lundi, 22 mars 2021
Lecture de la lettre de Martin Heidegger sur l'humanisme
Lecture de la lettre de Martin Heidegger sur l'humanisme
par Alberto Buela
Ex: https://legio-victrix.blogspot.com/2019/10/
(2019)
Avec Silvio Maresca nous réalisons tous deux, pour la télévision, un programme appelé "Disenso", qui porte sur la métapolitique et la philosophie, et cela depuis 2012 ; ce programme est accessible sur youtube. Et après avoir interviewé presque tous ceux qui essaient de faire de la philosophie en Argentine (s'il en reste, que nous aurions oubliés, nous les invitons à participer), nous avons commencé à traiter divers sujets philosophiques et ce commentaire en fait partie.
La Lettre, écrite en 1946 et publiée en 1947, est une réponse à trois questions posées par le professeur Jean Beaufret à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
La première de ces questions est : comment redonner du sens au mot humanisme ? La réponse à cette question occupe la majeure partie de la Lettre, qui, dans mon édition, va jusqu'à la page 54. La deuxième est : la relation entre l'ontologie et l'éthique est-elle possible, ce qui nous amène à la page 66 et la troisième est : comment sauver l'élément d'"aventure" qui présuppose toute investigation sans faire de la philosophie un simple "aventurisme", ce qui occupe les deux dernières pages de ce petit livre.
Nous voyons comment les réponses aux questions ne sont pas proportionnelles les unes par rapport aux autres, et c'est la dimension de la première réponse qui donne son titre à la Lettre.
Heidegger commence la Lettre comme s'il était Aristote: l'essence du travail est de réaliser. Réaliser signifie: déployer quelque chose dans la plénitude de son essence, conduire cette chose à sa plénitude, producere.
Heidegger commence comme il finit, lorsqu'il parle de la pensée et affirme que sa trinité est: " la rigueur de la réflexion, la sollicitude attentive du dire et la sobriété de la parole". La clarté avec laquelle il commence et termine implique un texte libre où Heidegger "heideggerisera" d'une manière qui lui est tout à fait propre.
Le point central porte sur l'essence de la vérité, un thème qui avait fait l'objet d'une conférence du même nom en 1930. En ce moment, il y avait "le tournant de Heidegger", qui se produit dans L’Être et le Temps (1927), avec l'affirmation que "la vérité est pour le Dasein ce que le Dasein est pour la vérité", c'est-à-dire que la vérité est adéquation, avec l'affirmation que la vérité est aletheia, c'est-à-dire dévoilement. Ainsi, il affirme: "l'homme doit, avant de parler, laisser l'être lui parler à nouveau".
L'humanisme n'est rien d'autre que de penser et de se soucier que l'homme soit humain et non inhumain, c'est-à-dire en dehors de son essence. Et il donne trois versions de l'humanisme:
- a) Celle du marxisme, où l'être humain se trouve dans la société parce qu'elle garantit l'alimentation, l'habillement, la reproduction et la suffisance économique. L'erreur fondamentale du marxisme serait de réduire l'être au "matériel de travail". Et il affirme dans la ligne suivante: "L'essence du matérialisme est cachée dans l'essence de la technique".
- b) La seconde version est celle du christianisme, qui voit l'homme comme le fils de Dieu pour qui le monde n'est qu'un transit vers l'au-delà.
- c) La troisième est la vision du monde gréco-romaine, pour laquelle l'homme humain s'oppose à l'homo barbarus. Paideia a été traduit " À Rome, nous trouvons le premier humanisme et la Renaissance des XIVe et XVe siècles en Italie est une renaissance de la romanité. Et c'est la version et la vision qui atteint tout l'humanisme moderne à partir du XVIIIe siècle avec Goethe, Schiller et Kant qui remonte à l'antiquité, pour qui "l'inhumain est maintenant la prétendue barbarie de la scolastique gothique du Moyen Âge".
Rien n'est plus éloigné de l'opinion de Heidegger, qui développe, à partir de là, la thèse centrale de la Lettre, selon laquelle la culture humaniste, en raison de sa rationalité moderne, celle de la raison calculatrice, ne pouvait nous apporter que la Seconde Guerre mondiale, avec sa civilisation de la technique à laquelle ont collaboré aussi bien le gigantisme nord-américain que le marxisme soviétique.
Il en est ainsi parce que la figure métaphysique qui potentialise l'humanisme est la subjectivité. Cette subjectivité est la figure qui donne son nom à l'homme des Lumières élevé au rang de sujet historique par la métaphysique moderne.
Ainsi, la seconde guerre mondiale n'a pas été, comme l'affirment les marxistes de l'école de Francfort, Adorno et Horkheimer, dans Dialectique des Lumières, une guerre inter-impérialiste, mais la raison qui a déclenché cette grande guerre aurait été l'erreur anthropologique à laquelle a conduit la métaphysique moderne de la subjectivité.
Pour échapper à ce piège, il faut se remettre à l'écoute de l'être. L'homme doit s'ouvrir à l'être par l'"ek-sistence", pour retrouver son caractère "ek-statique". Ce n'est pas en inversant la vieille phrase selon laquelle l'essence précède l'existence, comme le fit Sartre en affirmant que l'existence précède l'essence, que nous nous libérerons de la métaphysique de la modernité, mais en " ek-sistant " dans un état d'ouverture à l'être.
Puisque aucun des humanismes expérimentés n'a considéré la dignité particulière de l'homme, nous proposons l'état d'"ouverture" à l'être et à la vérité comme possibilité d'un nouvel humanisme.
Le déracinement est l'un des défauts les plus notables de l'humanisme moderne. "C'est la marque de l'oubli de l'être. L'homme n'est pas le seigneur de l'être, au sens où sa fin serait de dominer toutes choses, il est "le berger de l'être", où il acquiert la pauvreté essentielle du berger.
Arrivé à ce point (p. 44), Heidegger répète la première question: " Vous me demandez comment redonner un sens au terme humanisme? "Affirmer que l'essence de l'homme réside dans l'"ek-sistence". Que l'essence de l'homme est essentielle à la vérité de l'être. Que lorsqu'on parle contre l'humanisme actuel, cela ne signifie pas être inhumain, "parce qu'on parle contre l'humanisme, on craint que l’on défende la brutalité barbare", de même que penser contre la logique ne signifie pas défendre l'irrationalité ; que penser contre les valeurs est une défense de l'inutilité ; que postuler un "être-au-monde" nous conduit à la négation de la transcendance; ou que la mort de Dieu nous fait postuler l'athéisme, ou que lorsqu'on parle contre le politiquement correct, on dérive vers le nihilisme.
Et il termine cette partie par un jugement lapidaire sur l'idée de l'homme comme sujet: "Avant tout, l'homme n'est jamais l'homme en tant que "sujet" de ce côté-ci du monde, que ce "sujet" soit pris comme "je" ou comme "nous". Il n'est pas non plus un simple sujet qui se rapporte toujours en même temps à des objets, de sorte que son essence est toujours dans la relation sujet/objet. L'homme est, avant tout, ex-sistant dans son essence, dans son ouverture à l’être".
Vient ensuite la deuxième question: est-il possible de préciser la relation entre l'ontologie et l'éthique?
A quoi Heidegger répond brièvement en disant que l'éthique prédominante de la modernité a été l'éthique des normes, du devoir-être, qui se fonde sur l'éthique kantienne et la projection politique pratique de la morale bourgeoise, mais que tant l'éthique que l'ontologie sont des disciplines philosophiques établies depuis Platon, que les penseurs avant lui ne connaissaient pas en tant que telles.
Et il présente le cas d'Héraclite, rapporté par Aristote, qui, lorsqu'il est interpellé par des touristes, se trouve en train de se réchauffer près d'un feu. Ils sont déçus par le philosophe et il leur répond: ici aussi, les dieux sont présents. Ceci est une traduction libre d'un fragment dont la traduction actuelle est: le personnage est le daimon de chaque homme.
De telle sorte qu'il faut remonter aux présocratiques pour trouver une réponse qui n'est autre que la réflexion sur la vérité de l'être, qui est, en même temps, le fondement de l'éthique et de l'ontologie, "et il est inutile de les appeler ainsi".
Troisième question: comment sauver l'élément d'"aventure" qui présuppose toute enquête sans faire de la philosophie un simple "aventurisme"? A cette question Heidegger accorde pieusement les deux dernières pages de la Lettre, pour ne pas dire à Beaufret, ‘’soyons sérieux’’. "Nécessaire est, dans la pénurie actuelle du monde, moins de philosophie, mais plus de sollicitude pour la pensée ; moins de littérature, mais plus de soin aux lettres". Pour une bonne compréhension, un demi-mot suffit, et il termine en disant: "La pensée recueille le langage dans le simple dicton. Le langage est le langage de l'être comme les nuages sont les nuages du ciel.
La Lettre sur l'humanisme (1947) n'est pas seulement une récapitulation de tout ce que Heidegger a pensé pendant les vingt ans qui séparent L’Être et le Temps (1927), vingt ans qui ont produit le "tournant" heideggérien, mais aussi et surtout tout un manifeste sur la manière dont la philosophie doit désormais être faite.
00:30 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alberto buela, martin heidegger, humanisme, philosophie, allemagne | |
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Vincent Held et le grand asservissement numérique et sociétal (interview)
Vincent Held et le grand asservissement numérique et sociétal (interview)
Notre ami suisse Vincent Held, chercheur courageux et savant, a publié Asservissement (Editions Réorganisation du Monde), un recueil implacable qui détaille la manière dont on nous contrôle et prive de tout progressivement, dans la société libérale démocratique. La technologie vient au secours de la remarque de Tocqueville selon laquelle on nous ôterait même la peine de vivre. Plus récemment on pourrait rappeler la vision de Jouvenel qui dénonçait après la guerre même la démocratie totalitaire. Vincent Held nous a demandé d’écrire une postface pour son livre, et nous en profitons pour rédiger quelques questions angoissées.
Questionnaire à Vincent Held
- Le livre constitue un catalogue des horreurs de la mondialisation capitaliste et technocratique. Comment avez-vous eu l’idée de ces chroniques – et où trouvez-vous votre documentation ?
Disons que je rends compte d’un certain nombre de projets et scénarios rendus possibles par l’évolution technologique. Avant tout, merci de me permettre de préciser d’emblée que tout est étayé par des sources mainstream : documents de l’ONU, publications de grands médias, de sites universitaires, etc. Et aussi du Forum de Davos, qui va d’ailleurs très loin dans les scénarios dystopiques qu’il envisage pour notre avenir proche.
Après, il n’est absolument pas certain que ce soient les projets les plus spectaculaires – comme cette fameuse « connexion cerveau-machine » dont nous parlent Klaus Schwab et Elon Musk, qui auront le plus d’impact sur nos sociétés. En revanche, l’idée d’utiliser des « intelligences artificielles » pour discriminer les gens à l’embauche en fonction de leurs opinions me paraît par exemple très concrète. En Suisse, des gens qui ont pignon sur rue le proposent ouvertement. Et leurs produits sont même déjà utilisés par un certain nombre de grandes entreprises !
- Vous vivez en Suisse, a priori le pays le plus riche et le plus libre du monde (Guillaume Tell…). Or c’est ce pays qui décide de gâcher la vie des gens et vous le détaillez très bien dans votre livre. Pourquoi la Suisse ?
Les velléités de surveillance numérique totale alliée à une reprise en main comportementale de la population – que ce soit au travail, dans l’espace public ou à la maison sont très bien documentés. Évidemment, en Suisse comme ailleurs, certains ont vu dans la crise du covid une opportunité de normaliser un certain nombre de pratiques déjà existantes. Et même de pousser le bouchon un peu plus loin…
Je prends un exemple très concret : l’arrivée soudaine en Europe de robots équipés de « reconnaissance faciale » pour détecter le (non-)port du masque et le respect des nouvelles normes de « distanciation sociale » dans l’espace public… Évidemment, cette volonté de normer les comportements n’est pas limitée à la « crise du covid », qui finira par passer. Voyez l’exemple de la Chine avec son fameux « crédit social », qui consiste à noter les citoyens en fonction de la manière dont ils se comportent au quotidien… Chez nous, les comportements attendus seraient assurément différents, mais la tentation de normer les rapports sociaux n’en est pas moins présente. Edward Bernays en parlait déjà dans les années 1920 avec son idée d’un « code de conduite standardisé ». L’idée est loin d’être nouvelle…
- Comment expliquez-vous le fait que tant de gens soient passés du côté obscur, milliardaires, bureaucrates, fonctionnaires, politiciens ?
A mon avis, les élites occidentales sont profondément divisées sur les grandes questions de société, comme je l’explique au début du livre. C’est pour cela que les scénarios les plus extrêmes en termes de surveillance ou de décroissance démographique par exemple, me paraissent avoir peu de chances de succès. Ceci dit, il y a toute une palette de projets potentiellement très déstabilisants pour nos sociétés qui vont certainement faire l’objet d’un lobbying important dans les prochaines années. Et ce notamment en matière de restrictions de la mobilité, de surveillance numérique et d’automatisation du travail. En fait, nous sommes déjà en plein dedans. Il suffit de lire le dernier livre de Klaus Schwab pour s’en rendre compte.
- La volonté de nous empêcher de voyager ou de bouger est bien expliquée dans le livre. On découvre aussi une volonté de nous empêcher de manger. Pouvez-vous expliquer ?
Là, vous faites allusion à mon fameux article sur le recyclage des eaux d’égout à des fins alimentaires… Des gens m’ont expliqué qu’ils n’avaient même pas commencé à le lire parce qu’ils n’arrivaient tout simplement pas à y croire ! Pourtant, l’intérêt de l’État et de certaines multinationales suisses pour la question est bien documenté… C’est un projet qui est censé s’intégrer à « l’économie circulaire », pour contribuer au « développement durable »… Quoi de plus écologique en effet que de consommer des excréments humains transformés grâce à des méthodes 100% naturelles et peu coûteuses ?
- Les mondialistes ont toujours été dangereux mais ils semblaient moins fous jadis. Qu’est-ce qui selon vous les rend fous depuis dix-quinze ans en mode accéléré ?
La « folie » dont vous parlez ne me semble pas nouvelle. L’Histoire du XXème siècle nous a démontré de façon suffisamment spectaculaire de quoi l’Occident postchrétien était capable. Comme le soulignait Soljenitsyne dans son fameux discours d’Harvard, Hitler et Staline sont des sous-produits de l’humanisme occidental, qui adapte sa morale aux besoins du moment. Et même dans les systèmes démocratiques, les tentations totalitaires abondent, voyez le projet eugéniste rendu célèbre par Huxley au début des années 1930. Ou encore cette idée vieille de plus de cent ans de sexualiser les enfants dès leur plus jeune âge pour détraquer leur psychisme et rendre ainsi la société plus malléable. Or, on voit bien que c’est un projet qui est né en Angleterre ! Vous noterez d’ailleurs que ce type de programmes est toujours mis en œuvre aujourd’hui en Allemagne, même si l’on préfère ne pas trop en parler…
Bref, je crois que la folie dont vous parlez est la même aujourd’hui qu’il y a cent ans. En revanche, la puissance des outils technologiques disponibles ouvre effectivement des perspectives de contrôle social assez vertigineuses. Suffisamment vertigineuses d’ailleurs pour faire peur à une partie des élites mondialisées elles-mêmes…
- On sait qu’avec les vaccins on veut réduire la population. Tout ce contrôle exercé sur les humains va-t-il déboucher sur une extermination ?
Il y a eu beaucoup d’annonces dans la presse ces derniers temps sur de probables liens entre des vaccinations et le décès inexpliqués de personnes âgées ou de soignants. En Allemagne, c’est même devenu un sujet d’alarme récurrent dans les médias depuis le début de l’année. S’il y avait une volonté d’extermination généralisée, je doute qu’on en parlerait autant…
Après, il existe visiblement un consensus très large autour de la question de l’euthanasie des personnes âgées et/ou malportantes. Vous noterez que j’utilise intentionnellement le terme « d’euthanasie » plutôt que celui de « suicide assisté », qui présuppose l’accord du patient. Voyez le débat Live and let die qui s’était tenu à Davos en janvier 2009 autour de cette question. La vidéo est disponible en anglais sur Youtube. Vous comprendrez que l’euthanasie active et passive sans l’accord du patient est depuis longtemps une pratique courante et acceptée en Suisse, bien qu’elle constitue théoriquement un délit pénal. Évidemment, nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Et l’arrivée de millions de baby boomers à l’âge de la retraite représente une incitation considérable à intensifier ces pratiques…
- On reste effaré par cette volonté de castration sexuelle qui veut frapper dès l’enfance. Pouvez-vous présenter cette forfaiture ?
