Il y a de l’eau dans le gaz franco-allemand.
Le gouvernement français s’est dit opposé à la poursuite du projet de gazoduc Nord Stream II. La France a pourtant déjà investi plus d’un milliards dans la projet au travers de la compagnie énergétique ENGIE . Pour quelles raisons le gouvernement Macron s’est t-il positionné ainsi ?
Il s’agit avant tout d’une conséquence de la rivalité géopolitique franco-allemande dans l’UE
Contrairement à ce qui est souvent mis en avant dans le projet européen, c’est autant
la rivalité qui est au coeur du projet et qui détermine la dynamique de l’UE, que l’objectif de créer une alliance pour compter vis à vis des puissances extérieures
Le « couple franco-allemand », représentation géopolitique, est une stratégie assumée qui reste une réalité incontournable tant que l’on reste dans le paradigme de l’intégration européenne en raison du rôle de charnière géographiques de la France et de l’Allemagne. C’est une stratégie de pouvoir consciente qui a pour d’une part objectif du point de vue des Français de montrer une parité géopolitique franco-allemande, malgré le déséquilibre depuis l’unification allemande et du point de vue de l’Allemagne, de masquer son rôle de puissance centrale, Enfin le « couple » se positionne au centre du pouvoir de l’UE.
L’existence même du projet européen est la résultante de cet enjeu franco-allemand dont la finalité est d’encadrer cette rivalité, d’où les neutralisations réciproques entre les deux partenaires qui ne partagent pas les mêmes finalités géopolitiques européennes
L’affaire du gazoduc Nord Stream II en est un bon exemple.
Cette posture s’explique d’abord par le changement de président aux Etats-Unis, et le gouvernement Macron cherche à plaire au président Biden, pour contrebalancer l’Allemagne devenue la puissance centrale de l’UE. C’est récurrent chez les atlantistes français de s’allier avec les Etats-Unis par méfiance de l’Allemagne pour lui ravir le statut de meilleur allié. C’est au détriment d’une alliance franco-allemande et ne fait que renforcer le tropisme occidental des Allemands qui privilégient l’axe germano-américain sur le couple franco-allemand (c’est apparu clairement depuis le traité de Elysée en 1963).
La position du gouvernement français n’est pas réellement une surprise, car la présidence Macron avant déjà exprimé ses doutes vis à vis du projet Nord Stream en 2019, et exigé que la Commission européenne, sceptique aussi vis à vis du projet, supervise le projet. Une manière pour la France de montrer quelle refuse le rôle dominant de l’Allemagne sur l’avenir énergétique de l’Europe. Pour la France, les questions énergétiques sont des instruments de la géopolitique, tandis que l’Allemagne met surtout en avant l’enjeu économique (la géopolitique allemande est implicite). La fuite en avant vers un transfert de pouvoir vers les institutions européennes pour contrôler l’Allemagne est la doctrine de base des européistes français, depuis Jean Monnet jusqu’à aujourd’hui. En ce qui concerne l’avenir énergétique de l’Europe la France mise encore sur le nucléaire tandis que l’Allemagne est sortie du nucléaire et a besoin du gaz russe. L’Allemagne consomme deux fois plus de gaz que la France, L’Allemagne est aussi sortie unilatéralement du nucléaire, d’où la rancœur de la France, qui n’est pas ravie à l’idée de voir en plus l’Allemagne devenir le hub énergétique de l’UE en matière d’importation er de réexportation de gaz. L’idéologie verte du gouvernement Macron, qui a fait de la lutte contre le changement climatique la priorité de sa politique étrangère, n’est pas étrangère à cette opposition à l’augmentation des importations de gaz russes à l’avenir.
L’opposition de la France au projet Nord Stream est aussi un acte de représailles contre l

’Allemagne à propos des questions de défense. L’Allemagne d’Angela Merkel a en réalité torpillé le projet d’autonomie stratégique de l’Europe proposé par Emmanuel Macron, y compris le projet d’Europe de la défense qui a baissé en ambition notamment avec le nouveau plan de relance européen. On se souvient de la saillie récente de la ministre de la défense Annegret Kramp-Karrenbauer. En ce qui concerne le projet de coopération en matière de défense, la France souhaitait à l’origine une coalition restreinte des Etats plus capables en matière de défense tandis que l’Allemagne a exigé d’y associer le plus grand nombre de membres de l’UE, diluant de facto le projet avec les Etats-membres atlantistes. La chancelière Angela Merkel a aussi publiquement exprimé son désaccord l’idée d’une nouvelle architecture européenne avec la Russie, réduisant à néant la déjà très timide ouverte de la France vis à vis de la Russie. On se souvient enfin des pressions allemandes en 2014 pour l’abandon de la livraison des navires porte-hélicoptères Mistrals construits par la France pour la Russie à la suite de la crise en Ukraine. La France avait lamentablement capitulé au détriment de la relation franco-russe
Le gouvernement Allemand ne conçoit pas l’UE autrement que comme un sous-ensemble de l’espace euro-atlantique et donne priorité à l’OTAN. La France est héritière de la vision gaullienne d’une Europe, mais ne la défend plus que de manière déclamatoire, velléitaire et déformée (la « souveraineté européenne » remplace l’Europe des patries).
Après les déboires du président Macron et ses projets irréalistes (l’UE est irréformable par la négociation, c’est un choc à la de Gaulle qui conviendrait, la chaise vide, une menace de sortie de l’UE, des coalitions restreintes en dehors de l’UE notamment bilatérales, comme un axe franco-russe, y compris face à l’opposition de toute l’UE et OTAN. Rappelons nous la fermeté du général Gaulle et son veto contre l’élargissement de la CEE au Royaume-Uni).
Pour résumer l’Allemagne a torpillé le projet d’autonomie stratégique de l’Europe en matière de défense proposé par la France qui souhaitait réduire la dépendance de l’UE vis à vis des Etats-Unis, et en représailles, la France cherche à torpiller l’alliance énergétique germano-russe. La thématique énergétique est portant l’un des seuls domaines ou l’Allemagne refuse l’hégémonie des Etats-Unis qui cherche à réduire la coopération entre l’UE et la Russie pour maintenir sa suprématie er exporter son gaz de schiste.
Au final, ces neutralisations réciproques renforcent la dépendance des Européens vis à vis des Etats-Unis, non seulement sur les questions géostratégiques mais aussi énergétiques. De plus, si l’Allemagne reste ferme sur ses positions pour le projet Nord Stream soit mené à son terme, la posture du gouvernement Macron aura été non seulement inutile mais aussi contreproductive pour atteindre une plus grande indépendance vis à vis des Etats-Unis mais aussi pour la relation franco-russe qui est pourtant nécessaire à l’équilibre géopolitique européen. C’est la rivalité franco-allemande qui est au cœur des crises multiples de l’UE. Cette épisode démontre encore une fois que le préalable à la transformation du projet européen en Europe géopolitique est le rééquilibrage géopolitique franco-allemand.




Réduire la morale, pour le Prince de Ligne, ce ne sera pas lui accorder un statut inférieur, mais la réduire, presque au sens d'une « réduction phénoménologique », la décanter, en révéler l'essence, lui ôter ses écorces mortes, la délivrer de ses idolâtries forcenées, afin qu'elle nous revienne, calme, et source des heures heureuses.
Le Prince de Ligne, réputé homme d'esprit, et que ses mauvais disciples imitent en rivalisant d'arrogance, nous semble d'abord un homme de cœur, ayant la vigueur de l'homme de cœur, c'est dire le courage de celui ne s'en conte pas. La certitude, la remontrance, le grief ne sont pas fort: « Malheur aux gens qui n'ont jamais tort, ils n'ont jamais raison ». Sa leçon est de ne point faire leçon. Il s'adresse au lecteur avec amitié et ne porte pas plus loin ses maximes, dans l'idée qu'il s'en fait, que des propos de table. Ce convive, qui n'est pas de pierre, ne veut pas imposer sa loi mais se rendre aimable, simplement, et sans ambages: « Une seule chose peut nous ennoblir, c'est élévation de l'âme. Mais mon Dieu ! Que cela devient rare ! On en avait plus quand on avait pas tant d'esprit ».
La force qui ne se représente pas, la force sans la prétention au bon droit, est pour le Prince de Ligne la preuve, et la condition, de la bonté heureuse, faite pour le bonheur, et pour en donner, sans pour autant déroger à ces goûts dont on hérite et dont on inventera le jour qui vient; il nous offre ainsi de ces phrases souveraines, que l'on voudrait pouvoir faire siennes: « On n'a que des bonheurs d'enfant. Je ne connais pas de carrière plus heureuse que la mienne. Le remord, l'ambition, la jalousie n'en ont jamais troublé le cours ».
Cet homme particulièrement actif, qui fut guerrier, cosmopolite à sa façon, galant, connaisseur des hommes et des femmes pour en avoir fréquenté diverses sortes en divers lieux plus qu'à son tour, fut aussi, on le sait moins, un contemplatif et un rêveur, pour lequel l'imagination était, non pas « la folle du logis », mais l'une des facultés reines de l'esprit humain. Entre ses excursions d'homme pressé par le sentiment de la brièveté de la vie, entre ses voyages et ses conquêtes, le temps des heures creuses n'est nullement, pour le Prince de Ligne, du temps perdu ou gâché, mais un temps qui s'approfondit, un temps en conque marine où se rassemblent des rumeurs de réminiscence et de songe. Sa façon d'écrire, tout en musiques sous-jacentes, et de voir, tout en couleurs et nuances, tient à ce temps-là, qui n'est plus le temps de l'usure et de la mort.
del.icio.us
Digg

R : Le livre vise à montrer la caractérisation archétypale de ce que serait un Homme de Tradition, y compris - donc - les objectifs qu'il devrait s'efforcer d'atteindre, afin de servir de modèle à tous ceux de nos semblables qui aspirent à s'élever au-dessus de la médiocrité de l'homme moderne (et, plus encore, post-moderne), médiocrité qui est hégémonique en nos temps de dissolution. En gardant toujours à l'esprit quels sont les traits essentiels qui définissent l'Homme de Tradition, il sera possible d'aspirer, petit à petit, à se forger intérieurement ; avoir ce modèle comme miroir dans lequel se regarder (et qui sait s'il ne sera pas possible d'aspirer à ne pas écarter la possibilité d'opérer un renouvellement ontologique intérieur). La difficulté ou l'impossibilité de trouver, de nos jours, quelque maillon des chaînes initiatiques qui nous relient à la Sagesse de la Tradition Primordiale nous amène à donner une valeur particulière à ce qu'Evola appelle la "voie autonome de réalisation". Le contenu de ce livre peut peut-être aider dans une certaine mesure à faire en sorte que ce chemin ne soit pas une chimère.

