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samedi, 10 mars 2018

Les think tanks s’installent au cœur de l’Etat

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Les think tanks s’installent au cœur de l’Etat

Des réseaux d’experts s’efforcent de neutraliser toute résistance au dogme néolibéral

par Dostena Anguelova* et Roland Gori,** France

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

«La technique est désormais notre destin, au sens où Napoléon le disait,
il y a cent cinquante ans, de la politique, et Marx, il y a un siècle, de l’économie.»1

L’installation d’un Conseil scientifique de l’Education nationale par le ministre Jean-Michel Blanquer a provoqué quelques légitimes inquiétudes, dont la presse s’est fait l’écho. Voilà un ministre qui met parfaitement en œuvre les décrets d’application de l’expression présidentielle «en même temps».2
Tout en chantant les louanges de l’humanisme, et en se référant à la méthode Montessori qui préconise l’«auto-éducation» de l’élève, «en même temps» le ministre Blanquer installe un conseil scientifique à la tête duquel il nomme Stanislas Dehaene, éminent professeur de psychologie cognitive et expérimentale au Collège de France, entouré d’une «brochette» de positivistes assumés.
Ces «experts» piloteront et corrigeront au mieux par IRM [Imagerie par résonance magnétique] et protocoles «randomisés» la pratique pédagogique du «million d’employés»,3 comme les nomme Stanislas Dehaene, chargés de les encadrer. Rien ne sera laissé au hasard, à la contingence et à l’imprévu. Ce sera le règne de «la mesure»4 et de l’«efficacité» qui guideront les pas des «écoliers-machine», et des «employés» en charge de leurs «apprentissages».
Les métiers de l’éducation enfin, après bien d’autres, seront efficaces et mesurés, leurs actes rationalisés, décomposés, organisés et prescrits par des décideurs, bref, taylorisés.5 Les «experts» fourniront les guides pratiques nécessaires. Le sacre de l’élève, parfaite machinerie cognitive et neuronale prompte à épeler et à calculer, pourra advenir. Les tests internationaux et autres rankings pourront l’attester. Cela n’empêchera pas les rhétoriques de propagande humaniste et l’appel mystique à la Nation.
Une nation start up qui, là comme ailleurs,6 impose des pratiques sociales férocement aliénantes, enserrées aux deux extrêmes par l’économisme et le scientisme. Mais, ces nouveaux dispositifs d’encadrement de nos manières de vivre ne sont pas des phénomènes isolés. Ils constituent un fait de notre civilisation européenne normalisée toujours davantage par les standards américains.
C’est dans la niche écologique de cette culture qu’émergent les think tanks: centres d’expertise privés qui accueillent des universitaires d’élite et prétendent représenter la société civile face à l’Etat. Dans cette révolution symbolique (Pierre Bourdieu) les «experts», favorables au néolibéralisme, fournissent des recettes de bonne «gouvernance», apte à éclairer l’opinion publique des démocraties, libérales ou en voie de le devenir.7
Au cours de cette «transition démocratique», ces thinks tank, «indépendants» et «objectifs», ont pour charge politique d’éviter aux peuples de ces démocraties libérales, ou en cours de «libéralisation», la nostalgie d’idées socialistes ou souverainistes. Il faut une fois pour toutes dire, et répéter ad nauseam, qu’il n’y a pas d’autre alternative que celle d’un néolibéralisme auquel même les «partis de gauche» de la social-démocratie se sont ralliés. La preuve par l’exemple!
Ces «clans» de «l’extrême centre», formés dans les réseaux du soft power américain, ont réussi à incarner leur rêve dans le parti du président Macron. Le programme présidentiel avait en effet pour «grand ordonnateur» Jean Pisani-Ferry – fondateur et ancien directeur du très influent think tank européen Bruegel [«Brussels European and Global Economic Laboratory»]. Claude Bébéar, le fondateur d’un think tank libéral de droite – l’institut Montaigne – rend public pour la première fois son choix de vote dans «Les Echos»: Emmanuel Macron est la solution pour la France! Laurent Bigorgne, directeur de l’Institut Montaigne, travaille également sur le programme du futur président, notamment dans le domaine de l’éducation, d’où est issu le ministre Jean-Michel Blanquer, vieux compagnon de route de l’Institut Montaigne.

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Au cœur de l’Etat, des dispositifs de contrôle et de normalisation

Ces nouveaux lobbies que sont les thinks tank vident de leur sens le cadre institutionnel traditionnel de la démocratie républicaine. Ils installent au cœur de l’Etat les dispositifs de contrôle et de normalisation aptes à répondre aux exigences de l’économie et de l’opinion du néolibéralisme.
Cette révolution symbolique, accomplie au nom de l’humanisme, des droits de l’homme, de la modernisation, de la transition démocratique (dans les pays de l’Est), ou encore de la «nouvelle économie de la connaissance», aiderait le peuple à survivre dans la féroce compétition du marché mondial.
C’est ainsi que la réforme de l’éducation et des universités en Europe (stratégie de Bologne) a été initiée dans les coulisses par des experts de think tanks et des Centres d’études avancés, créés en Europe à partir du modèle du fameux Center for Advanced Study in the Behavioral Sciences (CASBS). Fondé en 1954 par la fondation du grand industriel Ford, ce centre incarne l’idée de son sponsor que les sciences sociales devraient contribuer au contrôle de la société devenant «plus proches des sciences naturelles, plus expérimentales dans leur orientation empirique et plus formelles dans leur orientation théorique».
Les réseaux de ces experts devaient surtout lutter contre la tradition philosophique et historique européenne en favorisant leur dépolitisation et assurant la neutralité axiomatique du discours scientifique en le réduisant à une simple technique. Neutralité dont le grand historien Johann Gustav Droysen disait qu’elle était une «neutralité d’eunuque».
Les grands commis de l’Etat cèdent leur place à une élite d’experts, réformiste et «progressiste», au service du système déshumanisant du capitalisme industriel, puis financier. Cette hybridation du public et du privé confisque les conditions d’une libération du politique. Et ce jusqu’à l’assistance économique et sociale aux plus pauvres qui, sous l’influence des contrats à impact social, transforme l’esprit de solidarité nationale en investissement lucratif.8
Reste à savoir si la société aura encore la capacité de réagir ou si «l’élite d’ombre» des experts des think tanks a déjà réussi à neutraliser toute forme de résistance intellectuelle? Aujourd’hui, l’opposition droite/gauche tend à se redoubler d’un conflit sourd entre deux visions du monde. Une métaphysique transhumaniste d’un cyber-futur (l’homme-robot gouverné par des experts) et un désir, encore mal défini politiquement, de liberté et de fraternité pour qui «la pluralité des humains est la loi de la terre» (Hannah Arendt).    •

Source: https://www.politis.fr/articles/2018/02/les-think-tanks-s...  du 4/2/18

*    Dostena Anguelova, chargée de cours en anthropologie politique à l’Université de Strasbourg. Derniers ouvrages: Les Experts de la tradition, 2010, Iztok Zapad; Think tanks: imposteurs de la démocratie, CS éditions Paris, coll. Exote, 2018 (à paraître).


goriLiv.png**     Roland Gori, psychanalyste, professeur honoraire de psychopathologie clinique à Aix-Marseille Université, président de l’Association Appel des appels.
Derniers ouvrages parus: La Dignité de penser, Paris, 2011; La Fabrique des imposteurs, Paris, 2013, Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux? Paris 2014; L’Individu ingouvernable, Paris 2015; Un monde sans esprit. La Fabrique des terrorismes, Paris 2017.

1    Anders, Günther. L’Obsolescence de l’homme. Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle [1956], Paris, Ivrea, 2001, p. 22.
2    Gori, Roland. «‹En même temps›, ou le grand écart du nouveau président», Libération du 23/7/17; «De quoi ‹En même temps› est-il le symptôme»,
Le Media du 30/1/18.
3    Dehaene, Stanislas. L’invité-actu par Caroline Broué, France Culture, 13/1/18.
4    Dehaene, Stanislas. France Culture, ibid.
5    Gori, Roland. «Dans le monde du travail, le spectre de Taylor rôde encore», Libération du 10/5/16.
6    On se référera par exemple à la transformation du travail social et éducatif sous l’effet des contrats à impact social.
7    Anguelova, Dostena. Les Experts de la tradition, 2010, Iztok Zapad, Sofia; Anguelova, Dostena. Think tanks: imposteurs de la démocratie, CS éditions Paris, coll. Exote, 2018.
8    Alix, Jean-Sébastien; Autès, Michel; Coutinet, Nathalie; Garrigue, Gabrielle. «Les contrats à impact social: une menace pour la solidarité?», www.laviedesidées.fr, 16/1/18.

Que voulons-nous? Renforcer la solidarité humaine et la formation des individus ou bien consolider les stratégies de pouvoir et l’économie néolibérale?


blanquerEcole.jpegjpv/rmh. Depuis sa prise de fonction, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale du gouvernement français présidé par Emmanuel Macron, a annoncé les nouveaux changements envisagés dans le système scolaire français allant à l’encontre des «réformes» de son prédécesseur socialiste Najat Vallaud-Belkacem (2014–2017). Selon Blanquer, voici les apprentissages fondamentaux au premier plan pour les élèves français: lecture, écriture et calcul. Au primaire, il y aura à nouveau la dictée, la grammaire et les fables de La Fontaine. Tout établissement aura sa chorale. Au collège, l’enseignement du latin et les classes bilingues seront réintroduits. On parle d’uniformes scolaires et de l’interdiction des portables. Le discours humaniste du ministre porte sur des noms tels Montaigne et Montessori et les notions humanisme et nation réapparaissent fréquemment. Au ministère de la rue de Grenelle, il a baptisé une salle de réunion du nom de Louis Germain, l’instituteur d’Albert Camus. Une partie des enseignants, très critiques envers les réformes entreprises par l’ancienne ministre, espèrent – suite au discours du nouveau responsable – un changement positif pour l’enseignement de leurs élèves.


