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vendredi, 13 mars 2015

L'Amérique Latine défend le Venezuela face au décret du président Obama

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L'Amérique Latine défend le Venezuela face au décret du président Obama

Rapprochement de Caracas avec Athènes

Auteur : Thierry Deronne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Traduction Jean-Marc del Percio
Ex: http://zejournal.mobi

Après la décision du président Barack Obama, le 9 mars 2015, de décréter « l’urgence nationale aux États-Unis » face à la « menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et notre politique extérieure qu’est le Venezuela » (sic), le président de Bolivie Evo Morales a demandé une réunion d’urgence de l’UNASUR (organisme regroupant la totalité des nations sud-américaines) et de la CELAC (Communauté élargie des États Latino-américains et des Caraïbes) « pour nous déclarer en état d’urgence et défendre le Venezuela face à l’agression de Barack Obama. Nous allons défendre le Venezuela » Il a souligné l’importance de l’unité des peuples face à l’Empire qui tentent de « nous diviser, pour nous dominer politiquement et nous spolier sur le plan économique ».

Le président Correa, à travers son chancelier, a exprimé son « rejet le plus ferme de la décision illégale et extra-territoriale contre le Venezuela, qui représente une attaque inacceptable pour sa souveraineté ». Il a rappelé le signal négatif que constitue la signature de ce décret par Obama 48 heures après la visite de travail de l’UNASUR à Caracas. Cette délégation a enquêté sur la récente tentative de coup d’État contre le président Nicolas Maduro, élu en avril 2013, a rejeté l’ingérence extérieure, demandant aux secteurs violents de l’opposition de revenir à la voie électorale.

« Comment le Venezuela menace-t-il les Etats-Unis? A des milliers de kilomètres de distance, sans armes stratégiques et sans employer de ressources ni de fonctionnaires pour conspirer contre l’ordre constitutionnel étasunien ? Une telle déclaration faite dans une année d’élections législatives au Venezuela révèle la volonté d’ingérence de la politique extérieure étasunienne. » a déclaré pour sa part le gouvernement cubain.

Les mouvements sociaux latino-américains se sont mobilisés en défense de la démocratie vénézuélienne. Pour Joao Pedro Stédile, de la direction nationale du Mouvement des Sans Terre du Brésil : « Au Brésil il y a un peuple qui est avec vous, nous serons toujours solidaires et nous ne laisserons pas l’Empire envahir le Venezuela pour récupérer ses gisements de pétrole ». Le mouvement social bolivien a également manifesté sa solidarité. Rodolfo Machaca, dirigeant de la Confédération syndicale des travailleurs agricoles, a condamné l’ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures vénézueliennes, et leur complicité avec les violences organisées par la droite. Selon Machaca : « La situation au Venezuela nous préoccupe, c’est pourquoi nous proclamons notre solidarité avec ce pays, mais aussi avec le président Maduro. Nous condamnons l’ingérence nord-américaine, et toutes les tentatives de coup d’État ou autres manœuvres visant à la déstabilisation du Venezuela. ».

Rafael Correa dénonce les manipulations médiatiques contre le Venezuela

Rafael-Correa-MPI.jpgLe 1er mars, depuis Montevideo, où il assistait à l’investiture du président uruguayen Tabaré Vasquez, le président Correa a déclaré : «Le Venezuela est confronté à une guerre économique et médiatique, et se retrouve dans la situation d’autres gouvernements progressistes d’Amérique latine, avant lui. Cette situation, on l’a déjà vécu en Amérique latine. Souvenons-nous de ce qui est arrivé à (Salvador) Allende : la même guerre économique, le même type d’ingérence, les mêmes attaques médiatiques. De grâce, tirons les leçons de l’Histoire ». Selon Correa, cette ingérence « ne débouchera pas forcément sur ce qui est arrivé à Allende. Il n’en demeure pas moins que nous sommes confrontés chaque jour aux tentatives de déstabilisation de gouvernements démocratiques et progressistes d’Amérique latine, par la guerre économique, et à la manipulation mondiale en matière d’information ».

Au sujet de l’arrestation du maire d’opposition de Caracas, Antonio Ledezma, accusé d’implication dans un complot visant à déstabiliser le gouvernement de Nicolas Maduro, le président Correa a déclaré qu’il était « réducteur de commenter cet événement sans connaître les détails de l’affaire, en outre la souveraineté et les institutions de chaque pays doivent être respectées ».

Le Venezuela et la Grèce renforcent leurs relations bilatérales

En visite officielle en Grèce le 6 mars, la ministre des Affaires étrangère Delcy Rodriguez a félicité le nouveau gouvernement du premier ministre Alexis Tsipras, au nom du Gouvernement Bolivarien et du peuple vénézuelien. Dès la victoire de Syriza, Maduro avait salué la décision des électeurs malgré « la campagne médiatique qui tentait de leur faire peur en présentant notamment Alexis Tsipras comme l’agent d’une dictature vénézuélienne »

La Chancelière vénézuélienne a été reçue par Alexis Tsipras qui a manifesté son intention d’accueillir prochainement en Grèce le président Nicolas Maduro, assurant de son soutien le Venezuela et son peuple et insistant sur l’affection qu’il lui porte.

Accompagnée de l’ambassadeur du Venezuela en Grèce – Farid Fernandez – Mme Rodriguez a eu aussi l’occasion de rencontrer son homologue grec Nikos Kotzias (photo). La réunion a porté sur la possibilité de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays dans le domaine économique et commercial. Nikos Kotzias a reçu des informations sur la situation actuelle au Venezuela et a souligné l’importance de nouer des relations solides dans les domaines de la technologie, de l’économie, du commerce et du tourisme.

Un désir commun s’est exprimé : qu’Athènes devienne l’un des principaux partenaires de Caracas.

Cette visite officielle en Grèce répond à la volonté de Caracas de renforcer l’émergence d’un monde multipolaire, au sein duquel prévaudront le respect mutuel, la compréhension, la coopération, mais aussi le droit pour les peuples à l’autodétermination, à la liberté et à la souveraineté.


- Source : Thierry Deronne-Traduction Jean-Marc del Percio

L'Empire du Chaos s'installe en Europe: l' État islamique en Ukraine

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L'Empire du Chaos s'installe en Europe: l' État islamique en Ukraine

Auteur : Justin Raimondo
Traduction Claude Saker Francophone
Ex: http://zejournal.mobi

Kiev et les djihadistes: une sombre alliance

Alors que nous combattons l’État islamique, l’EI, alias ISIS, en Irak et en Syrie, et que les responsables américains soulignent le prétendu danger d’une attaque sur le territoire américain, Washington et le Califat se battent du même côté en Ukraine. Dans une remarquable série d’articles dans l’Intercept, Marcin Mamon s’est penché sur un aspect du conflit en Ukraine auquel personne d’autre n’a fait attention: le rôle joué par le Bataillon Doudaïev, «une force de combat des islamistes radicaux composée de Tchétchènes, mais incluant également des combattants de tout le Caucase ainsi que quelques Ukrainiens».

Les clés des organisations clandestines islamistes en Ukraine ont été remises à Mamon par un contact à Istanbul,Khalid, qui commande la branche ISIS locale. «Nos frères sont là», a-t-il dit à Mamon, et le journaliste s’est rendu en Ukraine où il a été mis en rapport avec un contact nommé Ruslan, qui l’a conduit au camp clandestin de Munayev.

Portant le nom du premier président de la Tchétchénie séparatiste, Djokhar Doudaïev, le bataillon Doudaïev était commandé par Isa Munayev, récemment tué dans l’est de l’Ukraine. Imprégnés d’une haine fanatique des Russes, qui soutiennent les rebelles de l’Est, les hommes de Munayev estiment également qu’ils paient une dette, puisque les bataillons du Secteur Droit ultra-nationaliste qui aujourd’hui luttent pour Kiev ont apparemment aidé les Tchétchènes dans le passé. Le Secteur Droit est un groupe paramilitaire ouvertement néo-fasciste qui a fourni une grande partie des forces qui ont rendu possible le coup d’État contre Viktor Ianoukovitch, l’ancien président ukrainien. Organisés en différents bataillons, dont la célèbre Brigade Azov, ils idolâtrent les collaborateurs nazis de la Seconde Guerre mondiale, qui ont combattu les troupes soviétiques: les ultra-nationalistes ont été accusés d’avoir commis desatrocités dans le Donbass, ainsi que de terroriser leurs adversaires politiques sur le front intérieur. D’après Mamon, ils ont également été impliqués dans la lutte contre les Russes dans la lointaine Tchétchénie, où l’ancien gros bonnet du Secteur Droit Oleksandr Muzychko a combattu aux côtés de Munayev et des frères contre les Russes.

Comme Ruslan l’a dit à Mamon:

« Je suis ici aujourd’hui parce que mon frère, Isa, nous a appelés et a dit: ‹Il est temps de rembourser votre dette. Il fut un temps où les frères de l’Ukraine sont venus [en Tchétchénie] et se sont battus contre l’ennemi commun, l’agresseur, l’occupant.›. »

A côté de cette solennelle éthique du guerrier, une autre raison probable du soutien de l’EI à Kiev est l’accès à des cibles occidentales, données ainsi aux terroristes. Comme Mamon l’indique:

«L’Ukraine est en train de devenir une étape importante pour les frères comme Ruslan. En Ukraine, vous pouvez acheter un passeport et une nouvelle identité. Pour 15 000 dollars, un combattant reçoit un nouveau nom et un document juridique attestant de sa citoyenneté ukrainienne. L’Ukraine ne fait pas partie de l’Union européenne, mais c’est une voie facile pour l’immigration vers l’Ouest. Les Ukrainiens ont peu de difficultés à obtenir des visas pour la Pologne voisine, où ils peuvent travailler sur les chantiers et dans les restaurants, comblant le vide laissé par les millions de Polonais qui sont partis à la recherche de travail au Royaume-Uni et en Allemagne. »

On nous dit que l’EI prévoit des attaques terroristes en Europe, et que les forces de sécurité sont occupées à recenser tous les suspects du continent; pourtant voici ce trou béant dans les défenses de l’Ouest, par où les frères s’infiltrent tranquillement, sans que les médias occidentaux en rendent compte. En coopération avec des groupes ultra-nationalistes comme le Secteur Droit, qui ont également créé leurs bataillons semi-autonomes, les islamistes d’Ukraine, brandissant des passeports ukrainiens, ont ouvert une passerelle vers l’Ouest.

