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dimanche, 12 janvier 2025

L'importance de Giorgio Locchi aujourd'hui

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L'importance de Giorgio Locchi aujourd'hui

par Alexander Raynor

Source: https://www.arktosjournal.com/p/why-giorgio-locchi-matter...

« Je n'ai eu que deux maîtres: Friedrich Nietzsche et Giorgio Locchi. Je n'ai jamais rencontré le premier, j'ai rencontré le second », a écrit l'influent philosophe français Guillaume Faye. « Je pèse mes mots: sans Giorgio Locchi et son œuvre, la véritable chaîne de défense de l'identité européenne se serait probablement brisée ».

Giorgio Locchi (1923-1992) était un philosophe, journaliste et intellectuel italien qui, malgré une reconnaissance relativement limitée de son vivant, a exercé une profonde influence sur la pensée culturelle et politique européenne dans la seconde moitié du 20ème siècle. Travaillant principalement depuis Paris en tant que correspondant à l'étranger pour le journal italien Il Tempo, Locchi a développé un système philosophique sophistiqué qui intègre des idées de Friedrich Nietzsche, Richard Wagner et Martin Heidegger, tout en apportant des contributions originales à notre compréhension de l'histoire, du temps et de l'identité culturelle.

Il existe plusieurs raisons impérieuses de lire Locchi aujourd'hui :

Premièrement, il fournit l'une des analyses les plus rigoureuses, soit une analyse philosophiquement sophistiquée, sur la manière dont les différentes conceptions du temps et de l'histoire façonnent les civilisations. S'inspirant des innovations musicales de Wagner et du concept d'éternel retour de Nietzsche, Locchi a formulé une vision « sphérique » du temps historique qui s'oppose aux conceptions linéaires, progressives et cycliques. Pour Locchi, chaque moment historique contient simultanément les dimensions du passé, du présent et du futur, de la même manière qu'un morceau de musique conserve sa cohérence grâce à l'interaction entre la mémoire, les notes actuelles et l'anticipation. Cela permet de mieux comprendre la manière dont les cultures se comprennent elles-mêmes et leurs trajectoires.

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Deuxièmement, Locchi offre une perspective unique sur la relation entre la musique, le mythe et l'identité culturelle. Son analyse des opéras de Wagner va au-delà des interprétations standard pour révéler comment la musique peut exprimer des visions du monde fondamentales et façonner la conscience historique. Il voit dans l'utilisation innovante par Wagner de leitmotivs et de mélodies sans fin un moyen de représenter la nature multidimensionnelle du temps historique. Cela rejoint son argument plus large sur la façon dont les mythes et les récits culturels structurent la façon dont les sociétés se comprennent elles-mêmes et leur destin.

Troisièmement, Locchi a développé une théorie originale sur la façon dont les tendances historiques émergent et évoluent à travers des phases mythiques, idéologiques et synthétiques distinctes. Cette théorie fournit un cadre utile pour comprendre les mouvements culturels et politiques. Selon lui, les nouvelles tendances historiques apparaissent d'abord sous une forme mythique, puis se divisent en idéologies concurrentes, avant d'aboutir éventuellement à une résolution synthétique. Cela permet d'expliquer les modèles que nous observons dans la manière dont les mouvements se développent et se transforment au fil du temps.

Le cœur de la pensée de Locchi porte sur la manière dont les sociétés et les cultures conservent leur cohérence et leur identité au fil du temps. Il a constaté que les différentes civilisations sont façonnées par des « tendances » distinctes - des schémas profonds de pensée et de sentiment qui structurent la façon dont elles perçoivent le monde et leur place dans l'histoire. Ces tendances ne sont pas seulement des idées abstraites, mais s'expriment à travers l'art, le rituel, la politique et l'organisation sociale.

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L'une de ses principales idées a été de reconnaître que les tendances passent par des phases distinctes. Dans la phase mythique, une tendance s'exprime à travers des symboles et des récits puissants qui unissent les opposés dans une vision originale. Dans la phase idéologique, cette unité se brise en interprétations concurrentes. Dans la phase synthétique, ces conflits peuvent être résolus dans une nouvelle unité, mais cela n'est pas garanti.

Locchi s'intéressait particulièrement à la manière dont la civilisation européenne contenait des tendances concurrentes - l'une s'exprimant dans le christianisme et l'égalitarisme moderne, l'autre dans les diverses tentatives de faire revivre les traditions et les valeurs européennes plus anciennes. Il voyait en Wagner une figure cruciale qui avait atteint une nouvelle expression mythique susceptible de régénérer la culture européenne - le mythe surhumaniste (1).

Cela rejoint un autre aspect important de la pensée de Locchi : son analyse de la manière dont les sociétés maintiennent une continuité culturelle tout en évoluant et en se transformant. Il a souligné que les cultures saines ont besoin à la fois de la mémoire des origines et de l'ouverture sur l'avenir. Son concept de temps sphérique permet d'expliquer comment cela est possible - le passé n'a pas simplement disparu mais reste actif dans la façon dont nous nous comprenons et dont nous envisageons nos possibilités.

L'œuvre de Locchi mérite d'être étudiée attentivement, car elle allie rigueur philosophique et sensibilité à l'art, au mythe et à la culture. Bien que ses écrits soient parfois denses et difficiles, il met en lumière des questions fondamentales sur la manière dont les sociétés maintiennent leur cohérence et leur identité à travers le temps. Ses idées sur la relation entre la musique, le mythe et la conscience historique restent très pertinentes.

La compréhension de Locchi sur la manière dont les nouveaux mouvements culturels et politiques émergent et se développent est particulièrement précieuse. Son analyse du schéma mythique-idéologique-synthétique permet d'expliquer à la fois comment les mouvements prennent leur élan initial grâce à des visions fondatrices puissantes, et comment ils peuvent ensuite se fragmenter et potentiellement se transformer. Ce cadre reste utile pour comprendre les dynamiques culturelles et politiques contemporaines.

Locchi apporte également des éclaircissements importants sur le rôle de l'art et de la culture dans la formation de la conscience historique. Son analyse de Wagner montre comment les innovations artistiques peuvent exprimer et contribuer à créer de nouvelles façons de comprendre le temps et l'histoire. Cela suggère l'importance continue de l'art et de la culture dans la façon dont les sociétés se perçoivent et perçoivent leurs possibilités.

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La lecture de Locchi aujourd'hui est précieuse car il aborde des questions fondamentales sur l'identité culturelle et la conscience historique qui demeurent pressantes. Comment les sociétés maintiennent-elles la continuité tout en évoluant ? Comment les différentes conceptions du temps façonnent-elles la manière dont les cultures se comprennent elles-mêmes ? Quel rôle l'art et les mythes jouent-ils dans la structuration de la compréhension historique ? Le traitement sophistiqué de ces questions fournit des ressources conceptuelles pour relever les défis contemporains.

Bien que certains aspects de la pensée de Locchi soient le produit de son contexte historique, ses idées fondamentales sur la relation entre le temps, l'identité et la culture restent très pertinentes. Son analyse de l'émergence et de l'évolution des tendances permet d'éclairer les dynamiques culturelles et politiques actuelles. Son insistance sur l'importance de l'enracinement et de l'ouverture sur l'avenir s'inscrit dans les débats actuels sur la tradition et le changement.

L'œuvre de Locchi est également précieuse parce qu'elle réunit de manière originale de multiples traditions intellectuelles. Sa synthèse des idées issues de la musique, de la philosophie et de l'analyse culturelle démontre la valeur de la pensée interdisciplinaire. Bien que son écriture puisse être exigeante, la profondeur et la sophistication de sa pensée méritent d'être étudiées attentivement.

Pour comprendre Locchi, il est utile de commencer par ses œuvres les plus accessibles, comme Définitions, avant de s'attaquer à ses textes philosophiques plus denses. Son analyse de Wagner constitue un bon point de départ pour aborder ses idées plus générales sur le temps, le mythe et l'identité culturelle. Bien que tous les lecteurs ne soient pas d'accord avec ses conclusions, son traitement rigoureux des questions fondamentales sur la manière dont les sociétés maintiennent leur cohérence à travers le temps reste précieux.

En conclusion, Giorgio Locchi mérite une attention renouvelée en tant que penseur profond qui éclaire des questions cruciales sur l'identité culturelle, la conscience historique et la transformation sociale. Son analyse sophistiquée du temps, des mythes et des tendances offre des ressources conceptuelles pour comprendre le passé et le présent. Bien que son travail puisse être difficile, il mérite d'être étudié attentivement par toute personne intéressée par les questions de continuité et de changement culturels. Ses idées sur la façon dont les sociétés maintiennent leur cohérence tout en évoluant restent très pertinentes pour les débats contemporains.

Commandez les Définitions de Giorgio Locchi ici: 

En langue française: https://boutique.institut-iliade.com/product/definitions-...

En langue anglaisehttps://www.amazon.com/dp/1917646046

Note:

(1) L'idée du mythe surhumaniste est explorée dans l'autre ouvrage majeur de Locchi : Nietzsche, Wagner e il mito sovrumanista (Nietzsche, Wagner et le mythe surhumaniste). Pour mieux comprendre ce concept, vous pouvez consulter l'entretien qu'Éléments a réalisé avec le fils de Giorgio, Pierluigi Locchi. La traduction anglaise de cet entretien est disponible ici:

https://www.thepostil.com/giorgio-locchi-and-the-suprahumanist-myth/

De Meta à l'OTAN: un changement de pouvoir silencieux dans la surveillance de l'information et de la santé

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De Meta à l'OTAN: un changement de pouvoir silencieux dans la surveillance de l'information et de la santé

Source:  https://dissident.one/van-meta-naar-navo-een-stille-macht...

La décision de Meta de mettre fin à sa collaboration avec les factcheckers marque non seulement un tournant pour des plateformes comme Facebook et Instagram, mais met également en lumière un changement de pouvoir inquiétant. Bien que Mark Zuckerberg présente la décision comme un pas vers la « liberté d'expression », en arrière-plan se dessine une évolution qui révèle un contrôle plus profond par les institutions militaires étatiques telles que l'OTAN, rapporte Uncut News.

Cependant, ce changement ne concerne pas seulement le contrôle de l'information. Comme le montrent des rapports actuels provenant des Pays-Bas, l'influence de l'OTAN s'étend bien au-delà du domaine de la politique de sécurité. Le nouveau ministre néerlandais de la santé a confirmé que les politiques de santé sont directement liées aux directives de l'OTAN. Cela montre que l'OTAN montre de plus en plus la voie, non seulement sur les questions d'information, mais aussi dans d'autres domaines dehaute pertinence sociale.

L'OTAN : de la sécurité à la force d'information et de santé

L'OTAN, qui est traditionnellement une alliance militaire, a élargi son rôle ces dernières années. Dans un premier temps, elle s'est concentrée sur les menaces hybrides telles que les cyberattaques et la désinformation. Aujourd'hui, l'organisation semble étendre son champ d'action à des domaines tels que la politique de santé. Le fait que l'OTAN établisse des lignes directrices directes pour les mesures nationales de santé, comme cela a été confirmé aux Pays-Bas, montre à quel point son influence est désormais profonde.

Dans le cadre de la maîtrise de l'information, l'OTAN a récemment adopté une approche commune pour lutter contre la désinformation. Cette approche vise à réduire les menaces hybrides telles toute propagande émanant d'un quelconque État, posé comme "hostile", ou tout autre manipulation ciblée. Mais qui définit ce qu'est la désinformation ? Et comment s'assurer que cette définition n'est pas utilisée à mauvais escient pour réprimer la dissidence ?

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La transition de Meta vers l'OTAN

Meta s'est retiré de la vérification des faits - une décision qui, à première vue, semble aller dans le sens de la décentralisation et de la liberté d'expression. Mais au lieu d'un environnement d'information ouvert et pluraliste, c'est l'OTAN qui semble aujourd'hui combler cette lacune. Organisation largement dominée par les États-Unis et dont les objectifs sont principalement militaires et géopolitiques, elle joue un rôle central dans le contrôle des flux d'information.

Alors que Meta, en tant qu'acteur du secteur privé, était soumis à un certain contrôle public, l'OTAN, en tant qu'alliance militaro-politique, échappe à cette transparence. Le transfert du contrôle de l'information d'une entreprise technologique à une institution militaire pourrait, à long terme, mettre en péril les fondements de la liberté d'expression et du débat démocratique.

Contrôle de l'information et de la santé : un lien dangereux

Le fait que l'OTAN soit également impliquée dans les politiques de santé, comme en témoignent les déclarations du ministre néerlandais de la santé, illustre le déséquilibre croissant des pouvoirs. La souveraineté nationale semble de plus en plus sacrifiée au profit d'un mécanisme de contrôle centralisé et international. Si l'OTAN détermine à la fois les flux d'informations et les lignes directrices de la politique de santé, il y aura une dangereuse concentration de pouvoir qui pourrait menacer à la fois les valeurs démocratiques et la liberté individuelle.

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L'OTAN et l'Agenda 2030: un contrôle global des agendas mondiaux

Outre l'information et la surveillance de la santé, l'OTAN joue un rôle central dans la mise en œuvre de l'Agenda 2030, comme le montrent des documents récemment publiés. Cet agenda, conçu à l'origine comme un projet de la société civile visant à promouvoir la durabilité et la coopération mondiale, envisage une intégration croissante des structures militaires. L'OTAN devrait jouer un rôle clé non seulement dans les questions de sécurité, mais aussi dans des domaines tels que la lutte contre les pandémies, le changement climatique et l'approvisionnement en énergie.

Que reste-t-il aux citoyens ?

Dans ce processus, les citoyens sont de plus en plus réduits à l'état de spectateurs passifs. Les décisions qui affectent directement leur vie - qu'il s'agisse d'information ou de politique de santé - sont prises par des institutions qui ne sont pas réputées pour leur transparence et leur responsabilité démocratique. Les voix critiques pourraient plus facilement être rejetées comme de la « désinformation », tandis que les mesures de politique de santé sont régies par des lignes directrices internationales qui échappent aux intérêts nationaux.

Conclusion : une centralisation rampante du pouvoir

L'évolution de la prise en charge par l'OTAN du contrôle de l'information et des soins de santé est alarmante. Ce qui est présenté comme une lutte contre la désinformation et les crises mondiales menace d'ouvrir une nouvelle ère de contrôle centralisé. Il est essentiel de rester critique et de remettre ouvertement en question les structures de pouvoir qui se forment en arrière-plan. Car les questions fondamentales demeurent : qui contrôle les inspecteurs ? Et comment s'assurer que les politiques de vérité et de santé ne deviennent pas des outils de jeux de pouvoir géopolitiques ?

15:17 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, surveillance, contrôle total, otan, meta | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Groenland: Scène géopolitique d’un bras de fer entre les États-Unis et l’Union européenne

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Groenland: Scène géopolitique d’un bras de fer entre les États-Unis et l’Union européenne

par Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/01/groenland-geopolitische-b...

Depuis sa victoire électorale, Donald Trump a à plusieurs reprises évoqué l’idée que le Groenland devrait devenir une partie intégrante des États-Unis.

Autrefois une île isolée et silencieuse, le Groenland devient de plus en plus le centre d’un jeu d’échecs géopolitique qui attire l’attention des États-Unis et de l’Union européenne. Sa position stratégique et ses ressources naturelles abondantes en font une cible convoitée, et cette lutte d’influence ne restera probablement pas sans conséquences pour l’Europe.

Les autorités locales groenlandaises, qui œuvrent depuis des années à une autonomie progressive vis-à-vis du Danemark, perçoivent cet intérêt croissant de Washington comme une opportunité. D’éventuels investissements américains pourraient aisément remplacer l’aide financière annuelle de 500 millions d’euros que le Danemark accorde à l’île. Mais il ne s’agit pas uniquement d’argent: la question porte sur le pouvoir, l’influence et l’indépendance. Chaque dollar investi par les États-Unis se traduit par une perte de contrôle pour Copenhague.

L’administration Trump avait déjà laissé entendre par le passé son intention de valoriser le Groenland sur le plan stratégique, que ce soit par des contrats d’exploitation des vastes ressources naturelles de l’île ou même par un achat pur et simple de celle-ci. Bien que cette dernière hypothèse semble irréaliste, le message est clair : les États-Unis considèrent le Groenland comme une position clé, tant sur le plan économique que militaire.

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Bruxelles sur la défensive : l’UE peut-elle garder le Groenland ?

Toutefois, l’Union européenne ne compte pas rester les bras croisés face à ce bras de fer. Bruxelles n’aura d’autre choix que d’offrir des fonds supplémentaires au Groenland afin d’éviter son rapprochement avec Washington. Le problème ? L’UE a peu à offrir en comparaison des investissements américains ou des garanties de sécurité stratégiques proposées par les États-Unis.

Le Groenland détient les plus grandes réserves de terres rares hors de Chine – des ressources indispensables à la production de technologies de pointe et aux énergies vertes. De plus, les réserves pétrolières de l’île sont estimées à 110 milliards de barils. Bien que l’extraction soit coûteuse et techniquement complexe, un financement adéquat et des compétences spécialisées permettraient d’exploiter ces richesses. Alors que l’UE tarde à agir, les investisseurs internationaux, en premier lieu les Américains, sont déjà sur le pied de guerre.

Danemark : le grand perdant

Pour le Danemark, cette évolution pourrait avoir des conséquences désastreuses. Le développement économique du Groenland grâce aux investissements étrangers renforcerait considérablement les mouvements indépendantistes locaux. Une éventuelle séparation du Groenland représenterait un coup dur pour Copenhague, tant sur le plan symbolique qu’économique.

En parallèle, le Danemark pourrait se retrouver engagé dans une guerre commerciale avec les États-Unis. Les géants pharmaceutiques danois, qui réalisent chaque année des milliards d’euros de chiffre d’affaires sur le marché américain grâce à leurs produits amaigrissants, pourraient devenir une cible pour Washington. La politique de lutte contre l’obésité prônée par l’administration Trump pourrait servir de prétexte pour imposer des taxes ou des droits de douane sur les entreprises danoises. Face à cette menace, Copenhague aurait peu de moyens de défense, étant trop dépendante des revenus générés aux États-Unis.

Conclusion : l’Europe dans une impasse

Les événements autour du Groenland illustrent une fois de plus la faiblesse de l’Europe sur la scène géopolitique mondiale. Alors que Washington agit avec fermeté et poursuit résolument ses intérêts stratégiques, Bruxelles apparaît hésitante et réactive. Pour le Danemark et l’UE, le Groenland devient le symbole d’une perte d’influence dans un monde de plus en plus dominé par la politique de puissance.

Le cas du Groenland montre que l’Europe est reléguée à la périphérie géopolitique, tandis que les États-Unis continuent d’étendre leur emprise. Et Bruxelles ? Elle préfère se concentrer sur des questions idéologiques et bureaucratiques, tandis que l’avenir se joue à ses portes.

Damas – Moscou ou l’itinéraire d’un résistant syrien

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Damas – Moscou ou l’itinéraire d’un résistant syrien

par Yannick Sauveur

Mars 2011, la propagande occidentale jamais avare de superlatifs va nommer printemps arabe les manifestations qui ont lieu à Deraa et qui marquent le début de ce qu’on appellera improprement guerre civile et qui est en réalité une guerre de l‘Occident via des milices financées par l’argent de l’Amérique et de ses alliés. Les uns quittent la Syrie. Adnan Azzam, alors en France, rentre au pays. Est-ce par allégeance à Bachar Al-Assad, lui qui a connu, pendant dix-sept jours, les prisons du régime dans les années 70 ? Non, c’est plus simplement par patriotisme, il aime son pays et il ne peut supporter qu’il soit attaqué par les États-Unis, Israël et leurs stipendiés. En France, Laurent Fabius, ministre des Affaires Étrangères à l’époque, dont la servilité est une seconde nature, ose déclarer: « Bachar Al-Assad ne mériterait pas d’être sur terre ».

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Mais sautons quelques années, Adnan Azzam est devenu entre-temps vice-gouverneur d’une région dans le Sud de la Syrie. En 2019, il effectue une expédition de Damas à Moscou qu’il relate dans son dernier livre Qui a murmuré à l’oreille de Poutine ?[i] . Ce livre se dévore d’une traite et se lit comme un roman tant il est passionnant. Il s’agit d’un journal en continu qui s’étend du 19 avril 2019, départ de Damas au 28 janvier 2020, départ de Moscou et retour en Syrie, soit près de 300 jours avec moult aventures, difficultés, imprévus, mais aussi énormément de rencontres, de joies, de fraternité. Cela ne commence pas au mieux, la frontière irako-syrienne est fermée, ce qui contraint Adnan à faire un détour par la Jordanie, pour rejoindre l’Irak. Le livre porte en sous-titre 300 jours à cheval, en effet, Adnan Azzam emmène avec lui deux juments, Nayazik et Amani. Une voiture, ornée du nom « Souria Al Alam » - La Syrie dans le monde fait partie du convoi mais aussi drapeaux syrien et russe car l’objectif est bien de transmettre un message de paix et d’amitié entre les peuples et de montrer la solidarité de l’axe de la résistance contre l’ennemi américano-sioniste.

Après la Jordanie, le convoi entre en Irak. L’hospitalité en Orient est une réalité qui se vérifie chaque jour, et ce sera vrai tout au long du voyage : réception chez l’habitant, accueil (souvent) par le maire du village, discussions et/ou conférences jusque tard dans la nuit. Puis c’est le passage d’Irak en Iran, le même accueil, parfois des escortes de la police pour protéger le convoi. Ainsi, Adnan Azzam est interpellé par un motocycliste qui lui crie : « Espèce de mécréant, nous ne te laisserons pas avec Bachar, gouverner la Syrie ! »

Cette expédition étant tout sauf un long fleuve tranquille, elle est aussi ponctuée d’événements tragiques. On le sait, en Orient, on roule vite, très vite, des tunnels doivent être traversés, ce qui n’est pas une sinécure avec deux juments, il faut se tenir bien à droite de la route en marchant entre les deux juments. Cette fois, le tunnel n’est pas en cause, Adnan marche sur une route dégagée et surgit une voiture « à une vitesse fulgurante, incapable de freiner ». Elle heurte de plein fouet une des deux juments, Amani. « Elle hennit de douleur (…) Puis elle trébuche et s’effondre immobile ».

Autres péripéties, les passages aux frontières: administration tatillonne, paperasse, lourdeur administrative: « Les fonctionnaires enfermés dans une routine déshumanisante, semblent avoir oublié la fierté et la générosité de leur peuple. » Cela se passe à la frontière irako-iranienne. Dans de tels cas, il suffit de s’armer de patience. Il en ira autrement à la frontière irano-azéri ; le refus de l’ambassade d’Azerbaïdjan d’accorder un visa » va se traduire par une attente de quarante-sept jours. Puis le visa est enfin obtenu à la condition expresse de « traverser le pays rapidement, sans interaction avec les médias ou la population. »

Et c’est enfin l’entrée en Russie (15 octobre 2019) et la traversée du Daghestan, de la Tchétchénie et une arrivée à Moscou en janvier 2020.

Au nombre des difficultés de cette expédition, je ne l’ai pas encore mentionné, les conditions climatiques en font partie : la canicule en Irak et en Iran puis le froid, la pluie battante, la neige sur les routes en Russie. Cela n’empêche pas Adnan d’effectuer des trajets d’environ cinquante kilomètres par jour et de repartir souvent à l’aube et parfois en pleine nuit alors que les soirées ont été longues avec réunions, discussions, conférences, visionnage du film réalisé par Adnan. Et partout, c’est un même message qu’Adnan transmet : « Apporter la voix de la Syrie au monde entier », « résister à la mainmise de l’impérialisme américain sur le monde. »

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Adnan Azzam, Robert Steuckers et Chris Roman, lors d'un séminaire sur la géopolitique mondiale dans les Ardennes, 18 mars 2023.

Parmi bien des déboires, Adnan se fait voler tout son argent qu’il récupérera, la police ayant retrouvé le voleur.

Jusqu’ici, j’ai peu évoqué les juments sauf à propos de ce bien triste accident qui a couté la vie à Amani. L’objectif d’Adnan Azzam depuis le début de l’expédition est d’aller avec les juments sur la place Rouge à Moscou et de les offrir au Président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine sauf que ce projet tourne court. Je résume parce que le lecteur trouvera tous les détails dans ce livre qu’il faut lire. Via l’ambassade de Syrie à Moscou, Adnan Azzam apprend qu’il ne peut aller à Moscou avec sa jument et il ne sera pas reçu par Vladimir Poutine. Terrible déconvenue et inexpliquée.

À Moscou, Adnan retrouve des journalistes curieux de le questionner.

Voyage fatigant mais passionnant. À la lecture de ce récit, c’est bien plus qu’une description factuelle. Il se dégage quelque chose des écrits d’Adnan. C’est un combattant qui vit l’amour de son pays avec une forte capacité à communiquer son enthousiasme. Il est bien difficile de douter de la foi qui a animé Adnan tout au long de ces milliers de kilomètres de Damas à Moscou.

Rencontre dédicace avec Adan Azzam:

Dimanche 12 janvier 2025 à 17h

119, bis rue du Faubourg Saint-Martin 75010 Paris

Métro gare de l'est.

Note:

[i] Adnan Azzam, Qui a murmuré à l’oreille de Poutine ?, Relecture et correction : Hervé Dalvy, thebookedition, 2024.

13:45 Publié dans Actualité, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : adnan azzam, syrie, livre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Quelques réflexions sur la pensée de Robert Musil

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Quelques réflexions sur la pensée de Robert Musil

par Jean Montalte

Source: Twitter-X: @JMontalte

Extrait du portrait que j'ai consacré à Musil:

"Robert Musil a consigné dans son journal les mots suivants, qui pourraient s'appliquer à notre temps avec autant de vraisemblance sinon plus : « Je trouvai en venant au monde des principes déjà ébranlés. » Nous n'en finissons pas d'être en crise, ni d'en entendre parler, en tant que nation, en tant que civilisation, en tant qu'entité économique. Ce terme revient si souvent que sa signification s'en est obscurcie, phénomène d'érosion que le bavardage sécrète de nature.

Robert Musil appartient à une génération qui a été confrontée à des crises d'une ampleur considérable, et qui n'ont jamais été résorbées tout à fait ; pour une part essentielle, elles se sont même accentuées.

Crise spirituelle et religieuse dont le cri retentissant « Dieu est mort », arraché à la déréliction des hommes par l'insensé de Nietzsche témoigne.

Crise du fondement des mathématiques, que des esprits éminents, tels Frege, Russell ou encore Gödel ont tenté de résoudre, avec plus ou moins de bonheur.

Crise des sciences européennes, à laquelle Husserl oppose une tentative désespérée de réfection unitaire, face à une spécialisation qui la mettra finalement en échec.

Crise du langage, qui tient ses prestiges et ses sortilèges en suspicion, avec Maeterlinck, Hugo von Hofmannsthal – la Lettre de Lord Chandos en est un condensé – et enfin l'initiateur de la philosophie analytique, le génial auteur du Tractatus logico-philosophicus et philosophe du langage Ludwig Wittgenstein.

Crise du fondement de la morale que Nietzsche s'emploiera à dissoudre dans une généalogie célèbre.

Enfin crise de la civillisation qui débouche sur le cataclysme de la grande guerre, ce suicide des nations européennes. Oswald Spengler, spécialiste en apocalypse, écrira Le déclin de l'Occident et apportera une philosophie de l'Histoire qui rendra compte de ces phénomènes apparemment disjoints dans une vision unitaire et synthétique du devenir des nations et de leur mort.

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L'oeuvre majeure de Robert Musil, L'homme sans qualités, peut sans doute se concevoir comme un tableau de cette crise de la civilisation européenne, une satire de l'époque qui a précédé la grande guerre et, d'une certaine manière, une vigoureuse contestation sinon réfutation de la pensée décliniste de Spengler.

Lors d'une interview pour le journal russe de Moscou, le Novy Mir, Musil explique qu'il travaille à « un tableau satirique et utopique de la culture occidentale moderne ». Thomas Mann, impressionné par les qualités intellectuelles et artistiques de l'écrivain autrichien, saluera ce roman,  où il «trouve exprimée, en termes plus forts et plus complexes que nulle part ailleurs, cette aspiration du début du XXe siècle à redéfinir une culture, une spiritualité sur les ruines du passé, ce regret d'une totalité mythique perdue»."

***

Lire aussi: Robert Musil: Der deutsche Mensch als Symptom – eine Rezension

von Konrad Gill

Après des critiques désastreuses: le livre “Liberté” de Merkel ne peut plus être évalué sur Amazon

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Après des critiques désastreuses: le livre “Liberté” de Merkel ne peut plus être évalué sur Amazon

Source: https://report24.news/nach-verheerenden-rezensionen-merke...

L’establishment médiatique est très enthousiaste quand il évoque les mémoires d’Angela Merkel, parues tout récemment sous le titre pour le moins ironique de “Liberté” (Freiheit). Les citoyens, en revanche, semblent nettement moins convaincus. Amazon a rapidement décidé de suspendre la possibilité de publier des critiques sur le livre.

    “Nous ne pouvons malheureusement pas accepter de critiques pour cet article. Des restrictions concernant la publication de critiques sont en vigueur pour ce produit. Cela peut être dû à diverses raisons, notamment des activités inhabituelles liées aux critiques.”

Cet avertissement, affiché en rouge sur le site d’Amazon, apparaît lorsque l’on tente de laisser un commentaire sur les mémoires d’Angela Merkel.

https://twitter.com/ernsterjuenger/status/186368934200000...

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Les “mémoires tant attendues d’Angela Merkel” divisent: si 55 % des 137 évaluateurs ont attribué cinq étoiles, les critiques à une étoile sont implacables. On y lit des commentaires dénonçant une “autocélébration au lieu d’une réflexion critique”. Le refus d’assumer des erreurs politiques ayant eu des conséquences graves est très mal perçu par de nombreux lecteurs. L’un d’eux commente:

    “Merkel évite systématiquement de reconnaître ses erreurs politiques. Ni la transition énergétique controversée, ni les défis de la crise de l’euro, ni la polarisation de la société engendrée par sa politique migratoire ne sont abordés de manière critique. Ce qui frappe particulièrement, c’est son manque de prise de conscience des tensions provoquées par l’afflux massif de migrants et de demandeurs d’asile en Allemagne. Bien au contraire, on comprend entre les lignes que Merkel, encore aujourd’hui, continuerait à défendre une politique d’accueil sans limite – sans se soucier des conséquences sociales.”

D’autres qualifient le livre de “provocation” et d'“insulte”, et l’un des critiques a titré son évaluation: “La biographie de la femme qui a mené l’Allemagne à sa perte”. La question se pose : voulait-on éviter que de tels commentaires se multiplient ? Le doute est permis.

Un constat révélateur : au final, on n’a même plus la “liberté” d’exprimer son opinion sur le livre de l’ancienne chancelière… Cela semble bien refléter l’Allemagne qu’elle a laissée derrière elle après 16 ans au pouvoir.