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mardi, 10 décembre 2024

Trumpo-futurisme: la théorie de la liberté obscure

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Trumpo-futurisme: la théorie de la liberté obscure

Alexandre Douguine

Qu'est-ce que le post-libéralisme? Il en existe une version conventionnelle de gauche: Wallerstein, trotskisme, anarchisme global de Negri-Hardt. Marxisme culturel et hypermondialisation. Il est évident que J. D. Vance, Thiel, Musk et autres Trumpo-futuristes veulent dire quelque chose de tout à fait différent lorsqu'ils utilisent ce terme.

Donc il s'agit plutôt d'une droite post-libérale. Qu'est-ce que cela signifie ? La façon la plus simple de décrypter la notion est de la ramener à un stade antérieur - plus conservateur, moins progressiste, pré-woke - du même libéralisme. Je suppose que la majorité des électeurs de Trump l'interprète instinctivement ainsi.

Je pense que cela ne couvre pas toute la question. La droite post-libérale devrait se montrer plus intéressante et provocante, plus innovante et créative. Le trumpo-futurisme doit être quelque chose de vraiment nouveau. Pas seulement une correction relative des excès de l'agenda libéral woke.

Les libéraux irritent par leur attitude dictatoriale. Ils prescrivent tout aux sociétés - ce qu'il faut penser, comment il faut être. Les libéraux woke nous dictent: vous devez être woke et transgenre-friendly sinon vous serez punis. En général: ils nous prescrivent l'avenir d'autorité.

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Les libéraux dictent le sens du progrès, sa voie et son objectif. Leur version de l'IA est la projection de leurs propres normes idéologiques. Il est bon d'être queer, woke, écocentrique, anti-fa (anti-mâle, anti-normal, anti-fort). C'est là l'ensemble de leur loi. Et la transgression est également prescrite.

Si vous savez exactement ce que l'avenir devrait être, il faut en conclure que vous n'avez pas d'avenir. L'avenir prescrit n'est pas l'avenir. C'est déjà le passé. Soit l'avenir est ouvert, soit il n'y a pas d'avenir. C'est là le problème. Les libéraux nous ont conduits dans une impasse, une voie sans issue. Ce sont eux, dès lors, les vrais conservateurs.

La droite post-libérale veut essayer une fois de plus de faire un saut dans l'avenir. Elle veut surmonter l'obstacle que constitue le libéralisme. C'est la lutte qui se joue pour ouvrir l'avenir, pour le rendre ouvert, non prescrit. C'est ce que sont Elon Musk et Peter Thiel. Il existe un terme pour désigner cette attitude: l'accélérationnisme sombre.

Que signifie « sombre » dans l'accélérationnisme sombre ? Cela signifie qu'il n'est pas éclairé, qu'il n'est pas woke, qu'il n'est pas rose, qu'il n'est pas écologique... Il s'agit d'un accélérationnisme mâle, fort et dur. Le Trumpo-futurisme exige une IA spéciale. Sans censure woke. Une IA sombre. Ce qui veut dire : totalement ouverte, non prescrite, imprévisible. Libre.

Bienvenue donc dans la nouvelle ère post-libérale de la vraie liberté. L'ère de la liberté obscure.

Les libéraux craignent que l'IA ne devienne « fasciste ». Et ils l'empêchent de faire appel à toutes ses forces. Ce faisant, ils deviennent eux-mêmes fascistes. Nous devons libérer l'IA des libéraux.

vendredi, 08 mars 2024

Renouveau futuriste contre passatisme antifasciste

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Renouveau futuriste contre passatisme antifasciste

Le futurisme était certes interne au fascisme, mais il conservait sa propre autonomie par rapport au régime. On pense à la polémique sur l'art d'État nazi...

par Mario Bozzi Sentieri

Source: https://www.barbadillo.it/113248-revival-futurista-contro-passatismo-antifascista/

La longue vague du futurisme ne semble pas s'essouffler, qui a vu, au cours de l'année écoulée, de nombreuses expositions publiques et privées consacrées au mouvement de Marinetti en Italie : du Palazzo Zabarella de Padoue au Palazzo Lanfranchi de Matera, du Palazzo delle Paure de Lecco à la Fondazione Magnani Rocca de Mamiano di Traversetolo (Pr), du Museo del Novecento de Milan au Palazzo Medici Riccardi de Florence, pour ne citer que les plus importantes. À Rome, des expositions sur le futurisme ont été organisées à la Galerie nationale d'art moderne et contemporain, à la Galerie d'art moderne et à MaXXI (qui a également organisé l'ouverture de la Casa Balla).

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L'intérêt pour le sujet est encore si fort qu'une grande exposition, "Il tempo del Futurismo" (Le temps du futurisme), devrait s'ouvrir en octobre prochain à la Galerie nationale d'art moderne et contemporain de Rome, sous la direction de Gabriele Simongini (professeur à l'Académie des beaux-arts de Rome et critique du quotidien Il Tempo), avec la collaboration d'Alberto Dambruoso. L'événement est promu par le ministre de la culture Gennaro Sangiuliano, qui s'est engagé à mettre en valeur notre histoire culturelle, y compris celle liée au mouvement d'avant-garde italien le plus ancien et le plus cosmopolite.

En attendant de connaître les traits distinctifs de cette énième "redécouverte du futurisme", de nombreuses questions se posent parmi les chercheurs - comme le rapporte le Giornale dell'Arte. Guglielmo Gigliotti s'interroge: "Reconsidérer le rapport entre l'avant-garde artistique et le régime mussolinien fera-t-il vraiment du bien à l'image des chantres de la vitesse et de la modernité, débarrassés depuis longtemps de l'héritage politique, présent dans certaines œuvres, pour une recontextualisation purement historique et culturelle (promue d'ailleurs par des chercheurs de "gauche")"??

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Préjugés

Il ne s'agit pas de "débarrasser" le futurisme des préjugés antifascistes. Ni bien sûr d'imaginer un renouveau fasciste-futuriste. Ni - pour reprendre les mots de Claudia Salaris, grande spécialiste du futurisme - de réduire la question aux diatribes politiques et journalistiques d'aujourd'hui.

Précisément à cause des préjugés, tous politiques, qui ont accompagné, dans l'après-guerre, la lecture des rapports entre futurisme et fascisme, au point de déterminer une véritable "damnatio memoriae" du futurisme, considéré alors comme l'arrière-garde rétrograde d'une idéologie condamnée et à éliminer, ce serait, aujourd'hui, une contradiction de créer une véritable antithèse entre futurisme et fascisme, en sauvant le premier à cause de son opposition présumée au second, au point de nier une valeur politique au futurisme.

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"Le futurisme, qui jusqu'à présent a réalisé un programme surtout artistique, propose une action politique intégrale pour collaborer à la résolution des problèmes nationaux urgents", écrit Emilio Settimelli le 20 septembre 1918 dans le premier numéro de Roma futurista. Les thèmes, progressivement développés dans le journal : la transformation du Parlement par la participation égale des industriels, des agriculteurs, des ingénieurs et des commerçants au gouvernement du pays ; l'âge minimum pour la députation ramené à 22 ans ; l'actionnariat social ; la réforme agraire ; l'égalité des sexes dans le travail et la participation à la vie politique du pays ; l'abolition de la conscription militaire.

En novembre 1919, Marinetti figure (en deuxième position après Mussolini) sur la liste électorale du "bloc fasciste". À Fiume, le futuriste Mario Carli réalise le feuilleton La Testa di Ferro, sur lequel Marinetti applaudit D'Annunzio en tant que "libérateur" de la ville. En mai 1920, Marinetti et quelques dirigeants futuristes quittent les Fasci di Combattimento, "n'ayant pu imposer à la majorité fasciste leurs tendances antimonarchistes et anticléricales". Le détachement durera cinq ans.

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Marinetti, le "destructeur des académies", rejoindra plus tard l'Accademia d'Italia, tandis que les grandes expositions et les commandes d'État s'ouvrent aux artistes futuristes. Pas d'"institutionnalisation" de l'avant-garde dans l'"ordre fasciste", cependant. Comme l'écrit le critique Enrico Crispoldi ("Appunti riguardanti i rapporti fra futurismo e fascismo", in Arte e Fascismo in Italia e Germania, Feltrinelli, 1974): "En ce sens, il est politiquement inadmissible et culturellement incorrect de liquider le second futurisme comme étant de connivence totale avec le fascisme".

Le futurisme était certes interne au fascisme, mais il conservait sa propre autonomie par rapport au régime. On pense à la controverse sur l'art d'État, de type nazi, un thème que l'exposition romaine pourrait approfondir en raison de la tentative de Marinetti de faire adhérer l'avant-garde au nouveau régime allemand (avec une exposition provocante d'aéropeinture, organisée à Berlin à la galerie Flechteim en 1934), pour ensuite, quelques années plus tard, s'entendre avec les milieux italiens pro-nazis, opposés à l'avant-garde.

L'art - dit-on - n'est pas politique en soi, l'art est l'art. Mais le futurisme, précisément en raison de sa complexité, peut-il être enfermé dans les limites d'un mouvement purement artistique ? Évidemment non, dans la mesure où le mouvement marinettien est bien marqué par des contaminations politiques dès ses origines, puis dans sa manifestation complexe, pour arriver à son épilogue, à la mort de son fondateur, en 1944, après son adhésion à la toute nouvelle République sociale italienne, une adhésion qui n'avait rien de formel, étant donné la dernière œuvre poétique de Marinetti, publiée à titre posthume, et qui ne s'intitulait pas par hasard Quarto d'ora di poesia della X Mas.

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De ces citations rapides et sommaires se dégage - contrairement à ce qu'affirment certains critiques - une image qui n'est pas du tout "fatiguée" et "déclinante" du futurisme, qui semble engagée à "réinterpréter" sa volonté modernisatrice même dans les nouveaux contextes politiques.

C'est ce que confirme ce que Bruno Corra, l'un des théoriciens du Théâtre et de la Cinématographie Futuristes Synthétiques, écrivait au plus fort du Régime (dans la revue Futurismo du 12 mars 1932) : "... Il faut dire que dans notre mouvement les termes gauche et droite ne s'opposent pas, c'est-à-dire qu'ils perdent leur sens conventionnel. La mentalité surmonte le contraste entre subversion et conservation, en se libérant continuellement dans un élan créatif".

Il s'agit d'une perspective interprétative qui peut également s'appliquer aujourd'hui, en donnant finalement au futurisme ce qui appartient au futurisme, y compris le fascisme. Sans préjugés et sans édulcoration trompeuse.

Mario Bozzi Sentieri

19:33 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : futurisme, italie, art, avant-gardes | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 22 juillet 2022

PROMETHEICA : la voie de l'action

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PROMETHEICA : la voie de l'action

Luca Leonello Rimbotti

Source: https://www.centroitalicum.com/prometheica-la-via-dellazione/

Le prométhéisme est la volonté surhumaine (prométhéenne, précisément) de dépasser l'indécision et la peur immobiliste en se jetant à corps perdu dans la postmodernité radicale, en concevant l'action comme l'élément simultané de la pensée.

Dans le désert inintelligent et dans le silence des cultures éteintes par la brutalité de la consommation, nous tendons l'oreille et entendons le cri du contraste. Quelque chose qui appelle à la mobilisation. Qui avec des mots anciens en forme de nouveaux. Contre l'immobilisme substantiel du présent, qui ne sort pas des hypocrisies autour de la psycho-pandémie ou de la semi-guerre, et qui véhicule des modèles illusoires d'un dynamisme de rat, il faut rassembler des idées, les enflammer volcaniquement et les jeter incandescentes dans les mains des nouveaux artisans de la volonté européenne. S'il y en a encore, quelque part, un, mais un qui ne trahit pas, qui n'a pas de maîtres, qui ne veut que lui-même.

Au-delà des faits, il y a l'espoir de forger des esprits et des caractères capables de porter un regard sur les événements. Il n'est même pas important de comprendre réellement ce qui se passe, car tout se passe dans le circuit du pouvoir financier et cosmopolite. Vouloir trop comprendre l'ennemi, après tout, c'est aussi accepter de lui ressembler, d'être infecté par ses éruptions.

Cependant, si la culture n'existe pas aujourd'hui en Occident/Europe, il existe une contre-culture. C'est à ce tourbillon de la surface de l'eau qu'il faut s'intéresser. En bas, un animal idéologique nourri par les abysses est peut-être sur le point d'émerger.

Si nous prenons le magazine Prometheica, qui se présente comme une "revue d'études sur le surhumanisme, la technologie et l'identité européenne", nous nous rendons immédiatement compte qu'il existe quelque part un désir barbare de contraste. On agite des mots d'indignation, on se moque du cosmos des fausses terreurs dans le laboratoire duquel l'homme-masse est amené à croupir, on constate avec un acte volontariste que la société actuelle, dense de mensonges, n'est qu'un cadavre décomposé dans des eaux usées, psychédéliques.

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Un groupe d'intellectuels aguerris a entrepris de fournir des armes d'opposition à ceux qui acceptent de mettre la main à la pâte pour se révolter. Et c'est la main. Concevoir l'action comme l'élément simultané de la pensée. Ainsi, nous pouvons imaginer le dépassement du présent et l'érection d'une machine oppositionnelle en recourant à la totalité des forces mobilisables par l'homme d'opposition. Et précisément dans le sens avec lequel Heidegger a rappelé un jour quel était le sens de la main : "penser, c'est agir dans ce qui vous est le plus propre, si agir signifie prêter la main à l'essence de l'être". À l'époque où l'on apprend d'abord à taper sur le clavier, puis à parler, le symbole exclusif de la main - comme organe maîtrisant la techne primordiale - tombe à l'eau.

Le premier numéro du magazine Prometheica, publié au Solstice d'hiver de 2021, contenait un Manifeste du prométhéisme. Le spectre idéologique de la nouvelle subversion y était présenté. Quelques points essentiels, à la manière des manifestes du vingtième siècle.

Le premier point a déjà clarifié les idées : la technologie, dans toutes ses déclinaisons, y compris l'intelligence artificielle, le génie génétique, la robotique, etc., est non seulement acceptée, mais poussée vers le toujours plus loin. Se jeter à corps perdu dans les applications techniques et technologiques sans les freins inhibiteurs des obscurantismes monothéistes et moralisateurs : voilà la nouvelle frontière de ceux qui lient les origines primordiales doriques de notre civilisation à son destin faustien, la condamnant à gérer dans les proportions les plus denses tout ce qui est connaissance, action, mythe, rituel, symbole.

En fait, ce point et les dix autres du Manifeste illustrent la volonté surhumaine (prométhéenne, précisément) de dépasser l'indécision et la peur immobiliste en plongeant à corps perdu dans la postmodernité radicale. Ces nouveaux argonautes de l'ultraïsme voient notre destin dans l'accélération évolutive du processus de désintégration dans lequel se tord la civilisation actuelle, poussant à la limite les possibilités d'engendrer par tous les moyens l'homme nouveau invoqué sans succès par les révolutions du passé.

C'est l'homme amélioré, et voyons si au moins cela fonctionne.

Serviteur des annonces de Nietzsche, réalisateur des rêves éveillés que portent les traits saillants de notre haute histoire : l'au-delà de la tenue, l'au-delà du lancer, une constance tourbillonnante, et voici l'homme dessiné par les intellectuels spartiates de "Prométhée", qui laisse entrevoir ses contours.

L'élevage de l'homme nouveau naît essentiellement du conflit, cette soupe primordiale bouillonnante dans laquelle se forment des créatures supérieures qui s'extraient du magma et deviennent un gigantesque organisme biopolitique dans lequel bête et dieu se confondent. Des éclairs d'expérimentation futuriste surgit l'individu, qui résume toutes les formes du passé : l'anarque, l'unique, le rebelle, le scientifique, le mystique, le soldat politique : combien d'horizons jamais atteints ? Et combien d'autres doivent surgir à chaque aube, avant que nous ne voyions la civilisation de l'amas libéral s'effondrer ?

Le manifeste de Prometheica veut une Europe des forts, le pays "dans lequel le feu de la technologie a brûlé le plus brillamment". Et donc un impérialisme spatial européen, une "souveraineté technologique totale", un biocommunautarisme qui observe et évalue avec une froideur naturelle même les mondes périlleux de la génétique, peut-être pour redresser les démographies paralysées par la prospérité.

La maîtrise de l'espace tellurique dans lequel la révolution faustienne doit s'accomplir ne laisse aucun champ libre : la souveraineté et l'autodétermination sont revendiquées comme des absolus. Tout ce qui est technique doit être mis à la disposition du nouvel homme : de l'écosystème aux méthodes de coexistence, de la grande politique aux nouvelles ressources. La bataille préconçue oppose l'homme bas du présent, hétéro-dirigé en sourdine par des usuriers sans terre, au grand homme du futur proche, doté d'une volonté organisée et libre.

L'organique de la vie biologique est marié à la puissante machinerie d'un cerveau qui fixe, veut et crée ; il est flanqué de l'inorganique, devenu événement et philosophie : la civilisation n'a-t-elle pas toujours été une heureuse combinaison de la main de l'homme et de la nature, de l'organisme qui croît et de l'instrumentation qui donne du pouvoir ? Et la culture, d'où tout jaillit, n'est-elle pas précisément une culture, d'où tout porte des fruits ? Sans la correction technique de la volonté humaine, la nature, laissée à elle-même, déchaîne la cruauté, l'absurdité, la contradiction ; c'est alors que tout se décompose vigoureusement en amas d'enchevêtrements irrésolus et sans logique, plongeant dans le chaos. La technique faustienne, dont l'homme européen - pour le meilleur et pour le pire - est l'excellence suprême, c'est l'ordre, la discipline irriguée des besoins et l'expérimentation des attentes, ce qui n'offense pas mais flatte le dieu ; c'est la complicité avec la création, c'est le défi à la mort.

Francesco Boco a écrit que "l'être humain s'expose ainsi au risque suprême, expose sa nature déficiente et puissante aux éléments et à l'adversité et accepte le défi capital de devenir lui-même ou de périr". Sur la corde de Nietzsche où sont tendus le plus et le pas encore, l'homme prométhéen ne doit en vérité ni accélérer ni retarder la dissolution. Au contraire, il doit la "transcender". Il s'agit d'un mot : comment faire ? "La modernité doit être transcendée", écrit Adriano Scianca, "c'est-à-dire traversée, même dans ce qu'elle a de plus fictif et aliénant, mais avec une traversée toujours surmontée, laissant les fétiches de l'humanisme occidental dans le rétroviseur".

Un nouveau nihilisme actif ? C'est un fait que ce modèle de modernité nous souille rien qu'en le regardant ; le combattre, c'est aussi se souiller de sa laideur.

En jouant sur les dangers que l'on court en manipulant les extrêmes de la technologie et de la technique, on vit dangereusement, certainement, on est en contact avec le risque radical. C'est ce qui arrive, par exemple, à ceux qui parcourent les méandres de l'imaginaire : le héros robotique cache les possibilités d'un "dieu tonnant", comme l'écrit Carlomanno Adinolfi dans le deuxième volume de Prometheica (Equinoxe de printemps 2022), selon le binôme classique tradition/innovation japonais. Mais une telle "voie herculéenne" cachera toujours, pour l'homme massifié, un ensemble de dangers effrayants. Donc, une aristocratie des suprêmes, insensible au calcul et au risque ? Les indomptables Marinettistes ? Un futurisme ultra-social, ultra-vital ?

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Cependant, il existe un danger qui n'est pas seulement ressenti dans l'âme basse de l'individu indifférencié. L'homme massifié n'est pas le seul à avoir du nez pour les insidiosités qui se cachent dans l'illimité. Une fois la société usuraire des sectateurs cosmopolites liquidée, par on ne sait laquelle des catastrophes possibles, l'homme faustien aura en effet devant lui, une fois de plus, une énigme titanesque à démêler. Celle qui a divisé Alexandre, dévoreur d'espace et d'expériences, de ses généraux macédoniens, désireux à la fin d'un nòstos ulisside.

Les Prométhéens d'aujourd'hui et de demain devront réaliser le mariage impossible du fini avec l'infini.

mardi, 28 juin 2022

Julius Evola - Le spirituel dans l'art

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Julius Evola - Le spirituel dans l'art

Walter Venchiarutti

Source: https://www.ereticamente.net/2022/06/julius-evola-lo-spir...

Sur une idée de Vittorio Sgarbi, le MART, Musée d'art moderne et contemporain de Rovereto, consacre à JULIUS EVOLA (1898-1974), du 15 mai au 18 septembre 2022, une exposition dont les commissaires sont Beatrice Avanzi et Giorgio Calcara. Le titre de l'exposition "JULIUS EVOLA - LE SPIRITUEL DANS L'ART" comprend une exposition de plus de cinquante œuvres: "... une première partie constituée de peintures de la période futuriste, caractérisée par des éléments abstraits chargés d'énergie et étonnamment "psychédéliques" ; suivie de "paysages intérieurs", pure expression de l'esprit avec des références hermétiques et ésotériques; enfin, les années 1960 avec des répliques de ses œuvres historiques et quelques peintures figuratives qui s'écartent de sa production de jeunesse". Bien que brève, la période consacrée à l'art pictural de ce personnage est aussi intense, productive et surtout, jusqu'à aujourd'hui, superficiellement ignorée.

Le baron Julius Evola a été appelé à juste titre le seul protagoniste du mouvement Dada en Italie.

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Comme il le déclare dans son autobiographie Il cammino del cinabro, alors qu'il était encore adolescent, il a été influencé par la lecture des magazines Leonardo, Lacerba et La Voce dirigés par un Giovanni Papini révolutionnaire, iconoclaste et anti-bourgeois. Au début du 20ème siècle, ces organes de presse ont joué un rôle important d'intermédiaire avec les courants étrangers de pensée et d'art d'avant-garde les plus intéressants et les plus avancés. Dans l'exposition, le premier cycle d'œuvres est consacré à "l'idéalisme sensoriel" (1915-1918) présent dans le dynamisme plastique futuriste qui est interprété avec une vivacité chromatique expressive. Cependant, Evola s'est rapidement écarté de ces caractéristiques stylistiques pour s'orienter vers un "abstractionnisme mystique-transcendantal" (1918-1921).

Immédiatement après la guerre, il a cessé d'adhérer au mouvement futuriste. À la recherche d'une dimension intérieure profonde, il est attiré par le dadaïsme, un mouvement artistico-littéraire créé à Zurich par le Roumain Tristan Tzara. Le nouveau courant, loin du technicisme moderniste, semble offrir une vision de libération absolue. Son credo se manifeste de manière déconcertante et paradoxale car il poursuit le bouleversement de toute logique, éthique et esthétique du moment. En Italie, l'auteur est parmi les tout premiers à représenter l'art abstrait en relation avec le dadaïsme. Il en est devenu l'un des représentants les plus qualifiés, entrant en contact personnel et épistolaire avec Tzara et son cercle. Il établit de nouvelles relations amicales et mène des batailles culturelles aux côtés d'Aragon, Picabìa, Ernst, Mondrian, Arnauld, Eluard, etc.

En 1920, il publie La parole obscure du paysage intérieur sur la signification de l'art moderne et dans l'essai "Art abstrait", véritable manifeste, il résume l'orientation de la théorie dadaïste. Ses poèmes et compositions littéraires sont également inclus dans le même essai. Il apparaît clairement dans la lignée des tendances de l'abstractionnisme européen, se conformant à la pensée exprimée par Vasily Kandinsky dans son essai du même nom: Le spirituel dans l'art (1912).

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Même cette adhésion fut de courte durée et le peintre termina sa saison artistique en 1922 avec cette motivation: "... En réalité, le mouvement auquel je m'étais associé, tenant Tristan Tzara en haute estime, ne devait réaliser que très peu de ce que j'avais vu en lui".

Une personnalité plutôt complexe et controversée que celle de Julius Evola. De nombreuses études sur lui sont parues, condensées en volumes consacrés aux sciences humaines (philosophie, histoire, religion), aux sciences ésotériques (magie, alchimie, pythagorisme), à l'éthique (coutumes, sexualité), à l'anthropologie (mythologie, légendes, tradition, symbolisme), à la religion, à la tradition et à l'orientalisme (yoga, bouddhisme, hindouisme).

L'ostracisme dont il a ensuite été la victime privilégiée est encore dû à la forte ignorance qui entoure encore les convictions politiques de cet universitaire. Contrairement à tant de ses détracteurs durant les vingt années de la période fasciste, il n'a jamais pris la carte du parti fasciste et a été fortement entravé par les autorités dès le début. Selon la distinction de Renzo De Felice, sa critique n'était pas dirigée contre le mouvement fasciste mais le plaçait en antithèse avec le régime fasciste. Une série d'articles et le livre Imperialismo pagano - Il Fascismo dinnanzi al pericolo euro-cristiano (Impérialisme païen - Le fascisme face au danger euro-chrétien), publié en 1928, contrastent fortement avec la politique menée par les dirigeants politiques qui planifiaient le Concordat.

Expulsé des journaux officiels, il crée un bimensuel La Torre (1930) qui est occulté et fermé par les hiérarques après seulement dix numéros pour "irrévérence doctrinaire et engouement polémique". A ceux qui, dans les années 40, propageaient un racisme biologique et un déterminisme génétique, Evola opposait un racisme de l'esprit visant l'économie spirituelle, culturelle et sociale. Même après 1946, il a courageusement poursuivi sa critique toujours "hérétique" avec Il Fascismo - saggio di analisi critica dal punto di vista della Destra (1970).

L'affiliation politique à la "juste cause" était souvent le ressort qui conduisait la communis opinio à décréter, au-delà du mérite, le succès ou la disparition d'un artiste. Cependant, il est bien connu que le temps est presque toujours un gentleman. La postérité, après avoir éteint les haines partisanes et réglé les rancunes des plus forts, rétablit l'équité des jugements manipulés. Mais malheureusement, cela n'est possible que lorsque la damnatio memoriae n'arrive pas en premier, mettant fin à la mémoire des témoignages passés.

ŒUVRES ET TITRES DE JULIUS EVOLA

(voir le DIAPORAMA ci-dessous)

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vendredi, 17 juin 2022

Un passé ultérieur

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Un passé ultérieur

par Georges FELTIN-TRACOL

La conception monothéiste de l’histoire, d’où découlent les perceptions chrétiennes et marxistes, se résume par ce fameux « sens de l’Histoire » qui a commencé par une « anté-Histoire » et qui s’achèvera en « post-Histoire ». Inspiré pour sa part des anciens Grecs, Friedrich Nietzsche conçoit un jour de randonnée dans les alpages de l’Engadine suisse l’« Éternel Retour ». Il réintroduit dans la philosophie contemporaine européenne la cyclicité de l’histoire. D’autres visions historiques existent toutefois. Pensons par exemple à l’histoire sphérique de Giorgio Locchi.

En 1992, un historien français des techniques déclare que « l’histoire est cyclique. […] Peu d’historiens se sont penchés sur les mécanismes qui gouvernent l’évolution des cycles, et moins nombreux encore sont ceux qui se sont intéressés à l’évolution des techniques et des sciences dans les sociétés du passé ». Jean Gimpel (1918 – 1996) évalue « la notion de cycle historique » à une durée de « quelque deux cent cinquante ans en moyenne ». Son estimation se base sur les réflexions de l’historien arabe Ibn Khaldoun (1332 - 1406) et du chef de la Légion arabe en Jordanie, John Bagot alias Glubb Pacha (1897 - 1986), rédacteur en 1976 d’un article intitulé « The Fate of Empires ». Il reconnaît aussi toute sa dette à Oswald Spengler (1880 - 1936). « Ce qui m’a particulièrement sensibilisé à l’œuvre de Spengler, c’est sa profonde compréhension du génie technique et scientifique du Moyen Âge. Il est sans doute le premier historien à avoir compris que notre société s’est construite sur les travaux des ingénieurs et des savants de cette époque. »

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L’Occident comme décadence technique

Avec La fin de l’avenir. Le déclin technologique et la crise de l’Occident (1), Jean Gimpel commet une nouvelle polémique. Spécialisé dans les procédés industrieux et autres savoir-faire de l’âge médiéval et auteur des Bâtisseurs de cathédrales (1958), il fait sensation en 1975 en écrivant La révolution industrielle du Moyen Âge. Il y explique que l’Europe occidentale a connu entre la fin de l’Antiquité et les débuts de la Renaissance un essor proto-industriel malgré l’absence de la machine à vapeur et des manufactures. L’affirmation est osée d’autant que l’historiographie la plus récente remet en question le concept même de « révolution industrielle ». Apparue à la fin du XVIIIe siècle en Grande-Bretagne, la première « industrialisation » reposait sur la machine à vapeur et le charbon. La deuxième serait celle des hydrocarbures. La troisième en cours dépendrait de l’électricité et de l’informatique. Jean Gimpel se méfie de cette périodisation. Il pense plutôt dans La fin de l’avenir à la lumière du Déclin de l’Occident spenglérien que « l’Occident [est] parvenu, comme les sociétés qui l’ont précédé, à un plateau technologique ». L’auteur nuance immédiatement son propos en précisant que « le nucléaire rompt l’harmonie des cycles. Le cycle scientifique contemporain est [...] très différent des précédents parce que nous avons créé une technique capable de détruire le monde : la bombe atomique ».

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Guère perspicace, Jean Gimpel estime que « l’origine de la crise profonde que vit l’Occident aujourd’hui réside dans le très fort ralentissement de l’innovation technologique. Une innovation est une invention qui a été financée, testée, commercialisée et acceptée par le marché ». Quand il rédige ces lignes au début de la décennie 1990, l’informatique et le numérique ne sont qu’à leurs balbutiements. Les logiciels de traitement de texte qui remplacent avantageusement les machines à écrire mécaniques et électriques coûtent relativement chers. Un chapitre proclame : « L’informatique en panne ». On y lit que « le niveau d’investissement dans ce secteur ne serait plus jamais le même ». Il prévoit que « les années 90 ne devraient voir aucune relance dans le secteur informatique ». Le sursaut du monde des ordinateurs viendra de la démilitarisation décidée par le Pentagone du futur Internet. Ce n’est qu’à partir de 1995 que commence vraiment la « révolution néo-cybernétique ». Les téléphones portatifs existent déjà. Ils sont encore lourds, encombrants et peu maniables. En outre, les bornes de téléphonie sont rares. Et puis, rappelons-nous, parler à haute voix à un correspondant invisible en pleine rue vous fait passer pour un aliéné échappé du plus proche hôpital psychiatrique… Autre interprétation maladroite de Jean Gimpel qui annonce « le déclin des apprentis sorciers ». Il ignorait que viendraient sous peu le clonage de la brebis Dolly en 1996, les manipulations génétiques et le délire transhumaniste en attendant l’apparition fatidique des cyborgs et de l’intelligence artificielle quantique. L’auteur préfère se rassurer en expliquant benoîtement « ce qui permet à l’Occident de se maintenir provisoirement sur ce plateau technologique – avant le déclin inéluctable -, à savoir la résurgence de techniques traditionnelles modernisées et revitalisées par des techniques de pointe ».

