vendredi, 29 mars 2024
Confrontation avec la Russie: la réalité impose des limites
Confrontation avec la Russie : la réalité impose des limites
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27733-piccole-note-il-confronto-con-la-russia-la-realta-impone-limiti.html
Gel des avoirs russes, fiabilité des banques occidentales en jeu. Les appels de Borrell
Les annonces grandiloquentes des dirigeants occidentaux et les prétendus succès ukrainiens se heurtent souvent à la réalité. Ainsi, la proposition d'utiliser les intérêts accumulés par les avoirs russes gelés en Occident pour aider l'Ukraine - plus de trois milliards d'euros par an - a suscité une frénésie qui a empêché son approbation, du moins pour l'instant.
La raison est simple et Reuters l'écrit, expliquant que plusieurs banques ont averti les dirigeants de l'UE qu'elles craignaient des représailles de la part de la Russie, mais surtout que la décision pourrait conduire à "une érosion plus large de la confiance dans le système bancaire occidental".
Le danger est évident : les pays qui ont confié leur argent à ces banques ne peuvent que s'alarmer. Leurs avoirs pourraient subir le même sort en cas de collision avec l'Occident. Ils risquent de les retirer et de les diriger vers des banques plus fiables.
En ce qui concerne les succès ukrainiens, une autre question cruciale se pose. Alors que ses forces sont écrasées sur la ligne de front, Kiev tente de remporter des succès tactiques qu'il peut exhiber au monde, et en particulier à ses alliés, pour signaler qu'il est encore capable de blesser l'ennemi et que la guerre n'est donc pas encore perdue.
Incursions en territoire russe et sur le front de la mer Noire
Les Ukrainiens tentent d'obtenir ces succès de trois manières. Tout d'abord, les attaques terrestres, par infiltration, en territoire russe, qui semblent toutefois limitées à ce jour.
En effet, elles ont été menées pour la première fois dans la période précédant la déclaration de Prigojine, dans le but de créer une bulle d'instabilité qui favoriserait leur action. Une fois la parenthèse Prigojine refermée, ils se sont essoufflés, pour reprendre avant les élections russes, pour tenter d'attiser la peur qu'ils se répercutent dans les urnes (c'est bizarre, mais c'est une méthodologie propre au terrorisme). Là encore, elles n'ont pas eu l'effet escompté et, à l'heure actuelle, les opérations sont au point mort.
Il s'agit d'actions sophistiquées, qui coûtent cher en termes de renseignement et, surtout, qui envoient des éléments d'élite à une mort plus ou moins certaine. D'où la nécessité d'un dosage judicieux.
L'autre front sur lequel Kiev se concentre est celui de la mer Noire, où ses actions ont d'ailleurs connu un certain succès, puisqu'elles ont permis de couler ou d'endommager quelques navires ennemis. A tel point que le Kremlin a dû se mettre à l'abri en remplaçant le commandant de la marine, l'amiral Nikolai Yevmenov.
Cela dit, il faut souligner un détail non négligeable: il y a longtemps qu'il n'y a pas eu d'attaques contre le port de Sébastopol, qui se sont produites au début du conflit et qui étaient beaucoup plus incisives, même sur le plan symbolique, que celles contre les navires.
Il n'en reste pas moins que l'action ukrainienne a rendu les eaux de la mer Noire peu sûres pour les Russes. En revanche, sur le terrain, elle peut bénéficier du soutien non dissimulé de l'OTAN qui, contrairement à celui déployé sur le champ de bataille ukrainien, reste hors de portée des missiles russes.
Attaques contre l'infrastructure énergétique russe
L'autre direction sur laquelle Kiev se concentre est celle des attaques à l'intérieur du territoire russe, soit par sabotage, soit par des attaques de drones et de missiles à longue portée. La cible privilégiée de ces attaques est constituée par les lignes de production et de distribution d'énergie russes. Sur ce front, elles semblent avoir remporté un certain succès, Moscou ayant été contrainte d'admettre la perte de 600.000 barils de pétrole.
Mais, selon le Financial Times, les Américains auraient demandé aux Ukrainiens de renoncer à de telles opérations, car ils craignent une hausse des prix de l'énergie, ce qui, en cette année électorale, serait désastreux pour la fortune de Joe Biden.
La chose a été confirmée par le gouvernement ukrainien qui, par la bouche d'Olga Stefanishina, vice-premier ministre, a déclaré qu'il s'agissait d'"objectifs légitimes", rejetant ainsi la demande de Washington.
Il est probable que les choses se soient déroulées différemment de ce que rapporte le FT, c'est-à-dire que les Russes ont informé les États, avec lesquels ils restent en communication sous le radar, qu'ils n'étaient plus disposés à tolérer de telles attaques, qui ne sont possibles que grâce à l'armement et aux renseignements de l'OTAN. Et ils ont menacé de riposter, d'où la pression américaine.
Au-delà des possibles coulisses, il reste que le refus de Kiev explique pourquoi Moscou a attaqué hier l'infrastructure énergétique de l'Ukraine à une échelle aussi massive. Il s'agissait d'un signal fort, destiné à persuader les ennemis récalcitrants de suivre des conseils plus cléments et de reconnaître la réalité. Jusqu'à présent, Moscou a évité de se déchaîner contre ces infrastructures, se limitant à des coups de fleuret, mais elle pourrait changer d'avis et brandir l'épée.
Telle est la dynamique complexe de la guerre en Ukraine, qui se développe à différents niveaux et donne lieu à des compromis continus entre les parties, où l'OTAN joue un rôle important, voire décisif.
L'option de l'apocalypse reste en suspens
En ce qui concerne l'OTAN, l'option de l'apocalypse, c'est-à-dire la possibilité pour l'Europe d'envoyer des troupes avec des risques très élevés de conflit mondial, reste d'actualité. Le sursaut musculaire de Macron, et d'autres avec lui, n'est pas totalement retombé, malgré les craintes et les réactions négatives (tout récemment, le chef du Comité militaire de l'OTAN, l'amiral Rob Bauer, s'est lui aussi lancé dans cet exercice, selon lequel l'OTAN est prête pour un conflit avec la Russie),
Sur ce point, le ministre des affaires étrangères de l'UE, Josep Borrell, s'est exprimé, appelant à ne pas déclencher de fausses alertes et réaffirmant que l'Europe se contenterait de soutenir Kiev de l'extérieur. Il n'est pas à l'ordre du jour d'aller mourir pour le Donbass", a-t-il conclu.
Précision importante, puisqu'il a évoqué la fameuse question : "Mourir pour Dantzig ?", qui a résonné en Europe au début de la Seconde Guerre mondiale. Borrell s'est ainsi voulu rassurant, tout en rappelant les risques encourus.
Une ambiguïté qui contraste avec "l'ambiguïté stratégique" revendiquée par Macron dans son vague défi à Moscou. Dans les intentions du président transalpin, une telle ambiguïté, brandissant l'impensable, c'est-à-dire la guerre à grande échelle jusqu'à l'affrontement nucléaire, devrait convaincre l'ennemi de reculer.
En réalité, une certaine clarté est nécessaire dans les périodes sombres ; l'ambiguïté ne fait qu'épaissir les ténèbres. Qu'il en soit ainsi.
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Campagne Ukraine: les déclarations (inquiétantes) du chef d'état-major français
Campagne Ukraine: les déclarations (inquiétantes) du chef d'état-major français
par Giuseppe Masala
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27735-giuseppe-masala-la-campagna-d-ucraina-le-dichiarazioni-inquietanti-del-capo-di-stato-maggiore-francese.html
Malgré la levée de boucliers de nombreuses capitales européennes suite aux propos de Macron, qui a émis l'hypothèse d'une intervention terrestre dans le conflit ukrainien par l'OTAN, ou par une coalition de volontaires dirigée par la France elle-même, des rumeurs continuent d'arriver de Paris sur les préparatifs de la Campagne d'Ukraine.
L'intervention du chef d'état-major de l'armée de terre française, Pierre Schill, dans le journal Le Monde, est particulièrement pertinente à cet égard : "L'armée française est prête. Quelle que soit l'évolution de la situation internationale, les Français peuvent être sûrs que leurs soldats réagiront rapidement. Pour se prémunir contre les attaques et protéger les intérêts nationaux, l'armée française se prépare aux combats les plus difficiles".
C'est une véritable déclaration d'intention qu'exprime le général dans le journal le plus prestigieux de France. Un signe que le moment doit être considéré comme solennel et que le peuple doit se préparer ; après tout, les propres déclarations de Macron avaient la même intention évidente. Le général conclut d'ailleurs en reprenant un autre concept fondamental exprimé par Macron: "L'enjeu est de faire en sorte que la force dont font preuve les troupes françaises inverse la tendance afin de dissuader les attaques contre la France".
Elle s'appuie pour sa défense sur son arsenal nucléaire, ainsi que sur une armée entraînée et compatible avec les armées de ses alliés, notamment en Europe". Ici aussi, le général réitère un concept fondamental déjà exprimé par Macron, presque comme pour souligner que ce que le président a déjà dit ne doit pas être considéré comme mal exprimé: les armes nucléaires de la France couvrent uniquement et exclusivement le territoire français, garantissant, en cas de menace, des représailles qui dissuaderont quiconque d'une attaque. Une déclaration lue à contre-jour n'a qu'une seule interprétation: les autres pays européens (à l'exception de la Grande-Bretagne) sont dépourvus de parapluie nucléaire défensif, de sorte que quiconque le souhaite peut en principe frapper leur territoire sans risquer grand-chose. A moins que l'on veuille croire à un bouclier nucléaire garanti par les Etats-Unis, mais il faudrait être vraiment naïf pour croire que quelqu'un à la Maison Blanche et au Pentagone prendrait le risque de voir des villes comme New York, Chicago ou Los Angeles frappées par des engins nucléaires afin de garantir des représailles en cas d'attaque nucléaire sur Berlin, Varsovie ou Rome.
Un concept d'ailleurs bien compris par le vieux Romano Prodi qui a immédiatement lancé un appel public à la France: "Je le répète : l'Europe a besoin d'une politique étrangère et d'une défense communes. Et en ce qui concerne cette dernière, la France, qui détient la bombe atomique, a une plus grande responsabilité et un leadership naturel, mais elle devra se dépêcher de mettre l'arme nucléaire à la disposition de l'Europe, compte tenu de l'augmentation des dépenses militaires allemandes". On notera la finesse du vieux renard des chancelleries européennes: Prodi insiste sur l'augmentation des dépenses militaires allemandes, qui manifestement, selon l'ancien Premier ministre, rendra l'Allemagne militairement autonome en fermant la fenêtre d'opportunité pour que Paris prenne le leadership européen.
Cependant, le déclenchement du mécanisme pervers des préparatifs de guerre est démontré par d'autres déclarations importantes comme celles du chef d'état-major adjoint de l'armée polonaise, Karol Dymanowski (photo), qui a déclaré à un journal polonais: "Avant, il y avait 40.000 soldats prêts à devenir un bouclier de l'OTAN, et maintenant, il y en a déjà 300.000 de disponibles. Ces soldats arriveront dans le pays non pas après le début de la guerre, mais avant". Le général polonais prévient que la préparation du conflit a déjà largement commencé avec le déplacement d'un très grand nombre de troupes en Pologne (auxquelles s'ajoutent celles de la péninsule scandinave, des pays baltes, de la Roumanie, de la Moldavie et des autres pays limitrophes de l'Ukraine, de la Russie et de la Biélorussie): des préparatifs d'ailleurs dûment camouflés par les habituels exercices militaires qui permettent de déplacer des troupes sans trop alarmer les populations civiles. Les Russes ont utilisé cette tactique dans les mois qui ont précédé l'attaque de l'Ukraine, et l'Occident l'utilise maintenant en massant des troupes et du matériel sur le flanc oriental de l'OTAN, à la frontière russe.
Ce que l'on appelle le "build-up" n'est cependant pas seulement lié à la construction du dispositif militaire au sens strict, mais aussi à la construction des infrastructures nécessaires à son fonctionnement optimal. En effet, nous venons d'apprendre que la plus grande base de l'OTAN en Europe est en cours de construction en Roumanie. Il s'agit de la 57e base aérienne "Mihail Kogalniceanu" de Constanta qui, grâce à des travaux d'agrandissement colossaux (pour la modique somme de 2,5 milliards de dollars), s'apprête à devenir la plus grande base de l'OTAN en Europe, taillée sur mesure, selon les experts, pour la guerre contre Moscou.
Il ne semble pas exagéré de définir la Roumanie comme un véritable bastion de l'OTAN tourné contre Moscou. Cette affirmation est également valable si l'on considère que la base militaire de Deveselu, dans le sud de la Roumanie, qui abrite le système de défense antimissile balistique Aegis Ashore de la marine américaine, a également été achevée. En ce qui concerne ce système d'armement, les responsables russes avertissent depuis des années que les systèmes de lancement vertical MK-41 de la base pourraient facilement être calibrés pour lancer des missiles de croisière Tomahawk vers la Russie.
Mais dans la péninsule scandinave et dans les pays baltes également, le renforcement militaire est largement en cours, tout comme le concert de déclarations d'hommes politiques qui tendent à créer cet effet de grenouille ébouillantée qui habitue l'opinion publique à l'inévitabilité de la guerre. Tout d'abord, la Finlande et la Suède ont officiellement adhéré à l'OTAN, autorisant le déploiement de troupes et de véhicules des pays de l'Alliance atlantique sur leur territoire national. D'autre part, les déclarations russophobes d'hommes politiques locaux se sont multipliées, à l'instar du président réélu du Parlement finlandais, Jussi Halla-aho, qui a déclaré que tuer des soldats russes était "juste et nécessaire". Sans parler de la ministre finlandaise des affaires étrangères, Elina Valtonen, qui a déclaré qu'elle ne pouvait exclure l'envoi de troupes en Ukraine.
Enfin, il convient de mentionner qu'au sein de l'Union européenne, les déclarations se succèdent sur la nécessité de convertir l'appareil de production européen au statut d'économie de guerre. Les déclarations du président du Conseil européen, le Belge Charles Michel, qui, imitant Mario Draghi, a déclaré qu'il fallait faire "tout ce qu'il faut" pour éviter une victoire russe, sont à cet égard significatives.
Si l'on additionne toutes ces déclarations et surtout les actes politiques et administratifs qui en découlent, il est vraiment difficile de ne pas voir le cadre qui nous conduit pas à pas vers un conflit direct avec la Russie. Alors bien sûr, on peut toujours espérer qu'il s'agit d'une simple escarmouche pour une meilleure place à la table de paix. Mais, dans l'état actuel des choses, il faut être optimiste pour y croire.
Qui est Giuseppe Masala?
Giuseppe Masala est né en Sardaigne en 25 Avanti Google, il est diplômé en économie et s'est spécialisé dans la "finance éthique". Il cultive deux passions, la langue python et la littérature. Il a publié le roman (qui, selon ses ambitions, devrait être le premier d'une trilogie) "Una semplice formalità", lauréat de la troisième édition du prix littéraire "Città di Dolianova" et également publié en France sous le titre "Une simple formalité", ainsi qu'une nouvelle "Therachia, breve storia di una parola infame", publiée dans un recueil par Historica Edizioni. Il se déclare cybermarxiste, mais comme Leonardo Sciascia, il pense qu'"il n'y a pas d'échappatoire à Dieu, ce n'est pas possible. L'exode de Dieu est une marche vers Dieu".
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mercredi, 27 mars 2024
L'Europe de Brzezinski est née
L'Europe de Brzezinski est née
par Fabrizio Bertolami
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27724-fabr...
La configuration envisagée par la rencontre entre Macron, Scholz et Tusk était déjà l'un des points centraux de la stratégie énoncée par Zbignew Brzezinski dans son célèbre essai de 1997 intitulé "Le grand échiquier", dans lequel il affirmait que l'Ukraine devait adhérer à l'OTAN et à l'UE, dessinant ainsi un scénario géopolitique totalement nouveau, différent à la fois du scénario "méditerranéen" (France, Allemagne, Italie) et du scénario "carolingien" (France, Allemagne, Benelux) dans lequel la France, l'Allemagne, la Pologne et l'Ukraine forment un bloc capable d'intégrer les trois nations les plus peuplées du continent et en même temps capable de se consolider jusqu'aux frontières de la Russie.
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Le 15 mars à Berlin, lors d'une réunion à trois, le président français Macron, le chancelier allemand Scholz et le Premier ministre polonais nouvellement élu Tusk ont signé un accord visant à fournir un soutien conjoint en matière d'armement à l'Ukraine.
"Nous utiliserons les bénéfices des actifs russes gelés en Europe pour soutenir financièrement les achats d'armes pour l'Ukraine", a déclaré Scholz, énumérant les efforts de l'UE pour accroître le soutien à Kiev.
La réunion fait suite à certaines déclarations du président français sur la possibilité d'envoyer des troupes occidentales en Ukraine, bien que certains pays comme l'Italie aient rapidement souligné qu'ils n'enverraient pas de soldats car "nous ne sommes pas en guerre avec la Russie", comme l'a déclaré le ministre italien des affaires étrangères, M. Tajani.
En effet, lors d'une interview à la télévision nationale française, M. Macron a déclaré qu'une victoire russe en Ukraine "réduirait la crédibilité de l'Europe à zéro" et signifierait que "nous n'avons pas de sécurité", ajoutant que la sécurité du continent est "en jeu" dans le conflit qui, selon lui, "est existentiel pour notre Europe et pour la France et si la situation s'aggrave, nous serions prêts à faire en sorte que la Russie ne gagne jamais cette guerre".
L'accord tripartite comprend un engagement commun à fournir de l'armement à Kiev et n'envisage pas, pour l'instant, l'envoi de troupes des trois pays sur le terrain. La France, comparée aux deux autres partenaires, a jusqu'à présent envoyé moins d'armes et fourni moins de fonds, ce qui impose probablement à Macron la nécessité de changer de rythme, mais certains analystes suggèrent que la raison pourrait être géoéconomique et étroitement liée à la possibilité que l'Ukraine perde son accès à la mer.
Selon le journal français Le Monde, "le cabinet de M. Macron a expliqué que l'objectif était de restaurer l'ambiguïté stratégique de l'Occident. Après l'échec de la contre-offensive ukrainienne en 2023, le président français estime que promettre des dizaines de milliards d'euros d'aide et fournir - tardivement - des équipements militaires à Kiev ne suffisent plus. Surtout si Poutine est convaincu que "l'Occident a définitivement exclu de mobiliser ses forces".
Ce nouveau schéma d'alliances, qui exclut les nations méditerranéennes au détriment de celles de l'Europe du Nord et de l'Est, était déjà l'un des points centraux de la stratégie énoncée par Zbignew Brzezinski dans son célèbre ouvrage intitulé "Le grand échiquier" de 1997, dans lequel il affirmait que l'Ukraine devait rejoindre l'OTAN et l'UE, dessinant ainsi un scénario géopolitique totalement inédit, différent du scénario "méditerranéen" (France, Allemagne, Italie) et du scénario "carolingien" (France, Allemagne, Benelux) dans lequel la France, l'Allemagne, la Pologne et l'Ukraine forment un bloc capable d'intégrer les trois nations les plus peuplées du continent et, en même temps, de se consolider aux frontières de la Russie.
Lors d'une conférence de presse tenue le 4 mars, l'ancien président russe Medvedev a présenté une carte montrant une possible disposition de l'Ukraine après la guerre, dans laquelle tout l'est et le sud deviendraient russes, tandis que l'ouest serait divisé entre la Pologne, la Hongrie et la Roumanie. Cette carte se fonde en partie sur le passé historique de la région ukrainienne, qui a été attribuée pendant des siècles aux quatre nations contiguës : la région située à l'ouest, qui comprend la Galicie, puis Lvov/Lemberg et Ivano-Frankivsk, a fait partie intégrante de la Pologne jusqu'en 1772, puis est passée à l'empire des Habsbourg après le premier partage de la Pologne et connaît toujours la présence d'une importante minorité ethnique polonaise. Toujours à l'ouest, la région connue sous le nom de Transcarpathie faisait partie intégrante de la Grande Hongrie depuis sa semi-indépendance au temps des Habsbourg jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. La région riveraine a été russe pendant des siècles, Odessa ayant été fondée en 1794 par l'impératrice Catherine, et à ce jour, la proportion de la population russophone dans la région est légèrement supérieure à 40 %. Les régions du Donbass, de la Crimée et, d'une manière générale, celles situées à l'est du Dniepr étaient des protectorats russes depuis leur création jusqu'à la naissance de l'Union soviétique, lorsqu'elles ont été cédées à ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom d'Ukraine.
Malgré le partage de région de l'Ouest en faveur des nations susmentionnées, c'est probablement la conquête par la Russie du littoral ukrainien qui effraie le plus le président français, car elle supprimerait simultanément l'accès de Kiev à la mer et empêcherait la création de la zone connue sous le nom de "Trimarium", qui s'étend de la mer Baltique à la mer Noire, en passant par la Méditerranée orientale ; la première éventualité empêcherait l'Ukraine de faire usage du droit d'inviter des navires militaires d'autres nations, comme le prévoit la convention de Montreaux de 1936, qui réglemente également l'accès à la mer Noire par les détroits du Bosphore et des Dardanelles, et l'empêcherait totalement d'accéder aux voies maritimes pour exporter sa production de blé, dont elle est l'un des plus grands producteurs mondiaux.
Ce classement particulier est aujourd'hui dominé par l'Australie, la Russie se situant en cinquième position et, comme le montrent les chiffres ci-dessous, la somme des exportations russes et ukrainiennes dépasserait le quota français, ce qui entraînerait la possibilité d'une concurrence pour la fixation des prix des céréales, précisément en faveur des Russes.
- Australie : 10,2 milliards de dollars (15,4 % du total des exportations mondiales de blé)
- États-Unis : 8,52 milliards de dollars (12,9 %)
- Canada : 7,9 milliards de dollars (12%)
- France : 7,4 milliards de dollars (11,2 %)
- Russie : 6,8 milliards de dollars (10,3 %)
- Argentine : 3,1 milliards de dollars (4,7 %)
- Ukraine : 2,7 milliards de dollars (4 %)
L'éventualité que le projet "Trimarium" ne se concrétise pas aurait également une incidence sur la possibilité de fermer l'accès maritime à la Russie, tant au nord (mer Baltique) qu'au sud (Méditerranée, via la mer Noire). Il n'est un secret pour personne que la défense de la Crimée, d'où la prompte intervention russe en 2014 suivie du référendum sur l'annexion organisé de la péninsule, est la principale préoccupation russe, compte tenu de la présence de la flotte militaire de Moscou et de la possibilité d'atteindre la Méditerranée et les côtes d'Afrique du Nord, et en particulier la Syrie où se trouve, à Tartous, la seule base navale russe en dehors de ses frontières.
Sources :
https://www.politico.eu/article/emmanuel-macron-olaf-scho...
https://www.elpais.cr/2024/03/15/scholz-macron-y-tusk-com...
https://www.reuters.com/world/europe/scholz-macron-tusk-s...
https://simplicius76.substack.com/p/sitrep-3724-macron-ra...
https://www.themoscowtimes.com/2024/01/11/putin-says-ukra...
https://www.lemonde.fr/en/france/article/2024/03/14/macro...
https://www.repubblica.it/esteri/2024/03/04/news/mappa_me...
https://it.wikipedia.org/wiki/Convenzione_di_Montreux
https://www.worldstopexports.com/wheat-exports-country/?e...
https://comedonchisciotte.org/quando-brzezinski-ordino-al...
21:03 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : zbigniew brzezinski, trimarium, europe, affaires européennes, ukraine, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 24 mars 2024
L’Europe est-elle "une puissance herbivore" dans un monde de "puissances carnivores"?
L’Europe est-elle "une puissance herbivore" dans un monde de "puissances carnivores"?
Irnerio Seminatore
TABLE DES MATIERES
- Introduction
- L’Europe, « puissance herbivore »
- E. Macron et l’envoi de troupes au sol
- Le monde de demain et les forces centripètes
- La France, la diplomatie et la prospective stratégique.
- Répercussions stratégiques de la guerre d’Ukraine aux Etats-Unis
- Problèmes régionaux et « Balance Mondiale »
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Introduction
Le déterminisme des forces historiques, dont chaque collectivité a une connaissance différente selon les lieux et selon les époques, s’exprime ici en deux parties du même texte qui ont pour objet deux formes d’engagement, européen et mondial. Pour le premier, l’intention de l’auteur vise à éclairer, par une forme de paradoxe, celui de l’Europe « puissance herbivore », les traits du pouvoir qui s’est constitué à partir du Traité de Rome de 1957 et ses limites d’action. Pour le deuxième, cette même intention tâche de rendre intelligible à notre conscience l’idée de l’Europe affaiblie, la situant dans l’histoire globale d’un système planétaire, hégémonisé par les deux vainqueurs de la deuxième guerre mondiale et, après la dislocation de la Fédération des Républiques Socialistes Soviétiques en 1989, par les Etats-Unis d’Amérique seuls. Pour parvenir à tisser un lien entre l’évolution du vieux continent et le monde, on fera recours aux notions de puissance et de souveraineté et à l’émergence d’un nouveau rapport entre risque et liberté politique. Ainsi, dans la dialectique multiforme qui bouleverse les paradigmes hérités, remettant en cause les époques et les civilisations, l’objectif inavoué de l’analyse est d’aspirer à préfigurer les nouveaux visages des aspirants à l’empire de demain, en perturbateurs rationnels et déclarés qui entendent confirmer ou infirmer par la force, le pouvoir immanent d’hégémon. Dans la première partie, qui concerne l’Europe et l’évocation de l’arme nucléaire, la dimension de la conscience historique fera référence aux solutions possibles des conflits en cours et à l’enracinement précaire du régime démocratique, dans la deuxième à l’importance et à la relativité de la relation entre autocraties, philosophies de l’histoire et géopolitique planétaire.
L’Europe, « puissance herbivore »
L’expression de « puissance herbivore » appartient à Frank-Walter Steinmeier (photo), Président de la République Fédérale d’Allemagne et à l’évocation d’un débat qui a trop duré et qui divise la France et L’Allemagne sur la souveraineté politique de l’Europe, sa puissance militaire et son autonomie stratégique (1991-2017). Cet état a-t-il été surmonté ? Depuis le passage brutal aux rapports de force de la part de l’Union européenne, qui s’est voulue géopolitique lors de son investiture, en 2017, le réveil des opinions apparaît choquant et apeuré. Nous entrons de pleins fouets, depuis les déclarations improvisées du Président Macron de mardi 5 mars 2024 à Prague, dans l’âge inconnu des grands bouleversements historiques. Le thème de l’indépendance politique et de l’autonomie stratégique de l’Europe a été un réquisitoire permanent adressé à l’Europe établie et aussi sa pierre d’achoppement. Ce thème sera-t-il le tombeau du continent ? L’épouvante de la situation actuelle est dictée pour l’essentiel par le pouvoir de décision irrévocable et non partagé de l’arme nucléaire, évoqué comme repoussoir de la soumission à une puissance tutélaire extérieure, l’Amérique. Pour l’autre, par la crainte en un nouvel isolationnisme de celle-ci, suite aux élections présidentielles de novembre 2024. L’ordre européen de l’équilibre des forces entre l’Est et l’Ouest a pris fin avec l’ouverture des hostilités en Ukraine et le principe de légitimité de cet ordre de sécurité s’est effondré sur l’écueil du régime politique qui fonde la légitimité de son pouvoir sur l'usage délibéré de la force. Dès lors ce régime, autocratique, peut-il franchir impunément les lignes rouges du « tiers non engagé » (Union européenne), face à une dégradation de la situation militaire (défaite possible de l’Ukraine) et aux répercussions que cela entrainerait ?
Macron et l’envoi de troupes au sol
Emmanuel Macron a appelé mardi à Prague les alliés de l'Ukraine à "ne pas être lâches" face à une Russie "devenue inarrêtable", semblant assumer ses propos controversés sur la possibilité d'envoyer des troupes occidentales dans ce pays en guerre. "Nous abordons à coup sûr un moment de notre Europe où il conviendra de ne pas être lâches", a lancé le président français au début de sa visite en République tchèque. "On ne veut jamais voir les drames qui viennent", a-t-il prévenu devant la communauté française.
"Il nous faudra être à la hauteur de l'Histoire et du courage qu'elle implique", a-t-il insisté.
Déclarations inopportunes et visant une posture de leadership européen, selon certains, ces déclarations ont été confirmées par l’intéressé après une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement des 27 à Paris, tous unanimes sur une politique de non engagement au sol de troupes combattantes de la part des européens, qui ont désavoué le président français. De surcroit et dans le but d’éviter tout malentendu, John Kirby, porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré sans tarder "Il n'y aura pas de troupes américaines engagées au sol en Ukraine. Ce n'est pas ce que demande le président Zelensky. Il demande des outils et des capacités. Il n'a jamais demandé que des troupes étrangères combattent pour son pays".
En passant aux perspectives sécuritaires et historiques quels accommodements prendront les relations entre l’Europe et la Russie après la défaite possible et annoncée de Ukraine dans le couloir continental de l'Eurasie qui a permis par le passé, l’existence de l’empire russe, puis soviétique ?
L'ordre européen de demain ne naîtra pas d'une perspective géopolitique unique, ni d'un rapport mondial des forces de conception équilibrée, avec un partenariat entre la Russie et la Chine qui ne joueront plus au contre-poids avec l’Occident, mais profiteront de toutes les variables des rapports de pouvoir, de légitimité et de force à l'échelle du monde
Les triangulations stratégiques Etats-Unis, Russie et Chine et, en subordre, les allégeances des Brics et des puissances relatives émergentes (le Sud global) conduiront à se poser fatalement la question essentielle de toute coalition: Qui gouvernera ce processus de changement et qui décidera des jeux d’influence et de contrôle sur le Heartland du monde et au-delà ?
Le monde de demain et les forces centripètes
Il est fort probable que l'ordre planétaire de demain sera celui où des forces centripètes pourront contribuer à définir l'avenir commun et où la reconnaissance de l'unité planétaire s'accompagnera de l'acceptation du nouveau centre de gravité du monde, l'Asie-Pacifique. relativisant le poids de l’Europe.
Entre-temps le changement de l'Hégémonie (américaine), sera l'objectif prioritaire de la nouvelle phase historique, la phase néo-machiavélienne de l'histoire universelle, qui procédera de la priorité de tout système de « blocs instables » pour parvenir à l'établissement d'une rivalité maîtrisée. Si l'hégémonie sera l'objectif affiché pour maintenir l'unité du système, des revendications de groupes minoritaires multiples dépasseront, et de loin, le respect dû autrefois aux autorités établies et il n'y aura pas d'uniformité rationnelle des sociétés ni de théories politiques ( soient -elles démocratiques) préfigurant un ordre d'avenir.
Face à la « menace russe » vis-à-vis des pays d'Europe centrale (Pologne, Hongrie, Etats baltes), obligés de choisir entre l'unité de façade proposée par l'Union européenne et l'exigence de protection et de sécurité, garantie par l'Hégémon à travers l'Otan, ces pays choisiront l'asservissement à l'Hégémon et la guerre contre l'ennemi désigné, voulue par le leader de bloc.
Ainsi la vassalité de l'Europe centrale vis à vis de l'Amérique deviendra une nécessité politique pour éviter que l’Allemagne joue la carte d'une nouvelle entente stratégique avec Moscou, une réédition de l'Ostpolitik contre les puissances passives de l'Ouest et contre les illusions politiques de la France de durcir le verbe (Macron) et de préférer la politique intérieure à la politique internationale et continentale.
Un débat, au même temps qu'un combat, est en cours en Europe occidentale sur le soutien humanitaire aux populations civiles ukrainiennes. Ne croyant plus à une résistance de Kiev face à Moscou, l'Amérique entend clairement affaiblir et épuiser la Russie, par personne interposée. Or, dans l'éloignement d'un compromis, imposé par les Américains à Zelensky, comment l'Europe doit elle se définir par rapport aux cinquante-huit pays qui, aux Nations Unies, n'ont pas voté la censure contre Moscou pour son initiative militaire, dictée par son exigence de sécurité et de cohésion intérieure ?
La France, la diplomatie triangulaire et la prospective stratégique
Au titre d'une rétrospective historique, l'issue de la première « guerre froide » a comporté le remplacement des tensions et des crises par le développement d'une coopération paneuropéenne entre nations indépendantes, situées entre l'Atlantique et l'Oural. Ceci a impliqué pour la France, de considérer le pan-européisme comme un moyen pour dépasser l'ordre bipolaire.
Cependant la transition de la bipolarité à la diplomatie triangulaire a comporté le renversement du « jeu d'antagonismes asymétriques » entre Washington-Pékin et Moscou, par l'antagonisme sino-américain, qui a pris le dessus sur le rapprochement russo-chinois, à l'époque improbable. A un aperçu très général les autres changements de l'échiquier géopolitique nous autorisent à une esquisse de prospective stratégique, caractérisée par les variables systémiques suivantes :
- une neutralisation de l’Ukraine et un partage des influences territoriales est-ouest;
- des hypothèses de conflit entre pôles et des scénarios de belligérance entre alliances continentales et alliances insulaires;
- la riposte de l’Hégémon à une grande coalition eurasienne et anti-hégémonique (Russie, Chine, Iran);
- les incertitudes des nouvelles « coalitions multipolaires » dans un contexte de bipolarisme sous-jacent (Chine-USA);
- un système de sécurité ou de défense collectives, qui échappe en large partie aux organes multilatéralistes existants (ONU, OTAN, autres...) et aux instances de gouvernance actuelles (G7, G20), et cela en raison des variations de la « mix security »;
- des combinaisons croisées de la « Balance of Power » et de la « Balance of Threats » (la première pratiquée par les puissances traditionnelles et la deuxième par les puissances montantes comme mélange de menaces et de vulnérabilités);
- la démocratisation du feu ballistico-nucléaire (ADM) et la généralisation multiforme de nuisances et de terrorisme (Iran, Corée du Nord...);
- la dominance offensive de la cyber-guerre et des guerres spatiales, qui induit une modification du rapport de forces entre attaquants et défenseurs (avec une prime à l'attaquant);
- l'asymétrie, les guerres hybrides et les conflits non maîtrisées;
- une tentative d'isolement international de la Russie, sous l’effet d’une multitude de sanctions économiques et financières, personnelles et de groupe, à l'efficacité douteuse. Ces mesures, impliquant une logique de rétorsions, frappent en retour l'Allemagne (Nord Stream 2, désindustrialisation, stagnation économique) et les autres pays européens, suscitant une fracturation de l'unité de camp occidental, déjà compromise par la subordination de la démocratie à l'Hégémonie.
Répercussions politiques de la guerre d’Ukraine aux Etats-Unis
La guerre en Ukraine et sa fonction imposée et presque fatale d’Etat -tampon a relancé un débat aux Etats-Unis entre les deux courants de pensée, les idéalistes interventionnistes, en gros Biden et les démocrates, défenseurs de la démocratie libérale et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et les réalistes classiques, Trump, Elon Musk, Carlson Tucker, porteurs du souverainisme et du nationalisme américain quant au rôle des Etats-Unis dans le monde. La manifestation plus évidente de cette opposition a été le rejet du vote au Congrès américain pour une énième allocation de fonds à l’Ukraine et Israël pour un montant de 106 milliards de dollars, qui seront pris en charge par l’UE à hauteur de 50 milliards d’euros
En l’absence d’un débat équivalent en Europe, le bilan européen ne va pas plus loin d’une préoccupation pour le retour de Trump et un appel à indépendance et à l’autonomie stratégique de l’Europe qui touche indirectement, surtout en France, au vieux débat sur la souveraineté et la supranationalité et à « l’irresponsabilité stratégique, diplomatique et, in fine politique du Chef de l’Etat ». Ce bilan investit le domaine du multilatéralisme et de ses institutions, (UE, ONU, FMI, BM...) et donc le rapport entre autorités fonctionnelles et autorités politiques dans la scène internationale. Il a été remarqué que, pour le Secrétaire d'Etat, Antony Blinken, la guerre en Ukraine est la transposition du débat interne entre républicains-populistes et idéalistes-progressistes, intégrant l'Ukraine et l'Europe centrale dans une zone de redéfinition de la géopolitique américaine. En son sein, la posture prioritaire est représentée par la menace de l'Empire du milieu. Ainsi l'issue de la crise ukrainienne et de celle israélo-palestinienne et au sens large, moyen-orientale, est resituée à la marge du baromètre des relations globales entre Washington-Moscou-Beijing.
Problèmes régionaux et « balance » mondiale
Le sur le plan politique, le théâtre euro-méditerranéen (par l'inclusion des crises en chaîne, allant des zones contestées de l'Europe orientale au Moyen Orient et donc des Pays Baltes, Bélarus et Ukraine au Golfe et à l'Iran, en passant par la Syrie et par la confrontation israélo-palestinienne), peut-devenir soudainement l'activateur d'un conflit inter-étatique de haute intensité. Cette hypothèse n'est pas nulle et nous pousse à la conjecture que la clé, déterminante et finale, de l'antagonisme régional en Europe, dont l'enjeu est la suprématie, jugée dangereuse, d'un État sur le continent, par le contrôle de sa zone d'influence est, aux yeux des occidentaux, la répétition par la Russie des aventures des grands États du passé (Espagne, France et Allemagne). La conclusion d'une pareille aventure se situerait dans la bordure continentale et maritime de l'Eurasie et dans la stratégie du Rimland du monde. Ainsi, l'actuelle progression vers une guerre générale repropose aux décideurs le dilemme classique, hégémonie ou équilibre des forces, comme dans les guerres du passé. Or, suite à la constitution d'un système asiatique autonome autour de la Chine, comme nouveau centre de gravité mondial, la victoire finale, dans un affrontement général, pourrait échapper à la coalition des puissances maritimes, le Rimland, par l'impossibilité d'une conquête ou reconquête de l'Eurasie de la part de l'Amérique et de ses forces coalisées et vassales. Au sein de la triade, Russie, États-Unis et Chine les deux plans d'analyse, régional et planétaire, présentent des interdépendances conflictuelles majeures et caractérisent cette conjoncture comme de « révolution systémique », plus encore que de « transition hégémonique ». En ce qui concerne l'Europe, qui a inventé tous les concepts-clés de la vie internationale, la souveraineté, l'État-nation, l'équilibre des forces, l'empire universel et la jalouse émulation ; elle demeurera le seul ensemble du monde moderne à ne jamais avoir connu de structure politique unifiée et, de ce fait, elle sera affaiblie, divisée et impuissante.
Ainsi en Europe de l'Ouest, dépourvue d'unité et d'identité politique et militaire, la confrontation colporte une déstabilisation des régimes au pouvoir et des formes de sociétés, au cœur desquels s'affrontent des guerres civiles latentes entre héritages ethniques et culturels antinomiques. Depuis 1945 et le processus de décolonisation, l'Europe a perdu la force et la confiance en elle-même, qu'elle a remplacé par le règne de la morale et de la loi, aggravé par l'égarement de ses intérêts et de son rôle. Quant aux aspects géopolitiques et stratégiques, la crise des démocraties occidentales engendre deux tentatives contradictoires, dont la première est constituée l'exigence de compenser les faiblesses internes de l'autorité et de l'État, marquées par le terrorisme et par l'ennemi islamique et la deuxième par subordination accrue à l'alliance atlantique, l'Otan. Dans une pareille situation, la Chine, puissance extérieure à l'Europe, mais dominante en Eurasie, serait bénéficiaire d'une lutte à mort entre l'Occident et la Russie et marquerait sa prééminence finale sur le monde connu.
Bruxelles, le 9 Février 2024.
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vendredi, 22 mars 2024
Le Moyen-Orient : le laboratoire géopolitique du nouveau monde
Le Moyen-Orient : le laboratoire géopolitique du nouveau monde
par Luigi Tedeschi
Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/medio-oriente-il-laboratorio-geopolitico-del-nuovo-mondo
Le déclin de l'hégémonie mondiale des États-Unis sanctionne la fin du siècle américain. Les États-Unis sont à la croisée des chemins : se retirer de la région ou provoquer un conflit de bien plus grande ampleur. Le retour de l'histoire dans les affaires géopolitiques mondiales a rendu un verdict sans appel : l'hégémonie mondiale est impossible. Le monde multipolaire aura pour protagonistes des États-Civilisations installés dans de vastes espaces continentaux, composés des peuples les plus divers, mais unifiés par des valeurs identitaires éthico-politiques communes.
Des séquelles indéchiffrables - Gaza
Gaza est l'épicentre d'un affrontement qui implique l'ensemble du Moyen-Orient comme théâtre d'un conflit géopolitique aux répercussions mondiales. Des acteurs majeurs tels que les États-Unis et l'Iran, soutenus par la Chine, la Russie et d'autres puissances mineures comme l'Afrique du Sud, sont également impliqués dans le conflit entre Israël et le Hamas. La domination sur l'ensemble du Moyen-Orient est en jeu. À Gaza, une phase de la Grande Guerre bat donc son plein.
Netanyahou est déterminé à remporter une victoire décisive qui implique non seulement l'éradication du Hamas de Gaza, mais aussi la fin de la question palestinienne. Le conflit de Gaza représente l'épilogue d'un dessein politique de Netanyahou et de la droite ultra-orthodoxe israélienne, qui consiste à rendre impossible la création d'un État palestinien. Depuis des décennies, la stratégie de Netanyahou consiste à diviser les Palestiniens en Cisjordanie, sous l'administration de l'ANP, et à Gaza, où l'enracinement du Hamas a été largement favorisé par Israël, en autorisant le transfert de fonds qataris aux Palestiniens. Puisqu'il n'y a donc pas de corps légitime et unifié des Palestiniens, toute négociation aurait été impossible. Par conséquent, la seule solution possible à la question palestinienne aurait été l'occupation progressive de toute la Cisjordanie par les colons israéliens, avec l'émigration massive des Palestiniens eux-mêmes. L'attentat du 7 octobre a constitué une occasion inespérée pour Netanyahou, dont le leadership était déjà largement discrédité et qui faisait l'objet d'âpres protestations populaires, avec des accusations de corruption et de projets de réforme jugés antidémocratiques, de se légitimer en tant que premier ministre d'un gouvernement d'union d'urgence, qui recomposait un pays déchiré par des conflits internes, au nom de la sécurité nationale.
Bien sûr, la fin de la guerre entraînera aussi nécessairement la démission de Netanyahou, qui s'acharne donc à la prolonger indéfiniment, avec le mirage d'une victoire définitive sur le Hamas. Mais cet objectif s'avère impossible à atteindre. Malgré la guerre d'extermination menée par Israël, avec près de 30.000 Palestiniens tués, l'occupation de Gaza n'a détruit que 30% du potentiel de guerre du Hamas, et les données sur les pertes infligées à l'armée israélienne font l'objet d'une censure absolue. Ajoutez à cela que l'expulsion des Palestiniens de Gaza est également impossible, étant donné le refus de l'Égypte et d'autres pays arabes de les accepter. Une nouvelle "Nakba" est hautement improbable.
