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lundi, 13 octobre 2025

Changement de régime

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Changement de régime

par Andrea Zhok

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/regime-change

De temps à autre, quelqu’un rappelle à quel point la vie est difficile à Cuba ou au Venezuela, combien la population souffre, à quel point l’économie est en grande détresse. Souvent, ces personnes poursuivent en affirmant, ou à tout le moins en suggérant, que cela est la responsabilité de gouvernements illibéraux, qu’il serait donc souhaitable de renverser, afin de libérer enfin le peuple de la misère.

On ne sait jamais si c’est par ignorance ou par malveillance, mais ces personnes oublient toujours de mentionner un détail.

Des pays comme Cuba et le Venezuela sont sous l’emprise de sanctions internationales dévastatrices imposées par les États-Unis.

fotonoticia_20180806101622_1920-443258547.jpgCuba est sous sanctions depuis toujours, depuis qu’ils ont osé chasser le dictateur pro-américain Fulgencio Batista (1959) (photo).

Le Venezuela est sous embargo, interdit de vendre son propre pétrole et d’accéder au système de crédit international depuis 2017 (premier mandat Trump). Entre 2017 et 2024, le Venezuela a subi des pertes estimées à environ 226 milliards de dollars, à cause de cette étreinte.

Le petit jeu américain est, partout dans le monde, toujours le même : ils exercent une combinaison de chantages économiques, de menaces (ou d’interventions) militaires et de financement des forces pro-américaines à l’intérieur du pays qu’ils veulent contrôler. Cette usure se poursuit jusqu’à ce qu’un de leurs pantins parvienne au pouvoir, selon des modalités présentées comme une «expression spontanée de la volonté populaire».

Qu’il s’agisse de Pinochet au Chili ou d’Al-Jolani en Syrie, du Guatemala, du Nicaragua, de la Bolivie, de la Libye, etc., le schéma se répète avec de très légères variations.

Il n’y a là rien de mystérieux. Il s’agit de politique impérialiste ordinaire.

La seule chose dans ce tableau qui frôle le mystère, c’est la réactivité des « émancipateurs à ressort » des contrées occidentales. Il s’agit de naïfs aussi embarrassants que fréquents, pour la plupart des baizuo, qui, de temps à autre, se réveillent, par l'effet du journal du matin, dans la peau de courageux libérateurs de peuples opprimés.

La veille au soir, ils ne savaient même pas que tel ou tel terrible régime illibéral affamait son peuple, mais le lendemain, d’un coup, ils se découvrent protecteurs des campesinos et des droits civils dans quelque pays lointain où – quelle coïncidence – est justement en train de mûrir un « regime change made in USA ».

Puis, typiquement, le lendemain de la prise de pouvoir du nouveau régime « ami », ils oublient en temps réel l’existence même de ce pays, certains – on suppose – qu’à partir de ce moment le sort des peuples qui leur tenaient tant à cœur s’est définitivement redressé, au point qu’il ne vaut plus la peine de s’y intéresser.

Lecornu et les arrière-pensées du président

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Lecornu et les arrière-pensées du président

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/lecornu-e-la-frutta-del-preside...

Lecornu démissionne. L'impossibilité de former un gouvernement a pu être constatée par tous, de la Terre de Feu au Détroit de Bering.

Et Macron le renomme. Pour former le gouvernement.

Il a la confiance du président.

Cela ressemble à une pochade. Une comédie de Feydeau transposée à l'Élysée et dans ses environs.

Et pourtant, c'est la réalité.

À bien des égards, une réalité tragique.

Car Macron est désormais à bout de souffle. Au cours de consultations fébriles, il n'a trouvé personne, absolument personne, disposé à assumer la charge de former un nouveau gouvernement pour la France.

Personne n'est prêt à aller à l'abattoir.

Il a donc repêché le pauvre Lecornu (nomen est omen) qui, évidemment, ne peut pas lui dire non.

Il ira à l'abattoir, bien sûr, mais il lui accordera encore un peu de temps.

Et c'est ce que Macron veut. Du temps. Pour entraîner une France, qu'il ne contrôle plus, vers la guerre. La guerre avec la Russie, à laquelle il n'est, militairement, absolument pas préparé. Et qui, d'ailleurs, n'est pas souhaitée par la grande majorité des Français. Qui sont déjà en révolte contre les conditions économiques dans lesquelles ils se trouvent. Et qui, à coup sûr, rejetteraient un conflit qui ne les concerne pas. Qu'ils ne comprennent pas, et ne peuvent comprendre.

Mais Macron mise là-dessus. Contre toute logique saine. En espérant que l'état de guerre lui permette de suspendre les derniers vestiges de démocratie. Et de rester à l'Élysée. De survivre.

En somme, il nous dit: "Que la France meure, pourvu que je continue à vivre".

Un très beau programme gouvernemental.

D'autre part, Macron s'est retrouvé confronté à une situation dont il n'est pas vraiment responsable.

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Ses prédécesseurs, notamment Sarkozy et Hollande – mais Giscard a également sa part de responsabilité –, ont fait vivre la France au-dessus de ses moyens, en exploitant à l'extrême les vestiges de l'empire colonial. La Françafrique et le franc CFA en étaient les symboles et les instruments. Une monnaie qui permettait de tenir sous contrôle les colonies africaines, déjà pauvres.

Mais aujourd'hui, c'est fini. Du Burkina Faso à tous les pays au sud du Sahel, les Français sont chassés sans ménagement.

Macron n'a fait qu'aggraver la situation. Transformant ce retrait en un effondrement honteux.

Et la France se rebelle. Car elle n'est pas disposée, comme je le disais, à accepter une réduction drastique de ses conditions de vie.

Sans parler des banlieues. Où les « invités », islamistes et africains, sont maintenus partiellement calmes grâce à des dépenses et des dons continus. Au détriment, cependant, des citoyens français.

Donc, à tous points de vue, Macron est arrivé au bout du rouleau.

Le sérieux, un minimum de sérieux, voudrait qu'il présente sa démission.

Il ne le fera pas. Et il continuera à essayer de déclencher un conflit entre l'Europe et la Russie.

Pour sauver son siège à l'Élysée.

La métamorphose du corps humain au 21ème siècle

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La métamorphose du corps humain au 21ème siècle

par Giuseppe Sapienza

Source: https://socialismomultipolaridad.blogspot.com/2025/10/la-...

Lorsque le capital, poussé par son besoin d’expansion, rencontre le corps humain, il le modifie de trois manières : comme produit, comme moyen de production et comme marché en soi. Ce processus s’accompagne d’une marchandisation générale du corps humain et d’une métamorphose fonctionnelle : de l’être-corps à l’avoir-corps.

Le corps humain comme produit

En tant que marchandise achetée et vendue sur le marché de la production et de la consommation, le corps humain a toujours été limité par sa rigidité. Contrairement à de nombreux autres produits, le corps humain ne peut pas être modifié à volonté. Pourtant, c’est son mauvais état qui a préservé son humanité.

Aujourd’hui, la biotechnologie et l’intelligence artificielle semblent capables de franchir cette barrière.

La séparation du corps de l’identité individuelle a rendu possible la vente du corps humain non seulement aux autres, comme dans l’esclavage, la prostitution ou, en d’autres termes, le travail salarié, mais aussi à son propre propriétaire, qui, en interagissant avec lui-même, entre dans un cycle de création et de satisfaction de besoins comblés par les soins corporels, les traitements de beauté, la chirurgie, le fitness, etc. Ainsi, l’individu finit par devenir une sorte d’acheteur, d’utilisateur et de client de son propre corps. La biotechnologie peut élargir les possibilités du corps humain, compris comme produit, selon les besoins du marché, en identifiant de nouvelles parties spécifiques à améliorer, remplacer ou échanger ; et, à l’avenir, l’intelligence artificielle est capable de reproduire l’esprit de manière algorithmique, le séparant ainsi du corps. Dans cette perspective, n’importe quel esprit pourrait habiter n’importe quel corps, dans une sorte de marché immobilier du corps humain.

