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dimanche, 14 avril 2024

Jouets de guerre

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Jouets de guerre

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/giocattoli-di-guerra/

Il semble que Moscou ait envoyé un cadeau au président Macron. On ne sait pas s'il s'agit de l'ambassade russe à Paris ou du Kremlin directement... mais le cadeau est tout de même arrivé.

Il s'agit d'une boîte de petits soldats, de miniatures de chars d'assaut, etc.

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Le genre de jouets, j'imagine, qui faisait autrefois le bonheur des enfants. À l'époque où les PlayStation et les smartphones n'existaient pas encore. Et que ce qui comptait, c'était... l'imagination.

Quoi qu'il en soit, l'expéditeur d'un tel cadeau - un ambassadeur d'humeur badine, Lavrov ou Poutine lui-même - a fait preuve d'un solide sens de l'humour. Et d'une bonne dose d'ironie.

J'ai déjà écrit sur Macron, sur ses bizarres et dangereuses illusions napoléoniennes. De sa perspective d'envoyer les troupes de l'OTAN combattre l'ours russe aux côtés des Ukrainiens. Et de sa préparation des divisions de la Légion étrangère à entrer, dans un court laps de temps, sur le terrain des combats.

Une illusion qui n'est pas seulement la sienne, malheureusement. Car Stoltenberg et les dirigeants bruxellois semblent de plus en plus sur la même longueur d'onde. Malgré les freins de Washington. Et ce n'est pas peu dire.

Mais c'est lui, Macron, qui a le plus avancé dans ce sens. Il est le précurseur. Le petit Napoléone de noantri (à la sauce française) dans la campagne de Russie.

Et les Russes lui envoient des petits soldats. Jouez avec, lui disent-ils entre les lignes. Et laissez la vraie guerre aux grands.

Un geste de mépris très peu diplomatique. Mais le président français a montré qu'il ne se souciait guère de la diplomatie et des relations internationales. Et qu'il les comprend encore moins.

Mais il ne faut pas y voir une simple... plaisanterie, car à mon humble avis, ce geste laisse entrevoir autre chose.

Le moment est critique. Avec une Commission européenne qui demande un effort économique supplémentaire aux États membres, jusqu'à 100 milliards au total, afin de continuer à alimenter Zelenski. Alors qu'il est désormais clair que l'Ukraine est en train de s'effondrer.

Moscou n'est pas pressé. Sa stratégie vise à user l'ennemi le plus possible. Et à ménager hommes et moyens. Mais elle avance. Lentement et inexorablement. Il est pourtant évident qu'elle portera bientôt le coup. D'ici l'été. Peut-être plus tôt.

Washington est sur le point d'abandonner le bateau qui coule. Et ce n'est pas à cause de l'obstructionnisme républicain à la Chambre des représentants. Ni à cause du retour, attendu et redouté, de Trump.

C'est l'administration Biden qui est pressée de se sortir du bourbier ukrainien.

Trop inquiète de l'évolution de la situation au Moyen-Orient. Et le risque d'un affrontement avec l'Iran. Sans parler de la tension croissante avec Pékin.

Et puis, probablement, Zelenski a fait son temps. En menant tout un peuple à l'abattoir. Et maintenant, on n'a plus besoin de lui. En fait, il devient un handicap. Pour piquer l'ours russe, d'autres possibilités s'ouvrent. La Moldavie, l'Arménie...

Mais très peu en Europe l'ont compris. Et l'ont accepté.

A part Orban et Fico, qui n'ont plus rien à voir avec le narratif occidental, l'Espagne et quelques autres. La majorité continue à se comporter comme des lemmings. Comme des rats suicidaires.

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Derrière Macron, qui, de ces rats autodestructeurs, s'est autoproclamé chef.

Et Moscou lui envoie des petits soldats. Pour bien montrer à quel point les Russes craignent les forces armées européennes sans le parapluie protecteur américain.

C'est à se poser des questions, non ?

vendredi, 12 avril 2024

La métamorphose de Macron, la crise de l'axe franco-allemand et la destruction de l'espace politique européen

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La métamorphose de Macron, la crise de l'axe franco-allemand et la destruction de l'espace politique européen

Roberto Iannuzzi

Source: https://geoestrategia.es/noticia/42578/politica/la-metamorfosis-de-macron-la-crisis-del-eje-franco-aleman-y-la-destruccion-del-espacio-politico-europeo.html

Les déclarations belliqueuses du président français sont le symptôme d'une crise profonde du leadership européen, et non la réponse à une menace russe réelle.

Ce qui, à la fin du mois de février, semblait être une plaisanterie du président français Emmanuel Macron ("l'envoi de troupes occidentales en Ukraine n'est pas à exclure") est devenu, au fil des jours, le cheval de bataille du chef de l'Élysée.

Lors d'une interview télévisée à une heure de grande écoute, le 14 mars, M. Macron est allé plus loin. Décrivant à nouveau le conflit ukrainien en termes existentiels ("Si la Russie devait gagner, la vie des Français changerait", "Nous n'aurions plus de sécurité en Europe"), le président français a réaffirmé que l'Occident ne devait pas permettre à la Russie de GAGNER.

Expliquant que l'Occident avait franchi toutes les lignes rouges précédentes en Ukraine (en envoyant à Kiev des missiles et d'autres systèmes d'armes qu'il était initialement impensable de fournir), il a laissé entendre que l'envoi de soldats ne devrait pas non plus être considéré comme tabou (en effet, des militaires de l'OTAN se trouvent déjà en Ukraine).

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Ambiguïté stratégique

En précisant que la France ne prendra jamais l'initiative militaire d'attaquer les Russes sur le territoire ukrainien, le président français a maintenu une ambiguïté délibérée sur la possibilité réelle d'envoyer des troupes et sur les objectifs possibles d'une telle mission, la définissant comme une "ambiguïté stratégique".

Il a de nouveau souligné ces concepts dans une interview accordée au journal Le Parisien, à son retour d'une réunion du "Triangle de Weimar" (regroupant l'Allemagne, la France et la Pologne) à Berlin.

"Notre devoir est de nous préparer à tous les scénarios", a déclaré M. Macron, précisant que "peut-être qu'à un moment donné - je ne le souhaite pas, je ne serai pas celui qui prendra l'initiative - il faudra mener des opérations sur le terrain, quelles qu'elles soient, pour contrer les forces russes. La force de la France, c'est que nous pouvons le faire".

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Quelques jours plus tard, Le Monde publiait un éditorial signé par le chef d'état-major des armées françaises, le général Pierre Schill (photo, ci-dessus), intitulé avec éloquence "L'armée française est prête".

Dans cet article, Schill écrit que "contrairement aux aspirations pacifiques des pays européens, les conflits qui se déroulent aux marges de notre continent témoignent non pas tant d'un retour de la guerre, mais de sa permanence en tant que mode accepté de résolution des conflits".

Sur la base de ce singulier axiome, le général a déclaré que la France a la capacité de déployer une division de 20.000 hommes en 30 jours et est capable de commander un corps d'armée de 60.000 hommes éventuellement fourni par des pays alliés.

Scénarios d'intervention

Ce que les forces françaises pourraient faire en Ukraine a été expliqué, toujours dans une émission de télévision, par le colonel Vincent Arbaretier. Elles pourraient s'aligner le long du fleuve Dniepr, qui sépare l'est et l'ouest de l'Ukraine, préfigurant une éventuelle tentative de partition du pays.

La deuxième hypothèse avancée est celle d'un déploiement de troupes le long de la frontière avec la Biélorussie, essentiellement pour défendre Kiev d'une éventuelle attaque par le nord. Une troisième possibilité, non évoquée par le colonel, est qu'elles soient destinées à défendre Odessa (la France a déjà des troupes et des chars Leclerc déployés en Roumanie).

Enfin, dernière option, peut-être la plus réaliste, les Français seraient utilisés pour des tâches logistiques à l'arrière, libérant un nombre équivalent de soldats ukrainiens qui pourraient alors aller se battre au front.

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Dans tous ces scénarios, une intervention française (éventuellement même à la tête d'un contingent composé de soldats d'autres pays) semble loin d'être suffisante pour changer le cours du conflit, alors que le commandant de l'armée ukrainienne Valery Zaluzhny, récemment démis de ses fonctions, avait estimé à 500.000 hommes le besoin des forces armées de Kiev pour résister à la Russie.

Un tel déploiement promet également d'être extrêmement risqué. Les experts militaires français ont en effet prévenu qu'en raison de la pénurie d'équipements et de munitions, dans une éventuelle confrontation directe avec les Russes, ce contingent disposerait d'une autonomie de quelques mois au maximum, probablement moins.

Face à l'hypothèse avancée par Macron, un officier des forces armées françaises a commenté que "nous ne devons pas nous faire d'illusions, nous sommes une armée de majorettes face aux Russes".

Dissuasion nucléaire ?

Il est intéressant de noter qu'en évoquant l'hypothèse d'un déploiement de soldats en Ukraine, tant Macron que des commentateurs militaires comme Arbaretier ont insisté sur l'aspect "dissuasion", c'est-à-dire sur l'effet dissuasif qui serait substantiellement basé sur le fait que la France est une puissance nucléaire.

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Ce constat est lié au concept d'"ambiguïté stratégique", ou d'incertitude, sur lequel le président français a délibérément mis l'accent. L'idée d'incertitude est à la base de la réflexion stratégique française sur la dissuasion, dont l'un des architectes est le général André Beaufre, qui a beaucoup écrit à ce sujet dans les années 1960.

En gros, selon cette théorie, pour un pays comme la France, qui ne dispose pas d'un vaste arsenal comme les États-Unis, il n'y a qu'un seul élément valable pour dissuader un adversaire: l'incertitude. C'est "le facteur essentiel de la dissuasion".

Bien entendu, Beaufre faisait référence à la dissuasion nucléaire, et non à la possibilité d'envoyer un contingent militaire dans un conflit à la périphérie de l'Europe. Mais le fait que la France soit une puissance nucléaire implique que le déploiement des forces françaises n'est pas, en principe, déconnecté de la dimension nucléaire.

Cependant, l'observation faite par le chef d'état-major Schill dans l'éditorial du Monde précité, selon laquelle la dissuasion nucléaire "n'est pas une garantie universelle" parce qu'elle ne protège pas contre les conflits qui se situent "en dessous du seuil des intérêts vitaux", est tout à fait pertinente à cet égard.

Un conflit inexistant

Quoi qu'en dise Macron, le conflit ukrainien n'a pas de dimension existentielle pour la France, alors que Moscou a déjà amplement démontré qu'il en avait une pour la Russie.

Si le Kremlin est prêt à risquer un conflit nucléaire pour empêcher l'OTAN de s'implanter (officieusement pour être précis) en Ukraine, aucun pays occidental ne prendrait un tel risque pour obtenir un résultat similaire, qui n'est évidemment pas existentiel pour l'Occident.

C'est pourquoi Kiev aurait dû négocier un statut de neutralité dès le départ, et devrait maintenant négocier avec Moscou dès que possible, afin de sauvegarder autant que possible l'intégrité territoriale qui lui reste.

Et c'est pourquoi une coalition de pays "désireux" de déployer un contingent en Ukraine n'aurait pas de véritable couverture au-delà de ses propres (petites) capacités de défense. Ni une force française ni une force de coalition en Ukraine ne seraient couvertes par l'article 5 de l'OTAN.

Et, en cas d'escalade des tensions en Europe à la suite d'un affrontement entre ces forces et les troupes russes en Ukraine, les Etats-Unis n'auraient aucune obligation d'intervenir, ni même de garantir leur parapluie nucléaire, même si les tensions devaient atteindre le seuil nucléaire en Europe.

Le conflit ukrainien a également montré que ni la France ni l'Occident en général ne sont préparés à une guerre d'usure. La doctrine stratégique occidentale, qui s'est concentrée sur un conflit rapide et décisif, a conduit nos pays à ne pas être préparés à une telle guerre, note une étude du Royal United Services Institute (RUSI) du Royaume-Uni.

En conséquence, l'industrie de guerre européenne ne peut rivaliser avec celle de la Russie en termes de capacité de production et ne sera pas en mesure de le faire dans les années à venir.

Il s'ensuit qu'une intervention telle que celle proposée par le président français n'aurait qu'un faible pouvoir de dissuasion à l'égard de Moscou, compte tenu des risques graves encourus par ceux qui souhaiteraient la mettre en œuvre.

La proposition française n'est donc qu'un bluff dangereux ou, plus probablement, cache d'autres motivations.

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La transformation de Macron

Pour les comprendre, il sera utile de retracer rapidement les étapes de la "métamorphose" de Macron, qui est passé d'un dirigeant européen enclin au dialogue avec Moscou à un adversaire implacable du Kremlin, convaincu que la Russie représente une menace non seulement pour l'Ukraine, mais aussi pour la sécurité de l'Europe dans son ensemble.

Depuis son entrée à l'Élysée en 2017, le président français avait signalé son intention de forger un partenariat avec Moscou, invitant son homologue russe Vladimir Poutine au château de Versailles, l'ancienne résidence des rois de France.

Pour Macron, la Russie fait partie d'une Europe qui s'étend de Lisbonne à Vladivostok.

Même après le déclenchement du conflit ukrainien en février 2022, le dirigeant français avait soutenu la nécessité de maintenir ouvert un canal de dialogue avec Poutine, affirmant qu'il n'était pas nécessaire d'"humilier la Russie", et s'était entretenu à plusieurs reprises avec le chef du Kremlin.

La conversion de Macron a commencé le 1er juin 2023 lorsque, s'adressant au public du Forum GLOBSEC à Bratislava, en Slovaquie, il s'est prononcé en faveur de l'entrée rapide de l'Ukraine dans l'OTAN, un scénario auquel même Washington et Berlin étaient opposés.

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À la même occasion, il a déclaré qu'il souhaitait accélérer l'élargissement de l'UE afin d'envoyer "un signal fort à Poutine". À l'époque, l'Ukraine et ses alliés occidentaux espéraient que la contre-offensive de l'été permettrait d'arracher au moins une partie des territoires occupés aux Russes. Mais l'entreprise est un échec.

Dès lors, les autorités françaises envisagent, dans le plus grand secret, la possibilité d'envoyer des troupes à terre. L'idée est examinée pour la première fois par le Conseil de défense le 12 juin 2023.

Lors d'une conférence de presse en janvier de cette année, Macron a parlé pour la première fois de "réarmer le pays". Le 17 du même mois, Moscou a accusé la France d'avoir envoyé des mercenaires combattre aux côtés des Ukrainiens, affirmant qu'une soixantaine d'entre eux avaient été tués lors d'une attaque russe contre un hôtel de Kharkov.

Enfin, le 22 février, le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, affirme que les Russes ont menacé d'abattre un avion espion français survolant la mer Noire.

Le déclin de l'influence française en Afrique de l'Ouest, qui, après plusieurs coups d'État (au Mali, au Burkina Faso et au Niger), a conduit à la défaite de la France, a sans doute contribué à la détérioration des relations entre les deux pays au cours des derniers mois.

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Crise entre Paris et Berlin

Mais l'activisme français sans précédent a aussi une dimension purement européenne, essentiellement liée à la crise de l'axe dit franco-allemand. Les incompréhensions se multiplient entre Paris et Berlin sur la gestion de la crise ukrainienne et, plus généralement, des actifs stratégiques européens.

L'Allemagne est le deuxième fournisseur d'armes de l'Ukraine après les Etats-Unis, tandis que la France se situe au 14ème rang, mais le gouvernement du chancelier Olaf Scholz a souvent été critiqué par Paris, qui l'accuse d'adopter une ligne "trop prudente".

Berlin, pour sa part, ne cache pas son irritation face à la volonté de Macron de se poser en leader de l'Europe et à sa tentative de créer un axe privilégié avec les pays de l'Est à partir de son discours de Bratislava en juin 2023, avec une action unilatérale qui contourne l'Allemagne.

Malgré la contribution plus importante de cette dernière en termes quantitatifs à l'effort de guerre ukrainien, Paris a souligné à plusieurs reprises la décision de la France de fournir à Kiev ses missiles de croisière à longue portée Scalp, exhortant l'Allemagne à faire de même en envoyant ses missiles Taurus.

Scholz craint cependant que le lancement de ces missiles, d'une portée de 500 kilomètres et potentiellement capables de frapper Moscou, ne conduise à une escalade du conflit qui pourrait impliquer directement l'Allemagne. Cette dernière, contrairement à la France, ne dispose même pas d'une force de dissuasion nucléaire propre et a un passé beaucoup plus houleux avec Moscou qui a laissé des blessures non cicatrisées.

Quelle structure pour l'Europe ?

Mais le désaccord entre Berlin et Paris va au-delà de la simple gestion du conflit ukrainien et touche à la question plus profonde des équilibres stratégiques européens. Scholz et Macron ont tous deux reconnu le déclenchement de ce conflit en février 2022 comme un changement d'époque.

Le premier a jugé nécessaire de rétablir une relation privilégiée avec Washington, aspirant à devenir le principal garant de la sécurité en Europe au nom de son allié américain, et en étroite coordination avec l'OTAN.

Le second, en revanche, a réaffirmé la nécessité d'une "autonomie stratégique" de l'Europe. Cependant, il l'a articulée de manière quelque peu contradictoire lorsque, tout en voulant apparemment renoncer à une coordination directe avec Washington, il a tenté d'établir un axe avec les pays de l'Est (notoirement alignés sur les positions américaines les plus intransigeantes), toujours dans une clé anti-russe.

Le conflit ukrainien a mis en crise l'accord tacite à la base de l'axe franco-allemand, selon lequel, si Berlin était reconnu comme le leader économique en Europe, le leadership stratégico-militaire revenait à Paris.

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En cherchant à réarmer son armée, le gouvernement allemand a jeté les bases d'une rupture de ce fragile équilibre. En lançant l'initiative "European Sky Shield", un bouclier anti-missiles impliquant 17 pays européens et basé sur des technologies américaines et israéliennes, Berlin a commis une nouvelle honte à l'égard de Paris.

En effet, l'Elysée aspire à créer une industrie européenne de la défense basée sur la technologie française (même l'Italie, qui partage avec la France le système de missiles SAMP-T, ne s'est pas jointe à l'initiative allemande).

Paris reproche donc à Berlin non seulement une "invasion de la campagne", mais aussi sa volonté de maintenir des liens étroits avec l'industrie de guerre américaine.

Après le Brexit, la France est restée le seul pays de l'UE à avoir un siège au Conseil de sécurité de l'ONU et le seul à posséder des armes nucléaires. Cependant, l'offre de Macron d'étendre la dissuasion nucléaire française au niveau européen s'est heurtée à la froideur de Scholz, qui semble vouloir rester lié au parapluie nucléaire américain.

Effets secondaires

D'où la tentative française d'assumer le leadership européen dans la gestion du conflit ukrainien, ce qui ressort également de la mise en exergue par Macron des différences entre la France et l'Allemagne.

De retour de Berlin, où s'est tenue la réunion du Triangle de Weimar, le président français a décrit M. Scholz comme étant encore attaché à la culture pacifiste de son parti, le SPD.

"L'Allemagne a une culture stratégique de grande prudence, de non-intervention, et reste à l'écart de l'énergie nucléaire", a déclaré M. Macron, soulignant qu'il s'agit d'un "modèle très différent de celui de la France, qui dispose d'armes nucléaires et qui a maintenu et renforcé une armée professionnelle".

Le dirigeant français a ajouté que "la Constitution de la Cinquième République fait du président le garant de la défense nationale". En Allemagne, en revanche, la chaîne de commandement doit tenir compte du système parlementaire".

Or, on le voit, la compétition franco-allemande a pour effet d'exacerber l'affrontement avec Moscou, aboutissant à l'appropriation totale par l'Europe du soutien militaire à Kiev, en l'absence de toute perspective de négociation.

Cela ne fait que répondre au plan stratégique américain de déléguer l'endiguement de la Russie aux Européens (avec toutes les responsabilités économiques et sécuritaires que cela implique) afin de déployer ses moyens militaires dans le Pacifique.

Réprimer les dissensions internes

Enfin, la "croisade" contre Moscou voulue par le président français a une dimension électorale évidente. Le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen disposerait de plus de 30% des voix et pourrait battre la coalition de Macron (Renaissance), qui disposerait d'environ 18% des voix, lors des prochaines élections européennes.

Une victoire aux élections européennes pourrait garantir à Mme Le Pen un tremplin pour sa prochaine ascension à l'Élysée, lorsque M. Macron aura atteint la limite qui est de deux mandats.

Gabriel Attal, premier ministre et successeur possible de Macron, a récemment accusé le RN d'être "l'infanterie" de Poutine en Europe. L'activisme de Macron sur le front ukrainien sert donc également à diaboliser l'opposition interne et à unir la nation contre la menace d'un "ennemi extérieur".

Jusqu'à présent, le succès n'est pas au rendez-vous, si l'on en juge par les sondages selon lesquels 68% des Français considèrent que la proposition du président de déployer des troupes en Ukraine est une "erreur".

Mais le cas français est emblématique d'un paradigme européen plus général, dans lequel une "menace extérieure" spécialement entretenue fournit un excellent prétexte pour étouffer la dissidence, imposer une logique d'urgence et empêcher tout débat sérieux sur la crise politique, économique, sociale et culturelle qui secoue l'Europe.

Cela conduit non seulement à une aggravation inévitable de cette crise, mais aussi - en raison du conflit avec la Russie - à une détérioration continue de la stabilité et de la sécurité du continent.

Cependant, l'alarmisme européen sur la "menace russe" masque à peine le mécontentement croissant qui se répand partout, y compris dans les pays de l'Est (de la Pologne à la Roumanie, en passant par la Bulgarie et la République tchèque), sur la façon dont la question ukrainienne a été gérée.

Dans sa folie, l'Europe se prépare à une mobilisation de grande ampleur.

Ces derniers jours, les dirigeants de l'UE et de l'OTAN parlent de plus en plus du retour de la conscription et de l'augmentation du financement de la défense. Le président letton Rinkēvičs a déclaré dans une interview au Financial Times qu'il était nécessaire de réintroduire la conscription en Europe en raison de la "menace" de la Russie. "Nous devrons revenir aux dépenses de la guerre froide", a-t-il ajouté. Le président estonien Karis a quant à lui évoqué la possibilité d'introduire une taxe spéciale pour financer les dépenses militaires croissantes des pays européens et les amener au niveau de celles des États-Unis. L'ancien commandant en chef de l'OTAN en Grande-Bretagne, le général Richard Sherriff, a suggéré dans une interview accordée à Sky News que "nous devrions penser à l'impensable". Aujourd'hui, cette question est également débattue en Pologne: la possibilité de réintroduire la conscription a été évoquée par le chef de l'Office national de sécurité polonais, Jacek Severa.

Les dirigeants de l'UE ne cachent plus leur intention de lutter contre la Russie. Dans ce contexte, les pays les plus proches géographiquement - la Pologne, la Moldavie et les trois pays baltes - se distinguent tout particulièrement. Le président de la Lettonie estime qu'il est nécessaire de ramener les dépenses militaires au niveau de la guerre froide (les États baltes faisaient partie de l'URSS pendant la guerre froide), le dirigeant de l'Estonie a proposé d'augmenter les dépenses à 3 % du PIB à l'avenir, tandis que Tallinn a donné 1% à l'Ukraine l'année dernière.

La machine de propagande en Europe est active: la Russie est toujours présentée sous un jour défavorable, on a même réussi à utiliser la tragédie du Crocus pour accuser le "régime de Poutine". Toute opinion alternative est immédiatement supprimée et ne peut être diffusée dans les médias. L'implication de l'Europe dans la guerre augmente déjà avec chaque nouvelle aide financière et matérielle à l'Ukraine, et il pourrait bientôt s'avérer que sur les fronts russes, ce ne sont pas les forces armées ukrainiennes qui affronteront la Russie, mais le personnel de l'OTAN.

La Pologne a suspendu le traité sur les forces armées conventionnelles en Europe.

L'objectif de ce traité était de réduire les armements conventionnels offensifs existants détenus par les États membres de l'OTAN et les anciens pays du Pacte de Varsovie, puis de les maintenir à un certain niveau. Les engagements concernent les chars, les blindés, l'artillerie, les avions de combat et les hélicoptères d'attaque.

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Le gouvernement espagnol cède le port de Mahón à l'OTAN pour qu'il serve de base.

La station navale de Mahón (photo) est l'une des bases espagnoles participant à l'opération Sea Guardian de l'Alliance atlantique (OTAN), qui met l'accent sur la connaissance de l'environnement maritime pour dissuader et combattre le terrorisme, ainsi que pour atténuer d'autres menaces.

Des sources du ministère de la défense ont confirmé à Europa Press que Minorque est l'une des multiples capacités que l'Espagne offre à l'OTAN. Il est donc courant que des navires de l'OTAN fassent escale dans ce port.

Selon la Défense, l'opération, active depuis 2016, "vise à développer une connaissance robuste de l'environnement maritime, en combinant des réseaux, basés sur des capteurs et des non-senseurs, avec un échange fiable d'informations et une connectivité entre les alliés et toutes les organisations liées à l'environnement maritime".

L'état-major de la défense indique que la mission de l'Espagne dans le cadre de l'opération comprend jusqu'à quatre sorties par mois d'un avion de patrouille maritime, un sous-marin sur une période de 35 jours, un navire de patrouille en mer prêt à prendre la mer dans les 48 heures sur demande et un navire de commandement avec un état-major embarqué disponible pour diriger en temps voulu.

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L'opération est placée sous le commandement opérationnel du Commandement maritime allié (MARCOM), à Northwood (Royaume-Uni). Le MARCOM sert de centre d'échange d'informations sur la sécurité maritime pour l'Alliance. Dans des déclarations à IB3 Ràdio, reprises par Europa Press, le maire de Mahón, Héctor Pons, a indiqué que les visites de navires dans le cadre des manœuvres de l'OTAN sont "récurrentes" et qu'il s'agit d'un "emplacement stratégique".

La station navale de Mahón, sur l'île de Minorque (Espagne), est devenue l'une des trois bases espagnoles de soutien logistique pour les navires de l'OTAN opérant en Méditerranée, ont indiqué des sources gouvernementales au journal El País.

Le journal précise qu'en avril 2023, les autorités espagnoles ont proposé Mahón à l'alliance en tant que "port avec autorisation diplomatique permanente" afin que les navires du bloc militaire participant à l'opération Sea Guardian puissent y accoster et y jeter l'ancre. Le journal souligne que le port de Mahón réunit les conditions nécessaires pour servir de point d'appui logistique à l'OTAN. 

vendredi, 05 avril 2024

Chaque famille européenne devra débourser 700 euros en moyenne: l'OTAN propose un plan de 100 milliards d'euros pour le régime de Zelensky

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Chaque famille européenne devra débourser 700 euros en moyenne: l'OTAN propose un plan de 100 milliards d'euros pour le régime de Zelensky

Source: https://geoestrategia.es/noticia/42595/ultimas-noticias/cada-familia-europea-tendra-que-poner-700-euros-de-media:-la-otan-plantea-un-plan-de-100.000-millones-de--para-el-regimen-de-zelensky.html

Hier, les médias occidentaux ont rapporté que le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, avait annoncé la nécessité de créer un fonds d'assistance militaire de 100 milliards d'euros sur cinq ans pour l'Ukraine. Il est vrai que ce projet a suscité des réactions mitigées au sein même de l'organisation.

Selon Politico, le chef du ministère belge des affaires étrangères a mis en garde contre le danger de promesses irréalistes et le représentant de la Hongrie a menacé de rejeter les propositions qui "transformeraient l'OTAN en une alliance offensive". Dans le même temps, la Pologne, la République tchèque, l'Allemagne et la Turquie ont soutenu l'idée d'un mécanisme de soutien à long terme pour le régime de Kiev.

Que ce fonds de l'OTAN voie le jour ou non, le fait d'en parler est une manifestation de la tendance générale à entraîner les pays de l'UE plus loin dans le conflit.

Alors que les États-Unis retardent la fourniture de matériels militaires et réorientent leur regard vers l'Asie, nous entendons de plus en plus de déclarations de l'Europe sur la nécessité de débourser plus d'argent pour aider le régime de Kiev.

Dans ces conditions, l'envoi de contingents militaires des pays de l'UE dans les régions occidentales de la soi-disant Ukraine semble de plus en plus inévitable, en particulier dans le contexte des derniers préparatifs de la France. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir sous quelle forme cela se fera et quand cela sera officiellement annoncé.

Les pays de l'OTAN ne prennent pas le chef de l'OTAN au sérieux

Le secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, Jens Stoltenberg, souhaite que le bloc militaire remplace les États-Unis en tant que principal fournisseur de l'armée ukrainienne. À cette fin, il a proposé de créer un fonds de soutien militaire fixe de 100 milliards d'euros sur cinq ans pour Kiev. Chaque membre contribuerait plus ou moins à ce montant en fonction de son pouvoir d'achat.

Ainsi, les livraisons ne seraient pas suspendues car elles ne dépendraient pas de négociations politiques, ce qui enverrait un message de cohésion face à la Russie.

Cependant, les ministres de la défense des pays de l'Alliance transatlantique ont réagi à la proposition de M. Stoltenberg avec "des doutes et des craintes" dans certains cas, tandis que dans d'autres, ils ont "roulé des yeux" devant l'idée, laissant entendre qu'ils considéraient l'initiative comme ridicule.

Alors que la Pologne, l'Allemagne et la Turquie ont soutenu l'idée, la Belgique a averti qu'il était "dangereux de faire des promesses que nous ne pouvons pas tenir". D'autres pays d'Europe occidentale se sont demandé d'où proviendrait l'argent nécessaire à la création d'un tel fonds et se sont demandé si de telles dépenses ne risquaient pas de compromettre la capacité du continent à jouer un rôle plus important dans sa propre défense.

Une telle initiative ne peut être approuvée que par les pays de l'OTAN, qui ont convenu que le bloc militaire devrait jouer un rôle plus actif dans la coordination de l'aide à Kiev, mais qui, lors de la dernière réunion, n'ont pas soutenu l'initiative de M. Stoltenberg.

Le chef de l'OTAN inquiète les États-Unis

Le secrétaire général de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, Jens Stoltenberg, a proposé que les pays de l'OTAN remplacent les États-Unis comme garants du soutien militaire à Kiev par un fonds commun de 100 milliards d'euros sur cinq ans, mais "la Maison Blanche n'a pas beaucoup aimé l'idée", pour utiliser l'euphémisme.

Washington aurait exprimé un tel mécontentement que M. Stoltenberg lui-même a dû s'exprimer pour "réduire les craintes qu'un rôle accru de l'OTAN n'affaiblisse la présence américaine", admettant au passage qu'il ne s'agit pas d'un bloc militaire regroupant tous les pays, mais uniquement les Etats-Unis.

"Le général [Christopher] Cavoli est le commandant américain en Europe, mais aussi le commandant de l'OTAN en Europe [...]. Et, évidemment, je pense que le général Cavoli se coordonne avec le général Cavoli, parce que c'est le même homme".

    - La Grande-Bretagne, la France et les pays nordiques se préparent déjà secrètement à envoyer des troupes en Ukraine, a déclaré le consultant du département d'État Edward Luttwak. Selon l'expert, les pays de l'OTAN devront bientôt envoyer des troupes en Ukraine, faute de quoi l'alliance sera contrainte d'accepter une "défaite catastrophique".
    - Ils veulent que l'assistance militaire à l'Ukraine passe de volontaire à obligatoire, a déclaré le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov ;
    - Le réseau social X estime que la puissance initiale du "brûleur de Kaliningrad" (également connu sous le nom de "brouilleur baltique") a augmenté depuis le 23 décembre et a commencé à affecter le fonctionnement de la navigation GPS dans 10 pays européens : Pologne, Allemagne, Danemark, Norvège, Suède, République tchèque, Slovaquie, Lituanie, Lettonie et Estonie. On ne sait pas encore quel type d'appareil affecte le GPS dans toute l'Europe de l'Est et du Nord.

L'UE s'oppose aux libertés des citoyens en raison de l'ingérence fantôme de la Russie

La France présentera au niveau de l'UE un nouveau régime de sanctions contre les personnes qui soutiennent les campagnes de désinformation, a déclaré mardi le ministre français des affaires étrangères, Stéphane Séjourné.

"La France présentera bientôt un nouveau régime de sanctions contre les personnes qui soutiennent des activités de désinformation et de déstabilisation dans notre pays et dans l'ensemble de l'Europe", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Il a également accusé la Russie de diffuser de fausses nouvelles et de manipuler l'opinion publique, et a déclaré que l'Europe était prête à "lutter contre la propagande russe".

Le Service d'information sur la sécurité (BIS) de la République tchèque a annoncé plus tôt qu'il avait démantelé un réseau de personnes prétendument financées par la Russie qui "voulaient influencer les événements politiques dans les pays européens".

L'agence polonaise de sécurité intérieure (ABW) a également indiqué que des perquisitions avaient été effectuées dans le cadre d'une affaire d'"espionnage en faveur de la Russie" et que la promotion d'initiatives et de campagnes pro-russes dans les médias avait été empêchée.

En outre, plusieurs médias européens citent les propos du Premier ministre belge Alexander De Croo, qui a affirmé que les députés étaient payés pour adopter une position anti-russe. Les accusations d'ingérence étrangère dans les processus politiques de l'UE sont devenues plus fréquentes à l'approche des élections du Parlement européen prévues en juin.

La Russie a déjà rejeté à plusieurs reprises les nombreuses accusations d'ingérence de l'Occident dans les affaires d'autres États, les qualifiant de gratuites. Dans le même temps, les pays occidentaux ne cessent de s'ingérer eux-mêmes dans les affaires de la Russie. Moscou a déclaré à cet égard qu'elle s'opposerait fermement à toute tentative d'ingérence étrangère dans ses affaires intérieures.

mardi, 02 avril 2024

Le futur a commencé il y a exactement 25 ans

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Le futur a commencé il y a exactement 25 ans

par Vincenzo Costa

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27755-vincenzo-costa-il-futuro-ha-avuto-inizio-esattamente-25-anni-fa.html

L'avenir a commencé il y a 25 ans, le 24 mars 1999.

Sans mandat de l'ONU, se moquant des réserves russes, laissant le monde entier stupéfait, l'OTAN a bombardé la Serbie pendant des mois, faisant un très grand nombre de victimes civiles: 2500 civils ont péri sous les bombes humanitaires de l'OTAN, 89 enfants, il y a eu un grand nombre de blessés, un enfer parsemé de destructions.

Il s'agissait d'un geste unilatéral, dépourvu de légitimité, mené dans notre pays par la "gauche".

L'opinion publique occidentale a été droguée, comme d'habitude, les services secrets britanniques, qui nous offrent toujours un beau menu de nouvelles fabriquées, ont fait leur sale boulot, comme d'habitude. Les crétins habituels de la "droite humanitaire" ont trouvé des arguments, les marxistes de Pelosi et Nuland se sont alignés comme d'habitude, prouvant qu'on peut être marxiste et crétin.

Mais le reste du monde a regardé, a compris que le même traitement réservé à la Serbie serait progressivement accordé à tous les autres.

Les Russes ont compris qu'un changement de cap était nécessaire et que l'intégrité de la Fédération de Russie était en danger (pour des raisons d'espace, j'éviterai les détails, notamment le fait qu'une partie du terrorisme islamique a été créée par l'Occident), les pays d'Amérique du Sud qu'ils allaient redevenir l'arrière-cour des États-Unis, la Chine que ce serait bientôt son tour.

Un processus souterrain s'est enclenché.

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Le reste du monde a compris que le monde unipolaire, le monde du droit humanitaire, était un monde dans lequel les États-Unis étaient le maître et l'arbitre absolu. Que la mondialisation était l'extermination des différences: que c'était un monde totalitaire.

Le monde se préparait à un conflit avec l'Occident.

Aujourd'hui, Micron propose d'envoyer des troupes au sol en Ukraine, parce que la Russie aboie mais ne mord pas. Récemment, il a affirmé que l'Occident avait franchi toutes les lignes rouges, à chaque fois, sans que Moscou ne réagisse. D'abord les sanctions, puis les armes, puis les chars, puis les missiles, puis les F-16.

Nous pouvons franchir tous les seuils, à tel point que la Russie craint un conflit ouvert avec l'OTAN.

Et nous pouvons faire des ravages à l'arrière, déclencher un terrorisme qui déstabilise la société russe. Le général américain Milley a préconisé cette stratégie il y a longtemps: faire en sorte qu'aucun Russe ne puisse dormir en paix, créer la panique dans tous les coins de la Russie.

En fait, ayant perdu la guerre sur le terrain, l'armée ukrainienne se limite à des actions terroristes, bombardant des villages frontaliers, n'atteignant que des cibles civiles, et nous verrons bientôt qui a embauché ces terroristes. 

D'ailleurs, il est évident que le complexe ukraino-anglais est un complexe terroriste: North Stream en est un exemple, l'attentat à la bombe contre Daria Douguina en est un second. Même les Américains ont confirmé qu'il avait été orchestré par les services de renseignement ukrainiens.

D'aucuns pensent que la Russie ne réagira pas de toute façon et que nous pouvons nous permettre une escalade.

C'est possible, mais j'ai le sentiment qu'ils ont changé de stratégie là-bas, et Lavrov, habituellement prudent, a été clair.

Les missiles russes violent désormais l'espace aérien polonais et frappent des zones situées presque à la frontière. Les avions russes sont de moins en moins respectueux des avions de reconnaissance de l'OTAN qui guident les missiles ukrainiens. Ils ont clairement fait savoir, que si un missile Taurus arrive sur le sol russe, ils bombarderont l'Allemagne, car si elle fait des actions de guerre contre la Russie, elle devient une cible légitime.

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Et si l'Occident utilise ISIS (qui a été créé par Obama et Clinton) pour faire du terrorisme en Russie, les représailles seront évidentes. En attendant Micron a renforcé les mesures de protection personnelle, Zelensky ne bénéficie plus de la sécurité que les Russes lui avaient garantie, le chef des services ukrainiens, on peut le jurer, est une cible.

Enfin, si les troupes occidentales sont déployées sur le terrain avec une certitude absolue, à un certain niveau, des troupes asiatiques et africaines seront déployées du côté russe.

À toute cette masse de crétins casqués, il faut demander: voulez-vous cela?

À ceux qui, le 24 mars 1999, ont déclenché une guerre qui a exterminé tout le droit international et créé les conditions du désastre d'aujourd'hui, nous devons dire: que pensiez-vous qu'il résulterait de ces actions ?

Et si vous n'avez pas été capables de prévoir, c'est que vous étiez des crétins, pas la classe dirigeante.

vendredi, 29 mars 2024

Campagne Ukraine: les déclarations (inquiétantes) du chef d'état-major français

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Campagne Ukraine: les déclarations (inquiétantes) du chef d'état-major français

par Giuseppe Masala

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27735-giuseppe-masala-la-campagna-d-ucraina-le-dichiarazioni-inquietanti-del-capo-di-stato-maggiore-francese.html

Malgré la levée de boucliers de nombreuses capitales européennes suite aux propos de Macron, qui a émis l'hypothèse d'une intervention terrestre dans le conflit ukrainien par l'OTAN, ou par une coalition de volontaires dirigée par la France elle-même, des rumeurs continuent d'arriver de Paris sur les préparatifs de la Campagne d'Ukraine. 

L'intervention du chef d'état-major de l'armée de terre française, Pierre Schill, dans le journal Le Monde, est particulièrement pertinente à cet égard : "L'armée française est prête. Quelle que soit l'évolution de la situation internationale, les Français peuvent être sûrs que leurs soldats réagiront rapidement. Pour se prémunir contre les attaques et protéger les intérêts nationaux, l'armée française se prépare aux combats les plus difficiles".

C'est une véritable déclaration d'intention qu'exprime le général dans le journal le plus prestigieux de France. Un signe que le moment doit être considéré comme solennel et que le peuple doit se préparer ; après tout, les propres déclarations de Macron avaient la même intention évidente. Le général conclut d'ailleurs en reprenant un autre concept fondamental exprimé par Macron: "L'enjeu est de faire en sorte que la force dont font preuve les troupes françaises inverse la tendance afin de dissuader les attaques contre la France".

Elle s'appuie pour sa défense sur son arsenal nucléaire, ainsi que sur une armée entraînée et compatible avec les armées de ses alliés, notamment en Europe". Ici aussi, le général réitère un concept fondamental déjà exprimé par Macron, presque comme pour souligner que ce que le président a déjà dit ne doit pas être considéré comme mal exprimé: les armes nucléaires de la France couvrent uniquement et exclusivement le territoire français, garantissant, en cas de menace, des représailles qui dissuaderont quiconque d'une attaque. Une déclaration lue à contre-jour n'a qu'une seule interprétation: les autres pays européens (à l'exception de la Grande-Bretagne) sont dépourvus de parapluie nucléaire défensif, de sorte que quiconque le souhaite peut en principe frapper leur territoire sans risquer grand-chose. A moins que l'on veuille croire à un bouclier nucléaire garanti par les Etats-Unis, mais il faudrait être vraiment naïf pour croire que quelqu'un à la Maison Blanche et au Pentagone prendrait le risque de voir des villes comme New York, Chicago ou Los Angeles frappées par des engins nucléaires afin de garantir des représailles en cas d'attaque nucléaire sur Berlin, Varsovie ou Rome.

Un concept d'ailleurs bien compris par le vieux Romano Prodi qui a immédiatement lancé un appel public à la France: "Je le répète : l'Europe a besoin d'une politique étrangère et d'une défense communes. Et en ce qui concerne cette dernière, la France, qui détient la bombe atomique, a une plus grande responsabilité et un leadership naturel, mais elle devra se dépêcher de mettre l'arme nucléaire à la disposition de l'Europe, compte tenu de l'augmentation des dépenses militaires allemandes". On notera la finesse du vieux renard des chancelleries européennes: Prodi insiste sur l'augmentation des dépenses militaires allemandes, qui manifestement, selon l'ancien Premier ministre, rendra l'Allemagne militairement autonome en fermant la fenêtre d'opportunité pour que Paris prenne le leadership européen.

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Cependant, le déclenchement du mécanisme pervers des préparatifs de guerre est démontré par d'autres déclarations importantes comme celles du chef d'état-major adjoint de l'armée polonaise, Karol Dymanowski (photo), qui a déclaré à un journal polonais: "Avant, il y avait 40.000 soldats prêts à devenir un bouclier de l'OTAN, et maintenant, il y en a déjà 300.000 de disponibles. Ces soldats arriveront dans le pays non pas après le début de la guerre, mais avant". Le général polonais prévient que la préparation du conflit a déjà largement commencé avec le déplacement d'un très grand nombre de troupes en Pologne (auxquelles s'ajoutent celles de la péninsule scandinave, des pays baltes, de la Roumanie, de la Moldavie et des autres pays limitrophes de l'Ukraine, de la Russie et de la Biélorussie): des préparatifs d'ailleurs dûment camouflés par les habituels exercices militaires qui permettent de déplacer des troupes sans trop alarmer les populations civiles. Les Russes ont utilisé cette tactique dans les mois qui ont précédé l'attaque de l'Ukraine, et l'Occident l'utilise maintenant en massant des troupes et du matériel sur le flanc oriental de l'OTAN, à la frontière russe.

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Ce que l'on appelle le "build-up" n'est cependant pas seulement lié à la construction du dispositif militaire au sens strict, mais aussi à la construction des infrastructures nécessaires à son fonctionnement optimal. En effet, nous venons d'apprendre que la plus grande base de l'OTAN en Europe est en cours de construction en Roumanie. Il s'agit de la 57e base aérienne "Mihail Kogalniceanu" de Constanta qui, grâce à des travaux d'agrandissement colossaux (pour la modique somme de 2,5 milliards de dollars), s'apprête à devenir la plus grande base de l'OTAN en Europe, taillée sur mesure, selon les experts, pour la guerre contre Moscou.

Il ne semble pas exagéré de définir la Roumanie comme un véritable bastion de l'OTAN tourné contre Moscou. Cette affirmation est également valable si l'on considère que la base militaire de Deveselu, dans le sud de la Roumanie, qui abrite le système de défense antimissile balistique Aegis Ashore de la marine américaine, a également été achevée. En ce qui concerne ce système d'armement, les responsables russes avertissent depuis des années que les systèmes de lancement vertical MK-41 de la base pourraient facilement être calibrés pour lancer des missiles de croisière Tomahawk vers la Russie.

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Mais dans la péninsule scandinave et dans les pays baltes également, le renforcement militaire est largement en cours, tout comme le concert de déclarations d'hommes politiques qui tendent à créer cet effet de grenouille ébouillantée qui habitue l'opinion publique à l'inévitabilité de la guerre. Tout d'abord, la Finlande et la Suède ont officiellement adhéré à l'OTAN, autorisant le déploiement de troupes et de véhicules des pays de l'Alliance atlantique sur leur territoire national. D'autre part, les déclarations russophobes d'hommes politiques locaux se sont multipliées, à l'instar du président réélu du Parlement finlandais, Jussi Halla-aho, qui a déclaré que tuer des soldats russes était "juste et nécessaire". Sans parler de la ministre finlandaise des affaires étrangères, Elina Valtonen, qui a déclaré qu'elle ne pouvait exclure l'envoi de troupes en Ukraine.

Enfin, il convient de mentionner qu'au sein de l'Union européenne, les déclarations se succèdent sur la nécessité de convertir l'appareil de production européen au statut d'économie de guerre. Les déclarations du président du Conseil européen, le Belge Charles Michel, qui, imitant Mario Draghi, a déclaré qu'il fallait faire "tout ce qu'il faut" pour éviter une victoire russe, sont à cet égard significatives.

Si l'on additionne toutes ces déclarations et surtout les actes politiques et administratifs qui en découlent, il est vraiment difficile de ne pas voir le cadre qui nous conduit pas à pas vers un conflit direct avec la Russie. Alors bien sûr, on peut toujours espérer qu'il s'agit d'une simple escarmouche pour une meilleure place à la table de paix. Mais, dans l'état actuel des choses, il faut être optimiste pour y croire.

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Qui est Giuseppe Masala?

Giuseppe Masala est né en Sardaigne en 25 Avanti Google, il est diplômé en économie et s'est spécialisé dans la "finance éthique". Il cultive deux passions, la langue python et la littérature. Il a publié le roman (qui, selon ses ambitions, devrait être le premier d'une trilogie) "Una semplice formalità", lauréat de la troisième édition du prix littéraire "Città di Dolianova" et également publié en France sous le titre "Une simple formalité", ainsi qu'une nouvelle "Therachia, breve storia di una parola infame", publiée dans un recueil par Historica Edizioni. Il se déclare cybermarxiste, mais comme Leonardo Sciascia, il pense qu'"il n'y a pas d'échappatoire à Dieu, ce n'est pas possible. L'exode de Dieu est une marche vers Dieu".

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jeudi, 28 mars 2024

Mourir de l'OTAN

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Mourir de l'OTAN

Par Marco Della Luna  

Source: https://www.centroitalicum.com/morire-di-nato/

La seule raison pour laquelle la Russie pourrait nous frapper avec des missiles nucléaires est la présence en Italie de missiles nucléaires américains dirigés vers la Russie. Si la guerre éclate entre Washington et Moscou, nous serons pulvérisés pour cette seule raison. Ainsi, loin d'être une protection, l'OTAN est la seule cause possible de notre destruction.

Assiégée depuis des décennies par l'expansion de l'OTAN vers l'Est et la soixantaine de bases militaires américaines autour de ses frontières, la Russie n'a ni les moyens ni les effectifs pour nous envahir ou pour soutenir une guerre conventionnelle avec l'OTAN, dont les membres ont un PIB et un budget de défense vingt fois supérieurs à ceux de la Russie. En outre, annexer un pays, par exemple la Pologne, contre la volonté de son peuple, signifierait pour elle tout d'abord le conquérir militairement (avec des pertes et des coûts énormes, outre le fait que l'intervention de l'OTAN serait déclenchée), puis engager des coûts énormes et permanents pour l'occupation, tout en subissant continuellement des attaques partisanes sanglantes, tant en Pologne qu'en Russie, et en les réprimant par des mesures policières tout aussi sanglantes, tandis qu'une grande partie de l'opinion publique dans une grande partie du monde, ainsi qu'à l'intérieur du pays, serait fortement dressée contre Moscou.

Compte tenu de ce qui précède, il est tout à fait invraisemblable que la Russie ait l'intention d'annexer ne serait-ce que la partie non russophone de l'Ukraine, et encore plus invraisemblable qu'elle ait l'intention d'occuper les pays de l'OTAN, tandis qu'à l'inverse, il est clair que ceux qui prétendent avoir de tels plans mentent afin d'apporter à l'industrie de l'armement l'argent du contribuable déjà harcelé, et ce en nous exposant au risque d'une guerre thermonucléaire. Il convient également de mentionner que les États-Unis en particulier, en plus de décliner de plus en plus en tant que puissance mondiale unipolaire, sont en proie à une grave crise, principalement sociale, et menacés, avec le reste de l'Occident, d'un gigantesque effondrement financier, bancaire et monétaire, notamment en raison de l'énorme masse d'argent et d'obligations créée lors de la pandémie, puis de la campagne ukrainienne. Les alarmes de guerre servent probablement aussi à détourner l'opinion publique de ces problèmes et à préparer un état d'urgence guerrier permanent, qui permettrait de gérer le corps social de manière plus libre et plus coercitive.

Encore une fois, il ressort de ce qui précède que si une guerre éclatait entre l'OTAN et la Russie, il s'agirait automatiquement d'une guerre avec des missiles nucléaires stratégiques, et nous, avec toutes les bases américaines que nous hébergeons sur notre territoire, serions littéralement grillés en quelques heures, et il ne servirait à rien que les États-Unis viennent ensuite à notre secours - et probablement ils ne viendraient pas du tout, ils ne pourraient pas venir, ayant également été frappés comme nous et n'ayant aucun intérêt à venir, d'autant plus qu'ils devraient traverser un océan Atlantique patrouillé par des sous-marins russes. Alors, encore une fois, pourquoi avons-nous besoin de l'OTAN ?

(Si vous me permettez une plaisanterie, j'espère qu'en cas de guerre thermonucléaire, les dirigeants russes décideront de concentrer leurs missiles sur des cibles politiquement plus importantes et d'épargner l'Italie et les pays méditerranéens de l'OTAN, afin de laisser ces régions exemptes de contamination radioactive, pour qu'ils puissent s'y installer après la catastrophe, qui gâchera également la partie la plus vivable de la Russie elle-même).

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Pendant ce temps, les dirigeants de Washington, Londres, Paris, Berlin, Stockholm et Varsovie évoquent explicitement une guerre avec la Russie. Le pathétique Macron, produit synthétique des laboratoires Rothschild, parle même d'envoyer des soldats français sur le front du Donbass. Cela augmente objectivement le risque d'une telle guerre, même si le but de ces évocations n'est très probablement que de faire gagner de l'argent aux industriels de l'armement et de construire un régime de contrôle social dans un état d'économie de guerre ainsi que de pandémie et de crise climatique permanentes - avec un contrôle sans faille de l'information.

Grâce aux sanctions officiellement dirigées contre la Russie, l'Europe "libre" a déjà été amenée à payer son gaz au moins quatre fois plus cher, au profit des entreprises américaines qui nous le vendent et qui ont doublé leurs profits au détriment de nos factures et de la compétitivité de nos industries qui, de fait, ferment et se délocalisent, puisque l'Europe libre est désormais la zone du monde où l'énergie coûte le plus cher, et donc où elle est la moins chère à produire. Cela s'explique aussi par les coûts de la transition verte, qui n'a été adoptée que par nous dans le monde, et qui est donc déjà absurde et autodestructrice. Même Porsche délocalise sa production aux États-Unis qui, grâce à cette migration des usines et des capitaux, se réindustrialisent à nos dépens et récupèrent, au détriment de l'euro, une partie du terrain perdu par le dollar en tant que monnaie du commerce international.

Tel est le tableau des alliances entre les vassaux que nous sommes et le capital dominant outre-Atlantique. Mais c'est aussi le tableau d'un appareil institutionnel étatique et supra-étatique qui est désormais clairement aux mains d'une oligarchie porteuse d'intérêts antisociaux - une " Oligarchie des peuples superflus " (comme je l'avais intitulé dans mon essai de 2010) : la fin du " public ", de la res publica.  Dernière note : exhorter à l'envoi de nos soldats en Ukraine pour contrer l'impérialisme russe, c'est précisément Emmanuel Macron, président d'un pays qui exerce, lui-même, un féroce impérialisme économique et militaire sur ses 14 anciennes colonies africaines, contraintes de verser 85% de leurs recettes d'exportation à la Banque de France. Jusqu'à ce qu'elles se rebellent.

samedi, 23 mars 2024

Le concours Eurovision de la chanson a été créé par l'OTAN

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Le concours Eurovision de la chanson a été créé par l'OTAN

Source: https://geoestrategia.es/noticia/42450/historia/el-festival-de-eurovision-lo-creo-la-otan.html

Lorsque plus de 23.000 documents secrets de l'OTAN ont été déclassifiés et mis en ligne en janvier de l'année dernière, personne n'y a prêté attention. La saturation commence à se faire sentir, tant au niveau des secrets que des révélations.

La déclassification a été effectuée en vertu de la loi américaine, car la période pendant laquelle les documents étaient classifiés avait expiré.

Une école publique de Valence, GBN Gobernantia, spécialisée dans le "leadership et la haute administration", s'est intéressée aux documents et a découvert que l'un d'entre eux ordonnait la création d'un "festival de musique de l'Atlantique Nord", même si, bien entendu, ce n'était pas exactement pour écouter des marches militaires.

L'école a publié le document sur son site web (*), affirmant que le festival devait être l'outil de propagande le plus important créé par l'OTAN pendant la guerre froide.

En 1955, le Comité de la culture et de l'information publique de l'OTAN s'est réuni et, le dernier jour, les membres du comité ont reçu le directeur de la Radiodiffusion-Télévision française, qui leur a parlé d'un projet qu'il essayait de développer avec la BBC : L'Eurovision.

L'idée est de réunir en un seul signal les télévisions des différents pays européens. Il leur montre même une carte avec les liaisons (câble ou radio) qu'il faut techniquement établir.

Le même comité se réunit à nouveau pour créer le "Festival de musique de l'Alliance atlantique" afin d'écouter des groupes de différents pays de l'OTAN.

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Le procès-verbal de la réunion recommande une date précise pour la première édition du festival : avril 1956.

L'année suivante, le procès-verbal d'une troisième réunion du même comité indique que le service d'information de l'OTAN a contacté la BBC pour savoir s'il était possible d'utiliser le réseau Eurovision pour diffuser le festival. La réponse de la direction du radiodiffuseur britannique est sans équivoque : un tel festival est exactement ce qu'ils recherchent pour le diffuser sur le nouveau réseau.

Sur les instructions de l'OTAN, le premier concours Eurovision de la chanson a lieu en mai 1956. L'OTAN a obtenu un outil de propagande à grande échelle ou, pour le dire autrement, un autre lavage de cerveau et une manipulation de masse, comme on peut le voir dans l'édition actuelle.

En résumé, le Concours Eurovision de la chanson a été conçu en 1955 par l'Organisation de l'Atlantique Nord (OTAN), sur le modèle du festival français de musique militaire connu sous le nom de "Nuits de l'Armée", qui s'est tenu entre 1952 et 1955.

Ainsi, en 1955 et 1956, le Comité de la culture et de l'information publique de l'OTAN a publié plusieurs documents classifiés donnant les ordres et les conditions de création du "Festival de musique de l'Atlantique Nord", qui devait être diffusé sur le réseau européen de radiodiffusion et de télévision connu sous le nom d'"Eurovision" dans l'Europe contrôlée par l'OTAN, comme moyen de propagande culturelle et idéologique en faveur de l'Alliance militaire de l'Atlantique Nord et pour endoctriner la population de l'Europe occidentale dans l'idée de l'unité culturelle et politique de l'Europe.

Le rôle de l'OTAN dans la création du concours Eurovision de la chanson est resté longtemps inconnu, et pendant des décennies, sa création a été liée à une initiative du monde de la culture et du journalisme, en référence à la réunion organisée à Monaco en 1955 par Marcel Bezençon, président de l'UER.

Voir les documents ICI: https://archives.nato.int/eurovision et ICI: https://www.nato.int/acad/fellow/94-96/preda/029.htm

L'histoire de l'Eurovision

Ce concours musical emblématique est né dans les années 1950 avec la mission d'unir les nations à travers l'Europe en utilisant le pouvoir de la musique. Créé par l'auteur suisse et directeur de l'Union européenne de radio-télévision, Marcel Bezençon, le Concours Eurovision de la chanson a été diffusé pour la première fois en 1956.

Inspiré à l'origine par le festival de musique de San Remo en Italie, l'Eurovision a été l'un des premiers programmes télévisés à être diffusé auprès d'un public international. La première année, le concours était principalement diffusé à la radio, mais une poignée de téléspectateurs européens le regardaient également sur leur petit écran noir et blanc. Aujourd'hui, plus de 65 ans plus tard, l'Eurovision est le concours musical international télévisé le plus ancien de tous les temps.

Les années 1950

Le premier Concours Eurovision de la chanson a eu lieu le 24 mai 1956 à Lugano, en Suisse. La Suisse a été choisie comme lieu du premier concours en raison de sa situation au cœur de l'Europe. C'était donc un choix idéal pour les radiodiffuseurs, qui estimaient qu'ils étaient dans la meilleure position technique pour retransmettre le programme. Créé par l'Union européenne de radio-télévision (UER), le premier concours a été retransmis en direct de la Suisse vers des pays de toute l'Europe. Seules sept nations ont participé au concours de 1956 : les Pays-Bas, la Suisse, la Belgique, l'Allemagne, la France, le Luxembourg et l'Italie. Le concept original des premières années de l'Eurovision était que chaque pays soumettrait deux chansons et que le gagnant serait choisi par un panel de juges. À l'époque, seuls les artistes solistes étaient autorisés à participer et chaque chanson ne devait pas durer plus de 3,5 minutes. C'est finalement la Suisse, pays hôte, qui a remporté le premier Concours Eurovision de la chanson avec la chanson "Refrain" de Lys Assia.

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Le deuxième Concours Eurovision de la chanson, en 1957, a réuni 10 pays, plus l'Autriche, le Danemark et le Royaume-Uni. Cette année-là, de nouvelles règles ont été introduites : les chansons ne devaient pas durer plus de trois minutes et les pays ne pouvaient pas voter pour leur propre chanson. Ces deux règles sont toujours en vigueur aujourd'hui, 66 ans plus tard ! Les Pays-Bas ont remporté l'Eurovision en 1957 avec la chanson "Net als toen" de Corry Brokken.

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En 1958, le Royaume-Uni s'est retiré du concours et la Suède y a participé pour la première fois. C'est également au cours du concours de cette année qu'a été introduite la tradition selon laquelle le pays vainqueur est l'hôte, et le concours se tiendra aux Pays-Bas. Cette tradition est toujours respectée 64 ans plus tard, mais l'Eurovision 2023 sera organisé par le Royaume-Uni au nom de l'Ukraine. Le vainqueur du concours de 1958 est la France, représentée par André Claveau avec la chanson "Dors, mon amour". L'Eurovision 1958 a également vu la première de la très célèbre chanson italienne "Nel blu, dipinto di blu" de Domenico Modugno, plus connue sous le nom de "Volare". Malgré la troisième place de l'Italie dans le concours, la chanson a connu un succès immédiat auprès du public européen et mondial, à tel point qu'elle est devenue l'une des participations à l'Eurovision les plus réussies de tous les temps !

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Lors du Concours Eurovision de la chanson 1959, le Royaume-Uni, Monaco et le Luxembourg ont décidé de se retirer, ce qui a porté le nombre de pays participants à 11. Le Royaume-Uni a perdu la première place, car les Pays-Bas ont remporté la première place avec la chanson "Een beetje" de Teddy Scholten, devenant ainsi la première nation à remporter le concours deux fois. Depuis, les Pays-Bas ont remporté l'Eurovision à cinq reprises.

Les années 1960

Les années 1960 sont marquées par la participation d'un plus grand nombre de pays. En 1960, le Luxembourg revient au concours en même temps que la Norvège, ce qui porte le nombre total de pays participants à 13. Les Pays-Bas ayant refusé d'accueillir l'Eurovision pour la deuxième fois, c'est le Royaume-Uni, deuxième du classement, qui se charge de l'organisation. La cérémonie a été diffusée par la BBC et s'est déroulée au Royal Festival Hall de Londres. La France a été couronnée gagnante pour la deuxième fois avec la chanson "Tom Pillibi" de Jacqueline Boyer, et a donc organisé le concours l'année suivante. Elle est alors le seul pays à avoir accueilli l'Eurovision plus d'une fois.

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En 1965, l'Eurovision avait atteint une audience massive de plus de 150 millions de téléspectateurs dans le monde entier. Le Royaume-Uni a été couronné vainqueur pour la première fois en 1967 et, en 1968, la BBC a diffusé le concours en couleur pour la première fois. Outre ces événements notables, l'Eurovision a connu de nombreux autres changements dans les années 1960. Le changement le plus important a été l'introduction d'un tout nouveau système de vote. En outre, une nouvelle règle a été ajoutée, stipulant que toutes les chansons devaient être chantées dans la langue maternelle du pays. L'UER a également modifié le jour du concours en le fixant au samedi soir, ce qui est toujours la pratique courante pour la grande finale d'aujourd'hui.

Tout au long des années 1960, de plus en plus de pays ont participé au concours. En 1969, 16 pays de toute l'Europe ont concouru, et quatre pays ont remporté la première place cette année encore ! L'Espagne, la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont été déclarés vainqueurs ex-aequo. C'est la seule fois dans l'histoire de l'Eurovision que plus d'un pays a remporté un concours. C'est également la première fois qu'un pays (l'Espagne) est couronné vainqueur deux années de suite.

Les années 1970

Les années 1970 ont été une décennie de transformation pour le concours Eurovision de la chanson, avec davantage de changements dans le système de vote et des performances incroyablement emblématiques.

Malheureusement, la décennie n'a pas démarré sur les chapeaux de roue en 1970, lorsque de nombreux pays concurrents se sont montrés mécontents de l'égalité à quatre de l'année précédente. La Finlande, la Norvège, la Suède, le Portugal, l'Autriche et le Danemark se sont alors retirés de la compétition, ne laissant que 12 nations en lice. Cette surprise a également conduit à l'introduction d'une nouvelle règle stipulant qu'il ne pouvait plus y avoir de vainqueurs ex aequo. Au lieu de cela, si deux pays ou plus étaient à égalité pour la première place, ils interpréteraient à nouveau leur chanson et il y aurait un nouveau vote. Lors de l'Eurovision 1970, l'Irlande a également remporté sa première victoire. Avec sept victoires au total jusqu'en 2022, l'Irlande est le pays qui a remporté le plus grand nombre de concours Eurovision de la chanson à ce jour.

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En 1971, de nouveaux changements ont été apportés au système de vote, ce qui a permis de dégager un vainqueur clair. Une autre règle a été mise en œuvre pour permettre aux groupes de participer au concours pour la première fois, bien qu'ils soient limités à un maximum de six membres. Cette règle de l'Eurovision est toujours en vigueur aujourd'hui. Ces changements ont permis aux pays qui avaient abandonné le concours en 1970 de revenir, ainsi qu'à Malte pour la première fois, ce qui a porté le nombre total de pays participants à 18.

Les années 1980

Tout au long des années 1980, l'Eurovision nous a offert des chansons qui ont fait le tour des hit-parades et de nombreuses nouveautés. Le Maroc a également fait sa première apparition à l'Eurovision 1980, la première fois qu'un pays africain y participait. Sandra Kim, de Belgique, est devenue la plus jeune gagnante de l'Eurovision à l'âge de 13 ans, menant la Belgique à sa seule victoire à ce jour.

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Les années 1990

Alors que nous entrons dans la cinquième décennie de l'Eurovision, une nouvelle règle est introduite, stipulant que les artistes doivent avoir plus de 16 ans pour concourir. Cette mesure fait suite à la controverse provoquée par les jeunes candidates Sandra Kim, Nathalie Pâque et Gili Netanel. Les années 1990 ont également été une décennie de records. Le nombre de nations participantes est resté stable à 22 au début des années 1990 et a atteint le chiffre record de 23 en 1993.

Un autre moment important pour l'Eurovision dans les années 1990 a été l'introduction du vote électronique. Celui-ci est entré en vigueur en 1997, lorsque le télévote a été testé dans cinq pays, avant d'être mis en œuvre dans tous les pays l'année suivante.

De 1956 à 1998, chaque artiste était soutenu par un orchestre qui avait son propre chef d'orchestre. Cette situation a changé en 1999, lorsque tous les artistes ont été soutenus par une piste d'accompagnement. La règle de la langue a également été abrogée une fois de plus, permettant aux chansons d'être interprétées dans la langue choisie par le pays.

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Les années 2000

Le nouveau millénaire a commencé en fanfare et a apporté avec lui encore plus de changements pour l'Eurovision et encore plus de chansons emblématiques que nous connaissons et aimons encore aujourd'hui. C'est également la première fois que l'événement est retransmis en direct sur l'internet.

Le nombre de pays en compétition a également continué à augmenter tout au long des années 2000, passant de 24 nations en 2002 à 26 en 2003, année où l'Ukraine a fait ses débuts. Ce record a été rapidement battu l'année suivante, en 2004, avec la participation de 36 pays. C'est également la première année où l'Eurovision s'est déroulée sur plus d'une soirée, avec l'introduction d'une demi-finale. Plus tard, en 2007, la deuxième demi-finale que nous connaissons aujourd'hui a également été mise en place. À la fin des années 2000, le nombre de nations participantes a atteint le chiffre record de 43.

Les années 2010

Dès les années 2010, on assiste à l'essor de la musique électronique à l'Eurovision. En 2011, les "Big Four" sont devenus les "Big Five" avec l'ajout de l'Italie. Désormais, chacun des cinq pays accède automatiquement à la finale en direct du concours chaque année, sans avoir à participer aux demi-finales.

La décennie 2020

Cela nous amène à la décennie actuelle et au concours tel que nous le connaissons aujourd'hui. L'année 2021 a été marquée par une nouvelle règle autorisant les artistes à utiliser des chœurs préenregistrés en plus de leur prestation en direct.

Analyse : Un exemple, l'utilisation de l'Eurovision comme arme du soft power du régime Zelensky soutenu par l'OTAN.

À quoi l'Ukraine est-elle le plus souvent associée ? Au cours des trois dernières décennies de l'existence de l'État ukrainien, les réponses à cette question ont souvent été déprimantes et sombres, de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl à la pauvreté, en passant par la corruption et la guerre.

L'Ukraine a pris l'habitude d'exceller à l'Eurovision et l'a souvent fait en affichant un style en totale contradiction avec la sombre image internationale du pays.

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La victoire de Ruslana à l'Eurovision en 2004, l'un des premiers grands succès internationaux de l'Ukraine indépendante, a été une source de grande fierté dans tout le pays. Certains ont même suggéré qu'elle avait contribué à cimenter le sentiment croissant de confiance en soi de la nation qui allait alimenter la révolution orange, qui a curieusement éclaté six mois plus tard. Sans surprise, Ruslana a fait de nombreuses apparitions sur Maidan pendant le soulèvement et a été l'une des célébrités ukrainiennes les plus en vue à soutenir le soulèvement pro-occidental.

La deuxième victoire de l'Ukraine à l'Eurovision a eu lieu 12 ans plus tard, dans des circonstances très différentes. Alors que le pays entrait dans la troisième année d'une guerre non déclarée contre la Russie, la diva tatare de Crimée Jamala a remporté le titre de l'Eurovision en mai 2016 grâce à sa ballade envoûtante "1944", qui racontait l'histoire de la déportation des Soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale. Tatars de Crimée.

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La victoire de Jamala a suscité une vive controverse. Ses détracteurs lui reprochaient d'être trop ouvertement politique et de risquer de compromettre la légèreté du concours de la chanson. En dépit de ces critiques, "1944" s'est avéré être une victoire importante pour l'Ukraine en termes de "soft power". La chanson a attiré l'attention de la communauté internationale sur le sort supposé des Tatars de Crimée "vivant sous l'occupation russe en Crimée". Elle a également sensibilisé le public aux "crimes soviétiques contre l'humanité". Comme vous pouvez le constater, tout cela est tout à fait dans l'esprit de l'OTAN.....

L'apparition de Verka a également donné lieu à l'un des conflits politiques les plus mémorables de l'histoire de l'Eurovision, lorsque des sources russes ont protesté contre le fait que la chanson ukrainienne comprenait les paroles "Russia, goodbye" (Russie, au revoir).

Le concours Eurovision de la chanson a contribué à présenter au monde extérieur le régime liberticide de Kiev. Bien sûr, il y a quelque chose de légèrement ridicule à prendre l'Eurovision au sérieux. Mais en même temps, on ne peut pas nier l'impact que ce concours a eu sur le profil international de l'Ukraine. Le concours Eurovision de la chanson 2023 a attiré 183 millions de téléspectateurs... qui ont avalé la propagande conçue et fabriquée dans le cadre des sinistres convoitises de l'OTAN.

 

jeudi, 21 mars 2024

L'avenir sombre de l'Europe

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L'avenir sombre de l'Europe

Carlos X. Blanco

Il y a eu une date fatidique, le 30 mai 1982, lorsque l'Espagne a officiellement adhéré à l'OTAN. Elle devient alors le 16ème État membre de l'organisation militaire internationale. L'adhésion à ce club est devenue une "tendance" : aujourd'hui, très bientôt, elle dépassera les trente pays. Grâce aux infographies dynamiques et aux cartes interactives qui sont aujourd'hui omniprésentes sur Internet, tout le monde peut voir le rythme et la direction de l'expansion. Les champions de la paix, apôtres de la dénucléarisation, leaders de la "troisième voie", de l'éducation au pacifisme et de l'Etat-providence (comme certains pays nordiques), ont mué et abandonné leur vieille peau de serpent, et se présentent aujourd'hui comme des bellicistes "nés", jamais mieux dit que "Otanistes". La Fédération de Russie et ses alliés (le Belarus) sont dans une étreinte de plus en plus étroite avec des ogives de mort de plus en plus proches, un encerclement de plus en plus serré, de plus en plus étroit et de plus en plus profond. Tous les discours qui étaient autrefois l'apanage des sociaux-démocrates allemands et scandinaves, etc. ont été mis à la poubelle, et le prestige de mille et une fondations et ONG "pacifistes" a été jeté aux oubliettes. Une fois de plus, tout a été révélé : la classe politique, syndicale, économique, les ONG, etc. veulent la guerre contre Poutine.

En Espagne, il y a longtemps que nous avons entendu la gauche claironner "NON à l'OTAN, PAS DE BASES". Tout le racket du PSOE et de l'IU signifiait, en réalité, "L'OTAN JUSQU'AU COU" et "QUEL QUE SOIT L'AVIS DU MAÎTRE". Le maître de l'Europe, depuis 1945, ce sont les États-Unis, et le maître de l'OTAN, depuis sa création en 1949, ce sont encore et toujours les États-Unis.

Le PSOE et son petit chien habituel, Izquierda Unida, n'ont fait que professer un atlantisme honteux. Leurs publications, leurs forums de discussion, leurs magazines et leurs extensions syndicales (UGT et CCOO) criaient contre l'impérialisme américain, mais les faits, les faits bruts et patents, à savoir participer aux gesticulations anti-atlantistes et ne pas être de connivence avec les gouvernements impérialistes, le démentent. Les héritiers de cette gauche atlantiste honteuse, créée par Felipe González, sont toujours à La Moncloa aujourd'hui. Tout le reste du chenil gauchard, Podemos, Sumar, Más Madrid, Más Villaconejos, etc... sont les mêmes. Ils gardent l'atlantisme pour les réseaux sociaux, où ils se déchaînent, et pour quelques sites web crasseux, dont les frais de domaine de cinq euros sont payés par l'oncle Soros.

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Le fait est que des mesures terribles sont prises en vue d'une escalade mondiale de la guerre. Une bombe nucléaire tactique, ou moins que cela, une bombe frappant un territoire extra-ukrainien, et notre civilisation pourrait s'effondrer. Margarita Robles rejoint le chœur des corbeaux de la mort, oiseaux qui croassent plus qu'ils ne parlent. Une élite corrompue et dégénérée dirige l'Europe uniquement parce que le Pentagone la laisse faire. Elle prépare les peuples à la guerre, en contradiction avec toute sa rhétorique de pacifisme depuis la capitulation de l'Allemagne. Ce pacifisme, comme le hamburger, la libération sexuelle, la coke et l'internet pour tous... est de la propagande et de l'ingénierie sociale. Les Américains ne se sont pas contentés d'installer un demi-millier de bases américaines sur le sol européen. Ce qu'ils ont fait, c'est une castration psychologique totale de l'homo europaeus.

Les hautes institutions de notre armée et de notre ministère nous demandent de nous "préparer au combat en Europe de l'Est". Sont-ils vraiment sérieux ? Nous n'avons pas assez de gardes civils pour retenir les assaillants aux barrières de Ceuta et Melilla, et ceux que nous avons ne reçoivent pas d'armes ou de soutien juridique pour défendre notre sol souverain... mais au lieu de cela, ils veulent envoyer des unités militaires près de l'Ukraine. Le peuple devrait descendre en masse dans la rue, exiger des démissions, purger les responsabilités et organiser une sortie expresse de l'OTAN.

Mais non, les pouilleux clébards gauchistes, les chihuahuas avec des rubans fuchsia au collier, les empowered et les écoféministes resteront à la maison, pour voir ce qui se passe. Elles sortiront leurs parapluies face aux retombées imminentes. J'avoue au lecteur que le sentiment de dégoût ne cesse de grandir en moi.

Tout le dispositif mis en place en Espagne au début de la "Transition", qui n'a pas eu lieu en 1978 mais en 1973, avec la mort de Carrero, doit être replacé dans le contexte plus large du déploiement de la construction impériale imaginée par les Américains à partir de 1945.L'empire yankee a attendu le dernier moment pour intervenir dans la Seconde Guerre mondiale, afin d'épuiser les Britanniques qui combattaient l'Axe. Entre-temps, ils se sont enrichis en vendant du pétrole à Hitler. L'opération Barbarossa, l'attaque allemande contre la Russie, était une opération germano-américaine. Puis, après le largage des bombes atomiques sur le Japon, les Américains ont envisagé la possibilité de les larguer sur les villes russes et de rayer ainsi de la carte leur allié communiste contre les nazis et les Japonais. Seul Dieu a empêché la Troisième Guerre mondiale juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale...

Puis, en guise de substitut, ils ont élaboré l'idéologie des "sociétés ouvertes", la religion du marché et du sionisme, et ont parlé de manière générique et persistante de "totalitarisme". Le petit mot "totalitaire" s'appliquait aussi bien au nazi qu'au bolchevik. Aujourd'hui, quiconque n'est pas atlantiste est également "totalitaire". Attention : si vous n'êtes pas un ami de l'OTAN, vous serez mis sur la liste noire... Mais notre avenir est encore plus noir.

jeudi, 14 mars 2024

Trump, dernier espoir de l’Europe armée ?

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Trump, dernier espoir de l’Europe armée ?

Par Georges FELTIN-TRACOL

Dans Le Figaro du 9 novembre 2016, Étienne de Montety rappelait à propos de l’élection – surprise à la Maison Blanche de Donald Trump que son patronyme vînt d’un substantif signifiant en anglais « atout ». Il ajoutait aussitôt que le verbe to trump se traduit par « éclipser, ridiculiser, battre, voire l’emporter sur … ». Force est de constater que l’étymologie du nom de famille du 45e président des États-Unis correspond parfaitement à la situation actuelle.

En campagne pour des élections primaires qu’il survole largement, ayant déjà remporté les scrutins et caucus de l’Iowa, du New Hampshire, du Nevada, des Îles Vierges américaines, de la Caroline du Sud et du Michigan, Donald Trump rêve de battre – à la régulière ! - en novembre prochain un Joe Biden très mal en point. Il a cependant tétanisé les chancelleries occidentales par une sortie dont il est coutumier.

En réunion électorale en Caroline du Sud, le 10 février dernier, l’homme aux cent dix-neuf chefs d’accusation a menacé les États européens membres de l’OTAN. Si ces derniers ne réalisent pas un effort réel dans leur défense nationale en augmentant de manière conséquente leur budget militaire (plus de 2 % du PIB), il pourrait en tant que futur chef de l’État ne pas appliquer l’article 5 du traité de 1949 et ne pas secourir des États peut-être agressés par leur voisin russe.

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Plusieurs collaborateurs conservateurs classiques de Trump entre 2017 et 2021 ont signalé qu’il avait eu l’intention de faire sortir les États-Unis de l’OTAN en 2019. Les agents républicains de l’État profond surent l’en dissuader. De retour en 2025 dans le Bureau ovale, Donald Trump compterait cette fois-ci sur des administrateurs en plein accord avec sa politique. Conscients de cette menace, les démocrates ont adopté une loi qui contraint tout président désireux de quitter l’OTAN à demander l’accord préalable du Congrès.

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Maints commentateurs s’offusquent du dessein isolationniste du très probable candidat à la présidentielle de novembre 2024. Ces grincheux oublient volontiers que Donald Trump s’inscrit dans la continuité diplomatique étatsunienne, en particulier dans celle de la Farewell Address. Le 19 septembre 1796, le grand journal de l’époque, American Daily Advertiser, publie un texte du président George Washington. Il y annonce qu’il ne briguera pas un troisième mandat et fait de cette déclaration imprimée son testament politique. Conscient de la faiblesse d’une armée balbutiante et des fragilités d’un ensemble fédéral récent, le premier président américain invite la jeune république au détachement diplomatique envers les événements révolutionnaires survenus en Europe. « La grande règle de notre conduite, écrit-il, pour ce qui touche à nos rapports avec les puissances étrangères doit être de développer nos échanges commerciaux mais d’entretenir avec elles le moins de relations politiques possibles. » En 1789, le Congrès a changé le ministère des Affaires étrangères créé en 1781 en Secrétariat d’État pourvu de nouvelles attributions intérieures plus tard réparties à d’autres membres du cabinet exécutif. George Washington insiste par conséquent sur une diplomatie qui rejette les alliances permanentes et qui permet au contraire une neutralité active capable de s’adapter à toutes les circonstances internationales possibles.

Donald Trump montre sa fidélité à l’enseignement de son très lointain prédécesseur, même si les États-Unis d’Amérique sont entre-temps devenus la première puissance globale de la planète. Fondé sur le rejet de l’immigration, la condamnation des traités de libre-échange et un isolationnisme certain, le nouveau conservatisme trumpien (à distinguer du néo-conservatisme belliciste et hégémoniste du clan Bush) s’écarte résolument du conservatisme classique qui préconise la hausse constante du budget du Pentagone afin de financer toutes les interventions extérieures, la dérégulation économique intérieure qui profite aux nouvelles industries numériques et du divertissement wokiste, et la baisse massive des impôts. Seules la défense des valeurs morales traditionnelles et la lutte contre l’avortement peuvent en théorie rassembler ces deux courants antagonistes du conservatisme outre-Atlantique.

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Les propos polémiques de Donald Trump en Caroline du Sud ont le grand mérite de réveiller des gouvernements européens poussifs qui pensent écarter toute menace parce qu’ils bénéficient du « parapluie étatsunien ». Certains États ont néanmoins commencé à se réarmer. Que ce soit sous les nationaux-conservateurs du PiS ou sous le régime d’extrême centre proto-autoritaire de Donald Tusk, la Pologne poursuit sa montée en puissance et entend devenir la première force militaire de l’Union dite européenne.

La Hongrie de Viktor Orban ne cesse de réclamer depuis des années une coordination intégrée des armées du continent. À partir du second septennat de François Mitterrand, la France soutient une « défense européenne ». Avec le Brexit, elle reste la seule détentrice de l’arme atomique au sein de la pseudo-Union. Favorable à une vague « souveraineté européenne », Emmanuel Macron souhaiterait étendre le principe de la dissuasion nucléaire à l’ensemble des États membres de l’Union dite européenne qui appartiennent aussi à l’OTAN, ce qui exclurait l’Irlande, l’Autriche, Malte et Chypre. Mais la Norvège, l’Islande, l’Albanie, le Monténégro et la Macédoine du Nord recevraient-ils eux aussi cette protection ? Quant à la Turquie, elle tâcherait au plus vite d’acquérir le rang de puissance nucléaire. Par ailleurs, si se concrétise cette couverture nucléaire française en Europe, qui aurait la prérogative d’appuyer sur le bouton fatal ? Serait-ce le président de la République française qui deviendrait de facto le principal stratège de la Cité paneuropéenne ou bien un aréopage de chefs d’État et de gouvernement qui déciderait après les inévitables palabres ? Dans l’urgence du moment, même en visioconférence, on se doute bien qu’une telle réunion serait impossible à organiser.

Confier la force de dissuasion nucléaire à l’échelle européenne pose donc l’inévitable question de la souveraineté. Celle-ci ne se partage pas. Par le principe de subsidiarité, elle se décline seulement auprès d’autorités compétentes. Dans le cadre de la riposte immédiate, ce qui suppose une très grande réactivité, la caste jacassante ne peut pas décider sans omettre que la qualité intellectuelle du personnel dirigeant actuel confine à la nullité totale.

Les Européens n’en sont qu’au début d’un saut historique vers un inconnu peut-être prometteur, surtout si Donald Trump revient au pouvoir à la fin du mois de janvier 2025. N’a-t-on pas dit au début de cette chronique que « trump » voulait dire « atout » ? Sa seconde élection pourrait devenir un formidable atout pour l’émancipation militaire, bien malgré elle, d’une Europe nantie et somnolente.  

 

GF-T

 

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 105, mise en ligne le 5 mars 2024 sur Radio Méridien Zéro.

mercredi, 13 mars 2024

Ukraine et OTAN: que veut Macron?

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Ukraine et OTAN: que veut Macron?

Pierre Le Vigan

Possible envoi de troupes au sol en Ukraine. On a parlé d’un nouveau délire. D’une incohérence : des « troupes au sol » mais toujours pas de co-belligérance. D’un « en même temps » ingérable. Et si Macron devait être pris au sérieux ? Et s’il avait un projet à long terme ? Enoncé peut-être trop tôt. Comme un « ballon d’essai ». Mais un vrai projet. Pas bon pour nous. Pas bon du tout. Enquête sur ce que Macron projette.  

Troupes au sol ? Le vrai projet de Macron

La déclaration selon laquelle Macron « n’excluait pas l’envoi de troupes (françaises) au sol en Ukraine » (29 février 2024) a fait du bruit. On a parlé de coup de folie, ou au mieux de l’envie de « faire l’intéressant ». La dernière hypothèse n’est pas tout à fait fausse car Macron reste l’acteur de théâtre qu’il aurait aimé être et qu’il a été à son tout petit niveau. Reste qu’il ne parle pas comme un particulier. Il est chef d’Etat, ou du peu qu’il en reste. Avec l’inconvénient majeur d’engager le destin de notre peuple. D’où la nécessité de ne pas en rester à l’ironie, certes très roborative, d’une équipe comme celle de Mozinor dans sa talentueuse parodie « Trouposol ».

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Que veut Macron ? Tout d’abord faire oublier sa prodigieuse impopularité en politique intérieure. Sa venue au Salon de l’Agriculture a failli ressembler aux pires moments (pour lui) de la crise des Gilets jaunes. En faisant monter la dramatisation et la peur en politique étrangère, Macron fait oublier à quel point toute sa politique – et sa personne même – est l’objet de détestation dans le peuple français.

Le deuxième objectif de la déclaration de Macron doit être pris au premier degré. Il porte réellement sur la politique étrangère. Rappel du contexte. Dans le conflit Russie-Ukraine, il est désormais évident que l’Ukraine ne peut gagner. Qu’est-ce que cela veut dire ? Elle ne récupérera pas les territoires perdus, encore moins la Crimée, et si la guerre dure, elle perdra d’autres territoires (Odessa ?) – ce qu’elle aurait évité en négociant en 2022, ce que précisément les EUA l’ont dissuadé de faire, les Américains étant prêts à soutenir l’Ukraine jusqu’au dernier Ukrainien.  

Or, cet échec de l’Ukraine est avant tout un échec de l’OTAN. Cette alliance, Macron l’avait déjà déclarée « en état de mort cérébrale » (8 novembre 2019). Certains avaient cru voir un néo-gaullisme dans cette déclaration. Ce n’était pas le cas une seconde. C’était la préparation à une prise de relais. Que peut l’OTAN aujourd’hui ? Retarder, voire empêcher la paix entre la Russie et l’Ukraine. C’est ce qu’a fait l’OTAN, c’est-à-dire Washington et ses laquais, depuis 2022, et c’est le seul vrai succès qu’a remporté l’OTAN. Faire durer la guerre et isoler durablement l’Europe de la Russie, ce dont l’Europe souffre plus que la Russie. Tel était le but.

Il s’agit donc de reprendre le travail de l’OTAN mais en l’européanisant. Tel est le projet de Macron. Telle est la mission qui lui est confiée. Pourquoi ? Parce que tel est l’intérêt du Capital international. Or le Capital international est très lié aux intérêts américains. Macron est l’homme du Capital. Il est actuellement en charge de la SFIC: Section Française de l’Internationale du Capital (la maison mère de la SFIO: Section Française de l’Internationale de l’Oligarchie). Macron est donc d’abord, inévitablement, l’agent du capital américain, la fraction dominante du capital mondial, forme économique de l’Occident collectif avec ses pseudopodes tels les fondations mondialistes, l’Etat d’Israël [1] et d’autres. Parce que c’est lui, le capitalisme américain, qui domine le capitalisme mondial. Et que quand la périphérie est fichue, il faut la sacrifier et sauver le noyau.

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C’est pourquoi, après avoir détruit l’industrie française à la suite de Hollande, Macron veut détruire ce qu’il reste d’industrie en Europe, et donc l’industrie allemande. C’est en cours: le gaz américain est pour les Allemands six fois plus cher que le gaz russe. Conséquence: leur industrie n’est plus compétitive. Et donc, l’industrie allemande quitte l’Europe et s’installe aux EUA. C’est pourquoi Macron ne s’est aucunement opposé à la politique de l’UE des « sanctions » contre la Russie, qui étaient avant tout des auto-sanctions contre l’Europe.

N’imaginons pas un instant que Macron soit inintelligent. Il savait ce qu’il faisait. Sa mission ? Sauver le capitalisme. Enrayer la baisse des taux de profits. Et donc sauver d’abord le capitalisme américain. En ce sens, Macron fait le « job ». Que l’Europe soit vidée de ses dernières industries (9% du PIB en France correspond à l’industrie, il ne reste donc plus grand-chose à liquider), qu’elle soit pillée par les EUA, tel est l’intérêt du capitalisme international. Tel est donc l’objectif de Macron puisqu‘il est un de ses fondés de pouvoir et son « délégué France ». Si des miettes avaient été disponibles pour le capitalisme national français, Macron n’était pas fondamentalement contre, mais ce n’est malheureusement plus possible. « No soucy » comme on dit dans les bureaux des « managers ». On sacrifie la France. Et l’Europe.

C’est pour cela que Macron veut un néo-OTAN. Pour créer de la tension, faire taire les oppositions en politique intérieure, préparer les esprits à une éventuelle guerre, si cela devient un jour l’intérêt des Américains. Tel est le sens du propos de Macron sur l’éventualité d’envoi de troupes françaises (et européennes) au sol, mais aussi sur l’éventuelle européanisation de notre force de frappe, idée agitée depuis des années (Marc Finaud et Grégoire Mallard, « L'européanisation de la dissuasion française : une idée dangereuse vouée à l'échec », La Tribune, 18 février 2020).  

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Après avoir fait mourir les Ukrainiens pour les intérêts américains, à savoir couper les ponts entre la Russie et l’Europe, l’idée macronienne (et anticipant peut-être sur les projets trumpistes) d’un néo-OTAN européanisé serait de faire tuer les Européens pour accélérer leur propre déclin et leur servitude face à une Amérique requinquée. Rappelons que, du point de vue américain, ce qui était « épatant » dans la IIème guerre mondiale, c’est que l’Allemagne et la Russie se massacraient mutuellement.

Autre avantage, mineur, mais non négligeable, de la déclaration de Macron: créer un « patriotisme » français anti-russe et faire apparaître le RN comme pro-russe, tout ce qui n’est pas pro-guerre étant supposé pro-russe. D’où la déclaration de Gabriel Attal: « Le RN soutient davantage la Russie que l’Ukraine » (5 mars 2024). Tout parti qui ne s’aligne pas sur les positions bellicistes de Macron est dit pro-russe. Et plus que LFI, c’est le RN qui est visé, ceci en vue des élections européennes du printemps 2024, mais plus encore en vue des élections présidentielles. Car si le RN n’a cessé de se normaliser et de donner des gages aux atlantistes, au grand capital, et même à l’UE, ce n’est pas (ou pas encore) le premier choix de l’oligarchie.

Mais le débat excède très largement la petite politique. C’est l’avenir de nos peuples européens qui est en jeu. Maîtrise de l’immigration, réindustrialisation et économie auto-centrée, relance de la natalité des autochtones: ce sont là des impératifs vitaux pour les peuples d’Europe.  En 1945, Staline avait eu ce mot: « Les nazis passent, l’Allemagne demeure. » Encore avait-il fallu chasser les nazis. Dans un contexte évidemment très différent, quand les Européens se débarrasseront des divers micro-Macron  et autres agents de l’Internationale du Capital, l’Europe pourra revivre.

PLV  

Pierre Le Vigan est urbaniste et essayiste. Il est l’auteur de plus de vingt livres. Derniers en date : Le coma français (éditions Perspectives libres), Clausewitz, père de la théorie de la guerre moderne (même éditeur) ? Avez-vous compris les philosophes. Introduction à la pensée de 42 philosophes (la barque d’or), Comprendre les philosophes (Dualpha), La planète des philosophes (Dualpha).

labarquedor@gmail.com

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https://cerclearistote.fr/produit/clausewitz-pere-de-la-t...

Note:

[1] on remarquera que cet Etat est fondé sur le même principe que les EUA: la colonisation-expropriation-expulsion-voire des mesures plus définitives, là des Indiens, ici des Palestiniens. Et on n’oubliera pas que certains Israéliens refusent de participer à cette infamie, sauvant l’honneur, et peut-être l’avenir.

mercredi, 06 mars 2024

L'Estonienne Kaja Kallas jugée "trop agressive" par ses propres partenaires

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L'Estonienne Kaja Kallas jugée "trop agressive" par ses propres partenaires

Par Lucas Leiroz,

journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques, consultant en géopolitique.

Source: https://jornalpurosangue.net/2024/03/06/kaja-kallas-da-estonia-considerada-muito-agressiva-pelos-seus-proprios-parceiros/

La belligérance anti-russe des pays baltes semble suffisamment forte pour "effrayer" même les fonctionnaires de l'Union européenne. Selon un récent article de presse, il est peu probable que le Premier ministre estonien Kaja Kallas remplace Josep Borrell à la tête de la diplomatie européenne. La raison en est sa position extrémiste en faveur de la guerre et contre la Russie, qui ne semble absolument pas convenir à un poste diplomatique.

Il y a actuellement une "course" pour remplacer l'Espagnol Josep Borrell à la tête de la diplomatie européenne. Alors que la carrière de Borrell touche manifestement à sa fin - d'une manière particulièrement honteuse, étant donné son incapacité à pacifier les relations entre les Européens et les Russes -, plusieurs hommes politiques européens commencent à manifester leur intérêt pour accéder à ses hautes fonctions au sein de l'UE. C'est le cas de Kaja Kallas.

Connue pour ses positions agressives, Mme Kallas a été la cible d'une série de controverses en raison de ses politiques favorables à la guerre. Elle est l'un des leaders de l'aile la plus radicale de l'UE, prônant la fourniture totale et illimitée d'armes à Kiev, et soutenant tout type d'investissement dans des actions militaires pour "contrer" la Russie. M. Kallas représente donc la mentalité la plus hostile de l'OTAN et n'est pas habitué à la pratique diplomatique comme mécanisme de résolution des conflits.

Ces aspects semblent déjà avoir une influence négative sur son éventuelle candidature. Politico a rapporté le 4 mars que M. Kallas pourrait ne pas obtenir le poste le plus élevé de l'UE en raison de son extrémisme pro-guerre. Selon une source anonyme au fait du dossier, Mme Kallas ne bénéficiera pas du soutien des principaux pays européens - la France et l'Allemagne - pour sa candidature, car elle est considérée comme une personne aux compétences diplomatiques médiocres qui pourrait facilement mettre l'Europe en danger.

"Je ne vois pas la France et l'Allemagne accepter cela, pour les mêmes raisons qu'elle n'était pas une option pour le travail de l'OTAN (...) Sommes-nous vraiment en train de mettre à ce poste quelqu'un qui déteste les Russes tout le temps ?

Le journal affirme également que la candidature de Mme Kallas a été un sujet important discuté par les principales autorités de l'Union européenne. On pense que plusieurs dirigeants européens annonceront leur soutien, principalement pour garantir la participation des pays baltes au processus décisionnel européen.

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L'absence de dirigeants d'Europe de l'Est aux postes clés de l'OTAN et de l'UE est une plainte de longue date, qui a suscité de nombreuses critiques de la part de pays tels que la Pologne et les pays baltes. Ces États exigent que leurs opinions soient davantage entendues et que leurs hommes politiques aient plus de pouvoir au niveau international. C'est pourquoi il est possible que Mme Kallas parvienne à mobiliser un certain soutien en mettant à l'ordre du jour l'augmentation de la participation des pays baltes au processus décisionnel de l'UE.

Cependant, parce qu'elle est considérée comme "trop favorable à la guerre", elle pourrait ne pas être en mesure d'obtenir le soutien des principaux États européens, ce qui conduirait certainement à son échec. On pense que Berlin et Paris favoriseront les candidatures d'hommes politiques plus expérimentés et plus qualifiés sur le plan diplomatique, ce qui nuirait considérablement au premier ministre estonien. En effet, sans le soutien officiel des Allemands et des Français, M. Kallas n'obtiendra pas suffisamment d'autres soutiens pour être élue au sein de l'UE.

Il convient de rappeler que les projets de Mme Kallas se concentrent actuellement sur des postes à l'extérieur de son pays. Récemment, elle s'est retrouvée mêlée à un scandale majeur en raison des relations d'affaires entretenues par son mari, qui avait apparemment des liens avec certaines entreprises de la Fédération de Russie. La paranoïa anti-russe que Kallas nourrit elle-même s'est retournée contre elle, la rendant impopulaire parmi les Estoniens.

En ce sens, Mme Kallas a de plus en plus recherché des positions internationales qui l'éloignent de ses obligations nationales en Estonie. Avant que des rumeurs n'émergent au sujet de sa candidature à l'UE, elle avait déjà manifesté son intérêt pour la direction de l'OTAN, par exemple. Pour elle, le scénario le plus confortable est de quitter l'Estonie et d'entamer une carrière internationale.

Kallas, en revanche, a peu de chances d'obtenir un poste vraiment important. Il y a une raison spécifique pour laquelle les pays baltes ont peu de poids dans les décisions occidentales : pour les États-Unis, qui sont le pays qui contrôle réellement l'"Occident collectif", il n'y a pas de véritable "partenariat" avec les pays d'Europe de l'Est. Tous les Etats de cette région sont considérés comme de simples mandataires, dont la fonction est simplement d'accroître l'instabilité régionale en promouvant la russophobie et l'interventionnisme de l'OTAN.

En fait, même si Mme Kallas est soutenue par l'Occident dans sa politique anti-russe, elle n'est certainement pas apte à occuper un poste diplomatique. Dans une période aussi tendue qu'aujourd'hui, la gestion de la diplomatie européenne par Mme Kallas pourrait tout simplement conduire à une guerre mondiale - ce que les dirigeants européens sont censés éviter.

Vous pouvez suivre Lucas Leiroz sur : https://twitter.com/leiroz_lucas et https://t.me/lucasleiroz

mercredi, 28 février 2024

Chroniques de la folie ordinaire

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Chroniques de la folie ordinaire

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/cronache-di-ordinaria-follia/

Giorgia Meloni préside sa première réunion du G7 à Kiev. Elle promet à Zelensky que l'Italie restera à ses côtés jusqu'à la victoire finale sur Moscou.

Macron n'est pas présent. Il a d'autres choses à faire. Etre présent à la grande foire agricole de Paris. De toute évidence, il s'agit d'un engagement de 24 heures, qui ne lui permet même pas une minute de connexion à distance.

Pourtant, le lendemain, il convoque un autre sommet international à Paris. Une sorte de G7 (ou autre) bricolé... Paris ne renonce pas à la grandeur. Au-delà de la réalité et du bon sens.

Et il place la barre plus haut. Prêt à envoyer des troupes de l'OTAN combattre en Ukraine. Nous devons nous préparer.

Même Pépé Biden est surpris. Tout en mangeant une glace - mais avez-vous déjà vu un président américain faire des déclarations sur une crise internationale tout en dégustant un cornet ? - il dit non, non, aucune intention ou attente d'une intervention directe de l'OTAN... nous ne voulons pas d'une confrontation directe avec les Russes....

Traduction : laissez les Ukrainiens continuer à mourir. Je veux juste leur donner des armes. Probablement produites par l'industrie américaine de l'armement. Qui gagne alors des milliards. Que les Européens, surtout, paient. Et les citoyens américains ordinaires. Sans les Républicains, pilotés par ce mauvais garçon qu'est Trump, ce serait chose faite.....

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Consternation générale. Et Macron le rappelle. L'envoi de troupes de l'OTAN en Ukraine n'est pas synonyme de belligérance.

En fait, elles s'y rendraient pour collaborer à la récolte des céréales.....

Les Russes sont perplexes. Si vous envoyez des troupes, c'est la guerre.

Lapalissade ! Mais pour notre presse, il s'agit d'une déclaration choquante. Les Russes nous menacent !

Pendant ce temps, Zelensky bat (pour la énième fois) le tambour. Il faut de tout... des armes, des munitions, de l'argent... surtout de l'argent. Beaucoup d'argent. Pour gagner (et non pour le verser sur des comptes à l'étranger, bon sang !). Et Meloni lui fait écho. Malgré la propagande (dont ?), la Russie ne gagne pas. L'Ukraine peut le faire. L'Ukraine esclave !

Zelensky donne les chiffres. Nous avons déjà perdu trente mille hommes. Il devrait les multiplier par dix, par vingt... mais peu importe... je n'ai jamais été fort en maths. Mais nous pouvons gagner. Sinon, des millions d'Ukrainiens mourront. Et pas seulement des Ukrainiens....

Pendant ce temps, le NYT publie que la CIA, avec les "cousins" britanniques du MI6, aurait manœuvré les émeutes de la place Maïdan pour arracher Kiev au parti pro-russe (qui avait gagné les élections en toute légalité, petit détail) et provoquer un changement de régime (traduisez : un coup d'État) pour l'amener dans l'orbite de l'OTAN.

Des secrets de polichinelle.

Plus intéressant, cependant, le NYT parle de bases de la CIA à la frontière russo-ukrainienne qui sont opérationnelles depuis des années. Des centres d'observation (espionnage) et des bases de lancement de drones.

Plus intéressant encore... pourquoi le grand journal libéral publie-t-il cette nouvelle à l'instant? Sont-ils devenus "poutinistes" ? Parce qu'il semble vouloir justifier l'attaque russe....

Peut-être que dans un bureau reculé de Washington, à Langley ou au Pentagone, on commence à se dire que, dans ces conditions, il va falloir traiter avec Poutine ?

Et qu'il est donc également nécessaire de commencer à renoncer à la diabolisation dont il a fait l'objet ?

Après tout, semble vouloir dire le NYT, tout n'est pas de sa faute....

Je me demande qui va expliquer cela à Macron et à Meloni ?

lundi, 26 février 2024

L'OTAN prévoit une provocation contre le Belarus

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L'OTAN prévoit une provocation contre le Belarus

Par Lucas Leiroz, 
journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques, consultant en géopolitique

Source: https://jornalpurosangue.net/2024/02/25/otan-planeja-provocacao-contra-belarus/

Les pays de l'OTAN semblent vouloir lancer de nouvelles manœuvres de provocation contre la République du Belarus. Selon un récent rapport des services de renseignement publié par le gouvernement bélarussien, des informations montrent que la Pologne envisage d'attaquer sa propre population dans le cadre d'une opération sous fausse bannière contre Minsk. L'objectif serait d'utiliser un tel événement pour justifier l'escalade du conflit contre la Russie, alliée du Belarus.

L'information a été révélée par le président du Belarus, Alexandre Loukachenko, lors d'un discours prononcé le 20 février. Il a déclaré que les services de renseignement du pays avaient identifié plusieurs menaces terroristes à proximité de ses frontières au cours des derniers jours. Certaines de ces menaces visent le peuple biélorusse lui-même, ce qui a motivé, par exemple, l'opération antiterroriste à Gomel, près de la frontière avec l'Ukraine. Toutefois, près des frontières polonaises, des menaces d'une autre nature sont également proférées, visant des citoyens non bélarussiens.

M. Loukachenko a déclaré qu'il existait des preuves d'un plan d'attaque contre des civils polonais dans les régions limitrophes du Belarus. Ce plan vise à susciter l'indignation de l'opinion publique en Pologne et dans les pays occidentaux et à justifier ainsi l'escalade des mesures politiques et militaires à l'encontre du Belarus et de la Fédération de Russie. Selon les services de renseignement bélarussiens, les services secrets polonais et américains participent conjointement à ce plan et il s'agit donc d'une conspiration de Varsovie contre son propre peuple.

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Le président biélorusse a comparé le prétendu plan américano-polonais aux pratiques nazies pendant la Seconde Guerre mondiale, rappelant comment Hitler a utilisé le territoire polonais pour déclencher les hostilités. Il a également souligné que les dirigeants de l'OTAN ne se souciaient pas de la vie des citoyens des pays "alliés" et qu'ils étaient prêts à combattre "jusqu'au dernier" Polonais ou Ukrainien, si nécessaire, afin de continuer à attaquer la Russie et le Belarus. Enfin, M. Loukachenko a exhorté la Pologne à la prudence et à l'attention, appelant les décideurs polonais à repenser leurs actions.

Ce n'est pas la première fois que des rapports révèlent des plans visant à impliquer le Belarus dans des hostilités armées. Depuis 2022, le pays a subi diverses provocations dans les régions frontalières, notamment des attaques terroristes perpétrées par des radicaux ukrainiens et des exercices militaires agressifs menés par les troupes de l'OTAN en Pologne et dans les États baltes. Minsk a permis d'éviter un conflit militaire, mais le gouvernement du pays est constamment contraint de lancer des opérations antiterroristes aux frontières pour neutraliser les saboteurs et les infiltrés.

Ces provocations ont un sens stratégique très simple. L'Occident souhaite que le Belarus réagisse militairement contre l'Ukraine ou contre la Pologne et les pays baltes de l'OTAN. Une situation de conflit serait ainsi justifiée et impliquerait directement la Russie sur un second front, puisque Moscou et Minsk ont conclu un pacte de défense collective dans le cadre du traité de l'Union des États.

Comme on le sait, l'Ukraine n'a plus la capacité de mener une guerre prolongée contre la Russie. Le pays, dévasté par les conséquences du conflit, est militairement affaibli et incapable de tenir son rang. C'est pourquoi il est "nécessaire" pour l'OTAN d'ouvrir au plus vite un nouveau front contre la Russie, puisque Kiev s'est déjà montré inefficace pour "user" Moscou. Des provocations anti-russes ont été observées dans des pays comme la Moldavie et la Géorgie, où l'OTAN a l'intention de reprendre les conflits contre les groupes séparatistes pro-russes. Dans le même ordre d'idées, une guerre impliquant la Biélorussie a également été recherchée, car elle obligerait les Russes à s'impliquer directement.

Les responsables de l'OTAN ne semblent toutefois pas comprendre que ce type de manœuvre serait extrêmement risqué pour l'alliance et pour le monde entier. Le gouvernement russe a déjà fait savoir que toute attaque contre le Bélarus serait considérée comme une attaque contre la Russie elle-même, ce qui signifie que les manoeuvres de la Pologne pourraient conduire à une véritable guerre directe entre les États de l'Union et l'OTAN, ce qui signifierait une troisième guerre mondiale - avec d'éventuelles conséquences nucléaires.

D'autre part, un scénario tout aussi possible est simplement l'"abandon" de la Pologne et des pays baltes par l'OTAN. En théorie, l'Alliance atlantique est tenue d'intervenir dans tout conflit dans lequel l'un de ses membres est impliqué. Mais en pratique, cette clause de défense collective n'a jamais été mise à l'épreuve dans un conflit pertinent. De nombreux analystes doutent que Washington autorise une intervention de l'OTAN dans une guerre directe entre la Pologne et la Russie, raison pour laquelle Varsovie pourrait se lancer involontairement dans un conflit dans lequel elle n'aurait aucun soutien.

Il convient également de rappeler que le Belarus est actuellement un pays nucléarisé. Minsk a reçu des armes nucléaires tactiques russes sur son territoire et le gouvernement local a l'autonomie de choisir de les utiliser s'il le juge nécessaire pour garantir sa sécurité nationale. En d'autres termes, Minsk dispose d'un pouvoir de dissuasion nucléaire, ce qui lui confère automatiquement un avantage militaire par rapport à ses voisins, mandataires américains.

Dans tous les scénarios possibles, provoquer le Belarus semble être une grave erreur.

Vous pouvez suivre Lucas Leiroz sur: https://twitter.com/leiroz_lucas

Adieu l'OTAN?

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Adieu l'OTAN ?

Andrea Marcigliano

Source : https://electomagazine.it/addio-alla-nato/#google_vignette

Donald Trump va-t-il gagner la course à la Maison Blanche ? Probablement, de plus en plus probablement, à condition que les pièges judiciaires et les échappatoires qui lui sont tendus chaque jour ne l'empêchent pas d'atteindre le vote final en novembre prochain... Ce que les marionnettistes qui tirent les ficelles du vieux Joe Biden espèrent - et tentent désespérément - de faire. Des marionnettistes puissants qui, il y a quatre ans déjà... mais c'est désormais de l'histoire ancienne. C'est de l'histoire ancienne et sale.

Mais parlons d'autre chose. Parlons de ce qu'il adviendra de l'OTAN avec le retour du Donald dans le bureau ovale. Un Trump, comme on pouvait s'y attendre, assoiffé du sang de ses ennemis. Et qui n'est plus disposé à faire des concessions et des compromis. Notamment parce qu'ils ne lui ont pas servi à grand-chose dans un passé récent.

Parce que l'ancien, et prévisible futur, président s'est laissé aller à des déclarations qui ne peuvent manquer d'inquiéter. Les dirigeants actuels de l'OTAN, bien sûr... et surtout les "alliés" européens, de plus en plus inquiets.

Au point que Stoltenberg (nomen est omen ?) a réagi de façon quasi hystérique aux déclarations certes paradoxales et ironiques de Trump.

Car, bien sûr, le magnat ne pense pas vraiment "inviter" Poutine à envahir les pays européens de l'OTAN qui ne respectent pas leur engagement d'allouer au moins 2% de leur budget de défense... en gros, la quasi-totalité d'entre eux. Un paradoxe, une boutade. Mais qui révèle une attitude bien précise à l'égard de l'Alliance atlantique. Et des "amis" du Vieux Continent.

Trump, avec son style coloré, a voulu envoyer un message. Aux alliés.

Ne comptez plus sur le parapluie américain. Les intérêts de l'Amérique, ceux que je représente, ne coïncident pas avec les vôtres. Voulez-vous vous défendre ? Voulez-vous persister dans la confrontation/affrontement avec Moscou ? Eh bien... apprenez à vous débrouiller seuls.

Grossier, oui. Mais sans détour.

Il serait facile d'affirmer que l'OTAN a toujours servi les intérêts des États-Unis. Elle a été, et est aujourd'hui plus que jamais, un instrument de leur puissance. Et c'est précisément l'objection sous-jacente soulevée par Stoltenberg....

Pourtant, Trump ne représente pas "cette Amérique-là". L'Amérique des grands potentats financiers. Celle des Soros, des Gates... de Black Rock. La sienne, celle qui pourrait le ramener à la Maison Blanche, est une autre Amérique. Ou plutôt ses bas-fonds. Les industries et les entreprises. Même les petites et moyennes. Des travailleurs. Les familles. Les agriculteurs. La base et le terreau du populisme. Qui, aux États-Unis, n'est pas une bulle d'infamie. Mais une tradition culturelle forte, à laquelle des penseurs comme Christopher Lasch et Paul Piccone se réfèrent encore.

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Dans l'ADN du populisme américain - qui, de loin, remonte à Andrew Jackson (tableau, ci-dessus) - il y a ce que nous avons l'habitude d'appeler "l'isolationnisme".

Mais qui, en réalité, est autre chose. D'abord et avant tout, il y a la distance profonde entre la culture américaine et la culture européenne. Une distance qui se traduit par un éloignement important. Et l'indifférence.

Ensuite, le souci des intérêts premiers du peuple américain. Pas ceux d'élites éclairées et cosmopolites, éloignées de leur propre terre. Et qui, pour cette même raison, sont toujours les mêmes. Où qu'elles résident physiquement.

Des élites autoréférentielles, qui ne produisent pas de richesses réelles, mais s'enrichissent de manière disproportionnée en exploitant le jeu tourbillonnant du capital financier. Sans racines. Et qui ne reconnaissent d'autre appartenance qu'elles-mêmes et leurs propres intérêts. Et... souhaite.

America First... Le slogan de Trump évoque au contraire les racines, l'apparition d'une identité nationale précise.

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C'est pourquoi pour Trump, et pour son Amérique, l'OTAN n'apparaît que comme un fardeau. Un fardeau dont il faut se débarrasser au plus vite.

Attention, il ne s'agit pas ici de faire l'apologie du Donald.

Trump n'est pas "bon". Ce n'est pas un pacifiste.

Bien sûr, dès qu'il sera réélu, il s'emploiera à mettre fin aux hostilités en Ukraine. Et détendre les relations avec Poutine. Et ce, parce que c'est dans l'intérêt de son Amérique. Qui est l'économie réelle. Et il a besoin des matières premières russes.

Mais il se comportera différemment avec la Chine. Non pas à cause de Taïwan, mais parce que le système industriel chinois est le principal antagoniste du système américain.

Quant au Moyen-Orient... il suffit de dire que Nethanyau fait des vœux à son Dieu pour revoir Trump dans le bureau ovale.

Pour l'OTAN, en revanche, cela sonnera le glas. L'Amérique de Trump n'en a pas besoin. C'est un fardeau trop coûteux.

Nous commençons à nous faire à cette idée. Dans un an, l'horizon pourrait changer. Radicalement.

Et pour nous, Européens, ou plutôt pour nos bureaucraties politiques, ce sera la douleur.

mercredi, 21 février 2024

L'armée américaine pénètre en Europe du Nord et a accès à 36 bases militaires supplémentaires!

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L'armée américaine pénètre en Europe du Nord et a accès à 36 bases militaires supplémentaires!

Maurizio Blondet

Source: https://www.maurizioblondet.it/armata-usa-entra-nel-nord-europa-accedendo-a-36-basi-militari-in-piu/

Commentaire : Les forces américaines pénètrent dans le Grand Nord à un rythme presque explosif. Lundi, la Finlande suivra la Norvège et la Suède en ouvrant leurs bases militaires aux États-Unis.

"Parce que la situation est désormais sérieuse", a déclaré Niklas Granholm, responsable de la recherche à l'Agence suédoise de recherche sur la défense, dans une interview accordée à High North News.

Cette gravité est suscitée par le pays voisin, c'est-à-dire la Russie. L'analyse commune de la situation par l'OTAN est claire comme de l'eau de roche :

Tout tourne autour de la victoire dans la guerre

Pour la Russie, l'important est de gagner la guerre contre l'Ukraine. Toutes les autres préoccupations sont mises de côté au profit d'une victoire militaire. Chaque décision russe va dans ce sens.

En tant que seul pays de l'OTAN dans le Nord, la Norvège avait déjà négocié un accord supplémentaire sur la coopération en matière de défense entre les États-Unis et la Norvège en 2022. Le parlement norvégien a ensuite adopté l'accord à une large majorité. L'accord donne aux États-Unis le droit d'accès illimité à quatre bases militaires sur le sol norvégien. Deux d'entre elles, Ramsund et Evenes, sont situées dans le nord du pays.

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L'accord prévoit également l'autorité de la police américaine sur le sol norvégien et des dépôts d'armes américains auxquels la Norvège n'aura pas accès.

Les armes nucléaires ne sont pas réglementées dans les accords.

En moins d'un an, la Suède, toujours tenue à l'écart de l'OTAN par la Turquie, a négocié un accord similaire. Les forces américaines auront accès à 17 bases militaires suédoises, selon l'accord signé la semaine dernière. Quatre de ces bases sont situées dans le Norrbotten, au nord de la Suède, à Kiruna, Boden, Vidsel et Luleå-Kallax.

Le parlement suédois adoptera l'accord à une large majorité.

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Plusieurs bases dans le Nord

Hier, jeudi, la Finlande a également annoncé un accord entièrement négocié avec les États-Unis. L'accord sera officiellement signé lundi et permettra aux États-Unis d'accéder à quinze bases militaires finlandaises. Nombre d'entre elles sont situées dans le nord de la Finlande, notamment à Ivalo, Rovajärvi, Rovaniemi, Tervola et Veitsiluoto.

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Au total, la Norvège, la Suède et la Finlande ont ouvert 36 bases militaires pour les forces et les armes américaines. Il s'agit d'accords bilatéraux, c'est-à-dire entre les États-Unis et le pays concerné, et non d'un accord de l'OTAN.

La question de l'installation d'armes nucléaires américaines en Suède et en Finlande n'a pas été réglée par l'accord. Contrairement à la politique norvégienne en matière de bases et d'énergie nucléaire, les accords n'interdisent pas explicitement l'implantation de telles armes. Toutefois, la probabilité que cela se produise est faible. Les armes nucléaires modernes sont déplacées rapidement si cela est jugé nécessaire.

La conclusion est que la guerre de la Russie contre l'Ukraine a radicalement changé l'utilisation militaire du Grand Nord, et ce en très peu de temps.

L'objectif de ce renforcement de la force américano-scandinave dans le Nord est de dissuader la Russie de lancer une attaque, comme nous avons constaté que la Russie a été prête à le faire en Ukraine.

Une grande incertitude

Les experts en matière de défense et la majorité politique des parlements des pays concernés considèrent qu'il est peu probable qu'une telle attaque soit menée contre l'OTAN dans le Nord. Les forces conventionnelles russes sont considérablement affaiblies dans le Nord à la suite de la guerre contre l'Ukraine.

Ce sont là les faits militaires froids - et nous en venons maintenant aux faits plus incertains.

Les experts militaires sont des devins.

Par exemple, les forces nucléaires et la puissance militaire maritime de la Russie sont essentiellement inchangées et ne sont pas affaiblies dans le Nord. Il en va de même pour les forces aéroportées.

L'augmentation de la capacité militaire et les exercices militaires de plus en plus fréquents et de plus en plus importants dans le Grand Nord augmentent le risque d'une confrontation militaire involontaire dans le Nord.

Le manque de dialogue et de communication entre l'Est et l'Ouest augmente le risque d'incidents ou de malentendus.

Aux États-Unis, Donald Trump grimpe dans les sondages et a de réelles chances d'être élu président. Cela augmente le risque de beaucoup de choses, notamment que les bases en Norvège, en Suède et en Finlande ne soient jamais utilisées par les États-Unis.

Les accords entre les États-Unis et les trois pays nordiques contiennent également une contradiction inhérente. Alors que la Norvège, la Suède et la Finlande fondent leur politique de sécurité sur la stabilité et la prévisibilité, la doctrine américaine considère l'imprévisibilité militaire comme un élément essentiel de la stratégie militaire.

Peu de gens courent aussi vite

Comme dans toute guerre ou préparation de guerre, les questions l'emportent sur les réponses. En tant que devins, les experts militaires et les responsables de la politique de défense se sont toujours révélés être des devins en matière de guerre et de paix.

Peu d'entre eux avaient prévu la guerre contre l'Ukraine, tout comme ils n'étaient pas préparés à la chute du mur de Berlin ou à la menace du président américain de retirer les États-Unis de l'OTAN.

Aujourd'hui, les mêmes personnes courent également pour échapper à la responsabilité de la forte réduction des effectifs des forces armées après la guerre froide.

Peu de gens, s'il y en a, fuient aussi vite que les généraux pour échapper à leurs responsabilités. Mais aujourd'hui, la situation est grave.

Lors de la conférence de Munich, le groupe de défense allemand Rheinmetall et un partenaire ukrainien ont signé un mémorandum sur la construction d'une usine de production de munitions.

Rheinmetall détiendra 51 % des parts.

L'usine prévoit de produire des millions de munitions OTAN de 155 mm.

Les coordonnées de la future usine n'ont pas encore été divulguées, mais sa réalisation ne restera vraisemblablement que sur le papier. En effet, elle deviendrait une cible immédiate pour les missiles russes.

Le Danemark a décidé de remettre à l'Ukraine toute l'artillerie qu'il ne juge pas nécessaire à l'heure actuelle.

Le Danemark est prêt à transférer toutes ses munitions et tous ses systèmes de défense aérienne à l'Ukraine, qui n'en a pas besoin pour le moment. Le Premier ministre danois, Matte Frederiksen, a fait cette déclaration et a appelé l'Europe à suivre son exemple.

"Le Danemark a décidé de transférer toute son artillerie à l'Ukraine. Chers amis, il y a du matériel militaire en Europe, ce n'est pas seulement une question de production. Nous avons des armes, des munitions, des systèmes de défense aérienne que nous n'utilisons toujours pas. Ils doivent être transférés en Ukraine", a déclaré M. Frederiksen.

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Au lieu de la diplomatie, l'Occident encourage la "folie de l'armement à grande échelle" à Munich

Au cours des deux dernières années, il est devenu évident que ce qui semble être une folie aujourd'hui sera sérieusement envisagé et mis en œuvre après-demain, écrit Neues Deutschland à l'occasion de la conférence de Munich sur la sécurité. La publication définit la situation actuelle comme une "folie des armes à grande échelle".

Alors que l'année dernière, Olaf Scholz a assisté à la fondation d'une usine de fabrication de puces à Dresde et d'une usine ferroviaire à Cottbus, il s'est rendu cette semaine en Basse-Saxe, où une grande usine de fabrication de grenades doit être construite. Il a ainsi préparé le terrain pour la conférence dite de sécurité.

On peut supposer que les produits de la nouvelle usine seront également vendus dans les zones de combat: la coalition "feu tricolore" a rapidement abandonné l'idée de ne pas envoyer d'armes dans les régions en crise, afin de ne pas attiser les conflits.

Les politiciens parlent de moins en moins de diplomatie, de limitation ou de résolution des conflits. Le représentant de la CDU, M. Kiesewetter, veut déplacer la guerre en Russie. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, veut créer une industrie européenne de la défense et la diriger personnellement au cours de son second mandat.

Les politiciens allemands veulent un commissaire européen aux affaires militaires et à la guerre, qu'ils appellent élégamment "commissaire à la défense". Ces projets ne devraient pas échouer pour des raisons financières: depuis 2015, les dépenses militaires allemandes ont presque doublé, sans compter l'énorme fonds spécial de la Bundeswehr.

Exercices militaires de l'OTAN et réaction de la Russie

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Exercices militaires de l'OTAN et réaction de la Russie

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/nato-military-exercises-and-russias-response?fbclid=IwAR0BPoDPXvViJjhZJxYrYwKzWJMrq2U9IVtWrp6-QTlKMKdFzQAbzGBXg-A

Le 24 janvier 2024, l'OTAN a entamé un exercice militaire en Europe (Steadfast Defender 2024), qui est censé être le plus grand exercice de l'OTAN depuis des décennies. Les informations officielles publiées sur le site web de l'OTAN font état d'"exercices associés se déroulant jusqu'au 31 mai 2024. Il s'agira du premier exercice à grande échelle de l'OTAN au cours duquel de nouveaux plans de défense seront mis en œuvre. Il montrera que l'OTAN peut mener et soutenir des opérations complexes multi-domaines pendant plusieurs mois, sur des milliers de kilomètres, du Grand Nord à l'Europe centrale et orientale, et dans n'importe quelles conditions".

La question centrale est de savoir contre qui l'OTAN va se défendre. Ces dernières années, l'Alliance a paniqué et, à l'aide de l'ingénierie sociale et de la manipulation des médias, a incité certaines personnes ordinaires à penser que dès que la Russie gagnerait en Ukraine, elle déclencherait certainement une guerre contre d'autres pays, à savoir les États baltes, qui faisaient autrefois partie de l'URSS, et la Finlande, en premier lieu.

Par conséquent, ces exercices représentent en fait une opération défensive conjointe en réponse à une hypothétique attaque russe contre un membre de l'OTAN.

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Ils dureront jusqu'à quatre mois et se dérouleront dans toute l'Europe, de la Norvège à la Roumanie, avec la participation de 31 pays membres de l'OTAN et de la Suède, de 50 navires de différents types, de 80 avions, de plus de 1100 véhicules blindés et d'environ 90.000 personnels, dont 20.000 Britanniques, 15.000 Polonais, 10.000 Allemands et 5000 Néerlandais. Ces chiffres sont approximatifs et, à en juger par d'autres interactions de routine de l'OTAN et par l'opération Atlantic Resolve en cours, l'ampleur réelle pourrait être encore plus importante.

La Russie a déjà réagi au début des manœuvres. Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des affaires étrangères, a déclaré que "l'exercice Steadfast Defender 2024 de l'OTAN est ouvertement provocateur par nature... Cette démarche vise délibérément à aggraver la situation; elle augmente le risque d'incidents militaires et peut finalement avoir des conséquences tragiques pour l'Europe".

En fait, le scénario de l'exercice n'est pas défensif, mais offensif, ce qui constitue également un acte de provocation. L'OTAN testerait l'option de s'emparer rapidement d'un "cordon sanitaire de Vilnius à Odessa" et de le maintenir, mais ce qui est très important, c'est qu'elle va s'entraîner à des frappes nucléaires contre les régions russes de Leningrad, Arkhangelsk, Mourmansk, Smolensk et Pskov, tandis que les sous-marins et les bateaux anti-sous-marins participant à l'exercice simuleront la destruction de sous-marins russes dans les mers de Barents et dans la Baltique.

Il est intéressant de noter qu'avec l'adhésion de la Suède à l'OTAN (la Turquie vient de ratifier la candidature de la Suède), la mer Baltique devient effectivement une masse d'eau sous le contrôle de l'OTAN. La région sera militarisée et l'industrie suédoise de la défense servira contre la Russie, avec des bases supplémentaires qui seront très probablement créées sur l'île de Gotland, augmentant ainsi la menace pour la région de Kaliningrad et Saint-Pétersbourg. En outre, l'exercice actuel de l'OTAN impliquera la simulation d'une prise de la région de Kaliningrad. En effet, les Etats-Unis ont tenté de réaliser des scénarios similaires de conflit militaire autour de la Région de Kaliningrad et les résultats se sont avérés décevants pour l'OTAN, car ils ont dû augmenter de manière significative leur puissance aérienne, qui était insuffisante au moment de l'analyse, afin de supprimer les systèmes de défense aérienne de la Russie. L'exercice actuel de l'OTAN devrait prendre en compte les développements antérieurs et les changements survenus depuis le début de l'opération militaire spéciale.

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Selon les services de renseignement russes, les États-Unis auront leurs propres intérêts dans cet exercice, notamment en simulant des frappes préventives sur les bases permanentes des silos des forces nucléaires stratégiques russes et une attaque sur les infrastructures à l'intérieur de la Russie et de la Biélorussie. Pour ce faire, les forces de l'OTAN devront gérer la question de la profondeur du territoire, ce qui est assez difficile étant donné le vaste espace de la Russie, alors que les pays européens ne disposent pas d'une telle profondeur physique, ce qui les rend vulnérables au cas où la Russie riposterait (très probablement par l'utilisation d'armes nucléaires).

Les experts russes parlent d'une imitation de la troisième guerre mondiale, et le département militaire estime que l'OTAN se prépare à une agression armée contre la Russie. Cela nécessitera inévitablement une réponse appropriée pour contenir l'ennemi et lui infliger des dommages irréparables si l'OTAN prend le risque d'entrer dans un tel conflit militaire avec la Russie. Bien que Moscou n'ait pas indiqué comment elle réagira exactement à l'exercice de trois mois de l'alliance occidentale, il est clair qu'elle testera d'une manière ou d'une autre l'état de préparation au combat de son district militaire occidental.

Bien entendu, l'interaction entre la Russie et le Belarus est également une réponse au défi de l'OTAN et, dans ce cas, l'État de l'Union a pris les devants encore plus tôt puisque la Russie a stationné ses armes nucléaires au Belarus et que les pays ont mis en place des centres d'entraînement conjoints pour l'armée de l'air et la défense aérienne, en plus des bases militaires existantes. Le personnel militaire bélarussien arrive souvent en Russie pour suivre une formation basée sur l'expérience acquise dans le cadre de l'opération militaire spéciale en Ukraine. Il est important de noter qu'au début de l'année 2024, le Belarus a adopté une nouvelle doctrine militaire stipulant qu'une attaque contre l'allié (c'est-à-dire la Russie) sera traitée comme une attaque contre le Belarus lui-même. L'interaction des capacités militaires (et économiques) est en effet cruciale dans la stratégie d'endiguement de l'Occident.

La Russie est également susceptible d'envoyer des signaux forts à l'Occident en menant des exercices à proximité des frontières de l'OTAN, car la démonstration de puissance militaire, y compris l'activation de silos de missiles nucléaires stratégiques, devrait convaincre les stratèges de l'OTAN que la Russie est prête à repousser leur attaque.

Il est également possible que les groupes de pirates informatiques qui agissent contre les pays de l'OTAN s'intensifient. Bien que les médias occidentaux tentent de relier les nombreuses cyberattaques contre le gouvernement russe, il existe en fait un grand nombre de groupes de pirates informatiques indépendants (et pas seulement à l'intérieur de la Russie) motivés par des convictions idéologiques. Il est probable que nous entendions bientôt parler de problèmes causés par ces pirates informatiques dans les pays de l'OTAN.

Les pays du Sud peuvent également tirer des conclusions des exercices de l'OTAN et de la réponse de la Russie, car cette confrontation géopolitique peut leur permettre d'évaluer facilement les intentions et les objectifs des deux parties. Nous devrions également nous rappeler le soutien des pays de l'OTAN à Israël, qui continue de commettre un génocide contre les Palestiniens. Il s'agit, après tout, d'un marqueur sérieux sur l'échiquier géopolitique mondial, y compris des questions qui dépassent largement la politique réelle d'équilibre des intérêts. Toutefois, les conclusions stratégiques concernant les actions futures et les nouvelles opportunités pourraient être beaucoup plus intéressantes. Il convient également de prendre en considération les opportunités qui se rapprochent, car stratégiquement, la Baltique devient un endroit plus vulnérable pour la Russie, et il sera donc intéressant de se réorienter vers une direction plus fiable afin de construire des partenariats dans lesquels la Russie peut avoir confiance.

dimanche, 11 février 2024

L'exercice "Steadfast Defender 2024" de l'OTAN

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L'exercice "Steadfast Defender 2024" de l'OTAN

Un exercice "de seuil" entre une guerre à but limité (Ukraine) et une guerre aux buts illimités, opposant Heartland et Rimland

Irnerio Seminatore

L’exercice et son "sens"

L'exercice militaire de l’OTAN, d’ampleur exceptionnelle et qualifié de « dissuasif », se déroule du mois de février au mois de mai 2024 dans l’aire des pays baltes et de la Pologne. Il est conçu pour  l’hypothèse d’un scénario du pire, une invasion russe. Il a pour but, selon les planificateurs occidentaux, d’adresser un message fort à la Russie, soupçonnée de préparer un plan de conquête de l’Europe centrale et du Nord, jugé inacceptable par les pays européens, l’Otan et les Etats-Unis et vise à l’en dissuader. Medvedev, vice Président du Conseil de Sécurité russe n’a pas tardé à re-dire:  « l’Otan joue avec le feu dans un chemin très dangereux». Dans le même sens, Alexander Grouchko, Vice- Ministre russe des Affaires Étrangères constate « qu’il s’agit d’un retour définitif et irrévocable aux schémas de la guerre froide,…. pour préparer une confrontation avec la Russie ». L’Otan depuis le début de l’opération spéciale russe contre l'Ukraine continue de renforcer sa « présence avancée » sur le flanc oriental par la constitution de quatre groupements tactiques multinationaux en Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Slovaquie.

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Par l’importance de son déploiement (90.000 hommes, 1100 véhicules, 133 chars, 50 navires et 80 avions), l’exercice « Steadfast Defender » est articulé en cinq corps d’armées regroupant 31 pays et conçu comme élément d’une préparation à la confrontation contre « un adversaire de taille comparable ». Dans une situation de forte tension internationale il peut être perçu comme un pallier d’escalade et comme le moment tactique d’un affrontement Est-Ouest, symboliquement équivalent au « tercio de piques » d’une corrida tragique, ayant pour conclusion l’estocade finale et mortelle

Assumant, dans l’analyse de ses répercussions, la conception clausewitzienne de la guerre, celle-ci « marque la persistance du commerce politique par d’autres moyens et  détermine, d’un bout à l’autre les opérations et les lignes générales suivant lesquelles les opérations se poursuivent ». Nous considérons pour but politique de ce conflit  l’exigence russe d'interdire l’entrée de l'UkraIne à l’Otan, en proposant la neutralité de ce pays (accords de Minsk I et II), défendre le Donbass et les régions sécessionnistes et russophones, contrôler la Mer Noire). Il nous faudra mettre en lumière « les objectifs militaires qui concrétisent le but politique, cause initiale de la guerre, qui  doivent se plier à la nature des moyens qu'elle emploie » (Clausewitz). Or, « le seul moyen d’arriver au but politique du conflit est de considérer l’anéantissement, total ou partiel, de l’adversaire comme le but de tous les combats » (Clausewitz), car le combat est le fil qui sous-tend toute théorie et toute action partielle.

Dans le même esprit, d’ordre interprétatif, « Steadfast Defender 24», peut être considéré comme une preuve de la volonté des deux parties aux prises, d’ouvrir d’autres zones de conflit à l’affrontement armé (ukrainien), entraînant  dans le « grand embrasement », par une sorte de domino, d’abord des puissances régionales, puis des puissances mondiales, configurant in fine, un antagonisme planétaire entre Heartland et Rimland.

Conflit régional à but limité  ou conflit mondial aux  buts illimités ?

Ainsi l’exercice  « Steadfast Defender »  pourrait être interprété comme ouvrant la voie à deux possibilités :

 - une manœuvre stratégique à but limité et à l’échelle régionale, visant à alléger la pression de la Russie sur l'Ukraine (stratégie directe offensive, Général Beauffre), justifiant au même temps le conflit en cours en Ukraine, par une conception de la stratégie d’action indirecte (Liddell Hart).

- l’entrée dans le profond inconnu d’un conflit mondial aux buts illimités qui, posant comme issue un projet d’alternative hégémonique, dissimule l’option d’une déconnexion de la Russie eurasienne, saignée à blanc, de la Chine continentale et maritime et, en cas d’échec de cette hypothèse, d’un embrasement général et total.

Ce glissement géopolitique  du conflit comporterait un déplacement du centre de gravité de l’affrontement militaire de l’Ouest vers l’Est, de la Russie vers le nord de l’Europe et de la Baltique à la Mer noire, puis encore de la Mer Rouge à l’Indo-Pacifique et aux deux Océans, Pacifique et Atlantique. Se réaliserait après 120 ans la théorie du « Sea Power » à direction anglo-saxonne de Halford J. Mackinder, formulée en 1904, selon laquelle les bases la géopolitique naissante sont résumées en trois expressions: « Qui possède l’Europe de l’Est, possède le Heartland», «Qui possède le Heartland, possède l'Île du monde», « Qui possède l'Île du monde, possède le monde ».

Reprenant l’analyse de l’exercice otanien « Steadfast Defender », la relation entre la stratégie d’approche indirecte à laquelle il se prépare, l’Otan vise à réaliser la concentration maximale de moyens, dans le but de dérouter l’adversaire par une action offensive excentrique (Pays baltes, Pologne). l’Ouest chercherait  à  battre par ailleurs ce même adversaire (la Russie) par une approche directe (Ukraine, où est engagée la force principale ennemie/pôle de combat). Bien avant ces mesures, l’action militaire de l’Otan a joué un rôle important mais d’arrière, car ses objectifs ont été intégrés aux actions combinées, politiques et diplomatiques, selon les indications de la diplomatie coercitive de Thomas Schelling (photo, ci-dessous).

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L’adoption d’une série de sanctions économiques, énergétiques et financières correspondaient, en leur pur concept, au pôle clausewitzien de la non-guerre. Un rôle particulier serait joué par les actions culturelles et médiatiques, visant les consensus au conflit et sa tenue dans la durée. Pour mieux préciser le sens de la manœuvre politique à portée globale, les objectifs d’alternative hégémonique (contre les régimes autocratiques de Chine, Russie, Iran et éventuellement Inde) configurent une guerre illimitée en raison des motivations d’ordre général (valeurs, systèmes politiques, régimes de gouvernement, hiérarchie de puissance, rivalités géopolitiques), s’étalent sur plusieurs théâtres (Golfe, Indo-Pacifique et Extrême Orient) et poursuivent un changement de la « Balance of Power » mondiale favorable à l’Occident.

Dans cette esquisse d’une fiction de conflit global, l’opération spéciale d'Ukraine et la manœuvre de préparation « dissuasive » dans les pays du Nord Europe ne seraient que des options de posture stratégique d’offensive-défensive, comparés aux  dynamiques plus générales d’une guerre de haute intensité et de grandes dimensions. En termes de perspective historique, les enjeux européens du conflit conduiraient à l’anéantissement politique de l’Europe et à une grande dépression spirituelle de sa civilisation ou encore à la restriction du vieux continent à un « status-quo » de soumission extérieure. La gravité de la situation actuelle trouve sa confirmation dans le réarmement de l’Allemagne, de la France et du Royaume Unis, en vue d’un conflit de haute intensité en Europe pour le moyen ou le long terme (de 5 à 10 ans). Une validation complémentaire est celle d’un resserrement des alliances militaires et des accords de coopération militaires dans le monde, en Europe et dans l’Atlantique Nord dans l’Otan, dans la zone du Pacifique avec l’Aukus. Les justifications ou les références justificatives, d’ordre théorique, se trouvent chez les historiens et politistes classiques, pour la défense de thèses et propositions diverses comme Haushofer, Mackinder, Spykman, Colin Gray et Fuller.

Irnerio Seminatore,

Bruxelles 8 février 2024.

dimanche, 04 février 2024

Petr Pavel : l'OTAN doit se préparer à la victoire de Trump

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Petr Pavel : l'OTAN doit se préparer à la victoire de Trump

Lucas Leiroz

Source: https://novaresistencia.org/2024/02/01/petr-pavel-a-otan-deve-preparar-se-para-a-vitoria-de-trump/

Apparemment, l'éventualité d'un retour de Donald Trump à la Maison Blanche désespère déjà les faucons de l'OTAN.

Dans une récente déclaration, le président tchèque Petr Pavel a appelé tous les dirigeants de l'alliance occidentale à se préparer aux conséquences possibles d'une victoire républicaine aux États-Unis. Selon lui, l'ascension de Trump pourrait conduire à un "accord avec Poutine", contrecarrant définitivement les plans occidentaux.

Lors d'un entretien avec les médias, Pavel a déclaré que M. Trump pensait "différemment" des autres dirigeants occidentaux, raison pour laquelle son élection éventuelle devrait être considérée avec inquiétude à l'heure actuelle. Alors que la plupart des responsables de l'OTAN estiment que la meilleure façon de gérer le conflit en Ukraine est d'apporter un soutien militaire à Kiev, Donald Trump adopte un point de vue plus pragmatique qui inclut la nécessité de négocier la paix directement avec les Russes.

Pavel précise que son intention n'est pas de perturber l'alliance euro-américaine ou d'interférer dans les affaires intérieures des États-Unis, mais simplement de faire avancer les discussions sur la manière dont l'OTAN devrait se préparer à un éventuel changement de politique de la Maison Blanche à l'égard de l'Ukraine. Il prévient que l'élection de M. Trump aura de graves conséquences, raison pour laquelle il exhorte les autres dirigeants de l'alliance à se préparer à un avenir difficile.

"Il ne s'agit pas de perturber le lien transatlantique en contestant les États-Unis en tant qu'alliés. Mais nous devrions admettre de manière réaliste que Donald Trump voit un certain nombre de choses différemment (...) Nous devrions nous y préparer, car il y aura certainement des conséquences", a-t-il déclaré aux journalistes.

Pavel a également mis l'accent sur les points qu'il considère comme essentiels pour une stratégie de l'OTAN en Ukraine. Selon lui, Kiev est désavantagé sur le champ de bataille car ses options militaires sont limitées et ses actions tactiques sont insuffisantes pour causer des dommages aux Russes. À l'instar des activistes pro-guerre les plus radicaux, il propose que l'alliance atlantiste augmente de manière exponentielle les livraisons d'armes à l'Ukraine, afin que les troupes de Kiev soient suffisamment fortes pour parvenir à un "équilibre des forces" avec les Russes. Il estime que ce n'est que lorsque Kiev aura atteint une telle capacité qu'il sera possible de mener des négociations de paix équitables avec Moscou.

"Seul un équilibre des forces peut contraindre les deux parties à comprendre qu'elles ne remporteront plus de succès et qu'il est temps de négocier", ajoute Pavel.

En fait, la crainte de Pavel reflète la mentalité des principaux fauteurs de guerre occidentaux. Lors de sa campagne électorale, Donald Trump a notamment promis de "mettre fin à la guerre en Ukraine en un jour". Il est évident que le seul moyen d'y parvenir est de négocier directement la paix avec les Russes, de forcer l'Ukraine à reconnaître ses pertes territoriales, de garantir la neutralité de Kiev et de mettre fin à l'interventionnisme de l'OTAN aux frontières de la Russie.

On ne sait pas encore si M. Trump fera réellement les efforts nécessaires pour parvenir à la paix, mais il y a au moins une possibilité significative que cela se produise, étant donné que le dirigeant républicain défend l'idée de "l'Amérique d'abord" - proposant un isolationnisme nationaliste et la réduction de la présence des États-Unis dans le monde.

En outre, le fils de Trump, qui a participé activement à la campagne électorale de son père, a déjà déclaré publiquement qu'il était nécessaire de mettre fin au conflit par des négociations, en ignorant toute possibilité de solution militaire. Il est clair que Trump ne souhaite pas poursuivre l'objectif de "vaincre" la Russie ou de parvenir à une "victoire ukrainienne", mais plutôt de se concentrer sur le développement interne.

Une telle politique s'annonce désastreuse pour les partisans de la guerre contre la Russie, d'où l'inquiétude de Pavel et de tous les fauteurs de la guerre actuelle. Auparavant, le président ukrainien lui-même, Vladimir Zelensky, s'était déjà dit inquiet de l'éventuelle élection de Trump. Selon le leader néo-nazi, le projet de Trump de mettre fin à la guerre est "très dangereux" car il met en péril les ambitions irréalistes de Kiev de "récupérer" les territoires réintégrés à la Fédération de Russie. En pratique, le régime ukrainien et les gouvernements pro-guerre de l'OTAN sont déjà en train d'établir leur position dans les élections américaines en apportant un soutien ouvert aux démocrates.

En fait, Trump a de grandes chances de gagner s'il se présente aux élections. Plusieurs tentatives ont été faites pour bloquer légalement sa candidature, mais jusqu'à présent, on ne sait pas si ces procédures judiciaires suffiront à l'arrêter. De toute évidence, la question de savoir si Trump peut ou non se présenter est une affaire interne aux autorités américaines. Toutefois, il est indéniable que les tentatives visant à arrêter Trump ou à le rendre inéligible sont ouvertement soutenues par les secteurs les plus favorables à la guerre dans la société américaine et internationale. En ce sens, il est possible qu'il n'y ait pas seulement de telles méthodes bureaucratiques pour empêcher Trump de se présenter, mais même des manœuvres illégales, comme la fraude, pour lui faire perdre l'élection d'une manière ou d'une autre.

C'est au peuple américain seul de décider de la meilleure option pour gouverner son pays, mais jusqu'à présent, Trump est le seul candidat à avoir une proposition concrète pour reprendre les négociations de paix. Comme on pouvait s'y attendre, cela suscite l'hystérie chez les partisans d'une guerre prolongée.

Vous pouvez suivre Lucas Leiroz sur: https://twitter.com/leiroz_lucas et https://t.me/lucasleiroz

Source : Infobrics

vendredi, 02 février 2024

L'Union européenne, coordonnée par l'OTAN, est l'instrument américain dans le conflit stratégique lors de la phase multicentrique

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L'Union européenne, coordonnée par l'OTAN, est l'instrument américain dans le conflit stratégique lors de la phase multicentrique

par Luigi Longo

Source: https://www.sinistrainrete.info/geopolitica/27223-luigi-l...

L'Europe est devenue un Euroland sans souveraineté économique et surtout géopolitique et militaire. En son sein, un corps d'occupation étranger, connu sous le nom d'OTAN, est installé, envoyé depuis longtemps comme des soldats mercenaires en Asie centrale, prêt à menacer et à risquer une guerre mondiale en Géorgie et en Ukraine. Si cela est vrai, ne serait-ce qu'en partie, alors quel est l'intérêt d'énumérer notre grand profil européen, de la philosophie grecque au droit romain, des cathédrales romanes et gothiques à l'humanisme de la Renaissance, de la révolution scientifique aux Lumières, de l'héritage gréco-romain classique au christianisme, etc.

Pure hypocrisie.

Costanzo Preve*

1.

Je vais avancer quelques réflexions sur l'Europe, non pas à partir de l'histoire de l'Europe des Nations, qui s'est formée après la dissolution de l'empire de Charlemagne (1), mais à partir de la guerre Russie-Ukraine (c'est-à-dire l'agression américaine contre la Russie via l'OTAN-Europe), qui a en fait sanctionné la fin du projet de l'Union européenne (avancé et réalisé après la Seconde Guerre mondiale, même s'il a été conçu dans les années 1930 par les États-Unis d'Amérique) remplacé par le nouveau rôle de l'OTAN qui convient mieux aux nouvelles stratégies américaines dans la phase multicentrique [conflit entre une puissance hégémonique en déclin (États-Unis) et des puissances consolidées (Russie, Chine) et montantes (Inde)] (2). Une "[...] Europe occidentale (également Europe de l'Est, ma précision LL) soumise à une occupation militaire américaine acceptée par les gouvernements fantoches actuels, que je considère précisément pour cette raison comme totalement illégitimes, qu'ils soient ou non sanctionnés par des élections manipulées" (3).

2.

Raniero La Valle saisit le sens de la métamorphose, qui a commencé il y a des années (4), de l'OTAN lorsqu'il affirme: "De Washington à Vilnius, en fait, tout revient, tout va pour l'Amérique et sa Cour "incomparable" : les mêmes ennemis, la Russie, la Chine, l'Iran, la Corée du Nord, le "terrorisme", la même victime qui unit tout le monde autour de l'autel du sacrifice, l'Ukraine, la même détermination à utiliser même la première arme nucléaire parce que la dissuasion ne suffit plus, la même idée que le vieux concept de défense est dépassé, parce qu'aujourd'hui, ce ne sont pas seulement les guerres qui se décident avec des armes de guerre, mais aussi des alternatives de toutes sortes, la gestion des crises, les politiques industrielles, l'économie, le climat, les questions de "sécurité humaine", et même la question de l'égalité des sexes et de la participation des femmes: tout est lié à l'OTAN, le nouveau souverain, parce que son approche est "globale" et que ses trois tâches principales, "la dissuasion et la défense, la prévention et la gestion des crises, et la sécurité coopérative", doivent être accomplies dans la discrétion la plus absolue : "Nous répondrons à toute menace contre notre sécurité comme et quand nous le jugerons approprié, dans la zone de notre choix, en utilisant des moyens militaires et non militaires de manière proportionnée, cohérente et intégrée" ; et, semble-t-il, pour décider dans l'urgence (mais cela n'a pas été écrit), cela peut également être le commandant général de l'OTAN sans remettre en question "la structure" ; en bref, il y a une liberté d'exercice du nucléaire. L'Ukraine est pleinement intégrée à l'OTAN, mais il faut faire comme si elle ne l'était pas, pour ne pas obliger la Russie à utiliser l'arme nucléaire; Poutine accuse le coup, il doit jouer le jeu, et se dit "prêt à traiter séparément les garanties de sécurité de l'Ukraine, mais pas dans le cadre de son adhésion à l'OTAN". Et à Vilnius, il assure que cela n'arrivera pas, que l'Ukraine ne rejoindra l'OTAN que lorsque la guerre sera terminée, et c'est la raison pour laquelle, comme le voulait Biden depuis le début, elle ne doit pas avoir de fin; et Zelensky, après la première colère qui lui a valu d'être accusé d'"ingratitude" par le ministre britannique de la défense, s'est rendu à la collecte et a joyeusement exprimé son enthousiasme (Le Colonel de l'état-major ukrainien et analyste militaire Oleg Zhdanov dit: "Au cours des 16 derniers mois, nous nous sommes intégrés à la machine militaire atlantique d'une manière dont nous n'aurions jamais pu rêver avant le 24 février 2022. Les milliers d'hommes prêts à percer les lignes russes sont habillés, armés, transportés, entraînés par l'OTAN ; même leurs armes personnelles ont été fournies par les alliés", et ainsi de suite: "chars allemands Leopard 2, véhicules américains Humvee ou véhicules blindés de transport de troupes Bradley et Strykes, dizaines de types différents de transports blindés de troupes, canons français à longue portée Caesar ou canons américains M777, lance-roquettes américains Himars, obusiers automoteurs polonais Krab", le tout accompagné d'une assistance, de pièces détachées, de personnel spécialisé, avec une chaîne d'échange et de coopération à long terme, bien qu'"il soit difficile de dire quand l'Ukraine rejoindra l'OTAN, peut-être même jamais" (5).

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3.

L'OTAN est fondamentale pour les stratégies mondiales des États-Unis d'Amérique. Sa transformation d'un instrument de défense contre le soi-disant communisme soviétique en un instrument d'agression et de pénétration dans les zones d'influence de la Russie et de la Chine pour empêcher la consolidation du pôle asiatique (qui prend actuellement son essor avec ses structures de fonctionnement et de coordination comme, par exemple, les Brics) capable de défier l'hégémonie mondiale des États-Unis avec son modèle de lien social de la production et de la reproduction de la vie. Les États-Unis n'acceptent pas un monde multicentrique, leur histoire en tant que nation est emblématique et devrait servir de leçon; je cite, à cet égard, ce que j'ai déjà souligné dans d'autres écrits: il est difficile pour les États-Unis de renoncer à une domination mondiale absolue, sous couvert de démocratie, de droits et de divers mensonges, étant donné leur histoire qui, depuis le 4 juillet 1776 (année de la déclaration d'indépendance), ne les a vus en paix que pendant 18 des 246 années au cours desquelles ils ont progressivement évolué d'une néo-nation luttant pour son indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne (1775-1783), en passant par la monumentale guerre de Sécession (1861-1865) pour se transformer, après avoir collaboré au triomphe de la Seconde Guerre mondiale (1941-1945), en la plus grande puissance du monde de la fin du 20ème siècle à nos jours, bien que, heureusement pour nous, en net déclin relatif. Alain Badiou affirmait il n'y a pas longtemps que: "La puissance impériale américaine, dans la représentation formelle qu'elle se fait d'elle-même, a la guerre comme forme privilégiée, sinon unique, d'attestation de son existence" (6). Leur passion est de commander, d'usurper, de subjuguer tous les peuples; leur mission est la domination absolue. Les USA ont un poids spécifique plus important qui est celui du mandat divin qui les conduit à la domination absolue du monde (monocentrisme), par opposition aux autres puissances qui sont pour une domination partagée du monde (multicentrisme). Le facteur déterminant dans ce scénario misérable sont les relations de pouvoir et de domination, les relations les plus stupides que les êtres humains sexualisés se soient jamais données. L'autorité en est un autre ! (mais c'est un autre sujet de discussion).

Nous sommes, dans cette phase multicentrique, en pleine guerre "au sens large" (7). Voyez par exemple le rôle de pays tels la Norvège, la Finlande, la Suède, le Danemark, pays d'Europe du Nord qui font partie de l'UE (à l'exception de la Norvège) et de l'OTAN (à l'exception de la Suède) et qui ont signé des accords de défense bilatéraux avec les États-Unis d'Amérique en cas de conflit avec la Russie (8).

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Alberto Bradanini (photo - ancien ambassadeur à Pékin de 2013 à 2015) précise ainsi "[...] comme tout conflit même lointain génère des turbulences insidieuses, les dirigeants chinois partagent pour l'essentiel le jugement de Moscou: "que la genèse du conflit doit être attribuée à la stratégie américaine visant à déstructurer la Russie par une guerre par procuration (menée par les Ukrainiens avec des armes et des financements nato américains), à provoquer son changement de régime et si possible même à provoquer son éclatement, en en faisant une proie facile pour les vautours de Wall Street [...] Dans le jugement de Pékin [...] les États-Unis visent alors à empêcher la soudure Russie-Chine et à provoquer une guerre par procuration antichinoise similaire, menée cette fois-ci jusqu'au dernier Taïwanais". Selon lui, les Etats-Unis n'acceptent pas l'émergence d'un monde multipolaire qui s'épanouit autour de l'alliance russo-chinoise, à laquelle s'ajouteraient "l'Inde et d'autres nations dites émergentes qui, en fait, n'entendent pas suivre Washington dans sa politique de sanctions contre Moscou [...]. L'expansionnisme de l'OTAN/Washington vers l'Est a donc pour objectif stratégique d'empêcher cette voie de pacification/intégration eurasiatique qui était apparue comme une promesse de paix et de développement à la chute de l'Union soviétique". Un tournant qui a entraîné une nouvelle convergence entre la Chine et la Russie, qui ne sont plus unies par une idéologie anticapitaliste comme à l'époque de Mao et Staline, mais par des intérêts économiques et stratégiques communs et le même besoin de contenir l'expansionnisme américain [italiques de moi, LL]" (9).

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En résumé, selon les termes de l'économiste marxien Richard D. Wolff (photo), qui résume bien ce qui précède, on peut dire que: "[...] l'empire américain, compris comme la suprématie capitaliste et géopolitique, est terminé. Mais l'Amérique ne veut pas s'en rendre compte [...] la Chine, en revanche, a créé un écosystème productif gigantesque dont le monde ne peut se désintéresser et codétermine donc désormais le destin du capitalisme. Consensuellement d'abord et conflictuellement maintenant, mais jamais de manière subalterne [...] le capitalisme s'est "sinisé" (comme en Russie il s'est "russifié", ma spécification, LL) d'une manière que l'Amérique ne pensait pas possible, étant donné la crise persistante entre l'économie de marché et le parti communiste" (10). Les difficultés américaines, qui soulignent à la fois le déclin et l'incapacité stratégique à atteindre des objectifs dans le temps et l'espace, sont évidentes dans les deux conflits ouverts en Ukraine (via l'OTAN-Europe), principalement contre la Russie, et en Palestine (via l'OTAN-Europe-Israël), principalement contre la Chine. La faiblesse des USA se manifeste aussi dans leur jeu de renvoi (car ils n'ont aucune idée du nouveau monde qui se dessine, engagés qu'ils sont dans la quatrième révolution industrielle, celle du transhumanisme, c'est-à-dire la fin de la dimension humaine de l'humanité, une révolution nihiliste de l'humanité sexuée) en tentant de contrer les projets mondiaux de la Chine (les Routes de la Soie) et de la Russie (le Corridor international de transport nord-sud russo-indien, INSTC) en avançant son projet IMEC (Corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe):

1) favoriser l'hégémonie israélienne dans le Nouveau Moyen-Orient, en tant que puissance régionale, avec son projet de Canal de Gurion, concurrent du Canal de Suez, avec toutes les conséquences néfastes sur l'élimination de la population palestinienne de Gaza pour permettre un débouché sur la Méditerranée;

2) réduire la taille de l'Egypte;

3) porter un coup sévère à l'axe de transport énergétique et commercial Bassorah-Europe, centré sur la Turquie. Derrière les infrastructures et le contrôle des ressources énergétiques se joue un jeu fondamental dans l'affrontement entre les puissances mondiales (USA, Chine, Russie et indirectement l'Inde, puissance montante) avec leurs sous-puissances régionales (Israël, Iran, Turquie) (11).

4.

La Russie et la Chine, qui sont les deux centres (pour l'instant) du pôle asiatique émergent, veulent construire un monde multicentrique et sont en mesure de contester l'hégémonie mondiale des États-Unis, qui prône un monde monocentrique. Un pôle asiatique que, dès 1956, l'historien Arnold Toynbee configurait ainsi: "Si, ayant ainsi perdu l'amitié du sous-continent chinois, notre monde occidental devait également perdre l'amitié du sous-continent indien, l'Occident aurait perdu au profit de la Russie la majeure partie du Vieux Continent, à l'exception de quelques têtes de pont en Europe de l'Ouest et en Afrique ; et cela pourrait être un événement décisif dans la lutte pour le pouvoir entre le "monde libre" et le communisme" (une réflexion actuelle en substance si nous spécifions les concepts de monde libre et de communisme et les mettons en relation avec l'histoire donnée) (12).

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Costanzo Preve a raison lorsqu'il affirme: "[...] Il s'agit d'une décision (la décision de résister à l'américanisme, ma précision LL) nourrie par la conscience de la principale caractéristique de l'américanisme lui-même, à savoir son arrogance. [...] Il ne s'agit pas seulement d'une question de pure puissance militaire "impériale" (Alexandre le Grand, Jules César, Gengis Khan, Napoléon). Il s'agit de quelque chose de plus profond et d'immensément plus abject, l'arrogance d'être porteur d'une civilisation supérieure garantie même par un mandat divin qui légitime cette prétention à la supériorité par son élection invérifiable. Aujourd'hui, le seul détenteur au monde de cette intolérable arrogance, ce sont les États-Unis d'Amérique. Peut-être [...] l'Europe, la Russie, les Mongols, les Arabes, la Chine, etc. l'ont-ils été dans le passé, mais il est certain que dans les conditions géopolitiques actuelles, ils ne le sont plus. C'est de cette donnée qu'il faut partir". Un mandat divin d'un Dieu un peu étrange, "[...] le Dieu de George Bush et du messianisme idéocratique américain des néo-cons [...,  le Dieu exclusif, lié de facto à un seul peuple élu (autrefois les Juifs, aujourd'hui les Américains de la Destinée Manifeste et de la Cité sur la Colline, le peuple que le blasphémateur éhonté Bill Clinton a appelé sans vergogne dans son discours d'investiture à la Maison Blanche "le seul peuple indispensable au monde"), le Dieu au nom duquel les bombes atomiques sont larguées sur Hiroshima et Nagasaki et l'Irak envahi en 2003, le Dieu au nom duquel les bases militaires sont multipliées dans tous les pays du monde, planifiant de manière obsessionnelle la prochaine guerre avec la coexistence d'une Europe asservie et terrorisée [...]" (13).

5.

La soumission volontaire totale des nations européennes (et de sa superstructure représentée par l'Union européenne) aux stratégies américaines est si forte que les guerres Russie-Ukraine et Israël-Palestine ont fait l'objet d'une homogénéité si compacte dans le camouflage de la réalité. Il faut remonter à l'histoire de Catilina dont nous n'avons qu'une seule vérité : rarement une tradition aussi abondante aura été aussi compacte dans l'obscurcissement de la réalité (14). L'Ukraine agressée est devenue une victime après avoir réprimé les Républiques populaires séparatistes de Donetsk et de Lougansk, une répression commencée en 2014 contre les régions russophones (Odessa, Dniepropetrovsk, Kharkov, Louhansk et Donetsk) qui a conduit à une militarisation du contexte et à quelques massacres (à Odessa et Marioupol, les plus importants) et après avoir été l'instrument américain, par l'entrée de facto dans l'OTAN, de la guerre contre la Russie ; tout comme l'Israël lésé par le Hamas est transformé en victime après avoir occupé la Palestine depuis 1948 (proclamation de la naissance de l'Etat d'Israël) en expulsant les Palestiniens (composés à l'origine d'Arabes musulmans, d'Arabes chrétiens, de Juifs et de minorités turques et arméniennes) avec une violence et des méthodes inqualifiables (15). Le mensonge systématique qui devient la vérité des dominants ! (16).

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La remarque de Luciano Canfora sur le modèle européen plein de démocratie, de liberté et de droits universels des peuples en référence à la soi-disant invasion russe de l'Ukraine (et au plan d'attaque du Hamas contre Israël) est efficace, rappelant la férocité des puissances européennes dans la poursuite de la domination mondiale: "Bien sûr, si l'on pense avec quelle détermination les Européens ont poursuivi la domination mondiale, il est plutôt amusant qu'ils se montrent maintenant comme un modèle de vertu et qu'ils fassent la leçon aux autres. Une certaine rhétorique pro-européenne ressemble à la prière contrite de quelqu'un qui a fait toutes sortes de choses et qui devient soudain pieux et vertueux" (17).

C'est-à-dire que nous passons d'une phase historique monocentrique, avec une coordination occidentale américaine jusqu'en 1990-1991 (implosion de l'ex-URSS) et mondiale jusqu'en 2011 (montée des puissances russe et chinoise), où l'Europe a joué un rôle subalterne et dirigeant dans le système américain (américanisation du territoire européen) et ses stratégies de domination du monde ; à une phase multicentrique où l'Europe, gouvernée et gérée par la nouvelle OTAN, devient une expression géographique de la mémoire metternichienne, ainsi qu'un champ de bataille de l'affrontement entre les puissances mondiales.

6.

L'Union européenne n'existe pas ! Ce qui apparaît, ce sont des institutions (lieux institutionnels) dirigées par des sous-décideurs des différentes nations qui utilisent les ressources des différentes sphères sociales et mettent en œuvre des stratégies de développement (en alliance ou en conflit les unes avec les autres) intégrées dans celles des États-Unis. Les sanctions contre la Russie, qui ont eu un effet négatif sur l'Europe (augmentation des prix des matières premières énergétiques, en particulier pour les entreprises du secteur de l'énergie et du gaz, réduction des relations économiques, récession et perte accentuée du pouvoir d'achat, sécurité dans les nouvelles infrastructures énergétiques, etc.) elles ont apporté des avantages aux États-Unis (limitation de la baisse de la demande de dollars pour le commerce international, vente de gaz à des prix russes multiples, attraction des entreprises européennes, etc : construire de nouvelles relations en Asie (Chine, Inde, Iran), promouvoir un développement autosuffisant (dans l'alimentation, l'industrie manufacturière, les biens de consommation, etc.) Un autre exemple est le désastre de l'économie européenne: "[...] 2024 sera un désastre pour l'économie réelle européenne. Les indicateurs économiques manufacturiers prévisionnels, les PMI, sont pratiquement tous négatifs pour les pays européens [...]. Les perspectives économiques sont donc mauvaises, mais il y a pire: les nouvelles règles budgétaires européennes, celles sur lesquelles un accord a été trouvé, prévoient des contraintes très fortes sur le déploiement de politiques budgétaires expansionnistes. Le fait que le déficit ne puisse dépasser 1% du PIB pour la quasi-totalité des pays européens rendra impossible toute politique de nature anticyclique; au contraire, il imposera des réductions et des augmentations d'impôts qui seront procycliques. Ainsi, non seulement la crise cyclique ne sera pas contrée par les politiques économiques de l'UE, mais elle sera même accentuée. La crise de 2011-2014 ne nous a rien appris du tout [...]" (18).

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L'Europe en tant que sujet politique unitaire n'a jamais existé. Je souligne, avec Luciano Canfora, que "l'Europe occidentale s'est divisée très tôt et est restée divisée: l'idée qu'il s'agit d'un continent unitaire est une invention. Au fil des siècles, nous la voyons se déchirer, déchirée par des luttes de pouvoir, aux prises avec une autorité spirituelle, celle du pontife romain, qui était également temporelle et interagissait avec les gouvernements des différents États. Cela a favorisé une dialectique plus vivante, mais aussi un éclatement structurel, annonciateur de problèmes" (19).

Les puissances européennes se sont toujours affrontées pour l'hégémonie sur le continent européen: considérez, par exemple, la tentative ratée de Napoléon Bonaparte qui a déclaré avec regret: "je n'avais pas terminé mon travail. L'Europe serait en effet devenue un seul peuple; en voyageant, chacun se serait senti dans une patrie commune... Cette union devra se faire un jour ou l'autre par la force des choses... Il faut un droit européen, une Cour de cassation européenne, un système monétaire unique, des poids et mesures égaux, il faut les mêmes lois pour l'ensemble de l'Europe. J'aurais voulu faire de tous les peuples d'Europe un seul peuple... C'est la seule solution" (20). On ne peut pas échanger l'Europe des différentes nations concurrentes (qui avaient aussi un rôle à jouer dans la religion, l'art, la culture, la nature, la science, etc. Pensez, par exemple, à la Renaissance italienne et européenne qui, selon Fernand Braudel, "[...] est cette lente transformation, qui n'en finit pas, par laquelle la civilisation occidentale passe des formes traditionnelles du Moyen Âge aux formes nouvelles, déjà actuelles, de la première modernité, encore vivace dans cette même civilisation occidentale dans laquelle nous vivons aujourd'hui, qui, à peine sortie de ses anciennes contradictions, en fabrique allègrement d'autres" (21).

L'hypocrisie de l'Europe comme sujet politique et unitaire. La réflexion de l'historien Paul Kennedy n'est pas à partager lorsqu'il affirme que "l'Europe ne disparaîtra certainement pas. Elle jouera également un rôle politique central à l'avenir. Si, en 2030, nous avons une Union européenne qui inclut également l'Ukraine, nous assisterons à une transformation historique de la dynamique politique internationale. Toute la région du Caucase sera également attirée vers l'UE. Avec pour conséquence un plus grand isolement de la Russie" (22). Pour avoir un rôle politique central, l'Europe doit être autonome, indépendante, souveraine, capable de penser et de réaliser une stratégie de projet pour un modèle de développement et de relations sociales dans une société européenne de peuples, avec un rôle central dans l'échange culturel, politique, économique et social entre l'Ouest et l'Est tout en respectant les différentes histoires territoriales. Mais l'Europe est au service des stratégies de pouvoir des États-Unis pour une domination mondiale monocentrique. Il faut donc la repenser en se tournant vers l'Est, où il y a des puissances établies, comme la Chine et la Russie, et des puissances montantes, comme l'Inde, qui sont pour un monde multicentrique (23) et qui peuvent être porteuses d'un autre modèle de développement social, bien que dans une logique systémique capitaliste (les différents capitalismes), encore capables de se situer dans les équilibres naturels et humains pour leurs histoires, leurs cultures, leurs traditions, leurs religions, etc., par opposition à l'Occident dirigé par les États-Unis, qui se projette dans le transhumain (dépassement de l'humain), ce qui signifie la fin de l'humanité telle que nous la connaissons: "Trasumanar significar per verba non si porìa [...] le passage à une condition, ou à un mode d'être, supérieur à celui normalement propre à l'homme qui ne peut être exprimé [...] au moyen de mots" (24).

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Le mode de production et de reproduction de la vie américain, expression d'un modèle de développement hégémonique, mais en déclin du fait de l'avancée du multicentrisme lequel propose d'autres modèles de développement suggérés par d'autres puissances mondiales (pensez au modèle chinois de la Route de la Soie), a pénétré et façonné le mode de développement européen. L'Europe est devenue un outil important (une sorte de tête de bélier) pour les projections stratégiques contre l'Est et ses puissances. En fait, l'Europe n'existe plus, ce qu'elle apparaît est l'expression de la servitude volontaire des sous-décideurs qui ne veulent pas perdre leur pouvoir dérivé des phases de gestion et d'exécution des stratégies des pré-dominants américains dans leurs territoires nationaux respectifs. Les sous-décideurs décident des lignes stratégiques du développement de leurs territoires nationaux respectifs incorporés dans le territoire hégémonique des États-Unis d'Amérique. L'américanisation du territoire européen (dont nous savons peu de choses) est emblématique des processus de pénétration du modèle de développement hégémonique des États-Unis. Ce modèle affecte profondément et intègre le développement des nations européennes dans les stratégies américaines d'hégémonie mondiale. Pensez aux transformations des villes et des territoires (inclus dans la zone OTAN) et à la fourniture d'infrastructures territoriales (tables, couloirs de mobilité, bases, logistique, ports, etc.). Dans la phase multicentrique, l'Union européenne ne sert pas de ciment et d'agrégat pour les stratégies américaines comme elle le faisait dans la phase monocentrique du monde occidental (et bipolaire), car elle a été remplacée par le projet de l'OTAN. Ce n'est pas un hasard si l'Europe, comme on l'a vu plus haut, n'a jamais été autonome et a toujours été subordonnée aux États-Unis d'Amérique depuis la Seconde Guerre mondiale.

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7.

Je cite un bon résumé de ce qui a été dit ci-dessus sur l'Europe non souveraine, par Giorgio Agamben: "[...] l'Union européenne conçue uniquement pour des raisons économiques qui ignorent non seulement les raisons spirituelles et culturelles, mais aussi les raisons politiques et juridiques [...]; l'Union européenne est techniquement un traité entre États qui se fait passer pour une constitution démocratique [...]; la soi-disant Constitution européenne est illégitime [...]. Le juriste allemand Dieter Grimm (photo) a souligné qu'il manque à la constitution européenne l'élément démocratique fondamental, car elle n'est en aucun cas le fruit de l'autodétermination des citoyens européens [...]. Le seul semblant d'unité est atteint lorsque l'Europe agit comme un vassal des États-Unis, participant à des guerres qui ne correspondent en rien aux intérêts communs et encore moins à la volonté des peuples. D'ailleurs, certains États signataires du traité, comme l'Italie, en raison du nombre de bases militaires qu'ils hébergent, sont techniquement des protectorats et non des États souverains. En matière de politique étrangère, il existe un Ouest atlantique, mais certainement pas une Europe. Tout comme elle n'existe pas sur le plan constitutionnel, l'Europe n'existe pas sur le plan politique et militaire [...]. Le Moyen Âge a compris qu'une unité formée par des sociétés politiques doit être quelque chose de plus ou de différent qu'une société politique. Le Moyen Âge a cherché son critère dans le christianisme. L'homme européen - à la différence des Asiatiques et des Américains, pour qui l'histoire et le passé ont un tout autre sens - ne peut accéder à sa vérité qu'en se confrontant à son passé, qu'en se confrontant à sa propre histoire. En d'autres termes, le passé est pour lui non seulement un patrimoine de biens et de traditions, mais aussi et surtout une composante anthropologique essentielle, qui fait qu'il ne peut accéder au présent que de manière archéologique, qu'en regardant ce qui a été. Cela signifie que pour l'Européen, le passé est avant tout une forme de vie. D'où le rapport particulier que l'Europe entretient avec ses villes, avec ses œuvres d'art, avec son passage: il ne s'agit pas de conserver des biens plus ou moins précieux, mais néanmoins extérieurs et disponibles; en détruisant hier les villes allemandes, les Américains savaient qu'ils démolissaient en quelque sorte l'identité même de l'Allemagne; c'est pourquoi, aujourd'hui, en détruisant le paysage italien avec du ciment, des autoroutes et des lignes ferroviaires à grande vitesse, les spéculateurs ne nous privent pas seulement d'un bien, mais détruisent aussi notre propre réalité historique [...]. Il fut un temps où l'idéal commun d'une Europe s'exprimait politiquement dans l'idée romaine d'un empire, puis dans l'idée germanique d'un saint-empire qui laissait intactes les spécificités des peuples [...]. Alors qu'il serait urgent de réfléchir à la difficile tâche de construire une unité tout en préservant la diversité, nous constatons au contraire que, dans tous les pays européens, on assiste à un véritable démantèlement des écoles et des universités, c'est-à-dire des institutions qui, en transmettant la culture, devraient veiller sur le rapport vivant entre le passé et le présent. À ce démantèlement correspond une muséification croissante du passé, à commencer par les villes elles-mêmes, transformées en centres historiques, dont les habitants sont en quelque sorte transformés en touristes de leur propre culture [...]. Un haut fonctionnaire de l'Europe naissante, Alexandre Kojéve, soutenait que l'Homo sapiens était arrivé au bout de son histoire et n'avait plus que deux possibilités devant lui: l'accès à une animalité post-historique (incarnée par l'American way of life) ou le snobisme (incarné par les Japonais, qui continuent à célébrer leurs cérémonies du thé, pourtant vidées de toute signification historique). Entre une Amérique complètement réanimée et un Japon qui ne reste humain qu'à condition de renoncer à tout contenu historique, l'Europe pourrait offrir l'alternative d'une culture qui reste humaine et vitale, parce qu'elle est capable d'affronter sa propre histoire dans sa totalité et de tirer une vie nouvelle de cette confrontation" (25).

8.

La centralisation du pouvoir dans la phase multicentrique est fonctionnelle pour réduire la chaîne de commandement qui devient essentielle dans les phases (multicentriques et polycentriques) de conflit ouvert entre les puissances mondiales. Par exemple, voyez la tentative de réforme, à partir de 2015, de l'Union européenne en ce qui concerne l'élargissement et l'approfondissement des domaines politiques vers la constitution des États-Unis d'Europe (26). L'objectif est de réformer l'Union européenne pour la rendre plus fiable et servile en éliminant les vassaux et les vavasseurs qui servaient de ciment et de coordination dans l'exécution et la gestion des stratégies américaines contre les puissances qui contestent leur ordre mondial monocentrique (Mario Draghi est l'un des protagonistes, au nom des pré-dominants américains, de cette réforme vers la construction des États-Unis d'Europe) (27). Il est emblématique que l'un des secteurs les plus touchés par la réforme soit le secteur militaire. Un secteur qui doit être absorbé et coordonné par les États-Unis et l'OTAN et qui doit jouer un rôle de menace, d'intimidation et de conflit potentiel avec la Russie et la Chine (et leurs zones d'influence) afin de les affaiblir et de les réduire (28).

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L'Europe doit être repensée et reconstruite, en commençant par un processus de libération de la servitude volontaire (29) envers les États-Unis, qui passe par la démilitarisation des bases des États-Unis et de l'US-OTAN sur son territoire (occupation militaire, par le biais de bases et d'accords), est la force qui a permis à la puissance américaine de coordonner le développement au niveau mondial jusqu'en 2011, fin de la phase monocentrique) et la sortie du système de l'euro articulé dans le système hégémonique du dollar (en voie d'être concurrencé par d'autres systèmes monétaires qui expriment d'autres modèles de développement et de relations sociales, à comprendre et à approfondir).

Il faut repartir de la césure que représente la désaméricanisation du territoire européen (tout comme, avec la doctrine Monroe (30), les États-Unis d'Amérique ont imposé la déseuropéanisation du continent américain) ; il faut, selon les termes de Costanzo Preve, "une réorientation gestaltiste radicale" qui fasse sortir l'Europe de la servitude volontaire des États-Unis et penser à une autre Europe de nations autodéterminées et libres. Une rupture forte et qualitative qui peut être obtenue en tournant notre regard vers l'est, vers le pôle asiatique en expansion qui englobe 70 % de la population mondiale, tout en sachant que "[...] Dans la réalité sociale, les expressions oui et non sont inséparablement liées dans une relation dialectique. Dans la réalité sociale, il n'y a pas de non qui ne contienne pas quelque chose d'essentiellement positif" (31).

Une refonte et une reconstruction qui jette les bases d'une Europe autodéterminée tournée vers l'Est, où les puissances mondiales montantes font des propositions pour un nouvel équilibre (un nouveau nomos) de la domination mondiale (32).

9.

Que faire ? Existe-t-il les conditions subjectives et objectives pour penser, concevoir et construire une autre Europe et ne pas continuer dans l'hypocrisie pure ?

La citation choisie comme épigraphe est tirée de : *Costanzo Preve et Luigi Tedeschi, Dialoghi sull’Europa e il nuovo ordine mondiale (= Dialogues sur l'Europe et le nouvel ordre mondial), Casa Editrice "il Prato", Saonara (Padoue), 2016, p.86.

NOTES

1 Alessandro Barbero, Charlemagne. Un padre dell'Europa, Editori Laterza, Roma-Bari, 2002, chapitre V, pp. 113-127 ; sur le parcours complexe de la construction des nations européennes, voir Andrea Zannini, Storia minima d'Europa. Dal neolitico a oggi, il Mulino, Bologna, 2019, pp. 223-237; sur l'importance de la reconquête de la souveraineté des nations pour construire une autre Europe libre et autodéterminée comme nouvel espace de connexion et d'échange politique, économique et culturel entre l'Ouest et l'Est voir Costanzo Preve et Luigi Tedeschi, Dialoghi sull'Europa e sul nuovo ordine mondiale, Casa Editrice "il Prato", Saonara (Padoue), 2016 ; Perry Anderson et autres, sous la direction de, Storia d'Europa, Einaudi, Turin, 1993, volume 1.

2 Sur le rôle de l'Europe dans les stratégies américaines, voir Henry Kissinger, World Order, Mondadori, Milan, 2015, pp.87-96 et pp. 234-326 ; Zbigniew Brzezinski, The Great Chessboard, Longanesi, Milan, 1998 ; sur le rôle des services secrets dans la construction du projet d'une Europe unie, à la fois pour saper l'influence communiste et pour incorporer l'Europe dans les stratégies américaines de domination, voir Richard J. Aldrich, OSS, CIA and European Unity : the American Committee for a United Europe, 1948-60 (first, second, third part), www.comedonchisciotte.org , 24/8/2020 ; sur la construction des institutions européennes et leur fonctionnement lire Perry Anderson, Towards an ever closer Union ? (first, second, third part), www.comedonchisciotte.org, 2/1/2021 ; sur la fin du projet européen des États-Unis je renvoie à mon article The European Union project is over, NATO is the US tool in the strategic conflict of the multicentric phase, www.italiaeilmondo.com , 26/11/2018.

3 Costanzo Preve, Ripensare Marx oltre la destra e la sinistra, interview éditée par Luigi Tedeschi, www.ariannaeditrice.it , 31/5/2007 ; Costanzo Preve, Filosofia e geopolitica, Edizione all'insegna del Veltro, Parma, 2005.

4 Sur la métamorphose de l'OTAN, je renvoie à Luigi Longo, L'americanizzazione del territorio (Appunti per una riflessione), www.conflittiestrategie, 29/3/2014 et www.italiaeilmondo.com, 27/5/2017 ; Idem, Il progetto dell'Unione europea, op. cit. ; Idem, La Nato è lo strumento degli USA nel conflitto strategico della fase multicentrica, www.italiaeilmondo.com, 7/7/2022.

5 Raniero La Valle, In Vilnius NATO took over the world, www.ilfattoquotidiano.it , 25/7/2023.

6 Editor, The military history of the United States looks like a game but it is not, www.infodata.ilsole24ore.com , 20/2/2020 ; Giovanni Viansino, Roman Empire, American Empire. Idéologies et pratiques, Edizioni Punto Rosso, Milan, 2005.

7 Sur la définition de la guerre au sens étroit (première (1914-1918) et deuxième guerre mondiale (1939-1945) et au sens large pour la troisième (1945-1989) et la quatrième encore en cours, voir Costanzo Preve, La quarta guerra mondiale, Edizioni all'insegna del Veltro, Parma, 2008.

8 Rédaction de l'Ansa, Nordic countries towards joint air defence from Russia, www.ansa.it, 25/3/2023 ; Filippo Jacopo Carpani, Troops on the border with Russia : what's behind the US move in Finland, www.ilgiornale.it , 15/12/2023 ; Maurizio Blondet, The German Defence Minister : "Europe must be ready for war by the end of the decade", www.maurizioblondet.it , 18/12/2023.

9 Alberto Bradanini, The US fears a Russia-China axis and a multipolar world, interview by Luciana Borsatti, www.sinistrainrete.info , 11/5/2022.

10 Fabrizio Maronta, édité par, conversation avec Richard D. Wolff, The American empire is over but America does not accept it, "Limes" no.4/2023, pp.104-106.

11 Maurizio Brignoli, Les causes économiques du massacre de Gaza, www.ariannaeditric.it 18/11/2023 ; Enrico Tomaselli, La catabasi imperiale, www.ariannaeditrice.it , 24/12/2023 ; Pepe Escobar, Le Yémen est prêt à affronter une nouvelle coalition impériale, www.comedonchisciotte.org , 23/12/2023 ; Jean Valyean, L'opération "prosperity guardian" voulue par le Pentagone s'effondre après même pas une semaine, www.scenarieconomici.it, 24/12/2023 ; Marco Dell'Aguzzo, Who (not) is part of the US anti-Houthi coalition in the Red Sea ? www.startmag.it  , 30/12/2023; Manlio Dinucci, Medioriente : gli incendiari cry "Al fuoco", www.voltairenet.org , 31/12/2023 ; Enrico Tomaselli, Chi vuole allargare la guerra in Medio Oriente (e perché), www.ariannaeditrice.it  , 4/1/2024.

12 Arnold Toynbee, Le monde et l'Occident, Aldo Martello editore, Milan, 1956, p. 54.

13 Costanzo Preve, Filosofia e geopolitica, Edizioni all'insegna del Veltro, Parma, 2005, pp. 38-39 et Costanzo Preve, Una nuova storia alternativa della filosofia. Il cammino ontologico-sociale della filosofia, éditeur Petite Plaisance, Pistoia, 2013, p. 53.

14 Voir Luciano Canfora, Catilina. Una rivoluzione mancata, Laterza, Bari-Roma, 2023.

15 Giancarlo Paciello, La conquista della Palestina, Editrice C.R.T., Pistoia, 2004 ; Domenico Moro, Il seme della violenza. Le origini del conflitto israelo-palestinese, www.sinistrainrete.info , 19/10/2023 et 9/11/2023, première et deuxième partie ; Salvatore Bravo, La cesoia corazzata, www.comunismoecomunità.org , 20/11/2023.

16 Costanzo Preve, Il bombardamento etico. Saggio sull'interventismo umanitario, sull'embargo terapeutico, e sulla menzogna evidente, Editrice C.R.T., Pistoia, 2000.

17 Luciano Canfora, Intervista sul potere, édité par Antonio Carioti, Editori Laterza, Roma-Bari, 2013, p. 92 ; au sujet des puissances européennes qui ont fait toutes sortes de choses, lire Attilio Brilli, Dove finiscono le mappe. Storie di esplorazioni e di conquista, il Mulino, Bologna, 2012.

18 Leoniero Dertona, Désastre de l'économie européenne : 2024 sera une récession avec des mesures fiscales et monétaires cycliques, www.scenarieconomici.it , 3/1/2024 ; Isabella Bufacchi, L'industrie allemande souffre, la demande ne redémarre pas, www.ilsole24ore.com  , 8/1/2024 ; pour une interprétation des sanctions contre la Russie qui ont eu des effets négatifs sur l'Europe et stimulé l'économie russe, voir Michael Hudson, The US economy : surprisingly robust or a Potemkin village ? www.comedonchisciotte.org  20/6/2023 ; Megas Alexandros (alias Fabio Bonciani), Sanctions on Russia : idiocy in the service of 'power', www.comedonchisciotte.org  , 12/9/2022 ; pour une lecture des sanctions contre la Russie qui ont bénéficié à l'économie américaine dans Marco Della Luna, The Price of Adam, www.marcodellaluna.info ,1/9/2023 ; Domenico Moro, The EU mountain and the mouse of the new stability pact, www.comedonchisciotte.org  , 9/1/2024.

19 Luciano Canfora, Intervista sul potere, édité par Antonio Carioti, op. cit. p.90-91.

20 Alessandra Necci, Au cœur de l'empire. Napoleone e le sue donne fra sentimento e potere, Universale Economica Feltrinelli (Marsilio Editori), Milan, 2023, p. 274 ; voir le docu-film écrit et raconté par Alessandro Barbero, Ei fu. Vie, conquêtes et défaites de Napoléon Bonaparte, https://www.raicultura.it/storia/articoli/2021/05/Ei-fu-V... .

21 Fernand Braudel, L'Italia fuori d'Italia. Due secoli e tre Italie in AaVvv, Storia d'Italia. Dalla caduta dell'impero romano al secolo XVIII, Einaudi, Torino, 1974, Tomo secondo, p. 2143. Lire aussi Jacques Le Goff, L'Italia fuori d'Italia. L'Italia nello specchio del Medioevo in AaVvv, Storia d'Italia. Dalla caduta dell'impero romano al secolo XVIII, Einaudi, Torino, 1974, Tomo secondo, parte III, pp. 2060-2088 ; Federico Chabod, Storia dell'idea d'Europa, édité par Ernesto Sestan et Armando Saitta, Editori Laterza, Bari-Roma, 1989.

22 Paul Kennedy, Here are the three poles of the new world (and Europe is not there), entretien édité par Massimo Gaggi, https://www.corriere.it/la-lettura/24_gennaio_01/paul-ken... ...

23 L'objectif du multicentrisme équilibré ne sera possible que si la puissance agressive, par son histoire, les USA, sait partager la domination mondiale avec les autres puissances que sont la Chine, l'Inde et la Russie, porteuses d'un équilibre dynamique entre les puissances, dans le respect de leurs propres particularités historiques et territoriales. Je fais une lecture différente du multicentrisme équilibré et de la multipolarité équilibrée de John J. Mearsheimer qui peut éviter la phase polycentrique qui signifierait la troisième guerre mondiale et la fin de l'humanité compte tenu de la force destructrice des armes nucléaires. Sur la multipolarité équilibrée, voir John J. Mearsheimer, The Tragedy of the Great Powers, Luiss Press, Rome, 2019, pp. 259-427.

24 Dante Alighieri, La Divine Comédie. Paradiso, édité par Daniele Mattalia, BUR, Milan, 1989 (quatrième édition), Canto I, vers 70-71, note 70, pp.22-23. Sur le transhumanisme comme progrès nihiliste de l'Occident, voir Roberto Pecchioli, L'uomo transumano. La fine dell'umanità, Arianna Editrice, Bologne, 2023.

25 Giorgio Agamben, La crisi perpetua come strumento di potere in "Lo Straniero", 3/11/2013 ; voir aussi Alessandra Ciattini, Verso un nuovo mondo: due punti di vista, www.ilcomunista23.blogspot.com , 15/7/2023.

26 Luca Lanzalaco, États-Unis d'Europe : si vous les connaissez, vous les évitez, si vous les évitez, vous vous sauvez, www.comedonchisciotte.org , 15/12/2023 ; Idem, La révision des traités de l'UE est l'attaque ultime contre la souveraineté et la démocratie, www.comedonchisciotte.org , 14/6/2022. Je souligne que l'auteur ne fait aucune référence au rôle de l'UE dans les stratégies hégémoniques américaines dans le conflit stratégique mondial.

27 Stefano Cingolani, United States of Europe : the real fiscal reform according to Draghi, www.ilfoglio.it , 7/9/2023 ; Megas Alexandros, (alias Fabio Bonciani), It's time for the eurozone's mass running experiment to end ! Mario Draghi, www.comedonchisciotte.org , 10/9/2023 ; Federico Fubini, Draghi: "L'Europe doit être une véritable union, à commencer par la politique étrangère et la défense. Les erreurs ? La Russie et l'Afghanistan", www.corriere.it , 8/11/2023 ; Ansa Editorial, Draghi est un moment critique pour l'Europe, www.ansa.it , 29/11/2023 ; Katia Migliore, L'Europe est-elle en crise ? Il nous faut plus d'Europe ! www.comedonchisciotte.org , 1/12/2023 ; Marina Lanza, ed, L'UE met fin à la fiction démocratique, www.maurizioblondet.it , 21/11/2023.

28 Nick Alipour, Le ministre allemand de la Défense : "L'Europe doit être prête à la guerre d'ici la fin de la décennie", www.maurizioblondet.it  18/12/2023 ; Stefano Porcai, Changing the laws to favour Europe's military-industrial complex, www.contropiano.org, 5/1/2024 ; sur le rôle de l'Union européenne en Asie centrale, voir Pepe Escobar, Central Asia is the first battlefield in the new great game, www.comedonchisciotte.org , 21/8/2023.

29 Sur la conversion de la sujétion extérieure en soumission intérieure, donnant lieu à cette psychologie du sujet que Friedrich Engels a qualifiée de "servante", voir Gyorgy Lukacs, La distruzione della ragione, Einaudi, Turin, 1959, pp. 3-90.

30 Nico Perrone, Progetto di un impero 1823.L'annuncio dell'egemonia americana infiamma le borse, La Città del Sole, 2013, Napoli.

31 Gyorgy Lukacs, La destruction de la raison, Einaudi, Turin, 1959, p. 804.

32 Voir, avec une lecture critique, Valery Korovin, The End of Europe. Avec la Russie sur la voie du multipolarisme, Anteo Edizioni, Cavriago (RE), 2023.

 

samedi, 27 janvier 2024

L'OTAN et la grande guerre des élites

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L'OTAN et la grande guerre des élites

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/01/25/eliitin-suuri-nato-sota/

Comme la guerre en Ukraine n'est pas une urgence suffisante pour les besoins de la cabale des banques centrales, une nouvelle opération psychologique a déjà été lancée pour préparer mentalement les citoyens européens à la "grande guerre de l'OTAN". Olli Rehn, le représentant finlandais de la Banque des règlements internationaux, a déjà dû recevoir un mémo à ce sujet de la "Tour de Bâle" ?

La politique de sécurité est le mot magique du jour et l'alliance militaire est actuellement engagée dans le plus grand exercice militaire depuis la guerre froide. L'idée est que la situation s'aggravera lorsque la Russie attaquera l'OTAN. L'exercice Steadfast Defender, qui se déroulera jusqu'en mai, impliquera 90.000 soldats des pays de l'OTAN. Des milliers de soldats américains viendront en Finlande dans le cadre de cet exercice.

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Le spectacle est également lié à la Realpolitik et à l'affectation des dépenses publiques. Les relations avec la Russie étant de plus en plus tendues, la Russie représente également une "menace à long terme" pour l'Europe, de sorte que les pays de la zone euro devront consacrer davantage d'argent à l'industrie de l'armement et augmenter leurs budgets de défense. Les pays de la zone euro devront donc dépenser plus d'argent dans l'industrie de l'armement et augmenter leurs budgets de défense. On estime que ce délai ne sera suffisant que dans "quelques années". Ainsi, les PIB stagnants seront encore davantage grevés par l'effort de guerre.

Le gouvernement finlandais, impliqué dans la guerre hybride, prévoit opportunément de modifier la loi sur la conscription : la nouvelle limite d'âge supérieure pour les réservistes serait fixée à 65 ans. Comme "on a besoin de tout le monde pour la bataille à venir contre la Russie", le ministre de la défense Antti Häkkänen voudrait relever encore plus la limite d'âge des conscrits.

Si l'élite politique finlandaise suit le triste exemple de l'Ukraine (où les gens sont enrôlés de force dans la guerre, même dans la rue), toutes les personnes âgées de 16 à 70 ans, y compris les malades en phase terminale et les handicapés, pourraient être envoyées au front comme chair à canon.

Comme toujours, la confrontation entre l'OTAN et la Russie repose sur la gestion de la crise économique du système capitaliste, qui a son pendant dans l'histoire. Pendant la Grande Dépression des années 1920, les stratégies d'urgence ont été la grippe espagnole et les grandes guerres, qui ont mis à bas l'ordre ancien. Dans des interprétations plus ésotériques, l'élite a également besoin de sacrifices de sang aux Molochs qui maintiennent leur pouvoir.

La "menace russe" restera-t-elle une simulation et un spectacle médiatique de pouvoir (faux) dans notre ère de crises multiples, ou le risque d'une guerre majeure deviendra-t-il réel ? Cela dépend de la mesure dans laquelle les coordinateurs du système économique actuel ont désespérément besoin d'une nouvelle urgence massive pour résoudre leurs problèmes, avant de passer à un nouvel ordre commercial comme un "monde multipolaire".

19:31 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, otan, bellicisme, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 19 janvier 2024

Politique d'insécurité et préparation à la guerre

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Politique d'insécurité et préparation à la guerre

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/01/09/turvattomuuspolitiikkaa-ja-sotaan-valmistautumista/

La conférence sur la sécurité Folk och försvar (Peuple et Défense) s'est tenue à Sälen, en Suède, où les discussions ont porté sur la stagnation du processus d'adhésion à l'OTAN en Suède, la guerre en cours en Ukraine et la préparation à une éventuelle guerre majeure entre l'Occident et la Russie.

Volodymyr Zelenskyi, acteur présidentiel ukrainien et magnat occidental de l'industrie de l'armement, est également apparu en mode distanciel lors de la cérémonie d'ouverture, remerciant ses partisans pour leur "solidarité" tout en appelant à "une plus grande production d'armes" en Europe.

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Si la Suède attend encore l'accord de la Turquie et de la Hongrie, son rôle dans l'alliance militaire est déjà planifié. Selon le Premier ministre Ulf Kristersson, la Suède est un "lieu géographiquement important" qui servirait de voie de transit pour les transports d'équipements afin de permettre à l'OTAN de mieux se déplacer en Europe.

En outre, en tant que membre de l'OTAN, la Suède prévoit de transférer huit cents soldats suédois en Lettonie et de les inclure à une force dirigée par le Canada, en prévision de futurs combats. L'armée suédoise prépare cette opération depuis un certain temps et elle a reçu l'approbation du gouvernement.

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Le commandant des forces de défense suédoises, Micael Bydén, et le ministre de la protection civile, Carl-Oskar Bohlin, ont également pris la parole lors de la conférence. Ils ont tous deux exhorté la population à se préparer mentalement à la guerre en Europe.

Il est intéressant de noter qu'en Suède, qui attend d'adhérer à l'OTAN, l'élite au pouvoir suscite déjà le même type d'hystérie guerrière et de panique collective qu'en Finlande et dans d'autres États membres de l'UE ces dernières années.

Ce n'est pas une coïncidence, comme le montrent les "accords de défense" bilatéraux avec Washington. Les États-Unis envisagent de militariser fortement la région et d'impliquer leurs vassaux locaux dans leur conflit géopolitique avec la Russie.

Les experts américains en communication stratégique travaillent donc activement à promouvoir un récit qui justifie cette militarisation et assure son acceptation par les populations des pays sur le territoire desquels Washington entend mener ses opérations militaires.

Le moyen le plus rapide de s'assurer de cette obéissance est sans doute de susciter la peur. Depuis un certain temps, l'OTAN occidentale tente de promouvoir le récit selon lequel la fin de la guerre sur le territoire de l'(ex)-Ukraine signifie, en pratique, le transfert du conflit en Europe.

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Aujourd'hui, on entend dire qu'une fois l'Ukraine revenue dans le giron de la Russie, le méchant Poutine tournera son regard vers l'Europe, et que personne ne sera en sécurité ici. L'objectif de l'"OTANisation" n'était donc pas d'accroître la sécurité de la Finlande, mais au contraire d'amener les Finlandais, qui se laisseront berner par les puissances occidentales, vers une nouvelle ligne de front dans le conflit.

En renforçant le climat de peur et d'insécurité anti-russe, Washington s'assure le soutien de l'opinion publique européenne à la présence de forces d'occupation américaines et à la militarisation des régions voisines de la Russie. L'industrie de l'armement accroît également ses profits, car la menace de guerre nécessite des augmentations significatives des budgets de défense.

Qu'il y ait ou non une nouvelle guerre majeure, le fait d'attiser la peur en Europe servira les intérêts politiques, militaires et économiques de l'actuelle administration de Washington. Le plus déprimant, c'est que la plupart des dirigeants et des hommes politiques européens agissent comme des renégats consciencieux, comme des animateurs de gouvernements fantoches sous le régime d'occupation américain.

mardi, 09 janvier 2024

Un petit tour d'horizon géopolitique de l'année 2023

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Un petit tour d'horizon géopolitique de l'année 2023

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/27144-reda...

Petite mise au point : tous ceux qui pensent que les guerres au Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Soudan), en Ukraine, dans le Caucase (Azerbaïdjan, Arménie et Géorgie) et au Moyen-Orient (Yémen, détroit de Bab al-Mandab, Syrie et Gaza) et que les fortes tensions en Moldavie, à la frontière biélorusse et polonaise, dans la Baltique et dans la péninsule scandinave sont des événements distincts, et que pour en parler il faut être un expert de chaque théâtre, connaître les coutumes, l'histoire, l'anthropologie des lieux, etc. D'autre part, ceux qui pensent que tous ces pays sont "victimes" d'une guerre par procuration titanesque menée par les grandes puissances (à savoir la Russie et la Chine d'un côté et les États-Unis de l'autre), où les peuples et les territoires sont sacrifiés à l'affaiblissement du front adverse, peuvent également poursuivre leur lecture. En d'autres termes, il s'agit d'un article écrit pour ceux qui croient que nous sommes confrontés à une "guerre mondiale en morceaux" (cit. J. M. Bergoglio), une concaténation de conflits qui cache comme dans un théâtre d'ombres (Tournement of Shadow) ce qui est le Grand Jeu des Puissances Mondiales... eh bien, ceux qui n'y croient pas devraient éviter de lire ce qui suit, merci.

* * * *

La guerre en Ukraine est sur le point de doubler sa deuxième année, et quoi qu'en disent certains, il n'y a pas de fin au conflit en vue.

Ne vous laissez pas abuser par la controverse au parlement américain sur les nouveaux financements: la guerre continuera parce que la défaite de l'Occident signifie la fin de l'empire et de l'hégémonie américains, d'une part, et le changement complet des élites en Europe puisque celles que nous avons sont complètement compromises, d'autre part. Elles se battront jusqu'au bout et tenteront par tous les moyens d'élargir le conflit en engageant la Russie sur d'autres fronts jusqu'à ce qu'elles l'affaiblissent et la déstabilisent (dans leurs intentions). Des événements comme ceux survenus hier à Belgorod (bombardement de civils avec des bombes à fragmentation) doivent être interprétés comme une provocation visant à pousser la Russie à s'engager plus avant dans le conflit. De même, le projet de réquisition des avoirs russes actuellement gelés en Occident doit être lu comme une provocation définitive par laquelle, de fait, l'Occident se déclare hostile à Moscou.

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Au Sahel (Burkina Faso, Mali, Niger, Soudan), nous assistons à des conflits de basse intensité (non moins sanglants et féroces pour autant) dans lesquels les Etats-Unis et leurs alliés se battent contre des factions pro-russes dirigées, de surcroît, par la société paramilitaire russe Wagner. Il est à noter que la Françafrique est désormais morte et que les Etats-Unis jouent directement et seuls contre les Russes et les Chinois. Le conflit en cours au Soudan est particulièrement violent: des loyalistes pro-russes (le gouvernement légitime avait promis un port militaire aux Russes dans la mer Rouge) se heurtent à des putschistes pro-occidentaux.

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À Gaza, une invasion israélienne féroce du territoire palestinien est mise en scène. En quelques mois, on dénombre plus de 25.000 morts civils palestiniens. Une guerre qui n'a aucune logique et aucun sens pour Israël puisqu'elle gèle pour des décennies l'hypothèse d'une réconciliation avec les pays arabes qui s'était ouverte grâce aux "Accords d'Abraham". Qui a donc intérêt à mettre le feu au Moyen-Orient ? Certainement les Etats-Unis, qui voient d'un très mauvais oeil l'entrée imminente de l'Iran et de son vieil allié saoudien dans les BRICS et donc dans l'orbite sino-russe. Les Israéliens agissent sur ordre américain, non seulement en commettant un carnage à Gaza, mais aussi avec perpétrant les bombardements continus qui frappent la Syrie et le Liban: l'objectif est de provoquer la réaction du Hezbollah et de l'Iran en mettant le feu au Moyen-Orient tout entier. C'est ma vision et je ne me trompe pas.

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La guerre qui a éclaté dans le détroit de Bab el-Mandab, qui relie l'océan Indien à la mer Rouge, est liée à la guerre de Gaza. Les rebelles chiites houthis du Yémen, alliés des Iraniens, bloquent le détroit en frappant les navires de commerce occidentaux. Les États-Unis préparent une coalition pour mener la guerre contre ce peuple vaillant.

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Cette année malheureuse a également été marquée par des combats dans le Caucase, avec un nouvel épisode de la guerre entre Azéris et Arméniens au sujet du Haut-Karabakh, qui dure depuis l'effondrement de l'Union soviétique. Une guerre qui est un véritable théâtre d'ombres avec mille puissances occultes impliquées: l'Iran, qui soutient les chrétiens arméniens contre les chiites azerbaïdjanais (oui c'est comme ça, les raisons de la politique n'ont pas de religion à suivre), les Russes, qui ont toujours soutenu l'Arménie mais se sont récemment rapprochés de l'Azerbaïdjan, les Turcs et les Israéliens qui prennent directement le parti de l'Azerbaïdjan, et enfin la France (qui compte une très forte communauté d'origine arménienne) et les Etats-Unis qui prennent le parti de l'Arménie (mais uniquement dans le but de détacher le pays de la CEI russe et du pacte de défense mutuelle). L'Inde, qui vend des armes à l'Arménie, fait désormais partie des acteurs en piste. Bref, une mosaïque très complexe où il est clair que les Etats-Unis ont intérêt à faire exploser tout le Caucase dans le but d'affaiblir/d'engager la Russie au Nord et l'Iran au Sud.

Comme vous le voyez, l'arc de crise part de l'Ukraine, traverse la mer Noire, touche le Caucase, descend dans l'EastMed et le Moyen-Orient, et atteint enfin le détroit de Bab el-Mandab, impliquant en outre l'ensemble du Sahel. C'est un énorme arc de crise, une véritable guerre mondiale, et le fait que cet arc soit "en morceaux" n'est qu'une illusion d'optique: les marionnettistes sont toujours les mêmes.

D'autres foyers de crise sont à noter dans cette guerre mondiale en morceaux :

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L'Occident arme puissamment la Moldavie dans le but non dissimulé de provoquer une nouvelle guerre contre la Russie en Transnistrie (où se trouve un contingent militaire russe mandaté par l'ONU).

Dans l'extrême nord de l'Europe, la Scandinavie assiste à l'entrée de la Finlande dans l'OTAN, et bientôt à celle de la Suède. Mais ce qui est peut-être encore plus important, ce sont les pactes militaires bilatéraux récemment signés entre les États-Unis, la Suède et la Finlande, en vertu desquels les États-Unis ont le droit, s'ils le souhaitent, d'utiliser des dizaines de bases militaires dans les deux pays, au point de pouvoir y installer des armes atomiques. Dans le cas de la Finlande, il s'agit de bases situées dans un rayon de 150 km autour de Saint-Pétersbourg, de Mourmansk et même du sanctuaire nucléaire russe de la mer Blanche (très proche de la base finlandaise de Rovaniemi, qui fait partie de celles mises à la disposition des États-Unis).

Enfin, le front nord de la Baltique avec la Pologne qui réarme et renforce de plus en plus son front à la frontière avec la Biélorussie et avec l'enclave russe de Prusse orientale (l'oblast de Kaliningrad). La situation n'est pas meilleure au Belarus, où les Russes ont installé des bases et apporté des ogives nucléaires, des missiles balistiques Iskander et des bombardiers Tu-22M.

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Petite note économique: en 2024, le corridor du gazoduc acheminant le gaz russe vers l'Europe via l'Ukraine sera fermé. L'une des sources d'énergie les plus importantes pour une Europe, de plus en plus pauvre et isolée, sera donc épuisée.

Nous vous souhaitons malgré tout une bonne année, une année de prise de conscience.

vendredi, 03 novembre 2023

Le Kazakhstan et l'OTAN: l'atlantisme au cœur de l'Eurasie

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Le Kazakhstan et l'OTAN: l'atlantisme au cœur de l'Eurasie

Source: https://katehon.com/ru/article/kazahstan-i-nato-atlantizm-v-serdce-evrazii

Selon les médias, un centre d'opérations de maintien de la paix de l'OTAN a ouvert ses portes au Kazakhstan le 24 octobre. L'ambassadeur des États-Unis au Kazakhstan, Daniel Rosenblum, a assisté à la cérémonie d'ouverture. Après que le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a déclaré que Moscou attendait des "informations détaillées" sur cet épisode, le ministère de la défense du Kazakhstan s'est empressé de déclarer que seule une nouvelle salle de conférence du Centre des opérations de maintien de la paix avait été inaugurée dans le pays. L'ambassadeur américain a toutefois participé à l'événement: il s'est avéré que c'est l'ambassade américaine qui a financé l'ouverture de la salle de conférence.

Cet épisode illustre l'une des composantes de la politique américaine à l'égard du Kazakhstan: la pénétration dans le pays sous le prétexte du maintien de la paix et de la lutte contre les menaces.

Kazakhstan - OTAN : coopération militaire

Les relations entre l'OTAN et le Kazakhstan se développent activement depuis 1992, date à laquelle le Kazakhstan a adhéré au Conseil de coopération euro-atlantique. En 1994, la république post-soviétique a adhéré au programme du Partenariat pour la paix. Le document cadre du Partenariat fixe les objectifs suivants: développer la transparence dans les processus de planification et de budgétisation militaires ; assurer le contrôle démocratique des forces armées ; maintenir la capacité et l'état de préparation des forces pour contribuer aux opérations dirigées par les Nations Unies et/ou l'OTAN ; développer une relation militaire de coopération avec l'OTAN pour la planification conjointe de la formation et des exercices afin d'améliorer la capacité à mener des opérations de maintien de la paix, des opérations humanitaires et d'autres opérations ; créer, à long terme, une force capable d'interopérabilité avec l'OTAN ; et développer la capacité à mener des opérations de maintien de la paix, des opérations humanitaires et d'autres opérations".

De facto, toutes ces priorités visent à renforcer le contrôle de l'OTAN sur les forces armées du Kazakhstan, et non l'inverse. Cela est compréhensible. Le "Partenariat pour la paix" était initialement prévu comme une étape préparatoire à une entrée ultérieure dans l'Alliance. Lorsqu'un pays ne devait pas être admis à l'origine pour des raisons politiques, comme dans le cas de la Russie dans les années 1990, ou - comme dans le cas du Kazakhstan - parce qu'il se situe en dehors de la zone de responsabilité du traité de Washington de 1949, l'OTAN utilise le document-cadre pour contrôler les forces armées du "partenaire".

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Un examen rapide des instruments officiels du "partenariat" Kazakhstan-OTAN nous permet de tirer une conclusion sûre : il vise à un contrôle total. Il aborde les questions de la planification de la défense et de la transformation des forces armées de la République du Kazakhstan, de la préparation et de l'équipement d'un "contingent de maintien de la paix conforme aux normes de l'OTAN", de la "formation des officiers d'état-major", de la coopération intensive dans le domaine de l'éducation militaire, de la fourniture d'équipements militaires, etc.

Depuis 2007, l'université de défense nationale du Kazakhstan participe au programme de renforcement de la formation à la défense (DEEP) de l'OTAN. Depuis 2020, le Kazakhstan accueille KAZCENT, le Centre de formation du Kazakhstan pour le programme du Partenariat pour la paix de l'OTAN, qui propose des cours "d'anglais militaire et de procédures relatives au personnel de l'OTAN, ainsi qu'un cours d'introduction à l'histoire, à l'économie et à la culture de l'Asie centrale et de l'Afghanistan". L'OTAN participe à la formation des sous-officiers et des officiers des forces armées de la République du Kazakhstan.

Tout cela nécessite la présence d'instructeurs et de conseillers de l'OTAN au sein des troupes, la transparence des forces armées du Kazakhstan vis-à-vis de l'Alliance de l'Atlantique Nord, l'accès de l'OTAN aux documents d'état-major et aux informations confidentielles concernant les forces armées du Kazakhstan, ainsi que la formation de spécialistes kazakhs au sein de l'OTAN. Cela ouvre un large espace aux activités de renseignement et à l'organisation de réseaux d'influence occidentaux, non seulement au Kazakhstan, mais aussi dans les structures de l'Organisation du traité de sécurité collective dans son ensemble. Dans le même temps, des exercices conjoints avec l'OTAN "Steppe Eagle" sont menés.

Pour le monde extérieur, la tâche principale de la coopération est "les opérations de maintien de la paix", mais la raison pour laquelle une organisation agressive a été choisie comme partenaire principal pour le maintien de la paix n'est pas expliquée par les autorités d'Astana.

Intérêts de l'OTAN

Le Centre européen George C. Marshall note que dans le contexte des intérêts de l'OTAN en matière de maintien de la paix, le Centre européen pour la sécurité et la coopération en Europe (ECSEC), le Centre européen George C. Marshall et le Centre européen pour la sécurité et la coopération en Europe (ECSEC) se sont engagés à coopérer avec l'OTAN en matière de maintien de la paix. Le Centre européen George C. Marshall note que, dans le contexte des événements en Ukraine, "les programmes de formation visant à améliorer le professionnalisme de l'armée kazakhe pourraient être un moyen rentable pour les États-Unis de développer un partenariat à long terme avec le pays le plus stable d'Asie centrale". Selon Sebastian Engels, analyste au Marshall Center, les programmes de coopération de l'armée kazakhe avec l'OTAN :

    - renforceront "l'interopérabilité avec l'OTAN et augmenteront la probabilité d'une participation du Kazakhstan aux opérations de l'ONU dans le cadre d'une brigade de maintien de la paix (BIRFA), ce qui est un objectif à long terme de l'IPAP du Kazakhstan et, jusqu'en 2014, l'objectif principal des Etats-Unis". - l'objectif principal des États-Unis" ; 

    - influer sur la politique intérieure du Kazakhstan : "les valeurs libérales et démocratiques seront introduites soit directement dans les classes à thème occidental développées par le consortium des académies de défense et des instituts d'études de sécurité du Partenariat pour la paix (PfPC), soit de manière osmotique par l'interaction avec des soldats et des civils américains au cours d'échanges ou dans des installations militaires américaines" ; - réduire la "dépendance du Kazakhstan à l'égard des États-Unis" ; 

    - réduire la "dépendance" du Kazakhstan à l'égard de la Russie dans le domaine militaire : "certains aspects de l'amélioration militaire dépassent les capacités de la Russie, comme la formation des sous-officiers, la logistique, la gestion de la formation et les ressources humaines. Les États-Unis, qui disposent des sous-officiers les plus compétents de toutes les forces armées et qui déploient depuis des décennies leurs propres efforts de professionnalisation, sont les mieux placés pour relever ce défi.

"En nous implantant dans les instituts et les académies du Kazakhstan, nous aurons une compréhension fondamentale de leur mentalité en matière de défense et nous serons en mesure d'influencer leurs attitudes à l'égard des positions occidentales... Le fait d'avoir des experts intégrés à des postes clés permettra aux États-Unis d'influencer la prise de décision au Kazakhstan en temps de crise", a déclaré un analyste d'un centre affilié à l'OTAN et au gouvernement des États-Unis.

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Liens toxiques entre le Kazakhstan et les États-Unis

La défense contre les menaces biologiques est un autre domaine de coopération entre le Kazakhstan et l'armée américaine. Toutefois, la Russie a une opinion divergente sur le rôle des États-Unis. Comme l'a déclaré l'ancien médecin sanitaire russe Gennady Onishchenko au Laboratoire central de référence, près d'Almaty, "des formulations biologiques militaires sont en cours de développement". Cet endroit n'a rien à voir avec les soins de santé civils du Kazakhstan". De leur côté, les autorités kazakhes affirment qu'il n'y a actuellement aucun Américain dans ce laboratoire, qui a été construit avec des fonds américains, et que tous les travaux sont effectués par des scientifiques kazakhs.

Les États-Unis s'intéressent également aux questions de sûreté nucléaire au Kazakhstan : le pays est l'un des plus grands exportateurs d'uranium et abrite plusieurs installations du programme nucléaire soviétique, notamment les réacteurs d'Alma-Ata et de Kurchatov, l'ancien centre du site d'essais nucléaires de Semipalatinsk. En 2017, le Kazakhstan a ouvert un centre de formation à la sûreté nucléaire (NSTC). Ce centre a été créé avec le soutien de l'Administration nationale américaine de la sécurité nucléaire (NNSA).  En août 2023, les États-Unis ont organisé un exercice de sûreté nucléaire au Kazakhstan.

De facto, les États-Unis ont créé des centres pour leur présence militaire au Kazakhstan, ce qui affecte les questions de sécurité biologique et radiologique, en contradiction avec la lettre et l'esprit des obligations du Kazakhstan en tant que membre de l'OTSC et de l'OCS, affirment les experts russes.

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Coopération avec le Royaume-Uni

En avril 2022, le Kazakhstan a signé un plan de coopération militaire avec le Royaume-Uni pour la période 2022-2023. Ce plan a été précédé par la participation active d'officiers britanniques à des programmes conjoints entre le Kazakhstan et l'OTAN et par l'accord d'un programme de coopération renforcée en matière de défense en 2013-2014. Ce sont les instructeurs britanniques qui enseignent principalement l'anglais au personnel militaire kazakh.

Fin septembre 2023, le ministre britannique de la Défense, James Hippey, s'est rendu au Kazakhstan pour discuter de la coopération militaire et "s'est félicité du soutien du Kazakhstan au régime de sanctions contre la Russie".

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Le Kazakhstan et la Turquie

Outre les États-Unis, le Kazakhstan renforce sa coopération militaire avec un autre membre de l'OTAN, la Turquie. En juillet 2023, des responsables militaires turcs ont discuté avec les dirigeants du ministère de la Défense du Kazakhstan des perspectives de relations bilatérales dans les domaines de l'éducation militaire, de la formation au combat et du maintien de la paix.

En mai 2022, lors de la visite de la délégation du président kazakh Kasym-Jomart Tokayev à Ankara, un mémorandum sur la coopération militaro-technique a été signé, en vertu duquel le Kazakhstan peut commencer l'assemblage et la maintenance sous licence des drones turcs ANKA. Aibek Barysov, président de l'Association des entreprises de l'industrie de la défense du Kazakhstan, a déclaré qu'il souhaitait développer davantage la coopération avec Ankara et les entreprises turques. Il a fait remarquer que les normes de l'OTAN sont plus modernes et plus sûres, et donc plus attrayantes.

La volonté du Kazakhstan de renforcer la coopération avec l'OTAN est également attestée par la tentative d'Astana d'acheter plus de 800 véhicules ARMA à la société turque Otokar pour plus de 4 milliards de dollars en 2022.

La fin du multi-vectorialisme ?

Le Kazakhstan a refusé de soutenir la Russie depuis le début de l'opération militaire spéciale en Ukraine. Le président Kasym-Jomar Tokayev a promis de suivre le "régime de sanctions" contre la Russie. Cette attitude est objectivement contraire aux intérêts du pays, dont les entreprises tirent de facto un grand profit de leur participation aux mécanismes de contournement des sanctions. Culturellement et économiquement, le Kazakhstan est étroitement lié à la Russie et à la Chine.

Les tendances négatives de la politique du Kazakhstan sont liées à l'influence atlantiste, qui contredit les intérêts objectifs du pays et l'identité eurasienne de ses peuples. Les États-Unis, l'Union européenne et le Royaume-Uni sont désormais très actifs en Asie centrale. L'objectif est de creuser un fossé dans les relations avec Moscou et Pékin en exploitant les frustrations des élites nationales face à la puissance des deux voisins. Par conséquent, l'OTAN cherche également à renforcer son influence dans la région.

Il s'agit toutefois d'un défi sécuritaire pour la Russie et la RPC qui, dans le contexte de la détérioration des relations avec l'Occident collectif, voient d'un très mauvais œil les signes d'une présence atlantiste dans la région. Le Kazakhstan s'efforce à présent de maintenir une stratégie d'équilibre entre eurasistes et atlantistes. L'aspect le plus visible de la coopération avec l'OTAN: l'exercice Steppe Eagle n'a pas eu lieu en 2023. À d'autres niveaux, cependant, l'interaction non seulement persiste, mais se développe.

La réaction de Moscou à l'événement avec l'ambassadeur américain au Centre des opérations de maintien de la paix montre que de tels contacts ne sont plus acceptables pour Moscou non plus. Dans ces conditions, il sera difficile pour le Kazakhstan de maintenir le multi-vectorialisme comme principe principal de sa politique étrangère. Il faut choisir : soit les atlantistes, qui cherchent à déstabiliser la région pour créer des problèmes à Moscou et à Pékin, soit le vecteur eurasien de développement - un pari sur la multipolarité, le refus de coopérer avec les atlantistes, le développement pacifique et harmonieux et l'amitié avec les voisins.

samedi, 30 septembre 2023

L'OTAN - L'alliance du secteur américain

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L'OTAN - L'alliance du secteur américain

Par Patrick Poppel

Source: https://ltas-project.com/nato-the-alliance-of-the-american-sector/?fbclid=IwAR2sS2YXufL8YQQbU1GDHtQhwssJ1ff6tFpUUfSMayIkMtWUQ2J8WIQ2jKU

Lorsque l'on évoque l'OTAN, la première chose qui vient à l'esprit est une grande organisation censée protéger les États membres isolés contre un agresseur potentiel. Mais les structures de l'OTAN sont en contradiction avec les intérêts de sécurité des différents États membres. Les structures de commandement stipulent clairement que certaines décisions sont prises au niveau supranational et que les ordres viennent même de l'étranger.

Cela signifie que le domaine de la défense nationale n'est plus entre les mains des autorités nationales. Mais un État souverain ne doit jamais céder à d'autres ses compétences en matière de défense. Nous ne devons pas considérer l'OTAN comme une alliance, mais comme un instrument du pouvoir transatlantique entre les mains des États-Unis.

L'Europe doit s'efforcer de construire sa propre structure de défense qui puisse fonctionner indépendamment des États-Unis.

En outre, cette structure devrait être décentralisée et donner plus d'autorité et de liberté aux différents États.

L'OTAN est l'alliance militaire du secteur américain, qui ne travaille que pour les intérêts américains. Cela peut être analysé à la fois historiquement et actuellement. Malheureusement, l'OTAN continue de s'étendre. Il serait préférable que certains États prennent la décision de quitter l'OTAN plus tôt. Il est important que la question de la défense revienne entre les mains des structures nationales.

mardi, 12 septembre 2023

L'artichaut et autres stratégies

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L'artichaut et autres stratégies

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/del-carciofo-e-altre-strategie/

L'ensemble de nos propos, en soi, peut sembler comique. Une sorte d'humour involontaire. Ou, mieux encore, un paradoxe.

De nombreux analystes occidentaux, en particulier italiens, affirment que Vladimir Poutine adopte la "stratégie de l'artichaut" à l'égard de la pauvre Ukraine.

Une feuille à la fois. Pour finir par tout engloutir.

D'abord la Crimée, maintenant le Donbass. Et, selon eux, il faut y mettre un terme dès maintenant. Sinon...

En bref, il est nécessaire, voire obligatoire, d'arrêter Poutine. Sinon, qui sait où il pourrait aller dans son ambition de reconstruire l'Empire des Tsars. Et celui des Soviets.

Il est probablement vrai que l'on peut déceler certains éléments de la "stratégie de l'artichaut" dans l'action de Moscou en Ukraine. Elle a d'abord acquis, sans coup férir, la Crimée. Puis ce fut le tour du Donbass. D'abord par des accords diplomatiques qui ont permis à la région - historiquement, linguistiquement et culturellement russe - de bénéficier d'un statut particulier. De manière à garantir sa sécurité et, en même temps, l'influence de Moscou.

Ces tentatives diplomatiques ayant échoué, car Kiev, soutenu par Washington, a toujours ignoré les accords de Minsk, la guerre a commencé. Avec un double objectif : l'annexion du Donbass et la neutralisation du reste de l'Ukraine. Pour éviter une nouvelle expansion à l'est de l'OTAN.

Mais c'est là que réside le nœud du problème.

La stratégie du Kremlin n'est que la conséquence logique et inévitable, on pourrait dire la réaction, à celle mise en œuvre par l'OTAN depuis l'effondrement du mur de Berlin.

Lorsque, face à la perspective de la réunification allemande, Washington a assuré à Moscou, à un Gorbatchev trop malléable - car en proie à de graves difficultés internes - que l'OTAN ne s'étendrait jamais à l'est de l'Allemagne.

La manière dont les choses se sont passées en réalité est bien connue. Pour tout le monde, sauf pour les soi-disant analystes qui pontifient aujourd'hui sur la menace de la "stratégie de l'artichaut" que pratiquerait la Russie.

L'OTAN, profitant du chaos interne de la Russie pendant les années folles d'Eltsine, a incorporé l'un après l'autre tous les anciens satellites soviétiques.

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Pologne, Roumanie, République tchèque, Slovaquie, Bulgarie. Les frontières de l'Alliance atlantique se sont progressivement et rapidement déplacées vers l'Est. Dans le même temps, elle a occupé l'ensemble de l'ex-Yougoslavie. Sauf la Serbie, qui a toujours été liée à la Russie. Cette dernière a toutefois été durement touchée et contrainte de renoncer au contrôle de la Bosnie et du Kosovo.

Pour ce qui est théoriquement censé être une alliance défensive, ce n'est vraiment pas mal, vous ne trouvez pas ?

Ensuite, l'OTAN est allée plus loin. En annexant les pays baltes. La Lituanie, l'Estonie, la Lettonie. Au Kremlin, cela a été interprété comme un signal extrêmement dangereux.

Car ces trois petites républiques n'étaient pas d'anciens satellites soviétiques.  Elles faisaient partie intégrante de l'URSS et, avant cela, de l'empire des tsars. Avec, ces derniers temps, des périodes d'indépendance assez brèves.

Face à cette expansion de l'OTAN, Moscou n'a pas pu réagir. Elle avait d'autres problèmes internes à régler. La crise économique, les sécessionnismes de la Tchétchénie, du Daghestan, de l'Ingouchie dans le Caucase agité...

C'est ainsi que trois autres feuilles de l'artichaut russe ont été épluchées.

La musique a cependant changé en 2008. Lorsque la Géorgie, de facto de plus en plus dans l'orbite des États-Unis, a tenté d'annexer l'Ossétie du Sud manu militari. Une province (nominalement) rebelle, mais qui restait en fait liée à la Fédération de Russie.

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La réaction de Moscou a été fulgurante. En moins d'une semaine, l'armée russe était aux portes de Tbilissi. Là où elle s'est arrêtée. Pour faire demi-tour.

Le signal était clair. Le Kremlin n'était plus disposé à accepter que de nouvelles feuilles soient arrachées à son artichaut.

Et les Géorgiens l'ont bien compris. À tel point qu'aujourd'hui, ils ont pour politique de maintenir de bonnes relations avec leur grand et encombrant voisin. Notamment parce qu'ils se souviennent bien qu'ils ont été laissés seuls face au blitz russe. Contre toutes les promesses de l'OTAN.

Qui, de toute évidence, a été prise par surprise. Elle n'était pas préparée à la réaction russe. En effet, la conviction avait prévalu dans les cercles atlantiques que la Russie n'était plus qu'une puissance de troisième ordre. Destinée à un déclin continu. Et qu'il serait donc facile de lui arracher, une à une, toutes ses "feuilles". La réduisant à l'espace de l'ancienne principauté de la Moscovie.

Une croyance qui a manifestement continué à prévaloir à Washington et à Londres. Ce qui a conduit tout droit au conflit en Ukraine. Un pays qui, historiquement, a toujours été une partie intégrante et importante de la Russie. Jamais indépendant.

Le bon sens, même stratégique, aurait recommandé plus de prudence. La tentative de maintenir une Ukraine indépendante et neutre, un État tampon, utile pour éviter et décanter les conflits. Et au lieu de cela.

Et au lieu de cela, nous savons comment cela s'est passé. Et comment cela se passe. Maintenant, au-delà des déclarations de façade, il ne reste plus qu'à voir si Kiev s'effondrera militairement bientôt, ou si, pour un désengagement total de l'OTAN, il faudra attendre le changement de locataire dans le bureau ovale.

L'expérience devrait cependant nous apprendre que la "stratégie de l'artichaut" ne peut pas toujours être appliquée sans en payer le prix fort. Et que, peut-être, il serait plus opportun de revenir à une logique de "concert des puissances" ou, si l'on veut, d'équilibre multipolaire.

Si la leçon avait été retenue. Or, l'impression est différente. Ce qui se passe en Moldavie, en Arménie et même en Bosnie ne nous donne pas beaucoup d'espoir... à moins d'un changement à la Maison Blanche...