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"La droite doit se réapproprier le feu de la technique"
Entretien accordé par Romain d'Aspremont à Il Primato Nazionale (Rome)
Romain d'Aspremont est l'auteur de “Penser l'Homme nouveau : pourquoi la droite perd la bataille des idées” et de “The Promethean Right”.
Vos livres nous invitent à cultiver un "progressisme de droite", futuriste et faustien. C'est une approche très rare dans les mouvements de droite d'aujourd'hui. Pourquoi, selon vous, la droite a si souvent cultivé une attitude technophobe?
Rien n'est plus naturel que l'aversion des personnes âgées envers les nouvelles technologies. Mais que cette frilosité transpire au sein de notre famille politique est consternant. J'associe le tempérament de droite au goût de l'aventure et à la volonté de repousser les frontières de l'inconnu, y compris sur le plan scientifique et technologique. Hélas, la droite s'est laissé ravir le concept de progrès par la gauche, pour devenir synonyme de conservatisme. Or quoi de plus révolutionnaire que le feu de la technique ? Il est une déclaration de guerre envers tout ce qui se prétend immuable. Au XXIe siècle, ce feu menace jusqu'à la nature humaine. En bons conservateurs, les droitards forment déjà leurs bataillons afin de sauvegarder Homo Sapiens. Mais le scénario est connu d'avance : ils ne parviendront qu'à ralentir la marche vers l'homme nouveau de gauche, vers le transhumain de gauche.
Les conservateurs assimilent l'avenir (et par conséquent le progrès technique) à un déploiement inéluctable du progressisme de gauche. Ils en viennent à prendre l'objet (l'avenir, la technologie) façonné par le sujet (la gauche) pour le sujet lui-même : “l'avenir/la technique c'est la gauche !”. Le futur étant devenu synonyme d’avancées “progressistes”, l’unique remède ne pourrait être que son contraire, le passé, plutôt qu'un avenir de droite. La droite conservatrice est si profondément convaincue que les nouvelles technologies dissolvent la tradition et l'identité qu'elle concède volontiers à la gauche le monopole du feu prométhéen.
Quelles sont, selon vous, les principales erreurs de la droite dans la bataille des idées?
Si l'histoire de l'Occident n'est qu'un long processus de gauchisation, c'est que la droite offre le monopole de l'homme nouveau et de la société nouvelle à la gauche. L'Occident crève du fait que la droite soit anti-utopiste. Celle-ci se cantonne au rôle de ralentisseur du progressisme de gauche, évitant une trop brutale fuite en avant. C’est une tâche utile mais tout entière au service des gauchistes. Prévenir la réaction suppose de procéder par petits pas : les conservateurs, idiots utiles de la gauche, s’en assurent. Ils sont les agents régulateurs de la révolution libérale permanente.
Les projets d'homme nouveau donnent parfois l'impression d'échouer, que ce soit l'homme nouveau chrétien, l'homme nouveau de la révolution française, l'homme nouveau communiste, ou la chose nouvelle asexuée, végétalienne et antispéciste qui fleurit dans nos métropoles. Mais sur le temps long, l'Occidental s'imbibe toujours davantage des valeurs de gauche.
De Gaulle affirmait que le « courant du mouvement » était tout aussi « nécessaire » que le « courant de l’ordre ». Il illustre le talon d'Achille de la droite, qui peine à comprendre que cet équilibre lui est intrinsèquement défavorable. Un véritable équilibre voudrait qu'à un progressisme de gauche s'oppose un progressisme de droite. Le conservatisme est utile afin de lutter contre l'hubris de gauche, mais en l'absence d'une droite prométhéenne la gauchisation se poursuivra.
Enfin, la droite doit se libérer du logiciel chrétien, matrice du gauchisme. Je comprends la volonté des droitards de défendre notre héritage chrétien, mais les valeurs chrétiennes sont la principale raison pour laquelle la droite est si sensible aux procès sur le terrain de la morale, notamment concernant l'immigration. Une partie du cerveau de l'homme de droite se dit : “Mon Dieu, ils ont raison, je suis un salaud”. Ce qui signifie : “Si je ne veux pas de ces migrants, c'est que je suis un mauvais chrétien”.
La seule droite décomplexée, c'est celle qui a embrassé l'avenir et la création d'un homme nouveau. C'est celle qui a su se libérer du christianisme et s'emparer du contenant de gauche (le principe d'un homme nouveau) pour y verser un contenu de droite. Je ne souhaite pas un retour au fascisme, qui n'est qu'une des variantes possibles de la droite prométhéenne (ou révolutionnaire), mais sans un réveil de cette famille politique l'Occident ne survivra pas. Les victoires électorales des populistes à la Trump sont bienvenues, mais elles ne sont que des sursauts conjoncturels, qui ne livrent pas le combat de fond : celui de l'évolution de la nature humaine.
Vous récupérez la définition de «droite révolutionnaire» au sens utilisé par Zeev Sternhell. Mais le prométheisme, en posant des solutions radicalement nouvelles, n'implique-t-il également un dépassement des anciennes catégories, y compris celles de droite et de gauche?
Les concepts de droite et de gauche ne seront jamais dépassés, car ils recouvrent deux pôles de valeurs éternellement opposés. La droite, c'est la valorisation de la lutte, de l'élitisme, de la hiérarchie et du dépassement. La gauche, c'est le royaume de l'égalitarisme, de la victimisation, du culte de la faiblesse, de l'amour des ennemis et du relativisme. L'opposition à la mondialisation libérale ne saurait réconcilier ces deux pôles idéologiques.
Par ailleurs, il n'est pas impossible d'imaginer un prométhéisme de gauche, comme celui promu par Trotsky. De même, le transhumanisme a pu être présenté comme un dépassement du clivage droite-gauche : Esfandiary, un des premiers transhumanistes, a prophétisé l'avènement d'un clivage haut-bas. Mais la question demeure : en haut vers la gauche ou en haut vers la droite ? Un transhumain de gauche ou un transhumain de droite ? Le clivage droite-gauche prendra des formes nouvelles, mais il ne disparaîtra pas.
Au-delà des questions philosophiques, quel pourrait être le programme politique concret de la droite prométhéenne?
Sur le plan biologique, il faut livrer le combat pour le futur de la nature humaine. L'humanité est à l'aube d'un changement radical de sa nature. Si la droite n'arrive pas à se défaire de son conservatisme, elle se limitera une fois de plus à sa fonction de ralentisseur. Mais cette fois, la gauchisation sera permanente car ancrée dans notre génome. Les gènes de la loyauté envers le groupe, du sens de la hiérarchie, de l'agressivité et du goût de la compétition seront éliminés, au nom de l'anti-racisme et de la théorie du genre.
Sur le plan géopolitique, il faut réunifier l'Occident. Notre idéal ne doit plus être celui de l'Etat nation, mais celui d'une fédération pan-occidentale, de Seattle à Vladivostock. Un nouvel Empire romain peuplé de surhommes de droite : voilà une vision pour le XXIe siècle.
À première vue, vos idées sembleraient similaires à celles de Guillaume Faye. Cependant, vous avez critiqué l'idée de l'archéofuturisme. Qu'est-ce qui ne vous convainc pas de l'idéologie de Faye?
L'Archéofuturisme est présenté comme un remède à l'approche trop conservatrice de la droite – une synthèse harmonieuse entre tradition et de technophilie. L'Archéofuturisme est en réalité davantage archaïque que futuriste, comme si le tempérament de droite de Faye le poussait à équilibrer son éloge du progrès technologique par un retour aux valeurs médiévales. L'archéofuturisme reflète fidèlement la psychologie des conservateurs, peu enclins au risque et au changement.
Faye rêve d'un ordre éternel baptisé “archaïsme” qu'il définit comme étant « ce qui crée et demeure immuable ». Or, rien dans l'univers n'est immuable et certainement pas la nature humaine. L'homme a été chasseur-cueilleur vingt fois plus longtemps qu'il n'a été agriculteur. Notre nature a été façonnée au cours de ces millénaires où les humains vivaient en petits groupes, relativement égalitaires, ou en tout cas dépourvus des « castes guerrières » et de l' « organisation sacerdotale » que Faye regrette tant. L'ordre social de l'Antiquité et du Moyen Âge ne reflète pas une harmonie éternelle, mais résulte de la conjonction de la nature humaine (qui elle-même évolue) et de l'état technologique de l'époque. Faye peut marteler que « la modernité est rétrograde, tandis que l'archaïsme est futuriste », cette affirmation n'en sera pas moins fausse.
Selon lui, la combativité des immigrés musulmans proviendrait de leur mentalité archaïque. Or, leur archaïsme n'est une force que dans le contexte de la faiblesse morale européenne. L'erreur est de séparer leur mentalité archaïque de leur irrationalisme : leur archaïsme est indissociable de leur aversion envers la science. De même, le chevalier médiéval bardé de technologies est une antinomie.
Lorsque Faye affirme que nous devrions nous débarrasser et de notre pacifisme et de notre mentalité moderne, il jette le bébé avec l'eau du bain. Au mieux, une société hautement technologisée, mais disposant d'une mentalité traditionaliste stagnerait ; au pire, elle déclinerait. Aussi, une droite prométhéenne est-elle requise, aux antipodes de cette tentative de rafistolage de la tradition au moyen de la technologie. Faye a toutefois le mérite d’affirmer une ligne technophile au sein d’une famille politique minée par la technophobie.
Le futurisme italien pourrait-il être un modèle pour la droite prométhéenne aujourd'hui?
Tout comme la pensée de Nietzsche, le futurisme est une inspiration salutaire, mais il ne saurait être un modèle politique, à défaut d'être suffisamment structuré. Il est un élan vital qui nous rappelle que le mouvement est viril et la conservation sclérosante. Les futuristes nous mettent en garde contre le risque de bureaucratisation de la droite prométhéenne. Eux qui s'élevèrent contre le fascisme institutionnalisé, pragmatique, planiste et technocratique : le fascisme confronté aux réalités du pouvoir. Chronologiquement, les futuristes incarnent le premier fascisme, mystique et romantique. Ils sont la part d'enfance qui invite l'homme de droite à ne pas se prendre trop au sérieux.
Pour commander les ouvrages de Romain d'Aspremont:
Devoir conjugal : l’étrange conception du viol des féministes
par André Waroch
Ex: https://lestroisetendards.com/2021/04/12/
Il y a dix ans, le tribunal d’Aix en Provence prononçait un divorce aux torts exclusifs d’un homme pour « absence de relations sexuelles pendant plusieurs années » avec son épouse. Le mari fut obligé de verser à celle-ci 10.000 euros de dommages et intérêts. Cette affaire resta obscure. Aucune campagne d’indignation ne s’éleva contre un quelconque « archaïsme » juridique. L’homme eut droit à quelques entrefilets légèrement interloqués, et ce fut tout.
Le mois dernier, une femme qui avait subi le même sort en 2019 (l’amende de 10.000 euros en moins, mystérieusement) a déposé un recours devant la cour européenne des droits de l’homme.
Cette fois, branle-bas de combat. Fini les entrefilets rédigés par des pigistes. On sort l’artillerie lourde et le gros rouge qui tâche. Mediapart s’empare de l’affaire. Edwy Plenel s’élève contre cette sanction « sidérante ». BFM, par la bouche de Fanny Wegscheider, se demande « ce que peut bien signifier cette notion de devoir conjugal en 2021 » , et fait immédiatement l’amalgame avec le viol conjugal.
La chaîne macroniste appelle ensuite à la rescousse Julie Matiussi « Maître de conférence » présentée en tant qu’experte technique, et qui, après avoir rappelé l’historique des condamnations du même type comme une consultante objective, se permet de s’interroger « sur la pertinence d’un devoir conjugal de façon générale, dans la mesure où notre droit reconnait par ailleurs une interdiction du viol conjugal ».
La plaignante est accompagnée par le Collectif Féministe Contre le Viol, au cas où certains n’auraient pas encore compris le message : devoir conjugal = viol conjugal.
« C’est une justice encore patriarcale et archaïque qui dit aux femmes : si tu es mariée, prière d’écarter les cuisses ! » affirme sa présidente Emmanuelle Piet à propos de l’affaire.
Cette offensive médiatique est une étape de plus vers l’abolition du mariage, vers l’abolition du couple monogame hétérosexuel comme modèle dominant, et, plus largement, vers la destruction de la société française.
Elle repose entièrement sur le mensonge et la manipulation de masse par les grands groupes de presse alliés à l’Etat, eux-mêmes émanation de l’oligarchie au pouvoir.
Ces mensonges et ses manipulations sont absolument énormes, et je me fais fort de les démonter dans les quelques lignes qui vont suivre.
D’abord, deux minutes de recherche en ligne permettent de découvrir la vérité sur les acteurs de cette opération de propagande : Julie Matiussi, par exemple, n’est ni une experte technique ni une consultante ; c’est une militante d’extrême-gauche. On peut consulter sur son CV la liste de ses publications et de ses interventions. L’une d’elle s’intitule : « Le devoir conjugal : de l’obligation de consentir » prononcée en 2017 à Sciences Po, cette fabrique de crétins et de traitres qui n’en finit de mener la France à l’abime. Pour le reste des articles et des conférences, on est à peu près à mi-chemin entre « repenser notre rapport aux mineurs isolés » et « comment assumer sa non-binarité au repas de Noël ».
Dans une interview à l’Est républicain en 2020, Madame Matuissi ne prend d’ailleurs pas autant de précautions oratoires, et affirme clairement son souhait de voir le devoir conjugal disparaître de la loi et de la jurisprudence.
D’où vient cette haine absolument hystérique des féministes contre ce qu’on appelle le devoir conjugal ?
On l’a dit, et elles le proclament et le hurlent, par tous les temps et sur tous les tons, pour elles, le devoir conjugal est un viol pur et simple.
Il y a donc trois choses à déterminer : la définition du devoir conjugal, la définition du viol, et la définition du viol par les féministes.
Le devoir conjugal est une notion juridique héritée d’un lointain passé catholique, qui oblige les deux membres du couple marié à avoir entre eux des relations sexuelles régulières. La femme et l’homme sont astreints à ce devoir exactement de la même façon. Il est donc impossible de trouver une loi plus sexuellement égalitaire que celle-ci. Ce qui n’empêche pas Madame Piet de hurler au « patriarcat ».
Autre remarque, le devoir conjugal est une obligation reconnue et officielle, incluse dans la notion de « communauté de vie » de l’article 215 du code civil. Il y a donc une solution simple, si on refuse ce qu’on considère comme les « archaïsmes » du mariage : ne pas se marier. De même pourrait-on conseiller aux hommes peu portés sur le célibat et l’abstinence de ne pas s’engager sur la voie de la prêtrise catholique.
Et si vous considérez qu’on ne peut pas prendre de sanctions contre vous suite à votre non-respect des clauses du contrat que vous avez librement signé parce que vous n’avez pas pensé à lire ce qu’il y avait dedans ou que vous ne l’avez pas compris, je m’engage à militer pour votre placement sous curatelle renforcée, et pour la suppression de vos droits civiques. Car, à priori, quelqu’un qui affirme ne pas être capable de lire ce qu’il y a dans un contrat avant de le signer ne devrait pas être autorisé à conduire une voiture, ni à choisir par l’exercice du vote qui sera notre prochain président.
Si on considère qu’une femme est un être responsable au même titre que l’homme, cela veut dire qu’elle doit assumer les conséquences de ses actes. Si vous contractez un prêt à la banque, que ce prêt stipule que vous devez verser 200 euros par mois et que vous ne le faites pas, au bout d’un moment vos biens pourront être saisis.
Si vous vous engagez devant la loi à avoir des relations sexuelles régulières avec quelqu’un et que vous ne le faites pas, un divorce peut éventuellement être prononcé à vos torts exclusifs. C’est ce qu’on appelle la responsabilité individuelle. Encore une fois, si cela est trop dur pour vous, demandez à être placé sous curatelle.
Mais ce discours est très dur à accepter pour les féministes, dont l’idéologie présuppose toujours l’irresponsabilité foncière de la femme, quel que soient les lieux, les époques et les circonstances.
Karine Le Marchand.
Maïa Mazaurette.
Des femmes qui défendent le devoir conjugal, il y en a, pourtant, et non des moindres. Au hasard, Karine Le Marchand, Elisabeth Levy, Maïa Mazaurette, ou encore Thérèse Hargot. Au moins pour les deux premières, des femmes au moins aussi libres, aussi intelligentes, aussi indépendantes qu’Emmanuelle Piet et Julie Matuissi, qui ont réussi leur vie y compris sur le plan économique, et qui affirment sans ambages que, non seulement le devoir conjugal n’est pas un viol, mais qu’il peut être tout à fait nécessaire à l’harmonie du couple.
Mais cela n’était qu’une mise en bouche : passons au cœur du sujet ; allons tout simplement voir sur wikipedia pour avoir la réponse la plus consensuelle possible à la question suivante : qu’est-ce qu’un viol ?
« Le viol est l’acte avec lequel une personne est contrainte à un acte sexuel par la force, la surprise, la menace, la ruse ou, plus largement, par l’absence de consentement »
Qu’est-ce que le consentement ?
« Le consentement sexuel désigne l’accord que les personnes se donnent mutuellement pour qu’une activité sexuelle ait lieu entre elles. »
Les choses sont donc tout à fait claires : ce qui définit un viol est l’absence de consentement. Ce qui définit le consentement est le fait que les deux personnes se mettent d’accord pour qu’un rapport sexuel ait lieu entre elles.
Dans l’affaire qui nous occupe, il n’est donc à aucun moment question de viol : le mari a souhaité avoir des relations sexuelles avec sa femme, dans le cadre du mariage, c’est-à-dire du contrat signé par la femme de son plein gré. Devant le refus répété de celle-ci (nous parlons de plusieurs années) le mari n’a violé ni tenté de violer qui que ce soit : il a fait valoir son droit au divorce pour faute, exactement comme le prévoit la loi française.
Les féministes invoquent donc le viol dans une affaire où il n’existe pas, fut-ce sous forme de tentative.
Mais qu’est-ce que le consentement et le viol pour les féministes ?
« j’ai un peu de mal avec la notion de consentement : consentir, ce n’est pas avoir envie de faire l’amour, c’est accepter tout juste, ce qui n’est pas très positif. On a des relations sexuelles parce qu’on en a envie, pas juste parce qu’on y consent. Et c’est remettre la femme dans un rôle un peu étrange quand même : « Je consens à avoir une relation sexuelle ». En gros, elle n’a pas besoin d’avoir envie, il faut juste qu’elle y consente. Mais si elle n’a pas envie, il ne faut pas qu’elle se force ! Cela sous-entend aussi que les messieurs peuvent ne pas avoir compris qu’elle n’était pas consentante : « Oups, trop tard, mais je ne suis pas un violeur ! ». ça ne marche pas comme ça. »
Il est pas beau le tour de passe-passe ? Il est pas incroyable, le numéro de prestidigitation ?