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Le corps humain comme instrument de production

En tant qu’instrument de production, le corps humain a montré toutes ses limites depuis la naissance de la vie sociale. La marge d’amélioration structurelle est très différente. Les machines peuvent être modifiées, améliorées et remplacées indéfiniment, tandis que les humains restent inchangés depuis le jour imaginaire où ils se sont proclamés humains.

L’incapacité du corps humain à être modifié structurellement a laissé sa capacité productive osciller entre une marchandise inestimable hors marché et, au contraire, un produit sans marché et une marchandise de faible valeur.

Le corps humain comme marché en soi

Si l’on imagine le corps humain comme un lieu géographique où l’on achète et vend des biens comme des montres, des vêtements ou des bijoux, sa plasticité limitée représente un obstacle à l’expansion du capital car, si le marché des montres exige un troisième bras, l’humain ne peut s’en doter.

Le capital a tenté de contourner cette limitation par la multiplication des individus et l’augmentation conséquente de la population mondiale.

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La façon dont, ces dernières années, le capital est allé au-delà des usages traditionnels du corps humain comme marché en soi (vêtements, mode, accessoires, produits pharmaceutiques, etc.) l’a vu s’immiscer dans le corps humain, donnant lieu à un marché du sang, des organes, et, plus récemment, du sperme et des ovules, et à la location d’utérus pour la reproduction.

Ces dernières années, les avancées technologiques ont permis la conception de médicaments personnalisés, la modification génétique, les nano-médicaments, la protéomique, les cellules souches et la biologie synthétique, qui promettent de faire du corps humain un marché aux possibilités immenses.

Le scénario le plus inquiétant est celui de l’homme du 21ème siècle totalement séparé de son corps, totalement marchandisé et soumis aux règles du marché.

Dans les perspectives les plus extrêmes de l’intelligence artificielle, le corps peut être habité, acheté et vendu comme un appartement, tandis que du point de vue de la biotechnologie, il peut être modifié à volonté, amélioré et intégré à des parties robotiques.

Dans cette perspective, la vieille phrase de Sénèque : « Celui qui est esclave de son propre corps n’est pas libre » prend un tout autre sens.

Chaos permanent en France: un mauvais présage pour l'Allemagne et l'Europe

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Chaos permanent en France: un mauvais présage pour l'Allemagne et l'Europe

Paris. Nouveau coup de théâtre chez nos voisins : après seulement 27 jours en fonction, le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé lundi sa démission. Le pays va ainsi avoir son sixième chef de gouvernement en deux ans, et le quatrième en douze mois. Lors de son entrée en fonction en septembre, Marine Le Pen, du Rassemblement national, avait prédit que Lecornu serait la « dernière cartouche » de Macron.

Comme la plupart de ses prédécesseurs, Lecornu a lui aussi échoué en raison de l'instabilité chronique qui règne à l'Assemblée nationale à Paris. Le parti du président Macron n'y représente plus qu'un petit groupe parlementaire, coincé entre les grands blocs de gauche et de droite. Le Rassemblement national de Marine Le Pen forme certes le groupe le plus puissant, mais il reste exclu de la formation du gouvernement – une réplique du « mur de feu » (ou cordon sanitaire) allemand.

Le camp de gauche est quant à lui fragile. Il dispose certes de plus de sièges que le Rassemblement National en raison du scrutin majoritaire français, mais il est fragmenté en plusieurs groupes parlementaires et exige de Macron une politique radicale de gauche qu'il ne peut soutenir.

Macron n'a désormais plus que deux options : soit il intègre le Rassemblement national de Le Pen au gouvernement, ce qui, dans l'état actuel des choses, l'obligerait à céder le poste de vice-président à Jordan Bardella, le protégé de Marine Le Pen, soit il organise de nouvelles élections, lors desquelles le Rassemblement national devrait encore renforcer sa position.

Cette crise ne marque pas vraiment un tournant dans la politique française. Le chaos est depuis longtemps institutionnalisé dans ce pays voisin. Elle est toutefois un signe avant-coureur pour l'Allemagne voisine. Elle montre en effet où mènent les « murs coupe-feu » idéologiques (les "cordons sanitaires"). Les différences entre le scrutin majoritaire français et le scrutin proportionnel allemand sont finalement négligeables : même le système électoral allemand, qui offre depuis un certain temps des résultats électoraux impressionnants à l'AfD, pourrait conduire à long terme à une situation instable si les partis traditionnels s'accrochent à leur « mur coupe-feu ». Même de légers changements dans les résultats électoraux pourraient contraindre l'Union et la SPD à former une nouvelle coalition avec les Verts. Les conséquences éventuelles en sont d'ores et déjà connues. (mü)

Source: Zu erst, octobre 2025. 

Argentine : nuages d’orage et vents de changement

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Argentine : nuages d’orage et vents de changement

Javier M. del Castillo

Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2025/10/argentina-nub...

I.

Le dimanche 7 septembre dernier, le gouvernement de Javier Milei a subi le choc d’une défaite retentissante lors des élections législatives et municipales qui se sont tenues dans la province de Buenos Aires : Fuerza Patria (FP), la coalition dirigée par le Parti Justicialiste, est sortie largement gagnante, s’imposant dans 6 des 8 circonscriptions électorales existantes. Elle a dépassé de plus de 13 points La Libertad Avanza (LLA), une coalition composée du parti éponyme du président argentin et de Propuesta Republicana (PRO) de l’ex-président Mauricio Macri. Ainsi, à la Chambre des députés de Buenos Aires, FP a obtenu 39 sièges, à 8 du quorum, tandis que la coalition LLA a atteint un total de 30 sièges. Parallèlement, au Sénat provincial, FP a obtenu 24 sièges, atteignant le quorum, tandis que la coalition LLA totalisait 16 sénateurs.

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Ces résultats affaiblissent non seulement gravement les positions de la LLA et de ses alliés dans l’État le plus important de la République argentine. Ils augmentent également de manière significative la probabilité d’une défaite lors des élections législatives nationales du 26/10/25. Cela s’explique par l’importance considérable de la province de Buenos Aires dans la politique argentine: elle abrite près de 40 % de la population nationale et détient 35 des 127 sièges à renouveler à la Chambre des députés de la Nation. Mais en outre, cette augmentation des probabilités est due à l’attitude adoptée par Milei lui-même face aux élections de Buenos Aires: avec un ton ouvertement triomphaliste, le président n’a pas hésité à conférer à ces élections provinciales une signification et une portée nationale.

Face à la clarté du message transmis par les électeurs de Buenos Aires, le président n’a pas tardé à reconnaître publiquement la défaite. Cependant, il a aussitôt confirmé l’orientation politique de son gouvernement, annonçant même son renforcement et son accélération. Une telle confirmation, face à la fermeté du scrutin, met en évidence une dangereuse obstination du président et alimente en parallèle les soupçons d’une forte influence occulte, dans l’agenda de son gouvernement, d’intérêts contraires à la Nation argentine.

Ces deux considérations gagnent encore en crédibilité lorsqu’on tient compte de quatre revers sévères subis par le président au Congrès national. L’un, trois jours avant les élections de Buenos Aires, et les autres, les 18 septembre et 2 octobre : par de larges majorités, les vetos présidentiels contre les lois d’urgence nationale concernant le handicap, la répartition des apports du Trésor national aux provinces, l’urgence pédiatrique et le financement universitaire, ont été rejetés. Ces vetos, malgré l’importance et la gravité des sujets concernés, avaient été annoncés publiquement par le président sur un ton vantard, provocant, voire moqueur, allant jusqu’à dénigrer les promoteurs des initiatives législatives dont question. Depuis plus de 20 ans, le Congrès national n’avait pas rejeté un veto présidentiel…

II.

Il va sans dire que le rejet du premier de ces revers, survenu quelques jours avant les élections de Buenos Aires, a fortement contribué à la défaite électorale de la LLA dans cette province. Cependant, il serait erroné d’omettre au moins deux autres facteurs qui ont également conduit à ce résultat :

1) L’échec de la politique économique :

Le gouvernement de Milei met particulièrement en avant, parmi les mérites de sa politique économique, la lutte contre l’inflation et l’excédent budgétaire primaire obtenu en 2024 (10,4 billions de pesos). Ces deux points exigent les précisions suivantes :

- Il est vrai que le processus d’inflation a ralenti. Cependant, il n’en est pas moins vrai que c’est ce même gouvernement qui, en décembre 2023, a provoqué un bond brutal de l’inflation (de 10/12 % à 25,5 % par mois) et que, depuis, celle-ci n’a cessé de croître, atteignant en juin 2025 une accumulation de 214,4 %.

- L’excédent budgétaire primaire a été obtenu grâce à un ajustement extraordinaire des comptes de l’État national (le plus dur de l’histoire argentine, selon les dires de Milei lui-même). Mais cet ajustement, loin de peser sur “la caste” comme le promettait le président pendant sa campagne électorale, a été supporté par le peuple argentin accablé (par la dévaluation des revenus et subventions dus à l’inflation ; par la paralysie massive et indiscriminée des travaux publics ; par la réduction drastique des prestations sociales ; par des hausses exorbitantes des tarifs des services publics et des impôts distorsifs, comme les “taxes sur les carburants” ; etc.). De plus, cet excédent budgétaire a finalement servi à payer une partie des intérêts de la dette publique de l’État central.

En conséquence, loin de la relance tant promise et attendue, l’économie argentine continue à montrer de nombreux signes d’alarme : contraction de l’activité industrielle, augmentation du chômage, dépréciation des salaires réels, chute de la consommation intérieure, dégradation grave de l’infrastructure logistique, insuffisance énergétique, etc. À ce sombre panorama s’ajoutent : la mauvaise santé des comptes de la banque centrale (réserves nettes négatives : entre 4 et 8 milliards de dollars US) et une augmentation hypertrophiée de la dette publique de l’administration centrale (par prise de prêts sans capacité de remboursement, acceptation ou offre de taux exorbitants, renégociation systématique, anatocisme et emprunt pour payer la dette). Il suffit de mentionner le sauvetage de 44 à 48 milliards de dollars conclu avec le FMI et d’autres entités il y a quelques mois, ou les démarches désespérées en vue d’obtenir une aide financière du Trésor américain, pour conclure que l’Argentine se trouve déjà à l’épicentre d’une nouvelle crise de la dette publique, avec un risque sérieux de défaut de paiement.

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Parallèlement, le spectre de la dévaluation du peso agite, car le gouvernement de Milei “subventionne” le taux de change avec le dollar américain par la dette publique, le maintenant artificiellement bas. Ce taux n’est pas viable, en premier lieu, à cause de son artificialité et de la volatilité de la dette qui le soutient. Mais aussi parce qu’il s’agit d’un taux de change non compétitif pour le commerce extérieur, lequel, combiné à la politique d’ouverture de Milei qui supprime les barrières à l’importation, déséquilibre la balance commerciale.

2) Scandales pour délits présumés :

Depuis le début de 2025, divers cas retentissants ont éclaboussé le gouvernement de Milei : celui de la crypto-monnaie $LIBRA ; celui du fentanyl contaminé qui a déjà causé plus de 100 morts ; celui des enregistrements attribués à l’ex-directeur de l’Agence nationale du handicap, évoquant des pots-de-vin systématiques impliquant Karina Milei, sœur du président et secrétaire générale de la présidence ; et celui de la relation du député José L. Espert, l’une des principales figures du parti au sein de la Chambre basse nationale, avec ‘Fred’ Machado, un homme d’affaires argentin assigné à résidence en attente d’extradition demandée par un tribunal texan pour trafic de drogue et blanchiment d’argent, entre autres délits (suite à ce scandale, Espert a fait l’objet d’une plainte pénale en Argentine et vient de renoncer à sa candidature au Sénat national)…

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Ces affaires ont mis à mal l’un des principaux atouts politiques du “mileisme” : le drapeau de l’honnêteté, de la transparence et de l’efficacité. Par ailleurs, ces scandales ont favorisé la réémergence d’anciennes accusations publiques contre divers dirigeants de la LLA, formulées par d’anciens partisans “mileistes” désabusés, concernant : paiement pour des réunions avec Milei, vente de candidatures et même harcèlement sexuel. Dans ce contexte inquiétant, face à une population de plus en plus lassée, certaines voix publiques commencent à affirmer que Milei consomme régulièrement des psychotropes puissants et porte des couches en raison de son incontinence. De plus, certains l’accusent publiquement d’avoir consommé et/ou diffusé de la pornographie infantile (des rumeurs qui, par leur extrême gravité, provoquent un mélange de confusion, de perplexité, d’indignation et de rejet).