Séparer la tragédie de la population civile de la guerre "terroriste" du Hamas est totalement infondé. La population palestinienne s'identifie totalement à la cause du Hamas et de l'Axe de la Résistance. Cela justifierait-il alors la guerre d'extermination d'Israël? Le génocide en cours à Gaza, ainsi que le régime d'apartheid imposé aux Palestiniens de Cisjordanie, affecteront profondément les nouvelles générations palestiniennes: le Hamas deviendra un symbole indélébile de la lutte pour la libération de la Palestine. Gaza est un point de non-retour, tant pour Israël que pour l'axe de la résistance. Même en cas de déportation totale des Palestiniens de leur terre, l'identité nationale d'un peuple apatride en diaspora existerait toujours. Exactement comme ce fut le cas pour les Juifs au cours des siècles.
Plusieurs plans de paix se sont succédé au fil des ans, sans succès. L'échec des accords d'Oslo a marqué la fin de la perspective de deux États. De plus, des projets farfelus de gouvernement pour Gaza avec la participation des Etats arabes et de la Turquie, des revitalisations fantômes de l'ANP (en tant qu'organe représentatif des Palestiniens reconnu à l'ONU mais délégitimé par les Palestiniens eux-mêmes), avec l'adhésion du Hamas, sont hypothétiques. Tous les projets de pacification dans la région ont échoué parce qu'ils ont été conçus sans le consentement des Palestiniens. Au contraire, de tels accords auraient confiné les Palestiniens dans de petites enclaves sans aucune autonomie. La seule solution théoriquement possible serait la création d'un seul État multiethnique sur le modèle sud-africain. Mais compte tenu du climat de haine qui s'est encore renforcé entre Juifs et Palestiniens, cette solution s'avère pour l'instant impraticable. La suite - Gaza reste indéchiffrable.
La victoire stratégique du Hamas
Netanyahou est vivement critiqué pour l'inefficacité dont ont fait preuve les services de renseignement et le haut commandement de l'armée pour empêcher l'opération Al Aqsa de libération des otages détenus par le Hamas. Mais il ne faut pas croire qu'avec son limogeage, la ligne politique d'Israël connaîtra des changements de cap significatifs. Le leadership de Netanyahou a duré (par phases intermittentes) pendant 20 ans en vertu du consensus populaire obtenu et aujourd'hui, la majorité des Israéliens, tout en contestant le premier ministre, selon un récent sondage, approuve à 80 % l'action de nettoyage ethnique menée par Israël dans la bande de Gaza.
Israël considère ce conflit comme une "guerre existentielle", qui s'inscrit dans un contexte beaucoup plus large impliquant l'ensemble du Moyen-Orient. Ces dernières années, les échecs des interventions américaines en Irak, en Syrie et en Afghanistan ont conduit à un élargissement de la zone d'influence de l'Iran jusqu'à la Méditerranée. Israël, dans cette nouvelle configuration géopolitique du Moyen-Orient, se retrouve isolé, surtout après la paix conclue entre l'Iran et l'Arabie Saoudite avec le parrainage de la Chine et la fin de l'Alliance Abrahamique. L'État juif est exposé à une guerre incessante, quoique de faible intensité, aux frontières du Liban et de la Syrie avec le Hezbollah, à un conflit permanent avec la population arabe de Cisjordanie et est menacé en mer Rouge par les actions des Houthis yéménites. A terme, il pourrait être usé.
Ainsi, après le prochain bombardement de Rafah et une phase où Netanyahou pourrait médiatiquement faire passer l'opération de Gaza pour une victoire totale sur le Hamas, Israël pourrait viser un élargissement du conflit afin de briser l'encerclement du bloc pro-iranien, ce qui impliquerait nécessairement l'implication directe des Etats-Unis. Mais l'hégémonie américaine au Moyen-Orient est désormais révolue, et les États-Unis n'ont pas l'intention de mener de nouvelles guerres au Moyen-Orient, après des échecs répétés qui ont gravement entamé leur statut de superpuissance.
Ce conflit marque la fin de l'alliance abrahamique. Avec ces accords, également signés par les Etats-Unis, après la reconnaissance de l'Etat juif par les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, le Maroc, et avec l'adhésion possible de l'Arabie Saoudite, Israël prendrait un rôle de premier plan dans la coalition et le statut de première puissance militaire et financière de la région, dans le cadre de la restauration d'une hégémonie américaine indirecte au Proche-Orient. Après le 7 octobre, Israël est isolé et menacé, dans un contexte de pays hostiles soutenus par les puissances du BRICS+.
Israël a donc adopté une position victimaire, évoquant la mémoire de l'Holocauste, et dans la perspective de la propagande du courant dominant occidental, le génocide de Gaza s'est transformé en une guerre d'autodéfense existentielle contre les Palestiniens et les États islamiques qui menaceraient son existence. Une mystification évidente de la réalité émerge de ce récit médiatique. Hanan Ashrāwī s'exprime à cet égard dans une interview intitulée "The two states will not happen" publiée dans le numéro 1/2024 de "Limes" : "Depuis quand un occupant revendique-t-il la légitime défense contre l'occupé ? Nous en sommes à l'inversion des rôles : la victime est Israël qui se défend contre le Palestinien brutal. Le premier n'existe plus, mais c'est dans ces 75 années précédentes qu'il faut chercher les causes du désastre. Je ne me lasserai pas de le crier : Israël tue, détruit, massacre et continue d'agir en toute impunité. Tout au plus doit-il ne pas en faire trop. Mais quel est le seuil de l'excès ? Dix mille enfants tués? Deux millions de personnes réduites à la famine ? Deux tiers des bâtiments rasés ? Ils ont aussi ouvert le feu sur des civils qui attendaient de l'aide humanitaire. Étaient-ils aussi des terroristes ? La haine, la violence ne naissent pas de rien. Elles sont le fruit empoisonné de la captivité imposée à deux millions de personnes à Gaza et aux populations emmurées de Cisjordanie".
L'opération Al Aqsa du 7 octobre est tout à fait conforme à la stratégie mise en œuvre par le Hamas depuis des décennies. Avant le 7 octobre, la cause palestinienne avait été rayée de l'ordre du jour international. La stratégie du Hamas a toujours consisté à provoquer des événements marquants afin de faire réapparaître la cause palestinienne dans le contexte géopolitique mondial, dans le but d'impliquer la Palestine dans les intérêts et les projets politiques des pays de la région du Moyen-Orient. Du point de vue du Hamas, l'opération Al Aqsa représente donc un succès : la cause palestinienne est devenue décisive pour la reconfiguration politique de la région du Moyen-Orient, ainsi que pour la mise en œuvre des nouveaux équilibres géopolitiques mondiaux qui émergent de la Grande Guerre.
Les Etats-Unis : une hégémonie mondiale impossible
Le Chaosland actuel découle de la décadence des Etats-Unis, seule superpuissance garante de l'ordre mondial unilatéral. Les États-Unis sont depuis longtemps en proie à une crise d'identité qui a généré une profonde conflictualité au sein de la population. Les mythes fondateurs qui sous-tendaient les valeurs unificatrices dans lesquelles le peuple américain s'est toujours reconnu ont disparu. Le mythe messianique de la destinée manifeste qui légitimait l'expansionnisme américain à l'échelle mondiale a disparu. Les défaites répétées dans les guerres préventives contre les "États voyous" ont profondément affecté l'identité politique et culturelle même des États-Unis.
La fin de la dissuasion armée de la superpuissance américaine a engendré la Grande Guerre. Comme l'indique Lucio Caracciolo dans l'éditorial "Chronicles from Lake Victoria" du numéro susmentionné de "Limes" : "La cause première de la Grande Guerre est le déclin rapide de l'empire américain. La prétention mondiale a érodé la nation. Elle remet en question son existence. Et révèle son fond maniaco-dépressif. Une maladie des empires, oscillant entre le délire de toute-puissance, avec son excitation psycho-motrice, et la dépression catatonique, qui se manifeste par l'aboulie et la dysthymie. En moins de trente ans, le Numéro Un est passé de l'unipolarité géopolitique à la bipolarité psychique". De l'état dépressif généralisé du peuple américain, les symptômes s'étaient déjà fait sentir lors de la guerre du Vietnam : au fur et à mesure que le mythe de l'invincibilité américaine se dissolvait, le peuple commençait à ne plus se reconnaître dans les institutions de son propre pays. Manifestement, pour les États-Unis, la psycholabilité collective est une caractéristique de leur identité. Cette pathologie a depuis lors contaminé tout l'Occident.
Cependant, la prévision d'un avenir isolationniste pour les États-Unis est peu probable. L'unité nationale américaine elle-même pourrait ne pas survivre à la fin de l'empire américain. Pour les États-Unis, l'expansionnisme fait partie intégrante de leur "être au monde" et il semble donc tout à fait logique qu'ils persévèrent dans la défense acharnée de leur rôle hégémonique dans le monde, qui s'est avéré insoutenable au fil du temps.
Dans le conflit israélo-palestinien, l'hégémonie sur le Moyen-Orient est en jeu entre deux prétendants : États-Unis - Israël et Iran - BRICS. Les États-Unis sont donc à la croisée des chemins : soit ils se retirent de la région, soit ils provoquent un conflit beaucoup plus important.
L'objectif premier des États-Unis est de contenir l'influence iranienne au Moyen-Orient. En cas de retrait américain de Syrie et d'Irak, les conséquences géopolitiques seraient dévastatrices pour les États-Unis : outre l'isolement d'Israël, un retrait américain donnerait lieu à une expansion économique et politique de la Chine et de la Russie dans la région, renforcerait le statut de la Turquie en tant que puissance régionale et entraînerait la fin de l'influence américaine dans la péninsule arabique, puisque l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis feraient partie du nouvel équilibre géopolitique au Moyen-Orient. De plus, comme après l'abandon de l'Afghanistan, la crédibilité de la dissuasion américaine est déjà au plus bas, pour Biden, un nouveau retrait, même du Moyen-Orient, compromettrait considérablement ses chances d'être réélu à la Maison Blanche.
Ayant échoué dans leur stratégie de domination indirecte, c'est-à-dire exercée grâce à la primauté d'Israël dans la région, les États-Unis, dont l'implication directe dans un conflit plus large est souhaitée par l'État juif, n'auraient plus que l'option de la guerre totale pour restaurer leur hégémonie. Une telle option est impraticable pour les États-Unis. En effet, l'Amérique devrait s'engager dans une guerre contre l'Iran et ses alliés tout en devant contenir la Chine dans le Pacifique (qui est sa priorité stratégique), soutenir l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie, et aussi préserver sa présence dans une Afrique minée par l'expansion des puissances des BRICS. Ce même soutien américain inconditionnel à Israël, en plus de susciter une vaste vague d'antisionisme et d'antiaméricanisme à travers le monde, a eu pour effet de miner sérieusement les relations des Etats-Unis avec leurs alliés arabes dans la région. Ajoutez à cela le fait que le pouvoir thalassocratique américain n'est même plus en mesure de garantir la sécurité des voies de navigation marchande dans le monde. En mer Rouge, la mission Aspides est en cours pour protéger les navires marchands en route entre Ormuz, le golfe d'Aden et Suez, en tant que bouclier naval de défense contre les actions hostiles des Houthis. Une telle situation est d'ailleurs reproductible à l'échelle mondiale, dans tous les détroits océaniques d'importance vitale pour le commerce mondial. Et les foyers de conflits se multiplient partout. La surexposition américaine dans le monde est évidente : l'insoutenabilité de son statut de superpuissance mondiale est la cause de son déclin.
Il faut aussi noter que la stratégie des bombardements aveugles en Irak, en Syrie, en Afghanistan, pratiquée par les Américains et qui s'est avérée perdante, a été reproduite par Israël à Gaza. Une erreur fatale a été commise : le Hamas a été considéré comme un mouvement islamique radical au même titre qu'ISIS, les Takfiri, etc. En plus de ne pas prendre en compte le niveau d'armement et d'organisation bien plus avancé des militants du Hamas par rapport à celui d'ISIS, le grand consensus populaire en sa faveur a été complètement négligé.
L'erreur capitale d'Israël est d'avoir ignoré le fait que le Hamas, tout comme le Hezbollah, les Houthis et d'autres, sont des entités non étatiques profondément ancrées dans le territoire, dotées de classes dirigeantes qui incarnent aujourd'hui l'identité politique et spirituelle de leurs peuples. Associer le Hamas aux bandes de mercenaires égorgeurs d'ISIS révèle le suprémacisme raciste invétéré dont sont affligés tant les États-Unis qu'Israël, unis par un dogmatisme théologique - l'Ancien Testament - qui les empêche d'avoir une vision objective de la réalité historique et surtout de comprendre l'identité et les motivations de l'ennemi.
En outre, en Israël comme aux États-Unis, la domination de la technocratie a entraîné une absence de stratégie militaire et politique, ce qui ne peut que conduire à une débâcle géopolitique irréversible.
La disparition de l'hégémonie mondiale des États-Unis est un symptôme évident de la fin du siècle américain. Alian de Beniost, dans un livre datant de 1976 et intitulé "Le mal américain", a formulé des considérations sur le destin des États-Unis qui pourraient s'avérer prophétiques aujourd'hui : "L'Amérique d'aujourd'hui est un cadavre en bonne santé. Avec son immense puissance matérielle, avec son extension géographique, avec son goût du gigantisme et avec la fructification de son capital, (tout comme l'Union soviétique) elle a su créer des illusions. En mettant l'accent sur les facteurs matériels, sur les éléments quantifiables, elle a imposé au monde l'idéal de la super-production. Mais cela suffit-il à garantir son éternité ? Prisonniers du désir de <vivre vite> (fast life), les Etats-Unis disparaîtront aussi brutalement qu'ils ont surgi ; plus tôt qu'on ne le pense, peut-être. A l'échelle des nations, ils auront été ce que certains hommes sont à l'ordre des individus : des aboyeurs bruyants et doués, mais qui ne laissent pas de trace parce que leur œuvre est une esbroufe. L'Empire romain, après avoir été une réalité, a été une idée, qui a façonné la vie de l'Europe pendant mille ans. L'<empire> américain ne peut durer que dans son présent. Il peut <être>, mais il ne peut <transmettre>. Ayant tout consommé avant d'arriver à maturité, il n'aura rien à laisser en héritage".
Les États-Unis pourraient être considérés par les historiens du futur comme un phénomène historique rapidement obsolète, au même titre que les biens de consommation du système capitaliste qui, en plus d'avoir détruit les peuples, les cultures, la nature et les ressources, est en train de s'autodétruire avec ses crises progressives. Le retour de l'histoire dans les événements géopolitiques mondiaux a prononcé une sentence sans appel : l'hégémonie mondiale est impossible.
États-civilisations: le retour de l'idée d'Empire
L'avènement du monde multipolaire préfigure la résurrection de l'histoire sur les cendres d'un monde unipolaire autoréférentiel dirigé par les États-Unis, configuré idéologiquement comme la "fin de l'histoire", auquel succéderait un libre marché mondial inspiré des vieux dogmes idéologiques libéraux "hors de l'histoire".
Les événements qui se sont déroulés dans la région MENA au cours des dernières décennies sont révélateurs d'une nouvelle phase historique qui entraînera une profonde redéfinition de l'ordre géopolitique mondial. La défaite de l'Occident en Syrie et en Irak, ainsi que la fuite des États-Unis d'Afghanistan, ont sanctionné la fin de la stratégie du chaos, mise en œuvre avec les printemps arabes, les révolutions colorées et, avec elles, la fin de l'expansionnisme américain à l'échelle mondiale. La défaite en Syrie pourrait devenir le carrefour de l'histoire contemporaine, le "Stalingrad" des États-Unis et de l'Occident tout entier.
Les guerres de libération du Moyen-Orient ont donné naissance à l'Axe de la résistance, au sein duquel convergent des groupes ethniques, des cultures et des religions différents, mais qui sont unifiés par des intérêts et des stratégies communs.
Une grande guerre est en cours, qui, au Moyen-Orient, est configurée comme une guerre anticoloniale, puisqu'Israël subsiste en tant qu'épicentre de l'hégémonie coloniale occidentale dans la région. La fin du colonialisme est également sanctionnée par le déclin des États du Moyen-Orient, qui ont été créés sur la base des partitions coloniales du siècle dernier. Les États ne disparaîtront pas, mais ils prendront une configuration entièrement différente. De nouvelles patries transnationales fondées sur des valeurs spirituelles, culturelles, identitaires et religieuses sont apparues, indépendantes des paradigmes ethnico-linguistiques de l'État-nation occidental. De la lutte commune contre l'Occident hégémonique sont nées des communautés non étatiques qui revendiquent la dignité, l'indépendance et la reconnaissance. De la lutte pour la liberté et l'indépendance naissent les valeurs communautaires fondatrices des homelands, et les guerres de libération génèrent une force motrice décisive pour l'émancipation et le développement des peuples, étant donné la nécessité vitale de s'opposer à une puissance dominante plus forte, économiquement, militairement, politiquement.
Les patries individuelles pourront être reconnues dans le cadre d'instances supranationales plus larges. Le monde multipolaire aura pour protagonistes des États-Civilisations installés dans de vastes zones continentales, composés des peuples les plus divers, mais unifiés par des valeurs identitaires éthico-politiques communes.
Le Moyen-Orient est configuré comme un laboratoire géopolitique dans lequel émerge un nouveau monde multipolaire, déjà en gestation avec la création du groupe BRICS. Un modèle géopolitique paradigmatique qui peut être reproduit dans les contextes les plus divers. Un monde composé d'entités supranationales : une renaissance en version moderne des anciens empires. Mais l'idée d'Europe ne trouve-t-elle pas son origine dans le concept d'empire universel transmis au fil des siècles et commun à toutes les civilisations successives ?
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jeudi, 14 mars 2024
Trump, dernier espoir de l’Europe armée ?
Trump, dernier espoir de l’Europe armée ?
Par Georges FELTIN-TRACOL
Dans Le Figaro du 9 novembre 2016, Étienne de Montety rappelait à propos de l’élection – surprise à la Maison Blanche de Donald Trump que son patronyme vînt d’un substantif signifiant en anglais « atout ». Il ajoutait aussitôt que le verbe to trump se traduit par « éclipser, ridiculiser, battre, voire l’emporter sur … ». Force est de constater que l’étymologie du nom de famille du 45e président des États-Unis correspond parfaitement à la situation actuelle.
En campagne pour des élections primaires qu’il survole largement, ayant déjà remporté les scrutins et caucus de l’Iowa, du New Hampshire, du Nevada, des Îles Vierges américaines, de la Caroline du Sud et du Michigan, Donald Trump rêve de battre – à la régulière ! - en novembre prochain un Joe Biden très mal en point. Il a cependant tétanisé les chancelleries occidentales par une sortie dont il est coutumier.
En réunion électorale en Caroline du Sud, le 10 février dernier, l’homme aux cent dix-neuf chefs d’accusation a menacé les États européens membres de l’OTAN. Si ces derniers ne réalisent pas un effort réel dans leur défense nationale en augmentant de manière conséquente leur budget militaire (plus de 2 % du PIB), il pourrait en tant que futur chef de l’État ne pas appliquer l’article 5 du traité de 1949 et ne pas secourir des États peut-être agressés par leur voisin russe.
Plusieurs collaborateurs conservateurs classiques de Trump entre 2017 et 2021 ont signalé qu’il avait eu l’intention de faire sortir les États-Unis de l’OTAN en 2019. Les agents républicains de l’État profond surent l’en dissuader. De retour en 2025 dans le Bureau ovale, Donald Trump compterait cette fois-ci sur des administrateurs en plein accord avec sa politique. Conscients de cette menace, les démocrates ont adopté une loi qui contraint tout président désireux de quitter l’OTAN à demander l’accord préalable du Congrès.
Maints commentateurs s’offusquent du dessein isolationniste du très probable candidat à la présidentielle de novembre 2024. Ces grincheux oublient volontiers que Donald Trump s’inscrit dans la continuité diplomatique étatsunienne, en particulier dans celle de la Farewell Address. Le 19 septembre 1796, le grand journal de l’époque, American Daily Advertiser, publie un texte du président George Washington. Il y annonce qu’il ne briguera pas un troisième mandat et fait de cette déclaration imprimée son testament politique. Conscient de la faiblesse d’une armée balbutiante et des fragilités d’un ensemble fédéral récent, le premier président américain invite la jeune république au détachement diplomatique envers les événements révolutionnaires survenus en Europe. « La grande règle de notre conduite, écrit-il, pour ce qui touche à nos rapports avec les puissances étrangères doit être de développer nos échanges commerciaux mais d’entretenir avec elles le moins de relations politiques possibles. » En 1789, le Congrès a changé le ministère des Affaires étrangères créé en 1781 en Secrétariat d’État pourvu de nouvelles attributions intérieures plus tard réparties à d’autres membres du cabinet exécutif. George Washington insiste par conséquent sur une diplomatie qui rejette les alliances permanentes et qui permet au contraire une neutralité active capable de s’adapter à toutes les circonstances internationales possibles.
Donald Trump montre sa fidélité à l’enseignement de son très lointain prédécesseur, même si les États-Unis d’Amérique sont entre-temps devenus la première puissance globale de la planète. Fondé sur le rejet de l’immigration, la condamnation des traités de libre-échange et un isolationnisme certain, le nouveau conservatisme trumpien (à distinguer du néo-conservatisme belliciste et hégémoniste du clan Bush) s’écarte résolument du conservatisme classique qui préconise la hausse constante du budget du Pentagone afin de financer toutes les interventions extérieures, la dérégulation économique intérieure qui profite aux nouvelles industries numériques et du divertissement wokiste, et la baisse massive des impôts. Seules la défense des valeurs morales traditionnelles et la lutte contre l’avortement peuvent en théorie rassembler ces deux courants antagonistes du conservatisme outre-Atlantique.
Les propos polémiques de Donald Trump en Caroline du Sud ont le grand mérite de réveiller des gouvernements européens poussifs qui pensent écarter toute menace parce qu’ils bénéficient du « parapluie étatsunien ». Certains États ont néanmoins commencé à se réarmer. Que ce soit sous les nationaux-conservateurs du PiS ou sous le régime d’extrême centre proto-autoritaire de Donald Tusk, la Pologne poursuit sa montée en puissance et entend devenir la première force militaire de l’Union dite européenne.
La Hongrie de Viktor Orban ne cesse de réclamer depuis des années une coordination intégrée des armées du continent. À partir du second septennat de François Mitterrand, la France soutient une « défense européenne ». Avec le Brexit, elle reste la seule détentrice de l’arme atomique au sein de la pseudo-Union. Favorable à une vague « souveraineté européenne », Emmanuel Macron souhaiterait étendre le principe de la dissuasion nucléaire à l’ensemble des États membres de l’Union dite européenne qui appartiennent aussi à l’OTAN, ce qui exclurait l’Irlande, l’Autriche, Malte et Chypre. Mais la Norvège, l’Islande, l’Albanie, le Monténégro et la Macédoine du Nord recevraient-ils eux aussi cette protection ? Quant à la Turquie, elle tâcherait au plus vite d’acquérir le rang de puissance nucléaire. Par ailleurs, si se concrétise cette couverture nucléaire française en Europe, qui aurait la prérogative d’appuyer sur le bouton fatal ? Serait-ce le président de la République française qui deviendrait de facto le principal stratège de la Cité paneuropéenne ou bien un aréopage de chefs d’État et de gouvernement qui déciderait après les inévitables palabres ? Dans l’urgence du moment, même en visioconférence, on se doute bien qu’une telle réunion serait impossible à organiser.
Confier la force de dissuasion nucléaire à l’échelle européenne pose donc l’inévitable question de la souveraineté. Celle-ci ne se partage pas. Par le principe de subsidiarité, elle se décline seulement auprès d’autorités compétentes. Dans le cadre de la riposte immédiate, ce qui suppose une très grande réactivité, la caste jacassante ne peut pas décider sans omettre que la qualité intellectuelle du personnel dirigeant actuel confine à la nullité totale.
Les Européens n’en sont qu’au début d’un saut historique vers un inconnu peut-être prometteur, surtout si Donald Trump revient au pouvoir à la fin du mois de janvier 2025. N’a-t-on pas dit au début de cette chronique que « trump » voulait dire « atout » ? Sa seconde élection pourrait devenir un formidable atout pour l’émancipation militaire, bien malgré elle, d’une Europe nantie et somnolente.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 105, mise en ligne le 5 mars 2024 sur Radio Méridien Zéro.
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mercredi, 13 mars 2024
Ukraine et OTAN: que veut Macron?
Ukraine et OTAN: que veut Macron?
Pierre Le Vigan
Possible envoi de troupes au sol en Ukraine. On a parlé d’un nouveau délire. D’une incohérence : des « troupes au sol » mais toujours pas de co-belligérance. D’un « en même temps » ingérable. Et si Macron devait être pris au sérieux ? Et s’il avait un projet à long terme ? Enoncé peut-être trop tôt. Comme un « ballon d’essai ». Mais un vrai projet. Pas bon pour nous. Pas bon du tout. Enquête sur ce que Macron projette.
Troupes au sol ? Le vrai projet de Macron
La déclaration selon laquelle Macron « n’excluait pas l’envoi de troupes (françaises) au sol en Ukraine » (29 février 2024) a fait du bruit. On a parlé de coup de folie, ou au mieux de l’envie de « faire l’intéressant ». La dernière hypothèse n’est pas tout à fait fausse car Macron reste l’acteur de théâtre qu’il aurait aimé être et qu’il a été à son tout petit niveau. Reste qu’il ne parle pas comme un particulier. Il est chef d’Etat, ou du peu qu’il en reste. Avec l’inconvénient majeur d’engager le destin de notre peuple. D’où la nécessité de ne pas en rester à l’ironie, certes très roborative, d’une équipe comme celle de Mozinor dans sa talentueuse parodie « Trouposol ».
Que veut Macron ? Tout d’abord faire oublier sa prodigieuse impopularité en politique intérieure. Sa venue au Salon de l’Agriculture a failli ressembler aux pires moments (pour lui) de la crise des Gilets jaunes. En faisant monter la dramatisation et la peur en politique étrangère, Macron fait oublier à quel point toute sa politique – et sa personne même – est l’objet de détestation dans le peuple français.
Le deuxième objectif de la déclaration de Macron doit être pris au premier degré. Il porte réellement sur la politique étrangère. Rappel du contexte. Dans le conflit Russie-Ukraine, il est désormais évident que l’Ukraine ne peut gagner. Qu’est-ce que cela veut dire ? Elle ne récupérera pas les territoires perdus, encore moins la Crimée, et si la guerre dure, elle perdra d’autres territoires (Odessa ?) – ce qu’elle aurait évité en négociant en 2022, ce que précisément les EUA l’ont dissuadé de faire, les Américains étant prêts à soutenir l’Ukraine jusqu’au dernier Ukrainien.
Or, cet échec de l’Ukraine est avant tout un échec de l’OTAN. Cette alliance, Macron l’avait déjà déclarée « en état de mort cérébrale » (8 novembre 2019). Certains avaient cru voir un néo-gaullisme dans cette déclaration. Ce n’était pas le cas une seconde. C’était la préparation à une prise de relais. Que peut l’OTAN aujourd’hui ? Retarder, voire empêcher la paix entre la Russie et l’Ukraine. C’est ce qu’a fait l’OTAN, c’est-à-dire Washington et ses laquais, depuis 2022, et c’est le seul vrai succès qu’a remporté l’OTAN. Faire durer la guerre et isoler durablement l’Europe de la Russie, ce dont l’Europe souffre plus que la Russie. Tel était le but.
Il s’agit donc de reprendre le travail de l’OTAN mais en l’européanisant. Tel est le projet de Macron. Telle est la mission qui lui est confiée. Pourquoi ? Parce que tel est l’intérêt du Capital international. Or le Capital international est très lié aux intérêts américains. Macron est l’homme du Capital. Il est actuellement en charge de la SFIC: Section Française de l’Internationale du Capital (la maison mère de la SFIO: Section Française de l’Internationale de l’Oligarchie). Macron est donc d’abord, inévitablement, l’agent du capital américain, la fraction dominante du capital mondial, forme économique de l’Occident collectif avec ses pseudopodes tels les fondations mondialistes, l’Etat d’Israël [1] et d’autres. Parce que c’est lui, le capitalisme américain, qui domine le capitalisme mondial. Et que quand la périphérie est fichue, il faut la sacrifier et sauver le noyau.
C’est pourquoi, après avoir détruit l’industrie française à la suite de Hollande, Macron veut détruire ce qu’il reste d’industrie en Europe, et donc l’industrie allemande. C’est en cours: le gaz américain est pour les Allemands six fois plus cher que le gaz russe. Conséquence: leur industrie n’est plus compétitive. Et donc, l’industrie allemande quitte l’Europe et s’installe aux EUA. C’est pourquoi Macron ne s’est aucunement opposé à la politique de l’UE des « sanctions » contre la Russie, qui étaient avant tout des auto-sanctions contre l’Europe.
N’imaginons pas un instant que Macron soit inintelligent. Il savait ce qu’il faisait. Sa mission ? Sauver le capitalisme. Enrayer la baisse des taux de profits. Et donc sauver d’abord le capitalisme américain. En ce sens, Macron fait le « job ». Que l’Europe soit vidée de ses dernières industries (9% du PIB en France correspond à l’industrie, il ne reste donc plus grand-chose à liquider), qu’elle soit pillée par les EUA, tel est l’intérêt du capitalisme international. Tel est donc l’objectif de Macron puisqu‘il est un de ses fondés de pouvoir et son « délégué France ». Si des miettes avaient été disponibles pour le capitalisme national français, Macron n’était pas fondamentalement contre, mais ce n’est malheureusement plus possible. « No soucy » comme on dit dans les bureaux des « managers ». On sacrifie la France. Et l’Europe.
C’est pour cela que Macron veut un néo-OTAN. Pour créer de la tension, faire taire les oppositions en politique intérieure, préparer les esprits à une éventuelle guerre, si cela devient un jour l’intérêt des Américains. Tel est le sens du propos de Macron sur l’éventualité d’envoi de troupes françaises (et européennes) au sol, mais aussi sur l’éventuelle européanisation de notre force de frappe, idée agitée depuis des années (Marc Finaud et Grégoire Mallard, « L'européanisation de la dissuasion française : une idée dangereuse vouée à l'échec », La Tribune, 18 février 2020).
Après avoir fait mourir les Ukrainiens pour les intérêts américains, à savoir couper les ponts entre la Russie et l’Europe, l’idée macronienne (et anticipant peut-être sur les projets trumpistes) d’un néo-OTAN européanisé serait de faire tuer les Européens pour accélérer leur propre déclin et leur servitude face à une Amérique requinquée. Rappelons que, du point de vue américain, ce qui était « épatant » dans la IIème guerre mondiale, c’est que l’Allemagne et la Russie se massacraient mutuellement.
Autre avantage, mineur, mais non négligeable, de la déclaration de Macron: créer un « patriotisme » français anti-russe et faire apparaître le RN comme pro-russe, tout ce qui n’est pas pro-guerre étant supposé pro-russe. D’où la déclaration de Gabriel Attal: « Le RN soutient davantage la Russie que l’Ukraine » (5 mars 2024). Tout parti qui ne s’aligne pas sur les positions bellicistes de Macron est dit pro-russe. Et plus que LFI, c’est le RN qui est visé, ceci en vue des élections européennes du printemps 2024, mais plus encore en vue des élections présidentielles. Car si le RN n’a cessé de se normaliser et de donner des gages aux atlantistes, au grand capital, et même à l’UE, ce n’est pas (ou pas encore) le premier choix de l’oligarchie.
Mais le débat excède très largement la petite politique. C’est l’avenir de nos peuples européens qui est en jeu. Maîtrise de l’immigration, réindustrialisation et économie auto-centrée, relance de la natalité des autochtones: ce sont là des impératifs vitaux pour les peuples d’Europe. En 1945, Staline avait eu ce mot: « Les nazis passent, l’Allemagne demeure. » Encore avait-il fallu chasser les nazis. Dans un contexte évidemment très différent, quand les Européens se débarrasseront des divers micro-Macron et autres agents de l’Internationale du Capital, l’Europe pourra revivre.
PLV
Pierre Le Vigan est urbaniste et essayiste. Il est l’auteur de plus de vingt livres. Derniers en date : Le coma français (éditions Perspectives libres), Clausewitz, père de la théorie de la guerre moderne (même éditeur) ? Avez-vous compris les philosophes. Introduction à la pensée de 42 philosophes (la barque d’or), Comprendre les philosophes (Dualpha), La planète des philosophes (Dualpha).
labarquedor@gmail.com
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Note:
[1] on remarquera que cet Etat est fondé sur le même principe que les EUA: la colonisation-expropriation-expulsion-voire des mesures plus définitives, là des Indiens, ici des Palestiniens. Et on n’oubliera pas que certains Israéliens refusent de participer à cette infamie, sauvant l’honneur, et peut-être l’avenir.
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samedi, 09 mars 2024
Trump, Nuland et Khrouchtcheva
Trump, Nuland et Khrouchtcheva
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/03/06/trump-nuland-ja-hrustsova/
Le "super mardi" des primaires présidentielles américaines a révélé que le pouvoir en place est clairement déterminé à donner une seconde chance à Trump en tant que figure de proue de l'"Occident global". Il reste encore des mois de théâtre électoral, mais le résultat semble déjà assez clair, avec le déclin du soutien populaire à Biden.
Je me demande simplement pourquoi les euro-atlantistes sont si terrifiés par le retour de Trump. Pensent-ils vraiment que Trump est le signe avant-coureur d'un changement radical ? Qu'est-il advenu de l'expression trumpienne appelant à "drainer le marais" la dernière fois ?
Trump s'est plaint à plusieurs reprises que les autres pays membres de l'OTAN ne finançaient pas suffisamment l'alliance défensive atlantique. Il ne faut pas y voir la rhétorique d'un lobbyiste américain de l'industrie de l'armement visant à inciter les pays européens membres de l'OTAN à augmenter leurs dépenses de défense. Je ne pense pas que Trump brisera l'alliance militaire, il n'en a pas l'autorité.
Les capitalistes américains laisseront Trump revenir à la Maison Blanche, parce qu'il soutiendra Israël avec encore plus d'enthousiasme que Biden. Trump a déjà dit qu'Israël devait "s'occuper de ses problèmes" à Gaza, il n'est donc pas l'homme qu'il faut pour empêcher le génocide palestinien et démanteler l'ethnocratie sioniste. Je ne serais pas surpris si cette fois Trump est prêt à la guerre contre l'Iran (et la Chine).
***
La sous-secrétaire d'État américaine aux affaires politiques, Victoria Nuland, l'une des faucons de guerre les plus virulents de la politique étrangère américaine et le principal architecte du conflit ukrainien, a annoncé sa démission.
La démission de Mme Nuland est considérée comme un signe que la guerre par procuration menée par les États-Unis en Ukraine touche à sa fin, ou du moins que la poursuite du projet sera déléguée aux Britanniques et aux eurocrates. Mission accomplie, puisque l'Europe a été contrainte de rompre ses relations avec la Russie et d'épuiser son moteur économique avec la politique de sanctions autodestructrice de l'Allemagne.
Nuland sera remplacée, au moins temporairement, par John Bass, qui a supervisé le retrait américain d'Afghanistan. Je me demande si un avion d'évacuation américain décollera encore de Kiev, avec à son bord le gouvernement fantoche dirigé par Zelensky.
***
Même Nina L. Khrouchtcheva, professeur russo-américaine de relations internationales et critique de Poutine, estime que la rhétorique guerrière actuelle est "totalement irresponsable". Les dirigeants de l'OTAN tentent d'effrayer la population en l'avertissant que si Poutine remporte la victoire en Ukraine, il attaquera ensuite l'un des pays de l'alliance militaire.
"Cette escalade rhétorique pourrait rendre plus probable une escalade militaire. Poutine n'a jamais manifesté le désir d'entrer en guerre avec l'OTAN. En attisant les craintes qu'il le fasse, les dirigeants de l'OTAN risquent de créer une sorte de prophétie autoréalisatrice", déclare Mme Khrouchtcheva, qui qualifie ces propos de "provocateurs et stupides".
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vendredi, 08 mars 2024
L'adieu à Victoria ?
L'adieu à Victoria ?
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/victoria-addio/
Victoria Nuland s'en va. Après 35 ans de service, sous sept présidents différents et dix secrétaires d'État - démocrates et républicains - la populaire Toria, comme on l'appelle dans les palais de Washington, a annoncé son... départ à la retraite. Son patron, le secrétaire d'État Blinken, l'a rapidement confirmé. Avec, comme à l'accoutumée, des remerciements et des éloges somptueux.
Il a accepté sa requête et a immédiatement procédé à la nomination d'un autre sous-secrétaire comme adjoint aux affaires politiques à titre intérimaire, John R. Bass. Qui, jusqu'à présent, ne s'occupait que d'environnement, d'écologie, de transition verte.
Un changement, même temporaire, qui ne peut que nous laisser perplexes. Car il est certain que ce bon Bass n'aura que très peu à dire sur la politique américaine dans le monde. Et ce, à une époque que l'on pourrait qualifier de critique. Gaza, les révolutions africaines, la mer Rouge... et, surtout, la confrontation avec Moscou en Ukraine.
Oui, l'Ukraine. Dans les événements récents, Nuland a toujours joué un rôle d'une importance fondamentale. Même s'il est apparemment relativement discret.
C'est en effet elle qui a tissé la toile, et tenu les ficelles, du changement de régime, ou plutôt du coup d'État de la place Maïdan. Qui a violemment défenestré le président élu, Victor Yanoukovitch, soupçonné d'être trop proche de Poutine.
Ce qui, soit dit en passant, est discutable. Yanoukovitch cherchait simplement à entretenir de bonnes relations avec la Russie pour des raisons économiques. Et il a accordé des garanties à la minorité russophone - près de 40 % de la population - qui avait largement contribué à son élection.
Dans les jours agités de la place Maïdan, Nuland était à Kiev en personne. Elle dirigeait, dit-on, les événements. Et c'est elle qui a choisi le nouveau chef de gouvernement (qui n'a été élu par personne), Arsenij Yatsenyouk, un économiste qui a poussé Kiev de plus en plus dans l'orbite occidentale pendant la transition.
Plus tard, aux Etats-Unis, Nuland a été accusée d'avoir dépensé plus de dix millions de dollars pour cette opération. Elle n'en a admis que cinq.
Mais c'est toujours elle qui a poussé Yatsenyouk à placer trois "outsiders" à des postes clés du gouvernement. Un Américain, bien que d'origine ukrainienne, un Géorgien et un Lituanien. Tous trois appréciés à Washington. Et tous les trois sélectionnés (un véritable casting) par deux sociétés privées. Appartenant à George Soros.
En revanche, Toria est une experte de la Russie. Conseillère, sur le sujet, de nombreux présidents. À l'exception, bien sûr, de Trump. Quand, pour la seule fois en près de quarante ans, elle a été écartée de Washington.
En revanche, elle est l'épouse de Robert Kagan. Considéré comme l'un des porte-drapeaux idéologiques du nouvel "interventionnisme démocratique", visant à exporter l'idéologie américaine dans le monde entier.
D'autre part, elle est elle-même russe. Ou plutôt, fille d'un médecin juif qui a fui la Bessarabie russe pour se réfugier aux États-Unis. Et son manque de sympathie pour Moscou est bien connu. Toute son action politique, toute sa vie même, a eu pour but de faire éclater la Russie. Pour que l'Ours ne soit plus une menace pour les intérêts américains.
Américains, il faut le souligner. Et elle a toujours interprété l'OTAN comme un simple instrument de Washington.
Les Européens ? On a besoin d'eux, mais ils ne comptent pas.
C'est précisément lors d'une conversation téléphonique - filtrée - avec l'ambassadeur américain en Ukraine, lorsqu'il lui a fait part de certains doutes des alliés, en particulier des Allemands, concernant le candidat qu'elle avait choisi pour diriger le gouvernement de Kiev, qu'elle a répondu catégoriquement : "Fuck the EU" (J'emmerde l'UE) !
C'est dans cette phrase que réside toute la femme.
Aujourd'hui, elle s'en va. Volontairement ? Là encore, on peut s'interroger. L'échec retentissant de sa récente mission en Afrique française a peut-être eu une influence. Ce qui lui a valu les moqueries publiques de Maria Zakharova. Une autre femme de fer, porte-parole de Poutine.
Mais il est peut-être plus probable qu'elle soit devenue encombrante. Et embarrassante. Surtout pour les cercles de Washington, dont Blinken est proche, qui commencent à envisager la nécessité de traiter avec Poutine.
Et à cet horizon, il n'y a certainement pas de place pour Toria.
23:19 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, politique internationale, états-unis, ukraine, europe, affaires européennes, victoria nuland | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Portrait. Victoria Nuland, du mépris de l'UE à la démission
Portrait. Victoria Nuland, du mépris de l'UE à la démission
La politique intérieure américaine impose le réalisme à l'Alliance atlantique
par Sarmaticus
Source: https://www.barbadillo.it/113278-il-ritratto-victoria-nuland-dal-disprezzo-per-lue-alle-dimissoni/
Qui est Victoria Nuland, dont la démission a été annoncée mardi dernier par le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, comme le signe d'un changement de cap avant le vote de novembre 2024 ?
Même la plupart des Américains (l'attention qu'ils portent aux médias étrangers est modeste) l'ignorent. Plus ignorant encore est le fait que le choix de Mme Nuland (descendante d'un médecin ayant immigré de Bessarabie, alors annexée à l'URSS) comme secrétaire d'État adjointe par le président Biden découle de la guerre froide, à l'origine des plans d'expansion continue de l'OTAN, de la course aux armements et d'un encerclement plus poussé de la Russie. Et presque tous les Américains ignorent que de 2003 à 2005, pendant l'occupation militaire américaine en Irak, Nuland a été conseillère en politique étrangère de Cheney, l'âme noire de l'administration Bush Jr.
Ceux qui connaissent bien Nuland sont les Ukrainiens. Il y a dix ans, ils l'ont entendue au téléphone. Elle a alors lancé un "Fuck the EU" en guise de directive à l'ambassadeur américain à Kiev, Geoffrey Pyatt, ce qui n'est pas très élégant. Il s'agissait de remplacer le président ukrainien élu, Victor Yanukovich. En neuf lettres seulement, Mme Nuland a exprimé son dégoût pour l'UE, qui a placé à Kiev le champion de l'austérité Vitali Klitschko, et non la marionnette américaine Artseniy Yatseniuk. Première étape pour remplacer Yanukovich, pro-russe.
Mépris pour l'UE
Ce "Fuck the Eu" est devenu viral. Le département d'État, embarrassé, a accusé les Russes d'avoir intercepté l'appel, sans pour autant en nier l'authenticité. Tout comme la NSA a mis sur écoute les téléphones des alliés européens des États-Unis. Malgré l'indignation de la chancelière Angela Markel, personne n'a renvoyé Nuland. Dont la bouche nauséabonde a éclipsé le plus grave : le complot visant à renverser le gouvernement élu de l'Ukraine et la responsabilité de l'Amérique dans une guerre civile qui a fait treize mille morts avant février 2022, faisant de l'Ukraine le pays le plus pauvre d'Europe, avant même l'"opération spéciale" de la Russie.
Les néo-conservateurs
Nuland, son mari Robert Kagan (cofondateur du "Projet pour un nouveau siècle américain") et leurs collègues néo-conservateurs ont entraîné les relations américano-russes dans une dangereuse spirale descendante. Mme Nuland a atteint cet objectif à partir d'un poste secondaire, celui de secrétaire d'État adjointe aux affaires européennes et eurasiennes. Promue au rang de numéro 3 du département d'État, on se demandait jusqu'à quel point elle allait créer des problèmes. Aujourd'hui, il semble qu'à Washington, on ait enfin tiré les bonnes conclusions.
Biden aurait dû apprendre des erreurs d'Obama que de telles nominations comptent. Au cours de son premier mandat, M. Obama avait permis à l'agressive secrétaire d'État, Hillary Clinton, au secrétaire à la défense, Robert Gates, ainsi qu'aux chefs de l'armée et de la CIA d'opposer une guerre orwellienne sans fin à son message d'espoir et de changement. Prix Nobel de la paix, Obama avait fini par être le président des enlèvements (dont un, devenu tristement célèbre, même à Milan) ; des emprisonnements sans fin et sans habeas corpus à Guantanamo ; d'une succession d'attaques de drones meurtrières même sur des civils innocents ; de la poursuite de l'occupation américaine de l'Afghanistan, puis de sa fin sans honneur en 2021 ; d'une spirale terrorisme/antiterrorisme ; des guerres en Libye et en Syrie.
Obama après Clinton
Après Clinton, avec le nouveau top staff de son second mandat, Obama a eu sa propre politique étrangère, travaillant directement avec le président russe Poutine pour résoudre les crises en Syrie et ailleurs. Poutine avait en effet évité l'escalade en Syrie en septembre 2013, en négociant le retrait et la destruction des armes chimiques et en aidant Obama à négocier l'accord intérimaire avec l'Iran.
Craignant de perdre leur contrôle sur la politique étrangère américaine, les néo-conservateurs ont lancé une campagne visant à qualifier Obama de "faible" en matière de politique étrangère et à lui rappeler leur pouvoir. Avec l'aide de Nuland, Kagan a écrit l'article "Superpowers don't retire" (Les superpuissances ne prennent pas leur retraite) dans le New Republic en 2014. Kagan a appelé à une politique étrangère encore plus agressive, pour exorciser les craintes d'un monde multipolaire que les États-Unis ne domineraient plus. Moralité : Obama a invité Kagan à déjeuner à la Maison Blanche, réduisant la diplomatie avec la Russie (mais poursuivant discrètement la diplomatie avec l'Iran).
En 2014, les néoconservateurs, contre Obama, ont agi pour le coup d'État en Ukraine endettée, pour soutenir un candidat pro-OTAN, contre le Premier ministre Viktor Yanukovich, qui a rejeté l'accord commercial soutenu par les États-Unis avec l'UE, préférant le plan de sauvetage de 15 milliards de dollars de la Russie.
Pacte léonin
L'accord commercial avec l'UE était censé ouvrir l'Ukraine aux importations en provenance de l'UE, mais sans aucune réciprocité : un pacte léonin que Yanukovich n'a pas accepté. Au lieu de cela, cet accord a été approuvé par le gouvernement post-coup d'État de 2014, ce qui a aggravé les problèmes économiques de l'Ukraine.
La force motrice derrière le coup de 5 milliards de dollars de Nuland était le parti Svoboda d'Oleh Tyahnybok (photo) et la milice "Secteur droit". Lors de l'appel téléphonique susmentionné avec l'ambassadeur américain, Nuland a parlé de Tyahnybok comme de l'un des "trois grands" leaders de l'opposition qui pourraient aider le Premier ministre Yatsenyuk, soutenu par les États-Unis.
Lorsque les manifestations de rue à Kiev se sont transformées en affrontements en février 2014, Yanukovich et l'opposition soutenue par l'Occident ont signé un accord - négocié par la France, l'Allemagne et la Pologne - pour un gouvernement d'unité nationale et pour organiser de nouvelles élections dans l'année. Mais cela n'a pas suffi aux États-Unis.
D'autre part, après avoir perdu la base navale de Sébastopol, la Russie a accueilli favorablement (83 % de participation, 97 % de majorité) le résultat du référendum sur la réunification de la Crimée, russe de 1783 à 1954. Avec une majorité russophone, les provinces de Donetsk et de Louhansk ont à leur tour fait sécession de l'Ukraine, déclenchant la guerre qui fait toujours rage.
Pire que l'URSS ?
Nuland et les néo-conservateurs ont cependant multiplié les frictions avec la Russie et la Chine pour justifier une politique étrangère militariste et gonfler les budgets du Pentagone. Dans Foreign Affairs (juillet 2020), dans l'article "Pinning Down Putin", Nuland a soutenu que la Russie, plus que l'URSS, constituait une menace. Elle souhaite donc une OTAN plus agressive.
Depuis qu'elle a été ambassadrice auprès de l'OTAN pendant le second mandat de Bush Jr, Nuland souhaite une OTAN frontalière avec la Russie. Elle incarnait la volonté la plus dangereuse, la volonté de surenchère des Etats-Unis, poursuivie depuis les années 1990. Sa démission signifie-t-elle que Washington prend acte de l'issue du champ de bataille en Ukraine ? Peut-être, et ce ne serait pas la première fois : il l'a fait en Corée, en Indochine, en Irak, en Somalie, en Afghanistan....
Sarmaticus
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jeudi, 07 mars 2024
Economies de guerre
Economies de guerre
Andrea Marcigliano
Source : https://electomagazine.it/economie-di-guerra/
En Europe, ou plutôt en Europe occidentale, ce que nous appelons l'Union et qui est en fait l'OTAN - les malins l'appellent le Natostan - les décisions économiques des différents pays sont fortement conditionnées par la guerre.
Des économies de guerre - normales, pourrait-on dire. Les exigences de la guerre conditionnent, et lourdement, les choix économiques. Les gouvernements belligérants doivent investir dans l'armement. Et, logiquement, trouver l'argent pour le faire. Donc, faire des coupes dans d'autres secteurs. Inévitablement au détriment des citoyens. Coupes dans l'État-providence, surtout. Ou ce qu'il en reste (et il en reste de moins en moins) après l'avènement de l'euro. Et les impositions de Bruxelles.
Coupes dans la santé, dans l'éducation, dans les services. Sur l'aide aux plus faibles. Qui, comme cela a toujours été le cas, sont ceux qui paient le plus lourd tribut à l'état de guerre.
Mais un problème se pose. Nous, les Européens, ne sommes pas en guerre. C'est du moins ce que nous disent nos gouvernements. Qui estiment que fournir des armes, de l'entraînement militaire, des services de renseignement à l'un des deux belligérants, c'est ne pas être directement impliqué dans le conflit. Une position très étrange et discutable. Mais c'est ainsi. Même si certains "leaders" européens, de Macron à Meloni, s'engouffrent dans des agendas belliqueux et bellicistes, envisageant d'envoyer des troupes de l'OTAN pour soutenir Kiev. Mais cela, précisent-ils, ce n'est pas faire la guerre à la Russie. Ah bon...
Prenons toutefois ces déclarations au pied de la lettre. Alors, expliquez-moi pourquoi nous devons accepter des coupes dans notre vie quotidienne, des sacrifices, des réductions de services... pourquoi et pour qui ?
Et surtout, expliquez-moi pourquoi nous devons supporter tout cela alors que d'autres, et précisément les pays belligérants, semblent ne pas être affectés.
Laissons l'Ukraine tranquille. Elle est un pays, certes, en catastrophe économique. Mais qui était déjà dans cet état avant le conflit avec Moscou. Une économie en plein effondrement. Un pays qui reposait sur des trafics plus ou moins criminels. Avec des élites dites prédatrices et autoréférentielles.
Restons-en là et concentrons-nous sur la Russie.
La Russie qui, selon nos politiciens (et leurs mouches du coche intellectuelles) allait s'effondrer économiquement et socialement sous le poids des sanctions. En quelques mois seulement. Et au lieu de cela.
Et au lieu de cela, Vladimir Poutine annonce, ces jours-ci, un plan d'investissement social surprenant. Un rêve même pour les pays européens les plus prospères. A fortiori pour l'Italie...
Voyons voir...
Un plan pour les six prochaines années. Officiellement annoncé devant la Douma en séance plénière.
11 milliards d'euros pour les infrastructures de santé.
7 milliards pour l'"économie des données". La mise en place de plateformes numériques dans les principaux secteurs économiques et sociaux. Prévu d'ici 2030.
4 milliards d'euros pour la construction de 40 campus d'enseignement supérieur (au moins).
1 milliard d'euros pour de nouvelles résidences universitaires.
3 milliards pour le fonds de développement industriel.
1 milliard pour un système satellitaire facilitant l'accès à l'internet.
1 milliard pour des projets éducatifs et historiques. A travers les médias, le cinéma, les réseaux sociaux.
822 millions d'euros pour augmenter le taux de natalité dans les régions à faible taux de natalité. Soutien aux familles.
98 millions d'euros pour les universités pédagogiques. Formation des enseignants.
Et enfin, création d'un fonds spécial pour soutenir les prêts hypothécaires aux familles nombreuses.
Bien sûr, certains diront que Poutine se dirige vers les élections. Et que tout cela sert à apporter de l'eau à son moulin électoral.
C'est sans doute vrai... mais cela amène néanmoins deux réflexions.
Si Poutine, en tant que tyran tel qu'il est dépeint par les médias occidentaux, doit promettre et faire tout cela pour être sûr d'être réélu... eh bien, il me semble qu'il s'agit d'une autocratie dure comme l'acier. Une autocratie, curieusement, "démocratique" dans ses us et coutumes. Non ?
Et puis, la Russie n'était-elle pas censée être à genoux ? Et, au lieu de cela, elle se permet des investissements pharaoniques dans les dépenses sociales...
Alors que nous, sans être en guerre, nous devons nous serrer la ceinture.
Décidément, ça ne colle pas.
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mercredi, 06 mars 2024
Les avertissements des ex-généraux allemands se perdent dans les clameurs de guerre
Les avertissements des ex-généraux allemands se perdent dans les clameurs de guerre
par Jochen Sommer
Source : https://ansage.org/die-warnungen-deutscher-ex-generaele-gehen-im-kriegsgeschrei-unter/
Tandis que des politiciens en rien spécialisés, souvent sans formation aucune ni expérience professionnelle, et encore moins de la guerre, déblatèrent en toute insouciance sur les nouvelles livraisons d'armes allemandes à l'Ukraine, il existe encore de véritables experts qui osent prôner la modération et la prudence et s'opposer à la rhétorique générale de l'escalade - avec l'effet suivant, qu'ils sont plutôt rarement invités dans les talk-shows allemands, où des profanes complètement déconnectés, comme l'agitateur de "Correctiv" et acteur journalistique Marcus Bensmann ou la Verte Marina Weisband, répandent leurs fantasmes de paix victorieuse après la défaite de la Russie dans une mégalomanie moralisatrice. L'un de ces esprits rationnels de plus en plus oubliés dans le désert de la folie est l'ancien conseiller de Merkel et général de brigade Erich Vad.
Vad a tout récemment félicité le chancelier allemand Olaf Scholz pour sa décision de ne pas envoyer de missiles de croisière Taurus à l'Ukraine. "Du point de vue allemand, une livraison de Taurus à court terme et la mise à disposition de soldats capables de manœuvrer le système d'armes qui en résulterait constitueraient une participation claire à la guerre", a déclaré Vad.
Le missile Taurus permettrait de détruire le Kremlin et donc le siège du gouvernement russe. En revanche, les systèmes britanniques et français livrés à l'Ukraine ne disposeraient pas d'une telle portée et d'une telle puissance de destruction. Il a demandé à Scholz de communiquer plus clairement sa décision à la population - ce qui serait d'autant plus nécessaire pour envoyer un signal à la Russie que les plans de guerre exprimés par les officiers de l'armée de l'air dans la conversation divulguée urbi et orbi ne bénéficient en aucun cas de l'appui du gouvernement. Malheureusement, cette fois encore, il ne faut pas s'attendre à ce que le chancelier prenne des mesures décisives et clarifie sa position - si c'est bien la sienne et s'il se souvient encore de ce qu'il défend. Au contraire, presque chaque fois que Scholz a promis quelque chose jusqu'à présent, il a fait exactement le contraire par la suite.
Une coalition de bellicistes
Les figures habituelles parmi les bellicistes de sa propre coalition le poussent à agir de la sorte avec leur véhémence et leur irresponsabilité bien connues, en particulier l'inévitable belliciste du FDP Marie-Agnes Strack-Zimmermann. La seule conséquence qui lui vient à l'esprit concernant le scandale des écoutes téléphoniques de la semaine dernière, où les officiers se sont notamment exprimés de manière totalement ouverte sur la destruction du pont de Kertch en Crimée par des missiles Taurus, est que les missiles de croisière devraient "naturellement" être livrés à l'Ukraine. Elle espère sincèrement que le chancelier et ses conseillers s'en sont rendu compte "et qu'ils ont enfin mis de côté leur naïveté". Après que Scholz a une nouvelle fois exclu la livraison, mais que les raisons de son refus ont été soi-disant réfutées par des experts dans les 24 heures, on veut manifestement le dissuader de "donner quand même le feu vert, car la Russie craint le Taurus, précisément parce qu'il est si efficace". L'Allemagne est de toute façon considérée depuis longtemps comme un ennemi par la Russie, a-t-elle poursuivi. Pour une fois, elle a raison de dire cela, mais ce n'est pas une raison pour pousser l'escalade encore plus loin et mettre l'Ukraine en possession d'armes qui lui permettraient d'attaquer directement le territoire russe.
L'insouciance avec laquelle des personnages aussi calamiteux que Strack-Zimmermann, le politicien vert Anton Hofreiter ou l'expert en "défense" de la CDU Roderich Kiesewetter parlent de l'extension continue d'une guerre perdue depuis longtemps - qui ne peut être terminée qu'à la table des négociations - à la troisième guerre mondiale laisse pantois. La constatation que l'ancien inspecteur général de l'armée allemande et ex-président du comité militaire de l'OTAN, le général de l'armée de l'air Harald Kujat, a récemment faite à Weltwoche s'applique à eux: à savoir qu'en Allemagne sont parfois à l'œuvre des personnes "qui ne savent pas distinguer un fusil d'un concombre". Il est frappant de constater que ce sont des ex-généraux expérimentés comme Vad et Kujat qui, dès le début, ont mis en garde contre l'allégeance aveugle de type Nibelungen à l'Ukraine et ont vu venir sa défaite - tandis que des acteurs politiques, pour la plupart sans service et étrangers au sujet, se lancent dans une rhétorique guerrière aussi stupide que dangereuse. Cela aura des conséquences apocalyptiques si les voix de la raison ne s'imposent pas enfin et si l'Allemagne ne se tient pas enfin à l'écart d'une guerre qui, contrairement à ce que la propagande perpétue, n'a jamais été la nôtre.
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mardi, 05 mars 2024
La complexité de la situation géopolitique au Moyen-Orient - l'exemple de la milice Hachd al-Chaabi
La complexité de la situation géopolitique au Moyen-Orient - l'exemple de la milice Hachd al-Chaabi
Piet
Source : Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no 187, février 2024
La Belgique est un pays complexe, et si vous essayez parfois d'expliquer cette complexité à vos amis et connaissances étrangers, cela se fera généralement sans succès, surtout lorsque vous tâcherez d'expliquer le rôle des différents (7 !) gouvernements de ce pays et la répartition des pouvoirs où même une chatte ne retrouve pas ses petits. La Belgique est peut-être complexe, mais en grande partie, à travers les déformations successives de l'État, ce pays n'a qu'à s'en prendre à lui-même - et aux partis du système.
Au Moyen-Orient, la situation géopolitique est encore plus complexe. Non seulement vous y trouvez des Arabes et des non-Arabes (Iraniens, Turcs, Juifs, Arméniens et une myriade d'autres peuples), des islamistes et des non-islamistes, mais vous avez aussi plusieurs États multinationaux qui ont émergé dans le sillage des accords Sykes-Picot, et quelques superpuissances régionales entre-temps: l'Égypte, mais surtout la Turquie et l'Iran. Et dans tout cela, une fois de plus, des coalitions politiques changeantes.
Comme si la situation n'était pas déjà assez difficile, les différents groupes ethniques et religieux s'entremêlent souvent, créant des formations des plus étranges. Prenez la milice Hachd al-Chaabi en Irak, également connue sous le nom des "unités de mobilisation populaire". Il s'agit d'une coalition paramilitaire de milices principalement chiites, formée en 2014 au cours de la deuxième guerre civile irakienne.
Le Hachd al-Chaabi est sous le parrainage de l'État irakien et regroupe plusieurs unités armées, parmi lesquelles des chiites mais aussi, aussi surprenant que cela puisse paraître, des musulmans sunnites, des chrétiens et des yézidis ! La coalition était une réponse à la menace armée de l'État islamique et était soutenue, entre autres, par le grand ayatollah chiite iranien Ali al-Sistani, de sorte que pas mal de miliciens chiites ont rejoint la coalition.
Le Hachd al-Chaabi a joué un rôle militaire crucial dans la lutte contre l'Etat Islamique, mais certaines de ses milices sont considérées comme un groupe terroriste par certains États, en raison de leur alliance avec l'Iran. Il existe de nombreux conflits internes (entre les partisans de Khomeini, Sistani et Sadr) qui débouchent souvent sur des batailles sanglantes. L'idéologie du Hachd al-Chaabi est également complexe: la plupart des milices chiites sont pro-iraniennes et veulent imposer un programme chiite en Irak. D'autres, plus proches de l'ayatollah al-Sistani, rejettent cette idéologie. Les Brigades de la Paix, autre composante de cette alliance militaire, et sous la direction de Moqtada al-Sadr, sont quant à elles sur une position nationaliste et veulent simplement se distancer davantage de l'Iran.
Quoi qu'il en soit, la composition du Hachd al-Chaabi reflète la diversité ethnique et religieuse de l'Irak, puisqu'il comprend également des Assyriens catholiques, des Turkmènes et des Kurdes. Au sein de cette coalition militaire, ils se sont principalement attachés à défendre leurs intérêts ethniques. Sur le plan politique, ils ont tenté de jouer un rôle en Irak. En 2018, par exemple, les militants du Hachd al-Chaabi ont formé une coalition appelée l'alliance Fatah (bien que composée de factions très différentes). Plusieurs tentatives d'intégration des milices Hachd al-Chaabi dans l'armée irakienne ont toujours échoué.
Les milices sont restées largement autonomes, ce qui est certainement le cas, par exemple, de la 80ème brigade, composée principalement de Yézidis (kurdes), qui sont politiquement fort alignés sur le Parti des travailleurs du Kurdistan, et donc régulièrement pris pour cible par l'armée turque. Sur le plan militaire, les milices Hachd al-Chaabi sont réputées fiables et disciplinées. Leur dépendance vis-à-vis de l'Iran suscite le malaise de nombreuses puissances et elles ont déjà été accusées de crimes de guerre par le passé.
Parmi les nombreuses tensions en Irak, ces formations du Hachd al-Chaabi sont un acteur majeur. Entre 2014 et 2017, on dénombre environ 9000 miliciens tués et 23.000 blessés, selon certains chiffres. Les effectifs (environ 120.000) auraient été reconstitués entre-temps.
Piet.
20:48 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, iraq, moyen-orient, monde arabe, monde arabo-musulman | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Forum sur la multipolarité et Congrès russophile 2024
Forum sur la multipolarité et Congrès russophile 2024
Anastasia Gavrilova
Source: https://www.geopolitika.ru/article/forum-mnogopolyarnosti-i-sezd-rucofilov-2024?fbclid=IwAR031M5Ii1mn8gyA0cPO-KLDgUJ48aQWV4uw797wPDRPz0Fcn1GRqdBw8O0
Le Forum de la multipolarité et le Forum du mouvement russophile, qui ont eu lieu les 26 et 27 février 2024, sont des événements uniques qui ont rassemblé des experts influents, des activistes, des politiciens et des membres du public pour discuter de questions clés en matière de relations internationales, de politique et de diplomatie. Ces forums ont favorisé le dialogue et l'échange de points de vue sur des sujets d'actualité liés à la politique mondiale.
Le forum sur la multipolarité a abordé les problèmes d'un monde multipolaire, les nouveaux défis et les opportunités pour le développement mondial. Les participants au forum ont parlé du rôle des différents États et régions dans le monde, des stratégies de coopération et de conflit, ainsi que des tendances modernes dans les relations internationales.
Le forum du mouvement russophile, quant à lui, vise à discuter et à populariser la culture, l'histoire, la langue et les valeurs russes. Les participants au forum ont discuté de questions liées à la préservation et à la promotion du patrimoine russe, à l'influence culturelle de la Russie et à la langue russe dans le monde.
Les deux forums ont accueilli des orateurs hautement qualifiés, des discussions, des sessions plénières, des séminaires et des tables rondes. Les participants ont eu l'occasion d'échanger des expériences, des connaissances et des idées, de renforcer les liens et de créer de nouveaux partenariats. Ces forums auront eu un impact significatif sur la politique, la culture et la diplomatie mondiales, en favorisant une coopération et une compréhension internationales accrues.
Le forum sur la multipolarité et le forum sur le mouvement russophile sont des plateformes importantes pour discuter des défis contemporains et trouver des solutions communes à l'échelle mondiale. La participation à ces forums a permis aux participants de mieux comprendre les processus contemporains dans les relations internationales et de partager leurs idées et leurs propositions pour parvenir à la paix, à la justice et au développement.
Selon la porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, Maria Zakharova, on assiste à une substitution croissante des concepts dans le monde. La liberté, telle que la conçoivent les dirigeants occidentaux, signifie l'adhésion forcée à leur conception de l'ordre mondial et de l'hégémonie. Alors qu'auparavant, on ne parlait que des intérêts de certains clubs, aujourd'hui, tous les pays, y compris ceux du Sud et de l'Est, jouissent de droits égaux. Ce résultat a été obtenu grâce aux efforts de la Russie. Aujourd'hui, la véritable majorité mondiale se réunit non pas lors de conférences occidentales, mais ici, en Russie.
Selon Alexandre Douguine, l'humanité connaît aujourd'hui un changement important dans le processus de civilisation. Il défend l'idée d'un monde multipolaire, qui repose sur une critique de l'universalisme occidental et de ses aspects racistes et impérialistes. Auparavant, la Grande-Bretagne prétendait être le centre de conscience de l'humanité, ce qui a conduit à l'établissement d'un monde avec le seul système politique, la seule approche économique et la seule culture acceptables. Douguine affirme qu'il est nécessaire d'évoluer vers la diversité et de se débarrasser du monopole d'un pays ou d'une culture.
La multipolarité est une philosophie qui affirme que le monde ne se limite pas à l'Occident, mais qu'il est constitué d'une multitude de civilisations. La Russie, la Chine, l'Inde, le monde islamique, les pays africains et l'Amérique latine sont tous des civilisations distinctes avec leurs propres traditions et valeurs. Malgré leurs différences, elles ne s'opposent pas les unes aux autres, mais s'efforcent de coexister pacifiquement.
La civilisation occidentale a le potentiel de coexister harmonieusement avec d'autres civilisations, affirme le philosophe russe. La multipolarité ne s'oppose pas à l'Occident dans son ensemble, mais plutôt à ses prétentions à l'exclusivité, au leadership mondial et à l'universalité. L'idéologie toxique de l'Occident a sapé les élites nationales de nombreux pays, les utilisant pour soutenir un hégémon. Aujourd'hui, cependant, cet état de fait est en train de prendre fin.
La Russie s'est engagée dans une bataille mortelle avec l'Occident collectif en Ukraine, dans un effort pour contrer le monde unipolaire. Les sanctions et la pression de l'Occident tentent de nous étrangler, mais notre victoire sera importante pour l'ensemble de l'humanité, affirme Douguine. La Chine joue un rôle de premier plan sur le front économique, en luttant contre l'Occident. Le monde islamique résiste aux pressions exercées sur les valeurs religieuses et familiales. L'Afrique passe du statut de colonie de matières premières à celui de géant mondial. L'Amérique latine poursuit sa lutte anticoloniale et représente tous ses pays au sein du forum.
Comme exemple du nouvel ordre mondial, nous pouvons citer l'unification des représentants de six civilisations sur sept au sein des BRICS. Cela indique la formation d'un système institutionnel de multipolarité. En même temps, l'Occident n'est pas unifié. Les peuples d'Europe et du monde anglo-saxon sont soumis à leurs gouvernements mondialistes qui cherchent à détruire leur propre identité culturelle et nationale. Cette remarque d'Alexandre Douguine a suscité une salve d'applaudissements. Les peuples occidentaux ne sont pas des adversaires d'un monde multipolaire, mais des victimes du despotisme de leurs élites.
Zhang Weiwei, éminent expert en relations internationales du Parti communiste chinois, a souligné que le concept d'un monde unipolaire est déjà dépassé. "L'unipolarité est dépassée. Cet ordre changera avec le renforcement de l'influence internationale de la Chine, de la Russie et de l'expansion des BRICS en ajoutant à l'alliance des pays du Sud et de l'Est", a-t-il déclaré.
Les discours du cardinal Vigano et de l'archiprêtre Tkachev ont rendu un verdict sur l'hégémonie des élites occidentales, condamnant leurs racines diaboliques et le club fermé des adorateurs de Satan. Ils ont ouvertement critiqué la haine de l'homme biblique traditionnel, en mettant les points sur les i et en appelant les choses par leur nom.
La session plénière du forum a été suivie d'une division en trois sections thématiques sur les différents centres de la civilisation mondiale. Au cours de la discussion dans la section "Perspectives du monde occidental après l'hégémonie : le salut de la civilisation européenne est-il possible ?", les participants ont analysé en profondeur les modes de développement des pays occidentaux.
Des représentants de l'Italie, de Chypre et de la Grèce se sont prononcés en faveur d'un retour aux sources de la civilisation méditerranéenne et de l'élimination de l'influence des États-Unis. La section "Le rôle de la Chine dans un monde multipolaire" a abordé le centre de gravité oriental de la civilisation étatique. La Chine, en tant que pays ayant atteint la prospérité grâce à son modèle unique de coopération sans hégémonie, offre son soutien économique à la prospérité de nombreux pays. Le projet mondial "Une ceinture, une route" vise à rassembler les intérêts de différents États et centres de développement mondiaux pour atteindre des objectifs communs.
Un invité du Kirghizistan, Kurbat Rakhimov, expert du Valdai Club, a examiné l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en tant que structure institutionnelle importante pour le développement régional. Il a souligné la nécessité de développer le monde sans qu'une superpuissance ne l'emporte sur une autre. M. Rakhimov a estimé que la multipolarité ne garantit pas toujours l'absence de conflits entre les pays et les blocs, et a appelé à faire en sorte que les actions d'un pôle ne provoquent pas de conflits avec les autres.
Le forum sur la multipolarité qui s'est tenu à Moscou a souligné que la diversité des cultures et des croyances facilite l'échange d'idées et crée une harmonie dans le développement de l'économie mondiale. La section "Global South. Changer l'architecture mondiale" a attiré l'attention des participants qui ont exprimé leur désir de s'unir après une longue période de division et de mettre fin à l'exploitation des ressources naturelles par les sociétés transnationales.
Pour les représentants de l'Iran, du Yémen et d'autres pays du Moyen-Orient, il est important de créer un nouveau modèle économique différent de la dictature libérale occidentale des entreprises mondiales. Ils estiment que la bataille de la mer Rouge et de la Palestine n'a pas seulement une signification militaire, mais aussi culturelle et économique. Les pays africains ont fait de la lutte contre le terrorisme et les pandémies des priorités absolues. L'exemple du Mali, de la RCA et du Niger montre qu'avec le soutien de la Russie, il est possible de vaincre rapidement et avec succès les terroristes qu'ils combattent depuis de nombreuses années.
L'invitée de la Zambie a exprimé son désir de vaincre rapidement la pandémie de COVID-19, en s'inspirant de l'histoire des victoires africaines sur la rougeole et la polio. Pour ce faire, il faut disposer de vaccins efficaces grâce aux efforts de la Russie et sensibiliser davantage le public à l'importance de la vaccination. Elle a noté que le principal défi actuel du continent est le développement du système de soins de santé et la protection de la santé publique.
Le forum du 26.02.2024 s'est avéré productif et a permis aux participants d'échanger des points de vue et des expériences, ainsi que de définir de nouvelles mesures pour construire un ordre mondial plus durable et plus juste.
Sergey Lavrov, s'exprimant lors du congrès des russophiles, a souligné que le développement des relations internationales est une priorité importante pour la Russie.
La Russie s'efforce d'être amicale et ouverte à tous les pays du monde. Nous adhérons à une politique étrangère indépendante, pragmatique et pacifique, qui soutient la démocratisation des relations internationales conformément aux principes de la charte des Nations unies. Nos efforts visent à développer cet objectif par le biais de notre présidence des BRICS, de la CEI, d'un travail actif au sein de l'EAEU, de l'OCS, du G20 et d'autres formats multilatéraux. Nous renforçons également les liens avec les associations d'intégration régionale.
"La multipolarité est importante car elle offre des alternatives au monde. Nous espérons que le Sénégal rejoindra les BRICS. Il serait préférable que l'alliance accepte le plus rapidement possible les pays qui ont demandé à en faire partie", a déclaré Oumi Sen, secrétaire général du Centre culturel Kalinka au Sénégal.
Le combattant d'arts martiaux mixtes (MMA) Jeff Monson a également visité le forum et s'est prononcé en faveur de l'approfondissement de la coopération économique entre les pays des BRICS. "Si les pays des BRICS se mettent d'accord pour introduire une monnaie commune, ce serait une mesure très efficace. Elle pourrait être utilisée pour des échanges commerciaux communs", a indiqué M. Monson.
Selon l'idée des organisateurs de l'événement, la plateforme est conçue pour réunir des scientifiques de différents pays qui défendent le concept d'un monde multipolaire basé sur le respect mutuel.
À ce jour, le Mouvement international russophile défend activement la diffusion de la culture russe et des valeurs humanitaires.
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mardi, 27 février 2024
Nous nous dirigeons vers la troisième guerre mondiale grâce aux p'tits Macron
Nous nous dirigeons vers la troisième guerre mondiale grâce aux p'tits Macron
Carlos X. Blanco
Source: https://adaraga.com/nos-encaminamos-a-una-tercera-guerra-mundial-gracias-a-los-pequenos-macrones/
Nous nous dirigeons vers une Troisième Guerre mondiale, et les peuples occidentaux dorment et se prélassent paisiblement sur une poudrière. La mèche qui peut faire sauter ce baril de poudre est très proche, mais les masses continuent de brouter le slogan pentagonal et otaniste, dans la bouche des petits employés du Grand Capital spéculatif: "nous ne pouvons pas permettre à la Russie de s'emparer de l'Europe".
La poudrière n'est pas simplement une poudrière: c'est une myriade d'ogives nucléaires qui, même si elles sont utilisées avec parcimonie, de manière tactique et "à profil bas", signifient la fin de l'Europe si elles sont utilisées, notre fin ni plus ni moins. Il ne suffisait pas de détruire un pays entier, l'Ukraine, et d'utiliser sa population comme chair à canon. Il ne suffisait pas de nourrir des rêves nationalistes et suprématistes pour l'arracher à son orbite russe naturelle. Il fallait, et il faudra, pour reprendre les mots du "petit Napoléon", envoyer ouvertement des troupes européennes, et non plus comme de pseudo mercenaires ukrainiens, comme cela a été fait jusqu'à présent, mais en enrôlant les nôtres et en leur donnant des uniformes et des armes.
Macron, malgré son nom trompeur qui étymologiquement signifie "grand", est un tout petit homme. Et les petits hommes qui veulent montrer la grandeur sans la posséder sont dangereux. Macron, comme Sanchez et comme tous les petits hommes qui dirigent l'Occident collectif, veut nous entraîner follement dans une confrontation guerrière avec un géant. Le peuple russe, d'après nos informations, n'a plus rien à voir avec les petites villes de l'Occident. Le peuple russe conserve une bonne dose de patriotisme et de foi chrétienne. C'est un peuple qui a souffert de manière indicible, d'abord pour vaincre les nazis, ensuite pour vaincre le stalinisme.
La dernière grande vague de souffrance a eu lieu avec la chute du régime soviétique, un moment historique perdu pour la nécessaire construction de la Grande Europe. Ceux qui n'étaient plus "communistes" et ne pouvaient plus représenter une menace pour l'Occident ont continué à être traités comme des ennemis s'ils résistaient (comme ils l'ont fait) à être réduits au statut de pion du néolibéralisme. Ils ont eu une réaction : la Russie n'a plus jamais été un gâchis et a pu se rassembler autour d'un dirigeant national, Poutine.
Les nains qui dirigent l'Europe ont commis une erreur majeure. Ils n'ont pas embrassé une belle nouvelle mariée, mais - sur ordre des Américains - se sont jetés sur elle comme des hyènes pour la violer et la dépouiller. La Russie, déjà suffisamment démembrée et outragée sous l'ère Eltsine, a dignement conservé l'essentiel de sa nationalité et de son patriotisme, et ne s'est pas laissée faire.
Les budgets de l'Union européenne consacrés à la "défense" ne cesseront d'augmenter, tandis que les écoles se dégradent, que les soins de santé s'effondrent, que les campagnes sont abandonnées et que la productivité s'effondre. Plus personne ne disposera de la capacité de production nécessaire pour payer des impôts: nous devenons tous "dépendants". Ceux qui ne vivent pas avec une petite allocation vivront avec une subvention, et la jungle des bénéficiaires de l'aide deviendra insoutenable: ce sera une guerre de loups selon Hobbes, les anciens subventionnés se battront contre les nouveaux, les allogènes contre les autochtones, et la folie s'emparera d'un "vieux" continent, non pas parce que l'empire américain est très récent, mais parce qu'il est vieux parce qu'il a vieilli. Un continent aliéné et apte, selon nos p'tits Macron, à recueillir la moitié de l'Afrique.
Un grand assombrissement se profile à l'horizon. Une convergence de catastrophes, comme disait Guillaume Faye. L'Europe s'appauvrit à vue d'œil, soumise à un cadre législatif qui n'émane pas des besoins de ses peuples mais de la "réalité virtuelle" dans laquelle vivent ces petits dirigeants qui ne savent pas comment déclencher la guerre, bien qu'ils soient séduits par le jeu, car même la brute du quartier, le gendarme du monde, qu'on appelle l'hégémon américain, peut s'effacer d'un moment à l'autre. Ils se sont déjà enfuis en se pissant dessus au Vietnam et en Afghanistan.
Les p'tits Macron et Sanchez, soumis à toutes sortes de lobbies, qui sont-ils ? Ce sont les petits chefs qui savent faire pression sur leur peuple (les unités de mamporreras de Marlaska, ministre de l'intérieur espagnol, donnent une bonne idée de ce qui nous attend), mais eux, si grossiers avec leur peuple, se comportent à Bruxelles et dans les cénacles cachés comme des boulettes qui, sur le terrain, se laissent aplatir par les bottes les plus diverses. En Espagne et en Europe, les bottes qui conviennent le mieux à ce type de dirigeant, qui ont le pouvoir d'acheter et de louer des putes avec des mallettes et des sièges, sont les bottes des Marocains et des Arabes.
Ces "professionnels" de la vente à soi-même, cette variante de la politique proche de la prostitution, ne sont ni plus ni moins que la majorité de nos politiciens, tous prêts à nous conduire à une guerre mondiale sans parlements, sans syndicats, sans partis, sans ONG et sans autre "nomenklatura" capable de donner des coups de gueule".
Il y aura beaucoup de morts et de faim avant que l'Europe ne se réveille. Les Russes faisaient partie de l'Europe : aujourd'hui, ils nous considèrent comme une pourriture méconnaissable. Moralement, nous n'avons rien à offrir : le génocide slave et le génocide palestinien s'ajoutent à des centaines de génocides antérieurs. Les mains tachées de sang de l'OTAN et des petites armées qui tuent comme des franchises du Pentagone (elles ont déjà tué la Serbie, la Libye, l'Irak, la Palestine...) ne sont pas de bonnes mains pour construire un avenir.
J'ai vu la récente vidéo (nauséabonde) d'un homme âgé, défendant l'agriculture espagnole, qui se fait battre et maltraiter par des fonctionnaires devenus des voyous. On ne voit généralement pas la même force dans la défense de nos frontières et le maintien de l'ordre dans nos rues contre les barbares et les criminels. Si l'"Occident collectif" a été un empire, nous voyons aujourd'hui qu'il n'offre rien : seulement un avenir de dégradation. Ces p'tits Macron sont un danger pour les peuples, mais je dirais même plus: ils sont un risque pour l'humanité. Si nous nous taisons, nous serons détruits. Nous ne pouvons pas les laisser sur leur trône. Ce sont des ennemis du peuple.
Qui est Carlos X. Blanco?
Carlos X. Blanco est né à Gijón (1966). Docteur et professeur de philosophie. Auteur de plusieurs essais et romans, ainsi que de compilations et de traductions de David Engels, Ludwig Klages, Diego Fusaro, Costanzo Preve, entre autres. Il est l'auteur de nombreux livres. Il collabore régulièrement à divers médias numériques.
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Transnistrie. Point de non-retour
Transnistrie. Point de non-retour
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/transnistria-punto-di-non-ritorno/
Transnistrie. La rive gauche du Dniestr. Une république indépendante, mais reconnue uniquement par l'Ossétie et l'Abkhazie.
Pour la plupart des gens, elle ressemble à l'un de ces petits États balkaniques d'opérette, comme Pontevedro dans "La veuve joyeuse" de Franz Lehar.
Et que peut-on attendre d'un petit État de moins d'un demi-million d'habitants ? Que le prince Danilo sorte en chantant "È scabroso le donne studiar...".
Mais au lieu de cela...
Au lieu de cela, la Transnistrie risque de devenir, à très court terme, le détonateur d'un nouveau conflit au cœur de l'Europe. Entraînant l'OTAN et la Fédération de Russie toujours plus près d'une confrontation directe.
Le cœur du problème remonte à l'effondrement de l'URSS. Celle-ci, dans sa géographie interne, considérait la Transnistrie comme faisant partie de la République socialiste de Moldavie. Bien que la majorité de la population de cette province soit russe.
Avec l'effondrement du système soviétique, ce que nous avons également vu en Ukraine s'est produit ici. Et dans de nombreuses républiques nées des cendres de l'empire soviétique.
La Transnistrie s'est déclarée indépendante, n'acceptant plus d'être considérée comme faisant partie de la Moldavie. Là où, en revanche, un "nationalisme roumain", qui aspire à l'unification avec Bucarest, s'est peu à peu affirmé.
C'est le sort de tous les empires supranationaux. Lorsqu'ils implosent, l'espace géopolitique est fragmenté et occupé par des nationalismes tribaux, ethniques et, presque toujours, brutalement xénophobes.
Dans le cas des anciennes républiques de l'URSS, ce phénomène a été accentué par le soutien apporté à ces nationalismes tribaux par des puissances extérieures. Et des potentats financiers.
Le cas de l'Estonie est exemplaire. Un véritable régime d'apartheid y est en vigueur à l'encontre des "non-Estoniens". Un régime qui marginalise une grande partie de ses citoyens, les privant de presque tous les droits. Un problème signalé et condamné par les Nations unies et diverses organisations internationales. Pourtant, l'Estonie est membre de l'OTAN et de l'UE.
Posons quelques questions...
La Transnistrie vit actuellement dans une dimension suspendue. Indépendante de facto, mais, de jure, toujours province de la Moldavie. Et elle vit surtout dans une trêve, suite à la "guerre" civile avec la Moldavie dans les années 1990. Une trêve garantie par les troupes russes, massivement présentes sur le territoire.
Mais Moscou n'a jusqu'à présent jamais forcé la main. Elle n'a pas annexé la province, et a même préféré diplomatiquement prétendre qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une sécession de la Moldavie.
Aujourd'hui, cependant, la situation a définitivement changé. Les nationalistes roumains sont au pouvoir à Chishinau. Ils veulent non seulement rompre avec la Russie, mais aussi faire entrer le pays dans l'OTAN. Et, en perspective, obtenir l'unification avec Bucarest.
La Transnistrie a, bien entendu, réagi en demandant son rattachement à la mère patrie, la Russie.
Poutine a officiellement déclaré qu'il donnerait une réponse sous peu.
Il est clair, cependant, que celle-ci ne peut être que positive.
Si la Moldavie entre dans l'OTAN, la Transnistrie entre en Russie.
Ce sont les règles de la domination géopolitique.
Après la question du Donbass, voici la question de la Transnistrie. La voracité de l'OTAN à vouloir s'étendre dans les anciennes républiques soviétiques - Ukraine, Moldavie - provoque une série de réactions en chaîne. Qui, tôt ou tard, déboucheront sur un conflit direct entre Washington et Moscou.
Reste à savoir quand et où le point de non-retour sera franchi. Il pourrait s'agir de cette petite république à l'Est des Balkans. La Transnistrie.
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lundi, 26 février 2024
L'OTAN prévoit une provocation contre le Belarus
L'OTAN prévoit une provocation contre le Belarus
Par Lucas Leiroz,
journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques, consultant en géopolitique
Source: https://jornalpurosangue.net/2024/02/25/otan-planeja-provocacao-contra-belarus/
Les pays de l'OTAN semblent vouloir lancer de nouvelles manœuvres de provocation contre la République du Belarus. Selon un récent rapport des services de renseignement publié par le gouvernement bélarussien, des informations montrent que la Pologne envisage d'attaquer sa propre population dans le cadre d'une opération sous fausse bannière contre Minsk. L'objectif serait d'utiliser un tel événement pour justifier l'escalade du conflit contre la Russie, alliée du Belarus.
L'information a été révélée par le président du Belarus, Alexandre Loukachenko, lors d'un discours prononcé le 20 février. Il a déclaré que les services de renseignement du pays avaient identifié plusieurs menaces terroristes à proximité de ses frontières au cours des derniers jours. Certaines de ces menaces visent le peuple biélorusse lui-même, ce qui a motivé, par exemple, l'opération antiterroriste à Gomel, près de la frontière avec l'Ukraine. Toutefois, près des frontières polonaises, des menaces d'une autre nature sont également proférées, visant des citoyens non bélarussiens.
M. Loukachenko a déclaré qu'il existait des preuves d'un plan d'attaque contre des civils polonais dans les régions limitrophes du Belarus. Ce plan vise à susciter l'indignation de l'opinion publique en Pologne et dans les pays occidentaux et à justifier ainsi l'escalade des mesures politiques et militaires à l'encontre du Belarus et de la Fédération de Russie. Selon les services de renseignement bélarussiens, les services secrets polonais et américains participent conjointement à ce plan et il s'agit donc d'une conspiration de Varsovie contre son propre peuple.