Cependant, tout comme le président Macron, Jean-Michel Blanquer est proche des personnalités du CAC 40, le groupe des plus grandes sociétés françaises côtées en bourse. Il souhaite rapprocher l’école des entreprises. La présence des entreprises dans les conseils d’administration des établissements professionnels et l’autonomie des établissements scolaires, gérés comme une entreprise par un patron soucieux des ses objectifs de performances et maître de son recrutement.


Le dernier ouvrage publié par Blanquer en 2016 «L’école de demain»* est un livre emblématique pour la présidence de Macron, coécrit avec le think tank néolibéral «Institut Montaigne»: le système scolaire doit recourir à trois piliers: l’expérience, la comparaison internationale et la science.


Le domaine de la science revêt la plus grande importance: la révolution digitale et les sciences cognitives sont décisives pour l’efficacité maximale de l’enseignement en référence à l’immense potentiel du cerveau humain. L’importance des relations humaines entre l’enseignant et ses élèves pour la réussite de l’apprentissage disparaît totalement.


Les directives de l’OCDE, les évaluations PISA, le système de Bologne sont d’autres points de repères importants pour M. Blanquer. Les neurosciences, les compétences, l’autonomie, l’innovation, l’expérimentation et l’évaluation sont d’importants mots-clés.


Le livre «L’école de demain» est clairement structuré et traite les différents types d’établissements selon trois critères: «Ce que nous enseigne l’expérience. Ce que nous enseigne la comparaison internationale. Ce que nous enseigne la science. Ce qu’il faut faire». Suivent des mesures-clés pour chaque type d’établissement. Le système éducatif et la carrière des enseignants sont ensuite analysés selon les mêmes critères.
A l’école maternelle, il prévoit d’élaborer des dispositifs de diagnostic précoce pour distinguer les enfants problématiques des enfants promettant un avenir réussi et performant.


Les personnes à l’esprit critique et les pédagogues travaillant quotidiennement avec leurs élèves se demandent sérieusement quels sont les intérêts primordiaux du nouveau ministre de l’Education nationale. Quels objectifs la stratégie du «en même temps» poursuit-elle?

*    Jean-Michel Blanquer, «L’école de demain. Propositions pour une éducation nationale rénovée.» Paris 2016

17:49 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, think tanks | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

L'Espagne 1479-2018 : la Catalogne existe-t-elle vraiment ?

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L'Espagne 1479-2018 : la Catalogne existe-t-elle vraiment ?

Jesús Sebastián Lorente
Diplômé en droit, sciences politiques et histoire contemporaine,
Responsable des collections Bibliothèque Métapolitique et Originis de l’éditeur espagnol Fides.

Ex: https://metamag.fr

Carlos Puigdemont, le Président catalan destitué, exilé en Belgique et qui craint d’être arrêté s’il rentrait en Espagne, ne se représentera pas. On a toujours su que c’était un grand courageux ! Son groupe propose donc  Jordi Sanchez, le président emprisonné d’une association indépendantiste . La Catalogne, région de 7,5 millions d’habitants est placée sous la tutelle de Madrid depuis la proclamation, restée sans effets, le 27 octobre à Barcelone d’une “République catalane”.  Dans un discours pugnace au ton solennel, devant les seuls drapeaux catalan et européen, Charles Puigdemont a fustigé « les abus de l’État espagnol  », qui cherche selon lui à “criminaliser l’indépendantisme”. “La Catalogne a gagné le droit à se convertir en une république indépendante”, a-t-il réaffirmé. “Cet objectif est incontournable et c’est pourquoi il faudra continuer à faire de la politique depuis l’intérieur et depuis l’extérieur” du pays», a-t-il dit. Un de nos correspondants en Espagne a souhaité lui répondre. ML.

Souvenirs de la mémoire historique

Le royaume d’Espagne apparaît indissolublement fondé en 1479 avec l’union dynastique des soi-disant Rois catholiques, en fusionnant les couronnes de Castille et d’Aragon. Catalogne, à savoir, l’ensemble des comtés et marques (avec Barcelone à la tête) sous la souveraineté du roi d’Aragon, sera pleinement intégrée avec les autres territoires du patrimoine royal aragonais. Or il n’est pas vrai, comme le soutient certains Français de langue catalane (Alain Santacreu), que le mot Espagne n´était pas d´usage avant 1812. De nombreux documents médiévaux se réfèrent au nom de l’Espagne (parfois, aussi, aux Espagnes) en référence aux peuples de la péninsule ibérique. Lorsque Christophe Colomb est arrivé en Amérique en 1492, il n’a pas baptisé la grande île découverte comme «L’Espagnole» par pur produit de son inventivité.

