Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 29 février 2016

Le dernier coup de Jarnac de François Mitterrand

mitterrand-seen-september-20th.jpg

Salan/’t Pallieterke :
Le dernier coup de Jarnac de François Mitterrand


mittben2259248617_h430.jpgNaguère, nous avions évoqué dans cette rubrique française l’avalanche de livres récemment publiés à l’occasion du vingtième anniversaire du décès de l’ancien Président français François Mitterrand. Dans cette masse de bouquins, un seul n’a pas vraiment été recensés mais il mérite une attention toute particulière : Dites-leur que je ne suis pas le diable (Plon, 2016, 188 p.). Ce livre est dû à la plume de Georges-Marc Benamou. Ce journaliste a suivi Mitterrand de très près au cours des dernières années de sa vie. Juste après la mort du Président, Benamou avait écrit Mémoires interrompues, soit les mémoires incomplètes de Mitterrand. En 1997, parait Le dernier Mitterrand, ouvrage consacré aux mille derniers jours de la vie du président socialiste. Dites-leur que je ne suis pas le diable en est une sorte de complément. On y trouve un florilège de commentaires et d’analyses posés par Mitterrand dans ses dernières années. Il s’agit de citations non encore publiées à ce jour. Benamou analyse en profondeur une série de controverses relatives au Mitterrand âgé, malade et mourant. Ainsi, Benamou analyse la dernière allocution de Mitterrand à la télévision, à la fin de l’année 1994. Mitterrand avait dit qu’il « croyait en les forces de l’esprit ». Et qu’à la fin de l’année 1995, il écouterait le message du Nouvel An du nouveau Président du « lieu où il se trouverait ». Ce fut donc un discours à connotations religieuses évidentes. En France, où l’église et l’Etat sont strictement séparés, ce ton religieux était inédit. Mitterrand avait éprouvé du plaisir en assistant au tollé que son discours avait suscité. « Vous avez vu ? », demandait à Benamou un Mitterrand rigolard, « j’ai osé ! ». A la fin de sa vie, Mitterrand était fasciné par la mort. Ou mieux : par le passage de la vie après la mort. Il en parlait à des médecins, des philosophes, des théologiens.


La controverse des ortolans


Le nouveau livre de Benamou nous apprend que Mitterrand a cessé de s’alimenter le jour du Nouvel An, 1 janvier 1996. Il ne prit plus aucun médicament. Le 8 janvier, il mourut. Le soir de la Saint-Sylvestre, il avait pris un ultime repas. Benamou l’avait déjà évoqué dans Le dernier Mitterrand. L’ancien président avait d’abord ingurgité quelques bonnes huîtres. Ensuite, il prit une délicatesse du Pays des Landes, une région du Sud-ouest de la France, où Mitterrand possédait une résidence, à Latche, où il passa sa dernière Saint-Sylvestre.

Ortolan2.jpg


Dead-Man-ortolan-photo-copy1-289x300.jpgCette délicatesse du dernier repas de Mitterrand consistait en ortolans. Ce sont de petits oiseaux que l’on capture, que l’on engraisse et puis que l’on noie vivants dans l’armagnac. Ils sont ensuite rôtis au four. On doit les manger tout entiers, os et viscères compris. Pour manger ce met de manière traditionnelle, on doit se pencher sur le récipient contenant les ortolans, se placer une serviette sur la tête pour se régaler des odeurs de l’armagnac.


Lorsque Benamou raconta cette anecdote pour la première fois, cela provoqua une avalanche de critiques. Quelques personnages de l’entourage de Mitterrand se sont empressés de dire que le Président moribond n’avait nullement avalé ces oiseaux. Car les ortolans sont une espèce désormais protégée. Ce démenti est faux, affirme Benamou dans son dernier ouvrage de 2016. Les faits sont exacts, nous dit-il. Ce fut par ailleurs un camarade du PS français, Henri Emmanuelli, qui fit livrer à temps les ortolans à Latche. Benamou voit dans ce plat traditionnel des Landes tout un symbole : les ortolans, dans les œuvres de La Fontaine et de Balzac sont un repas de roi.

Les avocats de province


miitttder6080743_200x323.jpgMitterrand n’aurait pas été lui-même s’il n’avait pas donné, en ses heures ultimes, quelques coups de canifs, bien acérés, à la classe politique. Le livre Dites-leur que je ne suis pas le diable contient quelques belles perles à ce niveau. Quand il s’agit du PS, Mitterrand est vraiment assassin. Dans le lot des socialistes français, il ne voit personne capable de lui succéder. Il ne cite même pas le Président actuel, François Hollande. Les dirigeants du PS sont, selon les Mitterrand des derniers mois, des « avocats de province », ce qu’il était lui-même dans ses jeunes années, dans sa Charente natale. En 1995, lors des Présidentielles, il a soutenu implicitement le néo-gaulliste Jacques Chirac contre le candidat socialiste Lionel Jospin. Mitterrand n’avait pas une haute opinion des autres dirigeants socialistes, comme Pierre Mendès-France. Quant à l’agitation gauchiste de mai 68, il eut ces mots : « Tous des fous ! » ou « Des enfants gâtés de la petite bourgeoisie catholique ».


A propos du jeune homme qu’était encore Nicolas Sarkozy en 1995, Mitterrand disait qu’il fallait s’en méfier : « C’est un grand cynique ». Alain Juppé, disait-il, « avait certes les allures d’un homme d’Etat ». Mais il n’y aurait plus jamais de grand président, selon Mitterrand. Il disait de lui-même qu’il était le dernier grand président de la France. Ultérieurement, l’Europe dominera tout, pensait-il. Il ne pouvait évidemment pas prévoir la crise actuelle qui frappe l’Europe.


10.000 Français seulement ont entendu De Gaulle en juin 1940


A la fin de sa vie, Mitterrand donna également un coup de canif au prestige de son grand rival, Charles De Gaulle. Selon Mitterrand, son appel du 18 juin 1940, lancé depuis Londres pour inciter les Français à reprendre le combat contre l’Allemagne nationale-socialiste, n’a eu aucun impact au départ. Seulement 10.000 Français l’auraient entendu, affirmait Mitterrand. Et : « entendu par hasard. Le 18 juin en soi, ce ne fut rien. C’est plus tard qu’on en fit un mythe ». Mitterrand a toujours indirectement défendu le Maréchal Pétain et le régime de Vichy, jusqu’à la fin de sa vie. Il considérait la résistance intérieure, dont il fit partie, comme plus importante que celle orchestrée depuis Londres.


Salan/’t Pallieterke.
(article paru dans « ‘t Pallieterke », Anvers, 25 février 2016).

