lundi, 17 février 2014
En souvenir de Gilbert Sincyr
Robert Steuckers:
En souvenir de Gilbert Sincyr (1936-2014), Premier Président européen de “Synergies Européennes”
J’ai rencontré pour la première fois Gilbert Sincyr à l’Ecole des Cadres du G.R.E.C.E. de 1980, baptisée “Promotion Thémistoklès Savas”, du nom d’un camarade grec, tué quelques mois plus tôt dans un accident de moto, alors qu’il sillonait les routes étroites et sinueuses des montagnes de l’Epire. Cette “Ecole des cadres” était rondement menée par Philippe Marceau qui, plus tard, sous son vrai nom, animera les structures des “Identitaires” avant de s’en dissocier récemment pour aborder d’autres activités. Marceau était cadre d’entreprises et abordait les choses de manière pragmatique: il avait notamment fait activer une caméra qui nous filmait alors que nous devions prononcer un bref exposé ou répondre à des questions critiques venues d’un public certes fictif mais dont les interpellations étaient bel et bien calquées sur celles que formulaient les participants aux activités du G.R.E.C.E. qui vivait alors sa période de gloire, bien ancré qu’il était dans le monde médiatique grâce au “Figaro Magazine”. Dans ces exposés filmés, pas question de se gratter le nez, de jouer avec un stylo à billes, de se tordre les paluches car le film montrait combien de tels gestes inconscients étaient ridicules: immense leçon de modestie et de maîtrise de soi! Marceau avait aussi prononcé un exposé d’une clarté limpide sur les types de personnes à recruter pour animer des cercles locaux, des antennes régionales, etc.: je m’en suis toujours souvenu! On était loin du pilpoul que d’aucuns ont reproché au G.R.E.C.E. quelques années plus tard, après que Marceau eût tiré sa révérence.
Sur les crêtes du Lubéron
Cette “Ecole des cadres” avait prévu, comme d’habitude dans toutes les activités du G.R.E.C.E. en Provence, une longue promenade sur les crêtes du Lubéron. Gilbert Sincyr était dans mon équipe et jouait le rôle du serre-file derrière les plus jeunes, dont Patrick Bouts, Stefano Sutti Vaj et moi-même, qui gambadions comme des cabris. Sincyr m’a alors dit qu’il venait de fêter ses 44 ans et qu’il avait beaucoup “crapahuté” (terme militaire qu’il m’a appris!) en Algérie pendant le conflit qui avait opposé la France au FLN. Gilbert Sincyr, originaire de Picardie, de la région d’Abbeville, avait en effet servi en Algérie de 1958 à 1961 comme conscrit dans une unité de combat particulièrement efficace et y avait gagné une citation. Il s’était ensuite installé dans la région de Toulouse. Après l’“Ecole des cadres” de 1980, j’ai revu Gilbert Sincyr en Provence, à Roquefavour, en juillet 1984, où il était accompagné de son fils. C’était à l’occasion d’un séminaire spécial organisé par Guillaume Faye, à l’époque infatigable animateur du département “Etudes et recherches” du G.R.E.C.E. Nous avons eu quelques conversations banales, sur la famille, les études, le quotidien, réalités prosaïques sur lesquelles Gilbert Sincyr a toujours voulu demeurer branché, avec raison, car elles sont le socle incontournable de toutes nos actions (et Heidegger ne l’aurait pas démenti...). Gilbert Sincyr m’a aussi parlé, au cours de ces journées, de ses activités de délégué syndical au sein de son entreprise, qualité inhabituelle en milieux néo-droitistes à l’époque.
Deux ans plus tard, Gilbert Sincyr remplace Jean-Claude Cariou au poste de Secrétaire-général du G.R.E.C.E. Tâche ardue et ingrate car l’éviction de Cariou, à cause des manigances abjectes d’Alain de Benoist et de sa clique de séides infréquentables, a été une page fort sombre de l’histoire du G.R.E.C.E, sur laquelle je me suis déjà exprimé (*). C’est bien sûr une époque où le G.R.E.C.E. ne dispose déjà plus de “fenêtres” dans le monde médiatique, celui qui compte vraiment dans l’Hexagone: ses équipes ont été exclues du “Figaro Magazine” et l’entreprise ambitieuse d’Alain Lefèbvre, “Magazine Hebdo”, a également capoté au bout de deux années, étouffée par le refus des publicitaires d’acheter des pages dans ce “news” d’un non-conformisme finalement assez ténu. Par ailleurs, les options trop “droitistes” de ces organes de presse ne cadraient plus exactement avec l’évolution intellectuelle et critique du mouvement, où l’on avait décidé, dorénavant, de mettre l’accent sur une défense des valeurs historiques européennes contre les non-valeurs imposées par le soft power de la “Communauté atlantique”, sur la nécessité d’une déconnexion par rapport à l’O.T.A.N. et aux institutions économico-financières de l’Occident, toutes positions que le public de droite, giscardien ou chiraquien, n’était pas prêt à accepter. Gilbert Sincyr devait alors gérer son secrétariat dans un espace où s’accumulaient les porte-à-faux. Quand Sincyr était Secrétaire Général du G.R.E.C.E., je n’ai pratiquement jamais eu affaire à lui, l’année 1986 ayant été la plus dynamique et la plus active du groupe E.R.O.E. (“Etudes, Recherches et Orientations Européennes”), qui, au départ de Bruxelles, travaillait très étroitement à l’époque avec ses amis britanniques du groupe IONA et allemands du “Gesamtdeutscher Studentenverband” (GdS), ainsi que dans un cadre belge bien bilingue, grâce notamment aux efforts d’Erik Van den Broele, de Bruges, et du regretté Reinhard Staveaux, de Ternat, décédé prématurément quelques années plus tard. A cette époque, où je ne passais presque plus à Paris, je n’ai eu qu’une très brève conversation avec Sincyr dans les locaux du G.R.E.C.E., rue Charles-Lecocq dans le XVème. Manifestement, de Benoist, inquiet et jaloux du succès, finalement fort modeste, de l’E.R.O.E. avait raconté à Sincyr pis que pendre à notre sujet —car tous ceux qui lui déplaisaient étaient toujours décrits comme de “dangereux extrémistes” ou des “terroristes potentiels”— et le Secrétaire général du G.R.E.C.E., qu’était devenu Sincyr, prenait alors des airs fort soupçonneux en me posant des questions sur nos activités.
Un secrétariat général très difficile
Mais tout en prêtant l’oreille aux médisances fielleuses d’Alain de Benoist, heureusement contrebalancées par les analyses plus rationnelles de la situation que posait Guillaume Faye à l’époque, Sincyr s’apercevait que le navire prenait eau de toutes parts. Cariou laissait derrière lui un grand vide, d’autant plus que le prestigieux Président, le Prof. Jean Varenne, indianiste de réputation internationale, avait été écoeuré et atterré par le comportement inique des hommes de mains français et vietnamiens d’Alain de Benoist, lors du “procès” interne intenté contre Cariou, viré illico pour avoir osé demandé un salaire décent pour Faye, à l’époque principal animateur de la revue “Eléments”. Varenne avait définitivement quitté les locaux de la rue Charles-Lecocq, sans mot dire et sans plus jamais donner de nouvelles. D’autres avaient fondé une association parallèle, l’I.E.A.L. (“Institut Européen des Arts et des Lettres”), qui appuyait l’E.R.O.E. dans ses initiatives françaises ou franco-belges (et c’est surtout cela qui inquiétait de Benoist...). Ensuite, au printemps de l’année 1987, Faye prend définitivement congé du G.R.E.C.E, en rédigeant une lettre très pondérée et équilibrée aux amis de son combat métapolitique, puis anime, dans un premier temps, les cercles bretons de Paris avec son ami de toujours, Yann-Ber Tillenon, avant de disparaître pendant une douzaine d’années dans l’univers très différent du show-bizz. Au bout de dix-huit mois, Sincyr est bien forcé de s’apercevoir, à sa grande désolation, que la baraque est vide, sauf bien entendu le bureau capharnaümesque de l’intrigant-en-chef, flanqué de son bougre-à-tout-faire que j’aimais à surnommer “Vlanparterre”, loueur de microphones et recruteur de tirailleurs tonkinois (on me comprendra...). C’est alors au tour de Sincyr, désabusé, de tirer sa révérence, de retourner à Toulouse et de dresser le bilan avec ses amis de la région, fort nombreux, au départ, à avoir été séduits par le combat métapolitique du G.R.E.C.E. Ces personnalités du pays toulousain, du Languedoc et du Bordelais vont alors, autour de Sincyr, réfléchir à d’autres possibilités de réamorcer un combat métapolitique efficace sans qu’il ne soit, cette fois, handicapé par l’irrationalité puérile et malfaisante de personnalités narcissiques, de vieux gamins immatures à problèmes irrésolus, et sans véhiculer un flou artistique permanent et désorientant quant au message à transmettre. C’est fort de ce repli, de ce “withdrawal” introspectif, que Sincyr me recontactera cinq ans plus tard.
En attendant, onze ans se sont écoulés depuis notre première rencontre en Provence: Sincyr a désormais 55 ans. A l’automne 1988, Charles Champetier, qui n’a que dix-neuf ans, a pris contact avec le G.R.E.C.E. moribond, végétant autour de de Benoist et de son drôle de zouave de Vlanparterre. Champetier donne réellement une impulsion nouvelle à l’association qui, grâce à ses très jeunes recrues, va connaître une renaissance vigoureuse dans les années 1989 et 1990. Le G.R.E.C.E. est désormais flanqué d’une structure modeste mais efficace que l’on a appellé “Nouvelle Droite Jeunesse” (N.D.J.). Elle publie un bulletin, “Metapo”, que je fais imprimer à Bruxelles.
Universtié d’été 1991
Début 1991, après une épuration de cette structure, à l’instigation du grand comploteur habituel, le G.R.E.C.E.-N.D.J. se rétrécit, perd quelques fortes personnalités jeunes (issues des milieux néo-gaullistes ou gaullistes de gauche) et s’aligne sur la politique erratique des “aggiornamenti” constants et quotidiens, sur la fébrilité touche-à-tout d’Alain de Benoist qui prend un malin plaisir à choquer et à désorienter ses propres vieux amis, au lieu de leur expliquer calmement, avec bienveillance, la nécessité qu’il y a parfois (mais pas toujours...) à adapter le discours sans renoncer à l’essentiel. Champetier, malheureusement, fasciné au mauvais sens du terme par son “Maître”, embraye sur cette politique néfaste, croyant bien faire et n’ayant plus rien à perdre car son militantisme trop zélé l’a conduit à rater ses études: il est désormais un jouet aux mains de son manipulateur retors. L’Université d’été du G.R.E.C.E. de 1991 est une catastrophe, alors que celle de 1990 avait été un franc succès. Sous l’impulsion de Maurice Rollet et d’Arnaud Hautbois, les veillées, en cette campagne isolée de l’arrière-pays aixois, comprenaient, faute d’autres distractions, des libations diverses mais surtout des sketches amusants, imités, le plus souvent de ceux de Thierry Le Luron, vedette du show-bizz à l’époque. Hautbois était un virtuose de ce genre de spectacle et un bon imitateur de Le Luron. Pendant que Hautbois se démenait sur la scène improvisée, le lugubre de Benoist était au fond de la salle, l’air sinistre, la trogne grimaçante, le cul pincé, la lippe nicotinée prête à éructer, et désapprouvait l’humour (faculté dont il est effectivement dépourvu) des animateurs. L’un d’eux, ami de Guillaume Faye, E.L., avait émis quelques blagues en chantant dans une fausse langue soi-disant “vieille-slavone”. Ces histoires drôles et ces contrepèteries étaient peut-être un peu lourdes mais je ne me souviens pas de leur teneur tant elles étaient somme toute anodines, en marge des sketches de Hautbois. Aussitôt, de Benoist ordonne qu’E.L. soit jugé par un tribunal composé à la hâte, présidé par le nouveau Secrétaire Général Xavier Marchand. Les “juges” s’installent alors à une grande table disponible dans une pièce annexe et le “prévenu” doit s’installer sur un vieux siège avant de Peugeot 403, au tissu complètement élimé, sans pieds, ce qui le place automatiquement très bas —les longues jambes de cet homme de haute taille étant pliées, avec les genoux à hauteur de son menton— par rapport à ceux qui vont, dans ce tribunal de sotie, prononcer sa condamnation avec toute la sévérité voulue. J’étais effaré du spectacle mais le prévenu n’était guère impressionné: il répondait en rigolant et augmentait ainsi la fureur de ses interlocuteurs, qui fulminaient des imprécations “logorrhiques” sans rien entendre. Maurice Rollet était bien embêté et aurait voulu éviter cet incident grotesque. Je regardais la scène par une fenêtre et je m’esclaffais, incapable de retenir un rire homérique en zyeutant les tronches courroucées de Benoist et de Marchand. A côté de moi, une militante du Périgord, qui avait suivi la ligne de retrait préconisée par Sincyr et ses amis des pays occitans, qui était venue espionner les néo-grecistes, me dit que ce type de comportement n’est pas d’esprit “communautaire” comme il faudrait l’entendre et que les déviances idéologiques boîteuses et fumeuses émises depuis l’épuration récente de la N.D.J. ne faisaient que jeter le désarroi et la confusion dans les esprits. Elle me signale qu’une structure alternative a été construite à la manière d’un “second échelon” et que ce second échelon aurait bien besoin de mes compétences.
J’entendais tout de même respecter mon serment de rester fidèle à la structure de départ, sans doute parce que je suis naïf et candide comme Tintin, ou du moins que je l’étais encore à l’époque, où je n’avais que 35 ans. De toutes les façons, il fallait que je montre à autrui, amis comme adversaires, une bonne cohérence dans mes engagements, faute de quoi j’aurais eu l’air ridicule. Mais je ne contestais pas la nécessité de corriger le tir, vu que l’association, qui avait pourtant connu une renaissance entre 1989 et début 1991, repartait de plus belle en quenouille, sous la fausse direction d’une parfaite marionnette comme Xavier Marchand, nouveau “Secrétaire général” et, par là, successeur de Sincyr. Des paroles de la jeune dame du Périgord, je retenais donc avec satisfaction qu’il existait un “second échelon” capable, éventuellement, de mieux fonctionner, composé d’hommes et de femmes formés au G.R.E.C.E. des temps héroïques, peu enclins à varier selon les humeurs et les dernières lectures ou propos commensaux d’Alain de Benoist. Marchand avait cependant surpris mes conversations avec la militante périgourdine et répéré une de nos escapades en Mini Morris vers le bureau de poste de Ventabren, afin de pouvoir causer à la terrasse d’un bistrot local sans craindre les oreilles indiscrètes. Aussitôt Marchand m’a soupçonné (et son patron avec lui) de faire partie du “second échelon”. Plus tard, à Paris, Marchand, la mine coléreuse, m’apostrophe en me parlant de ce “second échelon”: je fais le bête parce que je n’en sais finalement pas grand’chose, la militante périgourdine ayant été très vague comme il se doit; Marchand enchaîne, me décrit parfaitement ce que cette structure encore inconnue représente en réalité et me déclare tout de go que ce “second échelon”, véritable incarnation du mal pour de Benoist, dispose désormais de plus de militants et de fonds que son propre G.R.E.C.E.! Ce n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd! Quelques semaines plus tard, une voix venue du “second échelon” me précise au téléphone qu’une fidélité au G.R.E.C.E. n’est pas incompatible avec une participation discrète aux séminaires du “second échelon”. Je participe à l’un d’eux et c’est là que je revois Sincyr qui me dit être l’un des principaux hommes-orchestre de ce “second échelon” et que son intention avait toujours été de poursuivre le combat métapolitique qu’il avait promis de mener, comme moi, quand il était au G.R.E.C.E.: la déréliction dans lequel celui-ci était plongé empêchait tout un chacun de travailler de manière cohérente à une oeuvre métapolitique donc de respecter son serment.
Ce n’est qu’après le colloque du G.R.E.C.E. de décembre 1992 que je romps définitivement avec le petit club gravitant autour d’Alain de Benoist, qui avait mené tout au long de l’année, sous la houlette de Marchand et à l’instigation de Benoist himself, de véritables cabales contre ma personne, notamment parce que je collaborais à la revue de Michel Schneider “Nationalisme & République” et, bien sûr, parce que j’étais désormais considéré comme une “taupe” du “second échelon”. C’était peut-être amusant de démonter les intrigues à deux sous de ce jeune sot de Marchand mais les plus courtes étant les meilleures, cela devenait fatigant à la longue, d’autant plus que le seul garçon chaleureux et jovial de la bande, Arnaud Hautbois, venait d’être viré sous des prétextes futiles, poursuivi par la haine de son concurrent, Arnaud Guyot-Jeannin, qui ne rêvait que d’une chose: prendre sa place, remplacer sa truculence et sa jovialité par un guénonisme de Prisunic. Cependant, dans mes conversations avec Sincyr, j’avais bien précisé que notre combat métapolitique devait être public et surtout visible, au nom de la notion de “visibilité” que préconisait Carl Schmitt, sans doute inspiré, catholique rhénan qu’il était, par le verset évangélique qui dit que l’on ne peut cacher un luminaire sous un boisseau.
Sortir le luminaire du boisseau
L’occasion de sortir le luminaire du boisseau se présente en janvier 1993. Après avoir entendu les arguments des uns et des autres suite à mon départ définitif du G.R.E.C.E., j’ai fini par estimer, avec Christiane Pigacé et Thierry Mudry, qui collaboraient tous deux à “Nationalisme & République” comme moi, que les rencontres provençales d’été devaient être maintenues et entretenues sans les vaudevilles organisés par Rollet (qui faisait dans le burlesque) et de Benoist (qui avait fait dans le fouquier-tinvillisme de carnaval). Grâce à Philippe Danon, ancien cadre d’Alcatel, ami des Mudry, nous avons pu disposer d’un gîte rural de haute qualité en Provence. Sincyr était enthousiasmé: il voulait lui aussi sortir le luminaire du boisseau et nous lui offrions là une occasion rêvée, un projet cohérent et bien étayé. Il crée alors la F.A.C.E. (“Fédération des Activités Communautaires en Europe”), structure formelle qui sort partiellement le “second échelon” de l’informalité et du silence. Ce sera donc la F.A.C.E. qui organisera les deux premières universités d’été provençales (1993-1994), organisées sous la quadruple houlette de Christiane Pigacé, Thierry Mudry, Alessandra Colla et moi-même et sous le patronnage de Julien Freund. Plusieurs associations, groupes d’amis, structures modestes et informelles avaient mis leurs efforts en commun grâce à l’appui de Sincyr. Cette première université d’été fut donc un succès. Inespéré au départ!
Au printemps 1994, nous décidons, à Munkzwalm en Flandre orientale, de mettre sur pied “Synergies Européennes”, dont Sincyr sera le premier Président européen. Ce fut une aventure formidable qui durera une bonne dizaine d’années et qui ressuscitera en 2007 sous la forme d’un blog, alimenté chaque jour par des articles de fonds ou des vidéos, désormais connu sur la planète entière. En 1995, l’Université d’été connait un nouveau succès remarquable, alors qu’en 1994 elle avait été moins fréquentée. A partir de 1996, elle se tient en Italie, d’abord à Madesimo près du Splügenpass, très haut dans la montagne, où Sincyr et moi partagions une chambre dont la fenêtre offrait une vue imprenable sur la vallée. En 1997, elle se tiendra à Varese. En 1998 dans le Trentin. Plus tard, elles se tiendront à Pérouse et à Gropello di Gavirate, sur les bords du Lac de Varese, avec vue sur le Monte Rosa (ou Lyskamm) dont Julius Evola avait escaladé la face nord. Ensuite, de 2001 à 2003, elles se tiendront en Allemagne, à Vlotho im Wesergebirge. Entre les universités d’été, de nombreux séminaires s’organiseront en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Autriche, au Portugal, etc. Comment ne pas se souvenir de notre voyage commun à Lisbonne, début novembre 1993, où nous devions inaugurer une antenne? Comment oublier ce passage au Cabo da Roc, point le plus occidental du continent européen, où nous avons grelotté sous un vent très froid venu du grand large?
1998: année fatidique
Rétrospectivement, je regrette que l’année 1998 ait provoqué notre rupture pour des raisons finalement indépendantes de nos volontés. Je vais m’expliquer. D’abord la fusion fin 1997 entre la D.E.S.G. (“Deutsch-Europäische StudienGesellschaft”) de Hambourg et “Synergies Européennes” donne un poids plus lourd au pôle allemand et, par ricochet, au nouveau Président de “Synergies Européennes-France”, le Professeur Jean-Paul Allard, brillant germaniste, qui prend la parole au Château de Sababurg en Hesse lors de la journée d’étude, organisée pour sanctionner la fusion entre les deux associations, journée mémorable appuyée par la présence du Croate Tomislav Sunic et d’une forte délégation autrichienne. Allard et moi estimions que nos activités ne pouvaient opérer un retour en arrière, c’est-à-dire servir de prélude à une réconciliation hypothétique avec le G.R.E.C.E., sur base d’un travail assidu dont nous aurions dû donner le meilleur exemple et impulser de la sorte une dynamique entraînante. Sincyr avait toujours cultivé l’illusion qu’une telle réconciliation “pan-néo-droitiste” lui aurait permis de demeurer fidèle à tous ses serments de combattant métapolitique et de voir l’avènement d’un mouvement plus vaste, regroupant dans l’unanimité tous ceux et celles qui partageaient nos valeurs. Allard lui avait démontré l’impossibilité d’une telle réconciliation, vu les intrigues permanentes de Benoist et d’autres personnages peu reluisants, et ce fut là l’objet majeur de leurs conversations dans les avions qui les avaient menés de Lyon à Hanovre et retour. Allard ne percevait pas l’utilité non plus de revenir au “repli” qui avait permis l’éclosion du “second échelon”. Sincyr, qui n’était pas a priori germanophile (bonne chose car il faut se méfier des dérives saugrenues de bon nombre de Français germanophiles qui ne parlent pas l’allemand), qui avait simplement conservé une admiration sincère pour des légionnaires allemands sacrifiés en Algérie à ses côtés, s’est-il méfié de cet apport germanique prestigieux qui aurait pu déplaire à certains de ses amis, peu soucieux, à juste titre, de singer des germanophiles infréquentables de la place de Paris ou d’ailleurs dans l’Hexagone? On peut émettre l’hypothèse. Mais la D.E.S.G., fondée en 1964, a toujours été d’un européisme positif et n’a jamais basculé dans un nationalisme anti-démocratique et hystérique. Elle était le meilleur interlocuteur dont on pouvait rêver en Allemagne. Il suffit de consulter la collection des cahiers “Junges Forum” qu’elle éditait.
Malgré les succès des séminaires de “S.E.-Ile-de-France” sur l’Allemagne et sur la Russie, Sincyr sera déçu par la faible affluence lors d’un troisième séminaire parisien sur le thème de “Littérature et rebellion” où Marc Laudelout, du “Bulletin célinien”, et Nicole Debie, célinienne historique, avaient pris la parole aux côtés du philosophe futuriste et heideggerien Jean-Marc Vivenza. Le sentiment d’être supplanté par Allard qui, de surcroît, partageait ma politique de “visibiliser et de pérenniser la rupture”, et la déception suite au séminaire parisien si peu fréquenté du printemps 1998 sont, à mes yeux, les deux raisons majeures qui vont conduire Sincyr à désespérer de notre propre création, lancée au début des années 90. J’aurais aimé avoir avec lui une conversation rétrospective sur cette année 1998, où il semble avoir perdu espoir, alors même que des horizons nouveaux s’ouvraient à nous, notamment grâce aux contacts pris lors de la journée d’hommage à Julius Evola, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance. Cette journée avait rassemblé à Vienne, dans les locaux de la “Burschenschaft Olympia”, des amis venus d’horizons divers, d’Italie, de Hongrie, d’Allemagne, d’Autriche, de Grande-Bretagne, de Suisse et de Belgique. Les questions que j’aurais voulu poser à Sincyr sur ses réticences de 1998 demeureront pour toujours sans réponse et je le regrette vivement. Comme je regrette qu’une maladie foudroyante ait mis un terme prématuré à la carrière du Prof. Jean-Paul Allard, qui n’a plus pu exercer ses fonctions de Président de “Synergies Européennes-France”.
Nos contradictions
Le décès de Gilbert Sincyr le 6 février 2014, et l’hommage qui lui est dû pour sa fidélité constante et inébranlable au combat métapolitique, ne doit pas nous amener à nous voiler la face. Il y avait entre lui et moi des contradictions accumulées —qui ont atteint en 1998 une intensité difficilement gérable— et les dévoiler dans cet hommage n’a pour but que de servir l’histoire authentique (et non trafiquée) de nos initiatives (dont certains ont déjà la nostalgie, à commencer par moi-même) et, plus essentiellement encore, de montrer des ambigüités qui ne doivent plus jamais se répéter; elles doivent plutôt servir à éclairer ceux qui, jeunes et ardents, s’engagent, aujourd’hui, dans un combat métapolitique, quel qu’il soit mais dont les modèles auront peut-être été les nôtres, parmi de nombreux modèles possibles. L’année 1998 a sanctionné la rupture entre Sincyr et moi; elle reposait sur trois faisceaux de motifs: 1) la définition du paganisme; 2) les ambigüités dans l’attitude à adopter vis-à-vis du G.R.E.C.E. et 3) l’attitude qui consiste à écouter ou à ne pas écouter les sirènes séductrices de tiers mal intentionnés ou de pseudo-camarades trop timorés, en l’occurrence ceux qui se présentent comme amis mais veulent la disparition de votre structure, parce qu’elle est perçue comme concurrente ou comme dangereuse (pour leur confort personnel ou leur quiétisme paresseux). Précisons ces trois points. 1) Sincyr cultivait une vision naïve du paganisme qui, à mon humble avis, risquait de discréditer le mouvement si elle s’exprimait de manière trop visible. Pour moi, pour Vivenza ou pour Allard, le “paganisme” était un retour aux Grecs, aux racines classiques de notre culture européenne, par le biais de la philosophie contemporaine, notamment Heidegger. Nous étions conscients également de la nécessité d’une liturgie basée sur le rythme des saisons, comme l’avait préconisé David Herbert Lawrence (**) dans son petit livre intitulé “Apocalypse” ou sur la nécessité de renouer avec les idées religieuses rénovatrices de l’époque qui avait immédiatement précédé la “révolution conservatrice” (***). Mais qui dit liturgie ne doit pas nécessairement s’ingénier à inventer de nouveaux rituels, détachés de tout contexte, qui peuvent trop aisément s’assimiler à de la parodie. Ces nouveaux rituels et ces quelques ornements ou objets pseudo-sacerdotaux, auxquels Sincyr tenait beaucoup, expliquent notamment l’attitude dubitative de nos amis espagnols et, par voie de conséquence, l’enlisement de S.E. en Espagne.
Ensuite, 2) il y avait l’ambigüité que cultivait Gilbert Sincyr face au G.R.E.C.E., auquel comme moi, il avait prêté serment. Mais un serment à mes yeux crée une “Eidgenossenschaft” qui doit impérativement fonctionner dans les deux sens. Au G.R.E.C.E., après les départs de Marceau et de Cariou, les valeurs —qui devraient nécessairement structurer toute “communauté du serment”— ont été systématiquement piétinées par de Benoist, être incapable de s’aligner sur des vertus fortes et admirables comme la fidélité et incapable aussi de percevoir la sacralité que revêt tout serment, en dépit des pensums qu’il a gribouillés à tours de bras, au début de sa carrière, sur la fidélité des anciens Germains ou autres ancêtres réels ou imaginaires. Aucune société alternative, contestatrice d’un quelconque ordre établi, ne peut cependant fonctionner sans de telles vertus et sans hommes capables de les incarner. Une société alternative n’est pas un parti politique en place, bien établi, où ce genre d’intrigues est monnaie courante, comme nous l’apprennent les actualités, chaque jour qui passe. J’étais donc partisan de bien visibiliser la rupture entre S.E. et le G.R.E.C.E., en la soulignant, dans chaque numéro de nos revues, au détour de quelques phrases sarcastiques ou moqueuses, de manière à ne jamais être assimilé au pandémonium greciste, à ne jamais avaliser les évictions iniques qui avaient marqué l’histoire trouble du mouvement, surtout dans les années 80. Sincyr, plus âgé et certainement d’un tempérament plus conciliateur que moi, voulait “oublier” ces dérapages qu’il jugeait certes navrants mais non rédhibitoires pour façonner un (très) hypothétique futur néo-droitiste unanimiste et consensuel. Personnellement, j’estimais que ce “modus operandi” greciste et benoistien, tissé d’intrigues glauques et d’évictions iniques, était indéracinable et, par voie de conséquence, les “oublier” revenait à s’y exposer une nouvelle fois, ultérieurement, avec le risque de faire capoter de bonnes initiatives où de Benoist n’aurait pas été la seule, l’unique, l’incontournable vedette et surtout, où il n’aurait pas pu bénéficier de toutes les ressources de la caisse. Gommer le passé, l’oublier, est un stratagème de “Big Brother” dans le “1984” d’Orwell: notre option nous mène à percevoir l’histoire telle qu’elle est, sans tenir compte des travestissements imposés par le “Parti” ou par “Big Brother” ou par une quelconque instance censurante. Ce doit être vrai pour l’histoire des peuples comme pour l’histoire des structures où nous avons été actifs. Point à la ligne. Pas question de transiger sur ce principe.
Sincyr n’aimait pas mes petits “poulets”, mes allusions, mes sarcasmes, dont je ponctuais parfois la longue rubrique des “activités communautaires en Europe” qui paraissait dans presque chaque numéro de “Nouvelles de Synergies européennes”. Il estimait que c’était des “attaques personnelles”. Je rétorquais que mes “attaques” étaient bien moins perverses, n’étaient pas aussi vicieuses que les tentatives permanentes de dénigrer nos activités, de faire pression sur les personnes qui nous louaient ou nous prêtaient salles et locaux, nous accordaient leur patronage, participaient à nos activités comme orateurs. Qui plus est, je faisais remarquer à Sincyr, qui, au nom de son unanimisme consensuel, ne me croyait pas, ne voulait pas me croire, que toutes ces attaques venues de Paris le prenaient aussi grossièrement pour cible, le traitaient de “beauf” et de “boeuf”, tandis que moi, évidemment, j’étais le “Grand Satan”, le “Belge” (Benoist étant sur ce chapitre le meilleur disciple de Coluche, tant et si bien qu’on pourrait, en ce qui nous concerne, lui ôter le label de “ND”, qu’il n’aime pas, sans doute à juste titre, pour le remplacer par “NC” ou “Nouveau Coluchisme”, ce qui le ferait culbuter dans les rangs d’une certaine gauche, le lavant ainsi, enfn, de tout soupçon d’infâmie...). Dans une lettre de novembre 1998, je dressais à Sincyr la liste quasi complète des pressions exercées par le G.R.E.C.E. ou ses séides contre nos initiatives, dont une des dernières en date avait été de téléphoner au propriétaire d’un château en Lorraine, qui nous avait prêté une salle pour tenir un colloque géopolitique où deux “bêtes noires” de de Benoist prenaient la parole: le politologue Alexandre Del Valle et moi-même. C’est malheureusement par cette lettre de novembre 1998 que nos relations se sont terminées, du moins provisoirement jusqu’en octobre 2012: Sincyr avait achevé son quinquennat de président et son poste était passé à Alessandra Colla de Milan. Il ne voulait apparemment plus tenir un rôle dans un espace “néo-droitiste” français (ou assimilable), déchiré par ce qu’il percevait comme une “guerre civile”. Pour moi, il fallait garder raison et oeuvrer dans un espace propre et assaini, débarrassé d’intrigues ineptes, pour exprimer sans détours des vérités politiques, métapolitiques, culturelles, philosophiques, toutes pertinentes “hic et nunc”, sans devoir me référer et me soumettre à des cercles de vieux copains, certes fidèles les uns aux autres, ce qui est bien, mais incapables d’accepter de nouvelles fidélités, des combattants plus jeunes et surtout de les conserver dans leurs rangs. Attitude négative et incongrue que l’on ne peut évidemment reprocher à Sincyr, qui a tout fait, dans la mesure de ses moyens, pour échapper à ce type d’impasses dans le réseau associatif néo-droitiste. Ensuite, pour moi, pas question d’exporter dans toute l’Europe les querelles suscitées par les atermoiements, les jalousies, les ressentiments, les intrigues et les caprices de de Benoist. Dans ma lettre de novembre 1998, j’exprimais mon point de vue à Sincyr en lui expliquant que sa fidélité au seul “camp” (mot dont je contestais l’usage!) de la ND historique le faisait chavirer dans une forme de recrutement endogame, conduisant forcément à un ressac permanent voir à la sclérose et à la dégénérescence, alors que le but de toute manoeuvre de recrutement est de pratiquer l’exogamie pour pouvoir disposer en permanence de ressources humaines neuves et combattives. “Synergies européennes” ne pouvant en aucun cas devenir une “gérontocratie”.
“Grand Nuisible” et “bathyscaphistes”
Enfin, 3) Sincyr a trop écouté les voix de ceux qui nous dénigraient en jouant sur sa fibre consensuelle, expression d’une naïveté admirable car, en effet, il vaut mieux être un naïf qu’un intrigant: c’est plus propre, c’est plus sain, c’est plus honorable. Parmi ces voix, il y avait évidemment le “Grand Nuisible” habituel qui promettait à Sincyr, sans avoir la moindre intention de tenir ses promesses, de lui donner de nouvelles responsabilités dans une structure fusionnée, unanime et enfin consensuelle, à la condition bien sûr que le “Grand Méchant” pondeur de poulets sarcastiques, c’est-à-dire moi, l’adepte de la “thérapie du miroir”, soit éliminé de la danse. Je ne pense pas que Sincyr ait vraiment cru à ces promesses mais il a peut-être pensé, oui, que j’étais un élément perturbateur dans la classe et qu’il fallait m’isoler pour que je ne trouble plus le consensus qui allait revenir très bientôt, allelouïa, d’autant plus que 1998 a été l’année du retour de Guillaume Faye dans l’espace métapolitique néo-droitiste (ou assimilé, Faye n’ayant pas la manie des étiquettes). Gilbert Sincyr a certainement été l’un de ceux qui avaient espéré le plus ardemment ce retour. Faye débarque à Bruxelles à la fin de l’hiver 97-98 et m’annonce, dans une ambiance de liesse aux tables de la taverne “Le Cent Histoires”, qu’il reprend le combat et que de nouveaux livres sont prêts à être mis sous presse. Il accepte de participer à notre Université d’été du Trentin, à la grande joie de nos correspondants allemands de l’ex-D.E.S.G., devenue “Synergon-Deutschland”, et de Tomislav Sunic, tous présents à Bruxelles, le jour du retour de Faye. Champetier interviewe le “fils prodigue” de la ND historique pour “Eléments”. Sincyr aurait dès lors pu croire à une fusion rapide grâce au retour de Faye. La clique autour de de Benoist, elle, a craint une alliance Faye/Synergies qu’elle aurait difficilement pu contenir. Je ne saurais malheureusement jamais comment Sincyr a perçu ce remaniement dans le paysage associatif néo-droitiste, nouvelle donne qui n’existait pas au moment où il construisait patiemment son “second échelon” et participait aux activités publiques et visibles de la F.A.C.E. et de “Synergies européennes”. Le retour de Faye, mes positions intransigeantes pour préserver l’autonomie de S.E., comme Jean van der Taelen et moi avions préservé l’autonomie d’E.R.O.E. à Bruxelles, la rage irrationnelle et délirante d’Alain de Benoist à vouloir briser toute autonomie soustraite à son contrôle erratique et capricieux avaient désespéré Sincyr. Il jette l’éponge. Il ne reviendra pas au G.R.E.C.E. D’autres amis, trouillards, lui disent —et il m’avait rapporté leurs paroles— qu’il faut procéder à une “immersion profonde”, soit se soustraire à toute visibilité. A Bruxelles, moqueurs, nous les appellions les “sous-mariniers” ou les “Commandants Cousteau” ou les “bathyscaphistes”, ou encore les “scaphandriers cyclistes”, le langage coloré étant notre marque favorite, zwanze et gouaille obligent.
Du silence à l’écologisme pratique et localiste
Sincyr restera silencieux pendant la guerre de Yougoslavie en 1999, où Laurent Ozon déploie son mouvement “Non à la guerre”, avec l’énergie qu’on lui a toujours connue. Il ne dira mot non plus lors de la cabale menée par de Benoist et Champetier contre Faye en 2000, où ces deux brillants sujets dénoncent leur ancien ami —qu’ils avaient pourtant interviewé pour “Eléments” en 1998— dans la presse italienne et envoient des communiqués condamnant ses positions à une liste impressionnante de journalistes du “Monde”, de “Libération” et du “Nouvel Observateur”, dans le fol espoir d’apparaître comme de braves nouveaux gauchistes soft face à un méchant Faye hard pourfendant les idéologies et les lubies dominantes, au risque de se faire crosser par un jugeaillon parisien (ce qui fut fait...). Champetier, maladroit, envoie ce courriel avec les adresses lisibles par tous, parce qu’envoyées en mode “CC” et non “CCI”. Par cette maladresse informatique, il tombe le masque, et fait tomber celui de son chef, mais il est à son tour évincé fin 2000. Sa servilité et sa veulerie n’ont servi à rien. Son commanditaire était plus veule que lui, et surtout plus retors, et n’avait cure de cette fidélité que son féal disciple avait toujours montrée sans faiblir jusqu’à participer à une délation particulièrement sordide mais qu’il croyait juste de commettre pour assurer le triomphe de son vil Maître, pour les siècles des siècles, et où il aurait reçu un petit morceau de sa gloire, une portion congrue et, sans doute, une entrée dans les dictionnaires de noms propres. La série noire des évictions a donc continué... Ce comportement suscite alors la réaction d’un “Cercle Gibelin” qui lance sur la grande toile des “manifestes dextristes” en préconisant, comme le voulait d’ailleurs Sincyr au départ, une réconciliation des pôles de la ND (G.R.E.C.E., T&P et S.E.), sous les auspices d’une personnalité non contestée (Mabire ou Venner). Sincyr n’intervient pas dans le débat. Je ne saurais jamais ce qu’a pensé Sincyr de tous ces soubresauts de l’année 2000.
A partir de décembre 1998, Gilbert Sincyr n’opte pourtant pas pour un retrait total, pour la stratégie étonnante que préconisaient les “bathyscaphistes” de ses amis. Il était un amoureux de la nature. Il admirait Paul-Emile Victor et le Commandant Cousteau. Il avait été séduit, au début de l’aventure de “Synergies européennes” par les travaux de Laurent Ozon et par la revue de son équipe, “Le Recours aux Forêts”, surtout par les deux numéros exceptionnels sur l’urbanisme et la “bonne alimentation” que l’écologiste le plus original de France avait publiés suite à son passage chez les Verts d’Antoine Waechter et à sa lecture méticuleuse des théories d’Edward Goldsmith. Gilbert Sincyr va donc s’occuper d’écologie dans un mouvement local qu’il baptise “D’abord Vert”, actif surtout dans la périphérie toulousaine. On verra alors Sincyr renouer avec son passé écologiste, avec l’admiration qu’il vouait à Paul-Emile Victor, en inaugurant des marchés de Noël, des foires aux produits régionaux, en plantant des arbres avec les enfants des écoles. Sincyr était devenu un “localiste” très actif dès le début de la première décennie du 21ème siècle. Nos chemins étaient séparés: pour moi, les années 2002 et 2003 ont été très difficiles, vu que le Ministère de la Justice, sous la brillante gestion d’une ministresse aussi incompétente que prétentieuse, ne payait plus ses experts, vu que la Région bruxelloise ne payait plus les bureaux d’architecture qui me confiaient des travaux, j’ai dû faire le gros dos, laisser passer l’orage et, en décembre 2003, j’apprends que ma mère est atteinte d’un mal incurable, que son grand âge (89 ans) va permettre de ralentir, toutefois après une opération très meurtrissante et un recul général de ses facultés mentales. Fils unique, elle est dès lors à ma seule charge. Je la maintiendrai chez elle, en ses foyers, jusqu’en février 2008, alors que les médicastres et les Diafoirus de l’hôpital Saint-Jean voulaient l’enfermer dans un “mouroir”. Elle rendra l’âme en décembre 2011. Les revues “Nouvelles de Synergies européennes” et “Au fil de l’épée”, émanations de “Synergies européennes” et créées sous les auspices de Sincyr, paraissent jusqu’en 2002 et 2004, année où je rencontre Ana, ma deuxième femme flanquée de son petit chien “Gamin”, avec qui j’ai entamé une nouvelle série de voyages à travers l’Europe. A partir de janvier 2007, nous lançons à Bruxelles, le blog http://euro-synergies.hautetfort.com qui sera suivi plus tard par http://vouloir.hautetfort.com et http://archieveseroe.eu , animés tous deux par une équipe parisienne. La dynamique était relancée et je ré-amorçais en Europe mes tournées de conférence, en bénéficiant finalement d’une logistique mise en place dans les années 90 par “Synergies européennes” et appuyée cette fois par la notoriété qu’a acquise le blog au fil de ces sept dernières années. Eh oui, le petit Belzébuth de Bruxelles n’est pas mort malgré les trente ans de guerre qu’on a menées contre lui. Espiègle à l’instar d’Uilenspiegel, il continuera à adresser ses pieds-de-nez aux sots qui se prennent pour des phares de l’humanité.
Des Mérovingiens aux Pippinides
Fin de la première décennie du 21ème siècle, Gilbert Sincyr, lui, se lance dans la rédaction de plusieurs ouvrages: sur le paganisme, son violon d’Ingres, où il recevra, prix de consolation, une maigre préface d’Alain de Benoist, mais aussi et surtout sur une période de l’histoire européenne et gauloise-française finalement peu connue et négligée par notre mouvement de pensée: la période qui va de la disparition de l’Empire romain, avec Aetius, à l’émergence de la Gaule mérovingienne et à la réaction austrasienne face aux rezzous maures venus d’Espagne occupée. Philippe Randa aura la bonne idée d’éditer tous ces ouvrages historiques de Gilbert Sincyr et, ainsi, d’occuper un créneau vide dans l’historiographie néo-droitiste. Créneau qu’il s’agit encore de compléter d’apports nouveaux. Sincyr a ouvert la voie, modestement: à ses successeurs, d’où qu’ils viennent, de poursuivre sur la sente qu’il a commencé à tailler pour nous tous. Nous participons ensuite tous les deux à un ouvrage collectif, “Force et Honneur”, sur les grandes batailles qui ont marqué l’histoire européenne, mais sans nous rencontrer.
Ce fut un deuil qui nous a permis de renouer nos relations rompues en 1998. Je possédais l’adresse électronique de Sincyr mais ne lui envoyais rien car il ne m’avait rien demandé. J’apprends en octobre 2012 le décès du politologue italien Mariantoni, qui avait participé à quelques-unes de nos universités d’été. Ce spécialiste du Proche et du Moyen Orient vivait en Suisse et était l’un de nos fidèles. J’envoie le faire-part à Sincyr qui me répond, le 24 octobre 2012: “La mort de Mariantoni est une grande perte. Son combat restera pour nous un exemple”. Phrase simple qui exprime une gratitude sincère. Ensuite Sincyr se réconcilie avec moi, en une seule phrase concise, et termine son courriel par la formule, très importante à ses yeux, “Que les Dieux te soient propices!”. Le 12 novembre 2012, il me transmet des nouvelles d’un ami toulousain. Le 21 janvier 2013, il écrit, tristement, suite à l’envoi de mon hommage à Yves Debay, camarade d’école, tombé en Syrie, à Alep, dans le cadre de son métier de reporter de guerre: “Les rangs de nos amis s’éclaircissent”. Le 22 mars 2013, il me remercie de lui avoir envoyé le texte d’une de mes allocutions à Nancy, sur la notion de “patrie charnelle”, qui lui tenait fort à coeur. Le 24 avril, je lui écris pour lui dire que je ne pourrai pas être présent à Paris pour le lancement de l’un de ses livres. Il me répond: “C’est dommage que tu ne puisses pas venir, cela aurait fait une occasion de nous revoir”. Et sûrement de remettre beaucoup de choses sur le tapis. Je n’ai jamais revu Gilbert Sincyr. Je me promettais de le revoir à Toulouse en août 2014, lors de mon retour annuel d’Espagne. La Camarde en a décidé autrement. Adieu donc, camarade, mais sans toi, l’histoire de notre aventure commune, celle de “Synergies européennes”, demeurera toujours incomplète. Je vais écouter les “Oies sauvages” et le “J’avais un camarade”, que tu as dû murmurer en Algérie, face aux corps sans vie de quelques-uns de tes camarades de combat et de ces légionnaires allemands et européens que tu as un jour évoqués dans une conversation. Je sais que cela te fera un immense plaisir car tu es allé les rejoindre. Ne t’inquiète pas: nous te rejoindrons tous, quand nos heures seront venues. En attendant, nous continuons le combat en pensant à la phrase finale de ton éditorial du n°2 de “Nouvelles de Synergies européennes” (juillet 1994): “On dit que la vie est un combat. Pour nous c’est une chance: nous aimons l’une et l’autre”.
Robert Steuckers.
Forest-Flotzenberg, 15 février 2014.
Notes:
(*) Cf. sur le site http://robertsteuckers.blogspot.com l’article “L’apport de Guillaume Faye à la Nouvelle Droite et petite histoire de son éviction” (qui a servi de préface à une nouvelle édition italienne de son livre “Le Système à tuer les peuples”) et l’entretien accordé à Pavel Tulaev, Président de “Synergies Européennes-Russie”, intitulé “Answers to Pavel Tulaev”, mis en ligne en février 2014.
(**) Cf. Robert Steuckers, “Le visionnaire Alfred Schuler (1865-1923), inspirateur du Cercle de Stefan George”, in Vouloir, n°8 (nouvelle série), automne 1996 (conférence prononcée à Madesimo, été 1996, Université d’été de “Synergies Européennes”; consultable aujourd’hui sur http://robertsteuckers.blogspot.com ) & Robert Steuckers, “Paganisme et philosophie de la vie chez Knut Hamsun et David Herbert Lawrence”, in Vouloir, n°10 (nouvelle série), printemps 1998 (conférence prononcée à Madesimo, été 1996, Université d’été de “Synergies Européennes”; consultable aujourd’hui sur http://robertsteuckers.blogspot.com ).
(***) Cf. Robert Steuckers, “Eugen Diederichs et le Cercle Sera”, in Vouloir, n°10 (nouvelle série), printemps 1998 (consultable sur: http://robertsteuckers.blogspot.com ).
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vendredi, 07 février 2014
Answers to the questions of Pavel Tulaev
In Brussels my grand-father became the helper of a baker and then could be hired by the army to replace a rich son of a bourgeois family, who had no lust to do his military service (at that time conscription was not yet compulsory in Belgium). He served for three years in the 2nd and 4th Lancers, an elite light cavalry regiment, in which he got the noble attitude in his daily gestures he kept till his last breath, almost 87 years old. With the money he got from the rich family to do military service instead of the son of the house, he could buy and take over the small business of a retired or passed away brewer and marry my grandmother in 1908, the very year one of his sisters migrated to the United States, to Indiana, to run a farm with her husband: they too had seven children. My mother’s parents started a trade in beers and lemonades, which lasted 80 years, being taken over by my uncles in 1953. My grand-parents’ youngest son retired in 1988. My grandfather was called up in August 1914 and participated in the First World War as a sergeant in the transport units behind the Yser Front in Flanders. He swallowed mustard gas (Yperite), suffered ten years long from the effects of this nasty chemical but could recover after a terrible pneumonia, due to lung complications, in 1928. Even if he could earn a good life by selling beers to pubs and private customers, he was the model of an ascetic, eating almost no meat, only oats with milk and eggs, together with rhubarb and prunes that he cultivated in his own garden. He wanted to remain thin to mount horses in case if… but he had no horse anymore. He bought motorcars and lorries that he was never able to drive himself: this was the task of his sons. He used to say: “Modern times are preposterous: they all need a motor under their bottom even for a distance less than 500 yards”. My grandmother was even more ascetic and left me one of her often quoted saying: “Clock hours (i. e. measured time) are for fools, the wise know their time” (‘t Uur is voor de zotten, de wijzen weten hun tijd”). In this sense, she was exactly in tune with the celebrated German writer Ernst Jünger, when he theorized his ideas about time.
The world of my youth was a world with only personal, friendly relationships never determined by contracts, only by pure genuine human and manly confidence, based on the given word you never withdraw. Books were important in this world, as Willy de Grunne had, among other tasks as a diplomat, to read books for Queen Elizabeth Wittelsbach, a Bavarian Duchess, who became Queen of the Belgians in 1909. Willy de Grunne was Grand Master of her House in the Thirties. Queen Elizabeth was, just as her whole Bavarian family in Munich, an excellent sponsor of arts, music and museums. We owe her the Egyptology Museum in Brussels and among many other things the world famous “Concours Reine Elizabeth”, promoting young talented musicians from all over the world. Many young Russian musicians participated in this prestigious competition. Besides, Queen Elizabeth has been (and still is) criticized for being of German origin and for having refused to boycott the USSR and China during the Cold war. She ended her life in the Fifties and the early Sixties by acquiring the then sulphurous reputation of a “Bolshevik Queen”. She died in 1965.
My next French teacher was Jacques Goyens, who is now retired of course and considered nowadays as a main French-speaking Belgian author. He introduced us to poetry (Rimbaud, Leconte de Lisle, Baudelaire, Verlaine,…) and to present-day literature. During springtime 1972, Jean-Paul Leyssens and I worked on Albert Camus and we stressed mainly his philosophical ideas, inspired by Nietzsche and written down in “L’homme révolté”. Goyens was disappointed because we had coined a portrait of Camus as a Nietzschean philosopher and therefore neglected his main contribution to the genuine French literature of the Fifties. But in the end I was happy to have learned about the philosophical dimension of Camus’ work and Goyens was perhaps thoroughly right as Camus is more important as a writer than as a philosopher, but what both parties forgot was the rather complex context in which Camus’ political views developed at the time when existentialism was fashion in Paris. In March 1973, Goyens took us away from school to visit an important exhibition at the Belgian Royal Museum of History and Archaeology: it was about the glorious medieval period of the so-called Rhine-Meuse civilization between the 9th and the 15th centuries. This region is indeed the cradle of the Western Imperial tradition, as the reaction against the Merovingian decay (our first “Smuta”) took place in the area between Meuse, Rhine and Mosel among the Pippinide clan of Charles the Hammer (Charles Martel) and as Charlemagne settled his main capital in the City of Aachen, from where a kind of Renaissance of Ancient thought took place long before the more widely known Italian Renaissance of the 15th Century. I was just seventeen then but the idea that our own imperial cradle was so near to my place fascinated me especially as my father’s family is from Flemish Limburg, an area close to this fertile and green cradle county. Jean Thiriart too liked to stress that his family originated from the Walloon part of this Rhine-Meuse area and that therefore the European idea was his own as the Carolingian Imperial idea had been the one of his ancestors.
All our readers agreed that our articles about Russia or Russian authors and our interviews of Russian personalities were of the uttermost importance. Strauss and Parvulesco received the magazines regularly. I had regular contacts with Parvulesco, who unfortunately died in November 2010 (cf. The category “Jean Parvulesco” on http://euro-synergies.hautetfort.com ), and I know that he always read attentively everything coming from Russia: one should not forget that Parvulesco was among the first thinkers in France who were aware of the dangers epitomized by Brzezinski’s strategic projects in Central Asia and elsewhere, be it along the “New Eurasian Silk Road” or in the Caucasian and Pontic areas. Articles like “La doctrine des espaces de désengagement intercontinental” and “De l’Atlantique au Pacifique” (and within this important geopolitical manifesto, the paragraphs under the subtitle “Zbigniew Brzezinski et la ligne politico-stratégique de la Chase Manhattan Bank” – Both texts can be read in “Cahier Jean Parvulesco”, Nouvelles Littératures Européennes, 1989).
The German “Neue Rechte”, as defined by Günter Bartsch, is a bio-humanist movement, opposed to technocracy in the widest sense of the word, has got a biological-medical view on man (on anthropology). This implies the rather well-known option for ethnopluralism, which, subsequently, implies an option for all kinds of “liberation nationalism”, within and outside Europe, and for a broad conceived “European Socialism”. The story of the French “nouvelle droite” is better known throughout the world due to the many essays or books written about it since more or less four decades but not so much has in fact been written about the link between, on one hand, the early G.R.E.C.E.-Groups and, on a second hand, Louis Pauwels, editor of the futurology and prospective journal “Planète”, the organized “Groupes Planète” throughout France’s regions, the specific interpretation of the May 1968 ideology of Herbert Marcuse that had been developed in the numerous essays of the magazine, the critical approach of Western materialism, the speculations of Arthur Koestler about biology (“The Ghost in the Machine”) and his attraction towards parapsychology, the influence of the Gurdjieff group on the all venture, the presence in the redaction team of the Belgian thinker Raymond De Becker with his particular interpretation of Jung’s psychoanalysis (and his past as a “crypto-fascist” activist in the Thirties and the Forties, afterwards fascinated by Jungian psychoanalysis during the seven years he spent in jail). Moreover, “Planète” was in a certain way “ethnopluralist” as it supported the Occitan revival in Southern French regions such as Provence and Languedoc. Purpose was of course to dismantle the materialistic and rationalist Jacobine French State. From my experience in the New Right groups, I consider as essential the following topics: the metapolitical way of working, the critical view on the Western world (developed in a special issue of “Nouvelle école” on America and a remarkable issue of “Eléments” on the “Western civilization”), the exploration of the German Conservative Revolution through thinkers like Spengler, Jünger, Moeller van den Bruck or Carl Schmitt.
Some years later Alain de Benoist interviewed for “Nouvelle école” the Nobel Prize Konrad Lorenz who had written well shaped didactical books to warn mankind of the dangers of a possible “lukewarm death” if the natural (and therefore biological) predispositions of Man as a living being were not taken into consideration by the political world or the Public Health Offices. Although he had the backing of a Nobel Prize winner and of the Oslo or Stockholm jury having granted Prof. Lorenz the Prize, de Benoist has till yet feared to resume the kind of research “Nouvelle école” had tried to start in the middle of the Seventies. The paralysing fear he felt in the deepest of his guts lead him to express all kind of denials and rejections that were in no case scientifically or factually established but were mere makeshift jobs typical of political journalists manipulating blueprints in order to deceive their audience.
I was the first in the New Right group to stress the importance of this new drift in European politics, as I was the only reader of Siegfried Bublies’ magazine “Wir selbst”, which was the main platform that had the real will to dispatch and popularize the new ideas. A summary of all the aspects of this important political drift at the very begin of the Eighties was published in the third issue of my magazine “Orientations” and Philippe Marceau, one of the most honest managers in the G.R.E.C.E.-team, invited me in June 1982 to hold a speech at the G.R.E.C.E. internal “Cercle Héraclite” to explain which were the fundamentals of the new German neutralist nationalism. It wasn’t easy to convince people, accustomed to NATO-ideology, to accept the new world view induced by the pacifist and neutralist movement in Germany and elsewhere in Europe.
Alain de Benoist observed our activities very distrustfully but most probably due to the influence of Armin Mohler, who had established guidelines for a genuine European foreign policy in his book “Von rechts gesehen” and said that we had to bet on the “rogue states” in order to free ourselves from American mental colonisation, he accepted our views gradually. The projects for a neutral Mitteleuropa became obsolete as soon as Gorbachev proclaimed his glasnost and perestroika. We were awaiting the peaceful and gradual passage of Eastern Europe and Russia to a more gentle form of socialism, crossed with populist (narodniki) and national bias, cultivating Slavonic roots. This was of course a mistake as nothing like that happened. From 1982 to about 1987, the French New Right remained in a kind of no-man’s-land. The best publication issued in the Eighties was undoubtedly a booklet of Guillaume Faye (85 pages), “L’Occident comme déclin” (“The West as Decay”). Keep in mind the difference with Spengler: Faye doesn’t talk in his book about the decay of Western civilisation but about the West as a decay producing negative force encompassing the whole world.
Jean Varenne, a benevolent and charming university teacher, whose relevant studies were financially supported by the UNESCO, left the movement without a single word in order to stress the deep contempt he felt. Third, Gilbert Sincyr, who replaced Cariou for a while, left the movement in order to prepare a hypothetical rebirth of it. Fourth, Faye left the movement, with the help of his now eternal chum Yann-Ber Tillenon, at the very beginning of 1987, writing to the members of GRECE a too gentle open letter, simply stating that the movement had reached its apex and that times had come to start something new. The second period in the history of the French New Right ended actually in a messy sewer in which Benoist revelled himself.
He invited me in June 1989 to talk about postmodernity, not in the usual way that prevailed in the end, i. e. the postmodern trend that leads downhill to more vulgar permissiveness and degenerated festivism (Philippe Muray), but in a way that had been suggested by the real and true old guru of the European New Right, who was Dr. Armin Mohler; he had read an excellent book on postmodernity, the only one I find worth reading on this topic even after so many years: Wolfgang Welsch’ “Unsere postmoderne Moderne” (“Our Postmodern Modernity”), published in 1988. In a didactical short essay in Caspar von Schrenck-Notzing’s magazine “Criticon”, Mohler delineated the reasons, our own reasons, to believe that postmodernity meant simultaneously the end of the eudemonist Enlightenment’s projects and febrile political schemes that had lead Europe politically and biologically to decay. Postmodernity meant going beyond the modern general project, as many avant-garde artists like for instance the dadaists and surrealists as well as the new traditionalists (like Guénon and Evola) wanted to surpass modern times. Ten months later, Champetier organised a conference about futurism, to which he invited Jean-Marc Vivenza and late philosopher and alpinist Omar Vecchio (who died some ten years later climbing a high peak in the Himalayas). Champetier gave also a new punch to the good habit to organise Summer Courses, that had been abandoned in 1987 and 1988. He created a kind of substructure called “Nouvelle Droite Jeunesse” (NDJ or “New Right Youth”), which attracted some new people and launched a new dynamic.
Since the very day he heard about it, he started to hate me from the deepest corners of his nicotinized guts, like he most probably had hated in the same way many other guys before, as Locchi or Faye. The effects of this hatred was of course more funny than tragic. When I paid my monthly visits to Paris after the PUF incident, I could immediately notice a changing of attitude by Charles Champetier and by a newcomer, Arnaud Guyot-Jeannin (nicknamed “Jeannot Toto-Lapin”), a funny-looking Brylcreem guy, who hadn’t obviously benefited from a real school education and was permanently uttering slogans and blueprints in a Frenchy arrogant authoritarian sharp abrupt voice but with a good measure of anxious nervousness, that was impossible for him to conceal, and with trembling and soggy hands, all features which would have made of him a good character for a Louis de Funès’ film. Champetier and Toto-Lapin were friendly at the beginning but as their brainwashing was going on with huge portions of venomous gossip, they lost, the poor, all humour and, worst of all, smiles were wiped out from their young still adolescent faces. During the short meetings in Parisian cafés, I had the impression to meet angry taxmen or atrabilious inspectors of I don’t know what. I used to dispatch during such informal meetings the new issues of “Vouloir” or “Orientations”: these were certainly welcomed till begin 1991 but afterwards, they all sulked when I handed over the issues. I remember one day Champetier saying in a low disregarding voice, “again an article on geopolitics – geopolitics doesn’t exist…”. And I answered: “Well, my dear, you may of course say that politics, in the usual trivial sense of the word (and not “the political” in the sense coined by Carl Schmitt and Julien Freund), is irrelevant but if you say that “geo”, id est “Gaia”, the Greek goddess symbolizing our good old Earth, doesn’t exist, it would mean that you are in a permanent state of levitation, what I can observe in a certain way in your behaviour and read in your scriptures…”. Spoilt sour by his Master’s gossip as he had become, Champetier was upset by my ironical answer and started in his turn to cultivate a dark kind of Tshandala’s hatred and rancorous resentment against my poor naturally easy-going person. 
In this duty free customs office, Hatzenbichler used to buy his cigarettes every day. Due to the successes of the national-liberal party first lead by Jörg Haider and later by Hans-Christian Strache the Austrian scene became much more politicized than elsewhere in Western Europe. Most activities take place around the weekly paper “zur Zeit”, which was at the beginning an Austrian version of Stein’s “Junge Freiheit”. The magazine is now lead by Andreas Mölzer, an elected Member of the European Parliament. To be complete we also have to mention the excellent magazine “Neue Ordnung” published by Mag. Wolfgang Dvorak-Stocker, leader of the well-known publishing house “Stocker Verlag”. Due to the fact that Austria has been officially a neutral country since the Treaty of 1955, the views expressed by their publications are not Atlanticist but genuinely European and “neutral”, which could be a model for similar Western political parties. Till yet it has not been the case.
Rauti had volunteered in Mussolini’s Social Republican Army, was taken prisoner in Northern Italy after the German-Italian collapse in Spring 1945, almost escaped being shot by communist partisans when British paratroopers evacuated the Fascist prisoners, sent them subsequently to camps in French Northern Africa in order to select a good deal of them who could be eventually sent to Australia to be settled in the Western half desertified regions around the present-day town of Perth. Once liberated, Rauti and two friends, who didn’t want to settle in the hottest, driest and snakes infected regions of British Australia, reached Rome where they sang too loudly some patriotic songs in the streets, songs of the RSI that had of course be banned by the new government. They were sent for a couple of weeks to the Maria Coeli jail, where they found books of Julius Evola: the three fresh liberated RSI-Army comrades were immediately fascinated by the philosopher’s ideas and decided on the spot to pay a visit to him, once they would leave the Maria Coeli clink. When they rang the bell at Evola’s door along the Corso Vittorio Emmanuele, the Austrian servant told them that her master was still being cured in a hospital in Bologna, after a wall crumbled down and broke his spine during the siege of the Imperial City of Vienna by Soviet troops, making a cripple of the gallant former officer, alpinist and diplomat. They immediately rushed to Bologna and when they arrived, Evola had been sent back to his home in Rome. Finally they decided to resume political and metapolitical activities, a decision that lead, at least for Rauti to the foundation of the movement “Ordine Nuovo” in the Fifties (which was banned and sued by the Italian State) and later the weekly paper “Linea”. We received copies of “Linea” in Brussels and I could, as a very young man, observe that the cultural pages of the paper were indeed of the highest possible quality.
Tarchi belonged obviously to the Rauti’s branch of the so-called “Italian Social Movement” and decided first to develop more genuinely the satirical press of the movement and the metapolitical activities within its frames. By publishing the really “politically incorrect” satirical magazine “La Voce della fogna” (“The Sewer’s Voice”), Tarchi attracted the more radical activists. It was the “Sewer’s Voice” simply because the French artist and activist Jack Marchal created the famous comic figures of the
“Black Rats”, dwelling in sewers, after having imitated the Belgian anti-fascist cartoonist Raymond Macherot who created bad guys characters in the shape of angry rats, also dwelling in underground drains. Marchal’s “Black Rats” became a craze among “radical right” groups in the late Seventies and Tarchi adopted them and introduced these characters in his “Voce della fogna”, so that almost every staunch right-wing activist identified with the sinister and giggling “Black Rats” (a Swiss equivalent of “La Voce della fogna” was also published in Geneva under the title “Le Rat Noir”). But by starting his highly learned magazine for book reviews and philosophical comments, “Diorama letterario”, he attracted also the best intellectuals. “Diorama letterario” as well as “Trasgressioni” (with deep-thought essays) are still published in Italy nowadays. If there is a person incarnating “New Right” in its best form in Europe, it is undoubtedly Tarchi, as he is a genuine political scientist of high level, duly acknowledged by academic caucuses, whose studies are penetrating and extensive. More, Tarchi’s printed productions are the only ones in the New Right realm to appear regularly, just like Venner’s “Nouvelle revue d’histoire”. The Italian New Right, under the supervision of Tarchi, is a well-oiled machine: if the trains arrived on time in Mussolini’s Fascist State, publications are similarly issued in time in Tarchi’s own “New Right” preserve. The exact contrary of Prig Benoist’s and Vlanparterre’s erratic publishing policy in Paris.
Therefore, in the paranoid crazy logic of the sectarian Benoist’s fan club, I had to be punished: I won’t receive review copies of “Diorama letterario” and “Trasgressioni” anymore and my articles as well as all the ones that I translated from German or from Dutch wouldn’t be translated into Italian anymore; and I was also forbidden to translate Tarchi’s or Campi’s articles. Obeying like a good drilled mutt, the prick-and-boobs trash creams seller from Antwerp, about whom I’m going to talk next, did exactly the same but without writing a letter… The old Flemish dumbbellified wacko knew pretty well that I could have translated and published it with the best polished sarcastic comments. Campi and Tarchi were in fact shooting in their own feet: no one in the Benoist’s silly small club was ever able to translate their own texts and their Italian readers were from then on definitively bereft of articles from Germany or elsewhere and subsequently fed up like fattened up geese, whose fat liver is a real “délicatesse” (with onion jam!), with Benoist’s and Champetier’s abstruse productions, which are of course inedible. Of the considerable amount of reviews, articles and essays of Tarchi, only one short interview of him was taken over and printed in an issue of Benoist’s “Eléments” and that single poor miserable translation was made in a period of more than twenty years! That’s what happens when you recruit tinkers, umbrellas’ repairers, parrots’ breeders, Parisian slappers who wipe the stinking shit off their babies’ bottom at the back of the conference room while Benoist and Champetier are explaining their sophisticated strategies in front of the assembled members!
Tarchi was upset and scandalized to see me in casuals (i. e. a mustard-yellow T-shirt and linen trousers!) and with a water flask! He made me some disapproving remarks in a 19th Century schoolmaster’s tone, adding that I looked too “military”, because of the flask (which was nevertheless very “civilian”-looking) and because of the canvas and sack-cloth boots of sand colour. From then on, after having shortly observed the sweat-drenched white shirt and the ugly rumpled tie of our dear Italian professor and after having stated once more his poor derelict appearance of a weak puny little thing, who was unable to understand our Zarathustra’s desire to climb higher and higher, I got the conviction that some screws were loose in his professor’s skull and that he had definitively a monotonously buzzing bee in his bonnet. Since January 1993, I have never heard of him anymore. Poor chap! Reality for him is quite narrow, just reduced to library walls, and beautiful nature and landscapes are banned from his dreary existence. His lungs are only breathing books dust (according to some visitors, his books are among his toys and his childhood’s Mickey Mouse/Topolino dolls in his parents’ house, where he still lived in the early Nineties…) and not, for instance, the wonderful lavender smell of the Provençal countryside.
crush patriots or to forbid or limit the celebration of European festivals like Christmas or Carnival because this could offend people having one day come from all possible alien continents. Simultaneously the same politicians spend huge amount of the taxpayers’ money to stimulate the celebration of the most strange and weird festivals of foreign folks or to sponsor new ridiculous festivities among which you can include the well-known “Gay Prides” that Serbians and Russians loath in the name of Orthodox decency. Among all those who were active in the frame of the old New Right of the Eighties, Esparza didn’t become an “oikophobic” traitor like many others. Esparza wrote also books to criticize the domination of television in the Western way of life (“Informe sobre la televisión – El invento del Maligno”, Criterio Libros, Madrid, 2001). He participated also to collective initiatives aiming at destroying the persistent myths of the Spanish and international Left, that were born during the Spanish Civil War of 1936-1939 and are still conveyed by the present-day left, which they now call the “Zapaterismo”. In this respect, Esparza was the editor of “El libro negro de la izquierda española” (Chronica, Madrid, 2011; “The Black Book of the Spanish Left”). As a brilliant hispanist, you should take all those ideas and books into consideration if you want to develop an original Russian New Right. Esparza’s life is the true story of a metapolitical success.
Do you consider Alain de Benoist as belonging to the New Right or to the New Left? Explain your answer…
He simply longs for being on the stage again, the very stage from which he was expelled in December 1981 by the future winners in the metapolitical game. In this sense he is very naive as the kind of people now in power, and controlling tightly the media-ruled “soft power”, will never be ready to leave him even an extremely reduced room to express his views. It is for such a flimsy and unachievable ambition —being a mere pinch of soft mustard in the dreary meal boiled in the hotchpotched kitchen of the narrow-minded French media world— that he has betrayed many of his old friends like Guillaume Faye and that he refuses to discuss objectively the problems arousing from mass immigration and, subsequently, by a rampant islamization in big Cities (and as an odd-thought population demographical graft, a “chaotization” in large urban areas within the main states and civilizational realms considered since President Carter as mere “aliens audiences” areas, even if they are theoretically good “allies”).
I supposed that Benoist, who hated deeply all the people invited by Dugin and Prokhanov in September 1992, started to tell Dugin the worst possible things about myself and the others. In his paranoid eyes, the combined invitation was the evidence that a “Schneiderite-Steuckersite” plot was about to succeed with the sardonic blessing of Thiriart, whom Benoist loathed particularly, because the Belgian animator of the former “Young Europe” movement based in Brussels and his fellow-travelers like Bernard Garcet couldn’t stop mocking the “would-be intellectual and narcissistic Frenchie”, who has “frail, puny and unmuscular arms coming out of his shabby sleeves” and “who was permanently smoking like a chimney”. Thiriart unfortunately died some weeks after his visit to Moscow. But since then, probably due to Benoist’s gossip, I could meet Dugin only once, in 2005, when he came to Brussels and Antwerp to address two different meetings. Just after the Brussels’ meeting, held in the famous Coloma Castle, Dugin took a very light meal (as it was Lent time) and jumped on the train to Paris, as he had an appointment with Benoist. I’ve never heard of him anymore since then. Alain de Benoist surely pursued his usual dissolving job of chitchatting and splitting the movement, by setting the people of our own spiritual-intellectual community at loggerheads, as if he was duly paid to do so by some mysterious sponsors...
09:14 Publié dans Nouvelle Droite, Synergies européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pavel tulaev, giorgio locchi, armin mohler, alain de benoist, guillaume faye, jean thiriart, jean varenne, alexandre douguine, wolfgang strauss, jürgen hatzenbichler, dieter stein, marco tarchi, alessandro campi, josé javier esparza, jaime noguiera pinto, duarte branquino, pierre vial, jean-claude cariou, philippe nicolas bresnu, arnaud guyot-jeannin, charles champetier, pascal eysseric, georges hupin, michel schneider, carlo terracciano, jacques marlaud, xavier marchand, gilbert sincyr, thierry mudry, christiane pigacé, anatoly ivanov, casapr schrenck-notzing, gerd-klaus kaltenbrunner, jean parvulesco, pino rauti, louis pauwels, raymond bourgine, jean-claude valla, dominique venner, jean-marie simar, michael walker, michel marmin, marco battarra, robert steuckers, pavel toulaev, nouvelle droite, synergies européennes |
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lundi, 01 juillet 2013
Entretien avec Gilbert Sincyr

« Le Paganisme est une Vue du monde
basée sur un sens du sacré, qui rejette le fatalisme.
Il est fondé sur le sens de l’honneur
et de la responsabilité de l’Homme,
face aux évènements de la vie »
Entretien avec Gilbert Sincyr, auteur du livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe
Propos recueillis par Fabrice Dutilleul
Votre livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe est un succès. Pourtant ce thème peut paraître quelque peu « décalé » à notre époque.
Bien au contraire : si les églises se vident, ce n’est pas parce que l’homme a perdu le sens du sacré, c’est parce que l’Européen se sent mal à l’aise vis-à-vis d’une religion qui ne répond pas à sa sensibilité. L’Européen est un être qui aspire à la liberté et à la responsabilité. Or, lui répéter que son destin dépend du bon vouloir d’un Dieu étranger, que dès sa naissance il est marqué par le péché, et qu’il devra passer sa vie à demander le pardon de ses soi-disant fautes, n’est pas ce que l’on peut appeler être un adulte maître de son destin. Plus les populations sont évoluées, plus on constate leur rejet de l’approche monothéiste avec un Dieu responsable de tout ce qui est bon, mais jamais du mal ou de la souffrance, et devant qui il convient de se prosterner. Maintenant que l’Église n’a plus son pouvoir dominateur sur le peuple, on constate une évolution vers une aspiration à la liberté de l’esprit. C’est un chemin à rebours de la condamnation évangélique, originelle et perpétuelle.
Alors, qu’est-ce que le Paganisme ?
C'est d’abord un qualificatif choisi par l’Église pour désigner d’un mot l’ensemble des religions européennes, puisqu’à l’évidence elles reposaient sur des valeurs communes. C’est donc le terme qui englobe l’héritage spirituel et culturel des Indo-européens. Le Paganisme est une Vue du monde basée sur un sens du sacré, qui rejette le fatalisme. Il est fondé sur le sens de l’honneur et de la responsabilité de l’Homme, face aux évènements de la vie. Ce mental de combat s’est élaboré depuis le néolithique au fil de milliers d’années nous donnant une façon de penser, une attitude face au monde. Il est à l’opposé de l’assujettissement traditionnel moyen-oriental devant une force extérieure, la volonté divine, qui contrôle le destin de chacun. Ainsi donc, le Paganisme contient et exprime l’identité que se sont forgés les Européens, du néolithique à la révolution chrétienne.
Vous voulez donc remplacer un Dieu par plusieurs ?
Pas du tout. Les temps ne sont plus à l’adoration. Les Hommes ont acquit des connaissances qui les éloignent des peurs ancestrales. Personne n’a encore apporté la preuve incontestable qu’il existe, ou qu’il n’existe pas, une force « spirituelle » universelle. Des hommes à l’intelligence exceptionnelle, continuent à s’affronter sur ce sujet, et je crois que personne ne mettrait sa tête à couper, pour l’un ou l’autre de ces choix. Ce n’est donc pas ainsi que nous posons le problème.
Le Paganisme, qui est l’expression européenne d’une vue unitaire du monde, à l’opposé de la conception dualiste des monothéismes, est la réponse spécifique d’autres peuples aux mêmes questionnements. D’où les différences entre civilisations.
Quand il y a invasion et submersion d’une civilisation par une autre, on appelle cela une colonisation. C’est ce qui s’est passé en Europe, contrainte souvent par la terreur, à changer de religion (souvenons-nous de la chasse aux idoles et aux sorcières, des destructions des temples anciens, des tortures et bûchers, tout cela bien sûr au nom de l’amour). Quand il y a rejet de cette colonisation, dans un but de recherche identitaire, on appelle cela une libération, ou une « Reconquista », comme on l’a dit de l’Espagne lors du reflux des Arabes. Et nous en sommes là, sauf qu’il ne s’agit pas de reflux, mais d’abandon de valeurs étrangères au profit d’un retour de notre identité spirituelle.
Convertis par la force, les Européens se libèrent. « Chassez le naturel et il revient au galop », dit-on, et voilà que notre identité refoulée nous revient à nouveau. Non pas par un retour des anciens Dieux, forme d’expression d’une époque lointaine, mais comme un recours aux valeurs de liberté et de responsabilité qui étaient les nôtres, et que le Paganisme contient et exprime.
Débarrassés des miasmes du monothéisme totalitaire, les Européens retrouvent leur contact privilégié avec la nature. On reparle d’altérité plutôt que d’égalité, d’honneur plutôt que d’humilité, de responsabilité, de volonté, de défi, de diversité, d’identité, enfin de ce qui constitue notre héritage culturel, pourchassé, rejeté et condamné depuis deux mille ans.
S’agit-il alors d’une nouvelle guerre de religion ?
Pas du tout, évidemment. Les Européens doivent dépasser ce qui leur a été imposé et qui leur est étranger. Nous devons réunifier sacré et profane, c’est-à-dire réaffirmer que l’homme est un tout, que, de ce fait, il est le maître de son destin car il n’y a pas dichotomie entre corps et esprit. Les Européens ne doivent plus s’agenouiller pour implorer le pardon de fautes définies par une idéologie dictatoriale moyen-orientale. Ce n’est pas vers un retour du passé qu’il nous faut nous tourner, gardons-nous surtout d’une attitude passéiste, elle ne serait que folklore et compromission. Au contraire des religions monothéistes, sclérosées dans leurs livres intouchables, le Paganisme, comme une source jaillissante, doit se trouver de nouveaux chemins, de nouvelles expressions. À l’inverse des religions du livre, bloquées, incapables d’évoluer, dépassées et vieillissantes, le Paganisme est l’expression de la liberté de l’homme européen, dans son environnement naturel qu’il respecte. C’est une source de vie qui jaillit de nouveau en Europe, affirmant notre identité, et notre sens du sacré, pour un avenir de fierté, de liberté et de volonté, dans la modernité.
Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europede Gilbert Sincyr, éditions de L’Æncre, collection « Patrimoine des Religions », dirigée par Philippe Randa, 232 pages, 25 euros.
BON DE COMMANDE
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mardi, 23 avril 2013
Gilbert Sincyr au Local
18:15 Publié dans Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gilbert sincyr, événement, paris, france, paganisme, traditions |
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mardi, 06 novembre 2012
Entretien avec Gilbert Sincyr

« Le Paganisme est une Vue du monde basée sur un sens du sacré, qui rejette le fatalisme. Il est fondé sur le sens de l’honneur et de la responsabilité de l’Homme, face aux évènements de la vie »
Entretien avec Gilbert Sincyr, auteur du livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe
par Fabrice Dutilleul
Votre livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe est un succès. Pourtant ce thème peut paraître quelque peu « décalé » à notre époque.
Bien au contraire : si les églises se vident, ce n’est pas parce que l’homme a perdu le sens du sacré, c’est parce que l’Européen se sent mal à l’aise vis-à-vis d’une religion qui ne répond pas à sa sensibilité. L’Européen est un être qui aspire à la liberté et à la responsabilité. Or, lui répéter que son destin dépend du bon vouloir d’un Dieu étranger, que dès sa naissance il est marqué par le péché, et qu’il devra passer sa vie à demander le pardon de ses soi-disant fautes, n’est pas ce que l’on peut appeler être un adulte maître de son destin. Plus les populations sont évoluées, plus on constate leur rejet de l’approche monothéiste avec un Dieu responsable de tout ce qui est bon, mais jamais du mal ou de la souffrance, et devant qui il convient de se prosterner. Maintenant que l’Église n’a plus son pouvoir dominateur sur le peuple, on constate une évolution vers une aspiration à la liberté de l’esprit. C’est un chemin à rebours de la condamnation évangélique, originelle et perpétuelle.
Alors, qu’est-ce que le Paganisme ?
C’est d’abord un qualificatif choisi par l’Église pour désigner d’un mot l’ensemble des religions européennes, puisqu’à l’évidence elles reposaient sur des valeurs communes. C’est donc le terme qui englobe l’héritage spirituel et culturel des Indo-européens. Le Paganisme est une Vue du monde basée sur un sens du sacré, qui rejette le fatalisme. Il est fondé sur le sens de l’honneur et de la responsabilité de l’Homme, face aux évènements de la vie. Ce mental de combat s’est élaboré depuis le néolithique au fil de milliers d’années nous donnant une façon de penser, une attitude face au monde. Il est à l’opposé de l’assujettissement traditionnel moyen-oriental devant une force extérieure, la volonté divine, qui contrôle le destin de chacun. Ainsi donc, le Paganisme contient et exprime l’identité que se sont forgés les Européens, du néolithique à la révolution chrétienne.
Vous voulez donc remplacer un Dieu par plusieurs ?
Pas du tout. Les temps ne sont plus à l’adoration. Les Hommes ont acquit des connaissances qui les éloignent des peurs ancestrales. Personne n’a encore apporté la preuve incontestable qu’il existe, ou qu’il n’existe pas, une force « spirituelle » universelle. Des hommes à l’intelligence exceptionnelle, continuent à s’affronter sur ce sujet, et je crois que personne ne mettrait sa tête à couper, pour l’un ou l’autre de ces choix. Ce n’est donc pas ainsi que nous posons le problème.
Le Paganisme, qui est l’expression européenne d’une vue unitaire du monde, à l’opposé de la conception dualiste des monothéismes, est la réponse spécifique d’autres peuples aux mêmes questionnements. D’où les différences entre civilisations.
Quand il y a invasion et submersion d’une civilisation par une autre, on appelle cela une colonisation. C’est ce qui s’est passé en Europe, contrainte souvent par la terreur, à changer de religion (souvenons-nous de la chasse aux idoles et aux sorcières, des destructions des temples anciens, des tortures et bûchers, tout cela bien sûr au nom de l’amour). Quand il y a rejet de cette colonisation, dans un but de recherche identitaire, on appelle cela une libération, ou une « Reconquista », comme on l’a dit de l’Espagne lors du reflux des Arabes. Et nous en sommes là, sauf qu’il ne s’agit pas de reflux, mais d’abandon de valeurs étrangères au profit d’un retour de notre identité spirituelle.
Convertis par la force, les Européens se libèrent. « Chassez le naturel et il revient au galop », dit-on, et voilà que notre identité refoulée nous revient à nouveau. Non pas par un retour des anciens Dieux, forme d’expression d’une époque lointaine, mais comme un recours aux valeurs de liberté et de responsabilité qui étaient les nôtres, et que le Paganisme contient et exprime.
Débarrassés des miasmes du monothéisme totalitaire, les Européens retrouvent leur contact privilégié avec la nature. On reparle d’altérité plutôt que d’égalité, d’honneur plutôt que d’humilité, de responsabilité, de volonté, de défi, de diversité, d’identité, enfin de ce qui constitue notre héritage culturel, pourchassé, rejeté et condamné depuis deux mille ans.
S’agit-il alors d’une nouvelle guerre de religion ?
Pas du tout, évidemment. Les Européens doivent dépasser ce qui leur a été imposé et qui leur est étranger. Nous devons réunifier sacré et profane, c’est-à-dire réaffirmer que l’homme est un tout, que, de ce fait, il est le maître de son destin car il n’y a pas dichotomie entre corps et esprit. Les Européens ne doivent plus s’agenouiller pour implorer le pardon de fautes définies par une idéologie dictatoriale moyen-orientale. Ce n’est pas vers un retour du passé qu’il nous faut nous tourner, gardons-nous surtout d’une attitude passéiste, elle ne serait que folklore et compromission. Au contraire des religions monothéistes, sclérosées dans leurs livres intouchables, le Paganisme, comme une source jaillissante, doit se trouver de nouveaux chemins, de nouvelles expressions. À l’inverse des religions du livre, bloquées, incapables d’évoluer, dépassées et vieillissantes, le Paganisme est l’expression de la liberté de l’homme européen, dans son environnement naturel qu’il respecte. C’est une source de vie qui jaillit de nouveau en Europe, affirmant notre identité, et notre sens du sacré, pour un avenir de fierté, de liberté et de volonté, dans la modernité.
Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe de Gilbert Sincyr, éditions de L’Æncre, collection « Patrimoine des Religions », dirigée par Philippe Randa, 232 pages, 25 euros.
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00:04 Publié dans Entretiens, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gilbert sincyr, paganisme, réflexions personnelles, traditions, spiritualité, entretien, nouvelle droite |
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