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Dénomination d’origine latine (Hispania), le nom de l’Espagne est dû, précisément, aux guerriers et aux colons francs venus aux royaumes chrétiens en quête de prestige militaire ou de terres à cultiver. Américo Castro a défendu le caractère endogène du nom de l’Espagne, à laquelle il a attribué une origine islamique, tandis que celle de “espagnol” aurait une origine provençale. Dans tous les cas, Manuel Alvar a souligné «l´empreinte franque» de ces dénominations, ce qui montre que le nom de l’Espagne est un terme créé et diffusé à partir du Midi français, par opposition à l’«hom de muntanya» (gens libres des Pyrénées) à l’«hom de Espanya» (chrétiens et musulmans des basses terres). Cela ne veut pas dire que l’Espagne était une unité homogène, bien sûr, comme ce n’est pas le cas aujourd’hui. Comme la plupart des grands États-nations européens, en Espagne, il y a eu des différences de peuples et de sensibilités culturelles, ethniques et linguistiques (jusqu’à récemment), mais c’est aussi le seul pays européen qui a été confronté à ce problème (problème merveilleux!) tout en profitant de l’impulsion démocratique, pour culminer en un État hétérogène, composé et complexe dans lequel tous les territoires et leurs peuples ont vu reconnaître leur personnalité particulière.

L’Espagne est-elle un État fédéral ?

L’Espagne est, à l’heure actuelle, l’État de l’Europe avec la plus grande décentralisation territoriale (peut-être aussi, du monde). Aucun État fédéré (de l’Allemagne aux États-Unis) n’a les pouvoirs financiers, législatifs et exécutifs dont jouissent le Pays basque et la Catalogne. Depuis 1978, l’Espagne a opté pour une «autonomisation communautaire» progressive et sans limitations définitives, au lieu d’une «fédéralisation», peut-être à cause des souvenirs négatifs que ce type de régime a suscité dans l’esprit de nombreux espagnols. L’Espagne n’est pas la France jacobine, ni l’Italie régionale, ni l’Allemagne fédérale. L’Espagne est ‒et cela est vérifiable politiquement et juridiquement‒ l’État-nation qui a accordé une plus grande autonomie à ses nationalités et régions historiques. Les Communautés autonomes en Espagne jouissent de toutes sortes de privilèges politiques: leur propre finance, leur propre budget, une éducation autonome, la santé, la police, la liberté des radios et des télévisions publiques … et, bien sûr, l’officialité de leur propre langue (catalan, galicien, valencien, euskera, mais aussi l’asturien et l’aragonais, dans une moindre mesure). Ce fut un engagement espagnol clair en faveur du bilinguisme que les autorités catalanes ont déjoué tout en discriminant l’espagnol (ou le castillan, comme ils préfèrent l’appeler) au profit de l’unilinguisme catalan. Est-ce qu’un Français accepterait qu’en Bretagne ou en Roussillon, seul le breton ou le catalan soit parlé et que le français soit déplacé des médias, des écoles, de l’administration, des entreprises, de l’université…?

Désinformation sur la «question catalane»

Dans le monde globalisé où l’information est disponible pratiquement à temps réel, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de rappeler la situation que traverse l’Espagne avec l’«affaire catalane» même si on aura remarqué comment l’information est aujourd’hui suspecte, n’approfondit jamais rien parce que surfant en temps réel sur la vague des événements. On a évoqué en France à propos de la réaction du gouvernement espagnol, les « heures sombres » de l’histoire de la péninsule, Franco et tutti quanti. Certains Français, comme M. Santacreu, n’argumentent plus mais anathématisent, ils parlent par exemple de «déclaration caudillesque de la destitution du gouvernement catalan » ou « d’application martiale de l’article 155 de la Constitution». Caudillesque! Martiale! Or, en Espagne, il n’y a personne avec le traitement de caudillo. En Espagne ne régit plus la loi martiale, mais la Constitution. Et en parlant de la Constitution, n’est-ce pas la loi suprême qui se doit d’être appliquée? Pourquoi les Français se sont-ils donc étonnés de l’application d’un de ses articles? Tous les actes et manifestations des autorités et des politiciens catalans dans le soi-disant «processus vers l’indépendance», y compris la déclaration de celle-ci, constituent une preuve (pas un indice) ‒ télévisées et retransmises en direct‒ d’avoir commis les crimes graves de « rébellion »  et de « sédition ». Ou bien n’y aurait-il plus de « crimes politiques » ?

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Bien sûr, l’Espagne « martiale et caudillesque », dans son empressement à détruire l’identité catalane, permet curieusement l’existence de partis indépendantistes qui menacent l’intégrité territoriale de l’État et, gracieusement, les récompense avec un régime électoral qui va jusqu’à donner la préférence à ses résultats dans les élections régionales. Il s’avère que ni l’Allemagne, ni la France, ni le Portugal ne tolèrent l’existence de partis indépendantistes (qui bien entendu aspirent aussi à la sécession d’une partie du territoire national). En Allemagne, de tels partis sont simplement considérés de facto comme illégaux. En France, la Constitution stipule que « La France est une République indivisible (…) La souveraineté nationale appartient au peuple (…) Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice (…) Les partis et groupements politiques (…) doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie» même si actuellement que ce soit en Corse ou dans ses territoires d’Outre-mer, la France jacobine se délite totalement. En Portugal, ils sont plus expéditifs: «Les partis politiques qui, par leur désignation ou par leurs objectifs programmatiques, ont une nature ou une portée régionale, ne peuvent être constitués».

Mer et terre: le vide face à l’enracinement

Et ici nous arrivons à l’ouvrage célèbre de Carl Schmitt, avec qui on nous offre souvent chez les géopoliticiens littéraires une explication géopolitique particulière de la «discorde séculaire» entre la Castille (sic) et la Catalogne, ce qui serait un exemple clair de l’opposition élémentaire entre «la terre et la mer». Outre le fait qu’il existe deux communautés autonomes en Espagne qui portent le nom de l’ancienne terre castillane, la Castille n’existe plus. La Castilla s’est auto-immolée pour construire l’Espagne et s’est saigné dans l’aventure américaine, l’Amérique latine. Il n’y a pas de confrontation entre les Castillans et les Catalans, il y a seulement une scission entre près de la moitié de la population catalane (souverainiste ou séparatiste) et l’autre moitié (constitutionnaliste ou espagnoliste).

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Bien sûr, il n´est pas vrai que la Catalogne « a été ouverte à la modernité de la Réforme protestante » (à quelques exceptions près, les Catalans étaient farouchement catholiques), que la Catalogne était une puissance maritime (la puissance méditerranéenne était la Couronne d’Aragon avec sa présence dans les îles de la Méditerranée, en Italie, en Grèce et à Byzance) et que Madrid ‒«une aberration de choix géographique qui a déterminé le destin historique de l´Espagne» comme le remarque Alain Santacreu‒ était une sorte de capitale sous-développée dans les mains des «hidalgos, des propriétaires terriens et de la bourgeoisie rentière, alors que la côte basque (cantabrique) et catalane (méditerranée) se sont développées industriellement en raison de son caractère thalassocratique mais les zones industrielles de l’Allemagne sont concentrées dans la Ruhr et celle de la France dans les régions limitrophes de l’Allemagne et du Benelux. Or ce sont des zones continentales et très peu thalassocratiques apparemment. Et même pour Madrid, nous noterons au passage que les plus grandes capitales européennes (Paris, Berlin, Rome, Moscou) sont situées à l´intérieur des terres. C’est comme si les décisions politiques ‒y compris celles du général Franco‒ qui privilégiaient l’infrastructure côtière (la politique du tourisme de plage) au détriment du développement de l’intérieur de la péninsule ibérique, n’avaient pas été mises en pratique. C’était peut-être une méthode, comme une autre, de gagner le soutien inconditionnel des bourgeoisies basques et catalanes mais ce qui est certain en tout cas c’est que par cette politique franquiste, les Catalans se sont enrichis et sans aucun scrupule. La même méthode a été suivie par les différents gouvernements démocratiques nés du régime de 1978.

Quoi qu’il en soit, dans les thalassocraties on trouve l’émergence de la modernité, du capitalisme (et son mentor, le protestantisme), le commerce libre, qui furent en effet les attributs de la «bourgeoisie catalane», une modernité maritime en ce qu’elle «consacre le primat de l’économie sur le politique» contre le «capitalisme tellurique» de Madrid (en espagnol, le terme “tellurique” se réfère plus au souterrain qu’au terrestre). Cette modernité soulignerait le caractère profondément économiste de la Catalogne. Et nous avons toujours défendu “le primat du politique sur l’économie”. La Catalogne des indépendantistes rejoint effectivement le modèle des puissances thalassocratiques, commerciales, maritimes, universelles, liquides c’est-à-dire sans espace et ouvertes à tout vent, déracinées et sans frontière. La géopolitique identitaire à l’envers, en somme l’apologie du «petit nationalisme» et de la modernité capitaliste. Carthage contre Rome? Or ne serait-ce pas mieux Rome contre Carthage ?

Une apologie de la modernité capitaliste

Si l’alternative « monde unipolaire » et « monde multipolaire » rencontre l’opposition Mer et Terre c’est qu’un monde multipolaire délite la notion territoriale de frontière. Dans le monde actuel, la logique de la terre est plus que jamais confondue avec une logique continentale, celle de l’Europe dans son ensemble (ou celle de l’Eurasie), tandis que la logique maritime, incarnée jusqu’à récemment par l’Angleterre, est désormais celle de l’Empire, l’Amérique du Nord. De même, pourrait-on dire, l’alternative entre la construction de l’Union européenne en tant que simple espace de libre-échange transatlantique et sa construction en tant que puissance continentale autonome, montre encore plus cette opposition de la Terre et de la Mer dans la mesure où la mer est du côté du commerce, tandis que la terre est du côté du politique pris dans son essence». L’histoire schmittienne se présenterait donc comme une opposition entre «ceux qui vivent sur la terre ferme» et «ceux qui écument les mers», histoire qui a trouvé son expression la plus fascinante dans la lutte entre l’Angleterre et la France napoléonienne, le dualisme existant entre terre et mer marquant de son empreinte toute la période récente de l’histoire européenne.

Le Nomos de l´Espagne

Selon Santacreu, la « discorde séculaire » entre la Catalogne et la Castille a empêché la constitution d’un ordre national fondamental et c’est ce qui expliquerait pourquoi « l’Espagne serait restée sans nomos». Selon Schmitt lui-même, «le nomos est la forme immédiate dans laquelle devient visible, en termes d’espace, l’ordre politique et social d’un peuple… Nomos est la mesure qui distribue et divise le sol du monde dans un ordre particulier, et, en vertu de cela, représente la forme d’organisation politique, sociale et religieuse…». Le nomos espagnol est organisé en deux niveaux: sa répartition territoriale du pouvoir parmi dix-sept Communautés autonomes et son intégration inconditionnelle dans le projet de l’Union européenne. Un nomos qui a été un succès de la coexistence pacifique des peuples et un exemple pour de nombreux autres pays. La communauté super-autonome de la Catalogne fait partie de ce nomos sans interruption depuis 1479.

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La Catalogne est un grand pays, un peuple formidable, un exemple constant pour toutes les générations d’espagnols, un miroir où l’effort, le travail, le savoir-faire, l’art, le dialogue se reflètent partout mais après quarante ans d’endoctrinement indépendantiste, à travers les médias publics couverts par tous les espagnols, à travers une intolérable propagande anti espagnole, l’«affaire Catalogne» semble avoir atteint un point de non-retour. Il est fort probable que l’Europe de Bruxelles (ou ce qu’il en restera après les élections italiennes) changera de stratégie et, compte tenu du caractère insoluble du problème catalan, décidera d’intervenir pour qu’un nouvel État-nation puisse être construit sur le continent sous le nom de République de Catalogne. C’est une conséquence logique: l’Europe mercantiliste, l’Europe du libre-échange, laboratoire de pratiques de la mondialisation néolibérale, soutiendra effectivement au final le “capitalisme thalassocratique” de la grande Catalogne. L’Europe ne se rangera pas derrière l’Espagne : l’UE n’aime pas les entités patriotiques. Si l’Union européenne arrivait à reconnaître l’éventuelle indépendance de la République de Catalogne, le Royaume d’Espagne abandonnerait alors le “club commercial” européen. Cela précipiterait encore plus la fin programmée de l’Union européenne. Peut-être sommes-nous alors confrontés à une opportunité historique: liquider l’UE et jeter les bases d’une Europe néo-carolingienne, terrestre, non-maritime, continentale, non-thalassocratique (comme l’embryon du Grossraum eurasien), l’Europe de Visegrad, l’Europe de l’Empire austro-hongrois. Rappelons que Charlemagne étendit son empire aux soi-disant «marches hispaniques» ‒ zone des futurs territoires de Catalogne, d’Aragon et de Navarre, noyaux fondateurs, avec les Asturies et la Castille, de la nation espagnole. Le problème n’est donc pas « la Catalogne ou l’Espagne ». Le problème est l’oligarchie catalane et l’extrême gauche espagnole? Une cleptocratie qui pratique le népotisme et le clientélisme et nourrit le sentiment anti-espagnol.

Désespagnolisation: en finir avec le régime de 1978

S’il y a quelque chose sur laquelle les authentiques défenseurs de l’Espagne sont tous tombé d’accord, et aussi surprenant que cela puisse paraître y compris, avec les séparatistes, les terroristes et les gauchistes de Catalogne, c’est qu’une fois pour toutes «il faut en finir avec le régime de 1978». La classe politique et économique catalane accumule plus de trois cent affaires judiciaires pour corruption, contre cent cinquante en Andalousie et cent quarante à Madrid. La Constitution espagnole de 1978 est la loi fondamentale. Le texte fut développé par la voie du consensus et pour la première fois dans l’histoire espagnole, elle fut approuvée par référendum pendant le processus de ce qu’on a appelé la « transition ».