Il faut avant tout comprendre d’où vient le militantisme LGBT. Historiquement, il se rattache au mouvement « néomalthusien », qui cherchait à réduire la natalité occidentale par tous les moyens possibles : promotion des matériels contraceptifs, du divorce, de l’avortement, de l’homosexualité, de la « stérilisation des inadaptés »… et conduite des premières expériences de changement de sexe !
Évidemment, castrer les gens chimiquement ou chirurgicalement dès leur enfance est le plus sûr moyen de s’assurer qu’ils ne procréeront jamais. On voit par exemple que la télévision suisse romande s’est mise à faire la promotion des « enfants transgenres » en même temps qu’elle encourageait les femmes à se faire stériliser pour les motifs les plus divers, dont certains passablement délirants. C’est toujours la même logique antinataliste et eugéniste qui existait déjà au début du XXème siècle, au moment où le LGBT a commencé à prendre forme.
Il faut dire aussi que le mouvement LGBT a parfaitement démontré au cours de ses quelque 120 ans d’histoire qu’il n’avait que très peu d’inhibitions morales. Donc oui, cette idée de la castration précoce au nom du bien-être des « enfants transgenres » est choquante, mais pas si surprenante que cela.
- Presque tout ce qui est évoqué ici pour moi se résume à de l’abjection, de la débilité ou de la criminalité. La question qui me vient la première c’est : pourquoi nous impose-t-on cela ?
Je crois qu’un facteur important à prendre en compte, c’est l’évolution spectaculaire de l’intelligence artificielle, qui rend aujourd’hui les humains largement obsolètes en tant que producteurs de biens et services.
D’un point de vue purement économique, plus de la moitié de la population de nos pays représenterait d’ores et déjà un poids mort, si l’on en croit les estimations des plus grands cabinets de conseil mondiaux, tels que McKinsey, Deloitte ou PriceWaterhouseCoopers. Je pense que c’est l’explication de la virulence croissante des idéologies « néomalthusiennes » que je viens d’évoquer, #metoo inclus. Indépendamment de l’aspect idéologique d’ailleurs, nos sociétés présentent un risque de paupérisation accru, le durcissement des conditions de vie étant une manière traditionnelle de réduire la natalité. C’est même une recette que les Anglo-Saxons appliquent à la lettre depuis que le célèbre Thomas Malthus a théorisé cette méthode au début du XIXème. La terrible déflation des années 1920 par exemple, avait causé une chute brutale de la natalité en Angleterre comme aux États-Unis. Or, dans l’un et l’autre pays, cette crise était complètement artificielle…
- Vous abordez peu la question de la servitude volontaire. En langage plus moderne Virilio a parlé de dissuasion : pouvez-vous expliquer cette prostration, cette neutralisation de la masse?
- Personnellement, j’aime bien la notion très bernaysienne de « fabrication du consentement », dont la « crise du covid » nous a fourni un magnifique cas d’école. Je constate par ailleurs que, comme l’avait annoncé Tocqueville, l’atomisation croissante de nos sociétés a conduit à une forme de domestication de l’humain. Cette logique semble d’ailleurs avoir vocation à prendre une toute nouvelle ampleur avec l’arrivée de certaines technologies de surveillance censées permettre d’accroître notre bien-être physique et mental. Et comme souvent, c’est par le milieu de l’entreprise que cette approche tente de prendre pied dans nos sociétés. Le gourou technologique Jack Ma explique par exemple de façon très directe qu’il veut apprendre aux gens à adopter de bons comportements au travail en leur inculquant des « valeurs » et en veillant à ce qu’elles soient respectées ! Il ne veut pas diriger les gens, mais les éduquer comme des enfants. Vous noterez que cette approche rejoint celle des féministes radicales, avec leurs listes toujours plus longues de comportements « sexistes » à éradiquer. Sauf que les féministes ne veulent rééduquer que les hommes alors que Jack Ma, lui, propose de rééduquer tout le monde. Ce qui, somme toute, est plus démocratique.
-
- Jack Ma.
- A quoi servira la monnaie numérique si à la mode chez les mondialistes ?
J’ai la conviction que les « monnaies numériques » officielles telles que le fameux « euro digital » que nous concocte la BCE, vont s’imposer. C’est ce que j’expliquais d’ailleurs déjà en 2018 dans Après la crise, bien avant les premières annonces de Christine Lagarde. La vraie question est de savoir à quel point un anonymat des transactions pourra encore être envisagé. En clair : sera-t-il encore possible de payer avec du liquide ou des monnaies digitales non transparentes à l’avenir ?
C’est un point important, surtout dans un pays comme la Suisse, où les assureurs s’intéressent énormément à surveiller les comportements d’achat de la population. En clair : il s’agit de dire aux gens ce qu’ils ont le droit de manger et boire sans subir de pénalités financières, sans parler du tabac ! Évidemment, l’idée de taxer les transactions financières, qui est très à la mode par exemple en France, implique une quasi-disparition de l’argent liquide, voire son éradication pure et simple. En Suisse, le Parlement a reconnu à la Banque nationale le droit d’interdire l’emploi des billets de banque si elle le souhaite. C’est donc une éventualité à prendre très au sérieux. D’autant plus que l’idée d’imposer des taux négatifs sur les comptes bancaires a déjà été reconnue comme légale, tout comme en Allemagne d’ailleurs.
De fait, dans un système financier entièrement numérisé, il serait très facile de taxer en continu les dépôts bancaires, dans le but affiché de « stimuler la consommation » et l’investissement. C’est une mesure qui pourrait s’imposer dans un contexte de crise économique et financière intense, où le pouvoir politique pourrait facilement invoquer la nécessité de « relancer l’économie ». Avec le risque, comme toujours, que le « provisoire » s’installe dans la durée…
00:21 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vincent held, asservissement, asservissement numérique, asservissement sociétal, sociologie, actualité, problèmes contemporains | |
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Vaart wel, Francis!
Waar men ging langs Vlaams-nationale wegen, kwam men Francis tegen: hoeveel zangavonden heeft hij geleid? Hoeveel studenten heeft hij wegwijs gemaakt in de Ierse rebellenliederenschat? Of het nu voor de Marnixring Adriaen Willaert was, of voor een VNJ-, NSV- of KVHV-afdeling: vormingsavonden gaf hij als de beste. Jongeren kon hij boeien met zijn verhalen, gelardeerd met liederen en kwinkslagen. Hij was een vaste waarde voor deze Nieuwsbrief en voor TeKoS, waar hij na zijn partijpolitieke jaren zijn stek had gevonden.
Twee thema’s hielden zijn aandacht gaande: Het Europa der Volkeren en de heel-Nederlandse dimensie van ons Vlaams-nationalisme aan de ene kant (“Het Vlaams nationalisme is een deel van de groter geheel”) en de inhoudelijke uitdieping van ons nationalisme, in een jeugdige, rechts non-conformistische stijl. In die jaren ’70 en vooral ’80 en volgende van de vorige eeuw maakten wij in Europa deel uit van die nieuwe, rechtse jeugd die er overal wortel schoot. Er werden kameraadschappen gesmeed die er na 40 jaar nog altijd staan!
Francis gaf vorm aan die rechtse revolte, hij was er de eerste militant van. Of het nu in een pub in het Ierse Clifden was waar hij met de rebelsong “Kevin Barry” de dames (en niet alleen de dames) tot tranen toe bewoog, of in het Italiaanse Napels een cantus bovenop een chic appartementsgebouw leidde met een groep enthousiaste Napolitanen, of in het zuiden van Frankrijk vorming gaf of in zijn beste Frans tussenkwam op de zomeruniversiteit van GRECE: Francis gaf zichzelf altijd voor de 100 volle percent. En dan vergeet ik nog de zangavonden van Voorpost aan de vooravond van de IJzerbedevaart.
Hij was, hij is mijn oudste kameraad, en nu is hij er niet meer. In het Duitse afscheidslied “Ich hatt’ einen Kameraden” zongen we: “Er liegt vor meinen Füssen, als wärs ein Stück von mir”. Sinds vandaag besef ik het: Francis was een stuk van mij, Francis was een stukje van ons allemaal. Ik zal dit lied nooit meer kunnen zingen, zoals ik zovele liederen nooit meer zal kunnen zingen zonder aan Francis te denken. Hij is er niet meer, maar ik ben overtuigd dat deze, zijn belangrijke les aan de Vlaamse Beweging overeind zal blijven: de les dat kameraadschap het bindmiddel is van die beweging, en dat niemand die beweging kapot krijgt als het bindmiddel er maar is.
Het woord van auteur J.R.R. Tolkien is meer dan ooit op zijn plaats: “I will not say: do not weep; for not all tears are an evil.” Vaart wel, Francis, ik mis je heldere stem nu al, en onze maandelijkse Nieuwsbrief mist jouw heldere, scherpe maar correcte pen.
Als je je levenswerk vernietigd kunt zien en zo weer aan de slag kunt gaan.
Als je kan hard zijn en nooit woedend.
Als je kan trouw blijven wanneer alle anderen dat niet zijn.
Als je kan stand houden wanneer er niets mee overblijft
dan je eigen wil die zegt 'hou stand'
Tweede en derde strofe uit IF van Kipling
Vertaald door Francis Van den Eynde en tekst op zijn doodsprentje
00:19 Publié dans Hommages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : francis van den eynde, flandre, belgique, mouvement flamand, hommage | |
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L’idéologie LGBTQ et la dissolution de l’identité occidentale...
L’idéologie LGBTQ et la dissolution de l’identité occidentale...
par David Engels
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels, cueilli sur le Visegrád Post et consacré à l'idéologie LGBTQ+ et à son action dissolvante vis-à-vis de l'identité européenne traditionnelle.
Historien, spécialiste de l'antiquité romaine, David Engels, qui est devenue une figure de la pensée conservatrice en Europe, est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).
L’idéologie LGBTQ et la dissolution de l’identité occidentale
Union européenne – Depuis que l’Union européenne a été déclarée « zone de liberté LGBTQ » le 11 mars 2021, le débat sur l’idéologie « LGBTQ » est omniprésent dans les médias, et avec lui, la critique de cette Pologne « intolérante » et « autoritaire » où les homosexuels subiraient constamment des atteintes à leur « droits », voire leur intégrité physique. Mises à part les nombreuses absurdités résultant d’une représentation volontairement erronée des faits eux-mêmes, nous trouvons au cœur de ce débat un manque de discernement assez typique pour notre monde actuel : celui entre la personne et l’idéologie.
En effet, la Pologne a été l’un des premiers pays en Europe à avoir décriminalisé l’homosexualité (1932 ; l’Allemagne en comparaison seulement en 1969), mais entre la tolérance de l’organisation libre de la vie privée d’un côté et l’égalité entre des relations hétéro- et homosexuelles d’un autre, il y a un pas énorme que la majorité de la population polonaise et avec elle son parlement et son gouvernement ne semblent pas prêts à franchir. Ainsi, le débat actuel ne se situe nullement au niveau de la simple « protection des minorités », car ces minorités, déjà aujourd’hui, n’ont absolument rien à craindre de la part de la société ou de l’État. Tout au contraire, il s’agit d’un choix idéologique fondamental avec des conséquences lourdes pour l’entièreté de la société, et c’est pour cette raison que l’on doit parler d’une véritable « idéologie LGBTQ », inséparable d’ailleurs de l’ensemble de l’universalisme « politiquement correct ».
Selon cette idéologie, l’identité sexuelle serait une simple « construction sociale » sans véritable lien avec la constitution physique de l’humain, et la liberté de l’individu consisterait à pouvoir constamment assumer un autre « genre » et dès lors d’autres rôles sexuels. Cela implique non seulement l’exigence du mariage pour tous, la libéralisation du droit à l’adoption, la banalisation des thérapies et chirurgies de changement sexuels, la réclamation de « quotas » représentatifs dans toutes les corporations et l’introduction de sujets LGBTQ dès l’école primaire, voire maternelle, mais aussi, au long terme, comme nous allons le voir, la dissolution de la notion même de famille naturelle. À chaque étape, un argument clef (outre les appels purement rhétoriques au respect pour l’« amour ») : celui du « moindre mal », comparant les conséquences (néfastes) de relations hétérosexuelles échouées avec ceux (bénéfiques) de relations homosexuelles réussies ; le « moindre mal » des enfants grandissant avec des parents homosexuels aimants qu’avec des parents hétérosexuels malheureux ; le moindre mal de la bénédiction religieuse des couples homosexuels en comparaison avec le risque de leur « aliénation » spirituelle ; le « moindre mal » du mariage pour tous en vue de la stabilité financière et donc du contentement politique des couples homosexuels ; etc. Or, comme d’habitude, ce qui manque dans cette équation purement individualiste et rationaliste est l’intérêt de la société dans son ensemble, car ce qui peut être un « moindre mal » pour quelques individus peut déstabiliser les fondements d’une civilisation entière.
Certes, le problème ne se situe pas (ou pas seulement) au niveau de la simple « relativisation » de la famille naturelle, puisque les deux concepts ne sont pas (encore) dans une situation de compétition immédiate : peu d’hétérosexuels changeront d’orientation sexuelle uniquement pour bénéficier des avantages juridiques d’une relation homosexuelle ou vice-versa. Non, le problème est un problème de fond : à partir du moment où ce n’est plus le droit naturel et le respect des institutions historiques fondamentales qui régit la construction des ensembles familiaux et éducationnels sur lesquels notre société est basée, mais le pur constructivisme social, toutes les autres limites tomberont également tôt ou tard. Une fois l’exception, sous couvert de « protection des minorités », rehaussée au même niveau de la norme, celle-ci perd tout son sens, et la société implose rapidement en une multitude de sociétés parallèles, où ce n’est plus le consensus de tous, mais la minorité la plus forte qui domine le reste (ce qui, évidemment, ne s’applique pas seulement aux minorités sexuelles, mais aussi ethniques, culturelles, religieuses ou politiques).
Car la sexualité, déconnectée de son support physique initial et de sa vocation naturelle de procréation, devient nécessairement un passe-temps quelconque qu’il serait absurde de limiter ou réglementer dans un sens ou dans un autre : une fois les différentes variantes de l’homosexualité non seulement tolérées, mais mises à égalité avec la famille traditionnelle, il n’y a plus aucun argument logique pour interdire la légalisation de constellations polygames, incestueuses, voire même pédophiles ou zoophiles, comme le réclament d’ailleurs depuis au moins les années 1968 la gauche et le mouvement écologiste. Pire encore : non seulement, l’intégration du constructivisme social dans la définition du couple et de la famille risque de mener tôt ou tard à la banalisation et dès lors la diffusion de pratiques fondamentalement malsaines, voire criminelles, mais cette idéologie se caractérise aussi par son hostilité pour le modèle hétérosexuel établi. Non contente de le laisser survivre comme une option parmi de multiples autres combinaisons possibles, la gauche associe la famille traditionnelle, déjà lourdement éprouvée par la banalisation du divorce et l’essor des familles recomposées, à un prétendu modèle « patriarcal » oppressant, réactionnaire, voire même « fascistoïde », comme l’avaient déjà mis en avant Horkheimer et Deleuze.
Ainsi, loin de défendre les droits d’une infime minorité « menacée » contre une large majorité opprimante, cette idéologie complexe et profondément anti-humaniste sape actuellement les dernières fondations d’un modèle familial attaqué de partout. En tentant de déconnecter la société occidentale de son support naturel et historique, les activistes LGBTQ font donc seulement eux-mêmes le travail d’« idiots utiles » dans un combat idéologique dont ils ne réalisent probablement que très rarement toute l’ampleur. Dès lors, l’on peut comprendre que, tôt ou tard, chaque gouvernement véritablement conservateur se doive de mettre des limites très claires afin de défendre ses valeurs et faire la part entre la tolérance des choix personnels de certains individus et la légalisation formelle d’une idéologie qui, elle, risque de démanteler fondamentalement ce qui reste encore de l’identité occidentale. La Pologne et avec elle de nombreux pays dans l’Est de l’Europe ont fait ce choix, et l’Europe occidentale, dont les gouvernements dominent l’Union européenne actuelle, semble avoir fait le sien le 11 mars 2021. La suite des événements montrera clairement les conséquences de ce choix sur la stabilité, la prospérité et la santé des sociétés respectives…
David Engels (Visegrád Post, 16 mars 2021)
00:02 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : david engels, actualité, sociologie, lgbt, lgbtq | |
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