III.

Inutile de dire que tout ce qui précède constitue un cocktail explosif d’une grande dangerosité, d’autant plus dans un contexte où, pour couronner le tout, l’ensemble des forces politiques est affaibli dans sa représentativité (les taux élevés d’abstention et de vote blanc en témoignent). Dans ces conditions, l’atmosphère argentine est de plus en plus imprégnée du parfum funèbre d’un possible effondrement du gouvernement Milei, ainsi que du sentiment inquiétant que le pays est à la veille de changements brusques. Ce n’est pas un hasard si, dans les milieux politiques, la presse et l’opinion publique, les diagnostics de “fin de cycle” et les pronostics d’“éclatement de la crise” résonnent de plus en plus fortement. D’ailleurs, ces présages trouvent un écho dans de nombreux médias et cercles proches ou alliés du gouvernement Milei.

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Au milieu de ce contexte sombre et préoccupant, une actrice clé se détache, dont la pertinence politico-institutionnelle semble grandir de jour en jour dans cette conjoncture difficile. Il s’agit de la vice-présidente de la nation, Victoria Villarruel (photo), qui serait appelée à assumer la présidence du pays en cas de départ anticipé de Milei. C’est une figure politique très différente de celle du président. Contrairement aux extravagances idéologiques de ce dernier, Villarruel revendique un patriotisme profond, sain et limpide, enrichi d’autres valeurs traditionnelles chères au peuple argentin. Face aux scandales qui entachent l’image de Milei, la réputation de Villarruel est exempte de tout soupçon de corruption. À l’opposé des emportements et des débordements du “manieur de tronçonneuse”, Villarruel fait preuve d’une grande prudence et de bon sens. C’est une qualité que la vice-présidente a démontrée, par exemple, par la lucidité et la fermeté avec lesquelles – dans un bel exemple de dignité personnelle et de responsabilité politique – elle a su répondre aux attaques injustifiées et acharnées de Milei à son encontre. À l’opposé de l’intransigeance radicale dont se vante ouvertement ce dernier, Villarruel a montré une remarquable ouverture au dialogue politique, une attitude qui n’a pas tardé à être remarquée et appréciée dans divers milieux politiques, favorisant le rapprochement de personnalités importantes, notamment des sénateurs nationaux et des gouverneurs de provinces.

À cela s’ajoute un facteur objectif fondamental, qui est l’Argentine elle-même. Ses immenses richesses et la résilience démontrée de ses habitants maintiennent ouverte la possibilité d’une reprise relativement rapide du pays, malgré la gravité des problèmes qui l’assaillent. Une reprise qui dépend, bien sûr, des changements de cap que la direction politique devra effectuer.

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Tout cela apporte un peu de sérénité et encourage un certain optimisme face à la tempête qui semble sur le point de s’abattre sur l’Argentine. Il convient ici de rappeler que le père de la vice-présidente, Eduardo Villarruel (photos), haut gradé de l’Armée argentine et vétéran reconnu de la guerre de l’Atlantique Sud, concluait souvent ses conférences géopolitiques destinées à la jeunesse en soulignant l’immense potentiel argentin et en appelant à un engagement patriotique actif. Peut-être la Providence divine a-t-elle prévu de confier à la fille de ce valeureux lieutenant-colonel la tâche de prendre la barre du navire national, de manœuvrer pour éviter la tempête qui s’annonce et de remettre le pays sur la voie de la grandeur.

Dans le contexte actuel, les signes se multiplient qui permettent de penser que, plus tôt que tard, les événements en Argentine vont s’accélérer de façon dramatique, et que la situation incertaine du pays sud-américain prendra une direction – pour le meilleur ou pour le pire. Pour l’instant, seul DIEU sait ce qu’il adviendra…

Javier M. del Castillo est avocat et professeur d’université argentin.

« L’Europe comme vassale » - Les mémoires de Stoltenberg

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« L’Europe comme vassale »

Les mémoires de Stoltenberg révèlent la dépendance totale de la direction de l’OTAN aux États-Unis et montrent que les politiciens ne sont que de simples gestionnaires

Arnaud Bertrand

Source: https://uncutnews.ch/europa-als-vasall-stoltenbergs-memoi...

Il est extraordinairement instructif de lire le livre de Stoltenberg sur son expérience en tant que secrétaire général de l’OTAN.

The Guardian vient d’en publier un long extrait.

Ce qu’il montre, entre autres :

ZÉRO réflexion stratégique et ZÉRO prévoyance

D’après les propres mots de Stoltenberg, il croyait en 2016 que Hillary gagnerait – cette croyance était basée sur son « intuition » – et a été « surpris » lorsque Trump a remporté l’élection.

La victoire de Trump l’a rendu très « nerveux », car Trump « avait déclaré dans une interview télévisée fin mars: "L’OTAN est obsolète"».

Réfléchissez-y deux minutes. Vous êtes le secrétaire général de la plus grande alliance militaire du monde, responsable de la sécurité de près d’un milliard de personnes. Un pays finance 80 à 90% de votre budget. Il y a une élection à deux issues possibles – et l’un des candidats a publiquement qualifié votre alliance d’«obsolète». Et pourtant, vous ne prenez aucune disposition au cas où il gagnerait, ni ne cherchez à comprendre, au-delà des déclarations médiatiques, comment il pense. Vous supposez simplement qu’il va perdre, sur la base de votre « intuition » – et quand il gagne, vous êtes « nerveux ».

Vous n’êtes en fait pas différent d’un téléspectateur ordinaire qui regarde CNN dans son salon – vous n’apportez aucune valeur ajoutée. C’est de la négligence stratégique au plus haut degré. Comme le dit le proverbe: «Gouverner, c’est prévoir» – ce qui, concrètement, signifie que la plus grande alliance militaire du monde n’était pas dirigée, et Stoltenberg l’avoue lui-même dans ses mémoires, comme si cela était tout à fait normal. C’est insensé !

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Et il ressort clairement de l’extrait que Stoltenberg n’était pas seul: personne n’était préparé, tous les dirigeants européens ne faisaient que réagir, au lieu d’agir.

Stoltenberg décrit un sommet de l’OTAN avec Trump en juillet 2018, où ce dernier menaça de quitter non seulement le sommet, mais l’OTAN elle-même si les autres membres n’augmentaient pas immédiatement leurs dépenses.

La scène, telle que la décrit Stoltenberg, est incroyablement pitoyable: le «père» annonce qu’il pourrait couper l’argent de poche, et les «enfants» se bousculent pour défendre leur cause. Merkel raconte à Trump les soldats allemands qui meurent en Afghanistan – «malgré une forte opposition dans mon pays, où beaucoup se demandent ce que l’Afghanistan a à voir avec nous». Le Premier ministre danois souligne également le «sacrifice de sang» de son pays pour les États-Unis, et sa voix «tremblait» lorsqu’il disait: «rapporté à la population, le Danemark a perdu plus de soldats en Afghanistan que les États-Unis».

Chacun rivalise pour montrer à Papa Trump quels « bons enfants » ils sont – des supplications émotionnelles depuis une position de dépendance totale. Il n’y a aucune préparation ni réponse stratégique.

Et pourtant, cela aurait pu être l’opportunité du siècle. Nous sommes en 2018, des années avant la crise ukrainienne et un an après que Macron a, pour la première fois, prôné l’« autonomie stratégique » de l’Europe. Trump offrait à l’Europe cette autonomie stratégique sur un plateau d’argent – en temps de paix, idéal ! Mais au lieu de saisir cette chance, les Européens – Macron inclus – ont gaspillé toute leur énergie à préserver le statu quo. Le résultat, nous le voyons aujourd’hui.

C’est une accusation accablante – et le pire, c’est que Stoltenberg en parle comme s’il avait bien géré une crise. Il ne se rend même pas compte qu’il vient de faire un aveu de faillite stratégique.

La colonisation des esprits

Ce qui ressort particulièrement de cet extrait, c’est à quel point l’Europe est devenue colonisée. Dès la nuit de l’élection américaine, lorsque Stoltenberg «a organisé une fête avec des amis et collègues dans sa résidence à Bruxelles. Nous avons installé une grande télévision dans le salon, et des hamburgers ont été servis».

En réalité, tout l’extrait – et probablement tout le livre – ne parle que des États-Unis : il s’agit de façon obsessionnelle de ce que pensent les Américains, de ce qu’ils veulent, de ce qu’ils pourraient faire. L’Europe n’existe pratiquement pas comme entité indépendante avec ses propres intérêts ou objectifs – ce n’est qu’un objet qui réagit aux mouvements américains. Le livre se lit comme le journal d’un eunuque nerveux à la cour impériale, qui observe l’humeur du souverain et considère comme un succès de rester dans ses bonnes grâces.

Un autre passage de l’extrait est particulièrement révélateur à cet égard. Stoltenberg décrit comment il a ordonné à tous les employés de l’OTAN de «se discipliner» vis-à-vis de Trump:

« Pas de roulements d’yeux lors des tweets ou des apparitions publiques de Trump ; pas de rires moqueurs à propos des vidéos ; pas de blagues sur le golf ou ses manières. Tolérance zéro était essentielle. Même un petit groupe qui se moque peut contaminer l’organisation. Et si Washington apprenait que des employés de l’OTAN se moquent de Donald Trump, ce serait désastreux. »

C’était son obsession : pas la planification stratégique, ni les intérêts européens, mais la peur que quelqu’un à Washington entende que les Européens ne sont pas assez respectueux envers l’« empereur ».

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C’est l’impérialisme réussi: les colonisés deviennent les exécutants les plus zélés des colonisateurs. Plus encore que dans le cœur de l’Empire – car aux États-Unis, à ma connaissance, rouler des yeux et plaisanter sur Trump est permis. À Bruxelles, en revanche, c’est interdit.

L’Europe est morte en tant qu’unité politique

À un niveau encore plus profond, le livre montre non seulement que les Européens manquent d’autonomie stratégique ou qu’ils sont mentalement colonisés – il montre qu’ils ont perdu le concept même de capacité d’action politique.

Stoltenberg et les dirigeants européens, tels qu’il les décrit, ne sont pas des hommes politiques avec un grand P, mais de simples gestionnaires, de petits bureaucrates.

Regardez comment Stoltenberg décrit son « succès » : il a empêché la réunion de s’effondrer, trouvé une formule pour sauver la face, empêché Trump de quitter la salle. Mais il ne s’occupe absolument pas du fond – à quoi tout cela sert-il ? Que veut réellement atteindre l’Europe ? Ces questions n’existent même pas dans son univers mental.

Cela va au-delà de la dépendance. Je compare souvent l’Europe actuelle à la fin de la dynastie Qing pendant le « siècle d’humiliation ». Mais malgré tous ses défauts – l’Empire Qing était conscient de son humiliation. Il comprenait que le but était la restauration nationale. La politique était vivante, même durant la colonisation.

Mais quel est l’équivalent européen ? Où est la conscience qu’il y a quelque chose de fondamentalement faux ? Les mémoires de Stoltenberg montrent un homme qui se considère comme un homme à succès – sur la base d’une définition totalement faussée du succès. Le patient ne sait même pas qu’il est malade. Les élites européennes d’aujourd’hui ont même perdu la conscience politique la plus élémentaire.

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L’historien français Emmanuel Todd a récemment évoqué un « processus de dégénérescence intellectuelle et morale », où « toutes les notions de vérité, d’honneur et de réflexion » disparaissent en Europe.

Ce livre en est l’illustration parfaite:

Un homme qui documente son propre échec politique, décrit des scènes de soumission et d’humiliation profondes – et présente tout cela comme l'histoire d'un succès.

La dégénérescence est totale, lorsqu’on l’appelle cela du « travail bien fait ».