Pour correspondre à la notion que Madame Piet se fait du consentement, il ne faut pas seulement accepter une relation sexuelle; il faut en avoir envie. Un rapport sexuel consenti n’est plus alors un rapport ayant reçu l’accord des personnes y participant, mais un rapport ayant reçu l’accord de la femme parce qu’elle en a envie.
Call-girl à Lucknow (Inde).
Tout le reste : la call-girl de luxe qui couche avec un footballeur, non parce qu’elle en a envie, mais parce qu’on la paye quatre mille euros la nuit ; la star du porno, qui couche avec des hommes, non parce qu’elle en a envie, mais parce que ses émoluments atteignent un demi-million d’euros par an ; et la femme légitime qui accepte un rapport sexuel avec son mari malgré une libido en berne, parce qu’ils n’ont rien fait depuis six mois et qu’elle veut lui faire plaisir ; toutes ces femmes sont, pour Emmanuelle Piet, présidente du CFCV, des victimes de viol.
Voilà comment on laisse planer l’ombre du viol dans une affaire qui n’en comporte aucun: en substituant, à la définition officielle et jusque là couramment admise du viol, sa propre définition délirante. Car dans le monde merveilleux d’Emmanuelle Piet, un homme ne devrait donc pas seulement, pour éviter le titre de violeur, s’assurer que la femme a donné son accord pour un rapport sexuel ; il devrait aussi vérifier (par télépathie ?) que la femme accepte bien parce qu’elle en a envie.
Ce qu’Emmanuelle Piet ne nous explique pas, c’est si, dans son monde merveilleux, la déclaration de non-envie faite par une femme – puisqu’on on ne peut prouver l’absence de désir sexuel- suffirait à faire mettre en prison (sans jeu de mots) le contrevenant-mâle-porc-violeur-patriarcal.
Des vraies victimes de vrais viols, pourtant, il y en a. Il y en a même de plus en plus. De 2011 à 2019, le nombre de plaintes pour viol est passé de 1046 à 22448, soit une augmentation de 120%, qu’on peut même qualifier d’explosion. La première raison de cette explosion, il faut aller le chercher dans le laxisme judiciaire : de 2007 à 2017, le nombre de condamnations pour viol a chuté de 40% .
Mais ces chiffres ahurissants n’intéressent pas les féministes.
Car leur but, au cas où certains auraient encore des doutes, n’est pas de faire le bonheur des femmes, ou d’empêcher qu’elles se fassent violer, frapper ou tuer – rappelons que c’est depuis leur arrivée au pouvoir (avec Vallaud-Belkacem puis Schiappa) que le nombre de viols a doublé. Leurs objectifs sont tout autres : d’abord, pourrir les relations qu’entretiennent les femmes avec les hommes, à commencer par ceux qui leur sont les plus proches ; les décourager à l’avance d’envisager la fondation d’une famille avec un homme ; et ainsi imposer, aux femmes idiotes comme aux femmes intelligentes, en formatant les premières dès le plus jeune âge et en faisant peser sur les secondes la menace constante de l’exclusion sociale, leur modèle obligatoire de lesbienne sans enfants consacrant sa vie au travail et à la consommation.
Le monde rêvé des féministes, s’il finit par advenir, ressemblera à une société totalement atomisée, de plus en plus urbaine et de plus en plus laide, faite d’hommes et de femmes condamnés au célibat et à la solitude, se défiant les uns des autres, sans enfants, ou avec des enfants sans père, trouvant un exutoire dans la pornographie et les mondes virtuels, enfermés chez eux pendant qu’au dehors roderont les bêtes sauvages, et que règnera sur ce chaos l’hyper-bourgoisie mondialisée. Cela y ressemble déjà.
In de late negentiende eeuw trokken talrijke Belgische investeerders, arbeiders en vaklieden naar het zuidoosten van Oekraïne, aangetrokken door het industriële eldorado. Een duik in een vergeten stuk gedeelde economische en sociale geschiedenis tussen de Lage Landen en de Europese oostrand.
In de jaren 1860 begon in het tsarenrijk, waar ook een groot stuk van het huidige Oekraïne toe behoorde, een nieuwe industrialiseringsgolf die gericht was op de expansie van de zware industrie en de grootschalige maakindustrie in de steden, en op de uitbreiding van het spoornetwerk. Om de eigen opkomende industrie een duw in de rug te geven voerde de Russische overheid vanaf 1868 een erg protectionistische politiek. Tegelijkertijd besteedde zij de industriële ontwikkeling en de mijnbouw die de brandstof ervoor moest leveren voor geen klein deel uit aan bedrijven en kapitaalinvesteerders uit Groot-Brittannië, België, Frankrijk en Duitsland − West-Europese industrielanden die ervaring hadden met zware industrialisering op basis van steenkool.
Nieuw economisch élan
België en zijn investeerders stonden in Sint-Petersburg op een goed blaadje. Het land was toen niet alleen één van de leidende mondiale industriemachten en een industriepionier op het Europese vasteland. Het voerde internationaal sinds 1839 ook een neutraliteitspolitiek, in tegenstelling tot Groot-Brittannië waar Rusland gedurende de tweede helft van de negentiende eeuw bij wijlen erg gespannen relaties mee had, zoals tijdens de Krimoorlog (1853-1856) en tijdens de ware ’Koude Oorlog avant-la-lettre’ in Centraal-Azië (1873-1885). Omgekeerd was België net als de rest van West- en Centraal-Europa jarenlang getroffen geweest door de economische depressie van 1873. De nieuwe afzetmarkten en de industriële aspiraties in het gigantische tsarenrijk vormden een gedroomde kans om de gehavende economie en gefrustreerde financiële plannen een nieuw élan te geven.
Aanvankelijk trokken investeerders en ondernemers uit België vooral naar de streek rond Sint-Petersburg en naar de Baltische provincies met hun havens, scheepswerven en hun stevige vraag naar allerlei onderdelen en machines. Maar vanaf de jaren 1880 verschoof het zwaartepunt van de Belgische aanwezigheid en activiteit naar de provincie Jekaterinoslav, in het zuidoosten van wat nu Oekraïne is. Eén van de eerste grote inplantingen in het gebied waar Belgische kapitaalinvesteerders en technici een sleutelrol in speelden, was de bouw van de Brjansk-staalfabriek in de buurt van de provinciehoofstad Jekaterinoslav in 1885-1887. Eén landstreek in het oosten van de provincie, een regio die Donbass ging heten, oefende weldra echter bijzondere aantrekkingskracht uit op de Belgen.
Van de 227 gekende Belgische bedrijven of bedrijven die in meerderheid in Belgische handen waren, die tussen 1880 en 1914 in het tsarenrijk waren gevestigd, waren er 133 in de Donbass-regio actief. De reden: steenkool, dé energiebron van de industrialisering vòòr de opkomst van petroleum. Onder meer door de snelle uitbreiding van het imperiale spoornetwerk − had het tsarenrijk in 1861 zo’n 1.600 kilometer ijzeren weg, dan was dat in 1900 ongeveer 53.200 − steeg de vraag naar steenkool als brandstof voor de staalovens en voor de treinen spectaculair. Bedroeg de steenkoolproductie in Donbass in 1870 circa 250.000 ton, dan was dat in 1900 elf miljoen ton, of twee-derden van de steenkoolproductie van het rijk.
Van de naar schatting 831 miljoen goudfrank aan Belgisch kapitaal in Rusland tegen het jaar 1900, zat 500 miljoen in Donbass. Dat maakte van België − of minstens van kapitaalgroepen en firma’s uit het land − veruit de grootste investeerder in die specifieke landstreek, nog vòòr Frankrijk met 275 miljoen, Groot-Brittannië met 34 miljoen en Duitsland met 29 miljoen goudfranken aan kapitaal. Omwille van de protectionistische economische politiek en de hoge importtarieven was het voor Belgische industriëlen veel voordeliger om ter plaatse vestigingen en fabrieken op te zetten dan vanuit België naar Rusland te importeren.
De Belgische aanwezigheid in Donbass werd bijzonder sterk in de steenkoolwinning, metallurgie en de machinebouw. In 1899 waren 17 grote steenkool- en ijzerertsmijnen en 38 metaalfabrieken in dit gebied eigendom van Belgische firma’s en geleid door Belgische directies. En in het jaar 1900 was de helft van het buitenlands kapitaal in de steenkoolindustrie en metallurgie en twee-derden van dat in de machinebouwsector in de regio Belgisch. Andere branches waar de Belgen in het zuidoosten van Oekraïne erg actief in waren, waren chemie − twee-derden van de soda en van het steenzout in het rijk werd hier geproduceerd − en de glasindustrie.
Russische obligaties
Grote Russisch-Belgische metallurgie- en mijnbouwconsortia zoals de in 1886 opgerichte Société Métallurgique dniéprovienne du Midi de la Russie en de in 1895 gevormde Société Métallurgique russo-belge beheerden in Donbass duizenden hectaren concessiegebieden en profiteerden van toelagen en gewaarborgde bestellingen van de Russische overheid. De waarde van hun aandelen op de beurs explodeerde. Zogenaamde emprunts russes, Russische obligaties, werden in België een gegeerde belegging, niet alleen bij de bemiddelde burgerij maar ook onder de middenklassen en kleinburgerij.
