mardi, 01 avril 2025
Rupture au sein des BRICS?
Rupture au sein des BRICS?
Kerry Bolton
Le conflit sino-indien révélé par l'accord de libre-échange entre l'Inde et la Nouvelle-Zélande
Il n'est plus communément admis qu'il existe un abîme historique intense entre l'Inde et la Chine. Ce conflit entre deux vastes blocs de civilisation mondiale a été occulté depuis la création du groupe BRIC, comme il a été initialement appelé, lors d'un sommet intergouvernemental entre le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine en 2009. L'Afrique du Sud a rejoint le groupe en 2010. L'organisation s'est élargie pour inclure le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud, l'Égypte, l'Éthiopie, l'Indonésie, l'Iran et les Émirats arabes unis, et est parfois appelée BRICS+.
Les BRICS ont créé divers organes subsidiaires, tels que la Nouvelle banque de développement (NDB), dont le siège se trouve à Shanghai et qui semble être avant tout un accord entre divers intérêts financiers chinois. Certains y voient une offensive contre la mondialisation. Cependant, la NDB travaille au sein du système bancaire international. Par conséquent, en 2022, conformément aux « principes bancaires sains » de la Banque, les transactions ont été suspendues avec la Russie, en raison des sanctions imposées à la Russie en réaction au conflit avec l'Ukraine. Voilà pour l'alliance des BRICS.
C'est ici que nous pourrions commencer à apprécier le caractère de l'alliance: au cours du 19ème siècle, avant d'être réduite à la vassalité par une combinaison de puissances essentiellement blanches (suite à la rébellion des Boxers), la Chine s'est présentée comme le royaume céleste devant l'empereur duquel tous les souverains étaient censés se prosterner. La Chine agit à nouveau sur la scène mondiale comme le centre de l'univers. Les alliances ou la collaboration avec la Chine ne sont pas fondées sur une réciprocité égale, mais sur l'ancienne perception qu'a la Chine de sa suprématie mondiale.
L'accord de libre-échange entre la Nouvelle-Zélande et la Chine date de 2008. La Nouvelle-Zélande a entamé un processus de démantèlement de son industrie manufacturière dans les années 1980, en prélude à son intégration dans un bloc économique asiatique. Il en est résulté une subordination au développement économique de la Chine, qui a permis à la Chine de faire preuve d'ingérence en Nouvelle-Zélande en toute matière d'affaires étrangères et de relations commerciales. Nous l'avons constaté chaque fois que la Nouvelle-Zélande a traité avec Taïwan ou le Tibet, et maintenant avec l'Inde, l' « allié » de la Chine au sein des BRICS.
Le développement rapide d'un accord de libre-échange entre la Nouvelle-Zélande et l'Inde pourrait nous permettre de discerner le véritable caractère de la dynamique géopolitique dans la région indo-pacifique. Lorsque le premier ministre Luxon s'est rendu en Inde et que le gouvernement Modi l'a fêté en déclarant qu'un accord de libre-échange serait conclu dans les 90 jours, voire dans les 60 jours, le visage souriant de la diplomatie chinoise a disparu et le dragon hargneux a lancé un « avertissement » : c'est soit la Chine, soit l'Inde. Il ne peut y avoir de ménage à trois entre la Nouvelle-Zélande, la Chine et l'Inde.
Sentiments indophobes de la Chine
Compte tenu des BRICS, on pourrait supposer que la Chine jubile à l'idée que la Nouvelle-Zélande se rapproche de son partenaire des BRICS. C'est toutefois mal comprendre l'inimitié historique entre les deux pays.
L'ambassadeur de Chine en Nouvelle-Zélande, Wang Xiaolong, a fait une déclaration publique sur son compte « X » qui devrait dissiper les hypothèses fondées sur l'absence de contexte historique :
"Dans les relations internationales, comme peut-être dans toutes les relations, la myopie et la vision étroite signifient souvent qu'au lieu de rester en tête, ou du moins de suivre la courbe, vous vous retrouverez dépassé par les événements et les tendances à long terme. Le plus souvent, il n'est guère dans votre intérêt d'essayer de promouvoir une relation importante en nuisant à une autre".
Le commentaire de M. Wang est d'une grande importance, mais il n'est pas surprenant qu'il ait reçu peu d'attention de la part des médias.
Wang fait allusion à des facteurs qui ne sont pas évidents, même pour les fonctionnaires du gouvernement, qui sont peu susceptibles de connaître les réalités plus profondes qui se cachent derrière les apparences superficielles. Ces facteurs occultés sont les tensions bouillonnantes qui façonnent les relations réelles entre la Chine et l'Inde, derrière la façade des BRICS. Les « tendances à long terme » évoquées par Wang font allusion au conflit permanent entre l'Inde et la Chine, voire entre la Chine et d'autres États de la région, ce qui rend la stabilité des BRICS problématique, tout comme la position de la Russie, dont les relations hostiles avec la Chine sont historiquement de plus longue durée et de plus grande intensité.