Le mind control ou contrôle mental

brain.jpg

Le mind control ou contrôle mental

 
Ex: http://www.oragesdacier.info
 
Faisons encore un pas dans la régression mentale provoquée et le hacking psychosocial. Chacun se souvient des propos de Patrick Le Lay, alors président-directeur général de TF1, sur "le temps de cerveau disponible" que sa chaîne de télévision vendait aux annonceurs publicitaires. Rien d'anecdotique dans cette formulation. Après le contrôle des émotions et des situations, l'ingénierie sociale s'est beaucoup intéressée au contrôle direct du cerveau, dans l'optique de court-circuiter le champ des représentations pour s'attaquer directement à la programmation du système nerveux dans sa matérialité la plus brute. Cette analogie entre cerveau et ordinateur, déjà perceptible dans la cybernétique, le cognitivisme et le Social Learning s'appuie en fait sur le Learning tout court, c'est-à-dire les théories de l'apprentissage, au sens "d'apprendre à être vivant et à se comporter de telle façon".
 
Pour le dire frontalement, le Learning est la science du dressage et du conditionnement comportemental. Elle fut originellement testée sur des animaux de laboratoire, mais rapidement appliquée à l'humain dès les années quarante au travers des recherches en Mind Control (contrôle mental), ou MK (Mind Kontrolle), menées dans le but de créer des "candidats mandchous" et des soldats parfaits, ignorants la peur, insensibles à la douleur, etc. Divers protocoles furent mis au point, s'appuyant sur les principes behaviouristes de "conditionnement classique", issus des travaux de Pavlov sur les réflexes conditionnés (stratégie directe et déterministe) et de "conditionnement opérant", issus des travaux de Skinner sur l'induction de comportements à partir du façonnage de l'environnement (stratégie indirecte et tendancielle).
 
Le jeu sur la récompense et la punition pouvant aller jusqu'à des actes de torture, on ne s'étonnera pas que le programme américain de recherche MK-Ultra, dont les dossiers ont été récemment déclassifiés après avoir été top-secret pendant une cinquantaine d'années, ait fortement inspiré, non seulement l'ouvrage déjà mentionné de Naomi Klein, mais encore l'enquête très approfondie de Gordon Thomas intitulée Les armes secrètes de la CIA. Tortures, manipulations et armes chimiques. L'auteur y restitue l'historique complet du projet MK-Ultra, avec ses savants fous affairés autour de leurs cobayes humains, ou "sujets jetables", selon leurs propres termes. La germanisation du terme control en Kontrolle était un clin d'oeil aux origines des scientifiques qui développèrent les premiers ces recherches, d'anciens nazis exfiltrés après la guerre aux Etats-Unis ou en Angleterre dans le cadre de l'opération Paperclip. Ainsi, depuis 1945 et dans la continuité de ce que les scientifiques du Troisième Reich avaient commencé de mettre au point, de nombreuses expériences sur l'hypnose, les hallucinogènes, l'influence subliminale, le lavage de cerveaux et la reprogrammation mentale furent (et continuent d'être) élaborées sur les individus et sur les masses au Massachusetts Institute of Technology (MIT), à l'Institut Tavistock ou sur d'autres campus universitaires tels que Harvard. Le malheureux Ted Kaczynkski, devenu célèbre sous le pseudonyme Unabomber, alors qu'il était étudiant sous la direction de Henry A. Murray. Plus récemment, on a vu naître de ces recherches une nouvelle discipline, le neuromarketing, fondée sur l'imagerie médicale du cerveau et visant explicitement à déclencher des pulsions d'achat irrépressibles par l'activation ciblée de certaines zones du système nerveux.
 
Le Mind Control est friand de métaphores informatiques et relatives à l'Intelligence artificielle, son projet consistant à réécrire le programme comportemental d'une machine vivante mais sans que cette machine ne s'en rende compte. Piratage pyscho-socio-biologique, où le code source du sujet cobaye a été craqué, puis effacé et reformaté par une entité extérieure au sujet, et qui s'est ainsi rendue propriétaire de l'inconscient du sujet et qui peut donc orienter son devenir. Un hacker s'est infiltré dans la mémoire, en a pris le contrôle, l'a reconfigurée selon ses plans, a implémenté de nouveaux habitus, de nouveaux algorithmes comportementaux et pilote désormais la machine humaine à distance. Mais surtout, il a effacé toute trace de son effraction et de sa manipulation. La philosophie du Mind Control, l'emprise totale sur un être vivant, emprise autorisée par la réduction de cet être à une machine compatutionnelle simplement animée d'entrées et de sorties d'information (input et output), a ainsi infusé toute la politique moderne, progressivement réduite à la gestion de flux quantitatifs. La cybernétique, même quand elle se veut "humaniste" dans les conférences de la Fondation Macy (1946-1953) ou dans le rapport Meadows du Club de Rome (1972), ne peut s'empêcher de chercher à réduire l'incertitude zéro et donc à produire un effet de chosification du vivant. 
 

mind-control2.jpg

 
Ces diverses approches de la gestion des groupes humains ont toutes en commun de produire des effets de nivellement par le bas. A chaque fois, il s'agit de contourner le lobe frontal du cerveau, le néocortex, siège du langage et des fonctions dialectiques, pour prendre directement le contrôle des fonctions pré-linguistiques: les réflexes primitifs du cerveau reptilien, et les émotions dans le système limbique. Il s'agit de rendre impossible la sublimation, c'est-à-dire de désirer des mots plutôt que des objets, et de maintenir toute la vie entre deux états mentaux simplifiés pré-langagiers, dérivés des deux émotions primitives que sont la peur et l'excitation érogène. Cette atrophie du champ psychique génère évidemment toute une gamme d'états dépressifs et de pathologies mentales diverses, que l'on peut rassembler sous les termes de désymbolisation, de perte de sens et de structure mentale. Mais pour parvenir à ses fins, à savoir la construction d'un système social totalement sûr et prévisible, l'ingénierie politique des pays développés n'a pas eu d'autre choix que de considérer l'humain comme moins qu'un animal : comme un simple objet plastique et à disposition pour le recomposer à loisir.

Gouverner par le chaos
 

L’Italia e il Giappone, storia di una lunga relazione

Renzi-a-Tokio-Italia-e-Giappone-condividono-valori-strategici.jpg

L’Italia e il Giappone, storia di una lunga relazione

In occasione del 150° anniversario delle relazioni Italia-Giappone, l’Intellettuale Dissidente ha intervistato Mario Vattani, Console Generale ad Osaka dal marzo 2011 al maggio 2012 e attuale Coordinatore per i Rapporti con i paesi dell’Asia e del Pacifico. La sua profonda esperienza sia lavorativa che personale con il mondo nipponico ci dà una chiave di lettura per capire due mondi così lontani ma in fondo così vicini.
 