De Belgische aanwezigheid manifesteerde zich niet alleen in de vorm van kapitaal en investeringen, maar ook letterlijk, fysiek. Tussen 1896 en 1900 trokken meer dan tienduizend Belgen naar het tsarenrijk. In 1910 zou hun aantal er volgens sommige historici meer dan het dubbele bedragen. De grootste groep leefde en werkte in de industrieregio Donbass. Als men Frankrijk en andere buurlanden van België niet meerekent, had die landstreek toen wereldwijd de grootste populatie geëxpatrieerde Belgen, na die in de VS en die in Argentinië dat in de jaren 1880 een populaire bestemming voor emigranten uit zuidelijk België was. Het aantal Belgen in het Oekraïense zuidoosten was ook véél groter dan dat in Kongo-Vrijstaat, het toenmalige privéwingewest van de Belgische koning Leopold II, waar eigenlijk maar weinig Belgen leefden.
Belgische cités in de steppe
Het verklaart waarom Donbass in die dagen wel eens de bijnaam ‘België’s tiende provincie’ – het land had er toen negen – kreeg. Onder de Belgen die naar de Europese oostrand trokken zaten echter niet alleen kaderleden, ingenieurs, bankiers en kommersanten, dus mensen uit de burgerij en de nieuwe adel. Zo’n driekwart waren geschoolde arbeiders, vaklieden, voormannen en klerken die de plaatselijke Russische en Oekraïense arbeiders en bedienden in dit oorspronkelijk dun bevolkte steppegebied moesten opleiden en superviseren, en installaties en infrastructuur moesten opzetten.
De grote meerderheid kwam uit zuidelijk België, meer bepaald uit de Luikse staalbekkens, uit de Borinage en andere Henegouwse steenkoolgebieden, en uit het Brabantse Eigenbrakel. Ook al trokken velen oostwaarts toen België in 1892 nog maar eens getroffen was door een economisch-financiële crisis, dit waren geen haveloze paupers of lompenproletariaat waar men in België absoluut van af wilde. Het waren mensen die op het thuisfront tot een elite onder de arbeiders behoorden. Hun aanwezigheid in het Oekraïense zuidoosten was niet bedoeld als definitieve migratie en kolonisering, maar als uitzending op tijdelijke contracten. Sommigen bleven minder dan een jaar, anderen meer dan vijftien. Er zaten ook talrijke gezinnen bij.
In sommige fabrieken in Donbass kon een geschoolde Belgische metaal- en glasarbeider of een vakman in 1898 tot het vijfvoudige verdienen van zijn Russische of Oekraïense confrater. Naast goede lonen kregen zij toegang tot bedrijfsklinieken, scholen voor de kinderen die waren meegekomen, en ontspanningsfaciliteiten. De Belgen in Donbass woonden in aparte, speciaal gebouwde wijken waar de sociale segregatie uit het moederland werd doorgezet: villa’s en luxepensions voor de kaderleden en ingenieurs, woonkazernes en cités voor de arbeiders, een tussenvorm voor de voormannen, technici en klerken. Hier en daar bestaan die gebouwen, die veelal waren opgetrokken in baksteen en in een architectuurstijl die was gekopieerd uit de Belgische industriegewesten, nog steeds.
De erg frappante Belgische en andere West-Europese aanwezigheid, zowel financieel als fysiek, in Donbass toont de gespletenheid van het late tsarenrijk waarin een groot deel van de regio’s en samenlevingen traditionalistisch en zelfvoorzienend waren, en andere regio’s en maatschappelijke geledingen volledig geïntegreerd waren in de wereldeconomie en de toenmalige hoog-kapitalistische mondialisering. De sociale spanningen die de industrialisering en verstedelijking hadden meegebracht vertaalden zich steeds meer in sociale onrust en in xenofobie, niet alleen onder de plaatselijke arbeidersbevolking maar ook onder de lokale autoriteiten.
De crisis van 1900-1901 en het inzakken van de staalprijzen en van de beurswaarde door overproductie zetten al een eerste domper op de euforie. Ongeveer een derde van de Belgische bedrijven in het Oekraïense zuidoosten hielden het voor bekeken of werden overgenomen door hun Franse, Belgische en andere concurrenten. In Russische economische kringen vond de idee dat men de controle over de economie van het moederland moest terugnemen en dat buitenlanders maar eens moesten wijken voor Russische kaders en investeerders, steeds meer gehoor. Aan de basis keerde stakingsoproer zich soms tegen de wijken en andere symbolen van de aanwezigheid van West-Europeanen, Belgen incluis. In oktober van het revolutiejaar 1905 werd bijvoorbeeld het Belgische consulaat in Jekaterinoslav vernield.
Uittocht uit Donbass
Er braken weer betere tijden aan met het economische herstel vanaf 1907 en de duidelijke verbetering van de lonen en arbeidsomstandigheden die de lokale arbeidersbeweging had kunnen bekomen, tot het uitbreken van de oorlog in Europa en de Duitse inval en bezetting van België in de zomer van 1914 écht het einde inluidde. België en Rusland stonden in de oorlog aan dezelfde kant. Het draaiende houden van de industrieën was van levensbelang. Duitse bedrijven en bedrijven waar Duits kapitaal in zat ̶̶ wat niet zelden het geval was met Belgische bedrijven door de erg complexe en schimmige kapitaalconstructies ̶̶ werden genationaliseerd. Russen, Fransen en Belgen vervingen de Duitse kaders en technici die in 1914 waren uitgewezen of gearresteerd. In de plaats van de arbeiders die gemobiliseerd waren in het leger van de tsaar kwamen inheemse arbeidsbataljons uit de Kaukasische en Centraal-Aziatische provincies en Oostenrijks-Hongaarse en Ottomaanse krijgsgevangenen.
Het doek over de episode van België’s ‘tiende provincie’ viel voorgoed met de afzetting van de tsaar in februari 1917, de bolsjewistische coup in oktober en met de burgeroorlog die erop volgde. Oekraïne werd voor het eerst kort een onafhankelijke republiek. Donbass bleef tot in het najaar van 1921 een frontgebied en twistappel tussen de Oekraïense nationalisten, de sovjet-machthebbers en het rode leger, anarchistische groepen, de tsaristische witte legers en kozakken die allemaal stukken van de regio innamen en dan weer kwijtspeelden. Omdat de toestand te chaotisch en gevaarlijk was geworden, werden de Belgen die nog in het gebied zaten vanaf het voorjaar van 1918 geëvacueerd. De laatste ingenieurs, technici en diplomaten vertrokken in de herfst van 1919 per schip over de Zwarte Zee.
De Belgische bedrijven en infrastructuur werden genaast nadat de sovjets Donbass in handen kregen. In België zouden belangenverenigingen van gedupeerden nog vele jaren tevergeefs proberen om daar compensatie voor te krijgen van de Sovjet-Unie. Dra kwam nog een andere uittocht op gang, die van de zogeheten ‘witte Russen’. Die mensen, niet te verwarren met ‘Witrussen’, waren aanhangers van het oude tsaristische bewind en vele anderen die niet onder het nieuwe sovjet-bewind wilden leven en naar het buitenland vluchtten. Een aantal trokken naar België, en sommige families vestigden zich in Luik, dat zij kenden uit de hoogdagen van de Belgische aanwezigheid in Oekraïne. Ze richtten er een orthodoxe parochie op die nog altijd bestaat.
Au vu de la tension croissante entre USA et Chine/Russie, la toile bruisse de rumeurs de guerre et beaucoup se posent légitimement la question de savoir si une guerre mondiale ouverte pourrait suivre la séquence du Covid commencée fin 2019. Tenter de répondre à cette question nécessite d’aborder cette problématique complexe sous trois aspects principaux : politique, géopolitique et stratégique. Trois niveaux d’analyse qui peuvent permettre de sonder quelles sont les ruptures en cours susceptibles ou non d’entraîner une fracturation de l’ordre mondial et ainsi conduire à une guerre ouverte entre les faces occidentale et orientale de la gouvernance mondiale.
I – Sur la forme politique de l’ordre mondial actuel
Pour qu’ait lieu une guerre mondiale, il faudrait que se produise une fracture systémique au sein de la gouvernance globale. Cette gouvernance constitue un ordre mondial doté de divers niveaux d’intégration et d’interaction qui varient selon la capacité d’influence et de puissance des acteurs de différents types qui la constituent.
Parmi ces acteurs on trouve principalement :
les institutions et instances internationales juridiques, militaires ou économiques du type : ONU, OMS, OMC, FMI, CIJ, CPI, UE, OTAN, COE, G20, UEE, ALENA etc. ;
les firmes multinationales les plus puissantes (GAFAM et autres) ;
les fondations et organisations non gouvernementales influentes (du type Bill & Melinda Gates Foundation, Forum économique mondial, Open Society Foundations, fondation Rockefeller, fondation Ford etc.) ;
les États (environ deux cents).
Ces derniers, issus de la continuité et de la légitimité historique, constituent théoriquement le cadre normatif et même symbolique du système contemporain des relations internationales. Dans l’esprit des populations, ils continuent toujours d’incarner la souveraineté et la légitimité politique ; dans les faits, ils sont absorbés par les instances supra ou para-étatiques et en deviennent toujours plus subsidiaires.
Comme le Covid-19 est venu le rappeler aux peuples, les États apparaissent toujours plus dépendants d’instances de prises de décision qui échappent au regard du grand public ou que ce dernier peine à discerner. Dans le langage de la gouvernance mondiale, s’interroger sur les instances réelles de prise de décision relève du « complotisme ».
