Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 10 mai 2020

Jordi Magraner, l'homme qui devint "Roi" !

jordi32.jpg

Jordi Magraner, l'homme qui devint "Roi" !

Via Facebook/Emmanuel Leroy

Jordi Magraner était un zoologiste français d'origine catalane que j'ai rencontré dans les années 80 dans la région lyonnaise où il travaillait alors. A la fin de cette décennie, il quitta la France pour un tour du monde avec quelques amis, mais quand ils furent arrivés au Pakistan, aux confins de l'Hindou Kouch, ils découvrirent une région très semblable au biotope alpin, et surtout un peuple relique, les Kalashs, et subjugués, ils s'installèrent sur place pour découvrir cette région sauvage et ses habitants, ces derniers ayant réussi à conserver leur paganisme ancestral malgré l'environnement islamique.

Les amis de Jordi rentrèrent en France au bout de quelques mois, mais lui est resté sur place, il a appris leur langue, s'est vêtu comme eux, a vécu comme eux, et quand je l'ai retrouvé en 2001, là-bas où il m'avait convié avec un groupe d'amis, nous avons assisté à la grande cérémonie regroupant les habitants des 3 vallées kalashes où il fut revêtu de la robe des Anciens qui le plaçait dans la position de "Grand homme du peuple kalash", car comme dans les sociétés indo-européennes archaïques, et notamment chez les Celtes, les Germains ou les Slaves, il n'y avait pas de roi, sauf dans les temps de guerre où l'assemblée des Anciens, élisait celui d'entre eux qui leur paraissait le plus apte à les conduire, mais pour la durée de la guerre seulement. Jordi avait fait un travail considérable pour la découverte et la préservation de cette société, véritable témoignage survivant de notre plus haute antiquité.

Sa formation de scientifique l'avait amené aussi à s'intéresser de manière rigoureuse aux histoires locales de "yétis" et il en avait tiré un travail de grande qualité (disponible ici : https://daruc.pagesperso-orange.fr/hominidesreliquesasiec...). Mais comme il touchait à tout, il était en contact régulier avec le commandant Massoud, qui habitait si je puis dire, de l'autre côté de la montagne, c'est-à-dire à une bonne semaine de voyage à cheval avec le franchissement de sommets à plus de 5000.

F.Becquelin,anthropologue,genevieve et les garconsIN MEMORIUM.jpg

Ce voyage devait être l'occasion pour mes amis et moi, de rencontrer le Lion du Panshir, mais ce dernier fut malheureusement assassiné par deux Tunisiens, 2 jours avant le 11 septembre 2001, probablement sous commandite américaine. L'invasion de l'Afghanistan était prévue pour bientôt, et il ne fallait pas que les Tadjiks soient en position de force. Mais le travail de Jordi gênait aussi beaucoup de monde. Les équipes scientifiques grecques, très présentes dans cette région de Chitral pour démontrer à toutes forces que ces peuples sont des descendants directs de guerriers d'Alexandre le Grand, ce qui n'était qu'une jolie légende, maintenant prouvée par les différentes études génétiques qui ont été faites au début des années 2000.

Jordi, en défendant la culture kalashe, dérangeait aussi les Talibans et les milieux musulmans très infiltrés par le wahhabisme depuis que les Américains avaient introduit cette doctrine dans la région par l'intermédiaire de leur agent Ben Laden pour lutter contre les Soviétiques dans les années 80. Mais il dérangeait aussi les services pakistanais de l'ISI, très en cheville à l'époque avec leurs homologues de la CIA.

Bien évidemment, je n'imagine pas une seconde les archéologues grecs, aussi remontés qu'ils aient pu être contre le travail de Jordi qui démontait le leur, vouloir s'attaquer physiquement à lui. Pourtant, il fut assassiné dans la nuit du 2 au 3 août 2002 en compagnie d'un de ses serviteurs. Le ou les coupables n'ont jamais été retrouvés, mais un autre de ses serviteurs, d'origine afghane, a disparu pendant la nuit. Ils furent probablement drogués puis égorgés durant leur sommeil. Sa mort fut une grande perte pour le peuple kalash en voie d'extinction lente par acculturation à son environnement musulman. On n'aime pas beaucoup les kafirs là-bas. Ishpata baya Jordi !

pakistan10.jpg

lundi, 30 novembre 2015

Histoire vraie de l'homme qui cherchait le yéti

magrannydkq7OIdS1rnng97o1_1280.jpg

A la fin des années 1980, Jordi Magraner, zoologue franco-espagnol, monte une expédition. Toute scientifique qu'elle soit, elle paraît incroyable : Magraner part à la recherche du « barmanou », aussi appelé yéti dans d'autres régions du monde, au coeur des montagnes d'Afghanistan.