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Les demandes faites à Washington de commencer à fournir des armes létales au régime ukrainien font maintenant partie du débat de politique étrangère à Washington, avec les habituels suspects exhortant l’administration à ouvrir le robinet d’armement. Pourtant, les Ukrainiens disent qu’ils obtiennent déjà une aide létale de pays qu’ils refusent d’identifier, selon le membre officiel du Conseil de sécurité nationale ukrainienne Oleg Gladovsky:

«[L’aide provient] d’endroits où nous n’avons aucune influence et où il n’y a pas de tollé public à ce sujet (que nous avons nous-mêmes contribué à créer dans certains endroits, malheureusement). C’est de ces pays que nous sommes en train de recevoir de l’aide létale.»

Alors d’où vient cette aide?

«Dans l’est de l’Ukraine, écrit Mamon, le drapeau vert du djihad flotte sur certaines bases des bataillons privés.» Mais comment ces groupes de combat sont-ils privés?

L’armée ukrainienne en loques, composée de conscrits peu motivés et mal armés, ne fait pas le poids contre les séparatistes, qui se battent sur leur propre territoire contre un envahisseur. Le régime de Kiev dépend de ces arméesprivées pour fournir une colonne vertébrale à sa force de combat, et il semble y avoir une relation symbiotique difficile entre l’armée ukrainienne régulière et ces volontaires, avec une approche non interventionniste adoptée par Kiev pour ces derniers . Si le régime ukrainien reconnait ouvertement aujourd’hui obtenir de l’aide de pays non nommés, il est normal de se poser la question: le Bataillon Doudaïev obtient-il une aide directe à partir des mêmes sources que celles qui équipent en armes les rebelles islamistes radicaux de Syrie – le Qatar, le Koweït, les Émirats arabes unis et les Saoudiens?

Comme les rebelles modérés syriens financés et soutenus par les Etats-Unis rejoignent l’EI en masse, le réseau djihadiste international étend ses tentacules en Ukraine pour reprendre le combat au nom de leurs frères.

L’un des principaux liens entre les factions ultra-nationalistes ukrainiennes et les islamistes était Oleksandr Muzychko, qui a combattu aux côtés du chef terroriste tchétchène Chamil Bassaïev – le cerveau derrière le massacre de l’école de Beslan – dans les guerres de Tchétchénie. L’année dernière, Muzychko a été tué dans une fusillade avec les policiers ukrainiens. Mais avant de disparaître, il était le visage public très évident du mouvement ultra-nationaliste d’Ukraine.

Dans une vidéo devenue virale, Muzychko et un groupe de ses compagnons du commando Secteur Droit sont entrés dans le bureau du procureur de la ville de Rivne, dans le nord-ouest de l’Ukraine, et ont giflé le procureur coupable de ne pas faire son travail à la satisfaction de Muzychko. Il a également fait irruption dans une réunion du conseil de la ville de Rivne, brandissant un fusil, et déclarant que le Secteur Droit ne désarmerait jamais. Alors que les autorités ont sans aucun doute trouvé les singeries de Muzychko ennuyeuses, ce genre de chose est normal dans la nouvelle Ukraine. Et il est probable que c’est son implication clandestine avec l’EI, bien plus que ses pitreries publiques, qui a provoqué la colère des autorités: elles lui ont tendu une embuscade et l’ont abattu le 24 mars de l’année dernière. Son implication avec la cellule EI en Ukraine est-elle devenue de plus en plus évidente, même pour ceux en Occident qui s’étaient contentés de regarder de l’autre côté?

Que les autorités de Kiev travaillent avec un avant-poste de l’EI est implicite dans toute l’article de Mamon: quand ce dernier s’est rendu au campement de Munayev en compagnie de Ruslan, ils n’ont eu aucune difficulté aux points de contrôle de l’armée ukrainienne, où la possibilité de percevoir des pots de vin ne faisait aucun doute, et ils sont passés à travers. Tout au long de l’article de Mamon nous entendons Munayev se plaindre de la pauvreté: le Bataillon Doudaïev, nous dit-on, doit dépendre d’activités criminelles pour financer le djihad. Pourtant, un oligarque mineur, nommé Dima leur remet 20 000 dollars, et il est question de vendre au marché noir de l’ambre à des «acheteurs du golfe Persique, y compris de riches cheikhs» – peut-être les mêmes riches donateurs qui ont si généreusement financé l’EI.

Les liens entre le régime de Kiev et l’enclave de l’EI en Ukraine sont nombreux, et seulement à demi cachés. Lorsque Mamon est arrivé au camp de Munayev, il a été accueilli par une voiture blindée qui, nous dit-on, a été donnée par Ihor Kolomoisky, l’un des hommes les plus riches d’Ukraine, récemment nommé gouverneur de Dniepropetrovsk. Kolomoisky, malgré son héritage juif, n’a aucun scrupule à s’allier à des groupes ouvertement antisémites comme le Secteur Droit, dont il a financé les bataillons: comme les djihadistes affiliés à l’EI, auxquels il a offert une voiture blindée, il ne pense qu’à la lutte contre Vladimir Poutine, qu’il méprise.

Une autre indication de l’alliance EI-Kiev est l’évasion d’Adam Osmaev, commandant-adjoint du Bataillon Doudaïev, d’une prison ukrainienne où il purgeait une peine pour avoir fomenté l’assassinat de Poutine. Après le coup d’état à Kiev, Munayev et ses compagnons ont fait sortir Osmaev de prison: quand ils ont été confrontés à la police ukrainienne à un barrage, ils ont été mystérieusement autorisés à passer. Comme le rapporte Mamon:

«Après une impasse dramatique, les Ukrainiens ont permis aux Tchétchènes de filer. (Il n’y a pas moyen de confirmer le récit de Ruslan, mais à l’automne 2014, le tribunal d’Odessa a soudainement déclaré qu’Osmaev avait suffisamment purgé sa peine et il a été libéré.) Osmaev et Munayev sont revenus à Kiev, et le bataillon Doudaïev a été créé.»

«De temps en temps, écrit Mamon, Munayev rencontre des représentants du Service de sécurité ukrainien, connu sous le nom de SBU.»

Le Bataillon Doudaïev compte environ 500 combattants, mais il y a aussi d’autres brigades djihadistes en Ukraine, organisées dans le Bataillon Sheikh Mansour, qui s’est détaché du Bataillon Doudaïev et «est basé à proximité de Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine», ainsi que deux autres groupes composés des Tatars de Crimée, comptant chacun environ 500 djihadistes.

Comme l’aide des États-Unis coule à flot en Ukraine, dans quelle mesure va-t-elle retomber sur ces alliés de l’EI – et quelle sera son utilisation future? Si John McCain et Lindsey Graham arrivent à leurs fins, les armes américaines vont bientôt se trouver dans les mains de ces terroristes, dont il est sûr que le djihad contre les Russes se tournera vers l’Ouest et frappera les capitales de l’Europe.

C’est un retour de flamme avec une vengeance: nous créons nos propres ennemis, et leur donnons les armes pour nous faire du mal, alors même que nous affirmons notre besoin d’une surveillance universelle pour les combattre. Les savants fous formulant la politique étrangère américaine sont en train de créer une armée de monstres de Frankenstein – qui ne manqueront pas d’attaquer leurs créateurs bercés d’illusions.


- Source : Justin Raimondo-Traduction Claude Saker Francophone

L’avenir que Kadhafi avait prédit

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L’avenir que Kadhafi avait prédit

La Libye, ISIS et le luxe sans prix de la sagesse rétrospective

« Qui êtes-vous ? » a demandé un jour, vers la fin de son règne, feu Mouammar Kadhafi dans un discours célèbre où il remettait en cause (à juste titre) la légitimité de ceux qui, à l’époque, cherchaient à renverser son gouvernement, en les qualifiant d’extrémistes, d’agents étrangers, de rats et de toxicomanes. On s’est moqué de lui, on l’a caricaturé, ridiculisé et diabolisé; une ignoble vidéo parodique tournant en dérision le leader libyen s’est propagée sur les réseaux sociaux; l’auteur de la vidéo, un Israélien, trouvait sans doute le mot libyen d’arabe courant « Zenga » (qui signifie une ruelle) si drôle qu’il l’a extrait de l’un des discours de Kadhafi, l’a mis en boucle sur un air de hip-hop et voilà* … il a fait un hit qui a été diffusé largement (et honteusement) avec un zèle « révolutionnaire » dans le monde arabe. Nous l’avons partagée, nous avons ri, il est mort.

Mais c’est nous qui faisons maintenant les frais de cette plaisanterie sanglante ; Kadhafi savait de quoi il parlait; dès le début, il a accusé les soi-disant rebelles libyens d’être sous l’influence de l’idéologie d’Al-Qaïda et de Ben Laden; personne ne l’a cru, évidemment, même pas un tout petit peu. Et pourquoi aurions-nous dû le croire? Après tout, n’était-il pas un vil dictateur obsédé par le sexe et déterminé à massacrer la moitié de la population libyenne tout en soumettant l’autre moitié à des viols collectifs à l’aide de ses mercenaires subsahariens shootés au Viagra? Au moins c’est ce que le cancer visuel qu’est la chaîne Al Jazeera nous serinait, tout comme sa collègue saoudienne, encore plus haineuse si possible, d’Al-Arabiya dans leur couverture d’une rare malhonnêteté de la brutale conquête de la Libye par l’OTAN. C’est vrai que Kadhafi s’habillait bizarrement; pourquoi ferait-on faire confiance à un despote excentrique, fantasque, vêtu de bouts d’étoffe bigarrées, lorsqu’on a avec soi des sionistes bien propres sur eux comme Bernard Henry Levy, John McCain et Hillary Clinton qui sourient en faisant le signe de la victoire sur les photos, pourquoi vraiment?

