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samedi, 16 février 2008

Gaspard II de Coligny

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16 février 1519: Naissance à Châtillon sur Loing de Gaspard II de Coligny, seigneur de Châtillon. Il fut Amiral de France et chef des Huguenots dans la première phase des guerres de religion (1562-1598). Colonel Général de l’infanterie française dans les campagnes d’Italie contre notre Empereur Charles-Quint, il rédige des ordonnances visant à réglementer la conduite des troupes, à faire respecter une discipline stricte et à empêcher les pillages inutiles, afin de protéger les populations civiles des ravages de la guerre. Soucieux de garder l’unité religieuse de la France, il projette de coloniser une partie du Brésil avec des Huguenots, puis, séduit par la Réforme, il annonce son passage au clan réformé en 1560, parce que la rigueur calviniste lui semble plus idoine à maintenir l’ordre, la discipline et la justice au sein d’un Etat moderne. L’objectif de sa conversion n’est donc pas religieux mais essentiellement pragmatique. Parti du Sud de la France actuelle, il marche sur Paris à la tête des armées protestantes. Il formule ensuite le projet d’envahir les Pays-Bas espagnols par une armée mixte, catholique et huguenote. L’hostilité du clan des Ducs de Guise sauve nos pays d’une invasion. Catherine de Médicis et Henri de Guise font ensuite assassiner Coligny le 24 août 1572.

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En souvenir de la "Sainte Alliance"

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En souvenir de la «Sainte-Alliance» des nations européennes…

Le 12 septembre 1683, un voile de brouillard recouvre la col­line de Kahlenberg qui domine la ville de Vienne, capita­le du Saint-Empire. L'armée européenne assiste à la messe pré­paratoire, dite par le frère capucin frioulan Marco d'A­viano, conseiller spécial de l'Empereur Léopold I. Dans son prêche, il remémore pour tous les innombrables atrocités com­mises par les Turcs et leurs alliés bosniaques, tziganes et albanais en Serbie, en Hongrie, en Carinthie et dans le Frioul… Le Roi de Pologne Jean III Sobieski est le Com­man­deur de cette armée qui s'apprête à affronter l'adversaire ottoman, très supérieur en nombre: ils sont 70.000 hom­mes, contre 150.000 ennemis, dotés d'une artillerie de gros calibre dont personne ne dispose en Europe. Le Prince Eu­gè­ne de Savoie est le chef de la cavalerie impériale; il vient de percer la ligne de siège des Ottomans, avec l'aide de ses six mille lances lombardes; il a réussi à pénétrer dans la ville et à porter secours aux 11.000 hommes épuisés du Comte von Starhemberg, défenseur de Vienne.

 

Face à eux, se déploie l'armée ottomane du Grand Vizir Ka­ra Mustapha, ou Mustapha le Noir, rassemblée derrière la bannière du Prophète que leur a confiée le Sultan Moham­med IV et haranguée par les exhortes du Cheik Vani Effendi qui, à la suite du passage de la comète de Halley, prévoit la victoire mondiale de l'Islam sur les peuples chrétiens d'Eu­­­rope. La bataille a fait rage pendant une journée entiè­re, avec des fortunes diverses, mais, à la fin, les Turcs a­ban­­donnent le terrain, laissant derrière eux plus de 10.000 morts.

 

Le Père Marco d'Aviano officie lors du Te Deum solennel dans la Cathédrale Saint Etienne, où il incite l'Empereur, le Roi de Pologne et le Prince Eugène à continuer la guerre jus­qu'à la libération de Budapest et de Belgrade du joug ot­toman. Le chef-d'œuvre diplomatique du Père Marco est jus­tement la constitution de cette Sainte Alliance unissant l'Em­pire, le Royaume de Pologne, la Sérénissime (Venise) et, enfin, la Russie. La campagne militaire de la Sainte Al­liance contre les Turcs réussit effectivement à libérer les terres européennes occupées les unes après les autres: la Ca­rinthie germanique d'abord, ensuite la Slovénie, la Croa­tie, la Hongrie, la Transylvanie et d'importantes portions des territoires serbes et valaques. La “Porte de Fer” du Da­nube retombe entre les mains de l'Europe et l'Empire ot­toman, lors de la paix de Karlowitz en 1699, renonce défi­nitivement à conquérir l'Europe continentale.

 

C'est grâce au courage de ces 70.000 soldats accourus de tous les coins d'Europe pour affronter un ennemi plus de deux fois supérieur en nombre que nous devons de vivre dans des pays non théocratiques et de tradition chrétienne, où il y a séparation de l'Eglise et de l'Etat, permettant le développement d'une démocratie qui, bien qu'incomplète aujourd'hui, n'a pas d'égal dans le monde. Aujourd'hui, le Père Marco d'Aviano a donné son nom à l'aéroport de Tries­te, tandis qu'on envisage enfin de le béatifier, même si un crétin isolé a eu le toupet, en apprenant cette nouvelle, de s'y opposer, accusant cet humble frère capucin, sauveur des nations européennes et génial géopolitologue avant la let­tre, de “bellicisme”…!

 

Archimede BONTEMPI.

(article paru dans La Padania, 20 octobre 2000; http://www.lapadania.com).

 

vendredi, 15 février 2008

"Uranus" de notre aimable Aymé

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“Uranus” de notre aimable Aymé

Un metteur en scène français a adapté à l'écran le roman de Mar­cel Aymé, Uranus, qui fit l'effet d'une bombe quand il pa­rut, en 1948, en pleine dictature résistantialiste. Mais il est é­vident que M. Claude Berri, le cinéaste en question, n'a pas pu traduire en images "l'insoutenable" vérité.

Ce pavé iconoclaste doit figurer, dans toute bibliothèque bien constituée, à côté du Pauvre Bitos et des Fables d'A­nouilh, du Confort intellectuel de ce même Aymé, des Fran­çais de la décadence d'André Lavacourt... La lecture de tels bouquins nous console d'autres lectures accablantes.

Nous pouvons, à loisir, savourer cet Uranus  aux pages si ven­geresses, cette chronique impitoyable des lendemains de la "libération".  L'action  —c'est le cas de le dire—  se dé­roule à Blémont. Il s'agit d'une petite ville au nom imaginaire, mais aux mœurs bien réelles.

Seul l'aimable écrivain au masque de Buster Keaton pouvait écrire une telle œuvre. Ecrivain "dégagé" bien avant que le mot existât. Beaucoup plus goûté par la droite jeune et fron­deuse que par les religionnaires de gauche. Ami de Céline, de Brasillach et de Rebatet, mais néanmoins sans attache d'idéologie ni de parti (ses Billets de Marianne en fournissent l'illustration). L'homme vraiment libre, sans illusions sur ses congénères, ennemi du mensonge et de l'hypocrisie. Un vé­ri­table non-conformiste. Son Travelingue (paru en 1937) était déjà un tableau resté unique des ridicules, tant nationaux que progressistes, bourgeois que prolétariens, du front po­pu­laire.

“Je vais le dire au comité d'épuration…”

Mais revenons à Uranus, à ce sujet d'une terrible noirceur mais à la prose succulente. Nous sommes donc à Blémont. La petite ville tend l'échine sous la loi de quelques malfrats à mitraillettes et de la cellule communiste. L'ingénieur Archam­baud a obéi à un réflexe charitable en hébergeant Loin, le "collaborateur " traqué. Mais il se reprochera amèrement cet­te "idiotie". A la table familiale, il fait un massacre des préju­gés bourgeois, mais il opine aux sottises d'un nouveau col­lègue dont l'agitation syndicaliste, teintée de stalinisme à la mo­de, risque de détraquer leur usine. Les prolos ne s'élè­vent au-dessus de la plus haineuse jalousie que pour deve­nir des instruments aveugles du "Parti". Lequel PC s'entend fort bien avec Monglat, le trafiquant milliardaire, seul pro­fi­teur des malheurs de la Patrie, morne canaille prête à n'im­porte quelle ignominie pour sauver sa fortune.

A Blémont —comme ailleurs— tout n'est que dénonciations en­tre gens qui voisinent et se tutoient depuis l'enfance, bas­ses­ses, lâchetés, sournois sadisme: "Je vais le dire au Co­mi­té d'épuration". Les mouchards prospèrent, en véritables "pa­triotes".

Loin, l'infortuné, aurait pu être blanchi, avec l'assentiment pu­blic s'il eût été riche, bien installé dans l'échelle sociale. Ou, à la rigueur, s'il eût fait acte de contrition. "Mais ce n'é­tait en somme qu'un petit employé, un de ces hommes de peu dont le supplice et l'ignominie procurent presque autant de plaisir aux bourgeois qu'aux prolétaires. Qu'une action d'en haut s'exerçat en sa faveur, il y avait là de quoi choquer et décevoir ses concitoyens. Les gosses eux-mêmes sont con­taminés par la cruauté et la bêtise ambiantes.

Il n'est que deux personnages pour racheter cette tourbe: Wa­trin, le professeur de math, et Léopold, l'une des plus étonnantes créations de Marcel Aymé, cabaretier herculéen, à crâne de brute, aviné, et que Racine émeut aux larmes, le suprême représentant de la poésie à Blémont. Mais Léopold, pur de tout méfait, respecté d'abord pour sa force énorme, sera abattu comme un criminel par les gendarmes, rouages stupides des machinations de Monglat. Mais Watrin, que tou­tes les formes de la vie émerveillent, en comparaison a­vec Uranus, l'astre mort, n'est qu'un rêveur, l'impuissant spec­ta­teur de la férocité humaine. Il n'y manque qu'un cu­re­ton bolchévisant pour que le panorama de la France, en 1945, soit complet avec tout son personnel.

Le chapitre le plus terrifiant d'Uranus, est celui du retour des soldats prisonniers. La population entière est allée les ac­cueil­lir à la gare, sous-préfet, municipalité et clergé en tête. Les F.F.I. rendent les honneurs. Garde-à-vous, Marseillaise, dis­cours. Mais cinq civils, posément, écartent le service d'ordre. Ils s'avancent vers les prisonniers libérés, se sai­sissent  de l'un d'eux, le jettent à terre et le rouent de coups de poings et de pieds. Ce sont des F.T.P. qui tabassent et "pu­nissent" un ancien pétainiste du Stalag. Cependant la foule, la police restent inertes, de même que les camarades de la victime ensanglantée. Et, tandis que les exécuteurs s'a­charnent, le maire, décidé à ne rien voir, poursuit son dis­cours: «Votre sacrifice, votre admirable résistance morale... la grandeur de la France... Une France jeune, ardente, gui­dée par une élite dont l'intelligence, la hauteur de vues et l'hu­manité font l'admiration du monde entier...». Et Watrin, le seul qui ose se porter au secours du blessé  —le médecin n'a pas bougé— est embarqué par la flicaille.

Cercle Prométhée.

 

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1152: Mort de Conrad III

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15 février 1152: Mort à Bamberg de l’Empereur romain-germanique Conrad III. Après avoir accédé au trône suite à de nombreuses péripéties et dissensions internes, Conrad III part en croisade en 1146, réside ensuite à Constantinople, où il forge une alliance avec l’Empereur byzantin Manuel Comnène, malheureusement trop fantasque et infatué de sa personne pour donner cohérence à ses projets. Le principal objectif des deux empereurs alliés était de battre Roger II, roi normand de Sicile, allié du Roi de France Louis VII et des Guelfes papistes hostiles à l’Empereur. Derrière cette rivalité se profilent deux volontés antagonistes d’ouvrir la voie des la côte orientale de la Méditerranée: par la mer pour l’alliance entre la France, le Pape et les Guelfes; par la terre et le Danube pour l’Empereur Conrad III.

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jeudi, 14 février 2008

Henri Michaux ou le corps halluciné

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Henri Michaux ou le corps halluciné

 

Réécriture d'une thèse de doctorat, Henri Michaux ou le corps halluciné, d'Anne Brun est un splendide ouvrage. En voici la présentation: «L'œuvre hallucinogène d'Henri Mi­chaux s'inscrit dans l'histoire de la drogue et de la psychia­trie, en tant que "psychose expérimentale", et mêle étroi­te­ment poétique du texte et références scientifiques. Anne Brun propose une lecture psychanalytique de ce corpus, saturé par les commentaires psychiatriques: il s'agit de le lire comme un document passionnant sur les processus de créa­tion et d'éclaircir la genèse de cette œuvre poétique et pictu­ra­le, enracinée dans un vécu corporel médiatisé par le toxi­que. L'expérience hallucinogène invite à une exploration de l'originaire, en réactivant la part la plus archaïque de la psy­ché, à la source des processus de symbolisation. Elle que­stion­ne la psychanalyse et la clinique, en renouvelant l'ap­pro­­che des toxicomanies comme de la schizophrénie. L'au­teur réinterroge particulièrement le concept de pulsion sco­pi­que, pour éclairer la spécificité des visions suscitées par la mes­caline et la nature du savoir dévoilé par la drogue. C'est à un véritable corps à corps avec ses doubles que se livre Mi­chaux, révélant un fantasme de bisexualité dans le com­bat avec la mescaline. L'œuvre hallucinogène d'Henri Mi­chaux , singulière s'il en est, ouvre la voie à une métapsy­cho­logie des processus de création» (JdB).

 

Anne BRUN, Henri Michaux ou le corps halluciné, Institut d'édition Sanofi-Synthélabo (174 avenue de France, F-75.635 Paris cedex 13), 1999, 322 pages format 240 x 280, avec de très nombreuses reproductions de l'œuvre picturale d'Henri Michaux. 250 FF.

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Friedrich Sieburg

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Friedrich Sieburg

 

Célèbre par son Dieu est-il français? (1929), Friedrich Sie­burg fait l'objet d'une excellente biographie de Cecilia von Bud­denbrock. Correspondant de presse à Paris de 1926 à 1933, pilote dans l'escadrille von Richthofen durant la Gran­de Guerre, Friedrich Sieburg reviendra à Paris de 1940 à 1943, détaché au service culturel de l'ambassade d'Allema­gne. Dominique Venner écrit dans sa préface: «Mieux que son rôle effacé entre 1940 et 1943, ce qui associe Sieburg à la France, c'est son essai Dieu est-il français?, célèbre dès sa parution. Le fait que Raymond Poincaré se soit risqué à ré­futer la livre dans une communication de l'Institut fit son suc­cès. Pourtant, la critique se montra assez peu réceptive. Ro­bert Brasillach, tout jeune encore, étrilla l'ouvrage dans L'action française du 4 décembre 1930, à l'occasion d'une chro­nique intitulée "Contrebande germanique". Relisant au­jourd'hui l'essai de Sieburg, on comprend difficilement ce re­jet, tant son auteur fait des efforts louables de compré­hen­sion. Ses censeurs lui reprochèrent de montrer la France des années 30 comme une sorte de charmant anachronisme adonné au bonheur de vivre à l'heure de son clocher, mé­prisant l'industrialisation forcenée d'une Allemagne pauvre et spartiate. Ce portrait-là était vrai, on l'a bien vu un peu plus tard. Il a même aujourd'hui valeur de document ethnologique pour une France disparue» (PM).

 

Cecilia von BUDDENBROCK, Friedrich Sieburg 1893-1964, Editions de Paris (7 rue de la Comète, F-75.007 Pa­ris), 306 pages, 159 FF.

 

Robert Gilbert Vansittart

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14 février 1957: Décès à Denham dans le Buckinghamshire du Baron Robert Gilbert Vansittart, diplomate britannique artisan du Traité de Versailles, collaborateur de Lord Curzon de 1920 à 1924, sous-secrétaire du Foreign Office britannique de 1930 à 1938. Il deviendra célèbre pour ses positions ultra-germanophobes et son plaidoyer systématique pour le réarmement du Royaume-Uni en vue d’une guerre contre l’Allemagne. Cheville ouvrière du parti belliciste, hostile à la politique d’apaisement de Neville Chamberlain en 1938, au moment de la crise tchécoslovaque, il est relégué dans un poste sans grande importance. Il exercera une influence prépondérante sur Winston Churchill, qui annulera la politique de Chamberlain et optera pour la carte belliciste de Vansittart.

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mercredi, 13 février 2008

Visions d'Europe à l'époque napoléonienne

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Robert STEUCKERS:

 

Les visions d'Europe à l'époque napoléonienne

Aux sources de l'européisme contemporain

 

Les visions d'une Europe unifiée et autarcique ne datent pas de Locarno et d'Aristide Briand, ni de la seconde guerre mon­diale ni des pères fondateurs des communautés euro­péennes. Elles ont eu des antécédents dès l'âge de la phi­lo­sophie des Lumières. Bon nombre de conceptions se sont précisées à l'époque napoléonienne.

 

L'Europe dans l'optique des philosophes des Lumières est:

◊ un espace de “civilisation” et de “bon goût”;

◊ une civilisation marquée par le déclin et l'inadaptation (due à l'industrie montante);

◊ une civilisation où la raison décline;

◊ une civilisation marquée par la gallomanie et déstabilisée par les réactions nationales face à cette gallomanie omni­présente.

Les philosophes des Lumières considèrent déjà que l'Europe est coincée entre la Russie et l'Amérique. Ils se partagent entre russophiles et russophobes. Tous estiment toutefois que l'Amérique est une Nouvelle Europe, une Europe remise en chantier au-delà de l'Atlantique et où de multiples pos­si­bilités sont en jachère.

 

Les “Lumières” et Herder

 

Dans le cadre de la philosophie des Lumières et de la gallo­manie ambiante, Herder développe une vision critique de la situation intellectuelle en Europe et réfléchit en profondeur sur le sens de l'individualité historique des constructions col­lectives, fruits de longues maturations, ciselées et façonnées par le temps. Il jette les bases d'une critique positive de la gallomanie, comme culte artificiel des styles gréco-romains imités, à l'exclusion de tous les autres, notamment du go­thi­que médiéval. Rousseau abonde dans le même sens, voit l'histoire comme une dialectique harmonieuse entre les na­tions et l'universel, mais estime que l'Europe en déclin, der­riè­re les façades néo-classiques du XVIIIième siècle, est moralement condamnable car perverse et corrompue. Her­der veut réhabiliter les cultures populaires plus enracinées, faire revivre les cultures autochtones que les processus d'ur­banisation et de rationalisation, propres de la civilisation, ont marginalisées ou taraudées. Pour lui, l'Europe est une fa­mille de nations (de peuples). Contrairement à Rousseau, il es­time que l'Europe n'est pas condamnable en soi, mais qu'elle doit se ressaisir et ne pas exporter en Russie et en Amérique l'européisme abstrait au vernis gréco-romain, ex­pres­sion d'une artificialité sans racines permettant toutes les manipulations et engendrant le despotisme. Herder connaît l'Europe physiquement et charnellement pour avoir voyagé de Riga à Nantes, pérégrinations sur lesquelles il nous a lais­sé un journal fourmillant d'observations pertinentes sur l'état des mentalités au XVIIIième. Il compare avec minutie les cultures régionales des pays qu'il traverse, pose une série de diagnostics, mêlant constats de déclin et espoirs de guérison  —la guérison d'un peuple passant par la résur­rec­tion de sa langue, de ses traditions et des racines de sa lit­térature. Sur base de cette expérience vécue, il veut faire des Pays Baltes, sa patrie, et de l'Ukraine (avec la Crimée) l'atelier d'une Europe rénovée, tout à la fois

 

◊ respectueuse des modèles grecs classiques (mais surtout homériques; Herder réhabilite pleinement la Grèce homéri­que, donnant l'impulsion aux recherches philologiques ulté­rieures) et

 

◊ fidèle à ses héritages non grecs et non romains, mé­dié­vaux et barbares (slaves ou germaniques).

 

Cette Europe rénovée se forgera par le truchement d'un sys­tème d'éducation nouveau, nettement plus attentif que ces pré­décesseurs aux racines les plus anciennes des choses, des entités politiques, du droit, de l'histoire charnelle des peu­­ples, etc.  Dans ce sens, l'Europe espérée par Herder doit être, non pas une société d'Etats-personnes, mais une COMMUNAUTÉ DE PERSONNALITÉS NATIONALES.

 

Après les troubles et les bouleversements de la Révolution française, après la prise du pouvoir par Napoléon Bonaparte, bon nombre d'observateurs politiques européens commen­cent à percevoir l'Europe comme un BLOC CONTINENTAL (Ber­trand de Jouvenel sortira un maître ouvrage sur cette thé­matique). Avec le blocus continental, l'idée d'une autarcie économique européenne prend corps progressivement. Elle a surtout des exposants français, mais aussi beaucoup de partisans allemands, comme Dalberg, Krause ou le poète Jean Paul (dont l'héritier direct au 20ième siècle sera un au­tre poète, Rudolf Pannwitz; cf. Robert Steuckers, «Rudolf Pann­witz: “Mort de la Terre”, Imperium europæum et con­ser­va­tion créatrice», in Nouvelles de Synergies Européennes, n°19, avril 1996).

 

Le Baron von Aretin

 

Le Baron von Aretin (1733-1824), Bavarois se revendiquant d'un héritage celtique, sera un partisan de Napoléon, en qui il voit un champion de la romanité et de la catholicité en lutte contre le “borussisme”, l'“anglicisme” et le “protestantisme”. Cependant, des protestants allemands développeront à leur tour un européisme pro-napoléonien, non pas au nom d'un mé­lange idéologique de celtitude, de romanité et de catho­li­cis­me, mais au nom de l'idéal protestant qui consiste à s'op­po­ser systématiquement à toute puissance universelle, com­me entend l'être la thalassocratie britannique. Le protestan­tis­me, dans cette optique, s'est dressé hier contre les préten­tions universalistes de l'Eglise de Rome; il se dresse aujour­d'hui non plus contre l'universalisme de la Révolution et du Code Napoléon, mais contre l'universalisme économique de la thalassocratie anglaise. Cet idéal, à la fois protestant et européiste, se re­trouvait essentiellement dans la bourgeoisie négociante d'Al­lemagne du Nord (Brème, Hambourg, mais aussi Anvers). Pour cette catégorie d'hommes, il s'agissait de briser les mo­nopoles anglais et de les remplacer par des monopoles eu­ropéens (ils préfigurent ainsi les théories de l'économiste List). L'objectif était l'éclosion d'une industrie autochtone eu­ro­péenne, capable de se développer sans la concurrence des produits coloniaux anglais, vendus à bas prix.

 

Le mémorandum de Theremin

 

Parmi les autres théoriciens allemands de l'autarcie et de l'in­dépendance continentale européenne, citons le Prussien The­remin, qui, dans son memorandum de 1795 (Des intérêts des puissances continentales relativement à l'Angleterre), con­state que l'Angleterre colonise commercialement l'Euro­pe et les Indes et qu'elle constitue de la sorte un despotisme maritime (Theremin est clairement un précurseur du géo­po­li­tologue Haushofer). Après 1815, plusieurs théoriciens alle­mands éprouvent une claire nostalgie de l'autarcie continen­tale. Ainsi, Welcker plaide pour une alliance franco-prussien­ne “pour organiser l'Europe”. Glave, pour sa part, prône une al­liance franco-autrichienne pour exclure la Russie et l'Em­pi­re ottoman de l'Europe. Woltmann, dans Der neue Leviathan  (= Le nouveau Léviathan), plaide pour l'unification européen­ne afin de faire face à “l'universalisme thalassocratique”. Bü­low entend promouvoir une “monarchie européenne univer­selle” qui aura pour tâche de conquérir l'Angleterre, afin qu'elle cesse de nuire aux intérêts du continent, et formule un “projet culturel” d'inspiration européiste afin d'annuler les incohérences et les pressions centrifuges que génèrent les nationalismes locaux.

 

Le Comte d'Hauterive

 

Les théoriciens français de l'autarcie européenne à l'époque napoléonienne abandonnent définitivement le romantisme exotique, orientalisant, après le double échec des opérations militaires de Bonaparte en Egypte et en Palestine. Désor­mais, les protagonistes du grand continent raisonnent en ter­mes exclusivement “européens” voire, avant la lettre, “euro­péo-centrés”. Réactualisant, dans la France impériale de Na­poléon, le “Testament de Richelieu”, ces visionnaires fran­çais de l'Europe future, dans leurs projets, font de la France la base de l'unification continentale. Contre l'Angleterre et sa flotte ubiquitaire et puissante, il faut organiser le blocus, fer­mer l'Europe au commerce anglais et faire de cette fer­me­ture un “système général”.

 

Ainsi le Comte d'Hauterive, dans son ouvrage, De l'Etat de la France à la fin de l'an VIII (= 1800), écrit que l'idéal pour la France en Europe avait été la situation de 1648 mais que cette situation avait par la suite été bouleversée par la mon­tée de la Prusse et de la Russie et par la domination navale de l'Angleterre. La France aurait eu intérêt à contrer la mon­tée en puissance de ces trois facteurs. Néanmoins, après les guerres de la Révolution, une situation nouvelle émerge: le Continent, dans son ensemble, fait désormais face à la Mer, do­minée par l'Angleterre, grâce, notamment, aux victoires de Nelson en Méditerranée (Aboukir et Trafalgar). Dans ce con­tex­te, la France n'est plus simplement une partie de l'Eu­ro­pe, opposée à d'autres parties, mais l'hegemon du Conti­nent, le moteur dynamisant de la nouvelle entité continentale européenne. D'Hauterive, dont l'idéologie n'est nullement ré­volutionnaire, renoue explicitement avec une perspective ca­ro­lingienne, également opposée au protestantisme en Eu­ro­pe.

 

Dans le camp hostile à Napoléon et à l'hegemon de la Fran­ce, on plaide généralement pour un “équilibre des puissan­ces”, clef de voûte de la diplomatie conservatrice à l'époque. Chaque Etat doit se limiter, écrivent des auteurs comme Mar­tens, von Gentz ou Ancillon. Si les Etats ne se limitent pas, ne brident par leur puissance et leurs propensions à l'ex­pansion, l'ensemble européen connaîtra le déclin à la sui­te de guerres incessantes, épuisant la vitalité des peuples. Pour ces conservateurs prussiens, il faut élaborer un sy­stè­me de contre-forces et de contre-poids (ce qui, envers et con­tre leur bonne volonté, s'avèrera bellogène au début du 20ième siècle). Le camp des européistes anti-napoléoniens est diversifié, nous y trouvons des monarchistes d'ancien ré­gi­me, des représentants du paysannat (hostiles au Code Na­poléon et à certaines de ses règles de droit), des républi­cains puristes (qui voient dans le bonapartisme un retour à des formes monarchiques), des représentants de la fraction de la bourgeoisie lésée par le blocus, des révolutionnaires déçus parce que l'idéal de fraternité n'a pas été incarné en Europe.

 

Fichte, Arndt, Jahn

 

Dans ce contexte, les Romantiques, dont Novalis, Müller et les frères Schlegel, préconisent un retour au christianisme médiéval, c'est-à-dire à un idéal d'avant la fracture de la Réforme et de la Contre-Réforme qu'ils croient capable de surmonter les cruelles divisions internes de l'Europe. Les na­tio­nalistes (allemands), comme Fichte et Jahn, sont répu­bli­cains, hostiles à la forme française de la Révolution, mais tout aussi hostiles à une restauration pure et simple de l'ancien régime. Pour Fichte, Arndt et Jahn, la Prusse est un simple instrument, mais très efficace, pour forger une nou­velle et puissante nation allemande. Fichte est volontariste: la constitution volontaire de cadres étatiques nationaux con­duira à un telos universel, à un monde organisé selon autant de modalités différentes qu'il y a de peuples. L'harmonie uni­verselle viendra quand chaque espace national aura reçu, à sa mesure, une structure de type étatique. Dans ce sens, l'universalisme fichtéen n'est pas monolithique mais pluriel. Pour ces nationalistes, la nation, c'est le peuple opposé à l'arbitraire des princes et des monarques. A ce volontarisme et à ce nationalisme centré sur le peuple s'ajoute, notam­ment chez Arndt, une dialectique Nord/Sud, où le Nord est li­bertaire et le Sud développe une fâcheuse propension à trop obéir à l'Eglise et aux Princes. Arndt, par exemple, propose pour la future Allemagne unie, qu'il appelle de ses vœux,  le mo­dèle suédois, modèle élaboré par une nation homogène, exemple d'une germanité plus authentique et fort puissante, organisé selon des critères étatiques solides, depuis les ré­formes civiles et militaires du Roi Gustav-Adolf au XVIIième siècle; un roi qui avait voulu devenir le champion du pro­tes­tantisme —mais d'un protestantisme organisé et non géné­rateur de sectes impolitiques, comme les dissidents anglais et les puritains américains—  contre Rome et l'Empire ca­tho­lique du fanatique Ferdinand II, qui préférait, disait-il, régner sur un désert plutôt que sur un pays peuplé d'hérétiques! (On peut parfaitement comparer les réformes de Gustav-A­dolf à certaines créations de Richelieu, comme la mise sur pied d'une Académie Royale, destinée à organiser le savoir ab­strait et pratique pour consolider l'Etat).

 

La Sainte-Alliance et Franz von Baader

 

Pendant la Restauration, c'est l'Autrichien Metternich qui don­ne le ton et tente de forger et d'asseoir définitivement une Europe réactionnaire, traquant partout tous les résidus de la Révolution française. L'instance internationale de l'époque est la Sainte-Alliance de 1815 (Grande-Bretagne, Russie, Prusse, Autriche), qui devient la Pentarchie en 1822 (quand la France se joint aux quatre puissances victorieuses de 1814-15). La Restauration permet l'éclosion d'un roman­tis­me contre-révolutionnaire, incarné notamment par Franz von Baader. Elle vise aussi à organiser rationnellement l'Eu­rope sur base des acquis de l'ancien régime, remis en selle en 1815. Franz von Baader envisage une Union religieuse des trois confessions chrétiennes en Europe (protestan­tis­me, catholicisme, orthodoxie), pour s'opposer de concert aux principes laïcs de la Révolution et pour aplanir les conten­tieux qui pourraient survenir entre les composantes majeu­res de la Sainte-Alliance. Ce projet est rejeté par les catho­li­ques les plus intransigeants, qui refusent d'accepter qu'un destin commun les lie aux protestants et aux orthodoxes. Franz von Baader perçoit la Russie comme le bastion de la restauration et comme l'ultime redoute de la religion face au déferlement de la modernité. La “révolution conservatrice” des premières décennies du 20ième siècle reprendra cette i­dée, sous l'impulsion d'Arthur Moeller van den Bruck, tra­ducteur de Dostoïevski, qui prétendra, dans la foulée, que la Russie avait maintenu intacts ses instincts anti-libéraux mal­gré la révolution bolchevique. De ce fait, aux yeux du con­ser­vateur Moeller van den Bruck, la Russie soviétique de­ve­nait un allié potentiel de l'Allemagne face à l'Ouest.

 

Schmidt-Phiseldeck 

 

Le diplomate danois au service de la Prusse Schmidt-Phisel­deck prône dans le contexte de la restauration un autocen­tra­ge de l'Europe sur elle-même  —même idée que celle du bloc continental napoléonien mais sous des signes idéologi­ques différents—  et avertit les nations européennes contre toute aventure coloniale qui disperserait les énergies euro­péennes aux quatre coins de la planète, déséquilibrerait le continent et provoquerait des rivalités d'origine extra-euro­péen­nes entre Européens contre l'intérêt même de l'Europe en tant que famille de peuples, unis par un même destin géo­graphique. Schmidt-Phiseldeck veut une “intégration intérieure”, donc une organisation structurelle de l'Europe, et perçoit clairement le danger américain (qui se pointe déjà à l'horizon). Pour lui, la seule expansion possible de l'Europe est en direction de l'Anatolie turque et de la Mésopotamie. L'ancienne aire byzantine toute entière doit redevenir européenne, par la force si besoin s'en faut et par une union indéfectible de toutes les forces militaires de la Pentarchie, capables de culbuter les armées ottomanes dans une cam­pa­gne de brève durée. On peut dire a posteriori que Schmidt-Phiseldeck est un précurseur (anti-ottoman) de la ligne aérienne et ferroviaire Berlin-Bagdad, mais sans hosti­lité à l'égard de la Russie.

 

Autre théoricien de l'époque, Constantin Frantz (cf. Robert Steuckers, «Constantin Frantz», in Encyclopédie des Œu­vres philosophiques, PUF, 1992), critiquera également les expansions coloniales dans des termes analogues, préfigu­rant ainsi les thèses de Christoph Steding (cf. Robert Steuc­kers, «Christpoph Steding», in Encyclopédie des Œuvres philosophiques, PUF, 1992), du géopolitologue Arthur Dix et de Jäkh, auteur, pendant la première guerre mondiale, d'un mémorandum justifiant l'alliance germano-ottomane dans le sens d'une exploitation commune de l'espace entre Constan­tinople et le Golfe Persique. La Guerre du Golfe est ainsi, à la lumière de ces analyses posées successivement au fil du temps par Schmidt-Phiseldeck, Frantz, Steding, Dix et Jäkh, une guerre préventive contre l'Europe, dont la seule expan­sion possible est en direction du Sud-Est, comme les princi­pa­les vagues indo-européennes de la proto-histoire et de l'an­tiquité se portaient également dans cette direction, fon­dant successivement la Grèce archaïque, l'Empire Hittite, les Empires perse et mède, les royaumes aryens d'Inde. [ajout d'avril 2000: Le sort de l'Europe se tient par le Sud-Est: la puissance qui barre la route de l'Europe dans cette direction est celle qui la maintient la tête sous l'eau, empêche son dé­veloppement harmonieux. C'est aujourd'hui, clairement, la stra­tégie choisie par l'alliance américano-turque, qui vient de ré-implanter une présence ottomane dans les Balkans, par Bosnie et Albanie interposées, pour s'opposer aux pénétra­tions pacifiques et économiques de l'Allemagne, de l'Autri­che, puissances civiles et industrielles capables de dévelop­per les Balkans, et de la Russie, capable de donner une ga­ran­tie militaire et nucléaire à ce projet. Pire, il s'agit d'une stra­tégie qui conteste à la Russie sa présence en Mer Noire, ruinant les acquis de Catherine la Grande].

 

Görres et l'hegemon allemand

 

Pour sa part, Görres, autre théoricien allemand de l'époque de la Restauration, envisage une Allemagne unifiée et re-catholicisée comme hegemon de l'Europe, en lieu et place de la France napoléonienne. Cette Allemagne serait civile et spirituelle et non pas guerrière à la façon bonapartiste. Elle viserait la paix perpétuelle et serait la puissante fédératrice par excellence, ayant des frontières communes avec toutes les autres nations européennes. Le destin géographique de l'Allemagne, la multiplicité de ses voisins, en font la fé­dé­ratrice de l'Europe par destin géographique. L'universalité (ou la catholicité au sens étymologique du terme) de l'Alle­magne provient justement de la simple existence bien con­crète de ces voisinages multiples et diversifiés, permettant à l'intelligentsia allemande de jeter en permanence un regard varié et pluriel sur les événements du monde, sans vouloir les biffer à l'aide d'une idéologie toute faite. Elle seule peut intégrer, assimiler et synthétiser mieux que les autres, grâce à cette proximité territoriale et physique pluri-millénaire.

 

Leopold von Ranke, historien nationaliste allemand, dévelop­pe, quant à lui, une vision plus romano-germanique de l'Eu­rope, d'essence chrétienne. Il évoque un “génie occidental”, contrairement à von Baader qui valorise la virginité russe face au déclin rationaliste de l'Ouest. Pour von Ranke, l'O­rient est “sombre folie”, car ni l'Etat ni l'Eglise n'y pénètrent au fond du peuple. L'Occident, pour lui, est le système le plus parfait. Ce système est l'élu de Dieu sur la Terre. Ranke est donc à l'origine des options occidentalistes du nationalis­me allemand ultérieur.

 

Constantin Frantz et l'équilibre pentarchique

 

Constantin Frantz s'oppose à trois forces politiques ma­jeures, actives dans les Etats allemands de son époque: l'ultramontanisme, le particularisme catholique en Bavière, le national-libéralisme prussien (et, partant, le capitalisme). Ces forces politiques sont centrifuges, maintiennent la divi­sion de l'ensemble mitteleuropéen, parce qu'elles raisonnent en termes partisans et fractionnistes. Pour lui, le Reich mo­derne, le Reich à venir après l'abrogation en 1806 du Reich historique sous la pression napoléonienne, devra s'étendre à toute l'Europe centrale (la “Mitteleuropa”) et se donner une organisation fédéraliste, tenant compte des diversités de no­tre continent. L'équilibre européen, pour Frantz, doit rester pen­tarchique et centripète dans le cadre géospatial euro­péen. Toute extraversion colonialiste est un danger, si bien qu'à ses yeux, l'Angleterre n'est plus une nation européenne mais un empire maritime en marge du continent; la France a, elle aussi, cessé d'être pleinement européenne depuis qu'elle a pris pied en Algérie et en Afrique: elle devient une na­tion eurafricaine qui l'éloigne a fortiori des problèmes spé­cifiquement européens et la distrait des tâches structurelles dont le continent a fortement besoin, au moment où l'ac­crois­sement de la population et l'industrialisation impliquent un changement d'échelle et impulsent un volontarisme et une imagination politiques pour que les sombres prévisions de Malthus ne deviennent pas le lot inéluctable des grandes masses déracinées, urbanisées et prolétarisées. La politique sociale de Bismarck et le socialisme de la chaire seront des réponses à ce défi.

 

L'extraversion colonialiste

 

Frantz critique sévèrement l'Angleterre et la France, puis­san­ces ayant au préalable commis le péché d'extraversion, pour avoir fait la Guerre de Crimée contre la Russie. Elles se sont ainsi opposées à un Etat constitutif de la Pentarchie eu­ropéenne au profit d'un Etat qui n'en faisait pas partie (l'Em­pire ottoman), ce qui, pour Frantz, constitue une entorse très grave à l'esprit d'unité de la Sainte Alliance, censée apporter une paix définitive en Europe, de façon à faire de celle-ci un bloc civilisationnel cohérent et solide, s'étendant de l'Atlanti­que au Pacifique. La Guerre de Crimée aliène la Russie vain­cue par rapport au reste de l'Europe, car une violente réac­tion anti-occidentale, entraînant l'Allemagne et l'Autriche neutres dans cet opprobre, se constitue et se consolide chez les intellectuels russes.  Ceux-ci ne pardonnent pas aux au­tres Européens cette trahison abjecte de la Russie, qui s'é­tait longuement battue pour l'Europe en libérant la rive nord de la Mer Noire et le Caucase du joug ottoman entre 1750 et 1820.

 

L'Allemagne en gestation et l'Autriche deviennent, quant à elles, des empires sans espace, coincés entre des puissan­ces disposant de vastes étendues extra-européennes, cen­tre-asiatiques ou sibériennes. A elles seules incombe dé­sormais la tâche d'organiser en autarcie, comme il se doit, la portion d'Europe qui leur reste, mais sans pouvoir étendre ce principe constructif d'organisation structurelle et territoriale aux marges occidentales et orientales de notre sous-con­ti­nent. L'Europe est dès lors dangereusement déséquilibrée et déstabilisée. Les guerres inter-européennes deviennent pos­si­bles, y compris pour régler des problèmes extra-euro­péens, survenus dans les espaces colonisés. La Guerre de Cri­mée porte en germe l'horrible tragédie de 1914-1918.

 

Ernst von Lasaulx

 

Pour Ernst von Lasaulx, professeur de philologie classique à Würzburg et Munich, les diplomates européens doivent re­connaître les forces à l'œuvre hic et nunc sur le continent, et ré­pondre à la question: «Où nous trouvons-nous aujourd'hui dans le flux de l'histoire?». Seule cette interrogation permet de faire des projets cohérents pour l'avenir. Elle implique que l'homme d'Etat sérieux et efficace doit connaître le ma­ximum de faits historiques (sinon, la totalité!), car tous ont une incidence, même fortuite, sur la structure du présent. L'a­venir ne se construit que par recours au passé, à tout le passé. Celui qui l'ignore, ou le connaît mal, ou le connaît à travers le filtre d'images propagandistes, est condamné à faire des essais et des erreurs, à procéder par tâtonnements voués à l'échec. Catholique d'origine, influencé par Baader, La­saulx est surtout un mystique germanique et un "panso­phique". Dans cette optique, la vraie religion des époques historiques fortes, est expression de la vie, de la vitalité. En Europe, régulièrement, par cycles, des "peuples jeunes" ont régénéré les peuples vieillissants. Lors de l'effondrement de l'Empire romain, ce rôle a été dévolu aux Germains. Pour La­saulx, les Slaves (surtout les Russes) prendront le relais. Ils seront le "Katechon" de l'Europe qui, sans eux, s'en­gloutirait dans la décadence, accentuée par les idées occi­dentales et françaises.

 

Conclusion:

 

Les visions d'Europe de l'époque napoléonienne et de la Re­stauration conservent une pertinence politique certaine; elles expliquent des permanences et des lames de fonds. La con­naissance de ce dossier demeure à nos yeux un impératif de "sériosité" pour les hommes d'Etat.

 

Notre exposé contient sept idées majeures, toujours ac­tuelles, qu'il faut toujours garder en tête quand on pense ou on veut penser l'Europe, comme espace de civilisation co­hé­rent:

 

1.        L'espace s'étendant des Pays Baltes à la Crimée doit ê­tre organisé selon des modalités propres sans hostilité au reste de la Russie (Herder).

 

2.        L'Europe est une diversité (et le restera). Cette diversité est source de richesse, à condition qu'on l'harmonise sans la stériliser (Herder).

 

3.        L'opposition Terre/Mer reste une constante de l'histoire européenne (Theremin, d'Hauterive) et, dans le concert des peuples européens, la France oscille entre les deux, car elle est capable d'être tantôt une puissance navale, tantôt une puissance continentale. Carl Schmitt et Karl Haushofer sont les héritiers intellectuels de Theremin et d'Hauterive. Dans les années 60 de notre siècle, Carl Schmitt a toutefois tenu compte d'un chan­gement de donne stratégique et technologique, avec la puissance aérienne et la maîtrise des espaces circum-terrestres.

 

4.        L'idée de Baader de forger une Union religieuse et de dé­passer, de ce fait, les clivages confessionnels bello­gènes, reste un impératif important. Les guerres inter-yougoslaves de 1991 à nos jours montrent clairement que les confessions ne sont pas neutralisées, qu'elles conservent une potentialité conflictuelle certaine. Pour nous, reste à savoir si les christianismes officiels peu­vent apporter l'harmonisation du continent ou s'il n'est pas légitime, comme nous le pensons, de retourner aux valeurs pré-chrétiennes, pour donner un socle plus sûr à notre espace civilisationnel.

 

5.        Avec Schmidt-Phiseldeck, force est de constater que la présence ottomane est une anomalie à l'Ouest de l'E­gée et du Bosphore, empêchant notre continent de se "vertébrer" définitivement [ajout d'avril 2000:  Toute pré­sence ottomane dans les Balkans interdit aux Euro­péens d'organiser le Danube. L'objectif des Ottomans était de contrôler ce grand fleuve, au moins jusqu'à Vienne, la "Pomme d'Or". Ce projet a échoué grâce à la résistance héroïque des milices urbaines de Vienne, des armées impériales, hongroises et polonaises. Ce projet a failli réussir à cause de la trahison des rois de France, François I et Louis XIV].

 

6.        Görres et Frantz ont théorisé clairement la nécessité de conserver à tout prix la cohésion du centre de l'Europe. Cette nécessité géographique doit être la base con­crè­te d'une renaissance du Saint-Empire.

7.        L'extraversion coloniale a ruiné l'Europe et importé en Eu­rope des conflits dont l'origine était extra-européen­ne. L'Europe doit d'abord s'auto-centrer puis organiser sa périphérie, par la diplomatie et un dialogue inter-ci­vilisations.

Ces sept recettes méritent d'être méditées.

Robert STEUCKERS.

(Extrait d'une conférence prononcée à l'Université d'été de "Synergies Européennes", Lourmarin, 1995).

mardi, 12 février 2008

National suicide and demographic decline in France

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National suicide and demographic decline in France

A translation by Fred Scrooby of an interview with Yves-Marie Laulan, author of Les Nations Suicidaires (1998).  Yves-Marie Laulon, economist and banker, has had a varied career that has taken him from French government cabinet posts to such international institutions as the International Monetary Fund, the World Bank, and NATO, as well as positions with Société Générale de Banques and Crédit Municipal of Paris.  He has taught in a number of universities, including the Institute for Political Studies in Paris.  He has published a dozen works on economics and geopolitics in France and abroad.

The interview was conducted by Xavier Cheneseau, and was published Dec. 28 at Robert Steuckers’ Euro-Synergies website.  The original entry doesn’t give the interview’s date.  (Judging by certain details in the text, it may be a few years old.)

Xavier Cheneseau: With regard to demographics you seem willfully pessimistic …

Yves-Marie Laulan: It isn’t the author’s comments that are violent but the situation that is violent.

In fact it’s already nearly too late.  Demographic phenomena — the ones I’m dealing with, at any rate — have this special characteristic, that they are slow and they proceed largely unnoticed, precisely until it is too late.

Wartime ravages can be repaired in a few years — Germany and France managed it.  Recovery from the consequences of an economic crisis doesn’t take long.  But demographic damage can take decades, even centuries, to recover from — when recovery is possible at all. […]

But you’re partly right:  I’ve deliberately taken a provocative tone, because you need to make a loud racket to awaken the deaf.  And look at the dumbed down, dullened public opinion we are dealing with, anesthetized by daily bombardment with mass media!  Where filtering of information is concerned, today’s France resembles Ceaucescu’s Romania, only a more efficient version. 

Faced with this situation, a dissident having ideas that are out of the ordinary, such as myself — Soviet Russia’s Samizdat, as Pierre Chaunu calls it — humbly cherishes the hope, perhaps, of being, if possible, the watcher at dawn spoken of in the Bible (Isaiah), the one who remains alone at his post all night waiting for the dawn to break.

XCh: How do you explain that we are faced with one of the most terrible demographic winters?

YML: Why, when living standards are breaking all records and humanity in general — Western women in particular — have never been so well off, are we seeing a birth-rate collapse?  This phenomenon is of course denied or obfuscated by those certified liars, our official demographers, who are to today’s demographic realities what Radio Paris was to the news during the German Occupation.

The following are the phenomenon’s main causes:

Western women don’t want, or are unable, to have children.

The famous Barbie doll we hear so much about these days represents very well the way in which women are viewed in our satiated, sterile societies.  Neither mother nor wife, but girlfriend on and off, she reigns supreme in her own enchanted universe based on sex (a little), sports (a lot), career (enormously), and finally, her body (totally).  She aspires to be a man in every respect, for Western society has been incapable of giving a satisfactory answer to the great 20th-Century challenge:  How to achieve the emancipation of women?  How to arrange for women to reconcile in reasonable ways their roles of mother — indispensable, both biologically and culturally, for the perpetuation of the species — and career, no less necessary?  Go put that question to Monsieur Juppé.

There has also been the shameless success of homosexuals — who aren’t exactly known for their natural fecundity.  Acceptable in private when engaged in with decent discretion, homosexuality has instead become aggressive and proselytizing, as seen with homosexual “civil unions.” Homosexuals demand society’s recognition and consideration normally reserved for fathers and mothers of families, nay even greater consideration — which says a lot about the reversal of values in our societies that seem bent on suicide.

We could add lots of other factors, such as the culture of death so rightly denounced by Pope John Paul II, with mass abortions paid for by government health insurance — no less! — and the mass media’s “humanitarianism” which endlessly attacks the strong traditional values of honor, hard work, dignity, family, sacrifice and being satisfied with what you have, etc.  Don’t even get me started on that subject, or you’ll think you’re talking to a flesh-and-blood preacher!

XCh: Isn’t this demographic winter a manifestation of abdication of responsibilities?

YML: That’s the fundamental cause.  For thirty years we’ve sat helpless and resigned as we watched a generalized abdication of responsibility at all levels.  Irresponsibility on the part of young men who no longer want to take on the responsibilities of fatherhood and being heads of families.  Irresponsibility on the part of young women who no longer want to bring babies into the world but prefer buying little dogs to keep them company (it’s true dogs don’t pay into Social Security but hey, no one’s perfect).  Irresponsibility on the part of politicians who are ready to sacrifice our nation’s future if it means safeguarding their precious chances in the next election ("Don’t get anyone mad at you, and ‘Après moi, le déluge!’ “).  Irresponsibility on the part of officials and bureaucrats who always want more employees for their offices, more salary increases, more perks and bonuses, and shorter work-weeks. 

France is transforming itself, guided by socialists (but the right has scarcely been any better), into a gigantic camp of welfare recipients of every variety.  Furthermore, in view of the fact that 57% of gross domestic product is redistributed, one can confidently say that one Frenchman out of two is on welfare, therefore irresponsible.

XCh: By combining individualism with a certain numbing comfort isn’t France putting itself on the slippery slope that leads to exiting history altogether?

YML: In our time France has already exited history.  On tiptoe.  She’ll re-enter it perhaps, one day, but that’s another story — for now, we’ve already given up two major attributes of sovereignty, things which make it that a nation exists in the world, namely our currency, replaced by the euro […] (whose rate of exchange is decided in Frankfurt) […and] the French army, now more like a police auxiliary in the service of NATO and our allies. 

Europe today is not on an ascent toward something better but is stumbling forward while our politicians seek to preserve their generous parliamentary incomes as they shift all hard decisions onto Brussels.  It is no longer the borderless Europe of François Perroux but the faceless Europe of Jacques Delors, the Europe of quitting, of cowardice, of shirking.  The amazing thing is how the French, as if in a daze, stay mute and fail to react in the face of such mutilations of their sovereignty as are being imposed on them.  They’ll demonstrate en masse against dove hunting but have no reaction to homosexual “civil unions” or the Amsterdam Treaty.  They are no longer a population of sheep but a lemming colony.  And it’s claimed they are “ungovernable.” Not true.  They are manipulated exactly as is wished, and made to swallow anything.

XCh: Is there no sign of a healthy reaction?

YML: None for the moment.  The electroencephalogram tracing shows a flat line and the patient is profoundly comatose.

XCh: Do you think France will survive the 20th Century?

YML: It depends on what you mean by “survive.” If it’s a question of a population provided with more or less recent national ID cards together, of course, with national health-service cards, Frenchmen may well survive — after all, the recipes for cassoulet, duck magret, and tripes à la mode de Caen won’t disappear.  And there’s also soccer. 

But if it’s a question of a people proud of its past and concerned for its destiny as a nation, taking pride in its presence in the world and in its place among the nations of Europe, that’s a completely different story.  Because of its demographic evolution characterized by internal demographic collapse, the shortfall to be made up by massive immigrant populations, France stands a good chance of becoming what could be called an unfortunate society which will have difficulty overcoming the internal contradictions she herself has created.  Populated by large minorities aspiring to be majorities, very different in their culture and values and therefore rivals, France will become a country in which simply maintaining public order will require the mobilization of all domestic resources to preserve a semblance of social order.  Furthermore, unlike the United States which has accepted the harsh disciplines of a liberalism that has created wealth and jobs, France adopts inept measures, for example the disastrous 35-hour work-week, the laughing stock of the civilized world. 

Such societies cannot pretend to have a foreign policy or a national defense but will be limited to (what is already a lot for them) simple preoccupations of maintaining order, within the framework of a régime that more and more resembles a police state, and a more and more nationalized economy, as seen in the cases of many African countries and Lebanon. 

If that’s what is meant by “survive” then yes, France has a chance to survive — but in what condition!

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Armin Mohler ou l'image comme argument

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Hommages à Armin Mohler pour ses 80 ans

 

L'image comme argument

 

Quand on entre chez Armin Mohler, dans son appartement munichois, on suit d'abord un long corridor sombre. Au début de ce couloir, près de l'entrée, se dresse une commode, avec, en face d'elle, un grand miroir. Puis, on suit une ran­gée de bibliothèques énormes et très larges, s'élevant jus­qu'au plafond, qui rendent ce corridor plus étroit. Une ou deux heures plus tard, on se trouvera en face d'elles, avec le maître du logis, pour s'entendre dire que celle-ci contient les ouvrages sur les réalistes russes, celles-ci les ouvrages sur les Espagnols, les Scandinaves, les Américains. Ainsi s'ali­gnent plusieurs milliers de superbes volumes consacrés à l'histoire de l'art, la préoccupation majeure de l'autre Mohler, celle que le public politisé et idéologisé ne connaît pas. Car le Mohler que ce public plus militant connaît est avant toute chose l'auteur d'une thèse de doctorat, devenue un ouvrage de référence essentiel, Die Konservative Revolution in Deutsch­land. Ce livre, aujourd'hui publié en deux volumes avec tous les ajouts cumulés au fil du temps, a permis de forger un concept  —celui de “Révolution Conservatrice”—  qui est toujours utilisé dans les ouvrages traitant de l'histoire culturelle et politique allemande de ce siècle. Ensuite, ce li­vre a eu un effet de cristallisation, dans la mesure où il sert de référence à tous les penseurs de la droite.

 

Cet amateur d'art, ce fabuleux collectionneur de beaux ou­vra­ges, cet homme qui a donné aux intellectuels de droite un fil d'Ariane, se tient debout au milieu de la pièce et appuie son corps massif sur une canne. Plusieurs opérations aux genoux ont fait leur effet. Les cheveux blancs sont peignés en arrière. Visiblement, il s'est préparé pour nous recevoir. A côté de son fauteuil préféré se trouve une liasse de papier et un petit tas de livres. Nous entrons directement dans le vif du sujet. Aucune de nos questions reste sans réponse. Moh­ler fait venir de nouveaux documents de la pièce voisine. Trois portraits-icônes sont accrochés au mur: Ernst Jünger, Carl Schmitt, Arnold Gehlen. Nous avons une courte conver­sa­tion sur ces trois géants de la pensée allemande de ce siè­cle. Ensuite, dans la foulée, Mohler me fait traverser la piè­ce et frappe du bout de sa canne une autre photographie, accrochée au-dessus du chambranle de la porte, et dit: «Cet homme a eu un grand mérite en prononçant son fameux dis­cours, si bien qu'on peut beaucoup lui pardonner». Je recon­nais le visage de Martin Walser.