Le président biélorusse a comparé le prétendu plan américano-polonais aux pratiques nazies pendant la Seconde Guerre mondiale, rappelant comment Hitler a utilisé le territoire polonais pour déclencher les hostilités. Il a également souligné que les dirigeants de l'OTAN ne se souciaient pas de la vie des citoyens des pays "alliés" et qu'ils étaient prêts à combattre "jusqu'au dernier" Polonais ou Ukrainien, si nécessaire, afin de continuer à attaquer la Russie et le Belarus. Enfin, M. Loukachenko a exhorté la Pologne à la prudence et à l'attention, appelant les décideurs polonais à repenser leurs actions.
Ce n'est pas la première fois que des rapports révèlent des plans visant à impliquer le Belarus dans des hostilités armées. Depuis 2022, le pays a subi diverses provocations dans les régions frontalières, notamment des attaques terroristes perpétrées par des radicaux ukrainiens et des exercices militaires agressifs menés par les troupes de l'OTAN en Pologne et dans les États baltes. Minsk a permis d'éviter un conflit militaire, mais le gouvernement du pays est constamment contraint de lancer des opérations antiterroristes aux frontières pour neutraliser les saboteurs et les infiltrés.
Ces provocations ont un sens stratégique très simple. L'Occident souhaite que le Belarus réagisse militairement contre l'Ukraine ou contre la Pologne et les pays baltes de l'OTAN. Une situation de conflit serait ainsi justifiée et impliquerait directement la Russie sur un second front, puisque Moscou et Minsk ont conclu un pacte de défense collective dans le cadre du traité de l'Union des États.
Comme on le sait, l'Ukraine n'a plus la capacité de mener une guerre prolongée contre la Russie. Le pays, dévasté par les conséquences du conflit, est militairement affaibli et incapable de tenir son rang. C'est pourquoi il est "nécessaire" pour l'OTAN d'ouvrir au plus vite un nouveau front contre la Russie, puisque Kiev s'est déjà montré inefficace pour "user" Moscou. Des provocations anti-russes ont été observées dans des pays comme la Moldavie et la Géorgie, où l'OTAN a l'intention de reprendre les conflits contre les groupes séparatistes pro-russes. Dans le même ordre d'idées, une guerre impliquant la Biélorussie a également été recherchée, car elle obligerait les Russes à s'impliquer directement.
Les responsables de l'OTAN ne semblent toutefois pas comprendre que ce type de manœuvre serait extrêmement risqué pour l'alliance et pour le monde entier. Le gouvernement russe a déjà fait savoir que toute attaque contre le Bélarus serait considérée comme une attaque contre la Russie elle-même, ce qui signifie que les manoeuvres de la Pologne pourraient conduire à une véritable guerre directe entre les États de l'Union et l'OTAN, ce qui signifierait une troisième guerre mondiale - avec d'éventuelles conséquences nucléaires.
D'autre part, un scénario tout aussi possible est simplement l'"abandon" de la Pologne et des pays baltes par l'OTAN. En théorie, l'Alliance atlantique est tenue d'intervenir dans tout conflit dans lequel l'un de ses membres est impliqué. Mais en pratique, cette clause de défense collective n'a jamais été mise à l'épreuve dans un conflit pertinent. De nombreux analystes doutent que Washington autorise une intervention de l'OTAN dans une guerre directe entre la Pologne et la Russie, raison pour laquelle Varsovie pourrait se lancer involontairement dans un conflit dans lequel elle n'aurait aucun soutien.
Il convient également de rappeler que le Belarus est actuellement un pays nucléarisé. Minsk a reçu des armes nucléaires tactiques russes sur son territoire et le gouvernement local a l'autonomie de choisir de les utiliser s'il le juge nécessaire pour garantir sa sécurité nationale. En d'autres termes, Minsk dispose d'un pouvoir de dissuasion nucléaire, ce qui lui confère automatiquement un avantage militaire par rapport à ses voisins, mandataires américains.
Dans tous les scénarios possibles, provoquer le Belarus semble être une grave erreur.
Vous pouvez suivre Lucas Leiroz sur: https://twitter.com/leiroz_lucas
19:50 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belarus, biélorussie, russie, pologne, ukraine, otan, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Adieu l'OTAN?
Adieu l'OTAN ?
Andrea Marcigliano
Source : https://electomagazine.it/addio-alla-nato/#google_vignette
Donald Trump va-t-il gagner la course à la Maison Blanche ? Probablement, de plus en plus probablement, à condition que les pièges judiciaires et les échappatoires qui lui sont tendus chaque jour ne l'empêchent pas d'atteindre le vote final en novembre prochain... Ce que les marionnettistes qui tirent les ficelles du vieux Joe Biden espèrent - et tentent désespérément - de faire. Des marionnettistes puissants qui, il y a quatre ans déjà... mais c'est désormais de l'histoire ancienne. C'est de l'histoire ancienne et sale.
Mais parlons d'autre chose. Parlons de ce qu'il adviendra de l'OTAN avec le retour du Donald dans le bureau ovale. Un Trump, comme on pouvait s'y attendre, assoiffé du sang de ses ennemis. Et qui n'est plus disposé à faire des concessions et des compromis. Notamment parce qu'ils ne lui ont pas servi à grand-chose dans un passé récent.
Parce que l'ancien, et prévisible futur, président s'est laissé aller à des déclarations qui ne peuvent manquer d'inquiéter. Les dirigeants actuels de l'OTAN, bien sûr... et surtout les "alliés" européens, de plus en plus inquiets.
Au point que Stoltenberg (nomen est omen ?) a réagi de façon quasi hystérique aux déclarations certes paradoxales et ironiques de Trump.
Car, bien sûr, le magnat ne pense pas vraiment "inviter" Poutine à envahir les pays européens de l'OTAN qui ne respectent pas leur engagement d'allouer au moins 2% de leur budget de défense... en gros, la quasi-totalité d'entre eux. Un paradoxe, une boutade. Mais qui révèle une attitude bien précise à l'égard de l'Alliance atlantique. Et des "amis" du Vieux Continent.
Trump, avec son style coloré, a voulu envoyer un message. Aux alliés.
Ne comptez plus sur le parapluie américain. Les intérêts de l'Amérique, ceux que je représente, ne coïncident pas avec les vôtres. Voulez-vous vous défendre ? Voulez-vous persister dans la confrontation/affrontement avec Moscou ? Eh bien... apprenez à vous débrouiller seuls.
Grossier, oui. Mais sans détour.
Il serait facile d'affirmer que l'OTAN a toujours servi les intérêts des États-Unis. Elle a été, et est aujourd'hui plus que jamais, un instrument de leur puissance. Et c'est précisément l'objection sous-jacente soulevée par Stoltenberg....
Pourtant, Trump ne représente pas "cette Amérique-là". L'Amérique des grands potentats financiers. Celle des Soros, des Gates... de Black Rock. La sienne, celle qui pourrait le ramener à la Maison Blanche, est une autre Amérique. Ou plutôt ses bas-fonds. Les industries et les entreprises. Même les petites et moyennes. Des travailleurs. Les familles. Les agriculteurs. La base et le terreau du populisme. Qui, aux États-Unis, n'est pas une bulle d'infamie. Mais une tradition culturelle forte, à laquelle des penseurs comme Christopher Lasch et Paul Piccone se réfèrent encore.
Dans l'ADN du populisme américain - qui, de loin, remonte à Andrew Jackson (tableau, ci-dessus) - il y a ce que nous avons l'habitude d'appeler "l'isolationnisme".
Mais qui, en réalité, est autre chose. D'abord et avant tout, il y a la distance profonde entre la culture américaine et la culture européenne. Une distance qui se traduit par un éloignement important. Et l'indifférence.
Ensuite, le souci des intérêts premiers du peuple américain. Pas ceux d'élites éclairées et cosmopolites, éloignées de leur propre terre. Et qui, pour cette même raison, sont toujours les mêmes. Où qu'elles résident physiquement.
Des élites autoréférentielles, qui ne produisent pas de richesses réelles, mais s'enrichissent de manière disproportionnée en exploitant le jeu tourbillonnant du capital financier. Sans racines. Et qui ne reconnaissent d'autre appartenance qu'elles-mêmes et leurs propres intérêts. Et... souhaite.
America First... Le slogan de Trump évoque au contraire les racines, l'apparition d'une identité nationale précise.
C'est pourquoi pour Trump, et pour son Amérique, l'OTAN n'apparaît que comme un fardeau. Un fardeau dont il faut se débarrasser au plus vite.
Attention, il ne s'agit pas ici de faire l'apologie du Donald.
Trump n'est pas "bon". Ce n'est pas un pacifiste.
Bien sûr, dès qu'il sera réélu, il s'emploiera à mettre fin aux hostilités en Ukraine. Et détendre les relations avec Poutine. Et ce, parce que c'est dans l'intérêt de son Amérique. Qui est l'économie réelle. Et il a besoin des matières premières russes.
Mais il se comportera différemment avec la Chine. Non pas à cause de Taïwan, mais parce que le système industriel chinois est le principal antagoniste du système américain.
Quant au Moyen-Orient... il suffit de dire que Nethanyau fait des vœux à son Dieu pour revoir Trump dans le bureau ovale.
Pour l'OTAN, en revanche, cela sonnera le glas. L'Amérique de Trump n'en a pas besoin. C'est un fardeau trop coûteux.
Nous commençons à nous faire à cette idée. Dans un an, l'horizon pourrait changer. Radicalement.
Et pour nous, Européens, ou plutôt pour nos bureaucraties politiques, ce sera la douleur.
18:52 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, donald trump, états-unis, otan, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 25 février 2024
L'empire du mensonge
L'empire du mensonge
Carlos X. Blanco
Nous vivons dans l'empire du mensonge. Poutine l'a dit et j'y souscris. Il suffit de comparer les informations disponibles sur l'Ukraine et sur l'opération militaire spéciale: la guerre "n'est pas à l'arrêt". Il n'y a pas de "gel" sur les fronts: la seule vérité vraie et crue derrière l'impasse et le gel, c'est que l'OTAN et la satrapie des nationalistes ukrainiens ont reçu des coups humiliants au cours de ces derniers mois. Mais le mensonge est la spécialité de l'Occident collectif, et toute évidence est remplacée par une propagande de type orwellien: la guerre, c'est la paix, et les nazis sont les Russes, nous dit-on. Le bataillon Azov, les croix gammées et le despotisme de Zelensky, en revanche, dans ce royaume de mendiants, sont la "démocratie".
L'Empire du mensonge nous parle de la "guerre" d'Israël contre le Hamas. On a l'impression qu'il s'agit de deux États souverains qui mesurent leurs forces au moyen d'armées régulières plus ou moins égales et qui s'affrontent sur des fronts de guerre définis. Les faits nous disent le contraire: il s'agit de l'armée d'un État créé artificiellement en 1948, apte à l'infanticide mais incapable de mener une guérilla, une horde de voyous massacrant la population civile palestinienne qui vivait auparavant et légitimement sur sa propre terre. Un génocide, un nettoyage ethnique des habitants de Gaza, est appelé "guerre" dans l'Empire du mensonge. Le droit d'un État inventé, le "droit de se défendre", équivaut apparemment au droit d'éliminer la population palestinienne afin d'atteindre la pureté sioniste sur un territoire qu'Israël annexe illégitimement.
Les sionistes ignorent que le monde a changé et que la "grande version" de leur État criminel et raciste, les États-Unis, dans lequel ils nichent également, n'est plus seule. Après des décennies de jérémiades et de victimisation, les sionistes auront la majeure partie de l'humanité pour ennemie, et ils finiront par retourner dans leurs pays d'origine, détestés de tous, avec le stigmate d'avoir été des bourreaux au même titre que les nazis. La boucle est bouclée. La "démocratie" made in USA veut transformer le monde en camp de concentration, et l'idéologie "holocaustique" (C. Preve dixit) consiste non seulement à nous écraser de mémoire démocratique, mais aussi à revivre les horreurs. Des experts pour faire du cauchemar une réalité. Netanyahou, Zelensky, Biden ou Obama, Ursula et Borrell : leur jardin démocratique est un cimetière et leur "vérité" une immondice.
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CONFERENCE SUR LA SECURITE DE MUNICH 2024 - « Le renforcement de l'ordre international fondé sur des règles »
CONFERENCE SUR LA SECURITE DE MUNICH 2024
« Le renforcement de l'ordre international fondé sur des règles »
Un revirement stratégique allemand ?
Irnerio Seminatore
TABLE DES MATIERES
- Le concept de sécurité et le pouvoir normateur
- Antinomies, ruptures et discontinuités
- Zbignew Brzezinski, l’Eurasie et la décentralisation de la Russie
- Les interventions du Chancelier allemand O.Scholz et de la Ministre des affaires étrangères Mme A.Baerbock
- Une défense pan-européenne commune face à la « menace » russe ?
- Lecture actualisée du « Forum de Munich 24 » et de la situation actuelle selon les concepts de « Guerre et Paix, hostilité, état intermédiaire et guerre totale » de Carl Schmitt
* * *
Le concept de sécurité et le pouvoir normateur
La Conférence sur la Sécurité de Munich (CSM), littéralement « conférence sur les savoirs de défense » à l’origine (Wehrkundetagung), qui se tient annuellement à Munich depuis 1963, a comporté la présence de Chefs d’Etat et de gouvernement, des Ministres de la défense, des Chefs d’Etat-major et d’experts et analystes des pays de l’Otan, de l’UE, d’Europe, de la Zone euro-atlantique et d’ailleurs. Son panel a pu compter sur des interventions de A. Blinken, O. Scholz, A. Baerbock, A. Gutierrez, J. Stoltenberg, V. Zelensky, K. Harris, etc. Même Poutine s’y est exprimé en 2007 pour dénoncer l’unilatéralisme américain. On définit ce Forum « le Davos de la politique » pour son caractère globaliste. Cette année (du 16 au 18 février), le thème central du débat a été le « renforcement de l'ordre international basé sur des règles » et ce sujet résonne particulièrement dans les esprits, car les règles et la sécurité ne font pas bon ménage, sauf contrainte.
En effet peut-on définir la sécurité comme endiguement juridique de la violence? Les juristes les plus prestigieux, Kelsen et Schmitt ne se sont pas accordés sur l’existence d’un pouvoir normateur central du système international, ni dans la définition des relations internationales, ni encore sur le lien souterrain entre géopolitique et géostratégie, autrement dit entre espace politique, acteurs étatiques ou exotiques et violence militaire. Par ailleurs les politistes hésitent dans la définition de la relation entre droit et politique et dans la conception de « l’ordre » comme valeur de référence. Bien convaincu d’enrayer les multiples conflits qui sévissent dans la conjoncture actuelle, le comité organisateur a assumé la définition établie de l’ordre existent, de telle sorte que la sécurité géopolitique hégémonisée par un acteur prépondérant du système (les Etats-Unis) doit être rétablie contre les atteintes d’un ou de plusieurs acteurs perturbateurs et hostiles venant de l’Ile centrale du monde ou Heartland (Russie et Chine).
Ces derniers seraient des puissances révisionnistes remettant en cause l’organisation géopolitique du monde issu de l’effondrement de l’Union Soviétique et du droit international publique, antérieur à la première et à la deuxième guerre mondiale. En fait la paix, menacée dans plusieurs zones de conflit, à partir de l’Ukraine, constitue l’expression d’une inadéquation des rapports de forces mondiaux et du système juridique qui en garantit la stabilité. C’est bien la sécurité qui exige une refonte globale des rapports d’influence et de pouvoir en Europe, en Eurasie et en Extrême Orient.
Or si le « concept de sécurité » peut être défini comme une « absence de menaces sur les valeurs centrales » ( A. Wolfers ), en réalité le renforcement de l’ordre international fondé sur des règles considérées comme acquises est marqué par un ensemble de « ruptures de la paix » qui ont porté atteinte à la légitimité hégémonique et ces atteintes se sont signalées par un continuum d’antinomies et de conflits contre les conceptions unilatéralistes dominantes depuis la fin de la « guerre froide ». Bien qu’occultées et relativisées par rapport à d’autres problématiques (économiques, idéologiques, environnementales), ces ruptures, ont été présentées comme défis à l’ordre dominant du droit et des relations internationales et guère comme des antagonismes à la hiérarchie des pouvoirs et des rapports mondiaux de force.
Antinomies, ruptures et discontinuités
Nous énumérons ci-après une succession de discontinuités événementielles, qui continuent de caractériser le processus historique contemporain, après la dislocation de l’Union Soviétique (26 décembre 1991).
1999 - fin du conflit du Kosovo opposant serbes et kosovars suite à l’intervention de l’Otan sans mandat onusien.
2001 - attentat terroriste aux Tours Jumelles du World Trade Center de New York.
2003 - conflit d’Irak par l’invasion américaine contre Saddam Hussein qui a comporté la polarisation de la population en deux communautés selon des lignes ethniques et religieuses.
2005 - révolutions de couleur des années 2000, symbolisant une forme de combat politique dans l’espace est-européen et post-soviétique. Elles s’inscrivent dans une dynamique d’antagonismes appelée « révolutions rose en Géorgie, orange en Ukraine, des Tulipes au Kirghizstan, et du jasmin en Tunisie, soutenues depuis l’étranger (le tiers non engagé de Carl Schmitt).
2007 - Déclarations de Poutine à Munich dénonçant l’unilatéralisme américain.
2008 - La guerre russo-géorgienne de 2008 (également connue sous le nom de seconde guerre d'Ossétie du Sud) ou conflit opposant la Géorgie à sa province séparatiste d'Ossétie du Sud et à la Russie.
2014 - Maïdan, ou révolution « orange », née de révoltes promues en novembre 2013 contre le refus de V. Janoukovitch de signer des accords d’association à l’Union Européenne, ayant comporté sa destitution et la chute du gouvernement (ou un coup d’Etat fomenté par l’Occident). Début d’une crise violente et durable (2014-2024) entre la Russie et l’Ukraine, l’occupation de la Crimée et du Donbass et deux tentatives de compromis, non respectés de Minsk 1 et 2
2022 - Opération spéciale (préventive) d’occupation russe en Ukraine.
2023 - Elargissement de l’Otan à Suède et Finlande, conflit Hamas-Israël.
2024 - Elections aux USA, en Russie et au P. E.
Ces épisodes de rupture de la vie internationale ont eu un trait commun, la remise en cause de l’ordre mondial issu de l’effondrement de l’Union soviétique, devant mettre au ban, par un changement non violent, les régimes politiques en place. L’échec de ces tentatives a fait prendre conscience des conditions de légitimation du pouvoir, qui sont le recours à la force, en défense des valeurs ou des intérêts, ou des deux à la fois. Or les catégories conceptuelles auxquelles les pays vainqueurs de la confrontation bipolaire firent référence ont été de type « hégémonique et unilatéraliste » et relèvent des analyses conflictualistes des relations internationales.
Pour mieux appréhender le sens des changements d’aujourd’hui, les comparant à ceux des années 1990, voici les recommandations de Zbignew Brzezinski, dans son livre « Le grand échiquier ». Il y expose les nouvelles « règles » du jeu géopolitique, les expliquant par des commentaires de « réalisme » inhabituel, qui nous permettent de comprendre aisément les axes d’évolution des conflits actuels. A propos de l’Ukraine, comme étape forcée de l’élargissement de l’Union européenne et de l’Otan, la partition du jeu qui se déploie en 2023/24 avait été déjà anticipée efficacement par Z. Brzezinski en 1997. Les « nouvelles règles » de sécurité liaient d’un fil étroit et cohérent l’Europe de l’Est, la Russie et l’Eurasie.
Zbignew Brzezinski, l’Eurasie et la décentralisation de la Russie
Voici, en peu de mots ce que Brzezinski recommandait à l’époque:
- « Pour l’Amérique l’enjeu géopolitique principal est l’Eurasie… Dans ce nouveau cadre, l’Ukraine occupe une position cruciale, du fait même qu’elle peut permettre ou empêcher, au cœur de l’Eurasie et autour de la Russie, l’émergence d’une puissance contestant la suprématie des Etats-Unis. L’indépendance de l’Ukraine modifie la nature même de l’Etat russe. De ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l’échiquier eurasien, devient un pivot géopolitique. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. L’Asie centrale, le Caucase, les « Balkans eurasiens » et leurs ressources énergétiques sont au cœur de la stratégies états-unienne, mais l’Ukraine constitue cependant l’enjeu essentiel. Le processus d’expansion de l’Union européenne et de l’Otan est en cours (1997) « A terme, - poursuit-il - l’Ukraine devra déterminer si elle souhaite rejoindre l’une ou l’autre de ces deux organisations ».
- « L'Eurasie demeure le seul théâtre sur lequel un rival potentiel de l'Amérique pourrait éventuellement apparaître (Z. Brzezinski songe à la Russie et à la Chine). L'Ukraine, l'Azerbaïdjan, la Corée, la Turquie et l'Iran constituent des pivots géopolitiques cruciaux. La longévité et la stabilité de la suprématie américaine sur le monde dépendront entièrement de la façon dont ils manipuleront ou sauront satisfaire les principaux acteurs géostratégiques présents sur l'échiquier eurasien".
- En ce qui concerne la Russie, « une Russie plus décentralisée aurait moins de visées impérialistes. Une confédération russe plus ouverte, qui comprendrait une Russie Européenne, une République de Sibérie et une République extrême-orientale, aurait plus de facilités (avec l’Europe, les Etats-Unis, les Etats émergents, l’Extrême Orient) ».
L’hypothèse d’une « décentralisation (démembrement N.D.R ) » de la Russie pousse à l’époque le gouvernement des Etats-Unis à préférer des relations directes avec les différents Etats plutôt qu’avec Moscou. »
La réaction de Poutine se manifesta fermement dans son allocution de 2007 à Munich et militairement en 2008 en Géorgie. A postériori et très récemment, la conscience sur le déroulement de la stratégie suggérée par Z. Brzezinski en Ukraine transparaît très clairement de l’interview accordée par Poutine au journaliste conservateur américain Carlson Tucker ancien de Fox News le 9 février 2024, accusé d’ « idiot utile » par Hillary Clinton.
Les interventions du Chancelier allemand O. Scholz et de la Ministre des affaires étrangères Mme A. Baerbock
Abordant la période actuelle et intervenant indirectement à Munich et sournoisement dans la campagne électorale américaine de novembre prochain, Poutine fait appel à l’influence de plusieurs tendances, comme messages « soft » et « hard » adressés aux électeurs américains, le déclin hégémonique des États-Unis, la montée en puissance de la Chine, la « rupture » civilisationnelle de la Russie et la désoccidentalisation du monde.
Le Forum de Munich prolonge la lecture, nécessairement « intéressée » du commerce politique Est-Ouest. Nous nous limiterons aux interventions de Scholz et d’Annalena Baerbock, la ministre allemande des Affaires étrangères. Annalena Baerbock, a estimé, à contre-courant de tout esprit d’apaisement, que l'Union européenne devrait s'élargir pour réduire sa vulnérabilité. Oubliant délibérément que tout élargissement politique est un élargissement du conflit, Mme Baerbock justifie ses déclarations par l’affirmation que la Russie "de Poutine continuera d'essayer de diviser non seulement l'Ukraine, mais aussi la Moldavie, la Géorgie et les Balkans occidentaux". "Si ces pays peuvent être déstabilisés en permanence par la Russie, cela nous rend tous vulnérables. Nous ne pouvons plus nous permettre d'avoir des zones d'ombre en Europe", ajoute-t-elle. Indépendante, insoumise et radicalement combative Mme Baerbock est en posture de concurrence vis-à-vis du Chancelier fédéral censé dicter la ligne de politique générale du gouvernement.
Première femme à la tête du ministère des Affaires étrangères allemand, elle semble « respecter la traditionnelle mainmise de la chancellerie, sans pour autant renoncer à ses propres idées », explique à l’AFP le politologue Gero Neugebauer, tandis que M. Scholz n’entendrait pas se « laisser dicter les principes fondamentaux de la diplomatie allemande ». Plus prudente et temporisatrice, la position du chancelier allemand a fermement mis en garde contre tout relâchement de la volonté de défense commune au sein de l’OTAN. « Toute relativisation de la garantie d’assistance de l’OTAN ne profite qu’à ceux qui, comme Poutine, veulent nous affaiblir », a-t-il déclaré dans son discours de samedi. Scholz a également appelé les partenaires de l’UE à accroître leur aide financière à l’Ukraine et il a ajouté que l’Allemagne avait presque doublé son aide militaire, qui s’élève désormais à plus de sept milliards d’euros, et qu’elle s’était engagée à verser six milliards supplémentaires.
Une défense pan-européenne commune face à la « menace » russe ?
A l’image des dirigeants de l’UE français et allemands, les leaders européens ont durci le ton face à Moscou, insistant non seulement sur la nécessité d’aider davantage l’Ukraine, mais aussi d’augmenter leurs propres capacités de défense. Tous les décideurs européens partagent le constat que l’Europe, dans son ensemble est impuissante, désunie et désarmée et qu’une série de défis cumulés imposent une politique de défense européenne et donc un autre modèle de la vieille culture de combat. Face à la convergence des intérêts russo-américains et à l’agenda convergente des priorités Trump- Poutine, l’Union Européenne - affirment-ils - doit être prête à faire la guerre et doit également développer des politiques industrielles de défense pan-européenne communes.
Cet objectif est lisible dans les déclarations du Chancelier Scholz en ce qui concerne le réarmement industriel de l’Allemagne et, par conséquent, la remise en cause du modèle économique de la République Fédérale et de ses relations de bon voisinage avec la Russie. La redécouverte de la réalité et celle du déni de guerre à l’Est, imposent un virage stratégique majeur et impliquent une réflexion approfondie sur l’indépendance politique et l’autonomie capacitaire du continent face à l’Amérique et au sein de l’espace euro-atlantique, avec un remodelage des responsabilités en cas de crise, un élargissement de la couverture assurée par la dissuasion nucléaire et un autre modèle d’armée, avec un retour de la relation armée-Nation et de la notion de citoyen-soldat. Ainsi, derrière l’exposé de Scholz, pourrait se cacher un virage stratégique majeur de la politique de défense allemande et européenne. Ce virage résulterait de la convergence de deux différentes perceptions de la menace, une géopolitique (Poutine) et l’autre géostratégique (Trump, par la remise en cause de l’art. 5 de l’Otan).
L’Europe n’aurait d’autres solutions que celle antique et toujours actuelle de Végèce, écrivain militaire romain de la fin du 4ème siècle ap. J. Ch., contenue dans son traité « Sur l’art de la guerre »: « Si vis pacem para bellum » (Si tu veux la paix prépare la guerre!). Ainsi, dans une réalité européenne et internationale menaçante, on est entrés dans l’ère des instabilités permanentes, annoncées par le flottement des « blocs instables » et par des revendications géopolitiques multipolaires.
Lecture actualisée du « Forum de Munich 24 » et de la situation actuelle selon les concepts de « Guerre et Paix, hostilité, état intermédiaire et guerre totale » de Carl Schmitt
Or, dans cette phase de préparation à la guerre (mondiale), ce qui est permanent, dans l’antagonisme séculaire entre Heartland et Rimland (première et deuxième guerres mondiales), est la figure de l’ennemi (la puissance montante), par rapport à celle de guerre. En effet comme nous l’explique Carl Schmitt, l’existence d’une hostilité subsistante, au-delà de la cessation des hostilités immédiates (dislocation de l’URSS, chute du mur de Berlin) est le sentiment d’hostilité, qui est manifestement le présupposé de l’état de guerre future (en préparation). En effet «Bellum manet, pugna restat» (le concept politique de guerre, l’antagonisme reste, le combat physique cesse). L’hostilité actuelle (vis-à-vis de la Russie et, en subordre de la Chine), tend à glisser progressivement vers son aboutissement inéluctable, une guerre totale, puisqu’elle ne résulte pas d’un traité, d’une norme, ni du droit international, mais du jugement du vainqueur (la puissance dominante puis hégémonique), condamnant le vaincu (dans les années 1900-1945 l’Allemagne montante, puis de 1945 à 1991, l’Union Soviétique). Ce glissement vers la guerre totale est par ailleurs repérable dans le bannissement, l’ostracisme, l’isolement, les proscriptions, les stigmatisations, les sanctions, les mises hors la loi, de celui qui a été désigné comme l’ennemi de la communauté internationale, bref comme l’agresseur. En effet l’agresseur et le fauteur de guerre selon le droit international est celui qui viole une frontière, ne respecte pas une procédure, un traité ou des accords légalement stipulés. Ainsi dans les catégories du droit pénal et criminel, l’auteur de ces actes délictueux est un criminel, indépendamment des provocations et des incitations pourtant très fortes à accomplir les recommandations de géopoliticiens reconnus (Brzezinski). Et le jugement que l’histoire portera sur les décisions de paix ou de guerre dans les relations diplomatiques et militaires ne pourrons pas être tranchées par un quelconque tribunal international, pour des crimes déjà antérieurement assignés au profit des puissances qui dictent le droit. Or, l’extension de l’idée de guerre à la mise en œuvre préalable et indiscriminée de l’hostilité dans des domaines non militaires (sanctions économiques, financières, de libre circulation des personne et des biens, information, informatisation, et intelligence, collaboration scientifique, contrôle des réseaux, du monde universitaire et des médias), crée un "état intermédiaire de non paix-non guerre", mais plus proche de la belligérance (envoi d’armes, de subsides, de faux volontaires, de bataillons sans drapeau, d’entrainement de forces d’élites, des appuis à des « tiers -non engagés », comme dans les révolutions de couleur, de saboteurs et de « rangers »), qui permet de cacher la vérité de la guerre directe.
Dans les conditions actuelles d’une guerre « hybride » les situations intermédiaires deviennent présomption de droit et fictions proliférantes. Dans les nouvelles conditions du monde où les religions se colorent de politique, l’état intermédiaire entre guerre et paix fausse tous les jugements, de telle sorte que la paix ou l’idée de paix deviennent des fictions juridiques et, dissociées de la volonté de vaincre et de « l’animus belligerandi », comme il a été fait au « Forum de Munich », ce qui reste de ce cumul de défis, intellectuels et politiques, est le concept d’hostilité, comme fondement et prélude à la guerre mondiale et totale.
Bruxelles, le 23 février 2024.
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jeudi, 22 février 2024
Ursula à Munich trinque contre Poutine alors que l'Allemagne est en crise
Ursula à Munich trinque contre Poutine alors que l'Allemagne est en crise
Augusto Grandi
Source: https://electomagazine.it/ursula-a-monaco-brinda-contro-putin-mentre-la-germania-e-in-crisi/
Prosit gegen Putin ! A la bonne vôtre contre Poutine! Les libations sont tombées bien bas à Munich où, aux dépens des manants européens, se sont réunis les plus hauts représentants de l'atlantisme le plus obtus. Et les pires d'entre eux sont allés porter un toast au chef du Kremlin. On ne sait pas ce qu'ils avaient à fêter, puisque les Russes venaient d'occuper Avdiivka, mais les plus intelligents de la compagnie n'ont pas hésité à boire amicalement.
Parmi les participants au toast ne pouvait manquer Ursula von der Leyen en compagnie - selon Agcnews - du secrétaire général de l'OTAN Stoltenberg, du président tchèque Pavel, de fonctionnaires allemands, d'anciens fonctionnaires américains et, bien sûr, d'hommes d'affaires intéressés par la poursuite de la guerre.
Et tandis que cette belle bande faisait la fête à Munich, la Chambre de commerce allemande prévenait que l'Allemagne resterait en récession cette année. C'est le pire résultat depuis 20 ans, mais de toute évidence, cela n'inquiète ni Scholz ni Ursula. Ils seront maintenus de toute façon et ce sont les citoyens allemands et européens qui paieront. Ainsi, pendant qu'ils trinquent contre Poutine, les entrepreneurs allemands peuvent crier aussi longtemps qu'ils le souhaitent contre les politiques gouvernementales désastreuses. Ils peuvent craindre une dégradation des affaires, ils peuvent réduire les investissements en Allemagne.
L'important est de boire contre l'avancée de la Russie. Et contre les Européens qui se plaignent. Prosit !
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mardi, 20 février 2024
Washington "avertit" l'Afrique: seulement des bases américaines et pas de place pour la Chine
Washington "avertit" l'Afrique: seulement des bases américaines et pas de place pour la Chine
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/washington-avverte-lafrica-solo-basi-americane-e-nessuno-spazio-per-la-cina/
Danger, Chine, danger pour la paix mondiale ! L'avertissement a été lancé par les bons Américains qui ont mis en garde le Gabon et la Guinée équatoriale contre l'acceptation de bases militaires de Pékin. En effet, les équilibres actuels visant à garantir la pax americana seraient rompus. On ne peut peut-être pas définir ce qu'est exactement la paix, mais les guerres atlantistes ne sont pas de vraies guerres, ce sont des exportations de démocratie avec quelques effets secondaires. Comme les plus de 30.000 Palestiniens assassinés par les tendres bouchers de Netanyahou.
Ainsi, en Afrique, comme en Asie et en Europe, les seules bases militaires autorisées sont les bases yankees. Parce que les bombes américaines sont bonnes et justes. Et bonnes pour la "démocratie".
Alors, au nom de la paix et de la démocratie, on menace les pays qui osent faire des choix différents. Qui acceptent d'être courtisés, et bien payés, par les méchants de Pékin au lieu de devoir payer pour être protégés par les troupes des gentils.
Bien entendu, les désinformateurs atlantistes s'alignent parfaitement sur le discours de Washington. Pourquoi les Chinois devraient-ils avoir des bases sur la côte atlantique ? C'est comme si les États-Unis avaient des bases militaires en Asie ! Ah bon ? Peu importe, mais ils le peuvent. Ce sont des bases démocratiques. En Irak, en Syrie, au Liban, les gouvernements respectifs n'en veulent pas, mais les gentils ne peuvent pas écouter les choix des autres pays. Et celui qui ne veut pas des bases américaines est mauvais et doit être puni et corrigé. De peur qu'ils ne choisissent d'accueillir des Russes et des Chinois. Donc, malgré eux, les Américains sont obligés d'occuper des pays théoriquement souverains. Ils le font pour notre bien, ça va sans dire. Et malheur à eux s'ils protestent.
20:33 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, afrique, affaires africaines, états-unis, africom, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'ex-patron de Frontex : la Commission européenne nous livre délibérément à l'immigration de masse
L'ex-patron de Frontex: "La Commission européenne nous livre délibérément à l'immigration de masse"
Source: https://www.unzensuriert.at/238198-ex-frontex-chef-eu-kom...
Deux ans après son éviction de la tête de l'Agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes (Frontex), le fonctionnaire Fabrice Leggeri se présente aux élections européennes sous les couleurs du Rassemblement national français (anciennement Front national). Il explique son éviction par le fait qu'il voulait contrôler l'immigration, mais que la Commission européenne fait exactement le contraire.
Objectif : lutter contre l'immigration clandestine de masse
Leggeri, qui sera le troisième candidat sur le liste du Rassemblement national aux élections européennes de juin, a annoncé dans une interview au Journal de Dimanche publiée hier samedi :
"Nous sommes déterminés à lutter contre la submersion migratoire, que la Commission européenne et les eurocrates ne considèrent pas comme un problème, mais comme un projet".
Il a ajouté que le Rassemblement national avait un plan concret et la capacité de le mettre en œuvre.
Un changement de paradigme à partir de 2019
L'ancien chef de Frontex rapporte qu'à partir de l'entrée en fonction de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et de la commissaire aux affaires intérieures Ylva Johannson, la politique d'immigration a connu un bouleversement. Alors que la mission de Frontex depuis 2015 consistait à protéger la France et l'Europe de la poussée migratoire, la nouvelle direction de la Commission a recommandé à partir de 2019, selon M. Leggeri :
"Ramenez les migrants et accueillez-les. Que cela vous plaise ou non, nous sommes un continent vieillissant et vous devez donc les laisser entrer".
Contraint de démissionner
Mais comme ce fonctionnaire de 55 ans voulait contrôler l'immigration, il a subi des pressions et s'est senti abandonné. Le gouvernement français l'a poussé à démissionner et la République fédérale d'Allemagne n'était pas non plus encline à le soutenir, rapporte le Français. La Commission européenne était clairement hostile à son égard et voulait qu'il parte.
Son objectif est désormais de "lutter contre cette Commission européenne qui encourage et tolère cette déferlante migratoire". Ce serait la raison pour laquelle il s'est lancé dans la politique.
19:57 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : frontex, fabrice leggeri, europe, affaires européennes, actualité, politique internationale, immigration | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 18 février 2024
Le général Kujat contredit l'hystérie guerrière : "Je ne vois pas d'intention d'attaque de la part des Russes"
Le général Kujat contredit l'hystérie guerrière : "Je ne vois pas d'intention d'attaque de la part des Russes"
Source: https://zuerst.de/2024/02/13/general-kujat-widerspricht-der-kriegshysterie-kann-keine-angriffsabsichten-der-russen-erkennen/
Berlin . L'ancien inspecteur général de la Bundeswehr, le général à la retraite Harald Kujat, a toujours été l'une des voix les plus mesurées depuis le début de la guerre en Ukraine. Il a averti très tôt que les livraisons excessives de matériel et de munitions à l'Ukraine affectaient également les capacités de la Bundeswehr. Pas plus tard qu'en novembre, il s'était rendu impopulaire auprès des transatlantistes et des soutiens à l'Ukraine en déclarant : "L'Ukraine ne peut pas gagner cette guerre".
Dans une interview, Kujat s'est à présent inscrit en faux contre l'inflation des avertissements de guerre lancés par les politiciens et les militaires occidentaux, qui suggèrent sur tous les canaux une attaque imminente de la Russie contre les pays de l'OTAN. Kujat s'y oppose - en accord avec de nombreuses déclarations officielles de Moscou : "Je n'ai toutefois vu jusqu'à présent aucune preuve concrète que la Russie ait réellement l'intention d'attaquer des pays de l'OTAN. Il n'est pas rare qu'un pays belligérant augmente sa capacité d'endurance militaire. De plus, la Russie se voit engagée dans une guerre par procuration avec les Etats-Unis et leurs alliés et s'attend apparemment à ce que les forces de l'OTAN interviennent éventuellement et directement pour éviter une défaite totale de l'Ukraine".
Selon lui, la Russie n'est actuellement pas en mesure de lancer avec succès une attaque conventionnelle contre l'OTAN - mais l'OTAN n'est pas non plus en mesure de se défendre avec succès. Mais même aux Etats-Unis, la situation n'est pas aussi dramatique qu'en Europe. Kujat estime également que les mises en garde contre les plans "impériaux" du Kremlin sont exagérées. "Il s'agit apparemment plutôt pour Moscou d'empêcher l'extension de l'OTAN par l'adhésion de l'Ukraine jusqu'à la frontière russe" - ce qui était déjà l'objectif déclaré de la Russie avant le déclenchement de la guerre actuelle. Le général à la retraite a déclaré qu'il ne voyait "actuellement aucun préparatif concret d'attaque ni aucune intention d'attaque de la part des Russes".
Il a rappelé dans ce contexte la part de responsabilité des Etats-Unis dans la détérioration des relations avec la Russie au cours des dernières années, car les Etats-Unis ont finalement résilié unilatéralement le traité ABM et ont en outre "mis en place en Europe un système de défense antimissile qui n'était certes pas prévu comme une agression contre la Russie, mais qui peut tout à fait être compris comme une menace pour la capacité de deuxième frappe nucléaire russe". Ainsi, "une partie essentielle du filet de sécurité politique qui avait été tissé depuis les années 1970 a été éliminée".
Kujat rappelle à juste titre que "les relations économiques étroites de l'Allemagne avec la Russie n'étaient pas dans l'intérêt des Américains", même dans le contexte du rapprochement sino-russe.
Dans l'ensemble, on peut toutefois observer que "les anciennes puissances perdent de leur force et que de nouveaux acteurs s'efforcent de s'imposer". Le monde se dirige vers "une ère d'incertitudes et de grands conflits". Dans ce contexte, Kujat estime qu'il est conseillé de "refaire de la Bundeswehr une armée à la hauteur" tout en "stabilisant l'équilibre militaire par des accords politiques". Il est inquiétant que "chez nous, on n'en discute guère, et encore moins qu'on réagisse de manière appropriée". (mü)
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vendredi, 16 février 2024
Les larbins des Américains en Europe
Les larbins des Américains en Europe
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/02/16/amerikan-alamaiset-euroopassa/
Les commentateurs de la politique étrangère et de sécurité en Finlande et dans d'autres pays de l'UE s'inquiètent de savoir si les États-Unis continueront à "protéger l'Europe" par le biais de l'OTAN si, après Biden, le mercurien Donald Trump devait à nouveau émerger en tant que leader symbolique de l'Amérique.
Quel que soit l'occupant de la Maison Blanche, Washington n'a jamais agi sur le continent pour protéger les Européens des menaces extérieures. L'objectif ultime de la "coopération transatlantique" a été de contrôler et de dominer les pays de la zone euro et d'empêcher la montée d'une puissance rivale potentielle à partir de l'Europe.
Quant à la plainte de Trump sur les faibles dépenses de défense dans la zone euro, c'est le travail des politiciens américains de formuler de telles critiques, car ils - tant les démocrates que les républicains - agissent comme des spécialistes du marketing pour l'industrie de l'armement détenue par l'élite dirigeante de l'Occident.
Et même si les pays de l'OTAN n'atteignent pas les quotas requis, les États-Unis, avec leurs bases militaires, ne veulent toujours pas quitter l'Europe, mais la garder comme un sujet stratégique sans politique étrangère et de sécurité indépendante. Je doute que même Trump, malgré ses menaces, change cette situation.
Afin de consolider leur propre hégémonie en déclin, les États-Unis ont longtemps fait obstacle à une vision géostratégique alternative basée sur la coopération économique et sécuritaire entre l'Europe et la Russie. Il a fallu une forte dose de levier hybride pour contrer de telles idées: la russophobie et la menace d'une guerre majeure.
Je dirais que l'un des objectifs du conflit ukrainien était d'enfoncer un peu plus le coin entre l'Europe et la Russie afin de préserver l'objectif anglo-américain de l'OTAN et de maintenir, selon les termes de l'ancien secrétaire général de l'alliance militaire Hastings Ismay, "les Américains à l'intérieur, les Russes à l'extérieur et les Allemands en dessous".
Les sanctions imposées par les États-Unis à la Russie sont la principale raison de l'effondrement de l'économie allemande, par exemple, mais les Finlandais soumis au lavage de cerveau de la culture populaire américaine ne semblent pas s'en préoccuper. Au contraire, ils imaginent avoir raison d'exiger davantage de soumission et de misère de la part de leurs maîtres américains.
Outre l'"américanisme" inculqué au public, le comportement de l'élite politique montre également que la plupart des dirigeants et des partis européens n'agissent pas pour promouvoir l'intérêt national, mais, à l'instar du président finlandais sortant Sauli Niinistö (et de la future figure de proue de la politique étrangère Alexander Stubb), suivent les ordres de Washington qui sont préjudiciables à la sécurité nationale.
22:43 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, affaires européennes, actualité, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook