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mardi, 03 décembre 2024

Le Tchad et le Réveil Souverain de l’Afrique

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Le Tchad et le Réveil Souverain de l’Afrique

Constantin von Hoffmeister

Source: https://www.eurosiberia.net/p/chad-and-africas-sovereign-...

La décision du Tchad de rompre sa coopération militaire avec la France dépasse un simple mouvement géopolitique isolé — elle constitue un acte décisif de libération vis-à-vis de l'ordre postcolonial qui a longtemps attaché une grande partie de l’Afrique à l’hégémonie occidentale. Annoncée après une rencontre entre le président Mahamat Idriss Déby et le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à N'Djamena, cette décision marque la maturation de la souveraineté tchadienne. Le ministre des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, a souligné que le Tchad est désormais une puissance autonome, déterminée à façonner ses politiques étrangères et militaires en fonction de ses intérêts nationaux, affranchie de toute tutelle extérieure.

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Ce tournant est emblématique du réveil de l’Afrique dans un monde de plus en plus marqué par la multipolarité. Le moment unipolaire, qui visait à intégrer le Sud global dans une vision monolithique de la modernité, s’érode. Le rapprochement du Tchad avec Moscou plus tôt cette année, culminant avec une rencontre personnelle entre le président Déby et Vladimir Poutine, ainsi que l’inauguration d’une Maison Russe à N'Djamena en présence du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, illustre une réorientation des alliances. Ces actions ne sont pas de simples ajustements, mais l’expression d’une quête plus large des nations africaines pour redéfinir leurs rôles au sein d’un ordre mondial non plus dicté uniquement par les puissances occidentales.

Militairement, les actions du Tchad révèlent les contours de cette transformation. Ayant auparavant compté sur les avions Rafale français pour réprimer les dissidences internes, le Tchad construit désormais son autosuffisance à travers des partenariats avec la Turquie, qui fournit des avions d’attaque au sol et des drones, et avec les Émirats arabes unis, qui l’aident à acquérir davantage de drones. Cette diversification symbolise un rejet plus large de la dépendance. Elle reflète une Afrique qui cherche à gérer ses défis sécuritaires non pas en tant que cliente de puissances lointaines, mais comme architecte de son destin. L’intérêt de la Hongrie à déployer des soldats au Tchad, ostensiblement pour le contrôle migratoire, illustre la complexité croissante des engagements internationaux dans une région désormais ouverte à une variété d’acteurs.

Pour la France, la décision du Tchad est un coup dur, non seulement sur le plan pratique mais aussi sur le plan symbolique. Paris, autrefois arbitre incontesté de la géopolitique au Sahel, fait face à la perte progressive de son influence. Bien que le ministre tchadien des Affaires étrangères ait déclaré que la rupture n’est pas absolue, contrairement au rejet catégorique de la présence française par le Niger, l’incertitude entourant l’avenir des relations bilatérales — qu’elles soient purement économiques ou incluent une coopération militaire résiduelle — met en lumière la fragilité de la position française. Cela fait partie d’un bilan plus large pour l’Occident, qui doit affronter la réalité de son déclin dans des régions qui étaient autrefois des bastions de son pouvoir.

Le chemin emprunté par le Tchad n’est pas isolé, mais s’inscrit dans une trajectoire africaine plus vaste, dans un monde en profond réalignement. L’annonce par le Sénégal de son intention d’expulser les troupes françaises témoigne d’un changement similaire, et à travers le Sahel et au-delà, le désir de souveraineté devient une force irréversible. Dans le contexte d’un monde multipolaire, l’Afrique s’affirme non comme un participant passif, mais comme un acteur actif, forgeant des partenariats qui servent ses intérêts tout en rejetant les cadres hiérarchiques d’autrefois. L’avenir du continent réside dans sa capacité à naviguer dans cet ordre émergent, où aucun pôle unique ne domine et où le réveil de la souveraineté sert de pierre angulaire à sa résurgence. Longtemps considérée comme un terrain de domination extérieure, l’Afrique émerge désormais comme une frontière de possibilités dans l’architecture d’une nouvelle ère mondiale.

jeudi, 19 septembre 2024

L'éveil africain

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L'éveil africain

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/risveglio-africano/

Le Burkina Faso nationalise deux mines d'or. Des mines jusqu'à présent contrôlées par une major britannique, considérée comme le premier producteur d'or au monde.

Les nouvelles sont rares. Et, de surcroît, elle n'est pas donnée par les grands médias. Elle circule sur le net. Et ce n'est pas grand-chose non plus. Après tout, qui s'en soucie ? Il y a plus important pour les conformistes d'Italie et d'Europe. Beaucoup plus important au niveau de l'actualité... la pression sur le gouvernement, pour le gaspillage du comportement (disons) de San Giuliano... Les hypothétiques politiques d'aide à la naissance... Pour ceux qui s'intéressent - mais ils sont certes très peu nombreux - à ce qu'on appelle les affaires étrangères, il y a la situation en Ukraine, il y a le comportement d'Israël au Moyen-Orient....

Et pourtant, les nouvelles du Burkina Faso sont importantes. Beaucoup plus qu'on ne le pense à première vue.

Parce qu'elle représente un signe clair et décisif de la volonté de l'Afrique de sortir d'une longue, trop longue, condition de minorité. De soumission à l'Occident.

unmcafrnamed.jpgBeaucoup, beaucoup trop d'années se sont écoulées depuis que Marco Cochi - un grand africaniste et surtout un ami inoubliable - a écrit son « Afrique. Le continent oublié ». Un ouvrage aujourd'hui presque introuvable, mais qui devrait être réédité et surtout relu. Avec beaucoup d'attention.

Car Cochi a pressenti et anticipé ce qui se passe aujourd'hui. La crise, irréversible, du pouvoir européen sur l'Afrique. Et surtout de ce vilain rêve qu'était la Françafrique. Mauvaise pour les Africains, bien sûr, qui ont été exploités et saignés à blanc sans état d'âme. Et, surtout, sans rien recevoir en retour.

Lorsque Cochi écrivait, il y a une trentaine d'années, il prédisait déjà le réveil de l'Afrique noire, à partir précisément du Burkina Faso où, malgré une répression impitoyable, la mémoire de Sankara restait vivante.

Et c'est précisément du Burkina que cette nouvelle nous parvient aujourd'hui. Le Burkina n'est plus un soulèvement isolé, comme à l'époque de Sankara, qui a payé de sa vie cet isolement politique.

Car, aujourd'hui, la situation de l'Afrique du Nord et de l'Afrique Centrale, ou de ce qu'il convient d'appeler l'Afrique Noire, a profondément changé.

Outre le Burkina, les Français et même les Britanniques sont chassés de la plupart des États de la région, Niger, Mali, Tchad... et cette révolte africaine s'étend.

Un réveil des élites locales, qui ont pris conscience d'elles-mêmes. Qui ne veulent plus vivre dans la corruption pour un salaire de misère, laissant leurs peuples à la famine et surtout à l'exploitation.

Des élites, il faut le dire, essentiellement militaires. Formées en Europe et aux États-Unis. Donc bien conscientes du rôle des grands « frères » de l'Occident. Et qui, aujourd'hui, veulent prendre en main le destin de cette partie de l'Afrique. La racheter de l'exploitation séculaire. La transformer en une nouvelle réalité, active tant sur le plan économique que géopolitique.

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Le Burkina Faso qui revendique la propriété de ses mines d'or et chasse les Français qui les exploitaient n'en est qu'un signe.

Bientôt, tout le monde devra compter avec cette nouvelle Afrique.

Des comptes difficiles pour les Européens, qui peinent encore à prendre conscience de cette nouvelle réalité.

mardi, 05 septembre 2023

Le Niger renverse le néocolonialisme français

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Le Niger renverse le néocolonialisme français

Brecht Jonkers

Source: https://crescent.icit-digital.org/articles/niger-overthrows-french-neo-colonialism

Le renversement du gouvernement de Mohamed Bazoum au Niger, soutenu par la France, le 26 juillet, peut peut-être être comparé à la défaite de l'apartheid en Afrique du Sud il y a près de 30 ans. Bazoum n'était pas seulement président du Niger, mais aussi président de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont l'agenda est néolibéral. Sa cote de désapprobation auprès de la population nigérienne était très élevée.

Cela ne signifiait pas qu'il jouait un rôle particulier dans la constellation politique ouest-africaine. À bien des égards, Bazoum peut être considéré comme un représentant typique du courant politique dominant dans de nombreuses anciennes colonies françaises d'Afrique de l'Ouest.

Les critiques à l'encontre de son gouvernement portaient sur l'augmentation du coût de la vie, la persistance d'un niveau élevé de pauvreté et une incompétence flagrante. L'incapacité des dirigeants successifs de Niamey à réprimer l'insurrection wahhabite-takfiri menée par des groupes tels que Daesh et Al-Qaïda n'a fait qu'accroître le mécontentement de la population.

Lorsque le chef d'état-major Salifou Modi s'est rendu au Mali voisin en mars dernier et a convenu de mesures antiterroristes conjointes, Bazoum l'a rapidement limogé. Les mouvements anti-impérialistes antérieurs, en particulier le sentiment anti-français, ayant pris le dessus au Mali et au Burkina Faso, le Niger est devenu l'un des derniers piliers explicitement "pro-français" de la région, un pilier que la France, mais aussi les États-Unis, ont utilisé avec empressement dans la mascarade actuelle connue sous le nom de "guerre contre le terrorisme".

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Près de 1100 soldats américains et une véritable base de la CIA étaient stationnés au Niger au moment du coup d'État du 26 juillet. Cela a rendu la plupart des Nigériens furieux à un point tel que le nouveau commandant de la Garde présidentielle, le général Abdourahamane Tchiani, a dû intervenir.

Bazoum a été déposé et emprisonné. Le pouvoir au Niger a été confié à un nouveau gouvernement de transition, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).

Comme on pouvait s'y attendre, les grands médias occidentaux se sont déchaînés pour condamner la "prise de pouvoir militaire" au Niger. Ils ont tenté de pimenter les choses en soulignant le "rôle de Wagner et de la Russie" dans la fomentation de l'instabilité au Sahel, et en mettant en garde contre une "nouvelle instabilité" dans la région. La question est de savoir si une région ciblée par des insurgés wahhabites depuis des années, faisant plusieurs milliers de victimes civiles sous l'œil vigilant du "soutien militaire" de la France et des États-Unis, pourra jamais être qualifiée de "stable" ou de pacifique. Mais même cela n'est pas le cœur du problème.

La persistance du néocolonialisme français

Une grande partie de l'Afrique de l'Ouest en a assez du néocolonialisme français, du projet de "Françafrique" et du système monétaire du franc CFA qui lie les monnaies locales au franc français (et ensuite à l'euro) et à l'influence du Trésor français. Le Mali est malade de l'exploitation massive de son or par la France. Paris a accumulé 2 500 tonnes de réserves d'or sans une seule mine d'or en France alors que le Mali, avec environ 860 mines d'or opérationnelles, ne dispose que de 881 tonnes de réserves d'or. De même, le nouveau gouvernement de Niamey critique vivement la façon dont la France a profité de l'abondance d'uranium au Niger. Le "yellow cake" est très recherché par le marché français de l'énergie qui dépend du nucléaire pour plus de 71% de ses besoins.

L'histoire sanglante de la France en Afrique, y compris l'héritage impérialiste permanent, a perduré sur le continent même après l'"indépendance". Le néocolonialisme occidental, en particulier français, est tellement flagrant et connu que même les médias occidentaux ne peuvent pas le nier ou l'occulter. Ils avancent de vagues excuses telles que "la Russie n'est pas meilleure", "l'amélioration se profile à l'horizon" et, argument souvent entendu, "ce n'est pas la bonne méthode". "Ce terme signifie ici l'intervention de l'armée (ou des deux) ou le ralliement des masses dans les rues.

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Pour les experts européens, les habitants de la région du Sahel devraient simplement suivre la voie "civilisée" en copiant l'Europe. Ils devraient élire un homme politique qui négociera un avenir meilleur pour son pays, sans répercussions négatives pour les intérêts commerciaux occidentaux, bien entendu.

Condamner les développements révolutionnaires dans des pays comme le Mali, la Guinée, le Burkina Faso et le Niger comme de simples "coups d'État militaires", simplement parce que l'action directe de destitution de l'élite précédente a été entreprise par le personnel des forces armées, est une interprétation simpliste et naïve des événements.

Elle témoigne d'un manque de compréhension de la situation politique et de l'histoire récente de la région du Sahel en particulier, ainsi que du népotisme profondément ancré et de la stabilité fermement excluante et contrôlée par l'étranger de l'élite dirigeante qui a existé dans ces pays.

Se plaindre que "la transition du pouvoir devrait se faire démocratiquement" ne tient pas compte du fait qu'une transition démocratique était pratiquement impossible dans tous les pays susmentionnés. Les cliques au pouvoir dans des pays comme le Niger et le Burkina Faso ressemblent beaucoup à une forme d'aristocratie moderne, dans laquelle la possibilité de gravir les échelons dépend souvent de vos connaissances et des mains que vous graissez, plutôt que de ce que vous êtes ou de ce que vous pouvez faire.

La maxime "c'est un grand club, et vous n'en faites pas partie" s'applique à l'élite politique de ces pays, tout comme aux États-Unis. Aux États-Unis, les outsiders politiques n'ont aucune chance de "percer" dans le système, à moins de se vendre complètement. Et même ceux qui sont présentés comme des "outsiders", tels que Barack Obama et Alexandria Ocasio-Cortez, s'avèrent être soit des initiés de bas niveau depuis le début, soit ont été astroturfés et préparés depuis le début pour donner un semblant de revitalisation tout en gardant intact le cœur pourri du système.

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La situation dans une grande partie du Sahel est assez similaire. De toutes les anciennes puissances coloniales, c'est la France qui a adopté l'approche la plus pratique. À bien des égards, la France n'a jamais quitté ses anciennes colonies. Les bases militaires françaises parsèment toujours le paysage ; la France s'empare des réserves d'or et les stocke en Europe, et Paris contrôle la monnaie de ces pays par le biais du franc CFA, ne leur laissant aucune souveraineté financière.

La "transition démocratique" n'était tout simplement pas possible. Il n'y avait pratiquement aucune capacité à voter pour une alternative. Le système politique était rigide et truqué, sans parler du fait qu'il était très statique et qu'il offrait peu de possibilités de mobilité sociale verticale (c'est-à-dire une chance de "monter en grade" ou de "s'imposer" en partant du bas de l'échelle).

L'agitation autour du changement au Niger

L'Occident a fait grand cas de la prise de pouvoir militaire au Niger, et plus tôt au Mali et au Burkina Faso. On peut se demander pourquoi le coup d'État militaire en Égypte (sur le même continent africain), qui a entraîné le massacre de milliers de civils innocents, n'a suscité que peu ou pas d'intérêt. En Afrique, la mémoire de Thomas Sankara est encore fraîche dans l'esprit de nombreuses personnes. Il n'est donc pas surprenant que les Nigériens soient venus en très grand nombre pour soutenir le renversement de Bazoum.

Certes, leur accession au pouvoir ne s'est pas faite de manière "traditionnelle", occidentale, libérale et "démocratique". Mais la question peut être posée : est-ce particulièrement pertinent ? Le fait est qu'il n'existe pas de test décisif universellement applicable pour la légitimité d'un gouvernement dans le monde entier, même si les médias grand public et les élites politiques occidentales voudraient nous faire croire le contraire.

Il est étrange que la distance spatiale et la souveraineté culturelle ne soient pas traitées avec la même préoccupation légitime que la "distance" temporelle dans la politique contemporaine. Personne ne semble se soucier du manque de légitimité démocratique de figures historiques occidentales sacrées telles que Napoléon, Otto von Bismarck ou la reine Victoria, pour ne citer que trois personnages de l'histoire européenne relativement récente. Aucun d'entre eux n'a été élu selon les principes de la démocratie libérale et aucun ne s'est soucié de sauver les apparences. Mais cela ne semble pas avoir d'importance parce que "c'était une autre époque".

Il est vrai que les normes varient selon les époques, mais les crimes de la reine Victoria sont bien plus fondamentaux qu'un simple manque de représentation démocratique (la colonisation et l'asservissement de 23 % de la population mondiale étant un concurrent majeur). Toutefois, les experts politiques et les idéologues occidentaux contemporains semblent être beaucoup moins indulgents lorsqu'il s'agit de différences fondamentales dans la culture, l'histoire politique, la situation économique ou toute autre forme d'identité spécifique des différents pays.

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Les normes occidentales ne sont pas universelles

Ils ne se donnent même pas la peine d'expliquer pourquoi les autres sont censés s'attendre à un système politique presque identique dans des pays tels que les États-Unis, le Niger, le Venezuela, l'Iran ou la Russie. On peut supposer que l'opinion publique s'attend à une telle similitude politique comme une nécessité dogmatique, au sujet de laquelle aucune question n'est censée être posée. Si quelqu'un exigeait que tous les pays du monde partagent la même identité culturelle ou les mêmes croyances religieuses, il serait déclaré fou. Pourtant, exiger une telle quasi-uniformité et une suprématie unipolaire en termes de dimension politique est soi-disant considéré comme logique.

Cette attitude ridicule ne s'arrête pas là. L'impérialisme est hypocrite, unipolaire et expansionniste. L'insistance à copier les systèmes et valeurs "démocratiques" libéraux de l'Occident ne s'applique apparemment qu'aux opposants à la suprématie mondiale de l'Occident. Les alliés de l'Occident peuvent faire ce qu'ils veulent, comme le montrent les cas d'États et d'entités non démocratiques tels que l'Arabie saoudite et "Israël".

Pour en revenir au sujet qui nous occupe, il n'y a jamais eu de menace d'invasion de la CEDEAO ou d'intervention de l'OTAN lorsque le banquier du Fonds monétaire international Alassane Ouattara a violemment renversé le gouvernement de Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire en 2010. Au contraire, la France et l'Ukraine ont participé militairement au renversement du gouvernement ivoirien, et la CEDEAO a fait pression pour que Ouattara soit reconnu comme président.

Le chouchou du cartel du FMI règne depuis lors sur la Côte d'Ivoire. Le fait qu'il ait réussi à se représenter et à remporter un troisième mandat lors d'une élection très controversée, bien que la constitution du pays ne le permette pas, ne semble pas déranger les élites de la CEDEAO, de la France ou des États-Unis. En retour, Ouattara s'est montré un atout fiable pour la France, en promettant que la Côte d'Ivoire enverrait des troupes pour attaquer le Niger si la CEDEAO décidait de poursuivre ses plans d'invasion.

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Dans le même ordre d'idées, il n'y a pratiquement aucune condamnation étrangère, que ce soit par la CEDEAO ou par l'Occident "démocratique", du président sénégalais Macky Sall, malgré sa décision d'interdire le deuxième parti du pays, le parti socialiste panafricain PASTEF, et d'emprisonner son dirigeant, Ousmane Sonko (photo). La répression meurtrière des manifestants de l'opposition qui a suivi, au cours de laquelle plusieurs personnes ont été tuées par la police, n'a pas non plus semblé déplaire au camp "pro-démocratie". À l'instar de son collègue ivoirien, M. Sall a également promis que les troupes sénégalaises participeraient à la lutte contre le gouvernement révolutionnaire du Niger.

Les discours sur la "démocratie" et les "droits de l'homme" dans les médias occidentaux, en particulier en ce qui concerne l'Afrique ou le monde islamique, ne sont que de la poudre aux yeux. Les élites néolibérales ne se soucient pas de la démocratie ou des droits de l'homme, leur principale préoccupation est le pillage et le profit.

Voler l'uranium du Niger

Le Niger est le septième producteur mondial d'uranium, responsable d'environ 5 % de la production mondiale de ce matériau nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires. L'essentiel de l'uranium nigérien est extrait par la société française Orano, dont l'État français est le principal actionnaire. Paris a donc un intérêt immédiat et très important dans l'économie du Niger, en particulier dans les mines à ciel ouvert d'Arlit, dans le nord-ouest du pays. Orano est également directement impliqué dans le développement d'une nouvelle mine à Imouraren, qui contiendrait l'une des plus grandes réserves d'uranium au monde.

L'exploitation de l'uranium par des sociétés françaises a lieu au Niger depuis 1968 et constitue un véritable trésor pour les marchés occidentaux. Il n'existe aucun droit du travail ni aucune réglementation environnementale. "En Occident, vous avez besoin d'une étagère remplie d'autorisations et de certificats. Au Niger, vous donnez à quelqu'un une bêche et deux dollars par jour, et vous exploitez l'uranium", écrivait le journaliste Danny Forston en 2010. La France a bien sûr promis à son ancienne colonie un avenir radieux grâce à ce nouveau "partenariat" entre Niamey et Paris.

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Depuis lors, on estime que 150.000 tonnes d'uranium ont été extraites du Niger par la seule société Orano (anciennement Areva). La mine d'Akuta a été fermée en 2021 en raison de l'épuisement complet du minerai. L'organisation caritative britannique Oxfam estime qu'un tiers des lampes en France fonctionnent grâce à l'énergie produite par l'uranium nigérien.

Les relations entre le Niger et Orano sont d'autant plus compliquées que l'entreprise publique bénéficie du soutien total de l'État français, avec toutes les implications militaires et de renseignement que cela implique. Il en résulte des "accords" très inégaux en faveur de l'entreprise, marqués par des exonérations fiscales extrêmement rentables.

L'exploration incontrôlée et non réglementée de l'uranium autour d'Arlit a entre-temps provoqué un désastre humanitaire et écologique. Plusieurs études menées dès 2003 par la Commission de recherche et d'information indépendantes sur les radiations (CRIIAD), basée en France, ont révélé que les niveaux de radioactivité de l'eau potable consommée par les travailleurs des mines locales dépassaient parfois jusqu'à cent fois les seuils de sécurité de l'Organisation mondiale de la santé. Une étude menée par Greenpeace en 2009 a révélé des résultats similaires, ainsi qu'une pollution toxique, dans cinq des six puits d'eau examinés. Un porte-parole d'Orano a qualifié ces résultats de "contamination naturelle".

Les conséquences médicales alarmantes d'une exposition quotidienne à un niveau de radiation 300 fois supérieur à la normale, détaillées dans un rapport d'enquête publié en 2017 par African Arguments, sont minimisées ou complètement ignorées par les prestataires de soins médicaux, ce qui n'est pas surprenant étant donné que la majorité des soins médicaux à Arlit sont fournis par l'entreprise Orano elle-même et que les professionnels de la santé sont ses employés.

Bien entendu, les gouvernements qui se sont succédé au Niger depuis 1968 portent également une grande responsabilité dans ces abus. C'est là que le néocolonialisme entre en jeu. Le Niger a été, du moins avant les récents événements révolutionnaires, un élément clé du projet néocolonial de la "Françafrique", dans lequel Paris a conservé un contrôle majeur sur ses anciennes colonies en Afrique. Dès le début de l'indépendance du Niger, des centaines de "conseillers" français sont restés à tous les niveaux du gouvernement. L'armée était composée exclusivement d'anciens membres des milices coloniales, et les officiers étaient souvent des Français qui avaient obtenu la nationalité nigérienne dans ce but précis.

Au total, 1500 soldats français et 1100 soldats américains sont toujours présents au Niger, bien que le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) ait officiellement mis fin aux cinq accords militaires conclus avec la France et ordonné le départ de toutes les troupes françaises pour le début du mois de septembre. Ces accords ont souvent été conclus sous la forte pression de Paris.

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Effet domino au Sahel

Il est clair que les récents développements ont pris la France complètement au dépourvu, 60 ans d'exploitation impitoyable de l'Afrique de l'Ouest semblant s'effondrer en l'espace de quelques années seulement. Mujtaba Rahman, directeur général pour l'Europe de la société de conseil Eurasia Group, est même allé jusqu'à qualifier les développements anticoloniaux au Niger, qui ont suivi les changements antérieurs au Burkina Faso et au Mali, de "théorie des dominos évidente pour le XXIe siècle".

Il convient de noter que le départ des troupes françaises du Niger ferait du Tchad le seul pays de la région stratégiquement importante du Sahel à maintenir une présence militaire française, bien que de plus petits contingents de troupes françaises soient toujours présents au-delà du Sahel, dans les États membres de la CEDEAO que sont la Côte d'Ivoire, le Gabon et le Sénégal.

Il reste à voir comment la situation au Sahel et dans l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest évoluera. Il est peu probable que la France prenne ces pertes avec élégance. L'élite française est pleinement consciente de sa dépendance totale à l'égard de l'Afrique et de l'exploitation parasitaire qu'elle en fait.

L'ancien président français Jacques Chirac avait déclaré que "sans l'Afrique, la France glissera vers le rang de troisième puissance [mondiale]", faisant écho aux paroles inquiétantes de son prédécesseur François Mitterrand selon lesquelles "sans l'Afrique, la France n'aura pas sa place au XXIe siècle".

La France peut avoir "besoin" de l'Afrique pour continuer à se faire passer pour une puissance mondiale. Mais le fait est que l'Afrique n'a pas besoin, et apparemment ne veut pas ou ne désire pas plus de liens avec la France dans l'ordre mondial multipolaire émergent.

Brecht Jonkers

samedi, 02 septembre 2023

La fantôme de Sankara

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Le fantôme de Sankara

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/il-fantasma-di-sankara/

Un fantôme erre dans le monde. Un fantôme inquiet, qui erre entre le Maghreb et les terres au sud du Sahara. Mais qui se manifeste aussi de plus en plus au Nord. En Europe.

C'est le fantôme de Thomas Sankara. Celui qui a donné son nom au Burkina Faso. Car avant, ce pays s'appelait simplement la Haute-Volta. Le nom que les colonialistes français avaient donné à cette terre. Et Burkina Faso signifie, dans la langue des Mossi, le "Pays des hommes debout". Un nom qui, à lui seul, illustre le programme que Sankara a tenté de mettre en œuvre entre 1980 et 1988. Certains le qualifient aujourd'hui de tiers-mondiste et de socialiste. En réalité, il s'agissait d'une tentative d'arracher le pays aux griffes de l'exploitation néocoloniale française. Et celle des multinationales occidentales.

Une tentative courageuse, payée de sa vie.

Un coup d'État hétéro-dirigé, puis l'assassinat. Et la "pratique Sankara" semblait définitivement archivée.

Mais, aujourd'hui, son fantôme est revenu hanter les terres abandonnées de l'Afrique subsaharienne.

Toute la ceinture du Sahel, l'ancienne (c'est le cas de le dire) Afrique française, est en ébullition. En fait, en révolte ouverte. Coups d'État militaires au Mali, au Burkina Faso, au Niger... et maintenant au Gabon. Le Tchad tremble. Au Nigeria, le vent de la guerre civile endémique souffle. Et même le Sénégal, jusqu'ici fidèle, commence à frémir.

Le plus grand soulèvement africain depuis l'époque coloniale est en cours. Il ne s'agit pas, comme une certaine presse voudrait nous le faire croire, de simples coups d'État. Il s'agit d'enjeux internes, de luttes tribales et familiales pour le pouvoir. Les soldats qui brandissent le drapeau de la révolte bénéficient partout d'un fort soutien populaire. Et ce sont, à ce jour, des soulèvements pacifiques. Sans effusion de sang. Mais toujours suivis de grandes manifestations populaires contre la présence française. Et contre la présence américaine...

Pour Paris, c'est un désastre. Et c'est aussi un désastre pour le reste de l'Europe, en particulier pour l'Allemagne. Par un inévitable retour de bâton.

De ces régions d'Afrique proviennent du pétrole, de l'or. De l'uranium. Des métaux précieux de toutes sortes. Pour ne citer qu'un exemple, le Gabon est le premier producteur mondial de manganèse. Sans lequel il est impossible de produire de l'acier.

Mais de ces immenses richesses, il ne reste presque rien dans les pays africains. Et ce peu va dans les mains des marionnettes qui gouvernent, manipulées par Paris et les multinationales.

Des hommes comme le président gabonais Ali Bongo. dont la famille est au pouvoir sans interruption depuis plus de cinquante ans.

Et voilà que l'Union européenne, y compris le ministère italien des affaires étrangères, a le culot de parler, ou plutôt de glapir, à propos d'un coup d'État qui a renversé un gouvernement "légitime et démocratique". Sic !

Sankara avait été le premier à tenter de briser cette chaîne qui asservit la ceinture du Sahel. Qui l'exploite. Et qui fait vivre plus de 80% de la population dans la misère et la dégradation, dans la faim.

C'était trop tôt. Le cadre international trop différent. Et hostile. Sankara a payé son pari de sa vie.

Mais il reste, dans les mémoires, comme le Bolivar de l'Afrique subsaharienne.

Aujourd'hui, la situation est pourtant totalement différente.

Et son fantôme est en train de devenir un cauchemar. Pour beaucoup, à Paris, à Washington et dans d'autres chancelleries occidentales.

dimanche, 13 août 2023

La rébellion africaine contre l'Occident

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La rébellion africaine contre l'Occident

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2023/08/08/afrikan-kapina-lantta-vastaan/

Comme l'a révélé le sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg, l'Afrique redevient un continent important et une arène pour les jeux géopolitiques. La Russie, elle aussi, abandonne son eurocentrisme d'antan et, comme si elle respectait l'héritage soviétique, se tourne à nouveau vers l'Afrique.

La longue relation de la Russie avec les pays africains n'a pas été oubliée. En 1960, l'Union soviétique a fondé l'Université de l'amitié entre les peuples, qui offrait un enseignement supérieur aux étudiants des pays qui avaient obtenu leur indépendance de la domination coloniale. Le bastion académique soviétique de la "puissance douce" devait former la nouvelle élite africaine.

Aujourd'hui, nous assistons enfin à une situation dans laquelle les puissances occidentales de l'ère coloniale sont repoussées hors d'Afrique par les Africains eux-mêmes. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont aujourd'hui en première ligne des critiques occidentales, mais d'autres pays devraient suivre au fur et à mesure que le temps passe et que l'influence de l'Occident dans la région continue de s'éroder.

L'Afrique, toujours considérée comme un puits sans fond pour l'enrichissement personnel de l'élite dirigeante occidentale, sera-t-elle enfin capable de décider de son propre destin et d'utiliser ses propres ressources naturelles pour développer la civilisation africaine ? La vision de Mouammar Kadhafi d'une Afrique forte et indépendante se réalisera-t-elle ?

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Comme l'a dit le capitaine Ibrahim Traoré (photo), 35 ans, qui a pris le pouvoir au Burkina Faso par un coup d'État militaire, sa génération s'est demandé comment l'Afrique, avec tant de richesses, est devenue le continent le plus pauvre du monde, dont les dirigeants sont obligés d'aller mendier à l'étranger ?

Traoré connaît probablement la réponse à sa question rhétorique, car l'état actuel des choses est en fin de compte la faute des cercles financiers internationaux et des familles puissantes qui ont cherché à tout posséder sur la planète, quelles qu'en soient les conséquences.

Les officiers militaires qui ont déposé les régimes fantoches "démocratiques" soutenus par l'Occident dans divers pays ont invoqué les mêmes raisons pour justifier leurs coups d'État. Ils ont agi parce qu'ils étaient préoccupés par la montée du terrorisme et le sous-développement social et économique chronique de leur pays d'origine.

Le Sahel, par exemple, est l'une des régions les plus riches du monde en termes de ressources naturelles telles que le pétrole, l'or et l'uranium, mais c'est aussi l'une des plus pauvres sur le plan économique. Le Niger est un autre exemple frappant : il est l'un des principaux exportateurs d'uranium au monde, mais il se classe régulièrement au bas de l'indice de développement humain en termes d'espérance de vie, d'éducation et de niveau de vie.

Aux yeux des nouveaux dirigeants de ces anciennes colonies et de leurs partisans, la France porte une grande responsabilité dans cette situation. Ce coin d'Afrique, anciennement connu sous le nom colonial de Françafrique, a continué à exercer son influence sur ses anciens postes avancés, remplaçant la domination coloniale directe par des formes plus subtiles de contrôle néocolonial - avant tout, la monnaie.

Bien que la décolonisation de l'Afrique ait conduit à l'adoption de monnaies nationales par les pays africains, la France a réussi à persuader la plupart de ses anciens sujets d'Afrique centrale et occidentale de conserver une monnaie coloniale, le franc CFA ("CFA" signifie à l'origine Colonies françaises d'Afrique, puis Communautés financières d'Afrique).

Lorsque plusieurs pays ont tenté d'abandonner le système CFA, la France a fait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher le passage aux monnaies nationales. Les relations entre la France et ses vassaux en Afrique étaient basées sur l'intimidation, les campagnes de déstabilisation, les coups d'État et même les assassinats par le pays européen anciennement colonisateur. Les mêmes tactiques ont bien sûr été utilisées en Afrique par d'autres pays occidentaux, tels que la Grande-Bretagne et les États-Unis.

À la lumière de l'histoire, il ne faut pas s'étonner que les dernières juntes militaires africaines aient choisi la France comme principale cible de leur colère. L'"impérialisme monétaire" occidental a empêché le développement des économies africaines et les a maintenues sous le contrôle d'une élite égoïste dominée par la France et d'autres puissances occidentales.

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Comme pour souligner ce passé, au Mali, le chef militaire actuel, Assimi Goïta (photo), a expulsé l'armée française, rompu les relations diplomatiques et même interdit le français comme langue officielle. Au Burkina Faso, le jeune leader révolutionnaire Ibrahim Traoré a également expulsé les troupes françaises et interdit plusieurs exportations.

Cette jeune génération en colère pourra-t-elle achever le processus de décolonisation entamé dans les années 50 et 60 en Afrique francophone ? Outre l'indépendance politique (et le retrait des bases militaires occidentales), la souveraineté économique serait également nécessaire.

Les régimes militaires bénéficient encore d'un soutien populaire, car ceux qui ont été élus lors d'élections "démocratiques" se sont révélés être des marionnettes occidentales corrompues qui ont cherché à maintenir le statu quo et l'absence de souveraineté tout en s'enrichissant.

La nouvelle liberté ne sera pas facile à obtenir. Déjà, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) - une alliance politique et économique de quinze pays africains soutenue et financée par l'Occident - menace d'intervenir au Niger, éventuellement par la force ; en effet, les armes économiques de l'arsenal occidental ont déjà été déployées et des sanctions ont été imposées au Niger. La célèbre figure de proue de l'élite occidentale, Victoria Nuland, s'est également rendue au Niger.

Pour sa part, le régime militaire nigérien a averti que toute intervention militaire étrangère dans le pays conduirait à un "bain de sang". Les régimes militaires du Mali et du Burkina Faso ont tous deux exprimé leur soutien au nouveau gouvernement nigérien.

Le coup d'État au Niger menace également le projet de construction d'un gazoduc de 13 milliards de dollars reliant les gisements de gaz du Nigeria voisin à l'Europe, qui passerait directement par le Niger. Avec la décision prise l'année dernière par l'Union européenne de couper le gaz russe, ce projet est probablement plus urgent que jamais.

L'Occident prend donc note des liens de la Russie avec les régimes militaires et Poutine a déjà été accusé de ce nouveau rebondissement. Assiste-t-on à une nouvelle "guerre régionale par procuration" en Afrique, où la Russie et la société de mercenaires Wagner, par exemple, soutiendraient le Niger (ainsi que le Burkina Faso et le Mali), tandis que l'Occident inciterait les pays de la Cedeao à faire la guerre aux rebelles ? L'alliance militaire de l'OTAN sera-t-elle impliquée ?

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Bien que le drapeau russe ait été brandi dans les rues du Mali, du Burkina Faso ou du Niger - comme une sorte de symbole de l'anti-occidentalisme - les événements récents trouvent leur origine dans les injustices historiques et la volonté locale de changer de cap. Ainsi, l'intimidation et la complaisance de l'Occident ne risquent pas d'aller bien loin, mais ne feront que renforcer la détermination à rompre avec les anciens maîtres coloniaux.

Lorsque les politiques agressives de l'Occident ne seront plus acceptées en Afrique, cela créera-t-il les conditions d'une nouvelle vague de souverainisme ? Alors que les contours du nouvel ordre économique mondial se dessinent, l'Afrique, avec ses marchés dynamiques, ses vastes richesses naturelles et ses nouveaux dirigeants critiques à l'égard de l'Occident, doit également être prise en compte.

mercredi, 09 août 2023

Géopolitique de l'Afrique: le Sahel, cœur de l'Afrique

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Géopolitique de l'Afrique: le Sahel, cœur de l'Afrique

Raphael Machado

Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/geopolitica-da-africa-o-sahel-como-heartland-africano

De nombreuses pages sur la grande toile et plus d'un compte rendu qui n'avaient rien écrit sur le Sahel ou n'avaient commenté les récents processus politiques africains se sont tout récemment engouffrés dans la brèche.

Il en résulte des explications très faibles qui ignorent la géopolitique du Sahel, la place de l'Afrique dans les récents conflits internationaux et qui se concentrent uniquement sur l'une ou l'autre question économique (une limitation dérivée de l'origine marxiste de ces analyses soudaines, mais au moins elles ne sont pas comme d'autres analyses marxistes qui qualifient les révoltes africaines des 20ème et 21ème siècles de "nationalistes bourgeoises").

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Le Sahel, le cœur de l'Afrique.

Pour y remédier, je vous recommande l'analyse de Lucas Leiroz hier qui contextualise le phénomène général à la lumière de la promotion du chaos par l'Occident à travers l'instrumentalisation du terrorisme, ainsi que la confrontation de la Russie à cette menace à travers les interventions du Groupe Wagner.

J'ajouterai quelques réflexions.

L'Afrique fait partie de l'île du monde, selon la géopolitique de Mackinder, c'est-à-dire la supermasse de terres comprenant l'Europe, l'Asie et l'Afrique, cette dernière correspondant au flanc sud du supercontinent. Si l'on considère la thèse de Mackinder sur le Heartland, une idée importante de la géopolitique atlantiste, qui vise à empêcher l'accès e cette "Terre du Milieu" aux ressources africaines.

Dans un premier temps, cela se ferait non pas en Afrique, mais en Europe de l'Est, par la fragmentation des frontières de la zone pivot. Mais dans la mesure où le contrôle soviétique dans le Heartland ne s'avérait pas fragile, la thalassocratie devait soumettre la tellurocratie à travers le Rimland, selon les termes de Spykman, c'est-à-dire à travers toute la bande territoriale côtière impliquant l'Europe, l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient, l'Inde, l'Asie du Sud-Est, et remontant la côte sino-coréenne à partir de la mer.

Ainsi, même si le Heartland est consolidé, le contrôle du Rimland par une puissance hostile comme les États-Unis suffirait à asphyxier l'État central-continental en question. Il est important de garder cela à l'esprit car c'est la logique géopolitique fondamentale de la présence yankee en Europe (avec la Grande-Bretagne en tant qu'aérodrome), de la guerre du Viêt Nam et du printemps arabe.

Le Sahara apparaît en bout de course chez Mackinder comme faisant partie d'une "ceinture de déserts" dont le contrôle permet d'établir une forme de "barrière naturelle". Pour l'atlantisme, il représente un espace dont le contrôle facilite celui du Rimland. Pour la Russie, il s'agit d'un espace par lequel il est possible de réduire la pression sur le Rhin.

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Dans le livre intitulé Les Fondements de la géopolitique de Douguine, les pays du Sahara apparaissent dans le cadre de la défense de l'Eurasie comme une frontière sud en cas d'alliance entre la Russie et les forces arabo-musulmanes.

Or, toute la région conflictuelle en question, qui s'étend du Sahel au delta du fleuve Congo en passant par l'Afrique de l'Ouest, est caractérisée comme un "Shatterbelt" par Saul Cohen, c'est-à-dire comme une zone chaotique de fragmentation, difficile à stabiliser et dans laquelle les puissances ont du mal à appliquer une ligne de conduite en raison des conflits ethniques, religieux, etc. qui, dans la pratique, est aussi le résultat des projets néocolonialistes français depuis Vidal de la Blache, qui visaient à imposer des frontières à l'Afrique selon des critères européens.

Cependant, la création d'une alliance Mali-Guinée-Burkina-Niger, avec le soutien de l'Algérie, et d'une branche allant de la RCA à la RDC, avec le soutien de la Russie, pourrait faire sortir cette région de la catégorie des "Shatterbelt" et en faire une région stratégique pour la défense de l'Eurasie par le contrôle du Sahara, ainsi que pour le contrôle de l'African Heartland, identifié par feu Mackinder comme correspondant à toute la zone africaine située en dessous du désert.

Il est également important de noter que, bien que les fleuves Niger et Congo, par exemple, soient étendus, leur navigabilité est limitée par plusieurs chutes d'eau, ce qui entrave les efforts atlantistes visant à contrôler la région depuis la mer.

En résumé, la Russie se projette dans le Sahel dans une démarche qui sert à la fois ses intérêts et ceux de l'Afrique. Les intérêts russes sont servis par la défense du flanc sud de l'Eurasie (d'où l'article de Lucas Leiroz sur la promotion du terrorisme au Sahel par l'Occident en tant que menace pour la Russie; https://novaresistencia.org/2023/08/03/terrorismo-na-afri... ) et par la réponse au conflit dans le Rimland ; les intérêts africains sont servis par la stabilisation de la région contestée (correspondant approximativement à la France-Afrique), qui permet à des États régionaux intégrés de contrôler le Heartland africain (en alliance avec la Russie).

Un autre élément possible entre en jeu ici, à savoir le contrôle du Sahel et la déconstruction de l'Afrique en tant que mécanismes permettant d'accélérer l'effondrement de l'OTAN, faisant perdre à la thalassocratie son avant-poste occidental par une pression méridionale s'ajoutant à la non-conformité européenne elle-même.

Des sujets comme l'uranium, l'or, le pétrole, etc. sont pertinents, mais ils sont plus de l'ordre des "prix" que de l'essence de la géopolitique. 

vendredi, 11 février 2022

La guerre au Mali, la raison des discussions Poutine-Macron  

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La guerre au Mali, la raison des discussions Poutine-Macron

John Helmer

Ex: http://aurorasito.altervista.org/?p=22543

Les dommages que les empires européens ont causés à l'Afrique, en particulier les Britanniques, les Français et les Italiens, ont toujours été mis en accusation publique à Moscou: depuis la politique des tsars russes à l'Union soviétique et au président Vladimir Poutine. C'est lors de la conférence des Alliés à Potsdam, en juillet 1945, que le dirigeant soviétique Josef Staline a pris la peine de dire au président américain Harry Truman, ainsi qu'au premier ministre britannique Winston Churchill, que l'Union soviétique voulait prendre en charge la tutelle de la Libye sous le protectorat de l'ONU, et ainsi assurer la protection des Libyens contre le retour de la domination coloniale italienne. Churchill voulait le retour des Italiens ; le département d'État de Truman voulait la même chose, mais ne semblait pas trahir publiquement la promesse faite par Washington en temps de guerre, à savoir que la Libye, où les armées alliées ont vaincu les armées italiennes et allemandes au prix de très nombreuses vies libyennes et de la destruction d'une quantité de biens libyens, deviendrait indépendante.

La politique soviétique en Afrique n'a pas empêché l'US Air Force de transformer la Libye en une base nucléaire contre l'URSS. Mais le 1er septembre 1969, lorsque Mouammar Kadhafi a destitué le roi de Libye, son gouvernement et la base aérienne de Wheelus, une force navale soviétique de soixante-dix navires, dont le porte-avions Moskva, a occupé la mer entre la Crète et la côte libyenne, protégeant Kadhafi de l'intervention américaine et britannique. Depuis la reprise de l'intervention nord-américaine, française et britannique en Libye en 2011, et l'assassinat de Kadhafi en octobre de la même année, M. Poutine a publiquement répété qu'il regrettait l'inaction du président de l'époque, Dmitri Medvedev, qui s'était opposé à ces deux événements. Ce qui a suivi en Libye, a répété M. Poutine, a conduit à des guerres désastreuses dans les États africains au sud de la Libye, notamment au Mali, et à un afflux de réfugiés africains de la Libye vers l'Europe.

Les organes de propagande anglo-américains et européens accusent désormais le Kremlin d'intervenir militairement au Mali et dans d'autres États africains avec les opérations du Groupe Wagner. Cette question est apparue directement lors des six heures d'entretien de M. Poutine avec le président Emmanuel Macron au Kremlin. Il en a été ouvertement question lors de la conférence de presse qui a suivi.

La guerre au Mali n'a pas été identifiée comme une question importante dans les déclarations à la presse préparées par Poutine ou Macron.

Au lieu de cela, lors de la séance de questions-réponses, un journaliste français a demandé à Poutine : "Quant au Mali, pouvez-vous dire que votre gouvernement n'est en aucun cas lié aux mercenaires du Mali ?" Poutine a répondu : "Tout d'abord à propos du Mali. Le président Macron a soulevé cette question à plusieurs reprises, nous en avons discuté avec lui et le président Macron connaît notre position. Le gouvernement russe, l'État russe n'ont rien à voir avec les entreprises qui travaillent au Mali. Pour autant que nous le sachions, les dirigeants maliens n'ont pas à se plaindre des activités commerciales de ces entreprises". "Suivant la logique qui peut être appliquée à l'OTAN, aux États membres actuels et aux membres potentiels, si le Mali a choisi de travailler avec nos entreprises, il a le droit de le faire. Mais je tiens à souligner, j'en parlerai au président Macron après cette conférence de presse, je tiens à souligner que l'État russe n'a rien à voir avec ces entreprises. C'est lié aux intérêts commerciaux de nos entreprises, qui coordonnent leurs activités avec les autorités locales. Nous allons y jeter un coup d'œil, mais nous n'avons rien à voir avec cela. C'est le premier point".
Macron n'a pas fait de commentaire.

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Macron et Poutine ont de nouveau été invités par un journaliste français à aborder la question du Mali. "M. Macron, pourriez-vous également répondre à la question concernant la présence de PMC Wagner et si la Russie est impliquée de quelque manière que ce soit ?" Poutine a répondu: "J'ai déjà traité cette question. J'ai déjà précisé que l'État russe n'a rien à voir avec cela. Je dis cela de manière tout à fait responsable, sans aucune intention cachée. Les autorités locales les invitent au niveau de l'État, les remercient pour leur travail, etc."

Macron a déclaré: "En ce qui concerne le groupe Wagner, la réponse du président est très claire. La France ne reconnaît que les États et la lutte contre le terrorisme. Par conséquent, nous prenons des décisions en matière de lutte contre le terrorisme à l'égard des États souverains et en étroite coordination avec la région. Dans ce cas, nous consultons la CEDEAO et l'Union africaine".

Le lendemain des négociations du Kremlin, un article détaillé sur les opérations françaises au Mali et l'implication du groupe Wagner a été publié dans la publication moscovite Vzgljad ("Point de vue"). En raison de la qualité de l'analyse des arguments stratégiques et des sources, Vzgljad peut être interprété comme reflétant les évaluations des services de renseignement russes. Cette évaluation de la guerre au Mali, qui replace dans leur contexte les commentaires de Poutine et de Macron au Kremlin, a été rédigée par le journaliste de Vzgljad Evgenij Krutikov. Et il n'a cité aucune source.

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Comme la Russie a humilié la France en Afrique, les combats dans le désert ont leurs propres caractéristiques

Evgenij Krutikov

Ces dernières années, l'Afrique occidentale est devenue une région où la France a rapidement perdu son ancienne influence. Mais là-bas, on entend parfois exprimer de la gratitude envers les citoyens russes, et cela rend Paris très nerveux. Pourquoi ce qui se passe place-t-il la France dans une position extrêmement inconfortable, et comment la Russie y est-elle parvenue ?

Outre la situation en Ukraine, la situation en Afrique de l'Ouest a également été évoquée lors de la rencontre entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron. Ce qui se passe à Paris est perçu de manière extrêmement douloureuse et, après tout, des citoyens russes y participent également. Une situation particulière s'est développée au Mali, où les nouveaux dirigeants militaires ont expulsé l'ambassadeur français après que Paris a commencé à la qualifier de "junte illégitime". Selon diverses sources, plusieurs centaines de Russes étaient arrivés au Mali, vraisemblablement par le biais de sociétés militaires privées.

Au cours de la rencontre, Vladimir Poutine a expliqué à Emmanuel Macron la situation de l'implication russe au Mali. Concernant le Mali, M. le Président [de la France] a soulevé cette question à plusieurs reprises, nous en avons discuté et il connaît notre position. Le gouvernement russe, l'État russe n'a rien à voir avec les entreprises opérant au Mali. Selon la logique générale relative à [la politique de] l'OTAN et des membres de l'alliance, si le Mali fait le choix de travailler avec nos entreprises, il a le droit de le faire. L'État russe n'a rien à voir avec cela", a souligné une nouvelle fois M. Poutine.

Dans ce contexte, la République centrafricaine (RCA) a une nouvelle fois évoqué le rôle positif des instructeurs militaires russes. La Russie a aidé les autorités de la RCA à rétablir l'ordre dans le pays en l'espace d'un an, alors que l'Occident n'a pas réussi à le faire pendant des décennies. C'est ce qu'a déclaré l'ambassadeur de la RCA auprès de la Fédération de Russie, Leon Dodon-Punagaza, comme le rapporte RIA-Novosti. Avec les Français, les Nord-Américains et les autres, combien d'années avons-nous été amis et qu'ont-ils fait ? De tels groupes militaires n'ont pas apporté la paix à la République centrafricaine depuis des années", a noté le diplomate. Il a remercié Moscou pour son aide et a noté que la situation dans la république avait été terrible. D'un point de vue militaire, la situation au Mali est radicalement différente de celle de la RCA. En Afrique centrale, il y avait un enchevêtrement de conflits internes. Au Mali et dans certains pays voisins (Burkina Faso, Niger), on assiste à une invasion de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique.

La majeure partie du territoire malien est semi-désertique (Sahel) ou désertique sableux ; les forêts tropicales n'occupent qu'une petite partie du pays, au sud. En conséquence, la population du Mali est composée d'une proportion inégale de deux groupes ethniques non apparentés : les Noirs (Mandika, Fulbe, Bambara et autres) dans le sud et le centre du pays, et les Touaregs dans le désert du nord. Plus de la moitié de la population malienne vit dans la partie sud du pays, tandis que les Touaregs (environ 10% de la population) occupent formellement une grande partie du Sahel et du désert. Les Touaregs ont longtemps réclamé l'indépendance, puis l'autonomie et enfin des révoltes armées. Mais ces dernières années, la menace extérieure commune, sous la forme de djihadistes venus du territoire voisin de la Libye détruite, a uni les groupes ethniques du Mali. Les chefs touaregs ont officiellement abandonné le conflit avec le gouvernement central du Mali et ont demandé de l'aide contre les djihadistes. Nous parlons donc exclusivement de la lutte contre le terrorisme dans sa tournure djihadiste classique. En outre, les Touaregs étaient extrêmement effrayés par le comportement des djihadistes : la destruction de célèbres monuments historiques à Tombouctou et les exécutions publiques selon la charia. Les combats se sont déroulés dans le semi-désert et le désert. Les détachements djihadistes utilisent des tactiques de raid classiques, se retirant périodiquement dans le Sahara libyen où il est presque impossible de les atteindre. De plus, les djihadistes tendent régulièrement des embuscades sur la seule route menant au Diré et à Tombouctou.

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Dans une telle situation, il ne vaut pas la peine d'attendre un effet rapide ("le garde forestier russe est arrivé et a dispersé tout le monde"), comme ce fut le cas, par exemple, en RCA. Ces attentes sont gonflées par le comportement passif des Français et des petits contingents européens qui les ont rejoints dans le cadre des opérations Serval et Barkhane (par exemple, la Lettonie a héroïquement envoyé quatre soldats au Mali).

Qu'est-ce qui a marché et qu'est-ce qui n'a pas marché avec les Français ? Lors de la première phase de l'opération Serval en janvier 2013, les Français utilisaient activement des avions de combat Mirage et Rafale pour bombarder tout ce qui bougeait dans le nord-est du Mali. Ils ont ensuite envoyé 500 parachutistes et toute l'armée malienne à Tombouctou. Les djihadistes n'ont pas pu résister et, en février, les Français ont occupé Tombouctou. Et là, ils ont construit une base, maintenant occupée par les Russes. C'est un succès incontestable, car les Maliens ne pouvaient pas faire face aux djihadistes par eux-mêmes. Il ne faut donc pas croire que les Français ont toujours été inactifs. De plus, les Français ont fait face à une forte résistance inattendue et ont décidé de se réorganiser. Ils ont eu la révélation que les barbus enturbannés de Libye étaient bien entraînés, qu'ils disposaient d'armes modernes et qu'ils étaient prêts à résister jusqu'au bout.

Lors de la " bataille pour la ville de Kona ", mi-janvier 2013, les Français ont perdu un hélicoptère et son équipage, abattus par des djihadistes. Cela a rendu les Français très tendus. Le résultat est la nouvelle opération "Barkhane". Selon l'idée de Paris, il s'agissait d'entourer le semi-désert d'un réseau de bases militaires au Tchad, au Mali, au Burkina Faso, en Mauritanie, au Sénégal et en Côte d'Ivoire et d'étrangler les djihadistes en les privant de ravitaillement. À partir de ce moment, le comportement des Français et des alliés (50 soldats sont envoyés par un autre guerrier nordique épique, l'Estonie ; plusieurs centaines sont envoyés par l'Allemagne) devient exceptionnellement passif.

L'objectif était d'utiliser des hélicoptères (britanniques et allemands) pour détruire les caravanes des djihadistes dans le désert et mener des opérations d'assaut ciblées. Mais il est vite apparu que les hélicoptères livrés au Mali n'étaient pas adaptés aux opérations dans le désert et que leur blindage était insatisfaisant, même pour les tirs d'armes légères depuis le sol. Les hélicoptères sont inutilisables, ce qui rend l'opération Barkhane inutile, car la pénétration dans le désert devient techniquement impossible. Au moindre contact avec le feu terrestre, les Français se cachent dans leurs bases. Le commandant de l'opération, le général Pierre de Villiers, a interrogé Paris sur l'élargissement de l'opération et le changement de tactique, mais n'a reçu aucun soutien et a démissionné. Le conflit entre un représentant de l'une des plus anciennes familles aristocratiques de France et le président Macron en est venu à ce que ce dernier renvoie de Villiers de l'armée.

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En novembre 2019, les Français ont tenté de mener une opération d'envergure au carrefour de trois frontières - Mali, Burkina Faso et Niger. Mais dans une tempête de sable, les hélicoptères ont été perdus ; deux sont entrés en collision et 13 soldats français sont morts. Par la suite, l'opération Barkhane a été réduite à des opérations de routine. Les Français ont commencé à accuser ouvertement les FAMA, l'armée malienne, et non eux-mêmes, d'inaction. Dans le même temps, ils n'ont même pas levé le petit doigt pour renforcer la FAMA ; au contraire, ils l'ont traitée comme un auxiliaire. Et ce, malgré le fait que les Maliens avaient subi de lourdes pertes dans des batailles terrestres que les Français évitaient traditionnellement. Cela a irrité les Maliens et créé un contexte émotionnel négatif pour les Français, car leur comportement rappelait une relation coloniale et non un partenariat égalitaire.

Avec les Russes, c'est le contraire. Au départ, il avait été annoncé qu'ils ne participeraient pas aux combats mais qu'ils formeraient les Maliens. Les premiers instructeurs de l'ancienne base française de Tombouctou ont été engagés dans la formation du personnel. Mais dans le même temps, les estimations occidentales du nombre de Russes variaient considérablement. Par appréhension, leur nombre a été exagéré à 500. Selon des estimations plus modestes, ils seraient entre 200 et 300. Tout a commencé avec quatre instructeurs. Leurs photos ont été activement publiées dans les médias français. Sur le plan purement militaire, il s'agit pour l'instant d'établir un contrôle total de l'autoroute Bamako-Timbuktu (Tombouctou). C'est là qu'a eu lieu le premier affrontement, auquel, vraisemblablement, les Russes ont pris part. Un convoi de l'armée malienne est tombé dans une embuscade près de Bandiagara, dans le centre du pays. Il a été rapporté qu'un véhicule blindé de transport de troupes avait sauté par-dessus une mine, après quoi une fusillade a eu lieu et l'un des Russes aurait été blessé. On parle de plusieurs djihadistes tués au Mali, mais ce qui est absolument certain, c'est qu'il n'y avait pas de "prisonniers" parmi les Russes.

Des sources françaises insistent sur le fait que la nouvelle direction militaire du Mali mène délibérément une opération visant à chasser la France de la région et coordonne virtuellement cette ligne avec plusieurs pays voisins. Après l'expulsion démonstrative de l'ambassadeur de France de Bamako, voici ce qu'il en est à Paris. Aujourd'hui, le quartier général de l'opération militaire française (si on peut encore l'appeler ainsi) est transféré en Côte d'Ivoire, fidèle à Paris, dans la plus grande ville de ce pays : Abidjan. Les Français s'enlisent. D'une part, l'opération militaire en Afrique de l'Ouest a effectivement échoué. D'autre part, d'une certaine manière, il ne faut pas l'admettre. Mettre fin à l'opération Barkhane et s'envoler, c'est perdre la face et, de plus, admettre que les tactiques russes se sont avérées plus efficaces.

Pour être tout à fait honnête, il n'est toujours pas clair dans quelle mesure les Russes sont plus efficaces au Mali que les Français qui avancent péniblement dans les dunes depuis des décennies. Il ne sera possible de fournir des estimations précises qu'à la fin de cette année, lorsqu'il sera possible de former quelque chose de prêt au combat dans les FAMA, comme cela a été fait en RCA. Quoi qu'il en soit, la situation en Afrique de l'Ouest a radicalement changé, mais pas en faveur de la France, et ce avec l'aide de centaines de Russes (le fameux "garde forestier"). Si cette tendance se poursuit, les perspectives de sauver la face pour Paris seront de plus en plus minces".

Traduction par Alessandro Lattanzio

 

mardi, 05 janvier 2016

Bernard Lugan sur les crises saharo-sahéliennes

Conférence de Bernard Lugan sur les crises saharo-sahéliennes

Conférence donnée le 19 janvier 2015 au Centre Les diguières par le professeur Bernard Lugan sur les crises saharo-sahéliennes.

Africaniste, Bernard LUGAN est expert devant le TPIR (Tribunal
pénal international pour le Rwanda), professeur à l'Ecole de Guerre
et aux Ecoles supérieures militaires de Saint-Cyr Coëtquidan.
Il dirige la revue par internet « l'Afrique Réelle».

De la Libye au Nigeria et du Mali à la Somalie, l'arc de crise saharo-sahélien fait peser de très graves menaces sur toute l'Afrique de l'Ouest et sur l'Afrique du Nord. Ces crises sont d'abord des résurgences de conflits anciens aggravés par la modernité. Dans cette situation quelle pourrait être la stratégie de la France ?

http://bernardlugan.blogspot.fr/

lundi, 26 octobre 2015

Le Sahel, une poudrière prête à exploser aux portes de l'Europe

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«Le Sahel, une poudrière prête à exploser aux portes de l'Europe»

Entretien avec Serge Michaïlof

Ex: http://www.letemps.ch

Les pays de la frange méridionale du Sahara cumulent explosion démographique et panne économique. Un cocktail explosif 

A l’heure où des foules de réfugiés quittent la Syrie et l’Afghanistan pour l’Europe, un ancien directeur de la Banque mondiale, Serge Michaïlof, lance un cri d’alarme: des vagues bien plus considérables encore de migrants pourraient affluer prochainement des pays du Sahel, avertit dans un livre choc ce spécialiste du développement à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) à Paris. Explications.


Le Temps: Vous décrivez le Sahel comme un baril de poudre prêt à exploser aux portes de l’Europe. D’où vous vient cette conviction?

Serge Michaïlof: La démographie est un facteur d’insécurité fondamental. Or, elle échappe à tout contrôle dans les pays du Sahel. Les chiffres y sont hallucinants. Un pays comme le Niger, qui avait trois millions d’habitants à l’indépendance, en compte pratiquement 20 millions aujourd’hui et, quoi qu’on fasse, en aura plus de 40 millions dans 20 ans. La situation s’avère d’autant plus dramatique que son territoire est à 92% impropre à l’agriculture et que sur les 8% restants, le secteur est en panne. Cela pose non seulement un problème alimentaire mais aussi un très grave problème social: le manque d’emplois à disposition des foules de jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Et le cas n’est pas isolé. Le Mali, le Burkina et le Tchad connaissent le même cocktail explosif de surpopulation rurale et d’absence de perspectives professionnelles.

- Vous comparez le Sahel à l’Afghanistan…

- Effectivement. Si la situation est aujourd’hui moins dramatique au Sahel, la région ressemble à l’Afghanistan à de nombreux égards. Comme lui, elle couve toutes sortes de fractures ethniques et religieuses, qui vont s’aggravant. Comme lui, elle souffre de la grande faiblesse de l’Etat, voire de son absence totale dans certaines zones reculées. Comme lui, enfin, elle possède un voisinage dangereux, entre un sud libyen sans foi ni loi et un nord nigérian sous l’influence des djihadistes de Boko Haram. Et ce sur fond de propagande islamiste radicale, de multiplication des groupes armés et de développement de tous les trafics.

 

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- Quelles conséquences les malheurs du Sahel peuvent-ils avoir sur les pays avoisinants?

- La crise actuelle ressemble à un cancer. Il existe divers foyers cancéreux dans la région, du nord du Mali au nord du Nigéria. Et ces foyers développent des métastases sur leur pourtour. Les pays du Sahel ont été les premiers touchés mais la montée de l’insécurité ne peut qu’affecter tôt ou tard les pays du golfe de Guinée. D’autant que ces Etats sont fragiles. Preuve en est le très riche Nigeria, tenu en échec pendant trois ans par les djihadistes de Boko Haram.

- Et sur l’Europe? Quels effets attendez-vous?

- De nombreux jeunes Sahéliens vont être tentés par l’émigration. Comme ils retrouveront au bord du golfe de Guinée et en Afrique du Nord les problèmes d’explosion démographique et de sous-emploi qui les ont poussés à partir, nombre d’entre eux devraient pousser tout naturellement plus loin, jusqu’en Europe. Et là, gare à la vague! Quand on voit l’émoi provoqué par la déstabilisation de la Libye et de la Syrie, deux pays qui totalisent moins de 30 millions d’habitants, on a de la peine à imaginer les réactions que pourrait provoquer la décomposition du coeur du Sahel francophone, une région qui compte près de 70 millions d’habitants aujourd’hui et en aura quelque 200 millions en 2050. Cela n’est pas pour ces toutes prochaines années. Mais les évolutions démographiques vont devenir dramatiques dans 8 à 15 ans.

- Comment expliquez-vous que les gouvernements des pays sahéliens ne parviennent pas à mieux contrôler la situation?

- Les élites sahéliennes font ce qu’elles peuvent. Mais dans des pays souffrant régulièrement de déficit alimentaire, elles sont submergées en permanence par mille requêtes urgentes. Et puis, elles disposent de maigres ressources financières qu’elles se sentent obligées de consacrer en bonne partie au maintien d’un minimum de sécurité. Il ne leur reste dès lors presque plus d’argent à affecter au développement, un secteur où elles dépendent largement de l’aide extérieure. Or, les donateurs étrangers financent ce qu’il leur plaît, comme il leur plaît, quand il leur plaît.

- Quelle aide la communauté internationale peut-elle apporter aux pays du Sahel?

- L’expérience afghane a apporté divers enseignements, qui peuvent s’avérer utiles en Afrique. Elle s’est caractérisée par un engagement militaire et financier considérable qui a débouché sur un fiasco politique, économique et militaire. La première leçon à en tirer est que l’emploi prolongé d’armées étrangères n’a aucune chance d’assurer la sécurité, parce que de telles troupes sont rapidement perçues comme des forces d’occupation. Il est par conséquent impératif de renforcer les armées locales et, au-delà, tout l’appareil «régalien», soit la gendarmerie, l’administration territoriale, la justice, etc. Les efforts consentis dans ce domaine au Sahel sont très insuffisants.

La deuxième leçon est que l’aide internationale finit souvent par faire partie du problème, parce qu’elle se focalise sur les problèmes qui plaisent aux décideurs politiques et aux opinions publiques des pays donateurs au lieu de répondre aux besoins des populations locales. Des besoins qui sont d’abord le développement rural et le renforcement de l’appareil d’Etat.

 

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- Le Mali et le Nigéria ont connu des percées djihadistes spectaculaires ces dernières années. Où en sont-ils aujourd’hui?

- Le cancer connaît des périodes de rémission. C’est ce qui arrive en ce moment dans l’un et l’autre cas. Au Mali, les djihadistes ont subi une grave défaite mais ils sont toujours là. On doit s’attendre à ce qu’ils changent de stratégie et qu’ils s’en prennent à l’avenir à des régions plus peuplées, où l’aviation et l’artillerie françaises auront plus de mal à intervenir. Au Nigeria, l’étroite collaboration de plusieurs armées africaines paraît en mesure de briser l’appareil militaire structuré de Boko Haram, ces blindés,ces pick-up équipés de canons de 20 mm et ces unités de plusieurs centaines, voire de plusieurs milliers d’hommes que l’organisation a pu aligner ces dernières années. Mais là aussi, le mouvement ne disparaîtra pas pour autant. Ses membres vont se disperser dans la nature, notamment au Niger, et continuer à sévir sous d’autres formes. Et allez empêcher des fillettes de tuer des dizaines de personnes en se faisant exploser sur des places de marché! Le problème sera d’autant plus difficile à régler qu’il est économique avant d’être militaire. Cela signifie que sa solution sera longue à mettre en oeuvre.

«Africanistan - L’Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues?», Serge Michaïlof, édit. Fayard, 2015, 366 pages.

 

lundi, 02 juin 2014

¿Qué hay detrás de Boko Haram y la propaganda mediática?

por Maximiliano Sbarbi Osuna

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

Es llamativo que durante la reunión que mantuvo días atrás el presidente de Francia, François Hollande, con los líderes de Nigeria, Níger, Chad, Togo, Benin y altos representantes diplomáticos de Gran Bretaña y Estados Unidos, haya manifestado ignorar quién o quiénes financian al grupo terrorista nigeriano Boko Haram, que mantiene secuestradas unas 270 niñas desde hace un mes. También es curioso que recién ahora París y Washington comiencen una campaña de alerta contra este grupo extremista, siendo que desde 2009 ha asesinado a unas tres mil personas.

¿Quién financia a Boko Haram?

La asociación ilícita entre la OTAN con Al Qaeda para el Magreb Islámico en 2011, por medio de la cuál Occidente y el extremismo lograron quitar a Kadafi del medio y repartirse las riquezas petroleras, acuíferas y armamentísticas de Libia, produjo un asentamiento permanente en Bengasi, desde donde se torció el destino de la Primavera Árabe a favor de Occidente.

Por ejemplo, desde allí se enviaron recursos, armas y combatientes a Siria.

Pero, las cuantiosas armas de las que disponía Kadafi, compradas a Rusia y Occidente fueron robadas y vendidas en el mercado negro a través del desierto del Sahara, terminando en manos de Ansar Dine (grupo extremista de Malí), rebeldes de la República Centroafricana y de Boko Haram, la guerrilla musulmana del norte de Nigeria.

Era sabido que los almacenes de armas diseminados por toda Libia, que fueron abandonados tras los bombardeos de la OTAN iban a ser saqueados y repartidos a grupos extremistas contra los cuáles Kadafi había combatido antes de 2011.

Precisamente, Francia fue uno de los países que promovió con mayor énfasis el ataque a Libia.

Además, una investigación difundida por el diario The Nigerian Tribune y reproducida en diversos medios detalla que una organización de caridad londinense recauda fondos para Boko Haram: Al-Muntada Trust Fund es el nombre.

Desde 2009 los extremistas se hicieron conocidos en el exterior de Nigeria, pero recién en 2011 consiguieron las armas de Al Qaeda y en 2012 fueron entrenados en el norte de Malí antes de la intervención francesa.

El grupo maliense Ansar Dine habría capacitado a Boko Haram junto con Al Qaeda para el Magreb Islámico durante la anarquía en Malí en 2012.

También, existen analistas que indican que Arabia Saudita financia indirectamente a los nigerianos, tal como hace con los extremistas chechenos, talibanes, rebeldes sirios, etc.

Asimismo, se están por cumplir diez años de la sangrienta toma de rehenes en un colegio en Beslán, Osetia del Norte (Rusia), por parte de extremistas islámicos apoyados económicamente por el reino saudí. Como se ve el modus operandi es similar.

¿Por qué intervienen Francia y Estados Unidos?

París va a prestar asesores militares para que ayuden al ejército de Nigeria a liberar a las niñas capturadas.
Pero, a Francia no le preocupa el extremismo islámico tanto como otra amenaza que hay en África. Por eso, intervino en Malí en 2012, en Centroafricana en 2013 y 2014, tras el golpe y cuida muy bien a sus aliados de Níger (país de donde extrae el uranio para sus plantas nucleares) y a la dictadura de Chad.

Por su parte, EE.UU., también le teme a un gigante mucho más difícil de manejar que al terrorismo islámico. Esa amenaza se llama China, y la creciente relación entre Pekín y los países africanos espanta a las compañías occidentales.

Principalmente, porque China a cambio de extraer los recursos (petróleo, gas, minerales preciosos y metales) invierte en infraestructura y en desarrollo social en los países a los cuáles se asocia.

La presencia china no deja de ser desigual, dado que Pekín extrae materias primas a cambio de productos con valor agregado, y además en el caso particular de Nigeria, ha vertido residuos tóxicos en el delta del río Níger.

En cambio, las empresas Total, Chevron y Shell han saqueado los recursos y corrompido a las elites locales profundizando aun más la desigualdad en África Central y Occidental.

Por eso, la campaña mediática demonizando a este grupo extremista es aprovechada por las potencias occidentales para legitimar su presencia militar y su control con un pretexto altruista, pero en realidad pretenden no perder terreno a manos de China, que necesita las materias primas africanas para sostener el crecimiento.

La competencia contra China en África ha llegado a un punto tal que Washington ha dividido a Sudán en dos partes autónomas e independientes: la petrolera aliada de Occidente (Sudán del Sur) y la que carece de petróleo pero tiene la infraestructura para la exportación de crudo (Sudán del Norte), cercana a China.

Control y manipulación

Estados Unidos además de frenar a China tiene otros dos objetivos. El primero es ubicar al AFRICOM, es decir el Comando Central Africano, en algún lugar del continente, ya que actualmente se encuentra en Stuttgart, Alemania.

En Bengasi no ha podido establecerse por la lucha entre facciones, que aun no lograron consolidar el poder en Libia. La interna de esta lucha alcanzó el 11 de septiembre de 2012 a EEUU, cuando el embajador norteamericano en Libia fue asesinado en el consulado.

Nigeria podría ser una buena ubicación para el AFRICOM, con la complicidad del presidente nigeriano Goodluck Jonathan, originario del sur petrolero y que ha olvidado al norte pobre y musulmán, profundizando la ya escandalosa desigualdad en el país africano más poblado.

Por otro lado, a pesar de que EE.UU. esté por recuperar su autonomía energética, gracias a la extracción de gas de esquisto, sus compañías procuran continuar con el negocio de la extracción y exportación de hidrocarburos.

Estados al servicio de multinacionales

Es habitual, en varios países de África, que las empresas multinacionales apoyadas por potencias financien guerrillas locales contra otras empresas disfrazando estas luchas de “conflictos étnicos”.

En el Delta del Níger son cotidianos los sabotajes contra oleoductos o contra trabajadores de las empresas petroleras. Es posible que Boko Haram sea un grupo extremista cercano a Al Qaeda o que también sea parte de esta estrategia imperialista de contratar mano de obra militar local para desplazar a compañías competidoras.

Por todo lo expuesto, ¿puede Hollande ignorar qué se teje detrás del extremismo de Boko Haram?

Fuente: El Espía Digital

mardi, 19 mars 2013

L’Algérie est clairement la suivante sur la liste

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« L’Algérie est clairement la suivante sur la liste »

par Michel Collon

Ex: http://www.michelcollon.info/

Entretien accordé au quotidien algérien La Nouvelle République à propos de la guerre au Mali, du conflit syrien et des « printemps arabes ». 

Michel Collon est écrivain et journaliste indépendant. Il écrit des livres, collabore à des documentaires et a fondé le Collectif Investig’Action. Celui-ci anime le site Internet michelcollon.info avec une newsletter hebdomadaire diffusée à 100 000 abonnés en trois langues : français, espagnol et anglais. Il est spécialisé dans l’analyse des stratégies de guerre, des relations Nord-Sud et des médiamensonges.

Il a organisé des déploiements d'observateurs civils en Yougoslavie et en Irak, et s'est rendu en Libye en juin et juillet 2011. Il est co-auteur du film documentaire Les Damnés du Kosovo sur la guerre menée par l’Otan en Yougoslavie. Il a produit le documentaire de Vanessa Stojilkovic Bruxelles–Caracas sur l’expérience du Venezuela. Il est membre du Conseil consultatif de la télévision latino-américaine TeleSur. Michel Collon s'est fait connaître du grand public francophone lors de ses passages à l'émission « Ce soir ou jamais » de Frédéric Taddéï (France 3). Ses idées et son argumentation ont suscité l’intérêt des téléspectateurs.

Son livre Bush le cyclone (2006), prenant pour point de départ la catastrophe de La Nouvelle-Orléans et la guerre en Irak, étudie les liens entre l’économie et la guerre, ainsi que le rôle des médias. Son livre Les 7 péchés d’Hugo Chavez, publié en 2009, analyse les raisons de la pauvreté de l’Amérique latine, la politique générale et l’histoire des multinationales pétrolières. Il décrit l’entreprise menée par Hugo Chavez pour libérer son pays de la pauvreté et de la dépendance envers les USA. Son livre Israël, parlons-en ! comporte vingt entretiens avec des spécialistes juifs et arabes, européens et nord-américains : Noam Chomsky, Sand, Alain Gresh, Tariq Ramadan, Mohamed Hassan… Il en a rédigé la synthèse sous le titre Comment parler d’Israël.

Au cœur de tout son travail et du site michelcollon.info, on trouve en effet l’idée que, face à la désinformation, le rôle des citoyens est essentiel pour garantir le droit à, l’info. Son livre Libye, Otan et médiamensonges (septembre 2001), tout en ne cachant pas les fautes de Kadhafi, a exposé les véritables objectifs des Etats-Unis, de la France et de l’Otan par rapport au pétrole, au contrôle du Moyen-Orient et au maintien de l’Afrique en dépendance des multinationales.

Son dernier livre, corédigé avec Grégoire Lalieu et publié en décembre 2011, La Stratégie du Chaos (Impérialisme et islam – Entretiens avec Mohamed Hassan) analyse la nouvelle stratégie mondiale des USA pour le contrôle des richesses et des régions stratégiques du monde musulman (Méditerranée, Moyen-Orient, Corne de l’Afrique, Asie du Sud) en liaison avec la crise économique mondiale.

La Nouvelle République : Vous avez travaillé sur l'intervention militaire en Libye et ses répercussions stratégiques sur la région du Sahel, quelle est votre approche sur la situation au Nord-Mali et son impact régional et international ?

Michel Collon : Je pense que l’intervention de la France contre le Mali, c’est la continuation de la guerre contre la Libye et contre la Syrie. C’est une nouvelle phase dans ce que j’appellerais la recolonisation ou le fait de stabiliser la colonisation de l’Afrique en général, l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest. Je pense que la chose qui n’est jamais traitée dans les médias européens et des Etats-Unis, c’est que le Mali et toute la région est pour la France, je veux dire la France officielle, la France des 1%, une zone de richesses naturelles que les multinationales françaises considèrent leur appartenir et pas aux populations locales.

L’exploitation des mines d’or par des groupes français comme Bouygues, dans des conditions scandaleuses avec de nombreux mineurs qui meurent à cause de l’utilisation du cyanure et de l’arsenic sans prévention et sans soins corrects, est la preuve que ces multinationales sont prêtes à écraser des êtres humains pour maintenir ou augmenter leur profit. Au Mali, on trouve également des gisements d’uranium ; c’est une richesse stratégique pour la multinationale française Areva, numéro un dans l’exportation du nucléaire au niveau mondial et la France a toujours fait en sorte de s’assurer le contrôle des gisements d’uranium et pour cela, elle a commis les pires crimes.

Et, donc, quand on veut voir comment la France considère les richesses naturelles, il suffit de voir l’exemple du Niger, c’est le pays n°174 sur la liste du développement humain, c'est-à-dire le dernier pays, le plus pauvre, les Nigériens ont une espérance de vie de 49 ans et moins de trois enfants sur dix vont à l’école. Et lorsqu’on a demandé à la multinationale Areva de faire un geste pour ces enfants, elle a répondu que ce n’était pas son problème, donc les Nigériens peuvent crever de faim, littéralement, et les Maliens aussi, pendant que des firmes comme Areva et celles qui travaillent avec elle, c'est-à-dire Suez, Bouygues, Alstom, construisent des profits fabuleux et que leurs actionnaires et leurs principaux dirigeants se construisent des châteaux un peu partout dans le monde.

Donc on a l’or, l’uranium, on a bien entendu le gaz et le pétrole, avec des richesses très importantes en Algérie et aussi dans d’autres pays de la région, et on constate qu’il y a une guerre pour les matières premières qui se mène, avec comme acteurs principaux, la France, les Etats-Unis, mais aussi le Qatar qui jour un rôle trouble en coulisses et qui veut devenir le n°1 mondial du gaz en alliance avec les Etats-Unis et contre la Russie, et donc je pense que cette guerre au Mali, c’est une guerre contre les patriotes maliens qui ont essayé de mettre fin à la corruption et de faire en sorte que les richesses naturelles du Mali profitent aux Maliens et permettent de mettre fin à la pauvreté. C’est une guerre contre le Niger, dont l’uranium est absolument stratégique.

C’est une guerre contre l’Algérie, parce que ce pays a lui aussi des ressources naturelles très importantes comme chacun sait. Il n’entend pas les offrir aux multinationales françaises et autres, donc c’est un pays qui conserve un secteur public important. C’est un pays qui résiste à Israël, qui a refusé de s’intégrer dans l’Otan et dans Africom, l’organisation militaire des Etats-Unis pour le contrôle des richesses de l’Afrique. Ses dirigeants militaires ont très clairement expliqué que le but d’Africom, donc le but des interventions militaires que les Etats-Unis préparent dans toute l’Afrique, c’est d’empêcher que l’Afrique ne soit indépendante et n’aie des partenaires comme la Chine, le Brésil, la Russie et d’autres pays.

Leur vision, c’est que l’Afrique doit rester la chasse gardée des puissances coloniales européennes et j’emploie à dessein le terme colonial parce que, selon moi, le colonialisme n’est pas fini, il a seulement changé de forme. Et la question de la Chine et de sa présence en Afrique comme partenaire alternatif est très importante et le meilleur exemple c’est que le jour où au Niger, il y a un président qui a commencé à vouloir rencontrer les Chinois pour discuter des alternatives commerciales, il a été très rapidement destitué par un coup d’Etat organisé par la France.

Que pensez-vous de l'évolution de la situation en Syrie et du rapport de force entre les groupuscules et milices qui composent l'« ASL » et l'armée nationale syrienne, et quel avenir voyez-vous pour une Syrie en proie à une guerre totale ?

La Syrie est l’objet d’une guerre qui est en réalité menée par une coalition : les Etats-Unis, la France, Israël discrètement dans les coulisses, la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar. On sait, le New York Times l’a confirmé, que les Etats-Unis fournissent des armes aux rebelles syriens via l’Arabie Saoudite et le Qatar. C’est donc assez ironique, ce serait drôle, si ce n’était tragique, de voir que l’Occident nous dit qu’il va apporter la démocratie en Syrie grâce à l’Arabie Saoudite et le Qatar qui sont deux régimes théocratiques, ce qu’il existe de plus réactionnaire sur le plan politique et social et de plus fanatique sur le plan religieux, et que ce sont des régimes traitant les femmes comme des animaux et traitant les travailleurs comme des esclaves, littéralement l’esclavage règne au Qatar, en Arabie Saoudite, et c’est avec ces gens-là qu’on prétend apporter la démocratie.

Donc, il est certain qu’en Syrie, il y a beaucoup de choses qui devraient changer, et je pense que tous les patriotes syriens, y compris ceux de l’opposition, devraient entamer un dialogue pour voir ce qu’il faut changer et comment le changer, et établir un programme. Mais l’objectif des agents des Etats-Unis, de la France, de l’Arabie Saoudite et du Qatar n’est pas d’amener la démocratie en Syrie, parce que si on amène la démocratie dans le monde arabe d’une manière générale, que vont dire les Arabes : que l’agression et le colonialisme israélien, c’est intolérable, qu’il faut y mettre fin, qu’il faut donner leurs droits aux Palestiniens, que sur le plan économique et social, le vol des ressources naturelles, le pétrole essentiellement, et d’autres par les multinationales avec comme effet de maintenir la pauvreté dramatique dans des pays comme l’Egypte et ailleurs. Je veux dire que le pétrole est une ressource qui devrait servir globalement à la nation arabe, quel que soit l’endroit où il se situe et donc s’il y avait la démocratie, les Arabes diraient que le pétrole doit leur profiter pour mettre fin à la pauvreté, à la dépendance et au colonialisme et qu’il faut cesser de considérer qu’il appartient à Exxon, British Petroleum et Total. Donc, je pense que ce qui se passe en Syrie est très important et j’espère que le peuple syrien va trouver les forces pour s’unir et pour résister à une agression très très grave.

On constate la situation instable et anarchique des pays qui ont connu « le printemps arabe » ; êtes-vous optimiste à l'idée d'une éventuelle sortie de crise ?

Je pense que les Etats-Unis, la France et leurs alliés craignent énormément les peuples arabes, craignent qu’ils soient unis et qu’ils prennent leur sort en main. Je pense donc que les Etats-Unis et compagnie craignent énormément la démocratie dans le monde arabe, la preuve, c’est que leurs meilleurs amis sont les régimes les plus dictatoriaux, Arabie Saoudite, Koweït, Qatar, Emirats, Jordanie, et qu’ils ont essayé de protéger jusqu’à la dernière minute les régimes en Egypte et en Tunisie. Par rapport à ça, il est très important que les peuples arabes s’unissent entre eux pour échapper à ces manœuvres qui sont coloniales et la seule façon de le faire, à mon avis, est de proposer à la nation arabe un programme indépendant des multinationales et des puissances coloniales, un programme dans la lignée de ce que le Mouvement des non-alignés a voulu mettre en place dans les années 60, un programme qui, comme Chavez et Evo Morales en Amérique latine, met au centre la récupération de la souveraineté du pays, l’utilisation des richesses au profit de ce que je vais appeler les 99%, au profit de la grande majorité, au profit de la population, et pas au profit du 1%, et que, aussi, c’est la nation arabe dans ce sens-là qui doit s’unir avec les autres forces de libération qui existent en Afrique noire, en Amérique latine et ailleurs.

Cela me semble très important et je crois que si l’on veut mettre fin à ces agressions, c’est la piste de l’unité d’un programme de souveraineté qui est la clé.

Dans une de vos nombreuses interviews, vous avez déclaré que l'Algérie est la future cible si elle ne plie pas devant les multinationales, pouvez-vous nous éclairer sur cette thèse ?

Je pense que l’Algérie est un pays qui a une longue histoire de résistance au colonialisme. Sa lutte de libération a été une des plus courageuses et exemplaires de toute l’Afrique. Elle a été en pointe avec quelques autres pays dont la Yougoslavie elle aussi attaquée par le colonialisme moderne, un pays détruit d’ailleurs, elle a été en pointe pour établir une solidarité du Tiers-Monde dans la résistance au colonialisme, et je pense qu’elle est la « bête noire » pour cette raison depuis très longtemps. 

Je ne vais pas dire que tout va bien en Algérie et qu’il n’y a pas des problèmes importants et des maux à régler, mais je pense qu’elle est la bête noire parce qu’elle représente une force de résistance à Israël, aux Etats-Unis, au colonialisme en général des multinationales, et on sait que tout comme la Libye, l’Algérie s’est distinguée en finançant des projets de développement économiques et sociaux alternatifs, développement indépendant de pays d’Afrique noire. Et je crois que là, elle heurte les intérêts de la Banque mondiale et du FMI qui sont justement les employés des multinationales dont on a parlé, et la Banque mondiale et le FMI sont les gendarmes financiers des multinationales, ce sont aussi des assassins financiers quand on voit comment ils se comportent en Afrique noire, surtout où vraiment ils détruisent les programmes d’éducation, de santé, d’aide aux petites entreprises, d’aide aux paysans pour transformer les pays en véritables boulevards ouverts aux multinationales. Donc, je crois que c’est pour cette raison qu’on a éliminé Kadhafi et je crois que c’est pour cette raison que l’Algérie est clairement la suivante sur la liste.

Concernant la prise d’otages à In Amenas, dans ce genre d’évènement, évidemment, on doit être prudent dans la mesure où beaucoup de choses se déroulent dans les coulisses dont nous ne sommes pas forcément informés. Les prises d’otages civils sont une méthode de lutte que je réprouve totalement et je pense que cette prise d’otages-là, dont l’Algérie a été victime, avec un nombre important et fort regrettable de victimes civiles, soulève plusieurs questions. Essentiellement, il y a deux choses qui me semblent bizarres dans cet évènement : la France attaque des forces qu’on appelle islamistes au Mali et les forces islamistes ripostent en attaquant l’Algérie, quasiment LE pays qui avait dit qu’il ne fallait pas faire la guerre et qu’il fallait négocier entre les différentes parties, donc ce n’est pas très logique. Et deuxièmement, ils en veulent à la France, et ils attaquent British Petroleum, un concurrent de Total. Ça n’a aucune logique. Sachant que ces forces ont été armées en Libye – c’est archi connu – sachant que la France et les Etats-Unis, et l’Otan en général, ont passé une alliance pour renverser Kadhafi avec le groupe islamique de combat libyen qui est donc la section libyenne d’Al-Qaïda et qu’aussi on a retourné certaines forces qui étaient en Libye en leur faisant des promesses – ça se trouve dans toute une série de revues plus ou moins spécialisées et ce n’est pas du tout un secret – je crois que cette prise d’otages pose beaucoup de questions.

La victoire politique de certains leaders progressistes en Amérique latine aidera-t-elle à l'émergence d'un pôle de résistance à l'impérialisme US et ses alliés et serviteurs à travers le monde ?

Absolument. J’ai mentionné Chavez, Evo Morales, vous avez aussi Correa et d’autres dirigeants, c’est frappant que les latino-américains ont repris espoir depuis 1999 et la victoire de Chavez qui a réussi à mettre en œuvre une politique économique et sociale de récupération des richesses, d’utilisation des richesses au service de la population, tout ça avec un grand développement de la démocratie, des comités de quartier, des débats politiques, des médias libres, et en général, pour moi qui suis allé plusieurs fois au Venezuela, il est très frappant de voir la politisation dans le bon sens du terme et la fertilité du débat politique au Venezuela, y compris parmi les révolutionnaires, donc c’est vraiment l’espoir qui est rendu à l’Amérique latine, et Chavez a toujours inscrit son action dans le sens de construire une unité des forces progressistes et indépendantes d’Amérique latine, d’Afrique, auxquelles il accorde une importance énorme, du monde arabe, de l’Asie également, et je souscris totalement à cette perspective de Chavez.

Nous avons besoin d’un front contre les manœuvres impérialistes et des puissances néocoloniales, nous avons besoin d’un front pour permettre à l’humanité d’échapper à la dictature des multinationales, à la dictature du 1%.

Comment voyez-vous l'avenir de cette planète ? Etes-vous optimiste ?

Je pense que oui. Je viens d’expliquer que nous sommes les 99% contre le 1% et donc le 1% se maintient au pouvoir par la force, bien sûr, par la violence, mais aussi et beaucoup par le mensonge, par la tromperie de l’opinion publique en cachant que toutes ces guerres sont économiques, en cachant les véritables politiques qui affaiblissent le tiers-monde, la majorité de l’humanité, et je pense que si nous arrivons à développer une bataille pour l’information, une bataille contre les médiamensonges, une bataille pour rallier les cœurs et les esprits à l’idée d’une autre conception de l’humanité, c'est-à-dire non pas la guerre d’une minorité contre tous mais la coopération, la solidarité, je pense que oui, l’humanité va pouvoir résoudre les problèmes de la faim, de la pauvreté et de la destruction de la nature également. Donc, à terme, oui, je suis optimiste, à condition que chacun, chaque citoyen, prenne ses responsabilités là où il est et entame le travail pour une information véritable et pour le débat politique sur les vrais enjeux.

Source : La Nouvelle République

Entretien réalisé à Bruxelles (Belgique), Mohsen Abdelmoumen

vendredi, 08 mars 2013

Obama’s Military Presence in Niger

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Obama’s Military Presence in Niger: Uranium Control and Tuareg Suppression

Wayne MADSEN

Ex: http://www.strategic-studies.org/

 
President Obama’s military incursion into Niger, ostensibly to establish a drone base to counter «Al Qaeda» and other Islamist guerrilla activity in neighboring Mali, has little to do with counter-insurgency and everything to do with establishing U.S. control over Niger’s uranium and other natural resources output and suppressing its native Tuareg population from seeking autonomy with their kin in northern Mali and Algeria.

The new drone base is initially located in the capital of Niamey and will later be moved to a forward operating location expected to be located in Agadez in the heart of Tuareg Niger… The base is being established to counter various Islamist groups – including Ansar Dine, Al Qaeda in the Islamic Maghreb (AQIM), Nigeria-based Boko Haram, and a new group, Movement for Oneness and Jihad in West Africa (MOJWA) - that briefly seized control of northern Mali from Tuaregs, led by the National Movement for the Liberation of Azawad, who took advantage of a coup d’etat in Mali to establish an independent Tuareg state called Azawad. 

The U.S. has long been opposed to any attempt by the suppressed Tuareg people to establish their own independent state in the Sahara. American opposition to the Tuaregs dovetails with historical French opposition to Tuareg nationalism.

However, U.S. State Department and CIA personnel have been discussing a U.S. presence in Niger since February 25, 2010, when a U.S. delegation met with the Chairman of the Supreme Council for the Restoration of Democracy (CSRD), General Souleyman Salou, just one week after the military junta overthrew democratically-elected President Mamadou Tandja in a coup and suspended the Nigerien constitution. According to a leaked State Department cable from the U.S. embassy in Niamey:

Eric Whitaker, the U.S. Charge d’affaires met with Salou and Colonel Moussa Gros, the Senior Military Advisor to the CSRD, in a session that drew praise from Salou, who highlighted «the friendship between the two countries». Salou also told the U.S. emissaries «the CSRD would continue bilateral information liaison via the Directorate General for Documentation and External Security (DGDSE) [The Nigerien intelligence agency].» He stressed that the CSRD sought cooperation with Washington in the areas of security assistance, the fight against al-Qaida, and support for the regime. Although the United States has a policy of not recognizing governments that achieve power through military coups and force of arms, the Obama administration was as quick to embrace the Nigerien junta as it had in supporting similar CIA-installed juntas in Honduras and Paraguay.

Salou smiled as he stated that he understood the United States did not support military coups and armed seizures of power. Obviously, Salou was in on the Obama administration’s dirty little secret. While publicly opposing coups, Washington had already supported one in Honduras and would soon be supporting them in Paraguay, Libya, Syria, and other countries. Salou’s resume spoke volumes of his U.S. training and according to the leaked cable from Nimaey:

«BG [Brigadier General] Salou has been the Chief of Staff of the Nigerien Air Force since at least 2003. He is a graduate of the US Air Force's Command and Staff College and is assessed by the DATT [Defense Attache] as extremely pro-U.S...Col. Gros, prior to assuming his role as the advisor to the President of the CSRD, was the military advisor to the Nigerien Prime Minister. Also assessed to be pro-U.S., at least one of his children was educated in the United States and he reports to have served as the Defense Attache) to the U.S. for a short period in 1987».

Niger is a poor African backwater country only of importance to the United States when it can be used as a pawn in wider international geopolitical security matters. The George W. Bush administration used Niger and what turned out to be bogus attempts by Saddam Hussein to obtain Nigerien «yellow cake» uranium to justify its invasion and occupation of Iraq. It was later discovered that forged Niger government documents on a Niger-Iraq uranium connection were provided to the White House by the chief of Italy's SISMI intelligence service, General Nicolo Pollari, on the orders of then-Italian Prime Minister Silvio Berlusconi.

In addition to using uranium-rich Niger as a cause for intervention I the country, the Pentagon and CIA have also eyed Niger’s other mineral and its oil resources. Those who have stood in the way of plans by Western companies to exploit Niger’s natural resources have often paid with their lives. In 1995, Niger's Tuareg leader Mano Dayak was killed in a suspicious plane crash in northern Niger. Dayak was engaged in peace negotiations with the central Niger government and was on his way to Niamey when the plane crashed shortly after takeoff. However, an autonomous Tuareg government in northern Niger threatened to undermine the plans of Exxon and other U.S. oil companies and mineral miners to have a free hand in exploiting oil and mineral resources around Lake Chad, along the Chadian-Nigerien border. Many Tuaregs believed Dayak’s plane was sabotaged by the CIA. Ironically, the location of America’s future drone base in Agadez, northern Niger, complete with CIA officers and U.S. Special Operations personnel, will be at Mano Dayak International Airport, named for the martyred Tuareg leader.

Washington’s increasing military presence in the Sahel region has been at least two decades in the making. U.S. Defense Intelligence Agency personnel began recruiting agents-of-influence among the 400-man contingent sent by Niger to fight alongside American troops battling Saddam Hussein’s forces in Operation Desert Storm. Under the rubric of the Trans-Saharan Counter-Terrorism Partnership (TSCTP), the United States, with the cooperation of the U.S. Africa Command (AFRICOM), has pumped hundreds of millions of dollars in security assistance to the security and intelligence services, as well as the military forces of West African nations. The TSCTP was formerly known as the Pan-Sahel Initiative. Nigerien security forces have used U.S.-supplied lethal military and non-lethal crowd control equipment, including night-vision equipment, armored high mobility multipurpose wheeled vehicles, global positioning systems, and secure radios, to forcibly put down pro-autonomy Tuareg and other pro-democracy protesters.

U.S. military training for Niger is provided annually during the Pentagon's OPERATION FLINTLOCK military exercise. U.S.-trained Nigerien forces are also used to protect the uranium mines operated by the French state-owned Areva nuclear power production company in cooperation with Japanese and Spanish companies.

In addition to U.S. military personnel in Niamey, there are also U.S. bases in Ouagadougou, Burkina Faso; Bamako, Mali; Nouakchott, Mauritania; and Tamanrasset, Algeria. The U.S. presence in Burkina Faso is known as Creek Sand. From these and other suspected bases, the United States has let loose armed and unarmed drones across the Sahara. This is how the peoples of West Africa have been introduced to America’s first president of African descent. Such a military incursion into Africa would have been unthinkable and undoable for such white American presidents as Jimmy Carter, Gerald Ford, John F. Kennedy, or Dwight Eisenhower. However, Obama, as a president with roots in Kenya, gives weighty cover for the U.S. plans to establish a neo-colonialist regime for Africa, one run out of Washington.

Niger was once a colonial backwater of the French empire. It is now transitioning into a full-blown protectorate of the American empire. However, Niger should not grow used to its new American masters. The American empire is crumbling due to financial and moral decay. When Pax Americana finally falls, it will leave much of the world, including Niger, in shock.

mardi, 26 février 2013

B. Lugan: la crise du Mali

Bernard LUGAN

La crise du Mali

samedi, 23 février 2013

The War in Mali and AFRICOM’s Agenda: Target China

The War in Mali and AFRICOM’s Agenda: Target China

 

Part I: Africa’s New Thirty Years’ War?

Mali at first glance seems a most unlikely place for the NATO powers, led by a neo-colonialist French government of Socialist President Francois Hollande (and quietly backed to the hilt by the Obama Administration), to launch what is being called by some a new Thirty Years’ War Against Terrorism.

Mali, with a population of some 12 million, and a landmass three and a half times the size of Germany, is a land-locked largely Saharan Desert country in the center of western Africa, bordered by Algeria to its north, Mauritania to its west, Senegal, Guinea, Ivory Coast, Burkina Faso and Niger to its southern part. People I know who have spent time there before the recent US-led efforts at destabilization called it one of the most peaceful and beautiful places on earth, the home of Timbuktu. Its people are some ninety percent Muslim of varying persuasions. It has a rural subsistence agriculture and adult illiteracy of nearly 50%. Yet this country is suddenly the center of a new global “war on terror.”

On January 20 Britain’s Prime Minister David Cameron announced his country’s curious resolve to dedicate itself to deal with “the terrorism threat” in Mali and north Africa. Cameron declared, “It will require a response that is about years, even decades, rather than months, and it requires a response that…has an absolutely iron resolve…” [1] Britain in its colonial heyday never had a stake in Mali. Until it won independence in 1960, Mali was a French colony.

On January 11, after more than a year of behind-the-scenes pressure on the neighboring Algeria to get them entangled in an invasion of its neighbor Mali, Hollande decided to make a direct French military intervention with US backing. His government launched air strikes in the rebel-held north of Mali against a fanatical Salafist band of jihadist cutthroats calling itself Al-Qaeda in the Islamic-Mahgreb (AQIM). The pretext for the seemingly swift French action was a military move by a tiny group of Islamic Jihadists of the Tuareg people, Asnar Dine, affiliated with the larger AQIM. On January 10 Asnar Dine – backed by other Islamist groups – attacked the southern town of Konna. That marked the first time since the Tuareg rebellion in early 2012 that Jihadist rebels moved out of traditional Tuareg territory in the northern desert to spread Islamic law to the south of Mali.

As French journalist Thierry Meyssan noted, French forces were remarkably well prepared: “The transitional President, Dioncounda Traore, declared a state of emergency and called to France for help. Paris intervened within hours to prevent the fall of the capital, Bamako. Far-sightedly, the Elysée had already pre-positioned in Mali troops from the 1st Marine Infantry Parachute Regiment (“the Colonials”) and the 13th Parachute Dragoon Regiment, helicopters from the COS (Special Operations Command), three Mirage 2000D’s, two Mirage F-1’s, three C135’s, a C130 Hercules and a C160 Transall.” [2] What a convenient coincidence.

By January 21 US Air Force transport planes began delivering hundreds of French elite soldiers and military equipment to Mali, ostensibly to roll back what we were told was an out-of-control terrorist advance south towards the Mali capital. [3] French Defense Minister Jean-Yves Le Drian told media the number of its ‘boots on the ground’ in Mali had reached 2,000, adding that “around 4,000 troops will be mobilized for this operation,” in Mali and outside bases. [4]

But there are strong indications the French agenda in Mali is anything but humanitarian. In a France 5 TV interview, Le Drian carelessly admitted, “The goal is the total reconquest of Mali. We will not leave any pockets.” And President Francois Hollande said French troops would remain in the region long enough “to defeat terrorism.” The United States, Canada, Britain, Belgium, Germany and Denmark have all said they would support the French operation against Mali. [5]

Mali itself, like much of Africa is rich in raw materials. It has large reserves of gold, uranium and most recently, though western oil companies try to hide it, of oil, lots of oil. The French preferred to ignore Mali’s vast resources, keeping it a poor subsistence agriculture country. Under the deposed democratically-elected President Amadou Toumani Toure, for the first time the government initiated a systematic mapping of the vast wealth under its soil. According to Mamadou Igor Diarra, previous mining minister, Malian soil contains copper, uranium, phosphate, bauxite, gems and in particular, a large percentage of gold in addition to oil and gas. Thus, Mali is one of the countries in the world with the most raw materials. With its gold mining, the country is already one of the leading exploiters directly behind South Africa and Ghana. [6] Two thirds of France’s electricity is from nuclear power and sources of new uranium are essential. Presently, France draws significant uranium imports from neighboring Niger.

Now the picture gets a little complex.

According to usually reliable former US military experts with direct familiarity with the region, speaking on condition of anonymity, US and NATO Special Forces actually trained the same “terrorist” bands now justifying a neo-colonial US-backed invasion of Mali by France. The major question is why would Washington and Paris train the terrorists they are now acting to destroy in a “war on terror?” Were they really surprised at the lack of NATO loyalty from their trainees? And what is behind AFRICOM’s American-backed French takeover of Mali?

Part II: AFRICOM and ‘Victoria’s Secrets’

The truth about what is really going on in Mali and with AFRICOM and NATO countries, especially France is a little bit like a geopolitical “Victoria’s Secret”—what you think you see is definitely not what you will get.

We are being told repeatedly in recent months that something supposedly calling itself Al Qaeda—the organization officially charged by the US Government as responsible for pulverizing three towers of the World Trade Center and blowing a gaping hole in the side of the Pentagon on September 11, 2001—has regrouped.

According to the popular media account and statements of various NATO member country government officials, the original group of the late Osama bin Laden, holed up we are supposed to believe somewhere in the caves of Tora Bora in Afghanistan, has apparently adopted a modern business model and is handing out Al Qaeda official franchises in a style something like a ‘McDonalds of Terrorism,’ from Al Qaeda in Iraq to Libyan Islamic Fighting Group in Libya and now Al-Qaeda-in-the Islamic-Maghreb.

I’ve even heard reports that a new Al Qaeda “official” franchise has just been given, bizarre as it sounds, to something called DRCCAQ or Democratic Republic of Congo Christian (sic) Al Qaeda. [7] Now that’s a stretch which reminds one of an equally bizarre sect called Jews for Jesus created back in the hippie days of the Vietnam War era. Can it be that the architects of all these murky groups have so little imagination?

If we are to believe the official story, the group being blamed in Mali for most all the trouble is Al Qaeda in the Islamic Maghreb (AQIM for short). The murky AQIM itself is actually a product of several behind-the-scenes workings. Originally it was based in Algeria across the border from Mali and called itself the Salafist Group for Preaching and Combat (GSPC according to its French name).

In 2006 Al Qaeda’s head guru in absence of Osama bin Laden, Egyptian jihadist Ayman al-Zawahiri, publicly announced the granting to the Algerian GSPC the Al Qaeda franchise. The name was changed to Al-Qaeda-in-the Islamic-Mahgreb and Algerian counter-terror operations pushed them in the past two years over the desert border into northern Mali. AQIM reportedly is little more than a well-armed criminal band that gets its money from running South American cocaine from Africa into Europe, or from arms dealing and human trafficking. [8]

A year later, in 2007, the enterprising al-Zawahiri added another building block to his Al Qaeda chain of thugs when he officially announced the merger between the Libyan LIFG and al-Qaeda in the Islamic Mahgreb (AQIM).

The LIFG or Libyan Islamic Fighting Group, was formed by a Libyan-born jihadist named Abdelhakim Belhaj. Belhaj was trained by the CIA as part of the US-financed Mujahideen in Afghanistan during the 1980s alongside another CIA trainee then named Osama bin Laden. In essence, as the journalist Pepe Escobar notes, “for all practical purposes, since then, LIFG/AQIM have been one and the same – and Belhaj was/is its emir.” [9]

That becomes even more interesting when we find that Belhaj’s men – who, as Escobar writes, were at the forefront of a militia of Berbers from the mountains southwest of Tripoli, the so-called Tripoli Brigade—were trained in secret for two months by US Special Forces. [10]

LIFG played a key role in the US and French-backed toppling of Libya’s Qaddafi, turning Libya today into what one observer describes as the “world’s largest open air arms bazaar.” Those arms are reportedly flooding from Benghazi to Mali and other various hotspot targets of destabilization, including, according to what was suggested at the recent US Senate Foreign Relations testimony of outgoing Secretary of State Hillary Clinton, by the boatload from Libya to Turkey where they were being channeled into the various foreign terrorist insurgents sent into Syria to fuel the destruction of Syria. [11]

Now what does this unusual conglomerate globalized terror organization, LIFG-GPSC-AQIM intend in Mali and beyond, and how does that suit AFRICOM and French aims?

Part III: Curious Mali Coup and AQIM terror—exquisite timing

Events in the formerly peaceful, democratic Mali began to get very strange on March 22, 2012 when Malian President Amadou Toumani Toure was ousted and driven into exile in a military coup one month before a scheduled presidential election. Toure had earlier instituted a multi-party democratic system. The putsch leader, Captain Amadou Haya Sanogo, received military training in the US, at Fort Benning, Georgia and the Marine Corps base in Quantico, Virginia according to AFRICOM’s spokesman. [12] Sanogo claimed the military coup was necessary because Toure’s government was not doing enough to quell Tuareg unrest in northern Mali.

As Meyssan points out, the March 2012 military coup against Toure was suspicious in every regard. A previously unheard-of group called CNRDRE (in English: National Commitee for the Recovery of Democracy and the Restoration of the State) overthrew Touré and declared intention to restore Mali law and order in the north.

“This resulted in great confusion,” Meyssan goes on, “since the putschists were incapable of explaining how their actions would improve the situation. The overthrow of the President was even stranger since a presidential election was to be held five weeks later and the outgoing President was not running for office. The CNRDRE is composed of officers who were trained in the United States. They halted the election process and handed power to one of their candidates, who happened to be the Francophile Dioncounda Traore. This sleight of hand was legalized by the CEDEAO (or in English, ECOWAS—Economic Community of West African States), whose President is none other than Alassane Ouattara, who was placed in power in the Ivory Coast by the French army a year earlier.” [13]

Alassane Ouattara, educated in economics in the US, is a former senior IMF official who in 2011 forced out his Ivory Coast presidential rival with French military assistance. He owes his job not to “the New York Times,” but to French Special Forces. [14]

At the time of the military coup, the unrest in question was from an ethnic tribe, Tuareg, a secular, nomadic group of pastoral cattle-herding people who demanded independence from Mali in early 2012.

The Tuareg Rebellion was reportedly armed and financed by France who repatriated Tuaregs who had been fighting in Libya for the purpose of splitting the north of Mali along Algeria’s border, from the rest of the country and declaring Sharia law. It only lasted from January to April 2012, at which time the nomadic Tuareg fighters rode off to their nomad haunts in the central Sahara and borders of the Sahel, a vast borderless desert area between Libya and Algeria, Mali and Niger. That left the Algerian-Libyan LIFG/Al Qaeda in the Islamic Maghreb and their associates in the Jihadist Asnar Dine to carry out the dirty work for Paris. [15]

In their 2012 battle for independence from Mali, the Tuareg had made an unholy alliance with the Jihadist AQIM. Both groups, briefly joined together with Asnar Dine, another islamist organization led by Iyad Ag Ghaly. Asnar Dine is believed to have ties to Al-Qaeda in the Islamic Maghreb which is led by Ag Ghaly’s cousin, Hamada Ag Hama. Ansar Dine wants the imposition of strict Sharia law across Mali.

The three main groups briefly joined forces the moment Mali was plunged into chaos following the March 2012 military coup. The coup leader was Captain Amadou Haya Sanogo, who received military training at the Marine Corps camp at Quantico, Virginia and Special Forces training at Fort Benning, Georgia in the US. In a bizarre play of events, despite the claim the coup was driven by the civilian government’s failure to contain the rebellion in the north, the Malian military lost control of the regional capitals of Kidal, Gao, and Timbuktu within ten days of Sanogo’s assuming office. Reuters describe the farcical coup as “a spectacular own-goal.” [16]

The violation of Mali’s constitution by the military was used to trigger severe sanctions against the central military government. Mali was suspended from membership in the African Union; the World Bank and African Development Bank have suspended aid. The US has cut half of the $140 million in aid that it sends each year, all of which created chaos in Mali and made it virtually impossible for the government to respond to the growing loss of territory in the north to Salafists.

Part IV: Terror-Anti-Terror

What then ensued is like a page ripped out of the insurgency-counter-insurgency textbook of Britain’s Brigadier Frank E. Kitson during the 1950s British Mau Mau operations in Kenya. The Jihadist insurgency in the North and the simultaneous military coup in the capital led to a situation in which Mali was immediately isolated and massively punished with economic sanctions.

Acting with indecent haste, the US and French-controlled regional 15-member Economic Community of West African States (ECOWAS) demanded the coup leaders restore civilian rule. On March 26, the US cut off all military aid to the impoverished country, ensuring maximum chaos just as the Jihadists made their major push south., Then at a meeting April 2 in Dakar, Senegal, ECOWAS members closed their countries’ borders with land-locked Mali and imposed severe sanctions, including cutting off access to the regional bank, raising the possibility that Mali will soon be unable to pay for essential supplies, including gasoline.

The same military that “trains” the terrorists also trains the “anti-terrorists.” This seems a bizarre contradiction in policy only when we fail to grasp the essence of US and British-developed methods of irregular warfare employed actively since the early 1950’s.

The method was originally termed Low Intensity Warfare by the British Army officer who developed and refined the method for control of subject areas in Malaysia, Kenya during the Mau Mau 1950’s freedom struggles and later for the British Army in Northern Ireland. Low intensity warfare as he termed it in a book by that name, [17] involves use of deception, of infiltration of double-agents, provocateurs, and use of defectors into legitimate popular movements such as those struggles for colonial independence after 1945.

The method is sometimes referred to as “Gang/Counter-Gang.” The essence is that the orchestrating intelligence agency or military occupying force, whether the British Army in Kenya or the CIA in Afghanistan, de facto controls the actions of both sides in an internal conflict, creating small civil wars or gang wars to the aim of dividing the overall legitimate movement and creating the pretext for outside military force in what the US now has deceptively renamed as “Peace-Keeping Operations” or PKO. [18]

In his advanced course on American Military Intervention Since Vietnam, Grant Hammond of the US Air War College refers openly to Low Intensity Conflict aka Peace Keeping Operations as “war by another name.” [19]

We begin to see the bloody footprints of a not-so-well-disguised French recolonisation of former French Africa, this time using Al-Qaeda terror as the springboard to direct military presence for the first time in more than half a century. French troops will likely stay on to help Mali in a “peace keeping operation.” The US is fully backing France as AFRICOM’s “cat’s paw.” And Al Qaeda in the Islamic Maghreb and its spinoffs make the whole NATO military intervention possible.

Washington claimed to have been caught blind-sided by the military coup. According to press reports, a confidential internal review completed July 2012 by the Pentagon’s Africa Command (AFRICOM) concluded that the coup had unfolded too fast for American intelligence analysts to detect any clear warning signs. “The coup in Mali progressed very rapidly and with very little warning,” said AFRICOM spokesman, Col. Tom Davis. “The spark that ignited it occurred within their junior military ranks, who ultimately overthrew the government, not at the senior leadership level where warning signs might have been more easily noticed.” [20] That view is strongly disputed. In an off-the-record interview with The New York Times, one Special Operations Forces officer disagreed, saying, “This has been brewing for five years. The analysts got complacent in their assumptions and did not see the big changes and the impacts of them, like the big weaponry coming out of Libya and the different, more Islamic fighters who came back.” [21]

More accurate it seems, AFRICOM had been “brewing” the crisis for five years since it began operations in late 2007. Mali for the Pentagon is but the next building block in the militarization of all of Africa by AFRICOM using proxy forces like France to do the dirty work. The Mali intervention using France upfront is but one building block in a project for the total militarization of Africa whose prime goal is not capturing strategic resources like oil, gas, uranium, gold or iron ore. The strategic target is China and the rapidly growing Chinese business presence across Africa over the past decade. The goal of AFRICOM is to push China out of Africa or at least to irreparably cripple her independent access to those African resources. An economically independent China, so goes thinking in various Pentagon offices or Washington neo-conservative think-tanks, can be a politically independent China. God forbid! So they believe.

Part V: AFRICOM Agenda in Mali: Target China

The Mali operation is but the tip of a huge African iceberg. AFRICOM, the Pentagon’s US Africa Command was signed into existence by President George W. Bush in late 2007. Its prime purpose was to counter the dramatically growing Chinese economic and political influence across Africa. Alarm bells went off in Washington in October 2006 when the Chinese President hosted an historic Beijing summit, the Forum on China-Africa Cooperation (FOCAC), which brought nearly fifty African heads of state and ministers to the Chinese capital. In 2008, ahead of a twelve-day eight-nation tour of Africa—the third such journey since he took office in 2003—Chinese President Hu Jintao announced a three-year, $3 billion program in preferential loans and expanded aid for Africa. These funds came on top of the $3 billion in loans and $2 billion in export credits that Hu announced earlier.

Trade between China and African countries exploded in the ensuing four years as French and US influence over the “Dark Continent” waned. China’s trade with Africa reached $166 billion in 2011, according to Chinese statistics, and African exports to China – primarily resources to fuel Chinese industries – rose to $93 billion from $5.6 billion over the past decade. In July 2012 China offered African countries $20 billion in loans over the next three years, double the amount pledged in the previous three-year period. [22]

For Washington, making AFRICOM operational as soon as possible was an urgent geopolitical priority. It began operation on October 1, 2008 from headquarters in Stuttgart, Germany. Since the Bush-Cheney Administration signed the directive creating AFRICOM in February 2007, it has been a direct response to China’s successful African economic diplomacy.

AFRICOM defines its mission as follows: “Africa Command has administrative responsibility for US military support to US government policy in Africa, to include military-to-military relationships with 53 African nations.” They admit working closely with US Embassies and State Department across Africa, an unusual admission which also includes with USAID: “US Africa Command provides personnel and logistical support to State Department-funded activities. Command personnel work closely with US embassies in Africa to coordinate training programs to improve African nations’ security capacity.” [23]

Speaking to the International Peace Operations Association in Washington, D.C. on Oct. 27, 2008 General Kip Ward, Commander of AFRICOM defined the command’s mission as, “in concert with other US government agencies and international partners, [to conduct] sustained security engagements through military-to-military programs, military-sponsored activities, and other military operations as directed to promote a stable and secure African environment in support of US foreign policy.” [24]

Various Washington sources state openly, AFRICOM was created to counter the growing presence of China in Africa, and China’s increasing success, to secure long-term economic agreements for raw materials from Africa in exchange for Chinese aid and production sharing agreements and royalties. By informed accounts, the Chinese have been far shrewder. Instead of offering savage IMF-dictated austerity and economic chaos as the West has, China is offering large credits, soft loans to build roads and schools in order to create good will.

Dr. J. Peter Pham, a leading Washington insider and an advisor of the US State and Defense Departments, states openly that among the aims of the new AFRICOM, is the objective of, “protecting access to hydrocarbons and other strategic resources which Africa has in abundance … a task which includes ensuring against the vulnerability of those natural riches and ensuring that no other interested third parties, such as China, India, Japan, or Russia, obtain monopolies or preferential treatment.”

In testimony before the US Congress supporting creation of AFRICOM in 2007, Pham, who is closely associated with the neo-conservative think-tank, Foundation for Defense of Democracies, stated:

This natural wealth makes Africa an inviting target for the attentions of the People’s Republic of China, whose dynamic economy, averaging 9 percent growth per annum over the last two decades, has an almost insatiable thirst for oil as well as a need for other natural resources to sustain it. China is currently importing approximately 2.6 million barrels of crude per day, about half of its consumption;…roughly a third of its imports come from African sources…perhaps no other foreign region rivals Africa as the object of Beijing’s sustained strategic interest in recent years…

… many analysts expect that Africa—especially the states along its oil-rich western coastline—will increasingly becoming a theatre for strategic competition between the United States and its only real near-peer competitor on the global stage, China, as both countries seek to expand their influence and secure access to resources. [25]

To counter the growing Chinese influence across Africa Washington has enlisted the economically weak and politically desperate French with promises of supporting a French revival of its former African colonial empire in one form or another. The strategy, as becomes clear in the wake of the French-US use of Al Qaeda terrorists to bring down Ghaddafi in Libya and now to wreak havoc across the Sahara from Mali, is to foster ethnic wars and sectarian hatred between Berbers, Arabs, and others in North Africa—divide and rule.

It appears they have even co-opted an earlier French blueprint for direct control. In a groundbreaking analysis, Canadian geopolitical analyst and sociologist, Mahdi Darius Nazemroaya writes, “The map used by Washington for combating terrorism under the Pan-Sahel Initiative says a lot. The range or area of activity for the terrorists, within the borders of Algeria, Libya, Niger, Chad, Mali, and Mauritania according to Washington’s designation, is very similar to the boundaries or borders of the colonial territorial entity which France attempted to sustain in Africa in 1957. Paris had planned to prop up this African entity in the western central Sahara as a French department (province) directly tied to France, along with coastal Algeria.” [26]

The French called it the Common Organization of the Saharan Regions (Organisation commune des regions sahariennes, OCRS). It comprised the inner boundaries of the Sahel and Saharan countries of Mali, Niger, Chad, and Algeria. Paris used it to control the resource-rich countries for French exploitation of such raw materials as oil, gas, and uranium.

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French map of Sahara in 1958 compared with USAFRICOM Pan-Sahal Initiative map (below) of terror threat in Sahara today.
Source: GlobalResearch.ca)
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He adds that Washington clearly had this energy-rich and resource-rich area in mind when it drew the areas of Africa that need to be “cleansed” of alleged terrorist cells and gangs. At least now AFRICOM had “a plan” for its new African strategy. The French Institute of Foreign Relations (Institut français des relations internationals, IFRI) openly discussed this tie between the terrorists and energy-rich areas in a March 2011 report. [27]

The map used by Washington for combating terrorism under the Pentagon Pan-Sahel Initiative shows an area of activity for the terrorists, inside Algeria, Libya, Niger, Chad, Mali, and Mauritania according to Washington’s designation. The Trans-Saharan Counterterrorism Initiative (TSCTI) was begun by the Pentagon in 2005. Mali, Chad, Mauritania, and Niger were now joined by Algeria, Mauritania, Morocco, Senegal, Nigeria, and Tunisia in a ring of military cooperation with the Pentagon. The Trans-Saharan Counterterrorism Initiative was transferred to the command of AFRICOM on October 1, 2008. [28]

The Pentagon map is remarkably similar to the boundaries or borders of the colonial territorial entity which France attempted to sustain in Africa in 1957. Paris had planned to prop up this African entity in the western central Sahara as a French department (province) directly tied to France, along with coastal Algeria—the Common Organization of the Saharan Regions (Organisation commune des regions sahariennes, OCRS). It comprised the inner boundaries of the Sahel and Saharan countries of Mali, Niger, Chad, and Algeria. The plans were foiled during the Cold War by the Algerian and other African countries’ independence wars against French colonial rule, France’s “Vietnam.” France was forced to dissolve the OCRS in 1962, because of Algerian independence and the anti-colonial mood in Africa. [29] The neo-colonial ambitions in Paris however, did not vanish.

The French make no secret of their alarm over growing Chinese influence in former French Africa. French Finance Minister Pierre Moscovici stated in Abidjan last December that French companies must go on the offensive and fight the growing influence of rival China for a stake in Africa’s increasingly competitive markets. “It’s evident that China is more and more present in Africa…(French) companies that have the means must go on the offensive. They must be more present on the ground. They have to fight,” Moscovici stated during a trip to Ivory Coast. [30]

Clearly Paris had in mind a military offensive to back the economic offensive he foresaw for French companies in Africa.

Notes

[1] James Kirkup, David Cameron: North African terror fight will take decades, The Telegraph, London, 20 January 2013.

[2] Thierry Meyssan, Mali: One war can hide another, Voltaire Network, 23 January 2013.

[3] Staff Sgt. Nathanael Callon United States Air Forces in Europe/Air Forces Africa Public Affairs, US planes deliver French troops to Mali, AFNS, January 25, 2013.

[4] S. Alambaigi, French Defense Minister: 2000 boots on ground in Mali, 19 January 2013.

[5] Freya Petersen,France aiming for ’total reconquest’ of Mali, French foreign minister says, January 20, 2013.

[6] Christian v. Hiller, Mali’s hidden Treasures, April 12, 2012, Frankfurter Allgemeine Zeitung.

[7] Sources include private discussion with retired US military active in Africa.

[8] William Thornberry and Jaclyn Levy, Al Qaeda in the Islamic Maghreb, CSIS, September 2011, Case Study No. 4.

[9] Pepe EscobarHow al-Qaeda got to rule in Tripoli, Asia Times Online, August 30, 2011.

[10] Ibid.

[11] Jason Howerton, Rand Paul Grills Clinton at Benghazi Hearing: ‘Had I Been President…I Would Have Relieved You of Your Post,www.theblaze.com, Jan. 23, 2013.

[12] Craig Whitlock, Leader of Mali military coup trained in U.S., March 24, 2012, The Washington Post.

[13] Thierry Meyssan, op. cit.

[14] AFP, [Ivory Coast’s ex-President Gbagbo ‘arrested in Abidjan’ by French forces leading Ouattara troops, April 11th, 2011.

[15] Thierry Meyssan, op. cit.

[16] Cheick Dioura and Adama Diarra, Mali Rebels Assault Gao, Northern Garrison, The Huffington Post, Reuters.

[17] Frank E. Kitson, Low Intensity Operations: Subversion, Insurgency and Peacekeeping, London, 1971, Faber and Faber.

[18] C.M. Olsson and E.P. Guittet, Counter Insurgency, Low Intensity Conflict and Peace Operations: A Genealogy of the Transformations of Warfare, March 5, 2005 paper presented at the annual meeting of the International Studies Association.

[19] Grant T. Hammond, Low-intensity Conflict: War by another name, London, Small Wars and Insurgencies, Vol.1, Issue 3, December 1990, pp. 226-238.

[20] Defenders for Freedom, Justice & Equality, US Hands Off Mali An Analysis of the Recent Events in the Republic of Mali,. MRzine, May 2, 2012.

[21] Adam Nossiter, Eric Schmitt, Mark Mazzetti, French Strikes in Mali Supplant Caution of US, The New York Times, January 13, 2013.

[22] Joe Bavier, French firms must fight China for stake in Africa—Moscovici,, Reuters, December 1, 2012.

[23] AFRICOM, US Africa Command Fact Sheet, September 2, 2010.

[24] Ibid.

[25] F. William Engdahl, NATO’s War on Libya is Directed against China: AFRICOM and the Threat to China’s National Energy Security, September 26, 2011.

[26] Mahdi Darius Nazemroaya and Julien Teil, America’s Conquest of Africa: The Roles of France and Israel, GlobalResearch, October 06, 2011.

[27] Ibid.

[28] Ibid.

[29] Ibid.

[30] Joe Bavier, Op. cit.

jeudi, 14 février 2013

Le grand jeu sahélien

Analyse géopolitique : le grand jeu sahélien

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/
 
Tout était en place pour que le Mali s’effondre et que le Sahel explose. Affaibli par les politiques d’austérité du FMI, longtemps paralysé par la Françafrique, victime du réchauffement climatique et de multiples sécheresses, le Mali est devenu l’une des pièces centrales du nouveau grand jeu sahélien. Revendication touarègue, djihadistes enrichis par le narcotrafic, déstabilisation libyenne et ambiguïtés algériennes, financements occultes saoudiens, stratégie à court terme des États-Unis et de l’Union européenne… Voici toutes les raisons de la guerre.

 

 

Nous sommes en 1960, le Mali accède à l’indépendance. Le premier président malien, Modibo Keïta, instituteur et panafricaniste, élu démocratiquement, a à peine le temps d’entamer une profonde réforme agraire avant d’être renversé en 1968 lors d’un coup d’état mené par Moussa Traoré, soutenu par la France. Durant les vingt-trois ans d’un règne sanglant, ce dernier bénéficiera constamment du soutien de tous les gouvernements français. La Françafrique dans toute sa laideur. Moussa Traoré recevra également le soutien du FMI et de la Banque Mondiale dont il appliquera les directives de « plans d’ajustement structurel ». Aggravant ainsi la situation économique et sociale de son pays.

Sécheresses, sous-développement et rébellion dans le nord

Moussa Traoré ne se contente pas d’appauvrir et d’affamer son peuple, il mène aussi une forte répression contre la minorité Touareg du Mali. Les Touaregs représentent environ 2 % de la population malienne [1]. Ils sont également présents au Niger, au Burkina-Faso, en Mauritanie, en Libye et en Algérie. Ils connaissent parfaitement toute la bande sahélienne et gardent, pour un grand nombre d’entre eux, un mode de vie nomade. Ils refusent d’être incorporés dans des structures étatiques et restreints par des frontières nationales qu’ils contestent. Et revendiquent le Nord Mali – l’Azawad – comme territoire indépendant. Une spécificité niée par le découpage des frontières coloniales. Les principales organisations armées touarègues sont le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), Ansar Dine et un tout récent groupe issu de la scission de ce dernier, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), dont le leader se revendique « malien et contre toute forme de terrorisme » [2]

Le réchauffement climatique

La longue lutte du « peuple du désert » s’analyse aussi par les enjeux climatiques : un siècle de détérioration des terres arables, grignotées par le désert malgré les « ceintures vertes », et de longues sécheresses, qui ont bouleversé le modèle pastoral des Touaregs. Les sécheresses de 1968, 1974 et 1985 affamèrent des milliers de Touaregs et les poussèrent dans les villes du sud du Mali. L’année 2012 n’a pas manqué à la règle et a été marquée par une grande sécheresse, amplifiée par le dérèglement climatique.

Peu de temps après le déclenchement de la deuxième rébellion touarègue de 1990, le dictateur Moussa Traoré est renversé par un autre militaire, Amadou Toumani Touré, dit ATT. Il met fin à la dictature ainsi qu’à la guerre contre la rébellion touarègue en signant les accords de Tamanrasset de 1992, qui prévoient la démilitarisation du nord, une décentralisation de l’État et des investissements pour aider au développement de la région, délaissée depuis deux décennies.

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La dette et le FMI

C’était oublier la dette. La jeune démocratie malienne, menée par Alpha Oumar Konaré, est empêtrée dans le remboursement d’une dette de près de 3 milliards d’euros, équivalente au PIB annuel du pays. Une dette largement héritée de la dictature militaire : de 1968 à 2001, elle a été multipliée par 30 ! Près de 60 % des recettes fiscales du Mali servent à payer le service de la dette (l’emprunt et les taux d’intérêt) au FMI, empêchant le paiement des salaires, aggravant les inégalités territoriales et la pauvreté. Il faut attendre 2005, pour que le G8 décide d’annuler la moitié de la dette du Mali. Trop tard…

Les fourches caudines du FMI et de la Banque mondiale déstabilisent profondément la société malienne et ses paysans. Le pays perd sa souveraineté alimentaire : il importe les trois quarts des céréales qu’il consomme. Les maliens sont systématiquement poussés à l’exode : des villages vers les villes, du Mali vers la France. La diaspora malienne à l’étranger représente la première source de devises étrangères au Mali.

Malgré un Programme de soutien au développement du nord, doté de 300 millions d’euros, le gouvernement malien ne peut tenir ses engagements. Et en dépit de nouveaux accords de paix signés à Alger, les troubles s’intensifient à nouveau en 2006, puis en 2009. La rébellion touarègue, désormais alliée de circonstance de groupes armés islamistes venus d’Algérie, s’emparent de Kidal (Nord-est) et Menaka (région de Gao), entraînant le redéploiement des forces maliennes au Nord. L’escalade commence.

L’arrivée des djihadistes

De nouveaux acteurs contribuent à fragiliser encore davantage une région déjà explosive. Aux indépendantistes touaregs « laïcs », s’ajoutent des groupes « salafistes » et « djihadistes ». Le plus connu se fait appeler Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Essentiellement composé d’Algériens et de Mauritaniens, AQMI est né sur ce qui reste du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Un mouvement initialement algérien, né pendant la guerre civile, encore plus radical que le Front islamique du salut, et dont les liens avec les services secrets de ce pays ont toujours été troubles. AQMI et ses satellites se déplacent avec de l’essence qui ne peut venir que d’Algérie. Les mêmes routes voient transiter armes et matériel. Dont des missiles issus des arsenaux libyens après la chute du régime de Kadhafi en 2011.

Le Sahel : arrière-cour de Kadhafi et des généraux algériens

Le régime des généraux algériens considère le Sahel comme l’un de ses prés carrés stratégiques. Il n’a jamais stoppé son influence, directe ou indirecte, sur les 1 400 kilomètres de frontière que l’Algérie partage avec le Mali. Certains analystes comparent le double jeu des services secrets algériens dans le Sahel à l’attitude des services secrets pakistanais, vis-à-vis des talibans afghans.

L’Algérie n’est pas seule au Sahel. Elle s’est confrontée à l’influence de la Libye de Kadhafi. Pendant des années, le défunt colonel a poussé ses pions dans la région. Recevant par vagues successives une partie des combattants touaregs qu’il a soit intégrés à des unités spéciales libyennes, soit structurés autour de groupes touaregs spécifiques. En 1981, Kadhafi est à l’origine du mouvement fantoche « Front populaire pour la libération du Sahara ». « Pour manipuler les Touaregs, dont le MNLA, il suffisait à Kadhafi d’héberger dans ses hôtels quelques leaders touaregs pendant quelques jours, de boire un thé et du lait et puis de leur remettre des enveloppes pleines de dollars », raconte un ancien du mouvement.

Quand l’Europe finance indirectement les groupes armés

La Libye de Kadhafi a signé des accords avec l’Union européenne en vue de contenir les dizaines de milliers de migrants africains qui transitaient par la Libye pour tenter d’accéder aux côtes européennes. Avec l’aide de Frontex, l’agence quasi-militaire européenne de gestion des migrants, Kadhafi a non seulement créé des camps de rétention, mais il a généralisé les expulsions des migrants africains vers le désert. Du pain béni pour les filières de trafic humain, majoritairement contrôlées par les groupes armés et djihadistes sévissant dans le Sahel. Ce trafic demeure une source majeure de leur financement. Ces groupes ont ainsi pu continuer de s’armer au su et au vu des services de sécurité français, allemand ou italien présents légalement sur le territoire libyen.

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Accaparement de terres : un facteur de guerre ?

Kadhafi et son régime, ne se sont pas contentés de distribuer des dollars à quelques chefs touaregs. Ils ont également investi dans de nombreux projets au Mali. Investissements qui ont créé de profonds déséquilibres au sein de l’économie malienne : du fait de la dépendance qu’ils instituent, et des dégâts sociaux et environnementaux qu’ils causent. En 2008, Kadhafi utilise un fonds d’investissement libyen « dédié » à l’Afrique pour créer la société Malibya Agriculture. Celle-ci achète secrètement plus de 40 000 hectares le long du fleuve Niger, dans la région de Ségou, entre Bamako et Mopti. Objectif : y cultiver du riz et des agrocarburants. Avec l’aide de contractants chinois, des canaux d’irrigation de dizaines de kilomètres sont construits, mettant en danger la biodiversité et la survie des paysans locaux, à la fois privés de leurs terres et de leur eau.

Les conséquences non maîtrisées de la chute de Kadhafi

En plus de ces investissements lourds, Kadhafi multiplie les financements à petite échelle : écoles, dispensaires ou routes dans l’ensemble du Mali. Lorsque Kadhafi et son régime disparaissent, ce sont d’un côté de très nombreuses armes et des centaines d’hommes aguerris qui s’exilent dans le Sahel ; et de l’autre, des flux de plusieurs centaines de milliers d’euros qui se tarissent. Pour un pays dont plus de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour, c’est une importante manne qui s’envole. Après avoir appuyé militairement le renversement du régime libyen, les puissances de l’Otan auraient dû prévoir ce vide causé par la chute du colonel et le combler. Cela n’a pas été fait.

Le business des prises d’otages

Une partie des mouvements opérant au Sahel compensent cette perte de ressources en accroissant leur implication dans les trafics. Aux filières clandestines de migration, se substitue le kidnapping. Toujours en 2008, près de cinq millions d’euros sont versés à AQMI en échange de la libération de deux touristes autrichiens (une rançon démentie officiellement par le gouvernement autrichien). La même année, deux diplomates canadiens sont kidnappés et libérés dans les mêmes conditions. Un chantage que n’accepteront plus la France, après avoir négocié la libération de Pierre Camatte en 2010, encore moins l’Algérie comme on l’a vu lors de la prise d’otage du site gazier d’In Amenas. « Les procédures algériennes et françaises s’unifient de plus en plus dans le refus de sauver les otages et d’accepter de les sacrifier en refusant le chantage des djihadistes », note Alain Joxe, chercheur en géopolitique et directeur du Centre interdisciplinaire de recherches sur la paix et d’études stratégiques (Cirpes).

Les narcotrafiquants latino-américains

Au kidnapping s’ajoute un important trafic de drogue, d’une envergure phénoménale. En 2008, les forces maliennes ont réussi à saisir 750 kilos de cocaïne, dont la revente équivaut à plus d’un tiers du budget de l’armée malienne ! En novembre 2009 c’est carrément un Boeing 727 plein de cocaïne qui se crashe en tentant de re-décoller du désert malien. Avec un équipage composé de nigérians, l’avion, enregistré en Guinée-Bissau, a effectué de fréquents vols entre l’Afrique de l’Ouest, le Mexique, la Colombie et le Venezuela [3]. Les narcotrafiquants latino-américains ont fait de l’Afrique de l’Ouest la plaque tournante du trafic de stupéfiants vers l’Europe. Selon certains experts, près de 60 % de la cocaïne consommée en Europe occidentale – d’une valeur marchande de près de 18 milliards de dollars – transiterait par l’Afrique de l’Ouest. Avant que ne soit fantasmée et utilisée la crainte d’attentats terroristes perpétrés sur le sol français par AQMI, le gouvernement français, l’Union européenne et les États-Unis auraient du tout mettre en œuvre pour endiguer ce phénomène.

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Les pétrodollars saoudiens et qataris

Une dernière source de financement des acteurs de la région – et un autre facteur de déstabilisation – est l’argent qui vient du Golfe persique. Des intérêts saoudiens et qataris soutiennent financièrement des djihadistes salafistes du Sahel. Comparée au kidnapping, à l’arsenal libyen et au trafic de drogue, cette ressource n’est pas la plus importante. Elle pose cependant la question fondamentale de la politique différenciée des États occidentaux. L’Arabie Saoudite et le Qatar sont présentés par les États-Unis et la France comme des alliés stratégiques, notamment dans la lutte contre le régime tyrannique syrien, ainsi que dans le maintien du système financier international, sensiblement alimenté par les milliards des fonds souverains des puissances pétrolières. De l’autre, des membres de ces deux pays financent sans scrupules des groupes « salafistes djihadistes surarmés » comme les qualifie Alain Joxe. Des groupes qui déstabilisent, notamment, le Mali, le Niger, le Nigeria, voire la Tunisie.

Leur objectif : soutenir partout – de l’Indonésie au Nigeria – une vision wahhabite de l’Islam. Elle s’oppose ainsi à la vision de l’Islam majoritairement syncrétique des Maliens. Les fortunes saoudiennes et qataries qui financent ces groupes salafistes ont aussi été profondément perturbées par les révolutions arabes. Elles ont eu des effets jusque dans le golfe persique. Où, comme à Bahreïn, les soulèvements ont été réprimés dans le sang et une quasi-indifférence médiatique [4]. Ils sont résolus à tout mettre en œuvre pour empêcher qu’émerge un modèle démocratique et musulman qui marquerait la fin des régimes dictatoriaux et monarchiques. Avec, de fait, l’aval implicite des États-Unis et de la France.

Une corruption généralisée

Au Mali, ni le président Konaré, ni le président Touré n’ont lutté contre la corruption généralisée du pays. Pire, il semble qu’ils aient entretenu la corruption au sein de l’armée comme de l’Etat. En 2011, dans le rapport de l’ONG Transparency International sur l’état de la corruption dans le monde, le Mali se retrouve à la 118ème place, sur 184 pays analysés, pour l’indice de perception de la corruption, reculant de 22 places. C’est d’abord face à cette corruption généralisée que le capitaine Bakary Sanogo a justifié le putsch du 22 mars 2012 qui a renversé le président malien, sous l’œil plutôt compatissant de la société civile et des partis politiques maliens, et alors que les soldats maliens étaient mis en déroute au nord du pays.

L’échec du modèle français et américain de sécurité

Pourtant, France et États-Unis ont sensiblement investi dans l’armée malienne. Elle bénéficie de programmes spécifiques pour se moderniser. Depuis 1998, la France, suivi par l’Union européenne, a mis en œuvre l’initiative Recamp (« Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix ») en Afrique en général et au Mali en particulier. Recamp était censé « soutenir des actions de formation de cadres et d’unités en vue d’opérations de maintien de la paix, organiser des exercices au profit de ces unités africaines formées et entraînées, et enfin fournir équipements et matériels aux forces africaines qui seraient réellement engagées pour une opération de maintien de la paix sur le continent africain », explique le général de division Michel Klein, de la Fondation pour la recherche stratégique. En dépit des millions d’euros, et alors que Recamp a longtemps été vanté comme un modèle de stabilisation, les capacités de l’armée malienne ne se sont pas renforcées. Loin de là.

Les États-Unis ne sont pas en reste. Le 11 septembre 2001 et l’émergence de la Chine accélèrent l’implication états-unienne en Afrique de l’Ouest. L’administration Bush lance l’initiative pan-sahélienne (Pan Sahel Initiative), qui devient en 2005 la « Trans-Sahel Counterterrorism Initiative » [5]. Elle intègre les Etats sahéliens plus le Nigeria et le Ghana, pour une dépense globale de plus de 500 millions de dollars. La majeure partie de cette aide est constituée d’ouverture de crédits en vue d’acheter du matériel militaire américain. Les opérations états-uniennes en Afrique, des drones décollant de Djibouti aux avions cargos atterrissant en Mauritanie, sont coordonnées depuis l’African Command, créé en 2007 et situé en Allemagne.

A l’instar de l’exemple français, le modèle américain de sécurité pour le Mali est un échec. Pire, il est peut-être à l’origine de l’accélération du conflit. Car, dans la poursuite de la « War On Terror » (Guerre au terrorisme) de Bush, Washington concentre son attention sur les aspects militaires, ignorant la réalité politique et même sociale des pays concernés, dont les questions de la corruption et de la pauvreté. Anecdote révélatrice : les forces spéciales US ont formé des combattants qui se sont retrouvés dans les deux camps. A Bamako, le putschiste Sanogo est un pur produit de l’armée états-unienne : il a été formé au Defense Language Institute entre 2005 et 2007, avant de suivre une formation en renseignement militaire (US Army Intelligence Program) en 2008, et une formation plus conventionnelle d’officier courant 2010. Plusieurs combattants ayant bénéficié de l’entraînement des forces spéciales ont quitté l’armée malienne pour rejoindre les groupes armés du nord et leur offrir leur savoir-faire…

Epervier

Le Mali, au cœur d’un nouveau « grand jeu » ?

Le Mali semble être l’un des terrains de prédilection d’un nouveau « grand jeu » en matière de lutte d’influences, en vue de conquérir et de maintenir des points stratégiques. A l’instar des alliances et des retournements d’alliances au sein des forces qui avaient conquis le nord du pays, les puissances s’allient et se concurrencent conjoncturellement. La France depuis l’époque coloniale, l’Algérie, la Libye du temps de Kadhafi, les États-Unis et la Chine s’intéressent aux richesses maliennes ou à celles auxquelles le contrôle de son territoire donne accès : en particulier les gisements présumés d’uranium et de diamants situés dans les sous-sols de Kidal au Nord, les terres arables du Sud, les importantes ressources en fer mauritaniennes, ou l’uranium nigérien, exploité par Areva et désormais protégé par les forces spéciales françaises. Et plus loin le pétrole nigérian et tchadien ou le gaz algérien.

Si la France n’était pas intervenue, que ce serait-il passé ? Nombre de Maliens reconnaissent que les rebelles djihadistes auraient marché sur Bamako et se seraient emparés du pouvoir. Mais la France intervient pour éteindre un feu qu’elle a en partie contribué à allumer et alimenter. Maintenant qu’une partie du Nord est sous contrôle malien et français, que va-t-il se passer ? « Cette opération devrait être accompagnée d’une proposition de mutation dans l’aide proposée au Mali. Le discours purement militaire ne saurait suffire, souligne Alain Joxe. Si Hollande veut réellement rompre avec la Françafrique, il va devoir démontrer qu’il va, au-delà du discours de lutte contre le terrorisme, se donner les moyens pour lutter contre les narcotrafics et le financement international des djihadistes. » Seul un scénario qui permettra au peuple malien de renouer le dialogue, notamment en vue de régler la question touarègue, et de reprendre un contrôle sur ses institutions – politiques, judiciaires et militaires – permettra de sortir durablement de cet effondrement.

Eros Sana

Photo : ministère de la Défense

 

Notes

[1] Et 10 % au Nord, où vivent également Belas, Songhaïs, Peuls, Maures et Arabes.

[2] Dans un rapport, Amnesty international décrit l’ensemble des exactions et graves violations des droits humains dont sont responsables le MLNA et Ansar Dine : http://www.amnestyusa.org/news/news…

[3] The Globe and Mail, 13 avril 2012

[4] Bernard Dréano, La perle et le colonel, éditions Non lieu.

[5] Qui devient ensuite Trans-Sahel Counterterrorism Partnership.

dimanche, 10 février 2013

NATO Charts Out Global Role

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Sahel To Central Asia: NATO Charts Out Global Role

Rasmussen: NATO Must be Ready for Any Future Threat

By Cheryl Pellerin

Ex: http://rickrozoff.wordpress.com/

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“Missile defense is a core element of our collective defense,” [Rasmussen said], “and the deployment of Patriot missiles to Turkey is a real response to a real threat.”

Many European allies contribute to NATO’s missile defense system, but Rasmussen said he can envision European navies upgrading their ships with missile defense radars and interceptors so they can deploy alongside United States vessels.

To make sure that NATO remains the gold standard of Euro-Atlantic security into the 21st century, he said, the alliance must build on its gains from operations like its International Security Assistance Force mission in Afghanistan “rather than cash in what some may perceive as a post-ISAF dividend.”

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MUNICH: On the second day of the Munich Security Conference, NATO Secretary-General Anders Fogh Rasmussen told the international audience here that the end of the war in Afghanistan gives the alliance a chance to plan for the future.

The end in 2014 of NATO’s biggest operation gives NATO a chance to generate key capabilities, engage robustly with new geopolitical realities and rebalance its priorities and commitments, he said.

“In other words, an opportunity to plan for the future,” Rasmussen said, adding that such a plan must determine what NATO will do next, how NATO will do it, and what kind of alliance it will be.

“We will continue to respond to crises whenever and wherever the allies judge their security interests are at stake because this is our core business,” the secretary-general said.

“When I look at our world, I see an arc of crises stretching from the Sahel to Central Asia,” he added, “[but]…this does not mean we will have to intervene everywhere nor that we are set for confrontation. But it does mean we must stand ready to deter and defend against any threat.”

Rasmussen said NATO must keep its operational edge and retain a complete range of capabilities, with increased importance for missile and cyber defense and special operations forces.

“Missile defense is a core element of our collective defense,” he added, “and the deployment of Patriot missiles to Turkey is a real response to a real threat.”

Many European allies contribute to NATO’s missile defense system, but Rasmussen said he can envision European navies upgrading their ships with missile defense radars and interceptors so they can deploy alongside United States vessels.

“We must also improve our cyber resilience,” he said, describing a potentially critical role for NATO in defining a common training approach among allies and in providing expert help to allies who come under cyber attack.

“We will also need forces with the skills and speed to act decisively,” Rasmussen said, envisioning a vital role for NATO’s new Special Operations Forces Headquarters in planning and coordinating missions and improving the ability of allied special operations forces to work together.

To make sure that NATO remains the gold standard of Euro-Atlantic security into the 21st century, he said, the alliance must build on its gains from operations like its International Security Assistance Force mission in Afghanistan “rather than cash in what some may perceive as a post-ISAF dividend.”

A better choice is to reinvest the ISAF dividend in defense for a maximum return, Rasmussen said, including through NATO’s Connected Forces – which seeks to create forces that act and think as one – and its Smart Defense initiatives.

NATO’s multinational response force can deploy quickly when needed, but Rasmussen wants the alliance to revitalize that force, he said, “to keep our ability to train and operate together as allies and with partners, take advantage of the United States’ decision to rotate dedicated units to Europe and conduct more demanding, realistic and frequent exercises.”

The NATO Response Force should become the engine of the alliance’s future readiness, he added, and multinational cooperation is key to keeping costs down and capabilities strong.

Rasmussen sees NATO connecting more closely with the alliance’s most able operational partners, reinforcing its cooperation with the United Nations and the European Union, deepening its strategic relationship with Russia and shifting from operational engagement to operational readiness.

Such readiness and flexibility come at a cost, he added.

“In the decade since 2001, the U.S. share of NATO defense expenditure has increased from 63 percent to 72 percent,” the secretary-general said, and in the last few years all but three European allies have cut their defense budgets.

“I am concerned about this gap in defense spending but I am even more concerned by the gap in some key capabilities,” he added.

To correct this, Rasmussen said, he would like to see the alliance moving toward a day when no single ally provides more than 50 percent of certain critical capabilities.

“This will require European allies to do more,” Rasmussen said, adding that a strong European contribution to NATO’s capabilities will sustain a strong U.S. commitment to NATO.

All allies must also show the political will to support each other, living up to NATO’s role as the political forum for transatlantic consultations on common security concerns, he said, “…because now and after 2014, we can only stay successful together.”

samedi, 09 février 2013

Qatar als de spin in het Afrikaanse web

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Qatar als de spin in het Afrikaanse web

door Willy Van Damme

Ex: http://www.uitpers.be/

Volgens het Algerijnse dagblad Le Temps d’ Algérie, dat een bericht van het doorgaans goed ingelichte Franse weekblad Le Canard Enchaîné citeerde, financieren de emirs uit Qatar de verschillende rebellengroepen die recent zowel Noord-Mali veroverden als een aanval lanceerden op de Algerijnse gasinstallaties van In Ramenas.

Geld van Qatar

Het Franse weekblad baseert zich daarvoor op een rapport van midden vorig jaar van de Franse militaire geheime dienst, de Direction du Renseignement Militaire français (DRM), dus niet zolang na het aantreden van de nieuwe regering van president François Hollande. Ook de Franse buitenlandse veiligheidsdienst DGSE (de Direction Générale de la Sécurité Extérieure) waarschuwde vorig jaar al in diezelfde zin.
Daarbij zou Qatar volgens dit rapport zelfs alle drie de daar actieve salafistische bewegingen financieren, naast dan nog de Toearegs van de Mouvement Nationale pour la Liberation du Azawadi (MNLA), een klassiek nationalistische en niet-religieuze beweging. Deze werd echter snel bij het uitbreken van de opstand fysiek door haar salafistische rivalen uitgeschakeld.
De financiële en andere steun zou echter vooral naar de andere in Mali en de wijde regio opererende salafistische groepen gaan zoals Al Qaeda in de Islamitische Maghreb en de Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’ouest (Mujao) en Ançar Dine (Verdedigers van het Geloof).
Men kan dan ook vermoeden dat Mokthar Belmokthar, de man achter de raid op In Ramenas, eveneens kan rekenen op de vrijgevigheid van gasproducent Qatar. Hij werkt immers vanuit Libië - hij werd zelfs opgemerkt in de hoofdstad Tripoli - waar de invloed van Qatar erg groot is. En de raids op In Ramenas en Mali zijn met elkaar verbonden.

Wee de opposant

Deze groepen installeerden in Noord-Mali dan een salafistisch terreurbewind waar elke vorm van muziek, dans en vormen van niet-salafistische religies brutaal werden verboden, ook dus andere vormen van islam. Met daarbij het vernielen van niet-salafistische islamitische heiligdommen en het vermoorden en folteren van tegenstanders.
Qatar is een klein schiereiland grenzend aan Saoedi Arabië dat in wezen een soort van gigantische aardgasbel is. Het profiteert dan ook voluit van de dure gasprijzen, vooral een gevolg van de onrust rond o.m. eerst Irak en Iran. Onrust die hen dus opvallend genoeg zeer goed uitkomt.
Het door de Britten gecreëerde land is in de praktijk zowat het private eigendom van de familie al Thani die schatrijk is en als het ware geen blijf weet met de honderden miljarden dollars die ze met hun aardgas verdienen. Het land is een van de grootste aardgasproducenten ter wereld.
Van enige vorm van democratie is er in Qatar dan ook geen sprake. Emir sjeik Hamad bin Khalifa al Thani regeert als een absolute vorst, een beetje in de stijl van de Franse Lodewijk XIV, de Zonnekoning. Wee de opposant.

Al Jazeera

Alle posten van enig belang in het land worden trouwens ingenomen door leden van deze zeer grote familie. Premier en minister van Buitenlandse Zaken is zijn neef Hamad bin Jassim Jabir al Thani. Ook de gekende TV-zenders Al Jazeera en Al Jazeera English werken onder de strikte leiding van de familie.
Zoals bleek uit de rapporten van Wikileaks grijpt dit toezicht op deze televisiezenders plaats in nauwe samenwerking met de Amerikaanse ambassade in de hoofdstad Doha en de Amerikaanse militaire veiligheidsdienst DIA.
Daarbij is er zelfs sprake van micromanagement van de nieuwsuitzendingen zoals bij de keuze van de studiogasten, de onderwerpen en het woordgebruik. Alles grijpt plaats in geheim overleg tussen de VS en de familie Al Thani.
Qatar is samen met het naburige Bahrein ook een thuisbasis voor het Amerikaanse leger daar. Het land speelt verder een sleutelrol bij de omverwerping van de seculiere regimes in Libië, Tunesië, Egypte en Syrië.

Religieuze netwerken

Daarbij maakt het, zoals ook Saoedi Arabië, handig gebruik van haar tot in de kleinste Arabische gehuchten geïnfiltreerde netwerk van imams en religieuze instellingen. Naast dan de gasdollars waarover het zeer rijkelijk kan beschikken en waarmee men probleemloos mensen koopt.
Een netwerk dat zoals gezien zeer nuttig bleek bij de uitbouw van allerlei islamitische bewegingen, de een al extremer en gewelddadiger dan de andere. Uit recent verschenen verhalen in o.m. de Amerikaanse media bleek bovendien dat Qatar en de VS hier zeer nauw samenwerkten.
Zo begon Qatar, en Saoedi Arabië, pas met het leveren van wapens aan de Libische rebellen nadat de VS daarvoor het licht op groen gezet. Waarbij de wapens in essentie vooral gingen naar salafistische groepen. Zonder dat de VS voor zover geweten daarover ooit protesteerde.
Voor een virtueel failliete VS is dit natuurlijk een godsgeschenk. Zonder veel kosten te doen kan men zo meer greep krijgen op de regio en Israël meer ademruimte geven. Qatar en Saoedi Arabië betalen gewoon de rekening en zorgen voor een leger dat men zo ideologisch motiveerde dat ze er bijna gratis op los schieten.

Een uitgelachen Alain Winants

Dat mensen als een Alain Winants van onze Staatsveiligheid waarschuwen voor de gevolgen van dit waanzinnig beleid neemt men er dan maar bij. Onze beleidsmensen lachen hem in wezen in het publiek gewoon uit.
Voor Frankrijk dat zijn controle over het grondstofrijke – er zijn door Franse bedrijven o.m. ontgonnen goud- en uraniummijnen – Mali dreigde te verliezen was dit een ramp in wording. En dat die salafistische groepen na hun veroveringstocht in de islamitische wereld niet gaan stoppen en ook Europa viseren zou onze politici toch duidelijk moeten zijn.
De steun van Qatar aan die rebellengroepen verklaart natuurlijk veel van wat we publiek over de gebeurtenissen te zien en ter horen krijgen. Zo hebben zowel Qatar als de Egyptische president Morsi zich verzet tegen de Franse militaire interventie.
Morsi kan op dit ogenblik alleen maar aan het bewind blijven dankzij een bijna continue stroom van Qatarese dollars. Egypte staat financieel en economisch immers aan de afgrond en zonder die miljarden lijkt een verkiezingsnederlaag voor Morsi en zijn vrienden onvermijdelijk. En dat zou een ramp zijn voor Qatar.

Met lange tanden

En de rol van Qatar verklaart vermoedelijk ook waarom de VS en Groot-Brittannië maar na heel lang aarzelen en met zeer lange tanden Frankrijk militair ter hulp schoten. Hulp die dan nog alleen als symbolisch kan omschreven worden. Qatar gaat die groepen in Noord-Afrika immers niet financieren zonder Amerikaanse goedkeuring. Dat bleek o.m. uit het verhaal rond Libië.
En als de Franse veiligheidsdiensten DRM en DGSE weet hebben van de rol van Qatar dan hebben de Amerikaanse veiligheidsdiensten die informatie ook. En tot heden hebben de VS hierover voor zover gekend nooit ruzie met Qatar gemaakt.
Qatar wordt trouwens door de VS gezien als een trouwe zeer goede bondgenoot. Wat bleek toen Al Jazeera English recent in de VS de rechten van de televisiezender van Democratisch politicus Al Gore mocht overnemen.
Het is hierbij ook essentieel te herinneren aan de nauwe samenwerking tussen de vorige Franse president Nicolas Sarkozy en de familie al Thani rond o.m. Libië. Beiden traden hier op als een soort haantje de voorste. De familie is ook eigenaar van de Franse voetbalclub Paris Saint-Germain en kocht o.m. de Luxemburgse dochters van onze banken KBC en Dexia.

De moord op Kadhaffi

Sarkozy wou kost wat kost Kadhaffi doen vermoorden en laat zijn land en de rest van de wereld nu met de gevolgen achter. Nochtans kon iedereen die wat nadacht zo zien wat er na de moord op Kadhaffi in Libië zou gebeuren. Het is een mislukte staat – a failed state –waar van centraal gezag amper sprake is en gewapende bendes de dorpen en steden onveilig maken.
Het lijkt er verder dan ook op dat de VS geen bezwaar had tegen die salafistische machtsovername in Noord-Afrika, Mali incluis. In Algerije moet men stilaan dan ook echt schrik beginnen te krijgen.
Na Syrië is dit samen met Libanon het enige seculiere bewind dat in de Arabische wereld overblijft. De stroom van gas- en oliedollars van de salafistische heersers op het Arabisch schiereiland voorspelt daarom niets goeds voor de seculiere Arabische wereld. Wat er was aan mensenrechten lijkt nu helemaal te verdwijnen.
Verder dreigt Frankrijk als militaire en economische mogendheid uit Afrika te verdwijnen. Zo kondigde The New York Times deze week aan dat de VS denkt om een nieuwe militaire basis te bouwen in of Niger of Burkina Faso, twee Franse oud-kolonies. En de VS zit nu al met een grote basis in Djibouti, een andere Franse gewezen bezitting in de regio.

Paniek breekt uit

In Frankrijk begint men dan ook meer en meer openlijk te protesteren tegen deze gang van zaken. Hoe waanzinnig is het als men in Syrië en elders salafisten steunt die nadien – zoals deze week gebeurde – bedreigingen uiten tegen o.m. Frankrijk en andere Europese landen?
Tijdens de maandag in Parijs gehouden conferentie van de zogenaamde ‘Vrienden van Syrië’ klonk de Franse minister van Buitenlandse Zaken Laurent Fabius in het publiek dan ook zeer paniekerig. Zo schreef the Washington Post van 29 januari:
French Foreign Minister Laurent Fabius told an emergency gathering of representatives of 50 nations that Syria faces collapse and the “risk of extremist groups gaining ground” in the Middle East.
“The chaos is not tomorrow, it is today,” he said, according to reports from the meeting.
De Franse minister van Buitenlandse Zaken, Laurent Fabius, stelde op een spoedbijeenkomst van 50 landen dat Syrië dreigt ineen te storten met daarbij “het risico dat extremistische groepen terrein winnen” in het Midden Oosten.
“De chaos is er niet morgen maar al vandaag”, aldus de minister volgens verslagen van die conferentie.
Nog een beetje en hij komt de Syrische president Assad op zijn knieën om vergiffenis vragen omdat hij die salafisten mee bewapende. Wat we dus zien lijkt het begin van de ineenstorting van de westerse strategie in het Midden Oosten om overal in de regio nieuwe Al Qaeda’s te bewapenen. De waarschuwing van o.m. een Alain Winants komt dus uit.
Verklaart dit de mededeling van vorige donderdag van Moaz Alkhatib, nieuwbakken door o.m. de VS aangestelde voorzitter van die rebellencoalitie, dat hij mits voorwaarden met gezanten van president Bashar al Assad wil onderhandelen? Dit terwijl de statuten van die pas een paar weken oude coalitie elk gesprek met Assad en zijn regering verbieden.
Een visie waarvoor hij intern bakken kritiek kreeg maar die hij voorlopig zo te zien politiek overleefde. Maar ook met als resultaat dat hij ultrasnel al zaterdag met Rusland, VN-gezant Lakhdar Brahimi en de VS aan tafel gaat zitten. Sommigen zijn zo te zien gehaast!
En Qatar … die mag in de nabije toekomst zowel de wereldbeker voetbal als de Olympische Spelen organiseren. En hierover zal men vermoedelijk noch in de EU, noch in de VS problemen maken zoals dat ze dat ooit wel deden met China en Rusland. En kortelings mogen onze renners er zelfs zorgeloos weer enkele rondjes rijden. Niemand stelt zich toch vragen.


 Willy Van Damme

dimanche, 03 février 2013

P. Vial: le droit à l'identité touareg...

Une Terre, un Peuple : le droit à l'identité touareg...

Un communiqué de Pierre Vial :

Touareg-lanceFEN.jpgConformément à la ligne qui a toujours été la sienne, le mouvement Terre et Peuple affirme et défend le droit à l’identité du peuple touareg, qui doit se traduire par la reconnaissance d’un Etat de l’Azawad.

Reconnaissance qui doit être le fait de l’Etat malien (mais qui est représenté en réalité par qui aujourd’hui ?), de la France et de la communauté internationale. Seule cette reconnaissance, qui doit s’accompagner d’une protection active de la population touareg, menacée par les exactions de l’armée malienne, peut permettre de stabiliser la situation dans le Sahel et de marginaliser au maximum les islamistes qui essayent d’exploiter à leur profit les légitimes revendications des Touaregs.

samedi, 02 février 2013

Qui sont les Touaregs ?

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Entre traditions nomades et réalités du désert, qui sont les Touaregs ?

 

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

Les Touaregs ont suscité chez les premiers explorateurs des jugements positifs ou négatifs, mais jamais neutres. Ce sont des hommes de confiance qui ne renient jamais leur parole, dit Henri Duveyrier dans son ouvrage publié en 1864, Les Touaregs du Nord. Pour Félix Dubois, dans Tombouctou la mystérieuse, édité en 1897, ils ne sont au contraire que de lâches pillards qui n’attaquent que quand ils sont sûrs de leur supériorité. On ne peut aujourd’hui évoquer les Touaregs sans que s’interposent les stéréotypes d’« Hommes bleus », de « Chevaliers du désert » qui font apparaître des chameliers voilés sur fond de pics volcaniques ou de dunes ondulant à l’infini. Edmond Bernus  nous présente cette société plurielle dont le modèle donné, le noble-guerrier, ne représente en réalité qu’une petite minorité de la population et qu’une partie du paysage, celui de l’Ahaggar ou du Ténéré.

implantation touareg

Qui sont les Touaregs ?

Le nom de Touareg est d’origine arabe et inconnu de ceux qu’il désigne : de ce fait, c’est un terme devenu français. Les Touaregs se désignent eux-mêmes comme Kel tamasheq,« ceux qui parlent la langue touarègue », montrant ainsi que leur dénominateur commun est une même culture et avant tout un même langage.

Les Touaregs occupent un territoire immense qui joint le Maghreb à l’Afrique noire et qui traverse le Sahara en s’appuyant sur des massifs montagneux où l’altitude corrige les effets de la latitude et permet la vie, grâce à des ressources hydrauliques et végétales absentes des déserts environnants : ce sont le Tassili des Ajjer, l’Ahaggar, l’Aïr et l’Adrar des Ifoghas. Ainsi, les Touaregs sont-ils dispersés dans de nombreux États – Libye, Algérie, Mali, Niger, Burkina Faso – avec quelques petites communautés au Tchad et en Nigeria. Leur poids démographique est surtout important au Niger et au Mali, c’est-à-dire au sud du Sahara.

Société et traditions

Dans les traditions des Touaregs, on trouve presque toujours une référence à une ancêtre femme, à l’origine de la chefferie et fondatrice de la tribu – tawshit.Les plus connues sont Tin-Hinan et sa servante Takana, arrivées dans l’Ahaggar : la première donna naissance aux Kel Ghela, tribu suzeraine, détentrice du pouvoir ; la seconde fut à l’origine de la tribu vassale des Dag Ghali. Ce schéma se retrouve un peu partout et presque toujours les nouveaux arrivants s’allient aux populations déjà en place.

La société touarègue est hiérarchisée ; elle comporte une aristocratie guerrière, des vassaux, des religieux à titre collectif, des artisans et un groupe servile qui comprend plusieurs niveaux selon son statut – esclaves, affranchis… Le chameau, en réalité le dromadaire, est l’animal associé à l’aristocratie, alors que la vache, et plus encore le petit bétail – brebis et chèvres – sont liés aux classes plébéiennes ou serves. Chaque « confédération » est composée de ces différentes strates, avec à sa tête un chef supérieur – amenokal – toujours issu d’une même tribu et dont le pouvoir est matérialisé par un tambour de guerre – ttobol ou ettebel. Les Touaregs sont des berbérophones qui font partie de ce grand ensemble berbère qui va du Maroc à l’Égypte. La langue constitue la pierre angulaire de cette société hiérarchisée, diverse dans ses composantes. Les Touaregs possèdent aussi une écriture dont les caractères tifinagh, gravés sur de nombreux rochers, sont souvent difficiles à déchiffrer, mais cette écriture, toujours vivante, est aujourd’hui utilisée dans des messages écrits sur papier. Elle est enseignée dans les familles avec des procédés mnémotechniques comme une phrase qui contient tous les signes de l’alphabet.

touareg

Le voile de tête – tagelmust – est la pièce maîtresse du vêtement masculin. Selon Charles de Foucauld, « Le voile de front et de bouche et le pantalon sont les vêtements distinctifs de l’homme […] ; ôter son voile de tête et de bouche, jeter son voile […], ôter son pantalon sont des expressions qui signifient être déshonoré. » Il est honteux de se dévoiler en public ; un homme jeune, devant une personne âgée, ne découvre son visage que par une fente où brillent deux yeux et introduit le verre à thé sous le voile sans découvrir sa bouche. Ce voile protège les muqueuses du vent, mais plus encore, soustrait les orifices faciaux aux assauts de génies dangereux.

Les Touaregs sont monogames, ce qui est un trait original dans une société islamisée. Se marier, c’est « fabriquer une tente » que la jeune femme apporte avec tout le mobilier et les ustensiles de la vie domestique. Le marié doit fournir des animaux à sa belle famille dont le nombre et la qualité varient : cette taggalt est constituée de chameaux chez les nobles, de chameaux ou de vaches chez les tributaires, de petit bétail chez les gens de moindre importance, mais ces animaux sont le gage indispensable de l’alliance entre les deux familles qui appartiennent en général à la même catégorie sociale : en théorie, la jeune mariée doit recevoir les mêmes animaux que sa mère. En cas de divorce, la femme part avec sa tente.

Cultures orale et matérielle

Bien que possédant une écriture, qui sert surtout à de courts messages et à des graffitis, les Touaregs possèdent une littérature orale d’une grande richesse. Il faut citer les paroles brèves qui concernent les devinettes et les proverbes, et aussi les contes qui s’inscrivent dans des thèmes universels, en s’incarnant cependant dans le contexte de la vie pastorale. La poésie constitue le point fort de cette littérature avec des pièces lyriques qui évoquent l’amour, la mort, et la nostalgie de l’absence avec l’évocation du campement lointain et de la femme aimée. Il n’existe pas de caste de griots, comme en Afrique soudanienne : les poètes sont des hommes de toute condition, parfois des femmes ; il y a de bons poètes dont les vers sont retenus dans toute la société. Les événements actuels, migrations et révoltes sont les nouveaux thèmes des jeunes générations et les cassettes permettent de les diffuser rapidement.

La culture matérielle est présente dans des objets de la vie domestique et pastorale, dans des armes, ou encore dans des bijoux dont les modèles sont reproduits par des

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artisans, fidèles conservateurs du patrimoine. Les coupes, les louches et les cuillères en bois, les lits et les poteaux sculptés ou les porte-bagages des tentes, constituent des objets superbes, souvent pyrogravés, que les artisans doivent entretenir et réparer. La selle de chameau, qui est une selle de garrot posée devant la bosse, est surtout connue par le modèle à pommeau en croix : c’est un objet sophistiqué où s’allient le bois, le cuir et le métal. Les armes, couteau de bras, lance-javelot, bouclier – aujourd’hui disparu – et surtout l’épée – takuba – qui bat toujours le flanc des hommes, constituent la panoplie de ces guerriers. Les lames de certaines épées, venues d’Europe au XVIe siècle ou d’Égypte, portent des marques qui permettent d’identifier leur origine. Quelques épées, propriétés de grands chefs, possèdent comme Durandal, un nom qui leur est propre ; les lames les plus nombreuses ont cependant été fabriquées par les forgerons locaux avec de l’acier de récupération ; toutes les épées possèdent pourtant une même garde, une même poignée, un même fourreau, et s’identifient dans un même modèle. Les cadenas, les bijoux en argent, dont la croix d’Agadez est aujourd’hui partout connue, ont conquis le marché des touristes et de l’Europe.

Vivre avec ses troupeaux dans un milieu aride, aux repères rares, demande une connaissance intime du milieu, un sens de l’observation qui permet de se situer dans l’espace grâce à des indices imperceptibles. Le nomadisme est une utilisation rationnelle du milieu par un déplacement au fil des saisons. Les Touaregs sahéliens conduisent leurs troupeaux dans les riches prairies au sud du Sahara, sur des terres et des eaux salées, au cours de la brève saison des pluies estivales ; ils regagnent des parcours méridionaux pourvus d’arbres fourragers et de ressources hydrauliques permanentes, au cours de la longue saison sèche.

Des variations qui confirment la règle

Dans une société si diverse, qui rassemble des hommes au teint clair et d’autres à la peau noire, il n’existe pas de modèle touareg. Aussi, être Touareg c’est se comporter

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comme la société le demande, c’est-à-dire en fonction de son âge, de son sexe, de sa catégorie sociale : l’artisan possède la liberté de la parole, l’aristocrate un comportement désinvolte, le religieux une manière retenue. Ne pas se conformer à ces règles, c’est s’exposer à la critique, la dérision et peut-être l’exclusion.

Les dénominateurs communs permettent de reconnaître un Touareg, de Djanet en Algérie, à Madaoua au sud du Niger. Il existe cependant, bien entendu, des différences sur divers plans. Différences linguistiques entre les dialectes du nord et ceux du sud. Différences d’organisation politique entre les chefferies centralisées les plus connues, et souvent analysées à partir des Kel Ahaggar, et celles plus souples de l’Aïr avec, en plus, une chefferie urbaine sédentaire au rôle religieux particulier, représentée par le Sultan d’Agadez. Différences de composition des « confédérations » avec certaines riches en vassaux – imghad – d’autres en religieux – ineslemen. Différences enfin, de la composition de la population touarègue avec une majorité croissante de groupes noirs d’origine servile selon un gradient nord-sud. Différences de types d’habitat avec les tentes à velum en peaux de la partie ouest du pays touareg et les tentes en nattes végétales dans l’Aïr jusqu’aux frontières de Nigeria.

Vivant dans un si vaste espace, les Touaregs ne peuvent vivre de la même manière au Sahara central ou au Sahel, dans les vastes plaines de l’Azawagh ou dans les massifs montagneux, dans les zones pastorales ou les zones agricoles méridionales. Les Touaregs du nord possèdent un élevage composé essentiellement de chameaux et de chèvres, ceux des régions pastorales méridionales, Azawagh, Aïr, Adrar des Ifoghas ont des troupeaux plus diversifiés avec chameaux, vaches, brebis et chèvres ; vers le sud, le nombre des chameaux diminue et celui des vaches augmente. Les Touaregs de l’Aïr cultivent des jardins irrigués dans les vallées méridionales et pratiquent le commerce caravanier entre les marchés du sud et les salines de Fachi et de Bilma qu’ils ravitaillent en produits variés et dont ils rapportent le sel et les dattes. Plus au sud encore, les Touaregs sont des agro-pasteurs pratiquant agriculture pluviale et élevage, ce qui exige un contrôle des troupeaux pour protéger leurs propres récoltes et surtout celles des paysans. La cohabitation avec d’autres éleveurs, Peuls surtout, et avec des agriculteurs, pose souvent de graves problèmes.

Les Touaregs dans les États

Les Touaregs ont résisté de toutes leurs forces à la pénétration des troupes françaises au début du siècle. À partir de 1916 et 1917, ils se révoltèrent contre l’occupation française et mirent en péril les troupes coloniales. L’organisation de l’Afrique française, scindée entre une Afrique coloniale et le Maghreb, mit un terme aux hostilités et les Touaregs durent s’insérer dans un nouveau maillage de l’espace : les « cercles », dirigés par des administrateurs coloniaux en AOF et les « territoires du sud », commandés par des militaires en Algérie. L’indépendance des États sahéliens surprend les Touaregs qui n’ont pas été préparés à cette évolution et qui possèdent un nombre limité d’élites scolarisées, prêtes à assumer des responsabilités administratives ou politiques. La dispersion des Touaregs dans de nombreux États, leur implantation dans chacun d’eux dans la zone la plus désertique, la moins peuplée et la plus éloignée de la capitale et du pouvoir, leur donne l’impression d’être oubliés et abandonnés dans une région moins développée que les autres.

Une première révolte contre l’État malien est durement réprimée en 1963-1964 dans l’Adrar des Iforas, avec des Touaregs munis d’épées et montés sur des chameaux contre des chars. Mais c’est à partir de 1990 qu’une révolte au Mali, puis au Niger, soulève le pays touareg contre les États. Les jeunes Touaregs qui avaient migré en Libye, connaissent alors le maniement de la kalachnikov et la conduite des véhicules tout terrain. La guerre fut dure : arrestations, massacres, émigration en Algérie et en Mauritanie, la paix est revenue sans que les Touaregs aient obtenu totalement satisfaction.

C’est au Niger et au Mali que les Touaregs sont les plus nombreux, constituant 10 % et 6 % de population totale. La langue touarègue fait partie des cinq langues nationales.

Les Touaregs sont conscients de la richesse de leur culture et plusieurs d’entre eux travaillent à recueillir et à publier leurs traditions orales. Il faut cependant reconnaître que les révoltes se sont faites à l’intérieur de chaque État et, qu’à cette occasion, il n’y a pas eu de tentative de construire une nation touarègue. Il y a eu seulement la prise de conscience que les Touaregs font partie d’un vaste ensemble berbère, lui-même éclaté au Maghreb.

Un peuple dans la tourmente

L’opération de reconquête du nord du Mali pourrait fournir l’occasion à l’armée malienne et aux milices communautaires de se venger contre les civils touaregs, assimilés indistinctement aux djihadistes et aux rebelles.

Ils sont aujourd’hui au moins 1,5 million, répartis entre cinq pays: Niger (800 000), Mali (500 000), Libye, Algérie et Burkina-Faso (de 30 000 à 50 000). Les Touaregs, d’origine berbère, sont l’un des derniers peuples sahariens pratiquant l’élevage nomade. Pendant des siècles, ils ont aussi régné, avec les Maures, sur le commerce caravanier transsaharien. Ils opéraient des razzias sur les voyageurs et commerçants traversant leur territoire. Les tribus se regroupaient en un système de confédérations politiques régionales: Kel Ahaggar (ceux du Hoggar, en Algérie), Kel Ajjer, Kel Adar (Mali), Kel Aïr (Niger), etc.

La société touareg traditionnelle, très hiérarchisée, s’est organisée en tribus nobles, tribus vassales (imrad) et lignées religieuses. Ces hommes libres, clairs de peau, possédaient des esclaves, noirs. Cette pratique, indéniable et systématiquement reprochée aux Touareg, a pourtant existé chez quasiment tous les peuples de la région…

Les Tamachek préservent aujourd’hui encore des traditions originales: les femmes, qui ne se voilent pas le visage, bénéficient d’une liberté inégalée dans le monde musulman. La monogamie est de règle et, en milieu nomade, la mariée reste propriétaire de sa tente et de ses chèvres. Mais, à cause des sécheresses récurrentes (1973-1974, 1984-1986, 2010) et de la mort des troupeaux, le nomadisme est devenu minoritaire.

Pourtant, la vie itinérante, au pas du dromadaire, les nuits passées sous la tente ou à la belle étoile, restent un idéal de vie pour les Tamachek. Dès qu’une occasion se présente, on saute dans les 4×4, on enfourche les motos pour passer une journée « en brousse » ou le temps de faire un boeuf à la guitare électrique.

Nomades, « chômeurs » et rebelles

Le monde touareg, profondément ébranlé durant la période coloniale, a été morcelé par les indépendances africaines, dans les années 1960. Divisés par le tracé rectiligne des nouvelles frontières, les nomades sont devenus Nigériens, Maliens, Algériens, Libyens… Ils se retrouvent alors rejetés aux marges désertiques des Etats naissants: des territoires immenses, difficiles à contrôler, très éloignés des capitales.

De plus, les Tamachek font souvent face à des fonctionnaires venus d’autres régions pour installer l’autorité du pouvoir central. « Au nord du Mali, notamment, beaucoup de Touaregs ont eu, à l’époque, le sentiment d’être recolonisés par des gens qu’ils ne connaissaient pas, explique Pierre Boilley, historien spécialiste du Sahara. Pour le régime socialiste de Modibo Keïta, les Touaregs étaient des « féodaux » qu’il fallait mettre au pas. « En 1963, les tribus de l’Adrar des Ifoghas, dans la région de Kidal, se révoltent. La répression de l’armée malienne contre les « peaux rouges » (ou « oreilles rouges ») est terrible: humiliations, empoisonnement des puits, exécutions sommaires…

Cet épisode tragique est resté dans les mémoires. Sur fond de frustration économique et de tensions intercommunautaires, le nord du Mali, ainsi que le nord du Niger, s’est embrasé à plusieurs reprises: 1990-1992, 1994-1996, 2006… janvier 2012. « A chaque sortie de crise, les accords de paix prévoyaient des programmes accrus de développement et une plus grande autonomie régionale, poursuit Pierre Boilley. En fait, cela s’est souvent résumé à une gestion clientéliste: des pouvoirs accordés à quelques obligés de Bamako et de l’argent envoyé pour calmer tel ou tel groupe trop remuant. »

Ces trente dernières années, la société touareg a connu de nombreux bouleversements. Après la perte de leur bétail, beaucoup de nomades se sont sédentarisés dans les villes sahariennes ou ont échoué dans les bidonvilles des métropoles subsahariennes. Des milliers d’autres, désoeuvrés, ont pris le chemin de l’exil, attirés notamment par les salaires de l’industrie pétrolière en Libye.

Durant les années 1980-1990, la génération des Ichoumar -du français « chômeur »- a ravivé le vent de la fronde. Cela d’autant plus que feu le colonel Kadhafi n’a eu de cesse d’instrumentaliser la cause touareg pour déstabiliser ses voisins. C’est ainsi que des contingents de Kel Tamachek, enrôlés dans la Légion islamique, ont appris le métier des armes. Un exemple: Iyad ag Ghali, qui dirige aujourd’hui le groupe islamiste Ansar ed-Dine (« Défenseur de la religion »), a notamment combattu, sous commandement libyen, au Liban, en 1982, et au Tchad.

2012: l’embrasement et l’occupation du nord du Mali

Ces « vétérans » ont joué un rôle crucial dans les événements tragiques au début de 2012. Revenus lourdement armés dans le nord du Mali, après l’effondrement du régime de Kadhafi, des centaines de combattants aguerris ont fait basculer le rapport de force vis à vis de Bamako. De plus, des unités d’élite touareg de l’armée malienne, formées par les Américains et les Français, ont déserté pour rejoindre la rébellion relancée par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), en janvier 2012.

Pour chasser les militaires maliens, ce mouvement séparatiste, « laïc », s’est tout d’abord rapproché de son rival, Ansar ed-Dine, groupe islamiste majoritairement touareg, allié à Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Le 6 avril 2012, le MNLA proclame unilatéralement l’indépendance de l’Azawad, territoire qui recouvre les deux tiers nord du pays. Une annonce aussitôt rejetée par la communauté internationale. Et, rapidement, le MNLA se fait dépasser, puis chasser des villes de Kidal, Tombouctou et Gao par les groupes islamistes: Ansar ed-Dine, Aqmi et le Mouvement pour l’Unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Depuis, ces trois mouvements appliquent la charia et terrorisent les populations locales. Le MNLA, lui, a renoncé à ses ambitions d’indépendance, pour tenter de revenir dans le futur jeu des négociations. Il a même proposé ses services aux forces de l’opération Serval, pour combattre les djihadistes sur leur terrain, dans le grand nord du Mali. En vain, pour le moment. Quant à la frange modérée d’Ansar ed-Ddine, elle vient d’annoncer sa scission avec Iyad ag Ghali, pour créer le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), qui affirme désormais rejeter « toute forme d’extrémisme et de terrorisme » et « s’engage à les combattre ».

Les civils fuient la guerre et craignent des représailles

D’ores et déjà, les combats et les exactions des djihadistes ont fait fuir des centaines de milliers de personnes, toutes communautés confondues. Les ONG dénombrent environ 230 000 déplacés à l’intérieur du pays et près de 150 000 réfugiés dans les pays voisins: Mauritanie, Niger, Burkina… Ces derniers jours, l’ancien maire de Kidal affirmait à L’Express que des milliers de Touareg de la région se réfugient à la frontière algérienne, fermée depuis le 14 janvier dernier. « Ils craignent des bombardements, les réactions incontrôlables des djihadistes, mais aussi les bavures des soldats maliens s’ils reprennent les territoires », explique-t-il.

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Car, pour beaucoup d’observateurs, le déclenchement de l’opération de reconquête du nord du Mali peut fournir l’occasion à l’armée malienne et aux milices communautaires de se venger contre les civils Arabes et Touareg, assimilés indistinctement aux djihadistes et aux rebelles. Des exactions ont d’ores et déjà eu lieu le 19 janvier dernier, à Sévaré, comme l’a révélé, sur place, la correspondante de L’Express.

Rapportée par Le Monde, une déclaration récente du chef du Ganda Koy (« fils de la terre »), principal groupe d’autodéfense de la communauté Songhaï, fait froid dans le dos: « Nous considérons tous les Tamashek comme des MNLA [rebelles]. Il n’y a personne qui ne soit pas complice. » L’Etat-major français, qui encadre les opérations militaire, est conscient de ces risques. Sur le plan des droits de l’homme, mais aussi en ce qui concerne les enjeux politiques régionaux.

Certes, au Niger -qui envoie 500 soldats au Mali pour combattre les djihadistes – la communauté touareg est aujourd’hui bien intégrée. « Mais si les opérations tournaient au massacre de nos frères, nous ne pourrions pas rester les bras croisés, avertit un ancien membre d’un mouvement rebelle nigérien des années 1990. Et cela concernerait tous les Touareg… » Au-delà de l’intervention militaire en cours, une résolution durable de la crise au Sahel ne pourra avoir lieu sans de véritables progrès sur la délicate « question touareg ».

Sources : Tamoudre, L’Express