Kadhafi les appelait des drogués, des fondamentalistes islamiques; nous, nous les appellons ISIS … on ne trouve plus cela aussi drôle aujourd’hui, hein ? Et ISIS est ce qui nous pendait au nez depuis le début; le lynchage « révolutionnaire » et la sodomisation de Mouammar Kadhafi aux cris frénétiques de « Allahu Akbar », salués par beaucoup, à l’époque, comme une sorte de triomphe perverti du bien incarné par la volonté populaire (lire: loi de la populace parrainée par l’OTAN) sur le mal incarné par la dictature (lire : État souverain), n’étaient rien d’autre que les premiers signes de ce qui attendaient le pays et la région; à savoir, le lynchage de masse de populations entières en Libye, Syrie et Irak et l’éclatement d’états arabes clés en mini-états ennemis. La vidéo horrible de l’assassinat du colonel Kadhafi qui surpasse les vidéos d’ISIS en termes de brutalité désaxée et de grossièreté sanglante, n’a pas soulevé la moindre critique à l’époque, bien au contraire; tout le monde semblait parfaitement satisfait que le « tyran » libyen ait connu une fin aussi grotesque … sauf que ce n’était que le début d’un nouveau règne de terreur sans précédent que nous devons aux mercenaires de l’OTAN et aux rebelles islamiques soutenus par le Conseil de Coopération du Golfe (CCG).

La prolifération rapide de groupes terroristes à la gâchette facile et de factions djihadistes arrosés de pétrodollars en Libye n’a pas été due à une sorte d’échec des services secrets des gouvernements occidentaux ni à la simple conséquence du vide de pouvoir laissé par le meurtre de Kadhafi; non, c’était un calcul politique délibéré, une stratégie volontairement mise en œuvre par l’OTAN et ses alliés dans le Golfe réunis sous le sinistre sobriquet des « Amis de la Libye » (Coalition Internationale contre ISIS) pour faire de ce pays d’Afrique du nord le plus grand et du plus incontrôlable dépotoir d’armes, de militants d’Al-Qaïda et du commerce illégal d’hydrocarbures du monde.

On peut donc dire, sans risquer de se tromper, que la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a permis à l’OTAN de bombarder la Libye jusqu’à la réduire en miettes, a finalement porté ses fruits … et c’est un fruit complètement pourri, dont, en quelque sorte, le dernier assassinat horrible de 21 pêcheurs et travailleurs égyptiens par la branche libyenne de l’État Islamique est la pièce à conviction n° 1, sans parler bien sûr, de la myriade de meurtres quotidiens, des bombardements et de mini-guerres civiles qui sont maintenant le lot quotidien de l’ensemble du pays depuis que l’Occident a fomenté son coup d’Etat contre le gouvernement de Kadhafi. La « Libye » est devenue aujourd’hui synonyme d’anarchie et de mort. En la libérant, l’OTAN lui a fait l’inestimable cadeau d’un long avenir d’instabilité et de chaos.

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Dans une interview avec les médias occidentaux de désinformation collective que sont la BBC, ABC et le Sunday Times, en février 2011, feu Mouammar Kadhafi a dit à ses arrogants interviewers; « Avez-vous vu les agents d’Al-Qaïda? Avez-vous entendu toutes ces émissions djihadistes? C’est Al-Qaïda qui contrôle les villes de Al Baida et de Derna, des anciens détenus de Guantanamo et des extrémistes lâchés par l’Amérique pour terroriser le peuple libyen … « . Derna est maintenant le principal bastion d’ISIS en Libye.

Par une étrange coïncidence (ou une sorte d’ironie cosmique), la date à laquelle ISIS a choisi de diffuser sa vidéo de la décapitation des captifs égyptiens, déclarant ainsi officiellement sa présence dans le pays déchiré par la guerre avec trois champs de pétrole sous son contrôle, a marqué (de manière tout à fait appropriée) le 4e anniversaire du commencement de la soi-disant révolution libyenne le 15 février 2011; aucun « hommage » n’aurait mieux convenu à la commémoration de la débâcle causée par le changement de régime opéré par l’Occident en Libye.

Mais bien avant qu’ISIS ne fasse le buzz, tout de suite après la chute de l’ancien régime, la nature atroce de la Libye « révolutionnaire » s’est révélée dans toute son effroyable splendeur, quand les soi-disant rebelles ont commis, avec une perfection qui donne la chair de poule, tous les crimes dont Kadhafi avait faussement été accusé : massacres, bombardements aveugles de zones résidentielles, voitures piégées, arrestations massives, torture, vol du pétrole et des ressources nationales … toute la panoplie. En 2013, deux militantes britanniques pro-palestiniennes, en chemin vers la bande de Gaza avec un convoi d’aide humanitaire, ont fait l’expérience personnelle des fruits pourris du chapitre libyen du soi-disant printemps arabe, quand elles ont été enlevées par une bande de révolutionnaires libyens-devenus-seigneurs-de-guerre dans la ville de Benghazi et violées devant leur père.

Les partisans des interventions humanitaires doivent se donner des claques dans le dos de satisfaction maintenant que la Libye a achevé sa métamorphose démocratique d’un pays qui avait plus haut niveau de vie d’Afrique sous le régime de Kadhafi, au modèle typique d’état failli : une zone sans foi ni loi de fanatisme religieux, d’affrontements sanglants et de marché de gros de têtes coupées ; en fait la Libye est devenue si « démocratique » qu’elle dispose maintenant de deux parlements et de deux gouvernements (en guerre), chacun avec sa propre armée (de criminels) et soutenus par l’argent et les caches d’armes de puissances étrangères concurrentes, sans parler de la myriade de mouvements et de milices sécessionnistes auxquels le coup illégal contre Kadhafi a donné naissance dans tout le pays tandis que la gratuité des soins de santé, de l’éducation et de l’électricité, que les Libyens tenaient pour acquise sous le régime de Kadhafi, n’est plus maintenant qu’une relique du passé; voilà l’opération « Odyssey Dawn »** qu’on avait promise aux Libyens; une version aseptisée de l’Irak sans l’indignation publique, soigneusement reconditionnée en « responsabilité de protéger » et livrée au moyen de campagnes de bombardements aériens grâce auxquelles le très zélé Club des Co-conspirateurs du Golfe (CCG) de l’Occident conduits uniquement par leur mesquines vendettas personnelles contre Kadhafi, a pu tester l’efficacité meurtrière des avions de guerre rouillés made in USA et de ceux de l’OTAN, sur le peuple de Tripoli et de Syrte.

C’est ce que Kadhafi avait prédit dès le début et plus encore; l’euphorie éphémère des révolutions tunisienne et égyptienne était tout simplement trop puissante et trop exaltante pour que nous nous embarrassions à lire les lettres en petits caractères; était-ce un complot, ou un véritable esprit révolutionnaire qui avait mal tourné? Ça n’a plus d’importance, maintenant qu’ISIS est devenu le véritable legs de la place Tahrir; « Ils tourneront la Libye en un autre Afghanistan, une autre Somalie, un autre Irak … vos femmes ne seront pas autorisées à sortir, ils vont transformer la Libye en un émirat islamique et l’Amérique bombardera le pays sous prétexte de lutter contre le terrorisme », avait dit le dirigeant libyen assassiné à la fin d’un discours télévisé le 22 février 2011, et on n’a jamais entendu paroles plus prophétiques.

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Le prototype libyen de la « guerre propre » américaine s’est avéré être un tel succès qu’on l’a reproduit avec la plus totale inconscience en Syrie; Les escadrons de la mort « Blackwater » de Paul Bremer du temps passé, qui répandaient la terreur partout en Irak, sont de retour … avec une touche islamique : barbus, vêtus de noir, couverts d’explosifs de la tête aux pieds, circulant dans des convois de Toyota Land Cruiser et l’idée fixe d’établir un califat islamique sans frontières et en constante expansion (qui se garde bizarrement de déranger le régime sioniste dans son occupation de la Palestine).

Chaque jour, le monde arabe découvre au réveil une nouvelle atrocité enregistrée sur vidéo; un festival de scènes sanglantes et terrifiantes offert par ISIS (ou IS ou ISIL), et d’innombrables autres « youtube », avec par exemple les crimes encore plus odieux que nous offrent les Etats-Unis avec leur guerre unilatérale de drones exterminateurs; toute la région tangue au rythme des décapitations à la machette et des incinérations par les missiles Hellfire. La mort est partout, elle tombe du ciel … et monte du sol; la guerre contre le terrorisme dresse sa tête hideuse une fois de plus; pour faire rentrer dans le rang les méchants terroristes que l’Occident lui-même a financés et commandités au nom de la démocratie pour déstabiliser des régimes « peu recommandables »; un implacable rituel cyclique*** qui commence par la responsabilité de protéger et se termine par la guerre contre le terrorisme, avec des milliers de vies innocentes, généralement qualifiées de dommages collatéraux, écrasées dans le processus.

C’est exactement ce que Kadhafi avait prévu; une Libye engloutie dans le chaos total, la guerre civile et les diktats occidentaux; un terrain fertile pour le fondamentalisme djihadiste et les extrémistes … dommage que, au lieu d’écouter ses mises en garde, nous ayons préféré nous payer sa tête au son d’une parodie israélienne.

Ahmad Barqawi

Ahmad Barqawi, chroniqueur indépendant et écrivain

Notes :
*En français dans le texte
**L’opération Odyssey Dawn est la contribution américaine à l’intervention militaire de 2011 en Libye.
***Groundhog Day. Le jour de la marmotte est un événement célébré en Amérique du Nord le jour de la Chandeleur, soit le 2 février. Selon la tradition, ce jour-là, on doit observer l’entrée du terrier d’une marmotte. Si elle émerge et ne voit pas son ombre parce que le temps est nuageux, l’hiver finira bientôt. Par contre, si elle voit son ombre parce que le temps est lumineux et clair, elle sera effrayée et se réfugiera de nouveau dans son trou, et l’hiver continuera pendant six semaines supplémentaires (Wikipedia).
Cela signifie aussi une situation où les événements se répètent ou semblent se répéter indéfiniment.

Article original : http://www.counterpunch.org/2015/03/09/libya-isis-and-the-unaffordable-luxury-of-hindsight/

Traduction : Dominique Muselet pour Arrêt sur Info

URL de cet article: http://arretsurinfo.ch/lavenir-que-kadhafi-avait-predit/

La crise des Etats-Unis est l’expression de son déclin

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La crise des Etats-Unis est l’expression de son déclin

Une histoire intérieure des Etats-Unis actuels

par Klaus Hornung, professeur en sciences politiques, Allemagne

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Quelle est la stabilité du «pouvoir dirigeant du monde» (Président George Bush en 1992), de la «nation indispensable à la paix, à la liberté et à la démocratie dans le monde» (Président Bill Clinton en 1997)? A l’époque, les Etats-Unis, après avoir emporté la victoire dans la guerre froide, pouvaient se croire à l’apogée de leur histoire. Deux décennies plus tard, suite à leurs interventions militaires en Irak et en Afghanistan ayant abouti à des désastres, ils se sont retrouvés dans une grave crise financière et économique et face à une montagne de dettes astronomique s’élevant à presque 15 billions de dollars.


Pour le journaliste américain George Packer, la crise est l’expression d’un déclin, de la dissolution de la solidarité au sein de la société en un individualisme extrême, et d’un fossé se creusant continuellement entre riches et pauvres. Son livre dépeint cette histoire intérieure des Etats-Unis actuels, et l’auteur en décrit les racines: les puissants dans le monde de la finance ont résilié leur pacte avec la société pour fêter une orgie de l’abondance et du cynisme. Il s’est développé un système de «politique de la porte tournante» entre Wall Street et Capitol Hill, l’oligarchie de la finance, le Congrès et la Chambre des représentants, système présentant tous les symptômes du déclin.


Packer passe outre la politique extérieure et militaire. Il entend décrire l’histoire intérieure du scenario des Etats-Unis à l’aide d’une longue série de biographies sociales des contemporains s’affairant dans la politique et l’économie ainsi que de personnes d’autres couches sociales. Nous rencontrons par exemple Jeff Connaughton, qui passe sa vie entre les secteurs de la finance et de la politique et accomplit une ascension remarquable en grimpant de l’équipe de la campagne électorale du vice-président actuel Joe Biden à la haute bureaucratie ministérielle de Washington, en acquérant au passage une fortune considérable tout en étant témoin des luttes de pouvoir impitoyables régnant au sein des élites et de leurs réseaux pour l’influence et les profits financiers.


Les agissements d’un grand nombre de banquiers, d’avocats et de contrôleurs financiers s’écartent souvent du droit et de la loi et sont marqués par la convoitise de bonifications à hauteur de plusieurs millions et de l’accès à des fonctions et des positions politiques profitables. C’est le panorama d’un style politique où les moins scrupuleux gagnent, c’est l’image de l’exercice du pouvoir d’une élite s’éloignant de façon abusive des normes classiques de la démocratie et de l’Etat de droit. Dans ce contexte, apparaissent également des individus connus de l’histoire contemporaine, par exemple le président Bill Clinton avec ses histoires sexuelles notoires et ses serments solennels lui permettant d’échapper à la justice.


On y trouve aussi l’histoire tragique de Colin Powell, enfant d’immigrés jamaïcains, ayant combattu longtemps au Vietnam en tant que soldat, et qui devint Chef d’état-major général et Secrétaire d’Etat. Puis, le président Bush junior abusa de lui en lui imposant de rédiger le discours bien connu devant le Conseil de sécurité de l’ONU pour présenter le mensonge concernant les prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein. C’était ce mensonge-là qui justifia l’intervention militaire des Etats-Unis en Irak et qui détruisit la bonne renommée de ce serviteur intègre de l’Etat.


Puis, l’auteur se déplace également dans la Silicon Valley, ce symbole de l’inépuisable force génératrice américaine. Là, son témoin biographique est un certain Peter Thiel, fils d’une famille chrétienne «réincarnée», un étudiant doué de l’Université de Stanford, un opposant au communisme et à l’homosexualité qui devra un jour lui-même faire son coming-out. Plus tard, il crée plusieurs hedgefunds, suite auxquels il devient le Titan d’un patrimoine de plusieurs milliards, passant ses journées en tant qu’influent gros sponsor dans sa villa de luxe au bord de la mer à Stanford.


C’étaient les années pendant lesquelles la Californie semblait devenir une espèce de paradis sur terre, grâce à la technologie de l’armement et la technologie spatiale, puis grâce à Internet et Facebook. Le déclin apparut lors de l’éclatement de la bulle d’Internet et de la crise de 2008 qui la suivit. Ainsi le libertarien Thiel reste songeur en reconnaissant les limites intellectuelles et politiques de l’adoration onirique des Américains autour du veau d’or et de ses conséquences.


Le livre de Packer est un mélange très personnel de documentation et de littérature. Il décrit de manière très engagée la récente histoire intérieure des Etats-Unis. Dans toutes ses pages, on retrouve la revendication de l’auteur de corriger le système politique actuel de son pays et d’accomplir un renouveau sociétal. Le panorama du déclin qu’il présente rappelle le livre du sociologue Christopher Lasch intitulé «La révolte des élites et la trahison de la démocratie» qui reconnaît, lui aussi, le noyau de la crise américaine, dans un «malaise démocratique».


C’est l’histoire de l’aliénation des élites privilégiées de leur société, de ceux qui contrôlent le flux international de l’argent et des informations, de ceux qui ont un style de vie multiculturel dans leur travail et dans leurs loisirs, menant une vie recluse et bien protégée dans leurs enclaves et qui se sont depuis longtemps soustraits à leurs devoirs civiques. Cet univers semble être une réalisation de la fameuse vision de Max Weber d’une société «de spécialistes sans esprit, de bon vivants sans cœur».    

George Packer: Die Abwicklung. Eine innere Ge­schichte des neuen Amerika. Frankfurt am Main 2014, ISBN 978-3-10-000157-3

Unité spirituelle et multipolarité planétaire

Unité spirituelle et multipolarité planétaire

par Georges FELTIN-TRACOL

rg1.jpgLe penseur français René Guénon (1886 – 1957) ne suscite que très rarement l’intérêt de l’université hexagonale. On doit par conséquent se réjouir de la sortie de René Guénon. Une politique de l’esprit par David Bisson. À l’origine travail universitaire, cet ouvrage a été entièrement retravaillé par l’auteur pour des raisons d’attraction éditoriale évidente. C’est une belle réussite aidée par une prose limpide et captivante.

 

René Guénon est le théoricien de la Tradition primordiale. de santé fragile et élevé dans un milieu catholique bourgeois de province à Blois, il fréquente tôt les milieux férus d’ésotérisme et y acquiert une somme de savoirs plus ou moins hétéroclites tout en développant une méfiance tenace à l’égard de certains courants occultistes tels le théosophisme et le spiritisme. Côtoyant tour à tour catholiques, gnostiques et francs-maçons, René Guénon édifie une œuvre qui couvre aussi bien la franc-maçonnerie que le catholicisme traditionnel et l’islam.

 

En effet, dès 1911, René Guénon passe à cette dernière religion et prend le nom arabe d’Abdul Waha-Yaha, « le Serviteur de l’Unique ». Puis, en 1931, il s’installe définitivement au Caire d’où il deviendra, outre une référence spirituelle pour des Européens, un cheikh réputé. David Bisson explique les motifs de cette implication orientale. Guénon est réputé pour sa fine connaissance des doctrines hindoues. La logique aurait voulu qu’il s’installât en Inde et/ou qu’il acceptât l’hindouisme. En quête d’une initiation valide et après avoir frayé avec le gnosticisme et la franc-maçonnerie, l’islam lui paraît la solution la plus sérieuse. Même s’il demande aux Européens de retrouver la voie de la Tradition via l’Église catholique, ses propos en privé incitent au contraire à embrasser la foi musulmane.

 

Réception de la pensée de Guénon

 

Les écrits de René Guénon attirent les Occidentaux qui apprécient leur enseignement clair, rigoureux et méthodique. David Bisson n’a pas que rédigé la biographie intellectuelle de l’auteur de La Crise du monde moderne. Il mentionne aussi son influence auprès de ses contemporains ainsi que son abondante postérité métaphysique. La revue Le Voile d’Isis – qui prendra ensuite pour titre Études Traditionnelles – publie avec régularité les articles du « Maître » qui « constituent […] une sorte de guide grâce auquel les lecteurs peuvent s’orienter dans le foisonnement des traditions ésotériques en évitant les contrefaçons spirituelles (théosophisme, occultisme, etc.) (p. 146) ». Guénon se montre attentif à examiner à l’aune de la Tradition le soufisme, l’hindouisme, le taoïsme, le confucianisme, etc., « ce qui permet […] d’évaluer le caractère régulier de telle ou telle branche religieuse. Ainsi, la doctrine tantrique est-elle déclarée conforme et, donc, “ orthodoxe ” au regard des principes posés par la Tradition. De même, la kabbale est considérée comme le véritable ésotérisme de la religion juive et remonte, à travers les signes et symboles de la langue hébraïque, jusqu’à la source de la tradition primordiale (p. 147) ». Il élabore ainsi une véritable « contre-Encyclopédie » spiritualiste et prévient des risques permanentes de cette « contrefaçon traditionnelle » qu’est la contre-initiation.

 

C’est dans ce corpus métaphysique que puisent les nombreux héritiers, directs ou putatifs, de René Guénon. David Bisson les évoque sans en omettre les divergences avec le maître ou entre eux. Il consacre ainsi de plusieurs pages à l’influence guénonienne sur l’islamologue du chiisme iranien et traducteur de Heidegger, Henry Corbin, sur le sociologue des imaginaires, Gilbert Durand, sur le rénovateur néo-gnostique Raymond Abellio et sur les ébauches maladroites – souvent tendancieuses – de vulgarisation conduites par le duo Louis Pauwels – Jacques Bergier. David Bisson s’attache aussi à quelques cas particuliers comme le Roumain Mircea Eliade.

 

rg2.jpgAu cours de l’Entre-deux-guerres, le futur historien des religions affine sa propre vision du monde. Alimentant sa réflexion d’une immense curiosité pluridisciplinaire, il a lu – impressionné – les écrits de Guénon. D’abord rétif à tout militantisme politique, Eliade se résout sous la pression de ses amis et de son épouse à participer au mouvement politico-mystique de Corneliu Codreanu. Il y devient alors une des principales figures intellectuelles et y rencontre un nommé Cioran. Au sein de cet ordre politico-mystique, Eliade propose un « nationalisme archaïque (p. 252) » qui assigne à la Roumanie une vocation exceptionnelle. Son engagement dans la Garde de Fer ne l’empêche pas de mener une carrière de diplomate qui se déroule en Grande-Bretagne, au Portugal et en Allemagne. Son attrait pour les « mentalités primitives » et les sociétés traditionnelles pendant la Seconde Guerre mondiale s’accroît si bien qu’exilé en France après 1945, il jette les premières bases de l’histoire des religions qui le feront bientôt devenir l’universitaire célèbre de Chicago. Si Eliade s’éloigne de Guénon et ne le cite jamais, David Bisson signale cependant qu’il lui expédie ses premiers ouvrages. En retour, ils font l’objet de comptes-rendus précis. Bisson peint finalement le portrait d’un Mircea Eliade louvoyant, désireux de faire connaître et de pérenniser son œuvre.

 

Le syncrétisme ésotérique de Schuon

 

Contrairement à Eliade, la référence à Guénon est ouvertement revendiquée par Frithjof Schuon. Ce Français né en Suisse d’un père allemand et d’une mère alsacienne se convertit à l’islam et adopte le nom d’Aïssa Nour ed-Din. En Algérie, il intègre la tarîqa (confrérie initiatique) du cheikh al-Alawî. Instruit dans le soufisme, Schuon devient vite le cheikh d’une nouvelle confrérie. Dans sa formation intellectuelle, Guénon « apparaît comme un “ maître de doctrine ” (p. 160) ». On a très tôt l’impression que « ce que Guénon a exposé de façon théorique, Schuon le décline de façon pratique (p. 162) ».

 

PFS_couleur.jpgEn étroite correspondance épistolaire avec Guénon, Schuon devient son « fils spirituel ». cela lui permet de recruter de nouveaux membres pour sa confrérie soufie qu’il développe en Europe. D’abord favorable à son islamisation, Schuon devient ensuite plus nuancé, « la forme islamique ne contrevenant, en aucune manière, à la dimension chrétienne de l’Europe. Il essaiera même de fondre les deux perspectives dans une approche universaliste dont l’ésotérisme sera le vecteur (p. 172) ». Cette démarche syncrétiste s’appuie dès l’origine sur son nom musulman signifiant « Jésus, Lumière de la Tradition».

 

Frithjof Schuon défend une sorte d’« islamo-christianisme ». Cette évolution se fait avec prudence, ce qui n’empêche pas parfois des tensions avec l’homme du Caire. Construite sur des « révélations » personnelles a priori mystiques, la méthode de Schuon emprunte « à plusieurs sources. Principalement fondée sur la pratique soufie, elle est irriguée de références à d’autres religions (christianisme, hindouisme, bouddhisme, etc.) et donne ainsi l’impression d’une mise en abîme de l’ésotérisme compris dans son universalité constitutive (p. 203) ». En 1948, dans un texte paru dans Études Traditionnelles, Schuon, désormais fin ecclésiologue, explique que le baptême et les autres sacrements chrétiens sont des initiations valables sans que les chrétiens soient conscients de cette potentialité. Cette thèse qui contredit le discours guénonien, provoque sa mise à l’écart. Dans les décennies suivants, il confirmera son tournant universaliste en faisant adopter par sa tarîqa la figure de la Vierge Marie, en s’expatriant aux États-Unis et en intégrant dans les rites islamo-chrétiens des apports chamaniques amérindiens.

 

Avec René Guénon, Frithjof Schuon et leurs disciples respectifs, on peut estimer que « la pensée de la Tradition semble de façon irrémédiable se conjuguer avec la pratique soufie (p. 175) ». Or, à l’opposé de la voie schuonienne et un temps assez proche de la conception de Mircea Eliade existe en parallèle la vision traditionnelle de l’Italien Julius Evola, présenté comme « le “ fils illégitime ” de la Tradition (p. 220) » tant il est vrai que sa personnalité détonne dans les milieux traditionalistes.

 

Ayant influencé le jeune Eliade polyglotte et en correspondance fréquente avec Guénon, Evola concilie à travers son équation personnelle la connaissance ésotérique de la Tradition et la pensée nietzschéenne. De sensibilité notoirement guerrière (ou activiste), Julius Evola se méfie toutefois des références spirituelles orientales, ne souhaite pas se convertir à l’islam et, contempteur féroce des monothéismes, préfère redécouvrir la tradition spécifique européenne qu’il nomme « aryo-romaine ». Tant Eliade qu’Evola reprennent dans leurs travaux « la définition que Guénon donne du folklore : ce n’est pas seulement une création populaire, mais aussi un réservoir d’anciennes connaissances ésotériques, le creuset d’une mémoire collective bien vivante (p. 269) ». Mais, à la différence du jeune Roumain ou du Cairote, Evola n’hésite pas à s’occuper de politique et d’événements du quotidien (musiques pop-rock, ski…). Quelque peu réticent envers le fascisme officiel, il en souhaite un autre plus aristocratique, espère dans une rectification du national-socialisme allemand, considère les S.S. comme l’esquisse d’un Ordre mystico-politique et collabore parfois aux titres officiels du régime italien en signant des articles polémiques.

 

Tradition et géopolitique

 

Tout au cours de sa vie, Julius Evola verse dans la politique alors que « Guénon n’a cessé de mettre en garde ses lecteurs contre les “ tentations ” de l’engagement politique (p. 219) ». Les prises de position évoliennes disqualifient leur auteur auprès des fidèles guénoniens qui y voient une tentative de subversion moderne de la Tradition… De ce fait, « la plupart des disciples de Guénon ne connaissent pas les ouvrages du penseur italien et, lorsqu’ils les connaissent, cherchent à en minorer la portée (p. 220) ». Néanmoins, entre la réponse musulmane soufie défendue par Guénon et la démarche universaliste de Schuon, la voie évolienne devient pour des Européens soucieux de préserver leur propre identité spirituelle propre l’unique solution digne d’être appliquée. Ce constat ne dénie en rien les mérites de René Guénon dont la réception est parfois inattendue. Ainsi retrouve-t-on sa riche pensée en Russie en la personne du penseur néo-eurasiste russe Alexandre Douguine.

 

Grande figure intellectuelle en Russie, Alexandre Douguine écrit beaucoup, manifestant par là un activisme métapolitique débordant et prolifique. Depuis quelques années, les Éditions Ars Magna offrent au public francophone des traductions du néo-eurasiste russe. Dans l’un de ses derniers titres traduits, Pour une théorie du monde multipolaire, Alexandre Douguine mentionne Orient et Occident et La Grande Triade de Guénon. Il y voit un « élément, propre à organiser la diplomatie inter-civilisationnel dans des circonstances de ce monde multipolaire, [qui] réside dans la philosophie traditionaliste (p. 183) ».

 

Pour une théorie du monde multipolaire est un livre didactique qui expose la vision douguinienne de la multipolarité. Il débute par l’énoncé de la multipolarité avant de passer en revue les principales théories des relations internationales (les écoles réalistes, le libéralisme, les marxismes, les post-positivismes avec des courants originaux tels que la « théorie critique », le post-modernisme, le constructivisme, le féminisme, la « sociologie historique » et le normativisme). Il conclut qu’aucun de ces courants ne défend un système international multipolaire qui prend acte de la fin de l’État-nation.

 

4ptport.jpgMais qu’est-ce que la multipolarité ? Pour Alexandre Douguine, ce phénomène « procède d’un constat : l’inégalité fondamentale entre les États-nations dans le monde moderne, que chacun peut observer empiriquement. En outre, structurellement, cette inégalité est telle que les puissances de deuxième ou de troisième rang ne sont pas en mesure de défendre leur souveraineté face à un défi de la puissance hégémonique, quelle que soit l’alliance de circonstance que l’on envisage. Ce qui signifie que cette souveraineté est aujourd’hui une fiction juridique (pp. 8 – 9) ».  « La multipolarité sous-tend seulement l’affirmation que, dans le processus actuel de mondialisation, le centre incontesté, le noyau du monde moderne (les États-Unis, l’Europe et plus largement le monde occidental) est confronté à de nouveaux concurrents, certains pouvant être prospères voire émerger comme puissances régionales et blocs de pouvoir. On pourrait définir ces derniers comme des “ puissances de second rang ”. En comparant les potentiels respectifs des États-Unis et de l’Europe, d’une part, et ceux des nouvelles puissances montantes (la Chine, l’Inde, la Russie, l’Amérique latine, etc.), d’autre part, de plus en plus nombreux sont ceux qui sont convaincus que la supériorité traditionnelle de l’Occident est toute relative, et qu’il y a lieu de s’interroger sur la logique des processus qui déterminent l’architecture globale des forces à l’échelle planétaire – politique, économie, énergie, démographie, culture, etc. (p. 5) ». Elle « implique l’existence de centres de prise de décision à un niveau relativement élevé (sans toutefois en arriver au cas extrême d’un centre unique, comme c’est aujourd’hui le cas dans les conditions du monde unipolaire). Le système multipolaire postule également la préservation et le renforcement des particularités culturelles de chaque civilisation, ces dernières ne devant pas se dissoudre dans une multiplicité cosmopolite unique (p. 17) ». Le philosophe russe s’inspire de certaines thèses de l’universitaire réaliste étatsunien, Samuel Huntington. Tout en déplorant les visées atlantistes et occidentalistes, l’eurasiste russe salue l’« intuition de Huntington qui, en passant des États-nations aux civilisations, induit un changement qualitatif dans la définition de l’identité des acteurs du nouvel ordre mondial (p. 96) ».

 

Au-delà des États, les civilisations !

 

Alexandre Douguine conçoit les relations internationales sur la notion de civilisation mise en évidence dans un vrai sens identitaire. « L’approche civilisationnelle multipolaire, écrit-il, suppose qu’il existe une unicité absolue de chaque civilisation, et qu’il est impossible de trouver un dénominateur commun entre elles. C’est l’essence même de la multipolarité comme pluriversum (p. 124). » L’influence guénonienne – entre autre – y est notable, tout particulièrement dans cet essai. En effet, Alexandre Douguine dessine « le cadre d’une théorie multipolaire de la paix, qui découpe le monde en plusieurs zones de paix, toujours fondées sur un principe particulier civilisationnel. Ainsi, nous obtenons : Pax Atlantide (composée de la Pax Americana et la Pax Europea), Pax Eurasiatica, Pax Islamica, Pax Sinica, Pax Hindica, Pax Nipponica, Pax Latina, et de façon plus abstraite : Pax Buddhistica et Pax Africana. Ces zones de paix civilisationnelle (caractérisées par une absence de guerre) ainsi qu’une sécurité globale, peuvent être considérées comme les concepts de base du pacifisme multipolaire (p. 130) ».

 

Les civilisations deviennent dès lors les nouveaux acteurs de la scène diplomatique mondiale au-dessus des États nationaux. Cette évolution renforce leur caractère culturel, car, « selon la théorie du monde multipolaire, la communauté de culture est une condition nécessaire pour une intégration réussie dans le “ grand espace ” et, par conséquent, pour la création de pôles au sein du monde multipolaire (p. 127) ». Mais il ne faut pas assimiler les « pôles continentaux » à des super-États naissants. « Dans la civilisation, l’interdépendance des groupes et des couches sociales constituent un jeu complexe d’identités multiples, qui se chevauchent, divergent ou convergent selon les articulations nouvelles. Le code général des civilisations (par exemple, la religion) fixe les conditions – cadres, mais à l’intérieur de ces limites, il peut exister un certain degré de variabilité. Une partie de l’identité peut être fondée sur la tradition, mais une autre peut représenter des constructions innovantes parce que dans la théorie du monde multipolaire, les civilisations sont considérées comme des organismes historiques vivants, immergés dans un processus de transformation constante (p. 131). » Par conséquent, « dans le cadre multipolaire, […] l’humanité est recombinée et regroupée sur une base holistique, que l’on peut désigner sous le vocable d’identité collective (p. 159) ». Ces propos sont véritablement révolutionnaires parce que fondateurs.

 

QhKS4LB+L._SY344_BO1,204,203,200_.jpgPiochant dans toutes les écoles théoriques existantes, le choix multipolaire de Douguine n’est au fond que l’application à un domaine particulier – la géopolitique – de ce qu’il nomme la « Quatrième théorie politique ». Titre d’un ouvrage essentiel, cette nouvelle pensée politique prend acte de la victoire de la première théorie politique, le libéralisme, sur la deuxième, le communisme, et la troisième, le fascisme au sens très large, y compris le national-socialisme.

 

Cette quatrième théorie politique s’appuie sur le fait russe, sur sa spécificité historique et spirituelle, et s’oppose à la marche du monde vers un libéralisme mondialisé dominateur. Elle est « une alternative au post-libéralisme, non pas comme une position par rapport à une autre, mais comme idée opposée à la matière; comme un possible entrant en conflit avec le réel; comme un réel n’existant pas mais attaquant déjà le réel (p. 22) ». Elle provient d’une part d’un prélèvement des principales théories en place et d’autre part de leur dépassement.

 

Une théorie pour l’ère postmoderniste

 

Dans ce cadre conceptuel, le néo-eurasisme se présente comme la manifestation tangible de la quatrième théorie. Discutant là encore des thèses culturalistes du « choc des civilisations » de Samuel Huntington, il dénie à la Russie tout caractère européen. Par sa situation géographique, son histoire et sa spiritualité, « la Russie constitue une civilisation à part entière (p. 167) ». Déjà dans son histoire, « la Russie – Eurasie (civilisation particulière) possédait tant ses propres valeurs distinctes que ses propres intérêts. Ces valeurs se rapportaient à la société traditionnelle avec une importance particulière de la foi orthodoxe et un messianisme russe spécifique (p. 146) ». Et quand il aborde la question des Russes issus du phylum slave – oriental, Alexandre Douguine définit son peuple comme le « peuple du vent et du feu, de l’odeur du foin et des nuits bleu sombre transpercées par les gouffres des étoiles, un peuple portant Dieu dans ses entrailles, tendre comme le pain et le lait, souple comme un magique et musculeux poisson de rivière lavé par les vagues (p. 302) ». C’est un peuple chtonien qui arpente le monde solide comme d’autres naviguent sur toutes les mers du globe. Son essence politique correspond donc à un idéal impérial, héritage cumulatif de Byzance, de l’Empire mongol des steppes et de l’internationalisme prolétarien.

 

Alexandre Douguine fait par conséquent un pari risqué et audacieux : il table sur de gigantesques bouleversements géopolitiques et/ou cataclysmiques qui effaceront les clivages d’hier et d’aujourd’hui pour de nouveaux, intenses et pertinents. Dès à présent, « la lutte contre la métamorphose postmoderniste du libéralisme en postmoderne et un globalisme doit être qualitativement autre, se fonder sur des principes nouveaux et proposer de nouvelles stratégies (p. 22) ».

 

Dans l’évolution politico-intellectuelle en cours, Douguine expose son inévitable conséquence géopolitique déjà évoquée dans Pour une théorie du monde multipolaire : l’idée d’empire ou de « grand espace ». Cette notion est désormais la seule capable de s’opposer à la mondialisation encouragée par le libéralisme et sa dernière manifestation en date, le mondialisme, et à son antithèse, l’éclatement nationalitaire ethno-régionaliste néo-libéral ou post-mondialiste. Dans cette optique, « l’eurasisme se positionne fermement non pas en faveur de l’universalisme, mais en faveur des “ grands espaces ”, non pas en faveur de l’impérialisme, mais pour les “ empires ”, non pas en faveur des intérêts d’un seul pays, mais en faveur des “ droits des peuples ” (p. 207) ».

 

L’auteur ne cache pas toute la sympathie qu’il éprouve pour l’empire au sens évolien/traditionnel du terme. « L’Empire est la société maximale, l’échelle maximale possible de l’Empire. L’Empire incarne la fusion entre le ciel et la terre, la combinaison des différences en une unité, différences qui s’intègrent dans une matrice stratégique commune. L’Empire est la plus haute forme de l’humanité, sa plus haute manifestation. Il n’est rien de plus humain que l’Empire (p. 111). » Il rappelle ensuite que « l’empire constitue une organisation politique territoriale qui combine à la fois une très forte centralisation stratégique (une verticale du pouvoir unique, un modèle centralisé de commandement des forces armées, la présence d’un code juridique civil commun à tous, un système unique de collecte des impôts, un système unique de communication, etc.) avec une large autonomie des formations sociopolitiques régionales, entrant dans la composition de l’empire (la présence d’éléments de droit ethno-confessionnel au niveau local, une composition plurinationale, un système largement développé d’auto-administration locale, la possibilité de cœxistence de différents modèles de pouvoir locaux, de la démocratie tribale aux principautés centralisées, voire aux royaumes) (pp. 210 – 211) ».

 

La démarche douguinienne tend à dépasser de manière anagogique le mondialisme, la Modernité et l’Occident afin de retrouver une pluralité civilisationnelle dynamique à rebours de l’image véhiculée par les relais du Système de l’homme sans racines, uniformisé et « globalitaire ». L’unité spirituelle des peuples envisagée par René Guénon et repris par ses disciples les plus zélés exige dans les faits une multipolarité d’acteurs politiques puissants.

 

Georges Feltin-Tracol

 

• Alexandre Douguine, La Quatrième théorie politique. La Russie et les idées politiques du XXIe siècle, avant-propos d’Alain Soral, Ars Magna, Nantes, 2012, 336, 30 €.

 

• Alexandre Douguine, Pour une théorie du monde multipolaire, Ars Magna, Nantes, 2013, 196 p., 20 €.

 

• David Bisson, René Guénon. Une politique de l’esprit, Pierre-Guillaume de Roux, Paris, 2013, 527 p., 29,90 €.

 

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Le Scambo

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Le dernier loup: le grand retour de l'éthologie

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LE DERNIER LOUP : LE GRAND RETOUR DE L’ÉTHOLOGIE
 
Un film beau et cruel comme la vie

Jean Ansar
Ex: http://metamag.fr

Le dernier film de Jean jacques Annaud renoue avec ce qui fait l'originalité et le succès de cet immense cinéaste français. Il fera vite oublier le médiocre "Or noir" et viendra rappeler le souffle de "L’ours", des "Deux frères",  de "La guerre du feu", du "Nom de la rose" ou de "7 ans au Tibet".

Le souffle de la vie et la beauté des images sont au rendez vous de ce "Dernier loup", film franco-chinois qui est une ode aux peuples premiers, en l’occurrence aux mongols et à leur conception du monde. Un peuple dont le dieu totem est le loup. Gengis khan, le plus grand conquérant du monde, a adapté la stratégie de la meute dans son art militaire.


L’histoire est classique


C’est un  « eastern » où le loup joue le rôle du bison et l'administration communiste celui de l'homme ennemi de la nature et des mongols, ces autres indiens. 1969, Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin, est envoyé en Mongolie Intérieure afin d'éduquer une tribu de bergers nomades. Mais c'est véritablement Chen qui a beaucoup à apprendre, sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes, le loup. Séduit par le lien complexe et quasi mystique entre ces créatures sacrées et les bergers, il capture un louveteau afin de l'apprivoiser. Mais la relation naissante entre l'homme et l'animal ainsi que le mode de vie traditionnel de la tribu et l'avenir de la terre elle-même, est menacée lorsqu'un représentant régional de l'autorité centrale décide par tous les moyens d'éliminer les loups de cette région.


Cela étant ce film n’est pas manichéen et l’administrateur chinois ne veut que le bien des mongols par le progrès et il détruit avec bonne conscience un équilibre naturel fragile. Le loup lui-même est cruel,  le louveteau mord la main qui le nourrit et la meute est impitoyable pour les ruminants.

 
C’est un grand film éthologiste sur les rapports des animaux entre eux, des animaux et des hommes, sur le comportement et l'agressivité comme ressort de la survie. Les écologistes n’aimeront pas ce film, trop brutal et sanglant pour leur exquise sensibilité. Leur monde est celui où le loup mongol cohabiterait avec le mouton chinois. Mais le mongol comme le loup sait que, s’il renonce à sa cruauté vitale, il disparaîtra mais ne deviendra pas mouton. Il n’y a pas de théorie du genre dans la vraie vie.


L'Éthologie : apprendre la vie


Ce film devrait plus que d’autres relancer l'intérêt pour cette science formidable mais souvent ignorée pour des motifs politiciens qu’est l’Éthologie. Le terme "éthologie" signifie étymologiquement « étude des mœurs ». Ce domaine, sous le nom générique, englobe surtout l'étude du comportement animal tel qu'il peut être observé chez l'animal sauvage ou domestiqué, dans son milieu naturel ou en captivité. L'éthologie humaine quitte le champ d'investigation des spécialistes de l'instinct animal pour décrire le comportement individuel et collectif. Il faut inclure dans cette signification l'étude comportementale des êtres humains et des relations homme-animal. L'éthologie se définit originellement comme l'étude des comportements instinctifs puis, actuellement, plus généralement, comme la biologie du comportement.

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Le plus célèbre des éthologistes est Konrad Lorenz. Il a popularisé l'éthologie dans des livres admirables, mais voilà il n’est pas politiquement correct. Konrad Lorenz, est un biologiste et zoologiste autrichien titulaire du prix Nobel de physiologie ou médecine. Lorenz a étudié les comportements des animaux sauvages et domestiques. Il a écrit des livres qui ont touché un large public tels que "Il parlait avec les mammifères", "les oiseaux et les poissons" ou "L'Agression, une histoire naturelle du mal". En 1940, il devient professeur à l'université de Königsberg où il occupe la chaire d'Emmanuel Kant. Il est mobilisé en 1941 dans l'armée comme médecin psychiatre et fait prisonnier par les Russes en 1944 puis déporté en Arménie soviétique jusqu'en 1948. Dans ses travaux ultérieurs, Lorenz se servira de cette expérience (enthousiasme nationaliste et constat des dégâts du lavage de cerveaux chez les allemands nazifiés et les russes communisés) pour élaborer une critique des dérives de l'instinct d'agression chez l'homme, de la psychologie de l'endoctrinement et du danger de celui-ci.


De 1949 à 1951, il dirige l'institut d'éthologie comparée d'Altenberg puis l'Institut Max Planck de physiologie comportementale (un des 80 instituts de recherche de la Société Max-Planck) de Buldern (1951-1954) puis celui de Seewiesen (Bavière) (1954). Il reçoit en 1973, conjointement avec Karl von Frisch et Nikolaas Tinbergen, le prix Nobel de physiologie ou médecine pour leurs découvertes concernant « l'organisation et la mise en évidence des modes de comportement individuel et social » ; il s'agit du seul prix Nobel jamais remis à des spécialistes du comportement. Leurs travaux constituent les fondements d'une nouvelle discipline de la biologie : l'éthologie.


Devenu humaniste et écologiste, il est cependant diabolisé


Konrad Lorenz fut membre du parti nazi à partir de 1938. Eugéniste, il fut également membre du « département de politique raciale » du parti, produisant conférences et publications. Adoptant pleinement l'idéologie nazie il écrivit, par exemple, dans une lettre à Oskar Heinroth, lors de la déclaration de guerre de la Grande Bretagne à l'Allemagne : « Du pur point de vue biologique de la race, c'est un désastre de voir les deux meilleurs peuples germaniques du monde se faire la guerre pendant que les races non blanches, noire, jaune, juive et mélangées restent là en se frottant les mains» . La controverse publique sur l'affiliation de Konrad Lorenz au parti nazi prit naissance lors de sa nomination pour le prix Nobel. Cette controverse porta sur un article publié dans le Journal de psychologie appliquée et d'étude du caractère (Zeitschrift für angewandte Psychologie und Charakterkunde) en 1940, « Désordres causés par la domestication du comportement spécifique à l'espèce » (Durch Domestikation verursachte Störungen arteigenen Verhaltens). Cet article fut publié dans un contexte de justification scientifique de restrictions légales contre le mariage entre Allemands et non Allemands. Jamais Lorenz ne cacha cette publication, il la cita abondamment et il reprit ces idées dans la plupart de ses livres. Il y développe le concept de l'auto-domestication de l'homme, soit que la pression de sélection de l'homme par l'homme aurait conduit à une forme de dégénérescence de l'espèce humaine dont les plus touchées sont les races occidentales. Les souches primitives étant celles qui ont été épargnées par cette dégénérescence.

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Il s'agit d'un article foncièrement anti-suprémaciste aryen. Cette publication lui retira toute possibilité d'une carrière politique et signa son abandon de tout contact avec la vie politique. Il dit à ce propos: « L'essai de 1940 voulait démontrer aux nazis que la domestication était beaucoup plus dangereuse que n'importe quel prétendu mélange de races. Je crois toujours que la domestication menace l'humanité ; c'est un très grand danger. Et si je peux réparer, rétrospectivement, l'incroyable stupidité d'avoir tenté de le démontrer aux nazis, c'est en répétant cette même vérité dans une société totalement différente mais qui l'apprécie encore moins. »


Ce fut le style de cet article, adoptant un ton délibérément politique et non scientifique, publié dans un contexte de haine raciale que les détracteurs de Lorenz soulevèrent. La remise du prix Nobel à Lorenz entraîna un grand remous dans la communauté des sciences humaines, en particulier au sein de l'école de behaviorisme américain. Le long combat que Lorenz fit contre les théories de cette école, sur les comportements innés et acquis, lui valut beaucoup d'ennemis. Notons, entre autres, l'article de Lehrman de 1953, dans Quarterly Review of Biology : « Une critique de la théorie du comportement instinctif de Konrad Lorenz » citant le caractère et les origines « nazis » des travaux de celui-ci qui démarra la guerre.

La controverse au sujet de l'article de 1940 prit véritablement racine après la publication dans Sciences en 1972 d'un discours prononcé au Canada par Léon Rosenberg, de la faculté de médecine de Harvard, et la publication par Ashley Montagu, un anthropologue opposé à la théorie des instincts de l'homme de Lorenz, de la conférence d'Eisenberg : « La nature humaine de l'homme ». Dans cette conférence, l'article de 1940 est critiqué comme s'il s'agissait d'un article à caractère scientifique et actuel. Il s'agit d'une demie-page (sur plus de 70) des pires passages politiques cités hors contexte et se terminant par : « Nous devons - et nous le ferons - compter sur les sentiments sains de nos meilleurs éléments pour établir la sélection qui déterminera la prospérité ou la décadence de notre peuple… ».

 
Si cette dernière proposition semble prôner un eugénisme nazi, l'affirmation que les meilleurs éléments ne sont pas nécessairement « aryens » et donc que certains devraient céder leur place à des représentants d'autres races, était totalement suicidaire à l'époque. Lorenz laisse sous entendre, dans sa biographie, qu’il fut mobilisé lors de la guerre germano-soviétique et envoyé sur le front de l'est pour cette raison.


Les médias s'emparèrent de ce scandale et le montèrent en épingle. Lorenz fut alors présenté comme un partisan pro-nazi. ….. Le mal absolu n’allait pas épargner l’éthologie. Les rapports avec les animaux, d’Alain de Benoist à Franz olivier Giesbert, sont de nouveaux d'actualité. L'éthologie devrait reprendre tout sa place,  sans occulter le travail de Lorenz, qui aurait aimé ce « dernier loup ».

World War Two, a View From Different Eyes

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World War Two, a View From Different Eyes

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Ex: http://www.lewrockwell.com

I have in the past written much about the Second World War, from Pearl Harbor to the dropping of the bombs on Hiroshima and Nagasaki; from Roosevelt’s manipulations to get the US into the war to the forced migrations of millions of Germans and other Europeans after the war.  While much of this was based on work from revisionist historians (even Herbert Hoover!), most of the authors on which my posts were based were from the United States or otherwise affiliated with the victorious side.

I am now beginning to go through another history of the war, this one by a German revisionist historian.  The book is entitled “1939 – The War That Had Many Fathers,” by Gerd Schultze-Rhonhof.

About the author:

Schultze-Rhonhof was born in Weimar. He entered military service in 1959 a few years after the Bundeswehr was founded. When he retired in 1996, he was Territorial Commander-in-chief in charge of Lower Saxony and Bremen and held the rank of Generalmajor (Major General).

The book is quite controversial, even (or especially) in Germany:

In his book “Der Krieg, der viele Väter hatte” [The War that had many Fathers], he argues that Adolf Hitler had not wanted to risk war right until September 1939. Thus, Schultze-Rhonhof especially blames Poland for the outbreak of World War II as a result the rejection of German willingness of negotiations. Besides, also Great Britain, France, the United States and the Soviet Union had taken their part in the outbreak of the war because they had driven Poland into the war.

It should be noted that the author does not seem to be introducing a book that exonerates Hitler.  He suggests that the war had many fathers – not just one.  This is certainly an uncontroversial suggestion to anyone with even a moderate understanding of the roots of the war.

From my past reading, it is quite clear that the US, Great Britain, and France did, in fact, push Poland into war and did cause Poland to not negotiate with Hitler and Germany, for example from “Freedom Betrayed,” by Herbert Hoover:

Further American activities were disclosed after the Germans had invaded Poland in September 1939 and seized the Polish Foreign Office records.  The Germans released a mass of documents which certainly indicated that the American Ambassador to France, William C. Bullitt, who could only act on Mr. Roosevelt’s authority, had made a profusion of oral assurances to officials of Poland and France which they could only interpret as a promise of assistance of some kind of force from the United States.

Hoover documents his conversations with US Ambassador to Britain, Joseph Kennedy, during the run-up to the war.  Hoover met with Kennedy in May, 1945.  According to Kennedy:

…Roosevelt and Bullitt were the major factors in the British making their guarantees to Poland and becoming involved in the war.  Kennedy said that Bullitt, under instructions from Roosevelt, was constantly urging the Poles not to make terms with the Germans and that he Kennedy, under instructions from Roosevelt, was constantly urging the British to make guarantees to the Poles.

He said that after Chamberlain had given these guarantees, Chamberlain told him (Kennedy) that he hoped the Americans and the Jews would now be satisfied but that he (Chamberlain) felt that he had signed the doom of civilization.

Kennedy said that if it had not been for Roosevelt the British would not have made this most gigantic blunder in history.

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Further from the Polish Ambassador Potocki to the Polish Foreign Office, dated two months before the British guarantee to Poland, in which he summarizes his conversations with U.S. Ambassador Bullitt:

…2) the war preparations of the United States on land, sea, and air, which will proceed in an accelerated tempo and will cost the colossal sum of $1,250,000,000.  3) the definite opinion of the President that France and Britain should abandon all policy of compromise with the totalitarian countries and should not enter into any discussion with them which might be directed towards any territorial changes.  4) a moral assurance that the United States is abandoning the policy of isolation and is ready, in case of war, to participate actively on the side of Great Britain and France, placing all its resources, financial and in raw materials, at their disposal.

So I find no reason on this basis to take exception with Schultze-Ronhof.

Others apparently criticize the author for ignoring certain other well-known sources, for example:

Well-known sources revealing Hitler’s will to war (for instance the Halder War Diary) are ignored or doubted.

Overall, the response to the author’s work was not favorable:

Schultze-Rhonhofs writings on the origins of World War II have not been accepted as accurate by professional historians. His claim that Hitler had been against a war with Poland goes against the conventional opinion in historical research and academic teaching. Schultze-Rhonhofs book has been reviewed by important German newspapers as Die Welt and Frankfurter Allgemeine Zeitung. Both articles assessed it as “myth-creating” and “abstruse”.

In other words, a good candidate for a revisionist view of the war from the German perspective!  As with every historical work – mainstream or revisionist – there are certain to be gems of truth to be discovered.  Just as I have found items of significant note in books generally acceptable to the mainstream – despite my cynical bent – I expect there will be worthwhile tidbits buried within this book.

I will begin with two, both found in the preface written by the author.  First, the author suggests that the victors of the Second World War imposed on Germany the requirement that documents be made consistent with, and in the future all official versions of the history of the war align with the official, desired version as told by the victorious powers:

It was baffling for me to find in the German literature that the early historiography after the war was obviously drawn up under the effect of legal requirements which gave to German research a quite definite direction.  In the Transition Treaty (Überleitungsvertrag) of 1954, Article 7 (1), it is bindingly laid down that “all judgments (Urteile) from the Nuremberg Trials “remain valid and effective in every regard according to German law and are to be treated accordingly by German courts and authorities.”  Included, as an integral part, in the text of the judgments of the main Nuremberg Trial of 1946 is an exactly 200 pages long account of the German war and pre-war history from the perspective of the Soviets, the Americans, the British and the French….this account of “German history” from the victors’ perspective was recognized by the (German) Federal Government as “in all respects valid and effective” (rechtswirksam und rechtskräftig) and thus binding for German courts and authorities. (Pages 12-13)

I find nothing terribly shocking in this claim. Victorious governments have chosen to ensure that history is written as they want it to be written.  They do so in their own countries – why not do so in the defeated nations as well?  Allied leaders made such statements regularly in any case, stating that the Germans, blamed for causing both major wars, must be cleansed of their lust for war.  Where better to start than with the history?

Certainly, and understandably, the Allies implemented a policy of denazification.  It also seems that they went further (from Wikipedia):

After World War II, the Allied powers (Soviet Union, France, Britain, and the USA) ensured that Nazi ideology was eliminated from the curriculum. They installed educational systems in their respective occupation zones that reflected their own ideas.

The author states something similar:

Included among these authorities [bound to respect German history from the victors’ perspective] are the regional ministers of culture who examine and authorize the contents of the school history textbooks.

The effect of this treaty is still in force.  The author describes that the Transition Treaty was replaced in 1990 by a new Two-Plus-Four Treaty, with this entire clause inserted intact.  (Page 13)  This treaty allowed for the reunification of East and West Germany:

The Treaty on the Final Settlement With Respect to Germany, German: Vertrag über die abschließende Regelung in bezug auf Deutschland (or the Two Plus Four Agreement, German: Zwei-plus-Vier-Vertrag; short: German Treaty) was negotiated in 1990 between the Federal Republic of Germany and the German Democratic Republic (the titular “Two”), and the Four Powers which occupied Germany at the end of World War II in Europe: France, the Soviet Union, the United Kingdom, and the United States of America. In the treaty the Four Powers renounced all rights they held in Germany, allowing a united Germany to become fully sovereign the following year.

While all rights might have been renounced, many conditions were included in the treaty, including conditions regarding the size and scope of the German military, for example.

The second interesting bit of information I found in the preface regards the first threats of war between Poland and Germany.  The author claims that it was Poland that first made threats regarding the port city of Danzig:

It was pronounced in March 1939 by the Polish Ambassador in Berlin, even before Hitler gave the command to the Wehrmacht’s High Command to prepare for war against Poland. (Page 12)

This is an interesting point.  To my recollection, nothing is directly mentioned of this in Hoover’s book, although a hint might be found in the warning from Beck to von Moltke:

[Hitler] now turned his attention to Poland.  On March 21, 1939, less than a week after his armies had rolled into Prague, he made a demand upon Poland for the annexation of Danzig, the return of other Germans in Polish territory, and restrictions of the Polish Corridor to the Baltic.

On March 25, the Polish Government replied, denying Hitler’s claims and refusing any consequential concessions.  Three days later, Foreign Minister Beck of Poland warned H. A. von Moltke, the German Ambassador in Warsaw, against any German action involving Danzig. (Page 128)

From Patrick Buchanan’s book, “Churchill, Hitler, and the Unnecessary War,” is a further clue – perhaps a somewhat corroborating bit of evidence.  As an aside, Buchanan describes the guarantee to Poland as a “fatal blunder,” “the most fateful British declaration of the twentieth century.”

Buchanan writes of a secret directive from Hitler:

… [On] March 25, Hitler had issued a secret directive to his army commander in chief: “The Feuhrer does not wish to solve the Danzig question by force.  He does not wish to drive Poland into the arms of Britain by this.”  Hitler did not want war with Poland, he wanted an alliance with Poland. (Page 254)

Buchanan attributes this quote to a book by Simon Newman, “March 1939: The British Guarantee to Poland,” page 184.

From “Perpetual War for Perpetual Peace,” Edited By Harry Elmer Barnes

In this new and exalted mood Chamberlain moved rapidly in the direction of a momentous pledge to Poland.  In March, 1939, Hitler was exerting strong pressure upon Poland in favor of concessions which seemed quite reasonable. He wished to incorporate Danzig within the Reich (after confirming Polish economic privileges in the city) and desired permission to construct an extra-territorial motor road across the Corridor.  In 1933 President Roosevelt had spoken of the possibility of a German elevated railway across the Corridor. But, in 1939, the Polish Foreign Minister refused to grant these concessions, and war clouds gathered along the Polish horizon.

Following the German and Soviet invasion, no help from Britain or France materialized:

Poland was betrayed by both Britain and France and her own statesmen were too stupid to understand the simplest lessons in Realpolitik.

So, perhaps, there is some truth in the claim by Schultze-Rhonhof.

I will continue to write on this book.  From my reading so far, there are several topics worth further exploration.

Reprinted with permission from Bionic Mosquito.