Gabi Martinez a enquêté sur cet explorateur hors du commun et nous livre le récit palpitant et hautement romanesque de cette histoire vraie. Pendant des années, Jordi Magraner arpente les montagnes du nord du Pakistan et d'Afghanistan. Il est convaincu que la théorie de l'évolution de Darwin n'explique pas pourquoi l'être humain parle et a une conscience. Il se dit qu'il existe bien un chaînon manquant, qu'il pourrait s'agir du barmanou. Il est un fervent apôtre de la cryptozoologie, ce courant qui étudie les animaux dont l'existence est sujette à caution. En partant à sa recherche, il découvre la fascinante communauté kalash, ces hommes blonds aux yeux bleus, de tradition païenne. Il devient l'un des leurs. En lutte constante avec les institutions françaises et pakistanaises, il travaille pour le Musée d'Histoire Naturelle de Paris, rencontre Massoud, dirige l'Alliance Française de Peshawar…

Mais quand les États-Unis envahissent l'Afghanistan, l'atmosphère devient irrespirable. Il est accusé de pédophilie et d'espionnage. Assassiné en 2004 au Pakistan, le crime n'a pas été élucidé et son corps n'a pas été rapatrié. Jordi Magraner est un personnage issu d'un autre monde, pareil à ces écrivains explorateurs du XIXe siècle. Un personnage anachronique, résolument romanesque, qui rappelle par moments le Limonov d'Emmanuel Carrère. 

Source: http://www.zentropa.info

samedi, 13 juin 2015

Modernity and Muslims Encroach on Unique Tribe in Pakistan

kala.jpg

Modernity and Muslims Encroach on Unique Tribe in Pakistan

Kalash people’s free mixing of the sexes and use of alcohol are anathema to many of its neighbors

The pagan Kalash people live in Chitral, a remote area in the far northwest of Pakistan.
 

CHITRAL, Pakistan—The Kalash tribe’s annual celebration of Joshi, a unique festival that marks spring’s arrival in their remote corner of the Hindu Kush mountains, is no longer the carefree affair it once was.

The festival is still a riot of color and rhythm, as it has been for centuries: Kalash women hold each other by the shoulder and swirl around in their customary dance, singing and whistling to a hypnotic drumbeat played by the men as they walk from village to village before all converge at special hilltop sites for their carnival.

But this year’s festival, held in May, took place under heavy security. Less than 5,000 Kalash survive and maintain their mystical beliefs. The tribe’s ancient religion, free mixing of the sexes and wine drinking put them at odds with some of their Muslim neighbors who consider such practices sacrilegious.

“If this celebration ends, our culture will end,” said Mutaram Shah, 80, a Kalash elder who wore a shimmering golden coat for the festival in the Bumburet valley, where he and other male elders engaged in mock fights with sticks amid the dancing.

The Kalash are under pressure from modernization and the cultural and physical encroachment of their Muslim neighbors. Photo: SAEED SHAH FOR THE WALL STREET JOURNAL

Members of this community say they are battling to preserve their traditions against two powerful forces: the encroachment of modernity and pressure to conform with the surrounding Muslim population.

At this year’s festival, the women wore their traditional long black dresses embellished with bright patterns, heaps of colorful necklaces and headdresses adorned with beads and seashells. But some of the younger women covered their faces for the dance with scarves, in a recent adoption of conservative Muslim norms.

Kalash children now go to school, where the girls come under pressure to adopt the chador, a wraparound cloth to hide their hair and faces, like the Muslim girls of Chitral, members of the tribe say.

The threat of attack was also visible: Around 400 police officers were deployed at this year’s festival, along with a contingent of army in both uniform and plainclothes, partly in response to a long video the Pakistani Taliban distributed last year that warned the Kalash to convert to Islam, security officials said.

Community members, however, say the steady erosion of their culture is the greatest threat to the Kalash.

“Since I came here, people have been saying that the Kalash will disappear,” said Akiko Wada, a Japanese woman who moved here in 1987 and married a Kalash man. “I can see the culture is adapting to the nearby culture, the lifestyle is changing. It is worrying.”

Chitral_map.pngThe historic realm of the Kalash people, now greatly reduced.

Many Kalash consider themselves descendants of Alexander the Great, the Macedonian conqueror who led his army into what is now Pakistan in 326 B.C. Anthropologists believe the Kalash are more likely the marooned remnants of an ancient migration from Central Asia to South Asia and Europe.

The Kalash’s realm once straddled Pakistan’s far northwestern Chitral area and the adjacent Afghan province of Nuristan, a region dubbed Kafiristan, or “Land of the Infidels.” Muslims started to conquer Chitral in the 14th century, driving the Kalash into ever-smaller pockets. In Afghanistan, King Abdur Rahman forcibly converted Kalash in the 1890s to Islam, wiping out their culture there. The number of Kalash in previous centuries is unclear.

The tribespeople now inhabit three narrow valleys in Chitral, where they grow crops and raise long-haired goats. Their valleys are accessible only by a narrow track carved into the mountainside. The Kalash language and religion are distinct, as are their pacifistic ways in a region known for violence and internecine feuding.

“We’re a peaceful people,” said Muhammad Iqbal Kalash, sitting outside his traditional stone-and-wood house on the banks of a mountain river in the Rumbur valley. “Without the security now provided, we would no longer go to our dancing places.”

Even in their remaining three valleys, the Kalash are now outnumbered by Muslims. While the native Chitralis are known for their tolerance, many Muslim settlers from outside the region have brought a harsh brand of Islam with them.

KALASH.jpg

Women are in many ways the anchor of Kalash culture. Confidently mixing with men and enjoying home-made wine and liquor fermented from mulberries or apricots at festivals, women usually choose their husbands—unlike most of Pakistan, where marriages are arranged by family elders. A Kalash wife can leave her husband for another man as long as the first one is financially compensated.

“Kalash religion and culture has survived because of the women,” said Sayed Gul Kalash, a woman taking a break from dancing at the festival. “Conversion is a silent killer. When someone leaves their religion, they leave their language and culture too.”

Kalash men have adopted the shalwar kameez, the baggy shirt-and-trousers combination worn by men throughout the rest of Pakistan. The men say they are encouraged by Muslims neighbors to shave, so they are not mistaken for Muslims.

The Kalash have adopted Muslim names, while the now-educated young men are reluctant to tend goats, an animal considered pure by the Kalash and an important part of their religion.

With no written tradition and no sacred book, many Kalash find their religion, a faith of shamans and animal sacrifice, hard to explain. They believe in one supreme God, but other deities function as intermediaries.

Cellphone service, another intrusion of the modern world, arrived in some Kalash areas only this year. But while modernization has taken some Kalash away from their home valleys and beliefs, it has also made many of them prouder of their unique heritage.

“There is now awareness of our culture,” said Meeta Gul, a mother of two in Rumbur. “Educated Kalash don’t convert.”

Write to Saeed Shah at saeed.shah@wsj.com

mardi, 18 février 2014

Taliban bedreigen niet-islamitisch bergvolk

Taliban bedreigen niet-islamitisch bergvolk: bekeer je of sterf!

Ex: http://www.parool.nl
 
 
Kailash-vrouwen in Islamabad op een bijeenkomst over de verschillende culturen in het land. © epa

De Kalash, het Pakistaanse bergvolk dat zegt af te stammen van Alexander de Grote, zijn altijd veilig geweest achter hun muren van rots en ijs. Maar de Taliban hebben 'een gewapende strijd' aangekondigd tegen deze stam, omdat deze zich nooit heeft bekeerd tot de islam.

Er komen weinig buitenstaanders in de Chitral-vallei. De wegen zijn een groot deel van het jaar onbegaanbaar en voordat een vliegtuig het aandurft om op te stijgen, moeten de weersomstandigheden absoluut perfect zijn: de kleine luchthaven ligt weggemoffeld tussen bergtoppen van meer dan achtduizend meter hoog.

Dit is misschien wel het mooiste deel van Pakistan. Bergtoppen torenen woest, rauw en overdonderend boven de vallei uit. Overal is water: rivieren, beken en watervallen vechten zich een weg naar beneden en op sommige plaatsen verandert grijze rots in een boomgaard vol roze bloesem of velden vol wuivende tarwe.

Altijd met rust gelaten

Vroeger werd deze vallei gedomineerd door gematigde Ismaëlies, een aftakking van de islam die wordt geleid door de Agha Khan. Nu zijn soennitische moslims er in de meerderheid, maar ook zij hebben de 3.500 Kalash altijd met rust gelaten. De rijzige mannen en vrouwen, vaak met lichte ogen en een lichte huid, leven in hun afgelegen dorpen, ver in de bergen.

Soms ondernemen toeristen de lange reis om de Kalash te zien. Een enkele buitenlander. Een handjevol Pakistanen uit 'de vlaktes'. Die laatste groep is overigens niet erg populair bij de Kalash-vrouwen, zo vertelden ze in 2002 in een interview met de Volkskrant. 'Ze verstoppen hun eigen vrouwen, maar komen wel naar onze gezichten kijken', zei een jong meisje. 'Ze hebben geen respect.'

'Bekeer of sterf'


Begin deze maand, op 2 februari, verscheen er een video op een website van de Taliban die volgens persbureau AFP begint met prachtige beelden van de vallei. Daarna zegt een stem dat de Kalash zich tot de islam moeten bekeren, of zullen sterven.

'Bij de genade van Allah heeft een groeiend aantal mensen van de Kalash de islam omarmd. We willen aan de hele stam duidelijk maken dat de leden zullen worden vernietigd met hun beschermers, de westerse agenten, als ze niet bekeren.'

In de video worden internationale non-gouvernementele organisaties ervan beschuldigd in Chitral te infiltreren om de cultuur van de Kalash te beschermen, en daarmee mensen weg te houden van de islam. De liefdadigheidsorganisatie van de Agha Khan wordt hierbij als voorbeeld genoemd, en de stem zweert om dergelijke snode plannen in de kiem te smoren.

(Door: Sacha Kester)

jeudi, 30 juillet 2009

Les Kafirs Kalash

pt13509.jpg

Les Kafirs Kalash

 

La région autour de Chitral, dans la province frontalière du Nord-Ouest du Pakistan, nous offre des panoramas paradisiaques, des forêts riches en faune dans des vallées profondes entre des montagnes gigantesques et majestueuses. Les bipèdes humains de la région, il convient de s’en méfier: c’est là que Winston Churchill, jeune soldat et correspondant de guerre, écrivit son premier livre, “The Malakand Field Force” en 1897; les armées de la Reine Victoria y affrontaient l’Emir de Chitral et sa horde sauvage. La région est également célèbre pour son hashish de toute première qualité.

 

C’est là aussi que vivent encore deux mille Kafirs Kalash, terme qui signifie les “infidèles vêtus de noir”. Ce nom est dû aux vêtements masculins car les femmes y portent des étoffes très colorées. Ils honorent quelques dieux connus des védas indiennes, mais dont le culte est tombé en désuétude chez les Hindous. La principale de ces divinités est “Imra”, l’équivalent du sanskrit “Yama Rana” (ou “Roi Yama”), dieu des mortels et de la mort, dont le nom dérive d’une racine indo-européenne “*Jemo”, le “jumeau”. Cette  divinité présente aussi un apparentement avec la figure mythologique perse “Yima” qui, premier mortel, est le père de l’humanité. Dans les panthéons indo-européens, nous trouvons également un “Ymir” vieux-norrois, géant primordial qui s’auto-sacrifia pour que les parties de son corps servent de composantes pour la construction du monde. Le dieu védique de l’assaut et des tempêtes, Indra, survit dans le culte des Kafirs Kalash, notamment sous l’appellation d’“Indotchik”, la foudre, et d’“Indrou”, l’arc-en-ciel. On chuchote aussi que leurs fêtes religieuses, à la tombée de la nuit, se terminent par des pratiques sexuelles de groupe, ce que d’aucuns qualifieront de typiquement “païen”.

 

Il y a une trentaine d’années, les Kafirs Kalash étaient bien plus nombreux, y compris leurs dieux, surtout grâce à l’isolement dont ils bénéficiaient, haut dans leurs montagnes. Le malheur les a frappés en 1979, l’année où éclata la guerre civile afghane qui entraîna l’intervention soviétique. De nombreux Afghans s’installèrent dans la région frontalière et y furent accueillis par les Deobandis pakistanais, les homologues locaux des Wahhabites saoudiens, les plus fanatiques des musulmans. 

 

Rapt de femmes

 

Les nouveaux venus ont commencé par déboiser les vallées puis par occuper le territoire des Kafirs Kalash et, enfin, par enlever leurs femmes. Les Kalash sont de complexion plus claire que leurs voisins; les Européens qui ont voyagé au Pakistan ont souvent constaté que la peau blanche des hommes comme des femmes y est très appréciée sur le marché du sexe. Les parents des filles enlevées et mariées de force à un musulman ne pouvaient revoir leur enfant qu’après s’être convertis à l’islam. D’autres moyens de pression ont été utilisés pour les obliger à la conversion, notamment les prêts à taux usuraires, dont on pouvait se débarrasser à condition de subir la circoncision; ensuite, la discrimination dans l’octroi des moyens modernes de distribution d’eau et d’électricité, que le régime du Général Zia n’accordait qu’aux seuls musulmans. Les minorités religieuses au Pakistan subissent terreur et brimades de toutes sortes. La communauté kalash qui, contrairement aux chrétiens, ne bénéficie d’aucun appui international, était ainsi condamnée à disparaître. Dans les années 90, toutefois, les choses ont changé. Les voies carrossables et l’électricité avaient été installées: le gouvernement démocratique (mais qui ne le fut que brièvement) se rendit compte qu’il pouvait exploiter la région kalash sur le plan touristique, la population indigène servant d’attraction avec son folklore. Il n’y aurait pas un chat pour débourser de l’argent pour aller voir de près l’islam vivant de cette région mais, en revanche, pour assister aux prouesses chorégraphiques des derniers païens indo-européens, on sort les dollars de son portefeuille. Il faut désormais s’acquitter d’un droit de péage pour entrer sur le territoire des Kalash.

 

Le Yeti

 

Ensuite, il faut bien que le Pakistan ait quelques minorités religieuses, réduites à la taille d’un musée, pour faire croire qu’il respecte scrupuleusement les principes de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Dans les médias occidentaux, on trouvera toujours quelques bonnes âmes mercenaires pour relayer la propagande du gouvernement pakistanais qui cherche à démontrer la “tolérance islamique”. Une ONG grecque, motivée par le mythe qui veut que les Kalash descendent des soldats d’Alexandre le Grand, a même reçu l’autorisation d’ouvrir une école et une clinique là-bas. L’enquête la plus récente, relevant de ce que l’on appelle aujourd’hui l’“observation participante”, a été menée, chez les Kalash, par Jordi Magraner (1958-2002). Ce zoologue catalan était parti là-bas, au départ, pour chercher le yeti, la variante himalayenne du monstre du Loch Ness. Ou, pour être plus précis, y chercher le “bar-manou”, le “grand homme”, comme l’appelle la population locale. Si le terme “bar-manou” est une transformation maladroite de “barf-manou”, alors il faudrait traduire ce vocable par “l’homme des neiges”. Lorsque j’eus une conversation avec Magraner peu avant sa mort, il me prétendait qu’il y avait du vrai dans les récits indigènes relatifs au “bar-manou”, même si lui ne l’avait jamais vu. Quoi qu’il en soit, ses intérêts s’étaient portés vers cette curiosité anthropologique que sont les derniers païens indo-européens. Il avait entrepris un vol vers l’Europe pour rendre visite à sa famille et pour communiquer le fruit de ses recherches à l’occasion d’un congrès à Paris; en fait, Magraner était lui-même devenu un Kalash.

 

magra.gif

 

Il avait appris à parler les trois langues de la région de Chitral. Les motivations de certains humains sont sublimes: lorsqu’on parle, comme Magraner, l’espagnol, l’hindi et le chinois, trois langues seulement, on peut communiquer avec la moitié du monde. Malgré cela, cet homme exceptionnel a fait l’effort considérable d’apprendre trois langues pour converser avec deux milliers de personnes (et au départ, cet effort n’a été entrepris que pour les questionner sur ce qu’elles savaient du “bar-manou”!). Les Kalash lui avait offert une fiancée, pour sceller son intégration. Certes, il restait au bas de l’échelle sociale, avec une seule femme, les Kalash les plus haut placés, eux,  ont plusieurs épouses. Malheureusement pour ce chercheur formidable, les islamistes ont appris son engagement pour les “idolâtres”. On retrouva son corps, la gorge tranchée, comme Theo Van Gogh. Selon ses dispositions testamentaires, il fut enterré sur place, selon le rite kalash.

 

“Moestasjrik” /  “ ’t Pallieterke”.

(article paru dans “’t Pallieterke”, Anvers, 29 mars 2006; trad. franç.: Robert Steuckers).