent à telle ou telle «personnalité politique». Faire de la politique, c'est mobiliser les pulsions et prévoir les conséquences d'une mobilisation circonstantielle de telle ou telle pulsion. L'énergie de la volonté donne son plein rendement aux pulsions politiques et les poussent vers la créativité.
L'objectif réel de toute lutte politique c'est l'acquisition d'espace. Pour Ratzenhofer comme pour Ratzel, le but des conflits politiques, c'est de conquérir de l'espace (Raumgewinn) ou d'acquérir des moyens pour mettre son espace propre en valeur (esclaves, avantages commerciaux, etc.). Ensuite, deuxième objectif du conflit: asservir d'autres hommes pour assouvir des besoins (le Dienstbarmachen).
Le droit en politique est facteur de puissance, comme l'a démontré, avant Ratzenhofer, Rudolf von Ihering. Dans cette optique, le droit acquis constitue le socle des pulsions politiques. Le droit en vigueur constitue l'assise sur laquelle se déroule la lutte politique. Il est contesté mais détermine les règles d'action des antagonistes tout en favorisant, en dernière instance, le pouvoir de ceux qui détiennent l'autorité.
Dans toutes les sociétés, on trouve des principes de progression et des principes de régression. Les forces ou les personnalités politiques jouent sur les deux types de principes pour avancer leurs pions à leur avantage. Les mouvements autonomistes visent la dissolution de certaines structures en place, tandis que les mouvements centralisateurs cherchent à renforcer et à simplifier la puissance politique en place. Ces idées-forces sont en fait des instruments manipulés par des personnalités organisées en corps (ou en corporations). De ce fait, la politique n'est rien d'autre qu'un effet des forces de la nature. Ratzenhofer définit ensuite l'essence de la politique sociale. La société est un tissu d'associations et d'organisations, basées sur les communautés de sang (les groupes de descendants d'un même ancêtre ou des mêmes ancêtres), les communautés locales, les nationalités, les communautés confessionnelles et les Stände (les états).
Cette hétérogénéité conduit à une multitude d'«opérations politico-sociales» contradictoires et antagonistes. Les communistes agissent et s'organisent sur base d'une pulsion humaine très ancienne: donner aux éléments sociaux dépourvus de propriétés et de droits un accès à la propriété et au droit. La noblesse n'a eu de fonction sociale que jusqu'au XIIIième siècle, où elle détenait les fonctions juridiques, exécutives et militaires. Après son rôle a été de moins en moins pertinent, jusqu'à l'inutilité complète; d'où l'aristocratisme militant est stérile, surtout en France. Le grand capital tente de s'emparer de tout le pouvoir. Les classes moyennes sont trop hétérogènes pour pouvoir s'organiser de façon cohérente. Les nationalités, les ethnies, forment des parentés de langue et de mœurs et trouve leur point culminant dans les mouvements pangermaniste, panromaniste et panslaviste. L'Eglise tente de s'emparer d'un maximum de pouvoir dans les Etats modernes. Les Juifs veulent conserver les droits qu'ils ont acquis depuis leur émancipation mais ne forment pas un bloc homogène: ils sont divisés, notamment, entre assimilés et orthodoxes. Le rôle de l'Etat, c'est de contrer les opérations socio-politiques menées par tous ces groupes.
Toute doctrine du politique procède d'une étude psycho-pathologique de l'homme, ce qui n'est pas toujours enthousiasmant. Conclusion: la civilisation consiste en un pouvoir croissant de la société sur les individus. Avec elle, le général triomphe du particulier. Toute éthique repose sur nos devoirs sociaux, sur la maîtrise de nos pulsions individuelles au profit d'un projet collectif. Toute éthique déduite de l'intériorité de l'individue, comme celle de Schopenhauer, est dépourvue de valeur sociale et néglige une dimension essentielle de notre existence. de l'intériorité de l'individualeur sociale et néglige la essentielle de notre existence, c'est-à-dire notre imbrication dans une collectivité. Le postulat kantien («agis toujours de façon à ce que la maxime de ta volonté puisse être en même temps le principe d'une loi générale») correspond pleinement à la volonté ratzenhoferienne d'imbriquer l'éthique dans les réflexes collectifs.
Wesen und Zweck der Politik nous explique également la différence entre civilisation et barbarie. La civilisation est un effet de la production de biens et de valeurs; elle est un développement culturel de l'humanité sous l'influence constante de la politique, qui crée et consomme forces et biens de façon équilibrée. La barbarie a pour caractéristique de consommer de façon effrénée, sans compenser par une production réparatrice. La barbarie est ainsi marquée par le déficit permanent, le gaspillage désordonné des forces. D'où, les objectifs pratiques de la politique «civilisante» sont 1) de limiter le principe d'hostilité absolue en circonscrivant la lutte politique au terrain du droit (but: la paix politique); 2) de favoriser l'égalité de tous devant le droit; 3) d'accorder la liberté par des lois, sous réserve que les individus se soumettent aux nécessités collectives; 4) d'accroître les sources de production de façon à assurer l'avenir de la collectivité; 5) de promouvoir le développement des sciences; 6) de promouvoir le développement des arts, afin de sublimer la nature et ses formes; 7) de laisser se déployer us et coutumes naturels; 8) de laisser se déployer la religiosité intérieure, laquelle exprime des aspects insaisissables de la nature); 9) de promouvoir l'hygiène afin d'allonger l'espérance de vie; 10) de favoriser une conscience éthique, de façon à ce que tous connaissent clairement leurs droits et leurs devoirs.
L'autorité libère les hommes du sort peu enviable que leur laisserait l'hostilité absolue et les pulsions brutes, non bridées. De ce fait, pour Ratzenhofer, l'autorité, c'est la liberté. La politique civilisante doit s'opposer à deux dangers: 1) l'orientalisme ou la barbarie centre-asiatique, contre laquelle la Russie s'érige en rempart. Malheureusement, pense Ratzenhofer, les offensives successives de l'Empire ottoman ont contribué à orientaliser le monde slave et partiellement la Russie; 2) le communisme, dû à la dislocation des structures d'organisations corporatives en France et à la mainmise progressive du grand capital. Le Culturkreis européen doit organiser les Balkans, de façon à les soustraire à l'influence orientale/ottomane. Mais l'hostilité entre les différents peuples européens empêche le progrès de la civilisation et l'organisation rationnelle des sociétés: la France, par exemple, refuse d'appliquer certaines sciences, sous prétexte qu'elles ont été élaborées en Allemagne.
L'essence de la civilisation, c'est d'être un produit du politique, de la lutte contre les égoïsmes spontanés des hommes pour faire triompher les objectifs collectifs. Tout progrès civilisateur dérive d'un succès politique ayant eu pour objet une tâche d'intérêt commun. La civilisation s'oppose à la pulsion négative de vouloir exercer à tout prix le pouvoir (Herrschzucht) et de soumettre la collectivité à ses intérêts propres (que ce soient ceux d'un chef, d'un parti, de confessions, de nationalités, etc.). La civilisation, par ailleurs, a le droit de s'opposer à la barbarie. Elle doit transformer les égoïsmes privés, individuels ou organisés, en forces bénéfiques pour la collectivité. Elle doit affiner les mœurs naturelles et les faire accéder au niveau éthique. La civilisation connait des rythmes sinusoïdaux ascendants et descendants. Les phases de haute conjoncture sont celles où l'hostilité absolue est bien bridée et où les communautés politiques croissent et s'épanouissent. Les phases de basse conjoncture sont celles où les communautés sont détruites et où les privilèges se multiplient, où les pulsions égoïstes refont surface, où les arts et les sciences dégénèrent et où l'économie se fonde sur l'exploitation de tous par tous.
En guise de conclusion, Ratzenhofer la politique en tant qu'élément de la sociologie et assise den gouvernement, expression d'une vitales/socialesse n'a eu d'utilité Par la suite, de langue et de mœurs et s'organisent, en ultime instance, catholiquects insaisissables de la natureen sur le fonctionnement de toutes les sociétésK(Herrschs prône un socialisme qui n'est pas celui des sociaux-démocrates (lequel est en fait un individualisme des masses déracinées) mais une force politique agissant sur les forces sociales qui développent la société et créent la civilisation. Les individualismes de toutes natures, privés ou collectifs, disloquent la société.
Ethique positive. Réalisation du devoir-être éthique
Positive Ethik. Verwirklichung des Sittlich-Seinsollenden, 1901
L'objet de cet ouvrage est d'ancrer le devoir-être éthique dans la pratique socio-politique. L'homme, explique Ratzenhofer, dispose d'atouts que n'ont pas les animaux: le langage, l'utilisation d'outils, la maîtrise du feu, la station verticale, etc. Ces atouts ont avantagé l'homme dans la concurrence qui l'oppose aux animaux. Ce qui a conduit à l'extermination d'espèces concurrentes. Au cours de leur expansion coloniale, les Anglais ont transposé cet état de choses dans les rapports inter-raciaux: ils ont exterminé les Tasmaniens, après avoir quasi éliminé les Indiens d'Amérique du Nord, les Aborigènes d'Australie et les Boshimans. Ce processus est en œuvre depuis longtemps, constate Ratzenhofer, en embrayant sur le discours racisant, propre à son époque: la disparition des primates anthropomorphes et des races dites primitives sont un seul et même mouvement qui aboutira au triomphe de l'«Aryen» qui s'opposera ensuite au Juif.
Cette élimination des espèces concurrentes provoque une distanciation toujours plus accentuée entre l'homme et le monde animal. Car l'homme ne tue pas seulement pour se nourrir immédiatement mais pour dominer la terre. Cette volonté de domination totale, Ratzenhofer la juge négative: elle est ce qu'il appelle l'individualisme. Cet individualisme, ce processus qui vise à s'individuer, est le plus intense chez l'homme; individuellement, l'homme a intérêt à se placer au-dessus de toutes les créatures qui vivent à ses côtés et à se considérer comme le point focal de tous les phénomènes. Et à agir en conséquence. Mais d'où vient cet individualisme délétère? Dans les conditions primitives, les hommes vivent une socialisation de niveau tribal, à l'instar des animaux vivant en groupes. La pulsion naturelle est alors de privilégier le collectif, l'utilité collective plutôt que la pulsion individuelle. La conscience naturelle, au départ, est collective, tant chez les hommes que chez les animaux. Elle est facteur d'ordre, de stabilité (exemple: les fourmis).
Cette pulsion primitive naturelle grégaire s'estompe chez les prédateurs: l'intérêt physiologique acquiert plus de poids que la pulsion grégaire (par exemple chez les félins), qui, elle, décline. Chez l'homme, les progrès de la culture ébranlent la conscience grégaire au profit des intérêts physiologiques individuels, ce qui conduit à l'égoïsme et au désir pathologique de dominer les autres. Comment s'amorce le processus individualisant chez l'homme préalablement grégarisé, vivant en horde? Des incitations extérieures de diverses natures font que les individualités douées s'aperçoivent qu'il y a moyen de bien vivre en dehors du cadre restreint de la horde primitive.
Ce processus, essentiellement favorisé par l'attrait du lointain, amorce le développement intellectuel et culturel de l'homme. Le circuit limité des réflexes grégaires, quasi animaux, est rompu. Dès lors, l'homme doué qui crée, provoque, suscite cette rupture offense l'intérêt social de sa communauté, qu'il négligera ou voudra dominer, afin de satisfaire ses aspirations à un «lointain» séduisant. Au stade grégaire, la volonté est quasi nulle; c'est le règne de l'indifférence et de la morale de l'utile (le «bon») et du nuisible (le «mal») à l'échelon de la horde. Quand s'amorce le processus d'individualisation, cette distinction entre le bien/l'utile et la mal/le nuisible se transpose au niveau de l'individu: est bon ce qui va dans le sens de ses aspirations non grégaires; est mauvais ce qui les contrarie. Or toute éthique doit être fondée sur des rapports sociaux concrets et non sur une vérité détachée des relations sociales.
Ratzenhofer observe de ce fait: 1) que l'éthique, au stade de la horde, n'est pas un besoin ressenti; 2) que les individualités émergentes entrent en conflit avec les lois implicites de la horde; 3) que les expériences collectives positives de l'histoire démontrent l'existence d'une éthique de l'utilité collective; l'éthique, quasi inexistante au stade grégaire pur, éclot comme un avertissement permanent de revenir au souci de la collectivité. Tel est le Seinsollende (le devoir-être): une barrière morale nécessaire pour éviter la dislocation puis la disparition et des individualités fortes et des espèces (Gattungen). La culture est constituée de l'ensemble des volontés d'élargir l'horizon, limité au départ à celui de la horde. La Sittlichkeit, la moralité, est la pratique du devoir-être qui ramène sans cesse les esprits à l'intérêt collectif. La conjonction de la Sittlichkeit et de la culture donne la civilisation, dans laquelle sont unis les lois naturelles, l'épanouissement culturel de l'homme et l'éthique du devoir-être. Dans les rythmes sinusoïdaux de la civilisation, le devoir-être est présent dans les phases ascendantes; dans les phases descendantes, au contraire, son impact est de moins en moins évident.
La philosophie morale de Ratzenhofer, qu'il appelle «éthique positive», repose sur une dialectique entre l'individualisation et l'éthique. Le propre des races supérieures, c'est de réussir à faire triompher l'éthique de l'intérêt social qui se déploie sous divers oripeaux: militaire, religieux, scientifique.
Pour Ratzenhofer, il n'y a plus de peuples plongés dans la grégarité originelle. Tous subissent, à un degré ou à un autre, le processus d'individualisation. Si le processus d'individualisation culturante est freiné par des circonstances d'ordre spatial, ou intellectuel ou transcandental, il se mue en un processus vicié d'individualisation égoïste, sans que l'impératif éthique ne puisse agir en tant que correctif. Ces sociétés demeurent alors prisonnières de leurs égoïsmes jusqu'au moment où un puissant agent extérieur provoque l'éclosion d'un processus d'«éthicisation». Certains peuples déploient leurs énergies dans le monde grâce aux efforts de personnalités égoïstes et conquérantes. Celles-ci peuvent basculer soit dans la civilisation soit dans la barbarie. Le mélange racial peut être un facteur dynamisant ou un facteur de déliquescence (comme en Autriche où se mêlent toutes les races européennes, affirme Ratzenhofer). En Grande-Bretagne, les éléments du mixage racial étaient proches les uns des autres (Angles, Saxonx, Scandinaves - Ratzenhofer omet de mentionner l'élément celtique, pourtant très différent) et l'insularité a provoqué une endogamie positive, prélude à l'éclosion d'un profil éthico-politique bien distinct.
La civilisation, ajoute Ratzenhofer, signifie une lutte constante pour imposer un devoir-être éthique conforme à une race donnée (artgemäß). Le processus de civilisation passe par une promotion des connaissances scientifiques, de la religiosité intérieure, en tant que propension à satisfaire les impératifs collectifs (que ceux-ci dérivent de confession ou de la philosophie moderne moniste), par un développement des corpus juridiques, dont l'effort est civilisateur parce qu'il régule des rapports conflictuels d'ordre politique ou économique. Le processus de civilisation passe enfin par une élimination des inégalités en matières de droit et de propriété, par l'élévation spirituelle, intellectuelle, morale et physique de la race. La civilisation, ajoute Ratzenhofer, aide les meilleurs à détenir l'autorité.
Le développement de l'intellect favorise l'«éthicisation» avec l'appui des institutions de l'Etat. Le déploiement de l'éthique ne tue pas l'individualité collective, l'individualité du peuple, mais la renforce dans la lutte générale qu'est la vie.
Enfin, l'«éthique positive», que préconise Ratzenhofer, n'est pas celle, égoïste, de Nietzsche, qui dissocie l'individu de son peuple. Elle n'est pas non plus celle de Marx, dont le socialisme est «individualisme des masses» et favorise l'«animalité qui gît dans les masses». Elle n'est pas celle du christianisme qui transforme le peuple, personnalité politique, en «un troupeau de faibles». Le processus d'individualisation doit viser le bien commun. Si tel est le cas, nous avons affaire, dit Ratzenhofer, à un positivisme moniste, où les héros éthiques rendent les masses nobles. Les peuples qui vivent ce positivisme moniste sont sûrs de triompher dans la compétition générale entre les peuples du monde.
Parti aux Etats-Unis pour une tournée de conférences, il meurt sur le navire qui le ramène en Europe, le 8 octobre 1904.
- Bibliographie:
A. Ecrits militaires: «Die taktischen Lehren des Krieges 1870-1871» in Streffleurs Österreichische Militärische Zeitschrift, 1872; Unsere Heeresverhältnisse, 1873 (anonyme); Die praktische Übungen der Infanterie und Jägertruppe, 1875, 2ième éd., 1885; Zur Reduktion der kontinentalen Heere, 1875; Feldzüge des Prinzen Eugen, Bd. IV (le quatrième volume de cet ouvrage collectif édité par l'état-major général des armées royales et impériales autrichiennes est entièrement dû à la plume de Ratzenhofer), 1879; Im Donaureich (sous le pseudonyme de Gustav Renehr), vol. I («Zeitgeist und Politik»), 1877, vol. II («Kultur»), 1878; Die Staatswehr. Untersuchung der öffentlichen Militärangelegenheiten, 1881; Truppenführung im Karst Serajewo, 1888; de 1874 à 1901, Ratzenhofer publie plus d'une trentaine d'articles à thèmes militaires dans le Streffleurs Österreichische Militärische Zeitschrift et l'Organ der militärwissenschaftlichen Vereine.
B: Ouvrages sociologiques et philosophiques: Wesen und Zweck der Politik, 3 vol., Leipzig, Brockhaus, 1893; Soziologische Erkenntnis, ebenda, 1898; Der positive Monismus, ebenda, 1899; Positive Ethik, 1901; Kritik des Intellekts, 1902; à partir de 1900, Ratzenhofer publie de nombreux articles dans les revues viennoises Die Wage, N.Fr. Presse, Politische-anthropologische Revue (cette dernière étant éditée par Woltmann); Die Probleme der Soziologie, discours prononcé à Saint Louis (USA) en septembre 1904; éd. américaine: «The Problems of Sociology», in Vol. 5, pp. 815-824, International Congress of Arts and Science, St. Louis, 1904, édité par Howard J. Rogers, Boston. Le même texte paraît dans American Journal of Sociology, Vol. 10, pp. 177-188; quelques-uns des nombreux manuscrits laissés à sa mort ont été publiés sous le titre de Soziologie: Positive Lehre von den menschlichen Wechselbeziehungen, Leipzig, Brockhaus, 1907.
- Sur Ratzenhofer:
Ludwig Stein, «Gustav Ratzenhofer» in Anton Bettelheim (Hrsg.), Biographisches Jahrbuch und Deutscher Nekrolog, IX. Band, 1904, Berlin, Duncker & Humblot, 1906; Otto Gramzow, Gustav Ratzenhofer und seine Philosophie, Berlin, Schildberger, 1904; Albion W. Small, General Sociology: An Exposition of the Main Development in Sociological Theory from Spencer to Ratzenhofer, University of Chicago Press, 1905; Albion W. Small, «Ratzenhofer's Sociology», American Journal of Sociology, vol. 13, pp. 433-438; Floyd N. House, «Gustav Ratzenhofer», in David L. Sills (ed.), International Encyclopedia of the Social Sciences, vol. 13, The Macmillan Company & The Free Press, 1968.
(Robert Steuckers).
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mercredi, 23 janvier 2008
Van Creveld: la transformation de la guerre
Van Creveld : la transformation de la guerre
Dans leur collection « L'Art de la guerre », les éditions du Rocher publient La transformation de la guerre de Martin Van Creveld. Enseignant l'histoire à l’Université Hébraïque de Jérusalem, l'auteur remet en cause l'hypothèse de Clausewitz “faisant du conflit armé un phénomène rationnel”, reflet de l'intérêt national et “poursuite de la politique par d'autres moyens”. Il écrit dans l'épilogue: « Il n'est tout simplement pas vrai que la guerre n'est qu'un moyen pour atteindre une fin; ni que les peuples se battent nécessairement pour atteindre tel ou tel objectif. C'est plutôt le contraire qui est vrai: les peuples choisissent souvent tel ou tel objectif comme prétexte pour se battre. S'il est permis de douter de l'utilité de la guerre pour parvenir à tel ou tel objectif pratique, on ne peut douter, en revanche, de son pouvoir de distraction, d'inspiration ou de fascination. La guerre est la vie écrite en majuscules. Dans ce bas monde, la guerre seule permet et exige tout à la fois la mise en œuvre de toutes les facultés humaines, les plus hautes comme les plus basses. La brutalité, la dureté, le courage et détermination, la force pure que la stratégie considère comme nécessaire à la conduite de conflits armés constituent en même temps ses causes. Littérature, art, sport et histoire l'illustrent de façon éloquente. Ce n'est pas en demeurant dans leur foyer auprès de leurs femmes et de leurs familles que les hommes atteignent la liberté, le bonheur, la joie, et même le délire et l'extase. Au point que, assez souvent, ils sont trop heureux de dire adieu à leurs proches les plus chers pour partir en guerre! » (PM)
Martin VAN CREVELD, La transformation de la guerre, Editions du Rocher, 1998, 318 pages, 165 FF.
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samedi, 12 janvier 2008
Création de l'AFRICOM
Johann F. BALVANY :
Etats-Unis : nouvel impérialisme en Afrique
Sans tenir compte, en apparence, ni des revers subis au Proche et au Moyen Orient ni des pertes croissantes en hommes et en matériel qu’exige l’exportation néo-conservatrice de « la liberté et de la démocratie » ni de l’anti-américanisme en pleine expansion, Washington a annoncé la création, le 30 septembre 2007, de l’ « American Africa Command » ou « AFRICOM ». Paul Wolfowitz, ancien planificateur zélé de la guerre en Irak et ex-chef de la Banque mondiale (qui a échoué si lamentablement dans ses fonctions), a déclaré sans détours : « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée ».
L’AFRICOM est une unité d’un millier d’hommes placée sous le commandement d’un général à quatre étoiles, William « Kip » Ward, 58 ans : elle a pour mission de tenir le continent noir en main, selon les intérêts stratégiques, énergétiques et politiques des Etats-Unis. L’AFRICOM est donc mis sur pied au moment même où la Chine effectue, depuis un certain temps déjà, des achats considérables de matières premières dans la zone du Sahel et au Sud de celle-ci ; 600.000 « fourmis bleues » chinoises y résident déjà en tant que travailleurs hôtes des pays africains. La Chine a investi pour des milliards de dollars en Afrique, sans imposer aux Africains des conditions politiques comme le fait l’Occident pour aligner le continent sur des critères soi-disant « démocratiques ». Grâce à cette souplesse idéologique chinoise, le « staathouder » en Afrique d’Oussama Ben Laden, diplômé de la Sorbonne de Paris, Hassan Al Turabi, a pu conforter ses positions à Khartoum au Soudan. Depuis la capitale de l’ex-Soudan anglo-égyptien, il peut tranquillement prêcher et organiser la Djihad, la Guerre Sainte, contre l’Amérique & Co., notamment au Darfour. Le ministre autrichien de la défense, Norbert Darabos, entend envoyer dans le Tchad voisin, une centaine de soldat de notre armée fédérale (idem pour la Belgique : Flahaut voulait aussi y envoyer nos soldats). Pour tous ceux qui ont quelques connaissances de la région, c’est envoyer nos hommes dans un chaudron extrêmement dangereux où plus d’un risquent de revenir au pays en cercueil.
Depuis février 2007, le Général Ward, Afro-Américain d’origine, cherche un site pour y établir le quartier général de son AFRICOM. Mais sans succès jusqu’ici. Un seul des 53 Etats africains, en l’occurrence le Libéria, a accepté d’accueillir éventuellement les GIs. Quatorze autres, rassemblés au sein de la SADC (« South African Development Community »), ont annoncé qu’ils ne souhaitaient pas la présence de militaires américains sur leur sol et qu’ils imposeraient des sanctions à tout pays africain qui accueillerait les guerriers de Bush. Quant aux GIs qui sont stationnés dans la Corne de l’Afrique, à Bab El Mandeb (en arabe : « la Vallée des Larmes »), sur le territoire de Djibouti, ils vivent déjà fort dangereusement. La Somalie voisine vit un bain de sang permanent ; la CIA installée en Ethiopie tire les ficelles de ce jeu sordide, grâce à l’hospitalité que lui fournit Meles Zenawi, un Saddam Hussein africain qui fait de bonnes affaires avec Washington depuis Addis Abeba, exactement comme son malheureux homologue irakien jadis.
L’Ethiopien Zenawi règne à Addis Abeba sans être animé du moindre scrupule moral, à l’instar de l’OUA qui tient son quartier général dans la capitale abyssine. Pendant tout ce temps, le Pentagone recrute du personnel pour l’ « United States Africa Command ». Les recruteurs demandent évidemment du professionnalisme, de la créativité, promettent de nouvelles structures de commandement innovantes et modernes et surtout des salaires très élevés. Cette politique de recrutement est pratiquée dans le monde entier, notamment à partir de la grande base américaine de Stuttgart en Allemagne, depuis septembre dernier. L’AFRICOM a déjà dévoilé le site de son premier établissement : ce sera l’île de Sao Tomé dans le Golfe de Guinée, à côté de Principe, ex-île portugaise. Les Etats-Unis y construisent une formidable base de radar qui coûtera dix millions de dollars. Cette station contrôlera toutes les activités possibles et imaginables dans un vaste rayon, surtout la circulation maritime, car 25% des besoins pétroliers des Etats-Unis y transitent. Bientôt ce seront 35%.
En tenant compte des expériences d’autres régions du monde depuis l’établissement du régime néo-conservateur de Bush, l’Afrique du Sud s’est posée comme le porte-étendard de la résistance africaine contre les nouveaux appétits de l’Oncle Sam dans la région. Mosjuoa Lekota en a appelé à un boycott panafricain contre les tentatives de pénétration du continent noir par l’AFRICOM. Sa qualité de ministre des affaires étrangères sud-africain lui permet d’avertir les autres Etats du continent des conséquences mortelles qui pourraient s’ensuivre si les Africains n’écoutent pas son cri d’alarme. Au Maghreb, en Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Libye, mais aussi en Afrique de l’Est et de l’Ouest, on craint que la présence de l’AFRICOM ne provoque des soulèvements et des guérillas islamistes, que les Etats locaux, trop pauvres, ne pourraient contenir. Qui plus est, les promesses, annoncées avec fracas, de l’UE et des Etats-Unis, d’apporter une aide économique accrue aux pays africains, se sont révélées finalement bien chiches. L’Europe bruxelloise et Washington ont donc tous deux une politique bien différente de celle de la Chine qui procède de manière bien plus discrète et plus efficace que l’Occident.
Il y a quelque 35 ans, un candidat américain du parti démocrate, George McGovern, avait déclaré dans un entretien accordé au « Wiener Kurier » autrichien, que l’Amérique n’avait aucun intérêt vital à aller défendre en Afrique, par la force des armes. Raison pour laquelle les Etats-Unis n’avaient rien fait à l’époque pour soulager leur allié portugais de l’OTAN et l’avait de facto laisser tomber, lorsqu’il combattait, avec peu de moyens, les rébellions d’Angola, du Mozambique et de Guinée Bissau, rébellions téléguidées pourtant par les Soviétiques. Tant et si bien que ce sont des régimes marionnettes du Kremlin qui s’étaient installés dans ces trois pays, ainsi que sur les îles de Sao Tomé et de Principe. En 1975, ces régions furent plongées dans des guerres civiles atroces, entraînant une pauvreté épouvantable dont les retombées se font ressentir jusque aujourd’hui. Les Etats-Unis n’ont rien fait à l’époque pour épargner à ces peuples africains une misère effroyable. Aujourd’hui, l’ennemi qu’ils déclarent combattre est l’islamisme et non plus le communisme, mais, comme ils ont aussi téléguidé des islamismes contre les communismes, il y a plutôt lieu de croire qu’ils ne combattent en fait ni l’un ni l’autre, téléguident à l’occasion et les uns et les autres, selon leurs propres intérêts, et visent plutôt la présence chinoise qui s’avère partout fort efficace et déploie énormément d’énergies (ndt : autre objectif : supplanter les Européens partout en Afrique, surtout les Français, en dépit des risettes à l’Oncle Sam que commet Sarközy à tour de bras).
L’AFRICOM réussira-t-il par son existence et sa présence en Afrique à améliorer la situation générale du continent noir, ou du moins à l’infléchir vers un peu plus de bien-être, ou, au contraire, ne s’installera-t-il là-basd que pour défendre les intérêts stratégiques et commerciaux des seuls Etats-Unis ? Quant à cette défense des intérêts américains, l’assurera-t-il avec toute l’efficacité voulue ? On peut en douter. Les sceptiques feront simplement allusion à la crise permanente qui affecte le Darfour et le plonge dans la catastrophe.
Johannes F. BALVANY.
(article paru dans le magazine autrichien « Aula », publié à Graz, novembre 2007 ; trad. franç. : Robert Steuckers).
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lundi, 24 décembre 2007
1979: les troupes soviétiques en Afghanistan
24 décembre 1979 : Les troupes soviétiques entrent en Afghanistan
Le 27 avril 1978, le « Parti Démocratique Populaire d’Afghanistan » avait pris le pouvoir sous la direction de Muhammad Taraki. Le pays se rapproche de l’URSS afin de parfaire un programme de réformes sociale, surtout dans les domaines de l’éducation et de la réforme agraire. Notons, au passage, que l’Afghanistan avait bien dû se tourner vers l’URSS, les puissances anglo-saxonnes, qui soutenaient alors Khomeiny, voyaient d’un mauvais œil les tentatives iraniennes de venir en aide aux Afghans.
Ce nouveau régime, en observant la situation chaotique dans laquelle se débattait l’Iran, met immédiatement les agitateurs religieux au pas. La CIA décide tout de suite de soutenir une trentaine de groupes de moudjahhidins. La situation devient alors bien vite critique. Dans les troubles qui agitent l’Afghanistan, Taraki est assassiné. En septembre 1979, Hafizullah Amin prend le pouvoir, ce qui déclenche une guerre civile, amenant, le 24 décembre, les troupes soviétiques à intervenir, pour rétablir l’ordre. Amin est exécuté. Babrak Karmal accède alors au pouvoir et demande à Brejnev l’appui permanent de troupes soviétiques. Ce qui lui est accordé. L’Occident capitaliste (l’américanosphère) et l’Islam radical condamnent l’intervention et forgent une alliance qui durera jusqu’aux attentats du 11 septembre (qui n’y mettront fin qu’en apparence).
Le 21 mars 1980, les Afghans hostiles aux Soviétiques forment une « Alliance islamique pour la liberté de l’Afghanistan », qui comprends des fondamentalistes et des monarchistes. Cette alliance, dont le nom contient les vocables « islamistes », pour plaire aux bailleurs de fonds saoudiens, et « liberté », pour plaire aux Américains, comptait sept partis islamistes, dont quatre étaient jugés fondamentalistes et trois, plus ou moins modérés. Ces partis installent leur QG sur le territoire pakistanais voisin. Dans la longue guerre qui s’ensuivra, les services pakistanais, dont surtout l’ISI, recevront et distribueront l’argent et les armes venus des Etats-Unis, d’Arabie Saoudite et d’organisations « privées » arabo-musulmanes.
Zbigniew Brzezinski, artisan de cette stratégie, avouera, dans un entretien accordé au « Monde », que la version officielle d’une aide aux moudjahhidins à partir de 1980 est fausse. D’après le stratège, c’est le 3 juillet 1979 que la décision a été prise d’armer les moudjahhidins, pour attirer l’URSS dans un piège, afin de la déstabiliser par une opération coûteuse et de lui donner une mauvaise image médiatique, tant dans le monde arabo-musulman que dans l’américanosphère.
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lundi, 26 novembre 2007
Sur les nouvelles armées privées
Pankraz :
Point de vue clausewitzien sur les nouvelles armées privées déployées en Irak
Quelle est l’image la plus déprimante ? Une horde d’enfants soldats africains camés jusqu’au trognon ? Ou une « équipe / team » de ces « firmes américaines et privées de sécurité » (Blackwater, Unity Resources, etc.) que l’on voit à l’œuvre aujourd’hui en Afghanistan et en Irak et qui y abat des civils selon son bon plaisir, comme les enfants soldats du Congo ? Qui flanquent le feu à des villages entiers afin de faire de la « sécurité préventive » si de telles actions sont jugées opportunes par leurs « clients » ? Eh bien, votre serviteur, ce bon vieux Pankraz, a davantage les tifs qui se dressent sur le sommet de son crâne quand il entend parler de ces « firmes privées », parce que leurs employés ne sont sans doute pas sous l’influence de drogues quand ils commettent leurs actions, parce qu’ils font ce « job » en toute objectivité, de sang froid.
Les types de la « Blackwater » ne se posent pas comme soldats. C’est clair. Ils n’acceptent pas de missions nobles. Ils veulent, comme nous l’apprend une audition qui a eu lieu à leur propos à Washington, être considérés comme de « simples employés » et traités comme tels. Leurs missions au Proche et au Moyen Orient, ils les considèrent comme des opérations dans des zones hors droit. Ces régions sont pour eux une sorte de « Wild West » où il n’y a plus qu’une seule loi qui compte : « Lui ou moi ». Si une voiture vient en sens inverse des « Blackwaters » sur une piste et ne réagit pas à leur requête de s’arrêter, ils la canardent immédiatement, peu importe les passagers.
Ces canardages tous azimuts, ne tenant compte de rien, commis par des firmes de sécurité étrangères et privées en Irak ou en Afghanistan, complète et élimine tout à la fois l’image de la « guerre asymétrique » moderne. Les forces régulières d’un Etat ne sont plus, dans ce type de guerre, qu’un aspect particulier dans l’ensemble du phénomène guerrier. A côté d’elles, nous trouvons des guérillas, des partisans, des terroristes, des milices tribales et des armées privées, relevant de chefs religieux ou locaux influents, avec, en prime, depuis moins d’une décennie, des « firmes privées de sécurité ». Mais leur apparition sur le théâtre des guerres actuelles estompe le concept de guerre dans son ensemble. On ne peut même plus parler sérieusement, désormais, de « guerre asymétrique ».
« La guerre est la poursuite de la politique avec d’autres moyens ». Cette définition clausewitzienne et classique de la guerre est mise dorénavant hors jeu par l’existence même de firmes telles la « Blackwater & Co. ». Les priorités changent de place. La guerre n’est plus moyen mais but en soi, et seul but en soi. Les seigneurs de la guerre du passé, même s’ils étaient belliqueux à l’extrême, avaient encore des buts en vue, qu’ils auraient été prêts à poursuivre sans guerre, si les circonstances l’avaient permis, par exemple en jouant de menaces, en prenant des mesures de boycott et en mettant en scène toutes sortes d’intrigues. Pour les firmes de sécurité, tout cela n’a plus aucune validité. Elles ont besoin de la guerre, pour engranger du profit. Leur seule sécurité, c’est la guerre !
Les hommes de la « Blackwater & Co. » et des autres firmes du même acabit ne sont pas des mercenaires d’ancien style. En comparaison avec les lansquenets et les soldats vagabonds des premières décennies de l’ère moderne, qui vivaient, eux aussi, de la guerre, et louaient leurs services aux Princes ou aux riches villes commerçantes, les firmes comme la Blackwater sont des formations résolument modernes, sans aucun esprit de corps, sans aucun romantisme de la guerre et du combat, et, manifestement, sans le moindre scrupule. Elles font tout, pourvu que cela rapporte de l’argent. La fonction de garde du corps n’a qu’un rôle subalterne dans la liste des missions qu’elles sont appelées à accomplir. De plus en plus souvent, et d’après ce qui a été révélé ces derniers temps, elles sont sollicitées par les forces militaires conventionnelles, dépendantes d’un Etat, pour effectuer des missions de renseignement et de reconnaissance rapprochée, afin de repérer les lieux où se terrent les guérilleros, les partisans ou les « terroristes » et de communiquer les informations ainsi gagnées aux bases américaines.
Dans la région frontalière située entre le Pakistan et l’Afghanistan, la situation est désormais telle : des employés des firmes de sécurité, qui ont souvent conclu des accords avec des chefs tribaux, et non avec les Américains, et qui obtiennent de ces chefs des informations parfois sérieuses parfois douteuses, communiquent aux bases américaines que dans telle ou telle localité se trouve un « point d’appui de talibans ». A la suite de cela, la localité est immédiatement canardée de bombes et de missiles, réduite à néant, si bien qu’il n’y a plus deux pierres l’une sur l’autre et qu’aucun habitant n’a échappé à la mort. « Safety first », du moins si on a payé pour…
Parler de « guerre sale » dans le cas qui nous préoccupe serait non seulement un euphémisme, mais un énoncé totalement erroné. Il ne s’agit plus d’opérations de guerre mais de pure tuerie à charge de revanche. Car aucune guerre n’a été déclarée jusqu’ici et personne ne sait comment on signera un jour un traité de paix ni avec qui. Il n’y a qu’une chose qui soit sûre, c’est qu’on tue, sans considération pour la personne, pour l’âge, pour le sexe ou l’appartenance ethnique.
Les contours de l’une des parties belligérantes, soit les « talibans » ou « terroristes », est complètement diffuse, s’étend au-delà de tous les groupes tribaux, religieux ou sociaux possibles, dont les intérêts ne peuvent être plus divergents. Mais le camp adverse est tout aussi diffus : il consiste en troupes d’invasion occidentales, en seigneurs de la guerre locaux, en un gouvernement de Kaboul, qui ne représente que lui-même, et aussi en firmes de sécurité, qui participent aux événements avec toutes les forces à leur disposition et dont les intérêts sont de perpétuer les tueries.
Parmi toutes les conséquences désagréables que cette déformation de la guerre, déjà devenue « asymétrique », il y en a une qui est particulièrement désagréable : la figure du combattant, du guerrier, du soldat, une figure honorable dans l’histoire spirituelle de l’humanité, une figure honorée dans toutes les cultures, en prend un fameux coup. « On doit être soldat pour son pays ou par amour de la chose, pour laquelle l’on combat », disait le brave Major Tellheim dans l’œuvre de Lessing, « Minna von Barnhelm » (1767). Mais être soldat pour l’amour de l’argent ou pour l’amour de tuer, Lessing n’y fait point allusion. Hélas, les choses ont changé et elles changent radicalement.
« Seul l’ennemi doit nous craindre » décrétait jadis Sebastian von Burtenbach, le commandant en chef légendaire de tous les lansquenets du Saint Empire Romain de la Nation Germanique. Peut-être sont-ce là des paroles exagérées. Mais ce qui est incontestable, c’est que tous doivent craindre les types de la « Blackwater & Co. ».
PANKRAZ.
(article tiré de « Junge Freiheit », Berlin, n°43/2007 ; trad. franç. : Robert Steuckers).
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vendredi, 16 novembre 2007
Petite réflexion sur C. von Clausewitz
Petite réflexion sur Carl von Clausewitz
16 novembre 1831: Mort à Breslau du général et stratège prussien Carl Philipp Gottfried von Clausewitz. Né à Burg, près de Magdebourg dans le Brandebourg prussien, le 1 juillet 1780, dans une famille d’intellectuels et de fonctionnaires, il choisira très tôt la carrière militaire, où il sera affecté dans le Régiment Prince Ferdinand dès 1792. C’est en tant que jeune cadet qu’il vivra la canonnade de Valmy. Il reçoit à quinze ans le grade de Lieutenant. Pendant six années, il vivra dans des garnisons de province et se formera en autodidacte.
En 1801, Scharnhorst l’appelle à l’école de guerre de Berlin, en vue de réformer l’armée prussienne et de lui redonner sa vigueur combattante. Mais les réformes ne débouchent pas immédiatement sur des résultats tangibles : après les batailles d’Iéna et d’Auerstedt en 1806, qui sont un désastre pour la Prusse, Clausewitz est prisonnier de guerre et envoyé en France. A son retour, il travaille, toujours avec Scharnhorst et Gneisenau à la réforme des armées prussiennes, avec la ferme intention de prendre revanche. Il gravit rapidement tous les échelons de la hiérarchie, pour devenir notamment le conseiller militaire du futur roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, et du Prince des Pays-Bas, Frédéric.
Napoléon, pendant ce temps, profitant de la faiblesse de la Prusse, démantelée, réduite à son noyau brandebourgeois, lui impose un traité d’alliance militaire contre la Russie. Clausewitz demande à être congédié de l’armée, car il refuse de servir aux côtés de Bonaparte. Partisan de l’alliance russo-prussienne, Clausewitz se met alors au service du Tsar et combat Napoléon. Après la guerre de libération de l’Allemagne de 1813, il redevient officier prussien. Après Waterloo, il dirige l’école de guerre de Berlin, mais le roi et les princes, restaurateurs au mauvais sens du terme, le prennent pour un « réformateur libéral » et ne lui accordent aucune confiance. Il se retire entre 1819 et 1830 et se met à écrire toutes ses considérations stratégiques, qui déboucheront sur le fameux livre « De la guerre » qui sert d’ouvrage de référence, aujourd’hui encore, à toutes les armées du monde.
En 1830-31, la révolte de la Pologne contre la Russie, amène la Prusse à envoyer des troupes en Pologne, où sévit une épidémie de choléra. La maladie emporte Gneisenau et Clausewitz en novembre 1831. Son épouse Marie, née comtesse von Brühl, rassemble toutes ses notes et les publie. L’œuvre de Clausewitz révèle une vision « étatique » du politique. C’est l’Etat, quel que soit le régime qui l’anime, monarchiste ou républicain, aristocratique ou oligarchique, qui est au centre de ses préoccupations. Un Etat solide, bien charpenté sur les plans spirituels et matériels, confère automatiquement une dignité à ses citoyens. Pour que cet Etat soit solide, il faut que toutes les catégories de citoyens soient représentées, et leurs intérêts réels et concrets, dûment défendus. C’est la « force nationale », entière et complète, et non plus la seule monarchie ou la seule noblesse, qui doit donner la puissance militaire à l’Etat. Contrairement à Hegel, il ne voyait pas en l’Etat la réalisation d’un idéal éthique, mais au contraire le résultat d’un devoir moral et politique de se maintenir en Etat de bon fonctionnement et de conserver ses forces pour l’éventualité du pire (la guerre).
Le démocratisme quiritaire de Clausewitz, qui demeurait néanmoins un aristocrate et un militaire élitiste, tout en voulant donner à tous les membres volontaires et énergiques des castes modestes la possibilité de se hisser à la même « dignitas », fera de son ouvrage « Vom Kriege » une référence impassable et toujours actuelle chez les militaires, mais aussi chez les révolutionnaires léninistes et maoïstes. Sa conception du peuple en armes, sa notion de dépassement des classes par le mérite politique, l’idée de mobilisation totale des ressources populaires et nationales séduiront les révolutionnaires (Robert Steuckers).
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lundi, 29 octobre 2007
HAARP: contrôle du climat?
Roberto TOSO:
Quand les Etats-Unis veulent contrôler le climat sur toute la planète...
Y a-t-il quelqu’un qui joue avec les chiffres?
Les dates ne sont que coïncidence: 26 décembre 2002 : cyclone “Zoé” en Polynésie; 26 décembre 2003: tremblement de terre en Iran; 26 décembre 2004: le gigantesque tsunami qui vient de ravager les côtes de l’Océan Indien. Je ne dirais pas, dans la suite de cet article, que le tsunami de décembre 2004 a été provoqué, comme l’affirment certains sites “conspirationnistes”, par un expérimentation technologique secrète, et donc “voulue”, ajouteront certains commentateurs. Mais cette coïncidence dans les dates et cette volonté, qui est mienne, de ne pas céder à la tentation conspirationniste ne doivent pas nous conduire à rejeter en bloc et a priori le fait que l’idée a sûrement déjà germé dans certains esprits, de vouloir contrôler les phénomènes atmosphériques. Dont acte. Les hypothèses conspirationnistes et paranoïaques n’existeraient toutefois pas, si certaines prémisses n’avaient pas existé pour étoffer de tels délires, car, de tous temps, l’imagination la plus débridée a toujours besoin d’un point d’appui dans la réalité pour pouvoir se déployer.
Le Projet HAARP
Au cours des siècles, les modifications climatiques ont toujours représenté l’un des catalyseurs les plus puissants capables de susciter les facultés humaines de penser et de réfléchir. Elles ont en effet influencé les croyances et les actions, les motivations et les décisions, toujours, en apparence sur le mode de la causalité, alors qu’en réalité, nos facultés étaient guidées par une logique de fer: celle que nous impose la nature.
Toutefois, depuis l’ère de la révolution industrielle jusqu’à nos jours, l’homme a infligé à la Terre des blessures profondes, si bien qu’aujourd’hui, celle-ci ne présente plus, comme dans l’antiquité, un équilibre quasi parfait sur le plan bio-environnemental.
La communauté scientifique nous avertit sans cesse des dangers d’une surchauffe de la planète. Il n’en demeure pas moins que le risque majeur, que nous courrons et que les mass-media ignorent en règle générale, provient de mutations climatiques provoquées pour des raisons militaires.
Depuis 1992, le Département de la Défense des Etats-Unis développe un projet, coordonné tout à la fois par la marine et l’aviation américaines, que l’on a appelé HAARP (pour: “High Frequency Active Auroral Research Program”). En réalité, il s’agit du noyau même d’un projet bien plus vaste, et bien plus connu, notamment sur le nom de “Guerre des étoiles”. Il a été commencé dès le début des années 80 sous Reagan, pour se poursuivre à la fin de cette décennie sous Bush-le-Père. Ce projet connaît actuellement une phase d’accélération, dopé par un budget militaire d’une ampleur sans précédent, que l’on justifie au nom d’un “double langage” d’orwellienne mémoire: “La guerre, c’est la paix”.
La base principale, où l’on développe le Projet HAARP, se situe dans une vaste zone à Gakona en Alaska. Sur ce terrain, 180 pylônes d’aluminium, hauts de 23 m, ont été installés. Sur chacun de ces pylônes, nous trouvons deux antennes, l’une pour les basses fréquences, l’autre pour les hautes fréquences. Cette dernière est en mesure de transmettre des ondes de hautes fréquences jusqu’à une distance de 350 km. Ces ondes peuvent être dirigées vers des zones stratégiques pour la planète, que ce soit sur le sol ou dans l’atmosphère.
Comme on peut l’imaginer, toute l’opération se mène au nom de nobles objectifs: il s’agit d’études universitaires sur l’ionosphère et de développer de nouvelles techniques radar, qui permettront, à terme, d’accélérer les communications avec les sous-marins et de rendre possibles des radiographies de terrain, afin de déceler la présence d’armes ou d’équipements, jusqu’à des dizaines de kilomètres de profondeur. Pour confirmer cette vocation pacifique, le projet a mis un site en ligne qui nous donne l’image d’une station scientifique bien innocente, visibilisée par une quantité de “webcams”.
Mais la réalité, comme d’habitude, il faut aller la rechercher en dessous de la surface.
De Tesla à Eastlund
Dans les années 80, Bernard J. Eastlund, un physicien texan attaché au MIT de Boston, s’est inspiré des découvertes de Nikola Tesla, qui avait enregistré aux Etats-Unis le brevet n°4.686.605, dénommé “Méthode et équipement pour modifier une région de l’atmosphère, de la magnetosphère et de l’ionosphère terrestres”. Tesla avait ensuite déposé onze autres brevets. Dans l’un d’eux, il décrivait la propriété réflexive de l’ionosphère, qu’il convenait d’utiliser comme “systèmes de rayons énergétiques”, capables de “produire des explosions nucléaires graduelles sans radiations”, ainsi que des “systèmes de détection et de destruction de missiles nucléaires” et des “systèmes de radars spatiaux”.
L’ARCO a acquis certaines de ces inventions. L’ARCO est propriétaire de vastes réserves de gaz naturel en Alaska, qui peuvent être converties en énergie électrique redistribuable via l’ionosphère à tous les clients dans le monde: la vision de Tesla, qui voulait distribuer l’énergie sans fil et gratuitement à tous les foyers de la Terre, a donc été partiellement réalisée, mais viciée dans son principe généreux par de solides intérêts économiques.
En outre, ces inventions font qu’il devient possible de manipuler le climat, c’est-à-dire de créer de la pluie quand cela s’avère nécessaire pour l’agriculture ou de neutraliser des phénomènes destructeurs comme des tornades ou des ouragans.
C’est à ce niveau-ci que le gouvernement américain est entré dans le jeu, rendant l’histoire plus compliquée.
Tous les brevets d’Eastlund ont d’abord été mis sous scellés, à la suite d’un ordre ultra-secret, pour être ensuite transmis à la “E-Systems”, une des principales entreprises qui fournit des technologies avancées aux services secrets de grandes puissances du monde. Cette entreprise a ensuite été absorbée par Raytheon, l’une des quatre grandes entreprises fournissant du matériel à la défense américaine. Elle produit notamment les missiles Tomahawk et Stinger (dont la plupart ont fini entre les mains de pays classés dans l’Axe du Mal ou de groupes terroristes), ainsi que les fameux “Bunker Busters”. Les connexions, qui unissent ces firmes au pouvoir, passent toutes par la personne de Richard Armitage, aujourd’hui vice-ministre des Affaires Etrangères au sein de l’Administration Bush. Armitage, qui était déjà “consultant”, est membre du conseil d’administration, détenteur de signature et “supporter” convaincu de la PNAC, impliquée dans de nombreuses opérations de la CIA, depuis l’époque de la Guerre du Vietnam à aujourd’hui.
Sur base des découvertes d’Eastlund, c’est lui qui orienterait le potentiel du Projet HAARP en direction d’un point spécifique de l’ionosphère, afin de la réchauffer jusqu’à ce qu’elle s’élève physiquement, de manière à créer un gonflement hautement réfléchissant, qu’il définit comme un “effet lent”. Le but est d’acheminer les rayons vers la Terre en leur procurant des effets dévastateurs: la puissance de telles ondes serait telle qu’elle provoquerait des modifications de dimensions moléculaires au sein de l’atmosphère, causant —suite aux diverses fréquences— des modifications climatiques ou la désagrégation des processus mentaux de l’homme, voire, aussi, des effets sur les mouvements tectoniques de magnitudes encore imprécisées.
Des stratégies globales
Les événements géopolitiques actuels étaient prévisibles depuis de nombreuses années: il suffisait de lire certains livres prophétiques comme “Le Grand échiquier” de Zbignew Brzezinski, paru en 1997, ou les textes programmatiques de la PNAC (“Project for a New American Century”), parus la même année.
Nous pourrions deviner l’avenir aujourd’hui aussi, si nous lisions plus attentivement les écrits et les déclarations de penseurs influents et de personnalités militaires haut placées, qui évoquent un futur relativement proche.
Le même Brzezinski, conseiller en matières de sécurité au temps de Carter, écrivait déjà en 1970, dans son livre “Entre deux époques”: “La technologie va rendre disponibles, aux leaders des principales nations, des moyens pour conduire des opérations de guerre secrète, qui exigeront seulement la mise sur pied de forces de sécurité très réduites [...]. Il s’agit de techniques capables de modifier le climat afin de provoquer des périodes longues de sécheresse ou de tempête”.
