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dimanche, 01 novembre 2020

Augustin Cournot, découvreur de la posthistoire

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Augustin Cournot, découvreur de la posthistoire

par Nicolas Bonnal

« …Il doit aussi venir un temps où les nations auront plutôt des gazettes que des histoires… »

Henri de Man a pertinemment souligné l’importance du mathématicien, épistémologue et philosophe français Augustin Cournot, un génie méconnu qui a inventé au milieu du XIXème siècle la notion de posthistoire. Je suis allé voir ses œuvres sur archive.org et y ai trouvé quelques remarques écrites vers 1850. Cournot a été un grand mathématicien, un historien des sciences, un économiste chevronné, un philosophe, mais un modeste inspecteur de l’instruction publique ! Il fait penser à Kojève qui a fini fonctionnaire européen à Bruxelles…

Cournot incarne parfaitement ce génie médiocre, petit-bourgeois à la française, qui depuis Descartes ou Pascal jusqu’aux intellectuels du siècle écoulé, rêve de sa petite place dans la fonction publique. On peut dire aussi qu’il liquide à la française toute notion d’héroïsme ou de grandeur ! Hypolite Taine a brillamment décrit l’avènement du bourgeois français. Ce bourgeois aura bien analysé un déclin dont il est la marque la plus pitoyable. Tiens, un peu de Taine :

« Le bourgeois est un être de formation récente, inconnu à l'antiquité, produit des grandes monarchies bien administrées, et, parmi toutes les espèces d'hommes que la société façonne, la moins capable d'exciter quelque intérêt. Car il est exclu de toutes les idées et de toutes les passions qui sont grandes, en France du moins où il a fleuri mieux qu'ailleurs. Le gouvernement l'a déchargé des affaires politiques, et le clergé des affaires religieuses. La ville capitale a pris pour elle la pensée, et les gens de cour l'élégance. L'administration, par sa régularité, lui épargne les aiguillons du danger et du besoin. Il vivote ainsi, rapetissé et tranquille. A côté de lui un cordonnier d'Athènes qui jugeait, votait, allait à la guerre, et pour tous meubles avait un lit et deux cruches de terre, était un noble. »

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Pour Athènes, cela dépend de l’époque. On recommandera au lecteur le texte de Démosthène sur la réforme des institutions publiques (Περὶ Συντάξεως). On y apprend qu’une loi punissait de mort ceux qui osaient proposer de rendre au service de la guerre les fonds usurpés par le théâtre…

La science française –penser surtout au grand et petit Poincaré – n’est pas seulement rationnelle : elle est raisonnable. Elle reflète d’ailleurs le déclin démographique et le vieillissement de notre population à cette époque, le dix-neuvième donc, qui contraste avec le dynamisme européen. Cela ne retire rien bien sûr à la puissance conceptuelle de nos savants et de nos mathématiciens, ni à leur lucidité.

Cournot s’intéresse à tous les sujets avec la méthode et l’étroitesse d’un penseur de son siècle. C’est qu’il évolue dans le monde petit-bourgeois de Madame Bovary. Il parle surtout de la révolution terminée, 120 ans avant François Furet dans un très bon livre inspiré par Tocqueville et Cochin :

« Alors l'histoire de la Révolution française sera close, son mouvement initial sera épuisé, aussi bien en ce qui concerne à l'intérieur la rénovation du régime civil, qu'en ce qui regarde les entreprises extérieures et l'action sur le système européen…. Dès les premières années du siècle on pouvait dire avec fondement que la révolution était finie, en ce sens que tout un ensemble d'institutions ecclésiastiques et civiles, que l'on appelle chez nous l'ancien régime, avait disparu pour ne plus reparaître… »

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Le renversement de la féodalité a été finalement la grande affaire de cette Fin de l’Histoire, ce que confirment aussi bien les autres grands esprits français. Après la Révolution apparaît le rond-de-cuir (Cochin) ou bien sûr le bureaucrate soviétique, qui ne demandent qu’à conserver les acquis de leur pitance révolutionnaire. Celle-ci devient d’ailleurs de plus en plus un spectacle : on s’habille à la romaine, comme disait Debord du temps de Robespierre, et on défile au pays de Staline.

Cournot voir poindre aussi une humanité plus tiède, une humanité ni, ni, comme diraient Barthes ou Mitterrand. Une humanité vaguement religieuse, tempérée par la médecine et les machines :

« Après toutes les explications dans lesquelles nous sommes entrés jusqu'ici, est-il besoin d'ajouter qu'autant nous croyons impossible d'extirper du cœur humain le sentiment religieux et le sentiment de la liberté, autant nous sommes peu disposés à admettre que les futures sociétés humaines reconnaîtront pour guides les prêtres d'une religion ou les apôtres de la liberté? »

Ni prêtres ni missionnaires libertaires… Notre matheux voit bien plus loin que tous les Vallès et Bakounine de son temps ultérieur (le seul que je vois se nicher à sa hauteur est cet australien nommé Pearson – un littéraire cette fois ! - qui décrira toute notre entropie dans son National life and character [sur archive.org])

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On devrait se rassurer, puisque Cournot voit arriver une modération universelle avec un échec des idéologies, comme on disait encore. Avant Nietzsche il voit la modération arriver, modération qui on le sait sera un temps rejetée par les Allemands, et avec quelle imprudence ; mais d’un point de vue historique, Cournot a plus d’avance que Nietzsche, et il fonde ses considérations sur son observation mathématique et quasi-astronomique de l’Histoire :

« Tous les systèmes se réprimeront ainsi à la longue, quoique non sans de déplorables dommages, dans ce qu'ils ont de faux ou d'excessif. »

Lisez ces lignes superbes de lucidité et de froideur :

« Si rien n'arrête la civilisation générale dans sa marche progressive, il doit aussi venir un temps où les nations auront plutôt des gazettes que des histoires ; où le monde civilisé sera pour ainsi dire sorti de la phase historique ; où, à moins de revenir sans cesse sur un passé lointain, il n'y aura plus de matière à mettre en œuvre par des Hume et des Macaulay, non plus que par des Tite-Live ou des Tacite. »

A la place de Tacite on a Françoise Giroud.

Cournot voit un avènement de la fin de l’histoire qui est plutôt une mise en marge de l’Histoire, comme une porte qui sort de ses gonds, une bicyclette qui sort de la piste et dont la roue semble tourner, mais pour rien. Debord souligne « l’incessant passage circulaire de l’information, revenant à tout instant sur une liste très succincte des mêmes vétilles, annoncées passionnément comme d’importantes nouvelles. »

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Henri de Man écrira :

« L'histoire est un produit de l'esprit humain élaboré pour que les événements puissent être mesurés à l'échelle des buts et des forces humaines. À des événements comme ceux que nous vivons aujourd'hui il semble que cela ne s'applique plus ; et ce sentiment est à la base de l'impression que nous avons que « les temps sont révolus », que nous sommes entrés dans une époque en marge de l'histoire. Ce monde en marge de l'histoire qu'un instant Hamlet a entrevu dans le miroir de son âme égarée : un monde disloqué. »

Debord a consacré deux excellentes pages au baroque post-ontologique.

En prétendant progresser alors qu’il ne fait que du surplace, le monde décrit par Tocqueville, Cournot, De Man, vingt autres, ne fait que nous tromper. Seul un pessimisme radical mais révolutionnaire pourrait nous en préserver. L’optimisme moderne reste celui de la dévastation par la stupidité décrite par Cipolla, la dette et les attentats.

Kojève disait que pour supporter la fin de l’histoire il fallait apprendre le grec (lisez donc la syntaxe de Démosthène…). Je dirais plus sobrement qu’il faut surtout y apprendre à supporter sa journée et à la réussir. L’homme-masse allume sa télé, va au concert, à Las Vegas, au stade parce qu’il ne veut que de mimétisme et d’aliénation ;  l’homme de bien au sens d’honnête homme ou d’homme de bien du Yi King, apprend à jardiner ou à jouer du violon ; le reste c’est de l’actualité.

Sources

Antoine-Augustin Cournot, considérations sur la marche des idées (archive.org)

Henri de Man : considérations sur le déclin…

Debord - Commentaires

Taine – La Fontaine

The Importance of Samhain in the Celtic Calendar

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The Importance of Samhain in the Celtic Calendar

By Charles Squire
From Celtic Myth and Legend [1905]

Whatever may have been the exact meaning of the Celtic state worship, there seems to be no doubt that it centred around the four great days in the year which chronicle the rise, progress, and decline of the sun, and, therefore, of the fruits of the earth. These were: Beltaine, which fell at the beginning of May; Midsummer Day, marking the triumph of sunshine and vegetation; the Feast of Lugh, when, in August, the turning-point of the sun’s course had been reached; and the sad Samhain, when he bade farewell to power, and fell again for half a year under the sway of the evil forces of winter and darkness.

Of these great solar periods, the first and the last were, naturally, the most important. The whole Celtic mythology seems to revolve upon them, as upon pivots. It was on the day of Beltaine that Partholon and his people, the discoverers, and, indeed, the makers of Ireland, arrived there from the other world, and it was on the same day, three hundred years later, that they returned whence they came. It was on Beltaine-day that the Gaelic gods, the Tuatha Dé Danann, and, after them, the Gaelic men, first set foot on Irish soil. It was on the day of Samhain that the Fomors oppressed the people of Nemed with their terrible tax; and it was again at Samhain that a later race of gods of light and life finally conquered those demons at the Battle of Moytura. Only one important mythological incident–and that was one added at a later time!–happened upon any other than one of those two days; it was upon Midsummer Day, one of the lesser solar points, that the people of the goddess Danu took Ireland from its inhabitants, the Fir Bolgs.

The mythology of Britain preserves the same root-idea as that of Ireland. If anything uncanny took place, it was sure to be on May-day. It was on “the night of the first of May” that Rhiannon lost, and Teirnyon Twryf Vliant found, the infant Pryderi, as told in the first of the Mabinogion. It was “on every May-eve” that the two dragons fought and shrieked in the reign of “King” Lludd. It is on “every first of May” till the day of doom that Gwyn son of Nudd, fights with Gwyrthur son of Greidawl, for Lludd’s fair daughter, Creudylad. And it was when she was “a-maying” in the woods and fields near Westminster that the same Gwyn, or Melwas, under his romance-name of Sir Meliagraunce, captured Arthur’s queen, Guinevere.

The nature of the rites performed upon these days can be surmised from their pale survivals. They are still celebrated by the descendants of the Celts, though it is probable that few of them know–or would even care to know–why May Day, St. John’s Day, Lammas, and Hallowe’en are times of ceremony. The first–called “Beltaine” in Ireland, “Bealtiunn” in Scotland, “Shenn da Boaldyn” in the Isle of Man, and “Galan-Mai” (the Calends of May) in Wales–celebrates the waking of the earth from her winter sleep, and the renewal of warmth, life, and vegetation. This is the meaning of the May-pole, now rarely seen in our streets, though Shakespeare tells us that in his time the festival was so eagerly anticipated that no one could sleep upon its eve. At midnight the people rose, and, going to the nearest woods, tore down branches of trees, with which the sun, when he rose, would find doors and windows decked for him. They spent the day in dancing round the May-pole, with rude, rustic mirth, man joining with nature to celebrate the coming of summer. The opposite to it was the day called “Samhain” in Ireland and Scotland, “Sauin” in Man, and “Nos Galan-gaeof” (the Night of the Winter Calends) in Wales. This festival was a sad one: summer was over, and winter, with its short, sunless days and long, dreary nights, was at hand. It was the beginning, too, of the ancient Celtic year, and omens for the future might be extorted from dark powers by uncanny rites. It was the holiday of the dead and of all the more evil supernatural beings. “On November-eve”, says a North Cardiganshire proverb, “there is a bogy on every stile.” The Scotch have even invented a special bogy–the Samhanach or goblin which comes out at Samhain.

The sun-god himself is said to have instituted the August festival called “Lugnassad” (Lugh’s commemoration) in Ireland, “Lla Lluanys” in Man, and “Gwyl Awst” (August Feast) in Wales; and it was once of hardly less importance than Beltaine or Samhain. It is noteworthy, too, that the first of August was a great day at Lyons–formerly called Lugudunum, the dún (town) of Lugus. The mid-summer festival, on the other hand, has largely merged its mythological significance in the Christian Feast of St. John.

The characteristic features of these festivals give certain proof of the original nature of the great pagan ceremonials of which they are the survivals and travesties. In all of them, bonfires are lighted on the highest hills, and the hearth fires solemnly rekindled. They form the excuse for much sport and jollity. But there is yet something sinister in the air; the “fairies” are active and abroad, and one must be careful to omit no prescribed rite, if one would avoid kindling their anger or falling into their power. To some of these still-half-believed-in nature-gods offerings were made down to a comparatively late period. When Pennant wrote, in the eighteenth century, it was the custom on Beltaine-day in many Highland villages to offer libations and cakes not only to the “spirits” who were believed to be beneficial to the flocks and herds, but also to creatures like the fox, the eagle, and the hoodie-crow which so often molested them. At Hallowe’en (the Celtic Samhain) the natives of the Hebrides used to pour libations of ale to a marine god called Shony, imploring him to send sea-weed to the shore. In honour, also, of such beings, curious rites were performed. Maidens washed their faces in morning dew, with prayers for beauty. They carried sprigs of the rowan, that mystic tree whose scarlet berries were the ambrosial food of the Tuatha Dé Danann.

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Paul Gottfried: «Trump n’est pas un accident de l’histoire américaine»

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Paul Gottfried: «Trump n’est pas un accident de l’histoire américaine»
 
Ex: https://frontpopulaire.fr

ENTRETIEN. Historien des idées et intellectuel américain influent, Paul Gottfried a notamment été conseiller de Richard Nixon. Grand penseur du conservatisme, il publie L’Amérique de Trump, entre nation et empire chez Jean-Cyrille Godefroy. A la veille des élections américaines, nous l’avons interrogé pour comprendre le phénomène Trump.

41Tm8r-HWdL._SX195_.jpgFront Populaire : Depuis la campagne électorale américaine de 2016, Donald Trump a été conspué par beaucoup et partiellement adulé par d’autres, mais sans doute jamais vraiment compris dans sa spécificité. De quoi Trump est-il le nom, et quelle serait une définition du « trumpisme » ?

Paul Gottfried : Pour autant que le terme « trumpisme » ait un sens, on pourrait le définir comme la jonction entre le talent manœuvrier, le pragmatisme d’un homme d’affaire démocrate de New York et des courants souterrains d’une partie de l’opinion américaine qui entend qu’on lui rende un pays dont elle s’estime dépossédée.

FP : Vous expliquez au début de votre ouvrage que Donald Trump a été l’alibi des médias libéraux dans leur volonté de détourner le mouvement conservateur de son sillon traditionnel. Qu’entendez-vous par là ?

PG : Plus largement, les médias libéraux (au sens américain du terme) se servent de Trump comme ils se sont servis des néoconservateurs mais dans un sens différent. Avec les néoconservateurs, les médias libéraux mettaient en avant les plus « progressistes » comme dirait votre président (en fait partisans du libre-échange, de la finance, du multiculturalisme et de l’option militaire tous azimuts). Pour Trump, il s’agit de faire de lui un épouvantail pour réunir une gauche émiettée entre ceux pour qui les droits des minorités et la lutte contre les mâles blancs pauvres priment toute considération et un renouveau socialiste qui se fait jour aux États-Unis. Alors que pour le conservatisme américain historique, Donald Trump est sinon un homme de gauche du moins de centre gauche.

FP : Vous vous revendiquez vous-même du « paléo-conservatisme ». A quoi correspond ce courant d’idées et comment s’insère-t-il dans le conservatisme américain ? Et par rapport aux néoconservateurs ?

PG : Ce qu’on appelle « paléoconservatisme » équivaut à la tentative américaine de constituer un courant conservateur sur le modèle européen avec un succès discutable. Les néoconservateurs sont un groupe de pression qui a pris le contrôle du parti républicain à partir des années 70, en a expulsé les conservateurs classiques et qui ont imposé leurs visions économiques (libérales), géopolitiques (militariste) et sociales (multiculturelles) alors que le conservatisme américain originel est avant tout un anti-étatisme avec toutes les conséquences que cela implique (refus des grands travaux fédéraux, refus du multiculturalisme imposé par Washington et refus des aventures militaires).

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Paul Gottfried.

FP : Les courants idéologiques américains sont à restituer dans leur propre horizon de cohérence. Par exemple, le qualificatif « libéral » n’a pas le même sens outre-Atlantique que chez nous. Pourriez-vous nous donner quelques exemples de ce type de pièges à éviter pour penser le champ des idées américaines ?

Libéral équivaut au français « gauchiste », conservateur ou paléoconservateur est un courant qui n’a plus de représentation politique américaine autre qu’intellectuelle (via American conservative). Néoconservateur est le visage le plus connu du wilsonnisme soit l’école de l’impérialisme américain bien-pensant. Les libéraux radicaux au sens économique et philosophique sont des libertariens dans le lignage de Murray Rothbard. Les populistes américains sont un courant spécifique que vous connaissez en France à travers l’œuvre de mon regretté ami Christopher Lasch.

FP : En France, nous sommes en train, depuis quelques années déjà, de questionner la pertinence du vieux clivage gauche-droite pour d’autres formes d’approches transversales des oppositions politiques. Pourriez-vous nous éclairer sur les grands clivages politique du monde américain ?

imatz-droite-gauche.jpgPG : De mon point de vue, la grille de lecture droite/gauche est encore plus problématique aux États-Unis qu’elle ne l’est en France comme l’a démontré mon ami Arnaud Imatz, notamment dans son ouvrage Droite-Gauche, pour sortir de l’équivoque. Je pense que le clivage le plus structurant de la vie politique américaine s’articule aujourd’hui dans l’opposition entre les partisans de l’« America First » (ndlr : littéralement, L’Amérique d’abord, soit une politique fondée sur la primauté des intérêts intérieurs américains) contre ceux qui entendent que l’Amérique domine le monde (y compris, selon eux, pour le bien de celui-ci) en s’engageant un peu partout sur la planète. Cela explique le regard noir porté sur la politique protectionniste du président sortant.

FP : Vu depuis l’Europe, Trump représente la figure par excellence d’un certain populisme vulgaire et droitier, comme une créature de l’ancien monde que personne n’avait vu venir. Comment analysez-vous ce populisme, et lui voyez-vous des équivalences à l’étranger ?

PG : Dès qu’un homme confesse aimer son pays, dès lors qu’il n’est pas convaincu que Justin Trudeau soit l’avenir de l’humanité et qu’il appelle un chat un chat, il devient pour la social-démocratie mourante un « populiste vulgaire et droitier ». Vous savez, vous Français, qu’ils ont fait la même chose avec de Gaulle en son temps. Ils ne voudront jamais comprendre cette leçon essentielle de l’histoire : ce sont les États faibles qui attirent la ruine, les guerres civiles et les régimes autoritaires. Trump ou d’autres dans le monde, comme Poutine en Russie par exemple, incarnent cette volonté de force et d’incarnation face à l’Histoire. Est-ce si répréhensible de vouloir vivre ?

FP : La société américaine a toujours semblé fracturée sur des thématiques de race, de genre, d’origine et d’identité. Les présidents américains sont-ils condamnés à ne pouvoir être les représentants que d’une certaine catégorie de la population contre les autres ?

PG : Au-delà de quelques extrémistes qui trouvent d’ailleurs des gens – pour ne pas dire des manipulateurs - pour les aider, les influencer, les utiliser et les jeter, les américains issus des minorités veulent être Américains avant tout parce que le patriotisme n’est pas une notion vaine ici, donc je suis plutôt confiant sur ce point. Le problème est bien plus large que cela. La question est davantage : est-ce que l’Amérique n’est qu’une sous-culture mondialisée ou est-elle une vraie nation consciente d’elle-même ? C’est cela l’enjeu.

FP : A la veille de l’élection américaine, pouvez-vous nous faire un court bilan de la présidence Trump ? Quelles sont selon vous ses chances de réélection ?

PG : Il n’a pas engagé les États-Unis dans de nouvelles guerres extérieures. En se concentrant sur la politique intérieure, il a géré ce qu’il a pu avec les moyens qui étaient les siens, le tout avec, dans son dos et sur ses côtes, une guérilla institutionnelle et médiatique de tous les instants qui a fragilisé nos institutions. Ensuite, le paléo-conservateur que je suis est obligé de remarquer qu’il n’a pas engagé une politique vraiment conservatrice. Pour ce qui est des élections, il est devenu très difficile, à l’heure actuelle et compte tenu des conditions exceptionnelles de vote (ndlr : le vote par correspondance pour cause de Covid-19), de faire une prédiction fiable. Je peux toutefois faire une remarque de fond : Trump en lui-même, en tant que personne, peut être vaincu mardi prochain, mais il n’est pas un accident de l’histoire américaine. A ce titre, les courants souterrains et la dynamique historique qui l’ont porté lui survivront.

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EL REY PERDIDO, UN MITO EUROPEO

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EL REY PERDIDO, UN MITO EUROPEO

Ernesto Mila

Ex: https://info-krisis.blogspot.com

Todos los países de Europa sin excepción, tienen un tema común relacionado con sus monarquías: el mito del Rey Perdido. Un rey justo, legítimo y amado por sus súbditos, desaparece misteriosamente; todos se niegan a creer que haya muerto, se ha retirado a un lugar oculto y volverá cuando la hora sea propicia para ponerse al frente de la legión de los elegidos en la batalla final contra las fuerzas del mal.

ORIGEN DE LA FUNCION REAL

La etimología de la palabra “rey” es importante a la hora de determinar el concepto que el mundo antiguo se hacía de la función y del símbolo real. Se admite unánimemente que se trata de un término indo–europeo cuya huella se encuentra desde el área extrema de expansión celta (Europa Occidental) hasta la india védica.

Tatius.jpgEn ese ámbito geo-étnico siempre se encuentra la raíz reg– que da lugar a las variaciones rex (latino), el raj (hindú) y el rix (galo), presentes en palabras y nombres como dirigere, Mahararajh, o Vercingetorix. En general, la raíz reg– indica a “aquel que traza el camino”, es decir, define la jefatura y el mando.

De esta misma raíz deriva la palabra y el concepto de derecho (trazar el camino implica, en definitiva, enunciar un derecho, promulgar una ley): right (en inglés), recht (irlandés antiguo), recht (alemán), y encontramos la misma simetría en la lengua latina entre rex y lex.

Al establecer que la función real era “trazar el camino”, los pueblos indo–europeos hacían algo más que calificar al jefe político–militar. De hecho, la historia nos enseña que no fue sino en un período tardío cuando los monarcas asumieron la conducción militar de su pueblo, mientras que la política estaba delegada a la nobleza. El “dux” –palabra próxima a rex– indicaba a los caudillos militares que asumían el mando en momentos de crisis y en los que el rex delegaba la función guerrera. Luego, cuando se superaba la crisis, desaparecía el cargo de “dux bellorum”, caudillo de las batallas, literalmente. “Trazar el camino”, guiar a su pueblo por las seis rutas del espacio definidas por la cruz tridimensional que marca las direcciones del espacio. El rex tenía el poder de guiar a su pueblo en todas estas direcciones.

La función real primitiva se justificaba en que reyes y dioses no eran sino una misma persona. En el Apocalipsis de Juan se encuentra un eco de este orden de ideas: “Aquel que se sienta sobre el trono” declara “Yo soy el Alfa y el Omega, el Principio y el Fin”.

El rey era concebido como un punto de irradiación, no humano, encarnación directa de poderes trascendentes y, en tanto que tal, digno de ser obedecido; el mando, no era obtenido ni mediante elección, ni por aclamación, sino que procedía de un contacto tangible con entidades superiores, condición imprescindible para que los súbditos aceptaran la sumisión a su voluntad.

LA IDEA DE ORDEN

La prosperidad del reino, la victoria en las batallas y la justeza de sus decisiones, es decir, el Orden, eran muestra del origen divino y legítimo del poder. Si se producía un descalabro militar, una mala cosecha, si la injusticia se enseñoreaba, todo ello mostraba el debilitamiento del vínculo que unía al rey con el supramundo y con los poderes trascendentes. Entonces, sus súbditos podían destronarlo.

La vieja leyenda itálica del Rey de los Bosques de Nemi, cuenta que el rey de aquellos dominios está siempre en guardia bajo un árbol sagrado, y seguirá siendo rey hasta que un esclavo fugitivo consiga sorprenderlo y arrancar una rama del árbol que custodia. Por “esclavo fugitivo” hay que entender un hombre emancipado de los lazos de la materia y que ha logrado establecer un vínculo con la trascendencia.

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El mismo símbolo del árbol es reiterativo, indica la fuente de un poder y se relaciona habitualmente en el universo simbólico indo–europeo con la montaña, el centro, la isla, el jardín bienaventurado, etc. Todos estos símbolos suponen lugares inaccesibles, en los que reina el Orden, mientras que, a su alrededor, todo fluye, es caos y dinamismo contingente. Residir o tener acceso a uno de estos símbolos supone conquistar la función real. La montaña del Grial, el castillo de Camelot, la isla de Avalon, el Roble del Destino, el Jardín de las Rosas, el Omphalos de Delfos, etc. pueden ser relacionados fácilmente con lo que decimos y constituyen el centro de un período dorado para la humanidad.

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Ahora bien, el hecho de que todo en el mundo tradicional indo–europeo esté sometido a ciclos –ciclo de las estaciones, ciclos lunares, rotación sideral, vida humana– hace que la Edad Dorada no se prolongue hasta el infinito. El tiempo la va desgastando hasta que se produce una caída de nivel que registran todas las tradiciones. Sin embargo, el centro, la montaña, el jardín, o la misma función real no desaparecen, sino que entran en un estado de latencia; se vuelven inalcanzables para los hombres comunes y dejan de influir en los destinos contingentes del mundo. El Jardín del Edén, no desaparece tras la caída de Adán, simplemente se hace inaccesible; otro tanto ocurre con el castillo del Grial, solo visible para las almas puras; en el caso del Jardín de las Rosas del Rey Laurin –que todavía puede visitarse en Bolzano– un hilo de seda lo convierte en impenetrable. La idea es siempre la misma: algo visible, pasa a otra dimensión, no muere, sin embargo, se oculta temporalmente, “hasta que los tiempos estén prestos”, es decir, hasta que una nueva renovación del cosmos, haga posible la manifestación del centro supremo. Y lo mismo ocurre con los monarcas.

EL REY PERDIDO, NO–MUERTO, AGUARDA SU HORA

En este contexto los pueblos indo–europeos han tenido siempre muy arraigado en su estructura mental, el mito del Rey Perdido: un rey querido por todos, justo, amado por su pueblo, deseado, en un momento dado, desaparece; su pueblo se niega a creer en su muerte; no es posible que los dioses hayan abandonado a un ser tan noble y justo, se dicen, “no ha muerto, está vivo en algún lugar, y un día regresará para ponerse al frente de sus fieles”. Esta estructura se repite una y otra vez en las viejas tradiciones de las distintas ramas del tronco común indo–europeo.

Podemos establecer que los últimos reflejos en estado puro de tal mito terminan con Federico I Barbarroja y, ya en una dimensión esotérica, con la marcha de los Rosacruces de Europa al inicio de la Guerra de los Treinta Años. Pero el mito, ha reaparecido insistentemente en la edad moderna e incluso contemporánea, mostrando la fuerza de su arraigo en la mentalidad indo–europea.

EL "GRAN MONARCA" Y "EL REY DEL MUNDO"

Dos autores de singular personalidad han recuperado tradiciones relativas a este mito. De una parte, Nostradamus en sus célebres “centurias” alude al “gran monarca”, mientras que René Guénon, consagra uno de sus ensayos más esmerados al tema del “rey del mundo”.

indexgrandmo.jpgNostradamus en una cuarteta de sus famosas Centurias se hace eco de tradiciones más antiguas sobre el “gran monarca” y las incorpora a sus profecías. Su advenimiento se producirá después de una guerra de 27 años, que empezará en 1999, único año que se menciona con todos sus números y de forma explícita en las profecías de Nostradamus.

Esta leyenda tiene su origen en las décadas inmediatamente anteriores al año 1000, se trata pues, de un mito milenarista, una promesa de renovación. Los primeros rastros de tal tema se encuentran en los escritos del abad Adson de Montier–en–Der (muerto en el 992). Pero Adson bebe de fuentes anteriores, una de ellas el testimonio de San Isidoro de Sevilla (siglo VII) y otra, incluso anterior, de Cesario de Arles (siglo VI).

Es evidente que profecías de este tipo ganan fuerza justo en momentos de crisis y devastación. En el período posterior a las invasiones bárbaras, cuando los movimientos migratorios remiten, cobra fuerza la añoranza y el recuerdo del Imperio Romano, incluso entre los mismos pueblos germánicos invasores, la idea de que Roma representaba el Orden gana fuerza y se produce un sincretismo entre los mitos nórdico–germánicos, con fuerza en esas razas, y los temas propios de la romanidad.

Esa añoranza de la grandeza de Roma se traduce en la aspiración a renovar el Imperio. Cuando Clovis (Clodoveo) es entronizado rey de los francos en el 496, recibe del Emperador de Oriente, la dignidad de Patricio y de César y, por este acto se considera renovado y regenerado el antiguo Imperio Romano. En siglos siguientes, a partir de Carlomagno y de los Hohenstaufen, la fórmula de consagración será calcada de la entronización de los Césares de Roma.

Pero la baja edad media supone una sucesión trepidante de convulsiones que crean en las poblaciones la sensación de que un ciclo está a punto de terminar. Los grandes príncipes son pocos y sus reinados breves, su recuerdo histórico se va diluyendo y entran vertiginosamente en el campo de la leyenda. En esa situación se suceden las profecías, todas interpretando el mismo deseo subconsciente: un gran príncipe –el gran monarca– reunirá a todos los pueblos de Occidente para librar la última batalla contra las fuerzas del anticristo. Aquí podemos ver cristianizado el tema de la “horda salvaje” de Odín y de sus guerreros que esperan en el Walhalla la hora de la batalla contra las fuerzas del mal.

Ahora bien, en el tema del “gran monarca” existe un ápice de nacionalismo galo. El “gran monarca” nace en Francia, en Blois concretamente, y queda ligado indisolublemente a la corona de ese país; contrariamente, el tema del “rey del mundo” tiene un carácter más universal.

LA UNIVERSALIDAD DEL MITO

En los siglos XIX y XX dos relatos traen a Occidente el recuerdo aún vivo del “rey del mundo”. Saint Yves d'Alveydre en su Misión de la India y Ferdinand Osendowsky en Bestias, Hombres y Dioses hablan, respectivamente de un reino subterráneo, Agartha o Agarthi, al que se refieren tradiciones vivas de Mongolia y la India, transmitidas por monjes budistas, en el que moraría el “rey del mundo”, el “chakravarti”.

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En la tradición budista el “chakravarti” es el “señor de la rueda”, o si se quiere “el que hace girar la rueda”. Guénon nos dice al respecto: “es quien, instalado en el centro de todas las cosas, dirige su movimiento sin él mismo participar, o sea quien es –según la expresión de Aristóteles– el ‘motor inmóvil’”. Esa rueda está habitualmente representada con la forma de una svástica, símbolo que, ante todo, indica movimiento en torno a un centro inmóvil.

El “rey del mundo” no es un tema exclusivamente budista. La Biblia registra la misteriosa figura de Melkisedec, rey y sacerdote de Salem, señor de Paz y Justicia. Salem, es equivalente al Agartha y Melkisedec el “chakravarti” judeo–cristiano.

2a19ff28896591071510b37becd52144.jpgEl lugar de acceso a ese centro del mundo aparece en distintas tradiciones: son muchas las leyendas de cavernas que dan acceso al centro del mundo, también montañas que tienen la misma función, islas, lugares marcados con monumentos megalíticos (menhires frecuentemente), lugares “Omphalos” (ombligos del mundo como el santuario de Delfos), todos estos puntos tienen como denominador común el constituir “centros espirituales”, es decir, lugares en los que se favorece el tránsito entre el mundo físico y el metafísico, entre lo contingente y lo trascendente. Todos estos símbolos facilitan la entrada a otro nivel de la realidad, aquel que se ha hecho invisible para los hombres dada su impiedad o simplemente a causa de la involución cíclica del mundo. Entrado éste en la Edad Oscura (Kali Yuga, Edad del Hierro o Edad del Lobo), lo que antes era visible y accesible se convierte en secreto y oculto. No puede llegarse hasta él sino a través de pruebas iniciáticas y de una ascesis interior: tal es la temática de la conquista del Grial, de las grandes rutas de peregrinación, de temas masónicos como el de la “búsqueda de la palabra perdida”, etc.

En esos lugares mora un rey supremo, indiscutible, acaparador del poder espiritual y del temporal, oculto e inaccesible, señor de paz y justicia: el rey del mundo, el rey perdido.

LA RENOVACION DEL MUNDO A TRAVES DEL REY PERDIDO

Existe una interferencia entre los temas del Rey del Mundo y el Gran Monarca de un lado y los del Rey Perdido de otro. Este último, es un gran monarca que ha desaparecido misteriosamente y cuyos súbditos se niegan a creer que haya muerto. Las tradiciones indo–europeas, hablan de reyes que se ocultan en cavernas, o simplemente que desaparecen pero que no han muerto. Pues bien, este es el punto de interferencia entre una y otra tradición.

El tema del “rey perdido” alude a reyes históricos que la crónica ha revestido de contenidos míticos; por el contrario, el tema del “rey del mundo” pertenece exclusivamente al universo mítico. Cuando un rey histórico no muere, sino que desaparece, oculto en una cueva, en una montaña o en una isla, es que ha pasado al dominio del Rey del Mundo, ha establecido contacto con él y ha tenido acceso a ese reino latente que está oculto por culpa de la degeneración del mundo. En todas las tradiciones el “rey perdido”, al desaparecer y entrar en contacto con el “rey del mundo”, legitima su poder y alcanza un rango divino.

Ahora bien, esa situación no durará siempre. Finalizado el ciclo, la espada vengadora del “rey perdido” se manifestará de nuevo y, gracias al poder de su brazo, el mundo quedará renovado, habitualmente tras una gran batalla.

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En el Tíbet solo los monjes budistas que han alcanzado un más alto grado de perfección, tienen acceso al reino oculto de Shambala, del cual el Dalai Lama es su delegado y embajador. Allí reside Gesar de Ling, rey histórico que vivió aproximadamente en el siglo XI y gobernó el Tíbet. Las leyendas locales afirman que Gesar no ha muerto, sino que retornará de Shambala al mando de un ejército, para someter a las fuerzas del mal y renovar el mundo agotado y caduco.

ARTURO Y FEDERICO BARBARROJA EN LAS LEYENDAS MEDIEVALES

En la Edad Media europea, mientras tanto, aparece una leyenda que fue considerada como verdad histórica, la del Preste Juan, el Rey Pescador. En Oriente, en un lugar impreciso entre Abisinia e India, existía un reino inmenso gobernado por un avatar de Malkisedec, el Rey Pescador. En su castillo se alojó Perceval en el curso de su conquista del Grial y fue allí donde vio la preciada copa y donde le fueron formuladas las preguntas fatídicas que Perceval en ese momento no supo contestar. Robert de Boron llega a calificar a Perceval de sobrino del Rey Pescador.

En el terreno de la historia se sabe que el Emperador Federico I recibió tres regalos del Preste Juan, (un abrigo de piel de salamandra, que le permitía atravesar las llamas, un anillo de oro y un frasco de agua viva) que suponían un reconocimiento de la dignidad imperial de Federico I por parte del “Rey del Mundo”. Así pues, el Rey del Mundo es aquel rey superior a los demás reyes y que los legitima para su misión.

En diversas ocasiones, monarcas europeos organizaron expediciones para establecer el contacto con el mítico reino del Preste Juan, que invariablemente se perdieron y jamás regresaron. Pero el tema subsistió en las leyendas del Grial.

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Arturo, después de la batalla contra las fuerzas del mal representadas por Mordred, se retira a la isla de Avalon. De Carlomagno se dirá lo mismo: que no está muerto, sino que, aguarda el tiempo en que sus súbditos vuelvan a necesitarlo. Federico I y su hijo Federico II, alcanzarán el mismo rasgo legendario, morando en el interior de montañas como el Odenberg o el Kyffhäuser, volverán cuando se produzca la irrupción de los pueblos de Gog y Magog, aquellos que Alejandro Magno –otro rey perdido– encerró con una muralla de hierro.

Es también en el período medieval en el que se establece la festividad de los Reyes Magos, personajes misteriosos que siguen a la estrella que marca el lugar de nacimiento de Cristo. Su triple imagen es un desdoblamiento de la figura de Melquisedec. Si en el rey de Salem está concentrado la triple función de “Señor de Justicia”, “Sacerdote de justicia” y “Rey de Justicia”, en los Reyes Magos, esta función está separada e individualizada en cada uno de ellos.

EL MITO DEL REY PERDIDO EN LA PENINSULA IBERICA

Sobre el suelo de la península ibérica florecieron también leyendas del mismo estilo. Jamás se encontró el cadáver de Roderic o Don Rodrigo, último rey godo; su recuerdo y el de la monarquía legítima animó a su portaespadas, Don Pelayo a iniciar la reconquista en su nombre.

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Más tarde, floreció el mito de Otger Khatalon, héroe epónimo de Cataluña; oriundo de Baviera, empuñaba como el Hércules mítico una pesada maza; liberó el valle de Arán y el valle de Aneu del dominio musulmán; una vez cumplida su obra desapareció, no está muerto, solo oculto, y solo volverá cuando se produzca una nueva crisis desintegradora.

Alfonso el Batallador y Don Sebastián de Portugal, desaparecido tras la batalla de Alcazarquivir, dejaron tras de sí un halito de misterio; años después todavía se creía que seguían vivos e incluso algunos impostores pretendieron usurpar su personalidad.

LAS ULTIMAS MANIFESTACIONES DEL MITO

A mediados del siglo XIX aun debía manifestarse el tema del rey perdido en Francia. La historiografía oficial no ha logrado desenmarañar el destino del Delfín de Francia, Luis XVII, desaparecido en la Torre del Temple de París tras el asesinato de sus padres por los revolucionarios. Algunos todavía hoy sostienen que el relojero holandés Naundorff, que llegó un día a París demostrando conocer con una precisión absoluta la infancia del Delfín, era el hijo de Luis XVI.

Setenta años después, algunos rusos blancos exiliados tras la Revolución Rusa, quisieron creer que la Gran Duquesa Anastasia jamás había muerto, sobrevivió a la masacre de Ekhaterinemburgo y daría continuidad a los Romanov.

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Finalmente hubo muchos que se negaron a creer en la muerte de Hitler y durante años estuvo extendida la idea que había logrado sobrevivir al cerco ruso de Berlín y huir al Polo en donde prepararía el retorno y la venganza.

La fuerza de la leyenda tuvo aun un postrero coletazo en el “affaire” de Rennes le Chateau, cuyo tema central era la supervivencia de la dinastía merovingia y el hallazgo del “rey perdido” en la figura de un astrólogo y documentalista que decía ser gran maestre de un “Priorato de Sión”. Se trata de un eco postrero en el que la credulidad de las masas arraiga en un sustrato de la psicología profunda de los europeos. Y es que, en el fondo, el “rey perdido” no es sino el arquetipo simbólico de una calidad espiritual próxima a la trascendencia, latente en todos los hombres, olvidada, más no perdida.

A MODO DE CONCLUSION

Caudillo derrotado en ocasiones (Dagoberto, Arturo), en otras muerto, pero cuyo cadáver jamás se encuentra (Barbarroja, Rodrigo), o simplemente líder victorioso de un período áureo (Guesar de Ling), consciente de que los ciclos históricos han decaído y que decide pasar a un estado de latencia hasta que se produzca la renovación del tiempo (de la que él mismo será vehículo), este mito es transversal en el espacio y en el tiempo, reiterándose en todo el ciclo indo–ario.

Siempre la morada de este rey perdido es un símbolo polar: una montaña inaccesible (Barbarroja), una isla dorada (el Avalon de Arturo), el “centro” de la tierra (Cheng Rezing, el “rey del mundo” extremo–oriental), un castillo dorado (Otger Khatalon). El presentimiento de su existencia anima a otros a emprender gestas y hazañas imposibles (la reconquista de Don Pelayo en relación a Rodrigo, los atentados del “Wehrwolf” en relación a Adolfo Hitler, la conquista del Grial por los caballeros del Arturo muerto en Avalon) o estar a la espera de la llamada del monarca para acudir a la última batalla (el tema del Räkna–rok y de la morada del Walhalla, el tema del último avatar de Buda y de Shambala).

Lo que se pretende en otros casos es tomar el mito del rey perdido de una forma utilitarista: sería él y sus presuntos descendientes los que garantizarían la legitimidad dinástica (los descendientes de Dagoberto II en el affaire de Rennes le Chateau, los partidarios de Naundorf en la cuestión del Delfín, los de Juan Orth en la dinastía austro–húngara, incluso los de la gran duquesa Anastasia en el caso de la herencia de los Romanov, etc.).

El mito del Rey del Mundo, las leyendas de los reyes perdidos y de los monarcas que aguardan la batalla final rodeados de sus fieles guerreros, pertenece a nuestro pasado ancestral. Es una parte de nosotros mismos, algo que debemos conocer y encuadrar en un universo simbólico y mítico, hoy perdido, pero del cual no podemos prescindir si queremos conocer nuestro origen y nuestro destino.