L'Inde, un rempart
L'Asie est un bourbier de conflits, d'instabilité économique et environnementale, derrière un vernis de croissance. Le contrôle par la Chine des sources du plateau tibétain, qui alimentent la plupart des grands fleuves d'Asie, est une préoccupation cruciale pour de nombreux États asiatiques, en particulier l'Inde. La Chine pourrait fermer les robinets à volonté. Loin d'être un mastodonte économique, la Chine est criblée de problèmes, et son embarquement sur un tapis roulant de croissance incontrôlée aboutira à l'épuisement. Face à l'effondrement, la Chine pourrait chercher à se confronter à des ennemis, y compris des ennemis latents, dont la Russie fait partie, tandis que les confrontations physiques entre soldats indiens et chinois sur des territoires frontaliers contestés, malgré les BRICS, n'ont jamais cessé.
En ce qui concerne les nouvelles relations de la Nouvelle-Zélande avec l'Inde, comme avec la Russie, l'Inde est un rempart contre l'expansionnisme chinois, qui reste une préoccupation majeure pour l'Indo-Pacifique. En outre, l'Inde ne fait pas partie de l'« Asie » mongole. Son héritage s'inscrit dans le contexte « indo-européen », comme le terme lui-même devrait l'indiquer, mais qui est néanmoins oublié ou ignoré par ceux qui ne voient que le spectre des « visages sombres ». En particulier, les strates dirigeantes restent plus proches des Européens que des « Asiatiques ».
La Chine n'est pas plus un véritable allié durable de la Russie que de l'Inde. La Chine voit toutes les cartes se déployer en sa faveur dans toute alliance, et son « amitié » avec la Russie n'a pas fait exception, cette « amitié » permettant à la Chine de repousser la Russie de ses sphères traditionnelles, telles que la Mongolie. Elle a été à sens unique, car la Chine se perçoit toujours comme le centre de l'univers. Nous devrions cultiver des alliances avec la Russie et l'Inde, dans ce que j'ai appelé en 2013 une « alliance ANZAC-Russie-Inde », en réponse à la multiplicité des problèmes qui surgiront bientôt dans la région. Il faut espérer que l'accord de libre-échange avec l'Inde constitue un pas vers cette nouvelle orientation.
17:51 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : india, chine, nouvelle-zélande, indo-pacifique, politique internationale, océan indien, océanie | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
De la guerre par procuration à la crise systémique: l'Occident et sa scission intérieure
De la guerre par procuration à la crise systémique: l'Occident et sa scission intérieure
Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2025/03/vom-stellvertreterkrieg-z...
Washington a, rapporte le New York Times, non seulement livré des armes à l'Ukraine, mais a également assuré une planification militaire, fourni des coordonnées de cibles et assumé des responsabilités opérationnelles.
Un rapport du New York Times révèle ce qui a longtemps été considéré comme de la propagande russe : les États-Unis n'ont pas seulement soutenu la guerre en Ukraine, mais l'ont également façonnée opérationnellement. Cependant, cette reconnaissance des faits n'intervient pas par hasard et maintenant – elle fait partie d'une lutte de pouvoir géopolitique qui s'étend bien au-delà de Kiev.
Le grand rapport du New York Times sur le rôle des États-Unis dans la guerre en Ukraine a largement attiré l'attention. Non pas parce qu'il fournit de nouveaux faits – mais parce qu'il confirme la véracité de récits qui avaient été jusqu'ici rejetés comme relevant de la désinformation russe. Washington aurait, selon l'article, non seulement livré des armes, mais aurait également planifié militairement les opérations, fourni les coordonnées de cibles et pris des responsabilités opérationnelles – depuis l'offensive de Kharkiv en 2022 jusqu'aux attaques contre le pont de Crimée. Même l'artillerie d'origine occidentale était dépendante des informations fournies par le ciblage américain. Le président ukrainien Zelensky interférerait quant à lui régulièrement dans les processus militaires – avec des effets dévastateurs. Ces déclarations sont explosives – non pas parce qu'elles seraient nouvelles, mais parce que leur publication provient maintenant du plus haut appareil de pouvoir des États-Unis.
Projections géopolitiques de Washington
L'article offre des aperçus profonds de la pensée stratégique des décideurs américains. Du point de vue de nombreux responsables au Pentagone, l'Ukraine n'était pas au premier chef un État souverain, mais un champ de bataille symbolique – une scène où l'on espérait effacer d'anciennes défaites comme au Vietnam, en Irak et en Syrie. L'invasion russe a fourni l'occasion bienvenue d'une démonstration force. La signification historique et existentielle de l'Ukraine pour la Russie est de première importance mais elle est restée sous-estimée dans les calculs de Washington. La guerre a été menée comme une classique confrontation par procuration – un vestige de la guerre froide. Le fait que la Russie ait vu cela différemment a été ignoré de manière systématique.
Un détail particulièrement révélateur apparait dans l'article: à l'automne 2022, le général Surovikin aurait menacé d'utiliser des armes nucléaires tactiques si l'Ukraine traversait le Dniepr. L'authenticité de cette conversation reste floue – mais au sein de l'administration Biden de l'époque, la menace a apparemment été prise très au sérieux. On a reconnu qu'une victoire conventionnelle sur la Russie pourrait déboucher sur un désastre nucléaire.
Ainsi, le monde a vécu – presque inaperçu – son moment le plus dangereux depuis la crise de Cuba en 1962. L'Occident s'est retiré. Non par compréhension, mais par peur.
Depuis lors, la stratégie des États-Unis a clairement vacillé. L'offensive d'été 2023 – préparée de longue date à Washington – a bien été menée, mais elle était évaluée en interne comme vouée à l'échec. Pourtant, elle a été mise en œuvre – par inertie, par peur, par calcul politique. Une guerre sans but, sans espoir de victoire – mais avec de gros risques.
Une publication ciblée – et une lutte de pouvoir interne à l'Occident
Le moment de la publication n'est pas un hasard. Le New York Times a lancé cet article précisément au moment où l'ordre géopolitique de l'espace transatlantique a vacillé – sous la présidence de Donald Trump, qui se montre ouvert à un réajustement stratégique vis-à-vis de la Russie. La divulgation de détails sensibles sur l'implication militaire des États-Unis en Ukraine sert manifestement à saboter politiquement un rapprochement avec Moscou et à le tabouiser dans la politique étrangère.
Et la situation devient ainsi évidente : ce que nous vivons n'est pas un "Occident" agissant de manière unifiée, mais une structure géopolitique profondément divisée. D'un côté se trouve l'administration Trump, qui priorise les intérêts nationaux, mise sur la retenue militaire et a introduit l'option d'assouplir les sanctions contre la Russie.
De l'autre, un bloc de pouvoir pro-atlantiste se forme – soutenu par le Parti démocrate, des réseaux influents à Londres et une technocratie bruxelloise de plus en plus idéologique. Ce camp vise à établir un bloc globaliste autonome : économiquement, militairement et normativement indépendant de la Maison Blanche – mais en confrontation délibérée avec la Russie.
L'UE s'accroche désespérément au régime des sanctions
C'est précisément pour cette raison de calcul de pouvoir que se comprend aussi la position rigide de l'UE sur la question des sanctions. Alors que Washington sous Trump est prêt à réévaluer les intérêts économiques et stratégiques, Bruxelles s'accroche désespérément au régime des sanctions. Non par évaluation rationnelle, mais parce que ces sanctions sont devenues la base idéologique de la nouvelle conscience missionnaire européenne. La guerre économique contre la Russie ne sert plus de moyen à un but, mais de récit formateur d'identité pour le projet de l'UE, qui se découple de plus en plus de la souveraineté démocratique.
La publication dans le New York Times est donc bien plus qu'un scoop journalistique. C'est un instrument politique – au service de ces forces qui veulent empêcher un réajustement multipolaire et, en revanche, maintenir une crise globaliste durable. L'Ukraine n'est dans ce jeu qu'un proxy géopolitique – elle est abusée et sert de scène pour une lutte de pouvoir qui est interne à l'Occident au détriment de l'ordre mondial de demain.
Constat géopolitique
Les États-Unis se sont, sous l'administration précédente, engouffrés dans un conflit dont ils ont sous-estimé le potentiel d'escalade et méconnu l'importance stratégique. L'article du New York Times se lit comme un aveu tardif de cet échec – et en même temps comme une intervention médiatique contre le rétablissement de la raison en politique étrangère.
Pour l'Europe, cela révèle une vérité inconfortable : elle n'est plus dirigée, mais instrumentalisée – comme levier d'un projet géopolitique échappant au contrôle démocratique. La véritable ligne de front ne se situe pas entre l'Est et l'Ouest, mais à travers le centre du pouvoir occidental lui-même. Et c'est là que réside réellement la dynamique des années à venir.
16:31 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, ukraine, occident | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Marshall McLuhan et le nationalisme typographique
Marshall McLuhan et le nationalisme typographique
Nicolas Bonnal
McLuhan a été mal lu et oublié, mais on devrait au moins retenir cela de lui, qui n’est pas si éloigné du guénonisme et des penseurs traditionnels : l’imprimerie et le progrès technique en général ont profondément altéré, depuis la Renaissance, notre rapport à la réalité, à nous Occidentaux. McLuhan voit dans la typographie la cause du développement de notre schizophrénie, puis du nationalisme (notamment littéraire et linguistique) et du progrès comme somme d’organisation, contrôles et d’aliénation moderne, celle qu’a recensé Foucault dans Surveiller et punir par exemple (ô cette description des collèges jésuitiques…).
Il est dommage qu’il ait omis de s’en prendre au protestantisme comme fruit de cette même imprimerie (le mythe de Faust y est lié, rappelle Guénon) et cause du grand chambardement moderne – et de guerres de religion qui ont liquidé les deux tiers de la population de l’Allemagne tout de même. Pensons-y à l’heure où l’informatique achève de nous rendre soumis, hébétés ou fous de contrôle et belliqueux, et de configurer le modèle du totalitarisme futuriste des écrivains de SF : car comme disait Debord en 1961 (voir la bio que lui a consacrée Bourseiller, p. 241), on assiste au « processus de formation d’une société totalitaire cybernétique à l’échelle planétaire ». D’une manière décalée c’est ce que j’avais décrit dans mon propre conte SF intitulé les Territoires protocolaires en 2001, au moment où l’on fêtait distraitement l’odyssée de l’espèce.
Mais venons-en au nationalisme, puisque McLuhan (catholique canadien…) a négligé le conditionnement protestant que pourtant Weber avait déjà imparfaitement évoqué – sur ce thème il faut lire et relire le texte somptueux et génial de Murray Rothbard sur les anabaptistes et autres maniaques de l’Apocalypse, ce livre qui rend fou depuis des siècles de bonne impression des sectes et des peuples entiers.
Il désigne deux pays comme particulièrement toxiques et dangereux, l’Angleterre et la France. Il est amusant de voir que ces deux pays se métamorphosent, après avoir déclenché toutes sortes de guerres mondiales et continentales depuis des siècles (relire Grenfell toujours), en tyrannies écologistes et néo-sacerdotales, boutefeux antirusses et même antiaméricains. Le même fanatisme qui a prévalu via la typographie au temps de Cromwell ou de Robespierre-Napoléon (pour parler comme Kojève ou Hegel) prévaut aujourd’hui ; ce sont les mêmes symptômes de détraquement qui réapparaissent, avec plus de moyens pour contrôler et exterminer les populations. Mais disons que les peuples français et anglais sont les peuples les mieux conditionnés, et ce depuis longtemps.
Le culte des génies au dix-septième siècle, disait Guénon, est lié non pas au contenu « génial » des œuvres mais à la montée du nationalisme et du fanatisme typographique. McLuhan confirme :
« On trouve dans la philosophie politique de Milton et de Locke un esprit nationaliste sans parallèle dans la pensée de leurs homologues contemporains du continent et c'est un Anglais, Bolingbroke qui fut I'un des premiers à proposer une doctrine nationaliste formelle. Il était donc naturel que des Anglais en guerre contre le jacobinisme aient revêtu la livrée du nationalisme… ».
Puis il cite un très grand historien oublié, l’Américain Carleton Hayes :
« C'est ce qu’écrit Hayes dans Historical Evolution of Moden Nationalism; et c'est un témoignage identique sur le caractère hâtif de l’unité nationale anglaise que nous apporte un ambassadeur vénitien du 16ème siècle :
" En 1557, l'ambassadeur vénitien Giovanni Micheli écrivit à son gouvernement: « Du moins en ce qui concerne la religion (en Angleterre), l'exemple et l'autorité du souverain sont de la plus haute importance. Les Anglais prisent et pratiquent leur religion seulement dans la mesure où, ce faisant, ils remplissent leurs devoirs en tant que sujets envers leur souverain: ils vivent comme il vit, croient ce qu'il croit - en un mot, font tout ce qu’il leur ordonne... ils adopteraient le mahométisme ou le judaïsme si le roi les pratiquait et s'il demandait qu’on les pratique. » Le comportement religieux des Anglais de ce temps-là apparaissait très étrange aux observateurs étrangers. L'uniformité religieuse était de règle, comme sur le continent, mais la religion changeait avec chaque souverain. Schismatique sous Henri VIII et protestante sous Edouard VI, l'Angleterre redevint catholique romaine, et sans beaucoup de résistance, sous Marie Tudor… »
Je l’ai déjà dit dans mes textes sur le Prisonnier ou Tocqueville et la Prison anglaise : le Village n’est pas une métaphore sur le totalitarisme coco ou autre, le Village du Prisonnier c’est l’Angleterre moderne (on va dire depuis Henri VIII donc) avec ses numéros deux équivalents, ses élections bidon, sa population abrutie et distraite, son traintrain casanier et son aveuglement intégral. Après la guerre on a mis en place par exemple ce type de villes nouvelles, qui ont d’ailleurs dépeuplé un temps Londres, raison pour quoi cette métropole semble si silencieuse dans un légendaire film d’Antonioni ou dans Amicalement vôtre. Harry Potter aussi fonctionne malgré lui comme une métaphore du néo-totalitarisme anglais qui se mit en place sous le redoutable Tony Blair et la révolution mondialiste-informatique.
L’efficacité des modèles français ou anglais est venue de cette monarchie forte qui a su créer des bourgeois, le modèle de l’homme non mégalothymique, pour reprendre l’expression de Fukuyama dans son génial chapitre XVII. Le maître nippon comprend comme Taine que les monarchies ont liquidé le guerrier traditionnel et créé un nouveau modèle d’homme postféodal, soumis, grégaire et rentier. On l’enverra ceci dit après l’avoir conditionné un peu sur tous les champs de bataille du monde (Groenland, Pologne, Baltique, Palestine…) aussi sans entendre le moindre « furtif soupçon de plainte », comme dit Céline.
Le nationalisme crée un homme uniforme et enchaîné, totalement conforme, un moment de la construction mondialiste évoquée par Debord ; McLuhan :
« Les premiers jacobins avaient mis du temps à traduire toutes leurs théories d'éducation dans le concret, mais ils reconnurent rapidement la signification du langage comme fondement de la nationalité et tentèrent d'obliger tous les habitants de la France à se servir du français. Ils soutenaient que le succès d'un gouvernement « par le peuple » et de l'action collective de la nation reposaient non une certaine seulement sur une uniformité de mœurs et de coutumes, mais plus encore sur une identité d'idées et d'idéaux… »
On va donc liquider la diversité et créer le premier grand remplacement (notion pas très éclairante tout de même) cher à nos histrions : c’est déjà la fin des provinces et de la chair réelle. Le citoyen républicain a déjà remplacé le Français, il est prêt pour tous les charniers humanitaires.
« Face au fait historique que la France ne constituait pas une unité linguistique qu'en plus des dialectes profondément différents qui existaient dans les diverses parties du pays, on parlait des langues « étrangères »: le breton à l’Ouest, le provençal, le basque et le corse au sud, le flamand au nord et l’allemand alsacien au nord-est -- ils décidèrent d'étouffer les dialectes et les parlers étrangers et d'obliger… »
Un mot définit le nationalisme : grégarisme.
« Et pourtant, c'est le nationalisme, bien plus qu'aucune autre forme de grégarisme humain, qui a marqué l'histoire moderne. »
Macluhan ajoute superbement :
« La réponse au problème que pose Hayes se trouve dans l'efficacité de la parole imprimée qui a, la première, permis de visualiser le langage et ensuite de créer ce mode d'association homogène qui rend possibles l'industrie moderne, les marchés et la jouissance visuelle de la condition nationale… »
C’est déjà le début de la fin pour la famille, puisque la nation (l’Etat donc) va se charger de tout le troupeau destiné à être privé de vie ou de carbone.
« La «nation en armes » était une notion jacobine d'une grande signification pour la propagande nationaliste. La «nation dans les écoles publiques » en était une autre. Avant la Révolution française, on avait longtemps estimé, dans la plupart des milieux, que les enfants appartenaient à leurs parents et que c'était à ces derniers de décider si leurs enfants devaient être instruits et jusqu'à quel point. »
L’armée, l’usine même devient une page imprimée :
« La liberté, l'égalité et la fraternité ont trouvé leur expression la plus naturelle, quoique la moins inventive, dans I'uniformité des armées citoyennes de la révolution. Ces armées n'étaient pas seulement des copies exactes de la page imprimée, elles reproduisaient aussi la chaîne de montage. Les Anglais ont devancé le reste de l'Europe de très loin dans le nationalisme, l'industrialisation et dans l'organisation typographique de l'armée, Les Côtes-de-fer de Cromwell ont fait campagne cent cinquante ans avant les armées jacobines. »
Guénon a justement parlé de notre civilisation hallucinatoire. McLuhan montre comment elle est devenue INDUSTRIELLEMENT hallucinatoire depuis Gutenberg et le reste.
Sources personnelles principales :
https://www.dedefensa.org/article/rene-guenon-et-notre-ci...
https://www.dedefensa.org/article/tocqueville-et-la-priso...
https://www.dedefensa.org/article/bacon-et-la-nouvelle-at...
https://www.dedefensa.org/article/barzun-et-linvention-de...
https://www.dedefensa.org/article/taine-et-le-cretinisme-...
https://www.dedefensa.org/article/comment-fukuyama-expliq...
https://www.dedefensa.org/article/mcgoohan-le-prisonnier-...
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2023/10/22/le-communi...
https://lesakerfrancophone.fr/le-syndrome-churchill-et-la...
https://www.amazon.fr/TERRITOIRES-PROTOCOLAIRES-BONNAL/dp/2876230984/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=2QGFCODCJ8V7F&dib=eyJ2IjoiMSJ9.0_C24KjNreBHbk9vAnZ_yhv-MA3HO8ukXNtwpFNGm-s.yFzYWnMR945Q5w-Gf7dAVUfLM2d2qAzYdiuDC0TuUjM&dib_tag=se&keywords=bonnal+territoires&qid=1743150251&s=books&sprefix=bonnal+territoires%2Cstripbooks%2C112&sr=1-1
14:01 Publié dans Définitions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marshall mcluhan, nationalisme, nationalisme typographique, définition, nicolas bonnal | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Condamnation de Marine Le Pen: l’extrême-droite la plus bête du monde!
Condamnation de Marine Le Pen: l’extrême-droite la plus bête du monde!
Pierre-Emile Blairon
Au moment où je termine ces quelques lignes sur ce bien curieux voyage des deux jeunes espoirs de « l’extrême-droite française », j’apprends que Marine Le Pen, reconnue coupable de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants européens du FN, est condamnée à deux ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate ; vous l’avez souvent lu sous ma plume ou dans ces colonnes : il est inutile de se renier et de trahir ses électeurs pour espérer amadouer des gens qui vous méprisent et qui ne changeront jamais d’avis à votre égard ; la seule attitude payante et digne vis-à vis de soi-même et de ceux qui croient en vous est de continuer à énoncer ses vérités et le programme pour lequel on a été élu, ou pour lequel on se bat, sans compromission ni faiblesse, en faisant ce qui doit être fait, sans en attendre quelque récompense ; c’est un bien noble projet pour les politiciens de notre fin de cycle incapables de s’intéresser à autre chose qu’à leur petite personne.
On ne pourra pas me reprocher de bondir sur cette désolante annonce pour critiquer, après coup des prises de position qui ne pouvaient logiquement qu’amener à ce triste résultat (comme le font ceux qui n’ont jamais rien vu venir mais qui veulent rattraper le train en marche).
Il y a des dizaines d’années que j’applique ce principe : « ne jamais renier ses idées pour un bénéfice à court terme » et que j’ai exposé, dans ces mêmes colonnes, dans plusieurs articles, lorsque Marine Le Pen a commencé à vouloir « dédiaboliser » son parti.
Je veux ici m’insérer dans le contexte d’une lutte primordiale entre, d’une part, les tenants d’un monde traditionnel, le monde de nos ancêtres, monde dont nous exposons, avec les autres intervenants, les valeurs intangibles à chacun de nos articles sur ce même site, et, d’autre part, le monde uniformisateur, décadent et globaliste que nos ennemis veulent nous imposer et que nous rejetons avec nos dernières forces.
C’est le sens même du combat que j’ai commencé en 1966 et qui ne s’achèvera probablement qu’avec cette vie.
Cette condamnation de Marine Le Pen, tout aussi injuste et ignoble qu’elle puisse être, porte gravement atteinte à l’ensemble de ce combat et à l’ensemble de ceux qui ont, pendant de longues années, espérer le voir aboutir. On n’entraîne pas 11 millions de Français à sa suite sans avoir préalablement préparé le terrain et défini les conditions du combat et de la victoire qui aurait pu s’ensuivre.
On le fait encore moins si l’on a eu pour toute ambition que de pauvres et indignes intérêts personnels.
Le voyage d’allégeance de l’extrême-droite française au gouvernement de Netanyahou
On n’aura retenu de Guy Mollet que sa phrase devenue célèbre « la droite française est la plus bête du monde ». Pour le reste, ce personnage tristounet fut quand même à l’époque, en 1956, Président du Conseil, l’équivalent du Premier ministre actuel, sous la présidence de René Coty. Il ne fut pas seulement insignifiant, il fut aussi toxique, à l’image d’un François Hollande, socialiste comme lui. Guy Mollet fut un cheval de Troie des Américains à la suite de Jean Monnet dont on connaît maintenant son appartenance à la CIA et donc, collaborant aux basses œuvres de cette dernière pour asservir les pays européens par le biais de l’U.E.