Brzezinski fait référence, à cette époque-là, aux armes rudimentaires qui existaient déjà, résultats des premières études sur le développement de la guerre climatique. Songeons, dans ce cadre, au Projet Popeye, visant à étendre la saison des moussons au Vietnam.
Le document le plus intéressant est une étude rédigée par sept officiers de l’armée américaine en août 1996 et qui porte pour titre “Le climat comme démultiplicateur de puissance: le contrôler avant 2025”. Cette étude a vu le jour à la suite d’une directive émise par la Commandement des forces aériennes américaines et visait à stimuler un débat intellectuel au sein de l’armée, pour affirmer finalement : “En 2025, les forces aéro-spatiales des Etats-Unis pourront contrôler le climat, si elles parviennent, dès aujourd’hui, à cumuler les nouvelles technologies et à les développer dans la perspective de les utiliser en cas de guerre [...]. Il s’agira d’améliorer les conditions en cas d’opérations menées par des alliés ou d’annuller les effets de celles menées par l’ennemi, au moyen de scénarios climatiques faits “sur mesure”. Enfin, il s’agira de se donner les moyens de dominer complètement, à l’échelle globale, l’ensemble des moyens de communications et de l’espace; les modifications climatiques offriront aux combattants une vaste gamme de moyens possibles pour battre ou soumettre l’adversaire”.
Ces projets ont été confirmés par une étude ultérieure, qui date de 2003. Celle-ci porte pour titre: “Maîtriser l’ultime champ de bataille: les prochaines avancées dans l’utilisation militaire de l’espace”. Elle est l’oeuvre du “Project Air Force” de la Rand Corporation, une “boîte à penser” liée aux lobbies du pétrole et de l’armement, dont l’un des administrateurs fut Donald Rumsfeld et l’un des conseillers-administrateurs Lewis Libbey, membre fondateur de la PNAC, actuel directeur du personnel de Dick Cheney.
Le concept qui est à la base de ce rapport est celui de “Full Spectrum Dominance”. Ce qui revient à dire: une politique d’investissements militaires exceptionnels, visant la conquête de l’espace et le maintien dans l’espace d’une position de supériorité, sinon de contrôle absolu. Cette position de supoériorité obligerait donc ceux qui veulent en découdre avec l’ “Empire” de le faire pas terre ou par mer. Sur ce chapitre, les paroles prononcées par Joseph W. Ashby, le Commandant en chef du “Spatial Command” américain sont significatives: “Certaines personnes n’aiment pas en entendre parler, mais, en termes absolus, nous serons bientôt capables de combattre dans l’espace. Plus précisément: nous combattrons dans l’espace et depuis l’espace. Un jour, nous frapperons des objectifs terrestres, des navires, des avions ou des objectifs situés sur la terre ferme, tout cela depuis l’espace”.
Le 22 février 2004, le journal “The Observer” a publié un rapport “secret”, réclamé préalablement par Andrew Marshall, un conseiller influent de Rumsfeld, et échappé du Pentagone. La conclusion de ce rapport était la suivante: “Un brusque changement climatique conduira à une catastrophe globale de proportions gigantesques, avec une guerre nucléaire et des désastres naturels, condamnant des nations entières à la disparition sous les eaux des océans; les rares survivants lutteront pour les ressources raréfiées, soit les céréales, l’eau et l’énergie”.
On peut s’imaginer qu’il s’agit là de la description d’un futur fort lointain, tel qu’on le met en scène dans un film d’Hollywood; pourtant, en 2006 déjà, le lancement dans la stratosphère du “Falcon” aura lieu; c’est un drone armé de têtes nucléaires capable de voler à douze fois la vitesse du son, virtuellement inattaquable; des développements ultérieurs le rendront capable de frapper de manière ubiquitaire, à partir du territoire des Etats-Unis.
En 2006 aussi, ce sera l’année où le Projet HAARP se verra doter de ses derniers transmetteurs prévus, portant l’ensemble du système à sa puissance maximale. Est-ce toujours bien dans le but annoncé, celui d’aider l’agriculture dans le monde?
La communauté scientifique
Nombreuses sont les voix qui protestent face à ces folies et ces projets destructeurs. Parmi elles, celle d’une scientifiques de réputation internationale, Rosalie Bertell, qui dénonce “les scientifiques militaires américains qui travaillent sur des systèmes climatiques comme armes potentielles. Les méthodes qu’ils tentent de mettre au point comprennent l’accroissement des tempêtes et le déviement des flux de vapeur de l’atmosphère terrestre afin de produire des sécheresses et des inondations voulues”. Richard Williams, physicien et consultant auprès de l’Université de Princeton, dit que “les tests visant la surchauffe de l’ionosphère constituent autant d’actes irresponsables, relevant d’un vandalisme global [...]. Le Projet HAARP pourrait constituer un danger sérieux pour l’atmosphère terrestre. Avec des expérimentations de ce type, on apportera des dommages irréparables en peu de temps”.
Certains chercheurs soupçonnent d’ores et déjà que quelques modifications climatiques actuelles, bien observables, telles des séismes, des ouragans, des raz-de-marée ou des sécheresses persistantes, proviennent de ces expérimentations à buts militaires.
La Russie
Le Parlement russe, la Douma, a émis un communiqué en 2002, signé par 188 députés, où il était écrit: “Sous le couvert du Programme HAARP, les Etats-Unis sont en train de créer de nouvelles armes géophysiques intégrales, qui pourront influencer les éléments naturels par le biais d’ondes radio de haute fréquence. La signification de ce saut technologique est comparable au passage historique des armes blanches aux armes à feu, ou des armes conventionnelles aux armes nucléaires”. Quelques scientifiques craignent que l’ionosphère pourrait imploser sous l’effet de déséquilibres électriques. Leurs conclusions: “Pouvons-nous en vérité risquer d’altérer quelque chose que nous ne comprenons pas du tout, et qui appartient à toutes les formes de vie (et non pas seulement de la vie humaine) présentes sur cette planète?”.
Récemment, le Président russe Vladimir Poutine a annoncé avoir développé un nouveau type de missile balistique télécommandé, capable de changer de trajectoire au cours de son voyage, rendant du coup complètement inutile les systèmes de défense inclus dans le fameux “bouclier spatial”: est-ce un bluff ou non? Quoi qu’il en soit, il est certain que les projets militaires des Etats-Unis, mis au point au cours de ces dernières années, ont généré une nouvelle course aux armements, sans précédent dans l’histoire, qu’il conviendrait de ralentir et de réguler. Mais ce projet de modérer les effets pervers de cette nouvelle course aux armements est systématiquement freiné et saboté par l’unique super-puissance restante qui s’est arrogé le droit de juger l’accumulation d’armements, non pas au nom d’intérêts globaux, mais au nom de ses seuls intérêts propres. Les accumulations américaines sont donc, dans cette optique, au service du “Bien”, tandis que les autres ne sont que l’expression d’une indicible méchanceté, celle de l’ “Axe du Mal”. Dans de telles conditions, nous avons sous les yeux les prémisses d’une nouvelle guerre froide de dimensions globales.
Quant à la Russie, elle a, elle aussi, mis en avant certains projets basés sur les découvertes de Tesla de la fin des années 50, développant de la sorte une recherche parallèle à celle des Etats-Unis, sauf qu’elle s’avère plus lente vu la faiblesse économique terrible de la Russie actuelle. Qui sait si Emmanuel Todd, le chercheur français qui avait prédit la fin de l’empire soviétique dès 1976, dans “La chute finale. Essai sur la décomposition de la sphère soviétique” (R. Laffont), n’a pas raison une fois de plus quand il décèle, dans ses nouvelles analyses, les mêmes indicateurs, notamment dans son livre de 2003, “Après l’Empire. Essai sur la décomposition du système américain” (Gallimard), où il annonce la déliquescence de l’ultime super-puissance. Pour l’heure, la Chine se tait. Comme l’affirmait Bertold Brecht: “La science, quand elle est au service du pouvoir, n’apporte que des malheurs à l’humanité entière”.
Roberto TOSO.
Article trouvé sur : http://www.luogocomune.net ; sources: New York Times, Heart Island Journal, BBC, Canadian Working TV, Earthpulse Press, autres. Cet article a été reproduit par le quotidien romain “Rinascita”, 11 janvier 2005.
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dimanche, 28 octobre 2007
1970: coopération russo-iranienne
1970: déjà une coopération russo-iranienne
28 octobre 1970: Nikolaï Podgorny, président du Soviet Suprême de l’URSS, inaugure, avec le shah d’Iran, Mohammed Reza Pahlavi, le plus long gazoduc du monde. Cet événement montre que la question énergétique est la clef pour comprendre l’histoire contemporaine depuis le rapprochement entre le shah et les Soviétiques, jusqu’à sa chute sous les coups de la révolution des mollahs et jusqu’aux événements actuels, où les Etats-Unis affrontent l’Iran d’Ahmadinedjad.
Le shah d’Iran voulait jouer une carte autonome, ne craignait plus les Soviétiques comme au début de son règne, quand les troupes soviétiques venaient de quitter le territoire iranien, après une occupation de quatre ans (1941-45) et que Moscou soutenait des indépendantistes azéris dans le nord-ouest de l’ancienne Perse. Le soutien inconditionnel apporté par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël aux mollahs aux débuts de la révolution khomeyniste avait pour but de déstabiliser, et jeter bas, un régime personnel qui avait appuyé l’OPEP, entendait mener une politique indépendante face au bloc soviétique, affirmer ses droits historiques dans le Golfe Persique, tendre une main à l’Inde, dégager l’Océan Indien des tutelles étrangères à son espace.
Il ne fallait surtout pas que ce régime ait une autonomie énergétique (ni par le pétrole ni par le nucléaire) ; l’hostilité au shah, qui avait acquis les premiers rudiments d’une énergie nucléaire, est paradoxalement la même que celle qui oppose Ahmadinedjad à Washington, en dépit de la différence idéologique entre l’autocratie éclairée du souverain Pahlavi et le fondamentalisme chiite professé par l’entourage de l’actuel président iranien. L’intention américaine, en appuyant la révolution des mollahs, était de bloquer la grande œuvre de modernisation du shah et de replonger l’Iran dans un régime fait d’archaïsmes que l’on voulait incapacitants et cela, jusqu’à la consommation des siècles.
Ahmadinedjad veut sortir de ces archaïsmes, relancer le programme nucléaire abandonné depuis le shah : raison de l’hostilité des Etats-Unis à son égard.
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jeudi, 27 septembre 2007
Nouvelle cible: la Birmanie
Guerre froide : nouvelle cible, la Birmanie !
Alors qu’on ne s’occupe plus des affrontements intercommunautaires et du gouvernement maoïsant du Népal pour cause de danger de conflit direct avec la Chine, le fusil de l’Axe du Mal semble cette fois braqué sur la Birmanie. Il y a quelques jours, les Etats-Unis d’Amérique et les Etats-Unis d’Europe (aussi appelée Union européenne) ont fermement demandé à l’O.N.-U. de sanctionner ce pays suite à la répression d’une manifestation religieuse à Rangoun.
Le diplomate nigérian Ibrahim Gambari et (représentant de l’O.N.-U. dans la région) a constitué une délégation pour juger sur place de l’état des lieux. Les dirigeants birmans ont reçu l’ordre de “coopérer pleinement avec cette mission”. Le président « de France », Nikolas Sarközy, a appelé l’ensemble des entreprises françaises à « faire preuve de la plus grande retenue » dans leurs investissements là-bas et de ne pas en réaliser d’autres ; alors que ce marché est l’un des rares où nous ne soyons pas concurrencés par les Américains ! Quelle inconscience ! Il n’est pas inintéressant de constater par ailleurs que les relations franco-birmanes ne sont quasi-nulles ! Chose amusante à noter: les médias qui, il y a peu, ignoraient l’existence de ce pays nous gavent de son actualité. Ne serait-ce pas pour nous préparer à une nouvelle « révolution de couleur » non plus orange, comme en Ukraine, mais safran, de la couleur de la robe des bonzes ? Supposons que l’un d’entre eux s’immole par le feu, comme au Sud-Vietnam en 1963, et la boucle de haine médiatique aura trouvé sa nouvelle cible : la junte nationaliste des généraux birmans !
Cette stratégie rappelle celle employée il y a peu par les Américains pour justifier leurs attaques sur l’Irak et l’Afghanistan. S’il ne semble pas se dessiner d’intervention en Birmanie pour le moment, cette dernière a visiblement un rôle à jouer dans le plan mondial. Gorgée de forêts de teck, de rizières, de vallées herbeuses et de paysages escarpés, ses principales richesses sont naturelles. C’est un État-nation « à la française » caractérisé par une forte diversité culturelle, linguistique et ethnique. Peut-être que son caractère autarcique et rural est un agacement dont « Big Brother » se passerait bien, mais c’est bien mince vous ne trouvez pas ?
La réalité est beaucoup plus simple : Les plus importants gisements de gaz naturel ont été découverts le long de la côte Ouest de la Birmanie. D’importants gisements de gaz naturel ont également été décelés le long de la côte occidentale. Ces découvertes pourraient rapporter à ce pays la somme de trois milliards de dollars par an. Ses partenaires sont pour l’instant l’Inde et la Corée du Sud (dans le cadre du projet Shwe Gas Development) bien que les principaux protecteurs de ces intérêts soient actuellement la Russie et la Chine. Pour finir, elle dispose aussi de réserves de pétroles et de pierres précieuses !
Les moines bouddhistes souhaitent que ses richesses profitent à la population, c’est tout à leur honneur et ils sont dans leur rôle, et se croient soutenus en cela par la Communauté internationale. Mais cette dernière souhaite-elle sincèrement que de tels richesses géostratégiques profites aux travailleurs nationaux Birmans ?
Pour Altermédia France : K.H.
Article printed from AMI France: http://fr.altermedia.info
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mardi, 25 septembre 2007
La France redevient un satellite de Washington
Andrea PERRONE :
La France est redevenue un satellite de Washington
Sarközy et Morin annoncent le retour imminent de Paris au sein du commandement militaire de l’OTAN
Les temps changent et la France cesse d’être une puissance au profil propre, abandonne sa voie gaullienne et se soumet aux Etats-Unis. Il y a plus de quarante ans, la France avait quitté le commandement militaire de l’OTAN parce que le Général De Gaulle l’avait voulu. Sarközy met un terme à cette politique de l’honneur et entend revenir servilement à l’obéissance inconditionnelle à Washington.
Le Ministre de la Défense français, Hervé Morin, l’a annoncé par surprise, en confirmant que le chef de l’Elysée, Nicolas Sarközy est favorable au renforcement du rôle de la France dans l’Alliance Atlantique. Bon nombre d’analystes retiennent en fait que Sarközy veut aujourd’hui combler un vide, où, pendant plus de quarante ans, la France avait été absente des structures de commandement de l’OTAN. Le quotidien « Le Monde », citant des sources officielles, pense que Paris pourrait profiter du sommet de l’OTAN l’an prochain à Bucarest pour annoncer le retour de la France au sein du commandement militaire de l’Alliance Atlantique. « Le Monde » croit pouvoir émettre cette hypothèse en interprétant les paroles de Morin, qui a suggéré que le rôle de la France au sein de l’Alliance Atlantique, rôle qui sanctionnerait à nouveau sa dépendance envers Washington, pourrait être défini et annoncé dans un livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, dont la parution est prévue vers mars 2008. Ensuite, le ministre français pense que les relations renforcées de son pays avec l’OTAN pourraient servir à consolider les projets de défense européenne et à influencer le sens des opérations militaires de l’Alliance Atlantique. Morin semble oublier que le contrôle général de l’OTAN reste et restera aux mains des Etats-Unis seuls qui décideront de faire ce qui leur plait et de faire intervenir leurs troupes partout dans le monde, sans le minimum de respect pour les intérêts et les vues de leurs « alliés », dont le seul rôle qui leur est dévolu est d’obéir sans discuter à leurs diktats. Il y a un mois déjà, le nouveau président français avait souligné que, dans un bref délai, Paris retrouverait pleinement sa place au sein de l’Alliance Atlantique.
Actuellement, la France est le cinquième pays dans l’ordre de ceux qui financent l’Alliance contrôlée par Washington. Bien sûr, les déclarations enthousiastes commentant les décisions imminentes de Sarközy n’ont pas manquées, et, parmi elles, celles du porte paroles de l’OTAN, James Appathurai, qui, à Bruxelles, devant un parterre de journalistes, vient de déclarer que « la France est un pays qui contribue beaucoup financièrement, et se trouve même parmi les pays qui contribuent le plus, à l’Alliance, et qui soutient également nos opérations militaires ». Appathurai a ensuite dit que le moment était venu pour la France de décider si elle voulait réintégrer à plein titre la structure militaire de l’Alliance Atlantique.
Nous assistons à un changement de fond de la politique étrangère française, mais ce changement était prévisible, vu les positions du nouvel occupant de l’Elysée, qui sont clairement néo-libérales et philo-atlantistes.
De très nombreuses années sont passées depuis cette journée du 7 mars 1966, quand le Général Charles De Gaulle avait annoncé la sortie de son pays hors de la structure de commandement militaire de l’OTAN au président américain de l’époque, Lyndon B. Johnson, tout en maintenant sa présence au sein des structures civiles de l’Alliance Atlantique. Après cette décision historique, lucide et courageuse de De Gaulle, l’OTAN déménagea son quartier général installé à Versailles et à Fontainebleau en avril 1967. La crise avait commencé lorsque Washington avait manifesté sa volonté de contrôler plus étroitement l’Europe que dans l’immédiat après-guerre. La France avait maintenu de fait une indépendance relative par rapport aux autres pays européens, plus petits ou vaincus en 1945. Cette position avait permis à la France d’obtenir un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU et, partant, son droit de veto, comme les grandes puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale.
De Gaulle avait voulu de détacher de l’emprise américaine et avait manifesté l’intention de forger un « axe carolingien » avec l’Allemagne de Konrad Adenauer, axe qui aurait dû, à terme, s’élargir à Moscou et favoriser de facto un « Axe Paris-Berlin-Moscou », ce dont Washington ne voulait à aucun prix. A ce projet, envisagé sur le très long terme, la politique gaullienne entendait ajouter la création d’une structure militaire européenne indépendante, réelle alternative à l’OTAN. Cependant, ce qui effrayait davantage Washington, était un troisième volet dans les projets gaulliens : détacher la France du coût fixe que constituaient les pétro-dollars, sur lesquels Washington jouait pour juguler les crises inflationnistes, modus operandi qui mettait en danger les réserves d’or de Paris. De Gaulle décida donc de restituer les dollars aux Etats-Unis, ce qui lui avait permis de conserver intactes ses réserves d’or. Avec leurs pétro-dollars, les Etats-Unis avaient envisagé d’imposer une stratégie globale d’asservissement à leurs intérêts : De Gaulle l’avait refusée, en sachant que Paris allait être satellisé, réduit à un instrument de la politique américaine du dollar.
En annonçant le retour de la France dans le bercail atlantiste, Sarközy a trahi cette politique gaullienne indépendantiste, amorcé un changement calamiteux, où son pays retourne servilement sous la dépendance de Washington, perdant en même temps, et d’un seul coup, toutes les cartes qui lui garantissaient son autonomie politique.
Andrea PERRONE.
(article paru dans le quotidien romain « Rinascita », vendredi 14 septembre 2007).
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lundi, 24 septembre 2007
Sarközy se soumet à Washington
Andrea PERRONE :
Sarközy se soumet à Washington
Le président français met en œuvre son programme d’asservissement à l’hyper-puissance d’Outre-Atlantique
Sarközy et son entourage sont en train de soumettre complètement la France à la politique américaine. Depuis l’annonce, vendredi 14 septembre 2007, du retour imminent de Paris au sein du commandement général de l’OTAN, le nouveau président français Nicolas Sarközy a ouvert encore de nouvelles perspectives sur le très prochain asservissement total de la France aux Etats-Unis.
Le chef de l’Elysée s’est rendu vendredi 14 septembre en Hongrie pour rabibocher les rapports entre la France et les Magyars, après le gel des relations entre les deux pays sous l’ère Chirac. Les relations entre Paris et Budapest s’étaient considérablement rafraîchies après les commentaires méprisants qu’avait formulés Chirac lorsque la Hongrie avait appuyé le contenu d’une lettre de soutien à l’intervention américaine en Irak. Chirac avait déclaré que la Hongrie « avait perdu une bonne occasion de se taire ». Pour effacer ce souvenir cuisant, Sarközy a dit, dans un discours prononcé à la fin de ses entretiens avec son homologue hongrois Laszlo Solyom, qu’il « était venu à Budapest pour porter le message que l’Europe a besoin de la Hongrie et que la France serait désormais plus présente en Europe centrale et orientale ».
Le chef de l’Elysée a ensuite ajouté que « dans l’esprit de la France, il n’y a pas de petits pays et de grands pays, des pays qui ont droit à la parole et d’autres qui n’ont que le droit de se taire ». Cette allusion dépréciative et directe aux paroles fortes de Chirac montre bien que la nouvelle politique internationale inaugurée par le président Sarközy entend bien mettre un terme aux principes les plus sains du gaullisme, à les détruire définitivement, pour s’incliner servilement devant les diktats du gendarme américain de la planète. Mais cette soumission verbale n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Paris a désormais l’intention de supprimer l’obligation que la France s’était donnée d’organiser à chaque fois un référendum populaire quand l’UE proposait l’adhésion d’un pays. Disposition constitutionnelle qui visait bien entendu à faire barrage à l’adhésion turque. Paris flanche, Paris recule, Paris s’amollit. Cet amollissement se perçoit clairement dans les propos tenus par Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, dans les colonnes du quotidien « Le Figaro », vendredi 14 septembre 2007. L’existence de ce référendum français pour toute future adhésion à l’UE, était perçue, à Ankara comme à Euro-Bruxelles, comme une menace permanente contre l’adhésion turque. Jouyet a suggéré, dans son entretien accordé au « Figaro », de supprimer le fameux article 88, alinéa 5, de la Constitution française qui fixait les modalités de l’obligation de consulter le peuple par référendum lors de chaque proposition d’élargissement de l’UE.
Cet article 88 devait s’appliquer à toutes les adhésions futures, après celle de la Croatie, prévue pour 2010. Il avait été adopté en 2005 par les députés réunis en congrès à Versailles avec l’appui clair et net de Jacques Chirac, alors président de la république. Jouyet remet tout en question en demandant, « Faut-il supprimer ou maintenir cette disposition ? », lors d’une intervention à la tribune d’un « think tank » parisien présidé par l’ancien premier ministre Edouard Balladur. Précisant qu’il s’exprimait à titre personnel, le responsable français des affaires de l’UE a feint d’avoir subitement oublié que « revenir sur une décision qui figure dans le texte même de notre Constitution constituerait un gros risque, surtout en prévision de la ratification du nouveau Traité », que les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept devront accepter de manière informelle lors du sommet de l’UE à Bruxelles en décembre prochain. Dans un climat de méfiance à l’égard des institutions eurocratiques de Bruxelles, surtout en France, le référendum de l’article 88, alinéa 5, était perçu comme l’ultime barrage contre les élargissements sans fin de l’Union, à commencer par un élargissement à la Turquie.
Jouyet explique notamment, qu’avec ce référendum, la France « risquerait de bloquer, au moment opportun, un processus d’adhésion, même si toutes les conditions sont respectées » par un pays ou un autre. Dans tous les cas de figure, poursuit Jouyet, « l’idée ne serait pas de supprimer le référendum mais de permettre au chef de l’Etat de choisir entre celui-ci et la voie parlementaire ».
La proposition est examinée actuellement par l’Elysée, qui a tenu à rappeler que Sarközy, lors de sa campagne pour les présidentielles, avait déjà émis l’hypothèse de la suppression éventuelle de l’article 88, sanctionnant l’obligation d’organiser un référendum pour tout élargissement de l’UE.
Andrea PERRONE.
(article paru dans le quotidien romain « Rinascita », 15/16 septembre 2007).
02:40 Publié dans Affaires européennes, Défense, Géopolitique, Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 15 septembre 2007
11 septembre: l'Amérique sur le banc des accusés
11 septembre: l’Amérique sur le banc des accusés
(Komsomolskaïa Pravda, 11 sep 07) Mardi, 130 ingénieurs et architectes d’Auckland (Californie) présenteront au Congrès américain une version des événements tragiques du 11 septembre 2001 qui risque de faire sensation. Selon eux, les tours jumelles du World Trade Center, cibles de l’attaque de deux avions pilotés par des terroristes kamikazes, se sont effondrées à la suite d’une “démolition contrôlée” au moyen d’explosifs.
“Nous arrivons à une conclusion terrifiante: l’attentat aurait pu être organisé et orchestré par quelqu’un au sein du gouvernement américain”, a déclaré Richard Gage, membre de l’Institut américain des architectes et principal auteur d’un appel à lancer une nouvelle enquête qui sera adressé au Congrès.
Les experts russes considèrent qu’il s’agit d’une version tout à fait vraisemblable.
Il ne faut pas exclure la version selon laquelle la tragédie du 11 septembre aurait été orchestrée par les services secrets américains, estime Victor Baranets, ancien conseiller du chef d’État-major général des Forces armées russes. On peut supposer que les dirigeants américains en auraient eu besoin pour justifier leur nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme. Ils auraient pu également atteindre ainsi d’autres objectifs stratégiques: pénétrer en Afghanistan et en Irak et promouvoir les idées patriotiques aux États-Unis.
L’opération aurait pu se dérouler selon un scénario mixte: des avions pilotés par des kamikazes devaient attaquer les tours déjà minées. On essaie de nous persuader que les pilotes musulmans se sont préparés à l’attaque en six mois. N’importe quel pilote vous dira qu’il est impossible de former un équipage capable d’effectuer des manoeuvres aussi complexes sur une période aussi courte. Pour cela, la formation devait durer au moins un an et demi.
Deuxièmement, il est impossible de croire que les services secrets américains n’aient pas remarqué la concentration inquiétante de pilotes musulmans au sein des équipages de Boeing, d’autant plus que les autorités parlaient constamment de la menace islamiste. Certaines personnes ont sans doute fermé les yeux sur les faits ou ont dirigé ce processus.
Mais même un scénario parfaitement bien rodé ne pouvait pas garantir le succès à 100%. L’avion qui devait attaquer le Pentagone a effectivement raté sa cible. Qui plus est, il était impossible d’apporter des explosifs au Pentagone alors qu’il était très facile de le faire dans les tours jumelles du WTC où des travaux de réparation se déroulaient en permanence. Il suffisait d’apporter quelque 400 kg de TNT ou de plastic en les faisant passer pour des matériaux de construction et de les activer au moyen d’un portable. Les tours se sont effondrées verticalement. Or elles étaient si solides que les Boeing ne pouvaient qu’en couper une partie. Cela a attiré l’attention des architectes.
On a aidé les gratte-ciels à tomber, affirme Vladimir Boulatov, ancien officier du contre-espionnage russe.
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vendredi, 14 septembre 2007
Géopolitique de la guerre des Balkans
Géopolitique de la guerre des Balkans : le dessous des cartes
Personne n’est dupe. On ne peut objectivement traiter la guerre au Kosovo, avec ses implications géopolitiques dans les Balkans, comme une simple question interne aux Balkans. Toute décision relative à l’utilisation de forces américaines et de l’OTAN modifie de manière déterminante tous les aspects de la situation stratégique globale. La guerre menée par le régime de Milosevic au Kosovo est utilisée pour atteindre des objectifs géopolitiques et stratégiques d’un tout autre ordre :
- Ecarter la Russie, la Chine et le Conseil de Sécurité de l’ONU de la prise des décisions politiques mondiales les plus importantes.
- Rompre les liens politiques et économiques entre l’Est et l’Ouest du continent eurasiatique.
- Empêcher un nouveau Bretton Woods qui permettrait de surmonter la crise économique et financière mondiale.
La Realpolitik, qui n’ose pas dire son nom, et que les Etats-Unis et leurs alliés dociles continuent d’appliquer dans les Balkans, reste substantiellement traditionnelle et conservatrice. Que ce soit pour des raisons de jeux de puissance traditionnels ou dans l’optique d’un possible conflit de civilisation au siècle prochain, les Etats-Unis continuent à vouloir enfermer la Russie dans la masse terrestre eurasiatique, barrant son accès aux mers chaudes. Depuis deux siècles, ce verrouillage continental de la Russie a été poursuivi par une remarquable constance par l’Angleterre, puis par les Etats-Unis, leur soutien au non-alignement de la Yougoslavie titiste n’en fut qu’une des illustrations. Actuellement, l’occupation militaire et l’élargissement del ‘OTAN à l’espace reliant la Hongrie à la Grèce (toutes deux membres de l’OTAN), par le truchement du Partenariat pour la Paix et le contrôle américain des oléoducs géorgiens débouchant sur la Mer Noire, neutraliserait l’hypothétique constitution d’une transversale orthodoxe et verrouillerait Moscou, empêchant, même à moyen terme, son retour dans la région et surtout dans les ports monténégrins, dont la base navale de Boka Kotorska. L’encouragement croissant de l’Occident à la sécession du Monténégro de Djukanovic hors de la Fédération Yougoslave va dans ce sens. Washington serait donc guidée par des préoccupations globales pour étendre et préserver sa domination en érigeant l’OTAN comme superpuissance militaire néo-impériale. Nous sommes loin des préoccupations humanitaro-altruistes des Etats-Unis et de l’OTAN envers les pauvres populations albanaises. Mais cet endiguement des Moscou par Washington aura aussi à moyen terme pour conséquence de créer une alliance objective russo-chinoise, Pékin étant l’autre contestataire crédible de l’ordre américain.
Afin d’évaluer les ramifications géopolitiques des opérations militaires actuelles de l’OTAN contre la Yougoslavie, il convient de comprendre les manipulations de la situation dans les Balkans, intervenus depuis 1991. Les guerres menées par la Serbie contre la Croatie et la Bosnie-Herzégovine ont été activement encouragées par les gouvernements britanniques et celui de Mitterrand afin d’endiguer l’Allemagne (c’était la politique de Thatcher, considérant l’Allemagne réunifiée comme un « Quatrième Reich »). Aujourd’hui, ceux qui tirent les ficelles de la guerre dans les Balkans, sont les défenseurs des intérêts du Commonwealth anglo-américain (British-American Commonwealth ou, en abrégé, le BAC), intervenant par l’intermédiaire du gouvernement Blair et du Groupe réuni autour d’Al Gore dans le gouvernement américain, comprenant Albright, Cohen et le Général Shelton. L’élément déterminant de tout changement global de la politique stratégique ou militaire est son effet sur la politique économique et financière mondiale. Il s’agit de savoir si une politique stratégique donnée favorise ou pénalise la mise en œuvre d’un nouveau Bretton Woods. De ce point de vue, le Président Clinton se trouve devant un choix décisif.
Dans un document paru le 7 avril dernier sous le titre « Balkans : la doctrine LaRouche », ce dernier, Lyndon LaRouche, écrit : « Le Président Clinton essaye actuellement de trouver un équilibre entre deux politiques absolument inconciliables. L’aspect positif, c’est qu’il défend un partenariat stratégique avec la Russie, la Chine et d’autres ; mais, d’un autre côté, en raison de ses politiques de libre échange, de mondialisation, de confrontation avec l’Irak et de déploiement de l’OTAN, auxquelles vient de s’ajouter le détonateur de la guerre contre la Yougoslavie, sa présidence risque d’être vouée à l’ignominie éternelle. Si la deuxième dynamique se poursuit, il n’y aura bientôt plus de possibilité de partenariat et le monde se dirigera alors vers une guerre mondiale de longue durée, comme celle qui ravagea l’Europe centrale entre 1618 et 1648, avec un risque de recours aux armes nucléaires. D’un point de vue américain, que faut-il faire pour parvenir à éviter la détérioration de la situation stratégique globale ? ».
Selon LaRouche, de concert avec au moins l’un de leurs principaux partenaire d’Europe continentale (la France, l’Allemagne ou l’Italie), les Etats-Unis doivent prendre les mesures d’urgence pour instaurer un partenariat stratégique général de coopération économique, entre autres, avec la Chine, la Russie, l’Inde, etc. L’objectif devrait être de revenir au type de politiques anti-britanniques sur lesquelles le Président américain Roosevelt avait tenté de fonder un nouvel ordre économique mondial plus juste, libéré de l’impérialisme, entre Etats-Nations parfaitement souverains, jouissant du libre accès aux découvertes scientifiques et technologiques les plus avancées.
Causalité financière de la guerre
La causalité fondamentale qui sous-tend la confrontation stratégique menée par le BAC vis-à-vis de la Russie et de la Chine et l’escalade militaire dans les Balkans, au Proche-Orient et ailleurs, réside dans l’aggravation de l’état du système économique et financier international. Le changement de phase est survenu lors de la faillite, en septembre 1998, du Hedge Fund LTCM, qui détenait un portefeuille de 3250 milliards de dollars en produits dérivés. Un mois auparavant, les marchés financiers internationaux avaient été secoués par la cessation de paiement de la Russie. Même la BRI a récemment admis que le système financier se trouvait à ce moment-là au bord de l’effondrement. Pour y faire face, les gouvernements et banques centrales du G7 ont lancé en octobre une folle politique hyper-inflationniste, avec réduction des taux d’intérêt, déversement de liquidités et divers programmes de renflouement. Ce miracle était destiné à retarder pour quelque temps l’effondrement systémique autrement inévitable. Cette politique a provoqué une détérioration qualitative de la lucidité des responsables gouvernementaux et parlementaires. C’est le même état d’esprit qui régnait lors des kracks financiers des 17ième et 18ième siècle en Angleterre et en France, mais les conditions stratégiques actuelles sont bien plus dangereuses.
C’est au cours du changement de phase intervenu en octobre-novembre 1998 que le Commonwealth anglo-américain a lancé l’escalade vers la confrontation. D’abord, on a utilisé le prétexte du rapport Butler, délibérément mensonger, pour lancer la guerre non déclarée contre l’Irak. Ensuite, on a imposé à l’OTAN un nouveau concept stratégique néo-impérial, avant d’en arriver à la guerre actuelle dans les Balkans. Pour comprendre comment la crise financière est devenue une crise à la fois économique et militaro-stratégique, il faut analyser la situation à partir de la triple courbe. En effet, l’étude des relations entre trois éléments —croissance explosive des agrégats monétaires, expansion hyperbolique des agrégats financiers et écroulement accéléré de l’économie physique— est la seule façon de comprendre la transposition de la crise financière au domaine militaire et stratégique, comme Clausewitz l’avait décrit au 19ième siècle. Ne pouvant ou ne voulant pas résoudre efficacement les problèmes économiques et financiers en changeant la politique économique et financière, les oligarchies démo-ploutocratiques tendent à les résoudre par d’autres moyens. L’argent, nerf de la guerre, ou la guerre, nerf de l’argent.
Clinton et la « Troisième Voie » parasitaire
La réforme de l’aide sociale, la politique étrangère au sujet de l‘Afrique ou des Balkans, dénotent l’influence dominante qu’exercent sur la Maison Blanche et sur le Président Clinton les conseillers politiques, les nouveaux démocrates du courant de Tony Blair, représentés aux Etats-Unis par Al Gore. Ces conseillers utilisent la méthode dite de la troisième voie : plutôt que de considérer les conséquences sur la vie réelle des décisions à prendre, on considère ce qui peut être permis selon les règles du jeu existantes. Concrètement, chaque impulsion politique est soumise à des considérations politiques plus générales qui visent à trouver un consensus et doivent être prévalentes. En conséquence, une politique proposée par le Président sera redéfinie afin d’être appliquée selon les règles du jeu. Dans ce processus, la politique originelle est souvent transformée en son exact opposé !
La manifestation la plus tangible de cette « troisième voie » s’incarne dans le fascisme à visage démocratique, version Tony Blair, à l’œuvre en Grande-Bretagne. Rassurons-nous, nous sommes là bien loin du « tercérisme européiste » d’essence nationale-révolutionnaire ! L’économie politique de la « troisième voie » de Blair ne se distingue en rien du néo-libéralisme radical introduit en Grande-Bretagne par Margaret Thatcher. C’est toujours la mondialisation, le libre-échange, l’écologisme, la réduction démographique, etc., mais la version « troisième voie », basée sur le consensus, se présente comme « démocratique ». Le principal interlocuteur de Blair à Washington est le vice-président Al Gore, fer de lance du projet écologiste utopique, comme l’a montré sa campagne contre le réchauffement global. Martin Walker annoncera dans le Guardian qu’une bonne partie de la pensée du courant « troisième voie » repose sur la conscience que l’économie globale est le moteur actuellement le plus puissant du changement. Au sein du parti démocrate, la « troisième voie » s’est structurée sous le vocable du « Democratic Leadership Council » (ou : DLC). Le DLC a été fondé en 1985 avec, principalement, des démocrates du Sud, dont Sam Nunn de Géorgie, Chuck Robb de Virginie, John Breaux de Louisiane. Clinton et Gore ont adhéré au DLC et Clinton le présidait avant d’être candidat à la Présidence. On les appelle les « nouveaux démocrates », du nom de leur magazine. Les « nouveaux démocrates » ont créé dans la foulée un groupe de réflexion, le « Progressive Policy Institute » (PPI). En 1992, le DLC avait des sections dans trente Etats, un budget annuel de 2,5 milliards de dollars et dix-neuf permanents. A l’origine de la fondation du DLC, qui était une réponse à la défaite de Walter Mondale à l’élection présidentielle contre Reagan en 1984, il y avait l’idée que le Parti Démocrate devait abandonner sa base traditionnelle, composée de syndicalistes, de membres des minorités ethniques, d’agriculteurs, pour courtiser plutôt les couches de la société ayant une activité plus éloignée de la production ou même parasitaire : les yuppies des banlieues chics, les employés du secteur des services, les boursicoteurs, les comptables, etc. Le DLC exerce une influence pernicieuse sur les décisions du Président Clinton, par l’intermédiaire de son vice-président Al Gore, qui a été choisi comme candidat démocrate à l’élection présidentielle de l’an 2000. L’influence idéologique de cette « troisième voie parasitaire » finit de parachever la désintégration du système financier et monétaire international et plonge le monde entier dans le pire désastre économique et social de l’histoire.
Rodolphe LUSSAC.
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mardi, 24 juillet 2007
Stratégie de Washington au Vénézuela
Cris CARLSON :
La nouvelle stratégie impériale de Washington au Venezuela ou Comment on fomente des troubles à Caracas
Un correspondant nous adresse un texte émanant d’un journaliste indépendant vivant au Venezuela, Cris Carlson. Particulièrement sensible aux questions relatives à la mondialisation et à son économie dévorante, ce dernier démonte les mécanismes de la globalisation tels que les Américains les pratiquent pour étendre leur influence et leur contrôle sur le monde.
Cette enquête, émaillée de notes renvoyant à des ouvrages ou à des articles de presse américaine, anglaise et vénézuélienne, est à rapprocher de deux articles parus dans « Le Monde » des 19 et 20 juin 2007 bien que la presse française dans son ensemble soit plutôt muette sur le sujet. Le premier a pour titre « Les projets en Iran de la compagnie gazière autrichienne OMV provoquent la colère de Washington » – le titre, à lui seul, est suffisamment explicite – et, dans le second, « La lutte contre l’insécurité grandissante est devenue la priorité des Vénézuéliens », on retrouve, avec certains faits cités à mots couverts, quelques-unes des observations de Cris Carlson.
Nous sommes en Amérique du Sud ; cet article est donc teinté de tiers-mondisme. On remarquera toutefois que les méthodes appliquées pour instaurer le mondialisme sont universelles.
Polémia
La nouvelle stratégie impériale de Washington au Venezuela
ou Comment on fomente des troubles à Caracas
Utilisée pour la première fois en Serbie en 2000, Washington a maintenant mis au point une nouvelle stratégie impériale pour maintenir sa suprématie dans le monde. Alors que les invasions militaires et l’installation de dictatures ont été traditionnellement les moyens employés pour dominer des populations étrangères et les maintenir à l'écart de la marche des affaires, le gouvernement des Etats-Unis a désormais développé une nouvelle stratégie qui n'est pas aussi compliquée ni brutale mais beaucoup plus douce; tellement douce, en fait, qu’elle est presque invisible.
Elle a été si peu visible en Serbie, en 2000, que personne n’a semblé se rendre compte, au moment du renversement du régime, que le pays s’ouvrait à une privatisation massive et au transfert, aux mains des Etats-Unis et des multinationales, des énormes industries, des sociétés et des ressources naturelles appartenant au secteur public. De la même manière, peu de gens ont remarqué que des pays de l'ancien bloc soviétique avaient été, il y a peu, les victimes de la même stratégie, avec exactement les mêmes résultats.
Les nations qui ne cèdent pas aux exigences de l'empire et à l'expansion du capitalisme mondial font l’objet d’un plan secret et bien conçu destiné à changer la situation politique de leur pays et à ouvrir leurs portes aux investisseurs. Avec le soutien des Etats-Unis des groupes, à l’intérieur de ces pays, renversent le président en donnant l’impression qu’il n’y a aucune intervention venant de l’extérieur. Et aujourd’hui, Washington se tourne vers une nouvelle menace, la plus grande : l'Amérique latine, et plus particulièrement le Venezuela.
La montée du Nouvel Ordre mondial
Au cours de la deuxième moitié du vingtième siècle, les capitalistes américains ont pris conscience que les perspectives nationales d’investissement et de croissance arrivaient à saturation. Les volumes d’affaires atteignaient un niveau où les possibilités d’expansion, à l’intérieur des frontières du pays, étaient pratiquement épuisées et la seule possibilité de croissance était de rechercher à l'étranger de nouvelles perspectives d’avenir. Des groupes d’entreprises en voie d’expansion cherchaient à développer leurs opérations partout dans le monde, en investissant, en privatisant et en achetant tout ce qui leur tombait sous la main. Le capital national se tournait vers l’international et à la fin du siècle le capitalisme était vraiment devenu mondial.
« Grossir ou se faire manger » : telle était leur nouvelle philosophie, et ils décidèrent de grossir en avalant des nations entières. Avec l'aide de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, partout des économies étaient ouvertes à la privatisation. Les systèmes de télécommunication, les réseaux électriques, la distribution de l'eau et les ressources naturelles étaient rachetés par de riches capitalistes partout dans le monde. Le capitalisme du libre-échange régnait alors en maître : un paradis pour le capital international puisque la richesse du monde était de plus en plus concentrée dans leurs mains (1).
Quelques nations, cependant, étaient bien résolues à ne pas se laisser manger. La privatisation était un concept impopulaire parmi des populations qui avaient développé la folle idée que leurs ressources naturelles leur appartenaient, à elles et non pas à des sociétés étrangères. Une résistance s'est installée dans plusieurs régions du monde, et un certain nombre de nations n’ont pas voulu se plier à la logique du capitalisme mondial. Mais Washington était décidé à ouvrir le monde au développement de ses entreprises. Il obligerait ces pays qui n’obtempéraient pas, soit par la force soit par la ruse.
Le cas de la Yougoslavie : un modèle pour le changement de régime
Ce fut en Yougoslavie, et plus particulièrement en Serbie, que la nouvelle stratégie de Washington allait vraiment prendre forme pour la première fois. De là, cette stratégie allait être exportée à d’autres pays afin d'essayer de renouveler l’énorme succès de l'expérience serbe. Et il n'est pas difficile de voir pourquoi. Après que le renversement du régime Milosevic eut permis une privatisation en masse, tout ce qui restait de l’ancien pays socialiste, y compris certaines des plus grandes réserves européennes de ressources naturelles, tomba bientôt dans les mains des Etats-Unis et des investisseurs internationaux.
La stratégie est une stratégie très élaborée. Dans le dessein d'évincer un régime indésirable, le gouvernement des Etats-Unis se consacre au renforcement et à l’union de l'opposition à son gouvernement. Ceci comprend le financement des partis politiques d'opposition et la création d’organisations non gouvernementales visant à renverser le régime au pouvoir. Par-dessus le marché, les Etats-Unis peuvent engager par contrat des conseillers politiques et des instituts de sondage pour aider leur candidat favori à gagner l’élection. Mais au cas où ils ne peuvent pas gagner l’élection, de faux sondages jettent le doute sur les résutats électoraux officiels et l'opposition crie à la fraude. Des manifestations en masse et la quasi-totalité des médias mettent la pression sur le régime pour qu’il se retire et cède aux exigences de l’opposition (2).
Aussi peu vraisemblable que cela puisse paraître, c’est exactement cette stratégie qui fut utilisée pour renverser Slobodan Milosevic en Serbie, en 2000. Après que la guerre du Kossovo et les bombardements de l’OTAN eurent échoué à provoquer le changement de régime, les Etats-Unis travaillèrent à renforcer les adversaires internes de Milosevic en les unissant derrière un candidat, Vojislav Kostunica, et en alimentant sa campagne électorale avec près de 40 millions de dollars (3). Des ONG et des conseillers électoraux financés par les Etats-Unis réussirent à lancer une campagne de propagande autour des élections et travaillèrent en coulisses à l’organisation d’une résistance massive au régime de Milosevic (4). Le jour du vote, des « aides aux électeurs » formés par les Etats-Unis étaient déployés dans tout le pays pour suivre de près les résultats. Les Etats-Unis avaient même fourni à de jeunes activistes des milliers de bombes de peinture et d’autocollants pour couvrir le pays de slogans anti-Milosevic (5).
Selon les résultats officiels du premier tour des élections, aucun candidat n'avait obtenu la majorité des voix, et il devait donc y avoir un deuxième tour. Mais les conseillers américains publièrent leurs propres « sondages à la sortie des bureaux de vote » qui donnaient Kostunica largement en tête et que Milosevic refusa de reconnaître (6). L'opposition cria à la fraude et des groupes soutenus par les Etats-Unis organisèrent des actions de résistance non violente pour faire pression sur le gouvernement. Des groupes armés envahirent l'Assemblée fédérale et le siège de la télévision d'Etat (7). Des manifestations et une rébellion massive obligèrent Milosevic à se retirer. Il ne devait pas y avoir de deuxième tour et le candidat de Washington, Vojislav Kostunica, prit le pouvoir. La stratégie avait fait son œuvre.
Mais pourquoi les Etats-Unis avaient-ils pris la Serbie pour cible et, plus particulièrement, la petite province du Kossovo ? La réponse remonte à l'administration Reagan et à un document secret de 1984 sur « La politique américaine à l’égard de la Yougoslavie ». Une version censurée fut révélée en 1990 qui préconisait « le déploiement d’efforts pour encourager une “révolution pacifique” visant à renverser le gouvernement communiste et les partis » (8).
Pendant des années le gouvernement des Etats-Unis a travaillé au démantèlement et au morcellement de la Yougoslavie socialiste, soutenant tous les mouvements d’indépendance, quels qu’ils fussent, à l’intérieur des différentes provinces, y compris l’intervention militaire de 1999 au Kossovo pour favoriser la séparation de cette province. Ce qui avait été, par le passé, un relatif succès économique sous le célèbre Josip Tito et son économie socialiste fondée sur la propriété collective et l’autogestion des entreprises, ne permettait pas les investissements étrangers ni le capital américain. C'était un péché mortel vis-à-vis du capitalisme mondial moderne. Comme l'écrit Michael Parenti :
« La Yougoslavie était le seul pays d’Europe de l'Est qui ne voulait pas démanteler son économie collectiviste d'état-providence. Elle était la seule à ne pas avoir sollicité son entrée à l'OTAN. Elle poursuivait – et c’est encore le cas pour ce qui en reste – une route indépendante, non conforme au Nouvel Ordre mondial (9). »
Morceler le pays en petits Etats dépendants et détruire leur économie collectiviste étaient l’objectif final, et Milosevic, un admirateur du socialiste Tito, était leur seul obstacle.
Leur travail fut considérablement récompensé. Une fois Milosevic disparu, une des premières mesures prises par le nouveau gouvernement fut d’abroger la loi de 1997 sur la privatisation et de permettre aux investisseurs étrangers d’acquérir 70% du capital d’une entreprise (10). En 2004, la mission de l'ONU au Kossovo annonça la privatisation de 500 entreprises, et ce furent les sociétés américaines qui se révélèrent les grandes gagnantes. Phillip Morris acheta une manufacture de tabac pour 580 millions de dollars, U.S. Steel traita une affaire de 250 millions de dollars avec un producteur d’acier, Coca-Cola s’empara d’un fabriquant d’eau en bouteilles pour 21 millions de dollars, et ainsi de suite (11).
De surcroît, les investisseurs occidentaux avaient désormais accès à ce que le « New York Times » appela le « prix fabuleux de la guerre », les deuxièmes plus grands gisements de charbon d’Europe et les énormes réserves de plomb, de zinc, d’or, d’argent et même de pétrole (12). Et la perle des perles se situait dans la province du Kossovo : l’énorme complexe minier de Trepca, évalué à plus de 5 milliards de dollars, ouvert aujourd’hui au plus offrant (13).
Le succès de la stratégie en Serbie servit merveilleusement de leçon aux décideurs politiques de Washington. Ils allaient la répéter à plusieurs reprises dans l'ensemble de l'Europe de l'Est, dans des régions comme la Géorgie (en 2003), l’Ukraine (en 2004), le Kyrgyzstan (en 2005) et la Biélorussie (sans succès en 2001). Au cours de ce qu’on a appelé les « Révolutions de couleur », chaque mouvement, aidé par les Etats-Unis, allait remplacer un régime par un autre plus favorable aux politiques de libre-échange promues par Washington (14). La stratégie préférée pour obtenir un changement de régime devint cette nouvelle sorte de résistance non violente, et maintenant l'empire dirige son regard sur l'Amérique du Sud, où une nouvelle menace pour le capitalisme mondial est soudainement apparue.
Le problème du Venezuela
Si, pour la Serbie, la mine de Trepca au Kossovo était le gros lot de l'intervention dans ce pays, au Venezuela c'est la compagnie pétrolière d'Etat, PDVSA. Le Venezuela possède certaines des plus grandes réserves de pétrole du monde, peut-être devant l'Arabie Saoudite si l’on tient compte de tous les gisements de brut. Et c'est PDVSA qui domine au Venezuela, avec un total monopole sur les ressources pétrolières de la nation. Avec une capacité de production de 4 milliards de barils par jour et un revenu annuel 65 milliards de dollars, la compagnie possède également un réseau de plus de 15.000 stations-services aux Etats-Unis ainsi que plusieurs raffineries, à la fois aux Etats-Unis et en Europe, la plaçant à la deuxième place des plus grandes compagnies de toute l'Amérique latine (15).
On peut être sûr que les investisseurs en entreprises aimeraient mettre la main sur PDVSA, comme sur d’autres sociétés du secteur public du Venezuela. En fait, c’est ce qu’ils ont fait tout au long des années 1990. En 1998, les sociétés multinationales avaient déjà raflé la compagnie nationale du téléphone, la plus grande compagnie de l'électricité, et l’opération sur PDVSA traversait ce qu’ils appelaient une période d’ « ouverture » au capital international ; une façon plus élégante d’appeler la privatisation (16).