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En fait, depuis cette date, une sorte d’alliance de circonstances s’était formée qui avait ouvert l’Espagne à sa dislocation et à sa mutilation future, par le jeu de l’alternance des grands partis de gouvernement (l’un, prétendument de droite, l’autre, hypothétiquement de gauche) et la complicité intéressée et manifeste (si ce n’est même parfois le soutien inconditionnel en échange de quelques prébendes financières) de l’oligarchie nationaliste basque et catalane. Il faut voir l’impunité avec laquelle ces quatre acteurs (version politique des quatre cavaliers de l’Apocalypse) nous ont conduit à quarante ans de tyrannie, de corruption, de chantage de “désespagnolisation“, tandis qu’une prétendue droite se spécialisait en “expertocratie” et en “technocratie” de la gestion des ressources, comme simple filiale d’un gouvernement mondial néolibéral, et que l’hypothétique gauche prenait le contrôle de tous les moyens médiatiques, universitaires, éducatifs et artistiques en pariant sur l’internationalisation des conflits et la protection des “minorités” en même temps qu’elle tissait une alliance contre nature avec les vieux nationalistes.

La Constitution de 1978, malgré le mythe de son intangibilité, n’est pas intouchable même si on nous a répété à satiété qu’elle ne permettrait seulement que des réformes ou des modifications mineures et ponctuelles. Or ce qui s’impose aujourd’hui, ce n’est pas de la modifier mais de la remplacer. Si nous souhaitons «liquider le régime de 78», ce n’est justement pas, comme le veulent les “traîtres” pour nourrir une fois de plus les démons que son approbation lâcha mais pour revenir en arrière et tout recommencer.

La Constitution de 78 consacrait un modèle d’autonomie territoriale diabolique, simplement conçu comme un compromis pour pacifier des territoires supposés réticents à une nation unitaire. Elle a ouvert la porte à l’existence de “nationalités” , un concept qui a été immédiatement repris par les rebelles pour breveter leur « vie démocratique espagnole”, après la dissolution des institutions organiques du régime dirigé par Francisco Franco, leur “différentialisme”, alors que la “nationalité” est un concept exclusivement civil de caractère personnel (la “Nation”, c’est l’Espagne, la “nationalité” ne peut qu’être espagnole, malgré des identités régionales, qui peuvent effectivement être aragonaise, catalane ou murcienne) mais surtout pas une délimitation territoriale de caractère historique et politique.

Peut-être qu’à ce moment fatidique de 78, il aurait été plus raisonnable de définir un “système fédéral”, mais la mémoire historique bloqua les grands esprits de nos «pères de la Constitution». Ils ont alors préféré créer une monstruosité régionale qui ne satisfaisait personne et portait en son sein le germe de la dislocation. En effet, “fédérer” n’impliquait pas forcément de “négocier” une association entre des acteurs nationaux sur un pied d’égalité, ce qui n’était d’ailleurs pas le cas alors. ”Fédérer” aurait pu être conçu et utilisé à la carte en une sorte d’exercice d’aménagement du territoire, non du pouvoir politique, mais sous forme de gestion administrative, c’est-à-dire comme un mode de “décentralisation” sous contrôle. Fédérer ne suppose pas transférer automatiquement le pouvoir législatif et exécutif de l’impôt, de l’éducation, de la santé, etc., mais enjoint de déléguer, de partager la mise en exécution des lois de l’État et la gestion des ressources financières du territoire, à une direction politique supérieure, l’État fédéral au sommet. Enfin, fédérer, malgré la mauvaise presse qui entoure ce concept est un système flexible qui peut s’adapter à différentes circonstances et éventualités, comme en témoigne la variété des “États fédéraux”, tous différents à la fois dans leur exécution et leur matérialisation.

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La Fédération aurait donc pu être la solution de l’époque, mais elle ne peut plus l’être maintenant. A cette époque, il aurait en effet été possible de “fédérer” deux entités régionales problématiques (le Pays Basque et la Catalogne), mais on avait choisi une autre voie, on choisit de «communautariser, d’autonomiser» à dix-sept, certaines de ses entités régionales constituant d’ailleurs de véritables aberrations historiques sur le papier. Alors qu’il aurait été possible de construire réellement cette fédération. Ce ne fut donc pas possible et il n’est plus possible de le faire maintenant, il n’est plus possible et qu’on se le dise de fédérer l’Espagne, il faut la réunir, la rassembler, réunifier une Espagne aujourd’hui en morceaux, une Espagne cassée, une Espagne brisée, à cause des héritiers du «régime de 78» et des traîtres qui veulent aujourd’hui l’achever, seulement pour la remplacer par une «confédération internationale des peuples ibériques», une confédération haineuse et revancharde, où régnerait le pire du stalinisme.

Il suffit de voir comment se forge cette alliance de conspiration entre les nationalistes (la bourgeoisie basque et catalane, jalouse de ses prébendes) et les internationalistes (les communistes et les terroristes) pour comprendre ce qui nous attend et quel prix on devra payer. Car oui, tout cela aura un prix: c’est celui de la fin de l’Espagne, de l’achèvement de l’Espagne, de l’Espagne par terre.

Rapprochement entre les Corées. Echec majeur pour Washington

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Rapprochement entre les Corées. Echec majeur pour Washington

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La Corée du Sud et la Corée du Nord se sont entendues sur la tenue d'un sommet entre les deux pays à la fin du mois d'avril, a annoncé le 6 mars un émissaire sud-coréen, reçu à Pyongyang par le leader nord-coréen Kim Jong-Un. Leurs discussions ont duré plus de quatre heures.

https://francais.rt.com/international/48519-rapprochement...

"Le Sud et le Nord sont d'accord pour une ligne de communication d'urgence entre les dirigeants pour désamorcer les tensions militaires et se coordonner étroitement", a déclaré l'émissaire de Séoul, le chef du Bureau de la sécurité nationale Chung Eui-yong. La Corée du Nord pour sa part a promis de suspendre ses essais nucléaires et de missiles pour la durée du dialogue inter coréen, a ajouté Chung Eui-yong, qui est conseiller pour la sécurité du président Moon Jae-in. Il a confirmé que la Corée du Nord avait exprimé la volonté de se dénucléariser à condition que sa sécurité soit garantie. Les Nord-Coréens ont également dit être ouverts à des discussions avec Washington concernant la dénucléarisation et la normalisation des relations bilatérales,

Le sommet aura lieu symboliquement dans le village de Pan-mun-jom, au milieu de la zone démilitarisée qui sépare la Corée du Nord de la Corée du Sud. Il sera précédé d'une conversation téléphonique entre Kim Jong-Un et Moon Jae-in. Chung Eui-yong et les diplomates sud-coréens qui l'ont accompagné à Pyongyang sont les plus hauts responsables du Sud à se rendre en Corée du Nord depuis plus de dix ans, dans la suite d'un début très remarqué de rapprochement occasionné par les jeux Olympiques d'hiver à Pyeongchang qui se sont achevés le 25 février. Ils ont été marqués, entre autres, par un défilé des deux Corées réunies sous une même bannière.

La Corée du Sud n'oublie pas cependant que sa marge de manœuvre reste limitée, tant qu'elle demeure une plate forme militaire avancée des Etats-Unis, non seulement face à la Corée du Nord, mais aussi à la Chine, pour ne pas mentionner la Russie orientale très proche. De plus, ses puissantes mais fragiles industries ne peuvent se passer de coopération avec les Etats-Unis et l'Europe. Aussi Séoul a-t-il annoncé qu'il rendra compte très rapidement à Washington de ce voyage. Des émissaires s'y trouvent actuellement. 

Donald Trump persiste

Mais manifestement, Donald Trump ne veut pas accepter le moindre rapprochement. L'administration américaine vient d'imposer de nouvelles sanctions unilatérales au Nord, les plus dures à ce jour selon Trump.

Plus puérilement, si l'on peut dire, la diplomatie américaine, qui ne recule devant aucun effort pour compromettre un rapprochement entre les deux Corées, vient de faire savoir qu'aucune discussion avec Kim Jong-Un ne sera possible tant que celui-ci n'aura pas reconnu et dit regretter l'assassinat de son demi-frère Kim Jong-Nam survenu en Malaisie en 2010 par un nord-Coréen appréhendé ensuite comme espion.

Il est évident que Kim Jong-Un ne renoncera pas durablement au développement d'armes atomiques et balistiques. Il s'agit de sa seule garantie contre un attaque de première frappe américaine, qui sinon aurait eu lieu depuis longtemps. Mais il est évident aussi qu'il ne s'en servira pas lui-même en première frappe, ce qui serait un suicide pour la Corée du Nord, accompagné de la destruction de la Corée du Sud. En cela, Kim tient le même propos que celui de Vladimir Poutine, dans sa révélation début mars des nouvelles armes russes.

Beaucoup de citoyens américains réalistes commencent à souhaiter que les Etats-Unis reconnaissent loyalement qu'ils ont perdu la guerre visant à conserver la domination unilatérale du monde. Les Etats-Unis devraient tenir compte du fait que le pouvoir devra être partagé de façon multilatérale avec d'autres puissances, la Russie et la Chine notamment.

L'actuel recul de l'influence américaine face aux deux Corées leur donnera sans doute de nouveaux arguments. Malheureusement aucun homme politique d'envergure, à Washington, ne paraît prêt à reconnaître cette réalité.

Note
Sur la question des deux Corées, voir notre article du 13/02
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2906...