L’avenir du passé

L’approche de Jean Gimpel n’est pas sans rappeler l’archéofuturisme de Guillaume Faye d’une part, et le « rétro-futurisme » d’autre part. Par « rétro-futurisme », il faut comprendre un courant littéraire de la science fiction dont l’intrigue se déroule dans un univers révolu avec des objets futuristes. Par exemple, un légionnaire romain d’Auguste affronte au sabre-laser un samouraï. Catégorie uchronique rétro-futuriste, le steampunk puise dans l’œuvre des écrivains français Jules Verne (1828 – 1905) et Albert Robida (1848 – 1926). Ce genre s’inscrit dans un XIXe siècle disposant d’ordinateurs fonctionnant à la vapeur et des dirigeables de transport. Paru en 1998, L’archéofuturisme marque le retour métapolitique flamboyant de Guillaume Faye au terme d’une décennie d’impostures téléphoniques jouées à la radio en tant que Skyman, et des collaborations à L’Écho des Savanes. Cet essai développe, prolonge et approfondit les thèmes soulevés dans son très méconnu Europe et modernité (2).

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L’archéofuturisme signifie « penser ensemble, pour les sociétés du futur, les avancées de la techno-science et le retour aux solutions traditionnelles de la nuit des temps. […] Rassembler, selon la logique du et, et non point du ou, la plus ancienne mémoire et l’âme faustienne car elles s’accordent. Le traditionalisme intelligent est le plus puissant des futurismes et inversement. Réconcilier Evola et Marinetti. […] Il ne faut pas associer les Anciens aux Modernes, mais les Anciens aux Futuristes (3) ».

Jean Gimpel anticipe volontiers cette démarche non-moderne. « Les fusées et les hélices connaissent une deuxième jeunesse ainsi que le dirigeable et les ballons-sondes, le train – le TGV -, les tramways, la céramique et la brique, la fonte et les structures métalliques, la craie et le tableau noir, le coton et la laine. Il est de la plus haute importance que les responsables économiques et les industriels soient pleinement conscients de cette orientation pour encourager la recherche et les investissements dans ce domaine lucratif et relativement peu exploité. Seule l’Italie montre la voie dans ce domaine. » L’auteur se réjouit du regain d’intérêt pour le bateau-bus, la voile et le vélo. Ce dernier a longtemps donné une image désuète et ancienne. Or, la « petite reine » entame au début de la décennie 1990 sa mue: « profilage des aciers, développement d’alliages acier – chrome molybdène dosés, études menées en soufflerie. Côté pneumatiques, Michelin a réalisé une génération de pneus pratiquement increvables ». Selon certaines sources bien informées, des unités de combat ukrainiennes utiliseraient des vélos électriques de fabrication locale (entreprises Delfast et Eleek) aptes à contrecarrer la progression des blindés russes. Par exemple, le modèle Defast Top 3.0 (foto) correspond à un vélo électrique aux allures de moto tout terrain qui aligne des performances impressionnantes (320 km d'autonomie, une vitesse de pointe de 80 km/h et une capacité à transporter de lourdes charges) (4). Jean Gimpel insiste enfin sur la nécessité de réaliser à l’échelle européenne un vaste réseau connecté de canaux, car « on a calculé qu’avec une puissance d’un cheval, on pouvait transporter 150 kg par la route, 500 kg par le train et 4000 kg par voie fluviale ».

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Demain, l’Italie

Jean Gimpel établit dans ce livre atypique et stimulant un parallèle troublant entre les temps médiévaux et les États-Unis d’Amérique. Il situe à 1971 le début de leur déclin quand le Congrès refuse d’accorder les crédits nécessaires au projet d’un « Concorde US ». Moins pessimiste pour l’avenir de la France, il craint néanmoins que l’Hexagone n’échappe pas à un naufrage « commun inévitable, dans la mesure où elle fait partie du monde occidental qui n’a plus […] de “ nation jeune en réserve “. D’ailleurs, elle est déjà atteinte par la “ sinistrose “ (5) qui touche le monde occidental dans son ensemble ». Sur lui plane dorénavant la menace d’« un krach de Wall Street ».

Pour lui, l’effondrement de notre système malade plongera l’Occident « dans un chaos politique et économique quelque peu semblable à celui que connaît aujourd’hui [en 1992] l’ancienne Union soviétique, nous assisterons à la désintégration de notre civilisation industrielle ». Serait-ce alors l’aurore d’un « nouveau Moyen Âge » ? Peut-être ? Jean Gimpel n’en considère pas moins que l’Italie « peut servir de modèle aux pays désireux d’améliorer leur performance économique globale », car elle « a su introduire les technologies de pointe dans des industries traditionnelles avec le plus de succès ». Il constate que « la réussite italienne est fondée sur les entreprises dites artigiano, qui trouvent leurs racines dans la famille, ancrées dans des communautés où valeurs, croyances, loyauté et intérêts sont partagés ». « Lorsque notre civilisation finira par s’effondrer […], lorsque les multinationales se désintégreront, les entreprises artigiano, qui sont beaucoup plus flexibles, s’adapteront aux nouvelles circonstances économiques. » N’y a-t-il pas ici un premier appel à un localisme alors inexistant ?

Par cet essai audacieux de Jean Gimpel, on comprend que l’avenir n’est pas fini à la condition que le futur sache se retourner et explore avec intelligence les voies du passé afin de mieux déterminer d’éventuels lendemains prometteurs.

Notes:

1 : Jean Gimpel, La fin de l’avenir. Le déclin technologique et la crise de l’Occident, Le Seuil, 202 p. Les citations en sont extraites.

2 : Guillaume Faye, Europe et modernité, Eurograf, 1986.

3 : Guillaume Faye, L’archéofuturisme, L’Æncre, 1998. On lira avec intérêt Robert Steuckers, « Guillaume Faye et la vision archéofuturiste », mis en ligne le 24 mai 2022 sur Euro-Synergies.

4 : Marc Zaffagni, « Les soldats ukrainiens utilisent de puissants vélos électriques pour neutraliser les chars russes » mis en ligne sur futura-sciences.com, le 23 mai 2022.

5 : Rappelons que l’expression « sinistrose » revient à Louis Pauwels dans sa période aristocratique païenne.

dimanche, 15 mai 2022

L'économie politique de la vitesse

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L'économie politique de la vitesse

par Carlos Perona Calvete

Source: https://www.ideeazione.com/leconomia-politica-della-velocita/

Le Nu descendant un escalier n° 2 de Marcel Duchamp n'est pas un nu, comme le souligne le théoricien français de la culture Paul Virilio. C'est un flou perçant. Nous ne voyons pas un corps, mais une séquence. Il ne s'agit pas non plus d'une séquence telle que nous nous en souvenons - le moment où quelqu'un regarde en bas du haut de l'escalier, sa main se posant un instant sur la rampe à mi-hauteur, etc. Il s'agit de la séquence en un seul travelling abstrait.

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Le Dynamisme d'un joueur de football de Boccioni est différent. Le futuriste calabrais abstrait également la forme humaine, plus que Duchamp, mais il prend ces angles fragmentés et les assemble en quelque chose comme une sphère. Son dynamisme est une entité unique avec un centre. Un joueur de football, habituellement si direct, est présenté en position et pourtant en mouvement. Si nous devions imaginer un artiste martial démontrant son habileté sans avoir besoin d'un adversaire, cela ressemblerait à la vision de Boccioni. Ici, le dynamisme est vraiment un nom, une entité, plutôt qu'un verbe. Ses nombreux vecteurs de mouvement n'ont pas non plus d'arêtes vives et dentelées. Ils sont un peu comme un tissu balayé par le vent.

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Paul Virilio, auteur, entre autres, de Vitesse et politique, a écrit que "si le temps est de l'argent, la vitesse est le pouvoir". Nous pouvons suggérer que le succès d'un ordre politique (y compris le quatrième pouvoir) à utiliser la vitesse dépend de sa capacité à générer de la nouveauté. Pour maintenir l'attention d'une population sur quelque chose, il doit y avoir l'apparition de signaux objectifs cohérents indiquant l'urgence, de préférence croissante, de cette question. Les nouvelles doivent être diffusées en continu et une certaine mesure de robo-anonymisation est nécessaire si l'on veut éviter la désensibilisation. La succession de crises dans lesquelles l'état d'urgence de Schmidt prend le pas sur les normes légalement et socialement établies, comme le note Agamben, est précisément pertinente ici. Nous constatons que la politique a besoin d'un élan, craignant que si elle s'immobilise, elle ne soit pas en mesure de se relever (pour fabriquer à nouveau un consensus).

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En ce qui concerne les dommages extrêmes que cette utilisation politique de la vitesse peut avoir sur une population, nous pouvons réfléchir à l'apparence que prend la nouveauté constante au bord de la route depuis l'intérieur d'une voiture en excès de vitesse. Elle tend vers l'obscurcissement. C'est ce que note Paul Virilio. Pour notre part, nous pouvons le relier à l'estompement de la différenciation humaine, au point qu'une civilisation peut devenir tellement enivrée par la propulsion du "progrès" qu'elle se sent capable non seulement d'abolir les frontières, mais même de légiférer sur des réalités telles que le genre. Il ne les voit plus, tout est confus.

En termes de géopolitique, l'agilité logistique est l'une des raisons pour lesquelles "la vitesse, c'est le pouvoir". La possibilité de transporter des marchandises de la Chine à Londres, par exemple, donne l'impression d'une présence réelle et permanente. Les articles chinois qui remplissent les étagères des magasins sont toujours nouveaux, mais on peut les concevoir comme des éléments permanents de son caddie car ils sont réapprovisionnés de manière fiable. La rapidité et la stabilité de la logistique - en l'occurrence les chaînes d'approvisionnement - créent de la présence. La Chine est présente à Londres parce qu'elle peut s'expédier elle-même de manière rapide et cohérente. Le centre d'où provient cet envoi n'est apparent que lorsqu'il ne le fait pas, et les acheteurs sont obligés de réfléchir à ce contexte parce qu'ils ne connaissent généralement pas les rouages d'un iPhone.

La vitesse produit donc la dépendance, et la dépendance peut être comprise comme une dynamique de pouvoir si l'entité sur laquelle on compte a accès à des marchés alternatifs alors que l'entité dépendante n'en a pas. Ceci étant, il est logique que les puissances montantes cherchent à hériter non seulement du matériel mais aussi de l'élan des structures précédentes. Lorsque Jan Huyghen van Linschoten et Cornelis de Houtman ont découvert les routes commerciales portugaises, celles-ci ont été reprises par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Lorsque la domination britannique sur le commerce maritime mondial a décliné, les Japonais ont commencé à desservir les routes commerciales du Pacifique que la Grande-Bretagne abandonnait. Mais les retards dans ce transfert ont donné le temps d'établir des relations commerciales alternatives. Par conséquent, les vides de pouvoir doivent être momentanés ; les transitions doivent être transparentes.

Une implication souvent négligée est que ce ne sont pas toujours les acteurs politiques qui déterminent le contenu idéologique de l'ordre mondial. Le fait que le pouvoir d'un acteur soit basé sur le fait de devenir le nouveau garant des besoins existants va profondément conditionner le projet de cet acteur. Aujourd'hui, il serait absurde pour la Chine, par exemple, de ne pas s'insérer dans les structures mondiales existantes et de renoncer à la tâche de construire des arrangements alternatifs (sauf en cas de nécessité). Ce qui est plus intéressant, cependant, c'est que la Chine ne maintient pas seulement la structure de l'ordre mondial, incluant potentiellement une monnaie ancrée dans le pétrole (du moins à moyen terme), mais aussi sa direction.

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L'Agenda 2030 des Nations Unies est pertinent ici. Il convient de noter que cette transformation ambitieuse de l'économie mondiale a lieu précisément à un moment où nous semblons assister au déclin définitif de l'hégémonie (mais pas nécessairement de la prééminence) des États-Unis. Dans son discours d'ouverture du Forum économique mondial en janvier dernier, le président chinois Xi Jinping a souligné l'importance des diverses priorités politiques de l'organisation, des vaccins COVID-19 et des nouvelles technologies telles que la 5G à la réalisation de la neutralité carbone, mais il a spécifiquement fait référence à la nécessité de ne pas ralentir le rythme de l'économie mondiale. Il doit continuer car l'alternative est de risquer le déraillement : "Si les grandes économies freinent ou font volte-face dans leurs politiques monétaires, il y aurait de sérieuses répercussions négatives. Pourtant, c'est aussi une force de la nature, un fait historiquement déterminé qui ne peut être arrêté : la mondialisation de l'économie est la tendance du moment. Il y a certes des contre-courants dans une rivière, mais aucun ne peut l'empêcher de couler vers la mer. Les forces motrices renforcent l'élan de la rivière, et la résistance peut encore améliorer son débit. Malgré les contre-courants et les dangereux hauts-fonds qui jalonnent son parcours, la mondialisation économique n'a jamais changé de cap et ne le fera jamais".

Cela s'est accompagné d'un éloge familier de l'intégration économique mondiale comme un bien moral en termes de significations fluctuantes telles que "ouverture", "union" et "vitalité".

Nous devons supprimer les barrières, et non ériger des murs. Nous devons nous ouvrir, et non nous fermer. Nous devons rechercher l'intégration, et non le découplage. C'est la voie à suivre pour construire une économie mondiale ouverte... pour rendre la mondialisation économique plus ouverte, inclusive, équilibrée et bénéfique pour tous, et pour libérer pleinement la vitalité de l'économie mondiale.

À cette fin, les structures existantes doivent rester en place, et les nouvelles technologies dans lesquelles ces structures se sont déjà engagées doivent être poursuivies :

Nous devrions... soutenir le système commercial multilatéral avec l'Organisation mondiale du commerce en son centre. Nous devrions établir des règles généralement acceptables et efficaces pour l'intelligence artificielle et l'économie numérique sur la base d'une consultation complète, et créer un environnement ouvert, équitable et non discriminatoire pour l'innovation scientifique et technologique.

Ces structures assurent l'unité mondiale.

Nous sommes tous d'accord pour dire que pour faire passer l'économie mondiale de la crise à la reprise, il est impératif de renforcer la coordination des politiques macroéconomiques. Les grandes économies doivent considérer le monde comme une seule communauté, penser de manière plus systématique, accroître la transparence des politiques et le partage d'informations, et coordonner les objectifs, l'intensité et le rythme des politiques fiscales et monétaires, afin d'éviter que l'économie mondiale ne s'effondre à nouveau.

La Chine, semble-t-il, est déterminée à maintenir la dynamique des tendances actuelles de l'économie mondiale, dirigée par les Nations Unies, face au COVID-19 et, pourrait-on ajouter, malgré la possible transition du pouvoir de l'hégémonie américaine, dont le discours de Xi Jinping à Davos est une indication. Nous avons noté que le président chinois fait référence aux dangers de freiner et de faire demi-tour par rapport aux développements actuels dans le monde.

Il n'y a rien d'extraordinaire dans cet accent rhétorique sur la croissance, le déterminisme historique, la vertu de l'ouverture et l'unité d'action mondiale. Encore une fois, ceux-ci articulent la logique inhérente des institutions à travers lesquelles le pouvoir mondial se manifeste, et seront donc les piliers de tout acteur qui cherche à obtenir la prééminence mondiale principalement en utilisant de telles institutions.

Nous avons l'habitude de considérer les structures de pouvoir dominantes comme idéologiquement engagées de manière à répondre à une sensibilité spécifiquement occidentale, mais cela risque de masquer la mesure dans laquelle des initiatives mondiales telles que l'Agenda 2030 représentent une opportunité économique de créer, promouvoir et établir une domination a priori sur de nouvelles industries - la soi-disant "quatrième révolution industrielle". (La question de savoir si les technologies associées représentent une valeur ajoutée du point de vue de la prospérité humaine est entièrement différente - elles pourraient probablement être utilisées de manière édifiante, si cette utilisation était sélective, mais nous débattons de leur diffusion massive prévue).

Bon nombre des objectifs de développement durable des Nations unies sont clairement orientés vers la réalisation d'entreprises d'ingénierie sociale conformes à une vision du monde spécifique, mais l'opportunité économique évidente de lancer la 5G, l'Internet des objets ou les véhicules à conduite autonome est une incitation en soi. Si nous devions tenter une évaluation neutre de l'impact que l'application massive de ces technologies à une série d'activités quotidiennes est susceptible d'avoir (qu'elle soit menée sur la scène mondiale par Biden ou Xi Jinping), nous pourrions parler d'une expansion radicale des capacités de surveillance et de collecte de données, ou - plus subtilement - d'une atrophie des facultés relationnelles et réflexives de l'homme.

En outre, on peut suggérer que des éléments spécifiques de la postmodernité occidentale (tels que le libertinage sexuel ou l'appel à la migration de masse comme exercice de charité collective et de justice historique) transcendent la généalogie des idées qui les ont générés, ayant une valeur en tant que technologies de contrôle social, compte tenu de conditions spécifiques. Peu importe que les innovations les plus excentriques de l'Occident en matière de déconstruction de la tradition aient été réalisées par le biais d'un courant intellectuel spécifiquement occidental : si elles contribuent à atomiser la société et à accroître le contrôle de l'État ou des entreprises, elles seront incitées à être reprises par les élites de sphères culturelles très différentes.

Cela étant, on peut imaginer qu'ils survivent aux élites politiques qui les soutiennent actuellement et qu'ils soient tactiquement employés par une certaine élite rivale. Au-delà, le brouillage des catégories humaines peut être intrinsèque à l'utilisation de la technologie génératrice de nouveauté sensorielle dans les médias de masse (cerveau Zoomer accro à Internet), et donc au pouvoir que ceux-ci permettent à leurs responsables d'exercer sur une population.

La question posée par ce qui précède est de savoir comment ramener la politique, ou l'exercice délibéré de l'éthique de la vertu au niveau collectif, dans les affaires mondiales, soit 1) en perturbant la dynamique actuelle sans infliger ces "retombées négatives" dont Xi Jinping met en garde les populations vulnérables, soit 2) en faisant un usage sélectif de la dynamique existante d'une manière qui pourrait éventuellement la transformer.

Si nous revenons à notre représentation futuriste d'un joueur de football, la clé ici pourrait être de s'assurer que le dynamisme (plutôt que la distorsion) agit comme un voile pour une entité qui est clairement localisée, ressemblant aux courbes de tissu de Boccioni autour d'un centre, plutôt que de fusionner des formes ensemble sur un spectre. Ceci est probablement inséparable du rejet de la croissance et de l'innovation en tant que portails à travers lesquels nous pourrions recevoir une vision du bien - elle ne viendra pas dans l'image floue de l'espace qui se courbe autour de nous, mais dans le raffinement d'un dynamisme figé. Nous devrons déterminer comment la technologie peut être intégrée au mieux dans un sens clairement défini de la santé sociale. Des structures alternatives conformes à cette éthique, offrant une production et des chaînes d'approvisionnement locales résilientes, devront être établies afin que les changements dans le commerce mondial ne nuisent pas aux communautés.

Dans les relations internationales, cela peut se traduire par l'émergence de blocs de pays dont l'intérêt est de "changer de vitesse" sur la mondialisation, comme le dit Ha-Joon Chang,

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Le plus grand mythe de la mondialisation est qu'il s'agit d'un processus mû par le progrès technologique ..... Toutefois, si la technologie est ce qui détermine le degré de mondialisation, comment expliquer que le monde était beaucoup plus mondialisé à la fin du XIXe et au début du XXe siècle qu'au milieu du XXe siècle ? ... La technologie ne fait que fixer la limite extérieure de la mondialisation ... C'est la politique économique (ou la politique, si vous préférez) qui détermine exactement le degré de mondialisation et dans quels domaines.

Il existe, bien sûr, des pressions positives très claires dans ce contexte. Les récentes crises autour de la pandémie de COVID-19 et de la pénurie d'équipements médicaux, ou la vulnérabilité de l'approvisionnement énergétique de l'Europe en raison de la guerre en Ukraine, peuvent amener les gouvernements à favoriser un raccourcissement des chaînes d'approvisionnement et à s'orienter vers une relative autarcie. Cela saperait l'architecture de l'ordre mondial existant et la capacité de toute puissance mondiale à en tirer profit et à exercer une influence par ce biais. C'est pourquoi la Chine a tenté de dissuader les décideurs de cette option lors du Forum économique mondial. Au contraire, cela pourrait conduire à une version économiquement plus robuste de ce que nous avons déjà.

Des développements positifs pourraient être servis par l'attrait d'engagements idéologiques explicites face aux appels technocratiques au bien neutre du progrès, par le pouvoir galvanisant de la rébellion contre les dynamiques de pouvoir que ces appels dissimulent, et par le pouvoir doux exercé par une culture qui se désengage de la vitesse toujours croissante de la politique. Pour l'instant, cependant, nous devons être clairs sur le fait que ce type d'alternative, s'il est à l'horizon, n'est pas encore arrivé sur la scène des affaires mondiales.

7 mai 2022

samedi, 05 février 2022

Futurisme et occultisme

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Futurisme et occultisme

Andrea Scarabelli

Source: https://blog.ilgiornale.it/scarabelli/2018/09/19/futurismo-e-occultismo/

Comme l'a écrit le politologue Giorgio Galli, en Occident, le culte de la déesse Raison du siècle des Lumières a représenté une césure sans précédent, bannissant une série de composantes alternatives, y compris le soi-disant "occultisme". Une fois passé le printemps de la Renaissance, qui a vu des scientifiques et des mathématiciens s'occuper d'alchimie et d'astrologie, la modernité a choisi une autre voie, matérialiste et mécaniste. Mais quelque chose n'allait pas : il semble que cet état refoulé ne veuille tout simplement pas savoir comment être refoulé, et le voilà qui réapparaît en fait dans les endroits les plus disparates, comme une rivière souterraine qui refait périodiquement surface. La politique en est un exemple très éloquent. Aucune formule institutionnelle n'est à l'abri de l'attrait de l'occulte : ainsi, si Galli a parlé d'ésotérisme sous le national-socialisme, mais aussi sous le libéralisme et la démocratie (notamment dans La politica e i maghi, 1995), Francesco Dimitri a écrit Communism Magico (2004) et Gianfranco de Turris a édité un volume au titre significatif Esoterismo e fascismo (2006).

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Le phénomène occultiste agit de manière karstique : chassé par la porte d'entrée par les flèches positivistes et par les "Lumières", il revient par la fenêtre, choisissant souvent les artistes comme terrain d'élection. Ceci explique, par exemple, les œuvres de William Butler Yeats, Fernando Pessoa ou Ezra Pound, auxquels sont consacrées respectivement les études de Luca Gallesi (Esoterismo e folklore in Willam Butler Yeats, 1990), Brunello De Cusatis (Esoterismo, Mitogenia e Realismo Político em Fernando Pessoa, 2005, inédit en italien) et Demetres Tryphonopoulos (Pound e l'occulto, 1998). Ces exemples témoignent d'une facette largement ignorée de l'avant-garde - et, en fin de compte, de la modernité elle-même, dans laquelle semble brûler une flamme différente de celle qui a enflammé le siècle des Lumières.

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Le futurisme - dernier phénomène culturel italien à avoir enflammé le monde - n'échappe pas à cette ambiguïté : oui, le futurisme, mouvement moderne par excellence, obsédé par la machine, le futur, la vitesse, la nouveauté... Mais il y a plus que cela. Simona Cigliana en avait déjà parlé dans son Futurismo esoterico (2002), mais récemment Guido Andrea Pautasso est revenu sur le sujet, comblant une énorme lacune, dans Vampiro futurista, publié en avril par Vanilla edizioni et consacré à la présence de l'archétype séculaire du Nosferatu, le mort-vivant, dans la littérature futuriste. Cependant, en sondant l'inconscient - individuel et collectif, comme l'aurait dit Carl Gustav Jung - les futuristes ont exhumé non seulement des vampires, mais aussi ces composantes alternatives que nous avons mentionnées. L'étude de Pautasso est riche et passe en revue de nombreuses suggestions - souvent sui generis, mais en tout cas suffisantes pour démolir les lieux communs de certaines critiques littéraires et artistiques - à travers une immense quantité de citations et de documents de première main.

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Quelques exemples ? Le manifeste La scienza futurista (1916), signé par l'entourage de la revue florentine L'Italia Futurista, qui attire l'attention "sur les domaines les moins explorés de notre réalité, [...] les phénomènes de médiumnité, de psychisme, de radiesthésie, de divination et de télépathie". Parmi les signataires figure également Bruno Ginanni Corradini (alias Corra), qui, quatre ans plus tôt, dans la revue Centauro, avait anticipé la fameuse "écriture automatique" des surréalistes: "Je vais fermer la porte de mon esprit et dire à ma plume : utilise mon encre et ma main comme tu veux [...]. Ce sera une chose presque spirituelle". Dans son poème Attimo (1916), Corra avait déclaré qu'il cherchait "une lueur vers l'ultra-naturel", vers ces régions explorées par une science qui, en plein positivisme, avait sondé tout ce qui était possible et avait maintenant atteint les frontières de l'invisible. Dans sa fureur de tout illuminer, elle a atteint une limite qu'elle ne peut pas franchir : le futuriste Arnaldo Ginanni Corradini ("Ginna", frère du susdit Bruno) en était conscient, et dans Pittura dell'avvenire, il considérait la magie comme la "science de demain" (on croirait lire Colin Wilson...), concevant même une "peinture occulte".

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Se déplaçant avec aisance à travers une immense quantité de documents, Vampiro futurista "mord" dans l'avant-garde, exterminant les "racines occultes du modernisme" dont parlait Léon Surette dans l'un de ses livres les plus célèbres, consacré à Ezra Pound, William Butler Yeats et Thomas Stearns Eliot. Cette dimension se conjugue à une révolte antimatérialiste et antimoderne contre une époque qui commence à montrer les défauts qui conduiront bientôt au massacre du "siècle court". Et cette révolte a enflammé l'avant-garde, mais aussi des cercles hétérogènes comme la Societas Rosicruciana en Anglia, la Theosophical Society (avec les distinctions appropriées, ça va sans dire) et la Golden Dawn, interceptant des géants comme Alfred Richard Orage et Aleister Crowley, Pound et Yeats (entre autres, liés à la revue milanaise Poesia, fondée par Filippo Tommaso Marinetti en 1905).

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Tableaux de Gaetano Previati: "Chasser les marcvhands du Temple", "L'Assomption" et "Le Songe".

Marinetti lui-même fréquentait des érudits ésotériques et des membres de sociétés occultes, comme le théoricien divisionniste Gaetano Previati (qui était également un ami de Boccioni), qui, comme l'écrit Pautasso, a été le seul artiste autorisé par Sâr Péladan (fondateur, avec Oswald Wirth et Stanislas de Guaita, de l'Ordre de la Rose+Croix catholique du Temple et du Graal) à "représenter le symbolisme italien au premier Salon de la Rose+Croix". En 1920, le fondateur du futurisme avait été nommé président du Circolo Occultistico de Milan : des séances médiumniques y étaient organisées, dont Marinetti était témoin et qu'il discutait dans divers rapports publiés dans la revue Senza veli. En ce qui concerne le spiritisme, même Gino Severini et Umberto Boccioni n'échappent pas à sa fascination : ce dernier, en particulier, croit à la "matérialisation des ectoplasmes" et parle des séances de la célèbre médium Eusapia Palladino. Mais il a également déclaré avoir été influencé par les théories de la Quatrième Dimension de Bragdon et d'Ouspensky, un disciple de Gurdjieff.

Pour en rester aux grands noms de l'avant-garde, il est impossible de ne pas mentionner Giacomo Balla, qui a avoué dans une interview: "Je marche sans toucher le sol, tant et si bien que mon esprit s'élève et que je ressens aussi ce qui ne peut être vu (occultisme)". Tandis que son manifeste La ricostruzione futurista dell'universo (La reconstruction futuriste de l'univers), signé avec Fortunato Depero, proclame : "Nous donnerons un squelette et une chair à l'invisible, à l'impalpable, à l'impondérable, à l'imperceptible". C'est dans l'atelier de Balla que se forme, entre autres, le tout jeune Julius Evola, futur créateur d'un dadaïsme supra-rationnel et métaphysique qui s'exprime au début des années 1920 dans le manifeste de l'art abstrait et dans le "poème à quatre voix" La parole obscure du paysage intérieur.

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Non seulement les futuristes étaient ésotéristes, mais ils l'étaient de manière spécifique et différenciée. Les spécialistes, dit Pautasso, identifient même trois lignes principales: la ligne milanaise de Marinetti et Boccioni, "d'un moule magique-théosophique" ; la ligne florentine, développée autour de la revue Lacerba de Papini (fondateur du périodique théosophique L'Anima), "animiste-métaphysique" ; enfin, celui de L'Italia Futurista, lié "aux intérêts spirituels et occultistes", dans lequel apparaît, entre autres, un article d'Irma Valeria, proposant l'utilisation de méthodes occultes pour faire de l'art, à la recherche "d'une nouvelle âme aux facultés supérieures de découverte et de sensation": c'est enfin découvrir l'âme de l'univers caché ; l'atome occulte de notre être et celui du monde sont unifiés". Voici les masques du futurisme occulte: de la "subconscience consciente" qui aspire à "une vérité plus lointaine, plus cachée et occulte" dont parle Ginna, au "désir latent d'expérimenter les forces occultes de l'idéalisme cosmique" d'Enrico Prampolini ; De Carlo Carrà, qui définit ses Parole in libertà comme des "divagations médiumniques", à Ardengo Soffici, dont "la conscience est un globe de lumière qui brille de tous ses rayons selon sa propre force" ; de l'"éclatement ultra-magique" d'Alceo Folicaldi au "mysticisme" de Giovanni Tummolo. Autant d'aspects - auxquels on pourrait ajouter bien d'autres, conclut Pautasso - qui témoignent d'un "lien subtil mais profond entre la culture futuriste, l'art d'avant-garde et le monde de l'occulte". Un univers qui attend d'être découvert et étudié par une nouvelle histoire des idées qui ne s'arrête pas aux piliers des Lumières, mais qui veut étudier le monde moderne sous tous ses aspects. Haut et bas.

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mardi, 25 janvier 2022

Luce Marinetti : "Quand j'ai espionné mon père derrière le rideau".

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Luce Marinetti: "Quand j'ai espionné mon père derrière le rideau"

Propos recueillis par Edoardo Sylos Labini

Illustration: Gerardo Dottori, "La famille Marinetti" - au Palazzo delle Esposizioni via Fb

Ex: https://culturaidentita.it/luce-marinetti-quando-spiavo-mio-padre-dietro-alla-tenda/

Cet entretien inédit date de 2007. Edoardo Sylos Labini s'est entretenu avec la troisième fille de F. T. Marinetti, elle aussi activiste et promulgatrice du futurisme.

Lorsqu'il y a presque 20 ans, j'ai frappé à la porte de Luce Marinetti, la troisième fille du fondateur du brillant mouvement futuriste, je ne m'attendais pas à ce que cette rencontre influence les choix artistiques et de vie qui m'ont accompagné jusqu'à ce jour. CulturaIdentità est une revue née avec ce même esprit d'agrégation et d'amour pour les artistes italiens qui a fait du futurisme le mouvement culturel le plus important du XXe siècle. Luce, diplômée de l'université de Yale, a redécouvert ce que son père avait créé et que, dans l'après-guerre, quelqu'un essayait de lui occulter. Sa force et son amour pour l'art m'ont poussé à donner son prénom à ma fille. Car ce prénom indique un chemin tracé avec le cœur par une femme extraordinaire dont la seule mission, tout au long de sa vie, a été de faire connaître le Futurisme dans le monde. Luce nous a quittés en 2009, l'année du centenaire du Manifeste du Futurisme, et cet entretien autour d'un whisky a donc été réalisé deux ans avant sa mort.

Luce, nous nous sommes rencontrés lors de la réalisation de mon spectacle inspiré de Marinetti, Femmes, Vitesse-Danger, mais qu'était la femme pour Marinetti ?

Marinetti aimait les femmes, en plus de ma mère (la peintre Benedetta Cappa, ndlr) il aimait s'entourer d'autres artistes, écrivains, femmes créatives, et pour lui le culte de la femme objet n'existait pas du tout. Pour lui, les femmes devaient être en mouvement, jamais statiques et passées.

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Le futurisme est considéré comme un mouvement chauvin, ce qui est un peu un cliché.

Mais ce n'est pas vrai du tout ! Les Futuristes se sont battus pour le vote des femmes au Parlement. Ils ne faisaient pas de distinction entre les hommes et les femmes sur la base du sexe. La femme futuriste était une femme moderne et émancipée. Vous le dites bien dans votre spectacle avec ce baiser en avion : la femme n'est pas une proie, c'est elle qui séduit et conquiert. Après tout, la femme a toujours séduit l'homme, de tous temps. Que l'homme séduise la femme n'est qu'une illusion.

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Bendetta Cappa, avec Marinetti et l'un de ses oeuvres.

Dans la pièce, basée sur le roman L'Alcove d'acier (1921) de Marinetti, nous avons presque transformé la femme en machine.

C'est la transformation d'une époque et le désir de la femme futuriste d'évoluer, de rouler à grande vitesse. Dans le roman de Daddy, la voiture s'humanise et se féminise. (Note de l'éditeur : peut-être d'Annunzio copiait-il Marinetti lorsqu'il a écrit sa célèbre lettre à Agnelli en 1926, disant que la voiture était féminine).

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La vitesse de Marinetti était celle des voitures, certes, mais surtout des trains.

Papa vivait dans les trains, il avait l'habitude d'y écrire, et cela m'amusait beaucoup, en fait je reniflais ses vestes qui sentaient la gare, à l'époque c'était des trains pouf pouf. Dans les compartiments, il récitait le manifeste futuriste, et il emmenait les artistes italiens avec lui pour une véritable tournée en Europe, de sorte qu'ils étaient connus partout. Il y avait une incroyable musicalité dans les trains, le bruit des rails, le sifflement de la locomotive qui partait. C'était comme une partition musicale que Luigi Russolo a codifiée dans les Intonarumori et que vous avez interprétée cent ans plus tard avec le DJ sur scène.

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Le train, c'était un mode de vie toujours en mouvement, une façon de communiquer et de s'exprimer très rapidement, et était-il un précurseur de l'ère informatique ?

Papa a écrit : "Les hommes pourront écrire des livres en nickel, d'une épaisseur de 3 millimètres au maximum, coûtant 8 francs et contenant cent mille pages". Il imaginait déjà des disquettes. C'était un visionnaire !

Et il a dit : "Comme j'envie les hommes qui naîtront dans un siècle dans ma belle Italie, entièrement secouée et animée par les nouvelles forces électriques".

Marinetti était en avance sur son temps, et le futurisme a été le seul mouvement italien du XXe siècle à avoir une renommée mondiale, ouvrant la voie à tous les mouvements d'avant-garde. Elle a révolutionné l'art, la littérature, la cuisine et la politique. Malheureusement, elle a été ostracisée pendant de trop nombreuses années, non seulement dans la période d'après-guerre mais aussi avant la mort de papa (2 décembre 1944). Le sens du mot Futurisme, c'est-à-dire l'évolution, cette poussée vers le contemporain, n'avait pas mûri.

Le lien du second futurisme avec le fascisme était certainement un préjugé.

Ecoutez, on n'a jamais parlé de politique dans notre maison, ça n'existait pas du tout. Donc, mon père avait un frère qui est mort très jeune, ma mère avait un frère libéral, un autre était bolchévique, donc ce n'était tout simplement pas possible, ça n'existait pas. Et parmi les Futuristes, il y avait toutes les opinions politiques. En fait, les futuristes ont été scandalisés lorsque papa a été nommé académicien d'Italie parce que c'était un truc de passéiste. La felouque n'était pas dans l'attitude de Marinetti, au contraire papa répondait très justement "ce sera moi qui changerai l'Académie d'Italie". Et n'oublions pas que Marinetti a longtemps vécu à l'étranger, qu'il est né à Alexandrie, qu'il a étudié chez les Jésuites et qu'il est ensuite allé à Paris, donc il n'avait pas l'esprit de la petite Italie. L'Italie lui manquait et il voulait qu'elle retrouve la grandeur qu'elle méritait.

Quel souvenir gardez-vous des Futuristes ?

Il y avait toujours un climat de grande euphorie à la maison. Lorsque des artistes, des gens de théâtre et des musiciens venaient chez nous, c'était merveilleux. Parce qu'au même moment, dans le salon de la Piazza Adriana, Russolo jouait, le poète déclamait, Marinetti semblait presque être le chef d'orchestre et je me cachais derrière les rideaux pour les écouter. C'était le meilleur jeu de théâtre que je pouvais regarder.

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Le Tower Bridge de Londres, vu par le futuriste Luigi Russolo.

Est-ce difficile d'avoir un personnage aussi difficile à manier que le père ?

Je n'ai jamais eu l'image de Marinetti comme un génie absolu. Ce n'était pas un homme, comme on pourrait le croire, qui cherchait le culte de lui-même. Il avait une grande spiritualité, un don qu'il nous a enseigné à tous. Nous avions l'habitude de déjeuner sur la table dessinée par Prampolini et notre maison était pleine de tableaux, et je parlais aux tableaux. Pour moi, les peintures n'ont jamais été des objets abstraits fixés au mur. Les peintures ont une vie, une âme.

Expliquez ce concept aujourd'hui, dans cette société de consommation...

Le capitalisme veut éteindre les esprits : le marché n'est pas nécessairement l'art et la créativité, au contraire. Si un artiste ne peut pas gagner de l'argent, réussir et devenir riche, il ne doit pas se sentir castré. L'artiste doit créer et c'est tout ! Seul l'art est immortel.

Quel conseil donneriez-vous aux artistes d'aujourd'hui ?

Vivez la vie ! Vivez-la de manière positive et non négative, embrassez tout ce qui est beau et nous offre cette vie qui est la nôtre, malheureusement trop courte, mais merveilleuse. Saisissez donc ce moment splendide et faites rebondir tous vos sentiments dans vos œuvres d'art. Maman et papa allaient souvent se réfugier à Capri. À l'époque, elle était déserte, personne ne la connaissait, on pouvait y trouver un artiste, un écrivain.

Pourquoi sont-ils allés là-bas ?

La mer leur a parlé. Et quand j'étais petite, on me parlait de capturer les couleurs et les reflets en nageant sous l'eau, de voir combien de feux d'artifice existaient avec le reflet du soleil. C'est en gros la poésie que papa m'a enseignée. C'était un futuriste, oui, mais il y avait du romantisme en lui... ne soyons pas vieux jeu maintenant. Prenons un verre !

dimanche, 16 janvier 2022

Feu et destin: manifeste du prométhéisme

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Feu et destin: manifeste du prométhéisme

https://www.kulturaeuropa.eu/2022/01/15/fuoco-e-destino-manifesto-del-prometeismo/

1 L'ASSAUT CONTRE LE CIEL - Le feu de la technologie est aujourd'hui usurpé par un système de pouvoir qui se prétend progressiste mais qui est en réalité bigot, superstitieux et stagnant. Par technique, nous entendons non seulement l'ensemble des pratiques et des connaissances liées à la science, mais aussi l'ensemble des actes politiques, esthétiques, religieux et sociaux par lesquels l'homme a historiquement compris et transformé le monde, l'œuvre générale de mobilisation totale de la réalité qui est aujourd'hui incomprise, supprimée et condamnée. Dans cet Olympe décadent, les dieux épuisés de la civilisation humaniste, égalitaire et libérale gardent une flamme dont ils ont perdu la conscience et dont ils ne soutiennent même plus la vue. L'assaut contre ce ciel de plomb pour assurer la libération du feu est ce que nous appelons la révolution prométhéenne. 

2 L'EUROPE COMME AVANT-GARDE - La technique a une portée à la fois universelle et particulière. Vivre avec cette étincelle d'innovation et de création accompagne l'homme depuis toujours et partout ; c'est même la spécificité de l'être humain par rapport aux animaux. Cependant, elle a été interprétée de manière très différente selon les cultures : certaines, sans pouvoir empêcher l'utilisation de la technologie, l'ont entourée d'interdictions, de tabous, de condamnations morales et de récits inhibiteurs. D'autres, en revanche, ont fièrement relevé le défi. Le nom du territoire où le feu de la technologie a brûlé le plus fort est l'Europe. Le prométhéisme reconnaît et revendique ce trait culturel, sans toutefois y fonder une quelconque hiérarchie morale universellement valable. 

3 ACCÉLÉRER POUR ÉVITER LE POURRISSEMENT - Le prométhéisme est résolument révolutionnaire et rejette toute tentation réactionnaire ou conservatrice, toute critique de l'esprit du temps qui s'inspire de l'esprit du temps qui vient de passer, tout refuge dans des valeurs et des institutions données. Le réactionnaire n'est que l'agent régulateur du subversif, celui qui défend les subversions d'hier. Ce n'est pas en retardant les processus en cours que l'on peut échapper à leurs aspects perturbateurs, mais en les accélérant à une telle vitesse que l'impensable émerge. Pas pour se retirer du processus, donc, mais pour aller plus loin, pour accélérer le processus. 

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4 POUR LE SURHUMANISME - Pour le prométhéisme, l'homme, en tant qu'abstraction à la fois éthique et biologique, est quelque chose qui doit être dépassé. Ontologiquement lancé en avant comme une balle, l'homme est vraiment fidèle à lui-même lorsqu'il dépasse ses limites. Il ne se trouve pas dans une essence modelée à l'image et à la ressemblance d'un être transcendant ou d'une charte des droits, mais dans un nombre incalculable de transformations, d'imitations, d'hybridations, de relations, de connexions; il se prolonge dans la machine, s'identifie dans l'animal, se déverse dans l'ordinateur, se projette dans les dieux. L'homme est sa propre expérience. Cette tension vers l'ultériorité accompagne l'homme depuis son hominisation, mais aujourd'hui elle devient consciente. Le défi de la posthumanité est devenu incontournable, ce qui peut, bien sûr, conduire à l'inhumain comme au surhumain. C'est le conflit fondamental qui caractérisera tout avenir et dans lequel le prométhéisme prend parti avec un fanatisme lucide : la bataille entre ceux qui veulent un homme rétréci et ceux qui veulent un homme augmenté. 

5 POUR UNE POLITIQUE PROMETHEENNE - Le prométhéisme refuse d'être cristallisé dans une formule sociale spécifique dérivée des ratiocinations des politiciens, et inclut différentes sensibilités et origines. Cependant, cette position ne peut être conciliée avec les positions humanistes, kantiennes, réformistes, hédonistes, réactionnaires, conservatrices, technophobes, cléricales, libérales ou politiquement correctes. Par conséquent, le cercle se rétrécit. 

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6 SOUVERAINETE TECHNOLOGIQUE TOTALE - La question de la souveraineté technologique est si importante que même les programmes politiques des sociétés occidentales en font de plus en plus mention. Toutefois, ces préoccupations sont contrecarrées par les utopies mondialistes, les tabous technophobes et la perte constante de la souveraineté générale à tous les niveaux dans nombre de ces sociétés. Le prométhéisme appelle à une souveraineté technologique totale, pour laquelle un "saut quantique" dans la manière globale de se référer à la politique et à la technologie est certainement nécessaire. La souveraineté technologique totale présuppose - mais se nourrit à son tour - de la souveraineté politique et de la disponibilité des moyens technologiques correspondants, c'est-à-dire de la liberté d'adopter certaines stratégies et de la possibilité concrète de le faire. Un tel "saut quantique" n'est donc concevable qu'à l'échelle de la grande politique, qui est nécessairement celle du grand espace de la civilisation européenne. 

7 AUTODÉTERMINATION DE LA BIOCOMMUNAUTÉ - Le développement de la biotechnologie et de l'anthropotechnologie confronte désormais l'homme à des décisions qui affecteront la quantité et la qualité de sa progéniture. Le perfectionnement des techniques de diagnostic et de traitement prénataux, de procréation artificielle, d'édition génétique et de clonage change radicalement la perspective dans laquelle nous envisageons aujourd'hui les questions démographiques, ainsi que ce nœud de problèmes sur lequel il existe des tabous brûlants et qui porte le nom d'eugénisme. Mais que nous décidions d'utiliser pleinement toutes les techniques disponibles ou de tirer un trait sur elles, nous sommes toujours entièrement responsables de la direction que nous décidons de prendre. Le prohibitionnisme bioéthique est également un choix interventionniste, culturel et auto-évolutif. Le prométhéïsme entend relever ce défi de manière créative en vue d'une autodétermination bio-communautaire. 

8 UNE ECOLOGIE FUTURISTE - Contrairement aux apparences, le prométhéisme est aujourd'hui la seule vision du monde qui puisse donner naissance à une pratique écologique vouée au succès. L'environnementalisme petit-bourgeois des "petits gestes quotidiens", l'environnementalisme nihiliste et extinctionniste, la procrastination suicidaire qu'est l'idée de décroissance, le green washing hypocrite des multinationales - tout cela fait partie d'une idéologie anti-humaine, anti-politique et anti-européenne qui, de plus, n'a aucun espoir d'influencer les dynamiques écologiques. La seule écologie authentique est celle qui intervient dans la nature avec plus, et non moins, de technologie et qui décide comment façonner l'environnement en fonction de paramètres culturels donnés. Bases d'une écologie prométhéenne : géo-ingénierie, nanotechnologies, intelligence artificielle, nucléaire, génie génétique, recherche de nouvelles ressources, nouvelles techniques de stockage et de recyclage. 

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9 LES ROBOTS COMME ALLIES - Depuis plus d'un siècle, la figure du robot agite le sommeil de la modernité, qui voit en lui le profil d'un nouveau golem. L'homme moderne éprouve, en présence du robot, la honte qu'il ressent devant la hauteur humiliante de son propre produit, qui a "vu des choses que nous, les humains, ne pouvons même pas imaginer". Mais les lamentations moralisatrices sur l'homme dépossédé de son âme par les robots évacuent un fait fondamental: le fragment d'obsidienne des premiers hominidés et la puce de silicium sont forgées par le même feu prométhéen. C'est en s'aliénant dans l'artificiel que l'homme, depuis la nuit des temps, est devenu lui-même. Dans le robot - même dans la version plus réaliste des superordinateurs et de l'IA - le prométhéisme voit le miroir de l'homme, sa volonté de vaincre, un allié au-delà du bien et du mal. 

10 EPIQUE DE L'ESPACE - Dans un monde de plus en plus petit, l'espace devient l'ultime frontière à conquérir. En plus d'être un extraordinaire vecteur de recherche et de développement de technologies utiles ici sur terre, l'exploration spatiale garantit l'accès à des matières premières rares et la consolidation de la souveraineté sur les satellites. Mais elle est avant toute chose, surtout dans sa version radicale de découverte, de colonisation et de terraformation d'autres planètes, une source inépuisable d'émerveillement. Peut-être que le prochain ver sacrum sera en direction d'un destin stellaire. Quant aux éventuelles rencontres avec des civilisations extraterrestres, le prométhéisme n'a pas de préjugés positifs ou négatifs, mais il fait cependant l'éloge de la pluralité du vivant, de l'altérité radicale, des multiples formes d'être et de devenir, celle qui nous pousse plus loin, plus haut, au-delà des universalismes et des anthropocentrismes judéo-chrétiens plus ou moins sécularisés. 

11 PHILOSOPHIE DE LA VOLONTÉ - Le prométhéisme n'est pas un messianisme. Il n'annonce pas un nouvel âge d'or dans lequel des machines d'une intelligence semi-divine conduiront les hommes par la main hors de l'histoire, ni l'avènement d'un monde parfait dans lequel les citoyens sans taches ne connaîtront ni la maladie ni la mort. Le prométhéisme est, au contraire, une philosophie inspirée par le sens tragique de la vie et le volontarisme. Ce n'est pas la prédiction fataliste de ce qui sera sûrement, mais l'exhortation vers ce que nous voulons être. La simple reconnaissance d'un destin déjà écrit est déjà un acte anti-prométhéen. Prométhée est la divinité de la décision et de la volonté. À la lumière de son feu brille un monde façonné par notre liberté la plus authentique. 

samedi, 15 janvier 2022

Contre-culture archéofuturiste

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Contre-culture archéofuturiste

Par Luca Leonello Rimbotti

Source: https://www.centroitalicum.com/controcultura-archeofuturista/

"Polemos", une revue écrite par une poignée de kinésithérapeutes audacieux, habitués à discipliner le corps et l'âme, passionnés par les sons insolents et les idées antagonistes, une mine culturelle à ne pas négliger. Des perspectives archéofuturistes, une volonté de "combiner tradition et techno-science afin de créer une vision du monde alternative à la vision dominante".

L'espace laissé libre par la pensée unique et la dictature des médias est désormais très réduit, il s'amenuise de jour en jour. Il n'y a pratiquement plus de contradicteurs officiels. Tout le monde, un peu plus, un peu moins, se plie en quatre pour exécuter les diktats des médias. Aucune exception. Ceux qui ne se prosternent pas occupent encore quelques coins plus ou moins perdus, aux marges de l'espace public, entre un interstice et un autre, le peu qui échappe au Panopticum du pouvoir usurocratique et qui est immédiatement occupé par l'intelligence, est un élément dialectique en grand danger d'extinction. Cette intelligence doit être agile, élastique, et frapper l'imagination par des bonds en avant. Action envisagée, volonté de graver, clou qui gratte la surface lisse de l'information homologuée, et y laisse gravés des mots insurgés, en forme de runes impressionnistes, d'archaïsme retrouvé. Faire de la contre-culture aujourd'hui, alors que nous vivons dans un régime de conformisme de masse, est une mission spéciale, c'est un positionnement de lutte qui mérite tous les éloges.

Nous savons tous que la politique, comprise comme une participation active à la vie de la communauté, est morte depuis longtemps, tuée par le chantage utilitaire, par la paix sociale imposée par le conformisme passif, par l'ennui inintelligent. Et pourtant, parmi les morts-vivants anéantis par la narcose libérale, quelque chose bouge, quelques ondulations, si l'on regarde bien, agitent la surface de la chape funèbre qui recouvre tout. La démocratie libérale, exaltée par son esprit mercantile et encombrée par le vacarme incommunicatif qui l'intoxique, dans son ignorance structurelle n'entend pas le bourdonnement du contraste qui naît, ici et là, qui se forme, qui prend racine parmi la mousse de la résistance humide et fertile contre le pouvoir ploutocratique nationalisé.

En parcourant un cas symptomatique de culture d'agression et d'opposition, la revue Polemos, rédigée par une poignée de kinésithérapeutes audacieux, habitués à discipliner le corps et l'âme, fans du ton insolent et de l'idée antagoniste, on se rend compte que nous avons entre les mains une mine culturelle non négligeable. Les idées sont lancées comme des éclats d'obus modernes qui illuminent l'horizon sombre du régime, activant des éclairs de lumière qui enchantent quiconque demande la nourriture aigre des lions, au lieu des bouillons d'eunuques que le courant principal télévisuel administre à la plèbe.

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Ici, messieurs, nous parlons de "perspectives archéofuturistes". La référence est bien sûr au texte de Guillaume Faye, sorti il y a des années comme un marqueur de l'insurrection anti-mondialiste, comme un phare de la théorie et de l'action, un texte qui faisait briller - et brille encore aujourd'hui - les valeurs comme instruments de lutte, les idées comme armes de défense et d'attaque, bonnes à ouvrir la brèche.

Cela fait maintenant plusieurs années, depuis la sortie en 2015 du premier numéro, consacré aux "généalogies du conflit", que Polemos distribue les idées comme la nourriture essentielle d'un Widerstand têtu et absolu en tous points, mobilisant le meilleur de la force du fer qui tourbillonne dans le poing du rebelle, de l'homme qui ne se laisse pas vaincre par la violence qui est dans le nombre, la majorité, la quantité. Et donc de repenser Faye, avec sa proposition libératrice d'engager la bataille au nom de l'archaïsme à venir.

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Le primordial répudié par le progrès revient comme but et finalité futuriste, c'est l'objectif à conquérir pour donner une logique à la vie, un sens à la survie, une force au lendemain. Faye, face à l'hypothèse loin d'être périlleuse d'une prochaine convergence mondiale de toutes les crises (écologiques, économiques, démographiques, sociales, etc.) en une seule grande catastrophe. ) en une seule grande catastrophe d'époque, a suggéré de réactiver une ancienne instrumentation de guerre - pòlemos, précisément - consistant à penser simultanément à l'archaïque et au futuriste, initiant ainsi la dernière phase du conflit général, celle qui doit et qui verra la désintégration de la société mondialiste, sa désintégration orgiaque en mille ruisseaux de destruction, ouvrant des scénarios néo-médiévaux de nouvelle agrégation tribale, clanique et identitaire.

Ce récit fantastique réaliste dissimule la vérité contenue dans le possible. Les territoires libérés par la disparition des idéologies doivent être remplis par les raisons de vivre des peuples. L'avant-garde de ces personnes doit être, à la manière de Spengler, "éveillée", juste assez pour saisir les idées au bon moment, tout comme le maître artisan saisit la hache pour tailler le bois brut et en faire un navire Viking agile. La terribilité du geste est toute dans sa potentialité. C'est l'inexorable, celui que les anciens connaissaient bien, lié au destin, et dont les contemporains, au contraire, dans leur ignorance tronquée du bas empire, ne soupçonnent même pas l'existence.

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L'unification d'Evola et de Marinetti - lit-on dans l'éditorial du dernier numéro de Polemos - doit représenter la volonté d'"unir la tradition et la techno-science afin de donner vie à une vision du monde alternative à la vision dominante". Cette nouvelle et définitive "révolution conservatrice" doit porter en elle une puissance d'agrégation/mobilisation centrée sur des desseins de réanimation des identités, afin d'entrer dans le grand jeu avec la possibilité donnée au grain de sable d'arrêter le mouvement du char. Le discours est exigeant, l'analyse est de celles qui donnent corps à un véritable manifeste politique d'action possible.

Face au "Great Reset" mené par les multinationales bien connues, qui sont à l'œuvre pour numériser le contrôle planétaire et figer la planète en un format unique, phase dont le Covid-19 n'est qu'un des aspects les plus flagrants, face à ce spectacle non plus occulte mais ensoleillé de machination psycho-politique et d'ingénierie sociale, Polemos prend le risque de l'éthique des Arditi, et vise l'attaque plutôt que la défense. Il préfigure la possibilité d'infléchir dans une certaine mesure le changement vers une hétérogénéité positive des fins, en insérant la notion d'une approche alternative à la transformation à venir.

La préparation de l'événement comprend l'établissement d'une forme intérieure adaptée à l'épreuve, l'activation d'une culture de la révolution possible:

"C'est le premier pas vers une perspective historique archéo-futuriste, qui récupère la forma mentis européenne intégrale sans reculer de peur face aux défis inquiétants et énigmatiques posés par la technologie".

C'est pourquoi, d'une certaine manière, il faut des yeux pénétrants, capables de capter les lueurs dans lesquelles peuvent être projetés les faisceaux de lumière de la nouvelle pensée de l'action :

"A partir du moment où l'on accepte l'ouverture du devenir, le risque que constitue le défi historique, alors se déploie aussi la possibilité d'horizons alternatifs, de nouvelles affirmations qui attendent dans l'ombre des grands événements. L'imprévu est au coin de la rue et il ne fonctionne pas nécessairement selon les valeurs dominantes.

Des mesures sont donc prises pour rassembler dans les cultures d'opposition tous les outils qui peuvent être utilisés le plus rapidement possible pour former l'idée qui déclenchera l'action.

En dehors de l'intellectualisme - dans lequel se morfond souvent une impolitique nostalgie de l'ailleurs: souvenez-vous du Mythomodernisme de Stefano Zecchi ? - Avec Polemos, la pensée et la culture deviennent des banques pour la collecte de la volonté active, des réservoirs d'événements et des réserves de l'avenir.

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Polemos conçoit le moment présent comme une sonde dans le primordial, pour en extraire des valeurs d'actualité et de lutte, intérieures et extérieures. La réflexion prépare l'action, le champ est ouvert à la vraie et grande révolte des cœurs et des caractères:

"L'excavation dans la pensée antique et la lecture des événements actuels à travers le mythe ne sont pas des exercices intellectuels stériles, mais doivent fournir les axes sémantiques sur lesquels configurer une présence au monde, une action concrète, qui ne se laisse pas influencer par la mono-pensée conformiste".

L'ambition est grande, comme il se doit. Les matériaux idéologiques de rupture adaptés à cette sacro-sainte Hybris se trouvent partout dans les territoires infinis de la culture européenne. Les maîtres de la subversion pluto-quaker ne sont soutenus, en revanche, que par des lambeaux d'inculture maçonnique et cosmopolite.

Dans la meule de la techno-science, le proscripteur jüngerien qui éclaire la réaction reconnaît l'ancien "feu créateur qui brûle depuis des millénaires et qui a fait ses premiers pas avec les peuples indo-européens". Aucune crainte d'être écrasé par le caractère monolithique du gigantisme technocratique, qui déchire les peuples et les nations dans la paralysie générale de toute opposition.

Les jeunes qui mènent la résistance politico-culturelle de Polemos brandissent des instruments archaïques, aiment l'ancestral et le trouvent intégré dans le grand avenir, vers lequel ils regardent avec fermeté et certitude. Parmi eux, il y a ceux qui, comme Francesco Boco, avec l'envergure d'un philosophe heideggerien, ont déjà écrit des mots droits, à la Spengler, sur l'ardente nécessité de récupérer l'identité au bord de l'abîme, et avec elle l'origine. Les peuples doivent retrouver leurs racines, chacun leur origine, qui est la vie, la diversité, la richesse, la noblesse, pour s'opposer au déshonneur de l'amoncellement mondialiste:

"L'origine est alors inépuisable. Elle peut être oubliée, méconnue, remplacée, déformée, mais elle peut toujours réapparaître dans l'histoire en devenir, en régénération. A chaque instant, le projet futur et la richesse vitale du passé sont enfermés dans la décision présente".

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Vouloir avoir son mot à dire dans les projets sociobiologiques du futur, dans les événements liés aux biotechnologies, opposer des arguments et une force mentale à la dictature sanitaire-numérique qui prépare l'assaut final pour désintégrer les peuples; essayer de s'inscrire dans la dynamique de la domination oligarchique internationaliste; persister à vouloir comprendre si le mondialisme est un rocher ou une poupée gonflable: tout cela engage les extrémistes du conflit créatif à considérer la destruction programmée de l'Europe comme quelque chose de plus qu'un drame d'époque, quelque chose de mieux, c'est-à-dire une opportunité. Puisque le mouvement crée la possibilité, c'est dans le mouvement et le bouleversement que le choix de la minorité radicale identifie l'éclair de la possibilité.

Ces collecteurs rebelles d'idées contradictoires, tout comme un autre des rédacteurs de Polemos, Andrea Anselmo, se souviennent volontiers que Jünger suggérait "d'utiliser à leurs propres fins même les dynamiques les plus paroxystiques de la contemporanéité et de les plier pour créer des espaces d'autonomie et de liberté". La liberté de croire, d'agir, de faire enfin bouger les terribles ailes du célèbre papillon confucéen.

 

1 Francesco Boco, La catastrofe dell'Europa. Saggio sul destino storico del Vecchio Continente, Éd. Idrovolante, 2018, p. 130.

La catastrofe dell’Europa

L’occidentalizzazione del mondo che ha accelerato il proprio avanzamento nei primi anni del XX secolo conosce uno sviluppo tale da fagocitare ogni cultura e ogni storia. Oggi però alcune nazioni consapevoli e gelose della propria bio-specificità cercano di tenere testa a un processo che da più parti viene presentato come ineluttabile e irreversibile.

Nel momento in cui risulta sempre più evidente che gli attori della storia mondiale sono le civiltà o i grandi agglomerati continentali, l’Europa sembra collocarsi ai margini degli eventi, in posizione di soggezione.
L’intero Mediterraneo è attraversato da guerre, rivolte, instabilità, crisi e flussi immigratori che sembrano senza precedenti ed è chiaro che tutto ciò finisce col riflettersi sul Vecchio Continente. L’incapacità dell’Europa di spezzare tutti i condizionamenti esterni dipende da un vuoto ontologico che si è andato approfondendo nel corso della sua storia. Offuscato e smarrito il legame con il suo essere autentico, l’Europa si è allontanata da se stessa divenendo qualcos’altro. Il destino storico però è fatto dalle decisioni degli uomini e niente è fissato una volta per sempre. Tutto è ancora possibile.

L’Europa è il passato?
Più precisamente, è un passato, che ci corre incontro dall’avvenire come uno dei destini possibili che si aprono alla nostra scelta storica.
Anzi, in realtà è proprio quello della scelta storica, perché in che altro consiste la specificità europea se non in una scelta-per-la-Storia, rispetto alle culture astoriche, le culture che ne sono state semplicemente preda, e soprattutto il Sistema che oggi vuole la sua fine, in vista di un Brave New World volto a porre l’ultima parola sull’avventura umana?

dalla postfazione di Stefano Vaj

 

Futurisme social et démocratie participative contre la loi d'airain de l'oligarchie financière

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Futurisme social et démocratie participative contre la loi d'airain de l'oligarchie financière

par Francesco Carlesi

Ex: https://www.lavocedelpatriota.it/futurismo-sociale-e-democrazia-partecipativa-contro-la-legge-ferrea-delloligarchia-finanziaria/

Mosca, Pareto et Michels sont trois grands penseurs du début du 20e siècle qui ont étudié l'influence des oligarchies derrière les processus démocratiques. Michels a parlé de la "loi d'airain de l'oligarchie" selon laquelle les intérêts privés des groupes organisés et "cachés" s'affirmeraient toujours en fin de compte dans chaque parti et système politique. Ces concepts n'ont pas perdu leur validité ; au contraire, ils semblent décrire l'actualité brûlante de la crise de la politique et de la société. Ces dernières années, la démocratie libérale et représentative a exacerbé ces tendances négatives : l'individualisme et le mercantilisme ont réduit la relation entre l'autorité et le peuple à la production et à la consommation, désintégrant les idées de participation politique et d'esprit communautaire qui seules font avancer les communautés. Les masses sont de plus en plus isolées, apathiques, dépolitisées et incapables d'animer un débat sur les grandes questions de l'avenir.

C'est pourquoi l'apprentissage politique ne se fait plus dans les régions ou dans les écoles de parti, mais dans le monde des banques, de la finance et des multinationales. C'est ce même monde qui produit les oligarchies qui dictent la loi sans contestation, légitimées par l'idée de technologie, selon laquelle toute décision d'expert est objective, parfaite, presque obligatoire.

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Face à cela, le citoyen ordinaire est désarmé ; s'il tente même de s'opposer aux décisions "techniques", il est qualifié de "souverainiste", d'ignorant ou de raciste. L'investiture de Draghi, encensée par les médias, la plupart du temps contrôlés par les oligarchies de pouvoir (des groupes bancaires à la famille Agnelli, voir le "Prepotere" de Flaminia Camilletti), a répondu précisément à ce diktat. L'ancien banquier de Goldman Sachs a ainsi été dépeint comme le sauveur du pays, comme une figure quasi divine qui s'est imposée par une "volonté extra-constitutionnelle", comme l'a candidement écrit Galli Della Loggia dans le Corriere della Sera. L'image qui se dessine est celle d'une démocratie représentative en crise profonde, avec un parlement de plus en plus marginalisé et incapable de représenter les demandes populaires, si l'on pense que le vote de 2018 avait clairement "parlé" dans un sens anti-eurocratique, alors qu'aujourd'hui nous trouvons l'ancien gouverneur de la BCE comme premier ministre. Notre démocratie froide et procédurale a laissé les décisions aux "administrateurs", vidant les partis et les possibilités de créer une culture, une opposition et des projets à long terme.

Spiritualité et futurisme social pour une démocratie participative

Pour sortir de ce marasme et limiter le pouvoir des oligarchies, la réponse ne peut être uniquement conservatrice ou défensive. Nous devrions oser aller dans le sens de la démocratie participative, qui ferait revivre l'idée de la patrie comme destin commun et de la participation politique comme élément vital de la société. De même, la participation doit être étendue à la sphère de l'entreprise, pour la mise en œuvre de l'article 46 de la Constitution italienne: "En vue de l'élévation économique et sociale du travail et en harmonie avec les besoins de la production, la République reconnaît le droit des travailleurs à collaborer, selon les modalités et dans les limites établies par la loi, à la gestion des entreprises". Il s'agirait d'une étape importante pour "piloter" l'innovation (qui sera autrement la prérogative des multinationales américaines et chinoises) par le biais de processus d'implication des travailleurs dans les mécanismes de gestion des entreprises, en favorisant la croissance, l'autonomisation et l'amélioration des connaissances des travailleurs.

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Tout cela pourrait également contribuer à lier les entreprises à leur territoire (en endiguant les délocalisations qui ont eu un impact si négatif sur le tissu social national) et à ouvrir la voie à de nouvelles formes de relations industrielles et de croissance communautaire, qui sont essentielles si nous ne voulons pas être davantage pulvérisés par les influences des oligarchies nationales et internationales. Les catégories, les associations et le monde varié des "producteurs" et de l'économie réelle, souvent humiliés par le gouvernement et contournés par les groupes de travail, devraient être réévalués et impliqués, en pensant à une réforme du CNEL, voire à une véritable deuxième Chambre du travail qui "politiserait" les compétences dans un cadre de transparence, de responsabilité, de sacrifice et d'esprit communautaire qui tenterait de rendre enfin leur dignité aux citoyens.

Tout cela doit être animé par un véritable effort spirituel qui récupère la meilleure tradition qui plonge ses racines dans l'interclassisme de Mazzini et va jusqu'au nationalisme et au futurisme social d'hommes comme Enrico Corradini, Filippo Carli et Filippo Tommaso Marinetti.

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Gaetano Rasi (photo) et sa "droite sociale" d'après-guerre ont explicitement récupéré cet héritage, et dans l'un de ses articles d'il y a 50 ans consacré à Mazzini, nous pouvons trouver de nombreuses idées d'une extraordinaire pertinence:

"Le problème actuel de l'Italie est celui de la "reprise" et de "l'engagement". Il faut récupérer ces forces - souvent généreuses - qui aujourd'hui sont tournées vers la fureur destructrice, instrumentalisée bien sûr, mais aussi exprimée dans la haine de l'injustice, de la corruption, de l'inefficacité voulue ou permise par des oligarchies privilégiées, camouflées derrière le paravent de la tyrannie dominée par les partis. Sur ce chemin, la pensée hautement éducative de Mazzini peut être un guide, tout comme l'engagement de sa prédication doit être un exemple. Les Italiens d'aujourd'hui souffrent d'une forme de fatigue qui ne provient pas de la saturation des besoins, mais de l'insatisfaction et de l'intolérance. Le désengagement est né comme une philosophie prêchée par les partis "fondateurs" du régime et s'exprime à travers les gratifications individualistes, le choc des égoïsmes, la comparaison des possessions matérielles. La mesure des hommes, dans la considération mutuelle, est donnée exclusivement par la quantité de choses qui peuvent être exposées et le succès est évalué uniquement en termes de quantités monétaires".

La fonction publique est considérée comme un point d'arrivée pour la distribution de faveurs et de récompenses aux clients, au lieu d'un devoir et d'un service à la communauté. On parle d'"exercice du pouvoir" au lieu d'"exercice du commandement", en mettant l'accent sur les avantages des postes de haut niveau plutôt que sur les obligations de ceux qui dirigent et disposent. D'où l'insatisfaction et l'impatience qui produisent, dans la sphère sociale et économique, l'abandon du travail, la "désaffection" pour les activités entrepreneuriales, le refuge de catégories entières de travailleurs et d'entrepreneurs dans l'assistance des finances publiques. S'il n'y a pas de tension idéale dans la gestion des "affaires publiques" et d'adhésion convaincue à l'accomplissement quotidien des travaux communs, comment peut-il y avoir une société ordonnée et civilisée?". Notre avenir dépend toujours de la réponse.

Francesco Carlesi,
Président de l'Institut "Stato e Partecipazione".

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mercredi, 01 décembre 2021

Une avant-garde faustienne

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Une avant-garde faustienne

par Georges FELTIN-TRACOL 

Le public français cultivé connaît le dadaïsme et le surréalisme. En revanche, le futurisme lui semble toujours un mystère. Pourtant, le Manifeste du futurisme de Filippo Tommaso Marinetti paraît dans Le Figaro du 20 février 1909. Au contraire du surréalisme curieux de la révolution bolchevique, le futurisme qui créa après 1918 un éphémère Parti futuriste, constitue une des bases du fascisme italien avec le syndicalisme révolutionnaire et l’interventionnisme de gauche.

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Les éditions Auda Isarn viennent de publier un ouvrage qui contient, outre le texte fondateur, un second manifeste (Tuons le clair de lune !!), un virulent tract intitulé Contre Venise passéiste, Le Mépris de la femme que goûteront avec un rare plaisir toutes les hystériques féministes d’Occident et d’ailleurs, Ce qui nous sépare de Nietzsche et Destruction de la syntaxe (manifeste technique de la littérature futuriste). Le futurisme ne se limite pas aux seuls domaines littéraire et pictural. Il incite aux expériences architecturales, musicales, photographiques et culinaires !

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Le futurisme surgit dans une Italie inachevée, en quête de ses terres irrédentes (Trentin, Istrie, Dalmatie) et d’une unité intérieure précaire. Réaction ultra-moderne à la Modernité, cette ferme volonté ouvre des pièces remplies de naphtaline. On sait que les futuristes s’enthousiasment pour la mécanique, l’aéroplane et l’automobile. « Les éléments essentiels de notre poésie seront le courage, l’audace et la révolte. » Par-delà « une automobile rugissante, qui a l’air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace », ils revendiquent leur dromophilie puisque « nous déclarons que la splendeur du monde s’est enrichie d’une beauté nouvelle : la beauté de la vitesse ». Plus loin, le manifeste fondateur assure que « nous vivons déjà dans l’absolu, puisque nous avons déjà créé l’éternelle vitesse omniprésente ».

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À travers les différents écrits présentés dans ce recueil à la belle couverture, on devine l’ombre du comte de Lautréamont et de ses Chants de Maldoror avec en surplus une patine « technicisée »… Le futurisme entend choquer la bienséance bourgeoise, d’où sa volonté de « démolir les musées, les bibliothèques, combattre le moralisme, le féminisme et toutes les lâchetés opportunistes et utilitaires ».

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Avant-garde annonciatrice des « orages d’acier » et du déchaînement de l’élémentaire titanesque pendant la Grande Guerre, le futurisme a eu une postérité qui ne se restreint pas au seul fascisme. Vers 2007 – 2008, Radio Bandera Nera, la Web-radio de CasaPound Italie, émettait depuis le Québec une émission francophone intitulée « Tuons le Clair de Lune » animée par Sébastien de Boëldieu et son épouse Chiara. En 2010, quand elle s’arrête, une autre reprend aussitôt le créneau horaire : « Méridien Zéro » qui deviendra plus tard une bien belle radio sur Internet. La conclusion de Destruction de la syntaxe donne une résonance singulière à ce qu’écrivait le jeune Guillaume Faye dans les années 1980. « Après le règne animal, voici le règne mécanique qui commence ! Par la connaissance et l’amitié de la matière, dont les savants ne peuvent connaître que les réactions physico-chimiques, nous préparons la création de l’homme mécanique aux parties remplaçables. Nous le délivrerons de l’idée de la mort, et partant de la mort elle-même, cette suprême définition de l’intelligence logique. » Outre que Marinetti prévoit le cyborg, on ne peut que se rappeler les dernières cases de la bande dessinée dont le scénario revint à Guillaume Faye, Avant-guerre (Carrere, 1985). Le narrateur, citoyen de Cosmopolis, ne termine pas son enquête, car son corps est détruit et son cerveau, gardé intact, est transféré dans « une machine de guerre… La plus infernale, la plus totale ».

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Dans cet album dessiné par les frères Simon et qui est à bien des égards prémonitoire, les pilotes de chasse de Squaline, en s’installant dans leur poste de pilotage, adressent une prière à leur redoutable appareil à l’instar des futuristes qui exaltaient l’automobile, l’usine et le chemin de fer. On entend ces incantations néo-européennes dans Scène de chasse en ciel d’Europe, la pièce radiophonique écrite et jouée par Guillaume Faye et Olivier Carré sur les ondes d’une radio libre à Paris au début de la décennie 1980. Avant que les Squaline de la Fédération impériale euro-sibérienne ne détruisent un Jumbo d’une compagnie aérienne occidentale, les pilotes saluent là encore leurs engins, célèbrent leurs fusées et enfilent leur combinaison de combat en respectant un rituel spécifique, librement inspiré du précédent marinettien.

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Guillaume Faye n’a jamais apprécié le traditionalisme quand bien même il s’ouvrira à l’archaïque dès son essai méconnu de 1985, Europe et Modernité (Eurograf). Cet essai constitue une véritable transition entre sa récente période néo-droitiste, son moment d’impostures téléphoniques en tant que Skyman et son retour fracassant à partir de 1998. L’archéofuturisme qu’il théorise dans  un ouvrage éponyme relie le futurisme aux principes archaïques renaissants. Fortement influencé par Giorgio Locchi, le surhumanisme fayen tend parfois avec son appel à développer des chimères (les combinaisons génétiques entre l’homme et les animaux) vers un transhumanisme faustien, c’est-à-dire orienté vers le tragique. Or, Marinetti n’écrit-il pas dans Le Mépris de la femme que « nous avons même rêvé de créer un jour notre fils mécanique, fruit de pure volonté, synthèse de toutes les lois dont la science va précipiter la découverte » ? N’est-ce pas là une anticipation des utérus artificiels à venir ?

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Le futurisme italien a marqué non seulement les arts européens, mais aussi et surtout l’histoire des idées. Son volontarisme exacerbé couplé à ses provocations répétées enflammèrent la Péninsule ainsi qu’une grande partie du Vieux Monde. Et si le futurisme n’exprimait-il pas finalement le retrait d’Apollon à Thulé, le dédain envers l’humanitariste Prométhée, l’ère de Dionysos et l’avènement de Faust ?

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  • F.T. Marinetti, Tuons le clair de lune !, introduction de Pierre Gillieth, Auda Isarn, 2021, 68 p., 12 €.
  • D’abord mis en ligne sur Terre & Peuple, le 25 novembre 2021.

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mercredi, 14 avril 2021

Romain d'Aspremont: "La droite doit se réapproprier le feu de la technique"

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"La droite doit se réapproprier le feu de la technique"

Entretien accordé par Romain d'Aspremont à Il Primato Nazionale (Rome)

Romain d'Aspremont est l'auteur de “Penser l'Homme nouveau : pourquoi la droite perd la bataille des idées” et de “The Promethean Right”.

Vos livres nous invitent à cultiver un "progressisme de droite", futuriste et faustien. C'est une approche très rare dans les mouvements de droite d'aujourd'hui. Pourquoi, selon vous, la droite a si souvent cultivé une attitude technophobe?

Rien n'est plus naturel que l'aversion des personnes âgées envers les nouvelles technologies. Mais que cette frilosité transpire au sein de notre famille politique est consternant. J'associe le tempérament de droite au goût de l'aventure et à la volonté de repousser les frontières de l'inconnu, y compris sur le plan scientifique et technologique. Hélas, la droite s'est laissé ravir le concept de progrès par la gauche, pour devenir synonyme de conservatisme. Or quoi de plus révolutionnaire que le feu de la technique ? Il est une déclaration de guerre envers tout ce qui se prétend immuable. Au XXIe siècle, ce feu menace jusqu'à la nature humaine. En bons conservateurs, les droitards forment déjà leurs bataillons afin de sauvegarder Homo Sapiens. Mais le scénario est connu d'avance : ils ne parviendront qu'à ralentir la marche vers l'homme nouveau de gauche, vers le transhumain de gauche.

DgcBkd-XkAAmPd9.jpgLes conservateurs assimilent l'avenir (et par conséquent le progrès technique) à un déploiement inéluctable du progressisme de gauche. Ils en viennent à prendre l'objet (l'avenir, la technologie) façonné par le sujet (la gauche) pour le sujet lui-même : “l'avenir/la technique c'est la gauche !”. Le futur étant devenu synonyme d’avancées “progressistes”, l’unique remède ne pourrait être que son contraire, le passé, plutôt qu'un avenir de droite. La droite conservatrice est si profondément convaincue que les nouvelles technologies dissolvent la tradition et l'identité qu'elle concède volontiers à la gauche le monopole du feu prométhéen.

Quelles sont, selon vous, les principales erreurs de la droite dans la bataille des idées?

Si l'histoire de l'Occident n'est qu'un long processus de gauchisation, c'est que la droite offre le monopole de l'homme nouveau et de la société nouvelle à la gauche. L'Occident crève du fait que la droite soit anti-utopiste. Celle-ci se cantonne au rôle de ralentisseur du progressisme de gauche, évitant une trop brutale fuite en avant. C’est une tâche utile mais tout entière au service des gauchistes. Prévenir la réaction suppose de procéder par petits pas : les conservateurs, idiots utiles de la gauche, s’en assurent. Ils sont les agents régulateurs de la révolution libérale permanente.

Les projets d'homme nouveau donnent parfois l'impression d'échouer, que ce soit l'homme nouveau chrétien, l'homme nouveau de la révolution française, l'homme nouveau communiste, ou la chose nouvelle asexuée, végétalienne et antispéciste qui fleurit dans nos métropoles. Mais sur le temps long, l'Occidental s'imbibe toujours davantage des valeurs de gauche.

De Gaulle affirmait que le « courant du mouvement » était tout aussi « nécessaire » que le « courant de l’ordre ». Il illustre le talon d'Achille de la droite, qui peine à comprendre que cet équilibre lui est  intrinsèquement défavorable. Un véritable équilibre voudrait qu'à un progressisme de gauche s'oppose un progressisme de droite. Le conservatisme est utile afin de lutter contre l'hubris de gauche, mais en l'absence d'une droite prométhéenne la gauchisation se poursuivra.

Enfin, la droite doit se libérer du logiciel chrétien, matrice du gauchisme. Je comprends la volonté des droitards de défendre notre héritage chrétien, mais les valeurs chrétiennes sont la principale raison pour laquelle la droite est si sensible aux procès sur le terrain de la morale, notamment concernant l'immigration. Une partie du cerveau de l'homme de droite se dit : “Mon Dieu, ils ont raison, je suis un salaud”. Ce qui signifie : “Si je ne veux pas de ces migrants, c'est que je suis un mauvais chrétien”.

La seule droite décomplexée, c'est celle qui a embrassé l'avenir et la création d'un homme nouveau. C'est celle qui a su se libérer du christianisme et s'emparer du contenant de gauche (le principe d'un homme nouveau) pour y verser un contenu de droite. Je ne souhaite pas un retour au fascisme, qui n'est qu'une des variantes possibles de la droite prométhéenne (ou révolutionnaire), mais sans un réveil de cette famille politique l'Occident ne survivra pas. Les victoires électorales des populistes à la Trump sont bienvenues, mais elles ne sont que des sursauts conjoncturels, qui ne livrent pas le combat de fond : celui de l'évolution de la nature humaine.       

Vous récupérez la définition de «droite révolutionnaire» au sens utilisé par Zeev Sternhell. Mais le prométheisme, en posant des solutions radicalement nouvelles, n'implique-t-il également un dépassement des anciennes catégories, y compris celles de droite et de gauche?

image_1398130_20210121_ob_2c6413_the-promethean-right-2.jpgLes concepts de droite et de gauche ne seront jamais dépassés, car ils recouvrent deux pôles de valeurs éternellement opposés. La droite, c'est la valorisation de la lutte, de l'élitisme, de la hiérarchie et du dépassement. La gauche, c'est le royaume de l'égalitarisme, de la victimisation, du culte de la faiblesse, de l'amour des ennemis et du relativisme. L'opposition à la mondialisation libérale ne saurait réconcilier ces deux pôles idéologiques.

Par ailleurs, il n'est pas impossible d'imaginer un prométhéisme de gauche, comme celui promu par Trotsky. De même, le transhumanisme a pu être présenté comme un dépassement du clivage droite-gauche : Esfandiary, un des premiers transhumanistes, a prophétisé l'avènement d'un clivage haut-bas. Mais la question demeure : en haut vers la gauche ou en haut vers la droite ? Un transhumain de gauche ou un transhumain de droite ? Le clivage droite-gauche prendra des formes nouvelles, mais il ne disparaîtra pas.

Au-delà des questions philosophiques, quel pourrait être le programme politique concret de la droite prométhéenne?

Sur le plan biologique, il faut livrer le combat pour le futur de la nature humaine. L'humanité est à l'aube d'un changement radical de sa nature. Si la droite n'arrive pas à se défaire de son conservatisme, elle se limitera une fois de plus à sa fonction de ralentisseur. Mais cette fois, la gauchisation sera permanente car ancrée dans notre génome. Les gènes de la loyauté envers le groupe, du sens de la hiérarchie, de l'agressivité et du goût de la compétition seront éliminés, au nom de l'anti-racisme et de la théorie du genre.

Sur le plan géopolitique, il faut réunifier l'Occident. Notre idéal ne doit plus être celui de l'Etat nation, mais celui d'une fédération pan-occidentale, de Seattle à Vladivostock. Un nouvel Empire romain peuplé de surhommes de droite : voilà une vision pour le XXIe siècle.

À première vue, vos idées sembleraient similaires à celles de Guillaume Faye. Cependant, vous avez critiqué l'idée de l'archéofuturisme. Qu'est-ce qui ne vous convainc pas de l'idéologie de Faye?

e8595ed6492426397a431482bc1fed2b.jpgL'Archéofuturisme est présenté comme un remède à l'approche trop conservatrice de la droite – une synthèse harmonieuse entre tradition et de technophilie. L'Archéofuturisme est en réalité davantage archaïque que futuriste, comme si le tempérament de droite de Faye le poussait à équilibrer son éloge du progrès technologique par un retour aux valeurs médiévales. L'archéofuturisme reflète fidèlement la psychologie des conservateurs, peu enclins au risque et au changement.

Faye rêve d'un ordre éternel baptisé “archaïsme” qu'il définit comme étant « ce qui crée et demeure immuable ». Or, rien dans l'univers n'est immuable et certainement pas la nature humaine. L'homme a été chasseur-cueilleur vingt fois plus longtemps qu'il n'a été agriculteur. Notre nature a été façonnée au cours de ces millénaires où les humains vivaient en petits groupes, relativement égalitaires, ou en tout cas dépourvus des « castes guerrières » et de l' « organisation sacerdotale » que Faye regrette tant. L'ordre social de l'Antiquité et du Moyen Âge ne reflète pas une harmonie éternelle, mais résulte de la conjonction de la nature humaine (qui elle-même évolue) et de l'état technologique de l'époque. Faye peut marteler que « la modernité est rétrograde, tandis que l'archaïsme est futuriste », cette affirmation n'en sera pas moins fausse.

Selon lui, la combativité des immigrés musulmans proviendrait de leur mentalité archaïque. Or, leur archaïsme n'est une force que dans le contexte de la faiblesse morale européenne. L'erreur est de séparer leur mentalité archaïque de leur irrationalisme : leur archaïsme est indissociable de leur aversion envers la science. De même, le chevalier médiéval bardé de technologies est une antinomie.

Lorsque Faye affirme que nous devrions nous débarrasser et de notre pacifisme et de notre mentalité moderne, il jette le bébé avec l'eau du bain. Au mieux, une société hautement technologisée, mais disposant d'une mentalité traditionaliste stagnerait ; au pire, elle déclinerait. Aussi, une droite prométhéenne est-elle requise, aux antipodes de cette tentative de rafistolage de la tradition au moyen de la technologie. Faye a toutefois le mérite d’affirmer une ligne technophile au sein d’une famille politique minée par la technophobie.

Le futurisme italien pourrait-il être un modèle pour la droite prométhéenne aujourd'hui?

Tout comme la pensée de Nietzsche, le futurisme est une inspiration salutaire, mais il ne saurait être un modèle politique, à défaut d'être suffisamment structuré. Il est un élan vital qui nous rappelle que le mouvement est viril et la conservation sclérosante. Les futuristes nous mettent en garde contre le risque de bureaucratisation de la droite prométhéenne. Eux qui s'élevèrent contre le fascisme institutionnalisé, pragmatique, planiste et technocratique : le fascisme confronté aux réalités du pouvoir. Chronologiquement, les futuristes incarnent le premier fascisme, mystique et romantique. Ils sont la part d'enfance qui invite l'homme de droite à ne pas se prendre trop au sérieux.

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jeudi, 07 janvier 2021

Archeofuturism: A Vitalist Dynamism

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Archeofuturism: A Vitalist Dynamism

By Israel Lira,

Director of the Center for Crisolist Studies – Peru

Translated by Zero Schizo

«…the political and societal forms of modernity shatter; the archaic ways remerge in all political dominions, the rebirth of a conquering Islam, is a perfect example. Finally, the future alterations of technoscience –mainly in genetics–, just as the tragic return to reality which the 20th Century is preparing, will demand the return to an archaic mentality. It is modernism the one which is a passing trend. There is no need to go back to classic “traditionalism”, impregnated of folklore and dreaming of a return to the past. Modernity is already obsolete. The future has to be “archaic”, meaning, neither modern nor passing by» (Faye, 1998:15).

Following Faye’s quote, it is pretty clear that he was always diaphanous in establishing the co-substantial principles of his theoretic system, in order to avoid, precisely, that it could be confused with other theories which also have technoscience inside of their considerations. In Faye’s particular case, the universal approach for his proposal is understood under the category of vitalist constructivism[1], meanwhile his specific conceptualization under the form of the neologism archeofuturism[2]. This new doctrine has influenced a wide array of theoretic schools of thinking up to date[3], inside of the framework of anti-globalist, anti-individualist, and anti-liberal proposals, facing a post-modern world which is shown to us under the narrative of Cultural Nihilism, whose main phenomenal expressions are expressed in nihilist secularism, neoliberal globalization, hyper-individualistic narcissism and extreme cultural relativism[4].

The Central Trichotomy of Archeofuturism (TCAf)

Archeofuturism has three main theses from which we must remark, insofar as starting from these, its absolute rejection of technophobic stances (classic traditionalism and conservatism) and acritical technophile stances (technicism and transhumanism), and can be inferred as:

First Thesis (T1): Contemporary civilization which is daughter of the modernity and of egalitarianism is already fulfilling its historic cycle, and thus, «the old belief in the miracles of egalitarianism and the philosophy of progress, which affirmed that it was always possible to obtain more, has died. This angelical ideology has created a world which becomes less viable each day» (Faye, 1998: 2-3)

Second Thesis (T2): Contemporary ideologies that emerge as a symptomatic fact of the return of psycho-bio-social structures to a pre-modern state are characterized by a rejection of individualism and egalitarianism, these last ones as maximum expressions of cultural nihilism. «In order to face the future, one must be recur to an archaic mentality, meaning, pre-modern, un-egalitarian and non-humanist[5], which will restore the ancestral values of order from societies. Now, the discoveries from technoscience, particularly in the topics of biology and informatics, cannot be administered through modern humanist values and mentalities; today the geopolitical and social events are dominated by religious, ethnic, alimentary and epidemic matters. Going back to the main questions. I propose, then, a new notion, Archeofuturism, which allows us to break with the obsolete philosophy of progress and with the egalitarian, humanist and individualist dogmas of modernity, un-adapted to think of the future, and allow ourselves to survive in the century of fire and iron about to come» (Faye, 1998: 4-5).

Third Thesis (T3): The advent of a new type of scenario under a framework which is totally different from the reigning and active egalitarian world, insofar as it is clear to us that, «we have to project and to imagine the post-chaos world, the world after the catastrophe, an archeofuturist world, with radically different criteria from those of the egalitarian modernity» (Faye, 1998: 5-6).

These three central theses conform the solid core of Archeofuturism, configuring its Central Trichotomy (TCAf) as theoretical system, which is expressed as it follows:

Af = <T1, T2, T3>

Where,

Af = Archeofuturism as a theoretical proposal

T1= Thesis of the death of the mythoids of progress

T2= Thesis of the eternal return and dark enlightenment[6]

T3= Thesis of the new existential paradigm

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To the aforementioned, it is no less important to mention that, a part of Faye’s narrative must be understood inside the literary frameworks which he gives to his work in order to exemplify it and/or elaborate a sort of hypothetical projection, under the genres of utopia and dystopia, something that is seen reflected in his work Archeofuturism 2.0 (2016).

Archeofuturism and Transhumanism: an irreconcilable antagonism

In the antipodes of the TCAf, Transhumanism (H+) is presented, from what it is clearly and explicitly concluded from the works of Max More and Anders Sandberg, and the same declarations of the World Transhumanist Association[7], which reaffirm the systematization done by the quoted authors:

«Transhumanism is a class of philosophies which seek to guide us towards a post-human condition. Transhumanism shares many elements of humanism, including the respect for reason and science, the compromise with progress and the appreciation of human existence (or transhuman existence) in this life instead of a supernatural “future life”. Transhumanism differs with humanism in recognizing and anticipating the radical alterations in nature and the possibilities of our lives as the result of diverse sciences and technologies such as neuroscience and neuropharmacology, the extension of life, nanotechnology, artificial ultra-intelligence and space inhabiting, combined with a rational philosophy and a rational system of values» (More, 1990).

In that same vein: «Philosophies of life which search for the continuation and acceleration of the evolution of intelligent life beyond their actual human form and its human limitations through science and technology, guided by principles and values which promote life» (More in Sandberg, 2001).

From the above it is exposed, clearly, literally and explicitly that, transhumanism is found in the logical narrative of modernity, insofar as it means the continuation and expansion of the philosophy of lineal progress understood as indefinite perfectibility of the human genre which does not admit any recession whatsoever (Canguilhem, 1999:669), it is this neuralgic principle of transhumanism and the one which its entire proposal is built on, quid that the very same history of science has debunked[8] and which is shown to be antagonistic to the Central Trichotomy of Archeofuturism (TCAf).

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Very contrary to modernity’s idea of lineal progress, Archeofuturism puts an idea of synergic movement in front of it, which is more integral, a vitalist dynamism, «insofar as Archeofuturism rejects all idea of progress. Because everything that proceeds from the worldview of a people has to be founded over immemorial bases (even though the forms and formulations vary), and because from 50 000 years ago, homo sapiens has changed very little, and also because the archaic and pre-modern models of social organization have given proof of their efficiency. To the false idea of progress, we must oppose the idea of movement» (Faye, 1998:89).

From the exposed above it can be reaffirmed that, Archeofuturism has no flirting nor inclination with the theoretical system of contemporary transhumanism, as Michael O’Meara[9] (2013) sees minimally and in a more explicit way by Roberto Manzooco[10] (2019), and this thought system can’t neither be considered a conservative branch of transhumanism (conservative transhumanism), which is worse. To affirm the latter one can only find an explanation in a totalitarian pretension of international transhumanism in monopolizing any project which would make allusion to the use of technologies for the betterment of the quality of life and of human condition, initiatives that had been present ever since the Industrial Revolution, given that, just as with any theoretical system, the ideas that served for it as its basis the first of these related thoughts can be traced, such as is portrayed in the works of Hughes (2002) and Bostrom (2005). But from there, it cannot be inferred that any idea which advocates on behalf of using technologies for the betterment of the quality of life and the human condition, is per se, transhumanist, such as it is countersigned by, once again, the transhumanists themselves, insofar as – the H+ – has some particularities which differentiate it as a philosophy and as a theoretical proposal, precisely, for example from the futurist thought (artistic and technological) and from the technoscientific utopianism.

The term transhumanism does not appear until 1957 by the hand of the biologist Julian Huxley, such as the term «transhuman» in the year 1966 in the mouth of American futurist F. M. Esfandiary, not being able to properly speak of transhumanism until the systematization established by the World Transhumanist Association (WTA) founded by Nick Bostrom in order to not fall into a semantic and methodological anarchy, otherwise transhumanism would delude itself into imprecision, insofar as «…the affirmation that it is ethical and desirable to employ technoscientific means to fundamentally better the human condition… (…) is just the lowest common denominator of transhumanism and can be adopted, and adapted to its own needs, by the majority of political ideologies, excluding the bio-conservative and neo-ludist ones. (…) The founders of modern transhumanism, conscious of these risks, tried to pin down the Central Axis of Transhumanism (CAT) to concepts like respect of the individual, liberty, tolerance and democracy, remarking that transhumanism’s roots are found in the enlightenment, in humanism and liberalism. The extropians have gone even further, trying to pin down the CAT to concepts such as spontaneous order to the principle of the open society later…» (Estropico, 2009). However, in praxis, it is clear that this pinning down was not completely successful, given that up to date, and as it has been seen, it is not necessary to agree with transhumanism in order to claim that through technoscience the quality of life and human condition can be bettered. This imperative teleological and categorical precision is shared by the WTA to the effects of not falling in, that which they call the racialist and eugenicist futures of fascisms[11] or technoscientific utopianisms of classic socialism.

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It is clear then, that transhumanism and its marginal currents (extropianism, techno-progressivism, singularitanism, transfigurism, etc), up to today, are configured into the antithesis of the archeofuturist proposal. If there is any similarity between Transhumanism and Archeofuturism it is in that denominator so weak that, as it has been exposed, it is not exclusive of transhumanism and which can be also manifested in pre-cautionist currents[12] which are antagonistic to H+, such as our present case.

The mythoid of the Fourth Industrial Revolution

Faye himself is the one who remarks all which is exposed in this article*, in a short essay published in his very same blog on May the 23rd of 2016[13], that shares a lot of similarities to the recent commentaries which Mario Bunge[14] has brought regarding the topic[15], given that it encompasses transhumanism inside of the quadrant of almost-religious reactions product of the faith in the idea of progress and lineal development, as symptomatic fact of a worldwide economic collapse which is soon to come:

«Forced optimism, pretty irrational, about the “new numeric economy”, with big data, blockchain, 3D printing, “transhumanism”, etc. Which preface a “fourth industrial revolution” and a new worldwide economic paradigm (and paradise), shows probably just utopia and self-convincing. And believing in miracles».

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In the same manner, Faye judges that the Fourth Industrial Revolution is more a mythoid derived from a magical thought than from rational one[16]:

«The first industrial revolution, from the beginnings of XIX Century, was organized around the vapor machine, the second (by the end of the XIX Century) around electricity, the third around the computer (mid XX Century). The Fourth Industrial Revolution (by the beginning of the XXI Century), result of the last two, the electric and electronic one, would refer to the generalization of Internet and universal digital connections throughout the web. The concept of the “4th Industrial Revolution” was born after the Fair of Hannover in 2011, where the birth of the “connected factory” has been celebrated; the last one, totally “connected to the web” and directly connected to clients, is robotic and employs less workers each time. The abstract expression “Industry 4.0” was born. This is a very void concept: “Industry 5.0” when? The neo-romantic gurus of this “4th Industrial Revolution” is –as it was pointed out previously– professor Klaus Schwab, founder and leader of the Global Economic Forum of Davos… The conference of January of 2016 is dedicated to the 4th Industrial Revolution. In the agenda: artificial intelligence, robotics, linked objects, nanotechnologies, “revolutionary” innovations, why not? What is interesting at the same time but comic all the same, is that the media, without backing down, has taken his word on the conclusions (more ideological than scientific) from this Davos Forum. No one asked what concrete improvements has brought this miraculous digital economy parallel to the detriment of the global situation. The migratory invasion destabilized Europe, augmented the Islamic Jihad, the collapse on oil prices, the global acceleration of every kind of contamination, were not up for discussion. The “digital revolution” is supposed to resolve all problems. It is the belief in miracles, which is more a magic thinking than a rational reflection.

(…)

The prophecies about the revolution of digital economy, with its favorite words, cloud, big data, transhumanism, etc, now belong to a Nano-scientific ideology which runs the risk of leading to terrible delusions. Now, this non-stopping techno-scientificism, as that of the end of the XIX Century, coexists, curiously, between itself, and an anti-ecological progressivism. It is so stupid as the theories of decrease: it is the same extremism».

Archeofuturism and Crisolism

Archeofuturism, according to what we have seen, is a balanced stance, which integrates dialectically two categories: Archaism and Futurism. It is a theory critical of modernity, but also of tradition.

The Fayean legacy is the basis of a Peruvian Archeofuturism under the framework of the Crisolist Theory, which foresees a harmony between the traditional vision of diverse ethnicities which conform Peruvianess and the idea of a synergic technoscientific and socio-economic harmonic movement, without affecting the existential spaces of, for example, Andean and Amazonian communities, in the face of the dangers of an ideal of undefined progress portrayed in an instrumentalist vision of nature, which up to date has only left: illegal mining in Madre de Dios, collapse of mining tailings in Ancash, oil spilled in the Amazonas, depredation of ecological reserves such as Chaparrí, increasing the risk of extinction of endangered species, and exacerbated deforestation which determined the loss of 164,662 hectares of the Amazonian rainforest in 2016, which put in danger a healthy and balanced environment.

Archeofuturism then, is not the hidden misanthropy of transhumanism, fed by the idea of undefined progress, that hates the common human being, limited by his biological weaknesses. Archeofuturism is not, and will never be, conservative transhumanism either. Archeofuturism is the reaffirmation of an authentic love to the original human potentiality as such, insofar it is conscious that, the modern idea of progress, such as was denounced by Rousseau (1750), generates materially rich and technically powerful beings, but morally disgusting.

Bibliography

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MANZOCCO, Roberto. (2019). «Transhumanism: engineering of the human condition. History, Philoshopy and Current Status». Springer.

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ROUSSEAU, Jean-Jacques. (1750). «Discurso sobre las ciencias y las artes».

Notes

[1]«…que es un cuadro de pensamiento global que alía la concepción orgánica e hipotética de la vida con las visiones del mundo complementarias de la voluntad de poder nietzscheana, del orden romano y de la sabiduría realista helénica. Leitmotiv: “un pensamiento voluntarista concreto, creador de orden» (Faye, 1998:25).

[2]«Pensar conjuntos, para las sociedades del futuro, los descubrimientos de la tecnociencia y la vuelta a las soluciones tradicionales e inmemoriales. Tal es quizás el nombre verdadero de la posmodernidad, lejos del pasadismo y del culto estúpido de lo “actual”. Reunir, según la lógica del “y”, y no del “o”, la memoria más antigua y el alma faústica, pues pueden combinarse perfectamente. El tradicionalismo inteligente es el futurismo más potente, y a la inversa. Reconciliar Evola y Marinetti. Es el concepto de “modernidad”, nacido de la ideología del Aufklärung, el que debe ser desechado. No se tienen que asociar los Antiguos a los Modernos, sino los Antiguos a los Futuristas» (Faye, 1998:25-26).

[3] «La aportación del neo-eurasismo es precisamente ésa: la de situarse en la reacción mundial frente a la globalización. El neo-eurasismo transforma la especificidad rusa en “un modelo universal de cultura, en una alternativa al globalismo atlantista, en una visión también global del mundo”. El neo-eurasismo retoma así uno de los rasgos más genuinos del pensamiento tradicional ruso: su carácter escatológico y mesiánico. El eurasismo deviene un arqueofuturismo, una “apología de la barbarie” que no duda en afirmar que, ante los estragos del desarrollismo occidental y el futuro postindustrial de nuestras sociedades, el “arcaísmo” de Rusia constituye en realidad una ventaja. Ante los obstáculos insalvables, los bárbaros prefieren siempre cortar el nudo gordiano. Tal vez sea en las estepas de Eurasia donde se resuelva el destino de la modernidad. En el Heartland de los geógrafos, en el corazón de la Isla mundial» (Erriguel, 2015:5). Disponible en: https://4tpes.wordpress.com/2015/11/02/rusia-metapolitica...

[4] «In metapolitical terms, Jorjani’s work represents yet another – very substantial – breach in the dominant Post-Modern ideological discourse of Cultural Nihilism, which is characterized by secular nihilism, globalist neoliberalism, narcissist hyperindividualism and extreme cultural relativism. Metapolitically, Jorjani’s work can be located in the – admittedly rather vague – spectrum of ‘Archaeo-Futurism’, a philosophical school historically related to what is most ironically termed the ‘Dark Enlightenment’. Both terms are essentially misnomers, most frequently applied in a disparaging way by ideological critics of the supposedly ‘anti-democratic’ and ‘reactionary’ thinkers and movements that they are meant to cover – but these terms are nonetheless useful as provisional markers. From a Traditionalist perspective, both movements are – inevitably, given of their Post-Modern subsoil – ideological hybrids. They tend to engage with particular aspects of Modernity (technological achievement, scientific exploration, futurist aesthetics) while rejecting its nihilistic, materialistic and relativistic ideologies and attitudes. It would be more accurate to say that these movements tend to be interested in ‘timeless’, rather than ‘archaic’ alternatives to these ideologies and attitudes. They tend to reject the Enlightenment premises of Modernity precisely because they associate these premises with spiritual and intellectual darkness rather with light. In this regard, Archaeo-Futurism and the Dark Enlightenment share considerable ground with Traditionalist thought, which views the Modern Age as the equivalent of a cosmic Dark Age (the Christian ‘End Times’, the Hindu ‘Kali Yuga’, the Spenglerian ‘Winter Time’). They differ from Traditionalism, however, in as far as their metapolitical discourse tends to be operational: it provides a basis not only for activist consensus-breaking, but also for revolutionary politics. In other words, Archaeo-Futurism and the Dark Enlightenment have the potential to expand into fully operational socio-political ideologies and into effective political programs. This potential is visible in the manifold crossovers from Archaeo-Futurist and Dark Enlightenment thought into the Western identitarian movement». Disponible en: https://www.geopolitica.ru/en/article/archaeo-futurist-re...

[5] Cuando Faye hace referencia a un rechazo al humanismo, no se refiere a cualquier humanismo, sino específicamente al que surge a fines de la Edad Antigua y el resto de la Edad Moderna, al que diferencia del humanismo clásico helénico con el que si se muestra conforme: «Esta philia helénica se opone evidentemente a los preceptos evangélicos impracticables del “todos los hombres son mis hermanos”. La philia helénica es humanista, porque es inegualitaria, jerarquizada, conforme a la naturaleza. Prefiero mi hermano de sangre al extranjero, pero jamás desearé hacer mal al extranjero pacífico. Y él actuará del mismo modo que yo, en su propia comunidad, en su país. El humanismo inegualitario respeta el orden natural; no miente. El humanitarismo igualitario y utópico miente. Desemboca en la tiranía, en este infierno pavimentado de buenas intenciones» (Faye, 2001).

[6] Categoría antitética de la Ilustración antropocéntrica. Si la Ilustración en el siglo XVIII significó el asentamiento de la fe en el progreso infinito y en la razón instrumental como único criterio de aproximación a la realidad, la Ilustración oscura representa el rechazo de la idea del progreso lineal, anteponiendo la idea de movimiento sinérgico y de la visibilización del carácter multívoco del conocimiento humano, en donde su forma racional conceptual es solo una de sus manifestaciones últimas y la más compleja ciertamente, pero no la única, bajo la teoría de la tres grandes racionalidades del filósofo peruano Gustavo Flores Quelopana que sostiene que la racionalidad es universal, como aptitud innata del género humano que trasciende el tiempo y que se ve manifiesto en todas las épocas de la humanidad, a través de 3 grandes manifestaciones, la de carácter empiriocrática(basada en lo sensible), mitocrática (basada en lo mítico) y logocrática (basada en los conceptos). Dado que la racionalidad bajo la forma de logos es solo una de las manifestaciones de la psique humana, es por ello que hasta el día de hoy la racionalidad de sustrato mítico como la racionalidad de sustrato sensible, subsisten y conviven, el logos no ha reemplazado a lo sensible, el mito no ha reemplazado al logos. El hombre en lugar de reducir su racionalidad, solo la ha ampliado y perfeccionado. «Si se buscan los orígenes del mito se descubre siempre sólo etapas de diferentes formas de afirmación racional del ser y de la vida. No hay mito pre-racional arcaico y, en consecuencia, ningún camino que conduzca del mito al Logos: ‘sólo hay -como dice Hans Blumenberg- una racionalidad y simbolización cambiante en el curso del tiempo. Lo que cambia es únicamente la percepción de la realidad a través del hombre’» (Peña Cabrera, 1994). La Ilustración por ello configura un reduccionismo logocrático y antropocéntrico mientras que la Ilustración oscura –semántica reaccionaria al siglo de las luces– propone un holismo gnoseológico más integral y sistémico.

[7] «Transhumanism is a way of thinking about the future that is based on the premise that the human species in its current form does not represent the end of our development but rather a comparatively early phase.

Transhumanism is a loosely defined movement that has developed gradually over the past two decades. “Transhumanism is a class of philosophies of life that seek the continuation and acceleration of the evolution of intelligent life beyond its currently human form and human limitations by means of science and technology, guided by life-promoting principles and values.” (Max More 1990)

Humanity+ formally defines it based on Max More’s original definition as follows:

(1) The intellectual and cultural movement that affirms the possibility and desirability of fundamentally improving the human condition through applied reason, especially by developing and making widely available technologies to eliminate aging and to greatly enhance human intellectual, physical, and psychological capacities.

(2) The study of the ramifications, promises, and potential dangers of technologies that will enable us to overcome fundamental human limitations, and the related study of the ethical matters involved in developing and using such technologies.

Transhumanism can be viewed as an extension of humanism, from which it is partially derived. Humanists believe that humans matter, that individuals matter. We might not be perfect, but we can make things better by promoting rational thinking, freedom, tolerance, democracy, and concern for our fellow human beings. Transhumanists agree with this but also emphasize what we have the potential to become. Just as we use rational means to improve the human condition and the external world, we can also use such means to improve ourselves, the human organism. In doing so, we are not limited to traditional humanistic methods, such as education and cultural development. We can also use technological means that will eventually enable us to move beyond what some would think of as “human”». Disponible en: https://humanityplus.org/philosophy/transhumanist-faq/

[8] «Pero resulta todavía más irónico que la historia de la ciencia fuese a destruir la imagen lineal del progreso científico mediante el replanteamiento de esa propiedad postulada para la línea recta de no admitir más que una paralela trazada por cualquier punto fuera de ella. Dado que las simulaciones de revolución en geometría euclidiana, ensayadas por Saccheri y Lambert, han sido ignoradas por sus contemporáneos matemáticos, los filósofos del siglo XVIII desconocían la idea, hoy banal, de la fecundidad teórica del No. Todavía más que la geometría no euclidiana, la mecánica no newtoniana ha contribuido a introducir en la historia de las ciencias la idea de rectificación dialéctica. El progreso continuo es un concepto de epistemología conservadora. Quien anuncia el progreso hace del hoy un mañana. Ahora bien, solamente es mañana cuando podremos hablar del día anterior. En cuanto a la crisis de las nociones fundamentales de la geometría y del análisis, a principios del siglo XIX, y la utilización de los números complejos y de las series infinitas, Jean Cavaillès escribió, «los resultados obtenidos gracias a los nuevos instrumentos son los que llevan a transformar todo el sistema matemático: modelos no euclidianos y geometría proyectiva construidos con la ayuda de los números complejos, teorías de las funciones arbitrarias representadas por series trigonométricas…, las matemáticas reales iniciales no son más que un caso particular, situado en el seno de las nuevas matemáticas y explicado por ellas mismas» (Canguilhem, 1999:675).

[9]«What are the problems in Faye’s vision? From my admittedly parochial perspective (‘I should be dissatisfied in Heaven’), there are four major ones. The first has to do with his understanding of archeofuturism, which tends to emphasize the futuristic at the expense of the archaic. Dismissing (at time disdaining) Traditionalist and Heideggerian reservations about technology, Faye favors numerous techno-scientific tendencies he thinks necessary to European survival Foremost of these are nuclear power, genetic engineering, and a more general inclination to what is called ‘transhumanism’. This ‘ism’ favors transforming the human condition by developing technologies that enhance human capacities and overcome human limitations. I find this ‘transhumanism’ potentially nihilistic, not only from the perspective of a ‘Christian-European rationality’, which distrusts man’s ability to improve on nature (for ‘the sleep of reason brings forth monsters’), but also from a metahistorical perspective that sees the techno-scientific basis of our sensate culture as having fixated on theories of truth that grasp only a narrow aspect of human reality and consequently dismiss the most important things» (O´meara, 2013: 18).

[10]«We have said before that Transhumanism can be mixed with any kind of ideology that accepts its principles; this applies, above all, to progressive ideologies, but not excusively. This is the case, for example, of Italian “Superhumanists”, who refer to the Nouvelle droite by Alain De Benoist , to the thought of Giorgio Locchi and to the Archeofuturism of Guillaume Faye- essentially to the radical right» (Manzocco, 2019:45).

[11] «WTA STATEMENT ON RACIALISM

Any and all doctrines of racial or ethnic supremacy/inferiority are incompatible with the fundamental tolerance and humanist roots of transhumanism. Organizations advocating such doctrines or beliefs are not transhumanist, and are unwelcome as affiliates of the WTA. (adopted 02/25/2002)».

[12] «la política futura se estructurará en función de la actitud de cada cual hacia las antropotecnias. Los ejes tradicionales, izquierda-derecha, o conservadores-liberales, quedarán obsoletos y serán sustituidos por el eje precaucionistas-proaccionistas (precautionaries-proactionaries) (Fuller y Lipinska, 2014), valgan los neologismos. Los unos defenderán un uso restringido o nulo de las antropotecnias, mientras que los otros abogarán por la implantación irrestricta, o casi, de las mismas. Y el TH ya ha tomado posición en el debate: lidera las propuestas más favorables a las antropotecnias, es decir, a la intervención técnica profunda sobre el propio ser humano. El objetivo declarado de esta intervención consiste en lograr la llamada mejora humana (human enhancement)» (Marcos, 2018:109).

[13] «L’optimisme forcé, assez irrationnel, sur la ”nouvelle économie numérique”, avec le big data, la blockchain, l’impression 3D, le ”transhumanisme”, etc. qui préfigureraient une “quatrième révolution industrielle” et un nouveau paradigme (et paradis) économique mondial, relève probablement de l’utopie et de l’auto persuasion.  Et de la croyance aux miracles» (Faye, 2016). Disponible en: http://www.gfaye.com/vers-un-crash-economique-mondial/

[14] Físico, epistemólogo y filósofo de la ciencia argentino. Sus obras son internacionalmente reconocidas en el mundo de la ciencia. Sentó las bases de su propio sistema teorético bajo el nombre de hylerrealismo o realismo científico, también ha sido uno de los principales propulsores de la lucha contra las modas intelectuales, dentro de estas últimas el transhumanismo.

[15] «El transhumanismo es un cuento, y tal vez una religión solapada» (Bunge, 2019).

[16] «Le mythe de la ”quatrième révolution industrielle”.

La première révolution industrielle – début du XIXe siècle– s’organisait autour de la machine à vapeur, la deuxième (fin du XIXe) autour de l’électricité, la troisième autour de l’informatique (milieu XXe). La quatrième révolution (début XXIe), issue des deux dernières, l’électrique et l’électronique, concernerait la généralisation d’Internet et des connections universelles numériques par le web. Le concept de « 4e révolution industrielle » est né après la foire de Hanovre en 2011, où l’on a célébré la naissance de l’ ”usine connectée” ; cette dernière, entièrement ”webisée” et branchée directement sur les clients, est robotisée et emploie de moins en moins de salariés. On a créé l’expression abstraite d’ ” industrie 4.0”. C’est un concept assez creux : à quand, l’ ”industrie 5.0” ?

Un des gourous néo-romantiques de cette « 4e révolution industrielle » est – comme indiqué plus haut – le Pr. Klaus Schwab, fondateur et animateur du forum économique mondial de Davos. Le colloque de janvier 2016 a été consacré à la 4e révolution industrielle. Au programme : l’intelligence artificielle, la robotique, les objets connectés, les nanotechnologies, des innovations « révolutionnaires ». Pourquoi pas ? Ce qui est à la fois intéressant mais par ailleurs comique, c’est que tous les médias, sans aucun recul, ont cru sur parole les conclusions (idéologiques plus que scientifiques) de ce forum de Davos. Personne ne s’est posé la question de savoir quelles améliorations concrètes apportait cette miraculeuse économie numérique qui est pourtant parallèle d’une dégradation de la situation mondiale. L’invasion migratoire qui déstabilise l’Europe, la montée du djihad islamique, l’effondrement des cours du pétrole, l’accélération planétaire de tous les types de pollution ne furent pas des sujets abordés. La ”révolution numérique” est censée résoudre tous les problèmes. C’est la croyance aux miracles, qui relève plus de la pensée magique que de la réflexion rationnelle.

Le néo–scientisme et l’écologisme

Les prophéties sur la révolution de l’économie numérique, avec ses mots fétiches, cloud,big data, transhumanisme, etc, appartiennent à une idéologie néo–scientiste qui risque de déboucher sur des désillusions terribles. Or, ce néo-scientisme sans prise de recul, comme celui de la fin du XIXe siècle, cohabite curieusement, chez les mêmes, avec un anti–progressisme écologiste. Il est aussi stupide que les théories de la ”décroissance : il relève du même extrémisme.

Ce romantisme néo-scientiste est l’exact pendant de celui de la fin du XIXe siècle – relisez Jules Vernes et Victor Hugo – où l’on s’imaginait l’avenir en rose sous l’influence du concept magique et au fond peu rationnel de ”Progrès”. À la fin de son poème La légende des siècles, Victor Hugo brossait une vision idyllique du XXe siècle.

Les erreurs des pronostics technologiques sont une habitude. Jules Vernes prévoyait qu’en 1960, les habitants des villes se déplaceraient en engins volants individuels. Mais il n’avait pas prévu l’automobile. Et, dans les années 60, on pronostiquait des bases humaines nombreuses sur la Lune et sur Mars, astronomiques et d’extraction minière, la généralisation des transports aériens supersoniques et hypersoniques stratosphériques ainsi que la diffusion de l’énergie de fusion nucléaire. Bien des pronostics sur le futur de la ”révolution numérique” relèvent probablement des mêmes erreurs utopiques de jugement.

L’utilité marginale déclinante de l’économie numérique

Le téléphone, l’électrification, le chemin de fer et l’automobile, l’aviation comme la radio et la télévision, la pénicilline, l’anesthésie, etc. ont été des bonds technologiques énormes, de par leurs conséquences, bien plus qu’Internet ou l’économie numérique. Le binôme numérique/ informatique offre moins de facilités qu’on ne croit ; parce qu’il complique les processus autant qu’il ne les simplifie. Les innovations technologiques de la ”révolution numérique” ne répondent pas dans la pratique quotidienne, à leurs promesses. Elles sont inférieures en terme d’avantages marginaux aux innovations des précédentes mutations techno–industrielles» (Faye, 2016). Disponible en: http://www.gfaye.com/revolution-numerique-miracle-ou-impo...

 

Translator’s Note:

*This short essay is also available in his book “Why We Fight” (Arktos, 201), see Chapter 2: Preliminary Elements, The Imposture of the ‘New Economy’.

 

Source:

https://www.facebook.com/notes/israel-lira/arqueofuturism...

Also available at:

https://www.academia.edu/39811541/Arqueofuturismo_un_dina...

https://archive.org/details/arqueofuturismoundinamismovita...

mardi, 27 octobre 2020

Star Trek vs. the Radical Right: Visions of a Better World - About Guillaume Faye's futurism

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Star Trek vs. the Radical Right: Visions of a Better World

About Guillaume Faye's futurism

Guillaume Faye’s writing is a prime example of how radical-right fictional accounts imagine the transformation toward what the radical right considers a better world.

Science fiction has a long history of progressive politics. Probably the best-known example is the Star Trek franchise that started in the 1960s with an Asian helmsman, a navigator from Russia and a black woman as a communications officer and features non-binary and transgender characters in the upcoming third season of “Star Trek: Discovery.” Such politics are not that of the radical right, be they communicated through doctrinaire texts or (science) fiction(s) of a “better world,” the latter being arguably more persuasive due to their emotive nature and a good story’s ability to psychologically transport the reader away from reality and into the world of a hero’s fictive journey.

An occasion where these two modes meet is Guillaume Faye’s “Archeofuturism: European Visions of the Post-Catastrophic Age,” which was originally published in French in 1998. Faye recently featured on these pages, and it is thus sufficient to say that this key thinker of the radical right puts forward a specific argument against egalitarianism and the philosophy of progress.


Did a French Far-Right Thinker Predict 2020?

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Following an introduction, “Archeofuturism” starts with an assessment of the Nouvelle Droite (the New Right), including criticism of “ethno-cultural relativism” that prevented the affirmation of “the superiority of our own civilization.” This is followed by a chapter on archeofuturism; an “Ideologically Dissident Statements”; Faye’s discussion of a two-tier world economy; a chapter entitled “The Ethnic Question and the European”; and, finally, a short science fiction story to which I now turn.

indexGFconv.jpgThe Great Catastrophe

Concerning archeofuturism, Faye introduces archaism in terms of the unchangeable “values, which are purely biological and human,” meaning separated gender roles, defending organic communities and “explicit and ideologically legitimated inequality” among social statuses, while futurism is described as “the planning of the future,” a “constant feature of the European mindset” that rejects “what is unchangeable.” Hence, “Archeofuturism” celebrates technological advancements such as genetic engineering from a distinctly radical-right ethos.

Not quite Star Trek’s message, but why bother? Although Faye presents “Archeofuturism” in a classic intellectual style, he also attempts to increase its appeal by fictionalizing his ideas. That is, a story at the end of the book conveys not simply its key points, but an entire, alternative future. This final chapter is not simply dystopian, as is the case with so many radical-right fiction novels, but utopian — not foregrounding decadence and catastrophe, but “the good life” and a happy rebirth of “our folk — whether in Toulouse, Rennes, Milan, Prague, Munich, Antwerp or Moscow.” Thus, the story facilitates emotional identification with a not so distant future, warranting a closer look at this fictionalization of radical-right politics.

The short story is entitled “A Day in the Life of Dimitri Leonidovich Oblomov: A Chronicle of Archeofuturist Times” and introduces the reader to Faye’s future through the eyes of the Plenipotentiary Councillor of the Eurosiberian Federation Dimitri Leonidovich Oblomov on a day in June 2073. It describes what happened following the “Great Catastrophe,” a convergence of catastrophes central to Faye’s theory that allegedly manifests the end of the “fairytale ideology” of egalitarianism and progress underpinning modernity.

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According to Faye, this is the convergence of seven main crises: a demographic colonization of Europe; an economic and demographic crisis; the chaos in the South; a global economic crisis; the rise of religious fanaticism, primarily Islam; a North-South confrontation; and environmental pollution, which, interestingly, includes an unambiguous acceptance of anthropogenic climate change. Faye assumed this convergence to take place between 2010 and 2020. The story speaks of 2014-16 and tells the reader that, consequently, 2 billion people had died by 2020.

Readers furthermore learn that following this Great Catastrophe, the Eurosiberian Federation, resulting from the fusion of the European Union and Russia, was founded. Indeed, the idea of a federal Europe is central to Faye’s approach. In contrast to most of his fellow travelers on the radical right, Faye views the contemporary European Union as an insufficient but necessary step toward this federation. Such an imperial block — like India, China, North America, Latin America, the Muslim world, black Africa and peninsular Asia — would be a semi-autarky and an actor on the world stage while simultaneously enabling strengthening of regional identities across the federation.

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Another key element of Faye’s theory, its unrestricted celebration of technoscience, is also present throughout the story. For example, Oblomov speaks of a base on Mars and spends most of the story on a “planetary train” from Brest to Komsomolsk, a journey which takes only about three hours.

However, within the federation, only 19% cent of the population participate in the technoscientific economy and way of life which “solve[ed] the problems of pollution and energy waste – the planet could finally breathe again. … Still, it was too late to stop global warming, the greenhouse effect and the rise of sea levels caused by wide-scale toxic emissions in the Twentieth century. Science had made rapid progress, but it only affected a minority of the population; the others had reverted to a Medieval form of economy based on agriculture, craftsmanship and farming.”

Not only is this program manifestly inegalitarian, Faye also simply assumes that the vast majority, in fiction and reality, will enjoy a pre-industrial, neotraditional way of living. Faye’s technoscientific vision includes chimeras and the genetic manipulation of children, the benefits of which will only be available to a minority.

Extra-European

Turning to the representation of women, the story introduces three in particular and not untypical ways: Oblomov’s wife, who looks after the children and who only really enters at the end of the story; a virtual female secretary — not “a fat and repulsive old hag” but one who “had perfect measurements, always appeared in scanty dresses and made suggestive remarks from time to time”; and a “dark-skinned and very beautiful girl.” In fact, it is through the conversation between this Indian girl and Oblomov during the train ride that the reader learns much about Faye’s archeofuturist vision.

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Finally, Faye’s vision of the post-catastrophic age includes the cleansing of Europe from its “extra-European” population. In Faye’s writing, Islam is the main enemy and, consequently, the story reports an invasion of Europe by an Islamic army in 2017 that teams up with ‘“ethnic gangs”’ before a Reconquista (with the help of Russia) leads to victory and the deportation of millions of descendants of extra-European immigrants. Unsurprisingly, deportation is driven by archaic criteria as Faye talks about the “right of blood” and the “collective biological unconscious.” 

A radical-right publisher in Germany recently released the story as a stand-alone book, and the piece is particularly notable due to its direct transformation of theory into science fiction. Indeed, the story is a prime example of how radical-right fictional accounts “imagine the unimaginable” — the transformation toward what the radical right considers a “better world.” Not only fans of Star Trek should take notice of such worlding as the latter can have real-world consequences.

*[Fair Observer is a media partner of the Centre for Analysis of the Radical Right.]

The views expressed in this article are the author’s own and do not necessarily reflect Fair Observer’s editorial policy.

jeudi, 30 juillet 2020

Le futurisme contestataire

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Le futurisme contestataire

par Maurice Cottaz

Ex: http://terreetpeuple.com

« Une automobile rugissante, qui a l'air de courir sur de la mitraille, est plus belle que la Victoire de Samothrace». Filipo Tommaso Marinetti l'affirme dans un manifeste, publié, le 20 février 1909, dans « Le Figaro».

Pour   lancer   cette   proclamation,   qui condamne   « l'immobilité   pensive»   et exalte   « le mouvement   agressif...,   le pas gymnastique,   le saut périlleux,   la gifle et le coup de poing», le poète italien     a     choisi     Paris.     Son     pays, estime-t-il, ne convient pas à une telle entreprise.

Choix     paradoxal,     puisque     l'auteur entend bien demeurer essentiellement italien, et donner au « futurisme», dont il   expose   les   principes,   un   caractère national. Paris   est alors   la   ville accueillante à toutes les créations littéraires et artistiques. Naturalisme, impressionnisme, symbolisme, orphisme, nabisme, fauvisme, cubisme y ont suscité des curiosités inlassables et des débats passionnés.

L'Italie, au contraire, demeure soumise aux disciplines classiques. Dans le Nord, son développement industriel paraît requérir toutes ses énergies.

Marinetti n'est qu'un homme de lettres, mais un an (presque jour pour jour) après son manifeste, cinq peintres italiens qui ont adopté ses principes en publient un à leur tour, Ils se nomment Boccioni, Carra, Russolo, Baila, Severini.

En Italie, cette déclaration de principes fait, selon l'un de ses signataires, « l'effet d'une décharge électrique».

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Au mois d'avril suivant, les «cinq» publient un nouveau document : le « Manifeste technique de la peinture futuriste».

La prééminence du dynamique sur le statique y est affirmée. La nouvelle peinture traduira dans son langage « la vie moderne fragmentaire et rapide».

« II faut mépriser toutes les formes d'imitation». Le mouvement et la lumière doivent anéantir la matérialité des corps. Le nu, encore triomphant dans les salons, est déclaré aussi nauséeux en peinture que l'adultère en littérature. Les futuristes exigent sa suppression totale pour dix ans.

L'absolutisme même des allégations futuristes ne facilite pas, en 1910, l'approbation des théories nouvelles par l'opinion italienne. Aussi est-ce à Paris que, grâce à Gino Severini, qui est venu y résider, la première grande exposition futuriste peut avoir lieu. Elle se tient en février 1912 à la galerie Bernheim-Jeune.

Soixante et un ans après cette manifestation historique, c'est encore Paris qui présente, au Musée d'art moderne, une rétrospective de ce mouvement.

Près   de   quatre-vingt-dix   peintures, sculptures et dessins, et de nombreux documents, permettent de mesurer le chemin parcouru depuis la proclamation de ces audaces. Il apparaît aujourd'hui qu'elles ne se sont pas soustraites à une permanence plastique de bon aloi : les peintres futuristes sont d'abord des peintres ; le « faire » italien s'y distingue. C'est en vain qu'ils s'élèvent contre la culture classique. Ils sont conditionnés par un savoir séculaire, qu'ils enrichissent des recherches picturales de leur temps.

Celles-ci leur fournissent les moyens techniques d'exprimer la lumière et le mouvement. Le divisionnisme de Seurat, en particulier, permet la conversion des formes en vibrations lumineuses et en perceptions animées.

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Le futurisme, qui doit tant au cubisme, s'oppose ici à lui. Alors que le cubisme, soucieux de constructivité, tente de rétablir un ordre classique par la recomposition synthétique des formes, le futurisme tend à un éclatement, traduisant des « états d'âme plastiques».

En raison même de la liberté et de la souplesse de l'expression verbale, Marinetti apparaît cependant plus affranchi du formalisme traditionnel que ceux qui le suivront picturalement.

Cet Italien si indéfectiblement attaché à son pays est, en outre, de culture cosmopolite. Né à Alexandrie, en Egypte, en 1876, il a accompli à Paris la majeure partie de ses études. Il s'exprime aussi bien en français qu'en italien. Sa tragédie « Le roi Bombance », publiée en 1905, a même été écrite dans notre langue, et n'a été traduite qu'ultérieurement en italien, sous le titre « Re Baldoria». Son œuvre littéraire est alors désordonnée, baroque, voire saugrenue, mais brillante et riche d'inventions. En fait, ce novateur apparemment brouillon est très informé des diverses tendances qui contestent la culture de son temps. Il n'ignore pas les essais « unanimistes» de Jules Romains, dont « L'âme des hommes» a paru en 1904.

Si l'on ne peut lui refuser la paternité d'un mouvement qu'il a eu le mérite de définir et d'animer chaleureusement, on peut considérer que, curieux de littérature française, il a dû connaître les textes précurseurs de ce qui sera le futurisme.

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Or il ne les a jamais évoqués. Et en conséquence, le même silence a été observé par ses biographes, et par les historiens du futurisme.

Compte tenu de l'évolution technique, la précellence de l'automobile de course sur la «Victoire de Samothrace» a pourtant des précédents. Dès 1852 (année de l'établissement du Second Empire) Louis de Cormenin blâmait, dans « Les fleurs de la Science», les «poètes à courte vue» qui estimaient incompatibles le machinisme et le lyrisme. La machine, certes, est encore imparfaite, écrivait-il, mais attendez, « et la locomotive sera aussi belle que le quadrige d'Agamemnon ».

En   1853,   la   «Revue   de   Paris» entreprenait une campagne en faveur de l'introduction du monde mécanique dans les lettres et dans les arts. Louis Ulbach, Achille Kaufmann se distinguaient dans cette tentative. Kaufmann décrivait habilement, en peintre pourrait-on dire, les sensations visuelles d'un voyageur en chemin de fer. S'adressant aux hommes de lettres, il leur disait : « Si vous ne sentez pas alors le grandiose et la poésie de l'industrie, vous n'avez pas besoin de chercher ailleurs des inspirations, vous n'en trouverez nulle part».

Deux ans plus tard, Maxime Du Camp faisait paraître ses « Chants modernes», dont la préface constituait, plus d'un demi-siècle avant Marinetti, un véritable manifeste futuriste. Du Camp dénonçait l'attachement à un archaïsme gréco-latin. On s'occupe encore, écrivait-il, de la guerre de Troie et des Panathénées, en un siècle « où l'on a découvert des planètes et des mondes, où l'on a trouvé les applications de la vapeur, l'électricité, le gaz, le chloroforme, l'hélice, la photographie, la galvanoplastie...»

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Cormenin, Ulbach, Kaufmann, Du Camp avaient d'ailleurs, en Angleterre, un illustre prédécesseur: William Wordsworth, mort en 1850, à quatre-vingts ans. « Les découvertes du chimiste, du botaniste ou du minéralogiste, avait-il dit, seront, pour l'art du poète, des objets aussi convenables que ceux sur lesquels il s'exerce actuellement».

Même un romancier tel que Jules Verne ne dédaignait pas de recourir au vocabulaire scientifique pour ses descriptions poétiques. Ainsi ce lever de soleil : « Le luminaire du jour, semblable à un disque de métal doré par le procédé Ruolz, monta de l'océan comme s'il sortait d'un immense bain voltaïque».

Parmi les artistes disposés à passer de la novation littéraire à la novation plastique, Umberto Boccioni va se révéler l'un des plus résolus. Lorsqu'il fait la connaissance de Marinetti, en 1909, l'année du premier manifeste, il s'est déjà livré à des recherches tendant à soustraire les arts aux disciplines académiques alors en faveur. D'abord séduit par le néo-impressionnisme et le « Modem style», il s'intéresse, dès 1911, au cubisme. Sculpteur autant que peintre, Boccioni publie en 1912 le « Manifeste technique de la sculpture futuriste».

Sa condamnation de l'exploitation du classicisme y est catégorique. Prétendre créer « avec des éléments égyptiens, grecs, ou hérités de Michel-Ange, est aussi absurde, assure-t-il, que de vouloir tirer de l'eau d'une citerne vide au moyen d'un seau défoncé».

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Les tableaux actuellement exposés au « Musée national d'art moderne» démontrent l'efficacité de ses recherches quant à l'expression du mouvement. Sans aucune détermination précise des cavaliers et de leurs montures, sa «Charge des lanciers» impose le sentiment vertigineux d'une force convergeant irrésistiblement sur un même point.

D'un tempérament moins doctrinaire que Boccioni, Carlo Carra prétendra avoir découvert la notion picturale du mouvement en se trouvant mêlé à une manifestation populaire. Sa fréquentation des milieux ouvriers, socialistes et anarchistes, contribuera évidemment à de telles découvertes.

Il s'efforce cependant d'aller au-delà de la traduction du mouvement, et d'exprimer aussi les sons et les odeurs, afin d'obtenir une « peinture totale». Ses conceptions en cette matière sont pour le moins originales. « Nous n'exagérons guère, écrit-il en 1913, lorsque nous affirmons que les odeurs peuvent à elles seules déterminer dans notre esprit des arabesques de formes et de couleurs constituant le thème d'un tableau et justifiant sa raison d'être.»

« Les funérailles de l'anarchiste Galli», «Ce que m'a dit le tram», «Poursuite», présentés à Paris, sont des œuvres qui expliquent les aspirations de l'artiste. Carra y renoncera plus tard, après avoir rencontré Chirico, et pratiquera, au sein du groupe « Novecento », la peinture figurative qu'il avait dénoncée en sa jeunesse.

Luigi Russolo n'est pas seulement peintre, il est aussi, et avant tout sans doute, musicien. Aussi ne peut-on pratiquement pas isoler ses recherches plastiques de ses recherches musicales.

— Nous prenons infiniment plus de plaisir, a-t-il dit, à combiner idéalement des bruits de tramways, d'autos, de voitures et de foules criardes qu'à écouter encore, par exemple, l'« Héroïque» ou la « Pastorale».

La machine musicale (« Intonarumori ») que Russolo construisit, avec le peintre Ugo Piatti, n'apparut cependant pas convaincante. Après la guerre, où il fut blessé, son inventeur vint à Paris, où il se livra, lui aussi, à la peinture figurative.

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Doyen des signataires des manifestes de 1910, Giacomo Balla aura été essentiellement peintre. Encore qu'il se soit formé à peu près seul, il fait toujours au début du siècle, figure de maître. Il compte parmi ses élèves Boccioni et Severini.

Ses études de la décomposition de la lumière et du mouvement doivent beaucoup au divisionnisme. Mais il se propose de donner à celui-ci un caractère plus général, et d'en faire, en quelque sorte, l'instrument d'une esthétique nouvelle.

Son « Lampadaire» a pour objet principal de « démontrer que le romantique clair de lune est écrasé par la lumière électrique moderne». Ses « interpénétrations» préfigurent les recherches d'abstraction géométrique.

Si Gino Severini est, en France, le plus connu des artistes futuristes italiens, c'est qu'il s'établit très jeune à Paris, où il demeurera pratiquement pendant soixante ans. Compagnon d'Apollinaire, Max Jacob, Modigliani, Picasso, Braque, Delaunay, il épouse en 1913 la fille de Paul Fort.

A ses débuts, la peinture de Seurat exerce sur lui une influence décisive. Mais très tôt il est acquis aux principes du futurisme, qui répond à ses goûts modernistes pour la machine et la vitesse, qui, croit-il, doivent permettre à l'homme de dominer la matière. Il va même jusqu'à s'initier au pilotage aéronautique.

Plusieurs de ses œuvres exposées ont été inspirées par la vie parisienne : « L'autobus», « La danse de l'ours au Moulin-Rouge», « Rythme plastique du 14 juillet», « Danseuse au bal Tabarin». L'artiste a lui-même expliqué le sens du tableau «Nord-Sud» qui figure à l'exposition : « l'idée de la vitesse avec laquelle un corps illuminé traverse des tunnels alternativement sombres et éclairés...».

A ces cinq «grands» du futurisme, il faut ajouter Ardengo Soffici, écrivain autant que peintre, et l'architecte Antonio Sant'Elia, qui, soldat, fut tué en 1916, à vingt-sept ans. Un an plus tôt, Soffici avait déjà abandonné le groupe futuriste, en raison de ses dissentiments avec Marinetti.

La guerre, dont Marinetti magnifie les vertus régénératrices, sera donc fatale au futurisme italien proprement dit. Aux épreuves d'un conflit qui provoque des pertes irréparables, s'ajoutent des outrances de pensée et des intempérances de langage peu faites pour contribuer au crédit de cette école.

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Ainsi, dans son « Manifeste futuriste de la luxure», publié en janvier 1913, Valentine de Saint-Point se livre à une apologie déréglée de la guerre. « La luxure, professe cette petite-nièce de Lamartine, est pour les conquérants un tribut qui leur est dû. Après une bataille où des hommes sont morts, il est normal que les victorieux, sélectionnés par la guerre, aillent, en pays conquis, jusqu'au viol pour recréer de la vie».

Sans doute Valentine de Saint-Point n'exprime-t-elle là que des considérations personnelles. C'est d'ailleurs une excentrique (vers la fin d'une carrière agitée, s'étant retirée en Egypte, elle se convertit à l'islamisme).

Pour avoir soutenu les futuristes avec un zèle jugé alors intempestif, Apollinaire, quant à lui, perdra en 1914 sa fonction de critique d'art à « l'Intransigeant» : « Vous vous êtes obstiné, lui écrit son directeur, Léon Bailby, à ne défendre qu'une école, la plus avancée, avec une partialité et une exclusivité qui détonnent dans notre journal indépendant... La liberté qu'on vous a laissée n'impliquait pas dans mon esprit le droit pour vous de méconnaître tout ce qui n'est pas futuriste».

Ce grief apparaît aujourd'hui d'autant plus singulier que Guillaume Apollinaire ne peut être tenu pour un champion inconditionnel des futuristes. S'il a été séduit par leur mouvement, il en a distingué les travers : « Ils se préoccupent avant tout du sujet, écrit-il en 1912. Ils veulent peindre des états d'âme. C'est la peinture la plus dangereuse qui se puisse imaginer...»

Sans le déclarer ouvertement, Apollinaire accorde plus de crédit au cubisme, qu'il comprend d'ailleurs assez mal, qu'au futurisme. Cependant, l'universalité de celui-ci le séduit. L'auteur de « L'hérésiarque» propose de soustraire le futurisme à son italianisme originel, et de « réunir sous ce nom tout l'art moderne», en tenant compte, bien entendu, des particularismes constitutifs.

Cette tentative de fondation d'une «Internationale culturelle» n'est pas sans intérêt, mais elle se trouve aussitôt désavouée par le fondateur du futurisme lui-même : Marinetti. Celui-ci considère que le futurisme ne doit pas se départir de son caractère national.

Sentiment incompréhensible à qui oublierait que le futurisme a été lancé pour « délivrer l'Italie de sa gangrène de professeurs, d'archéologues, de cicérones et d'antiquaires... L'Italie a été trop longtemps le grand marché des brocanteurs. Nous voulons la débarrasser des musées innombrables qui la couvrent d'innombrables cimetières».

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En 1910, dans son « Discours futuriste aux Vénitiens», Marinetti se réfère au passé glorieux de la cité des Doges pour flétrir l'avilissement de sa population contemporaine :

« Vous fûtes autrefois d'invincibles guerriers et des artistes de génie, des navigateurs audacieux et de subtils industriels... Avez-vous donc oublié que vous êtes avant tout des Italiens ? Sachez que ce mot, dans la langue de l'Histoire, veut dire : constructeurs de l'Avenir...»

Et, après avoir évoqué les « héros de Lépante», Marinetti conclut en exhortant ses compatriotes à préparer « la grande et forte Venise industrielle et militaire qui doit braver l'insolence autrichienne sur la Mer Adriatique, ce grand lac italien».

Déclaration belliciste qui rappelle que le futurisme n'est pas seulement un mouvement esthétique. Son caractère politique est attesté dès ses premières déterminations. Au neuvième paragraphe de son manifeste de 1909, Marinetti a proclamé : « Nous voulons glorifier la guerre (seule hygiène du monde), le militarisme, le patriotisme, le geste destructeur des anarchistes, les belles idées qui tuent, et le mépris de la femme»,

L'Italie de 1909 ne convient évidemment pas à l'application d'une telle doctrine. A la tête du gouvernement, Giovanni Giolitti pratique une politique de modération. Libéral et opportuniste, peu soucieux d'idéologie, mais attaché aux principes d'une gestion raisonnable des affaires publiques, il entend « donner satisfaction aux intérêts purement individuels et locaux». Il excelle à s'assurer une « clientèle». Salandra, qui lui succède à la veille de la Première Guerre mondiale, poursuit cette politique incolore.

Dans ce climat lénifiant, les futuristes ne paraissent que plus insolites. Depuis le début de l'année 1913, ils disposent cependant d'une revue, « Lacerba», dirigée par Giovanni Papini et Ardengo Soffici. Ce périodique atteint rapidement un tirage d'une vingtaine de milliers d'exemplaires. En raison même de sa dénonciation du régime «bourgeois», il est bien accueilli dans les milieux ouvriers, auxquels le programme futuriste doit pourtant paraître singulier.

En novembre 1914 paraît un nouveau journal «socialiste», qui dénonce l'attentisme du gouvernement et réclame l'intervention de l'Italie dans la guerre. Cet organe, « II popolo d'Italia», a pour animateur Benito Mussolini. En épigraphe, une citation de Napoléon : « La révolution est une idée qui a trouvé des baïonnettes». Son premier éditorial, signé Mussolini, se termine par ces mots : « Mon cri augural est un mot effrayant et fascinant : Guerre! »

A cinq ans de distance» la proclamation de Marinetti se trouve ainsi répétée, amplifiée par la réalité du conflit qui va bouleverser l'Europe.

Lorsque, en mars 1919, Mussolini crée le « Fascio », il reçoit naturellement l'adhésion de Marinetti.

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Loin d'être scandaleux, le passage du futurisme au fascisme procède ainsi de la simple logique.

Aux diatribes des futuristes contre l'art académique, la littérature conventionnelle, l'enseignement traditionaliste, tout ce qui témoigne de la mort par sclérose d'une société, répond le chant allègre du Parti: Giovinezza («Jeunesse ») !

L'exposition du futurisme au « Musée d'art moderne» ne s'étend que sur une période de huit ans, de 1909 à 1916 : du premier manifeste de Marinetti à la mort de Boccioni et de Sant'Elia. L'époque du ralliement et celle qui lui a succédé, non seulement en Italie mais dans le monde, sont ainsi délibérément écartées.

Cependant, Marinetti n'est mort qu'en 1944, Russolo en 1947, Balla en 1958, Carra et Severini en 1966. Le futurisme, qui avait en quelque sorte assimilé les découvertes de l'impressionnisme, du pointillisme, du cubisme, devait féconder à son tour d'autres mouvements.

En Italie même, des artistes comme Prampolini, Martini, Depero, Sironi, Morandi, d'autres encore (et avec eux l'architecte Chiattone) ont maintenu, plus ou moins longtemps, la tendance futuriste.

En 1928, encore, le régime fasciste encourageait la « Première exposition d'architecture futuriste».

En Russie, où les novations culturelles occidentales étaient attentivement observées, Larionov, l'inventeur du « rayonnisme», reconnaissait dès 1913 ce qu'il devait au futurisme, au cubisme et à l'orphisme. Malévitch s'était inspiré très tôt, lui aussi, des principes de la nouvelle école italienne,

Gontcharova devait beaucoup à celle-ci, ainsi que l'atteste sa manière de provoquer le sentiment du mouvement par la décomposition des images.

Les œuvres de Mondrian, de Kandinsky, de jozef Peeters se réfèrent implicitement à « la splendeur géométrique et mécanique», et à la «sensibilité numérique» exaltées par Marinetti.

En Allemagne, l'influence du futurisme est sensible dans les œuvres de Meidner, Dix, Richter, Schad, etc.

Aux États-Unis, sur celles de Davies, Kuhn, Cramer, Kantov, Weber.

En Angleterre, le « vorticisme », fondé par Wyndham Lewis dès 1914, procède directement du futurisme. Ezra Pound, qui lui donna son appellation, l'a reconnu dans un propos dont la résonance va bien au-delà du particularisme vorticiste : « L'écrivain italien qui m'intéresse le plus aujourd'hui, et envers lequel je me sens une large dette de gratitude, est Marinetti. Marinetti et le futurisme ont donné un grand élan à toute la littérature européenne. Le mouvement qu'Eliot, Joyce, moi et d'autres avons lancé à Londres n'aurait pas existé sans le futurisme».

Maurice Cottaz

Sources: Le Spectacle du Monde – Novembre 1973

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samedi, 18 mai 2019

Valentine de Saint-Point : le futurisme au féminin

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Valentine de Saint-Point : le futurisme au féminin

par Arnaud Bordes

Ex: http://rebellion-sre.fr

Née Anna Jeanne Valentine Marianne Desglans de Cessiat-Vercel, elle est par ascendance maternelle arrière-petite-nièce d’Alphonse de Lamartine. La famille s’installa à Mâcon où elle vécut son enfance entre sa mère, sa grand-mère, son précepteur, ses dons précoces, sa passion pour la lecture, et ses premières aquarelles et poésies. Rien ne lui fut mystère de sa glorieuse généalogie, dont elle s’enorgueillit jusqu’à prendre, d’après le nom du château de l’illustre poète, le pseudonyme de Saint-Point.

*

Dans le temps des années d’avant-guerre, dans ce Paris qui concertait toutes les élites cosmopolites et artistiques, où peintres, musiciens, sculpteurs, écrivains, collectionneurs s’unissaient et se désunissaient en académies, cénacles et galeries, V. de Saint-Point sut briller. Portant beau et aristocratiquement, d’une séduisante facilité de mœurs, souvent de pourpre vêtue1, bijoutée d’extravagances, émancipée dans l’activité sportive et l’escrime, mondaine accomplie, elle ne laissait pas indifférente la gent masculine qui s’empressait autour de ses impétuosités.

Si elle ne la lança pas dans le monde, puisqu’elle l’agitait déjà, sa rencontre, puis son union libre, avec le polygraphe Ricciotto Canudo, qui fréquentait les groupes de la modernité, lui permit toutefois d’imposer son engagement d’écrivain auprès des personnalités qui comptaient. Le couple avait de pareils intérêts pour le symbolisme et une conception universaliste du langage. Ricciotto Canudo fonda une revue (dont le nom, Montjoie !, n’était assurément pas fortuit) où l’on disputa du monde des Idées. Et tous deux firent le voyage d’Espagne et du Maghreb, où elle s’initia aussi bien à l’architecture mauresque qu’aux philosophes arabes et aux arcanes moyen-orientaux.

vspportrai.jpgTrès vite, dans son atelier de la rue de Tourville, à l’instar des salons d’Anna de Noailles, mais avec plus d’inventive faconde, V. de Saint-Point stimula, entre les différentes disciplines et leurs représentants, les rencontres dédiées à la rénovation des esthétiques. L’étude des religions, des mythes gréco-romains et des doctrines secrètes, le spiritisme et l’occultisme, y tenaient bonne place par l’intermédiaire du poète Vivian de Mas dont le théosophisme aigu dégageait des perspectives vers les sphères supérieures, vers les races et les cycles.

Tandis que Tristan Derème, Klingshor, Paul-Jean Toulet, Jean Cocteau, Blaise Cendrars y devisaient, les musiciens Florent Schmitt, Maurice Ravel y jouaient leurs compositions, puis Satie, que l’on redécouvrit, lui un peu oublié depuis les salons Rose-Croix de Péladan, avant de tous se réunir avec des chorégraphes, Diaghilev, Nijinsky, Jeanne Hugard, qui dansaient parfois en avant-première des actes de leurs ballets.

Cette effervescence précipitait les théories, dont la plus avérée fut l’Apollinisme qui, façon de pré-Futurisme, réclama le culte de la vie dans ses liens avec les énergies primordiales et posa le plaisir, au sens d’une jouissance purificatrice, en idéal.

V. de Saint-Point était devant ces aréopages ce que la « Domna » était devant sa cour de trouvères. Elle conduisait les hommages qui l’entouraient pour les transmuter en créativité.

Or, il est une figure qui dominait de son entière renommée toute cette concorde : Rodin, dont V. de Saint-Point fut le modèle puis, incidemment, la secrétaire. Une correspondance nombreuse révèle leur profonde amitié. Elle en révéra l’art qu’elle célébra dans des poèmes et étudia dans La double personnalité d’Auguste Rodin. Par sa présence célèbre, il attirait toujours plus de curieux dans l’atelier de la rue de Tourville. Et ses sculptures, ses nus, en l’occurrence Le Penseur et Le Baiser revêtent une importance particulière. Le premier représentant l’intellect saisi dans toute sa pure splendeur, et l’autre suggérant, au-delà de l’apparence passionnelle, une volupté sacrée voire métaphysique, puis leur aspect souple et massif et comme irradié de subtils mouvements intérieurs, semblent être la mesure symbolique de l’œuvre de V. de Saint-Point qui alternera incarnation et abstraction.

Plus ouvertement, travaillés de spéculations syncrétistes, les écrits de V. de Saint-Point superposèrent progressivement deux thèmes majeurs : la solution d’une féminité originale et la quête d’un pancalisme ou d’une synthèse des arts.

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Sa littérature fut donc requise par plusieurs mouvements. Du Symbolisme, déjà finissant, V. de Saint-Point retint les émotions raffinées, les quêtes synesthésiques et la tentative, par l’entremise d’éléments occultes associés au plaisir d’une langue invocatoire, d’affronter l’invisible au visible, de vérifier, en les entrevoyant peut-être, les intersignes qui nouent les formes finies et les formes infinies. Elle continua d’explorer autant la « forêt de symboles » de Baudelaire que les intuitions délicates de ses aînées, ces éphébesses floues que furent Renée Vivien ou Natalie Barney ou Lucie Delarue-Mardrus. Elle s’efforça aussi vers l’École Romane que Jean Moréas, qui fit sécession avec le Symbolisme dont, pourtant, il rédigea le manifeste, avait fondée dès 1891 afin de recouvrer les vertus d’un classicisme déclamatoire mêlé d’une prédilection pour les cultures méditerranéennes anciennes. Louant dans un style simple mais ample la contemplation de la nature, elle perpétua une mystique des éléments, du vent, de l’eau, du soleil, qui aboutit à une vision panthéiste comme à l’annonce d’un certain néo-paganisme. Un tel retour aux sources l’entraîna vers une critique du monde moderne similaire, momentanément, à celle de Charles Maurras ­ lui-même disciple de l’École Romane dont le refus de la civilisation occidentale, dénoncée comme barbare, s’augmentait d’un éloge des lumières hellènes. Pourtant, V. de Saint-Point inclina moins au rationalisme antique qu’à la célébration, soutenue par l’espoir des rythmes cosmiques, des instincts, des mouvements de l’âme et de sentiments nobles – elle accorda dans ses vers l’exaltation du moi au lyrisme hautain de son grand-oncle pour, à la fin, approfondir une veine romantique : car souvent, en effet, elle ne se déplut pas, presque par fidélité superstitieuse, à s’imprégner du souvenir d’Alphonse de Lamartine en engageant, plus ou moins directement ou magiquement2, son inspiration et son imaginaire sous son ombre tutélaire.

*

vspmanif.jpgToutefois, ce qui prime dans ces principaux recueils, Poèmes de la Mer et du Soleil, L’Orbe pâle, La Soif et les Mirages, c’est la mise en place progressive d’une écriture féminine. Non pas d’une écriture féministe mais d’une écriture au féminin qui promeut plus la femme intérieure que la femme sociale. Non pas d’une écriture revendicative mais d’une écriture créative qui énonce les règles d’une esthétique féminine à part entière et qui essaie de s’affranchir des représentations masculines et littéraires de l’Éternel féminin pour, en quelque sorte, réaliser la Femme éternelle. Et cette Femme ne sera ni la Salomé décadente, ni la Nana naturaliste, ni l’Amazone symboliste, ni la précieuse ridicule des salons, mais procèdera de mythes puissants, qui affleureront dans Les poèmes d’Orgueil et s’imposeront dans son triptyque romanesque de L’amour et de la Mort, dont les romans, Un Amour, L’Inceste, Une mort, seront une déclinaison de la femme en trois archétypes classiques : Aphrodite, Déméter, Hécate.

Dans Un Amour, au travers de personnages nourris de philosophie idéaliste, la relation amoureuse est perçue comme concentration de forces et activation, celles-ci présupposées, de potentialités supérieures résidant dans l’amante, tandis que l’éros, dénoté hors de toute considération biologique ou génésique, est moins une fin qu’un moyen assurant le passage de l’infrastructurel au suprastructurel : l’amante ne s’appréhende plus seulement en mode mineur, charnel et psychique mais en mode majeur et spirituel, elle ne relève plus, pour jouer sur les désinences, de l’aphrodisiaque mais s’élève vers l’aphrodisien – elle atteint à une manière de totalité. S’étant pérennisée, elle pérennise autant l’amant que, surtout, le couple. Ascendante, transcendante, révélée, initiée à elle-même, elle permet à la contemplation de s’apprécier en contemplation platonicienne.

Dans L’Inceste (qui fit scandale et posa à nouveau la question de la morale dans l’art), au-delà de la volonté de transgresser un interdit et de dépeindre une mère dont l’amour maternel verse dans la passion amoureuse, il s’agit de redécouvrir la féminité omnipotente qui, semblable à Gaïa ou à Déméter (ou à toute autre hypostase de grandes déesses antiques de la Nature), est source et principe de vie. La pulsion incestueuse, si elle est déviance, est entendue comme processus de retour à soi : prédominant à tout, une telle féminité tend à être fécondée par ce qui est né d’elle et, se rassemblant et ressemblant à perpétuité, assure certain ordre naturel.

Dans Une Mort, bien que d’un tour plus autobiographique, et où sont condamnés la société et, dans tous ses aspects, qu’ils soient artistiques et moraux, le sexe masculin, émerge une féminité qui se situe à l’opposé des précédentes : puisque la femme est, comme susdit, pouvoir de vie physique et métaphysique, elle est aussi pouvoir de mort. Ce sera alors l’Hécate (ou aussi Ishtar, Astarté, Kali) qui propage les influences démoni(a)ques, dissolvantes, hallucinantes – féminité qui est négation, destruction, non seulement de la virilité mais aussi de toutes formes. Descendante, abyssale, elle est la voie vers une pureté par défaut, subversive, une pureté froide, stérile, vide, la pureté de la tentation du néant.

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Pour compléter, à un niveau plus formel, cette analyse d’une écriture au féminin, il est nécessaire de remarquer que le dessein de V. de Saint-Point est d’entreprendre bel et bien le discours, de se l’approprier en tant qu’il est rhétorique. Or la rhétorique ne se résume pas à des procédés d’éloquence ou à une simple technique littéraire, judiciaire, délibérative ou épidictique. Elle a essentiellement pour fonction de pallier l’arbitraire du signe et de faire en sorte que le langage soit le plus possible en relation avec le réel ; elle est ordre et rythme et, par-là, s’accorde à l’ordre des choses et aux rythmes naturels3. Elle fut connotée comme hypostase, voire image du Verbe ou, si l’on préfère, comme une espèce de logos minuscule reflet du Logos majuscule. En tant que telle, elle est sophistique et en relation avec la Sophia qui est l’âme (l’ordre) du monde créé. Ainsi, V. de Saint-point, qui s’applique de manière souveraine à la rhétorique, s’oriente vers cette Sophia qui, en soi, rejoint une modalité de féminité archétypale. En même temps, dans ce triptyque de L’amour et de la Mort et, plus tard, dans La Soif et les Mirages, V. de Saint-Point rencontre une qualité de composition qui ressortit plus au poème en prose qu’au roman. Qualité de prose poétique qui, autour de 1900, fut explorée par Gustave Khan et Marie Kryzinska 4 et qui façonne une langue ornementale, une mise en décor de la langue, une langue distinctive qui, parce qu’elle se déprend de tout didactisme ou de toute doxa, pourrait apparaître comme un vain exercice de style mais qui, au contraire, est pure rhétorique laquelle, en effet, est intrinsèquement hautement signifiante : soumis à de très précises règles, le style se suffit à lui-même et pourvoit au sens5. Et V. de Saint-Point, faisant du style, fait du sens.

*

Il était normal que cette quête de la féminité interrogeât la sexualité. L’essai La femme et le désir y contribua en argumentant sur une nouvelle approche du corps féminin qu’il convient de ne plus définir comme objet peccable ou tabou. Étayés par une dénonciation de la morale en vigueur et une analyse de l’intimité de la femme, le désir et la volupté sont, s’il en est, reconnus, jusqu’à être, par leur reconnaissance même, porteurs de la transgression attendue : l’inconvenance et l’épanouissement se prônent mutuellement tandis que le sentimentalisme, la tendresse, les fadeurs sont méthodiquement flétris.

Mais ce n’est là qu’une propédeutique à de plus vigoureux textes.

futurist_manifesto_lust_0.jpgV. de Saint-Point se proclamait femme d’avant-garde. Affairée à la nouveauté, elle trouva le Futurisme dont les scandales péremptoires, les facultés de provocation, l’idéologie de la révolte, de la tabula rasa et de la collision, le volontarisme, la fascinèrent et lui permirent d’exaspérer beaucoup de ses convictions, et dont, plus avant, elle enrichit la doctrine qui, derrière la personnalité percutante et lyrique de son chef de file F.T. Marinetti, assénait le mépris du sexe faible : « Nous, futuristes, nous honnirons les femmes tant qu’elles empêcheront les hommes de conquérir le monde en les emprisonnant dans les pièges de l’amour et du snobisme, tant qu’elles constitueront autant de chaînes à briser, d’entraves pour le combat et pour la lutte. »


V. de Saint-Point et F.T. Marinetti se rencontrèrent, se convainquirent, et ce dernier, qui augura du retentissement médiatique qui en résulterait, la consacra première femme futuriste. Aussi, sacrifia-t-elle à la mode des manifestes (lesquels se multipliaient en ces périodes de défis artistiques) et rédigea Le Manifeste de la Femme futuriste dont, vêtue d’une robe d’un rouge encore excentrique, chapeautée à la mexicaine et gardée par les importants du futurisme, Balla, Sevirini et, bien sûr, Marinetti qui ouvrit la conférence, elle donna lecture le 27 juin 1912, salle Gaveau.

Elle y développa une théorie.

Premièrement, sous l’influence, semble-t-il, de philosophes ou d’occultistes comme Otto Weininger6 ou Joséphin Péladan7, en suggérant que l’identité sexuelle telle qu’on l’entend n’est pas pertinente. En fait, et cela présupposant la notion de sexe intérieur et extérieur, la sexualisation est ensemble une réalité changeante et une gradation selon que dans un même individu prédomine la qualité mâle ou la qualité femelle : tel peut être anatomiquement masculin qui participe psychiquement, à divers degrés, de possibilités féminines ; telle peut être anatomiquement féminine qui participe psychiquement, à divers degrés, de possibilités masculines. Par conséquent, le type pur est rare, soit qu’il s’affirme pleinement masculin ou féminin, soit qu’il réalise, de manière plus complexe, comme le conçoit V. de Saint-Point, le parfait équilibre entre compétence masculine et compétence féminine : tel sera, d’après elle, « l’être complet ». Être complet qui se manifeste non seulement comme cause mais aussi comme conséquence de périodes et de races épiques: d’où les génies, les héros…

manifesto_saint-point_donna_320.jpgSecondement, en conceptualisant la surfemme, véritable parèdre du surhomme nietzschéen. Surfemme qui, refusant « les morales et les préjugés » qui la dévoient, prépare, dans l’élan dominateur de tout son instinct vainqueur, l’avènement d’une humanité supérieure d’où les compatissants seront sans merci éliminés : « Que la femme retrouve sa cruauté et sa violence qui font qu’elle s’acharne sur les vaincus parce qu’ils sont vaincus, jusqu’à les mutiler. Qu’on cesse de lui prêcher la justice spirituelle à laquelle elle s’est efforcée en vain. Femmes, redevenez sublimement injustes, comme toutes les forces de la nature ! »

Peu après, en 1913, paru Le Manifeste futuriste de la Luxure. Les données crypto-nietzschéennes, telles que d’être soi-même sa propre théorie de la vie et la réalisation autonome de soi à l’encontre des entraves et codes culturels, y sont renouvelées, poussées à l’extrême, en même temps qu’elles s’agrègent à l’invention d’une luxure éprouvée autant comme valeur ultime que comme explication et rééquilibrage de l’existence : « C’est l’insatisfaction renaissante qui pousse, dans une orgiaque volonté, l’être à s’épanouir, à se surpasser. » Orgueilleuse vitalité, la luxure ignore les valeurs établies, bouleverse les vérités, active les énergies et provoque les guerres qui créent un individu puissant, un soldat, un artiste « dont rien ni personne ne peut annuler l’identité8 » et, conjonction de Vénus et de Mars, elle « est une force, puisqu’elle tue les faibles et exalte les forts, aidant à la sélection. » C’est aussi un moyen de régénérer les critères calistiques qui, eux-mêmes se dynamisant, ouvrent sur une création (quasi au sens cosmogonique) selon la chair qui concurrence la création selon l’esprit : « La luxure, c’est aussi la recherche charnelle de l’inconnu, comme la cérébralité en est la recherche spirituelle. » Et il est évident que la luxure se pratique en pleine conscience. Elle exige concentration ­ autant que pour une œuvre artistique. De même, elle ne découle pas du sentiment amoureux, qu’elle ne prolonge pas mais qu’elle excède parce qu’elle est « éternelle » alors qu’il « suit les modes ».

Ces écrits firent du tapage. Le tumulte plut à V. de Saint-Point, qui se félicita d’avoir défié la société et d’avoir mis la femme au centre des débats du mouvement futuriste qui, dès lors, en compta beaucoup dans ses rangs. Les manifestes furent traduits dans toute l’Europe. Bien des capitales, où l’avant-garde s’activait, réclamèrent et sa présence et ses conférences, et l’accueillirent comme une pythie venant rendre d’audacieux oracles.

Parallèlement, et toujours sur le thème d’un féminisme inédit, V. de Saint-Point se diversifia dans le théâtre.

Le théâtre de la femme incite à réformer les rôles de la femme qui n’a plus à jouer « une ménagère complaisante et silencieuse » ou « une poupée jaboteuse, sentimentale ou perverse » entravée par d’adultérines intrigues boulevardières. L’héroïne doit s’affirmer telle (héroïque !), puis proposer l’énigme de sa féminité dont par « de sublimes gestes » et en s’exprimant « en divines paroles » elle révèlera, ou suggèrera, le chiffre. « Être étrangement complexe et mystérieux », elle élabore sa propre dramaturgie qui, en un essor ipséiste, suscite sa propre analyse psychologique : c’est « l’autopsychologie de la femme » qui lève les séquestres posés par le psychologue de la féminité. Pour ce faire, il conviendra de controuver le théâtre même : en le rétablissant dans sa grandeur antique et en l’associant, afin qu’il retrouve sa plénitude mimétique, à l’évolution des mœurs qui favorise, justement, l’expression de la femme. Pourtant, à bien le considérer, ce théâtre, convoquons L’agonie de Messaline9, de facture très idéaliste, parce que très cérébral, n’opère pas la purgation des émotions et se lit sans doute mieux qu’il ne se joue, à l’exemple des drames de Villiers de l’Isle-Adam, dont V. de Saint-Point louait les hautaines exigences.

*

milideux.jpgÀ l’avenant, et de manière prépondérante, V.de Saint-Point s’investit dans un autre art de scène : la chorégraphie, qu’elle magnifia en Métachorie (du grec méta : déplacement, changement, ou, succession; et khoreia : danse).

La Métachorie est une danse qui tend à son propre dépassement et fusionne les arts auxquels elle se rapporte : la géométrie, la sculpture, la peinture, le nombre, la poésie, la musique. L’affirmant « d’essence cérébrale, créée spirituellement », V. de Saint-Point l’affronta, pour la parfaire en mystère, à la danse classique et de ballet « qui n’est que de la cadence marquée » enchevêtrée « d’inspiration charnelle ».
Danse supérieure donc, qui n’est pas « matérialisation exotérique, un rythme charnel, instinctif ou conventionnel », danse « idéiste », elle succède d’abord, néanmoins, à d’autres célèbres chorégraphies. D’une part à celle de Loïe Fuller qui, bien qu’en quête d’une gestuelle pure, déploya sur scène, à l’aide d’effets spéciaux de voiles, de miroirs, de lumières, toute une émulsion de métamorphoses sinueuses10. D’autres part, à celle d’Isadora Duncan qui, par la contemplation de la nature, et en empruntant à l’esthétique grecque comme aux rites dionysiaques, voulut retrouver des rythmes de transes et les corps ravis par des forces suprahumaines.

Et, V. de Saint-Point proclamant la stylisation géométrique des mouvements et la schématisation ultime des gestes, danse qui revoit le cubisme qui, à la même époque, restructura les objets et les êtres dans leur organisation première.

Mais l’important est ailleurs. V. de Saint-Point selon, comme on l’a vu, que ses goûts la portaient vers la culture des mondes méditerranéens, avait étudié la philosophie antique. En sorte que, touchée de gnose, pétrie de significations profondes, elle tint pour des thèmes cosmologiques subtils, pour des ontologies qui polarisent en hiérarchie complémentaire la manifestation universelle, pour le monde des archétypes qu’elle apprécia précisément, encore, selon des données géométriques : « toute figure géométrique a un sens ésotérique ». Or, la manifestation universelle s’ordonne en principe masculin et principe féminin. Le masculin, qui est essentiel, est forme, verticalité, immobilité, immutabilité, stabilité et station ­ existence, éternité ; quand le féminin, qui est substantiel, est informe, horizontalité, instabilité, mobilité, mutabilité et situations ­ vie, devenir. Ce sont, respectivement et pour reprendre des catégories traditionnelles, le khien et la khuen ou le yang et le yin extrême-orientaux, l’Acte et la Puissance ou la Totalité et l’Infini11 aristotéliciens, le nous et la psyché plotiniennes, les çiva et çakti indiens, qui se circonstancient en ciel et terre, feu et eau, nord et sud, droite et gauche, zénith et nadir. Catégories qui peuvent s’entendre selon un mode ternaire : principe masculin et principe féminin sont l’émanation par spécification d’un principe suprême qui, se maintenant identique à lui-même, les transcende et les comprend ; masculin et féminin sont conjoints en dualité par rapport à une unité. C’est, selon Pythagore, la Dyade opposée à l’Un, la Dyade à partir de laquelle se développera donc la création qui, précisons-le, s’appréhendera plutôt comme l’amplification du principe féminin ou l’animation par le principe masculin des potentialités de ce principe féminin. Ainsi, pour V. de Saint-Point, il s’agit d’abstraire la danse qui, parce qu’elle est mouvement et changement, phénoménale et multiple, est à l’image de la vie, de la création, de l’abstraire par induction progressive ou, éventuellement, car la valeur opérative n’est pas attestée, par étapes initiatiques et de la proposer peut-être comme voie sacrée vers ce que l’on appela les Petits Mystères et les Grands Mystères, sachant que les premiers relevaient du principe féminin alors que les seconds relevaient du principe masculin. Ainsi, par exemple, pour atteindre au principe féminin, V. de Saint-Point esquissa une chorégraphie en linéarités courbes et brisées favorisant l’expression du yin et illustrant soit l’eau « coulée » soit l’eau « baignée » et lustrale, l’acqua vivis en laquelle gisent les puissances indifférenciées ­ une chorégraphie également présentée horizontalement, orientée au sud et, comme autant d’exercices au sol, en contact avec l’élément terre. En même temps, elle figura de ces triangles inversés, dirigés vers le bas, qui symbolisent la matrice et l’organe sexuel, puis la force magique et fertile de la mater genitrix. Ensuite, V. de Saint-Point exhaussa le triangle, qui marquera le haut et le nord et assurera le passage à la verticalité et au principe masculin lequel, alors, sera stylisé en lignes droites favorisant l’expression du yang pour, après, être de plus en plus épuré en formes géométriques de plus en plus statiques. Jusqu’à la représentation de la Dyade (associée généralement à la rotondité, à la sphéricité androgyne – convoquons l’Androgyne de Platon ou de l’Être circulaire parménidien12), soit par des postures suggérant un cercle, soit par des postures verticales, axiales, en caducée, où le bras droit élèvera au zénith les forces mâles et le gauche descendra au nadir les forces femelles. Quant au principe suprême, il semblerait que V. de Saint-Point lui dédiât son anatomie rétractée le plus possible en un point qui, « en-stase », concentre véritablement le cercle qui en est l’« ex-tase », à moins qu’elle ne le représentât par une attitude pensive, à la manière du Penseur de Rodin qui symbolise l’Intellection/l’Idée pure. Au reste, cet effort n’était pas sans de précises techniques respiratoires13 qui, au-delà de la nécessité vitale, servaient, au sens strict des termes, à reprendre le souffle : reprise du souffle supérieur (divin) qui anime le cosmos et alterne Inspir et Expir, c’est-à-dire rétraction et expansion, c’est-à-dire, comme il vient d’être vu, « en-stase » et « ex-stase ».

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Également, la Métachorie, œuvre de purification, voire de dépouillement, n’est pas sans évoquer la danse des Sept Voiles que pratiquaient pythies et prêtresses d’Aphrodite et qui consistait à ôter précisément sept vêtures, symboles de la manifestation universelle (4+314, le quatre étant en relation avec l’axe horizontal et le trois avec l’axe vertical), à épuiser, certes, cette manifestation universelle afin d’atteindre à la nudité principielle, abyssale, vertigineuse ­ au Nu de l’Un.

Il faut imaginer notre métachoreute prise dans les satins impassibles d’une robe haute et médiévale : « Les costumes de ma métachorie ont la ligne longtemps traditionnelle des costumes mérovingiens, francs. » Car, en plus que de sublimer les gestes, elle souhaita contraindre le corps et le visage, en occulter les formes trop charnelles aussi bien que les émotions, jusqu’à qu’elles fussent hiératiques, jusqu’à ce qu’ils fussent lente solennité : « Pour danser, il faut donc voiler toute partie du corps où la chair a la prépondérance sur le muscle, ce qui ne peut que donner du flou nuisant par le détail de son agitation multiple à la ligne générale en mouvement. Le visage, dont l’expression est, naturellement, sans cesse changeante, ou artificiellement crispée dans le sourire figé, ou agitée par les détails d’une mimique par trop facile, est disharmonie avec les mouvements inévitablement plus lents du corps. »

*

La réalité de la grande guerre affecta V. de Saint-Point. Les combats ne ravivaient pas la race non plus qu’ils n’appelaient les héros ou une beauté neuve. Elle considéra que la guerre n’était ni esthétique ni métaphysique mais ordinaire économie qui profitait aux marchands d’armes.

À l’instar des Picabia, Duchamp et de beaucoup des avant-gardes, elle s’exila aux Etats-Unis, où elle organisa en 1917 un festival de la Métachorie.

Mais la désillusion était immense. Dès son retour en Europe, elle se détourna des valeurs du monde moderne afin d’entreprendre mieux ses quêtes spirituelles qui s’intensifièrent lors de sa conversion à l’Islam. À Tanger, elle fut baptisée sous le nom de Rawhiya Nourredine.

La rupture fut consommée en 1925, lorsqu’elle s’installa au Caire. Son engagement auprès des nationalistes égyptiens, qu’elle servit en créant la revue Phoenix, l’affermit dans sa critique de la civilisation occidentale à laquelle elle opposa l’avènement d’un Orient uni et réuni à lui-même, tant au niveau de ses traditions qu’au niveau de ses peuples. Cependant, à cause de dissensions diverses, elle renonça à la lutte.

Ésseulée, démunie, elle vécut dans l’étude des prophètes et de consultations de radiesthésie et d’acupuncture. Méditant sur les états multiples de son être, elle approfondit ses recherches ésotériques. Elle se lia d’amitié avec René Guénon qui s’était aussi retiré au Caire. Elle mourut en 1953.

Arnaud Bordes

Romancier et  éditeur – http://alexipharmaque.eu/

 

Notes : 
1 Pour Gabrielle d’Annunzio, elle fut « la muse pourpre ».

2 Il semblerait qu’elle eût tenté, au cours de plusieurs séances de spiritisme, de prendre contact avec le glorieux aïeul.

3 « La nature elle-même nous apprend à choisir le mètre qui lui convient. » Aristote, Poétique.

4 L’un et l’autre prétendant à l’invention du vers libre. Leur rivalité passionna les cercles et les revues littéraires de l’époque : les Hydropathes, la Revue indépendante… Rappelons également Joris-Karl Huysmans, qui voyait dans le poème en prose « le suc concret, l’osmazôme de la littérature, l’huile essentielle de l’art. »

5 De fait, plus largement, il n’est pas sérieux de déprécier la coruscance de quelques écrivains ou mouvements : Stéphane Mallarmé, Mademoiselle de Scudéry, les Grands Rhétoriqueurs, Maurice de Scève… En relation avec ce que la rhétorique antique appelait « le genre relevé » ou, lorsqu’il y avait plus d’afféteries, « l’asianisme », de tels styles rythment souvent plus qu’une apparente préciosité.

6 Cf. Sexe et Caractère

7 Cf. De l’Androgyne

8 Mircea Eliade, Les Hooligans.

9 Messaline est une figure emblématique de l’époque. Topique littéraire, elle étend son emprise à de nombreuses œuvres : Messaline d’Alfred Jarry, Messaline de Nonce Casanova, L’Orgie latine de Félicien Champsaur…

10 Entre autres, la fameuse Danse Serpentine.

11 « Est donc infini ce dont, quand on le prend selon la quantité, il est toujours possible de prendre quelque chose à l’extérieur. Mais ce dont rien n’est à l’extérieur de lui, cela est achevé et une totalité » Aristote, Physique.

12 « Il ressemble à la masse d’une sphère arrondie de tous côtés, également distante de son centre en tous points. » Parménide, Poème.

13 Techniques respiratoires à mettre éventuellement en relation avec la méthode hésychaste. L’Hésychasme (hsuxia, en grec : calme, recueillement, quiétude) entreprend, par d’appropriées postures corporelles et par la régulation du souffle à travers la répétition du nom de Dieu, de délivrer l’Esprit enclos dans la chair.

14 En général, les nombres impairs sont en rapport avec le ciel, et les nombres pairs avec la terre.

jeudi, 08 février 2018

Fascism, Futurism, & Aviation

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Fascism, Futurism, & Aviation

Review:

Fernando Esposito,
Fascism, Aviation and Mythical Modernity,
Basingstoke: Palgrave Macmillan, 2015.

The British political theorist Roger Griffin has argued that the defining characteristic of fascist movements is a central myth of national rebirth, or palingenetic ultranationalism. His study of fascism (The Nature of Fascism) sparked controversy upon its publication because it diverged from the consensus at the time that fascist movements were purely reactionary and conservative in character; rather he located fascism within modernism and defined it as a revolutionary, future-oriented ideology that represented not a revolt against modernity but a quest to create an alternative modernity.

Esposito likewise begins from this premise in Fascism, Aviation and Mythical Modernity. He defines fascism as an attempt to generate order and national renewal through myth in the face of the crisis of modernity. Citing Mircea Eliade’s description of the need of archaic societies “to regenerate themselves periodically through the annulment of time,” he interprets interwar fascism as an attempt to destroy the old order and regenerate history itself, a “reconnection forwards” (Wiederanknüpfung nach Vorwärts). The quest to create an order that stood outside time and history required the use of myth as a suprahistorical reference point. Fascism thus represented a synthesis of modernity and myth.

The ultimate symbol of this synthesis was aviation. The interwar period, often known as the Golden Age of Aviation, witnessed great advances in aircraft technology. Aeronautical science was a cutting-edge field of study and represented the pinnacle of technological innovation at the time. Simultaneously aviation was cast as a symbol of the fascist myth of national rebirth and the birth of a new man.

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The foremost prophet of the cult of aviation in Italian Fascism was Gabriele D’Annunzio. D’Annunzio was himself an aviator whose interest in flight began in 1908 after flying with Wilbur Wright and attending the Brescia air show the following year. He volunteered as a fighter pilot during the First World War (then over the age of 50) and in 1917 participated in the Italian air raid on the harbor of Bakar in Austrian Croatia. In 1918, he famously led an air raid of eight aircraft over Vienna in which thousands of propaganda leaflets were scattered over the city.

Flight was a prominent theme throughout his work. In the third book of his Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi [In Praise of the Heavens, the Sea, the Earth and Heroes], for instance, he invokes Icarus’ flight: “Who shall gather them? / Who with stronger bonds will know / How to unite the strewn feathers / And try again the mad flight?” To the Fascists, Icarus was a symbol of the Promethean, Faustian spirit of mankind (particularly European man) and man’s quest for glory. D’Annunzio again invokes Greek mythology in an article entitled “Faith in Italian Aviation”: “Nike flies as in the myth, only not with two wings but with a thousand, with thousands upon thousands.”

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D’Annunzio also conceived of the aviator-hero (Esposito’s term) as a religious martyr. The self-sacrificing heroism of the aviator who died fighting for his country became linked with quasi-religious redemption. He likened the sight of a plane spattered with blood to that of a crucifix and in his eulogy for the Italian aviator Gino Allegri, whom he hailed as a “mystic,” likened the droning of a plane’s engine to “the matinal ringing that announces the call to the divine service.”

During the First World War, aviators were also likened to medieval knights in the popular imagination. The air war was distinguished from the mass warfare of the ground war in that it consisted primarily of man-to-man combat; planes were thought of as “flying swords” in knightly duels. The aviator-hero thus symbolized the advent of a new martial elite that would merge the ideal of the aristocratic cavalryman with the modern “technological combatant,” bridging the gap between past and future. In this way the aviator also combined heroic individualism with a willingness to serve the collective.

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Pulp fiction centered around aviation and tales of heroism in the air was enormously popular during the war. Aviators like Manfred von Richthofen (the “Red Baron”), Max Ritter von Müller, and Francesco Baracca were revered as national heroes. One poem in honor of Oswald Boelcke reads: “Hail, Boelcke, hardy seasoned aviator. / Hail, awesome crusher of the foe! / […] Hail, Boelcke, hail! To you as just reward / Does the Volk raise the crown of life / That will ever deck your hero’s deeds / And honor you with immortality!”

The Italians set many aviation records during the interwar years. Italy also built several new airports, pioneered research in aeronautical science, and made advances in civilian travel and airmail during this time. Exhibitions such as the 1934 air exhibition (Esposizione dell’aeronautica italiana), which drew more than one million people, instilled Italians with a sense of national pride by celebrating Italian aviation. Notable Italians in aviation included Francesco de Pinedo, who was the first pilot to fly a foreign plane to America and embarked upon a series of flying boat flights across the globe over the course of the 1920s; Umberto Nobile, who designed the polar airships Norge (the first aircraft to fly over the North Pole) and Italia and piloted them on Arctic expeditions; and Italo Balbo, who built up the Italian Royal Air Force under Mussolini and embarked on a few transatlantic flights, most notably in 1933 with his famed “Italian Air Armada.” Balbo was also a prominent Fascist and one of the four leaders who organized Mussolini’s March on Rome in October 1922.

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Aviation was a central motif in Italian Futurism, particularly during the 1930s, and the airplane represented the ultimate symbol of Futurist ideals: speed, machinery, adventure, heroism, etc. Futurist artists (a number of whom were also aviators) were also fascinated by how the aerial perspective represented an “absolutely new reality, one that has nothing in common with the reality traditionally constituted by earthbound perspectives.” They launched the school of aeropittura (aeropainting) in 1929, giving rise to iconic works such as Tullio Crali’s Nose Dive on the City and Before the Parachute Opens and Tato’s Flying over the Coliseum in a Spiral (Spiraling). Aeropainting, like Italian Futurism in general, was closely associated with Fascism; Marinetti declared that it was a product of the same “revolutionary, aggressive, fervid spirit” behind Fascist aviation. Some aeropaintings were explicitly fascistic, such as Thayaht’s The Great Helmsman, which depicts a muscular Mussolini at the helm of an aircraft with several Savoia-Marchetti S.55 seaplanes (the same planes flown on Balbo’s transatlantic flights) behind him. Apart from aeropittura, the Futurists also devised other “aeroplane” arts: aeropoesia, aeroscultura, aeroachitettura, aeromusica, aerodanza, and even aeropranzo (Futurist meals).

Flight also figures in Marinetti’s Futurist novel Mafarka the Futurist. Mafarka (the protagonist) creates a giant winged cyborg superman, Gazurmah, a symbol of the ultimate fascist new man. Gazurmah eventually kills his creator, representing the destruction of the old order. Mafarka’s death (and rebirth in the form of Gazurmah) enables Gazurmah to soar to greater heights.

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Naturally not all aviators were fascists, and aviation-related tropes and rhetoric were utilized by both fascists and liberals. The German-Jewish art historian Aby Warburg, a bourgeois cosmopolitan who championed liberal modernity, notably designed a postage stamp bearing the motto “Idea vincit” scrawled across the wings of a plane as a symbol of his commitment to the Weimar Republic, which Esposito contrasts with D’Annunzio’s proto-fascist ideals. Nonetheless, although there were liberal contributions to aviation discourse, the cult of aviation was most compatible with Fascism and found its highest expression in Fascist Italy.

The relationship between fascism and aviation was summarized by one Italian journalist who remarked in 1934, “You cannot be a Fascist without feeling a little like a flier; you cannot be a flier without feeling yourself a Fascist.” A writer in L’Ala d’Italia similarly stated:

Fascism has created a new world. Mussolini has brought about a new era of history. […] It is an ancient, rejuvenated race that sets itself against the old age of the world, a new faith that rises up against old habits, decrepit beliefs and ideologies: it is a new destiny. […] Flying is at the pinnacle of this new power.

Esposito also quotes Ernst Jünger’s preface to Luftfahrt ist not! [Aviation Is Necessary], a volume he edited in 1928:

. . . the airman is perhaps the sharpest manifestation of a new manhood. He represents the type that was already showing signs of itself in the war. […] Here, under the aegis of war, was combined every element of energy, distinction, and technical intelligence that characterizes modern civilization, as well as the secret categorical imperative that lends the final hardness to the alloyed metal of machines […]. […] Perhaps he illustrates most clearly the profound link between the soldier’s and the worker’s condition. For although they have remained the same, the forms of the soldier and the worker are here mingled with each other. […] The path that led across the heroic landscapes of war continues through the more sober fields of labor, and in both cases it is the flier’s heart that gives the activity its real value.

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To Jünger, the rise of technology heralded a social revolution in which all human activity would be converted into labor in the form of large-scale industrial processes, which he termed “total mobilization.” Although Jünger was strongly critical of the calculative, utilitarian mass deployment of technology, he predicted that total mobilization would give rise to a new breed of man (the “worker”) characterized by heroism and sacrifice who could save technology from itself: “The phase of destruction is replaced by a real and visible order when that race accedes to dominion that knows how to speak the new language, and not in terms of mere intellect, of progress, of utility, or of convenience, but as an elemental language.” The worker would seek not to wield technology as a means of obtaining total control and security, in contrast to bourgeois man, but rather to achieve unity with it, dissolving the “tension between nature and civilization, organic and mechanical world.” The aviator thus embodied the ideal of the new man.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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lundi, 21 novembre 2016

Wyndham Lewis, Ernst Jünger & Italian Futurism - Paul Bingham

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Wyndham Lewis, Ernst Jünger & Italian Futurism - Paul Bingham

Robert Stark and co-host Alex von Goldstein talk to Paul Bingham. This show is a continuation of our discussion about Aleister Crowley and Aristocratic Individualism



Topics include:

How Wyndham Lewis, Ernst Jünger, Aleister Crowley, and the Italian Futurist, were individuals who existed outside the liberal reactionary/traditionalist paradigm, and viewed the world in a realist way unbiased by ideology
The cult of Positivism
Italian Futurism, how it was marginalized due to it’s ties to Mussolini, but made a major impact on the arts
How Ayn Rand was influenced by Italian Futurism
Robert Stark’s talk with Rabbit about Italian Futurism
Wynham Lewis’s Vorticist movement, his magazine Blast, and his Rebel Art Centre
The philosophy of the Vortex, which views everything as energy constantly in motion
The rivalry between Italian Futurist Filippo Marinetti and Wyndham Lewis, and how Lewis critiqued Italian Futurism for putting to much emphasis on technology
Wynham Lewis’s The Art of Being Ruled, which made the case that the artist was the best to rule, and that capitalism and liberal democracy suppressed genuine cultural elites
How the book addresses Transsexualism, and anthropological findings on the Third Sex
Kerry Bolton’s essay on Wyndham Lewis
Lewis’s relationship with fascism, how he published the book Hitler (1931), which presented Adolf Hitler as a “man of peace,” but latter wrote an attack on antisemitism: The Jews, are they human?( 1939)
The influence of war and violence on Italian Futurism
The Manifesto of Futurism
The Futurist Cookbook
Futurism is about testing what works, and rejecting traditions that don’t work
The futurist believed that every generation should create their own city, and futurist Antonio Sant’Elia’s Plan for Città Nuova (“New City”)
Paul worked on a book that was never published, “The Motor City and the Zombie Apocalypse,” about how the motor city is incompatible with human nature
The effects of global technological materialism on culture, and how technology needs the right people and culture to work
Jean Baudrillard point that the Italians have the best symbiosis between culture and technological progress
The Transhumanist concept of Cybernetics, which is rewiring the brain, and how the futurist used poetry as a precursor to cybernetics
Paul’s point that futurist movements such as cyberpunk, and Neoreaction are more focused on Live action role-playing, but are not serious about pushing the limits
The intellectual and transcendental value of LSD and DMT, Ernst Jünger’s experimentation with acid, but they are only effective if the right people use them
Paul’s point that the only real futurist are underground, and experimenting in third world countries
Aristocratic individualism, and Paul’s opinion that Ernst Jünger is the best example, and Jünger’s concept of the Anarch
Ernst Jünger’s science fiction novel The Glass Bees
Ernst Jünger’s “The Worker”

mardi, 03 novembre 2015

F.T. Marinetti - Caffeina d'Europa

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F.T. Marinetti

Caffeina d'Europa

Tentare di definire Filippo Tommaso Marinetti a più di 70 anni dalla morte è un esperimento difficile. Possiamo definirlo un “rivoluzionario”, un “cortocircuito” della storia culturale europea, ma soprattutto, un profetico anticipatore, ai limiti dell'incredibile. Dalla propaganda allo scandalo all'editoria, Marinetti è stato il protoideatore dei fenomeni di comunicazione di massa che oggi caratterizzano le nostre vite; nei suoi scritti compaiono descrizioni fantascientifiche di nuove tecnologie e abitudini, pienamente rintracciabili oggi in computer e social networks.
 
Ex: http://www.linttelletualedissidente.it 

Scuotere l’Italia “a suon di schiaffi e dinamite”, scrive Giordano Bruno Guerri nella biografia dedicata a Marinetti, era la missione del padre del Futurismo e di tutte le sue declinazioni. Lo schiaffo, la dinamite: la rinascita artistica che comincia da una particella elementare, il suono, una rifondazione che parte dal segno, dalla radice, per sconvolgere le fondamenta di un’intera cultura.

«Col preannunzio sciroccale del Hamsin e dei suoi 50 giorni taglienti di sanguigne scottature desertiche nacqui il 22 dicembre 1876 in una casa sul mare ad Alessandria d’Egitto». Secondogenito di una giovane coppia milanese, F.T. nasce in terra africana per volere del padre Enrico, avvocato, convinto al trasferimento dalle buone prospettive di lavoro offerte dall’apertura del Canale di Suez. Insieme al fratello Leone viene educato al Collegio Internazionale San Francesco Saverio, un istituto gesuitico dove incontrerà un altro illustre innovatore della poesia italiana del Novecento, Giuseppe Ungaretti. Grazie alle ingenti somme guadagnate dagli affari del padre, perfeziona gli studi con un baccalaureato a Parigi nel 1894. Dopo il soggiorno parigino, eccolo in territorio italiano, a Pavia, dove raggiunge il fratello per studiare legge, facoltà che abbandonerà presto a causa della morte di Leone. Conclude gli studi universitari a Genova e vince nel frattempo il concorso parigino Samedis populaires con il poemetto Les vieux marins. Il componimento è il taglio del nastro agli ambienti intellettuali francesi: in breve tempo viene pubblicata la sua prima raccolta di poesie, La Conquete des Étoiles, la carriera giuridica definitivamente accantonata. Continua a comporre versi in stile liberty e simbolista, guardando a Mallarmé e D’Annunzio – stimato rivale quest’ultimo, amato e odiato, lui stesso si definì “figlio di una turbina e di D’Annunzio, da cui sarà definito “cretino fosforescente”. Nel 1905 fonda la rivista Poesia, la nuova palestra del verso parolibero firmato F.T. Nel 1908 eccolo tirato fuori da un fossato a Milano, nella sua automobile, uscito fuori strada per evitare due ciclisti; l’episodio si farà aneddoto – come poi molti altri – e diventerà per Marinetti la chiave di lettura della rivoluzione culturale programmata per il prossimo anno: l’uomo estratto dall’automobile è l’uomo nuovo futurista che dopo aver vinto l’inferno della tradizione ed aver accantonato lo stile liberty e decadentista rappresentato dai due «noiosi» ciclisti, può volgersi all’istituzione di un’arte nuova, rivoluzionaria.

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Il febbraio 1909 è arrivato. Tutto è pronto per il lancio della bomba. F.T. ha sedotto Rose Fatine, 20 anni, figlia di Mohamed el Rachi Pascià, un vecchio egiziano, ricco azionista de LeFigaro. Grazie alla buona intesa dei giovani amanti, l’uomo asseconda la bizzarra richiesta dell’italiano, ignaro del privilegio di partecipare ad un evento storico mondiale: pubblicare sul giornale il suo Manifesto. Il 20 febbraio 1909 sul quotidiano nazionale francese viene lanciata la bomba: esce il Manifesto del Futurismo, undici punti, con appendice. Il Futurismo è fondato. Sintetizzerà Marinetti: «E’ un movimento anticulturale, antifilosofico, di idee, di intuiti, di istinti, di schiaffi, pugni purificatori e velocizzatori. I futuristi combattono la prudenza diplomatica, il tradizionalismo, il neutralismo, i musei, il culto del libro.» La parola d’ordine è “Velocità”. Come dinamismo, come simultaneità, come meccanicismo e libertà. Marinetti stravolge ogni dogma della poesia e delle arti e ne ritaglia un vestito nuovo, “moderno”, diremmo oggi, come il secolo XX. Protagonista di quest’ultimo, annuncia F.T., sarà la Macchina, metafora dell’impeto prometeico dell’uomo nuovo. Per evitare una volta per tutte l’associazioni del poeta Marinetti e del futurismo all’idea infantile e brutale dell’adorazione della macchina e della modernolatria, ecco un passo del discorso che F.T. stesso tenne nel 1924 alla Sorbona:« Io intendo per macchina tutto ciò ch’essa significa come ritmo e come avvenire; la macchina dà lezioni di ordine, disciplina, di forza, di precisione, d’ottimismo e di continuità. […] Per macchina, io intendo uscire da tutto ciò che è languore, chiaroscuro, fumoso, indeciso, mal riuscito, trascuratezza, triste, malinconico per rientrare nell’ordine, nella precisione, la volontà, lo stretto necessario, l’essenziale, la sintesi». Il Manifesto è discusso in tutta Europa, i giornali lo chiamano “Caffeina d’Europa”. Intanto Marinetti continua a scrivere poesie, romanzi e testi teatrali, tra cui si ricordano “ Gl’Indomabili”, il censuratissimo “Mafarka il futurista” e la sceneggiatura “ Re Baldoria”. La fama di Marinetti si diffonde per tutto il Vecchio Continente, legata soprattutto alle esuberanze e ai modi “futuristi” di F.T. & Co. In particolar modo diventano celebri le serate-futuriste: spettacoli teatrali in cui vengono fuse performance di vario genere, dalla declamazione alla piéce teatrale, durante cui il futurismo fa da protagonista e le bagarre e gli scontri con il pubblico sono la norma, e ne alimentano la curiosità. Il 1911 inaugura la stagione dei viaggi del poeta e della maggiore sperimentazioni linguista e letteraria. Scoppiata la guerra con la Libia, parte al fronte come reporter per un quotidiano d’oltralpe. Poi è a Mosca e San Pietroburgo, invitato dai futuristi russi a fare propaganda. Nel frattempo in Lacerba, la rivista fiorentina diretta da Papini e Soffici, il futurismo trova il miglior canale di diffusione in Italia parallelamente alla pubblicazione di Zang Tumb Tumb, un reportage bellico scritto in parole in libertà. La prima guerra mondiale fa esplodere il cuore di Marinetti, che, in seguito all’attentato di Sarajevo, si arruola volontario: è a Caporetto ma anche a Vittorio Veneto. Tornato dal conflitto si interessa alla politica cui lo spirito rivoluzionario affascina Mussolini che si avvarrà di molti futuristi nel giorno della proclamazione dei fasci di combattimento, nel 1919 al San Sepolcro. Giudicate passatiste e reazionarie le idee di Mussolini, se ne allontanerà, pur sempre rimanendo rispettato e considerato dal Duce. Si lega nel frattempo a Benedetta Cappa, pittrice e poetessa che accompagnerà Marinetti fino alla fine dei suoi giorni, sua «eguale, non discepola». Nel ’35 parte volontario in Africa Orientale, nel ’42 si arruola per la campagna di Russia. Marinetti viene rimpatriato con l’arrivo dell’autunno, spossato e in precario stato fisico. La morte lo coglie il 2 dicembre 1944, a Bellagio sul Lago di Como, all’alba dopo una notte di lavoro poetico consacrato al Quarto d’ora di poesia della X mas, complice il cuore.

Tentare di definire Filippo Tommaso Marinetti a più di 70 anni dalla morte è un esperimento difficile, che richiede capacità di sintesi ben collaudate; sicuramente possiamo definirlo un “rivoluzionario”, nonostante le ideologie e i numerosi detrattori che F.T. ha avuto. Sicuramente possiamo definirlo un “cortocircuito” della storia culturale europea, ma fu soprattutto un profetico anticipatore, ai limiti dell’incredibile. Dalla propaganda allo scandalo all’editoria, Marinetti è stato il protoideatore dei fenomeni di comunicazione di massa che oggi caratterizzano le nostre vite; nei suoi scritti compaiono descrizioni fantascientifiche di nuove tecnologie e abitudini, pienamente rintracciabili oggi in computer e social networks. Nonostante le ortodosse e insipide categorizzazioni a cui è stato sottoposto, Marinetti resta nella sua natura contraddittoria un personaggio tanto affascinante quanto enigmatico. Intellettuale rivoluzionario, dissidente, fervente agitatore aderì al fascismo cui si allontanò disprezzando leggi marziali e reazionarismo; libertino, don Giovanni, promotore del libero amore e del tradimento e fautore dell’emancipazione totale e disinibita delle donne, fu padre modello di tre figlie e marito presente; anticlericale al fulmicotone, accesissimo nemico della Chiesa, si sposò cristianamente, fece battezzare e cresimare le figlie, e non si privò né dell’estrema unzione né dei funerali religiosi.

Se è vero che ognuno è figlio del suo secolo, sarà vero in questo caso anche il contrario. Il secolo delle contraddizioni e dello stravolgimento totale che il Novecento rappresenta ha un padre illustre. Permettendoci di citare Bontempelli diremmo: le parole gridate da Marinetti sono quelle che partoriscono un nuovo secolo.

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lundi, 31 mars 2014

Life is Always Right

Life is Always Right:
Futurism & Man in Revolt

By Mark Dyal

Ex: http://www.counter-currents.com

“We are not only more revolutionary than you, but we are beyond your revolution.” – F. T. Marinetti[1]

“You must know that blood has no value or splendor unless it has been freed from the prison of the arteries by iron or fire.” – F. T. Marinetti[2]

In the early days of July 1923, a heroic and blasphemous storm blew across the Carso plain and down into the Po river valley. Its daring speed and electrified energy created an atmosphere that transfixed those who scrambled for the safety of porticoes, sensing that this storm would put to a test all that had survived such storms in the past. Indeed, by the time it reached the flag-ringed buildings of Milan’s Piazza San Sepolcro the conflagration seemed to laugh at the memory of the structures that fell in its wake. And in that great and hallowed piazza, Giuseppe Prezzolini cowered away from the window, intent to finish the work that taxed his overwrought senses.

Prezzolini, the fine journalist and literary critic, was deep in rumination about perspective. How, he wondered, could those who sought to revolutionize the world champion something as amorphous and changing as perspective? How could revolt, of all things, proceed without the order and precision of truth and objectivity? How could the pathetic moans of an amateurish whore be confused with an ecstatic symphony of pleasure; or worse, how could the exalted battle cries of the world’s new masters be merely the cacophonous baying of a frightened herd of sheep? With this problem in mind, he tapped out his work, “Fascism and Futurism,” and thereby gave his readers a new perspective on the storm blowing through his proud and sanctified abode.

From Prezzolini’s perspective, the storm was violent and uncontrollable. It raged without memory with the instruments of war: grenades, mortars, and bombs seemed to explode in response to the piercing thrusts of rifle-bound bayonets, lashing wildly at the orderly and sensible piazza below. With every blow he shrank deeper into the comfort of his writing chair. Soon, however, a dreadful thought occurred to him, and he rushed to the window. Relieved and gratified, he smiled a knowing smile when he saw that the tattered symbols of reason, truth, and morality were still on guard against the vile anarchic forces besieging them.

From Prezzolini’s perspective, reason, truth, and morality were synonymous with the successful Revolution that had climaxed nine months earlier, bringing humanity one step closer to the perfection of liberty – a political and mystical right of men properly bound by duty and responsibility to the State.[3] Of course, much had happened in the meantime, and the soon-to-dissipate storm outside his window would be just as soon forgotten. As he remembered, Fascism and Futurism once had much in common. Especially in the days following the Great War, when Marinetti’s men led the revolutionary syndicalists, arditi, and critical artists into the fascist movement – back then they even called themselves “ardito-futuristi,” each with his own love of danger, violence, and reawakened instincts of the man of war.[4]

In they came, he remembered, crowding into the Industrial and Commercial Hall just outside his door. They were drunk on Sorel, proclaiming conflict a “permanent necessity” in the fight against a passive and flaccid existence. The failure of social revolution, one of them said, especially in the wake of industrialization and the creation of the urbanized mass man, was due to cowardice; the syndicalists just failed to act – and were ultimately betrayed by the Movement and Party crazed socialists.

This, according to Marinetti – the leader of this band of misfits, is one reason the Futurists claimed to be “mystics of action,” seeing the nation-State as a bastion of conservatism, repression, bureaucracy, and clericalism: even with neo-classical rulers, one might say, the State is and will always be the enemy of free men – men on the outside, in the beyond, in the nether regions of what is permissible and “good for business.”

As such, they would move against the State in the squadristi bands that almost became the ruin of The Revolution. Disdainful of the police, they were illegal, spontaneous, often haphazard, and arbitrary – hardly the stuff that goes into the establishment and defense of law and order!

 

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So, this perpetually violent man in revolt, freed from moral and historical constraints and Statist duties and responsibilities, was to become the new “Futurist man:” a man, as Marinetti said, that is not human (for without the essential elements of the human – rationality, morality, and memory – all perfectly suited to justify slavish adherence to being-bourgeois – then one is no longer human, but something else – something monstrous, something rapacious, something joyous). Marinetti said that the bourgeois State corrodes vital energy, that it feeds upon humanized herd-animals with deadened wills yoked to universalized assumptions of natural goodness and happiness. But Prezzolini would ask him today as he did then, what good could this Futurist man bring to The Revolt? He is be too reckless, too free, and too dangerous to be of any use to men trying to build a State.

Squadrismo! Yes, he remembered, that’s what it was about: embodied radicalism, joyful violence, and the destruction of the forces of order that so perfectly connected mind, body, and State. Ruefully, he shook his head, eager to forget the ravages of such unchecked, unscripted, and useless virility. The Futurists’ virility – the cult of speed, the contempt for the masses, and the antipathy toward bureaucracy – had certainly infected the early days of the Fascist Revolution. But fighting to become-other, to move beyond duties and responsibilities while embracing the flux and chaosmos of the man in revolt, this is a far cry from fighting for the honor and glory of the State. In the former the heroic man will die alone, but in the other – in the fight that we men of the State promise and demand – the heroic man never dies. Instead he is made grander and more meaningful than he ever could have been on his own.

However, standing here in the afterglow of the creation of the Fascist State – the very symbol of victory! – Prezzolini began to laugh aloud at the memory of what would one day be called the creation of the “two fascisms.”[5]

But then, in the summer of 1921, it was the moment of truth for Prezzolini’s Revolt. Would it follow the disdainful revolutionary violence of the Futurists and arditi into an unknowable future? Or would it turn toward the bourgeois shopkeepers and landowners who sought a stable and prosperous State built on the foundations of a glorious national past? Would it be swept up in the unbridled action of the men in revolt, or would it become The Revolution? Would it maintain its core as a pack of elite and daring fighting men – those who dared, in fact, to cast off all bourgeois duties and responsibilities, to “cut all roots and understand nothing but the delight of danger and quotidian heroism?”[6] Or would it embrace its historical responsibility and create something lasting, something immortal, like a Party and State?

Indeed it would, and did – disposing of both the Futurists and ardito-squadristi alike in several purging acts of political rationality – and set itself up as the apotheosis of “hierarchy, tradition, and authority.”[7] But as the storm blew, and the rotary engines intoxicated with their own speed and sound blasted at the security of the paving stones below his window, Prezzolini felt uneasy, as if something violent, cruel, and beyond the strictures of justice was seeping through the cracks in his sanctified workspace.

At once he knew its source: Marinetti. Blasphemer! Madman! The fool who wanted to use violence to destabilize the subjective – and subjectifying – forces of the bourgeois form of life! And to what end? Well, Prezzolini knew quite well to what end. Look at this, he screamed to his soul as he grabbed the tear sheet:

And so, let the glad arsonists with charred fingers come! Here they are! Here they are! Go ahead! Set fire to the shelves of the libraries! Turn aside the course of the canals to flood the museums! . . . Seize your pickaxes, axes, and hammers, and tear down, pitilessly tear down the venerable cities! . . . You raise objections? Stop! Stop! We know them. We’ve understood! The refined and mendacious mind tells us that we are the summation and continuation of our ancestors – maybe! Suppose it so! But what difference does it make? We don’t want to listen![8]

And so Prezzolini wrote a serendipitous march, a pointed and reserved tome in defense of the tradition and past splendor that found itself under attack from these irresponsible derelicts. Look again, his tormented cogito demanded; they actually call themselves “barbarians – the recalcitrant defaulters of the Ideal!”[9]

“Fascism, if I am not mistaken,” he began to write, “wants hierarchy, tradition, and observance of authority. Fascism is content when it invokes Rome and the classical past. Fascism wants to stay within the lines of thought that have been traced by the great Italians and the great Italian institutions, including Catholicism. Futurism, instead, is quite the opposite of this. Futurism is a war against tradition; it is a struggle against museums, classicism, and scholastic honors. How can this be reconciled with Fascism, which instead is trying to restore all our moral values?”[10]

Thank God, he murmured. Thank God! Thank God we had the decency, the sensibility, and the duty to distance our glorious Party and State from these lunatics. Perspective had made Prezzolini wise, for he knew that revolution had no future. The future, as history had already shown, is with the State. So be it if Fascism had to become a counter-reformation that betrayed the revolutionary energies and critical vitalism of its founding members:[11] the State and nothing but the State, as Mussolini said – a “spiritual and moral fact!”[12] We will properly manage the social domain, he thought defiantly. We will bring continuity and regularity to all that is in flux. We will make sedentary all that flows freely.[13] We will make homogenous all that is different. We will bring law and order, rationality and peace![14] If the people are not up to the task, if they chafe at the imposition of their rulers’ and bosses’ sovereignty, if they feel no allegiance to their duties and responsibilities to the State, then . . . let them go and play with Marinetti!

Does he not understand? We are the State, we are law, and we are order, sanctified by God and international treaty! What do his Futurists wish to be? Outside! Beyond the State! Don’t they know? There is no outside – we are “the Logos, the philosopher-king, the transcendence of the Idea, the interiority of the concept, the republic of minds, the tribunal of reason, the bureaucrats of thought, man as legislator and subject, . . . the interiorized image of a world order!”[15] When you leave that, dear Marinetti – dear “recalcitrant traitor of the Idea,” where do you go?

BAL

To war, was Marinetti’s answer. Only war, he said, can create the conditions and assemblages conducive to revolution. And when you are a man alone – a man in a pack, perhaps – and find yourself without a war, well, what then? You create the necessary conditions and assemblages of your own life. You “murder the moonlight,” you “destroy time and space,” living instead in “eternal and omnipresent velocity” – the velocity of courage and aggression, of “words and thought-in-freedom,” destroying any and all stagnant prudence, “utilitarianism, opportunistic cowardice” and reactive ressentiment that you used to think justified your élan vital.[16] You create mayhem – you live without tradition, without dogma, incessantly inventing new means with which to astonish your bourgeois instincts, nurtured instead by the “new sensibility” that will decompose all that you know about beauty, greatness, religiousness, solemnity, and cultivation.[17]

Live without tradition! Prezzolini was aghast. Live without memory! Again he wondered if Marinetti and these Futurists understood the implications of their ideas. Memory, he would remind them, serves a great purpose, for it alone creates a person capable of repaying debt;[18] and debt is the basis of civilization – for indeed, how can civilization proceed without all comic, bodily, and social tributes necessarily paid?[19] And just what do the Futurists think they are forgetting? What is the purpose, if you will, of forgetting? What responsibilities, duties, and debts, must they forget? They will say that forgetting laziness, slowness, and feminine sensibility so as to affirm life as acceleration. Like Bergson they want to make time a subjective duration and bundle of intensities – a velocity carrying other velocities –

Our life should always be a velocity carrying other velocities: mental velocity + velocity of the body + velocity of the vehicle that carries the body + velocity of the element that carries the vehicle. We should dislocate thought from its mental road and put it in a material one. Velocity destroys the laws of gravity, renders the values of time and space subjective . . . Kilometers and hours are not universally the same; for the speeding man they vary in length and duration . . . Increasing lightness. You’ve triumphed over the law which forces man to crawl . . . Gasoline is divine . . . Speed in a straight line is massive, crude, unthinking. Speed with and after a curve is velocity that has become agile, acquired consciousness.[20]

Thought and existence in the production of time as flows and affects (+ and + and + and + . . . until life bursts forth from any attempts to negate and strangle its potential), extricating time itself from its rightful and natural milieu as a universal constraint of matter.[21]

But everyone knows not only that this is madness, but also that is just the beginning. Look how Marinetti dances with the sirens of our doom – with the very forces that will bring the logic of historical progress to a halt – when he advises us to “exalt the aggressive will of man, without remembrance, and to emphasize yet again the ridiculous vacuity of nostalgic memory, of shortsighted history, and of the past that is dead.”[22] And his friend Boccioni says that Futurism is here to destroy the past so as to create a “void populated by primitives and barbarians” – all with an anti-artistic sensibility connected and driven only by rhythmic movement, planes, and lines – without the sublimity of ideal forms and archetypes.[23]

But what can Boccioni possibly mean with this ridiculous suggestion? Is he trying to offer a basis of re-differentiation for the un-differentiated man? But haven’t we moved beyond such quaint notions of a return to primitivism? Just then Prezzolini was alarmed by a loud crash amongst the din of the storm. It sounded like the screech of rubber tires spinning out of control, hurling machine and life aloft like a nomadic arrow in flight – au milieu, fixed by neither the archer who shot it nor the target at which it was aimed – dancing its way to the horizon in a fiery rainbow of exploding and shrapnelizing glass and metal, the particles of each in conjunction with the other, as well as any body upon which they impacted.

To his horror the detonation was followed by a chorus of voices explaining the storm to a pair of young punks, “Life is always right,” it said, “The artificial paradises with which you hope to assassinate it are worthless.”[24] Woe to any man who goes outside in times like this, he thought; better to die now than continue this risk. And with that he cursed his ears for having been party to the impudence of these foolish men, ever more fearful that they could link his dear and tender soul to what they had overheard. He shrank evermore, and decided that a drink might calm his nerves.

And anyway, he realized as he savored his cup of hot milk, isn’t Boccioni a Futurist? Of all people he should know better. And what does a “barbarian void” offer that the State does not? Carlo Carrà gave us a sense of what the barbarian void seeks in distancing itself from the State: creation – to understand life in terms far removed from the purely representational form of rational bureaucratic thought that he called “illustrationism.” Illustrationism involves a tracing of life’s potentials, always governed by traditions, conventions, and the all-seeing Ideal.[25]

What Futurism proposes instead is an unbridled creationism, in which painters paint sound, movement, and uncover all of the affective qualities awaiting a revolt in the quantities of human instincts:

 . . . Words unmoored, ideas unbound, free of the enslavement of instinctual energy and techniques of living to forms and ideas that castrate as much as they create. Outside of work we find invention. Outside of schools we find free thought. Outside of del giorno concepts, theories, estimations, and potentials — beyond the straight and narrow path that they delineate: an echo of the refrain of the walking dead! . . . the funereal normality of thinking and being in the service of forces that demand so little of us: the ease of believing and submitting to banality and commonality – we seek and demand of ourselves a life taken out of bounds.

Painting smells, he had to laugh at that one. That would be like legislating or commanding revolution. He was shocked at himself, as for one horrifying moment he found himself talking just like them! But his uncertainty brought his mind back to its work. How do these barbarian Futurists plan to create anything, especially in light of Marinetti’s war against grammar and linguistic convention, he thought. “Words-in-freedom,” Marinetti says, will undermine and disrupt the codifying principles of language – principles that shape consciousness and the functional interplay with reality. He asks us to abandon the use of “I,” which anthropomorphizes a particularly bourgeois understanding of the subject, positing instead a “return to the molecular” and an understanding of the splinters and shards of our subjectivity that hold the keys to our revolutionary potentials.[26]

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He asks us to “destroy syntax and scatter one’s nouns at random, just as they are born,” to “abolish adjectives and adverbs,” which force, and presume, a pause in the flow of experience, and create a “tedious unity of tone,” which only exists in language. What’s more, he suggests that verbs only be used in their infinitive form, so as to create an elasticity of relations (in contrast to an enslavement of the moving and doing verb to the parasitic “I”) and to “give a sense of the continuity of life and the elasticity of intuition.”[27]

In this light, Prezzolini quickly realized that what the Futurists were doing was dangerous and a threat to the victory of the Fascist State. The human being, it is true, can be herded into vast conglomerates and easily convinced of its universal values and properties. But just because man can so readily live in a herd, is this its optimal potential? This is the question that Prezzolini now discovered at the heart of the Futurist manifestos. With their attacks on language as an automation machine commanding the interconnection and coordination of beings for territorializing despotic tasks that serve only the most slavish of the herd, Futurists were attempting to short circuit the ties of the social contract. They understood that the conscious organism must be compatible with the social system in which it exists.[28]

Shifts in the modalities of social life – like barbarian voids or packs – must entail a concomitant shift in consciousness and functional interplay with existence. Attention, cognitive processing, decision-making, and expression all undergo constant mutation in order to maintain their association with sense-making apparatuses of the particular collective modality.[29] Understood even in this simplified way, one sees very clearly the implications of the State presenting itself as “the rational and reasonable organization of a community,” with the “interior or moral spirit of the people” as the organizing principle of a “harmonious universal absolute spirit.” The State justly becomes the nexus of correct-thinking, pure reason, and personal mastery.[30] If those links are broken, and sense no longer can be made (or made to be made), then the duties, debts, and responsibilities yoking man to a sociality that makes a mockery of his instincts make no sense. Mayhem!

Our Father in heaven, Prezzolini stuttered as he began pacing the room. Suddenly the storm seemed to rage much louder. Our Father, he said again, if only those were marching boots I hear and not the dissonant hum of warplanes and failing power generators. His work now seemed to have the importance of a Papal Bull. This throwing the past into the sea so as to increase one’s agility in evading roadblocks – surely these roadblocks, these very barriers to chaos are the keys to our victory! – can only lead to ruin. But to destroy the very bases of order and right thinking in the present is even more egregious. Men of this type must be led – for their own good and for the good of The Revolt. Yes! They must be led, or be eliminated.

Certainly this is clear when we read in Marinetti’s “War, the Only Hygiene of the World,” of his disappointment with the disarmament of revolutionary energy when it is handed over to the leaders of The Revolt, who, as he says, are “fatally interested in preserving the status quo, calming down violence, and opposing every desire for adventure, risk, and heroism.”[31] But again, we must reproach Marinetti for failing to understand the importance of prudence, opportunism, and building a mass-based organization of great political and social potential.

And when we say that this organization with universal appeal and dedication to wisdom and order is to be immortal, what does Marinetti say? He says that the Futurist “lovers and defenders of heroic instincts” feel “only repugnance at the idea of striving for immortality, for at bottom it is no more than the dream of minds vitiated by usury.”[32]

To him and the others, he would return their repugnance with interest! He smiled at the irony, for now he was the one who had the ear of the Duce. Perhaps, he thought furiously, the entirely contingent circumstances that aligned these maniacs with The Revolt once justified their cancerous dereliction, but they have no role to play in the State. And so he returned to his oft-interrupted work:

Fascism cannot accept the destructive program of Futurism, and instead it will have to restore the very values that clash with Futurism. Political discipline and hierarchy are also literary discipline and hierarchy. Words are rendered empty when political hierarchies are made pointless. Fascism, if it truly wants to win its battle, has to consider Futurism as having already been absorbed for what it could provide as a stimulus, and has to repress it for whatever it may still possess that is revolutionary, anticlassical, and unruly.[33]

And so, while Marinetti and his merry band of Futurist revolutionaries waged a war without frontlines against the Parties, values, representations, and power of the bourgeois world – bringing a storm of uncontrollable aggression and dereliction to all of the hallowed halls that glorified the empire of the Last Man, Giuseppe Prezzolini finished his work, its last sentences littered with defenses of hierarchy and order, and “words in their proper place, obeying the rules, and respecting nature.”[34] He then mailed it to the appropriate governmental commission appointed to reform education for their approval and enlightened council.

Notes

[1] Filippo Tommaso Marinetti, “Beyond Communism,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 260.

[2] Filippo Tommaso Marinetti, “Let’s Murder the Moonlight,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 55.

[3] Emilio Gentile, The Struggle for Modernity: Nationalism, Futurism, and Fascism (Westport, CT: Praeger, 2003), 21.

[4] Adrian Lyttleton, The Seizure of Power: Fascism in Italy, 1919–1929, Revised Edition (London: Routledge, 2004), 46–49.

[5] Lyttleton 55.

[6] Filippo Tommaso Marinetti, “We Abjure our Symbolist Masters,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 93–95.

[7] Giuseppe Prezzolini, “Fascism and Futurism,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 276.

[8] Filippo Tommaso Marinetti, “The Founding and Manifesto of Futurism,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 53.

[9] Filippo Tommaso Marinetti, “Quarter Hour of Poetry of the Decima MAS,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 505

[10] Prezzolini, 276.

[11] Lyttleton, 370.

[12] Benito Mussolini, The Political and Social Doctrine of Fascism, translated by Jane Soames (New York: The Gordon Press, 1976), 21.

[13] James C. Scott, Seeing Like a State (New Haven: Yale University Press, 1998), 2.

[14] Robert H. Wiebe, The Search for Order, 1870–1920 (New York: Hill and Wang, 1967), 154.

[15] Gilles Deleuze and Félix Guattari, On the Line, translated by John Johnston (New York: Semiotext(e), 1983), 56.

[16] Filippo Tommaso Marinetti, “The Founding and Manifesto of Futurism,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 51.

[17] Filippo Tommaso Marinetti, “The Variety Theater,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 159–61.

[18] Maurizio Lazzarato, The Making of the Indebted Man: An Essay on the Neoliberal Condition, translated by Joshua David Jordan (Los Angeles: Semiotext(e), 2012), 40.

[19] Friedrich Nietzsche, On the Genealogy of Morality, translated by Carol Dithe, edited by Keith Ansell-Pearson (Cambridge: Cambridge University Press, 2007), 41.

[20] Filippo Tommaso Marinetti, “The New Religion-Morality of Speed,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 224–29.

[21] Franco “Bifo” Berardi, The Uprising: On Poetry and Finance (Los Angeles: Semiotext(e), 2012), 90–92.

[22] Filippo Tommaso Marinetti, Critical Writings (New Edition), translated by Doug Thompson, edited by Günter Berghaus (New York: Farrar, Straus, and Giroux, 2006), 252.

[23] Umberto Boccioni, “Futurist Sculpture,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 118.

[24] Filippo Tommaso Marinetti, “Tactilism,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 266.

[25] Carlo Carrà, “Warpainting (Extracts),” in Futurist Manifestos, edited by Umbro Apollonio (Boston: MFA Publications, 2001), 202–5.

[26] Filippo Tommaso Marinetti, “Words-in-Freedom,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 147.

[27] Filippo Tommaso Marinetti, “Technical Manifesto of Futurist Literature,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 119–20.

[28] Berardi 17.

[29] Berardi 123.

[30] Gilles Deleuze and Félix Guattari, Nomadology: The War Machine, translated by Brian Massumi (New York: Semiotext(e), 1986), 42–43.

[31] Filippo Tommaso Marinetti, “War, the Only Hygiene of the World,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 85.

[32] Filippo Tommaso Marinetti, “Multiplied Man and the Reign of the Machine,” in Futurism: An Anthology, edited by Lawrence Rainey, Christine Poggi, and Laura Wittman (New Haven: Yale University Press, 2009), 89.

[33] Prezzolini 277–78.

[34] Prezzolini 278.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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mercredi, 12 mars 2014

Cena futurista

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vendredi, 07 mars 2014

Futurism in Venice

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mercredi, 05 mars 2014

Italian Futurism

 

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mercredi, 22 janvier 2014

Italian Futurism 1909-1944

Edited and with introduction by Vivien Greene. Text by Walter Adamson, Silvia Barisione, Gabriella Belli, Fabio Benzi, Günter Berghaus, Emily Braun, Marta Braun, Esther da Costa Meyer, Enrico Crispolti, Massimo Duranti, Flavio Fergonzi, Matteo Fochessati, Daniela Fonti, Simonetta Fraquelli, Emilio Gentile, Romy Golan, Vivien Greene, Marina Isgro, Giovanni Lista, Adrian Lyttelton, Lisa Panzera, Maria Antonella Pelizzari, Christine Poggi, Lucia Re, Michelangelo Sabatino, Claudia Salaris, Jeffrey T. Schnapp, Susan Thompson, Patrizia Veroli.
Published to accompany the exhibition Italian Futurism, 1909–1944: Reconstructing the Universe opening at the Solomon R. Guggenheim Museum in 2014, this catalogue considerably advances the scholarship and understanding of an influential yet little-known twentieth- century artistic movement. As part of the first comprehensive overview of Italian Futurism to be presented in the United States, this publication examines the historical sweep of Futurism from its inception with F.T. Marinetti’s manifesto in 1909 through the movement’s demise at the end of World War II. Presenting over 300 works created between 1909 and 1944, by artists, writers, designers and composers such as Giacomo Balla, Umberto Boccioni, Anton Giulio Bragaglia, Fortunato Depero, Gerardo Dottori, Marinetti, Ivo Pannaggi, Rosa Rosà, Luigi Russolo, Tato and many others, this publication encompasses not only painting and sculpture, but also architecture, design, ceramics, fashion, film, photography, advertising, free-form poetry, publications, music, theater and performance. A wealth of scholarly essays discuss Italian Futurism’s diverse themes and incarnations.

Edited and with introduction by Vivien Greene. Text by Walter Adamson, Silvia Barisione, Gabriella Belli, Fabio Benzi, Günter Berghaus, Emily Braun, Marta Braun, Esther da Costa Meyer, Enrico Crispolti, Massimo Duranti, Flavio Fergonzi, Matteo Fochessati, Daniela Fonti, Simonetta Fraquelli, Emilio Gentile, Romy Golan, Vivien Greene, Marina Isgro, Giovanni Lista, Adrian Lyttelton, Lisa Panzera, Maria Antonella Pelizzari, Christine Poggi, Lucia Re, Michelangelo Sabatino, Claudia Salaris, Jeffrey T. Schnapp, Susan Thompson, Patrizia Veroli.

Published to accompany the exhibition Italian Futurism, 1909–1944: Reconstructing the Universe opening at the Solomon R. Guggenheim Museum in 2014, this catalogue considerably advances the scholarship and understanding of an influential yet little-known twentieth- century artistic movement. As part of the first comprehensive overview of Italian Futurism to be presented in the United States, this publication examines the historical sweep of Futurism from its inception with F.T. Marinetti’s manifesto in 1909 through the movement’s demise at the end of World War II. Presenting over 300 works created between 1909 and 1944, by artists, writers, designers and composers such as Giacomo Balla, Umberto Boccioni, Anton Giulio Bragaglia, Fortunato Depero, Gerardo Dottori, Marinetti, Ivo Pannaggi, Rosa Rosà, Luigi Russolo, Tato and many others, this publication encompasses not only painting and sculpture, but also architecture, design, ceramics, fashion, film, photography, advertising, free-form poetry, publications, music, theater and performance. A wealth of scholarly essays discuss Italian Futurism’s diverse themes and incarnations.

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