Mais cette même année, Hugo Chavez fut élu président sur une plateforme anti-impérialiste, et la vente aux enchères du Venezuela cessa brusquement. En fait, Hugo Chavez est devenu un vrai problème pour les impérialistes industriels et leurs domestiques à Washington. Non seulement il a mis fin aux privatisations mais il fait actuellement marche arrière en re-nationalisant tout ce qui a, par le passé, été privatisé. La privatisation de la compagnie pétrolière d'Etat est désormais interdite par la loi, et son gouvernement a pris son entier contrôle, en l’utilisant pour financer le développement du pays.
Mais ce qui inquiète encore plus Washington et ses promoteurs économiques c’est de voir que cette tendance se propage à travers l'Amérique latine. Le gouvernement Chavez a tissé des liens étroits avec beaucoup de ses voisins, et beaucoup marchent dans ses pas. Des pays comme la Bolivie et l'Equateur reprennent le contrôle de leurs énormes réserves de gaz et de pétrole, laissant moins d’emprise aux grosses sociétés qui espéraient les posséder un jour.
Et par conséquent, exactement comme ils l’ont fait en Serbie, en Géorgie, en Ukraine et ailleurs, Washington a déployé ses forces au Venezuela avec l'intention de se débarrasser de la menace Chavez. Après avoir tenté différentes actions au cours des années, y compris un coup d’Etat qui a fait long feu, une manipulation électorale et des manifestations de masse, Washington n'a pas été capable de renverser le chef populaire. Mais ils n'ont pas abandonné pour autant. Au contraire, ils continuent précisément à augmenter leur niveau d’implication.
Répétition de l'expérience de l'Europe de l'Est au Venezuela
La nouvelle stratégie impériale comprend ce que l’on appelle « les coins américains ». Ces « coins » sont de petits bureaux, mis en place par Washington à travers le pays cible, qui servent pratiquement de mini-ambassades. On ne sait pas très bien ce que font exactement ces « coins », mais on y trouve tout un choix de renseignements sur les Etats-Unis, y compris des offres d'études à l'étranger, des cours d’anglais et de la propagande pro-américaine. En plus de tout cela, les mini-ambassades organisent également des événements, des formations et des cours pour jeunes étudiants.
Curieusement, ces « coins » semblent se trouver en très grand nombre dans les pays que Washington cherche à déstabiliser. Les anciens pays yougoslaves ont un total de 22 « coins américains », dont 7 en Serbie. L'Ukraine en a 24, la Biélorussie 11, la Russie 30, l’Irak, même, 11. La concentration de loin la plus élevée des « coins » est en Europe de l'Est, sur laquelle Washington dirige ses tentatives de déstabilisation depuis quelques années (17).
Il existe au moins quatre « coins américains » au Venezuela, implantation la plus importante de tous les pays latino-américains, et les Etats-Unis financent aussi littéralement des centaines d'organismes dans tout le pays pour un montant de plus de 5 millions de dollars par an (18). Ces organisations financées par les Etats-Unis travaillent de concert pour transplanter l'expérience de l’Europe de l’Est au Venezuela. Comme le rapporte Reuters, l’opposition vénézuélienne est déjà en train d’apprendre les tactiques serbes de renversement de régime de la bouche d’un colonel de l’armée américaine en retraite, nommé Robert Helvey :
« Helvey, qui a enseigné à de jeunes activistes au Myanmar [en Birmanie] et à des étudiants serbes qui ont participé à la destitution de l'ancien dirigeant yougoslave Slobodan Milosevic en 2000, donne, cette semaine, des cours de tactique d'opposition non violente à une université à l’est de Caracas », dit l’article. « Ni Helvey ni les organisateurs du séminaire de Caracas n’ont voulu donner de précisions sur les tactiques d'opposition enseignées. Mais, dans sa mission en Serbie avant la chute de Milosevic, Helvey fournissait des instructions aux étudiants sur les façons d'organiser une grève et sur la manière de miner l'autorité d'un régime dictatorial », rapportait Reuters (19).
Et plus récemment, dans la ville universitaire de Mérida, un professeur d'histoire du Texas, Neil Foley, a animé une manifestation organisée par l'ambassade des Etats-Unis et le Centre vénézuélo-américain (Cevam), qui n’est pas officiellement un « coin américain » mais qui vise le même objectif. Foley, qui s’est exprimé dans divers « coins américains » de Serbie, a donné des conférences en Bolivie et au Venezuela sur « les valeurs américaines » (20).
J’ai assisté à l’une des conférences de Foley et, comme prévu, c’était une véritable campagne de propagande pro-américaine infligée aux étudiants de l’université. Le professeur a donné très exactement le message pour lequel il avait été payé par l’ambassade des Etats-Unis, en vantant les mérites de la société américaine et de « la démocratie américaine ». Selon Foley, les Etats-Unis résolvent tous leurs problèmes par la tolérance envers les autres et un « dialogue » sans exclusive avec leurs opposants. Et par un clair appel du pied en direction de ces étudiants vénézuéliens, Foley laissait entendre que tout gouvernement qui ne respectait pas ces critères « devait être renversé » (21)
Tous ces efforts convergent dans une campagne à l’échelle nationale visant à unir, renforcer et mobiliser l'opposition au gouvernement démocratiquement élu de Chavez. L’objectif final, naturellement, est de déstabiliser le gouvernement, en organisant et en dirigeant des groupes d'opposition qui devront commettre des actes de résistance pacifique et des manifestations de masse. Comme cela a été fait en 2002, quand les groupes vénézuéliens d'opposition ont organisé des manifestations massives qui ont tourné à la violence et finalement conduit au renversement provisoire du gouvernement Chavez, la campagne financée par les Etats-Unis cherche à déstabiliser le gouvernement, de n’importe quelle façon, pouvant aller jusqu’à provoquer la violence dont ils rejetteront plus tard la responsabilité sur le gouvernement (22).
A présent presque tous les éléments de la stratégie utilisée en Serbie et dans d’autres pays de l'Est ont été mis en œuvre au Venezuela au moment où Washington dirige et contrôle la campagne de l'opposition vénézuélienne. Les mêmes « conseillers électoraux » employés pour la Serbie, l’entreprise Penn, Schoen et Berland basée à Washington, ont été également utilisés au Venezuela pour publier de faux sondages effectués à la sortie des bureaux de vote dans le dessein de faire planer le doute sur les élections vénézuéliennes. Cette stratégie de manipulation électorale a été employée à l’occasion du référendum de rappel de 2004 où l’ONG Sumate, financée par les Etats-Unis, et la firme Penn, Schoen et Berland ont diffusé de faux sondages à la sortie des bureaux de vote annonçant que Chavez avait perdu le référendum. Ils refirent la même chose avant les élections de 2006, en prétendant que l’adversaire de Chavez « avait nettement le vent en poupe » (23). Aussi bien en 2004 qu’en 2006, les faux sondages donnaient raison aux allégations de fraude avancées par l'opposition avec l'espoir de provoquer des manifestations de masse contre le gouvernement. La stratégie a en grande partie échoué mais elle a jeté un doute sur la légitimité du gouvernement de Chavez et a affaibli son image sur le plan international.
Les tentatives de déstabilisation prennent forme de manière concrète dans les semaines qui viennent avec les énormes manifestations antigouvernementales de Caracas contre l’action entreprise par le gouvernement à l’encontre de la chaîne de télévision privée RCTV. Des groupes d'opposition se sont mis en place autour de cette décision du gouvernement, proclamant qu’elle piétinait la « liberté d'expression », et ils ont organisé une série de grandes manifestations dans la capitale aboutissant à un défilé massif le 27 mai, jour où expire le permis d'émission de RCTV.
Tous les médias privés ont joué leur rôle en annonçant et en invitant les téléspectateurs à participer au défilé pour manifester contre le gouvernement. Tout le monde s’attend à ce qu’il y ait une énorme participation à la fois de la part des partisans du gouvernement et de la part de ses opposants, et le gouvernement a déjà prévenu qu’il pourrait y avoir au cours de ce défilé des violences dont on tentera de rejeter la responsabilité sur lui pour déstabiliser le régime. Ces derniers jours, les services de renseignements du gouvernement ont découvert, chez les opposants, 5 fusils destinés à des tireurs isolés ainsi que 144 cocktails Molotov, qui semblent bien prouver que la violence est au menu (24) (25).
C'est exactement ce genre de manifestation qui, en 2002, a entraîné des dizaines de morts, des centaines de blessés et le renversement provisoire du gouvernement Chavez. Les chaînes de télévision privées comme RCTV ont manipulé les reportages filmés pour attribuer la responsabilité des morts aux défenseurs de Chavez, et condamné le gouvernement pour ses atteintes aux droits de l'homme. Aussi, cette fois, les fonctionnaires du gouvernement ont-ils demandé aux activistes pro-gouvernmentaux de surveiller les manifestations de l’opposition avec photos et vidéos les 27 et 28 mai afin d'éviter une situation semblable à celle du coup d’Etat de 2002.
S'il n'y avait eu les énormes manifestations pro-gouvernementales après que Chavez eut été renversé en 2002, la stratégie de Washington se serait peut-être déjà débarrassée de ce président populaire. Mais la stratégie a échoué, et par conséquent l'empire poursuit ses tentatives. Comme cela s’est passé en Ukraine, en Serbie, en Géorgie et ailleurs, la stratégie exige de faire descendre dans la rue un grand nombre de personnes pour manifester contre le gouvernement. Indifférents au fait que le gouvernement dispose ou non d’une popularité, qu’il soit élu démocratiquement ou non, les groupes d’opposition tentent d’imposer leur volonté au gouvernement en mettant la pression.
Ce que la plupart des manifestants ne savent probablement pas, c’est qu'ils sont simplement les pions d’une plus grande stratégie qui a pour objectif de déboucher sur un capitalisme mondialiste de « libre-échange » et des privatisations dominées par les grosses entreprises. Tandis que d’énormes sociétés multinationales se partagent le monde, de petites nations comme la Serbie et le Venezuela sont simplement des obstacles malencontreux à la réalisation de leurs objectifs. Dans la ruée mondiale pour voir qui grossira et qui se fera manger, le fait que des pays préféreraient ne pas être mangés n’a tout simplement pas d’importance pour les bureaucrates de Washington.
Cris Carlson, journaliste indépendant habitant au Venezuela.
Voir son blog personnel à : www.gringoinvenezuela.com
13 mai 2007
Venezuelanalysis.com
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Notes :
1. Pour en savoir plus sur la façon dont la Banque mondiale et le FMI forcent la privatisation sur les pays pauvres :
http://www.thirdworldtraveler.com/IMF_WB/IMF_WB.html...
2. Quatre articles de Michael Barker expliquent plus amplement cette stratégie.
http://www.zmag.org/content/showarticle.cfm?ItemID=10987...
3. Michael A. Cohen et Maria Figueroa Küpçü, « Privatizing Foreign Policy », « World Policy Journal », Volume XXII, n° 3, automne 2005 :
http://worldpolicy.org/journal/articles/wpj05-3/cohen.html
4. Chulia, Sreeram : « Démocratisation, révolutions de couleur et le rôle des ONG : Catalyseurs ou saboteurs ? »:
http://www.globalresearch.ca/index.php?context=viewArticl...
5. Michael Dobbs, « Les conseillers politiques américains ont aidé l'opposition yougoslave à renverser Milosevic », « The Washington Post », 11/12/00 : http://www.washingtonpost.com/ac2/wp-dyn?pagename=article...
6. Ian Traynor explique comment l’opposition a utilisé les sondages à la sortie des bureaux de vote pour renverser les régimes en Europe orientale, « The Guardian », 26/11/04 :http://www.guardian.co.uk/ukraine/story/0,15569,1360236,0...
7. Chris Marsden, « Comment l’Ouest organisa la chute de Milosevic » : http://www.wsws.org/articles/2000/oct2000/yugo-o13_prn.sh...
8. Finley, Brooke : « Remembering Yugoslavia: Managed News and Weapons of Mass Destruction », extrait du livre « Censored 2005 », Seven Stories Press, 2004.
9. Michael Parenti, « The Media and Their Atrocities, You Are Being Lied To », p. 53, The Disinformation Company Ltd., 2001.
10. Neil Clark, « The Spoils of Another War/NATO’s Kosovo Privatizations », Znet, 21/09/04 : http://www.zmag.org/content/showarticle.cfm?ItemID=6275...
11. Elise Hugus, « Eight Years After NATO’s “Humanitarian War”/Serbia’s New “Third Way” », « Z Magazine », avril 2007, volume 20 n° 4 : http://zmagsite.zmag.org/Apr2007/hugus0407.html...
12. Hedges, C., « Kosovo War's Glittering Prize Rests Underground », « New York Times », 08/08/98.
13. Michel Chossudovsky, « Dismantling Former Yugoslavia, Recolonizing Bosnia-Herzegovina », « Global Research », 19/02/02, « Covert Action Quarterly », printemps, 18/06/96 :
http://www.globalresearch.ca/index.php?context=viewArticl...
14. Jonathan Mowat, « Coup d’Etat in Disguise: Washingtons’s New World Order “Democratization” Template », « Global Research », 09/02/05 :
http://www.globalresearch.ca/articles/MOW502A.html...
15. http://es.wikipedia.org/wiki/Petróleos_de_Venezuela...
16. Steve Ellner, « The Politics of Privatization, NACLA Report on the Americas », 30/04/98 :
http://www.hartford-hwp.com/archives/42/170.html...
17 http://veszprem.americancorner.hu/htmls/american_corners_...
18. Jim McIlroy & Coral Wynter, « Eva Golinger: Washington's “Three Fronts of Attack” on Venezuela », « Green Left Weekly », 17/11/06 :
http://www.greenleft.org.au/2006/691/35882
19. Pascal Fletcher, « US Democracy Expert Teaches Venezuelan Opposition », Reuters, 30/04/03 :
http://www.burmalibrary.org/TinKyi/archives/2003-05/msg00...
20. La page web de l’ambassade américaine de Bolivie témoigne que Neil Foley a prononcé un discours à La Paz, en Bolivie, pour « La semaine culturelle des Etats-Unis », dans la semaine qui a précédé son arrivée au Venezuela.
http://www.megalink.com/USEMBLAPAZ/english/Pressrel2007En...
21. Notes personnelles prises par moi-même lors du discours de Mr. Foley à l’université des Andes à Merida, Venezuela, le 16 avril 2007.
22. Pour plus de détails sur le coup d’Etat de 2002 on lira le récent article de Gregory Wilpert : « The 47-Hour Coup That Changed Everything » :
www.venezuelanalysis.com/articles.php?artno=2018...
23. Voir mon précédent article « Coup d’Etat au Venezuela: Made aux Etats-Unis/Le projet américain de destitution d’Hugo Chavez dans les jours qui ont suivi l’élection », Venezuelanalysis.com, 22/11/06 :
www.venezuelanalysis.com/articles.php?artno=1884...
24. Le président Chavez annonce que les services de renseignements ont infiltré des groupes d’opposition et qu’ils ont trouvé parmi eux un homme en possession de cinq fusils avec silencieux, « Chávez anuncia incautación armas vinculadas a complot en su contra », Milenio.com, 606/05/07 :
http://www.milenio.com/index.php/2007/05/05/65937/...
25. La police de Los Teques, près de Caracas, a trouvé 144 cocktails Molotov tout prêts à être utilisés pour « être emportés dans la rue la semaine prochaine dans l’intention de troubler l’ordre public et favoriser une confrontation directe avec les autorités », « Prensa Latina », 09/05/07 :
http://www.prensalatina.com.mx/article.asp?ID=%7BEEAA37C7...)
Correspondance Polémia
Traduction René Schleiter
Polémia - http://www.polemia.com/contenu.php?cat_id=12&iddoc=14...
22/06/07
04:05 Publié dans Défense, Géopolitique, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
lundi, 16 juillet 2007
Sur l'état de l'armée américaine
Sur l’état de l’armée américaine
La situation militaire internationale ne s’est guère modifiée au cours de ces quelques dernières années ; cependant, certains chiffres nous étonnent, qui sont révélés par les rapports annuels de centres de recherches aussi célèbres et performants que l’ « Institute for Strategic Studies » britannique (IISS) ou le « Stockholm International Peace Research Institute » (SIPRI) suédois. Ainsi, nous apprenons que les Etats-Unis disposent certes de forces armées dont les effectifs avoisinent le demi million d’hommes, que seule la Chine aligne des effectifs plus impressionnants, avec 2,3 millions de combattants potentiels. Mais les chiffres absolus ont leurs limites. Lorsque l’on porte en compte bon nombre d’autres facteurs, la supériorité des forces armées américaines s’avère bel et bien une réalité incontournable. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement ? A eux seuls, les Etats-Unis font près de la moitié (45,6% exactement) de tous les budgets militaires du globe. La seconde puissance dans le classement est la Grande-Bretagne, suivie de près par la France et la Chine. On remarquera tout de suite que ces numéros 2, 3 et 4 dépensent chaque année un budget qui demeure plus ou moins dans le cadre raisonnable de leur produit national brut. Ce n’est évidemment pas le cas des Etats-Unis qui, en termes de chiffres, dépassent de 60% la moyenne mondiale des budgets militaires. Voilà pour la théorie.
En pratique et sur le terrain…
Que fait-on en pratique avec des forces armées aussi impressionnantes ? Là, en examinant la réalité, on tombe sur un tout autre son de cloche. La situation se révèle plus complexe, et aussi plus nuancée. Bon nombre de fondamentaux y jouent un rôle, tant en politique intérieure qu’en politique extérieure ; ces fondamentaux sont jouets aux mains d’intérêts économiques et donc politiques, mais l’essentiel, toutefois, c’est que les conflits menés en Irak et en Afghanistan exercent une pression énorme sur l’armée américaine. Les Etats-Unis, constate l’un de nos analystes, « consacrent désormais, en termes absolus, le plus gros montant jamais engagé en matière de défense depuis la seconde guerre mondiale ». Et il poursuit son raisonnement : « Pourtant, malgré cette injection considérable de fonds, il semble que l’armée américaine soit épuisée par l’irruption, sur le terrain, de toutes sortes de révoltés et d’insurgés, qui ne sont armés que d’AK-47, de grenades et de bombes artisanales ». Assertion qui ressemble certes à une boutade. Mais il y a là un fond de vérité, que l’on ne saurait nier. Il n’y pas un jour qui passe, en effet, sans que l’on entende des rapports inquiétants sur la situation en Irak. Il y a quelques jours, les Afghans reprochaient aux Américains leur manière d’intervenir et de régler des problèmes de terrain, sans se soucier des dégâts collatéraux. Les critiques de leurs alliés afghans étaient claires et nettes : « vous n’y allez pas avec le dos de la cuiller et c’est intolérable ». Un grand nombre de victimes civiles venaient en effet de périr lors d’interventions de l’US Army. Force est dès lors de constater que les difficultés d’aujourd’hui sont le résultat de choix pris hier et avant-hier.
L’ancien ministre américain de la défense, Donald Rumsfeld, était un homme de fortes convictions. Il voulait que l’on investisse dans des armes de haute technologie, dans des systèmes de reconnaissance et dans le traitement de données. La vitesse des interventions, la précision des frappes et l’efficacité générale permettraient, toutes ensemble, d’éviter d’aligner une armée de masse. Mieux : après les attentats du 11 septembre, il y près de six ans, le « leadership » américain devait assurer sa suprématie en visant le consensus. Qui fut obtenu. On parvint ainsi, avec succès, à chasser les talibans du pouvoir, puis, sans un consensus équivalent, à occuper rapidement l’Irak tout entier. Mais dès le lendemain de ces succès apparemment foudroyants, les problèmes ont commencé à surgir et à se multiplier. Les unités militaires, qui se montrèrent si rapidement victorieuses dans les conflits de haute intensité grâce à leurs technologies de haut vol, s’avérèrent bien incapables d’occuper correctement le terrain conquis. Aujourd’hui, cela saute aux yeux : l’armée américaine est aujourd’hui victime de son propre passé. Après la guerre du Vietnam, elle s’est concentré sur l’éventualité d’un seul « grand conflit », sans vouloir s’imaginer qu’une conflictualité future pouvait prendre le visage d’une multitude de petits conflits, engendrant autant de chaos intenses mais localisés. L’erreur d’appréciation a donc été la suivante : les responsables de l’US Army ont cru que les unités militaires capables de résoudre le « big bang » du « grand conflit » envisagé, alors être ipso facto capables d’intervenir avec autant d’efficacité dans les conflits de basse intensité. Pendant de longues années, les troupes américaines se sont entraînées pour réussir de beaux sprints. Hélas pour elles, elles sont aujourd’hui engagées, malgré elles, dans un long et épuisant marathon.
Une loi d’airain…
En dépit de l’entraînement des hommes et des techniques utilisées, il existe une loi d’airain : celle des chiffres. La façon moderne de mener la guerre se concrétise sur base de rapports (de proportions) qui, au préalable, doivent être bien pensés et conçus. Ainsi, sur 50 brigades de combat de l’US Army, en moyenne dix-sept peuvent être rendues immédiatement opérationnelles (ce qui donne plus ou moins un rapport de 2 :1). Mais depuis l’envoi de cinq brigades supplémentaires en Irak, le nombre de brigades engagées à l’extérieur du pays est de 25. Certaines de ces brigades ne se voient octroyer qu’un repos d’un an, après un « tour of duty » de quinze mois (rapport : 0,8 :1). En comparaison, les Britanniques tiennent à respecter un rapport de 4 :1, soit au moins deux années de repos après un engagement de six mois. Les responsables de l’armée britannique estiment que c’est là un minimum absolu. Les Américains subissent donc les effets de leur forcing : le nombre de vétérans qui souffrent de problèmes psychiatriques augmente dans des proportions inquiétantes.
Quelle est dès lors la morale à tirer de cette histoire ? Les Etats-Unis ont besoin d’une armée aux effectifs beaucoup plus nombreux qu’actuellement. D’où question : comment réaliser cela en pratique ? Les forces terrestres, composante le plus importante de l’ensemble des forces armées américaines, alignent aujourd’hui 507.000 hommes. En 2001, il y en avait 482.000 et en 1980, 780.000. Augmenter les effectifs en des temps de haute conjoncture n’est pas une sinécure ! Surtout que la réintroduction de la conscription n’est pas considérée comme une option envisageable. Les unités qui restent aux Etats-Unis manquent de matériels et de moyens, doivent sans cesse se rationner : signe de déséquilibre patent. « Toutes ces lacunes », remarque un expert, « rappellent les canaris qui mourraient dans les mines de charbon : ils annonçaient l’imminence d’une catastrophe ».
M.
(article paru dans « ‘t Pallieterke », 4 juillet 2007 ; trad. franç. : R. Steuckers).03:25 Publié dans Défense, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 27 mai 2007
The American Enemy
Roger, Philippe
The American Enemy: The History of French Anti-Americanism.
Translated by Sharon Bowman. 536 p. 6 x 9 2005
Cloth $35.00 ISBN: 978-0-226-72368-6 (ISBN-10: 0-226-72368-2) Spring 2005
Paper $22.50 ISBN: 978-0-226-72369-3 (ISBN-10: 0-226-72369-0) Fall 2006
Georges-Louis Buffon, an eighteenth-century French scientist, was the first to promote the widespread idea that nature in the New World was deficient; in America, which he had never visited, dogs don't bark, birds don't sing, and—by extension—humans are weaker, less intelligent, and less potent. Thomas Jefferson, infuriated by these claims, brought a seven-foot-tall carcass of a moose from America to the entry hall of his Parisian hotel, but the five-foot-tall Buffon remained unimpressed and refused to change his views on America's inferiority.
Buffon, as Philippe Roger demonstrates here, was just one of the first in a long line of Frenchmen who have built a history of anti-Americanism in that country, a progressive history that is alternately ludicrous and trenchant. The American Enemy is Roger's bestselling and widely acclaimed history of French anti-Americanism, presented here in English translation for the first time.
With elegance and good humor, Roger goes back 200 years to unearth the deep roots of this anti-Americanism and trace its changing nature, from the belittling, as Buffon did, of the "savage American" to France's resigned dependency on America for goods and commerce and finally to the fear of America's global domination in light of France's thwarted imperial ambitions. Roger sees French anti-Americanism as barely acquainted with actual fact; rather, anti-Americanism is a cultural pillar for the French, America an idea that the country and its culture have long defined themselves against.
Sharon Bowman's fine translation of this magisterial work brings French anti-Americanism into the broad light of day, offering fascinating reading for Americans who care about our image abroad and how it came about.
“A brilliant and exhaustive guide to the history of French Ameriphobia.”—Simon Schama, New Yorker
TABLE OF CONTENTS
IntroductionPrologue
Part I - The Irresistible Rise of the Yankee
1. The Age of Contempt
2. The Divided States of America
3. Lady Liberty and the Iconoclasts
4. From Havana to Manila: An American World?
5. Yankees and Anglo-Saxons
6. Portraits of Races
7. "People of Enemy Blood"
8. The Empire of Trusts: Socialism or Feudalism?
Part II - A Preordained Notion
9. The Other Maginot Line
10. Facing the Decline: Gallic Hideout or European Buffer Zone?
11. From Debt to Dependency: The Perrichon Complex
12. Metropolis, Cosmopolis: In Defense of Frenchness
13. Defense of Man: Anti-Americanism Is a Humanism
14. Insurrection of the Mind, Struggle for Culture, Defense of the Intelligentsia
Conclusion
Notes
Index
06:10 Publié dans Affaires européennes, Défense, Géopolitique, Histoire, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 15 mai 2007
Seung-hui Cho: assassin mentalement contrôlé
Conspirationisme yankee :
Seung-Hui Cho
était un assassin
mentalement contrôlé
Trouvé sur : http://fr.altermedia.info/general/conspirationisme-yankee...
Voici un article de Paul Joseph Watson sur Prison Planet publié le jeudi 19 avril 2007. Il analyse de manière conspirationiste l’action du meurtrier de masse Seung-Hui Cho
Seung-Hui Cho était un assassin mentalement contrôlé, qu’on croie qu’il était sous l’influence de partis extérieurs ou pas, le fait est que le lavage de cerveau culturel de jeux vidéos violents et de drogues psychotropes a directement contribué, comme toujours dans ce genre ce cas, au carnage de Virginia Tech le lundi matin.
Les confisqueurs d’armes exploitent déjà la tragédie pour désarmer les futurs étudiants et leur enlever une occasion de pouvoir se défendre contre les tueurs fous, mais le cirque médiatique est complètement silencieux lorsqu’il s’agit de blâmer le cocktail mortel de drogues faussant l’esprit et de tuez-les-au-hasard sanglants.
En-dehors de l’évidente culpabilité des facteurs que nous voyons dans chaque tuerie de masse – jeux vidéos et « antidépresseurs » –, de nombreux signaux d’alarme concernant les événements de lundi commencent à suggérer que Cho était davantage qu’un cinglé au cœur brisé avec un motif personnel.
Charles Mesloh, professeur de criminologie à Florida Gulf Coast University, a dit sur NBC 2 News qu’il était choqué que Cho ait pu tuer 32 personnes avec deux armes de poing sans entraînement spécialisé. Mesloh a immédiatement supposé que Cho avait dû utiliser un fusil de chasse ou un fusil d’assaut.
« Je suis abasourdi par le nombre de gens qu’il a réussi à tuer avec ces armes », a dit Mesloh, « la seule chose que je peux imaginer c’est qu’il s’est approché d’eux et les a simplement exécutés ».
Mesloh a dit que le tueur se comportait comme un professionnel entraîné, « Il a eu un taux de mort de 60% avec les armes de poings – c’est incroyable étant donné que les 9 mm en question ne tuent pas les gens instantanément », a dit Mesloh, affirmant que les armes que Cho utilisait étaient conçues pour canarder les boîtes de conserve », pas pour exécuter des êtres humains.
Cho n’était certainement pas un empoté, dans l’intervalle de deux heures entre les premiers tirs et le grand déchaînement qui eut lieu plus tard dans la matinée, temps pendant lequel l’Université négligea complètement d’avertir les étudiants bien que disposant des haut-parleurs placés dans tout le campus, Cho eut le temps de filmer une vidéo de confession, de la transférer dans son ordinateur, de l’enregistrer sur un DVD, d’en faire un paquet, d’aller au bureau de poste, de poster le paquet, et de revenir à sa chambre à coucher pour récupérer ses armes et ensuite de revenir à l’extrémité opposée du campus pour reprendre sa joyeuse tuerie. La rapidité presque inconcevable des actions de Cho devient plus suspecte lorsqu’on se rappelle des reportages initiaux qui parlaient de deux tireurs.
Même si on exclut que Cho ait pu recevoir une formation spécialisée en armes à feu, le contrôle mental culturel de jeux vidéos violents et de drogues psychotropes modifiant l’esprit était lui-même un cocktail de lavage de cerveau qui a directement contribué au carnage, comme presque toujours dans ce genre de cas.
Dès les premiers récits de la fusillade, nous avons prédit que le tueur était sous prozac, avait déjà été en soins psychiatriques et avait régulièrement joué à des jeux vidéos violents, et cela s’est précisément révélé être exact dans les trois cas.
« Plusieurs jeunes Coréens qui connaissaient Cho Seung Hui depuis le lycée ont dit qu’il était un fan de jeux vidéos violents, en particulier d’un jeu nommé ‘Counterstrike’, un jeu online très populaire dans lequel les joueurs rejoignent des groupes terroristes ou contre-terroristes et tentent de tuer les autres en utilisant tous les types d’armes à feu », rapporte Newsmax en citant le Washington Post.
« En décembre 2005 – plus d’un an avant la tuerie de masse de lundi – un tribunal de district dans le comté de Montgomery, Va., a conclu que Cho présentait ‘un danger imminent pour lui-même ou les autres’. C’était le critère nécessaire pour un ordre de détention, afin que Cho, qui avait été accusé de harcèlement par deux filles camarades de classe, puisse être évalué par un docteur d’Etat et contraint de se soumettre à des consultations externes », rapporte ABC News, « mais bien que le tribunal ait identifié le futur tueur comme un risque, ils l’ont laissé partir ».
Les enquêteurs pensent que Cho Seung Hui, le tueur de Virginia Tech, avait pris des antidépresseurs à un moment quelconque avant la fusillade, d’après le Chicago Tribune.
Les tueurs de Columbine Eric Harris et Dylan Klebold, ainsi que Kip Kinkel, le tueur de l’Oregon âgé de 15 ans qui a tué ses parents et des camarades de classe, étaient tous sous drogues psychotropes. Les études scientifiques prouvant que le prozac encourage les tendances suicidaires chez les jeunes sont volumineuses et remontent à presque une décennie.
Jeff Weise, le tueur du lycée de Red Lake était sous prozac, « Unabomber » Ted Kaczinski, Michael McDermott, John Hinckley, Jr., Byran Uyesugi, Mark David Chapman et Charles Carl Roberts IV, le tueur de l’école Amish, étaient tous sous drogues psychotropes SSRI.
Puisque ces drogues dangereuses prévalent dans presque tous les incidents de tueries de masse, pourquoi ne demande-t-on pas l’interdiction du prozac ? Pourquoi ce réflexe de toujours attaquer le Second Amendement donnant aux Américains le droit à l’autodéfense ? - un droit qui fut exercé en janvier 2002 quand des étudiants ont maîtrisé un tireur dans une autre Université de Virginie avant qu’il ne puisse tuer plus de trois personnes – parce qu’ils avaient le droit de porter une arme sur le campus.
Pourquoi les raisons profondes qui poussent les jeunes à tuer sont-elles mises de coté alors que les fanatiques du contrôle demandent que les citoyens respectueux de la loi soient désarmés de la seule chose qui peut les protéger de tels déments ?
Les questions sur la séquence des événements de lundi à VA Tech, ainsi que le profil du tueur, soulèvent une suspicion croissante.
Nous avons reçu de nombreux appels et e-mails nous signalant le fait que VA Tech enlève les liens de son site web concernant leur relation avec la CIA. Des rapports de novembre 2005 confirment que la CIA était active dans des programmes de recrutement basés en-dehors de VA Tech. Plusieurs professeurs de VA Tech sont impliqués dans des programmes gouvernementaux liés à la NASA et d’autres agences.
Wikipedia a aussi retiré une bizarre photographie prise récemment, où Cho porte un uniforme des US Marines.
De tels détails ne font qu’attiser le feu des accusations selon lesquelles Cho aurait pu être un « candidat mandchou », un assassin sous contrôle mental.
Le programme de la CIA pour créer des assassins sous contrôle mental qui pourraient être activés par des mots codes, MK ULTRA, n’est pas une théorie du complot, c’est un fait historique documenté par des dossiers gouvernementaux déclassifiés et des auditions du Sénat. Le président Bill Clinton lui-même a dû présenter ses excuses pour le programme avant de quitter son poste.
Au Sénat en 1977, le sénateur Ted Kennedy a dit : « Le directeur adjoint de ma CIA a révélé que plus de trente universités et institutions étaient impliquées dans un programme de ‘tests et d’expérimentations étendues’ qui incluaient des tests secrets avec des drogues sur des citoyens non-volontaires ‘à tous les niveaux sociaux, haut et bas, Américains natifs et étrangers’ ».
Une victime de ces expériences fut Cathy O’Brien, qui immédiatement après la fusillade répéta les révélations dans son dernier livre, selon quoi Blacksburg en Virginie est un lieu central pour les programmes de contrôle mental qui sont encore en cours aujourd’hui.
Les programmes de contrôle mental peuvent être remontés jusqu’aux années 1950 et au Projet Bluebird, plus tard renommé Artichoke. Du blogger Kurt Nimmo :
« Bluebird fut approuvé par le directeur de la CIA le 20 avril 1950. En août 1951, le Projet fut renommé Artichoke. Bluebird et Artichoke incluaient une grande quantité de travaux sur la création de l’amnésie, de messages hypnotiques, et de candidats mandchous », écrit Colin A. Ross, MD. « Les documents Artichoke prouvent que des messages hypnotiques fonctionnaient effectivement dans des simulations dans la vie réelle conduites par la CIA au début des années 1950. Le degré dans lequel de tels individus furent utilisés dans des opérations réelles est encore classifié… Bluebird et Artichoke étaient administrés d’une manière compartimentée. Les détails des programmes étaient gardés secrets même vis-à-vis des autres personnels de la CIA… Les matériels Bluebird/ Artichoke établissent de manière concluante que des ‘candidats mandchous’ ont été créés et testés avec succès par les physiciens avec une évaluation Top Secret de la CIA… En plus d’être des messagers et des agents d’infiltration potentiels, les sujets pouvaient aussi servir de caméras hypnotiquement contrôlées. Ils pouvaient entrer dans une salle ou un bâtiment, mémoriser rapidement des documents, quitter le bâtiment, et ensuite être amnésique pour l’épisode entier. Le matériel mémorisé pouvait ensuite être récupéré par un manipulateur utilisant un code ou un signal précédemment implanté, sans que l’amnésie ne soit interrompue. L’hypnose n’était cependant pas la seule méthode de contrôle mental des docteurs pour la création d’amnésie contrôlée. Les drogues, les champs magnétiques, les ondes soniques, la privation de sommeil, le maintien en isolement, et beaucoup d’autres méthodes furent étudiées sous Bluebird et Artichoke. »
Les chercheurs s’intéressant aux assassinats par des supposés « dingues isolés » retombent toujours sur des indications faisant penser à des expériences de contrôle mental par la CIA. Le meilleur exemple est Sirhan Sirhan, l’assassin de Bobby Kennedy. Il s’avéra que Sirhan était dans un état de transe complète après avoir pressé la gâchette et qu’il ne pouvait même pas se souvenir d’avoir tiré sur Kennedy lorsqu’il fut interrogé sur l’incident quelques jours après. L’avocat de Sirhan, Lawrence Teeter, a présenté des indications concluantes selon lesquelles Sirhan était sous contrôle mental.
Quelle que soit la façon dont on le prenne, Seung-Hui Cho a été la victime d’un lavage de cerveau et d’un contrôle mental. Les vraies questions ne sont pas posées et le doigt de l’accusation est pointé dans la mauvaise direction, assurant qu’une autre tragédie comme le massacre de VA Tech est presque garantie.
Un article allant dans le même sens a été publié dans The Truth Seeker : Le massacre de V-Tech : un ‘candidat mandchou’ en temps réel
Les étudiants témoins de l’Université de Virginia Tech insistent tous sur le comportement robotique et détaché du tueur, Seung-Hui Cho.
* il tuait avec un abandon inconscient
* ses victimes étaient prises au hasard
* il ne tuait pas en autodéfense
Ce type de comportement peut être considéré comme indicatif d’un contrôle mental, et/ou d’une modification comportementale importante par l’utilisation d’appareils mécaniques tels que des implants de micropuces d’ordinateur.
Les faits :
Virginia Tech est situé à Blacksburg, VA.
Blacksburg, VA, abrite un laboratoire souterrain ultrasecret du gouvernement US (dans le flanc d’une montagne près de Blacksburg) qui développe en conjonction avec la DARPA des armes comme le programme de contrôle mental robotique humain.
Virginia Tech est spécialise dans :
* la biomécanique et la manipulation du tissu cellulaire
* la manipulation biomédicale
* la manipulation d’ADN
* l’étude de l’impact des nouvelles technologies sur le comportement humain
* possède des départements pour les traumatismes infantiles liés aux catastrophes qui rendent compte directement à Laura Bush
* travaille sur les maladies humaines, végétales et animales
* aide à faire progresser des sciences similaires aux semences végétales de Monsanto, résistantes aux insectes et aux maladies.
Plus de détails sur Virginia Tech :
* possède sur le campus des experts en grippe aviaire H5N1
* est un partenaire actif de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency)
* travaille activement sur des projets de neuro-manipulations (contrôle mental)
* les étudiants de Virginia Tech sont fréquemment recrutés par la CIA
V-Tech a reçu et continue à recevoir des millions de financement de la DARPA
La DARPA – la clé de ce qui est en train de dégrader l’âme de l’Amérique, et du monde.
Liste des intérêts de la DARPA (500 millions de dollars dépensés depuis 2001) :
* technologie d’intelligence artificielle supérieure
* robots de combat sous contrôle mental
* avions sans pilote pouvant être dirigés seulement par la pensée
* systèmes de commande vocale à distance
* soldats de combat préprogrammés autonomes
* appareils avancés d’implantations de puce sur des humains
La DARPA est la branche de recherche du Pentagone
La DARPA en même temps que l’Université de Virginia Tech est fortement impliquée dans la nanoscience et la nanotechnologie avec un accent particulier placé sur le diagnostic du cerveau humain pour tester des nanoparticules.
Les buts du massacre d’étudiants de V-Tech :
* application dans le monde réel de l’« arme parfaite »
* recueillir un appui pour le contrôle ou l’interdiction des armes
* créer des diversions
le même jour du débat pour stopper le financement de la guerre et le retrait des troupes (Congrès, DOD, Pentagone, WH)
Alberto Gonzales et les avocats de l’Etat ciblant le Procès d’espionnage de l’AIPAC
Etouffement/défense :
* livrer au public un seul pigeon et un seul dingue isolé
Groupes de soutien :
* principaux médias
* analyse psychiatrique d’un bouc émissaire par des experts
* traces évidentes de preuves fabriquées
* public naïf et ignorant
Notes :
* tous les nouveaux bâtiments sur le campus sont construits avec du calcaire local (le même que celui de la Grande Pyramide d’Egypte), une substance neutre avec un transfert de fréquence et une résonance stables
* Virginia Tech est l’une des trios seules universités publiques aux Etats-Unis à soutenir à la fois un style de vie militaire et non-militaire
* la plupart des anciens étudiants de Virginia Tech sont ou ont été activement impliqués avec la NASA
* l’Université de Virginia Tech se vante de posséder un réseau de grille informatique de haute-performance ; est connectée au National Lambda Rail, une centrale nationale de fibre optique reliant les laboratoires de recherche à des capacités de superordinateur, de stockage et de visualisation
Vidéo : Le “Candidat mandchou” parle sans émotion de ses frères et sœurs (sa confrérie ?)
Résumé :
Virginia Tech réunit les meilleurs esprits du pays qui s’intéressent à la technologie, créant ainsi une réserve de candidats potentiels à partir de laquelle la DARPA, la CIA et d’autres agences gouvernementales peuvent activement chercher des recrues pour leur « confrérie » – une campagne pour créer une « race » supérieure d’êtres mécaniquement manipulés, tout en réduisant simultanément les populations humaines et en asservissant les humains pour servir à leurs futurs maîtres robots.
06:20 Publié dans Défense, Ecole/Education, Manipulations médiatiques | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook
jeudi, 26 avril 2007
Les chemins de la puissance
Les Chemins de la puissance | |
Prix : €19,90 Avec la fin de la guerre froide, la notion de puissance disparaissait progressivement du vocabulaire courant des démocraties. L'ère de la mondialisation devait sceller l'apogée des Etats-Unis après trois victoires historiques majeures. L'Amérique s'est substituée aux empires coloniaux dans le nouvel ordre mondial. Elle a triomphé militairement des puissances de l'Axe et elle a grandement contribué à l'effondrement du bloc soviétique. Sans adversaire, la superpuissance américaine avait le champ libre pour imposer son modèle de développement et de démocratie au reste du monde. La guerre civile irakienne a remis en cause cette fin de l'Histoire. En échouant en Irak, l'armée américaine ouvre la voie à une nouvelle ère dans les relations internationales. La Russie, la Chine, l'Iran exploitent la brèche et revendiquent une nouvelle place dans les relations internationales. D'autres pays sont en embuscade pour se faufiler sur ces nouveaux chemins de la puissance. Il est temps de reconsidérer notre approche du monde. Le XXIèsiècle sera dominé par la problématique de l'accroissement de puissance. Chaque recul des Etats-Unis sera une avancée d'un pays conquérant dans la géopolitique, l'économie ou la culture. Ont participé à cet ouvrage : Philippe Baumard, Eric Delbecque, Pierre-Marie Fayard, Philippe Forget, Patrice Fribourg, Christian Harbulot, Didier Lucas, Nicolas Moinet.
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samedi, 31 mars 2007
La logistique du guerrier urbain
La logistique du guerrier urbain
Trouvé sur : http://albator.hautetfort.com/
La logistique conventionnelle peut s'exprimer par la formule N.C.E.M. qui veut dire:
N = Nourriture
C = Combustible
E = Équipement
M = Munitions
La logistique du guérillero urbain correspondra donc à la formule M.A.M.A.E. :
A = Argent
M = Munitions
A = Armes
E = Explosifs
Les véhicules dont il a besoin, il les " captera" s'il ne dispose pas de ressources pour en acheter. Comme pour l'achat d'armes, de munitions et d'explosif, le guerrier urbain prélèvera l'argent des banques. Ces " captations" sont, au départ, indispensables à notre organisation. Il faut aussi bien dérober les armes en vente dans les magasins que celles que portent en bandoulière les soldats ou gendarmes. Postérieurement, lorsqu'il s'agira de développer la force logistique, les guérilleros tendront des embuscades à l'ennemi afin de capturer ses armes, ses munitions et ses moyens de transport. Sitôt dérobé, le matériel doit être caché, même si l'ennemi cherche à riposter ou à poursuivre les assaillants. Il importe donc qu'ils connaissent très bien le terrain où ils agissent et qu'ils s'annexent des guides spécialement préparés.
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lundi, 19 mars 2007
J. Baud: renseignements et lutte contre le terrorisme
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vendredi, 16 mars 2007
Power of Guerilla Warfare
The Power of Guerrilla Warfare
From: http://www.oswaldmosley.com/policies/guerrillawarfare.html
America and Europe are only now learning in the hard way the elementary facts of modern political struggle. It is above all a battle of ideas and, as I pointed out long ago, it is impossible to enter that struggle effectively without an idea. I contended in The European Situation (1950) that these issues in the future would be decided not by regular military forces but by political guerrillas fighting for an idea. The man who won the battle would be half soldier and half politician because his primary objective must be winning the support of the civilian population. He would emerge from the dark to strike and then retire to the protecting shadows; the sympathy and sustenance of the civilian population would ensure his victory. It was what happened in elementary form during my experience of the Irish guerilla fighting, and the memory remained with me as a useful lesson years later in considering larger spheres. The resistance of guerillas to the strength of America in Vietnam has proved the ability of such a method to baffle regular armies even when supported by a completely dominant air force. This American tragedy proves to the hilt the case I have urged since 1950; it will now remain for united Europe to repair the damage, and in the meantime to do what it can to extricate a friend with the minimum possible loss from a situation he should never have entered.
Nuclear paralysis
The new guerrilla technique, baffling even the overwhelming power of America, was easily foreseeable, and was described in detail in my European Situation (1950). It can and will be applied with far more effect in ever wider regions if we continue simply to rely on the orthodox military tradition. The soldier alone is insufficient, he must be preceded and accompanied by a political idea and those skilled in its use. The day of the man who is half soldier and half politician has arrived. This fact begins to be understood in jungle warfare as a result of the American experience in Vietnam, but the further and more important fact does not yet appear to be grasped: urbanised guerrilla warfare can be decisive in future war between great or lesser powers.
The political soldier who wins the support of the civilian population, and who is armed with the new light weapons science will provide, can defeat even great powers armed with nuclear weapons which cannot be used against an enemy interwoven with normal city life. It will then certainly be found that to win a war which is basically a war of ideas it is necessary first to have an idea. This main thesis of The European Situation was developed within the ambience of a general situation which I described as the age of the paralysed giants, meaning that the deterrent of nuclear weapons would be so great that it would inhibit full-scale war.
I wrote: 'It has often been said that wars would end because they would become too dangerous. That prophecy has never yet proved true. It would be a delusion of optimism to believe that it is now true. But it is possible, and even probable, that wars in the old style will now end for this reason. What state will declare war, or attack and destroy another state, if it also is certain to be destroyed? A fight in which both participants are certain to be killed is unlikely to take place. Has the world reached this point? From the evidence it appears to be so. It seems that any concentration of industry or life itself can now be destroyed by any state which has the technical means to produce sufficient hydrogen bombs and to ensure their delivery. The protection even of space and the power of dispersal begins to disappear in face of such weapons. The life of any modern state, or even of a substantial community, becomes impossible under this attack.
'Do these weapons, therefore, encourage such attack? On the contrary, a weapon which can destroy everything may be a deterrent, but it is not a winner of wars. The attacker may destroy his opponent, but the counter-blow can still be delivered, and he himself will be destroyed. At present this is the only answer, but it is effective. The Soviets cannot impose communism on the rest of the world with this weapon, even if they can obtain it. They can only make the rest of the world a desert. That is why wars between states in the old style may come to an end. Neither of the great power groups will dare to move because that would mean death to both. We are reaching the period of the paralysed giants.'
Three and a half years after I published this view Sir Winston Churchill said in the House of Commons on November 3, 1953: 'It may be that the annihilating character of new weapons may bring an utterly unforeseeable security to mankind. When the advance of destructive weapons enables everyone to kill everyone else, no one will want to kill anyone at all.' Three years later, on May 21, 1956, Mr. Walter Lippmann wrote in the NewYork Herald Tribune: 'Thanks to Churchill's genius, the West was ahead of the Soviets in realising the political consequences of the second military revolution, that of the hydrogen bomb. This second revolution has led us to the acknowledgment at the summit meeting in Geneva that the great nuclear powers themselves are in military stalemate and that they cannot contemplate war as an instrument of their policies.' How much can be saved if facts are recognised sooner?
Britain should not tour the Far East with nuclear guarantees or equivocal evasions, but give a clear definition of its own position and suggest constructive policies designed to secure a new equilibrium. China is a fact in the Far East and its natural sphere of influence is among related peoples in south-east Asia. What matters is to prevent it going any further by force of arms; the idea of communism we should always be ready to match with a better and a stronger idea. Once spheres of influence are established and maintained, if necessary by the power of arms, the future can be decided by a battle of ideas reinforced by the success or weakened by the failure of political systems within the respective spheres of influence, and rightly so.
The balance to China—non-proliferation
Where force is necessary to prevent aggression it should be effective action natural to the region, not a remote intervention from alien power. Asian affairs should be settled by Asians, and European or American influence should be confined to assisting such developments by wise and helpful policy. A natural balance to Chinese influence in Asia would be a combination between India and Japan. The energy and executive ability of Japan would be a support to India, and the Indian potential market would be a challenge and an outlet to the constructive capacities of Japan. All the influence of Western diplomacy should be devoted to promoting such developments. Instead of tramping around with much trumpeting of Western morality, which usually ends in the pathetic squeak of precipitate retreat, we should strive for some practical solution on a sound and durable regional basis, maintained and inspired by Asian ideas.
A sphere of mutual economy and defence could peaceably, but in the event of danger effectively, encircle China and south-east Asia from Japan to India, and could include in its circumference many of the Pacific islands and intermediate lands, without any intervention in the legitimate interests of China on the mainland of Asia and without any clash, unless that country strove to pass beyond its natural sphere by force of arms. A combination of Japan with the Philippines, Indonesia and Malaysia could provide a market with a population almost as large as the European Common Market, and the further connection for these purposes with India would bring together a population as large as that of China. If the emergence of an Indian-Japanese combination proved possible, the attraction of that vast economic and power potential might induce Pakistan to overcome differences with India and to join it as an alternative to an alignment with the Moslem world. Until we can secure universal disarmament the Western powers should certainly consider assisting a combination of India and Japan to acquire nuclear weapons. The non-proliferation of nuclear weapons might move from abortive discussion to a practical achievement if, on the basis of a general settlement of spheres of influence, the possession of these weapons could be confined to a five-power bloc: America, Europe, Russia, China, India-Japan. This is in my view a preferable arrangement to guarantees by Western powers which the East may suspect will not be honoured, and can bring world war if they are implemented. There are many fascinating possibilities for a dynamic diplomacy which seeks a realistic peace in place of a moral posturing which masks the imposition of alien systems.
Having established the principle that intervention in Asia by force of arms is not our business and ends inevitably in a frustration costly of both blood and treasure, we should use our influence to secure peace—but not hand out guarantees which can involve us in war. Asians must assume their own responsibilities, and this will be the making of their civilisation. It is our task to defend Australia, but not south-east Asia.
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dimanche, 11 mars 2007
Réflexions sur la notion de "soldat politique"
Pour nourrir la réflexion de ce thème inactuel, qu'est la notion du "soldat politique", nous proposons un texte de Carlos Salas issu de la revue espagnole Fundamentos n° 2 (1984), traduit par Rogelio Pete et publié dans la revue VOULOIR n° 80-82 (sept. 1991).
Carlos SLAS :
Réflexions sur la notion de "soldat politique"
Durant dix ans, au Vietnam, la machine de guerre des États-Unis d’Amérique, dotée de la meilleure capacité destructive que l’histoire ait jamais connue, a répondu avec une violence sans égal aux attaques d’une armée de paysans pour la plupart analphabètes. La capacité dévastatrice des bombardements américains a montré sa terrible réalité sans aucun masque : l’aviation américaine a, durant les 3 premières années de son intervention, arrosé le Vietnam d’une plus grande quantité d’explosifs que durant son intervention contre l’Allemagne et les Pays de l’Axe au cours de la IIe Guerre Mondiale. Presque chaque jour, le napalm boutait le feu à des villages, les brûlant en entier ; sur le terrain, les marines en rasèrent des centaines. La VIIe Flotte pilonna jusqu’à l’écrasement toute la côte du Golfe du Tonkin. En 5 ans, le contingent US passa de 15 000 à 500 000 hommes. Les armes les plus performantes de la technologie la plus récente furent employées sur cet excellent terrain de manœuvres et d’essais que constituait le Vietnam. Et cependant, cette armée fut mise en déroute.
Certaines choses résistent à la logique. L’intervention US au Vietnam en est une. Les guerilleros du Vietcong bien qu’approvisionnés d’armes de fabrication soviétique et chinoise restaient néanmoins, en tous points, en état d’infériorité face à la toute puissante machine de guerre américaine. En tous points effectivement excepté un : le moral. Les combattants de Pathet-Lao savaient pourquoi ils luttaient : ils étaient des Soldats Politiques et si la mort était leur destin, ils ne se posaient aucune question sur la vérité ontologique de l’être. Les 56 000 Américains qui laissèrent leur vie dans les marais du Viet-nam auraient-ils pu penser de même ? "Pour les Américains, ce fut une expérience tragique et purificatrice. Le géant industriel et la puissance militaire de l’Amérique ne purent atteindre la victoire. Contrairement à la Guerre de Corée où des forces réguliéres luttèrent sur des frontières reconnues, au Vietnam la supériorité technologique en armements et la puissance de la flotte aérienne se sont révélées insuffisantes contre un ennemi spécialisé dans la guerre insurrectionnelle et pénétré de ferveur révolutionnaire" (Pallmer & Colton in Histoire contemporaine). Cet exemple de ferveur ne fut pas d’ailleurs le 1er de l’histoire. Les 300 Spartiates de Léonidas, les légions de Scipion, les Croisés de Richard Cœur de Lion firent montre d’une même fermeté morale. Nous sommes devant le phénomène du Soldat Politique.
Soldat national contre soldat international
Machiavel considérait que l’une des causes de la ruine de l’Empire romain réside dans cet égarement qui consiste à vouloir grossir ses troupes, jusqu’alors invaincues, de mercenaires. Pour Machiavel, un mercenaire, quelque soit l’importance de la solde reçue, manquera toujours d’une valeur suffisante devant l’adversité. Par contre, les troupes de nationaux, enrôlés dans des contingents nationaux, seront capables de donner leurs vies pour un Prince : "L’expérience nous enseigne que seuls les princes défendus par des armées qui leur sont propres et les républiques qui jouissent de ce même bénéfice font de grands progrès, tandis que les républiques et les princes qui s’appuient sur des armées de mercenaires ne récoltent que des revers" (in Le Prince). Toujours selon Machiavel, les mercenaires seraient des gens souvent sans idées précises, ambitieux, sans discipline, peu fidèles, fanfarons et couards. La raison sautait aux yeux : "ils n’ont pas d’autre amour ni motif qui les attachent au Prince que ceux de leur petite solde".
Il est bien évident que le mercenaire est tout l’opposé du soldat politique. Pour le moins, les raisons de Machiavel sont convaincantes. Mais il laisse néanmoins sans explication le pourquoi de la milice nationale. En effet, pourquoi une armée formée par des hommes ressortissant d’une même communauté ethnique et culturelle était-elle supérieure à toute autre armée, par ex., celle composée d’hommes sous contrat ? Machiavel supposait que des hommes liés à un sol, parlant la même langue et partageant la même tradition, auraient de raisons de savoir ce qu’ils défendaient : patrie, coutume, norme, en somme, ce que nous appelerions une "unité philosophique". Nous savons bien que l’armée nord-américaine n’était pas composée de mercenaires, mais, en revanche, peut-on dire qu’ elle s’appuyait sur une unité philosophique ? Nous pouvons répondre sans hésitation : non.
La morale des "pilgrims" se vida de son contenu lorsqu’entra en scéne la "diversité philosophique" : "elle représente un indice de l’état de dissociation, de cohésion insuffisante du corps social. Ceci est déjà plus grave qu’une simple divergence dans les manières de penser" (in Pasado y Porvenir para el Hombre actual). Vu ainsi, par Ortega, la "diversité philosophique" scinde les nations en cassant les normes morales établies au cours des siècles. Elle fut, à 1ère vue, l’écueil le plus important que rencontra la démocratie américaine. Se battre contre quelque chose, lorsque l’on ne sait pas avec exactitude ce que l’on édifiera lorsque les volutes de brume se dissiperont, est décourageant. Mettre en déroute un Vietcong composé de partisans fanatiques alors qu’au pays, la presse, l’opinion publique et les milieux artistiques réclament à cor et à cri le retrait, est une tâche de titans. Jamais ne pourraient naître dans de telles circonstances des soldats politiques.
Les 3 clés de la victoire
Il semble qu’il faille 3 causes pour qu’un soldat commun se transforme en soldat politique : une injustice, un ennemi et une mission. Les forces de frappe se mesureront alors par le nombre des individus qui participent ouvertement et librement à ces 3 causes. Les Espagnols de la guerre d’Indépendance (1808) les reçurent servies sur un plateau : l’injustice : l’invasion du pays ; l’ennemi : Napoléon ; la mission : l’expulsion de leur territoire de toutes les troupes françaises. Voilà des motifs plus que suffisants pour soutenir un moral de lutte.
Bismarck donna aux peuples germaniques 3 autres motifs pour la consolidation de l’unité de l’Empire : une injuste atomisation de la communauté allemande, une Autriche décadente et oppresseuse et le devoir du soldat prussien à rétablir l’unité. Pour le cas où l’on se heurterait à un ennemi ayant les mêmes arguments, on aurait alors recours à ce que Napoléon appela, en l’adptant, "la logique des baïonnettes". Le reste est question de persévérance.
Le Manifeste du Parti Communiste rédigé par Marx et Engels fut le 1er manuel contemporain du Soldat Politique, avec la particularité de ce que l’ennemi n’était pas extérieur mais intérieur, aussi intime à une communauté nationale que la corporation patronale. La mission des ouvriers fut dès lors et inexorablement de renverser "par la violence tout l’ordre social existant. Les classes dominantes peuvent trembler devant une Révolution Communiste". Et en plus des 3 clés, une consigne : "Prolétaires de tous les pays, unissez vous !"
Jusqu’alors, les "soldats politiques", les "forces autochtones" s’étaient distinguées par l’accomplissement d’une mission contre une entité étrangére à la communauté. Les campagnes militaires étaient capables de réunir coude à coude le valet de ferme et le propriétaire terrien. L’entrée en lutte unissait en un seul bastion celui-ci et celui-là. L’arrivée du Manifeste mit un terme à ce genre de pacte.
Et comme si les siècles précédents eussent servi de banc d’essai à la mise en scéne la plus tourmentée, le XXe siècle fit office de théâtre pour représenter la consécration définitive du soldat politique. Ce qui s’était répété de temps à autre le devint de manière soutenue. Dans un implacable bombardement idéologique, les gouvernements endoctrinèrent leurs fantassins aux consignes et motifs de leur mission dans le monde : effacer l’injustice, annihiler l’ennemi, accomplir son devoir.
De cette manière surgit la redoutable Garde Rouge de Trotsky, le "justicier" Fascio di combattimento de Mussolini, la SS, fer de lance de Hitler, et aussi les obsédants "Bo-Doi" de Hô Chi Minh. Toutes de puissantes armées politiques. Si leurs objectifs étaient différents, leurs fondements étaient communs. La Phalange macédonienne aurait fait long feu devant ces vives machines de guerre.
Le phénomène du soldat politique était-il réellement un phénomène aussi récent ? Dans la protohistoire humaine, la lutte pour la nourriture quotidienne ne donnait pas lieu à philosopher. L’instinct de survie était l’ordre du jour permanent. Il n’était pas nécessaire d’éduquer "politiquement" les jeunes car tous comprenaient instinctivement ce que pouvait signifier la perte du territoire. Les calamités naturelles et les agressions des tribus hostiles étaient les maîtres idéologiques" du clan. Mais avec l’avance de la technique, cet instinct de survie perdit l’impulsion protectrice des premiers temps. L’application de châtiments devint nécessaire afin que l’homme se souvienne en permanence de cet instinct primordial. Dans sa campagne des Gaules, César vérifia un usage qui naquit probablement de ce souvenir forcé : "Tel est l’usage des Gaulois. Pour entreprendre la guerre, ils obligent par la loi tous les jeunes hommes à se présenter armés et celui qui arrive le dernier au lieu de rassemblement, ils l’écartèlent" (in La Guerre des Gaules). Leçon terrifiante aux yeux d’un contemporain, mais vitale pour éviter la relâche de la troupe. Certaines tribus de l’Europe d’alors interdisaient l’approche des marchands auprès des troupes car le vin et les fastes pouvaient amoindrir l’esprit viril des soldats : "Aucun marchand ne pouvait entrer, ils ne permettaient pas l’introduction des vins ni de denrées semblables destinées au plaisir, persuadés que ces articles efféminent l’esprit et font perdre la vigueur, car ces soldats sont d’un naturel brave et fort". La religion et la politique se confondaient chez eux dans un même état d’esprit, en une norme morale héritée de leurs ancêtres.
Mais les communautés modernes, denses et complexes, se sont éloignées de manière radicale de cette connaissance primordiale. Faudrait-il affiner l’art gaulois de l’écartèlement ? Au moins en tout cas éduquer politiquement les jeunes recrues. Autrement dit, leur inculquer un moral.
Du moral du soldat
Tout bon stratége militaire apprécie comme une des armes les plus puissantes celle qui confére cette force animique qui a pour nom : le moral. Avec une forte dose de moral, on peut en une certaine mesure pallier même aux insuffisances de l’armement et aussi à celles du nombre d’hommes alignés. Le fondement d’un moral guerrier est le même dans toutes les armées ; seule varie la "tonalité" avec laquelle se manifeste cette puissance en un caractére déterminé. Mais dans le fond, il consiste à reconnaître que le droit que l’on a à l’existence est plus juste pour soi que pour l’ennemi. Lorsque le soldat perçoit chez autrui que ce droit à autant sinon plus de raison de s’exercer que chez lui, la guerre peut dès lors être considérée comme perdue.
Un Soldat Politique est une totalisation du moral. Bien que sans épée, sans possibilité de sortir vivant du combat, le soldat politique existera tant que survivra l’esprit de lutte et de victoire. Les exemples historiques ont été suffisants où l’on peut voir un groupe d’intrépides affronter avec héroïsme leur destin sachant que leurs vies s’éteindraient avec la fin de la bataille. Un colonel européen contemporain, Hans Frick, décrivait ainsi le moral du guerrier : "Cet esprit du combattant dépend des aptitudes guerrières d’un peuple, de la conviction qu’il a d’avoir la raison et le droit de son côté, de son éducation militaire, de la confiance qu’il met en ses chefs et en sa propre capacité, et, enfin, de l’état physique du soldat." (in Bréviaire tactique)
Les Spartiates de Léonidas, les Kamikazes nippons et certains Feddayims de la Jihad participent de ces particularités. Dans ces 2 derniers cas, la technique de convertit en une simple comparse devant le destin tragique du soldat.
Ce fut le génie de Clausewitz qui pressentit comme personne auparavant l’importance du moral dans ce qu’il dénomma "l’art de la Guerre". Celui qui exclurait de ses règles et de ses principes les facteurs du moral serait un mesquin et un maladroit. Si ces "agents moraux" échappent au savoir livresque, l’on ne peut oublier que leur influence confére le triomphe ou la déroute. "L’alliage" du physique avec ce qui relève du moral est inséparable car ils constituent un tout : "nous pourrions bien dire que ce qui relève du physique est la poignée en bois alors que ce qui reléve du moral est le métal noble de la lame. Par conséquent, le moral est la vraie et authentique arme à devoir manipuler" (in De la guerre). Clausewitz qualifia les facteurs moral comme étant la question la plus importante de la guerre, il se désolait de ce qu’on ne pouvait les quantifier, les classer et les chiffrer : "Ils forment l’esprit qui pénètre jusqu’au plus petit détail de la guerre ; ce sont eux qui s’unissent en premier en une étroite affinité à la volonté, laquelle dirige et met en mouvement toute la mase des forces."
Tels sont les piliers du moral. Il serait donc vain d’établir un tribunal pour décider qui détient la raison en une guerre. De même, il serait sot de soutenir le moral sur la base de démonstrations alignant causes et effets. En fin de compte, ce qui incite à la guerre totale est l’incertitude dans laquelle l’on est : continuerons-nous demain à exister ou disparaîtrons-nous ? Il est très vrai que le moral est fils de cet axiome naturel et non de déductions syllogistiques. C’est pour cette raison qu’il est déprimant d’entendre d’une armée, lorsqu’elle est devant une situation extrême comme l’est la guerre, qu’elle n’est pas empreinte d’un moral à toutes épreuves. La guerre, cette terrible circonstance, oblige qu’on lui fasse face comme le lion au combat et non à la manière de l’autruche qui plonge sa tête dans le sable.
Presse, Propagande et Persuasion
Il existe une infinité de moyens pour doter une armée d’un moral à l’épreuve des bombes. César, qui connaissait à fond la nature de ses légionnaires, avait pour habitude de se poster au sommet d’une colline non seulement pour voir mais aussi pour être vu de ses combattants. De cette manière, chaque Romain se sentait naturellement un héros et était mu par une force combative difficile à contenir par l’ennemi. La Guerre des Gaules posséde plus de valeur comme précis de propagande de guerre que comme ouvrage historique. Grâce à son sens pénétrant de l’observation, César notait rapidement les points faibles tant de ses hommes que de l’ennemi. Lorsqu’en pleine bataille, l’une de ses légions fléchissait, il se lançait à son secours afin de l’aider. Sa présence et deux coups d’épée rétablissaient le. moral et l’ordre de la troupe : "César était si pressé qu’il arriva sans bouclier, en arracha un à l’un de ses soldats en poste au dernier rang, pour ensuite aller se mettre en première ligne. Appelant les centurions par leurs noms, les exhortant à plus d’efforts, il ordonna d’avancer et d’élargir les rangs pour que les coups d’épées soient plus aisés et efficaces. Par sa seule présence, à la vue de leur général au milieu d’un danger extrême, les soldats reprirent espoir et s’illustrèrent à nouveau" (Clausewitz in De la guerre). La lecture de ce passage nous dit combien le moral du soldat est la clé de la victoire.
De nos jours, l’harangue est devenue la propagande. Les immenses armées humaines se nourrissent jour aprés jour de cette harangue moderne dont 1a chaire de vérité est le journal. En temps de guerre, il est l’appui inconditionnel du soldat, lui donnant foi en son combat, lui rappelant ses devoirs, bref le formant comme Soldat Politique.
Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, la vulgarisation rapide de la presse servit tout autant à la division des Français qu’à les lancer dans des campagnes des plus audacieuses. Au début, chaque révolutionnaire possédait sa "feuille" déblatérant même contre ceux qui devaient être des siens. Le résultat fut cet infernal carrousel de prises de pouvoir et de chutes de gouvernements. La patience militaire à bout, ce fut le 18 Brumaire. Ces mêmes machines imprimantes furent alors employées à mouler la conscience des Français dans un droit unique, une seule administration, une seule éducation et un code civil, une "Grande Armée" - tout cela sous le sceau d’une seul esprit : Napoléon. Le soldat napoléonien parcourut l’Europe 15 années durant. Il put admirer les coupoles du Kremlin ; il vint à bout de la machine de guerre prussienne ; il pilla les pinacothéques italiennes et tint en un suspens angoissant les habitants des Iles Britanniques. Napoléon put proclamer à la fin de sa vie avec orgueil : "La France est une mine inépuisable. J’en ai été témoin en 1812 et en 1815. Il suffit de mettre le pied sur son sol pour que jaillissent armées et trésors. Un tel peuple ne sera jamais subjugué" (in Mémorial).
Ceci vu, on constate que la Presse et la Propagande qui se mettent au service d’une idée ont le même effet qu’une injection de béton armé dans la structure d’un édifice. Cette structure chez l’humain est "l’unité philosophique" ; une unité - peu importe laquelle – du moment qu’elle soit unique, indivisible et absolument intègre.
Alexis de Tocqueville, panégyriste de la démocratie américaine, vit en ce systéme une immense faille : "Dans les nations démocratiques, en temps de paix, la carrière militaire est peu suivie et estimée. Ce discrédit public pèse fort sur le courage de l’armée ; les esprits sont comme opprimés. Et lorsque survient un conflit, ils ne sont point capables de retrouver leur mobilité et leur vigueur" (in De la démocratie en Amérique).
Lorsqu’il y a divergence entre le sentiment militaire et civil, phénoméne qui apparaît quand une société est pénétrée de "divisions philosophiques", les nations en souffrant auront moins de poids spécifique à l’heure des grandes décisions. Un affrontement armé inattendu dévoilerait leur pusillanimité au grand jour. Probablement que c’est dans l’intention de se débarasser de ce "cercueil" que les 1ères mesures d’un gouvernement révolutionnaire marxiste sont le contrôle de presse et l’éducation. Le projet de base a toujours été composé de vastes plans d’éducation et de politisation populaires pour convertir les jeunes en Soldats Politiques et ce, en moins d’une génération. La différence entre ce systéme et ceux appliqués en Europe occidentale et dans ce qu’il est convenu d’appeler "Occident" est que, sous l’hégémonie marxiste, l’unité de la presse et de l’éducation populaire sont constantes alors que les démocraties occidentales ne sortent ces méthodes du tiroir que lorsqu’elles sont acculées à un conflit. Alors seulement l’on tente de doter le soldat d’un moral de lutte qui ne puisse être contredit sur ses fondements. Alors aussi, on tente d’arrêter les déviations fatales de la presse devant la nécessité d’une "unité philosophique".
Il y a peu, un journaliste français, JF Revel, publia un livre dans lequel il dévoila cette mortelle insuffisance des démocrates face aux systèmes totalitaires. Le problème reste en suspens : les démocraties sont le système le moins mauvais pour que d’autres États aux intentions douteuses en tirent profit. Mais si les démocrates prennent des mesures préventives, elles cessent d’être des démocraties car elles appliqueraient alors des méthodes totalitaires. Plus qu’une énigme, c’est un paradoxe digne de Zénon.
Ce journaliste dénonce les totalitarismes, plus particuliérement le soviétique, introduisant, selon lui, des "taupes idéologiques" dans la philosophie de l’Occident. Il secoue encore les consciences de l’Occident, piquant au vif leur infériorité idéologique : "La guerre idéologique est une nécessité pour les totalitarismes et une impossibilité pour les démocraties. Cela est consubstantiel à l’esprit totalitaire et inaccessible à l’esprit démocratique. Pour faire la guerre idéologique, il faut avant tout avoir une idéologie. Et les démocraties n’en ont pas une, mais mille, cent mille"(in Ainsi meurent les démocraties).
L’Europe devant sa IVe Guerre Punique
En résumé, le problème que l’on traite est éminemment stratégique. Le soldat politique se révèle l’arme la plus efficace d’une nation. Peu importe si ses principes s’accordent avec les normes philosophiques qu’accepte la nouvelle science. Peu importe la causalité, la non-contradiction, l’identité, la raison suffisante et le tiers exclu. Au moment décisif, celui que Clausewitz définit comme le moment de la "friction", il "faut y aller" avec une fermeté morale à toutes épreuves, celle qui est le propre des soldats politiques.
L’Europe se trouve actuellement à la veille de ce qui survint en des situations analogiques en 480 et en 216 avant notre ère, la 1ère lorsque les Perses mirent Athènes à sac et la seconde, lorsque l’Empire romain souffrit la déroute la plus grave de son histoire devant Carthage. Seule l’audace d’un Thémistocle et la patience d’un Fabius Cunctator arrivérent à protéger la culture que le destin s’obstinait à condamner.
Le plus délicat du "dossier" européen de l’heure présente est que, loin de former des soldats politiques, on répugne plutôt à le faire. À défaut, il pourrait bien arriver à l’Europe ce qui arriva, lors de son interrogatoire, à ce soldat français prisonnier du Viêt-minh : une impossibilité de répondre.
- - "Répondez ! Pourquoi ne vous êtes-vous pas laissé tuer en défendant votre position ?"
- Glatigny se posait lui-même la question...
- - "Moi, je peux vous l’expliquer - poursuivit le commissaire du Viêt-minh – vous avez vu comment nos soldats, qui vous paraissent menus et fragiles, montaient à l’assaut de vos tranchées, malgré vos mines, votre artillerie et vos barbelés, et toutes ces armes offertes par les américains. Les nôtres se sont battus jusqu’à la mort parce qu’ils savaient, parce que nous tous savons, que nous sommes les détenteurs de la vérité, de l’unique vérité. C’est elle qui rend nos soldats invincibles. Et comme vous n’aviez pas ces mêmes raisons,. vous êtes ici, devant moi, prisonnier et vaincu. Vous, officiers bourgeois, appartenez à une société dévastée et pourrie par les intérêts égoïstes de votre classe. Vous avez contribué à maintenir l’humanité dans les ténèbres. Vous n’êtes que des obscurantistes, des mercenaires, incapables de dire pourquoi vous vous battez" (J. Lartéguy in Les centurions).
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samedi, 03 mars 2007
Jomini, Mahan: origine de la stratégie américaine
Trouvé sur: http://theatrumbelli.hautetfort.com/
JOMINI, MAHAN :
LES ORIGINES DE LA
STRATEGIE MILITAIRE AMERICAINE
Dans les années 1880, la situation de la marine américaine n'était guère brillante. Ses vaisseaux étaient pour la plupart de vieux croiseurs en bois datant de la guerre de Sécession et quelques cuirassés "monitors" qui avaient subi de multiples réparations. L'avancement était extrêmement lent et l'existence même de l'US Navy était mise en question. Quelques officiers entreprirent alors de réformer la marine en poursuivant un double objectif. Ils voulurent d'abord développer leur profession en lui donnant une science et une pratique spécifiques. En même temps, ils entendirent prouver la nécessité de la marine en montrant qu'elle jouait un rôle crucial dans le bien-être de la nation. Le chef de file de ces réformateurs s'appelait Stephen Bleecker Luce.
Luce fut le premier penseur américain de la stratégie navale. Il voulait combattre le "technicisme" de la marine. Si celle-ci voulait vraiment devenir professionnelle, pensait-il, les officiers devaient cesser d'être exclusivement des navigateurs, des hydrographes ou des ingénieurs. Ils devaient devenir des spécialistes dans leur domaine propre, c'est-à-dire la conduite de la guerre. Leur champ d'études principal devait être la stratégie navale. Or celle-ci n'existait pas à l'époque. Il fallait donc, selon Luce, étudier l'art de la guerre tel qu'il était enseigné dans les écoles de l'armée et ensuite l'appliquer aux opérations sur mer : les "principes de la stratégie" étaient "toujours les mêmes" et s'appliquaient "également à l'armée sur terre et à l'armée sur mer". Luce croyait fermement aux leçons de l'histoire et était partisan d'une méthode comparative.
Le 13 juin 1884, il remit au secrétaire à la Marine un rapport recommandant la création d'une école d'application pour la Navy. Le 6 octobre de la même année, l'ordre n° 325 du secrétaire à la Marine Chandler établissait un Naval War College à Newport, Rhode Island. Le commodore Stephen B. Luce devenait son premier président. Les premières années de l'institution furent difficiles. Les officiers de marine ne voyaient pas la nécessité d'aller étudier l'art de la guerre.
Luce n'eut jamais le temps de composer des ouvrages, mais il a laissé de nombreux articles consacrés à l'organisation et l'administra-tion de la marine, à l'éthique militaire, à l'entraînement des officiers ou à l'histoire navale. Luce empruntait de nombreuses idées au théoricien militaire le plus en vogue du XIXe siècle, Antoine-Henri Jomini. Jomini avait divisé la "science de la guerre" en six branches et Luce estimait que la première, la diplomatie ou "science de l'homme d'Etat dans ses relations avec la guerre", était d'une importance spéciale pour l'officier de marine. Elle requérait une connaissance intime du droit international et des obligations des traités, une familiarité avec l'histoire politique du pays et le cours de sa politique étrangère. Ainsi, Jomini ouvrait la marine américaine à la dimension politique des problèmes militaires. Il la prévenait également de ne pas faire de la guerre une science exacte :
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Jomini a remarqué que "de bonnes théories fondées sur les principes, justifiées par les événements, et jointes à l'histoire militaire raisonnée" seraient "la véritable école des généraux. Si ces moyens ne forment pas de grands hommes, qui se forment toujours par eux-mêmes quand les circonstances les favorisent, ils formeront du moins des généraux assez habiles pour tenir le second rang parmi les grands capitaines".
D'après l'amiral Bradley Fiske, le principal mérite de Luce fut d'"apprendre à penser à la marine". Il le fit en suivant les traces de Jomini. Le Naval War College précéda l'US Army War College, qui ne fut créé qu'en 1901, et il devint un modèle pour les marines européennes, où l'équivalent n'existait pas. Enfin, Luce sut choisir, pour enseigner la guerre navale, Alfred Thayer Mahan.
Celui-ci était né à West Point, où son père, Dennis Hart, enseignait. Il grandit dans un environnement idéal pour l'étude de l'art de la guerre et de l'histoire militaire. L'exemple de son père l'a incontestablement incité à explorer le domaine de la stratégie. Le jeune Alfred suivit les cours de l'université de Columbia et fut diplômé de l'académie navale en 1859. Pendant la guerre de Sécession, il participa au blocus des côtes sudistes et servit sous les ordres de S. B. Luce, à l'académie navale et sur le Macedonian. Il se fit remarquer pour son intérêt envers l'histoire et, en 1883, il publia un premier ouvrage, consacré aux opérations navales de la guerre civile. En septembre 1884, il commandait un vieux sloop en bois, le Wachusett, et naviguait le long des côtes du Pérou lorsqu'il reçut une lettre de Luce, l'invitant à venir donner des leçons au Naval War College. Mahan répondit qu'il apprécierait beaucoup ce poste, mais il estimait qu'il devait encore parfaire ses connaissances. Il avait déjà lu l'ouvrage de Napier sur la guerre de la Péninsule et sa connaissance du français était un atout supplémentaire. Il se mit rapidement au travail. A Callao, il commença à lire l'Histoire de Rome de Mommsen. Promu captain le 23 septembre 1885, il fut autorisé à rester à New York jusqu'au mois d'août de l'année suivante, afin de bénéficier des bibliothèques de la ville pour préparer ses cours. En janvier-février 1886, suivant probablement une suggestion de Luce, il entreprit la lecture de Jomini.
Celle-ci fut le véritable point de départ de la réflexion de Mahan. Depuis un an et demi, il s'était familiarisé avec l'histoire navale et les principales campagnes de 1660 à 1815. Jomini, grâce à l'analogie entre la guerre terrestre et la guerre maritime suggérée par Luce, allait maintenant lui fournir une méthode. Les deux ouvrages qui influencèrent le plus Mahan furent l'Histoire critique et militaire des guerres de la Révolution et le Précis de l'art de la guerre. Mahan a reconnu ce qu'il devait à Jomini :
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Mahan se décida à faire une analyse critique des campagnes et des batailles navales, "une décision pour laquelle il était avant tout redevable à Jomini". Il utilisa d'autres auteurs, principalement Hamley et l'archiduc Charles, pas Clausewitz. Mais c'est Jomini qui habitua son esprit à la critique des opérations. Mahan approcha la stratégie par le biais de l'histoire. Comme Stephen B. Luce, il réagit contre le technicisme ambiant et voulut insister sur les éléments humains de la guerre. Son entreprise visait aussi à donner de plus grandes ambitions à l'US Navy. Dans les années 1880, celle-ci avait une mission purement défensive, réduite à la défense des côtes et à la protection du commerce. En étudiant l'histoire européenne des XVIIe et XVIIIe siècles, Mahan allait montrer comment la "puissance maritime" (sea power) s'était révélée vitale pour la croissance, la prospérité et la sécurité des grandes nations. En même temps, son étude historique allait lui permettre de découvrir, par la méthode comparative, les "principes immuables" de la stratégie navale, c'est-à-dire la façon dont il fallait utiliser la puissance maritime. En cela, son entreprise était tout à fait "jominienne".
En août 1886, Mahan avait terminé de préparer ses cours et il s'établit comme directeur du Naval War College à Newport. Luce retrouvait le commandement de l'escadre de l'Atlantique nord, mais il vint prononcer le discours d'ouverture de la nouvelle année académique. Il en appela à une investigation scientifique des problèmes de la guerre navale, selon la méthode comparative. Il fallait trouver quelqu'un qui ferait pour la science navale "ce que Jomini avait fait pour la science militaire". A la fin de son exposé, il s'exclama : "Le voici ; son nom est Mahan" ! A l'intérieur des Etats-Unis, certaines forces étaient prêtes, dans les années 1880, à pousser les intérêts du pays hors de ses frontières. Ces nouvelles ambitions devaient s'appuyer sur une marine plus puissante. Les avocats du professionnalisme naval se sentaient assurés de certains appuis.
En avril-mai 1886, A.T. Mahan termina son cours de tactique pour une flotte de bataille (Fleet Battle Tactics). Il ne le donna que l'année suivante. Mahan reprenait à Jomini son analyse de la puissance de feu concentrée dans les batailles napoléoniennes, jointe à des mouvements de flanc de la cavalerie. Sur mer comme sur terre, la leçon transmise par Jomini était celle d'un mouvement offensif rapide et de concentrations de feu sélectives. Comme dans les batailles d'infanterie de Jomini, les engagements navals de Mahan devaient se terminer par l'anéantissement total de l'ennemi.
Dans un deuxième cours, Mahan se proposait de mettre en lumière le rôle historique de la puissance maritime. Une première étude couvrit la période allant de 1660 à 1783. En 1890, Mahan publia le résultat de ses travaux sous le titre The Influence of Sea Power upon History, 1660-1783. Le livre est touffu, difficile à lire. L'auteur y mène une sorte de "débroussaillage de l'histoire maritime", sous les yeux du lecteur. Les références à Jomini sont nombreuses. Mahan avait d'abord lu le Précis de l'art de la guerre.
Dès 1888, il avait défini les objectifs de son enseignement en se basant sur les définitions du Précis : la stratégie était "l'art de faire la guerre sur la carte, l'art d'embrasser tout le théâtre de la guerre" ; la stratégie comprenait :
"1) la définition de ce théâtre et des diverses combinaisons qu'il offrirait ;
2) la détermination des points décisifs, etc." ; la logistique était "l'art pratique de mouvoir les armées". En 1889, Mahan entreprit de lire l'Histoire critique et militaire des guerres de la Révolution.
La marque de Jomini est visible dès l'introduction de The Influence of Sea Power. Mahan fait la distinction entre un précédent et un principe. Le premier peut être fautif à l'origine ou peut cesser de s'appliquer à cause d'un changement de circonstances. Le second "a ses racines dans la nature essentielle des choses et, quelque variée que soit son application en fonction des changements de conditions, il demeure un modèle auquel l'action doit se conformer pour obtenir le succès". La guerre a de tels principes ; "leur existence se détecte par l'étude du passé, qui les révèle dans les succès et dans les échecs, les mêmes d'âge en âge". Sur mer comme sur terre, les principes doivent dicter le point où l'armée devrait se concentrer, la direction dans laquelle elle devrait se mouvoir, la partie de la position ennemie qu'elle devrait attaquer et la protection des communications. Les batailles du passé ont réussi ou ont échoué suivant qu'elles furent menées en conformité avec les principes de la guerre. Le marin qui étudie soigneusement les causes des succès et des échecs, non seulement détectera et assimilera graduellement ces principes, mais acquerra aussi une aptitude accrue pour les appliquer à l'usage tactique des bateaux et des armes de sa propre époque. Les leçons de l'histoire concernent davantage la stratégie que la tactique. Mahan pensait que l'étude des principes était plus importante que jamais pour les marines, à cause de la nouvelle puissance de mouvement conférée par la vapeur. Celle-ci permettait de moins tenir compte des conditions climatiques et les principes pouvaient d'autant mieux s'appliquer.
A propos des éléments de la puissance maritime, Mahan en appelle encore à l'autorité de Jomini. Celui-ci avait clairement perçu la dimension maritime des guerres de la Révolution française et le rôle joué par l'Angleterre. Il était partisan d'un équilibre maritime, colonial et commercial et, selon lui, l'Angleterre abusait de sa position. Il posait comme un axiome politique que pour l'intérêt et l'honneur du monde, pour la répartition égale des avantages commerciaux et le libre parcours des mers, il faudrait que la plus grande force maritime appartînt à une puissance située sur le continent, afin que, si elle voulait en abuser, on pût la forcer, par une ligue générale sur terre, à revenir à un système de modération, de justice et de véritable équilibre. "Aussi longtemps que la suprématie maritime appartiendra à une puissance insulaire, on ne pourra en attendre qu'un monopole et un despotisme outrageants".
Jomini apparaît dans ce passage comme un grand partisan de l'équilibre européen, et il accuse l'Angleterre d'y porter préjudice, alors que celle-ci s'est traditionnellement posée en champion de l'équilibre continental. Jomini attire l'attention sur la nécessité d'un autre équilibre, sur les mers.
The Influence of Sea Power sortit de presse en 1890 et rencontra un tel succès que la survie du Naval War College fut désormais assurée. Jusque-là, en effet, de nombreuses voix s'élevaient, au sein même de la marine, pour mettre en cause l'utilité d'une "école de guerre". Mahan put envisager de publier la suite de son étude. En 1892 celle-ci parut : elle couvrait les années 1793 à 1812.
Plus encore que dans l'ouvrage précédent, Mahan s'appuyait sur Jomini, en particulier sur l'Histoire critique et militaire des guerres de la Révolution. Non seulement les références explicites à Jomini sont nombreuses, mais on peut constater que la trame générale du récit est influencée par lui. Mahan écrit cependant en homme de la mer et il est conscient des limites de Jomini. Celui-ci, précise-t-il dans une note, "écrit seulement comme militaire, il n'introduit les questions navales que de façon incidente et il a sans aucun doute été induit en erreur par l'information insuffisante dont il disposait à son époque". Alors qu'il n'a jamais participé à des opérations navales, Jomini leur a cependant accordé la place qui leur revenait dans son récit des guerres de la Révolution. Il est étonnant de voir dans quels détails techniques il peut entrer à leur propos. Il réalise aussi que la maîtrise de la mer eût été nécessaire pour que le Comité de Salut public pût mener à bien ses projets en Italie en 1795. Il sait critiquer, en connaisseur, certaines dispositions navales. Jomini n'était certainement pas aussi compétent en la matière que dans les opérations terrestres, mais il a eu le souci de s'informer et il a présenté une vision très complète des guerres de la Révolution. Il a tenu à aborder les multiples dimensions du conflit : celui-ci s'est étendu aux mers et aux colonies. Sous la plume de Jomini, les guerres de la Révolution apparaissent comme "mondiales", ce qui n'est jamais le cas chez un Clausewitz, exclusivement centré sur la guerre terrestre en Europe.
Pour Alfred Thayer Mahan, étudier la stratégie équivalait à étudier Jomini. Lorsque, le 6 septembre 1892, il ouvre la session annuelle du Naval War College en défendant le caractère "pratique" de celui-ci, il se lance dans un vibrant éloge de Jomini. Pour Jomini, la stratégie est la "reine des sciences militaires" et Mahan la compare aux fondations d'une maison. Si elle est mauvaise, tout s'écroule ; elle est donc éminemment "pratique". C'est l'art de faire la guerre sur la carte, elle précède les opérations de la campagne. Elle prend son origine dans un processus mental mais elle ne s'achève pas là. Elle a un prolongement pratique.
Mahan ne cessera de plaider pour la lecture de Jomini. Celui-ci est évoqué dans tous les ouvrages principaux de Mahan. Dans la biographie de Nelson, le portrait de Bonaparte est repris à l'Histoire critique et militaire des guerres de la Révolution. Mahan reconnaît que Jomini a pu paraître un peu trop absolu et un peu pédant dans son insistance sur une formulation définitive des principes. Mais c'est là que résidait la grande différence entre Nelson et Bonaparte : le premier était handicapé par l'inexistence de principes concernant la guerre sur mer, le second "réunissait un génie naturel, et des principes positifs, fruits d'une théorie éclairée". Dans l'ouvrage où il tire les leçons de la guerre hispano-américaine de 1898, Mahan affirme sa foi dans le "caractère immuable des principes de la guerre". Il fait allusion, dans la plus pure tradition jominienne, au principe qui condamne les mouvements " excentriques". Parce que Mahan demeure le plus grand des penseurs stratégiques américains, on peut dire, avec Philip A. Crowl et Michael D. Krause, qu'il fut le plus grand disciple de Jomini aux Etats-Unis.
L'influence de Jomini sur A.T. Mahan est surtout visible dans la partie de sa réflexion qui concerne les moyens d'assurer la puissance maritime et de l'utiliser au mieux, c'est-à-dire la stratégie navale. L'amiral Luce avait comme objectif de transposer sur mer les méthodes de la guerre terrestre. Mahan le fit dans ses leçons de stratégie et de tactique. Rudimentaires au début, elles devinrent petit à petit le fondement de l'instruction au Naval War College. L'ensemble de ces leçons fut publié en 1911 sous le titre Naval Strategy.
D'emblée, Mahan affirme que la guerre russo-japonaise de 1904-1905 a confirmé le dicton de Jomini, selon lequel les changements dans les armes affectent la pratique mais non les principes. Ceux-ci doivent aider à lire l'histoire. Mahan écrit quelle fut sa démarche : il a d'abord lu le Précis de Jomini et ensuite l'Histoire critique et militaire des guerres de la Révolution. Il existe un lien étroit entre les principes et les enseignements de l'histoire. Les deux ensemble donnent une éducation parfaite mais, s'il fallait choisir, l'histoire vaut mieux que l'étude de principes abstraits ; étant un récit d'actions, elle peut apprendre la pratique.
Pour fournir la matière à un rapprochement entre la stratégie terrestre et la stratégie navale, Mahan développe des exemples historiques tirés des ouvrages de Jomini et de l'archiduc Charles sur les guerres de la Révolution française. Les opérations de l'archiduc et de Bonaparte démontrent :
1 ) l'importance de la concentration ;
2) l'utilité pour y arriver de posséder une situation stratégique centrale comme la ligne du Danube ;
3) la nécessité d'occuper des lignes intérieures, par rapport à cette situation, et enfin
4) l'influence sur la conduite des opérations, et en vue du succès, de la sécurité des communications.
Le principe de la concentration est l'A B C de la stratégie, c'est "le résumé de tous les facteurs de la guerre", "la base de toute puissance militaire" :
Jomini établit, en un aphorisme à retenir, à la fois la possibilité de cette concentration, et la façon de la concevoir. Il résume ainsi une des plus importantes considérations en matière d'ordre stratégique aussi bien que tactique : "Toute situation de ce genre, dit Jomini, doit être regardée comme une ligne, et sur une telle ligne il faut envisager logiquement trois tronçons, le centre et les deux ailes" .
Mahan souligne que, lors de la bataille navale de Tsou-Shima, l'attaque des Japonais eut lieu sur une aile, l'avant de la ligne russe. Il veut que la flotte des Etats-Unis soit concentrée sous un seul chef, en un seul corps. A l'époque où il écrit, la concentration s'opère dans l'Atlantique mais, dit-il, "les circonstances, c'est-à-dire le développement de nos relations internationales, nous fixeront à chaque époque, sur l'endroit où nous devrons grouper nos forces".
Une puissance maîtresse de la mer, comme le fut fréquemment la Grande-Bretagne, peut se jeter en force sur n'importe quel point. Elle profite alors de sa position centrale. Mahan accorde beaucoup d'importance aux positions, aux "lignes intérieures". Il se range du côté de Jomini et de l'archiduc Charles, contre Clausewitz. Celui-ci raillait le terme "clef" d'une situation militaire ou d'un théâtre d'opérations. De l'avis de Mahan, son usage est avantageux. Les positions, les points stratégiques représentent pour lui des éléments très importants. Cuba, par exemple, surveille le golfe du Mexique et les croiseurs américains peuvent s'appuyer sur la base de Guantanamo.
Mahan ne croit pas cependant que la possession de points stratégiques soit l'élément le plus important de la puissance maritime : "Ce qui la constitue en premier lieu, écrit-il, c'est la marine qui flotte". L'occupation de positions ne suffit pas. Jomini a bien montré que Napoléon avait comme premier objectif la force organisée de l'ennemi, c'est-à-dire son armée en campagne. Les places doivent être tenues pour inférieures aux armées en campagne et Jomini a bien dit que lorsqu'un Etat en est réduit à jeter la plus grande partie de ses forces dans des places fortes, il est près de sa ruine. Mahan transpose les idées de Jomini à la guerre sur mer :
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Mahan n'est pas d'accord avec Clausewitz, pour qui "la défensive est une forme de guerre plus forte que l'offensive". Le désavantage radical de la défensive est évident, car elle amène à disséminer ses forces. Le privilège de l'initiative appartient à l'offensive, de même que celui de la concentration. Pour Mahan, il ne faut pas confondre les domaines politique et militaire. Politiquement, les Etats-Unis ne sont pas agressifs. Mais la conduite de la guerre est une question militaire et les plus grands maîtres en la matière enseignent qu'une guerre purement défensive mène à la ruine. Une armée préparée à l'offensive a, de plus, une valeur dissuasive. Sur mer, l'objectif doit toujours être la destruction de la flotte ennemie par la bataille :
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Lorsque l'ennemi est battu, la poursuite est impérative. Jomini rappelle l'exemple de Napoléon : celui-ci n'a jamais oublié le général qui, en 1796, fit reposer ses troupes quelques heures et manqua de se placer entre une division autrichienne et la forteresse de Mantoue, où celle-ci put trouver un refuge. Naval Strategy se clôt par une discussion sur la nature de la conduite de la guerre. Celle-ci est-elle une science ou un art ? L'archiduc Charles, Napoléon et Jomini étaient d'accord, selon Mahan, pour dire que c'est un art. Ceci permet de préciser la portée des principes. L'art de la guerre doit être conçu de façon vivante. Il a sa source dans l'esprit de l'homme et doit tenir compte de circonstances très variables. Loin d'exercer une contrainte rigide, les principes sont simplement des guides qui avertissent lorsque l'on fait fausse route. L'habileté de "l'artiste en matière de guerre", dit Mahan, consistera à appliquer correctement les principes en fonction de chaque cas particulier. Ces principes, Mahan les a repris à Jomini et il les a simplement redéfinis en termes de stratégie navale. Les deux stratèges croyaient au caractère immuable de ces principes et à la validité des leçons de l'histoire. Cela a sans doute empêché Mahan de percevoir toutes les implications des progrès technologiques. Il ne vit pas le rôle que pourraient jouer les sous-marins, alors qu'à la fin de sa vie ceux-ci étaient déjà des instruments de guerre perfectionnés.
Quoi qu'il en soit, l'œuvre de Mahan eut des conséquences immenses pour la politique et la stratégie navales des Etats-Unis, au point que l'on peut parler de "révolution mahanienne". Nous ne mentionnerons ici que ce qui provenait strictement de Jomini. En premier lieu, la répartition de la marine en temps de paix dut correspondre aux besoins les plus probables du temps de guerre. A la fin de Naval Strategy, Mahan en appelait encore à l'autorité de Jomini pour appuyer cette idée essentielle de la concentration de la flotte : "Mettons en présence de celui-ci, disait-il, les gens qui voudraient diviser notre flotte en escadre de l'Atlantique et escadre du Pacifique". Mahan faisait allusion au Sénat, qui fit une telle proposition. Mahan réussit à convaincre le président Theodore Roosevelt d'y opposer son veto et lorsque celui-ci quitta ses fonctions en 1909, il écrivit à son successeur, William Howard Taft, de garder la flotte de bataille dans un océan ou dans l'autre. Au changement d'administration suivant, Theodore Roosevelt écrivit au secrétaire adjoint à la Marine de Woodrow Wilson, Franklin Delano Roosevelt, qu'il ne pouvait pas y avoir un cuirassé ou un vaisseau de quelque importance dans le Pacifique, à moins que la flotte entière n'y soit. En 1914, une fois la construction du canal de Panama terminée, Mahan répétera ses arguments et fera toujours appel à Jomini, ce "maître consommé de l'art de la guerre", pour prêcher la concentration. Le canal est une position centrale et Mahan veut que la flotte se concentre d'un côté seulement de celui-ci :
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Le principe de la concentration fut érigé en dogme : Never divide the fleet ("Ne divisez jamais la flotte") !
Cette flotte, Mahan la concevait essentiellement comme un ensemble de cuirassés, tous les autres bâtiments étant de simples auxiliaires. Il fallait donner à cette flotte le maximum de puissance offensive car sa mission exclusive était de chercher la flotte ennemie et de la détruire dans une grande bataille décisive, comme à Trafalgar. L'œuvre de Mahan donna sa caution scientifique à une école de pensée qui rejetait un rôle de pure défense côtière et de "guerre de course" pour la marine. La cathédrale de cette foi proclamée dans le rôle premier du cuirassé (battleship) fut naturellement le Naval War College. Ses adeptes reçurent également le nom d'"école de l'eau bleue" ("blue water" school) car ils ne concevaient l'action des flottes qu'en haute mer, et pas le long des côtes. En 1890, la construction des premiers cuirassés était autorisée par le Congrès et, en quelques années, la politique navale des Etats-Unis devint celle que préconisait Mahan. La bataille décisive devrait avoir lieu quelque part au milieu de l'océan, loin des côtes américaines, mais sans trop allonger les lignes de communications de la flotte.
Les idées de Mahan furent acceptées par des générations d'officiers de marine américains. Elles leur fournissaient un support argumenté et scientifique, cautionné par l'histoire. L'US Navy était également satisfaite de se voir confier la "première ligne de défense", ce qui lui permettrait de réclamer tout l'équipement nécessaire. L'expression "maîtrise de la mer" (command of the sea) flattait l'oreille. De plus, la stratégie de Mahan semblait avoir établi des vérités définitives : il ne serait plus nécessaire de faire de nouveaux efforts intellectuels. Les officiers pouvaient désormais consacrer leurs énergies aux détails pratiques de la conception des bateaux, à l'entraînement et à la planification tactique : ils avaient l'assurance de travailler dans le cadre d'une stratégie infaillible. Cette stratégie donnait aussi satisfaction au Congrès pour trois raisons. Elle promettait en effet de rencontrer et de défaire l'ennemi loin du continent américain, de le faire rapidement et de façon décisive, et enfin d'utiliser avant tout des machines et une technologie présumée supérieure plutôt que des troupes terrestres. A la fin du XIXe siècle, les Etats-Unis entraient dans une phase de plus grande activité en politique étrangère. L'idéologie dominante était celle de la "grandeur nationale" et de l'extension de l'influence américaine. Les théories de Mahan venaient à leur heure. Elles eurent une influence énorme, même en dehors des Etats-Unis.
Dans ses souvenirs, intitulés From Sail to Steam, A.T. Mahan reconnaît qu'il doit surtout deux idées centrales à Jomini. La première, nous l'avons vu, c'est l'affirmation que les forces armées de l'ennemi doivent toujours constituer le premier objectif à la guerre. Il énonce la deuxième comme suit :
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Voilà une proposition qui ressemble singulièrement à la célèbre "formule" de Clausewitz : "La guerre n'est que la continuation de la politique par d'autres moyens". Or Mahan n'aborda Clausewitz qu'en 1910, lorsqu'il reçut d'un major écossais un petit traité servant d'introduction à l'oeuvre de l'officier prussien. Peut-être avait-il lu la traduction anglaise de Vom Kriege acquise par la bibliothèque du Naval War College en 1908 ? De toute façon, il ne mentionne Clausewitz qu'à partir de Naval Strategy, publié en 1911. Il s'est vu en accord avec lui à propos des rapports entre la guerre et la politique, mais il n'a pas accepté sa déclaration sur la défensive, "forme la plus forte de la guerre", comme nous l'avons indiqué plus haut. Il a découvert Clausewitz très tard et celui-ci n'a donc pas contribué à former sa pensée, contrairement à Jomini. Si Mahan pense que la politique doit intéresser les militaires, il l'a appris "de son meilleur ami militaire, Jomini" (from my best military friend, Jomini). Il l'a dit clairement dans une lettre à Theodore Roosevelt, le 13 janvier 1909 :
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En particulier, Mahan a jugé l'Histoire critique et militaire des guerres de la Révolution "instructive du point de vue politique aussi bien que militaire".
La lecture de cet ouvrage révèle en effet un Jomini bien éloigné de l'image étroitement militaire et "opérationnelle" où on le cantonne parfois. Dans l'Introduction, il juge indispensable que ses lecteurs se dépouillent, comme lui, de toute "prévention nationale" et il expose ses vues sur les relations internationales : ce sont celles d'un héritier de la pensée des Lumières, d'un partisan de l'équilibre européen. Jomini souligne les liens entre la politique et la guerre, "dont l'heureux accord est le seul garant de la grandeur d'un Etat".
Mahan en viendra à concevoir la flotte comme l'instrument idéal de la politique nationale. Une flotte est moins teintée d'intentions agressives qu'une armée, elle est plus mobile et peut donc mieux répondre aux injonctions de la direction politique. Mahan confère à la stratégie maritime un sens plus étendu qu'à la stratégie militaire. Selon lui, cela provient du fait que la première est aussi nécessaire en temps de paix qu'en temps de guerre. Elle peut en effet, pendant la paix, remporter des victoires décisives en occupant dans un pays, soit par achat, soit par traité, d'excellentes positions qui ne pourraient être acquises qu'avec difficulté par la guerre. En fait, la stratégie maritime a pour but de fonder, de soutenir et d'augmenter, en situation de paix ou de guerre, la puissance maritime de la nation.
La stratégie globale des Etats-Unis reste profondément imprégnée des conceptions d'A.T. Mahan. Retenons seulement deux aspects, que Mahan attribue à l'influence de Jomini. Il y a d'abord une vision géostratégique des intérêts américains à l'échelle mondiale. Mahan a tiré cela des considérations géographiques de Jomini et de l'archiduc Charles, qui se rapprochaient sur ce point. Notons bien que cela n'empêche pas que la flotte ennemie constitue toujours le premier objectif. Dans cette vision géostratégique du monde, la marine est l'instrument d'action idéal de la diplomatie. Cela fait apparaître un deuxième aspect, celui des liens entre la stratégie et la politique. Mahan a beaucoup plus insisté sur cet aspect de la pensée jominienne que les théoriciens de l'US Army. La définition étroite de la stratégie souvent attribuée à la "culture stratégique américaine" serait donc davantage le fait de l'armée que de la marine, ce qui expliquerait en partie le rôle prédominant de celle-ci dans des années récentes et la qualification des Etats-Unis comme "puissance maritime".
06:20 Publié dans Défense, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | | del.icio.us | | Digg | Facebook