Dans les faits, l’ensemble de ces institutions non élues para ou supra-étatiques, se chargent de fixer les grands objectifs stratégiques de la gouvernance mondiale : lutte contre le réchauffement climatique, intégration cosmopolitique, planification écologique mondiale, planification sanitaire planétaire, décarbonation de l’industrie, décroissance démographique, imposition de l’agenda gender/LGBTI etc. Ces institutions et leurs bailleurs de fonds privés (type Gates, Rockefeller, Soros etc.) ont à cœur de développer le « multilatéralisme inclusif » et le juridisme institutionnel afin de réduire toujours plus le champ d’action des États et leur capacité de décision autonome.
Première rupture : quel léviathan pour freiner la stasis globale ?
Nous pensons qu’une première rupture interne à l’ordre mondial actuel tient justement au rôle que la gouvernance mondiale assigne aux États et jusqu’où ces derniers sont prêts à être absorbés en son sein. Car, à mesure que les États-nations abandonnent, transfèrent ou diluent leurs prérogatives régaliennes vers les institutions macro-régionales (type UE) ou mondiale de la gouvernance globale, ces États abandonnent aussi en retour leur monopole de la violence légitime[1]. Ils voient dès lors cette violence se répandre en retour au sein des sociétés dont ils ont théoriquement la charge et la responsabilité.
À mesure que progresse l’intégration cosmopolitique promue par les instances et les décideurs de la gouvernance globale, dans le même temps, l’ordre politique international se dilue toujours plus en une forme de guerre civile mondialisée à sa base, au niveau des États-nations menacées d’éclatement. Le Léviathan stato-national ne remplit plus son rôle de frein à la guerre latente de tous contre tous et les tendances centrifuges s’accélèrent alors en son sein jusqu’à atteindre une situation critique proche de la rupture[2]. Les sociétaires ne se sentant plus protégés de la mondialisation par l’État à qui ils ont délégué la légitimité et la souveraineté politique, chacun se sent alors libre de rompre le contrat social et rentre de manière plus ou moins consciente en sédition avec l’État central devenu dès lors une menace à éviter au lieu d’un protecteur.
Une forme d’« unité et scission »[3] de l’ordre géopolitique mondial apparait et tend à s’universaliser : convergence des États à leur sommet en direction de l’intégration cosmopolitique, fracturation et émiettement à leur base. C’est au niveau de la base des sociétés occidentales que les transformations de l’ordre mondial en cours exercent les pressions les plus violentes et les plus difficiles à supporter. C’est selon nous aussi pour freiner cette tendance à la parcellisation et à la fragmentation que quasiment TOUS les États (sauf rares exceptions type Suède ou Belarus[4]) ont appliqués avec zèle les mesures sanitaires d’exception depuis un an. Dans un contexte de rétraction globale de l’économie mondialisée, ces mesures sont venues geler la plupart des antagonismes sociaux en cours dans le monde avant l’irruption du Covid-19. On citera entre autres : les Gilets jaunes en France, les nombreux mouvements de contestation en Amérique latine courant 2019[5], les soulèvements de masse à Hong-Kong face à la Chine, l’opposition civique croissante contre Erdogan à Istanbul etc. Avec des niveaux d’intensité différents et affectant indistinctement des régimes libéraux ou illibéraux, la contagion d’une contestation politique internationale fut freinée l’an dernier par les mesures sanitaires planétaires d’exception et tous les régimes politiques fragilisés par des tensions internes ont accueillis avec soulagement cette mi-temps politique bienvenue. Un couvercle sanitaire mondial a ainsi été déposé sur le feu des révoltes en cours mais pour combien de temps ?
Cette stasis mondialisée rampante peut déboucher à terme sur une rupture plus profonde au sein du système des relations internationales. Rupture entre la gouvernance globale et les États qui refuseraient de poursuivre le processus de délitement de leur souveraineté et de leur légitimité. Une dilution de l’ordre stato-national qui génère un appauvrissement de la population et subséquemment une montée du chaos social qui menace physiquement le personnel politique des gouvernements des États-nations. Un personnel politique en première ligne face à la colère populaire comme l’a montré la sainte colère des Gilets jaunes en France ou plus récemment l’attaque du Capitole aux USA.
Ce processus de transfert des fonctions essentielles des États-nations vers des instances politiques et juridiques supranationales constitue la tendance politique axiale de notre époque ; c’est elle qui est la cause première de la plupart des problématiques politiques contemporaines. Avec l’élection de Trump en 2016, ce processus de dilution accélérée des États (ou de leurs restes) commença de se gripper sérieusement en Occident. Les États-Unis n’acceptant pas de subir à la suite de l’Europe une égalisation économique en cours avec le troisième pilier géoéconomique de la gouvernance mondiale : la Chine. Toute la présidence de Trump fut ainsi marquée par ce clivage entre une gouvernance mondiale en crise et un État américain qui en avait été jusqu’ici le fer de lance et le bras armé tant que cette gouvernance globale allait de pair avec un leadership géoéconomique mondial favorable aux États-Unis.
C’est ce programme de révision interne de la gouvernance mondiale par l’administration Trump qu’avait exposé le précédent secrétaire d’État américain, Michael R. Pompeo en 2018 lors d’une allocution prononcée au sein du German Marshall Fund of the United States, allocutiondans laquelle M. Pompeo exposait les grands axes de la politique étrangère de l’administration Trump et appelait à aider les USA à construire un « nouvel ordre libéral »[6] afin de « Rétablir le rôle de l’État-nation dans l’ordre libéral international »[7].
Suite à la séquence politique de 2020 (Covid + opération Black Lives Matter + fraude électorale) qui a conduit au vol de l’élection américaine, la menace d’une Amérique en rupture avec la gouvernance mondiale est actuellement écartée. Dès lors cette friction entre gouvernance mondiale et États qui refusent de concéder plus de leur souveraineté ressurgit face à la Chine et à la Russie. Deux États complètement intégrés aux institutions internationales et à l’ordre mondial mais qui posent un problème structurel à la gouvernance globale de par le rôle central que continue d’y jouer l’État en tant que stratège et organisateur principal du développement politique et économique du pays.
C’est autour de ce rôle stratégique central de l’État que la ligne de tension entre la face occidentale et orientale de la gouvernance mondiale va se durcir toujours plus.
Alors que la Chine est très influente au sein des institutions internationales, elle n’entend pas soumettre son État-parti à ces institutions internationales qu’elle utilise par ailleurs pour démultiplier son influence et sans lesquelles elle n’aurait pas pu atteindre ce niveau actuel de puissance et d’influence. En témoignent les difficultés récurrentes que rencontrent les scientifiques de l’OMS chargés d’enquêter en Chine sur les origines du Covid-19. La Chine exerçant un rôle politique prépondérant au sein de l’OMS [8].
Comme au XXème siècle face à l’Union Soviétique, si l’idéal internationaliste du libéralisme cosmopolitique est théoriquement le même que celui du Parti communiste chinois, la ligne de confrontation entre ces deux systèmes se manifeste essentiellement autour du rôle que doit jouer l’État national au sein de la gouvernance mondiale. Pour les libéraux-globalistes, l’État-nation doit être subsidiaire des instances globales et d’un possible futur gouvernement mondial en gestation. Pour les tenants d’une forme de stato-globalisme nationalisé, l’État, bien qu’intégré au sein des institutions internationales, reste au centre de toutes les perspectives stratégiques de développement et demeure l’instance souveraine ultime détentrice du monopole de la décision politique.
L’enjeu principal de la tension actuelle entre Occident / Eurasie (Chine-Russie) au sein de la gouvernance mondiale nous semble relever de cette friction entre deux niveaux différents de souveraineté et de légitimité politique au sein de l’ordre international : Léviathan stato-national continental vs Léviathan mondial post-national.
Il s’agit en dernière instance de définir quelle sera la forme et le rôle que devra prendre et assumer le Léviathan au XXIème siècle : sera-t-il essentiellement national, continental, mondial ? Hybride ? Une question que presse la stasis globalisée qui ronge l’ordre international contemporain.
II – Sur la forme géoéconomique de l’ordre mondial contemporain
Pour décrire l’ordre mondial sur lequel s’exerce cette gouvernance mondiale polymorphe que nous avons précédemment décrit, on pourrait ici employer les catégories forgées par l’économiste marxiste Immanuel Wallerstein en les adaptant. Ce dernier décrit un système géoéconomique planétaire réparti en trois grandes zones :
Une zone centrale : la sphère Occidentale (Amérique du nord et ses alliés stratégiques – type Taïwan ou Japon, Royaume-Uni, Canada, Australie, Union Européenne, Israël etc.). Le « nord riche » mais aussi le nord « stratégique », au sens d’un ensemble géo-économique international doté d’une orientation géostratégique commune malgré des frictions internes. Un ensemble qui constitue encore la locomotive géopolitique de l’ordre mondial contemporain. C’est aussi la zone où le capitalisme est toujours moins encadré par les États et monopolisés par les firmes multinationales qui elles-mêmes cherchent à diluer toujours plus les États ou à les absorber.
Une zone en transition ou émergente (ou « la semi-périphérie », incluant les grands pays connaissant un développement vers le capitalisme : la Chine, l’Inde, le Brésil, certains pays de la zone Pacifique, ainsi que la Russie, qui par inertie préserve son important potentiel stratégique, économique et énergétique – cf. Pour une théorie du monde multipolaire, Alexandre Douguine). Zone en transition entre capitalisme d’État autoritaire et libéralisme globalisé.
Un monde périphérique (les « pays pauvres du Sud », la périphérie). Monde qui recèle certaines des ressources et matières premières stratégiques pour les puissances de la zone centrale et de la zone périphérique
L’intégration politique renforcée de la gouvernance mondiale vient brouiller toujours plus cette représentation quelque peu schématique (comme toute représentation). Par exemple des poches toujours plus larges de la zone émergente voire même de la zone périphérique se retrouvent au cœur de la zone centrale et inversement.
Malgré tout, cette division du monde décrit d’une manière assez fonctionnelle la répartition géo-économique mondiale actuelle.
La zone centrale rentre en contact avec la zone émergente et la zone périphérique au niveau de l’Amérique centrale, de l’Europe Orientale, de l’Afrique du Nord, du Moyen-Orient, de l’Asie du Sud-Est. Autant de territoires où se déroulent certaines des « crises » les plus sanglantes de notre temps.
Au niveau de la géographie politique, la masse continentale nord-américaine constitue la masse principale de la zone centrale et l’Union européenne son prolongement sur les côtes Ouest de l’Eurasie.
Les deux cœurs stratégiques de la sphère occidentale que sont le Royaume Uni et les USA ont toujours conçu et compris l’Europe et l’Eurasie comme une continuité d’empires continentaux et de puissances géopolitiques essentiellement terrestres, rivales de sa puissance maritime internationalisée.
Seconde rupture : l’intégration économique du « rimland » eurasiatique
Les stratèges impériaux anglo-américains ont toujours considéré l’Eurasie comme un tout, un continuum géopolitique qu’il faut appréhender dans son ensemble (Europe + Asie dans leur intégralité) afin de pouvoir le maitriser.
Leur plus grande crainte a toujours été qu’une puissance d’Eurasie ne devienne assez forte et influente pour réussir à relier et unifier entre eux les territoires économiquement les plus avancés et les plus dynamiques d’Eurasie. Territoires riches qui sont pour la plupart situés sur les zones côtières de la masse continentale eurasiatique. Unifier et intégrer économiquement cette zone que l’un des pères de la géopolitique américaine, Nicholas J. Spykman (1893-1943), désignait sous le nom de Rimland (ou « inner crescent, croissant intérieur eurasiatique) : vaste ceinture littorale bi-continentale composée de l’Europe de l’Ouest, du Moyen-Orient, et de l’Extrême-Orient. Pour Spykman, la clef de voute du contrôle du système-monde passe par le contrôle du Rimland.
Influencé par les travaux du géographe britannique Halford J. Mackinder, Spykman reprendra la géographie politique proposé par Mackinder mais déplacera la clef de voute du contrôle de l’Eurasie du Heartland vers le Rimland, sur les côtes riches de l’ « île du monde » eurasiatique : « Spykman nuance le grandiose schéma d’opposition terre-mer induit par la centralité géohistorique du Heartland de Mackinder, et préfère souligner le danger qu’une unification des rimlands peut représenter pour les États-Unis : géostratégiquement “encerclés”, ces derniers se retrouveraient confrontés à un Titan combinant force terrestre et maritime, capable de projeter sa puissance par-delà les océans Atlantique ou Pacifique. À terme, prévient Spykman, Washington ne pourrait que perdre un tel face-à-face, si celui-ci devait dégénérer en conflit. En conséquence, le fil rouge de la politique de sécurité américaine se déduit de lui-même : combattre résolument toute tentative d’hégémonie dans les territoires correspondant à ce que l’on pourrait qualifier d’Eurasie “utile”. »[10]
On connait la célèbre formule de Mackinder qui affirmait en son temps que : « Qui contrôle l’Europe de l’Est domine le Heartland ; qui domine le Heartland domine l’Île mondiale ; qui domine l’Île mondiale domine le monde. » [11]
Spykman reprendra cette formule et la modifiera ainsi : « Qui contrôle le rimland gouverne l’Eurasie. Qui gouverne l’Eurasie contrôle les destinées du monde. »[12], marquant ainsi la centralité des bandes côtières eurasiatiques en tant que territoires stratégiques pour le contrôle et la stabilité (du point de vue américain) de l’ordre mondial.
Spykman soulignera aussi avec force la nécessité stratégique vitale pour les États-Unis de s’impliquer en Eurasie afin d’éviter l’encerclement par les puissances dynamiques du Rimland eurasiatique : « Les États-Unis doivent admettre, une nouvelle fois et de manière définitive, que la constellation de puissances en Europe et en Asie est une perpétuelle source de préoccupation, que ce soit en temps de guerre ou de paix. »[13]
Animé d’un idéalisme cosmopolitique qui affirme la nécessité pour les puissances « libérales » de savoir employer le réalisme politique et stratégique, Nicholas Spykman identifiait en outre les bases de la puissance d’un État autour de dix éléments stratégiques clefs :
« Selon Spykman, les éléments qui font la puissance d’un État sont :
Caractéristiques que la Chine possède précisément toujours plus à mesure qu’elles s’étiolent en Occident.
Spykman.
Zbigniew Brzezinski (1928-2017) qui fut l’un des plus influents stratèges de la puissance américaine de la fin du XXème siècle[15], reprendra et développera l’idée de la centralité de l’enjeu eurasiatique dont il fera un axe de ses vues dans son célèbre traité de géostratégie Le Grand Échiquier, paru en 1997. Le grand échiquier c’est précisément l’Eurasie, là où se joue le destin et la forme de l’ordre mondial. Territoire stratégique qui recèle les principales ressources de la planète et dont le contrôle s’avère fondamental pour les États-Unis :
« (…) La façon dont les États-Unis « gèrent » l’Eurasie est d’une importance cruciale. Le plus grand continent à la surface du globe en est aussi l’axe géopolitique. Toute puissance qui le contrôle, contrôle par là même deux des trois régions les plus développées et les plus productives. (…) On dénombre environ 75 % de la population mondiale en Eurasie, ainsi que la plus grande partie des richesses physiques, sous forme d’entreprises ou de gisements de matières premières. L’addition des produits nationaux bruts du continent compte pour quelque 60 % du total mondial. Les trois quarts des ressources énergétiques connues y sont concentrées. Là aussi se sont développé la plupart des États politiquement dynamiques et capables d’initiatives. Derrière les États-Unis, les six économies les plus prospères et les six plus gros budgets de la défense s’y trouvent, ainsi que tous les pays détenteurs de l’arme nucléaire (les « officiels » comme les « présumés », à une exception près dans chaque cas). Parmi les États qui aspirent à détenir une hégémonie régionale et à exercer une influence planétaire, les deux plus peuplés sont situés, en Eurasie. Tous les rivaux politiques ou économiques des Etats-Unis aussi. Leur puissance cumulée dépasse de loin celle de l’Amérique. Heureusement pour cette dernière. Le continent est trop vaste pour réaliser son unité politique. »[16]
À l’époque où il écrivait ces lignes, la Russie était marquée par une instabilité structurelle et la Chine n’était pas encore devenue la puissance économique actuelle mais Brzezinski anticipait déjà la manière dont cette dernière risquait à terme de bouleverser l’ordre géopolitique établi :
« (…) Aujourd’hui, c’est une puissance extérieure qui prévaut en Eurasie. Et sa primauté globale dépend étroitement de sa capacité à conserver cette position. À l’évidence, cette situation n’aura qu’un temps. Mais de sa durée et de son issue dépendent non seulement le bien-être des États-Unis, mais aussi plus généralement la paix dans le monde.
(…) Un scénario présenterait un grand danger potentiel : la naissance d’une grande coalition entre la Chine, la Russie et peut-être l’Iran (…). Similaire par son envergure et sa portée au bloc sino-soviétique, elle serait cette fois dirigée par la Chine. Afin d’éviter cette éventualité, aujourd’hui peu probable, les États-Unis devront déployer toute leur habileté géostratégique sur une bonne partie du périmètre de l’Eurasie, et au moins, à l’ouest, à l’est et au sud. » [17]
Désormais première puissance économique mondiale[18] devant les États-Unis, la Chine peut parvenir à stabiliser l’échiquier eurasiatique et tenter de sanctuariser ses positions acquises au sein du périlleux système international actuel.
Or, l’intégration économique du rimland eurasiatique de la Chine à l’Europe fait partie des objectifs stratégiques de la Chine pour le XXIème siècle au travers des fameuses « nouvelles routes de la soie ».
Le projet OBOR et l’intégration économique continentale
Officiellement dénommé « One Belt, One Road » (OBOR) ou aussi BRI (Belt and Road Initiative), le projet des nouvelles routes de la soie a pour ambition de s’étendre du Pacifique jusqu’à la mer Baltique et inclut 64 pays asiatiques, moyen-orientaux, africains et européens[19]. Doté d’un budget de 800 à 1 000 milliards de dollars[20] (cinq à six fois le budget du plan Marshall), ce projet pourrait permettre à la Chine de réaliser le grand objectif stratégique du Parti communiste chinois : l’intégration économique du continent eurasiatique et d’une partie de l’Afrique à l’horizon 2049, date anniversaire de la fondation de la République Populaire de Chine. Une intégration économique qui déplacerait le centre des affaires mondiales de l’Occident vers l’Eurasie mais une Eurasie pilotée par la Chine et non par l’Europe ou la Russie.
C’est autour du projet chinois BRI (Belt and Road Initiative) que se manifeste toujours plus la ligne de tension principale au sein de la gouvernance mondiale.
Tension qui pourrait conduire à terme à :
Cela de l’aveu même de certains stratèges influents de la gouvernance mondiale tels qu’Henry Kissinger, George Soros ou Klaus Schwab. Ces derniers diffèrent par ailleurs entre eux quant à l’attitude que doit adopter la gouvernance mondiale face à la montée de la Chine. Pour Soros elle doit être empêchée, pour Kissinger elle doit être contenue et pour Schwab elle doit être appuyée et encadrée. L’un des acteurs privés les plus influents au sein de la gouvernance mondiale, Bill Gates, a quant à lui déjà semé des graines de son empire philanthropique en Chine au travers du China Global Philanthropy Institute auquel il a versé 10 millions de dollars depuis sa création en 2015 [21].
La croissance de la Chine au sein de la gouvernance mondiale se déploient ainsi simultanément sous la forme de l’intégration et de la tension. Du point de vue de l’État chinois, des frictions (au sens que Clausewitz donne à ce terme) se manifestent et viennent freiner l’ascension de la Chine au sein du système-monde.
La Chine qui poursuit des objectifs de contrôle cyberpolitique et biopolitique total de sa population, ne représente pas une alternative de fond face aux tendances totalitaires vers lesquelles évolue actuellement le globalisme politique. Mais la politique d’intégration économique de l’Eurasie et de l’Afrique poursuivie actuellement par la Chine au travers du réseau BRI (Belt and Road Initiative) représente une forme de globalisme économique qui vient concurrencer les intérêts des puissances majeures déjà installées en tête de la gouvernance mondiale.
Cette intégration économique accélérée de l’Eurasie portée par la Chine ainsi que le rôle joué par l’État chinois comme centre d’orientation et de protection des intérêts stratégiques vitaux chinois, nous semblent constituer les deux causes majeures de la tension actuelle entre la Chine et les puissances installées qui dominent encore la forme actuelle de la gouvernance mondiale.
Si dans l’esprit des architectes de la gouvernance mondiale favorables à la Chine comme Klaus Schwab[22], l’Occident et l’Orient géopolitique mondial doivent à terme se rejoindre et se compléter, la pierre d’achoppement sur laquelle vient buter l’idéal cosmocratique nous apparaît être ici le rôle que le système politique chinois assigne à l’État, à l’armée et au Parti communiste qui les contrôle. Rôle que la gouvernance mondiale dans sa version occidentale entend faire jouer aux multinationales et au secteur privé.
Au stade actuel de son évolution, le globalisme économique planétarisée rencontre un concurrent structurel qui prend la forme du capitalisme dirigé chinois et russe.
III – Guerre civile mondiale et guerre hors limites
Evoquer la question d’une possible guerre ouverte entre les puissances eurasiatiques russe et chinoise et la sphère occidentale ne peut se faire sans interroger la nature même que revêt la guerre à notre époque.
Peu de temps après la parution du Grand échiquier de Zbigniew Brzezinski, paraissait un livre de stratégie intitulé La Guerre hors limites. Co-écrit par les stratégistes militaires chinois Qiao Liang et Wang Xiangsui[23], cet ouvrage essentiel interrogeait la nature et les mutations de la conflictualité contemporaine. Pour les auteurs, les moyens employés pour mener les guerres contemporaines débordent désormais les limites assignées au phénomène guerrier par l’analyse polémologique traditionnelle. Un phénomène que les deux auteurs commentaient ainsi en 1999 :
« Quand se fera jour la tendance en faveur du recul, consenti avec joie, face à l’emploi de la force armée pour résoudre les conflits, la guerre renaîtra sous une autre forme et dans une autre arène pour devenir un instrument d’une énorme puissance entre les mains de tous ceux qui entretiennent le désir de dominer d’autres pays ou régions. En ce sens, c’est une raison pour nous d’affirmer que l’attaque financière de George Soros contre l’Asie orientale, l’attaque terroriste d’Oussama Ben Laden contre l’ambassade américaine, l’attaque au gaz du métro de Tokyo par les disciples de la secte Aum, et le chaos causé par Morris Jr. et ses pareils sur Internet, où le degré de destruction n’est en rien inférieure à celui d’une guerre, représentent une demi-guerre, une quasi-guerre et une sous-guerre, c’est-à-dire, la forme embryonnaire d’un nouveau type de guerre. » [24]
Une analyse qui nous aide à identifier une tendance qui n’a fait que se renforcer depuis la rédaction de La guerre hors limites. Le refus, voire l’impossibilité, d’employer la force armée directe entre puissances nucléaires rivales ainsi que la nécessité de respecter une narration « démocratique » pour les belligérants, conduisent à des mutations inédites des moyens polémologiques mais surtout dissolvent les limites entre la guerre et la paix, entre le temps de la guerre et celui de la paix, entre la sphère civile et la sphère militaire. Dès lors les guerres entre puissances se font désormais avant tout par des moyens de subversion furtifs et dissimulés qui instrumentalisent des secteurs de la société autrefois épargnés ou moins mobilisés lors des situations de conflit. On citera ici entre autres exemples : les mobilisations des sociétés civiles au travers des « révolutions colorés » et des mouvements type Black Lives Matter[25], les mobilisations des populations en difficulté économique employées comme « arme de migration de masse »[26], les questions sanitaires (le Covid comme moyen de transformation politique et social[27]) etc. Et quand les conflits nécessitent l’emploi de la force armée directe, les moyens employés sont alors ceux de la guerre de partisans du type des « brigades internationales » islamistes employées en Syrie contre l’État syrien par l’ensemble des forces régionales et mondiales qui souhaitaient sa chute.
Le conflit syrien nous offre un cas emblématique, voire archétypal de la nouvelle norme polémologique contemporaine : une guerre qui n’a jamais été déclarée ; menée par des puissances employant principalement des supplétifs étrangers ; troupes mercenaires ou idéologiquement motivées présentées au monde par les mass-médias dominants comme des dissidents du régime en place ; un État légitime présenté comme l’agresseur et son dirigeant comme un criminel contre l’humanité par les ONG sorosiennes du type Human Rights Watch, organisations qui exercent elles-mêmes une action d’influence centrale auprès des institutions internationales.
La répartition des rôles entre les grandes puissances occidentales et eurasiatiques fut aussi très significative durant toute l’évolution du conflit syrien. Des puissances qui sont intervenues dans le conflit selon leurs intérêts régionaux respectifs sans jamais aller jusqu’à la rupture et conservant toujours le lien diplomatique et politique nécessaire malgré les opérations militaires et les accrochages en cours sur le terrain.
Le cas syrien mais aussi l’ensemble des crises récentes qui ne « dérapent » jamais vers la guerre ouverte entre les grandes puissances qui y sont impliquées, semblent nous indiquer que les affrontements contemporains devraient plutôt être perçus comme des luttes internes au sein d’un ordre mondial intégré mais un ordre travaillé par des contradictions internes et qui cherchent à parvenir à une forme plus aboutie, plutôt qu’aux prolégomènes d’une rupture complète en son sein.
Au-delà des discours et des accrochages indirects, dans les faits tous les acteurs majeurs du choc contemporain des puissances semblent être d’accord sur une norme commune : la gouvernance globale est inéluctable mais chacun cherche logiquement à l’orienter stratégiquement dans le sens des intérêts.
Ainsi, comme nous l’écrivions il y a deux ans lors du dernier forum géopolitique de Chisinau : « À mesure que la société ouverte dissout l’ordre normal des relations internationales en le parasitant de l’intérieur via les instances supra-étatiques et transnationales, s’installe alors une forme de guerre civile universelle dont les flammes ne cessent d’éclairer l’actualité. En témoignent les conflits contemporains qui sont de moins en moins des guerres inter-étatiques déclarées mais des conflits asymétriques et hybrides où s’affrontent les « partisans » et les pirates d’une société liquide universelle au sein de théâtres des opérations toujours plus flous, brutaux et non conventionnels. Dans l’esprit mondialiste, ces guerres sont les prolégomènes et le processus nécessaires vers une fin prochaine des antagonismes internationaux. »[28]
Ce qui est à craindre, selon nous, relève plutôt du durcissement en cours de la gouvernance globale vers une forme de dictature planétaire qui chercherait ainsi à freiner les tendances centrifuges trop nombreuses en son sein. Dévoiement totalitaire en cours depuis plusieurs années et qui a franchi une étape décisive à la faveur des mesures sanitaires mondiales :
« À mesure que progresse le cosmopolitisme et son millénarisme anti-étatique[29], progresse de concert la guerre civile mondiale. Pour freiner cette tendance inéluctable et de manière similaire au communisme des origines, l’idéal d’une fin de l’Etat et d’une parousie post-politique aboutira de fait au retour d’un arbitraire plus violent que ce qu’aucun Etat n’aura jamais infligé à ses citoyens dans l’Histoire. Si les Etats-nations sont défaits, émergera alors un Léviathan mondial d’une brutalité inédite et sans frein. »[30]
Une tendance qui va là encore renforcer la concurrence entre la gouvernance mondiale et les léviathans continentaux russe et chinois. Gouvernance mondiale qui use des méthodes de contrôle politique indirecte sous prétexte sanitaire (biopolitique) pour accroître ses prérogatives là les États-nations lui sont subordonnés (principalement la sphère occidentale : UE, USA, Israël etc). Les léviathans continentaux russe et chinois continuent quant à eux d’exercer, voire de renforcer leur monopole étatique, y compris en imitant à leur échelle les normes biopolitiques en cours et en les adaptant. Léviathans continentaux qui seuls possèdent la masse, la puissance et pour l’instant la population nécessaire, pour tenter de garder leur monopole de souveraineté politique et leur intégrité territoriale (toujours menacée sur leurs bords ou leur étranger proche : Xinjiang, Ukraine etc) au sein de la gouvernance mondiale.
Antonio Guterres.
À ce titre il est intéressant de rappeler ici une intervention de l’actuel Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, durant la cérémonie de l’Assemblée générale marquant le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, le 21 septembre 2020. A. Guterres y a exposé que le monde « n’a pas besoin d’un gouvernement mondial mais bien d’une gouvernance mondiale améliorée maintenant que la COVID-19 a mis à nu ses fragilités »[31]. Comme pour faire taire les suspicions en la matière après une année d’autoritarisme politico-sanitaire mondial, l’actuel secrétaire des Nations unies (et ancien président de l’Internationale socialiste[32]) a tenu à préciser que :
« Personne ne souhaite de gouvernement mondial – mais nous devons œuvrer de concert pour améliorer la gouvernance mondiale. Dans un monde interconnecté, nous avons besoin d’un multilatéralisme en réseau, dans lequel la famille des Nations Unies, les institutions financières internationales, les organisations régionales, les blocs commerciaux et d’autres collaborent plus étroitement et plus efficacement. (…) Un multilatéralisme qui soit inclusif et s’appuie sur la société civile, les villes, les entreprises, les collectivités et, de plus en plus, sur la jeunesse. » [33]
On voit ici précisément exposée la dilution progressive de la souveraineté des États que nous avons déjà évoquée sous couvert de l’habituel « multilatéralisme inclusif ». Un multilatéralisme qui fut justement le thème principal de l’intervention du président chinois Xi Jinping au cours de son intervention lors de l’édition virtuelle de l’agenda du Forum économique mondial (FEM) qui se tenait en janvier dernier, peu avant l’éclatement de la crise au Myanmar. Intitulé : « Que le flambeau du multilatéralisme éclaire la marche en avant de l’humanité », le discours de Xi Jinping fut qualifié d’historique par le président du FEM, Klaus Schwab, qui salua le multilatéralisme chinois et la poursuite par la Chine des grands objectifs stratégiques de la gouvernance mondiale : lutte contre le réchauffement climatique, intégration cosmopolitique, décarbonation de l’industrie etc [34].
Le plus grand danger pour l’ordre mondial actuel semble ainsi plutôt relever de l’implosion et de la démolition contrôlée des sociétés que de leur explosion comme au XXème siècle.
Guerre hors-limites et guerre nucléaire ouverte
Pour qu’une rupture systémique se produise actuellement au sein de la gouvernance mondiale et vienne ruiner tous les efforts successifs entrepris depuis des décennies vers l’intégration cosmopolitique, il faudrait que les intérêts stratégiques ou économiques vitaux de l’un des acteurs géoéconomiques principaux de cette gouvernance se trouvent directement menacés. Il faudrait que les incendies perpétuellement allumés sur les lignes de rupture de la tectonique géopolitique contemporaine entre Eurasie et Occident, de l’Ukraine à la Birmanie, en viennent à menacer les centres stratégiques des puissances chinoises et russes et plus seulement leur périphérie. Il faudrait que l’une des puissances principales qui forment l’architecture de l’ordre mondial actuel se décide à rompre cet état de guerre civile mondiale froide perpétuelle et se lance dans un aventurisme guerrier aux conséquences difficilement calculable en termes de coût humain et matériel.
Il faudrait que l’emploi des vecteurs indirects propres à la guerre hors limites contemporaines que nous avons déjà évoqués, s’avèrent incapables de maintenir les intérêts vitaux des acteurs principaux de la gouvernance mondiale et que le statu quo stratégique actuel entre puissances dominantes en vienne alors à être brisé.
Un statu quo qui semble pour l’instant privilégier la pression exercée vers le bas, sur les populations, que vers le haut, c’est-à-dire entre les États et les sommets stratégiques de la gouvernance globale.
Pour autant, un scénario de rupture régionale qui pourrait dégénérer n’est pas à écarter ainsi que le rappelaient les membres du Centre de Réflexion Interarmées (CRI). Ces derniers dénonçaient en juin dernier, l’actuelle stratégie nucléaire US-OTAN qui constitue pour eux un danger pour l’Europe et « un concept qui marque un retour à la guerre froide »[35]. Ils s’alarmaient aussi d’une possible normalisation de l’emploi de l’arme nucléaire de théâtre (ou tactique) dans la doctrine nucléaire américaine contemporaine[36]. Arme nucléaire tactique qui pourrait être employée sur un théâtre d’opération d’Europe orientale face à la Russie.
L’emploi d’armes nucléaires tactiques de théâtre qui aboutiraient par escalade à l’emploi d’armes nucléaires anti-cités est une hypothèse de travail qui a conduit des chercheurs de l’université de Princeton à simuler un conflit entre USA et Russie, conflit qui dégênerait en une guerre nucléaire totale. Un scénario qui aboutirait d’après cette simulation à environ 90 millions de morts, principalement sur le territoire européen. Une projection qui apparaît manquer de rigueur pour certains analystes : l’agresseur étant bien entendu la Russie et surtout les réactions des puissances nucléaires européennes que sont la Grande-Bretagne et la France n’étant pas vraiment prises en considération. Pour autant il est significatif que de telles recherches soient menées sur la base d’éléments dont certains semblent assez réalistes [37].
Une autre hypothèse de rupture pouvant conduire à un embrasement de l’ordre mondial reste celle d’un acteur géopolitique « irrationnel » qui viendrait bousculer les rapports de force et les équilibres précaires existants. C’est une possibilité que nous avons déjà évoquée à propos d’Israël dans notre livre Soros et la société ouverte. Il s’agit de l’option « Samson » que se réserverait une partie de l’appareil militaire et politique israélien :
« Samson est ce héros hébreu connu pour avoir fait s’effondrer sur lui-même et ses assaillants un temple de Philistins, cela au moment où il se sentait acculé par un trop grand nombre d’ennemis. Une idée qui remonterait aux années 60 d’après le journaliste américain Seymour Hersh, auteur en 1991 d’un livre sur l’histoire de l’arme atomique israélienne : « The Samson Option: Israel’s Nuclear Arsenal and American Foreign Policy ». L’historien militaire Martin Levi Van Creveld évoquera a son tour cette « doctrine » militaire de dernier recours :
« Nous possédons plusieurs centaines d’ogives atomiques et de missiles et pouvons les lancer sur des cibles dans toutes les directions,peut-être même contre Rome. La plupart des capitales européennes sont des cibles pour notre force aérienne. Permettez-moi de citer le général Moshe Dayan : “Israël doit être comme un chien fou, trop dangereux pour être embêté” Je considère tout cela comme désespéré à ce stade. Nous devrons essayer d’empêcher les choses d’en arriver là, si cela est possible. Nos forces armées, cependant, ne sont pas la trentième force au monde mais plutôt la deuxième ou la troisième. Nous avons la capacité de faire tomber le monde avec nous. Et je peux vous assurer que cela arrivera avant qu’Israël ne disparaisse » [38]
Une option militaire qui peut apparaître tellement extrême qu’elle semble en devenir irréaliste, mais qui s’inscrit en fait dans le temps long des représentations bibliques, comme en témoigne cette vision du prophète Zacharie : « Voici la plaie dont l’éternel frappera tous les peuples qui auront combattu contre Jérusalem : leur chair tombera en pourriture tandis qu’ils seront sur leurs pieds, leurs yeux tomberont en pourriture dans leurs orbites, et leur langue tombera en pourriture dans leur bouche. »[39]
Comme nous l’avons régulièrement exposé, nous pensons que les acteurs de la puissance sont en dernière analyse guidés même de manière inconsciente par des représentations et des conceptions politiques qui découlent généralement de concepts et de notions religieuses sécularisées. C’est le domaine de la théopolitique qu’a longuement étudié en son temps Carl Schmitt [40].
En définitive, la forme que prendra l’ordre mondial dépendra aussi des idéologies et visions du monde qui sous-tendent les prises de décision des acteurs géopolitiques qui le forment. En dernier instance et comme toujours dans l’Histoire, ce sera la responsabilité humaine qui devra trancher et déterminer la forme future de cet ordre mondial actuellement en gestation. Et comme disait Karl Marx : « les hommes font l’Histoire, mais ils ne savent pas l’Histoire qu’ils font ».
Pierre-Antoine Plaquevent – avril 2021
[1] Cf. la notion de Max Weber : Monopol legitimer physischer Gewaltsamkeit
[2] Cf. Thomas Hobbes, Le Leviathan, chapitre XXX : De la fonction du Représentant souverain, 1651.
« La fonction du souverain, qu’il soit monarque ou une assemblée, consiste dans la fin pour laquelle le pouvoir souverain lui a été confié, à savoir procurer au peuple la sécurité, fonction à laquelle il est obligé par la loi de nature, et il est obligé d’en rendre compte à Dieu, l’auteur de cette loi, et à personne d’autre. » Voir aussi : L’abolition de l’État de droit et la renaissance de la violence politique – Youssef Hindi https://strategika.fr/2021/04/12/labolition-de-letat-de-d...
[4] Rappelons que d’après le président biélorusse Alexandre Lukachenko, la Banque Mondiale aurait proposé au Bélarus un financement 940 millions de dollars si l’État y appliquait le même type de mesures sanitaires et sociales qu’en Europe occidentale : quarantaine, isolement, couvre-feu etc. « Nous ne danserons sur la musique de personne » avait commenté le président biélorusse au sujet de ces révélations. Voir ici : https://www.belta.by/president/view/net-bolshej-tsennosti... ou ici https://www.geopolintel.fr/article2383.html
[5]Amérique latine : où en sont les mouvements de contestation ?