 

Penser avec les yeux

 

Oui, Armin Mohler, figure de proue du néo-conservatisme allemand, a cloué une photographie de Walser au-dessus de sa porte. Car Mohler est un homme qui pense avec les yeux (Er ist ein Augenmensch). Il a étudié l'histoire de l'art et il a écrit beaucoup d'articles sur le cinéma et sur les expositions. Ses livres, au fond, sont truffés d'images; Mohler harponne toujours le concret, raconte des anecdotes afin de déceler, par leur médiation, la tendance dont elles sont un reflet, la courant qui se profile derrière elles, les lignes directrices de leur époque; Mohler rend visibles les modes de comporte­ment. Sa démarche d'esprit est tout le contraire d'une logi­que de juriste, qui cherche à capter et à figer tout ce qui peut don­ner lieu à une interprétation logique. Au contraire, les ima­ges suggérées et décrites par Mohler visent à révéler im­mé­diatement le noyau fondamental de ce qu'il veut nous mon­trer ou nous démontrer.

 

Mais ces images deviennent floues sur leurs bords, elles semblent fuir, se fondre dans le fond-de-monde. C'est l'é­vi­dence. Il ne faut pas le répéter sans cesse. Armin Mohler ne se défend jamais contre ceux qui ne veulent pas le com­pren­dre. Il se moque d'eux, tout simplement.

 

Pourtant Mohler aime les véritables joutes intellectuelles, cel­les où l'on prend son adversaire au sérieux, où on le con­si­dère comme honnête, comme un partenaire qui s'efforcera, sans céder sur l'essentiel de ses positions, d'arriver à une ana­lyse commune avec vous, au départ d'idées pourtant di­ver­gentes, un adversaire qui tentera de forger une approche com­mune ou d'atteindre simplement la vérité dans la discus­sion, même s'il croit à des paramètres politiques complète­ment différents des vôtres. La liste des orateurs que Mohler avait choisis jadis, quand il était directeur de la Fondation Sie­mens, prouve ce goût prononcé pour les polémiques fruc­tueu­ses. Ainsi, Bernard Willms est monté à cette tribune d'a­bord comme jeune homme de gauche, puis comme homme mûr de droite. Dans tous les débats de la Fondation Sie­mens (et dans les autres!), Mohler est toujours resté fidèle à sa méthode, c'est-à-dire la méthode des images. Pour lui, il ne s'agit pas de terrasser ou de surplomber ou de déchirer l'i­ma­ge que suggère un adversaire, ni même de faire dévier la discussion vers le flou infini qui entoure l'image, car alors le débat chavirerait dans un flot non maîtrisable de défini­tions chaotiques et les adversaires sortiraient tous vain­queurs sans avoir rien réglé ni décidé ni tranché. Armin Moh­ler cultivait un plaisir vraiment agonal quand il pouvait suggé­rer une plus belle image que celle de son adversaire.

 

◊ ◊ ◊

 

Cette scène est tiré d'un débat où Mohler a participé:

«Monsieur Mohler, vous dites que l'homme ne trouvera le sens que s'il a une conscience nationale. Pourquoi cela serait-il vrai?».

«Parce que nous le disons. Une telle idée, on la pose. Je ne peux pas vous expliciter ses fondements par la logique. Dans ce sens, je n'ai pas de théorie. Je pose une image et les gens doivent l'accepter ou non. S'ils ne l'aiment pas, eh bien, c'est simple, ils ne l'aiment pas. C'est dommage pour moi».

«Donc vous posez simplement une image et vous pensez que les gens n'ont pas besoin d'explications?».

«Exactement. Par l'éducation, que vous avez reçue, vous pensez évidemment que l'on doit, quelque part, trouver une explication logique. Mais moi, je ne peux pas vous donner d'explication logique. Il existe très certainement des gens qui pourront vous en donner. Mais ceux qui pensent comme moi ne peuvent pas faire grand chose de ces explications logi­ques. Nous disons: “cela ne doit pas être fondé (logique­ment)”, nous le savons. C'est cela le perspectivisme. C'est MA perspective et j'essaie de la rendre accessible aux gens par des images. Souvent aussi par des arguments…».

 

◊ ◊ ◊

 

Armin Mohler ouvre tout à coup son armoire à verres, en extrait quelques gros classeurs et les étalent sur la table. Ils contiennent sa correspondance avec Ernst Jünger, le Maître. Une correspondance privée. Impubliée jusqu'ici. Une vérita­ble mine de renseignements. On a envie de rester assis dans ce sofa très bas, presque à ras du sol, de commencer à lire sans s'arrêter: les lettres de Jünger débutent par la for­mule “Lieber Sekretarius”. Chaque fois, la réponse, sur copie carbone, est accrochée à la lettre initiale. Mais on n'a pas le temps de les lire. Mohler apporte les livres où signent tous les hôtes de la maison. La première mention est d'Ernst Jünger. Il est vrai que c'est par lui que tout a commencé. Le disciple Armin Mohler, rappelons-le, souffrait, dans sa Suis­se en paix, d'une “sous-alimentation monumentale” et, sur fond de cette ambiance morose, tout à coup, l'Allemagne at­ta­que l'Union Soviétique; un sentiment indéfinissable s'em­pa­re du jeune Mohler et met rapidement un point final à ses agissements d'intellectuel de gauche, aimant les arts et les beaux esprits. Maintenant, c'est le moment décisif. Mohler avale d'un seul trait le Travailleur de Jünger. Ce fut une lec­ture existentielle. L'ouvrage met un homme jeune sur les rails qu'il n'abandonnera jamais plus. Après cette lecture, tout sera différent. Mohler n'a jamais été au front. Il a étudié à Berlin. Pendant des semaines de travail, il a retranscrit à la main les essais de Jünger, au temps où il était militant na­tio­naliste et national-révolutionnaire. Il est devenu ainsi le meil­leur connaisseur du Maître. Plus tard, le souvenir de cet en­goue­ment pour le Travailleur et pour les écrits nationaux-ré­volutionnaires d'Ernst Jünger, servira de noyau à la critique acerbe que Mohler adressera au Maître quand celui-ci com­mencera à réécrire et à réadapter ses œuvres. Pour Mohler, un auteur qui, par ses livres, a bouleversé toute une géné­ra­tion, ne peut agir ainsi. Travailler l'image que l'on veut laisser derrière soi peut paraître insuffisant. Toutefois, Ernst Jünger (et d'autres!) ont eu des lecteurs qui, après avoir fermé ses (leurs) livres, ne se sont pas contenté de réfléchir dans leur fau­teuil à côté de leur feu ouvert…

 

Armin Mohler a fêté ses 80 ans le 12 avril 2000.

 

Götz KUBITSCHEK.

(article tiré de Junge Freiheit, n°15/2000; http://www.jungefreiheit.de ; G. Kubitschek participera à l'ouvrage d'hommages à Armin Mohler qui paraîtra sous le titre Lauter Dritter Wege, Ed. Antaios, Alte Frankfurter Straße 59, D-61.118 Bad Vilbel).

 

lundi, 11 février 2008

Hommage à Piet Tommissen

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Hommage à Piet Tommissen pour ses 75 ans

 

Piet Tommissen ou de la vertu de l'obstination

 

Cicéron a dit un jour: «Rien ne fait plus impression que l'ob­sti­nation». Cette phrase pourrait parfaitement s'appliquer à la vie et l'œuvre de l'économiste politique flamand Piet Tom­mis­sen, qui a fêté le 20 mars dernier ses 75 ans en gardant intacte son impressionnante puissance de travail.

 

Ceux qui cherchent encore la preuve de cette évidence  —que toute culture repose sur l'acte gratuit, sur le travail pres­té sans rémunération—  il la trouvera dans la personne de Piet Tommissen. Après la deuxième guerre mondiale, Carl Schmitt était le bouc émissaire favori dans la sphère des sciences juridiques et politiques allemandes, mais aussi, faut-il le rappeler, le “chêne sous lequel les sangliers ve­naient chercher leurs truffes” (dixit Roman Schnur). Pendant cette période sombre, le jeune Piet Tommissen a donné son amitié à Schmitt, avec quelques rares amis allemands fidèles; il a aussitôt rédigé la première bibliographie de Carl Schmitt dans des conditions difficiles (Versuch einer Carl-Schmitt-Bibliographie, Academia Moralis, Düsseldorf, 1953). Et quand je dis “conditions difficiles”, je veux rappeler à mes contemporains que Tommissen a effectué ce travail long­temps avant qu'il n'existât partout des photocopieurs, com­me aujourd'hui, où l'on peut reproduire des textes à foison. Tom­missen retranscrivait, à la main, avec son stylo à encre, des centaines d'articles de Schmitt ou il les tapait sur une vieille machine à écrire de voyage, avec papier carbone, per aspera ad astra. Il a effectué ce travail quand il était un étu­diant sans moyens, dans les dures années de l'après-guer­re, où tout voyage d'exploration vers Plettenberg (où Schmitt s'était retiré) représentait des difficultés financières à la chaî­ne. C'est donc avec des débuts aussi difficiles que Tommis­sen, au fil des années, est devenu le meilleur connaisseur, et le plus méticuleux, de l'œuvre de Carl Schmitt.

 

Les fruits de ce travail désintéressé se retrouvent aujourd'hui dans d'innombrables articles et études, dans de nouvelles bibliographies et, depuis 1990, dans une collection de livres, baptisée “Schmittiana”, qui paraît chez Duncker & Humblot à Berlin. Aujourd'hui, nous estimons tous que de tels travaux sont aisés à achever, mais ce fut loin d'être le cas à l'époque héroïque du jeune étudiant et du jeune économiste Tommis­sen. Je dirais même plus: sans la foule d'apports et de dé­tails apportés et découverts par Tommissen, l'entreprise de dif­famation internationale qui a orchestré le boycott et l'ostra­cis­me contre Schmitt —et ainsi contribué à sa gloire!—  ap­pa­raîtrait encore plus sotte et plus lamentable, parce qu'elle n'aurait aucun argument valable, ne saurait rien des innom­bra­bles facettes de sa personne.

 

Tommissen, qui a étudié les sciences économiques à la Hau­te Ecole économique Sint-Aloysius à Bruxelles et à l'Uni­versité des Jésuites d'Anvers, a dû, à côté de ses recher­ches, travailler pour gagner sa croûte comme fondé de pou­voir dans l'industrie. Il accède au titre de docteur en 1971 en pré­sentant une thèse sur Vilfredo Pareto. Intitulée De eco­no­mische epistemologie van Vilfredo Pareto (Sint-Aloysius Han­delshogeschool, Bruxelles, 1971), cette thèse peut être con­sidérée comme l'un des ouvrages les plus importants et les plus fondamentaux jamais rédigés sur le grand homme. Tout chercheur qui souhaite se pencher sérieusement sur l'Ita­lien Pareto devrait au moins acquérir une connaissance pas­sive du néerlandais. Ce qui ne m'empêche pas de regret­ter que Tommissen n'ait pas écrit son livre en allemand ou en français: mais hélas, la gloire est injuste, monstrueuse pour les langues minoritaires.

 

Dans ce travail, nous rencontrons déjà Tommissen tout en­tier: un observateur interdisciplinaire qui manie cette inter­disci­plinarité avec le plus grand naturel, comme si elle était l'évidence; un auteur qui possède le grand art de mettre en exergue les liens entre les choses les plus diverses. Nous n'acquerrons pas seulement, à la lecture de cette thèse, con­naissance des problèmes fondamentaux de l'économie po­liti­que européenne jusqu'aux années qui ont immédia­te­ment suivi la première guerre mondiale, mais aussi de tout l'arrière-plan politique, philosophique et psychologique qui animait le “solitaire de Céligny”. Tommissen nous restitue avec amour et expressivité tout ce background, générale­ment ignoré par bon nombre d'auteurs, trop attachés à la surface des textes. Par conséquent, aucune autre étude dé­tail­lée ne rendra la thèse de Tommissen caduque.

 

Mais on comprendrait mal le personnage Tommissen si on ne le considérait que comme un spécialiste de Schmitt et de Pareto, lui qui a enseigné de 1972 à 1990 à la Haute Ecole d'économie Sint-Aloysius à Bruxelles où il éditait la collection “Eclectica”, qui recèle des montagnes de trésors, des anec­dotes et des détails sur Schmitt, toujours inattendus. Peu de cher­cheurs savent en Allemagne qu'il est aussi un bon con­nais­seur de Georges Sorel, de Julien Freund et de la pensée politique française des 19ième et 20ième siècle. Tommissen a tou­jours déclaré, expressis verbis, qu'il voulait faire “des scien­ces humaines au sens le plus large du terme”.

 

Exemple particulièrement frappant de concrétisation de cette volonté: son livre Economische Systemen (Uitgeverij N.V., Deurne, 1987). En peu de pages, Tommissen y brosse l'his­toire des idées économiques de l'antiquité à la Chine post-maoïste et les innombrables notes et remarques fondées qu'il a ajoutées au texte nous ouvrent au drame qu'est l'his­toi­re économique de l'humanité et nous communiquent les ra­ci­nes et les fondements politiques, culturels et idéologi­ques de l'homme travaillant tout au long de l'histoire. Un bon li­vre rend la lecture de cent autres superflue et nous encou­rage à en lire encore d'autres milliers. Voilà!

 

D'extraordinaires connaissances en littérature et en histoire de l'art…

 

Mais dans tous les travaux d'économie et de sciences politi­ques écrits par Tommissen, le lecteur est constamment sur­pris par ses extraordinaires connaissances en littérature et en histoire de l'art, car il avait caressé longtemps l'idée d'étu­dier la philologie germanique et l'histoire de l'art. Par exem­ple, il connaît le dadaïsme et le surréalisme européens dans toutes leurs variantes. Il n'était pas encore âgé de trente ans qu'il invitait en Flandre des auteurs allemands comme Heinz Piontek et Heinrich Böll, pour y prononcer des conférences (et je serais tenté d'ajouter: quand ils étaient encore des é­crivains intéressants…!).

 

Seuls ceux qui sont conscients de l'énorme travail presté par Tommissen sont en droit d'émettre une critique: ce maître de la note en bas de page exagère parfois dans son zèle à vou­loir tout dire, car il sous-estime volontiers les connaissances de ses lecteurs. Mais chez Tommissen, il n'y a là aucun or­gueil, qui motive son action, ni aucune vanité, car il est la cha­leur humaine incarnée. Pour lui, l'homme est né pour ai­der son proche et pour recevoir de lui une aide équivalente. Si bien que Tommissen, l'éminence, n'a aucune honte d'ap­pren­dre quelque chose, même d'infime, chez un écrivaillon à peine sorti de la puberté et inexpérimenté.

 

Un dévouement fidèle à Pareto et à Schmitt

 

Toujours heureux de donner un renseignement, toujours en quê­te de renseignements chez autrui avec la plus exquise des amabilités, Tommissen a permis l'éclosion de bon nom­bre de travaux scientifiques, a semé beaucoup plus que les nombreux ingrats ne le laissent supposer à leur public. Un hom­me de cette nature si particulière et si valable mérite à juste titre nos hommages parce qu'il a donné volontairement, avec fidélité, une grande partie de sa vie à ceux qu'il consi­dère comme ses maîtres: Vilfredo Pareto et Carl Schmitt. On pense de suite à un essayiste brillant et un conteur souve­rain comme Adolf Frisé qui n'a pas hésité à explorer pendant de longues décennies l'œuvre de Robert Musil et à la propa­ger. Souvent la lumière qui brille sous le boisseau est la plus vive! Ad multos annos, Piet Tommissen!

Ton ami,

Günter MASCHKE.

(hommage extrait de Junge Freiheit, 12/2000).

dimanche, 10 février 2008

Alan Heusaff (1921-1999)

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Alan Heusaff (1921-1999): histoire d'un militant pour la liberté des Celtes

 

Avec Alan Heusaff disparaît un combattant pour la liberté des peuples!

 

Alan Heusaff zobet d'an Anaon. Alan Heusaff s'est envolé parmi les âmes. Telle est la formule consacrée dans la lan­gue des pères. Sans aucun doute, Alan Heusaff trouvera ra­pidement la route pour le mener à l'Ile des Femmes, des Pom­mes sacrées et de l'éternelle jouvence. Sur l'Ile d'Ava­lon, Alan Heusaff sera aux côtés des héros et du Roi Arthur, qui, un jour, reviendra pour libérer son pays des occupants é­trangers. L'homme qu'une foule impressionnante de mili­tants pour la liberté a accompagné lors de son ultime voya­ge, le 7 novembre 1999, par une journée pluvieuse, était un ac­teur de l'histoire. Un de ces héros modernes qui ont tout sa­crifié pour leur idéal, pour leur patrie, pour l'idée de liberté. L'é­glise du petit village de Spideal, dans le Comté de Con­ne­mara en Irlande, quelques jours après la Fête du Samhain, était pleine de Gallois, d'Irlandais, d'Ecossais, de Corniques et naturellement de Bretons, venus de Dublin et de Galway, de Cork et de Limerick. Et aussi directement de la Petite Bre­tagne. Bernard Moffat, secrétaire général de la Ligue Celti­que, était présent aux obsèques, arrivé directement de l'Ile de Man. Ce jour-là, les bourrasques du vent ont soulevé les bannières noires et blanches, le Gwenn ha Du breton, et ont recouvert les voix de la foule entonnant le Bro goz ma za­dou (Vieux pays de mes pères), l'hymne national breton, rédigé en 1921 par le troisième Grand Druide Taldir (= “Front d'Acier”) sur la musique de l'hymne national gallois.

 

PNB, Bagadou Sturm, Bezenn Perrot

 

Alan Heusaff, du haut de ses 78 ans  —les plus courageux meu­rent toujours trop jeunes—  incarnait en lui tous les com­bats des Bretons et des Celtes depuis 60 ans. Né en 1921 à Ros­porden, dans la Petite Cornouaille bretonne, il a fréquen­té dans sa jeunesse l'Ecole Normale pour enseignants de Kem­per (Quimper). Scandalisé par le traitement qu'infligeait l'occupant français à son pays, il adhère en 1938 au Parti Na­tionaliste Breton, qui venait à peine de parier sur la carte in­dépendantiste. Dans la foulée, il adhère également au Ka­der­venn, un noyau de combattants organisé par Célestin Lai­né, qui voulait en faire l'embryon d'une armée bretonne et qui recrutait de nombreux anciens de l'organisation clan­des­tine Gwenn ha Du, responsable d'attentats contre des objec­tifs français à partir de 1932. Le jeune Alan participe notam­ment aux manœuvres secrètes de juillet 1938 sur les terres de Lanvaux, dans le Sud de la Bretagne, dans une atmos­phè­re de veillée d'armes. Plus tard, quand la guerre se sera déchaînée sur l'Europe, entraînant dans son cortège d'hor­reurs les petites nations qui ne l'avaient pas voulue, il s'en­ga­ge dans les Bagadou Sturm (Groupes de combat), forma­tions paramilitaires du PNB, organisées par le musicien Yann Goulet (disparu en septembre dernier à Dublin). En 1943, quand les partisans pro-français s'étaient donné pour spécialité d'abattre dans le dos les militants nationalistes bre­tons, et surtout après l'assassinat crapuleux de l'Abbé Per­rot, exposant généreux du mouvement culturel, par des ter­roristes demeurés inconnus, Alan Heusaff s'inscrit à la Be­zenn Perrot. Cette formation, également créée par Cé­lestin Lainé, est devenue, selon la définition même de son chef, “la première armée bretonne en guerre contre la Fran­ce depuis la défaite historique de Saint-Aubin du Cormier”. Entraînée dans un cyclone infernal, la Bezenn est rapide­ment pri­se en mains par les Allemands et incorporée de for­ce dans le SD (Sichereitsdienst, Service de Sécurité) et par­ti­ci­pe, en Bretagne, aux combats contre les maquis commu­nistes. Chassés de Bretagne par la défaite allemande, les ul­ti­mes combattants de l'“armée bretonne” se retrouvent à Tü­bingen, regroupés autour de Lainé. Certains d'entre eux, com­me Aël Péresse, resteront en Allemagne, où ils devront vivre pendant de nombreuses années sous une fausse iden­tité pour échapper aux services secrets français. Alan Heu­saff, avec de nombreux compagnons, décide de partir pour l'Irlande, en passant par l'une des organisations mises sur pied en collaboration avec le mouvement républicain et les pa­triotes gallois, rassemblés au sein du mouvement politique Plaid Cymru, pour protéger les Bretons de la terrible répres­sion française qui s'abattait sur leur pays.

 

La “Celtic League”

 

En 1950, Alan Heusaff reprend ses études à l'Université de Du­blin, et, quand il les achève, trouve un emploi dans le ser­vi­ce national de l'aéronautique irlandaise. En 1959, il crée, avec Yann Fouéré, le journal Breton News qui se veut le lien en­tre tous les réfugiés politiques bretons, mais qui, rapide­ment, devient un organe inter-celtique de combat. En 1961, toujours avec Yann Fouéré, mais aussi, cette fois, avec Gwyn­for Evans et J. E. Jones, respectivement président et secrétaire général du Plaid Cymru, il fonde sur l'Ile de Rhos au Pays de Galles, la Celtic League (= Ligue Celtique). Celle-ci, au début, n'était rien d'autre qu'un mouvement dans lequel les différents partis nationaux des pays celtiques é­taient représentés en tant que tels. En 1972, Breton News prend le nom de Carn, une dénomination commune dans tou­tes les langues celtiques, et devient l'organe officiel de la Li­gue. Alan Heusaff est élu secrétaire général de la Ligue Cel­tique, charge qu'il conservera pendant 25 ans, avant de s'oc­cuper de la branche internationale. Il est rentré au moins une fois en Bretagne, en 1980, à l'occasion du décès de son vieux commandant Célestin Lainé, pour disperser ses cen­dres sur le champ de Saint Aubin du Cormier, où les armées réunies de toute l'Europe s'étaient massées pour défendre l'in­dépendance de la Bretagne, mais ont été battues en 1488 par les troupes françaises du Général La Trémoille. Jusqu'à sa mort, Alan Heusaff a lutté pour réaliser, au sein de l'Union Eu­ropéenne, une fédération des nations celtiques, dès que cel­les-ci auraient été libérées de leurs tutelles étrangères.

 

Thierry JIGOUREL.

(article paru dans La Padania, Milan, 11 novembre 1999; http://www.lapadania.com/1999 ).  

Sur Giuseppe Ungeretti

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10 février 1888: Naissance à Alexandrie en Egypte du poète italien Giuseppe Ungaretti. En 1912, il vient étudier à Paris, où sa pensée est influencée par Henri Bergson, Charles Péguy, Paul Valéry et Guillaume Apollinaire. Les avant-gardes et surtout le symbolisme, avec la poésie de Mallarmé marqueront son esprit de manière durable.

Engagé dans l’armée italienne en 1915, il rédige ses premiers poèmes sur le front, inaugurant du même coup une poésie sans rimes ni ponctuation ni formes traditionnelles, censée exprimée une liberté nouvelle, à l’instar de celle qu’avaient, en d’autres termes, annoncée les futuristes autour de Marinetti. Ungaretti voulait révolutionner la poésie en lui imposant cette liberté, cette fraîcheur et cette intensité, éloignées des raideurs académiques ampoulées. Cette liberté poétique découle pourtant des enseignements que lui a transmis Valéry.

Pour celui-ci, il fallait se concentrer sur la forme; pour Ungaretti, se concentrer sur une forme dépouillée de toute rhétorique inutile et de toutes les lourdeurs d’un sentimentalisme désuet. Comme plus tard pour bon nombre de surréalistes et notamment pour Michaux, Ungaretti veut dégager le noyau primitif de chaque mot, faire jaillir de lui la puissance religieuse qui y est tapie. La lecture d’Ungaretti est impérative, tout comme une approche de Trakl (cf. article “03 fév 1887″), pour comprendre la trajectoire intellectuelle des post-surréalistes, dont Evola et Drieu.

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samedi, 09 février 2008

Vals socialisme en waarachtig socialisme

Robert STEUCKERS :

Vals socialisme en waarachtig socialisme

Waarom nadenken over het verleden en de historische evolutie van het socialisme, op het moment dat het in Europa dikwijls electoraal verliest, terwijl het geen politiek project en geen gewapende takken meer heeft, geen Sovjet-banden of andere meer heeft, waar een fanatiek individualisme dat sociale catastrofes baart de postmoderne mentaliteit in de Eerste Wereld steeds meer bepaalt, van bevliegingen en rages vanwege yuppies en trendy kleinburgers die zich nestelen in hun kleine virtuele wereldje.

Omdat het socialisme, of men het nu wil of niet, een communautaire reflex en aspiratie vertoont. Om een al even zo banaal als reëel discours aan te halen, de mens is geen wezen dat enkel op zichzelf gericht is, op zijn eigen ik. Hij is het kind van z’n ouders, maar ook kleinzoon of kleindochter, broer of zus, vader of moeder, neef, buur, collega,… In deze betekenis kan hij het goede wensen voor zijn groep of groepen binnen dewelke hij leeft en handelt en bijgevolg dit gemeenschappelijke goede verheffen boven zijn eigen individueel welzijn. Zoals alle aanhangers van grote religies en ook de adepten van het klassieke humanisme steeds hebben onderlijnd, een mens kan zijn welzijn opofferen voor z’n kinderen, een strijdzaak, voor elk soort motief dat het zelf overstijgt. Z’n intelligentie en instinctueel geheugen (twee kwaliteiten die niet noodzakelijk heterogeen en incompatibel zijn) kunnen dus opofferingen vooropstellen voor een tijd die als beter aangevoeld wordt, maar die nog toekomstig is. De mens handelt niet enkel vanuit een hedendaags perspectief, maar rekent vaak op de langere termijn, op vooruitzichten, wedt op de toekomst van de zijnen. Met het vermelden van deze banaliteiten, die antropologen en sociologen maar al te goed kennen, wensen we te wijzen op de nietigheid en de leegte van filosofische of economische theorieën die halsstarrig een methodologisch individualisme postuleren en die overal de hedendaagse manie van de politieke correctheid willen instellen.

Een deel van de aanhangers van het Verlichtingsdenken, vanaf de 18de eeuw, voerde in de dagelijkse politieke praktijk het methodologisch individualisme in, anderen legde de basis voor een sociale politiek, dikwijls in het kielzog van Verlichte despoten, anderen zoals filosofen uit de Parijse salons legden de basis voor het positivisme, terwijl nog anderen in het kielzog van Herder en de Sturm und Drang een emancipatie van mensen en zielen voorstelden door beroep te doen op de wortels van culturen, op ontluikende cultureel-literaire werken die de identiteit in al haar originaliteit en mooie onschuldige eenvoud weergaven. Door het bekritiseren van het methodologisch individualisme bij een deel van de volgelingen uit de Europese Verlichting, verwerpen we daarom nog niet alle facetten van deze Verlichting maar enkel deze die een dolgedraaide evolutie kenden, die een reeks foute veronderstellingen, dogma’s propageren en een schematische ideologie instellen en die er een discours op nahouden die elk debat weigert maar bol staat van modieuze woordkeuzes (door de Franse filosoof-medioloog François-Bernard Huyghe de “Langue de coton” genoemd), kortom, de hedendaagse politieke correctheid. Die “langue de coton” is in feite de concrete vertaling van de “Newspeak” die Orwell aanduidde in zijn bekende roman ‘1984’. Daar tegenover denken wij dat een dubbel teruggrijpen naar de vele facetten van de Verlichting, veronachtzaamd door het hedendaagse dominante discours, ons in staat zou stellen om het debat te heropstarten en aan onze medemens die in een impasse verkeert reële politieke alternatieven voor te stellen.

De mislukkingen van de Verlichting vertonen zich op meerdere niveaus in de Europese geschiedenis van de laatste tweehonderd jaar:

1) In de ideologieën die afgeleid zijn van de metaforen “tijd” en “machine”, wijzend op een mechanistische visie op politiek-sociale kwesties, waar elk individu aanzien wordt als een eenvoudig op zichzelf gericht radertje, vergelijkbaar met alle andere radertjes, zonder binding of wortels, verbindt de individualistische stroming in het Verlichtingsdenken aan deze metaforische en schematische visie sociale en politieke stellingen terwijl men voorbijging aan de voorbode van het romantisme en de organische politieke filosofieën waarin de principes van ontstaan, vorming en groei volkomen natuurlijk ingebed zijn.

2) In de maatregelen die door de nieuwe Franse republiek na de revolutie werden gestemd, tegen de corporatieve systemen, rechten op samenwerkingsverbanden en belangengroepen, enz.; de hypercentralistische organisatie van de nieuwe republiek waar de burgemeesters Parijs vertegenwoordigden en niet de lokale gemeenschappen; de introductie van een individualistisch recht in gans Europa via de Napoleontische legers; maatregelen die ertoe leidden dat bepaalde contrarevolutionaire groepen zich konden affirmeren als kampioenen van sociale rechtvaardigheid, in tegenstelling tot wat de huidige gangbare historiografie stelt.

3) De opkomst van de industriële revolutie in het teken van het individueel recht in Engeland en in teken van het geheel op het continent.

4) De uitwerking van mechanistische en individualistische economische theorieën.

5) Het ontstaan van een socialisme dat als filosofisch-ideologisch fundament een “wetenschappelijk” mechanistisch en individualistisch denken heeft.

Dit vijfvoud aan feiten heeft het socialisme gestimuleerd, georganiseerd in de 2de Internationale, daarna het communisme in de 3de Internationale en tenslotte het trotskisme in de 4de Internationale (de veelvuldige afsplitsingen en dissidenties niet meegeteld); om de meest mechanistische, machinistische en anorganische Verlichtingsideeën aan te nemen én de meer pragmatische, organische en culturele stromingen af te wijzen als reactionair, gericht tegen de “emanciperende” Verlichting. Indien het socialisme is ten onder gegaan, dan is het precies te wijten aan dat cultiveren van een waarachtig geloof in die mechanistische religie die zich “wetenschappelijk” achtte en onderuit is gehaald door bevindingen in de fysische wetenschap, vanaf 1875 met de ontdekking van het thermodynamica-principe, met de kwantumfysica en de opgang van de biologische wetenschappen, enz… Het socialisme heeft een eeuw overleefd na de ondergang van haar mechanistische “epistemologie”.

Indien het socialisme, als particratisch systeem verankerd in de Europese geschiedenis, zich had gericht op de organicistische metaforen uit het denken van herder en het romanticisme, dan was het vandaag de dag allicht nog springlevend geweest. Elke beoefening van politieke die de individualistische methodologie afwijst, moet breken met de mechanistische paradigma’s zoals geïllustreerd door de paradigma’s van het uurwerk en de machine(2).

In feite ware een inzet op het « metafoor van de boom » democratischer geweest : de aandrijvende kracht van de machine is exterieur aan de machine, net zoals de despoot exterieur is aan het volk waarover hij heerst. Het principe van de boom als drijvende kracht, zijn bron van energie, zijn allereerste impuls, huist namelijk in zijn innerlijkheid. De boom regeert zichzelf, zijn levensbestaan is niet afhankelijk van een exterieure kracht die een sleutel hanteert of een raderwerk in gang zet om te bewegen of te “leven”. Ter vergelijking, een organisch socialisme, dus niet langer mechanistisch, had kunnen voortkomen uit de geschiedenis zelf van een volk dat het regeerde en beschermde. De geschiedenis heeft ons geleerd dat de socialistische oligarchiën de fout hebben begaan om uit het volk te treden, of een volk te regeren dat vreemd was aan henzelf in naam van een zeer hypothetische « internationale solidariteit », zonder (nog langer) te begrijpen wat de innerlijke motivaties van dat volk zijn. De kritieken van een Roberto Michels over de Verbürgerlichung, Verbonzung und Verkalkung (verburgerlijking, progressieve dominantie van de partijbonzen, sclerose) en de harde, bittere satire van een George Orwell in Animal Farm, waar de varkens uiteindelijk meer gelijk worden dan de anderen zijn hierover veelzeggend en tonen aan, voor zover nog nodig, dat de socialisten en de sociaal-democraten onderhevig zijn aan die politieke zwakheid, het is te zeggen, de zwakheid die erin bestaat een ideologie aan te nemen zonder diepgang die ertoe leidt dat ze in de marge van de bevolking belanden, hun socialistisch discours sterk relativeert en in de praktijk tot het omgekeerde leidt. De oligarchisering van de socialistische partijen is een permanent risico die het socialisme bedreigt, juist door toedoen van de “bonzen” die weigeren op te gaan in een volkslichaam, dat ze van nature uit als onvermijdelijk irrationeel beschouwen maar die vaak ontsnapt aan het kraakheldere schematisme van de beredeneerde Rede die hen eigen is.

Vandaag de dag verklaren de socialismes van verschillende kleuren en strekkingen de erfgenamen te zijn van de Franse Revolutie. Hoewel, het is de Franse Revolutie die de rechten op vereniging van bouwvakkers, handarbeiders, knechten,… alsook de beroepsverenigingen onderdrukt. Zij kiest daarentegen voor een puur individualistisch recht, gericht tegen de verenigingsrechten en de gedifferentieerde aanpak van de sociale kwestie. Gedurende de ganse 19de eeuw trachtten de werknemers hun traditionele verenigingen opnieuw te vestigen, ondermeer via het syndicalisme en in Engeland via een communautaristische vorm van socialisme: het guild-socialism. Maar de oligarchen van de socialistische partijen daarentegen hebben gekozen voor hun reële ideologie, nochtans tegengesteld aan het socialisme dat ze pretendeerden te verdedigen. De opeenvolgende breuken, afsplitsingen, de verschillende mutaties van het linkse discours zijn au fond gebaseerd op de weigering van het individualistisch mechanisme van deze “revolutionaire” Verlichtingsideologie. Nu de partijoligarchen, de “bonzen” zoals Roberto Michels hen noemt, een gedrag vertonen dat niet door de beugel kan, gelet op de betrokkenheid in maffieuze netwerken (zoals Craxi in Italië of de zaak Cools in België die leidde tot de naam “Palermo-aan-de-Maas”), vertaalt de malaise zich aan de basis door een desertie van het electoraat, en aan de top bij de intellectuelen, door een verandering in paradigma’s en dikwijls ook een terugkeer naar de onuitroeibare nostalgie van de gemeenschap. Vandaag praat men in de cenakels van denkend links, waaronder in de Verenigde Staten, opnieuw over “communautarisme”. Een discours die er hen toe verplicht opnieuw verbanden en waarden te herontdekken die tijdens de Franse Revolutie en het Bonapartistisch avontuur enkel door “contra-revolutionairen” werden verdedigd of geanalyseerd.

Algemeen kan men stellen dat de historiografische bronnen die gerelateerd zijn aan de contra-revolutie, bij de contra-revolutionaire auteurs duidelijk wijzen op een wil tot terugkeer naar het Ancien Régime en de klerikale en aristocratische elites opnieuw in het zadel wil helpen die er door de revolutie waren uit gelicht. Anderzijds zijn er bij die als “contra-revolutionair” beschouwde auteurs ook diegenen die autonomie van de werkenden, de arbeiders,… willen herstellen waarbij de extreme individualisering van het eigendomsrecht in bourgeois-recht dat vanaf 1789 triomfeert en finaal ook gecodificeerd wordt. Iets wat men nooit had durven doen tijdens het Ancien Régime, zelfs niet toen een langzame erosie van de solidariteitstradities was ingezet sinds een tweetal eeuwen. In Frankrijk vond de verdwijning van de orden eerder plaats dan elders in Europa. De situaties varieerden volgens de provincies. In het westen wegen de afnames van de heerlijkheden en het leenrecht zwaar door, in het zuiden en de streken rond Lyon en Parijs zijn ze praktisch volledig verdwenen. Aan de vooravond van de Revolutie heeft de boerenstand, de basis van de bevolking want de industriële revolutie is nog niet gestart en de arbeiders zijn kwantitatief nog beperkt in omvang, een afkeer van de verhoogde heffingen door klerken en de fiscus, maar dringen aan op het behoud van de collectieve goederen die vrij ter beschikking staan van de dorpsgemeenschap. Indien er opstanden en rellen zijn voor 1789, dan zijn die gericht tegen de bezitters van “rechten op heerlijkheden” en tegen hen die een private eigendom vestigen op een oude collectieve grond. Men zou dus kunnen denken dat de Franse boerenstand die vijandig staat tav “rechten op heerlijkheden” omdat ze een inbreuk vormen op gemeenschappelijke gronden, toegewijd was aan de republikeinse ideeën. Maar hun waaier van eisen en verzuchtingen herhaalt zich na de grote omwentelingen die Frankrijk overspoeld hadden: de revolutionaire assemblees voeren de belastingen opnieuw in en verzwaren ze nog, de grondlasten zijn nog zwaarder dan tijdens het Ancien Régime (november 1790). De historicus Hervé Luxardo stelt dat men aandrong op een “een revolutie binnen de revolutie”: de bourgeoisie vervangt het Ancien régime in de steden, installeert haar macht die de boerenstand schade toebrengt en die geleidelijk aan ertoe leidt dat de vijandigheid die men had t.a.v. de adel zich nu ent op de bourgeois die eigenaars zijn geworden van de oude collectieve goederen, op de nieuwe bezitters, de “foutus bourgeois” zoals een revolterende boer uit de Dordogne hen noemt in 1791. De revolte van het platteland maakt geen onderscheid tussen een edelman als dienaar van de koning of een bourgeois als aanhanger van de revolutionaire theorieën. Wanneer de revolutionaire staat de goederen van de Kerk verkoopt als zijnde “nationale goederen” aan particulieren in plaats van ze te herverdelen onder dorpelingen raken de gemoederen opgehitst en slaat in het westen van het land de vlam in de pan: opstanden in de Vendée en in Bretagne.

Erger nog, zo meldt Hervé Luxardo, in december 1789 vernietigen de nieuwe regeerders de laatste volksvergaderingen waar alle familiehoofden konden stemmen, door hen te vervangen door verkozen gemeenteraden waar enkel de “citoyens actifs” (lees: de rijksten!) kon voor stemmen! Deze maatregel maakte een einde aan de legende dat de Franse Revolutie “democratisch” was. Vanaf dan zouden de nieuwe notabelen die afgescheiden van een volk dat geen inspraak meer had, de collectiever goederen naar hun eigen goeddunken gaan beheren, het leidde op 28 september 1791 tot een plattelandswet die praktisch elk recht op het genieten van de vruchten van collectieve gronden, weiden, bossen verbood. Een catastrofe in de winterperiode die schaarste en hongersnood bracht bij de armste plattelandsbewoners. Een andere Franse historicus die kritisch staat t.a.v. de Franse Revolutie, René Sédillot, schrijft: jammergenoeg “is het voor bejaarden, weduwen, kinderen, zieken, armen om koren bijeen te rapen na de oogst, om te genieten van nagras, om stro te verzamelen voor bedekkingen, om druiven op te pikken na de wijnoogst, om kruiden en grassen bijeen te harken na het maaien (…) het is niet langer toegelaten voor de kuddes om vrije toegang te hebben tot de stoppelvelden en braaklanden.” Kortom, met één pennentrek elimineerde de wetgevende bourgeoisie de enige sociale zekerheid dat deze armste groepen hadden. Deze lacune zou ertoe leiden dat er arme klassen , “gevaarlijke klassen” ontstonden volgens de heersende terminologie. Het platteland kon niet langer alle dorpelingen voeden, wat een exodus veroorzaakte naar de steden of naar de kolonies, voeding gevend aan het ontstaan van een agressief en wanhopig socialisme.

In de steden waren de beroepen georganiseerd in gilden (meesters-chefs en werknemers-gezellen) en in gezellenverenigingen (zonder de meesters-chefs). De gezellenverenigingen organiseren de solidariteit tussen de werknemers-gezellen en staken indien hun verzuchtingen niet gehoord worden. De Frans-revolutionaire wetgever Isaac Le Chapelier veegt met één pennentrek de mogelijkheid van tafel om nog syndicaten te benoemen, kortom om er nog te stichten, en zelfs alle samenwerking van gesalarieerden mogelijk te maken. Sédillot: “De wet Le Chapelier van 14 juni 1791 maakte een einde aan al wat kon bestaan aan werknemersvrijheden.” Later veronachtzaamt de Code Civil de arbeidsregels en –wetten. Het Consulaat van Bonaparte herstelt de politionele controle op de werknemers door het “livret”, een arbeidsboekje, in te voeren. Geen enkele vorm van links kan geloofwaardig zijn indien het terzelfder tijd pretendeert erfgenaam te zijn van de Franse revolutie, partizaan van haar ideologie, en de werkende klasse te verdedigen. De Waalse Parti Socialiste is in flagrante tegenstelling met de essentie van het socialisme en de sociale solidariteit wanneer haar tenoren zoals Philippe Moureaux en Valmy Féaux geestdriftig de lof bezingen van de “Grote Revolutie” en zonder verpinken de ontelbare schurkenstreken van de sansculotten. De ganse sociale strijd van de 19de eeuw is in feite een protest tegen en een weigering van die wet Le Chapelier. In filosofische termen is de mechanistische ideologie uit het revolutionaire tijdperk van de Franse republiek niet in staat om de solidariteit te verzekeren en was de aanzet tot een ernstige sociale achteruitgang.

De gebeurtenissen van de Franse revolutie en het opkomen van de industriële revolutie in Engeland leidden tot een nieuw economisch denken van een wiskundig-rekenkundig type waarbij dat van Ricardo in het oog springt. Geen enkele historische of geografische context wordt in rekening gebracht en men zou moeten wachten op de Duitse « Historische Schule », het Kathedersozialismus en het institutionalisme (wat overigens Amerikaans is) om parameters te herintroduceren in het economisch denken die rekening houden met de omstandigheden, geschiedenis, geografie. Meteen werd ook het absurde idee ondergraven dat er één enkele economische wetenschap is die universeel alle bestaande, werkende economieën in de wereld kan sturen.

Bijgevolg is het socialisme een reactie tegen de Aufklärung zoals zij werd geïnterpreteerd in de Franse revolutie en door wetgevers zoals Le Chapelier. Het socialisme is dan ook, gelet op haar drijfveren aan het begin van haar levensloop, fundamenteel voor het behoud van de organische vrijheden, gemeenschappelijke goederen en de wijzen van organisatie in gilden en gezellenverenigingen. Die drijfveren zijn « juste » (juste afgeleid van het Latijnse ius, recht). Maar als het socialisme zoals we het nu kennen een mislukking, een onrechtvaardigheid of zelfs oplichterij is, dan is dit omdat het de verzuchtingen van het volk verraden heeft net zoals de Franse revolutionairen hun boeren hebben verraden. Een socialisme dat gedragen wordt door een historische en organische inhoud, gekoppeld aan een economische doctrine die schatplichtig is aan de Historische Schule en het Kathedersozialismus moet overnemen waar een vals socialisme dat gedecontextualiseerd, mechanistisch is en gedragen wordt door wiskundig-rekenkundige economische doctrines en een Frans-revolutionaire ideologie.

Robert Steuckers

Bibliografie:

- F.M. BARNARD, Herder’s Social and Political Thought. From Enlightenment to Nationalism, Clarendon Press, Oxford, 1965.
- Michel BOUVIER, L’Etat sans politique. Tradition et modernité, Librairie générale de Droit et de Jurisprudence, Paris, 1986.
- Louis-Marie CLÉNET, La contre-révolution, Presses universitaires de France, Paris, 1992.
- Bernard DEMOTZ & Jean HAUDRY (Hrsg.), Révolution et contre-révolution, Ed. Porte-Glaive, Paris, 1989.
- Jean EHRARD, L’idée de nature en France à l’aube des Lumières, Flammarion, Paris, 1970.
- Georges GUSDORF, La conscience révolutionnaire. Les idéologues, Payot, Paris, 1978.
- Georges GUSDORF, L’homme romantique, Payot, Paris, 1984.
- Panajotis KONDYLIS, Die Aufklärung im Rahmen des neuzeitlichen Rationalismus, DTV/Klett-Cotta, München/Stuttgart, 1986.
- Panajotis KONDYLIS, Konservativismus. Geschichtlicher Gehalt und Untergang, Klett-Cotta, Stuttgart, 1986.
- Jean-Jacques LANGENDORF, Pamphletisten und Theoretiker der Gegenrevolution 1789-1799, Matthes & Seitz, München, 1989.
- Hervé LUXARDO, Rase campagne. La fin des communautés paysannes, Aubier, Paris, 1984.
- Hervé LUXARDO, Les paysans. Les républiques villageoises, 10°-19° siècles, Aubier, Paris, 1981.
- Stéphane RIALS, Révolution et contre-révolution au XIX° siècle, DUC/Albatros, Paris, 1987.
- Antonio SANTUCCI (Hrsg.), Interpretazioni dell’illuminismo, Il Mulino, Bologna, 1979 [in dieser Anthologie: cf. Furio DIAZ, “Tra libertà e assolutismo illuminato”; Alexandre KOYRÉ, “Il significato della sintesi newtoniana”; Yvon BELAVAL, “La geometrizzazione dell’universo e la filosofia dei lumi”; Lucien GOLDMANN, “Illuminismo e società borghese”; Ira O. WADE, “Le origini dell’illuminismo francese”].
- René SÉDILLOT, Le coût de la révolution française, Librairie académique Perrin, Paris, 1987.
- Barbara STOLLBERG-RILINGER, Der Staat als Maschine. Zur politischen Metaphorik des absoluten Fürstenstaats, Duncker & Humblot, Berlin, 1986.
- Raymond WILLIAMS, Culture and Society 1780-1950, Penguin, Harmondsworth, 1961-76.

(Vertaald uit het Frans) Bron : Synergies Européennes, Stocker Verlag (Graz), Nouvelles de Synergies Européennes, Novembre, 1994

La Russie face à l'hégémonie américaine

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Pierre MAUGUE:

 

La Russie face à l'hégémonie américaine

 

Cet article de notre regretté Pierre Maugué, extrait du n°45 de "Nouvelles de Synergies Européennes", garde une certaine actualité et mérite encore une lecture attentive

Si le démantèlement de l’Union soviétique a soustrait au pouvoir de Moscou d’immenses territoires[1], la Fédération de Russie n’en demeure pas moins le plus grand pays du monde par sa superficie ( 17 075 400  km2 )  [2]. Le nouvel Etat n’a plus toutefois le statut de superpuissance qui permettait à son prédécesseur de parler d’égal à égal avec les Etats-Unis.

En dépit de son immense potentiel de développement, l’é­conomie russe, dans la phase de transition qu’elle traverse, re­présente  à peine 1% de la production mondiale[3]. Si la Rus­sie continue à peser d’un certain poids sur l’échiquier international, c’est en raison de son importance sur le plan géopolitique et de son armement nucléaire qui, en dépit des réductions intervenues, continue à constituer pour les Améri­cains une menace militaire non négligeable.

La Fédération de Russie, comme l’ancienne Union soviéti­que, ne jouit pas d’une homogénéité ethnique. Des 89 en­tités qui la composent, 21 sont des républiques ayant une ba­se ethnique, les 68 autres étant de simples  régions ad­ministratives. L’ethnie russe demeure toutefois largement majoritaire et représente 80% de la population.

Des républiques ethniques virtuellement indépendantes de Moscou

Après la disparition du système planifié et centralisé de l’Union soviétique, une large décentralisation s’est mise en place ; les républiques et  régions de Russie ont ainsi obtenu le droit de passer des accords avec des entités étrangères, pour autant que ces accords ne soient pas en contradiction avec la constitution russe. Plusieurs autorités locales ont mê­me obtenu le droit d’établir leur propre consulat à l’étran­ger. Sur le plan économique, les républiques peuvent aussi participer de manière indépendante au commerce extérieur, et il leur est permis d’exporter et d’importer des matières premières et des produits manufacturés sans autorisation du gouvernement central. Les républiques du Tatarstan et du Bashkortostan se sont ainsi dotées d’une représentation officielle indépendante de Moscou dans des organisations éco­nomiques internationales, et l’on peut voir une concur­ren­ce se développer entre les différentes  républiques et ré­gions de Russie pour attirer les investissements étrangers. Les résultats de cette concurrence sont toutefois très iné­gaux puisque 90% de tous les investissements étrangers se concentrent dans dix régions ou républiques, la ville de Mos­cou en attirant à elle seule 70%.

Le panturquisme a le vent en poupe

Mais cette décentralisation très poussée peut aussi avoir des conséquences politiques indésirables. On a pu voir ainsi des représentants des régions du Bashkortostan, Daguestan, Sak­ha, Tatarstan, Tuva, Khakassia et Chuvashia prendre part en 1998 à une réunion de la communauté pan-turque ; lors de cette réunion a été reconnu officiellement la Répu­blique turque de Chypre – décision en contradiction avec la position officielle de la Russie sur le conflit cypriote, et de nature à compliquer les relations déjà délicates de  Moscou avec la Grèce et la Turquie. De la même manière, avant que la guerre de Tchétchènie n’enflamme le pays, les autorités tchétchènes étaient en train de promouvoir activement la for­mation d’un marché commun  du Caucase afin de stimuler l’in­té­gration économique des pays du nord de la région (fai­sant partie de la Fédération de Russie) avec ceux du sud (indépendants de la Russie). Enfin, sur la Baltique, les diri­geants de la région de Kaliningrad (anciennement Königs­berg) —enclavée entre la Pologne et la Lituanie, et dont une partie de la population est d’origine allemande— souhaite­raient transformer  celle-ci en une zone économique à statut particulier, l’objectif étant d’attirer les investissements étran­gers et de développer les relations économiques avec la Finlande, l’Allemagne, la Scandinavie et les Etats baltes.

Fractionner pour régner… sur les gisements de gaz naturel

La faiblesse du pouvoir central russe pourrait être pour les Américains une tentation d’attiser les forces centrifuges qui agitent la Russie, de pousser à son démantèlement (comme ils le firent pour l’URSS) et de favoriser la naissance de pe­tits Etats aptes à devenir de nouveaux satellites. Cette tenta­tion pourrait être d’autant plus grande du fait que le territoire russe recèle d’importantes réserves de pétrole et de gaz na­turel. Mais la politique du diviser pour régner, qui a si bien réussi aux Britanniques au Moyen-Orient, n’est pas aussi fa­cile à manier à l’égard d’une puissance nucléaire comme la Russie, dont les réactions peuvent être imprévisibles. Elle accentuerait en outre le risque de prolifération des arme­ments nucléaires que favorise déjà l’état de semi-anarchie qui règne actuellement en Russie, et qui constitue un des soucis majeurs des Etats-Unis.

Des mises en garde ont été formulées aux Etats-Unis mê­mes, dans des milieux proches du pouvoir, à l’égard d’une politique dont les conséquences pourraient se révéler incon­trôlables, et qui risquerait notamment de conduire à un nou­veau rapprochement entre la Russie et la Chine. Mais le gou­vernement américain n’en a pas moins intérêt, pour des motifs géopolitiques auxquels la question pétrolière n’est pas étrangère, à maintenir un état de tension dans la région du Caucase, ne serait-ce aussi que pour tester la volonté du gouvernement russe  de défendre son intégrité territoriale.

Créer des républiques islamistes pour affaiblir le monde slave et orthodoxe

En Tchétchènie, comme en Bosnie et au Kosovo, l’objectif des Américains  pourrait être de créer un nouvel Etat isla­miste sur les flancs du monde slave et de la chrétienté  or­tho­­doxe. Préfiguration de ce qui se passera peut-être de­main aux dépens de la chrétienté occidentale (ou de ce qui en reste encore) ! 

Restaurer le pouvoir de l’Etat central, sans remettre en ques­tion le principe d’une décentralisation raisonnable, indispen­sable au développement de l’économie, faire comprendre aux Etats-Unis et à leurs satellites occidentaux que l’intégrité territoriale de la Russie ne peut d’aucune manière être re­mi­se en cause, telle va être la tâche la plus urgente à laquelle Pou­tine va devoir s’attaquer.

Quant à l’Europe, en s’alignant à chaque fois sur la politique étrangère américaine à l’égard de la Russie et du monde sla­ve orthodoxe, elle se trompe d’adversaire. Pour les Euro­péens, la Russie actuelle n’est un danger ni sur le plan mili­tai­re, ni sur le plan économique, ni sur le plan culturel ; elle constitue au contraire un élément indispensable d’une véri­table construction européenne,     En revanche les Etats-U­nis occupent militairement l’Europe sous couvert de l’OTAN, dominent la vie économique par le dollar, et imposent sans vergogne leur langue et leur « culture ».

Privilégier le nouvel impérialisme turc

Comme cela a déjà été démontré, l’Islam sert objectivement les intérêts des Etats-Unis, qui favorisent son expansion aux dépens de l’Europe, notamment dans les Balkans, où ils vi­sent à restaurer le pouvoir de leur allié privilégié, la Turquie. En outre, en s’installant massivement en Europe occiden­tale, les musulmans y constituent un facteur de déstabilisa­tion  qui, comme dans les Balkans, pourra être utilisé par Wa­shington le moment venu.

A la fin du XVII siècle,  l’armée turque pénétrait au cœur de no­tre continent et assiégeait Vienne, mais l’Empire des Habsbourg  avait alors la volonté et la capacité de battre l’envahisseur.. Aujourd’hui l’Islam réalise son rêve séculaire et s’installe partout en  Europe ; mais à Bruxelles, comme ja­dis dans Constantinople assiégée, on discute du sexe des an­ges ! Poids lourd du point de vue économique, l’Europe est devenue un nain politique ; l’hégémonie américaine, s’ap­puyant sur l’Islam, a encore de beaux jours devant elle.

Pierre MAUGUÉ.

Notes:

(1) Dont l’Ukraine, où se situe la ville de Kiev, qui fut le berceau de la nation russe

(2) La superficie de l’URSS était de 22 400 000 km2

(3) En 1998, le produit intérieur brut (P.I.B.) de la Russie a été de 276.611 millions de dollars, soit 0,96% du total mondial. (28.736.978).A titre de comparaison, les Etats-Unis, avec 8.230.397 millions de dollars, représentent 28,64% de la production mondiale, l’Allemagne, 7,42%, la France, 4,96%, et la zone Euro de la Communauté européenne (donc sans le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark et la Grèce), 23,51%. A lui seul, le Japon représente 13,16 %de la production mondiale et a près de quatorze fois le poids économique de la Russie.

Bruce Begout: extrait de "Pensées privées"

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" Alors que la société occidentale a subi au cours des cinquante dernières années une érosion de ses traditions nationales et de ses rites sociaux, que ses classes sociales se sont fortement modifiées, perdant pour beaucoup d’entre elles leur habitus historiques et leurs principales coutumes, l’industrie de la culture a su proposer de nouveaux repères. Dans un monde social et urbain livré à la mutation permanente, à la décomposition et à la recomposition provisoires de toutes les valeurs qui lui servent d’assises, la société de consommation œuvre à la stabilité.

Elle crée une certaine inertie rassurante et répond à la demande sociale d’une cohérence continuée. Pour ce faire, elle constitue des points d’ancrage, des bornes d’identification : logo, marques, slogans, fidélisation. L’homme qui se trouve pris dans le tourbillon infernal de la vie sociale, de la mobilité et de la précarité du monde du travail, de la communication et des échanges urbains, éprouve un certain réconfort dans la standardisation des biens culturels et de consommation. Dépassé par les événements, il sait néanmoins qu’il retrouvera sa série télévisée chaque lundi soir et qu’il pourra acheter sa marque de yaourts favorite au supermarché, il sait également qu’il pourra ainsi compter sur la société de consommation qui ne le laissera pas tomber. Les marques font ainsi office de repères.

Face aux déficits des habitus sociaux, à l’impossible transmission d’une culture de classe, régionale ou nationale, elles s’engouffrent dans l’espace laissé vacant de l’Imitation et proposent des manières de vivre clefs en main qui soulagent la peur de se réinventer soi-même à chaque instant. Les biens culturels comme les marchandises aident ainsi à produire le Même, de l’itération générale et réconfortante. Aussi tout l’espace de la consommation de masse prend-il de plus en plus l’aspect d’une ritualisation de la vie quotidienne. Ce ne sont plus les mythes, les récits et les formes de vie traditionnelles qui fournissent la répétition nécessaire à la reproduction sociale et à l’entretien continuel de la mémoire. La visite hebdomadaire au centre commercial comme le calendrier des programmes télé pourvoient les hommes en jalons spatio-temporels quotidiens. "

Bruce BEGOUT, Pensées privées. Journal Philosophique, Grenoble, Millon, 2007, p. 196.

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vendredi, 08 février 2008

Citration d'Arnaud Imatz

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Citation d'Arnaud Imatz

"Le carlisme populaire sous la monarchie bourgeoise, la tentation césarienne sous l’Empire, l’agitation boulangiste et nationaliste au tournant du siècle, l’Action française à ses débuts, le « socialisme fasciste » dans l’entre-deux guerres, le gaullisme dans l’après guerre, comme certains ralliements électoraux du temps présent, le démontrent : la rencontre d’une partie du monde du travail avec la tradition nationale populiste, pour être partielle et plus ou moins éphémère, n’en est pas moins une réalité récurrente de la France et de l’Europe contemporaines. La clé de cette réalité réside pour une bonne mesure dans l’aptitude du socialisme national à dépeindre et à dénoncer sans complaisance la malédiction de l’Or, le châtiment des envieux, la corruption des mœurs, la dérision des médiocres, le ridicule et l’égoïsme sordide des nouveaux riches. « On résiste au pouvoir de l’argent par ce qu’on a de traditionnel en tant qu’on est fils d’une race, le croyant d’une religion, l’homme d’une terre, l’artiste obscur d’un métier – écrit Abel Bonnard. C’est pourquoi les financiers détestent d’instinct tout ce qui empêche les hommes d’être absolument pareils. Ils ne voudraient avoir affaire qu’à de la poussière humaine ».

Pour Proudhon, Sorel, Péguy, la prédominance des idées économiques a pour effet non seulement d’obscurcir la loi morale, mais aussi de corrompre les principes politiques. Le respect des anciens, des parents, des enfants, de la femme, de la famille, du foyer, le respect de soi-même, le respect de toutes les supériorités, de toutes les traditions, le sentiment dominateur des sacrifices à consentir pour la famille et la communauté, sont au cœur de leurs préoccupations. Pour eux, le vrai socialisme n’est nullement une école du petit bonheur bourgeois, mais une conduite de vie, une manière de retrouver le sens de l’honneur, de la noblesse d’âme, de l’héroïsme et du sublime ». "

Arnaud IMATZ, Par delà droite et gauche. Permanence et évolution des idéaux et des valeurs non conformes, Paris, Godefroy de Bouillon, 1996, p. 130-131.

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Franchet d'Esperey à Istanbul

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Franchet d'Esperey à Istanbul

8 février 1919 : Le Général français Franchet d’Esperey entre, monté sur un beau cheval blanc, dans Istanbul, après la capitulation, le 30 octobre 1918, de l’Empire Ottoman, battu et assiégé sur son flanc méridional par les Anglais, qui avec Lawrence d’Arabie avaient soulevé contre la Sublime Porte les tribus arabes, et menacé dans les Balkans par les Alliés venus de Salonique, qui contraignent, le 26 septembre 1918, la Bulgarie, alliée des puissances centrales, à capituler. Franchet d’Esperey est acclamé par les chrétiens de la ville, heureux, croient-il, d’échapper définitivement au joug pesant des Turcs. Ironie de l’histoire : c’est un général français qui entre triomphalement dans la capitale d’un Empire que la France avait courtisé pendant plus de deux longs siècles pour qu’il mette l’Europe centrale et orientale à feu et à sang, des côtes pontiques à l’Adriatique et de la Valachie à Vienne.

L’arrivée des troupes de Franchet d’Esperey ne résout évidemment aucun problème : les Alliés occidentaux, qui ne comprennent rien aux dynamiques de la région, avaient promis tout et n’importe quoi aux peuples des Balkans et du Proche-Orient (exemples : la Palestine tout à la fois aux Arabes et aux Juifs ; Mossoul aux Kurdes et aux Arabes, etc.). Cet imbroglio, et, partant, cette paix ratée, prouvent que l’Occident  -plus particulièrement la France et l’Angleterre-  n’a aucune vocation d’ordre, mais n’est que vecteur de chaos et de dissensus. La plupart des conflits actuels proviennent de l’impéritie des diplomates français et britanniques de 1919.  

 

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jeudi, 07 février 2008

Toespraak Eddy Hermy (4 dec. 07)

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Toespraak Eddy Hermy, Fête de l'Identité

1968, het revolutionair jaar. Ik was een arbeider. Voor mij was er niet zoveel magie aan 1968. Op het werk en in mijn omgeving was het gewoon werken en leven… zonder de revolutie. Die revolutie gebeurde in een andere wereld. Toch ga ik uit nieuwsgierigheid luisteren naar een paar studentenleiders die in mijn jeugdclub kwamen spreken. Daar hoorde ik Ludo Martens en Paul Goossens, twee oprichters van de Derde Wereld Beweging – AMADA, partij in opbouw. Ik neem contact op met de plaatselijke afdeling, maar het is een studentikoos gedoe en heb maar een los contact met de beweging. Ik doe mijn legerdienst.

Na mijn legerdienst zoek ik opnieuw contact en de sfeer en de mensen zijn veranderd. Het is nu een communistische groep geworden die de marxistische werken bestudeerd en die het maoïsme als leidraad heeft. Ik ben een leek, ik weet niets van ideologie, niets van filosofie en - buiten dat ik veel moet werken voor weinig geld - weet ik ook niks van economie. Ik ben de enige arbeider van de groep. In het grotere geheel zijn er nog geen tien arbeiders. Ik voel mij zo stom tegenover die andere kameraden die in een andere wereld leven en van alles weten. Ik studeer…

De groep ondersteunt mij en helpt mij op alle mogelijke manieren. Ze geven mij boeken. als ik vragen heb wordt er alles aan gedaan om mijn vragen te beantwoorden. Ik leer snel. Mijn leven is nu gericht op studie en onderzoek. Ik leer pamfletten schrijven en men dwingt mij om in het publiek te spreken. Ik moet ook spreken namens de groep op debatavonden. Ik ga vele malen op mijn bek. Zeker tegenover Trotskisten moet ik het afleggen. Ze zijn goed ideologisch onderlegd. De leiders van de beweging willen die beweging omvormen tot een echte communistische partij. We moesten Lenin’s boek “Wat te doen” lezen. Dat gaat over de partijopbouw. Ik was intussen goed dialectisch gevormd en was een keihard voorstander van de oprichting van een maoïstische partij.

Vele burgerlijke leden haakten af. Ze vonden dat we een soort stalinistische dictatoriale partij voor ogen hadden. Dat was uiteraard ook zo. Daar konden de meeste kameraden niet mee leven. Velen van die kameraden zijn dan een mars door de instellingen begonnen. Ze hadden sympathie voor de communistische wereldvisie, maar meenden dat ze via de instellingen beter resultaten konden bereiken. Ze hadden gelijk. Ze zijn nu zo wat in de gehele maatschappij geïnfiltreerd. En wat belangrijk is, ze hebben via het onderwijs de nieuwe generaties gekneed. Toen we uitgediscuteerd waren, was er nog maar een fractie over van het oorspronkelijke ledenaantal van de organisatie. Maar het was een keiharde fractie, het was een soort militair politiek, ideologisch commando. Het was een communistische, leninistische partij geworden. De strijd kon beginnen.

Er werden cellen opgericht die rond bepaald fabrieken werkten. Ik was celleider in de fabriek waar ikzelf werkte en lid van een andere cel rond een andere fabriek. Zo kon je leren van de strijdmethode in een andere fabriek en konden anderen leren van jouw activiteiten. In marxistisch jargon noemde men dat ‘van de massa naar de leiding en van de leiding naar de massa’. Zo kon men een massalijn ontwikkelen.

De inzet was volcontinu. Er waren geen vrije dagen. Aan fabrieken pamfletten uitdelen, pamfletten schrijven, de werken van Mao, Lenin en Stalin bestuderen, op huisbezoek gaan bij sympathiserende arbeiders om te weten wat er in de fabriek leeft, rapporten schrijven over je celleden en over de enquêtes bij sympathisanten, vergaderen, … Door de klassenstrijd centraal te stellen doet men aan revolutionaire opvoeding noemden we dat.

Ik infiltreer in de socialistische vakbond in opdracht van de partij. In de partij beslis je niet zelf waarvan je lid wordt, de partij beslist voor jou. Jij voert dat uit. Dat noemt democratisch centralisme. Bezwaren schriftelijk indienen, intussen taken uitvoeren. Ik laat mij op bevel van de partij verkiezen tot vakbondsafgevaardigde op mijn werk. Dat is niet moeilijk, de collega’s noemden mij toen al Mao. De strijd op alle commandoposten voeren en het maoïsme als leidraad nemen heet dat.

Ik zal samen met mijn cel 5 stakingen leiden in 4 jaar tijd alleen al in de fabriek waar ik werk. De spanning tussen mij en de directie zijn zo hoog dat ze beslissen om voor mij een apart gebouwtje te zetten. Daar mag ik dan 8 werkuren per dag recht staan en niets doen. In opdracht van de partij maak ik er een propagandalokaal van. Ik hang het vol met posters van Lenin en Mao. Ik ga mij een stoel halen in de refter en begin van ‘s morgens tot de ‘s avonds te lezen. Ik heb door de wet echter het recht om in de fabriek rond te lopen om met onze vakbondsleden te praten, maar ik moet eerst de directie verwittigen. Als ik buiten mijn kotje kom krijg ik dan direct het gezelschap van een ingenieur die mij overal volgt. Er durft niemand nog tegen mij te praten. Ik ben totaal geïsoleerd.

De vakbondsleiders in Oostende geven mij een kans. Ik mag naar de arbeidershogeschool en zij betalen mij een loon. Ze zeggen dat mijn inzet voor het socialisme op een productiever manier kan. Dat revolutionair gedoe moet ik nu als een voorbije fase in mijn leven zien zeggen ze. Ik leg dat voor aan de cel en aan de hogere leiding van de partij. Het feit dat ik nog maar gehoor durf te geven aan zulke defaitistische praat van de sociaalfascisten (dat zijn de sociaaldemocraten van de vakbond) toont aan dat ik een rechtse burgerlijke afwijking heb.

De vakbondsleiders denken dat ik beïnvloed ben door hun praat en bieden mij aan om een tussenkomst te houden op het volgende nationale congres. Zij zullen wel een tekstje maken. De echtgenote van Allende zal het congres bijwonen. Haar man is kortgeleden vermoord door de pro-Amerikaanse junta. Ik moet aan de partij bewijzen dat ik niet toegeef aan mijn defaitisme en deze congrestussenkomst is het gedroomde moment om mijn trouw aan de partij te confirmeren. Door kritiek en zelfkritiek je opvoeding ter hand te nemen. De massalijn door de partij uitgezet trouw volgen. De revolutionaire commandopost niet verlaten noemen ze dat.

Ik geef een vlammende toespraak op dat congres en beweer trouw aan de partijlijn dat de vakbondsleiders die op het podium zitten te glunderen mede verantwoordelijk zijn voor de dood van Allende omdat sociaaldemocraten niet bereid zijn de proletarische revolutie te voeren en ze zo de kans geven aan de reactie om onze mensen te vermoorden. De echtgenote van Allende valt om mijn hals, maar de vakbondstop kijkt vijandig in mijn richting. De partij was tevreden. De revolutie op het voorplan zetten. Het marxistisch / leninistisch denken van Mao Tse Toeng studeren en toepassen, het revisionisme bekampen luidt het!

Een paar weken later moest ik op het kantoor van de directeur van de fabriek komen. De plaatselijke vakbondsleider zat broederlijk naast de directeur. Met veel plezier vertelde ze mij dat ik kon ophoepelen en dat de vakbond de directie alle steun gaf. Als ik buiten het kantoor kom staan er al twee BOB’ers en vier rijkswachters en word ik in handboeien naar buiten gesleept. Exit werk en exit vakbond.

De partij is niet onder de indruk. De inzet van onze kameraden is een bewijs van de slagkracht van de gedachten van Mao Tse Toeng en de partijlijn van AMADA. Nadat we met een commando de fabriek binnenvallen en alles plat leggen krijg ik nog een schadeclaim van 10 miljoen Belgische franken aan mijn broek. Dat is nu nog veel maar in die tijd kon je daar 3 huizen voor kopen.

Door de jarenlange strijd en de steeds grotere druk van de partij ben ik volledig opgebrand. Ik ben 25 jaar en een staatsvijand. Ik heb zoveel stakingen in de laatste jaren mee georganiseerd in verschillende bedrijven over geheel Vlaanderen dat de BOB politieke sectie mij als een absoluut gevaar ziet. Ik vind nergens werk meer en de partij vindt nu ook dat ik een proefperiode moet doen om aan te tonen dat ik wel degelijk een goede communist ben.

De leiding is namelijk bezig met een rectificatiebeweging. En iedereen moet nu terug naar af. Het komt eigenlijk neer op een gestuurde zuivering. Een rectificatiebeweging heeft tot doel de leden op te voeden en door de opvoeding de klassenvijanden die in de partij zijn geïnfiltreerd op te sporen en te vernietigen. Iedereen is gehouden aan de campagne mee te doen vermits iedereen afwijkingen heeft. Zo noemen ze dat daar. Oude en misvormde wereldopvattingen krijgen de boventoon als men ook niet binnen de partij de revolutie voert noemen ze dat. Strijd tegen je eigen burgerlijke wereldopvattingen is een garantie tot je proletarische omvorming. Ik ben al proleet sinds ik geboren ben. Ik geef kritiek op de leiding en op de partij. Ik ga naar Ludo Martens, mijn kameraad en leider denk ik. Hij maakt een rapport over ons gesprek met als titel “De crypto-fascistische gedachten van het lompenproletariaat”. In het communistische beschuldigingjargon bestaat er niets dat zwaarder weegt dan een door-het-fascisme-besmette lompenproleet: het is niet meer op te voeden, het is een te doden klassenvijand. Ik was een fascist. Ik werd uit de partij gezet. Ik was voor de overheid een staatsvijand en voor mijn communistische ex-kameraden was ik een vijand van het internationaal proletariaat. Ik verdwijn 3 jaar van het toneel.

Via kameraden leer ik de VMO-leider Eriksson kennen. Eriksson is vlug bereid om mij op te nemen. Hij zegt dat de VMO ook voor sociale emancipatie van de Vlaamse arbeider staat. Een ex-communist kan een bijdrage leveren om dat idee meer te benadrukken. Ik zal in de VMO actief blijven tot de ontbinding en tijdens die periode zal ik vele acties voeren. Een van die acties kost mij drie maand effectieve gevangenisstraf. Met de veroordeling van de VMO inbegrepen, heb ik samen 3 jaar gevangenisstraf cadeau gekregen van de Belgische staat waarvan dus drie maand effectief.

Het zou plezant zijn om die anekdotes allemaal te vertellen, maar ik denk dat het interessanter is om mijn ideologische redenen voor mijn overstap hier te verduidelijken en tezelfdertijd mijn kijk op de zaken nu te geven. Antikapitalisme was mijn drijfveer om communist te worden. Het is ook mijn drijfveer om nationaal-revolutionaire te zijn. Ik zal dat met drie punten trachten te verduidelijken:

1. Ik ben voor een onafhankelijke Vlaamse staat. Ik ben tevens voorstander van een Waalse onafhankelijke staat. Waarom? Omdat volgens mij de Belgische staat een onderdrukkingsmechanisme is van een belangenkaste, weliswaar ontstaan door de geopolitieke toestand van de 19de eeuw, maar die intussen is uitgegroeid tot een omhulsel dat gebruikt wordt om twee volkeren te koloniseren. Het is een Belgische elite (in feite vooral het overblijvende Belgische kapitaal) dat België gebruikt als een privéonderneming. De Vlamingen zijn de grootste belangengroep en het is dus niet correct om te stellen dat Walen de Vlamingen onderdrukken. Neen, het is de elite (zowel financieel als politiek) die de onderdrukking organiseert. De transfers van kapitaal zijn eigenlijk een transfer naar de elite en naar de Belgische belangengroepen. Het geld wordt via consumptieve transacties van individuen (werkeloosheid, ziekenzorg, enz.) afgeleid naar de Belgische machtsgroepen. Vlaamse, respectievelijk Waalse, onafhankelijkheidstreven is dan ook vooral een strijd die gebaseerd zou moeten zijn op een antiliberalistische doctrine. Een antikapitalistische dus. De vroegere linkse Waalse separatisten gingen trouwens uit van dit uitgangspunt. Voor mij is de bevrijding uit de eenheidstaat een bevrijding uit het machtsmonopolie van de huidige sociaaleconomische machtsgroep. De Belgische machtsinstrumenten zijn voor het grootste deel al door de Belgische elite verkwanseld aan de Europese staatsmoloch. Dus moet regionale onafhankelijkheid gepaard gaan met een uitstapscenario uit de Eurocratie. Die Eurocratie is een product van de Europese tak van de conglomeraten en kapitaalmonopolies. Links geloofd in een wereldomvattende, proletarische revolutie, daarom ondersteunen ze ook de globalisering. Rosa Luxemburg zei: “De uitbreiding van de economische ruimte is belangrijker dan nationale onafhankelijkheid en het louter bestaan van staten.” Zij was een echte globaliste, maar zij was vooral een communiste. Ik, daarentegen, steun voor een nationale revolutie op het volk. Ik vind dat een welbepaalde klasse niet de plaats kan innemen van het volk omdat volkeren - en niet een specifieke klasse - in staat zullen zijn om een verdere globalisering tegen te houden. Daarmee kom ik tot mijn 2de punt.
2. Deze globalisering tast de autonomie van volkeren aan. Het is trouwens een globalisering die diepgaand is. De huidige globaliseringgolf is niet alleen een economisch gegeven, het is ook een ideologische, revolutionaire doctrine. Het is een messianistische verhaal dat dient om het ultraliberalisme als dominante levensfilosofie te vestigen over de gehele wereld. Het is in feite de mechanistische versie van de marxistische doctrine die een wereldstaat beoogd waar de voorhoede (de kapitalisten) alle tegenstellingen wegwerken en waar nodig onderdrukken. Het China van vandaag is een perfect voorbeeld. Het verenigd messianisme met het wildste kapitalisme. Het parool van de Chinese KP luidt nu: “Het is goed om rijk te zijn.” De pleidooien van de economische machtsgroepen om belangenconflicten via internationale instellingen te laten oplossen (internationale instellingen zoals de Wereldbank, de VN en andere) zijn antinationale instrumenten. Het zijn machtsinstrumenten die de supranationale doelstelling van de conglomeraten moet dienen. Alleen grote landen zoals de VS en straks China kunnen nog een nationale agenda voeren. Het wereldkapitaal en de grootste bedrijven zijn nu supranationaal. Ze staan buiten en boven nationale staten. Ze zijn volop bezig om dat nog verder te consolideren. Bij het afronden van deze golf van globalisering zullen ook de grote staten overgeleverd zijn aan de wereldconglomeraten. We zullen dan niet meer in termen van nationale economieën kunnen denken en staten zullen ook niet meer bij machte zijn om op een klassieke democratische manier invloed uit te oefenen op de economie. En hier maken partijen en groepen die zich rechts nationalistisch noemen een enorme denkfout. Bij grote sociale conflicten gaan die partijen steevast het bestaande economisch systeem verdedigen en steunen zijn niet ten volle de krachten die dat systeem willen veranderen of zelf willen vernietigen. Dat denken is nog een overblijfsel uit de 20ste eeuw waar men inderdaad grote kapitaalgroepen en middengroepen had die men wilde verenigen met het volk en men daarom niet meeging in harde economische strijd van andere groepen, zoals arbeiders. Net omdat men juist voor een stuk de nationale economie als volkseigen zag. Dit is vandaag veel minder het geval. Nu is een afbraak van het economisch systeem juist een voorwaarde en een opportuniteit om het volk te verenigen. Vermits de kapitaalgroepen staats- en volksvreemd zijn geworden en er dus geen alliantie met deze conglomeraten kan gesloten worden vanwege hun antinationale opstelling. In de verschillende landen, en zeker in Europa, willen de oligarchieën de arbeidskosten op elkaar afstemmen. Zij willen een naar beneden genivelleerde kostenstructuur doorvoeren. Daarom moeten de sociale verworvenheden afgebroken worden en moet er een arbeidsflexibiliteit aan de productiekrachten opgedrongen worden. Dat zal tot veel weerstand bij de lokale bevolkingen leiden. Het is ook een historisch moment om een derde weg aan te bieden. Het is mogelijk om in die strijd, een hernieuwd verbond te sluiten tussen alle getroffen volksgroepen, en zeker met de middenklasse. De verenigde volksmassa dus. Want zij allen zullen in de sociale klappen delen. De middenklasse en de kleine lokale kapitalist staan in de weg van de monopolies. Zij zullen vernietigd worden als ze geen nieuwe machtsbasis verwerven. Daarom is het nodig de volkssoevereiniteit terug op de agenda te plaatsen. Volkeren moeten als tegengewicht tegenover de oligarchie geplaatst worden. Volksidentiteit is het enige wapen tegen de uniforme werelddictatuur. En zo kom ik tot mijn 3 de en laatste punt.


3. Om een volk aan elkaar te smeden is er een maximale homogeniteit van dat volk vereist. De kapitaalgroepen hebben ons echter opgezadeld met grote groepen vreemde arbeiders en consumptiegroepen. Deze ingevoerde productiekrachten destabiliseren niet alleen de werk- en arbeidsvoorwaarden van onze eigen mensen, ze zijn ook een destabiliserende factor in het verzet tegen de monopolies. Je zou kunnen stellen (zoals links dat doet) dat er een gemeenschappelijk front mogelijk is tussen allochtonen en autochtonen. De strijd tegen de uitbuitende monopolies zou een gemeenschappelijke strijd zijn en dus moeten de vreemdelingen als bondgenoten worden gezien. Die vreemdelingen zijn tenslotte ook slachtoffer van het systeem is de redenering. Deze redenering is echter een loutere materialistische redenering. Het zou de rampzalige gevolgen van de tomeloze kapitalistische immigratiepolitiek op de schouders van het volk leggen. De vreemdelingen zijn ingevoerd door het grootkapitaal, het is dus een product van dat grootkapitaal, het maakt er een wezenlijk deel van uit. Zelfs de vreemdelingen uit de ex-kolonies zijn geen bondgenoten want zij zijn een bijproduct van een vroegere globalisering, het kolonialisme. Je zou het zelf een afvalproduct van het kolonialisme kunnen noemen. Dit product willen we niet omdat het cultuur- en volksvernietigend werkt op termijn (alleen al door de nataliteit van die groepen). Dat wil niet zeggen dat er geen kleine groepen van cultureel verwanten zijn die met ons volk zouden kunnen samenwerken. Maar de grote groepen, die totaal vreemd zijn aan onze cultuur, kunnen niet als zodanig worden gezien. Stel dat je ze als bondgenoten neemt, dan zullen zij een politieke en maatschappelijke prijs vragen (machtsdeelname). Dit is onaanvaardbaar. Het zou de multiculturele maatschappij bevestigen. Het zou dus een overwinning van de supranationale ideologie zijn. Links heeft wel voor deze piste gekozen. Zij zijn dan ook voorstander van de interraciale maatschappij. Voor hen is het begrip klassenafkomst van belang en niet de raciale of culturele achtergrond van iemand. Links weet al sinds de jaren ‘70 dat de invoer van vreemd proletariaat druk zou zetten op de levensvoorwaarden van het eigen proletariaat en dat die druk zou leiden tot een machtstrijd die zij dan willen omturnen tot een leninistische revolutie. Links heeft dus bewust meegewerkt aan de algemene verarming van het eigen proletariaat ten voordele van hun links revolutionair project. Maar zij zouden wel eens de bal kunnen misslaan, zoals al zo dikwijls in de geschiedenis is gebeurd. Er komt geen Leninistische revolutie, maar integendeel een Islamitische. Om dat te voorkomen moeten we de vreemde bevolkingsgroepen een uitweg aanbieden. We moeten ze in afwachting van remigratie een vrijwillig systeem van gescheiden ontwikkeling laten organiseren. Wij moeten assimilatie bestrijden. Diversiteit moet begrepen worden als zichzelf organiserende groepen. Het logische gevolg daarvan is de vrijwillige gescheiden leefomgeving en de aparte leefpatronen. Er moet niet één unieke samenlevingsstructuur zijn, maar er moet gestreefd worden naar specifieke culturele identiteiten die zich niet vermengen. Een discussie over bv. het hoofddoekenverbod hoeft dan niet meer. De betrokken mensen zullen hun eigen substructuren hebben en hoeven zich niet meer aan de nationale staat te confirmeren. Ze hoeven niet meer in onze staatsstructuren aanwezig te zijn. De vrijheid van groep en individu wordt hier optimaal toegepast. Met in achtneming van het uitdovend karakter van deze toestand in het achterhoofd natuurlijk. Veel vreemdelingen, zeker moslims, zijn vragende partij voor het behoud van de eigen identiteit. Wij moeten die identiteit ondersteunen. Tegelijkertijd moeten we hechtere contacten leggen met de landen van oorsprong van die subgroepen. En via handelsrelaties en andere akkoorden moeten we een herintegratie in de thuislanden nastreven. Daarom is het niet verstandig om de culturele en geloofswaarden van die mensen aan te vallen in algemene termen. Het is niet aan ons om een bepaald geloof te gaan veroordelen. Het aanvallen van de geloofsovertuiging zal samenwerking met de thuislanden alleen maar bemoeilijken of zelf onmogelijk maken. Wij moeten dus ideologische verwanten zoeken bij de vreemdelingen die deze agenda willen ondersteunen. Of ze nu seculier zijn of religieus. Zo kan de zaak misschien vreedzaam aflopen. Anders zal het zijn zoals Enoch Powell al in de late jaren ‘60 heeft gezegd. Wat de immigratie betreft zei deze Engelse politicus: “Als ik vooruitkijk, ben ik met sombere voorgevoelens vervuld. Net als de Romein, lijk ik de rivier de Tiber te zien dampen van bloed’.”

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mercredi, 06 février 2008

Rùssia: A restauraçao com Putin e novas perspectivas geopoliticas

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Robert Steuckers:

Rùssia: A restauraçao com Putin e novas perspectivas geopoliticas

Se se evoca a restauração putiniana na Rússia, depois da terrível deterioração sofrida pela antiga superpotência comunista sob o reino, bem vistas as coisas bastante breve de Ieltsin (1), convém fazê-lo correctamente: não simplesmente para enunciar factos diferentes que concernem a um mundo diferente do nosso, mas na perspectiva de construir uma alternativa geopolítica sólida face aos projectos de subjugação da Europa e do resto do mundo, cultivados pela única superpotência ainda em vigor, a saber: os Estados Unidos.

Esta perspectiva geopolítica não poderia ser uma construção do espírito, totalmente nova, sem raízes. As relações euro-russas têm, pelo contrário, raízes antigas e o eixo Paris-Berlim-Moscovo que preconizava, por exemplo, Henri de Grossouvre é, para além de uma imperiosa necessidade, o prolongamento e a reactualização de um projecto velho de cerca de um quarto de milénio. A perspectiva euro-asiática, na nossa família política infelizmente reduzida em número e estatuto, refere-se muito frequentemente ao sonho do nacional-bolchevista alemão Ernst Niekisch que havia imaginado, nos anos 20 e 30 do século passado, uma aliança germano-eslava, fundada sobre o campesinato e o proletariado, pronta a transformar um Ocidente pútrido, ideologicamente agarrado aos esquematismos do iluminismo do século XVIII. Mais fundamentalmente, percebemos, hoje, depois do inevitável desvio por Niekisch, os prelúdios coerentes do eixo de Henri de Grossouvre na aliança dos três imperadores sob Bismarck, sob os Czares germanófilos do século XIX e na aliança de facto que, no último quarto do século XVIII, unia a França de Louis XVI, a Áustria e a Rússia de Catarina II, permitindo vencer a talassocracia Inglesa em Yorktown em 1783 e correr com os Otomanos do Mar Negro contendo-os nos Balcãs (2). A Revolução Francesa arruinará esta unidade e estas conquistas, que poderiam ter salvo a Europa, permitindo-a manter a sua coerência e finalizar o assalto contra os Otomanos.

1759: Ano Chave

Mas já antes desta aliança geral, nas vésperas de 1789, a França, a Áustria e a Rússia haviam unido as suas forças durante a Guerra dos Sete Anos. Um historiador inglês actual acaba de demonstrar que este conflito interior europeu havia permitido à Inglaterra, potência insular situada à margem do Continente, lançar as bases reais do seu futuro império extra-europeu, a partir do ano chave que foi 1759 (3). A arte dos historiadores anglo-saxónicos de remeter a história inteligentemente em perspectiva traz também à nossa memória viva dois factos geoestratégicos tornados permanentes: 1) Utilizar uma potência europeia para desequilibrar o continente e romper a sua união, o instrumento desta estratégia foi à época a Prússia; 2) Aproveitar as guerras internas europeias para levar a guerra para fora da Europa, aproveitando frentes mais desguarnecidas e daí retirar fortes dividendos territoriais e estratégicos sem grandes perdas e sem grandes gastos, como foi o caso no Canadá e na Índia, de onde foi expulsa a França.

Quando analisamos hoje o despertar russo com Putin, é, então, na perspectiva de reencontrar as alianças estratégicas estabilizadoras de antes de 1789, onde as ideologias modernas, beligerantes ao extremo apesar do seu pacifismo auto-declarado, não desempenhavam ainda nenhum papel destabilizador. Entremos agora no cerne do problema.

De Gorbachev a Ieltsin, a Rússia parecia galopar directamente em direcção ao Caos, em direcção a uma nova «Smuta», um novo «Tempo de Dificuldades»: Perda do glacial leste europeu, perda da periferia báltica e caucasiana, perda das conquistas territoriais na Ásia central, etc., queda da moeda e deterioração social e demográfica a toda a linha. Ieltsin foi uma figura desde o início positivamente mediatizada por haver anunciado o fim do comunismo, empoleirado num carro de assalto; mas apesar desta imagem inaugurará um regime sem qualquer coluna vertebral: os oligarcas aproveitaram para adquirir pessoalmente, por todo o tipo de estratagemas duvidosos, as riquezas do país. Na indústria petrolífera, fizeram aumentar a produção graças a empréstimos do FMI, do Banco Mundial e do Banco de Nova Iorque e cederam a consórcios petrolíferos americanos e britânicos partes importantes na exploração dos hidrocarbonetos russos. Putin, desde a sua ascensão ao poder em Janeiro de 2000, mete rapidamente um travão a estas perversões. Imediatamente, potências anglo-saxónicas, petrolíferas, oligarcas e idiotas de serviço no mundo mediático mobilizam-se contra ele e declaram-lhe guerra, uma guerra que prevalece ainda hoje. Terrorismo checheno de Ahmed Zakaiev (com os seus apoios turcos), revolução das Rosas na Geórgia e revolução laranja na Ucrânia são os frutos amargos de um vasto e sinistro complot destinado a enfraquecer a Rússia e a defenestrar Putin. Só o ex-oligarca Roman Abramovic se retratará (4), devolverá os bens adquiridos no tempo de Ieltsin, tornar-se-á governador de Kamtchatka para dar vida a essa região deserdada mas altamente estratégica. Servirá igualmente como intermediário entre Putin e Olmert nos litígios russo-israelitas.

Rússia: potência ortodoxa

Depois da queda do comunismo e do regresso dos valores religiosos, sobretudo na área muçulmana, no Afeganistão antes de mais, depois na Ásia central ex-soviética, mas em menor dimensão, a Rússia encontra-se enfraquecida por décadas de propaganda anti-religiosa do sistema soviético, que quebrou o vigor da ortodoxia entre as populações eslavas e generalizou uma astenia espiritual delinquescente, mas não afectou tanto o Islão centro-asiático, revigorado pelo dinheiro saudita e pelo apoio americano aos moudjahidin afegãos. Mais, nos primeiros anos do pós-comunismo, a vaga de materialismo ocidentalista sacode por completo uma Rússia desnorteada mas, como o remédio cresce sempre ao mesmo tempo que o perigo, o regresso à ortodoxia de uma parte da população (60% segundo as sondagens) volta a dar parcialmente ao país uma identidade religiosa e política tradicional, da qual a Europa ocidental está desde há muito desprovida. Alexandre Soljénitsyne exortava o povo russo a reencontrar o espírito da Ortodoxia e o Patriarca Alexis II dá o seu apoio a Vladimir Putin, que acaba por definir o seu país como uma «potência ortodoxa» aquando da sua visita ao Monte Athos na Grécia em Setembro de 2005. Este regresso à ortodoxia reaviva um determinado anti-ocidentalismo, bem legível nas declarações de um concílio de Abril de 2006, onde a Igreja ortodoxa russa promulgou a sua própria «declaração de direitos e dignidade do homem», onde são fustigados o individualismo ocidental e a vontade de ingerência estrangeira procurando impor «direitos do homem» de tipo individualista na Rússia e em todas as outras terras ortodoxas. O texto acrescenta: «Há valores que não são inferiores aos direitos dos homens, como a fé, a moral, o sagrado, a pátria», onde o filósofo da história discernirá uma recusa da ruptura calamitosa que representa a ideologia dos direitos do homem de 1789 da vulgata mediática actual, quando a manipulamos com a hipocrisia que tão bem conhecemos. A 17 de Maio de 2007 as igrejas russas em estado de diáspora desde os anos 20 reconciliam-se com o Patriarcado de Moscovo (5), o que torna mais difícil a tarefa de voltar as opções da ortodoxia russa umas contra as outras.

Ucrânia: A revolução laranja resvala

A ingerência ocidental efectua-se sobretudo por via das «revoluções das cores» (6) novo modo de praticar a «guerra indirecta» e mutilar as franjas exteriores do antigo império dos Czares e da URSS, como as repúblicas caucasianas e a Ucrânia. Sabemos que a revolução laranja acabou por ser um fiasco para os seus comendatários ocidentais, Victor Iuschenko, o presidente eleito pelo seu programa pró-ocidental, não mudou nada, nem num sentido nem noutro, apesar da sua vontade de fazer entrar a Ucrânia na U.E. e na NATO. O ícone feminino da efervescência laranja de 2005, Iulia Timochenko, afundou-se na corrupção e na demagogia mais baixa, sem qualquer base ideológica clara. Ianukovich, o antigo líder pró-russo da Ucrânia oriental permanece pragmático: A Ucrânia não é matura para a Nato e a U.E. não quer Kiev, diz ele. Em finais de Setembro de 2007, para as eleições, não há manifestações nas ruas. A calma. As agências ocidentais já não pagam. Para o escritor Andrei Kurkov, as personagens da revolução laranja eram marionetas; o poder permanece nas mãos dos gestores da economia ucraniana, ligada à economia russa (7).

Na Geórgia, onde o actual presidente Mikhail Saakashvili tomara o poder em 2003 depois da revolução das rosas, uma contra-revolução acaba de estalar, sem líder bem perfilado (8), que destabiliza a criatura da americanosfera, ícone masculino dos media teleguiados a partir dos EUA. Apesar da sua vitória e da resolução do problema da Adjária secessionista em Maio de 2004, Saakashvili não conseguiu submeter uma outra província separatista, a Ossétia do Sul, encostada à faixa do Cáucaso. Este território de apenas 75 000 habitantes não conta com mais de 20% georgianos étnicos. A sua população é fiel à Rússia. Agindo sobre o descontentamento popular face à política pró-ocidental (e portanto neo-liberal/globalista) de Saakashvili e sobre as especificidades étnicas da Adjária e da Ossétia, Putin encontrou o meio de contrariar os efeitos de uma revolução colorida e de forjar as armas para anular aquelas que, eventualmente, emergiriam amanhã.

Outubro de 2007 – Cimeira de Teerão

Outro sucesso maior de Putin: a vasta estratégia petrolífera implementada, na Europa e na Ásia. Conseguiu quebrar a coesão dos oligarcas (9), apaziguar os perigos de conflito que existiam no Cáspio. A cimeira de Teerão em Outubro de 2007, que reunia os dirigentes da Rússia, do Irão, do Kazaquistão, do Azerbeijão e do Turquemenistão, tinha por objectivo estabilizar a situação nas margens do mar Cáspio e aí organizar um modus vivendi para a exploração dos recursos locais de hidrocarbonetos e de gás. Os acordos que daí saíram estipulam, nomadamente, que os países limítrofes, participantes na conferência, não permitirão que os seus territórios respectivos sirvam de base a potências de fora da zona para agredir um qualquer Estado signatário. Incluindo o Irão, entende-se (10).

No contexto actual, onde o atlantismo apela uma vez mais à matança e em que um dos seus cães de Pavlov, na personagem do sarkozista e ex-socialista Kouchner, junta os seus latidos sinistros ao lúgubre concerto dos belicistas, esta disposição da cimeira de Teerão bloqueia toda a veleidade americana de ingerência na Ásia central e preserva o território iraniano sobre o seu flanco norte, já que o Irão está hoje perigosamente cercado pelas bases americanas do Golfo, Iraque e Afeganistão. O Irão é a peça central, e ainda não controlada, de um território que pertence ao USCENTCOM ( que se estende do Egipto a Oeste ao Paquistão a Este). Este território, na perspectiva dos estrategas americanos, inspirados por Zbigniew Brzezinski, deve servir a prazo, com a sua «Youth Bulge» (a sua vitalidade demográfico e a sua natalidade em alta constante, excepto no Irão) de mercado de substituição em benefício dos EUA, porque a Ásia mantém reflexos autárcicos e a Europa possui um mercado interior menos acessível, e, ainda por cima, uma demografia em retrocesso. O controlo deste espaço implica evidentemente a eliminação do Irão – peça central e área nodal de uma imperialidade regional plurimilenar –, o isolamento estratégico da Rússia e o seu distanciamento de todos os territórios conquistados desde Ivan o Terrível, o controlo da Mesopotâmia e das montanhas afegãs e a desagregação das culturas «masculinistas» e portanto, anti-consumistas, dessa vasta área, certamente islamizada, mas escondendo ainda muitas virtudes e energias pré-islâmicas, permanecendo renitente ao fanatismo wahabita.

Corrente Sul e Corrente Norte

Os acordos do Mar Cáspio terão uma implicação directa sobre o aprovisionamente energético da Europa. O sistema de oleodutos e de gasodutos «Nabucco», favorecido pelos EUA, que pretendiam diminuir a influência russa e iraniana na distribuição de energia, será complementado pelo sistema denominado «Corrente Sul», que partirá de Novorossisk nas margens do Mar Negro para chegar às costas búlgaras ( portanto sobre o território da U.E.), de onde partirá em direcção à Europa central, de uma parte, e em direcção à Albânia, e de lá para o sul de Itália, de outra parte. A ENI italiana é parte envolvida no projecto (11). A realização deste, através da parte pacificada dos Balcãs, arruína automaticamente as manobras dilatórias das forças atlantistas no Báltico, onde os EUA também incitam as pequenas potências da «Nova Europa», cara a Bush, a aniquilar o projecto de encaminhamento do gás russo em direcção à Alemanha a partir de Königsberg/Kaliningrado ou do golfo da Finlândia, impulsionado pelo Chanceler Schröder à época simpatizante – mas tão brevemente – do eixo Paris-Berlim-Moscovo. O sistema de gasodutos do Báltico tem no nome de «Corrente Norte» (12) : a sua conclusão está hoje bloqueada pela oposição de Talim a todos os trabalhos ao longo da costa estoniana. Este bloqueio é ditado em última instância por Washington, que instiga nos gabinetes os países bálticos e a Polónia contra todos os projectos de cooperação euro-russa ou germano-russa, restaurando assim, de facto, o «cordão sanitário» de Lord Curzon e os efeitos mutiladores da Cortina de Ferro sobre as dinâmicas interiores da Europa no seu conjunto. O que foi desde sempre o objectivo das potências talassocráticas.

A vitória eleitoral de Putin em Dezembro de 2007 demonstra, para além da sua real popularidade apesar das campanhas dos oligarcas e dos media, que as estratégias das «revoluções das cores» não surtiram efeito: a essas Putin respondeu com uma mobilização citadina e patriótica criando o movimento «Nachi» ( «Os Nossos) que tomou as ruas em lugar e vez de patifes como Kasparov ou outros descerebrados sem inteligência geopolítica ou geoestratégica.

A Europa não pode querer uma Rússia destabilizada e mergulhada no caos, porque, nesse caso, ela seria automaticamente lançada, senão num caos similar, ao menos numa recessão de que poderia bem prescindir, visto o seu declínio demográfico, a sua relativa estagnação económica e os sinais precursores de um real empobrecimento das suas classes trabalhadoras, fruto de quase trinta anos de neo-liberalismo.

Conclusões:

Em conclusão, o fenómeno Putin deve levar-nos a pensar o nosso destino político nas categorias mentais seguintes:

- Não tolerar a influência de oligarcas de todas as espécies nas nossas esferas políticas, que alienam riquezas, fundos e capitais através de práticas de deslocalização; segundo o bom velho princípio do primado do político sobre o económico, que Putin conseguiu fazer triunfar;

- Compreender por fim a necessidade de uma coesão religiosa visível e com visibilidade (como pretendia Carl Schmitt), mais difícil de restaurar no Ocidente, vistos os danos profundos causados no longo prazo pelo protestantismo, o sectarismo diversificado e caótico que dele saiu e a deliquescência do catolicismo desde o século XIX e do concílio Vaticano II;

- Suscitar uma vigilância permanente contra as manipulações mediáticas que conduziram a França aos acontecimentos de Maio de 68 (para expulsar De Gaulle), às greves de 1995 ( para vergar Chirac na sua política nuclear em Moruroa), às revoluções das cores; é preciso ser capaz de gerar uma contra-cultura ofensiva contra o que as agências do lado de lá do Atlântico tentam vender-nos, afim de provocar, pelos efeitos desse «soft power» terrivelmente bem ensaiado, mutações políticas favoráveis aos EUA;

- É preciso procurar uma independência energética continental, não permitindo aos lóbis petrolíferos americanos controlar os fluxos de hidrocarbonetos na área continental euro-asiática, para benefício dos seus interesses e em detrimento da coesão do Velho Continente;

- É preciso seguir Putin nas suas ofensivas diplomáticas na Ásia, sobretudo em relação à Índia e à China; à Europa interessa estar presente no subcontinente indiano e no Extremo-Oriente, numa perspectiva de harmonização de interesses, como de resto havia já preconizado a China na sua resposta às tentativas ocidentais de ingerência intelectual (o «soft power», que age contra a cultura imperial chinesa).

As cooperações euro-russa, euro-indiana e euro-chinesa, abrem perspectivas mais sedutoras do que o aprisionamento atlantista, do que a nossa triste maceração nos despojos da dependência mediática e política, onde estamos mergulhados, para nossa vergonha. Todos os povos da terra esperam o despertar da Europa. Esse só é viável apoiado sobre a Eurásia, a começar pela Rússia, como no tempo das grandes alianças, começadas à época da Guerra dos Sete Anos.

Robert Steuckers

Forest-Flotzenberg, Dezembro 2007.

Notas :
(1) Cf. « L’eredità di Eltsin », in Linea, 15 de Novembro 2007 (artigo tirado da revista sul-africana Impact (Box 2055, Nooserkloof, Jeffreys Bay, 6331, South Africa).

(2) Cf. Victor-L. TAPIE, L’Europe de Marie-Thérèse. Du baroque aux Lumières, Fayard, 1973 ; igualmente, Henri TROYAT, Catherine la Grande, Flammarion, 1977.

(3) Frank McLYNN, 1759. The Year Britain Became Master of the World, Pimlico, London, 2005.

(4) Dr. Albrecht ROTHACHER, « Das Schicksal zweier Oligarchen. Beresowskis Kampf gegen Putin aus dem Exil und der Lagerhäfltling Chodorkowski“, in zur Zeit, Nr. 42/2007; Dr. A. ROTHACHER, „Superreich und willfährig. Oligarch Roman Abramowitsch: Putins Statthalter in Russisch-Fernost“, in zur Zeit, Nr. 46/2007.

(5) Marie JEGO, « La Fédération de Russie », in : La Vie/Le Monde Hors-Série, L’Atlas des Religions, s.d. (surgido nas bancas em Novembro de 2007). Ver igualmente : Alexandre SOLJENITSYNE, La Russie sous l’avalanche, Fayard, 1998, especialmente o capítulo : « L’Eglise orthodoxe par ce Temps des Troubles », p. 301 et ss.

(6) Cf. Le dossier du Temps de Genève, de 10 de Dezembro de 2004, intitulado „L’internationale secrète qui ébranle les dictatures de l’Est“; este dossier é acompanhado por uma entrevista com o estratega e teórico das guerras indirectas, Gene Sharp, intitulada « L’essentiel est de diviser le camp adverse ». Cf. sobretudo Viatcheslav AVIOUTSKII, Les révolutions de velours, Armand Colin, 2006 (ouvrage capital !).

(7) Andrej KURKOW, « Die Last des Siegens », in : Der Spiegel, 39/2007, pp. 138-139.

(8) „Überall Feinde“, in : Der Spiegel, 46/2007, p. 121. Cf. Eugen GEORGIEV, „Angespannte Lage in Südossetien“, in : Aula, Oktober 2007.

(9) www.barnesreview.org / Um texto saído deste site foi raduzido em italiano. Trata-se de : «Vladimir Putin : le sue riforme e la sua tribu di nemici / Il sostegno atlantico agli oligarchi russi”, in Linea, 28 de Novembro de 2007.

(10) Fulvia NOVELLINO, “Il vertice di Teheran per il petrolio del Mar Caspio”, in Linea, 19 octobre 2007.

(11) Filippo GHIRA, “South Stream pronto nel 2013”, in Linea, 23 novembre 2007.

(12) Andrea PERRONE, “L’Estonia sfida la Russia sulla condotta North Stream”, in Linea, 18 octobre 2007. Recordamos, entretanto, que o projecto de um oleoduto ( ou gasoduto) em direcção à Alemanha e á Polónia não é uma ideia nova. Em Dezembro de 1959, Soviéticos, polacos e alemães de leste assinaram um acordo em Moscovo para a construção do «ramo norte do oleoduto da amizade». A «Corrente Norte», de que falamos aqui, não é senão a reactualização, num contexto que já não está marcado pela guerra-fria.

P. Laederich: les limites de l'Empire (romain)

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Les limites de l'Empire - Les stratégies de l'impérialisme romain dans l'oeuvre de Tacite

par Pierre LAEDERICH

Ed. Economica (2001)

Les questions militaires occupent une place essentielle dans l'oeuvre de Tacite. Quelques figures parmi les plus prestigieuses de l'histoire romaine sont issues de son récit, comme les exploits de Germanicus sur le Rhin, de Corbulon sur l'Euphrate et d'Agricola en Grande-Bretagne, et la résistance à l'Empire des rebelles Arminius, Tacfarinas, Boudicca et Calgacus. De la Vie d'Agricola aux Annales, la narration tacitéenne révèle une réflexion approfondie sur la sécurité des frontières et une conscience intime des enjeux des stratégies impériales : comment allouer au mieux des ressources militaires limitées sur un périmètre immense, trouver l'équilibre entre la progression territoriale que la sécurité paraît exiger sur certaines frontières et la stabilisation des conquêtes sans laquelle la fragile construction impériale peut s'effondrer, entre le temps court des opérations et le temps long de l'intégration. Tacite porte un regard sans concessions sur les questions stratégiques du premier siècle, une période charnière dans l'histoire de l'impérialisme romain : la transition difficile, traversée de contradictions, vers un Empire aux frontières mieux définies, mieux bornées. Bien que cette période soit encore proche de lui, il est pleinement conscient de son importance historique. Il écrit à une période elle-même fertile en contradictions : l' âge d'or du règne de Trajan, après bien des désillusions, s'achève dans un désastre militaire en Orient, Hadrien s'installe dans le sang. Autant de tensions qui marquent sa conscience d'historien et hantent sa narration.


A propos de l'auteur :

Ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure, diplômé de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris et docteur ès lettres classiques, Pierre Laederich a également publié une traduction commentée des Stratagèmes de Frontin, un contemporain de Tacite, dans la même collection.

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mardi, 05 février 2008

Troy Southgate in "Kinovar" (Russia)

By Miron FYODORAV

http://www.new-right.org/?p=21

Troy, you are now one of England’s most influential and radical ideologists. How did your political views develop, and, more generally, how did a young South London lad get in touch with rather abstract philosophical and political concepts?

As a child I always had a strong social conscience, something I inherited from my father. As a result, therefore, I was constantly aware of the great disparity between the immense wealth and riches enjoyed by the West and the comparative poverty in so-called ‘Third World’ countries like Ethiopia and India. In my final two years at school I became very interested in the six main bands from the Two Tone scene that were releasing protest songs in opposition to Margaret Thacher’s Conservative Government. These included The Beat, The Specials and The Selecter. The deeper message behind Two Tone, apart from promoting racial harmony, was centred on urban decay and the effects that Capitalism was having on ordinary people’s lives. In my teenage years we moved from a council estate in Crystal Palace, South London, to a small bungalow in the country town of Crowborough, in East Sussex. When I was eighteen I decided to vote Labour in the General Election, following my father’s example. By this time, the rest of my family were becoming Conservatives and involving themselves in the expanding housing market. Despite the fact that I was very mistaken to believe that the Labour Party was anti-Capitalist, the fact that my father was virtually the last person to stick to his working class roots inspired me a great deal. Meanwhile, the fact that I now found myself in such a rural environment meant that I had to travel up to London on a regular basis to see the rest of my family or to buy clothes and records. The fact that I always kept in touch with my South London roots, therefore, eventually led to me discovering the National Front (NF). I had heard of the NF on various occasons, not least because they were regularly denounced at many of the Two Tone and ‘Rock against Racism’ events that I was attending several years earlier. But there was a great deal of crossover between the skinheads of the Ska movement and those who attached themselves to racialist causes, so during a visit to East Croydon to watch Bad Manners in 1984 a chance meeting with an old friend led to me accompanying him to the ‘NF pub’ across the road. Consequently, I ended up buying a copy of ‘NF News’ and reading it on the train home. The first thing that struck me was how incredibly anti-Capitalist and pro-socialist the Movement was, particularly the articles about the Mondragon Co-operative in Northern Spain, the distributist views of Hilaire Belloc and G.K. Chesterton, and Otto Strasser’s defiant struggle against Hitler and Big Business. Before long, I found myself travelling up to South London twice a week in order to socialise with members of Croydon NF like Chris Marchant, Gavin Hall and John Merritt. They were a few years older than I was and, in between pints of ale, I spent the evening picking their brains about the history of the NF and various ideological issues. I was astonished to discover that the stereotypical media image relating to a group of alleged race-hating, neo-nazi thugs was complete and utter hogwash. Eventually I was made East Sussex Regional Organiser, given the role of taking ‘NF News’ to the printers and joining the likes of Derek Holland, Nick Griffin, Graham Williamson and Patrick Harrington in the Movement hierarchy. It was a very exciting and formulative period and I look back on that period with a good degree of fondness and nostalgia.

What, exactly, was the NATIONAL REVOLUTIONARY FACTION and why was it disbanded in 2003?

In 1990, the NF changed its name to Third Way after a bitter personality clash had driven a wedge between those in the leadership. Many of us left to form the International Third Position (ITP), but by 1992 a large group of us became disenchanted with the fact that certain individuals like Roberto Fiore (now Forza Nuova) and Derek Holland had betrayed the genuinely anti-fascist principles of the late-80’s NF by forming alliances with conter-revolutionary elements in the Catholic Church and neo-fascist groups overseas. As someone who has always been extremely suspicious of Right-wing reaction, this was not what I wanted at all. Consequently, when it emerged that Fiore and Company had also stolen thousands of pounds from a very close friend of mine who had invested money in their abortive ‘farm’ project in Northern France, we formed the English Nationalist Movement (ENM) and took most of the ITP’s regional units and publications with us. One of our more senior members, on the other hand, had spent over twenty-five years in Gerry Healey’s Workers Revolutionary Party (WRP) and taught me a great deal about strategy and organisation. The ENM restored the old socialist values that had come to the fore in the 1980’s NF and produced a barrage of printed material about Robert Blatchford, William Morris, the Strasser brothers, Robert Owen and others. The ENM was fairly successful and earned itself quite a reputation, but in 1998 we decided to take things one step further by establishing the National Revolutionary Faction (NRF). The NRF was a hardline revolutionary organisation based on an underground cell-structure similar to that used by both the Islamic Resistance Movement (Hamas) and the IRA. Our main centre of operations was in West Yorkshire, where we established a system of ‘leaderless resistance’ and worked alongside local resident groups concerned at the large number of Asian attacks in the area. This was not designed to affect innocent people, but to counter the increasing violence against the indigenous White community. Eventually, however, a combination of State repression and half-heartedness on behalf of some of our cadres led to us having to scale down the whole operation. The fact that we had been greatly inspired by the work of Richard Hunt and Alternative Green and were also in the process of changing the NRF into an Anarchist organisation also took its toll. In 2003 we finally decided that it was futile to portray ourselves as a ‘movement’ when, in fact, there were never more than 20-25 people involved at any one time. These days, we simply refer to ourselves as ‘the National-Anarchists’ and believe that we represent a current rather than an actual organisation of any kind. What is also quite fascinating, however, is that National-Anarchism developed in several different countries at the same time. Hans Cany (France), Peter Topfer (Germany) and myself are each part of a simultaneous phenomenon that developed as a logical antithesis to the ideological bankruptcy that characterised the end of the Twentieth Century. It is with this new platform in mind that we now enter the next century and attempt to overcome the difficulties and tribulations that dominated the last.

The idea of National-Anarchism is certainly very attractive, but its critics seem to be justified in claiming that it can make a territory - we are consciously avoiding words like “state” and “country” - extremely vulnerable to foreign intervention. How can a society based on National-Anarchist principles defend itself against a centralised, totalitarian agressor? Surely the principle of “blood and soil” would make it impossible to be loyal to a greater entity than one’s local community, and thus to successfully oppose globalisation, foreign economic domination and cultural imperialism?

We all know what happened to the innocent children of Waco, the family of Randy Weaver and the anti-tax rebels of the Michigan Militia, so in order to be as successful as possible it is crucial that National-Anarchist communities do not seek to maintain a high profile or invite confrontation with the State. There are peaceful Anarchist and secessionist communities all over the world, let alone tribal societies that have existed for many thousands of years. It’s just a question of keeping one’s head beneath the parapet. Large-scale immigration and socio-economic decay has meant that countries like England have become totally irretrievable, and therefore it may even be necessary to create these communities abroad. Given that Indo-Europeans have migrated on countless occasions before and, indeed, in the case of people emigrating to New Zealand and Spain are continuing to do so in great numbers today, this is not as drastic as it sounds. As the West continues its inevitable decline and fall, National-Anarchists will continue to investigate those socio-economic alternatives which can provide a real alternative to the system that is crumbling around our ears. In many ways, the real struggle against Capitalism will take place on the periphery, rather than at the centre. We must remember that the West can only retain it’s privileged lifestyle by exploiting the so-called ‘Third World’, and this is precisely why revolution on the periphery is a far more feasible option than attempting to fight the Capitalists on their own turf in Europe or North America. In fact the very same process brought about the collapse of the imperialistic Roman Empire. It is also vital to view National-Anarchism as part of a long-term strategy and understand that it could take many decades before these ideas really begin to swing into action. One thing we do have on our side, however, is that every time the system weakens we actually get that little bit stronger. As more and more people turn their backs on mass consumerism, the concept of living in small, decentralised communities with others of like-mind will become more realistic and attractive.

What are your views on natural rights? Is there such a thing as a right to life?

I don’t believe that anyone, man or beast, has a specific ‘right’ to life. That is not to suggest, on the other hand, that we shouldn’t continue to resist those who seek to exploit our labour in the factories and the fields, attempt to bleed us dry through the machinations of the international banking system, or cruelly torture innocent animals in the name of fashion or medical science. We hear a lot about ‘rights’, but never enough about duties. What about our responsibility to the environment, for example, or our duty to ensure the well-being of our children and not leave them vulnerable to the corrosive effects of the liberal ‘education’ system? But in short, nobody has a ‘right’ to anything. ‘Rights’ are purely contractual and can only be drawn up superficially. We know from experience, however, that just as weeds will overrun a beautiful garden, basic human nature ensures that even the best intentions inevitably come to nothing. This may sound very pessimistic, but these utopian liberal bubbles are there to be pricked.

What are the links between your vision of National Anarchism and JULIUS EVOLA’S writings? How can his concept of the Empire co-exist with that of anarchism? In this context, what is your view of FRANCIS PARKER YOCKEY’S ideology?

National-Anarchism and Julius Evola do not necessarily go hand in hand. As a former student of Theology & Religious Issues, I have a personal interest in Evola because his seminal work, ‘Revolt Against The Modern World’, taught me a great deal about the irreconcilable differences between tradition and modernity. That obviously has great implications for the development of traditional communities that have rejected the contemporary world. And, like the German novelist Ernst Junger, Evola also adhered to the concept of the Anarch or Sovereign Individual. The man or woman that has learnt to ‘ride the tiger’ and retain both their sanity and dignity in the face of cosmological decline. But as far as Evola’s belief in a European Imperium is concerned, whilst I agree with a transcendental and unitary vision to which people can give their allegiance, I still support political, social and economic decentralisation right down to the lowest possible unit. This may sound like a contradiction in terms, but it is possible to give one’s allegiance to a higher ideal and still retain a sense of localised autonomy and self-determination. I don’t find Yockey’s work that inspiring, to be perfectly honest, and a centralised European superstate has no appeal for me whatsoever. On the other hand, he did understand the threat that America and its Zionist allies present to the world and proved himself to be a brave and competant liaison officer.

It seems that, while the best men devote their lives to the development of conservative-revolutionary ideas, the worst men succeed in putting them into practice. One can easily sympathise with MOELLER VAN DEN BRUCK’s heroic vision of the Third Reich, but not with Hitler’s regime. The same is true of other great thinkers when compared to the brutal and bureaucratic regimes their works indirectly helped to establish. This, in fact, has led to great pessimism among those who felt their ideas were betrayed. GOTTFRIED BENN or JUNGER for example. Does this mean the conservative revolution is a largely utopian concept, more romantic than it is practical?

I certainly don’t believe that it is possible for Revolutionary Conservatives to take control of a national government, if that’s what you mean. At least not in Europe. Here in England, for example, the New Right is confined to small fringe groups like the Conservative Democratic Alliance, Monday Club, Freedom Party and Right Now magazine. Meanwhile, of course, working on the fringes does not present a problem for National-Anarchists, in fact that’s the whole point of our opposition to the centre. The Gramscian method can work on the Left, it seems, but not on the Right.

What is your opinion of SIR OSWALD MOSLEY, and of other “homegrown” fascist ideologists?

I am opposed to all totalitarian doctrines, be they Fascist or Communist. But whilst Mosley himself was a thoroughly dislikable character, I do believe that he was a geniune and principled individual and to a certain extent I have respect for what he tried to achieve. He went the wrong way about it, of course, but if the British Union of Fascists (BUF) had not made the mistakes that it did we would have to go through the whole process again.

As a patriot, how do you view of the Right-wing of England’s politics? What are the main problems you have with nationalist groups like the British Nationalist Party (BNP), or the even more moderate United Kingdom Independence Party (UKIP)?

I’m not sure I would describe myself as a ‘patriot’. As I’ve already explained, the whole notion of England as representing both a geographical area and a people is becoming increasingly hard to substantiate. The only way England can ’survive’ is by being constantly redefined. Using ridiculous and contrived phrases like Tony Blair’s ‘Cool Brittania’, for example. But let’s face it, the main towns and cities of modern-day England have become multi-racial hellholes and despite the flag-waving that accompanies any major football tournament, it’s quite ridiculoius to cling to the belief that we can somehow restore our nationhood by repatriating all immigrants and their descendants. It won’t happen. Ever. Parties like the BNP are merely postponing the inevitable decline. Furthermore, of course, the fact that they continune to tread the discredited boards of parliamentary politics simply perpetuates the whole charade. We need people to become disillusioned with the ballot box, not to cling to the mistaken belief that voting for the BNP can solve all of our problems. One way in which it is possible to have some kind of influence, on the other hand, is by using UKIP as a vehicle to disrupt the European Union. Besides, whilst UKIP itself is comprised of bankers and industrialists worried about the threat of the single currency, the fact that it remains a single-issue pressure group means that it is still possible to upset the federalist applecart without compromising one’s own principles. Voting for parties, therefore, is futile, but UKIP MEPS only seek election in order to interfere with the very process itself. This, perhaps, would be a worthy target for the attentions of the New Right.

What about the Left? Are there any forces associated with Left politics that you are prepared to ally with? Have you been influenced by Left-wing authors and ideas?

Certainly been far more influenced by the Left than the Right, if that’s what you mean. The so-called ‘anti-fascists’ on the Left appear to have trouble with the fact that I cut my political teeth, so to speak, in the NF. But this is quite irrelevant. I’ve never considered myself to be Right-wing and when I joined the Movement it had progressed beyond the stage of being a Right-wing organisation. Furthermore, the terms ‘Left’ and ‘Right’ each have their origins in the build up to the 1789 French Revolution, anyway, and my lifelong opposition to the established order must surely put me on the Left. Not that I even consider this to be a valid description of my beliefs, of course. National-Anarchists are prepared to form alliances with anyone and have attended many protests and demonstrations in order to express our solidarity with the wider opposition to International Capitalism. To paraphrase Lenin, ‘we must march separately but strike together’. Indeed, when a young Palestinian miltant throws a petrol bomb at an Israeli tank, he speaks for us just as we speak for him. My own ‘Left-wing’ influences include George Orwell, Mikhail Bakunin, Emma Goldman, Peter Kropotkin, Gerard Winstanley, Max Stirner, Nestor Makhno, Che Guevara, Sergei Nechayev, Hakim Bey, Pierre-Joseph Proudhon, the Angry Brigade, and the Red Army Faction.

Generally, how flexible is your movement when it comes to strategic alliances? What would you say is the political common denominator, the decisive streak a group or a party must have in order to become your ally? Is it anti-Americanism, anti-globalism, anti-liberalism, Third Positionism?

I don’t think there are any common denominators. Useful opportunities come in all shapes and sizes and world history is full of surprising alliances that have taken place between seemingly opposed groups. Realpolitik is necessary whenever and wherever the need arises. Much of what we do has to be covert, because the groups that direct the anti-Capitalist movement are usually controlled by Left-wing dogmatists who believe that we National-Anarchists are trying to subvert Anarchism for our own sinister ends. But this is false. As we’ve said elsewhere time and time again, we are not ‘racists’ or ’supremacists’ with some kind of secret agenda, we are seeking our own space in which to live according to our own principles. Sadly, however, most people on the Left want more than that and will not rest until they can organise every minute aspect of people’s lives. It’s a self-perpetuating disease. This is why they talk of the ‘right to work’, when - as Bob Black rightly points out - the real problem is work itself. The Left, just like the totalitarian Right, refuses to tolerate anyone who tries to opt out of its vision of an all-inclusive society. Some of us, however, want no part of this and will only be ’socialists’ among ourselves and with our own kind.

A somewhat provocative question: do you sometimes feel that radicalism and marginal politics have grotesque and ridiculous sides, as famously described in STUART HOME’S novel “Blowjob”? Ideologists switching from left to right and back again within an hour, supposedly dangerous parties consisting of just a few members - doesn’t all this this sometimes remind you of a poltical carnival rather than realpolitik?

Despite being regarded by Stuart Home and his friends as some kind of ‘anarcho-fascist’, I can’t say I’ve actually read his book. But I do understand the point you’re trying to make. The ITP accused me of being fickle once I had left the Catholic Church and began exploring paganism and the Occult, but I think it’s a question of personal development. Some people will always be political opportunists, of course, but in my case it was a question of gravitating slowly over the course of several years. Without being arrogant, I believe that intelligent people tend to think their way out of the party. And it you look at my track record, it does actually make sense. I’ve always tried to be as genuine and open-minded as possible, doing the research and exploring the options available to me instead of following blindly like those who decided to remain in the ITP rather than try to put things back on track. National-Anarchism isn’t some kind of middle-class adventurism designed to shock, it’s what I like to describe as a form of ‘realistic escapism’.

What about using the enemy’s weapons instead of fighting with guerilla tactics from the underground? I’m talking about unorthodox means such as using the style of glamour mass-media together with aggressive propaganda of a “trendy revolution” aimed at the youth. We know that the System has so far managed to digest the most marginal and revolutionary elements of counter-culture and make them harmless, so surely the adequate response to this is to position oneself as “mainstream” right from the start, thus preventing the ruthless market from exploiting one’s “non-conformity”? Can you accept this position, or do you see the process of “reclaiming the streets” as the only effective tactic?

I don’t believe in reclaiming the streets at all. We tried that in the ENM and failed. But I do make a distinction between politics and culture, so therefore I support these forms of counter-culture because the political struggle can only make progress if there is a cultural struggle to accompany it. This was how the NSDAP managed to achieve so much progress in 1930’s Germany, it simply tapped into an existing cultural vein and rode it all the way to the Reichstag (with more than a little help from wealthy German industrialists, of course). I’m not suggesting that it’s still possible to gain control of the national state in this way, but it’s all a question of identity. An individual can empower his or herself by joining together with like-minded people. If this relates to an ideal that is connected with music or fashion, for example, then all the better. I think the strategy currently being deployed by KINOVAR is the right path to take.

How strong is your link with the Russian “International Eurasia Movement”? You are, after all, the man behind the “Eurasian Movement” which stresses the importance of “the geopolitical vision” of “contemporaries like ALEXANDER DUGIN”, and you could therefore easily be seen as Dugin’s man in England. And yet his approach to politics seems to differ greatly from yours. Can you share all of his views and accept his strategies?

I won’t pretend that the Eurasian Movement (EM) in England is making any real progress at the present time, because Eurasianism in general is still a fairly new concept in Western Europe. More than anything, I think, the EM is simply a convenient rallying point for those familiar with Dugin’s ideas and who are gravitating towards such concepts. But we are part of the Eurasianist international, if you like, and recently sent a message of support to the annual Eurasianist gathering in Moscow. Dugin is not a National-Anarchist by any stretch of the imagination, but as an advisor to Vladimir Putin he is in a position to influence Russian affairs and policy-making at the very highest level. In many respects this is similar to the role of UKIP, referred to above. Eurasianism is important to National-Anarchists because it puts our struggle into a wider perspective. Indeed, whilst we are primarily concerned with what goes on at the level of the village or on our own doorstep, so to speak, we still believe that we can export our ideas by offering support to a new ‘dissident’ alliance against Western interests. But we are not interested in the formation of a new Eastern imperialism, by which Russia can then dominate her immediate neighbours for her own narrow interests. We want to help create a network of decentralised allies all striving towards a similar ideal, but each retaining their own unique character. The best - despite being a fairly simplistic - example that I can think of in this regard, is the collaboration that takes place between Hobbits, Elves, Dwarves and Men against a common totalitarian enemy in Tolkien’s ‘The Lord of the Rings’. Instead of creating a counter-imperialism, of course, when the battle is finally won the Fellowship gradually subsides and the various races get on with their own lives in their own peculiar way. This kind of loose defence structure is completely in tune with National-Anarchism and its opposition to large standing armies and militaristic autocracy in general.

What is your vision of the European and English future in 50-100 years’ time?

To some extent I dealt with this issue in Question 8. But let me give you an example. Imagine if you had a glass of clean water and then began to add several drops of another liquid, such as ink, for example. At first, the water would become rather cloudy, but as more and more ink is added the water then begins to lose its original appearence altogether. Eventually, of course, it would be ridiculous to refer to it as ‘water’ at all. This is how I see the future of both England and Europe. The fact that our continent is changing at such an alarming rate means that it can no longer be seen as representing a homeland for people of Indo-European stock. Coupled with the fact that thousands of Europeans are emigrating abroad to places like Australia and New Zealand, the future of Europe is beginning to look very precarious indeed. Many will stay and fight, of course, but the most sensible option in this increasingly tenuous situation - I believe - is to create new homelands on the periphery. But just how far we will have to go in order to avoid the wrathful clutches of the West remains to be seen.

One has the impression that a number of our contemporaries identified with the conservative revolution were inspired by Russian culture. For example, DAVID TIBET has mentioned SOLOVYEV among his spiritual influences, while your friend and ally, the radical Christian and conspiracy theorist WAYNE JOHN STURGEON, seems to be inspired by BERDYAEV. We know you are interested in TARKOVSKY, who is, in fact, extremely popular with the European intellectuals (his name has practically become a cliche), but apart from him, who were the other Russian thinkers to influence you?

David Tibet has many influences and Solovyev merely relates to his interest in revelation and apolocalyptic matters in general. Wayne John Sturgeon, on the other hand, who is a good friend of mine, is probably more interested in the remarkable English mystic, William Blake, who was convinced that a new Jerusalem could be constructed in the British Isles. The main Russian thinkers that have inspired me, however, include Mikhail Bakunin and Fyodor Dostoyevsky. The former, for his defiant opposition to Marxist dogmatism and state socialism, and the latter, for his deep and profound insights into Russian poverty and the latent power of the human spirit. Sergei Nechayev is also very interesting, because he describes the uncompromising attitude that must be adopted by the serious revolutionary.

What about ALEXANDER BLOK? I recall you quoting from “The Scythians” at some point.

Reliable information about Alexander Blok is often hard to come by in English, but I do admire his melancholic attitude, his poetic romanticism and the undisguised hostility that he expressed towards civilisation and materialism. He also believed in the idea of messianic revolution, something clearly at odds with his initial support for the events of 1917 and the Soviet regime’s bitter campaign against both orthodox and unorthodox religion.

Let’s return to England. If asked to name five Englishmen whose works you have learnt from, who would you include in the list?

This is a very difficult question, not least because it is so confined. But if I had to name just five individuals, I would choose William Cobbett for introducing a city boy to the joys of self-sufficiency and the countryside, Richard Burton for epitomising the indomitable hero and for awakening my interest in Africa and the Middle-East, Charles Dickens for bringing the misery of working-class life to the educated public mind for the first time, George Orwell for having the courage to share with us his shattered dreams and illusions about International Socialism, and Hilaire Belloc for teaching me what it means to be English in the first place. Apologies to Morris, Reed, Chesterton, Blatchford, Lawrence and several others!

You seem to be a music lover and an expert, especially when it comes to Neofolk and Industrial music. Which bands do you value most, and why?

I’m certainly no expert, but I’ve always had a deep love of music from a very young age. I also enjoy Traditional Folk (Shirley Collins, Planxty, Dubliners, Steeleye Span, Yetties), Bluegrass (Bill Monroe, Stanley Brothers, Country Gentlemen, Merle Travis, Doc Watson), Classical (Strauss, Bach, Chopin, Vivaldi), Metal (Iron Maiden, Rammstein, Cradle of Filth, Marilyn Manson, Black Sabbath), Psychedelic (Bevis Frond, Hawkwind) and Electronic (Kraftwerk), but the reason so many Neofolk and Industrial groups have fired my interest in recent years is due to the way in which, unlike the contemporary mush of the musical mainstream, they have an ability to convey thoughts and ideas in a less well known but extremely powerful manner. Rather like the way symbols and archetypes can work on the human subconcious. It would be unfair of me to single out a mere handful of groups or individuals when there are clearly so many talented examples out there, but the more professional and significant of them emanate from labels such as Cold Spring, Dark Holler, Mute, Tesco, World Serpent, Eis & Licht, Athanor, Somnambulant Corpse, Tursa, Fluttering Dragon, Svartvintras, and Cynfeirdd. But the reason these artists stand out, at least for me, is due to their unwillingness to compromise or to popularise themselves in the name of profit. It’s also a fact that several of our main influences - Junger and Codreanu, for example - feature in many of the songs.

Have you ever been in a band yourself? Ever written lyrics or poetry?

Yes. I used to write fiction and poetry as child, winning minor prizes at school and colege, and then as a teenager I was a vocalist in several Ska and Oi! bands and played gigs in and around London and the southern counties. I also play Folk and Bluegrass songs on acoustic guitar and a close friend of mine often joins me on the mandolin for long jamming sessions. These days, however, I’m a writer and vocalist with the mainly Dutch group, HERR, and have written and recorded for the harsh Swedish electronic outfit, Survival Unit.

What are your views on the importance of music for the revolutionary struggle?

I believe that music can act as a true voice in the quest for revolutionary change. We’ve all seen the immense power and influence that can be produced by certain genre, the musical categories mentioned above being testimony to that fact. Music can be far more than a pleasurable experience, however, it can also function as a means of anger, self-expression and experimentation. This has been going on ever since the Teddy Boys of the 1950’s, or the Mods and Rockers a decade later. Music and its accompanying lifestyles can inspire real belief. Once that power is shackled to a political current it can become a dynamic cocktail.

The majority of the industrial/neofolk scene is highly sceptical of “sellout” musicians, rejecting an artist’s work as soon as he becomes accepted by MTV. You don’t seem to judge according to the same criteria, your praise of MARILYN MANSON’S performance in London being just one example. In today’s totalitarian “society of the spectacle”, can anyone be accepted by the masses but still remain an inspirational and great artist?

I think that a lot of this talk about ’selling out’ completely misses the point. Moreover, it’s often something alluded to by the more pretentious or superficial music fan. As long as the central or unifying idea of a particular form of music is not compromised or watered-down, it can actually help to spread these ideas to a far larger number of people. Surely the whole point is to reach as many people as possible? Besides, I would rather see young teenagers wearing corpse paint and painting their nails black than going out to night clubs and listening to the manufactured pap of the music industry. The very nature of most Industrial and Neofolk artists, however, usually precludes them from ever being accepted by the masses. They are necessarily elitist and often deal with misanthropic or deeply philosophical themes.

What is your opinion of the vague concept of “postmodernism”? Is postmodernism merely another step down the slope of kali-yugian degradation, or is it a bizarre but fascinating cultural period in which ancient values and traditional rites suddenly re-appear? Does it possess a positive side, in the way that it is anti-modernist?

In some respects, yes. I think this is particularly true of the way it presents a more fractured and fluid interpretation of the world in stark contrast to the modernist tendency to centralise or internationalise everything. I haven’t quite decided whether postmodernism offers a real alternative to modernism, but we can learn a lot from the way it has sought to dissect and analyse both the period in question and that which now follows in its wake. Postmodernism also appears to harbour a distaste of science and technology, something I find easy to identify with. However, the problem with postmodernism in general is that it seems to encompass a vast array of thought and has no real direction of its own.

When and how did you come into contact with the internet? What are views on the web from a political and cultural perspective?

I first came into contact with the Internet in the mid-1990’s, whilst at university, and finally got online myself around 1995. But I have very mixed feelings about it. Whilst I can see the wonderful advantages it offers in terms of being able to spread ideas or make oneself heard, I also feel that it leads to a greater dependence upon technology. In some respects this is a good thing, because it makes the System even more fragile than it is, but the Internet can also act as a huge distraction from the true realities of our existence. The best thing about it, of course, is being able to have all this incredible knowledge at your fingertips, but that’s no good if you can’t even drag yourself out of the chair to act upon it all.

Your SYNTHESIS magazine only exists online, and yet we know that you have been actively involved in a variety of printed magazines. Do you see the printing press as inferior to the internet when it comes to cultural and political warfare in today’s world?

Yes, very much so. In fact the very people that we have always sought to target through the medium of print, those already involved to some extent or another, are all on the Internet already. On the other hand, you can’t beat a proper magazine or newspaper in terms of giving people a tangible and living example of your work, but the results are often very minimal when compared to the expenditure that is necessary to produce them. The stationary industry in this country has become a vast racket, not to mention the amount of trees that have to be felled for human consumption.

Have you ever thought about writing for big magazines and thus making your ideas reach a greater and more diverse audience? If, hypothetically, you would be offered a weekly column in a broadsheet on the condition of making your views slightly more moderate, would you compromise or reject the proposal?

I would certainly relish the opportunity of promoting National-Anarchism in this way, but I wouldn’t be prepared to actually change my views to that extent. It may be possible, on the other hand, to stick within certain limits rather than raise the more inflammatory subjects like Race or Zionism.

Do you fear governmental action against you or your movement? Have you ever had serious troubles with the police due to your political activity?

I don’t fear it, but the possibility is always there in the back of my mind. National-Anarchists like Peter Topfer, on the other hand, have experienced almost constant repression by the State and he has been persecuted many times. I have been arrested many times for stickering and flyposting, as well as on Anarchist demonstrations, but the worst case scenario occurred in 1987 when I was charged with Actual Bodily Harm (ABH) & Affray and eventually consigned to Lewes Prison for eighteen months the following year. Apparently, the very fact that I and a handful of others were trying to defend ourselves against 200 violent Communists was neither here nor there. But the British State got what it wanted and, by throwing me in jail, managed to disrupt the steady growth of the NF in one of its newest areas.

Please excuse our curiosity, but do you have a job besides being engaged in various National-Anarchist related activities? May we know something about your family?

It’s impossible for me to work full-time because I teach my four children at home. This takes up a great deal of my time and can be extremely hard work, not least because of the differing age levels, the lack of State-funding for home-schooled families in this country and the fact that we often have to rely on self-help organisations like Education Otherwise. I’ve been married for over fourteen years now and we have two girls and two boys. We don’t have a car for environmental reasons and therefore a lot of our time is spent exploring local parks or hiking through the countryside. The children are very artistic and enjoy making their own collages and fantasy comic strips, whilst my wife - originally from Tunbridge Wells, in Kent - has a strong interest in Punk Noir, psychology and basset hounds. I spend my spare time reading and discussing Theology, forcing people to eat my attempts at Italian and Indian cookery, enjoying the fantasy novels of Michael Moorcock, and organising football matches with the other kids in the area.

Your Iron Youth internet site, giving advice on how to bring your kids up as National-Anarchists, features a reading list of childrens’ literature: SWIFT, POE, WILDE, STEVENSON… Most of these classical authors are now being read at university level by literature students only. Why do you think is the current state of English education so poor, and do see a way out of this crisis?

The reason the educational standards are so awful in this country, is because the mass media is continuously dominating every aspect of people’s lives. The last few years has seen the growth of a huge social underclass, which seems to be comprised of promiscuous girls and violent males. But it’s futile to completely blame this on poverty. Many of these people have managed to acquire a certain degree of wealth and affluence, but they can’t seem to escape the debilitating peer pressure which encourages people to live in a world of fast cars, fast sex and fast food. There is also a severe identity crisis in England, which has been caused by Americanisation on the one hand, and multi-racialism on the other. It is hardly surprising, therefore, that a culture which prides itself on drunken thuggery and so-called ‘reality TV’ has no interest whatsoever in academic matters or the intellectual development of the individual. The only solution to this crisis is home-schooling. Once you take your children out of this detrimental environment, they are free to develop naturally without the constraints imposed by their peers. In South London, for example, most white schoolchildren have incorporated black slang into their vocabulary, blurring the distinctions between the races and creating a uniform monoculture. To be an individual in modern England, therefore, is to become a virtual outcast.

What is your opinion of elitist educational institutions like Eton, Oxford or Cambridge? On the one hand, you support elitist meritocracy, but on the other, you reject centralised education. In a National-Anarchist society, would the likes of Oxford and Cambridge have a chance to survive?

Firstly, National-Anarchists do not recognise nation-states and, secondly, given that we expect the internationalist system to decline to the extent that it leads to a full-blown technological crisis, it would be impossible for universities to continue as they are at the present time. At the village level, on the other hand, I would expect children to be educated naturally and in accordance with their abilities. Egalitarianism is a myth and some children will always be slower than others, that’s life. But this should take place in a community setting, rather than at a privileged institution, because it is possible to learn from those around you without ever having to establish schools or education systems in the first place.

Do you sympathise with the anti-copyright movement, and if so, have any steps been made to unite your forces with those of prominent anti-copyright fighters? After all, their ideology, though far less complicated and metaphysical than yours, has striking similaritites with National-Anarchism.

We haven’t formerly approached the anti-copyright movement at this stage, but it’s certainly an interesting idea and worth considering in the future. Personally, I oppose all forms of copyright and believe that, rather than seek to protect the artist concerned, copyright laws are simply there to take advantage of that which has been produced. This is achieved by taking it away from the artist altogether and limiting creative output in order to control the amount of alternative material that gets into the mainstream. As an Anarchist, I also believe that it’s impossible to ‘own’ intellectual ideas because they are part of our common development. I’m sure Pierre-Joseph Proudhon would have understood the logical connotations of this process, despite the fact that people often confuse his famous ‘property is theft’ statement with the denial of individual - rather than private - property.

Let us turn to the spiritual and esoteric side of your teaching. You have taken the long path from agnosticism and extreme Catholicism to heathen cults like Mithraism. How did your beliefs evolve, and what is your current spiritual system? Does your movement have an official religious position? Can a Christian or Hindu possibly join?

I have never been an agnostic and always believed in some kind of god or higher intelligence. These days I would describe myself as a student of Primordial Tradition and don’t embrace any kind of religious system. At the present time I am examining the work of Alan Watts, who was chiefly responsible for introducing Eastern philosophy to the West for the very first time. I have a lot of time for Hinduism, too, but at the moment I feel a growing affinity with Zen Buddhism. I don’t care what spiritual outlook people have, I believe that it’s a relatively private matter and National-Anarchism is about banding together with people of like mind and therefore I would find it far more conducive to spend my time with someone interested in Spirituality or the Occult than in material things.

Did you ever have a teacher, a guru who taught you any of the spiritual doctrines you were interested in, or did you pick them up in literary sources?

I have never been under the guidance of a guru or holy man, although I do try to meet as many interesting and intelligent people as possible. I studied Theology & Religious Issues at university, so that helped put things into an historical and cultural perspective to some extent, but I do feel that I’ve reached the stage of my life where a more strenuous and disciplined approach is necessary for my own personal development. I have spent several years examining the various Occult groups and weighing up the possibilities, but I’m not really the kind of person who would respect an authority unless I was convinced that it was tied in to an initiatory source.

Much of the spiritual energy of the Twentieth Century has been hijacked by rather distasteful New Age movements. How can one objectively distinguish a GUENON from a BLAVATSKY, and is there a actually a line separating true mysticism from Occult parodies? If so, which cathegory would you place STEINER, GURDJIEFF and SERRANO in?

I have studied the personalities you mention above, as well as many others to whom people have given their spiritual allegiance, but I happen to believe that it’s a case of gathering all the fragments together until we get a broad picture of the truth. I suppose it’s the National-Anarchist in me. I have always been very suspicious of those who attempt to form personality cults around either themselves or others, in fact I prefer to observe from a distance and explore the information that is available. I do have a lot of respect for some of the main Occult societies but, like most things in the twilight age of the Kali Yaga, many have become corrupt or detached from their origins. One development that interests me is the ongoing fusion of the New Right with various esoteric and Right-wing Anarchist groups on the Continent. There seems to be a genuine attempt to regather the lost wisdom of the past and then use this knowledge to cross the threshold between this world and the beginning of the next Cycle. As the Visnu Purana explains: ‘[They] will then establish righteousness upon earth; and the minds of those who live at the end of the Kali age shall be awakened, and shall be as pellucid as crystal. The men who are thus changed by virtue of that particular time shall be as the seeds of [new] human beings, and shall give birth to a race who shall follow the laws of the Krita, or primordial age.’

Finally, please tell us how you view the possibilities of future co-operation between Russia and England in terms of revolutionary politics and culture. Do you think that our individualistic interests could be overcome in order to combine forces against a common enemy?

Following obediently behind the coat-tails of her American ally, the British State will no doubt continue on her journey towards oblivion. But it remans to be seen whether this country will alienate itself from the rest of Europe or seek to unite Europe in the next logical step towards world goverment. This is why England plays such a vital role for American interests, a fifth column within Europe for the intended subjugation of the whole globe. Eurasianists rarely include Western Europe in their vision of a new future, unless, of course, it’s in a very minor or peripheral role. But the Russia of the past, like France, was always known for her warm attitude towards political outcasts and revolutionaries, so perhaps Eurasianism will bring about a new alliance of minds and become the springboard for salvation. I have always deeply admired the long-suffering peoples of Russia, but I do find it rather unusual that National-Anarchism has yet to appear in the country which spawned the likes of Georgy Chulkov and Viacheslav Ivanov. Hopefully, this interview will go some way to changing that fact.

Thanks for listening.

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Ville nouvelle, vecteur de contre-civilisation

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Winfried KNÖRZER:

La ville nouvelle, vecteur de contre-civilisation

La revue du Dr. Hans-Dietrich Sander, Staatsbriefe, a publié il y a près de dix ans (n°11/1996) un dossier sur la ville ensauvagée de notre fin de millénaire. Les événements qui ont secoué les banlieues françaises en novembre 2005 nous obligent à méditer une fois encore ce texte fondamental dû au philosophe allemand Knörzer, qui fait figure de véritable prophète aujourd’hui. Nous en avions publié, dans les colonnes de “Vouloir”, l’introduction et le texte complet. (Synergies Européennes - Bruxelles/Nuremberg/Munich - janvier 2006)

Winfried Knörzer, Staatsbriefe n°11/1996) - Déjà le 15ième siècle connaissait une misère architecturale. A ses débuts, le classicisme a atteint des sommets, en faisant royalement renaître les éléments de l’architecture antique, redécouverts pendant la Renaissance. Ensuite, cet élan classique s’est essouflé, ses réalisations ont sombré dans le pur académisme, en dépit de l’adjectif “nouveau” ou du préfixe “néo” qu’on lui accollait. A la fin de la trajectoire de ce classicisme, on a vu apparaître, superbe et génial, le Jugendstil, qui a illuminé les premières décennies de notre 20ième siècle, qui, ensuite, est devenu le pire des déserts architecturaux de l’histoire humaine. Une véritable cacophonie… A titre d’expérience, le Bauhaus était fascinant mais il a rapidement dégénéré sous l’effet d’une volonté de reproduire en masse les réalisations marquées par ce style épuré à l’extrême. Les tentatives de rénover l’architecture sous le IIIième Reich procédaient d’une volonté somme toute assez originale de réconcilier certaines techniques du Bauhaus avec les styles du Jugenstil et du classicisme, mais l’effondrement catastrophique de ce régime et sa démonisa­tion ont bloqué toutes recherches synthétiques dans ce sens après 1945. Les raisons de notre misère architecturale sont donc nombreuses. La rage de détruire, à laquelle on a assisté pendant la seconde guerre mondiale, et la fébrilité de reconstruire vite, à la manière des termites, dans les années 45-55, ne sont finalement que les expressions radicalisées d’une évolution, que l’on pouvait déjà prévoir depuis longtemps, et dont certaines déviances avaient pu être observées dès la fin du 19ième. Déjà Paul Ernst avait cru bon, avant la première guerre mondiale, d’intituler son essai sur les techniques artistiques, Der Weg zur Form [= La Voie vers la Forme]. Ce titre est révélateur: le sens des formes s’évanouissait dans les sociétés industrielles avancées et dominantes. Ce livre dénonçait “tous les instincts” de l’époque car ils étaient pervertis par le dieu “argent” généra­teur d’un esprit tout de médiocrité, où ne subsistait plus que la relation de base de l’économie, soit la relation “producteur-con­sommateur”. Sous cette médiocrité, disparaissaient graduellement tous les instruments que la volonté humaine s’était donnés au cours de l’histoire. La perte du sens de la forme accompagne toujours un déclin des mœurs et des coutumes tradition­nelles. Au bout de cette involution, on débouche sur l’“urbanité”, sur une ville qui n’est plus porteuse de civilisation.

Le désert croît…

Imaginons une personne qui a résidé longtemps à l’étranger et qui revient subitement en Allemagne. Que verra-t-elle, lorsqu’elle aura quitté son logement et se mettra à observer ce qui se passe dans les rues?

Sans nulle doute, elle éprouvera un malaise diffus autant que profond, qu’elle n’interprétera pas aisément. Elle ne parviendra pas d’emblée à définir ce qui a changé en son absence. Car les changements semblent marginaux mais sont néanmoins per­sistants et significatifs. Des prospectus vantant les prix proposés par un supermarché, des folicules publicitaires, virevoltent au gré du vent entre les rangées de maisons. Le long des murs s’amoncellent des sacs jaunes remplis de déchets en matières plastiques. Ci et là, elle trouvera des conteneurs pour les bouteilles ou pour les vieux journaux, autour desquels pourrissent de vieilles boîtes de carton jetées pêle-mêle sur les trottoirs. Une odeur persistante de vin imprègne l’atmosphère autour de ces grosses bulles uvulaires qui recueillent les verres non consignés. Si elle parvient à jeter un coup d’oeil dans les cours des immeubles, elle verra à coup sûr quelques rats qui s’éclipsent après s’être gavés des déchets accumulés dans les poubelles réservées aux déchets biologiques. Plus loin, son regard tombera sur de vieilles et vénérables façades maculées d’inscriptions et de graffitis, de “tags”, par lesquels les bandes de jeunes marquent leur territoire. Où se trouvaient jadis une sympathique épicerie ou la boutique d’un ferblantier, elle verra, aposées sur des vitrines sales, des affiches “second hand shop” ou “à louer”. Dans beaucoup de quartiers, elle constatera un nombre impressionnant d’immeubles vides ou de nouveaux terrains vagues.

Ce n’est pas la nature qui revient dans la ville. Ce n’est pas la verte fraîcheur de gras pâturages que captent ses yeux, ni la grande variété de verts des arbustes de nos latitudes ni les couronnes majestueuses de nos feuillus, mais les affres d’un dé­sert qui ne cesse plus de croître. Emplacements vides et rues devenues inutiles, chienlit luxuriante et mauvaises herbes défi­gurent de plus en plus les villes. Ces espaces vides constituent un “no-man’s-land” qui ne relève plus de la nature vierge ni de la civilisation urbaine. Plus personne n’est responsable de l’aménagement de ces espaces. Le désert croît…

La zone piétonnière d’une grande ville du Sud de l’Allemagne a été naguère partagée en deux morceaux par le tracé d’un grand axe de circulation. Récemment, on a décidé d’inclure cet axe dans la zone piétonnière et, en quelque sorte, de la réunifier. On n’a pas obtenu l’effet attendu. On n’a pas vu un flot humain se déverser sur l’asphalte libéré de cet ancien axe de communica­tion. Au contraire. Les deux moitiés de la zone piétonnière ne se sont pas resoudées. Leur séparation est devenue plus visible. L’ancienne chaussée traverse le quartier, mais elle est morte, elle marque la zone d’un trait net, comme si elle était une cica­trice permanente. C’est comme si les deux moitiés de la zone piétonnière ne recelaient plus en elles-mêmes la force de sur­monter la bande d’espace vidé qu’il y a désormais entre elles. La foule bigarrée des chalands et des badauds n’a pas envahi la rue. Un espace mort et béant s’est instauré en plein milieu du tissu urbain. Dans les rues latérales, les boutiques ont désor­mais les volets baissés: “liquidation totale”, “à louer”, etc. proclament laconiquement les affiches.

Les limites de la civilisation urbaine

La civilisation urbaine a atteint les limites de son expansion en Allemagne aujourd’hui. Cette civilisation se comporte comme un empire qui exécute son dernier baroud et recule une dernière fois ses frontières en conquérant un territoire étranger mais sans plus avoir la force de le peupler et de s’en emparer réellement. Cette civilisation n’est pourtant pas prête d’avouer son échec, de renoncer à ses avant-postes. Elle maintient l’illusion et fait croire que la vie réelle s’épanouit encore en son sein.

Quand disparait la volonté politique de donner une forme précise à l’ensemble de l’espace urbain, des îlots de chaos apparais­sent partout. Toute rue soustraite à la circulation devient, après quelque temps, un parking d’autos. Cela signifie qu’un système d’organisation supérieur (la circulation) cède le pas à un système d’organisation inférieur (le parquage). Lorsque je parle de “système d’organisation supérieur”, il s’agit tout simplement d’un système qui réclame une plus forte consommation d’énergie, qui mobilise plus d’intelligence pour sa gestion, qui postule une réglementaton plus sophistiquée pour se maintenir à flot. Arnold Gehlen écrivait: «Dans le déclin, les mouvements sont toujours naturels et parfaitement prévisibles; à l’ère de la grandeur, les mouvements sont plus exigents, plus catégoriques, réclament plus d’énergie, sont marqués par davantage d’improbabilité. On peut dès lors prévoir le chaos, à l’instar des plus anciens mythes de l’humanité, et ce chaos est toujours “naturel” dans la pensée mythologique; en revanche, le cosmos, lui, est divin et risqué».

Lorsque les boutiques des commerçants et des artisans sont remplacées par des échopes de soldeurs de tous poils, qui ven­dent des marchandises de seconde main, des vieux stocks, des objets de mauvaise qualité voire des biens volés et stockés en recel, c’est que la volonté de produire disparait. L’économie n’est plus productrice, elle retombe au niveau d’un marché aux puces. On n’a plus la volonté de fabriquer du neuf, d’innover, on se contente de recycler du vieux. On vit sur ses stocks.

Une culture du recyclage…

La “culture du recyclage”, motivée par l’écologie, jette une ombre sinistre sur la vie de nos villes, qui devrait être efferves­cente, innovante, animée et bigarrée. Bien sûr, le recyclage est une nécessité, car il faut mettre un frein à cette désastreuse manie de jeter sans réfléchir nos déchets à tous vents. C’est vrai, il faut économiser les ressources de la planète qui ne sont pas renouvelables. Mais il y a le revers de la médaille. Si l’on consacre ses énergies à trier des ordures et à récupérer des déchets, on génère une “conscience-déchet”, qui tire gloire non pas d’avoir créé quelque chose de grand mais d’avoir sauvé vaille que vaille quelque chose de petit.

L’atmosphère moisie qui se dégage du vieux fourbis des magasins d’objets de seconde main, la lumière glauque de ces no-man’s-lands urbains dans les villes qui se sont déconnectées du processus de civilisation, le spectacle d’une nature elle-même dénaturée nous conduisent aujourd’hui à une bien triste grisaille, qui étouffe les élans, paralyse les volontés. Abrutis de discours ineptes, plongés dans un monde en déclin, dans le laisser-aller, dans des tissus urbains qui échappent à toute forme, nos contemporains perdent la faculté d’imaginer de la nouveauté, perdent la volonté de prendre des initiatives.

Ordre et propreté constituent l’apport à la civilisation des petites gens. S’il est de bon ton de s’en moquer lors des vernissages d’artistes branchés, dans les séminaires des penseurs en chambre et dans les rédactions des journaux à la page, s’il est “smart” de dire qu’il s’agit de manies petites-bourgeoises, si les vertus tranquilles des citoyens sans histoire excitent la verve des pédants, finalement, dans un premier temps, ces petites gens ne s’en soucient guère et poursuivent leurs tâches quoti­diennes. Mais quand les tirades des pédants se répètent à satiété, le socle de la civilisation devient poreux, les idéologèmes de l’ensauvagement s’insinuent dans le système de valeurs du plus grand nombre. Et quand les premiers signes du désordre, du chaos, de l’encrassement et du recul des formes s’installent au cœur du paysage urbain, ils commencent par susciter très naturellement des sentiments de rejet et de dégoût, puis, on finit par s’y habituer et par ne plus voir la progression inéxorable de ces signes très tangibles du déclin. Pourquoi devrions-nous encore nous soumettre à une discipline? Il est plus simple et plus commode de laisser aller le cours des choses.

Nos populations rejettent d’ores et déjà le fardeau de la culture, parce que les normes se sont progressivement effilochées et ce qu’il en reste ne recèle plus aucune signification mobilisante. Tout nous est égal, tout nous apparait dépourvu de sens. Dans cette atmosphère de déclin, la foi en l’avenir se perd et le cercle vicieux du nihilisme s’enclenche. Notre culture vit son cré­puscule. Nous le voyons dans nos villes. Le désert croît.

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lundi, 04 février 2008

En canot sur les chemins d'eau du roi

En canot sur les chemins d’eau du roi

par Ivan de Duve

(Article paru dans Le Libre Journal de la France Courtoise du 17 novembre 2005 et, sur le Web, dans le site Les manants du roi)

(Ivan de Duve, 11 nov 05) - Un nouveau Raspail est toujours un événement qui nous ravit, nous Patagons. Celui-ci est un grand Raspail et Raspail étant un véritable terroir de la doulce France, l’on peut dire sans exagérer qu’il s’agit d’un cru fameux. Jean Raspail se souvient à 79 ans du Jean qu’il était à 24 ans, en 1949, lorsque, avec trois autres scouts, formant l’équipe Marquette, lui et Philippe Andrieu à bord du canot Huard, Jacques Boucharlat et Yves Kerbendeau à bord du canot Griffon, il réalise le rêve de descendre en canots du Québec à La Nouvelle-Orléans. Des Français les ont précédés sur ces chemins d’eau du roi connu sous le nom de Louis XIV, Roi-Soleil d’un siècle exceptionnel comme l’a nommé si joliment notre ami Jean-Jacques Henri de Bourbon-Parme, roi au nom duquel Cavelier de La Salle prend possession (…) de ce pays de Louisiane (…) acte de naissance de l’Amérique française. L’acte de décès suivra vite. Il ne s’en faudra que de quatre-vingt-dix ans.

C’est le Suisse Nicolas Bouvier (1929-1998) qui m’a ouvert le monde des écrivains-voyageurs qui écrivait Si on ne laisse pas au voyage le droit de nous détruire un peu, autant rester chez soi et, quelques mois avant son décès, Désormais c’est dans un autre ailleurs / qui ne dit pas son nom / dans d’autres souffles et d’autres plaines / qu’il te faudra / plus léger que boule de charbon / disparaître en silence.

Après lui, le Jean Raspail de Secouons le cocotier et de Punch Caraïbe avait suivi la voie qui n’était pas encore royale.

Aujourd’hui Jean Raspail, au sommet de son art, nous fait revivre non seulement son aventure en Amérique mais l’aventure de l’Amérique française. Au long de ces pages, nous passons avec ravissement du 17ème siècle, à l’année 1949 et aux temps présents. Le père Marquette et Louis Joliet ont ouvert la voie, Jean Raspail l’a refermée.

Il annonce la couleur : J’en conviens, c’était un jeu, mais tout jeu de symbole, à l’exemple des enfants, se doit d’être joué sérieusement. J’ai souvent joué à ces jeux au cours de mon existence, du Pérou des Incas à la Patagonie. Je me demande si ce n’est pas, justement, en jouant de cette façon-là que le 21 janvier 1993, bicentenaire de la mort de Louis XVI, j’avais rameuté trente mille personnes à l’emplacement de l’échafaud, devant le Crillon, place de la Concorde, à dix heures vingt-trois, heure précise où tomba la tête du roi, les prières de la foule s’envolant au-dessus d’un océan de voitures bloquées, la chaussée jonchée de bouquets de lys blancs. Quand les convictions tournent à vide parce qu’on est débordé de toutes parts et qu’on ne distingue plus aucun moyen de les voir un jour s’imposer, il faut les habiller d’attitudes tranchées. Cela est un jeu… (…) Il en est des rites comme des jeux, on s’y applique sérieusement ou pas du tout, faute de quoi cela n’a pas de sens et on a salopé quelque chose, un rêve d’enfant, une étincelle de sacré.

L’abbé Tessier lui avait dit : C’est égal, mais en vous regardant vous débattre comme des mangeurs de lard avec vos canots le jour où vous êtes partis, je n’aurais pas misé une piastre sur vous. J’avoue que j’aurais quant à moi volontiers misé un peso patagon, oh, oui !

Raspail connaît l’histoire :
Et le canot, donc !
Les brigades des compagnies de la Fourrure, de Montréal et de Trois-Rivières, les embarcations des missionnaires, des marchands, des colons, naviguèrent sur les chemins d’eau jusqu’à la moitié de XIXe siècle, jusqu’à ce qu’un autre chemin, celui du Canadian Pacific Railway, souvent parallèle aux fleuves et rivières, n’envoie définitivement les canots, la « civilisation du canot », au pourrissement et à l’oubli. L’épopée avait tout de même duré deux cent et trente années.

Quant aux Français, sous le commandement de Cavelier de La Salle, Isolés à des milliers de kilomètres de leur base et de plus loin encore de leur patrie, ils ont conquis l’immensité.

Nos quatre scouts de France continuent leur périple : Souvent, nous scrutions l’eau, silencieux, mais rien n’apparaissait jamais, seulement le reflet de notre imagination. Nous avions cent cinquante ans de retard, et ce retard ne pouvait se combler. (…) La rivière nous appartenait. Depuis les voyageurs elle n’avait pas changé. « Griffon » et « Huard » naviguaient de conserve : une petite brigade attardée qui prenait le courant en plein dans le nez mais qui s’en sortait fort bien. (…) Il y fallait une certaine ambiance rare, la plénitude, l’isolement, l’élan religieux jubilatoire qui se dégage d’un environnement naturel et vrai, comme si le monde venait d’être crée, le sentiment presque monastique de s’échapper de l’univers réel et d’être mis en la présence de Dieu. (…) à la poursuite d’un royaume qu’en fait ils portaient en eux. (…) Sur le moment, nous n’avons pas pensé à sainte Anne. Sans doute veillait-elle en permanence(…) Sainte Anne, ma patronne ! Émouvant !

Comme est émouvant le père Allouez quand il évoque Louis XIV devant les sauvages d’Amérique Le grand capitaine, que nous nommons notre roi, vit par-delà les mers. C’est le capitaine de tous les capitaines et il n’a pas son égal dans le monde.

Mais Raspail revient à sa randonnée : Nous avironnions furieusement, les dents serrées, sans un mot, sans une pensée, l’œil rivé à l’île Mackinac qui grossissait peu à peu, mais si lentement, au-dessus de l’horizon.

Quant aux descendants de tant de peuples européens en Amérique, des Français, ils n’avaient rien hérité, ni la langue, ni l’histoire, ni les façons, ni l’élégant détachement des biens matériels et encore moins leur inclination fraternelle à l’égard des populations indiennes.

Et parlant de sa petite équipe : j’ai dit que nous étions des messagers, des passeurs sur les chemins d’eau du roi de France entre autrefois et aujourd’hui…
Et revenant à Cavelier de La Salle : Il s’était retiré dans sa cabine pour méditer furieusement sur la médiocrité humaine. Que d’affinités électives ! Un siècle plus tard, Goethe écrivait à Schiller : Il ne m’est jamais arrivé, dans le cours de mon existence, de rencontrer… un bonheur inespéré, un bien que je n’aie dû conquérir de haute lutte. Raspail aurait pu écrire cette lettre. Quand je vous disais qu’il est au sommet de son art. Je ne peux qu’ajouter qu’il est aussi au sommet de sa race… Nous étions des messagers, des passeurs de mémoire sur les chemins d’eau… Le père Jacques Marquette et Louis Joliet ? Ils avaient ouvert la route. Nous la fermions. (…) J’étais l’un d’entre eux. Je veillais aux frontières oubliées. Et, plus loin : Un nombre infini de Français se sentent sudistes. Ils savent qu’en réalité, ce n’était pas pour maintenir l’esclavage que tout le Sud se battait, mais pour défendre, face aux Yankees, une patrie charnelle qui tenait à l’âme autant qu’à la terre, un style de vie, une façon d’être et d’envisager le bonheur, des usages, une certaine urbanité partagée par toutes les classes de la société. Nous étions sudistes, nous aussi. On ne peut être plus clair et ce ne sont ni Maurice Bardèche (Sparte et les sudistes) ni Dominique Venner (Gettysburg) qui diraient autrement.

La conclusion de Jean Raspail est criante de vérité : On a passé là d’excellents moments, flottant entre le XVIIe et le XXe siècle. C’est exactement cela que son aventure d’Amérique nous offre : d’excellents moments, flottant entre le XVIIe et le XXe siècle.

Un merveilleux livre d’aventure où se rejoignent passé et présent. Un monument de mémoire. Merci Jean Raspail d’avoir su si bien exprimer ce que nous ressentons.

Jean Raspail, En canot sur les chemins d’eau du roi, Albin Michel, 352 p., novembre 2005.
ISBN 2-226-16824-9

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The Next Radicalism

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The Next Radicalism: Rightism without Jingoism - Leftism without Political Correctness:

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