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mardi, 04 février 2025

DARPA: le foyer du mal sous l'aile du Pentagone

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DARPA: le foyer du mal sous l'aile du Pentagone

Leonid Savin

L'agence DARPA, qui est le principal initiateur et développeur de diverses initiatives dans le domaine de la guerre, depuis les armes biologiques et les produits neuro-pharmaceutiques jusqu'aux systèmes cybernétiques autonomes, a récemment annoncé un grand nombre de projets de toutes sortes qui semblent assez futuristes. Cependant, il ne faut pas s'y tromper, un tel avenir sera plutôt sombre lorsqu'il sera réalisé. Car tout ce que les militaires et les scientifiques américains entreprennent a des objectifs douteux.

Fin 2024, DARPA a annoncé le lancement du programme Theory of Mind (Théorie de l'esprit, code DARPA-SN-25-14). Selon l'annonce officielle, l'agence est « intéressée par le développement de nouvelles capacités qui permettront aux décideurs en matière de sécurité nationale d'optimiser les stratégies de dissuasion ou d'incitation des adversaires ». L'agence est donc à la recherche de nouvelles solutions techniques dans ce domaine. Les actions sont déterminées par la connaissance de la situation, la perception des risques et des avantages et la stratégie globale. L'objectif du programme à venir sera de développer une théorie algorithmique de l'esprit pour modéliser la connaissance de la situation en laquelle vivent des adversaires et prédire leur comportement futur. Le programme visera à combiner les algorithmes avec l'expérience humaine pour explorer, dans un environnement de simulation, les lignes de conduite possibles dans les scénarios de sécurité nationale, avec une ampleur et une efficacité bien plus grandes que ce qui est actuellement possible. Les décideurs seraient ainsi mieux à même de créer des mécanismes d'incitation tout en évitant une escalade non souhaitée. Le programme chercherait non seulement à comprendre la stratégie actuelle d'un participant, mais aussi à trouver une version de la stratégie, laquelle sera alors décomposée en vecteurs de base appropriés, pour suivre les changements de stratégie dans le cadre d'hypothèses non stationnaires ».

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En résumé, il s'agit d'avancées de pointe en matière de théorie de l'esprit, de dissuasion et de coercition - les éléments coercitifs immédiats de la politique étrangère des États-Unis. La « théorie de l'esprit » vise à comprendre le comportement des adversaires et des neutres afin de dicter leurs conditions politiques en exerçant une pression sur les faiblesses et les vulnérabilités. À certains égards, ce projet ressemble également au concept de « guerre algorithmique » du Pentagone.

Un autre programme similaire, A3ML, est censé utiliser des algorithmes pour les transactions financières. Il est justifié par la nécessité de traquer les activités criminelles et le blanchiment d'argent, bien qu'il s'agisse en fait d'espionnage financier et industriel pur, puisqu'il peut être utilisé pour surveiller n'importe quelle transaction financière internationale.

Il est à noter que l'agence a récemment tenté de jouer la carte de la démocratie et a créé une ressource gratuite, DARPAConnect, afin d'inciter les nouveaux acteurs et les acteurs non traditionnels à travailler ensemble.

Sur le site web des appels d'offres du gouvernement américain, vous trouverez un appel d'offres de la DARPA visant à trouver des entrepreneurs pour le projet « Prevention of Emerging Pathogenic Threats » (prévention des menaces pathogènes émergentes), qui est lié à la recherche biologique.

Les projets en cours dans ce domaine attirent également l'attention. Par exemple, une « plateforme de vaccins auto-assemblés » a été annoncée dans le budget 2025. Jusqu'à présent, il n'y a rien de tel en médecine, car les vaccins sont « assemblés » pour une tâche spécifique. Mais il est tout à fait possible de concevoir de nouveaux virus et agents pathogènes à l'aide d'un tel outil. Un autre projet en cours est REDI-NET - Remote Intelligence Network on the emergence of diseases (réseau de renseignements à distance sur l'émergence de maladies), officiellement déclaré comme surveillance des maladies. Il existe également une « plate-forme de capteurs pour la surveillance des blessures de combat en cas de septicémie ». Il est clair que l'on pense ici à des mesures de défense biologique, d'où l'implication d'armes bactériologiques ou chimiques. Dans le domaine de la pharmacologie militaire, le projet RBC-Factory a été lancé, qui vise à modifier les globules rouges pour améliorer les capacités physiologiques des militaires.

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En janvier 2025, CarryGenes Bioengineering (la même société créée avec la participation directe de la DARPA en 2013) a publié une demande de brevet pour la technologie des chromosomes synthétiques dans le cadre d'un contrat précédemment exécuté pour la DARPA. Cette technologie est elle aussi directement liée à la guerre de modification génétique, car le brevet mentionne la possibilité de créer de « nouveaux produits » qui n'ont jamais existé dans la nature. On ne peut que deviner comment un monstre pourrait émerger de l'éprouvette de cette technologie.

La DARPA continue également de s'intéresser aux modèles hybrides. Parmi les demandes les plus récentes figure le projet HyBRIDS, qui associe des composants robotiques et biologiques et qui sera utilisé « dans divers contextes de sécurité nationale ». Un projet similaire, mais à un niveau plus miniaturisé, est le projet Microsystem Induced CAtalysis, qui consiste à combiner des molécules biologiques avec de l'électronique. Les molécules attachées aux micropuces devraient agir comme des catalyseurs et contrôler les processus nécessaires.

Le projet PODPower vise à développer des sources d'énergie biologique pour alimenter un système de capteurs et d'appareils placés dans les océans du monde entier. Pour ce faire, il est envisagé d'utiliser des bactéries qui transforment les substances de l'eau de mer en électricité. Si ce projet se concrétise, les États-Unis commenceront à installer un réseau de capteurs de ce type. Les prétextes plausibles ne manquent pas: surveillance des conditions environnementales et des éventuelles émissions de substances nocives, régime de température (dans le cadre du réchauffement climatique), étude de la migration des organismes, etc. Il ne serait pas surprenant que les premiers capteurs apparaissent à proximité d'importantes routes commerciales, de ports et d'autres infrastructures côtières de pays étrangers, principalement près des frontières de la Chine et de la Russie.

Dans le domaine des capteurs, il y a aussi le projet HORCREX, qui vise à améliorer le système de navigation. Il est prévu que le nouveau type de capteur utilise des peignes de fréquence mécaniques, ce qui garantira un fonctionnement stable en cas de surcharge.

Un projet intéressant fait appel à l'utilisation de plantes. Le programme eX Virentia vise à étudier les propriétés naturelles des plantes qui peuvent être utilisées comme capteurs. En d'autres termes, une mauvaise herbe ou une herbe discrète peut devenir au moins un élément d'observation passive de certains spectres (rayonnement radioactif et électromagnétique, teneur en impuretés dans l'air), et au plus - un élément d'un réseau mondial de suivi et de surveillance.

Cependant, tous les projets ne sont pas relativement nouveaux. L'initiative sur le génome des matériaux, qui existe depuis 2011, est un projet fédéral interagences visant à trouver, produire et introduire des matériaux avancés deux fois plus vite et à moindre coût que les méthodes traditionnelles. L'initiative fournit des politiques, des ressources et des infrastructures pour aider les agences américaines à mettre en œuvre des méthodes permettant d'accélérer le développement des matériaux.

Depuis le lancement de l'initiative MGI, le gouvernement fédéral investit dans l'infrastructure de recherche et de développement nécessaire pour accélérer la découverte, la conception, le développement et le déploiement de nouveaux matériaux avancés dans les industries américaines existantes et émergentes. Bien qu'il soit officiellement déclaré que les matériaux avancés sont essentiels pour la sécurité économique et le bien-être humain, en réalité, ils ne sont pas moins demandés par l'industrie militaire et, aux États-Unis, tous les développements prometteurs passent par le complexe militaro-industriel avant d'atteindre le marché général.

Si l'initiative est mise en œuvre au sein ou avec la participation du DARPA, il ne fait aucun doute que les résultats répondront d'abord aux besoins de la guerre.

Il est intéressant de noter que le MGI est censé « contribuer à la réalisation d'un avenir dans lequel des expériences basées sur l'intelligence artificielle autonome (IA/AE) peuvent accélérer le développement et le déploiement de nouveaux matériaux qui répondent aux exigences de l'industrie des semi-conducteurs, tout en prenant en compte les exigences de durabilité dès le départ ». Le 30 octobre 2024, le programme de recherche et développement CHIPS a annoncé une opportunité de financement pour le projet CHIPS AI/AE for the Rapid Industry Data-driven Creation of Sustainable Semiconductor Materials and Processes (CARISSMA).

Il peut également y avoir un lien avec un autre programme appelé INTACT, qui vise à créer un nouveau type de céramique plus résistante (10 fois plus résistante que les métaux) et capable de supporter des températures élevées. Il est évident qu'un tel matériau est nécessaire pour produire des armes supersoniques, que le Pentagone n'a pas encore été en mesure de développer, alors qu'il craint les armes similaires disponibles en Russie. Fait révélateur, parmi les exigences énoncées, le matériau doit avoir une propriété stable à 1200 degrés centigrades pendant 24 heures, ce qui suggère soit une marge de sécurité délibérée, soit un projet de munition de barrage ou de drone supersonique avec un long délai de mise en œuvre.

Dans le domaine des systèmes informatiques, The Right Space vise à faire de nouvelles découvertes sur les formules mathématiques. Seulement, cela doit être fait par un ordinateur utilisant l'intelligence artificielle et probablement sur un processeur quantique.

Même un bref aperçu des programmes nouveaux et déjà lancés est impressionnant. Même si tous ne seront pas réalisés intégralement et en temps voulu, même une fraction des projets réussis pourrait compromettre la sécurité et la stabilité internationales. Un système informatique « frénétique » ou un nouveau virus mutant.

Il suffit de rappeler qu'en 2018, la DARPA a lancé le projet PREventing EMerging Pathogenic Threats pour empêcher la transmission de virus dangereux de l'animal à l'homme. La recherche s'est concentrée sur les virus transmis des animaux à l'homme. Une attention particulière a été accordée aux chauves-souris, qui sont des réservoirs naturels de coronavirus (y compris le MERS-CoV), de filovirus (p. ex. Ebola) et de virus Zika, Lassa et de la grippe.

Les expériences ont été menées dans des laboratoires militaires américains dotés du niveau de défense biologique le plus élevé (BSL-3 et BSL-4). Deux ans plus tard, l'épidémie de CO VID-19 a commencé.

08:05 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : darpa, hautes technologies, pentagone, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 21 mai 2021

Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

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Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

C'est la préparation d'une guerre éventuelle avec la Russie puis aujourd'hui également avec la Chine qui permet aux Etats-Unis d'être et de rester une superpuissance scientifique et technologique dominante.

Depuis plusieurs décennies, l'agence américaine Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) est le facteur essentiel de cette domination. La Darpa est une agence du département de la défense américaine. Elle finance des innovations technologiques de rupture dans des domaines considérés comme stratégiques à la fois pour garantir la supériorité militaire et la domination économique. Ces innovations, dans la mesure où elles ne sont pas couvertes par le secret militaire, possèdent des retombées qui ont un rôle d'entraînement essentiel dans le domaine civil.

Le budget de la Darpa est officiellement pour 2020 de 2.970 milliards de dollars. Compte tenu des contributions non publiques provenant de divers organismes et entreprises, il est au moins du double. Le budget fédéral des Etats-Unis est pour la même année estimé à 1.200 milliards. Ce budget sert à Washington, indépendamment de la Darpa, de prendre en charge des dépenses dans le domaine de la sécurité civile et des nouvelles technologies. Le déficit chronique de l'administration fédérale lui permet de se désintéresser de nombreux secteurs, notamment en matière de santé et de financement sociaux, qui pèsent sur les budgets européens.

La Darpa constitue également un agent essentiel pour favoriser la dualité des technologies (c'est-à-dire la synergie entre applications civiles et militaires). Ainsi la supériorité américaine dans le domaine spatial repose en grande partie sur un réseau de satellites militaires dépendant de la Darpa. De plus elle n'hésite pas à prendre en charge des projets technologiques innovants dont le succès n'est pas assuré au départ. Ainsi elle a financé l'Arpanet, ancêtre d'Internet, ou encore le GPS. Aujourd'hui, elle s'intéresse à des domaines aussi différents que les véhicules terrestres autonomes utilisables en milieu urbain ou que les nouvelles générations de missiles.

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L'Agence dispose d'une organisation très souple. Elle lui permet d'éviter les innombrables procédures qui consomment l'essentiel du temps des autres organismes. Par ailleurs elle peut recruter ou licencier son personnel administratif et de recherche à la demande, en ne faisant pas seulement appel aux ressources des autres organisations militaires. Ses chefs de projet viennent aussi bien du civil que du militaire, du public ou de privé. Ils ne restent en poste que quelques années. Lorsqu'ils quittent la Darpa, ils ne tardent pas à retrouver d'importantes responsabilités. Leur passage par la Darpa constitue un élément important de leur carrière.

Beaucoup de responsables européens souhaiteraient la mise en place sur le continent d'une « Darpa européenne ». Mais il s'agit d'un vœu pieux, pour de nombreuses raisons. L'Europe n'a pas de politique de défense commune justifiant une telle agence. Elle est incapable de s'entendre sur des projets technologiques d'une certaine ampleur. La rivalité entre États-membres est telle au plan politique que de tels projets ne seraient pas acceptés. Mais la cause déterminante de son impuissance tient à la domination américaine qu'elle accepte de subir. Or les États-Unis n'accepteraient pas la création d'une Darpa européenne qui viendrait concurrencer la leur.

mercredi, 02 mars 2016

Nouvelles armes d'Intelligence Artificielle pour le Pentagone

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Nouvelles armes d'Intelligence Artificielle pour le Pentagone

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Les progrès de la Russie et de la Chine dans le domaine des nouvelles armes faisant appel à l'intelligence artificielle (AI) préoccupent dorénavant les Etats-Unis. Ils envisagent de moderniser en profondeur leurs armements, pour rattraper le retard qu'ils estiment avoir pris dans ce domaine.

Ceci peut surprendre dans la mesure où l'Amérique paraissait s'être donnée une maitrise mondiale en matière de numérique intelligent. Il apparaît cependant que la Russie, rejointe par la Chine, avait entrepris de faire appel à ses propres ressources en AI, bien plus importantes que l'on ne le pense notamment en Europe. Ces deux pays sont dorénavant dotés de moyens militaires aériens ou navals pouvant dans certains cas surpasser ceux des Etats-Unis. Mais, dira-t-on, que faisaient la NSA et la DSA, qui savent tout, pour ne s'en apercevoir que maintenant?

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Quoiqu'il en soit, un article du National Interest donne des précisions sur le sujet . L'Agence américaine pour les projets de recherche avancée de défense (DARPA) met au point, selon l'article une nouvelle génération de systèmes de guerre électronique basés sur l'intelligence artificielle avancée afin de contrer notamment les nouveaux radars de dernière génération russes et chinois.

L'une des techniques développées est nommée « système cognitif de conduite d'une guerre électronique ». Ce terme banal désigne des outils d'IA servant à analyser en temps réel ce que fait le radar ennemi et créer un nouveau profil de contre-mesures. Des processus de scanning, d'analyse et d'adaptation sont menés en permanence.

Les appareils américains de la génération actuelle, y compris les avions F-22 et F-35 de Lockheed Martin, possèdent une base de signaux radioélectriques de l'ennemi et un profil de contre-mesures déjà intégrés dans le système de bord de l'avion. Néanmoins, si ces appareils rencontrent un nouveau signal, ils enregistreront la menace comme inconnue et ne sauront pas nécessairement quelles contre-mesures adopter, ce qui les rendra vulnérables.

Pour identifier les mesures utilisées par l'adversaire, le Pentagone envoyait auparavant des avions de reconnaissance électronique Boeing RC-135 Rivet Joint qui collectaient les données sur les nouvelles formes de signaux détectées. Les données étaient envoyées dans un laboratoire d'analyse afin de créer un nouveau profil de brouillage et télécharger l'ensemble dans les bases de données des appareils. Ce processus était nécessairement long.

Si les nouveaux systèmes basés sur l'intelligence artificielle fonctionnent bien, les appareils américains pourront mieux réagir face à de nouveaux radars installé sur les systèmes de missiles "sol-air" ou les chasseurs. L'armée américaine ne sera plus obligée d'attendre des semaines voire des mois pour obtenir de nouvelles données sur les radars ennemis. Les systèmes de brouillage seront en mesure de contrer tout nouveau radar en temps réel. Qu'en sera-t-il des Rafales français? Poser la question n'est pas y répondre.

Peut-on pour autant penser que la Russie et la Chine ne mettront pas au point dans l'intervalle de nouveaux outils faisant appel à une IA encore plus avancée? Sans doute pas. Une course de vitesse est désormais engagée, qui mobilisera des moyens considérables. C'est là que les ressources en IA dont se dotent en permanence Google et Facebook apporteront une aide précieuse au Pentagone. On connait les liens étroits de la Darpa avec ces « géants » du web, dont chacun d'entre nous finance sans s'en rendre compte les budgets de recherche.

Référence

http://nationalinterest.org/blog/the-buzz/revealed-pentagons-plan-defeat-russian-chinese-radar-ai-15357