samedi, 02 septembre 2023
L'Europe, une cible secondaire: le scénario inévitable de la stratégie américaine
L'Europe, une cible secondaire: le scénario inévitable de la stratégie américaine
Oleg Ladoguine
Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/geoestrategia/41365-europa-un-objetivo-secundario-el-escenario-inevitable-de-la-estrategia-estadounidense
Le magazine allemand Spiegel a publié en 2018 une interview d'Elbridge Colby, qui a élaboré la stratégie de sécurité nationale des États-Unis alors qu'il occupait le poste de secrétaire adjoint à la défense pour la stratégie et le développement des forces pendant la présidence de Donald Trump. En Europe, on craint la seconde arrivée au pouvoir de Trump et on essaie déjà de décider à quoi se préparer. Colby a été assez franc quant à sa vision politique réaliste de la stratégie américaine.
Pour commencer, il convient de préciser qu'Elbridge Colby est le petit-fils du directeur de la CIA, William Colby. Le magazine Politico l'a qualifié "d'acteur central pour le compte de l'élite quant aux choix de politique étrangère" de Washington. Colby est diplômé de Harvard et de Yale, tout ce qu'il faut pour faire partie de l'élite américaine pur jus.
En même temps, Colby (photo) n'est pas le chouchou des néo-conservateurs de Washington, mais il promeut au sein du Parti républicain des points de vue qui s'opposent à des décennies de pensée interventionniste dominante. Avec l'ancien sous-secrétaire d'État de l'administration Trump, Wess Mitchell, Colby a fondé un groupe de réflexion appelé Marathon Initiative. Par ailleurs, il convient de noter qu'Edward Luttwak, qui, pendant la présidence de Richard Nixon, a élaboré une stratégie pour l'effondrement de l'URSS, figure également parmi les fondateurs, mais qu'il est surtout connu pour son livre de 1968 intitulé "Coup d'État : A Practical Guide", qui a été traduit en 14 langues et réimprimé à plusieurs reprises.
Sur la couverture de la présentation du centre, on peut lire : "L'Amérique entre dans une ère de rivalité entre grandes puissances à laquelle elle n'est pas préparée. La question de la sécurité nationale la plus importante de notre époque est de savoir comment garantir la liberté et la prospérité des États-Unis dans cette ère de concurrence accrue. La mission de l'Initiative Marathon est de développer les stratégies diplomatiques, militaires et économiques dont une nation aura besoin pour faire face à une rivalité prolongée entre grandes puissances.
Dans son entretien avec le Spiegel, Colby commence par dire que le monde unipolaire qui a duré de 1991 à 2015 n'existe plus, que les États-Unis ne sont plus une superpuissance et que la Chine est aujourd'hui aussi puissante économiquement que les États-Unis.
Point de départ de sa vision de la stratégie américaine, Colby voit la possibilité pour la Chine de devenir une puissance hégémonique en Asie. Cela lui permettrait de prendre le contrôle de l'ensemble de l'économie mondiale, ce qui aurait des répercussions négatives sur les États-Unis et, par conséquent, ne saurait être toléré.
Le stratège américain n'hésite pas à expliquer à un journaliste allemand que, dans les années à venir, plus de 50 % de la production mondiale sera réalisée en Asie et que la part de l'Europe tombera à 10 % dans 20 ans. Dans le même temps, il tente de rassurer le journaliste en lui expliquant que cela ne signifie nullement que l'Europe ne présentera plus d'intérêt pour les États-Unis, mais que les Américains devront concentrer leurs efforts sur l'Asie.
Colby réfute la thèse du président américain Joe Biden selon laquelle "la meilleure façon d'effrayer la Chine est la victoire de l'Ukraine sur la Russie", affirmant que les sanctions contre la Russie n'ont pas eu l'effet escompté et que sa politique n'a pas changé. La seule option qui reste pour changer radicalement la situation est le recours à la force militaire. Cependant, les États-Unis ne peuvent pas s'impliquer dans le conflit ukrainien car, premièrement, cela affaiblirait le potentiel de l'armée américaine à affronter la Chine dans le conflit sur Taïwan. Deuxièmement, les dépenses à long terme de plusieurs milliards de dollars en Ukraine saperont la volonté du public américain d'investir dans la préparation d'une confrontation avec la Chine.
Selon M. Colby, les États-Unis ne refusent pas d'aider l'Ukraine, mais il est tout à fait logique que les Européens assument la majeure partie du fardeau. À un journaliste allemand qui se plaignait que l'Europe n'avait plus assez de munitions et d'équipements, le stratège américain a répondu qu'en Allemagne, en 1988, il y avait 500.000 personnes engagées dans l'armée et 2.000 chars Leopard 2, et qu'aujourd'hui, il y en a 180.000 et 200 chars. Après la guerre froide, l'Allemagne a trouvé très rentable de dépenser de l'argent pour un "État-providence", mais cela n'excuse pas le fait que les Allemands exigent aujourd'hui des États-Unis qu'ils renoncent à leurs intérêts nationaux.
Arguant que les Européens ne pouvaient même pas compenser partiellement les précédentes fournitures américaines à l'Ukraine, M. Colby a répondu que l'état statique actuel des fronts ukrainiens montrait que Kiev ne tomberait pas et que les autres puissances européennes n'étaient pas menacées par la Russie, même s'il ne faut pas sous-estimer cette menace.
La situation est totalement différente en ce qui concerne la Chine, qui se modernise à un rythme sans précédent, développe considérablement son potentiel nucléaire, son économie se reconstruit pour contourner les sanctions, et tout cela suggère que la Chine se prépare à la guerre, estime le stratège américain, citant des informations de la CIA selon lesquelles Xi Jinping a ordonné à son armée de se préparer à prendre le contrôle militaire de Taïwan d'ici à 2027.
De plus, selon lui, la Chine se comporte déjà comme une superpuissance montante. Par conséquent, en cas de conflit militaire avec la Chine au sujet de Taïwan, les États-Unis n'ont pas le droit de perdre, car une défaite signifierait qu'ils ont perdu une région clé. Selon M. Colby, c'est un conflit militaire en Asie qui modifiera l'ordre mondial, et non en Europe, comme le pensent de nombreux Occidentaux.
En cas de victoire chinoise, les pays de la région chercheront à s'associer à la Chine, sachant que les États-Unis ne seront plus en mesure d'assurer la sécurité. Cela aidera la Chine à faire du yuan une monnaie importante dans l'économie mondiale et à devenir le siège de grandes entreprises technologiques. Si une telle Chine impose des sanctions à d'autres pays, celles-ci auront un impact même sur les États-Unis et l'Allemagne.
Il est évident que le stratège américain ne fait ici que projeter le comportement des États-Unis sur la Chine, alors que la politique chinoise s'est toujours distinguée par sa propre approche et que la pression des sanctions n'a pas été l'une de ses priorités.
En réponse aux craintes du journaliste selon lesquelles les États-Unis pourraient forcer l'Allemagne à abandonner sa coopération économique avec la Chine, M. Colby affirme qu'il s'agit là de la stratégie de l'actuelle administration de Joe Biden, qui, en finançant les hostilités en Ukraine, continuera à avoir besoin de cette faveur réciproque de la part des Européens. Il propose donc un compromis : "Il serait préférable et moins coûteux pour les Européens de laisser les États-Unis se préparer à la bataille avec la Chine, sans avoir à s'impliquer dans le conflit ukrainien. Cela encouragerait les États-Unis à exercer moins de pression pour rompre leurs liens économiques avec la Chine".
La crainte suivante des Européens était la possibilité que les États-Unis quittent l'OTAN avec l'arrivée de Donald Trump pour un second mandat présidentiel. M. Colby a expliqué qu'il n'est pas souhaitable de quitter l'alliance. Le problème réside ici dans ceux qui pensent que "l'OTAN doit rester pour toujours au centre de la politique américaine". Cependant, la réalité suggère qu'au sein de l'OTAN, les Européens devraient avant tout se préoccuper de leur propre sécurité.
Bien que l'article du Spiegel mentionne à plusieurs reprises que Colby est un stratège républicain, son approche n'a pas la couleur politique que le magazine allemand tente de lui donner.
Il convient de rappeler qu'en novembre 2021, lors d'une visite à Bruxelles, un membre de l'administration de Joe Biden, le conseiller du département d'État américain Derek Chollet, a déclaré que la Maison Blanche soutenait les efforts des alliés européens pour développer leur propre potentiel militaire et que les Européens devaient accélérer les choses à cet égard.
"Il est dans l'intérêt des États-Unis que l'Europe dispose d'une plus grande capacité militaire. C'est pourquoi les administrations américaines, les présidents de différents pays et les secrétaires à la défense depuis six ou sept ans parlent de deux pour cent du PIB comme une sorte de norme de base pour les dépenses militaires", a déclaré M. Chollet.
C'est exactement ce que l'administration de Donald Trump a exigé de l'Europe. Il serait donc erroné d'attribuer la stratégie proposée par Colby aux seuls représentants du parti républicain.
Appelée à l'époque "autonomie stratégique" pour l'Europe, l'idée a fait son chemin aux États-Unis après que l'administration de Joe Biden a réchauffé les relations avec la France avec l'annonce surprise du partenariat AUKUS et le retrait consécutif par l'Australie des sous-marins commandés à la France.
Après le déclenchement de l'opération militaire spéciale par la Russie en Ukraine, la situation aux États-Unis montre que le sentiment anti-chinois au sein de l'establishment politique ne fait que croître. Dans sa stratégie de sécurité nationale, l'administration Biden a désigné la Chine comme la principale menace. La nouvelle législation sur les sanctions à l'encontre de la Chine fait l'objet d'une initiative bipartisane au Congrès.
Tout ceci suggère que la stratégie proposée par Colby pourrait bien prévaloir aux États-Unis, même sans républicain au pouvoir en 2024.
21:15 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : états-unis, union européenne, europe, affaires européennes, géopolitique, politique internationale, chine | |
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La fantôme de Sankara
Le fantôme de Sankara
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/il-fantasma-di-sankara/
Un fantôme erre dans le monde. Un fantôme inquiet, qui erre entre le Maghreb et les terres au sud du Sahara. Mais qui se manifeste aussi de plus en plus au Nord. En Europe.
C'est le fantôme de Thomas Sankara. Celui qui a donné son nom au Burkina Faso. Car avant, ce pays s'appelait simplement la Haute-Volta. Le nom que les colonialistes français avaient donné à cette terre. Et Burkina Faso signifie, dans la langue des Mossi, le "Pays des hommes debout". Un nom qui, à lui seul, illustre le programme que Sankara a tenté de mettre en œuvre entre 1980 et 1988. Certains le qualifient aujourd'hui de tiers-mondiste et de socialiste. En réalité, il s'agissait d'une tentative d'arracher le pays aux griffes de l'exploitation néocoloniale française. Et celle des multinationales occidentales.
Une tentative courageuse, payée de sa vie.
Un coup d'État hétéro-dirigé, puis l'assassinat. Et la "pratique Sankara" semblait définitivement archivée.
Mais, aujourd'hui, son fantôme est revenu hanter les terres abandonnées de l'Afrique subsaharienne.
Toute la ceinture du Sahel, l'ancienne (c'est le cas de le dire) Afrique française, est en ébullition. En fait, en révolte ouverte. Coups d'État militaires au Mali, au Burkina Faso, au Niger... et maintenant au Gabon. Le Tchad tremble. Au Nigeria, le vent de la guerre civile endémique souffle. Et même le Sénégal, jusqu'ici fidèle, commence à frémir.
Le plus grand soulèvement africain depuis l'époque coloniale est en cours. Il ne s'agit pas, comme une certaine presse voudrait nous le faire croire, de simples coups d'État. Il s'agit d'enjeux internes, de luttes tribales et familiales pour le pouvoir. Les soldats qui brandissent le drapeau de la révolte bénéficient partout d'un fort soutien populaire. Et ce sont, à ce jour, des soulèvements pacifiques. Sans effusion de sang. Mais toujours suivis de grandes manifestations populaires contre la présence française. Et contre la présence américaine...
Pour Paris, c'est un désastre. Et c'est aussi un désastre pour le reste de l'Europe, en particulier pour l'Allemagne. Par un inévitable retour de bâton.
De ces régions d'Afrique proviennent du pétrole, de l'or. De l'uranium. Des métaux précieux de toutes sortes. Pour ne citer qu'un exemple, le Gabon est le premier producteur mondial de manganèse. Sans lequel il est impossible de produire de l'acier.
Mais de ces immenses richesses, il ne reste presque rien dans les pays africains. Et ce peu va dans les mains des marionnettes qui gouvernent, manipulées par Paris et les multinationales.
Des hommes comme le président gabonais Ali Bongo. dont la famille est au pouvoir sans interruption depuis plus de cinquante ans.
Et voilà que l'Union européenne, y compris le ministère italien des affaires étrangères, a le culot de parler, ou plutôt de glapir, à propos d'un coup d'État qui a renversé un gouvernement "légitime et démocratique". Sic !
Sankara avait été le premier à tenter de briser cette chaîne qui asservit la ceinture du Sahel. Qui l'exploite. Et qui fait vivre plus de 80% de la population dans la misère et la dégradation, dans la faim.
C'était trop tôt. Le cadre international trop différent. Et hostile. Sankara a payé son pari de sa vie.
Mais il reste, dans les mémoires, comme le Bolivar de l'Afrique subsaharienne.
Aujourd'hui, la situation est pourtant totalement différente.
Et son fantôme est en train de devenir un cauchemar. Pour beaucoup, à Paris, à Washington et dans d'autres chancelleries occidentales.
20:57 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thomas sankara, afrique, affaires africaines, burkina faso, sahel | |
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"Pour aller loin, il faut marcher ensemble". La Chine et l'Afrique dans la vision de Xi Jinping
"Pour aller loin, il faut marcher ensemble". La Chine et l'Afrique dans la vision de Xi Jinping
Luca Bagatin
Source: https://electomagazine.it/per-andare-lontano-andiamo-insieme-cina-e-africa-nella-visione-di-xi-jinping/
Lors du 15ème sommet des BRICS à Johannesburg, qui s'est tenu du 22 au 24 août, le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, a affirmé deux concepts importants.
Le premier : "Nous (les pays des BRICS) choisissons nos voies de développement de manière indépendante, défendons ensemble notre droit au développement et marchons en tandem vers la modernisation. Cela représente la direction du progrès de la société humaine et aura un impact profond sur le processus de développement du monde".
Le second : "Les règles internationales doivent être écrites et respectées conjointement par tous les pays sur la base des objectifs et des principes de la Charte des Nations unies, plutôt que d'être dictées par ceux qui ont les muscles les plus forts ou la voix la plus forte. Il est encore plus inacceptable de s'organiser pour former des groupes exclusifs et d'ériger leurs règles en normes internationales".
Soulignant ainsi que la tâche des BRICS est, entre autres, de "soutenir l'équité et la justice et d'améliorer la gouvernance mondiale".
Le président Xi a également fait l'éloge du continent africain, avec lequel la Chine entretient des relations de longue date, en déclarant qu'il est "un réservoir de sagesse simple mais profonde", rappelant un proverbe africain qui dit : "Si vous voulez aller vite, allez-y seul ; si vous voulez aller loin, allons-y ensemble".
Les relations entre la Chine et l'Afrique remontent en fait aux années 60, à l'époque du Grand Timonier Mao-Tse Tung, qui, par l'intermédiaire du Premier ministre et ministre des affaires étrangères de l'époque, Zhou Enlai, a commencé à nouer des relations avec tous les pays africains qui cherchaient à se libérer du colonialisme occidental et à émanciper le tiers monde des impérialismes opposés des États-Unis et de l'Union soviétique.
Dès cette époque, Zhou Enlai énonce les principes cardinaux de la politique étrangère chinoise, fondée sur l'entraide: le bénéfice mutuel par la coopération commune, la non-agression et le respect de la souveraineté nationale. Ainsi, dès cette époque, la République populaire de Chine a commencé à construire des infrastructures en Afrique, à apporter une aide médicale et éducative et à garantir des prêts à faible taux d'intérêt.
Une stratégie poursuivie, après Mao et Zhou Enlai, par tous leurs successeurs et qui est à la base de la profonde amitié entre la Chine et l'Afrique.
Des réalités qui ont en commun d'avoir été la proie du colonialisme occidental, mais qui, cela vaut particulièrement pour la Chine, ont su se libérer de cette sujétion et s'émanciper à travers le socialisme et des formes de coopération pacifique.
Les études de la sinologue italienne Alessandra Colarizi et de l'universitaire américaine Deborah Brautigam sur les relations Chine-Afrique sont très intéressantes.
20:48 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brics, afrique, chine, affaires africaines | |
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La guerre intégrale
La guerre intégrale
Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/article/integralnaya-voyna
L'attaque de drones sur les villes russes par les forces terroristes de l'Occident (l'Ukraine est de plus en plus dans l'ombre de la guerre déclenchée contre nous par l'OTAN) a été particulièrement intense il y a quelques nuits. Les voix se sont finalement tues: comment cela se fait-il ? Qui n'a pas été attentif? Nous aurions dû mieux nous protéger ! Maintenant, tout le monde commence à se demander ce qu'il faut faire.
Le sommet des BRICS à Johannesburg montre comment le monde multipolaire est en train de s'institutionnaliser. Six civilisations sur sept (la russe, la chinoise, l'indienne, l'africaine, l'islamique, la latino-américaine) se consolident en rejetant l'hégémonie de la septième, l'occidentale.
Mais cette dernière n'est manifestement pas prête à accepter la perte de sa domination mondiale et riposte. La Russie ressent ce choc de la manière la plus aiguë.
Aux mains des nazis ukrainiens, l'Occident, qui lutte pour préserver son hégémonie à tout prix, tue des Russes, attaque des villes russes, fait exploser des installations militaires et civiles russes, bombarde des villages et des villes pacifiques. Mais cette guerre frontale n'a plus rien de pacifique. Car c'est bien cela, la guerre.
Parallèlement au front militaire, sur lequel nos héros repoussent bravement l'offensive féroce de l'ennemi et contre-attaquent même, il est nécessaire de déployer un véritable front anti-occidental à l'intérieur de l'Union. Tout d'abord, un front idéologique.
Il est nécessaire d'entamer une opération militaire spéciale dans les domaines de la culture, de l'éducation et de la science.
L'hégémonie de l'Occident a imprégné très profondément notre société. Gramsci pensait que l'hégémonie se réalise d'abord dans la sphère des idées - c'est là que nous devrions commencer l'opération spéciale. Dans la sphère des idées.
Dans notre sphère humanitaire, la culture, l'éducation, les idées de l'ennemi dominent toujours.
Et l'Occident comprend parfaitement le lien entre les idées et la bataille physique. Si nous faisons un pas dans la direction de la désoccidentalisation ou de la protection des valeurs traditionnelles, le coup peut être porté par des sanctions, par l'économie ou par une attaque de drones.
Il s'agit d'une guerre intégrale. Tout est lié à tout: l'économie à la politique, les actions militaires aux phénomènes culturels, les attaques terroristes aux processus en ligne, l'information à la psychologie des masses, la diplomatie à l'ingénierie sociale, les sciences humaines à la lutte pour le leadership technologique et les ressources naturelles.
L'Occident dispose du principal centre de contrôle pour tous ces niveaux de guerre intégrale contre le monde multipolaire - contre six civilisations. Tout y est utilisé: réseaux d'agents, élites occidentalisées, attitudes et valeurs occidentales dans la société, institutions éducatives, opérations subversives, terrorisme, provocation de conflits ethniques et sociaux, psychologie du genre, particularités générationnelles.
Disposons-nous d'un tel centre? La question est rhétorique. Il est clair que nous n'en avons pas.
Et c'est naturel, car l'Occident mène cette guerre contre nous depuis longtemps, il sait ce qu'il fait et cherche à maintenir sa domination sur l'ensemble du spectre aussi longtemps que possible.
Nous sommes à peine entrés dans cette guerre, c'est-à-dire que nous commençons à peine à nous rendre compte qu'elle est déjà en cours. Et nous n'en avons pas encore pleinement pris conscience.
Nous sommes toujours une colonie civilisationnelle de l'Occident. Une colonie rebelle, certes, mais une colonie. Rien qu'une colonie.
La lutte contre l'Occident doit commencer au sein même de notre société. C'est alors que l'on comprendra la nécessité d'un état-major de guerre intégral.
En attendant, les drones occidentaux attaquent les villes russes nuit après nuit. C'est une bonne chose que nous ayons dépassé le stade de l'indignation irritée. Mais nous n'avons pas encore tiré les véritables conclusions de la guerre à grande échelle qui se fait de plus en plus intense et de plus en plus patente avec l'Occident, d'une guerre qui bat déjà son plein. J'espère que nous le ferons. Nous sommes toujours terriblement en retard. Mais ensuite, nous nous rattrapons.
20:35 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, russie, alexandre douguine | |
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