Ex: http://www.lintellettualedissidente.it

Dottor. Vattani, quest’anno ricorre il 150° anniversario delle relazioni italo-giapponesi, un rapporto che è cominciato ufficialmente nel 1866, pochi anni dopo l’Unità. Come si spiega questa storica amicizia tra due paesi così distanti geograficamente e culturalmente?

Il 1866 è un momento importantissimo nella storia delle relazioni tra Italia e Giappone ma va anche contestualizzato. Sono due paesi che a quella data hanno subito delle profonde trasformazioni: uno si è unificato e sta diventando un protagonista internazionale, l’altro sta attraversando una fase interna di cambiamento strutturale volta alla modernizzazione, all’industrializzazione e, in parte, all’occidentalizzazione proiettandosi anch’esso, con la volontà di potenza tipica della fine dell’Ottocento, sullo scacchiere internazionale. Da quel momento le loro storie hanno seguito un percorso parallelo nelle rispettive regioni. L’Italia fa parte dell’Europa continentale solo perché la unisce un lembo di montagne, ne fa parte ma ne è anche in qualche modo isolata, in competizione con i propri vicini immediati. Questo spinse i governi post-unitari a cercare alleanze con chi fosse più simile alla nostra posizione come il Regno Unito. Per il Giappone lo status quo era molto simile, proiettato in Asia nel tentativo di costruire stabili relazioni con i vicini ma in forte competizione con la Cina e la Russia zarista. A questi fattori di similitudine geopolitica possiamo aggiungerne altri interni come la scarsità di risorse, di materie prime e una popolazione concentrata in modo non omogeneo sul territorio. Ma non sarebbe corretto dire che l’Italia e il Giappone arrivano a conoscersi solo in questo momento di trasformazione. I loro rapporti erano infatti di lunga data. Abbiamo prontezza di importanti missioni risalenti a più di cinquecento anni fa, così come è accertata la presenza italiana a Yokohama con i corallari di Torre del Greco e i semai piemontesi molto tempo prima della rivoluzione Meiji. L’Italia in qualche mondo c’era sempre stata e con interessi commerciali fortissimi. Si andava a comprare i bachi da seta e, sebbene non avessimo ancora firmato un accordo diplomatico, avevamo degli inviati come Fe’ d’Ostiani e Sallier de La Tour, piemontesi del Regno di Sardegna, i quali impostarono fin da subito un rapporto da pari tra i nostri due paesi, a differenza di quanto fecero gli altri europei. C’era un profondo rispetto da parte nostra che si era radicato già nell’incontro avuto nel 1615 da papa Paolo V con Hasenura Tsunenaga, inviato dell’Imperatore; il Pontefice riconobbe non dei pagani semiselvaggi da convertire ma interlocutori colti, raffinati, poliglotti e questo mutuo rispetto si è saldato e sviluppato nel tempo. Riprendendo le fila della domanda iniziale, la data del 1866 è importantissima ma ricordiamoci che ci conoscevamo già da prima, ci rispettavamo a vicenda e riuscivamo già ad avere accesso alle zone chiuse del paese. I semai, per esempio, potevano girare tranquillamente per il paese accompagnati dai nostri diplomatici in posti dove altri europei non erano ammessi. In una dichiarazione del 1887 il primo ministro Inoue disse: “L’Italia, vera amica del Giappone, senza secondi fini, è la Gran Madre delle nazioni occidentali dalla quale esempi debbono essere cercati”. Un riconoscimento notevole al ruolo del nostro Paese.

Del resto l’opinione pubblica italiana in un momento delicato come la guerra russo-giapponese del 1905 si schierò dalla parte di Tokyo e a Tsushima erano presenti due navi da guerra costruite a Genova. Così come il Regno Sardo aveva combattuto contro il gigante austriaco allo stesso modo il Giappone affrontava il gigante zarista.

Certamente, le navi furono armate dai genovesi e vendute al Giappone nel 1903. Erano la Kasuga e la Mikasa, progettate dall’ingegnere italiano Salvatore Positano. Emilio Salgari inoltre, proprio in quel periodo, scrisse un libro dal titolo L’eroina di Port Arthur, ambientato nella guerra russo-giapponese da cui emerge il suo incondizionato appoggio alle ragioni nipponiche. Nel libro descrive “il buono e bravo giapponese”, le “forze armate splendidamente organizzate, in marce meravigliose per celerità”. Gli italiani simpatizzavano per il Giappone insomma, cosa strana perché non bisogna dimenticarsi che in Europa questo era il periodo del pericolo giallo. C’è un interessante quadro di Hermann Knackfub del 1895 che descrive bene questa nuova paura verso i popoli asiatici agli inizi del Novecento. In questo senso possiamo dire che l’Italia ha un credito nei confronti del Giappone per il suo sostegno durante la guerra russo-giapponese. Ma questi fatti purtroppo sono stati oscurati da quanto avvenuto negli anni ’30 e ’40 e questa sorta di special relationship che avevamo costruito venne, se non dimenticata, messa in secondo piano. Se ne approfittarono i francesi che, ad esempio, sotto il governo Chirac investirono fortemente nel paese del Sol Levante quasi a reiventare un rapporto di amicizia stretta che non c’era mai stato. Un francese avrebbe da ridire su questo, ma c’è da precisare che ad esempio quando lo Shogun (signore della guerra N.d.R.) perse il suo potere durante la rivoluzione Meiji, i francesi rimasero fedeli agli accordi con il Bakufu (governo militare, N.d.R.) e si trovarono anche a sostenere i ribelli contro l’Imperatore come nella battaglia di Hakodate. L’Italia invece era riuscita a capire la profondità del cambiamento e firmò un accordo con il governo imperiale di Mutsuhito.

D’Annunzio raccontava di non saper resistere alla cultura giapponese e di aver speso una fortuna nell’acquisto di opere, vasi, dipinti. Puccini colse a piene mani dalla lirica nipponica, Edoardo Chiossone fu direttore nel 1872 dell’Ufficio Valori del Ministero delle Finanze di Tokyo. Al contrario, che cosa trovavano, e trovano ancora oggi, i giapponesi nell’Italia?

Se parliamo di questioni pratiche, dal punto di vista giapponese l’Italia era vista a quei tempi come una specie di banca culturale. C’era tutto. Bastava venire a Roma, Torino, Firenze per vedere quelle che erano le arti e l’eccellenza dell’architettura, del disegno, dell’arte figurativa, della scultura; tutto ciò che aveva quei caratteri occidentali, possiamo dire le radici dell’Occidente, loro sentivano di trovarlo in Italia. Bisogna anche considerare che i giapponesi, ieri come oggi, hanno sempre attuato una politica di “shopping culturale” diversificato. Il sistema educativo, per esempio, fu ispirato a quello tedesco e ancora oggi se leggiamo Mori Ogai, uno scrittore del primo Novecento, notiamo questo tipo di impostazione nei suoi scritti, così come nelle uniformi militari ispirate a quelle scolastiche e di servizio della Prussia di Bismarck. Tutto quello che era tecnica della navigazione, marina militare fu preso dagli inglesi. Quanto aveva a che fare invece con urbanistica, architettura, organizzazione amministrativa, cultura in senso ampio, il modello di riferimento era, come detto, l’Italia. Oggi, saltando un attimo al presente, fanno un altro tipo di “shopping culturale” che, nel bene e nel male, tende a semplificare forse eccessivamente la loro visione dell’Occidente. L’Italia è associata con il classico, il romano, il Barocco ma soprattutto il Rinascimento. E si fermano qui. Dunque è necessario uno sforzo, specialmente da parte nostra, per far conoscere ai giapponesi anche l’Italia che è venuta dopo il Rinascimento. Quest’anno festeggiamo i 150 anni delle relazioni italo-giapponesi; i grandi sponsor nipponici che organizzano esposizioni, mostre, in generale l’offerta culturale italiana nel Sol Levante, sono i grandi media nipponici (spesso proprietari degli spazi museali ed espositivi) che guadagnano sulla vendita di biglietti. Trasferiscono l’oggetto d’arte, creano la domanda, vendono il biglietto. Così l’Italia continuerà a vendere e mostrarsi sempre per le stesse cose sminuendo un patrimonio immenso e non attecchendo come potrebbe su un pubblico che non comprende solo visitatori e turisti ma anche potenziali investitori, imprenditori, politici. Se la società civile giapponese continua ad avere una visione dell’Italia che è sempre la stessa, il nostro lavoro consiste nel continuare a promuovere la multiforme varietà dell’offerta italiana. Questa secondo me è la sfida del futuro da vincere. Molti giapponesi, per fare un esempio, non si rendono conto che noi siamo grandi esportatori di macchinari e alta tecnologia, pensano unicamente ai vini, ai prosciutti, alla moda dimenticando che produciamo parti di aerei e satelliti. Il 150° anniversario è una occasione proprio per farci conoscere meglio.

Riprendendo un attimo le fila del percorso storico parallelo dei due paesi, non si può non menzionare il Patto Tripartito del settembre 1940. Quell’alleanza fu in qualche modo il logico risultato del rapporto costruito negli anni oppure fu una sorta di tragico errore o di tragica patologia delle relazioni internazionali come si stavano strutturando agli inizi del Novecento?

Secondo me bisogna distinguere tra l’alleanza italo-tedesca, l’alleanza italo-giapponese e quella giapponese-tedesca. Sono tre componenti diverse. Non sono uno storico, ma semplificando possiamo dire che l’alleanza italo-giapponese era quella più “tradizionale”, cioè una alleanza militare stretta da paesi che stavano tentando la carta coloniale in un momento in cui era impensabile riuscire a sostenere ancora quel tipo di politica. Ma era un accordo che si basava sul nemico comune cioè gli inglesi, in quanto ostacolo all’espansione fascista in Africa e giapponese in Manciuria. In quel periodo, nonostante Tokyo avesse interessi in Etiopia, decisero di rinunciarvi come contropartita al riconoscimento italiano del Manciukuò. Due paesi che si alleano condividendo progetti e problemi simili. I tedeschi avevano una visione opposta, gli inglesi fino al 1940 non erano il nemico principale quindi la loro alleanza con i giapponesi ebbe premesse diverse. Roma, Berlino e Tokyo furono in qualche modo attirate nell’orbita di una alleanza, che sfocerà nel Patto Tripartito, sebbene le rispettive condizioni storico-politiche iniziali fossero del tutto differenti. Alcuni ambienti diplomatico-militari italo-giapponesi fino ad un certo momento avevano sperato in una alleanza difensiva e quasi neutralizzante tra Roma e Tokyo. Invece l’accordo con la Germania nazista era di per sé molto pericoloso, immediato e aggressivo. Quindi c’era una differenza tra l’alleanza italo-giapponese e quello che fu il Patto Tripartito, una tragica decisione foriera di grandi drammi e orrori. E in questa tragedia ci sono però degli aspetti umani molto profondi che sono stati dimenticati, come quando i sottomarini italiani oceanici combatterono a fianco dei giapponesi a Kobe fino allo sgancio delle bombe atomiche, quando l’Italia si era già arresa da tempo. E’ vero quindi che quella della Seconda Guerra Mondiale è una storia triste e dolorosa, ma se raccontata in modo sano e senza forzature ideologiche, come storia di uomini, possiede anche tratti commoventi. Gli stessi giapponesi quando vengono a sapere del sacrificio dei marinai italiani a Kobe per combattere insieme a loro finiscono per commuoversi, rendendosi conto che, dopo tutto, non erano rimasti soli.

italia-giappone.jpg

Il Giappone e l’Italia sembrano per alcuni versi molto distanti tra loro ma per altri più vicini di quanto possa sembrare. Una popolazione che invecchia progressivamente, una economia che ha difficoltà a ritrovare una crescita slanciata, un alto debito pubblico. I governi Kan, Noda e Abe hanno tentato di invertire la tendenza con varie riforme di cui l’ultima è la nota Abenomics che sembrava aver avuto successo ma adesso sta rallentando. Dati questi fattori comuni, c’è qualcosa che l’Italia potrebbe prendere ad esempio per invertire la propria tendenza?