Guy Mollet (photo) fut également célèbre pour sa « journée des tomates », épisode peu glorieux qui le vit, le 6 février 1956, accueilli par une pluie de tomates mûres par les Européens d’Algérie qui protestaient contre ses positions qu’ils jugeaient défavorables au maintien de l’Algérie dans le giron français.
Pour en revenir à sa fameuse petite phrase, nous devons cependant reconnaître à l’homme une certaine perspicacité.
Les partis et les individus se réclament (bien timidement) d’une position à cette place à droite dans l’hémicycle depuis le RPR de Chirac sous la figure tutélaire de De Gaulle alors que ce dernier a été maintes fois trahi depuis sa disparition par ces politiciens de métier qui n’ont aucune conviction dans leur grande majorité et ne sont motivés que par leurs ronds de serviette et le choix du fauteuil qui accueillera leur séant rebondi.
Reste « l’extrême-droite » qui n’a plus rien « d’extrême » ni même de « droite », cochant au contraire toutes les cases du politiquement correct actuel : pro-mondialiste, donc pro U.E., pro-Otan, donc pro-Ukraine et pro-guerre, elle a été pendant la crise sanitaire pro-vaccins, pro-masques, pro-OMS, pro-répression contre le personnel médical.
L’extrême-droite actuelle, et particulièrement sa représentation législative RN, est pro-tout ce que propose le gouvernement du moment qu’elle reste bercée par une douce brise qui ne fait pas de vagues qui pourraient déstabiliser le fragile esquif sur lequel elle s’est embarquée, fragile parce que son naufrage ne dépend que de la bonne volonté de Macron auquel elle s’est entièrement soumise, comptant sur lui pour faire le silence sur de possibles turpitudes dont elle se serait rendue coupable, à preuve les débats lors des deux présidentielles, fortement entachés de soupçons d’arrangements, non avoués évidemment, à preuve aussi l’obstination qu’elle met à ne pas risquer la destitution de Macron en ne votant pas les motions de censure ( qu’elle ne propose jamais quand elles ont une chance de ne pas être rejetées) ou en s’abstenant afin de favoriser l’élection du Président du Conseil constitutionnel.
On voit donc, aujourd’hui même et à l’heure présente où j’écris, avec la condamnation de Marine Le Pen, que tous ces renoncements et reniements n’auront strictement servi à rien.
Ah non, je me trompe, cette extrême-droite n’est pas seulement pro- quelque chose, elle est aussi anti-, et doublement, car elle est anti-antisémite, ce qui est tout à son honneur mais, et c’est là qu’elle méritera son qualificatif « d’extrême-droite la plus bête du monde », en envoyant deux émissaires en Israël, Marion Maréchal et Jordan Bardella, pour soutenir le gouvernement de Netanyahou et louer son action avec force chevrotements dans la voix.
Ces émissaires se sont singulièrement ridiculisés aux yeux de l’opinion internationale car ils se sont rangés aux côtés du gouvernement israélien au moment même où les rues de Tel-Aviv et des grandes villes israéliennes sont pleines de dizaines de milliers de manifestants qui réclament le départ de Netanyahou [1].
Quel intérêt y a-t-il à soutenir un gouvernement discrédité dont deux des principaux représentants sont poursuivis par la Cour pénale internationale de Justice pour crime de guerre et crimes contre l’humanité commis dans la bande de Gaza occupée [2] ?
La seule explication à cette étrange attitude est celle que j’ai énoncée avec d’autres mots dans mon article du 27 janvier 2025, L’extrême droite en Europe : tout va changer pour que rien ne change :
A savoir que ces gens ont un besoin maladif de reconnaissance à tout prix, et ils continueront à vouloir occuper l’espace médiatique qui leur a tant fait défaut en d’autres temps, pour tenir la vedette, au prix même de paraître grotesques.
Pierre-Emile Blairon
Notes:
[1] https://www.youtube.com/watch?v=D621P7IkA6c
[2] « Les mandats d’arrêt émis mercredi 21 novembre 2024 par la Cour pénale internationale (CPI) contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ex-ministre de la défense, Yoav Gallant, marquent un tournant historique. Pour la première fois depuis la création de la cour, en 1998, des responsables politiques sont inculpés contre la volonté de leurs alliés occidentaux. »Le Monde du 22 novembre 2024.
13:00 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, europe, france, affaires européennes, marine le pen, extrême-droite | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Jean Mabire: "L'aventure n'est pas le passé"
Jean Mabire: "L'aventure n'est pas le passé"
Jean Mabire (1927–2006), qui se définissait comme « normand et européen », a été l'un des grands auteurs de langue française et sa vaste œuvre publiée est inspirante.
Duarte Branquinho
Source: https://sol.sapo.pt/2025/03/30/a-aventura-nao-e-o-passado/
Il est né à Paris, mais est mort près de la mer comme le dernier viking, à Saint-Malo. Passionné par les lettres et l'écriture depuis son jeune âge, il avait fondé une revue régionaliste peu après avoir obtenu son diplôme. Après avoir accompli son service militaire en tant que parachutiste, il a été mobilisé pour la guerre d'Algérie, où il a combattu et a été décoré, une expérience qui inspirerait l'un de ses ouvrages les plus connus, Commandos de chasse.
Il a collaboré à de nombreuses revues et écrit plus d'une centaine de livres. La gamme des sujets abordés était vaste, allant de la Normandie au paganisme, de l'Histoire à la politique, des romans à la mer et aux marins. Il a également été critique littéraire, et ses biographies d'auteurs ont été publiées en plusieurs volumes. Défenseur de l'Europe des Patries Charnelles, il a été à la fondation d'un mouvement régionaliste normand et a participé à la création du GRECE et de la dite "Nouvelle Droite" d'Alain de Benoits. Il est devenu une référence pour le Mouvement Normand, pour l'association Terre et Peuple, de Pierre Vial, et, pour préserver et défendre son œuvre, on a créé l'Association des Amis de Jean Mabire.
Mon premier contact avec son œuvre remonte à mon adolescence, lorsque le fascination pour la Seconde Guerre mondiale m'a conduit à découvrir les collections d'Histoire militaire publiées au Portugal par Ulisseia. Dans des livres comme Les Panzers de la Garde Noire, Les Waffen SS, publié sous le pseudonyme Henri Landemer, ou Les Samouraïs, coécrit avec Yves Bréhéret, mais surtout dans ses Commandos de chasse, j'ai été émerveillé et absorbé par le style avec lequel il a abordé le difficile thème de la guerre. Ce fut également le moment de mon premier contact avec l'œuvre de Saint-Loup, de son vrai nom Marc Augier, dont Mabire était l'héritier direct dans la défense de l'Europe des Patries Charnelles. Tous deux seraient des références que je n'oublierai jamais et des penseurs qui m'accompagneront dans la formation et la consolidation de mes idéaux.
Les patries charnelles, l'histoire, la culture, le paganisme, la défense de l'identité, la terre et le peuple, parmi tant d'autres ; un lien éternel était cimenté avec ce barde normand. Et l'Europe, toujours le rêve de l'Europe – nous unissait en un destin commun !
Des années passées à lire davantage d'œuvres de lui, à mieux connaître son parcours et à voir comment il avait touché tant d'autres Européens comme moi, j'ai fait un voyage où il était constamment dans mes pensées. J'ai parcouru la Normandie, sa patrie charnelle bien-aimée, de bout en bout. De l'œuvre d'ingénierie moderne au Havre au superbe et ancestral Mont Saint-Michel, en passant par Honfleur, d'où sont partis les navigateurs transatlantiques, et par les plages du débarquement qui ont marqué le début de la fin de la guerre fratricide entre Européens, j'ai vu, observé et apprécié la terre et le peuple pour lesquels Jean Mabire a tant lutté pour perpétuer, tout en reconnaissant et en m'identifiant comme un membre de notre grande famille européenne.
Les livres me guidaient – toujours les livres ! –, mais aussi l'expérience vécue et Mabire était, dans cette synthèse, un exemple. Les lectures, comme l'écriture, reflètent la vie. Elles ne la remplacent jamais. C'est la leçon que j'ai apprise tôt et que je suis jusqu'à aujourd'hui.
Dans une longue et captivante interview avec Laurent Schang (cf. http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2007/10/21/j-mabire-entretien-sur-la-figure-de-l-aventurier.html ), où il réfléchit sur la figure de l'aventurier, Mabire a averti : « le roman d'aventure n'est plus qu'une substitution. Le lecteur vit ce qu'il n'est pas, il revit même ce qu'il n'a pas vécu. Phénomène auquel la télévision donne une dimension fascinante et onirique. “Nous faisons” la guerre ou l'amour par procuration devant le petit écran. Triomphe de l'illusion absolue. »
Mais est-ce qu'en ces temps dominés par l'image, l'aventure est condamnée à n'être qu'un souvenir du passé ? Mabire rejetait un tel fatalisme et, dans la même interview, répondit de manière cinglante : « Non, l'aventure n'est pas le passé. Croyez-moi, nous vivrons encore de manière plus dangereuse au 21ème siècle. »
12:38 Publié dans Hommages, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, jean mabire, nouvelle droite | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook