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mercredi, 20 décembre 2017

Denis de Rougemont

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Denis de Rougemont

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Toute sa vie, Denis de Rougemont (1906 – 1985) œuvra en faveur de l’unité européenne. Ce n’est guère étonnant, car ce citoyen suisse jugeait la Confédération helvétique comme un exemple de toute véritable construction continentale aboutie.

Ce fils de pasteur d’origine nobiliaire du canton de Neuchâtel, ancienne principauté prussienne, fut très tôt attiré par les livres, les revues et l’édition. Au début de la décennie 1930, il arrive à Paris et y rencontre un autre ardent fédéraliste, Alexandre Marc, et un duo de compères très révolutionnaires-conservateurs, Arnaud Dandieu et Robert Aron. Tous les quatre lancent la revue L’Ordre Nouveau qui va devenir l’un des titres majeurs du « non-conformisme des années 30 », selon l’expression aujourd’hui consacrée de Jean-Louis Loubet del Bayle et qu’Olivier Dard a ensuite intégré dans l’aile spiritualiste des « relèves des années 1930 ».

Rougemontamouretoccident.jpgAnti-matérialiste, Denis de Rougemont le sera toujours. En contact épisodique avec les chefs de file de la « Jeune Droite », Jean de Fabrègue et Thierry Maulnier, il écrit aussi pour la revue Esprit d’Emmanuel Mounier. Ils sont d’ailleurs les premiers à parler de personnalisme. Cependant, Rougemont relie ce concept à une dimension plus ambitieuse, celle d’une Europe fédéraliste appliquant la subsidiarité intégrale. Il se détourne en tout cas de l’étatisme centralisateur républicain français dont il perçoit toute la malfaisance.

La terrible crise économique de 1929 le plonge dans une période de chômage. En 1935 – 1936, ce parfait germanophone devient lecteur à l’Université allemande de Francfort. Il y découvre les premières réalisations du national-socialisme et s’inquiète pour l’avenir immédiat de la paix en Europe. Il assimile bientôt l’hitlérisme à la variante germanique de l’esprit révolutionnaire français de 1793 et voit dans les SA des sans-culottes en chemise brune…

De retour en Suisse, il prône la résistance face aux intentions conquérantes de la nouvelle Allemagne. Mobilisé dans l’armée helvétique, son attitude lui vaut quelques déboires. Toutefois, dès l’été 1940, il traverse l’Atlantique, s’installe aux États-Unis et y rencontre d’autres Européens exilés. Ainsi retrouve-t-il en 1943 le comte Richard Coudenhove – Kalergi déjà vu en 1927. Denis de Rougemont entre aussi en relation avec certains cénacles fédéralistes pré-atlantistes d’Amérique du Nord.

ROUGEMONT_1936_Penser_avec_les_mains_cover_first_edition.jpgRentré en Europe dès 1946, il organise un an plus tard à Montreux en Suisse le 1er Congrès de l’Union européenne des fédéralistes. Un second congrès se tient à La Haye l’année suivante au cours duquel les tenants de l’économisme, Jean Monnet en tête, rompent avec les partisans de l’action culturelle prioritaire. Cette vive scission n’empêche pas Denis de Rougemont de créer le Centre européen de la culture et de militer au sein du Mouvement paneuropéen. Horrifié en août 1945 par les deux bombardements atomiques étatsuniens qu’il estime être l’apothéose du totalitarisme moderne, il soutient dès lors des positions pacifistes, régionalistes, fédéralistes et écologistes. Dans les années 1960 – 1970, aidé par l’intellectuel protestant français Jacques Ellul, il crée l’association Ecoropa.

Denis de Rougemont est surtout connu pour son essai de 1939, L’Amour et l’Occident, dans lequel il exalte l’amour courtois et y célèbre un fédéralisme sentimental et psychologique. Enfin, en homme engagé, il préside de 1950 à 1966 le Congrès pour la liberté de la culture. Cet organisme très anti-communiste bénéficie de larges subsides de la CIA…

Denis de Rougemont est par ailleurs indirectement à l’origine de la neutralisation des institutions de l’Union pseudo-européenne par l’idéologie hideuse des droits de l’homme. L’inutile Conseil de l’Europe et la grotesque Cour européenne des droits de l’homme, toujours en pointe dans le gendérisme, l’homoconjugalité, l’égalité sexuelle, le féminisme, le libéralisme culturel, le financiarisme et l’alignement atlantiste, sont aujourd’hui les manifestations les plus visibles de son action intellectuelle. Denis de Rougement insista sur l’appartenance historique, charnelle et géographique commune des peuples européens sans se douter un instant que son travail serait tronqué et détourné par les cosmopolites.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 12, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 5 décembre 2017 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

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vendredi, 15 février 2013

Denis de Rougemont und die totalitäre Moderne

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Denis de Rougemont und die totalitäre Moderne

Felix Menzel

Ex: http://www.blauenarzisse.de/

Vor wenigen Tagen war der 80. Jahrestag der Machtergreifung Hitlers. Nicht deswegen, sondern aus grundsätzlichem Interesse habe ich gestern Denis de Rougemonts Journal aus Deutschland 1935-1936 gelesen. Rougement, der aus der Schweiz stammt und hauptsächlich in Frankreich gewirkt hat, kam kurz nach der Machtergreifung für ein Jahr nach Deutschland, um an der Universität Frankfurt als Lektor zu arbeiten. Er nahm dieses Angebot zum einen aus Geldnot an, zum anderen kann man ihm aber auch aufgrund seiner Germanophilie glauben, daß er den nationalsozialistischen Alltag aus der Nähe beobachten wollte.

Was sah nun Rougement, der Anfang der 30er-Jahre zu den führenden Vertretern der französischen Personalisten zählte und später der einflußreichste Vordenker eines »Europas der Regionen« werden sollte?

Rougement erkennt sehr schnell, daß Hitlers Nationalsozialismus ein »verkleideter Bolschewismus« ist. Das Bürgertum halte sich mit Widerstand jedoch aufgrund von Feigheit und der Vermutung, der braune Bolschewismus sei weniger schlimm als der rote zurück. Rougement betont zu dieser Passivität: »Es hat keine Massaker gegeben. Alles geschieht auf fortschrittliche und ordentliche Weise.«

Das Bürgertum verändere sich dennoch. Es verliere seinen Bürgersinn:

Es gibt in Europa keine Klasse, die dem politischen Leben teilnahmsloser, dem Staat passiver und den vollendeten Tatsachen – und folglich immer den von anderen vollendeten Tatsachen – feiger gegenübersteht, eine Klasse, der, um es vollends zu sagen, jeglicher Bürgersinn fehlt.

Rougement bezeichnet Hilters Dressur der Deutschen als gegen jede Tradition gerichtet, als »antideutsch« und jakobinisch. Er erkennt damit den wesentlichen Punkt: Nicht die Deutschen sind im innersten Kern schon immer heimliche Nazis gewesen, sondern die Moderne ist an sich totalitär. Seit 1789 entfaltet sie diesen Totalitarismus. Im Nationalsozialismus und Sowjetbolschewismus nimmt sie lediglich die grausamsten Züge an.

Es ist die Diktatur der Rüpel und der Dummköpfe.

An der Universität führt Rougement 1935/36 viele Gespräche mit der Intelligenz und fragt immer wieder, warum sie denn dagegen nichts unternimmt. Die Antwort klingt genauso wie auch heute noch:

»Man kann nichts tun. Und außerdem bin ich bereits zu alt.« – »Sie zu alt? Wie alt sind Sie?« – »Siebenundzwanzig. Aber der Führer hat es neulich selbst gesagt: Die Menschen, die 1933 älter als zwanzig waren, werden die neue Zeit niemals verstehen.«

Neben der Illustration der bürgerlichen Feigheit ist das Journal insbesondere aufgrund eines wiedergegebenen Dialogs über »Krieg und Kampf« lesenswert. Rougement fragt hartnäckig nach, warum die Deutschen alles in Kriegsmetaphern kleiden müssen. Bemerkenswerterweise unterstellt er ihnen nicht einmal, einen Krieg führen zu wollen. Vielmehr meint er, sie hätten sogar Angst vor einem Krieg. Warum aber müssen die Deutschen selbst »Krieg gegen die Kälte« führen?

Rougement entwickelt aus dieser Frage eine Theorie über »Vielfalt und schöpferischen Kampf«. Ich zitiere kurz die wichtigsten Passagen:

Wir Personalisten haben ein zu großes Bedürfnis nach natürlichen Unterschieden und Gegensätzen, um sie vernichten zu wollen. Wir sind Föderalisten, das heißt, wir wollen, daß sich alle Unterschiede durch ihre Gegensätzlichkeit gegenseitig begeistern und fruchtbare Spannungen schaffen. Zivilisation und Kultur entstehen durch Spannungen, leben von Spannungen dieser Art. (…)

Wir wollen einen schöpferischen Kampf, nicht einen zerstörerischen. Darin besteht die ganze Anstrengung der Zivilisation: Die notwendigen Konflikte fruchtbar zu machen. (…) Die Kämpfe müssen zu geistigen Kämpfen werden, in dem Sinne, in dem Rimbaud gesagt hat: »Der geistige Kampf ist ebenso brutal wie eine Menschenschlacht.«