Senz’altro esistono queste similitudini e se osserviamo i nostri due Paesi con la lente del 150° anniversario ci rendiamo conto che il loro percorso storico parallelo è stato un insieme di sfide e opportunità comuni. Abbiamo parlato della guerra ma possiamo guardare anche al dopoguerra, quando Giappone e Italia dovettero superare la sfida della ricostruzione economico-sociale a fronte delle devastazioni lasciate dal conflitto. Per quanto riguarda i problemi contemporanei, è vero che abbiamo entrambi un alto debito pubblico ma il Giappone può ancora agire sulle leve delle politiche monetarie cosa che l’Italia non può più fare. Quindi dovrebbe essere l’UE nel suo insieme a prendere di esempio alcune misure della Abenomics. Ma sul fronte di altre sfide importanti l’Italia più che ispirarsi dovrebbe collaborare. Il nostro paese soffre l’afflizione ad esempio del dissesto idrogeologico e sismico, i quali sono connessi a loro volta al progressivo inurbamento e all’abbandono delle campagne. L’invecchiamento della popolazione infatti non ha effetti solo su fisco, economa, assistenza sociale e sanitaria ma anche sul territorio. Il Giappone deve affrontare le stesse difficoltà che però, se interpretate nell’ottica di una mutua collaborazione, possono diventare delle opportunità. Pochi altri paesi industrializzati al mondo hanno i nostri stessi problemi in tema di prevenzione dei disastri, alluvioni, terremoti. L’Italia può presentarsi in questo settore con ottime credenziali dal punto di vista della tecnologia satellitare, aerospaziale e di controllo del territorio e dovremmo farlo conoscere ai giapponesi: il mio ufficio sta lavorando proprio a questo nell’anniversario dei 150 anni di relazioni bilaterali. Esso deve essere infatti non solo un momento di celebrazione culturale ma anche proattivo strumento di promozione. In questo senso poi lo scambio è ovviamente bilaterale: i giapponesi sono i maggiori esperti di prevenzione alluvionale e terremoti. Sull’invecchiamento della popolazione si può agire tramite domotica e tecnologia quotidiana per migliorare la vita di anziani e disabili. Design, architettura, robotica, medicina, farmaceutica, settori in cui entrambi siamo all’avanguardia possono intersecarsi e trovare soluzioni tanto per una popolazione che invecchia quanto per le necessità economiche e lavorative dei più giovani. Se riuscissimo a costruire un rapporto ancora più stretto in questi settori il Giappone e l’Italia potrebbero creare una partnership strategica di notevole valore.

Con questo ha risposto alla mia domanda successiva che partiva dalle dichiarazioni del Presidente Renzi durante il suo viaggio in Giappone. Dopo l’incontro con l’Imperatore Akihito e il Primo Ministro Abe aveva infatti dichiarato che “Le relazioni tra i nostri due paesi sono cruciali”.

Certamente, non dimentichiamo che oltre ad essere un partner commerciale in tutti i settori che abbiamo enumerato il Giappone è anche un partner politico in Asia. E’ un paese che in un contesto regionale molto differenziato, anche con problemi di sicurezza, ha una costituzione democratica, vicino ai valori fondamentali che anche noi riconosciamo, con un sistema di welfare simile al nostro. E’ uno Stato con cui mantenere sempre rapporti immediati, diretti. Siamo già ad un ottimo livello soprattutto dal punto di vista culturale e politico, ma si può sempre fare di più ed è bene impegnarsi per questo. Cercare di accelerare e potenziare i nostri scambi su alta tecnologia, aerospazio, farmaceutica e sulle sfide che ci accomunano. Yukio Mishima è stato uno dei romanzieri più conosciuti in Occidente, rimasto indissolubilmente legato, in modo forse anche un po’ fuorviante, alla critica che aveva mosso contro la perdita delle tradizioni, delle radici culturali e quella che lui chiamava la “svendita” dell’anima giapponese all’Occidente. Si uccise nel 1970 proprio nel momento in cui il suo Paese era nella fase ascendente di sviluppo. Oggi, arrivati nel XXI secolo, come vive il Giappone il rapporto con l’Occidente e quanto le tradizioni sono riuscite a riequilibrare e bilanciare la società tra queste due sponde? Io su questo ho una mia personale opinione che si basa sulla mia osservazione e sulle mie esperienze anche famigliari con il Giappone. Secondo me è difficile parlare di una occidentalizzazione del Sol Levante; fin dai tempi della rivoluzione Meiji i giapponesi sono sempre stati molto pragmatici. Quando vedono che c’è un sistema migliore del loro lo assorbono ma lo fanno senza mai incidere sul nocciolo della loro struttura identitaria. Ci sono stati momenti in cui questo nocciolo influenzava di più i comportamenti esterni e altri dove i comportamenti esterni hanno attecchito di più ma nella sostanza i giapponesi sono rimasti giapponesi e solo loro possono essere giapponesi. Quello che vediamo però è che ci sono state delle fasi importanti nella storia giapponese in cui il paese ha guardato molto all’esterno mantenendo però una forte identità interna, forse anche come meccanismo difensivo. Si prendeva dagli inglesi, dagli olandesi, dai tedeschi e si rielaborava assorbendo e superando. Quando dopo la Seconda Guerra Mondiale ci fu l’occupazione americana i giapponesi capirono che accettare lo status quo era un modo per sopravvivere liberi. Non hanno assunto quindi comportamenti occidentali perché gli piaceva l’occidente ma per salvarsi dall’occidente e dopo pochi anni, grazie a quei sistemi, sono rimasti indipendenti, liberi e con una Costituzione democratica che, anche se imposta dall’esterno, hanno accettato in quanto prodotta da un sistema, quello americano, che aveva vinto e quindi doveva essere per forza di cose funzionante. Oggi il primo ministro Abe rappresenta ancora una volta una fase nuova; egli si è posto, rispetto alla Storia, e lo si è visto nell’anniversario della fine della guerra del Pacifico lo scorso 14 agosto, un obiettivo di riassorbimento nella coscienza collettiva e di superamento. E non si tratta solo di narrativa politica ma di un cambiamento di posizione che nulla toglie al rimorso per quanto occorso nell’ultimo conflitto; si sono accettati gli errori e le responsabilità ma ci si è posti allo stesso tempo la necessità di guardare al futuro. Questo si riflette in tutti i comportamenti giapponesi che, una volta identificato un obiettivo, si impegnano fino al suo completo raggiungimento. L’Abenomics, il nuovo sistema di sicurezza regionale con gli Stati Uniti, l’introduzione dell’inglese nelle università, le Olimpiadi del 2020 e tutto ciò che queste riforme significano come processo di modernizzazione non eliminano nulla dal nocciolo identitario. Ma è certamente un momento in cui si sta pensando ad un Giappone diverso, nuovo, e ciò si è visto anche nella rimodulazione dei rapporti regionali e in una politica estera più attenta ai paesi dell’Asean.

italiaArtTokio.jpg

Proprio in connessione al tema delle riforme, il primo ministro sta portando avanti una dura battaglia con la Dieta Imperiale per riformare l’art. 9 e dare alle Jieitai, le forze di autodifesa, la possibilità di essere impiegate all’estero in operazioni di peacekeeping. Da un lato vuole rimettere il Giappone in linea con altre nazioni, dall’altro però c’è un timore di possibili inasprimenti delle tensioni presenti nell’area. Come mai allora, nonostante queste tensioni nel Pacifico con la Corea del Nord, con la Cina e le dispute sulle Senkaku, Abe sta incontrando così tante resistenze nella società giapponese?

E’ difficile dirlo da osservatori esterni. Innanzitutto c’è il dibattito politico interno, perché si tratta di un tema costituzionale talmente radicato nel sistema educativo giapponese che, nel bene e nel male, coinvolge quasi tutti. E’ ovvio che se questa riforma viene presentata con toni sbagliati, come una sorta di ritorno indietro allora può creare numerose difficoltà al governo. Ma è comunque un dibattito aperto e c’è chi perfino sostiene che non c’è bisogno di modificare l’art. 9 per partecipare a missioni di peace-keeping, che Tokyo in sostanza possa già intraprendere buona parte delle azioni richieste dalla comunità internazionale. Questo tema, tuttavia, rischia di polarizzarsi su un argomento, guerra-pace, molto delicato che però finisce per diventare fuorviante rispetto al problema. Soprattutto per noi è infatti più interessante cercare di capire, al di là del dibattito interno, quali siano gli effetti di questa riforma in Asia. E paradossalmente, a parte per qualche rimostranza cinese più diretta agli americani che non al Giappone, nella regione tutto tace. Tendenzialmente infatti, l’idea che nella regione ci sia un altro giocatore di peso militare importante è in realtà rassicurante per molti paesi più piccoli i quali, più che un riarmo giapponese, temono un disengagement americano. Questo è il vero problema: la paura che ci possa essere un reflusso isolazionista americano dalla regione asiatica. Il dibattito interno alla società giapponese è complesso, articolato, riguarda le loro motivazioni e il loro rapporto con la storia recente. Ma come si può ben vedere se la riforma dell’art. 9 dovesse passare non ci sarebbero alterazioni degli equilibri o un aumento critico delle tensioni, tutt’altro. Poiché ciò che preoccupa è come detto un ritiro progressivo degli Stati Uniti dall’Asia, l’idea di una potenza militare navale che ha uno stretto rapporto con Washington potrebbe anzi dare un senso di bilanciamento rafforzando l’equilibrio regionale.

 

Sept films à voir ou à revoir sur la Psychologie

psy0319201724Y.jpg

Sept films à voir ou à revoir sur la Psychologie

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

La psychologie... Voilà une science qui provoque de furieuses crises d'acné à bon nombre d'entre nous qui auraient tendance à tout rejeter en bloc et ne voir dans les sciences cognitives qu'un inutile bavardage de divan soumis aux désirs de psychologues et autres psychiatres qui "prêtrisent" leur profession en exigeant du patient qu'il se confie intégralement. Tel un abbé, le psy reçoit toute information sans broncher et absout l'Homme de ses déviances et psychopathologies. Il est vrai que le legs quasi-monopolistique de Siegmund Freud dans ces domaines laisse perplexe. De même que la situation de maître-à-penser de son disciple français en la personne du théoricien néo-marxiste Jacques Lacan. N'évoquons même pas les ravages des ouvrages de Laurence Pernoud, à qui on préfèrera les écrits de sa belle-sœur Régine Pernoud. "Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste", ne manquait pas d'indiquer Freud, "pape" imposteur de la psychologie, sur le navire qui l'emmenait aux Etats-Unis. L'intérêt de l'étude des profondeurs de l'âme ne naît pourtant pas des élucubrations freudiennes au 19ème siècle et est attesté depuis l'antiquité gréco-romaine avant d'être développé, un siècle avant Freud, par Franz-Anton Mesmer et le marquis de Puységur. Alors ? Au feu la psychologie ? La redécouverte dans nos milieux de Carl-Gustav Jung a considérablement modifié cet état de choses. Jung qui demandait à son mentor Freud d'avoir la bonté de le considérer comme son fils spirituel, prend progressivement ses distances avant de "tuer le père" en rompant définitivement l'année 1914 ; la théorie de l'interprétation des rêves consommant la genèse de cette césure. Jung réfute bientôt la rigidité des axiomes freudiens concernant son schéma d'interprétation qui accorde une place prépondérante au refoulement aliénant des conflits affectifs hérités de la petite enfance et à la sexualité. L'Homme sera excusé d'être incapable d'affirmer complètement son Moi. Ainsi, pour ne citer qu'un seul exemple, le tabou de l'inceste par la seule décision du père de voir en son fils un concurrent sexuel, soumis à un complexe œdipien, et manifestant un désir sexuel réel pour sa mère. Selon Jung, la psyché est moins déterminée par le désir sexuel que par des réminiscences conscientes ou non des symboles et des mythes. Ainsi, Jung refuse-t-il l'individualisation de l'individu en le rattachant dans un inconscient qui contient la mémoire de l'Humanité. Et Mircea Eliade, avec lequel il entretenait une relation épistolaire, ne manqua pas de louer grâce à Jung d'avoir dépassé l'inconscient personnel freudien pour l'inscrire dans un inconscient collectif. Si, dans la pensée jungienne, la sexualité acquiert une importance non négligeable dans la psyché de l'être humain, elle ne représente pas toute sa psyché. Grâce à Jung et d'autres, l'apport des sciences cognitives est aujourd'hui parfaitement reconnu dans notre doxa et il est admis qu'elles contribuent à une meilleur connaissance de l'Homme par le biais de l'ethnologie, l'anthropologie et l'éthologie humaine dans sa double dualité entre identités innée et acquise d'un côté et identités individuelle et collective de l'autre. Mais passons au cinéma ! Le thriller, par sa représentation des comportements humains devant l'angoisse de l'existence, peut être considéré comme la typologie-maître des films psychologiques, mais celui-ci accorde une place trop prépondérante à l'action. Et puisqu'il se trouve que quelques réalisateurs ont eu le bonheur de sonder la profondeur des âmes... Vous pensez que ces films constituent d'ennuyeuses jacasseries ? Et bien, détrompez-vous !

dangrous_method_affiche_uk.jpg

A DANGEROUS METHOD

Film canado-anglo-germano-suisse de David Cronenberg (2011)

Zurich en 1904. A 18 ans, Sabina Spielrein est une jolie jeune femme russe et cultivée souffrant de crises d'hystérie et de troubles sadomasochistes. Elle intègre la patientèle du psychiatre Jung, alors âgé de 29 ans, et qui n'en est qu'au début de sa brillante carrière. S'inspirant des travaux de son auguste prédécesseur Freud, Jung tente sur la jeune femme un traitement expérimental alors peu connu et qualifié de psychanalytique. Bien que marié à Emma, Jung oublie bientôt toute éthique et entame une relation adultère avec la jeune femme. Afin d'être aidé dans ses recherches, Jung entame une correspondance épistolaire avec le mentor Freud que Spielrein rencontre bientôt. Les conséquences de sa rencontre avec Freud se font ressentir sur la relation entre les deux psychanalystes ; relation qui oscille de la collaboration scientifique à la rupture irréconciliable...

Cronenberg, passé maître dans le film fantastique ou de science-fiction, prend un risque énorme, dans ce film à costumes, en retraçant cette libre évocation de l'aube de la psychologie analytique par le truchement des relations tumultueuses entre Jung, autour duquel le film est autocentré, Freud et Spielrein. Et le pari est plus que réussi ! Le spectateur est captivé dès les premières scènes qui montrent la déformation des traits et du corps de la jeune femme qui deviendra elle-même une future grande psychanalyste assassinée prématurément en 1941 par les troupes allemandes. Les dangers de cette nouvelle discipline sont remarquablement exprimés par un réalisateur pourtant profane en montrant à quel point elle affecte aussi bien le praticien que le malade. L'évolution de la brouille entre Jung et Freud est parfaitement rendue. Viggo Mortensen, Keira Knightley et Michael Fassbender rivalisent de talent. La mise en scène et les décors retranscrivent merveilleusement la Confédération helvétique du début du 20ème siècle. La critique de ce film mériterait encore de très nombreuses lignes. Il est supérieur à L'Âme en jeu, réalisé par Robert Faenza et adaptant la même histoire. A voir absolument !

AugustineL.png

AUGUSTINE

Film français d'Alice Winocour (2012)

Paris à la fin du 19ème siècle, Augustine travaille comme domestique dans une famille bourgeoise de la capitale. Alors qu'elle sert le dîner, la jeune fille est prises de violentes convulsions incontrôlables. Internée à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière, elle rencontre le professeur Jean-Martin Charcot qui entend soutenir devant l'Académie de médecine que l'hypnose facilite le déclenchement de tous les symptômes de l'hystérie, maladie alors mal connue et encore taxée de signe de possession diabolique. La pratique de l'hypnose permet de constater que les traumatismes émotionnels sont responsables de l'installation des maladies psychiques, au moins partiellement. Le professeur démontre également que les symptômes nerveux dont Augustine est victime ont une valeur psychodynamique qui ne peut se ramener à des lésions anatomiques précises. Augustine devient bientôt le sujet d'étude favori de Charcot. Et de désir...

Une peinture est à l'origine du film. Dans sa toile Une leçon clinique à la Salpêtrière, André Brouillet peint, en 1887, des hommes habillés en costume fixant une femme comme un animal de foire. Le film, inspiré d'une histoire réelle, est parfaitement maîtrisé de bout en bout. Chaque plan-séquence est méticuleusement étudié, au point de paraître trop académique, ce qui est peu surprenant s'agissant du premier long-métrage de la jeune réalisatrice. La reconstitution de l'univers hospitalier du début du 20ème siècle est, en tout cas, merveilleusement rendu. Un univers cruel au sein duquel le scientifique espère la pérennité de la pathologie de sa patiente pour mieux l'étudier et satisfaire sa gloire. Sans trop en montrer, Winocour distille une pointe d'érotisme lors de séances qui, sous couvert médical, constituaient des séances de voyeurisme sexuel. Car c'est en effet grâce à la découverte de sa sexualité qu'Augustine va maîtriser son corps convulsif. Intéressant !

casanova_70_grd.jpg

CASANOVA 70

Film franco-italien de Mario Monicelli (1965)

Andrea Rossi-Colombotti occupe une haute fonction d'attaché militaire au sein de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. Il a un talon d'Achille : les femmes, dont il tombe éperdument amoureux très rapidement. Ce curieux mal frappe l'officier. Il ne résiste à aucune femme et aucune ne résiste non plus au Don Juan de l'O.T.A.N. En revanche, s'il entreprend de toutes les séduire, las de conquêtes trop aisées, sa libido ne s'éveille que lorsqu'il se trouve dans des situations rocambolesques. Par exemple, lui faut-il pénétrer par effraction dans la chambre de sa petite amie afin que le désir s'éveille en lui, mais encore provoquer lui-même la découverte de sa relation extraconjugale par le mari cocu en lui faisant parvenir un télégramme. Andrea ne voit bientôt plus que la psychanalyse pour l'aider à s'extirper de ses curieuses relations. Le psychanalyste conseille à l'officier de ne plus entretenir que des relations platoniques et de se marier...

Chacun aura compris que la psychanalyse est utilisée à des fins de divertissement dans cette évocation contemporaine du célèbre libertin vénitien. La réalisation de Monicelli est caractéristique du cinéma transalpin des années 1960 et 1970. A cet égard, on pourrait presque le qualifier d'un film à sketches dont Casanova-Andrea serait le fil rouge. Marcello Mastroianni qui campe le héros est très à l'aise en séducteur invétéré de femmes bourgeoises, épouses modèles ou jeunes ingénues facilement corrompues. Le film manque néanmoins d'un peu d'âme, surtout de profondeur dans sa critique sociale, et donne un air de déjà vu pour qui est familier du cinéma italien. Mais il s'avère finalement assez drôle et pétillant. Une comédie de mœurs antiromantique par excellence !

Element of Crime.jpg

ELEMENT OF CRIME

Titre original : Forbrydelsens element

Film danois de Lars von Trier (1984)

Fisher est un détective anglais et vit désormais au Caire. Avec l'aide d'un psychanalyste ventripotent, il est maintenu sous hypnose afin de soigner de terribles maux de tête issus des traumatismes de son expérience passée. Dans son souvenir, alors qu'il officiait en Europe, le Vieux continent constituait une dystopie, dont les sociétés étaient en pleine décomposition. L'utopie avait viré au cauchemar. Ses réminiscences se précisent lorsqu'il se remémore avoir inlassablement poursuivi un assassin insaisissable, coupable de crimes effroyables, et surnommé le Meurtrier Loto. A son tableau de chasse, de nombreuses jeunes femmes étranglées et sauvagement mutilées et dont le seul tort était de vendre des billets de loterie. Afin d'arrêter le serial-killer, Fisher s'inspire des méthodes controversées contenues dans le livre Element of crime, écrit par Osborne, le mentor de Fisher tombé en disgrâce. Selon la méthode Osborne, Fisher doit s'identifier au criminel pour mieux le confondre. Mais le comportement de Fisher s'amalgame de plus en plus avec celui du criminel. Et Osborne qui mène son enquête parallèle, s'est si bien identifié à celui-ci, qu'il est devenu lui-même un assassin...

Premier long-métrage de ce réalisateur inclassable qu'est von Trier et qui constitue le premier volet de la trilogie européenne du cinéaste. Qu'en penser ? Tout d'abord que l'intrigue, constituée en un long flash-back psychanalytique et hypnotique, est encore plus difficile à suivre qu'à résumer en quelques lignes. Ensuite, que visuellement, c'est sublime ! Tout en tons feu et ocre. Une diarrhée ! Tant il s'agit bien d'une plongée dans un cloaque labyrinthique puant jonché de canalisations suintantes. Enfin, que l'intrigue, qui vise une allégorie de la décadence européenne, est délirante et déroutante. On s'y perd. A plus forte raison au regard de l'avarice des dialogues. Voilà une œuvre post-expressionniste qui ne fera pas l'unanimité et ne manquera pas de refiler la migraine à quelques-uns. C'est esthétiquement aussi glauque qu'Irréversible de Gaspard Noé ! Element of crime est néanmoins à voir, ne serait-ce que pour apprécier ce qu'est une descente aux enfers.

When_Nietzsche_Wept.jpg

ET NIETZSCHE A PLEURE

Titre original : When Nietzsche wept

Film américain de Pinchas Perry (2007)

Vienne à la fin du 19ème siècle. Le docteur Josef Breuer compte parmi les pères de la psychanalyse. L'écrivain Lou Andreas-Salomé lui demande d'accepter de rencontrer un certain Friedrich Nietzsche. Alors totalement méconnu du grand public, le futur Philosophe au marteau traverse une grave crise identitaire et existentielle. Breuer accepte d'aider Nietzsche à lutter contre ses angoisses doublées d'une profonde mélancolie. Nietzsche s'avère être un cas d'une complexité extrême. Aussi, le docteur applique-t-il une curieuse méthode en se laissant analyser par le philosophe qu'il croit guérir ainsi. Les rôles s'inversent bientôt. Le médecin est confronté à ses propres fractures et se mue progressivement en patient...

Issu du livre éponyme du psychothérapeute Irvin Yalom, Perry livre ici une très libre évocation de la relation entre Salomé et un Nietzsche amoureux transi et faible. De cette œuvre, l'apôtre du surhomme ne sort pas grandi. Dénué de tout charisme, indécis, craintif, nu de toute volonté, encore moins de puissance. Voilà de quelle manière le philosophe est-il perçu par le réalisateur et l'écrivain qui exigent le crépuscule de l'idole. Il est certain qu'on ne peut nier l'esprit torturé du philosophe mais il y a un fossé que l'écrivain et le cinéaste franchissent allégrement. On devine que Nietzsche n'est pas leur penseur de référence. C'est dommage tant l'intrigue semblait passionnante. Notons quand même la performance du jeu des acteurs. Yalom et Perry, humains, trop humains ?

Hombre mirando al sudeste (arg) (dvd) 01.jpg

HOMME REGARDANT AU SUD-EST

Titre original : Hombre mirando al sudeste

Film argentin d'Eliseo Subiela (1987)

Le docteur Julio Denis est psychiatre et chef de service dans un hôpital neuropsychiatrique. Séparé de sa femme, il ne voit ses deux enfants qu'à de trop rares occasions. Denis se définirait lui-même comme rationaliste et désabusé tant il a vu passer de pathologies diverses dans ses couloirs. Mais arrive un jour Rantès, un homme qui débarque presque d'une d'autre planète puisque celui-ci se dit descendre d'un vaisseau spatial pour déchiffrer l'ensemble des mécanismes offrant à l'être humain la capacité de ressentir des émotions. Un fou simulateur bien évidemment, pense le médecin ! Mais le résultat des premiers tests pratiqués s'avère surprenant. Les empreintes digitales de Rantès ont des caractéristiques inconnues et il est doté d'une intelligence supérieure. Pour la première fois depuis longtemps, le cas atypique de Rantès pique la curiosité du médecin. Pendant d'interminables heures, Rantès se tient immobile dans le jardin, fixant la direction du sud-est...

Très intéressante réflexion sur la folie et la foi analysées à l'angle de la médecine par le truchement d'un psychiatre analysant son malade. L'astuce de Subiela est d'en offrir plus au spectateur qu'au psychiatre toujours absent lors des manifestations paranormales développées par Rantès. Aussi, le cinéaste incorpore-t-il des éléments fantastiques dans son intrigue dramatique. Rantès symbolise-t-il une figure christique ? Charitable, il fait preuve d'écoute, recouvre chaudement les patients transis de froid et alimente les affamés. L'origine mystérieuse du patient est également préservée en même temps qu'il se dit être investi d'une mission et connaîtra un funeste destin. C'est plus que réussi ! Mais c'est lent également !

zelig219.jpg

ZELIG

Film américain de Woody Allen (1983)

Les années 1920. Leonard Zelig a une singulière particularité : il est un homme-caméléon et possède la faculté de transformer son apparence et sa personnalité en fonction des interlocuteurs avec lesquels il se trouve. Le mimétisme physique se double d'un mimétisme mental. Aussi, grossit-il en présence d'un obèse ou son teint se fonce-t-il lorsqu'il se trouve en compagnie d'un noir. Aux côtés de médecins, il indique avoir collaboré avec Freud à Vienne et est capable de débiter le jargon lexical de la profession dans un discours intelligible. Une métamorphose le conduit à se faire arrêter et conduire à l'hôpital. Sans succès, le corps médical cherche à percer le mystère jusqu'à ce que le docteur Eudora Fletcher s'intéresse de très près au cas Zelig qu'elle parvient à soigner en lui faisant supporter sa judaïté et admettre son mal d'amour. Mais Ruth, sœur cupide de Zelig, l'enlève bientôt et le promène tel un phénomène de foire à travers tous les Etats-Unis. De nouvelles péripéties l'amènent dans le Reich hitlérien dans lequel il se mue en véritable national-socialiste parmi les plus hauts dirigeants du régime...

Il y a à prendre et à laisser dans la filmographie déjantée d'Allen. Le présent film, tourné à la façon d'un documentaire, compte parmi ses plus originaux, réussis et moins connus. Allen mélange allégrement interviews de pontes de la psychologie et des documents historiques trafiqués avec brio pour y incorporer Zelig, personnage parfaitement fictif bien entendu. Le réalisateur aborde dans ce faux film biographique deux thèmes chers à la psychanalyse : la démultiplication schizophrène des personnalités et la peur paralysante du rejet amoureux. De même, le film contient un thème plus personnel et qui transparaît en filigrane dans bon nombre de réalisations du cinéaste : le Moi juif d'Allen qui a toujours déterminé son Surmoi et son Ça. Il y aurait de nombreuses autres choses à dire au sujet de ce petit bijou mais le mieux est, bien évidemment, de le découvrir.

Virgile / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

 

00:05 Publié dans Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma, film, psychologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook