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Comme on pouvait le pressentir, l'épidémie mondiale de coronavirus qui ralentit considérablement la demande de pétrole pose un véritable problème de survie économique au Royaume saoudien.
Celui-ci subsiste essentiellement sur une seule ressources, le pétrole et le gaz dont la nature (Allah ?) l'avait richement doté. Pour réduire cette dépendance, le prince héritier Mohammad bin Salman al Saoud (MBS) avait envisagé de diversifier l'économie. Pour cela, il avait tenté d'y appeler des investisseurs étrangers compétents notamment dans le domaines des nouvelles sciences et technologies. Il avait élaboré à cette fin un plan dit Vision 2030. Mais aujourd'hui il n'a plus les moyens de leur offrir des conditions d'accueil attrayantes.
Ceci d'autant plus que le pétrole saoudien est désormais en compétition avec le pétrole russe. Certes, la Russie souffre aussi de la baisse des cours pétroliers, mais elle dispose d'une économie suffisamment puissante pour ne pas en dépendre. Le roi Salman, père du prince, a prévenu le 19 mars que le Royaume devait se préparer à une bataille très difficile. C'était peu avant le 26 mars, où il devait présider une réunion du G20, autrement dit des 20 puissances les plus riches du monde. Cette réunion était supposée proposer une politiques internationale permettant de lutter contre le virus. Comme l'on sait, rien de sérieux n'en est sorti.
MBS, sunnite, avait initialement accusé l'Iran chiite d'être à la source de l'épidémie, alors qu'elle en est elle-même durement frappée. Ses proches avaient porté la même accusation contre le Qatar, supposé s'opposer à la Vision 2030. Ce furent ensuite les travailleurs éthiopiens venus chercher de l'emploi à Riyad qui furent suspectés d'être des porteurs du virus. Des milliers d'entre eux furent expulsés, dans des conditions dites inhumaines par les associations.
Il est vrai que l'Arabie Saoudite est particulièrement victime du coronavirus. Début avril, 200.000 cas ont été identifiés, dont 150 membres de la famille royale, famille il est vrai très nombreuse. Le 6 avril, un couvre-feu a été décrété dans les principales villes. De nombreux magasins alimentaires ont été fermés, provoquant l'inquiétude des milieux populaires.
De plus le Hajj, pèlerinage annuel que font, au moins une fois dans leur vie, les musulmans aux lieux saints des villes de La Mecque et Médine, en Arabie saoudite, devant se tenir du 28 juillet au 3 août, ne pourra avoir lieu. Ce pèlerinage est traditionnellement une source de profits considérables pour le Royaume. Deux millions de pèlerins étaient attendus. On rappellera par ailleurs que MBS prévoyait la création d'une ville dite futuriste, nommée Neom, à laquelle il espérait pouvoir consacrer 600 milliards de dollar, lesquels rapporteraient des profits bien supérieurs. On devait y trouver, entre autres, des automobiles volantes et des serviteurs robotiques. .
Certes le Royaume dispose de réserves financières considérables, provenant de la vente du pétrole. Mais celles-ci s'épuiseront vite. Malheureusement, selon les observateurs, la crise actuelle aurait semé la panique dans l'esprit de MBS. Perdant son sang-froid, il envisagerait un retour à un nationalisme agressif et à d'autres décisions irrationnelles qui seraient la risée de toute la région, à commencer par l'Iran et la Russie. Il ne pourra espérer aucun appui de Washington, l'allié de toujours, qui affronte bien d'autres nécessités.
Tous les connards qui ont voté Macron n’osent plus vraiment revendiquer leur forfait ; mais ils lui trouvent quand même des circonstances atténuantes et louent le « chef de guerre » en bras de chemise, agité comme un toxico en manque et coiffé comme un dessous de bras, qui aujourd’hui, en s’adressant aux cultureux subventionnés, a dit son vœu de voir un été « apprenant et culturel ». Rien que ce jargon mériterait la Haute Cour !
Aujourd’hui, avant mon échappée belle quotidienne sur les plages désertes, j’ai du subir la fréquentation de quelques uns de mes contemporains, dont un jardinier, un abruti de première bourre qui vient m’expliquer à moi que ce flicage est normal. Je lui raconte quand même qu’au marché de ce matin il y avait l’éternelle équipe de bourrins galonnés qui slalomait entre les croquants avec une mitraillette à la main ( !). Non, l’autre, il trouve ça normal. « Ben, c’est le plan Vigipirate qui s’applique… je vois pas le problème… »
Qu’est-ce qu’on peut espérer avec des enflures pareilles, des bons français disposés à tous les renoncements, toute les trahisons, toutes les privations de liberté ? Quelle malédiction me fit naître dans cette époque et dans ce pays ?
Les bricoleurs fébriles qui tiennent lieu de « pouvoir exécutif » se cassent le nez un jour sur deux sur une ordonnance absurde bientôt contredite par le ministère voisin ou tel mandarin plein de componction ; au point que même les journalistes serviles (pléonasme) ne savent plus sur quel pied danser et hésitent, désormais, à relayer l’information avec l’empressement de passeurs de plats.
Dans cette valse des décisions clownesques, la négresse burlesque déguisée en Casimir tient une place de choix que personne ne songera à lui envier. La Sénégalaise est la risée de la France entière mais c’est une partie du plan : faire avaler des couleuvres en rigolant, ça passe mieux…
Depuis quelques jours, et à la veille de ce fameux déconfinement à plusieurs vitesses, les bras cassés s’emmêlent un peu plus encore les pinceaux avec le retour à l’école des gniards ingérables. Faut-il les renvoyer sur les bancs de leur classe ou les maintenir à la maison ? Choix cornélien. Surtout pour les parents à bout qui préfèrent désormais voir la marmaille dégager de la maison plutôt que d’avoir à subir un jour de plus leurs mioches encore plus caractériels qu’eux-mêmes.
Je fulmine en rond, plus encore qu’au début car, désormais, mon instinct se voit confirmé par les actes : les salopards distillent au compte-goutte le menu pour les années qui viennent. En entrée : Soupe à la grimace sur son lit de fumier. Attali en rêvait, l’Institut Montaigne en parle : plus de vacances ou presque, plus de ponts du mois de mai et des semaines au taf de 48 heures. Tout cela, évidemment, sans évoquer la moindre hausse de salaire, « effort de guerre » oblige ! Mais ce n’est là qu’une mise en bouche… La retraite à 70 ans, ça viendra plus tard. Comme les rançons prohibitives sur les droits de succession, les impôts et les taxes en tout genre…
Tout cela, bien sûr, ne me concerne pas, ou à peine. Ma marginalité m’aura finalement épargné bien des déceptions puisqu’un pessimiste ne saurait tomber de haut.
En attendant la mise en place de ce joli programme (sans parler des libertés sous cloche), souhaitons-nous une rentrée explosive qui débouche sur des « troubles » ingérables par le régime.
Je ne vois pas d’autre solution pour nous sortir de cette dictature capitaliste, le jour d'après, dont le covid 19 (1984, assurément) aura été un Cheval de Troie plutôt bien ficelé…
Le "monde d'après" le coronavirus : ce merveilleux espace carcéral global
par Karine Bechet-Golovko
Ex: https://russiepolitics.blogspot.com
Bracelet électronique, application de traçage, de géolocalisation, de distanciation, c'est le nouveau monde du coronavirus, ce fameux "monde d'après", qui après avoir assigné à domicile plus de 4 milliards d'êtres humains se prépare à les mettre sous surveillance, "pour leur bien", "par civisme", "sans les contraindre". Nous entrons avec joie et bonheur dans un univers carcéral quotidien. Tant que nous nous laissons faire, il n'y a plus aucune raison pour que ça s'arrête. En France, en Russie, en Italie, à Hong Kong, même dans le si petit Liechtenstein et ailleurs, un monde global s'installe. Inhumain, faute de ne pouvoir déjà être sans humains. La dernière liberté de l'homme, celle de renoncer à sa liberté.
Puisque l'on ne peut objectivement pas laisser indéfiniment les gens enfermés à domicile, surtout qu'ils ne sont alors plus suffisamment productifs (et donc finissent pas coûter chers), surtout que les virologues reconnaissent l'évidence - à savoir qu'il est tout à fait possible d'attraper le coronavirus en restant confiné à la maison, il faut bien organiser la sortie. Et passer à l'étape suivante.
Mais la sortie ne peut être brutale, sinon un sentiment de liberté trop fort emporterait tout le travail de conditionnement réalisé à ce jour. Autrement dit, il ne peut s'agir que d'une liberté surveillée, toujours conditionnée au chantage à la soumission - si vous ne respectez pas les mesures liberticides, les chiffres du Covid vont remonter (ce n'est pas compliquer à organiser) et retour à l'assignation à domicile.
Comme avec les détenus : si tu ne respectes pas les règles de la libération conditionnelle, retour au mitard.
Alors différentes solutions de traçage sont prévues. L'application Covid de traçage électronique discutée en France passe mal chez les Français, qui n'ont pas envie de voir leur smartphone préféré définitivement transformé en outil de surveillance. A Singapour d'ailleurs, l'application mobile de surveillance des distances, qui fonctionnait sur la base du volontariat n'a pas fait fureur, les gens étaient peu enclin à la télécharger et lorsqu'ils le faisaient, ils ne l'activaient pas forcément. Et ces applications n'ont de sens que si elles sont utilisées de manière collective.
C'est toute une structure qui se met en place, qui doit effectivement recréer une nouvelle réalité, directement sorties des films de science-fiction techno-totalitaires. Et les idées "novatrices" ne manquent pas. Mais le discours ne peut se permettre la coercition, l'illusion du volontariat et du civisme est mise en avant pour cacher une démarche banalement totalitaire.
Précision du cabinet du Secrétariat d'Etat au numérique :
"Nous avons pleinement conscience que tout le monde ne possède pas de smartphone, des solutions alternatives sont à l’étude pour que ceux qui n’ont pas cet équipement ou ceux qui ne savent pas bien s’en servir puissent avoir accès à cet outil s’il est déployé"
Bref, ce n'est pas que les gens ne veulent pas de traçage, c'est qu'ils n'ont pas de smarphone ou ne savent pas s'en servir. Car les gens sont conscients de leur "devoir civique" dans la lutte pour le Covid:
"l’objectif du Gouvernement est que tout citoyen qui souhaite contribuer à casser les chaines de transmission et de propagation du virus puisse le faire, librement"
La dernière liberté de l'homme, celle de renoncer à sa liberté.
Et la dernière idée est celle du bracelet électronique. La technique existe, puisqu'elle est utilisée en pénale pour les personnes placées en résidence surveillée. En Russie, à Mourmansk, les malades du Covid "relâchés" y sont soumis, pour être tracés (ce qui a provoqué de fortes critiques de la part de députés fédéraux). En Italie, les personnes âgées pourraient en être garnies - elles présentent vraiment un danger public ... Hong Kong et la Corée du Sud l'utilisent déjà pour les voyageurs étrangers. Explication en France :
"L'idée est d'avoir un bracelet, ou un autre objet connecté, qui ne soit pas relié au smartphone et permettrait de connaître les personnes croisées par son porteur durant la journée et celles qui se sont rendues dans différents lieux"
Super, ce ne sera pas connecté à votre smartphone. Mais pour savoir qui tu croises, il faut 1) que tous portent ce bracelet électronique et 2) qu'il soit identifié, sinon ça ne peut pas marcher ... Donc tous tracés. Et d'ailleurs, c'est un geste civique, pas de quoi s'inquiéter :
"Le but n'est pas de traquer une personne pour savoir si elle est allée à la Poste ou au supermarché mais d'aider les autorités à gérer la circulation du virus. C'est un acte de civisme, comme l'attestation de sortie."
"Acte de civisme", non pas sanitaire, mais civisme, "comme l'attestation de sortie". Donc acte de soumission. Nous avons accepté de nous plier à l'attestation de sortie, maintenant la pression monte d'un cran. Si nous acceptons ceci, il y aura encore un cran supplémentaire. Comme l'histoire de la grenouille : si on la jette dans l'eau bouillante, elle saute et se sauve; si on la met dans l'eau tiède en augmentant progressivement le feu, elle se laisse cuire. La casserole est aujourd'hui sur le feu.
Les virus existeront toujours et les mesures liberticides ne sont jamais temporaires, elles formatent une nouvelle réalité en étant régulièrement intégrées à la législation normale, comme ce fut déjà le cas avec la normalisation des mesures "exceptionnelles" liées à la lutte contre le terrorisme en France. La dernière liberté de l'homme est de renoncer à sa liberté. Voulez-vous renoncer ?
Am vergangenen Wochenende hat sich der Souverän dieses Landes eindrucksvoll mit Demonstrationen zurückgemeldet und die Wiederherstellung seiner elementaren Freiheitsrechte eingefordert. Während Linksterroristen der Antifa einmal mehr versuchten, politisch Andersdenkende zu unterdrücken, führten Medien und Politik gleichzeitig eine Diffamierungskampagne gegen regierungskritische Bürger durch.
Deutschlandweit beteiligten sich Zehntausende Bürger an Demonstrationen und forderten ihre (eigentlich) vom Grundgesetz geschützten Rechte ein. Die Reaktionen der politisch-medialen Eliten darauf beweist einmal mehr, wie fortgeschritten der Meinungstotalitarismus in diesem Land bereits ist.
Anstatt Positionen des Volkes anzuhören, sein eigenes Handeln und seine eigenen Positionen zu hinterfragen, stellt der Mainstream lediglich erneut seine Diskursunfähigkeit unter Beweis. Jegliche Regierungskritik wird von der Staatspropaganda versucht als »Rechts« oder als eine »Verschwörungstheorie« zu framen. Die Protagonisten dieser Willkür reichen von herrschenden Politikern, Staatsjournalisten von ARD und ZDF sowie deren Anhängsel bei Spiegel, Süddeutsche und Co. bis zu den schwarzuniformierten Linksterroristen der Antifa.
Die Meinungsfreiheit in diesem Land ist auf den Personenkreis beschränkt, der die Meinung des Mainstreams widerspiegelt und die Meinung der Regierung beklatscht.
Das Waffenarsenal der Totalitären ähnelt in der Corona-Krise auch deren Vorgehen bei Themen wie Flüchtlingskrise, Migration, Ausländerkriminalität und Islam. Auch bei diesen Themen verweigern sie sich jeglicher Diskussion, weil sie argumentativ nicht in der Lage sind eine offene Debatte zu führen, geschweige denn diese für sich zu gewinnen.
Mangels Argumenten bedienen diese sich einzig einem moralisierenden Ton, der allein darauf gerichtet ist, jeglichen Diskurs im Keim zu ersticken. Betraf es vor Corona mehrheitlich Bürger die politisch rechts von einer extrem nach links gerutschten Merkel-CDU standen, erfahren aktuell Millionen Bürger dieses Landes, wie schnell und wie willkürlich man von dieser Regierung und ihren Staatsmedien als »Verschwörungstheoretiker« zu stigmatisieren versucht wird:
• Sie haben sich eine eigene Meinung zum Coronavirus gebildet? – Verdachtsfall Verschwörungstheoretiker!
• Sie haben eine regierungsabweichende Meinung zum Coronavirus? – Verschwörungstheoretiker!
• Sie äußern öffentlich eine regierungswidersprechende Meinung zum Coronavirus? – Rechter Verschwörungstheoretiker!
Stasi-Journalismus bei der Tagesschau
Vorneweg bei dieser »Menschenjagd« marschiert die Tagesschau der ARD. Ein Artikel auf tageschau.de über eine Demonstration für Grundrechte ist mit »Jahrmarkt der kruden Ideen« betitelt.
Die Kommentarfunktion ist hier natürlich abgeschaltet. Die Diffamierungen der mit über acht Milliarden Euro zwangsfinanzierten medialen Blockwarte, in diesem Fall zeichnet die »Journalistin« Silvia Stöber für dieses Machwerk verantwortlich, sind mehrheitlich nach dem gleichen Muster aufgebaut. Obwohl deutschlandweit zehntausende und in dem Berliner Fall mehrere hundert Menschen aus der Mitte der Gesellschaft sich friedlich versammelten, um für ihre Freiheitsrechte einzustehen, suchen sich die Häscher der ARD gezielt diskussionswürdige Minderheitenmeinungen aus der Menge heraus, um damit dann die Demonstration als Ganzes zu stigmatisieren.
Ein Mann hält ein kleines Pappschild mit der Aufschrift »5 G Kills« vor sich und wird sofort fotografiert und für die Bebilderung des Artikels verwendet. Die wenigsten Bürger auf dem Rosa-Luxemburg-Platz dürften mit der »Verschwörungsideologie QAnon«, so Silvia Stöber auf tageschau.de, bekannt, geschweige denn mit dieser übereinstimmen, doch trotzdem wird diese Einzelmeinung ganz am Anfang prominent in den Artikel eingebaut, um die gesamte Demonstration ins Lächerliche zu ziehen – dieser ein verschwörungsideologisches framing zu verpassen.
Die drehende Stimmung in der Bevölkerung lässt die Merkel-Regierung und ihre medialen Handlanger merklich nervöser werden. Doch selbst die reihenweise Aufhebung der Zwangsmaßnahmen durch Gerichte lässt den Staatsapparat nicht innehalten, sondern immer wilder um sich schlagen.
Erfahren muss dies aktuell der Rechtsanwalt und FDP-Bundestagsvizepräsident Wolfgang Kubicki. Im Angesicht des Festhaltens der Bundesregierung an den weitreichenden Grundrechtseinschränkungen kritisiert Kubicki:
»Mittlerweile habe ich das Gefühl, einige Ministerpräsidenten gefallen sich in der Rolle, dass sie auftreten können wie Sonnenkönige und den Eindruck vermitteln, die Gewährung von Freiheiten seien Gnadenakte.«
Auch bezüglich der widersprüchlichen Argumentation zur Einschränkung elementarer Freiheitsrechte der Bundesregierung und des Robert-Koch-Instituts leistet sich Kubicki eine eigene Meinung. Bekanntlich wurden die Zwangsmaßnahmen zuerst mit der Verdopplungszahl der Infizierten begründet, als diese das vorgegebene Ziel unterschritten, führten die Berliner Eliten nun die sogenannte Reproduktionsrate als alles verbindliche Messlatte an. Ein mehr als befremdliches Verhalten findet auch Kubicki:
»Heute habe ich gelernt, dass der R-Wert offenbar gar nicht mehr alleine aussagekräftig ist, anders, als es die Bundeskanzlerin Mitte April noch vermittelte. Was mich wundert, weil wesentliche Grundrechtseinschränkungen mit diesem R-Wert begründet worden sind.«
Weiter äußert sich Kubicki: »Ein Schelm, wer Böses dabei denkt. Der R-Wert des Robert-Koch-Instituts steigt ausgerechnet zur Konferenz der Kanzlerin mit den Ministerpräsidenten, bei der vor weiteren Lockerungen gewarnt werden soll“, so der Bundestagsvizepräsident. Er haben den Eindruck, dass die Zahlen »politisch motiviert« seien, so Kubicki.
Die Bundesregierung und die Mainstream-Medien verstricken sich immer tiefer in Widersprüche um die Zwangsmaßnahmen aufrechtzuerhalten und werden dabei ertappt und vorgeführt.
Was meinen Sie, wie die Bundesregierung darauf reagiert? Einsicht? Aufklärung? Und mit dem Einräumen der widersprüchlichen Positionen?
Natürlich nicht, die Staatsmacht schaltet umgehend in den Diffamierungsmodus. Der Chef der bayerischen Staatskanzlei Florian Herrmann (CSU) nahm Kubicki ins Visier und verbreitete über die Medien: »Diesen Vorwurf halte ich für äußerst problematisch… Das sind Vorwürfe, die man normalerweise nur von der AfD kennt. Das sind Verschwörungstheorien.«
Si l’État italien s’est trouvé dépassé par l’ampleur de la crise, des militants de Casapound ont apporté à leur échelle, une pierre précieuse pour venir en aide au peuple romain.
L’Italie a été le premier pays d’Europe a être particulièrement touché par l’épidémie du Covid-19. Avec 28.884 décès et 211.000 cas confirmés dans toute la botte à ce jour, les Italiens entament un déconfinement progressif à partir du 4 mai. Malgré une crise sanitaire inquiétante et un État qui semble dépassé, les militants de la Casapound ne se sont pas laissé abattre par la fatalité.
Convaincu de la nécessité de servir leur peuple avant tout, les militants ont bravé le confinement pour distribuer plusieurs tonnes de produits élémentaires aux habitants de la capitale, ont accompagné les Italiens durant ces longues semaines au rythme des émissions de Radio Bandiera Nera et ont même organisé des vidéoconcerts de leurs groupes phares : Bronson ou encore Ultima Frontiera.
Pierre d’Her vit à Rome depuis plusieurs années, il a participé aux élans de solidarité au cœur de la ville éternelle. Pour Infos-Toulouse, il décrypte ces heures sombres vécus par tout un peuple, et qui risquent de ne pas s’arrêter au déconfinement. Surveillance, répression et précarité risque de succéder à la crise sanitaire.
Infos-Toulouse : Quelle est la situation sanitaire aujourd’hui en Italie ? Pierre d’Her : Les chiffres de contaminations, de décès et de guérisons montrent que la situation s’améliore en particulier dans le nord du pays. Le bilan atteint un peu plus de 28.000 décès, mais bien malin celui qui peut réussir à lire correctement ces chiffres. La moyenne d’âge des personnes décédées est de 79 ans, au 28 avril, seul 4,7% des victimes étaient âgées de moins de 60 ans. Le pays tarde pourtant à redémarrer, les autorités faisant peser le spectre de la reprise de la contamination en cas de libre circulation de la population.
On reproche en France une gestion hasardeuse de la crise, que dire du gouvernement italien ? Le gouvernement italien actuel a mal géré la crise mais a aussi payé des années de coupures budgétaires dans le domaine de la santé. Le manque de lits disponibles, de ventilateurs pulmonaires, de stocks de masques et de matériel de protection pour le personnel soignant n’est certainement pas uniquement la faute du gouvernement actuel mais des 30 milliards de coupures budgétaires de ces vingt dernières années. Comme en France, le vrai coupable est le système libéral.
Les fautes du gouvernement sont certainement d’avoir mis beaucoup de temps à réagir. En janvier, alors qu’il était encore possible d’intervenir avec des quarantaines limitées et l’investissement dans le dépistage, on nous disait que le virus n’atteindrait pas l’Italie et que le pays était de tout de façon prêt à se défendre.
« 40% des bars et restaurants ne rouvriront pas »
L’Italie a toujours eu une réputation particulière en termes de gestion. Nous dirige-t-on vers des scandales ? Les premiers scandales de gaspillage voire de détournements d’argent public sont déjà en train d’être découverts. 30 millions d’euros ont été débloqué par la région Lazi pour acheter des masques, dont le tiers a déjà été versé à une fantomatique société au capital de 10.000 euros, spécialisée dans la vente… d’ampoules électriques, véridique ! On attend encore la livraison. Ajoutant que le prix de vente de ces masques dépassait d’un tiers le prix du marché on se demande bien à qui a profité le crime…
Dans une Italie déjà précaire, à quelles conséquences doit-on s’attendre économiquement ? Les millions de salariés mis au chômage technique n’ont pas encore touché un centime et les prévisions les plus optimistes parlent du mois de juin pour les premiers versements. Les titulaires d’activités ont touché 600 euros d’aides, ce qui pour la plupart des commerçants ne représente qu’un infime pourcentage des dépenses mensuelles sachant que les factures continuent à arriver et que le paiement des charges sociales n’a pas été annulé mais juste repoussé.
Beaucoup craignent la réouverture car les vautours viendront tous présenter la facture. Juste à Rome, on estime que 40% des bars et restaurants ne rouvriront pas, ainsi que 45% des hôtels. D’autre part, la gestion de la sortie de crise est très inquiétante, le gouvernement voulant imposer des mesures de contrôle sanitaire qui empêchera les commerces de travailler en limitant le nombre de clients, en imposant de nombreux frais pour procurer du gel, des gants, des masques aux clients et au personnel, et en imposant dans certains cas le paiement électronique, diabolisant l’argent liquide vecteur de transmission de microbes mais surtout outil d’évasion fiscale. Le 18 mai, vous aurez le droit d’aller travailler et juste de gagner ce qu’il vous faut pour survivre et payer vos impôts, ne vous avisez pas de penser que vous aurez le droit de vous divertir. Avec l’été qui arrive, les scénarios les plus fous sont envisagés, comme l’interdiction des plages publiques, les phases horaires programmées pour accéder aux plages privées, l’interdiction des jeux de balle et un nombre limité de baigneurs distants l’un de l’autre.
Près de dix tonnes de produits élémentaires distribués aux Romains
Casapound s’est particulièrement mobilisé pendant cette crise. Quel a été l’engagement de ses militants durant ses longues semaines ? Pour ce qui est de la maison mère, il a bien sur fallu réorganiser les tours de garde car de nombreux militants ne pouvaient plus se déplacer sans risquer des amendes salées. Pour ce qui est de la solidarité et du travail des militants, nous avons organisés de nombreuses collectes et distributions alimentaires dans les différentes villes d’Italie et en particulier deux grosses distributions à Rome les 21 avril et 1er mai derniers où furent donnés de l’aide à prêt de 500 familles. Certains étaient sur place, d’autres, ne pouvant pas se déplacer furent livrés par nos militants et une flotte de taxis mis à disposition gratuitement.
Certaines de nos communauté en ont aussi profité pour faire quelques travaux dans les sections et pour nettoyer et occuper de nouveaux espaces comme ce fut le cas à Ostie. À noter aussi que cette quarantaine a eu au moins l’avantage d’augmenter l’audience de nos médias comme le Primato Nazionale en ligne et sur papier, l’activité de la Testa di Ferro fut stimulée par le temps libre pour lire et enfin notons le grand retour de notre radio en ligne, Radio Bandiera Nera, qui bénéficie de taux d’écoutes tout à fait honorables. Comme beaucoup, nous avons aussi organisés des concerts et conférences en ligne et en direct.
Notons l’initiative dite des « Mascherine tricolore », les masques tricolores qui organisent dans toute l’Italie des centaines de manifestations pour rappeler au gouvernement que les masques protègent des virus et ne sont pas faits pour rendre le peuple muet.
Comment ce sont déroulés ces distributions à la population ? Ce sont prêts de 10 tonnes de denrées de première nécessité qui furent distribuées. Eau, pâtes, riz, conserves, produits pour l’hygiène personnelle et désinfectants. De nombreux militants sont venus pour distribuer et assurer la sécurité des personnes venus récupérer les colis. En effet, la police n’aurait pas hésité à tout interrompre et à distribuer des PV si le nombre n’était pas de notre côté. Malheureusement, cet État est encore plus policier qu’auparavant et a transformé de nombreux concitoyens en petits espions paranoïaques et jaloux. Hier encore, les policiers de la Digos (les RG Italiens) filmaient pour augmenter leurs archives et un hélicoptère nous survolait.
D’une manière plus concrète, on ne peut qu’avoir un immense sentiment de tristesse de voir ces Italiens en file pour attendre quelques kilogrammes de pâtes et de la lessive. Des pères et des mères de famille « normaux », des personnes âgées accompagnées par nos jeunes militants jusqu’à la maison. Le tout s’est déroulé dans le calme et le silence car il n’y a rien à fêter, silence interrompue deux fois pour écouter « L’inno a Roma » de Pucini et l’hymne national Italien. À noter comme je vous le disais précédemment, la présence d’une trentaine de chauffeurs de taxi qui avaient répondu à notre appel pour apporter des colis à des familles ne pouvant pas se déplacer : huit familles à Talenti, cinq familles à la Magliana, six familles à Tor Vergata… Les voitures se remplissaient de dizaines de kilos de sacs et de packs d’eau.
« Une majorité des citoyens sont dociles voire pire complices »
Quels lendemains sont à prévoir en Italie, à la sortie de cette période ? C’est une catastrophe annoncée. L’économie italienne était déjà mal en point depuis la mise en place de l’Euro. L’endettement colossal du pays, augmentée dans les derniers mois d’une manière exponentielle a déjà valu à la dette italienne d’être notée comme « Junk bonds », vendredi dernier par l’agence de notation Fitch. On a ici le sentiment que l’idée est d’éliminer définitivement la classe moyenne, le commerce indépendant et de proximité au profit des chaînes. Le bilan est dur à faire mais on estime qu’un tiers des commerces ne rouvrira pas. L’industrie du tourisme est sinistrée pour au moins un an, les millions d’Américains et d’Asiatiques venant visiter le pays chaque année n’étant pas attendus avant longtemps.
Les politiciens parlent d’augmenter le télétravail ce qui ne peut se faire que dans certaines branches et de livraisons à domicile pour les restaurants ce qui provoquera outre un changement radical de la profession, la mort assurée de nombreuses activités.
La chose inquiétante est la sorte d’apathie de la population. À force d’avoir cultivé cette idée de peur de la mort, quasiment irrationnelle à moins d’être âgée, en mauvaise santé ou particulièrement malchanceux, une majorité des citoyens sont dociles voire pire complices, appelant au besoin les forces de l’ordre pour dénoncer un voisin qui aurait reçu une visite ou une famille sur un toit à griller des saucisses. Peu de gens s’indignent que l’on utilise des drones ou des hélicoptères pour chasser les promeneurs solitaires sur une plage déserte ou dans la montagne. Malgré les 25 degrés à Rome, un nombre non négligeable de personnes portent en plus du masque, qui n’est pas obligatoire à part dans les endroits fermés, des doudounes, bonnets et capuches pour se protéger du monstre COVID.
Sera-t-il possible de vous rendre visite prochainement ? Si tout va bien dès juin, tous les commerces et hôtels devraient être rouverts mais certainement avec des restrictions que nous ne connaissons pas encore. Pour ce qui est de CasaPound, elle n’a jamais fermée, elle demeure un îlot de liberté que l’on peut toujours rejoindre si l’on est un renard furtif.
Il n’a fallu que quelques instants, le 16 mars, pour que le chef de l’État et son gouvernement, au nom de la lutte contre la pandémie de coronavirus, assignent à résidence les Français et les privent de la plupart de leurs libertés civiles, politiques et sociales que l’on croyait inaliénables : liberté d’aller et de venir, liberté de réunion, liberté d’entreprendre, liberté de travailler, etc. La justice a été mise quasiment à l’arrêt, les avocats confinés, les détentions provisoires automatiquement prolongées, les forces de l’ordre (entendues dans un sens très extensif puisqu’elles incluent les policiers municipaux et assimilés) investies des pleins pouvoirs appliquer ces mesures privatives de liberté.
Le confinement sans base légale
Cette suspension de l’État de droit s’est faite sans base légale. En effet, le décret du 16 mars restreignant les déplacements des citoyens n’entre pas dans les compétences du pouvoir exécutif, puisque seul un juge judiciaire, le juge des libertés, peut normalement en décider sur une base individuelle. Néanmoins, la justice administrative, en l’occurrence le Conseil d’État, l’a validé en s’appuyant sur la théorie jurisprudentielle des « circonstances exceptionnelles », ce qui n’est sans doute pas sa décision la plus inspirée.
Ce n’est que le 23 mars que le Parlement a donné une base légale aux mesures annoncées le 17 mars en votant dans la précipitation la loi créant un « État d’urgence sanitaire » qui autorise le gouvernement à le déclencher « en cas de catastrophe sanitaire mettant en péril, par sa nature et sa gravité, la santé de la population », une définition particulièrement floue. Toute cette loi cultive le flou, les infractions qu’elle prévoit laissant par exemple une large part à l’interprétation policière et donc à l’arbitraire. Reconductible par le Parlement - éventuellement pour une durée supérieure à deux mois- il donne les pleins pouvoirs à l’exécutif, le Parlement étant dépouillé de ses pouvoirs et réduit au rôle de simple spectateur. Si l’Assemblée n’a pas modifié le projet du gouvernement, le fait majoritaire étant ce qu’il est, le Sénat, dominé par la droite classique, a heureusement réussi à introduire quelques garde-fous dans ce texte improvisé et mal ficelé en prévoyant notamment qu’il cessera de s’appliquer en tout état de cause le 1er avril 2021, sauf vote d’une loi contraire. Une précision fondamentale à laquelle les services du gouvernement n’avaient curieusement pas pensé.
Pas tout à fait une dictature
Il est remarquable que cette législation d’exception, justifié par le recours à un langage guerrier unique en Europe (« Nous sommes en guerre ») n’ait pas fait l’objet d’une saisine du Conseil constitutionnel, l’opposition, tout aussi interdite de terreur que l’opinion publique, ayant renoncé à exercer ses droits, un fait sans précédent, alors qu’il s’agit d’une atteinte particulièrement grave à l’État de droit. Les juges constitutionnels n’ont été saisis que sur un point de détail, la suspension des délais pour juger des questions préjudicielles de constitutionnalité (QPC), une disposition qu’il a d’ailleurs validée.
Tant que l’État d’urgence sanitaire s’appliquera (jusqu’à la fin du mois de juillet vient-on d’apprendre), la France n’est plus une démocratie, même si elle n’est pas tout à fait une dictature. En son temps, François Mitterrand avait dénoncé le « coup d’État permanent » qu’étaient les institutions de la Ve République. Le coronavirus a permis d’aller jusqu’au bout de cette logique institutionnelle. Le chef de l’État, s’appuyant sur une majorité soumise et face à une opposition inexistante, s’est emparé de tous les leviers de pouvoir en invoquant la nécessité de préserver la santé des Français et une urgence sanitaire qu’il n’a pas voulu voir venir, lui qui dix jours plus tôt incitait les Français à continuer à vivre comme avant.
Cette mise entre parenthèses de l’État de droit s’est accompagnée de l’arrêt brutal d’une grande partie de l’économie, conséquence logique du confinement. Surtout, le gouvernement a décidé, sans aucune concertation, quels commerces pourraient rester ouverts, contraignant les entreprises à mettre au chômage partiel plus de 11 millions de salariés du secteur privé.
Absence de débat
Il est proprement sidérant que ces pouvoirs exceptionnels confiés à l’Etat pour appliquer un confinement brutal et sans nuance à tout un pays, l’un des plus durs d’Europe avec ceux de l’Espagne, de l’Italie et de la Belgique, n’ait donné lieu à aucun débat, comme s’il n’y avait pas d’autre choix. Pourtant, jamais une démocratie n’a utilisé dans le passé cette méthode pour lutter contre une pandémie (il y a seulement eu des confinements partiels au début du siècle précédent), notamment lors de la grippe espagnole de 1918-1919, de la grippe asiatique de 1959 ou de la grippe de Hong Kong de 1969. Le fait que le confinement ait été une solution inventée par la Chine, un régime totalitaire, pour contenir la pandémie de coronavirus aurait dû au minimum interroger sur sa légitimité. Pourtant, il s’est imposé presque naturellement, tout se jouant en réalité lorsque l’Italie a pris la décision de confiner l’ensemble de sa population à compter du 10 mars, ce qui a provoqué un effet domino, chacun voulant montrer qu’il avait aussi à cœur de protéger sa population : l’Espagne l’impose le 15 mars, la France le 16, la Belgique le 18...
Pourtant, il y avait matière à débattre et sur tous les plans. Sur le principe du confinement lui-même d’abord. Car il n’est qu’un pis-aller visant à ralentir la propagation du virus et éviter un engorgement des hôpitaux qui pourrait se traduire par des morts additionnels. En clair, le virus continuera à circuler et à tuer ceux qu’il doit tuer après la levée du confinement - dans une proportion que personne ne connait- puisqu’il n’existe et qu’il n’existera pas avant un ou deux ans un vaccin et que les traitements en sont encore au stade expérimental.
Le confinement est un piège politique
Manifestement, personne n’a réalisé qu’il risquait d’être très difficile de sortir sans dommage politique du confinement une fois décidé, une partie de l’opinion publique risquant de s’autopersuader au fil des jours qu’il s’agit en fait d’éradiquer la maladie. Si la pandémie continue à tuer, et elle le fera, le gouvernement sera automatiquement accusé de mettre en danger la santé de ses citoyens pour sauver « l’économie », un gros mot pour une partie des Français comme si le fait de travailler pour vivre était secondaire par rapport à la santé… Autrement dit, la tentation sera forte de revenir au confinement aveugle pour faire taire les polémiques ou d’en sortir le plus tard possible, la voie choisie par la France après six semaines d’État d’urgence sanitaire.
C’est d’ailleurs pourquoi des pays comme la Suède, la Suisse, l’Allemagne ou encore les Pays-Bas soit n’ont pas adopté cette stratégie, laissant la vie suivre son cours normal, soit l’ont appliqué avec beaucoup plus de finesse, ce qui a permis d’éviter d’en passer par la case des pouvoirs exceptionnels confiés à l’exécutif et surtout de casser l’économie.
Pourquoi confiner tout un pays ?
Ce verrouillage total d’un pays est d’autant plus discutable que des régions entières étaient et sont encore quasiment épargnées par le virus : pourquoi imposer le même traitement à la Creuse qu’à l’Ile de France, aux Pouilles qu’à Milan ? Pourquoi n’avoir pas confiné en fonction de l’extension de la pandémie, exactement comme l’a fait l’Allemagne, où les Länder sont compétents en matière de santé publique, avec le succès que l’on sait ? Ainsi, dès le départ, deux foyers ont été identifiés en France : l’Oise et Mulhouse. Or, plutôt que de réagir immédiatement en isolant ces deux régions et en déployant des moyens médicaux militaires pour soulager les hôpitaux, le gouvernement a tergiversé laissant le virus se répandre. Il reste sidérant qu’il ait fallu attendre le 24 mars, soit une semaine après la décision de confiner le pays, pour que le service de santé militaire soit envoyé en renfort à Mulhouse ! De là à penser que le confinement total ait aussi été motivé par l’incapacité des autorités à anticiper la crise, il n’y a qu’un pas que je me garderai bien de franchir.
De même, le choix des entreprises à fermer et des mesures de précautions à prendre aurait aussi été un champ de discussion possible. Par exemple, on a rapidement su que l’air conditionné permettait au virus de circuler au-delà d’un mètre et de contaminer de nombreuses personnes. Dès lors, fermer les cordonneries, les galeries d’art ou les fleuristes et laisser les supermarchés ouverts a-t-il un sens médical ? De même, la fermeture des écoles était-elle nécessaire ? Tout cela a été laissé à l’appréciation d’une bureaucratie sans contrôle et sans aucune concertation avec l’ensemble des acteurs économique et sociaux.
Pourquoi assigner à résidence une population entière ?
Enfin, il est apparu très tôt que la maladie était en très grande majorité fatale pour les personnes âgées de plus de 70 ans (moyenne d’âge des décès en Italie ou en France : 80 ans) et celles qui ont des pathologies graves, en clair les personnes affaiblies. Dès lors, confiner tous les actifs et plonger le pays en récession était-il rationnel ? Peut-être aurait-il fallu se concentrer sur la protection de ces groupes à risques plutôt que de mettre sous cloche tout un pays sans penser au lendemain, d’autant qu’on sait pertinemment que le virus est là pour longtemps.
Le débat devient, à ce point-là, particulièrement émotionnel, car il renvoie à notre rapport à la mort. Pourquoi une telle pandémie, qui n’est pas la première que le monde ait affrontée et qui est surtout très loin d’être la plus mortelle de l’histoire, a-t-elle conduit des États à décider de mesures sans précédent tout en sachant qu’elles n’étaient pas un remède ? Pourquoi une telle panique, surtout si l’on compare la mortalité causée par le coronavirus avec celle des autres maladies ? Même s’il faut être encore prudent, puisque cinq mois après son apparition, on sait toujours aussi peu de chose du covid-19, ce qui devrait nous mettre en garde sur le scientisme qui nous a saisis, les médecins ayant dit tout et son contraire sur cette pandémie, rendant ainsi la décision politique particulièrement difficile. Mais rappelons néanmoins que 400.000 nouveaux cancers sont diagnostiqués chaque année en France et que 150.000 Français en meurent et pourtant tabac et alcool ne sont toujours pas interdits alors que cela permettrait d’en éviter une bonne partie. Si toute vie mérite d’être sauvée, pourquoi se monter si désinvolte à l’égard du cancer ? De même, les grippes saisonnières (alors qu’il existe un vaccin qu’une grande majorité estime dispensable) tuent chaque année entre 3000 et 15.000 personnes (sans parler des plus de 30.000 morts de la grippe de Hong Kong en 1969 dans un pays de 51 millions d’habitants ou du nombre équivalent de morts en 1959 dans un pays de 45 millions d’habitants), les infections saisonnières respiratoires 68.000 personnes, les accidents de la route 3500 personnes auxquels il faut ajouter les handicapés à vie. Et pourtant, personne n’a songé à interdire la voiture (et chaque mesure visant à renforcer la sécurité suscite son lot de protestations, rappelons les 80 km/h) ou à faire de la lutte contre la pollution ou la malbouffe un impératif catégorique.
Si on regarde les statistiques de la mortalité dans le monde, on s’aperçoit que la faim (pourtant facile et peu couteuse à éradiquer), la malaria, le SIDA ou encore les guerres (souvent faites avec les armes produites par nos industries) tuent infiniment plus que le coronavirus ne tuera jamais.
Choisis ton camp camarade, mais il n’y a qu’un camp du bien, celui du confinement !
Il faudrait sans doute interroger la responsabilité des médias audiovisuels dans cette panique qui s’est emparée des opinions publiques occidentales (avec une exception allemande, les télévisions germaniques ayant volontairement décidé de traiter le covid-19 à la place qu’il mérite). Annoncer tous les matins le nombre de morts sans les mettre en perspective (par rapport à la moyenne habituelle des morts, leur âge, la comorbidité dont ils souffraient, etc.), consacrer des journaux entiers à la pandémie ne peut qu’ébranler même les têtes les mieux faites... Imaginez que chaque matin on égrène le nombre de morts en France toutes causes confondues et qu’on y consacre l’ensemble des journaux : qui oserait encore tout simplement vivre ?
Il ne s’agit pas de dire qu’une mort n’a aucune importance, mais simplement que toute politique publique doit faire l’objet d’une évaluation coût-bénéfice. Si on n’interdit pas les ventes d’armes, le tabac, l’alcool, la voiture, les camions, les centrales thermiques, c’est parce que collectivement nous estimons que le coût serait supérieur au bénéfice que nous en tirerions. Mais ce débat, dans la déferlante émotionnelle qui dure depuis deux mois, est de fait interdit. Ceux qui ont osé questionner la stratégie choisie et surtout sur sa durée ont été cloués au pilori par les plus radicaux, ceux qui se font entendre. Être opposé à la prolongation du confinement, c’est être pour le « sacrifice » de ceux qui sont malades, « cracher à la gueule des morts » et j’en passe. Bref, choisis ton camp camarade, mais il n’y a qu’un camp du bien, celui du confinement ! J’ai même été menacé de mort, moi et ma famille, par de braves gens qui estiment que toute vie doit être sauvée à n’importe quel prix sans que la contradiction de leurs propos ne leur effleure l’esprit pour avoir osé m’interroger dans deux tweets du 9 avril, trois semaines après le début du confinement : « C’est dingue quand on y songe : plonger le monde dans la plus grave récession depuis la seconde guerre mondiale pour une pandémie qui a tué pour l’instant moins de 100.000 personnes (sans parler de leur âge avancé) dans un monde de 7 milliards d’habitants. La grippe saisonnière, qui tue surtout les jeunes enfants, c’est entre 290.000 et 650.000 par an dans le monde. Et tout le monde s’en tape, mais grave ».
La récession la plus grave de tous les temps hors période de guerre (et encore)
Or, le confinement va entrainer une récession inimaginable par sa violence : elle devrait atteindre entre 8 % et 15 % du PIB, un recul de l’activité sans précédent en temps de paix (il faut remonter à 1942 pour enregistrer une récession de -10 %). Jamais on n’a mis une économie totalement à l’arrêt comme on vient de le faire, il faut en prendre conscience. Le chômage partiel touche désormais près de douze millions de travailleurs (un salarié du privé sur deux !) et les licenciements secs entrainés par des milliers de faillites d’entreprises vont se compter par centaines de milliers voire millions une fois que le dispositif de chômage partiel pris en charge par l’État arrivera à échéance (car il coûte une fortune). Et plus l’arrêt de l’économie se prolongera, plus difficile sera le redémarrage. Le coût engendré par la mise en place d’un filet social et par les plans de l’économie va entrainer une dégradation sans précédent des comptes publics et les jeunes générations qui vont devoir payer deux fois le confinement : par la perte de leur emploi et par l’augmentation des impôts pour ceux qui le conserveront.
Il ne faut pas oublier que le chômage est une aussi catastrophe sanitaire, mais plus diffuse et donc socialement plus acceptable : on estime ainsi à 14.000 les décès qu’il cause chaque année en France par les maladies induites. Et comment ne pas parler de son cortège de misère, de faim, de déclassement social, etc.. Les effets du confinement vont aussi d’avoir des conséquences terribles sur le mental des Français, sur les violences faites aux femmes et aux enfants, sur leur santé (par exemple, les dépistages précoces des cancers, des AVC, des crises cardiaques sont suspendus et on ne sait encore rien des suicides, etc.), sur le décrochage scolaire (combien d’enfants ont purement et simplement disparu du système ?).
Un État de droit durablement affaibli
Enfin, croire que les libertés publiques, la démocratie, sortiront intactes de cet épisode est juste un doux rêve. L’État d’urgence sanitaire va rester inscrit dans notre droit pour longtemps exactement comme l’État d’urgence, déclenché en 2015 a finalement été intégré au droit commun. Il est rare qu’un Etat renonce de lui-même aux pouvoirs gagnés sur le législatif et la justice. Le tracking des individus, via les smartphones, que certains considèrent comme une nécessité, pourrait bien devenir la règle au nom de la sauvegarde de notre santé devenue LA priorité, la vie privée étant ravalée au rang de préoccupation d’un autre âge. Avoir choisi le confinement total et l’État d’urgence laissera des traces durables dans la démocratie française.
Je ne prétends pas ici apporter une réponse. Simplement, les premiers éléments du déconfinement montrent qu’une autre voie aurait été possible : confinement pas département, large pouvoir d’appréciation laissé aux autorités locales, saisine du juge judiciaire pour consigner les porteurs du virus, etc. Je regrette juste l’absence de délibération démocratique avant la mise en place de l’État d’urgence sanitaire et sa prolongation. Comme si sacrifier les générations de moins de 60 ans et suspendre l’État de droit étaient des évidences non questionnables.
En conclusion provisoire, je pense qu’il ne faut pas se tromper sur la signification de l’évènement inimaginable que nous vivons : c’est le triomphe de l’individualisme, celui de la santé immédiate de l’individu face au bien-être collectif actuel et futur. Les termes du débat sont en réalité identiques à ceux du changement climatique : doit-on accepter de sacrifier son bien-être immédiat pour assurer la survie de l’espèce humaine ?
Contribution du rédacteur en chef d’Europe Maxima à l’enquête lancée par le site Synthèse nationale sur « Après la crise : aller au-delà du mondialisme ! ».
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L’idéologie mondialiste peut-elle vraiment détester le coronavirus ? Quelle étrange question : un ensemble d’idées, de concepts et de théories qui supposent une unité du genre humain n’éprouve aucun sentiment pour une souche virale et réciproquement. Et pourtant ! Avec le rétablissement des frontières, y compris intra-régionales, l’assignation à résidence pour tous, l’insistance à respecter la « distanciation sociale », la valorisation des « gestes-barrières » qui auraient pu aussi s’appeler « gestes-frontières », la volonté manifeste de « fliquer » malades et porteurs asymptomatiques ainsi que la petite musique lancinante en faveur de la « renationalisation » et de la « relocalisation » des économies, il serait facile d’imaginer que le cosmopolitisme vient de subir une lourde défaite.
Se souvenant peut-être de son engagement chevènementiste en 2002 et des écrits d’Emmanuel Mounier, le fondateur de la revue Esprit dont il fut l’un des contributeurs réguliers, Emmanuel Macron en appelle à une souveraineté française et européenne. Il comprend que le projet supposé européen vit un instant crucial : soit il franchit l’obstacle et tend vers une plus grande intégration (oui, mais laquelle ?), soit il capote, éclate ou reste un ensemble imparfait branlant, inaudible et inconsistant. Le covid-19 a déjà abattu le critère maastrichtien des 3 % et montré l’impéritie des instances soi-disant européennes juste bonnes à bavasser.
L’aide financière, directe ou non, aux membres les plus touchés par l’épidémie (Italie, Espagne, Grèce) suscite la réserve d’États « austéritaires » tels que les États baltes, la Finlande et les Pays-Bas. Cette absence de compassion agace l’Italie qui, longtemps passionnément européenne, voit grossir le camp de l’« Italixit ». L’Union dite européenne répond mollement aux enjeux actuels tandis que les « réprouvés » de l’Occident international (Russie, Chine, Cuba) n’hésitent pas à envoyer en Lombardie et en Vénétie du personnel et du matériel médical…
La pandémie de coronavirus marquerait-elle le retour tonitruant des États et des nations ? Au quotidien s’esquisse dès à présent une distinction entre « eux » et « nous » ? Fini le « vivre ensemble » quasi-partouzard, attitude maintenant dangereuse, car contagieuse ! Depuis 2010, il est interdit de dissimuler le visage dans l’espace public. Sera-ce toujours le cas avec l’injonction officielle de porter un masque dans les transports en commun, dans les magasins, voire dans les rues ? L’école de la République va-t-elle continuer à exclure les musulmanes voilées alors que leurs camarades et leurs professeurs seront eux masqués ? Le Régime atteint ses limites et révèle ici d’insolubles contradictions.
Il faut s’en réjouir tout en gardant la tête froide. En 2008, au pire moment de la crise financière, les politiciens clamaient, la main sur le cœur, que rien ne serait plus comme avant. La vaste blague ! Une fois la pandémie de coronavirus passée, tout reviendra comme avant… en pire : la transparence impérative et le traçage permanent exigés par la « sûreté sanitaire » faciliteront la mise au pas, rapide et indolore, des peuples récalcitrants. Pis, le mondialisme profite des circonstances pour s’adapter au nouveau contexte et poursuivre son travail subversif. Jacques Attali n’a-t-il pas prévenu qu’il ne fallait surtout pas laisser la nation aux seuls nationalistes et autres populistes ? On assiste donc au retour de la nation. Mais de quelle vision nationale exactement ? Le remarquable « essai historique sur l’idée de patrie en France » de Jean de Viguerie, Les deux patries (Éditions Dominique Martin Morin, 1998), détaille les deux principales acceptions. Pour Jacques Attali et certains souverainistes europhobes carabinés, la nation n’est qu’une collectivité contractuelle d’individus fondée sur la loi et le droit. Cette conception venue du « siècle des Lumières » alimente les élucubrations du philosophe allemand Jürgen Habermas sur le « patriotisme constitutionnel ». Mourir au combat pour la Loi fondamentale allemande de 1949 ou pour la Déclaration des droits de l’homme serait-il plus légitime que le sacrifice pour sa communauté politico-historique – ethno-populaire ?
Loin de favoriser le moindre effondrement général, la crise du covid-19 renforce au contraire le globalisme. Devinant les signes avant-coureurs d’un désastre économique et social supérieur à celui de 1929, l’hyper-classe s’approprie l’idée nationale et la pervertit en un « national-mondialisme » qui, dans le cadre français, renoue avec la matrice originelle, philosophique, individualiste, subversive et réductionniste de la nation appliquée entre 1789 et 1799 et sous la IIIe République laïcarde.
Le petit gars de l’Élysée ne s’y trompe pas quand il utilise un vocabulaire volontiers belliqueux. Quant à sa majorité, elle en appelle à l’« union nationale » comme si des hordes de coronavirus campaient devant les portes de Paris, de Lyon, de Marseille, de Bordeaux, de Mulhouse, de Brest, de Lille ou de Perpignan. Jamais en manque de sottises, le grand patronat estime pour sa part que l’« effort de guerre » nécessiterait une réduction des RTT, une diminution des congés payés, la suppression de quelques jours fériés, voire la remise en cause du repos dominical, parce que la production et la productivité doivent repartir au plus vite. Toute cette logorrhée serait risible si la situation n’était pas si dramatique.
Les proclamations martiales, « patriotiques » et « nationales » du gouvernement ne duperont que les naïfs. Changeons tout dans les discours pour que rien ne change dans les faits. L’immigration de peuplement allogène se poursuit à l’heure même où les honnêtes gens ne se déplacent qu’avec des Ausweis dûment remplis. L’antienne éculée à l’« unité nationale » ne doit pas anesthésier, ni éteindre les prochains foyers de la contestation politico-sociale.
Refuser tout réflexe « patriotique » est en soi un acte plus héroïque que de se rallier, même pour un bref moment, à « DJ Manu » et à sa bande de bras cassés. Le monde post-covid-19 ressemblera encore beaucoup trop au monde d’avant avec plus d’insécurité organisée pour les petites gens, de vidéo-surveillance constante, de puçage obligatoire et de traçage automatique de tous les déplacements. Les permis de citoyenneté et de mobilité non motorisée (à pied, à vélo, en trottinette, dans le métro, dans le train ou en bus) amélioreront le contrôle social intrusif.
La « page du mondialisme » ne se tournera pas parce que les peuples, abrutis de propagande médiatique et dépolitisés en diable, font confiance en période de crise dans leurs dirigeants. Experts dans la manipulation du public, les instituts d’études sur l’opinion enregistrent la forte baisse dans les sondages de l’AfD, du FPÖ et de la Lega. L’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne a beau prévenir la population, celle-ci ne l’écoute pas et maintient sa confiance dans sa classe politique pourrie. La révolution nationale et européenne n’est donc pas pour demain, ni même pour après-demain, sauf si la crise sanitaire, économique, sociale, politique, environnementale s’aggrave vraiment. Il faut le souhaiter vivement d’autant qu’il est hors de question de « sauver la planète ».
De l’éclatement continental de la Pangée à l’extinction des dinosaures en passant par l’avènement au XIXe siècle de l’Anthropocène, la Terre a connu maintes épreuves. Les races humaines ethno-historiques ont longtemps vécu de manière symbiotique avec leur oïkos continental – tellurique. Le surgissement successif du monothéisme et de la Modernité correspond à l’échelle géologique de la planète en la transformation de cette présence humaine à un épiphénomène parasitaire. L’apparition (naturelle ou artificielle) à Wuhan du covid-19, puis l’émergence récente à Harbin en Mandchourie d’une nouvelle souche mutante moins détectable et plus redoutable indiquent que le supra-organisme planétaire holistique Gaïa réagit aux nombreux outrages anthropiques. Quand il ne suscite pas de séismes, de tsunami, d’éruptions volcaniques, d’importantes inondations, de violentes tempêtes, de puissantes tornades, d’orages torrentiels, de fortes sécheresses, il lance à l’assaut de l’exo-organisme humain microbes, bactéries tueuses et virus.
La Terre exprime toute sa colère contre les races humaines. Par ses factions « bio-diversitaires » et New Age, l’hyper-classe cosmopolite s’en doute, d’où son engouement à célébrer l’« écologie de marché » et la mue du mondialisme en versions nationalitaires trompeuses.
Georges Feltin-Tracol
• D’abord mis en ligne sur Synthèse nationale, le 26 avril 2020.
D’après la directrice du Global Engagement Center, dépendant du Département d’État, Lea Gabrielle (récemment venue de Fox News) : “le Kremlin poursuit ses tentatives de propager la désinformation, mettant en danger la santé mondiale en sapant les efforts des gouvernements, des agences et organisations de santé chargées de diffuser des informations précises sur le virus, comme l'Organisation mondiale de la santé.” (déclaration). Elle ajoute : ” En Chine, au cours de la crise, nous avons surveillé quelques pistes des narratifs. L’un est la désinformation malveillante destinée à blâmer faussement les États-Unis, accusés d’être à l'origine du coronavirus et le second, l'effort de la Chine pour transformer la crise en un événément mettant en évidence la suprématie du Parti communiste chinois dans la gestion de la crise sanitaire .”.
Lea Gabrielle
Bref, les suspects habituels (accessoirement aussi l’Iran) profiteraient de la pandémie pour déstabiliser les États-Unis. On reconnaît un classique du counter-narrative (récit destinés à décrédibiliser celui de l’adversaire) ou de la contre-influence : nous disons la vérité, nos adversaires font une propagande internationale mensongère et subversive, nous les démasquons.
Pour comprendre (et sans remonter à la Guerre froide et à l’US Information Agency de 1953), un petit retour en arrière.
Le GEC est un héritage d’Obama : crée en 2011 le Center for Strategic CounterterrroismCommunications pour coordonner l’action de déradicalisation ou de prévention de l’extrémisme violent (euphémisme poue jihadisme). Il est censé s’adresser à des publics étrangers (l’État n’ayant en principe pas le droit d’influencer politiquement des citoyens américains ni de collecter leus données personnelles).
En 2016, le CSCC devient le Global Engagement Center toujours dépendant du département d’’État. Sa mission reste de décourager les jeunes a priori musulmans de s’engager dans le djihad, de monter des partenariats avec des ONG ou des écoles, des leaders religieux, etc. Le GEC est censé aussi faire de l’analyse de données de l’étranger (façon sans doute pudique de dire celles collectées par la NSA ou le renseignement en général) pour mieux comprendre la propagande djihadiste et proposer un contre-discours. Il s’agit contre-influence surtout sur les réseaux sociaux, en somme.
Surprise : à la fin 2016, juste avant de quitter la Maison blanche, Obama, dans la foulée de la loi Portman-Murphy, rajoute aux compétence du GEC, la lutte contre la propagande ou les interférences étrangères (Corée, Chine, Russie). Histoire d’ennuyer Trump par un cadeau empoisonné. Dans une ambiance où l’on accuse le piratage et les « fakes » russes d’avoir altéré l’élection, tout le monde comprend qu’il s’agira surtout de faire de la contre-propagande anti-russe (vertueusement baptisée « fact-based narrative »).
À Washington les médias, les think tanks et les agences gouvernementales sont de plus ne plus préoccupées de l’influence russe et chinoise (et dans une moindre mesure iranienne après quelques campagnes en ligne). Elles dénoncent une propagande « classique » (avec des médias comme Russia Today), plus du hacking pur (vol de données, sabotage) venant d’internautes de l’est, plus des interférences dans le Brexit et l’élection de Trump (via des réseaux d’influence et mouvements amis), plus des manipulations via les réseaux sociaux (théories complotistes, fake news, images truquées, propos extrémistes anti-système, discours dits de haine). Bref une guerre de l’information tous azimuts où Poutine coche toutes les cases
Washington théorise même une supposée ère de la post-vérité, où les masses (celles qui votent Brexit ou Trump, en tout cas) deviendraient indifférentes aux faits et n’écouteraient que leurs passions. Et seraient vulnérables à l’action des réseaux d’influence russe « en guerre avec la réalité », et bientôt chinois avec la pandémie.
L’idée constante est que les puissances hostiles cherchent, non seulement à décrédibiliser les gouvernements libéraux et à soutenir leurs adversaires illibéraux, mais aussi à saboter toute confiance dans l’information et la démocratie en général (quitte à adresser des messages contradictoires à des partis opposés). Ainsi, on soupçonnera Moscou, en début de campagne, de soutenir à la fois Trump et Sanders pour créer un maximum de chaos, de façon presque nihiliste. Et maintenant, c’est l’action subversive de la Chine qui fait peur.
Si les gens ne votent pas bien, c’est parce que Moscou répand de fausses nouvelles et manipule des réseaux (une thèse de la puissance persuasive du mensonge que même MacCarthy n’osait pas soutenir de façon aussi primaire dans les années 50). Si l’opinion internationale (en Italie, par exemple) croit que la Chine a été efficace, et pas l’UE ou les États-Unis, c’est parce qu’il y a eu manipulation. C.Q.F.D.
D’après la loi, le GEC doit avancer des « fact-based narratives that support United States allies and interests », i.e. être« véridique » et pro-U.S.A. (ce qui est présumé nécessairement compatible)< On sait bien qu’en matière d’influence, ce que je dis est la vérité, ce que dit l’autre est de la désinformation. Ce que je pense est réaliste, ce qu’il pense est de l’idéologie, etc.
D’où le prétention d’opposer un discours « scientifique ». Mais est-il si facile d’opposer des faits scientifiques à l’infodémie ? Surtout s’il est questions de probabilités, de causes difficiles à reconstituer, des anticipations...
Le discours scientifique en question
a) évolue très rapidement voire se contredit sur l’origine, la gravité, les solutions, les facteurs aggravant de la pandémie (y compris par des déclarations successives et contradictoires de l’O.M.S. pourtant à la pointe de la lutte contre l’infodémie.
b) les experts se contredisent sur des sujets comme la chloroquine ou le code génétique du virus. Et pas les moindres (Raoult, Montagnier).
Il y a quelques semaines dire que le virus provenait du laboratoire P4 de Wuhan vous faisait apparaître comme un complotiste extrémiste Aujourd’hui, si vous proclamez que le Cov-19 a peut-être fuité du laboratoire pourtant hyper-sécurisé et qu’il n’est peut-être pas initialement véhiculé par les chauve-souris ou les pangolins, vous n’êtes plus considéré comme un fou ou un agent d’influence de l’étranger.
Le laboratoire P4 à Wuhan
Ceci vaut pour l’OMS une organisation soumise à des informations changeantes et contradictoires mais qui a lancé une campagne contre la désinformation sanitaire. Par ailleurs l’OMS est elle-même soupçonnée d’être sous influence chinoise et de filtrer très diplomatiquement certaines informations qui pourraient gêner Pékin.
Les grands du Net et les plateformes ont réagi.
YouTube s’engage à supprimer les vidéos qui accusent le déploiement de la 5G d’avoir provoqué l’épidémie de coronavirus p.e;Suite à l’incendie de plusieurs antennes 5G au Royaume-Uni, Google, maison mère de YouTube, met en place de nouvelles mesures contre les fake news qui s’ajoutent à une longue liste. Suivant The Verge, Facebook, Google, LinkedIn, Microsoft, Reddit, Twitter et YouTube déclarent lutter contre les fakes (théories douteuses, remèdes imaginaires, coupables inventés, faits inventés).
Cela confirme une tendance lourde : la panique des élites (thèmes obsessifs : faux, complotisme et discours de haine) incite les GAFAM, - moitié par conviction, moitié pour soigner leur image - à suveiller les contenus douteux, soit pour les retirer et supprimer les faux comptes, soit pour les signaler comme faux et manipulatoires. On a ainsi délégué à des acteurs techniques un pouvoir considérable du point de vue des libertés publiques : dire ce qui atteindra notre cerveau ou pas.
Parmi les nombreuses controverses, la question de l’origine du virus est cruciale. Les sources chinoises ont évoqué l’hypothèse d'une contamination initiale par des militaires américains lors d’une compétition sportive. Globalement, la ligne de défense chinoise est : le virus est d’origine naturelle, pas forcément chinoise, en tout cas, il n’a pas fuité de notre laboratoire de Wu Han. Ainsi, l’ambassade de Chine - et c’est nouveau - fait du « debunking » en dénonçant toute les fakes et légences (forcément sinophobes) sur le virus. Effet de miroir ou réponse du berger à la bergère : pour Pékin, les désinformateurs sont occidentaux.
Il y a une cohérence du « narratif » chinois : ce pays, après de toutes petites confusions au début, a dit la vérité, agi efficacement, bien plus efficacement que les Occidentaux, apporté son aide à des pays par la « Route sanitaire de la Soie » et en somme le modèle chinois serait excellent, universel et exportable.
Antenne médicale chinoise en Italie
C’est donc une guerre de l’information où chacun traite l’autre de falsificateur et le rend responsable, sinon du déclenchement, du moins de la propagation de l’épidémie. Avec comme point d’horizon le lendemain de la crise (le « jour d’après ») : qui gagnera l’hégémonie géopolitique et fera triompher son soft power.
L’ambassadeur de Chine a été convoqué par notre ministre des Affaires étrangères qui s’inquiète de cette volonté des représentations diplomatiques chinoises d’intervenir dans le débat à travers les médias et réseaux sociaux étrangers. Abonnez vous, par exemple, au compte Twitter de l’ambassade de Chine et vous constaterez un activisme (et très nouveau) pour contre la désinformation anti-chinoise et soncontre-discours structuré.
De fait, l'influence chinoise passe par
⁃ sa diplomatie et sa communication publique
⁃ ses médias internationaux
⁃ des réseaux et relais dont sa présence dans les organisations internationales
⁃ ses actions spectaculaires comme l’aide médicale à l’étranger et la fourniture de matériel
⁃ une sinosphère en ligne (que l'on commence à comparer aux trolls russes).
Au final, difficile de distinguer une « opinion » d’un message ou élément de langage d’État. Si l’on peut présumer qu’un diplomate reprend la version officielle de son pays, sur les réseaux sociaux, on peut seulement présumer que telle communauté en ligne est dirigée secrètement par un gouvernement ou encouragée.
La méthode américaine - discréditer toute critique comme action concertée et finalisée - rapelle un vieux sophisme adconsequentiam : si ce que vous dites était vrai, les conséquences seraient mauvaises, donc c’est faux).
Est-ce suffisant ? Il va falloir changer de cible principale et comprendre les règles d’un jeu d’influence qui commence à peine.
Le Billet d'humeur d'Alexander Markovicz, directeur de l'Institut Souvorov:
Crise sanitaire: l'homme est-il un être social ou un loup pour son prochain?
Dans sa célèbre phrase qui sera réellement formatrice pour la vision libérale de l’homme, Thomas Hobbes constatait que „l’homme était un loup pour l’homme“. Avec les retombées de la crise du coronavirus, cette maxime ne semble plus seulement concerner l’homme universalisé qui erre de la Californie à l’Australie, l’homme qui devient un loup voleur de PQ, mais aussi les Etats occidentaux eux-mêmes.
Jusqu’ici, seuls les Etats en dehors de la „communauté occidentale des valeurs“ éprouvaient ce genre de comportements brutaux dans leur quotidien comme, récemment, l’Etat du Vénézuela, auquel avait été imposées de lourdes sanctions économiques parce qu’il avait osé contrecarrer le projet politique que lui concoctaient les Etats-Unis. D’après l’Institut CEPR, basé à Washington, les sanctions occidentales, en vigueur depuis 2017, ont provoqué la mort de 40.000 personnes.
Ces sanctions, contraires au droit des gens, se poursuivent toutefois pendant la pandémie du Covid-19, qui frappe, de manière particulièrement lourde, des Etats comme l’Iran. Si l’on peut dire que les sanctions constituent une forme de „terrorisme économique“, elles se voient doublées aujourd’hui par un „terrorisme médical“, comme le constate très justement le ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
Mais la terreur maniée par l’Occident commence à se tourner contre l’Occident lui-même. Ainsi, en date du 15 mars 2020, les Etats-Unis ont essayé de débaucher des scientifiques de la firme thuringienne CureVac, qui travaillaient à l’élaboration d’une substance antivirale, afin qu’ils ne la développent plus que pour un vaccin au seul usage des Américains eux-mêmes. L’entreprise allemande n’a pas cédé aux pressions américaines. La France, elle aussi, est désormais la cible d’interventions intempestives américaines du même type. Jean Rottner, le Président de la région Grand-Est (à laquelle appartiennent également l’Alsace et la Lorraine), a annoncé que des agents américains avaient acheté sur le tarmac des masques de protection destinés à la France, en offrant de trois à quatre fois le prix de base !
En Europe aussi les Etats se comportent comme des loups entre eux. La Suisse en a pâti car la France a empêché la livraison de 240.000 masques, en imposant un embargo à l’exportation. Le rappel à l’ordre de l’UE contre ce blocus français n’a eu aucun effet car Paris l’a ignoré délibérément. La RF allemande a, elle aussi, retenu une livraison pendant deux semaines. Pour la Suisse, c’est une catastrophe car le pays, qui ne produit pas de masques lui-même, a d’ores et déjà dû les rationner. Les Italiens sont tout particulièrement déçus et ulcérés par l’absence totale de solidarité à leur égard au cours des derniers mois écoulés. Une aide rapide n’est venue que d’ailleurs, ce qui était inattendu: ce sont les Etats posés comme „ennemis“, la Russie et la Chine, qui ont envoyé, dans des délais très brefs, des médecins militaires et des produits médicaux dans le pays, profondément ébranlé par la crise sanitaire. Quelles furent les aides apportées par les Etats-Unis et d’autres pays de l’OTAN ? Elles ont été insignifiantes selon les Russes et les Chinois, au vu des souffrances encourues. Les Italiens ont exprimé leur amertume: sur les réseaux sociaux, on a vu apparaître des images où des automobilistes effaçaient les étoiles du drapeau de l’UE sur les plaques d’immatriculation de leurs voitures, on a vu des vidéos où des citoyens italiens remplaçaient, sur les mâts de leurs communes les drapeaux européens par des drapeaux russes ou chinois. Moscou et Beijing agissent dans le sens de la coopération, prouvant que, pour la Chine et la Russie, l’homme est avant tout un être social et non „un loup pour l’autre“. Une vision que les Etats libéraux de l’américanosphère n’ont jamais faite leur.
Le risque naît la rencontre d'une probabilité et d’un dommage : tel événement malheureux a plus ou moins de "chances" de se produire. Avec telles ou telles pertes en perspective. Le plus improbable (ou le moins anticipé) n’est pas forcément le moins dommageable. Ni celui qui changera le moins les règles du jeu. Un aléa très peu vraisemblable ou un peu oublié (un virus déjà connu mute, comme se doit pour un virus, et son nouvel ARN le rend, sinon extrêmement létal, du moins très facilement transmissible..) peut paralyser la moitié de la planète.
Initialement le risque est l’écueil qui menace les navires, puis il prend le sens d’un malheur que ne provoque aucune intention humaine et qui relève du probable et de l’aléa. Le risque, exalté par la philosophie libérale comme rançon du succès, se manifeste souvent sous la forme de l’accident, du malheur qui survient de façon brusque, et surtout de l’accident industriel. La multiplication des machines, des vitesses, des forces en action, des contacts, des innovations…, semblent intrinsèquement porteuse de tels malheurs. Elles s’ajoutent aux aléas inhérents à la vie : maladie, chômage, vieillesse…
Mais cette possibilité peut être réduite de deux façons Soit par la prévoyance (que l’on recommande particulièrement aux classes pauvres pendant longtemps) renforcée par la prévention (perfectionnement des moyens d’agir sur les causes des risques). Soit le risque dont on sait qu’il est soumis à des règles de probabilité peut être mutualisé et assuré (que ce soit par l’individu ou par l’État Providence). Notre système de protection sociale est fondé sur la seconde solution et sur sa logique qui est celle de l'assurance : le risque statistiquement prévisible et globalement destiné à diminuer avec le progrès peut être réparti pour être supportable. Ou au moins compensé en partie.
Vers la fin du XXe siècle se propage la notion du « zéro risque » . Nos sociétés qui sont objectivement de moins en moins dangereuses souffrent pourtant d’une perception subjective ou d’une aversion au risque que ne connaissaient pas nos ancêtres qui vivaient bien moins longtemps et considéraient épidémies, guerres ou accidents comme choses presque naturelles. S’ajoute la rhétorique de la responsabilité, y compris à l’égard des générations suivantes, et l’impératif, notamment écologique, de refuser tout choix porteur d’un danger même lointain pour la vie.
Pour une part, cette évolution s’explique par des facteurs objectifs, notamment de spectaculaires catastrophes « révélatrices » de nos vulnérabilités dans les années 80/90 ; elle reflète aussi une évolution des esprits : aversion au risque, obsession de la figure de la victime, judiciarisation des rapports sociaux. Notre perception du risque et de sa réalité est largement déterminée par les médias et par l’influence de groupes d’experts ou d’autorités morales : elle constitue un enjeu politique majeur. Cela soulève quatre paradoxes, notamment à travers les controverses qui entourent la notion de précaution:
- Un paradoxe du temps : celui de la décision et de l’urgence s’oppose au temps long, celui de la chaîne des conséquences enchevêtrées, surtout dans le domaine écologique ou celui des effets sur la santé (cf l'amiante censée initialement sauver des vies). Notre monde de l’éphémère est aussi obsédé par la crainte du futur envisagé comme remords virtuel. L’histoire des masques l’illustre parfaitement : pourquoi garder des stocks dans un monde de flux, et ce d’autant plus que des épidémies comme H1N1 se sont révélées beaucoup moins terribles que prévu ? et pourtant...
- Un paradoxe cognitif : notre exigence de prouver, si possible en amont, l’innocuité de toute action entreprise s’oppose à la complexité du futur, une complexité que la science augmente plus qu’elle ne la diminue. Nous pensions que nous irions vers la réduction de l'incertitude, nous découvrons - ô surprise - que la science est porteuse de risques et qu'elle n'est pas toujours en mesure de prédire les dangers qui résultent des innovation. Nous découvrons aussi qu’elle ne parle pas d’une voix unanime (cf. l’affaire de la chloroquine). L’équation pandémie (extension planétaire de la contamination), plus infodémie (prolifération parallèle d’informations fausses ou douteuses sur le sujet), plus panique (terreur soudaine, obsession d’un danger, tout aussi contagieuse) est redoutable.
Le Covid-19 nous ainsi donne l’occasion de constater a) que savants et experts divergent entre eux et que leurs avis peuvent varier dans le temps (ce qui paraît scandaleux avec l’illusion rétrospective que « l’on aurait dû savoir ») b) qu’un gouvernement qui dit n’agir que sous l’égide de la science (comités d’experts & co.) peut se contredire et les contredire (ouverture des classes p.e., ), c) que la mobilisation des expertises n’empêche pas, bien au contraire la prolifération des théories alternatives ou dites complotistes d) que décider, décider politiquement, ce n’est pas apporter la bonne solution d’une équation.
- Un paradoxe éthique : le crainte d’être complice d’un dommage ou d’une violence, fut-ce par ignorance devient déterminante dans une société où l’ultime valeur est la prolongation de la vie humaine sans souffrances excessives. Or cet idéal du respect et de l’innocence fait regarder tout aléa comme un scandale. Mais, dans la mesure où la réponse suppose un contrôle accru, il mobilise une puissance technique qu’il dénonce par ailleurs et suppose parfois des mesures autoritaires ou de surveillance (notamment numériques) qui apparaîtraient scandaleuses en d’autres circonstances.
Mais tout cela implique un quatrième paradoxe : l'aversion au risque, la recherche de la précaution ou de la réduction sont intrinsèquement générateurs de crises.
Plus nous abaissons le seuil de ce qui paraît inacceptable ou scandaleux, plus nous sommes déterminés à supprimer les facteurs qui peuvent le déclencher ou nous efforçons d'en atténuer les conséquences, plus nous sommes obsédés par la sécurité, plus nous multiplions les systèmes d'alerte, plus nous accroissons la probabilité des crises allant depuis la réaction d'une organisation qui se sent menacée dans son image et sa réputation jusqu'à une franche panique.
On peut se féliciter et se dire que la sensibilité croissante du système se traduit objectivement en préservation de vies humaines, en réduction du nombre de catastrophes ou en meilleur traitement de leurs conséquences..., mais il n'y a pas moyen d'échapper à cette spirale. Et par exemple d’empêcher qu’une mesure comme le confinement n’enclenche toute une spirale économique, sociale, culturelle de conséquences génératrices de nouveaux risques.
Enquête de Synthèse nationale sur la crise actuelle: le point de vue des Brigandes
Ex: http://synthesenationale.hautefort.com
Nous publions aujourd'hui le sixième volet de notre enquête avec le point de vue de nos ami(e)s du Clan des Brigandes. Pour celui-ci, à la désintégration du monde actuel, il faut opposer le rassemblement communautaire. Les Brigandes savent de quoi elles parlent puisque, pour elles, il s'agit là d'une expérience vécue. Pour les autres, peut-être une piste à étudier...
S.N.
Le Clan des Brigandes
Nous traversons une situation historique, un changement d’époque. La « crise coronavirus » qu’on nous impose en est le signe.
Tout d’abord, voici quelques éléments pour ceux qui seraient sceptiques quant à ce que nous allons exposer :
Nous connaissons la plus grande restriction des libertés fondamentales qu’il y ait jamais eu dans notre histoire connue, en temps de paix et à l’échelle mondiale. Cette restriction repose sur une prétendue pandémie, qui est pour le moment bien moins meurtrière que certaines grippes (celles de 1969, 1957,…) n’ayant jamais justifié de telles mesures. On remarque que :
- Certains hôpitaux sont quasiment vides (reportage-vidéo allemand à l’appui).
- Les chiffres des décès du cancer, de maladies respiratoires et autres ont curieusement baissé depuis mars 2020 : et pour cause, puisque toute personne décédée « avec » le coronavirus est classée dans les décédés « du » coronavirus. L’écrasante majorité des personnes prétendument décédées de ce virus avaient par ailleurs d’autres maladies graves (voir les statistiques).
- Le taux de mortalité en France n’a pas augmenté d’une manière si significative par rapport aux autres années, et il est même légèrement plus bas en mars 2020 qu’en mars 2018 !
- Des sommités, comme le Prix Nobel Luc Montagnier, affirment que le virus est de fabrication humaine et que toute recherche visant à le démontrer est étouffée par « les autorités internationales ».
- Les articles ou vidéos explorant des pistes alternatives au sujet du coronavirus, sur des plateformes comme YouTube ou Facebook, sont censurés au même titre que « l’incitation à la haine ».
- Des économistes avaient prévus une crise économique pour mars 2020.
- Etc., etc.
On pourrait aussi mentionner tout ce qui suit cette prétendue crise sanitaire : rachat par des grandes firmes d’une quantité énorme d’entreprises en faillite à cause du confinement, connexion entre le grand ponte de la vaccination mondiale et de l’identité numérique (Bill Gates) avec le patron de l’OMS, etc.
Bref, nous ne nous étendrons pas sur ces multiples éléments, mais ceux-ci démontrent que nous sommes là face à une manipulation ayant permis de tester – et pour un prétexte fallacieux ! – l’immobilisation de la majorité de la planète, ce qui n’avait encore jamais été réalisé.
Le test est concluant : désormais, le coup du virus pourra être ressorti n’importe quand pour justifier la mise à l’arrêt d’un ou plusieurs pays. Nous passons là une étape historique, qui peut ouvrir la voie à de nouveaux totalitarismes, pouvant même se révéler plus dangereux que ceux que nous avons connus au XXe siècle car ils ne seront pas justifiés par une idéologie (laquelle a toujours des opposants), mais par la nécessité de sauver l’humanité ! Qui peut s’opposer à la sauvegarde de l’humanité sans passer pour un monstre ?
Ce nouveau prétexte, ainsi que la dimension internationale de ses conséquences, doivent nous faire redouter le pire : même si le confinement se lève et que nous avons l’impression de retrouver une certaine « liberté », nous avons passé un cap et glisserons progressivement, dans les mois et années à venir, vers une société pouvant légitimer l’interdiction des libertés les plus fondamentales… et ensuite la répression de ses opposants ! On entend déjà que « ceux qui affirment qu’il n’y a pas une réelle pandémie incitent à la baisse de la vigilance et sont donc des dangers publics » ! La catégorisation de certaines personnes en tant que « danger pour les autres » a toujours été le meilleur prétexte à la persécution de ces personnes.
Tout cela, vous le savez probablement. Allons donc plus loin :
Nous ne croyons pas que les peuples vont soudainement se réveiller et reconquérir leur souveraineté. Les révolutions authentiquement populaires n’existent pas sans lobbies. Et elles existent encore moins quand il faut obéir pour préserver sa santé !
Nous ne croyons pas dans la politique électorale, soumise aux impératifs des structures mondiales : tous les pays font partie de l’ONU ou de l’OMS, et on aura vu la crise actuelle rassembler Poutine, Macron et Trump dans le même mouvement ! Comment pourraient-ils faire autrement ? (Pourquoi pas un seul politicien ne dénonce-t-il l’incroyable exagération des mesures adoptées ?)
Nous croyons que nous allons passer par une phase de nouveaux totalitarismes qui pourra durer longtemps, dans laquelle la technocratie globale pourra s’étendre encore plus rapidement et la caste scientiste-médicale se trouvera au poste de direction.
Nous savons que le Système accélère la réalisation de ce plan selon certaines échéances, et la date de 2025 en est une. Cette date-pivot est mentionnée à plusieurs reprises, au départ par la loge occultiste Lucis Trust (qui siège encore aujourd’hui à côté de l’ONU à Genève), jusqu’au rapport de la CIA de 2008 publié dans le fameux livre d’Alexandre Adler dans lequel la pandémie mondiale d’un coronavirus était « envisagée ». Ce rapport de la CIA dresse un calendrier jusqu’en 2025 !
Les religions étant encore les derniers refuges au sein desquels on peut trouver des éléments réfractaires à la technocratie internationale, on assistera à l’établissement d’un syncrétisme religieux accordé à l’ordre mondial. Les chefs religieux conduiront (et conduisent déjà) leurs brebis vers la soumission. La politique du Pape pendant cette « crise coronavirus » est démonstrative à cet égard. On assistera probablement à une mise en scène grandiose pour réunir les tendances religieuses dans un même courant, qui donnera une légitimité théocratique à un ordre mondial ayant déjà sa légitimité scientifique et sanitaire !
Il est bon, sur ce sujet, de consulter notre vidéo Commentaires de Joël LaBruyère sur la chanson des Brigandes "D'ici 2025": Le faux-prophète qui vient cliquez ici
Voilà comment nous voyons l’avenir. C’est pour cette raison que Joël Labruyère a rassemblé un clan communautaire – dernière possibilité de vivre en accord avec ses idées et avec ses proches, lorsque les libertés de mouvement et de réunion sont profanées.
La civilisation mondiale qui est en place aura, comme toute civilisation, son heure de fin : mais quand ? Il vaut mieux se préparer à ce que ce soit plus long qu’espéré, car en science militaire on envisage le pire pour être préparé à toutes les éventualités.
Alors que faire ? Déjà rester alertes, car la conscience est notre première arme. Et ensuite, préparer des vrais réseaux de proximité, retrouver le sens du réel, avoir des personnes sur qui compter. Internet offrira bien peu de choses, et il n’en offre déjà pas beaucoup à côté de cela : il vaut mieux avoir une personne qui vienne nous rencontrer pour nous témoigner son approbation, que 1 000 qui cliquent « J’aime » à distance.
Puissent ces réflexions servir à ceux qui ne s’abandonnent pas à de vaines espérances.
Lire aussi l'entretien avec Joël Labruyère dans le dernier numéro de la revue Synthèse nationale cliquez là
La rupture de l’ordre libéral global et de ses fondations
Ce qui se produit en ce moment est une rupture globale de l’ordre mondial. C’est absolument sans importance de savoir si la nature du coronavirus est artificielle ou pas, et ce n’est même pas d’une importance primordiale de savoir, dans le cas où il serait artificiel, s’il a été délibérément répandu par le « gouvernement mondial » ou pas. L’épidémie a commencé – c’est un fait. Maintenant la chose la plus importante est de voir comment le « gouvernement mondial » a réagi à cette épidémie.
Pour clarifier, le « gouvernement mondial » est la totalité des élites politiques et économiques et les intellectuels et les médias (les « médiacrates ») qui les servent. Un tel « gouvernement mondial » existe nécessairement, parce qu’à une échelle globale il y a des normes fondamentales strictement définies qui déterminent les paramètres basiques de la politique, de l’économie et de l’idéologie.
- En économie, la seule norme reconnue est le capitalisme, l’économie de marché (qui est contestée seulement par la Corée du Nord – pas, et c’est très important, par la Chine, qui présente sa propre version de capitalisme d’Etat national sous la direction du Parti communiste).
- En politique, la seule norme reconnue est la démocratie libérale parlementaire, basée sur la société civile comme sujet et source de la légalité et de la légitimité (à part la Corée du Nord, presque tout le monde est d’accord avec cela, bien que la Chine interprète la « société civile » dans une optique socialiste et partiellement nationale-culturelle spéciale et pratique un contrôle médiacratique par des moyens autres que des élections parlementaires directes ; et certains Etats islamiques – par exemple, l’Iran et les monarchies du Golfe – ont un certain nombre de traits particuliers).
- Dans le domaine idéologique, tout le monde accepte l’arrangement selon lequel tout individu a un certain nombre de droits inaliénables (à la vie, à la liberté de conscience, à la liberté de mouvement, etc.) que tous les Etats et sociétés sont obligés de garantir.
Dans l’essence, ce sont les trois principes de base du monde global qui a émergé après l’effondrement de l’URSS et la victoire de l’Occident capitaliste dans la Guerre Froide. Les principaux acteurs de la politique, de l’économie et de l’idéologie sont concentrés dans les pays occidentaux, qui servent de modèle aux autres. C’est le cœur du « gouvernement mondial ». A l’intérieur de ce gouvernement, la Chine commence à jouer un rôle de plus en plus important, et les élites de la Russie et de tous les autres Etats se précipitent dans cette direction.
Que le coronavirus soit artificiel ou pas n’est pas si important
Il est sans importance de savoir si le coronavirus a été produit artificiellement et utilisé délibérément par le « gouvernement mondial » dans ce sens.
Mais c’est ce monde, sous le parapluie de ce « gouvernement mondial » avec ses trois fondements axiomatiques, qui est en train de s’effondrer devant nos yeux. Cela rappelle la fin du camp socialiste, du monde bipolaire et de l’URSS, mais alors l’un des deux mondes disparut, alors que l’autre demeura et étendit ses règles à tous les autres incluant ses adversaires d’hier. Gorbatchev lui-même voulait entrer dans le « gouvernement mondial » sans dissoudre l’URSS, mais il ne fut pas accepté. Les dirigeants pro-occidentaux de la Fédération Russe qui se soumirent à l’Occident ne furent pas acceptés non plus. Ils ne le sont toujours pas. Et maintenant, aujourd’hui, ce même « gouvernement mondial » est en train de s’effondrer. Pourrait-il avoir opté volontairement pour la liquidation ? Difficilement. Mais il a réagi au coronavirus comme à quelque chose d’inévitable, et ce fut un choix.
Il y avait la liberté de reconnaître ou pas l’existence du coronavirus. Et par le fait même de sa reconnaissance de la pandémie, le « gouvernement mondial » a signé sa propre sentence de mort. L’a-t-il fait consciemment ? Pas plus (ou pas moins) consciemment que Gorbatchev durant la perestroïka. Dans le cas de l’URSS, un pôle disparut, alors que l’autre demeura. Aujourd’hui la fin de la démocratie libérale planétaire signifie la fin de tout. Ce système n’a pas d’autre paradigme – excepté pour la Corée du Nord (qui est un pur anachronisme, bien que très intéressant) ou la version de compromis de la Chine.
Qui aurait dû vaincre le coronavirus, et comment ?
Le coronavirus a déjà frappé un coup dont ni la politique, ni l’économie, ni l’idéologie ne se remettront. La pandémie aurait dû être combattue par les institutions existantes d’une manière normale, sans changer les règles de base :
- ni en politique (signifiant pas de quarantaine, pas de confinement forcé, et encore moins un état d’urgence) ;
- ni dans l’économie (pas de télétravail, pas d’arrêt de la production, des échanges et des institutions financières-industrielles ou des plateformes commerciales, pas de pause, etc.);
- ni dans l’idéologie (pas de restrictions, même temporaires, des droits civiques fondamentaux, de la liberté de mouvement, l’annulation ou le report des élections, des référendums, etc.).
...mais tout cela a déjà eu lieu à une échelle globale, y compris dans les pays occidentaux, c’est-à-dire dans le territoire du « gouvernement mondial » lui-même. Les fondements mêmes du système global ont été suspendus.
C’est ainsi que nous voyons la situation en cours. Pour que le « gouvernement mondial » prenne de telles mesures, il faut qu’il y ait été obligé. Par qui ? Après tout, il ne peut simplement pas y avoir d’instance d’autorité supérieure à l’humanité matérialiste, athée et rationaliste moderne...
Le libéralisme comme résultat final du Nouveau Temps
Gardons cette question pour plus tard et regardons maintenant la plus grande trajectoire historique du système global libéral-démocratique, c’est-à-dire le gouvernement des « élites politiques libérales » (parlementarisme), les principaux acteurs économiques (oligarques et monopoles transnationaux), les idéologues de la « société ouverte » et les journalistes qui les servent (incluant les modérateurs des sentiments sur les réseaux sociaux et l’Internet). La source de ce système doit être recherchée à la fin de la Renaissance et dans le « Nouveau Temps » (les débuts de la Modernité) qui en sortit, et qui vit une rupture fondamentale avec le Moyen-Age concernant le sujet du pouvoir et, par conséquent, concernant sa nature même. Au Moyen-Age et dans la société de la Tradition en général, la légitimité et la légalité du modèle politique de la société étaient basées sur le facteur transcendant – supra-humain, divin. Le sujet suprême du pouvoir et de la loi était Dieu. Ses révélations et les lois et les cadres établis par Lui, ainsi que les institutions qui étaient considérées comme ses représentantes sur Terre : dans le monde chrétien, c’était l’Eglise et l’Etat monarchique. Le Nouveau Temps de la Modernité abolit cette verticale et se donna le but de bâtir une société sur des fondements terrestres. Ainsi le principal sujet et la principale source de la légitimité et de la légalité devinrent l’homme, et le « gouvernement céleste » – le « gouvernement supramondain » – fit place au « gouvernement terrestre ». La politique, l’économie et l’idéologie changèrent en conséquence : la démocratie, le capitalisme et la société civile émergèrent.
Pendant plusieurs siècles, ces principes combattirent le vieil ordre (médiéval) jusqu’à ce que les derniers empires – le russe, l’ottoman, l’autrichien et l’allemand – tombent au XXe siècle. Cependant, la démocratie libérale dut encore se confronter à des versions hérétiques (du point de vue libéral) de la Modernité, comme le communisme et le fascisme, qui interprétèrent à leur propre manière la « société civile » et l’être humain : le premier selon l’optique de la classe et le second en termes nationaux ou raciaux. En 1945, les communistes et les libéraux mirent conjointement fin au fascisme, et en 1991 le communisme tomba. Les libéraux furent les seuls à rester, et dès lors le « gouvernement mondial » passa du domaine du plan à celui d’une quasi-réalité, puisque tous les pays et sociétés ont reconnu les standards de la démocratie, du marché, et des droits de l’homme. C’est ce que Francis Fukuyama voulut dire dans son livre La fin de l’Histoire et le Dernier Homme. L’histoire de ce Nouveau Temps commença quand le but fut établi de remplacer le sujet céleste par le sujet terrestre, et elle se termina quand ce remplacement fut accompli à une échelle mondiale.
La fin du monde libéral et ses parallèles avec la fin de l’URSS
Aujourd’hui, à la place de la fin de l’histoire, c’est-à-dire au lieu du triomphe total de la démocratie libérale, du capitalisme mondial et de l’idéologie de la « société ouverte » (les droits de l’humain en tant qu’individu), nous sommes tombés dans des conditions complètement nouvelles du jour au lendemain. C’est aussi inattendu que la fin de l’URSS. Même après 1991, beaucoup de gens ne pouvaient pas croire que le système soviétique avait disparu, et certains ne peuvent même pas le comprendre aujourd’hui. Bien sûr, la fin du globalisme fut perçue par quelques penseurs critiques : elle fut envisagée par des conservateurs, et la montée rapide de la Chine, qui représente un modèle particulier de globalisme, le refus de Poutine de laisser le pouvoir au manipulable et contrôlable (comme le pensait l’Occident) Medvedev en 2012, et peut-être le plus important, le Brexit et la montée du populisme, purent tous être considérés comme des signes clairs qu’en dépit de sa proximité du point final, le globalisme avait non seulement été incapable d’accomplir effectivement la « fin de l’histoire », mais qu’il commençait paradoxalement à s’en éloigner. A un niveau philosophique, les postmodernistes commencèrent à réfléchir là-dessus, proclamant bruyamment que quelque chose n’allait pas dans la Modernité.
Mais il ne reste pas d’autre voie à l’histoire : elle doit soit avancer avec l’inertie qu’elle a accumulée au cours des derniers siècles, depuis le Nouveau Temps et les Lumières, soit s’effondrer. Tout le monde croyait que d’une façon ou d’une autre tout se résoudrait tout seul, et que la seule chose qui comptait était de combattre efficacement ceux qui étaient catalogués comme les « ennemis de la société ouverte », c’est-à-dire Poutine, l’Iran, le fondamentalisme islamique, ou la nouvelle montée de mouvements nationalistes répondant rapidement à la crise de la migration de masse. En général, pas une seule réflexion sur une alternative, rejetant même consciemment ce genre d’idées. Et c’est pourquoi, au moment d’une crise grave, le système libéral global a échoué et s’est effondré. Presque personne n’a encore compris cela, mais c’est déjà arrivé. Et c’est arrivé irrévocablement. Le coronavirus, par son existence même et spécialement par la manière dont le « gouvernement mondial » lui a répondu, est devenu la fin du monde moderne.
La fin de « l’Unique et sa propriété »
Cela signifie-t-il que l’humanité va mourir ? On ne le sait pas encore, mais cela ne peut pas être écarté. On peut seulement conjecturer si elle va périr ou pas. Mais ce qu’on peut déjà dire avec certitude, c’est que l’ordre mondial global basé sur le capitalisme, la démocratie libérale et les principes de l’individu souverain (la société civile, la société ouverte) a déjà péri. Il a disparu, il s’est effondré, bien que des efforts désespérés seront encore entrepris pour le sauver pendant un certain temps. Comment ils seront déployés et combien de temps ils dureront n’est pas crucial pour l’instant. On ne peut pas écarter qu’il disparaîtra peut-être complètement comme de la fumée, exactement comme le système soviétique s’est dissout totalement.
Ce qui existait il y a juste une seconde était éphémère, comme si cela n’avait jamais existé. Il est beaucoup plus important de regarder ce qui va venir remplacer l’ancien ordre mondial.
La chose la plus importante à comprendre est que ce n’est pas simplement un échec technique dans le système de gouvernance globale qui s’est produit, mais plutôt l’élément final résultant de tout le processus historique de la Modernité, du Nouveau Temps, au cours duquel le pouvoir fut transféré du sujet céleste au sujet terrestre, et ce sujet lui-même – à travers les batailles idéologiques et politiques des derniers siècles, incluant les guerres mondiales chaudes et froides – s’est déplacé vers une certaine cristallisation, celle de la démocratie parlementaire, du marché capitaliste global et de l’individu doté de droits. Tout le système du capitalisme global moderne est bâti sur la prémisse de « l’Unique [= l’Ego] et sa propriété » (Max Stirner). Les droits politiques de l’« Ego » (l’individu complètement isolé de la nation, de la race, de la religion, du sexe, etc.) furent fixés et implantés dans les systèmes mondiaux de la démocratie politique. Les droits économiques furent incarnés dans les normes de la propriété privée et des mécanismes du marché. Ainsi, la source du pouvoir politique atteignit sa limite imminente : dans le libéralisme et le globalisme, les dernières traces de verticalité et de « transcendance » qui avaient encore été préservées durant les premiers stades de la Modernité, en particulier les structures de l’Etat, furent éliminées. D’où l’aspiration globaliste à abolir la souveraineté de l’Etat et à transférer ses pouvoirs au niveau supranational, légalisant ainsi le « gouvernement mondial », qui existe déjà de facto. En d’autres mots, l’histoire politique, économique et idéologique du Nouveau Temps avançait vers une fin très précise, dans laquelle le sujet individuel purement humain, immanent, serait finalement formé et pris comme base de la légitimation politique. Peu de choses furent laissées au hasard : l’abolition complète des Etats qui eut lieu au niveau de l’Union Européenne devait se répéter à l’échelle mondiale.
Le final annulé du libéralisme
Ce moment final, vers lequel tout se dirigeait, aujourd’hui n’est pas seulement retardé indéfiniment, mais est complètement annulé. Si l’histoire politique n’a pas pu atteindre ce point sans le coronavirus, tout le processus s’est effondré devant cette épidémie. Pour combattre efficacement l’épidémie, les autorités de presque tous les pays, incluant ceux de l’Occident, ont introduit une quarantaine obligatoire avec des sanctions strictes en cas de violation, ou ont carrément déclaré des situations d’urgence. Les mécanismes économiques du marché global se sont effondrés du fait de la fermeture des frontières, de même que les bourses des valeurs et les institutions financières.
La société ouverte et la migration sans limite sont entrées en contradiction directe avec les standards sanitaires de base. En fait, un régime dictatorial a été rapidement établi dans le monde entier, sous lequel le pouvoir a été transféré à une entité complètement nouvelle. Ni « l’Ego » ni sa « propriété », ni toutes les superstructures géantes du monde qui garantissaient leurs droits et leurs statuts légaux et légitimes ne sont plus considérés comme la source du pouvoir politique. Ce que Giorgio Agamben a nommé la « vie nue », c’est-à-dire l’impératif de survie physique absolument spécial qui n’a rien à voir avec la logique du capitalisme libéral, est passé au premier plan. Ni l’égalité, les droits, la loi, la propriété privée, les décisions collectives, le système des obligations mutuelles, ni aucun autre principe fondamental de la démocratie libérale n’a de pouvoir réel. Seuls ces mécanismes qui contribuent à la survie, pour stopper l’infection et pourvoir aux besoins purement physiologiques les plus simples, sont importants maintenant.
Mais cela signifie que le sujet du pouvoir est en train de changer radicalement. Ce n’est plus la société libre, ni le marché, ni les présomptions humanistes de l’individu souverain, ni les garanties de liberté personnelle et de vie privée. Tout cela doit être sacrifié si la question immédiate est la survie physique. Les droits politiques sont abolis, les obligations politiques sont abolies, la surveillance totale et le contrôle disciplinaire strict deviennent la seule norme sociale prévalante.
Si le « gouvernement mondial » est entré dans un état d’urgence, s’est avéré incapable de l’éviter ou n’a même pas osé l’éviter, ou a simplement été forcé de l’accepter, cela signifie que le paradigme qui hier encore semblait inébranlable a été abandonné. Et dans ce cas, soit il n’y a plus du tout de « gouvernement mondial », et chaque société s’en sort comme elle peut, soit le paradigme fondamental change brutalement et se transforme en quelque chose d’autre. Dans les deux cas, l’ordre ancien s’est effondré, et quelque chose de nouveau est en train d’être bâti devant nos yeux.
Des conclusions aussi radicales ne sont pas seulement liées à l’ampleur de la pandémie, qui n’est pas encore si grave pour l’instant. Beaucoup plus importante est la perception de l’épidémie par les élites de pouvoir, qui ont si rapidement et si facilement abandonné leurs fondements apparemment inviolables. C’est la chose la plus fondamentale. Les mesures visant à combattre le coronavirus ont déjà sapé les fondements de la démocratie libérale et du capitalisme, abolissant rapidement le sujet du pouvoir lui-même. A partir de maintenant, « l’ego et sa propriété » n’est plus la base de la légalité et de la légitimité : dans les conditions de l’Etat d’Urgence, le pouvoir est en train d’être transféré à une autre autorité. Quelque chose de nouveau est en train de devenir le porteur de la souveraineté.
De quoi s’agit-il donc ?
Le coronavirus comme sujet régnant : les dieux séculaires de la peste
D’une part, on pourrait dire que le coronavirus lui-même (ce n’est pas pour rien que le virus porte un nom « royal ») est en train de démontrer un statut unique à celui du sujet. Pour mieux comprendre cela, nous pouvons nous souvenir des antiques dieux de la peste, qui étaient considérés comme des déités formidables dans les croyances religieuses des peuples du Moyen-Orient. Les peuples de la Mésopotamie avaient Erra, Nergal, et d’autres, et dans les traditions monothéistes, en particulier dans le judaïsme, les pestes étaient envoyées par la déité suprême, Yahvé, pour punir les Juifs de leur idolâtrie. Au Moyen-Age, les épidémies et les pestes étaient considérées comme des signes de punition divine. La société traditionnelle peut légitimement donner le statut de subjectivité à des phénomènes de grande ampleur ou les lier à l’élément divin. Cependant, dans le Nouveau Temps de la Modernité, l’homme se considérait lui-même comme le maître complet de la vie, d’où le développement de la médecine moderne, des médicaments, des vaccins, etc. Par conséquent, c’est comme si l’incapacité complète des gouvernements à combattre le coronavirus aujourd’hui jetait l’humanité en-dehors du Nouveau Temps. Mais le Dieu ou les dieux à qui la peste virale moderne pourrait être attribuée et laissée n’existent plus. Le monde moderne est convaincu que le virus doit avoir une origine terrestre, matérielle et immanente. Mais quel genre de matérialité est plus fort que l’homme ? C’est ainsi que surgissent de nombreuses théories de la conspiration reliant l’origine du virus à des malfaiteurs aspirant à établir leur contrôle sur l’humanité. Pour les philosophes du « réalisme spéculatif », qui pendant des décennies ont réfléchi à la nécessité de remplacer l’humanité par un système d’objets – que ce soit l’Intelligence Artificielle ou des cyborgs –, le virus lui-même pourrait très bien se voir attribuer le statut d’acteur souverain, une sorte d’hyperobjet (à la Morton) capable de soumettre les masses à sa volonté, comme le font le moule, le rhizome, etc. En d’autres mots, l’effondrement du modèle libéral porte au premier plan l’hypothèse de l’acteur post-humain et post-humaniste.
Le coronavirus, dont le nom latin signifie littéralement « poison couronné », est donc (du moins théoriquement) un candidat pour le centre du nouveau système mondial. Si la principale préoccupation de l’humanité à partir d’aujourd’hui sera de stopper le virus, de le combattre, de se protéger de lui, etc., alors tout le système de valeurs, de règles et de garanties sera reconstruit selon des principes et des priorités absolument nouveaux. Les réalistes spéculatifs vont même plus loin et sont prêts à reconnaître dans l’hyperobjet la présence d’entités infernales des antiques dieux du chaos sortant du fond de l’être, mais il n’est pas nécessaire d’aller aussi loin, dans la mesure où, si nous pouvons simplement supposer que la rationalité politique, économique et idéologique sera à partir de maintenant construite autour du combat contre des virus contagieux, nous vivrons alors dans un monde différent – par exemple, dans un monde hygiénocentrique –, organisé d’une manière complètement différente de celle du monde moderne. L’« Ego », « sa propriété » et toutes les structures qui leur garantissent la prédictibilité, la stabilité et la protection, qui les élèvent au statut de fondements de la légalité et de la légitimité, passeront à l’arrière-plan, pendant que le coronavirus ou son analogue établira une hiérarchie différente, une ontologie politique et économique différente, une idéologie différente.
L’Etat contre le coronavirus. Mais quel Etat ?
Si nous regardons la manière dont le combat contre le coronavirus se déroule aujourd’hui, nous pouvons remarquer un accroissement très brutal du rôle de l’Etat, qui au cours de la globalisation avait été considérablement relégué au second plan. C’est au niveau de l’Etat que sont prises les décisions de quarantaine, de confinement, d’interdiction de voyager, les restrictions sur les libertés et les mesures économiques. En fait, partout dans le monde – ouvertement ou par défaut –, un état d’urgence a été déclaré. D’après les classiques de la pensée politique, et en particulier Carl Schmitt, cela signifie l’établissement d’un régime de dictature. Le souverain, d’après Schmitt, est celui qui prend la décision dans une situation d’urgence (Ernstfall), et aujourd’hui c’est l’Etat. Cependant, il ne faut pas oublier que l’Etat d’aujourd’hui a jusqu’au dernier moment été basé sur les principes de la démocratie libérale, du capitalisme et de l’idéologie des droits de l’homme. En d’autres mots, cet Etat, en un certain sens, décide de la liquidation de sa propre base philosophique et idéologique (même si ce sont pour l’instant des mesures formalisées et temporaires, il faut se souvenir que l’Empire romain commença aussi par la dictature temporaire de César, qui devint graduellement permanente). Ainsi, l’Etat est en train de muter rapidement, tout comme le virus lui-même, et l’Etat suit le coronavirus dans son combat constamment en évolution, qui le met dans une situation toujours plus éloignée de la démocratie libérale globale. Toutes les frontières existantes qui jusqu’à hier semblaient être effacées ou à demi-effacées sont en train de reprendre une signification fondamentale – non seulement pour ceux qui veulent les franchir, mais aussi pour ceux qui ont réussi à revenir à temps dans leur pays. En même temps, dans les plus grands pays cette fragmentation est transférée aux régions, où l’état d’urgence conduit à l’établissement de dictatures régionales, qui à leur tour seront renforcées si la communication avec le centre devient plus difficile. Une telle fragmentation continuera jusqu’aux petites villes et mêmes jusqu’aux foyers individuels, où le confinement forcé ouvrira de nouveaux horizons et des quantités de violences domestiques.
L’Etat prend sur lui la mission de combattre le coronavirus sous certaines conditions, mais mène ce combat dans des circonstances déjà différentes. Au cours de cette mission, toutes les institutions d’Etat liées à la loi, à la légalité et à l’économie sont transformées. Ainsi, la simple introduction de la quarantaine annule complètement la logique du marché, d’après laquelle seul l’équilibre de l’offre et de la demande et les accords conclus entre l’employeur et l’employé peuvent réguler les relations entre eux. Les interdictions de travail pour des raisons hygiéniques font s’effondrer irrévocablement toute la construction du capitalisme. La suspension de la liberté de mouvement, de réunion et des procédures démocratiques bloque les institutions de la démocratie politique et paralyse les libertés individuelles.
Dictature post-libérale
Au cours de cette épidémie, un nouvel Etat est en train d’émerger qui commence à fonctionner avec de nouvelles règles. Il est très probable qu’au cours de l’état d’urgence il y aura un basculement du pouvoir – passant des gouvernants formels à des fonctionnaires techniques et technologiques, par exemple l’armée, les épidémiologistes, et des institutions spécialement créées pour ces circonstances extrêmes. La menace physique que le virus représente pour les dirigeants les force à se placer dans des conditions spéciales qui ne sont pas toujours compatibles avec un plein contrôle de la situation. Comme les normes légales sont suspendues, de nouveaux algorithmes de comportement et de nouvelles pratiques commencent à être déployés. Ainsi naît un Etat dictatorial qui, à la différence de l’Etat libéral-démocratique, a des buts, des fondements, des principes et des axiomes complètement différents. Dans ce cas, le « gouvernement mondial » est dissout, parce que toute stratégie supranationale perd son sens. Le pouvoir se déplace rapidement vers un niveau encore inférieur – pas celui de la société et des citoyens, mais vers le niveau militaire-technologique et médical-sanitaire. Une rationalité radicalement nouvelle prend de la force – pas la logique de la démocratie, de la liberté, du marché et de l’individualisme, mais celle de la survie pure, dont la responsabilité est assumée par un sujet combinant le pouvoir direct et la possession de la logistique technique, technologique et médicale. De plus, dans la société de réseau, celle-ci est basée sur un système de surveillance totale excluant toute sorte d’intimité.
Ainsi, si à une extrémité nous avons le virus comme sujet de la transformation, à l’autre extrémité nous avons la surveillance militaro-médicale et la dictature punitive différant fondamentalement par tous ses paramètres de l’Etat que nous connaissions encore hier. Il n’est pas du tout garanti qu’un tel Etat, dans son combat contre les « dieux de la peste » séculaires, coïncidera précisément avec les frontières des entités nationales existantes. Puisqu’il n’y aura pas d’idéologie ou de politique au-delà de la logique directe de la survie, la centralisation elle-même perdra son sens et sa légitimité.
De la société civile à la « vie nue »
Ici une fois de plus, souvenons-nous de la « vie nue » de Giorgio Agamben, qui dans une veine similaire et en se basant sur les idées de Schmitt sur l’« état d’urgence », analysa la situation dans les camps de concentration nazis, où la déshumanisation des gens atteignait un point extrême, et où la « vie nue » se révélait. La « vie nue » n’est pas la vie humaine, mais une autre vie qui est au-delà des limites de la conscience de soi, de la personnalité, de l’individualité, des droits, etc. C’est pourquoi Agamben a été plus radical que d’autres et s’est opposé aux mesures prises contre le coronavirus, préférant même la mort à l’introduction d’un état d’urgence. Il a clairement vu que même un petit pas dans cette direction changera la structure entière de l’ordre mondial. Entrer dans le stade de la dictature est facile, mais en sortir est parfois impossible.
La « vie nue » est la victime du virus. Ce ne sont pas les gens, les familles, les citoyens, ou les propriétaires privés. Ici il n’y a ni un, ni beaucoup. Il y a seulement le fait de l’infection, qui peut transformer n’importe qui – incluant soi-même – en quelqu’un d’autre, et donc en ennemi de la « vie nue ». Et c’est le fait de combattre cet autre « vie nue » qui donne à la dictature le nouveau statut de sujet. Alors la société elle-même, à la merci de la dictature, sera transformée en « vie nue » organisée par la dictature en accord avec sa propre rationalité particulière. Par peur du coronavirus, les gens sont prêts à suivre toutes les mesures de ceux qui ont pris la responsabilité de l’état d’urgence.
Ainsi, la séparation fondamentale entre le bien-portant et le malade, considérée par Michel Foucault dans son livre Surveiller et punir. Naissance de la prison, devient une ligne encore plus infranchissable que toutes les oppositions des idéologies classiques de la Modernité, par exemple entre la bourgeoisie et le prolétariat, les Aryens et les Juifs, les libéraux et les « ennemis de la société ouverte », etc., et verra sa ligne de division tracée entre les pôles de la « vie nue » et des « technocrates médicaux », qui ont entre leurs mains tous les instruments de la violence, de la surveillance, et de l’autorité. La différence entre celui qui est déjà malade et celui qui n’est pas encore malade, qui au début justifiait la nouvelle dictature, sera effacée, et la dictature des virologues, qui a bâti une nouvelle légitimité sur la base de cette distinction, créera un modèle complètement nouveau.
La nouvelle dictature n’est ni le fascisme ni le communisme
Cette situation rappellera à beaucoup de gens le fascisme ou le communisme, mais ces parallèles sont imaginaires. Le fascisme et le communisme représentaient tous deux des types de « société civile », bien que totalitaires, avec des idéologies bien marquées qui garantissaient des droits civiques – pas à tous, mais à la majorité significative et de facto écrasante de leurs citoyens. Le libéralisme, en réduisant toutes les identités jusqu’au niveau de l’individu, prépara la voie et créa les conditions préalables pour un type spécial de dictature post-libérale qui, à la différence du communisme et du fascisme, ne devrait pas avoir d’idéologie du tout, dans la mesure où elle n’aura pas de raison de persuader, de mobiliser ou de « séduire » l’élément de la « vie nue ». La « vie nue » est déjà consciemment prête à se soumettre à une dictature, quoi que celle-ci promette ou recommande. Les structures d’une telle dictature seront bâties sur la base du fait qu’elle combat le virus, pas sur la base d’idées et de préférences. La dictature hygiénique militaire-médicale sera caractérisée par une logique post-libérale, pour laquelle la seule opération sera le traitement rationnel de la « vie nue », dont les porteurs n’auront absolument aucun droit et aucune identité. Cet ordre sera bâti sur la séparation entre individus infectés et individus sains, et ce code dual sera aussi puissant qu’évident, sans avoir besoin de la moindre justification ou argumentation.
L’Intelligence Artificielle et ses ennemis
Ici les considérations suivantes viennent à l’esprit : dans les porteurs d’une telle dictature anti-virus post-libérale, nous ne voyons pratiquement aucun trait vraiment humain. Toute considération humaine ne ferait qu’entraver une opération efficace contre la « vie nue », et provoquerait donc un chaos agité, tremblant, recherchant la survie à tout prix. Par conséquent, l’Intelligence Artificielle, calcul mécanique abstrait, se chargerait le mieux de cette tâche. Dans la dictature militaire-médicale nous voyons une dimension cybernétique distincte, quelque chose de mécanique. Si la « vie nue » est le chaos, alors il doit y avoir un ordre mathématique froid à l’autre pôle. Et à partir de maintenant, sa seule légitimation sera non pas le consentement de la société, qui perd tout à part son instinct de survie, mais le critère même de sa capacité à prendre des décisions logiques équilibrées sans être affecté par des émotions et des passions superflues. Par conséquent, même si une dictature hygiénique militaire-médicale est établie par des humains, tôt ou tard ses principaux porteurs seront des machines.
Il n’y aura pas de retour
Plusieurs conclusions peuvent être tirées de cette analyse très préliminaire du futur proche – le futur qui a déjà commencé :
Il est impossible de revenir à l’ordre mondial qui existait encore récemment et qui semblait si familier et si naturel que personne ne pensait à son caractère éphémère. Soit le libéralisme n’a pas atteint sa fin naturelle et l’établissement d’un « gouvernement mondial », soit l’effondrement nihiliste était son but originel, simplement couvert par un décor « humaniste » de moins en moins convaincant et de plus en plus pervers. Les représentants de l’« accélérationnisme » philosophique parlent des « Lumières Noires », soulignant cet aspect sombre et nihiliste du libéralisme comme représentant simplement le mouvement accéléré de l’homme vers l’abysse du post-humanisme. Mais en tous cas, à la place du « gouvernement mondial » et de la démocratie totale, nous sommes en train d’entrer dans une ère de nouvelle fragmentation, de « sociétés fermées » et de dictatures radicales, dépassant peut-être les camps de concentration nazis et le goulag soviétique.
La fin de la globalisation ne signifiera pas, cependant, une simple transition vers le système westphalien, vers le réalisme et un système d’Etats de commerce fermé (Fichte). Une telle transition requerrait l’idéologie bien définie qui existait au début de la Modernité, mais qui a été complètement éradiquée dans la Modernité tardive, et spécialement dans la Postmodernité. La diabolisation de tout ce qui ressemblait de loin au « nationalisme » ou au « fascisme » a conduit au rejet total des identités nationales, et maintenant la gravité de la menace biologique et sa nature physiologique brutale rendent les mythes nationaux superflus. La dictature militaire-médicale n’a pas besoin de méthodes additionnelles pour motiver les masses, et de plus, le nationalisme ne fait que renforcer la dignité, la conscience de soi et le sentiment civique de la société, qui s’opposent aux règles de la « vie nue ». Pour la société à venir, il y a seulement deux critères – sain et malade. Toutes les autres formes d’identité, incluant les identités nationales, n’ont pas de sens. A peu près la même chose était vraie pour le communisme, qui était aussi une idéologie motivante qui mobilisait la conscience des citoyens pour bâtir une société meilleure. Toutes ces idéologies sont archaïques, dénuées de sens, redondantes et contre-productrices dans le combat contre le coronavirus. Par conséquent, il serait erroné de voir un « nouveau fascisme » ou un « nouveau communisme » dans le paradigme post-libéral imminent. Ce sera quelque chose d’autre.
On ne peut pas écarter que cette nouvelle étape affectera si grandement la vie de l’humanité ou de ce qui en restera que, ayant traversé toutes ces épreuves et ces tribulations, l’humanité sera prête à accepter n’importe quelle forme de pouvoir, n’importe quelle idéologie et n’importe quel ordre qui affaiblira la terreur de la dictature militaire-médicale de l’Intelligence Artificielle. Et alors, dans un nouveau cycle, nous ne pouvons pas écarter un retour au projet de « gouvernement mondial », mais ce sera déjà sur une base complètement différente, parce que la société sera irréversiblement changée par la période de « quarantaine ». Ce ne sera plus le choix de la « société civile », mais le cri de la « vie nue » qui reconnaîtra n’importe quelle autorité capable d’offrir une délivrance hors des horreurs qui auront eu lieu. Cela serait le bon moment pour l’apparition de ce que les chrétiens appellent l’« Antéchrist ».
Exagération et liquidation des leaders
Une telle prévision analytique est-elle une exagération trop dramatisée ? Je pense qu’elle est tout à fait réaliste, bien que bien sûr « personne ne connaît le jour et l’heure », et dans une situation donnée tout pourrait être retardé pendant quelque temps. L’épidémie pourrait se terminer soudainement et un vaccin pourrait être trouvé. Mais tout ce qui s’est déjà produit dans les premiers mois de 2020 – l’effondrement de l’économie mondiale, toutes les mesures radicales dans la politique et les relations internationales imposées par la pandémie, la perturbation des structures de la société civile, les changements psychologiques et l’introduction de technologies de surveillance et de contrôle – est irréversible. Même si tout s’arrêtait maintenant, cela prendra tellement longtemps pour que la mondialisation libérale revienne à son final toujours retardé que de nombreux aspects critiques de la société auront déjà subi de profondes transformations. En même temps, la supposition même d’une fin rapide à la pandémie n’appartient pas au domaine de l’analyse, mais au royaume des contes de fées naïfs avec un happy-end. Regardons la vérité dans les yeux : l’ordre libéral global s’est effondré sous nos yeux, tout comme l’URSS et le système socialiste mondial tombèrent en 1991. Notre conscience refuse de croire à des changements aussi colossaux, et spécialement à leur irréversibilité. Mais nous devons y croire. Il vaut mieux les conceptualiser et les comprendre à l’avance – maintenant, tant que les choses ne sont pas encore devenues aussi graves.
Finalement, il peut sembler que cette pandémie sera une chance pour ces leaders politiques qui n’auraient peut-être pas d’objection à tirer avantage d’une situation aussi extrême pour renforcer leur pouvoir. Mais cela pourrait marcher seulement pendant peu de temps, parce que la logique de la « vie nue » et de la dictature militaire-médicale appartient à un registre complètement différent de ce que le leader le plus autoritaire dans le système mondial moderne peut imaginer. Il est peu probable qu’un des dirigeants d’aujourd’hui soit capable de maintenir son pouvoir pendant si longtemps et de manière sûre dans des conditions aussi extrêmes. Tous, dans une mesure ou une autre, tirent leur légitimité des structures de cette démocratie libérale qui est en train d’être abolie sous nos yeux. Cette situation requerra des figures, des compétences, et des caractères complètement différents. Oui, ils commenceront probablement cette consolidation du pouvoir, et ils ont même commencé à le faire, mais il est peu probable qu’ils dureront longtemps.
Il y a quelque chose de vraiment nouveau qui nous attend, et c’est très probablement quelque chose de vraiment terrifiant.
Au cœur d’une crise mondiale inédite par son ampleur, Strategika vous propose l’éclairage d’analystes et de penseurs reconnus dans leur domaine d’expertise. Nous avons posé à chacun une série de questions qui portent sur les différents aspects de cette véritable crise de civilisation ainsi que sur ses répercussions politiques, géopolitiques et sociales.
C’est aujourd’hui Lucien Cerise qui nous répond.
Après des études en philosophie, communication et sciences du langage, Lucien Cerise poursuit des recherches indépendantes sur les questions d’ingénierie sociale, de piratage de l’esprit et d’épidémiologie des idées, ou mémétique. Il a publié deux romans et divers textes théoriques, articles, préfaces et livres, seul ou dans des collectifs, dont les plus actuels sont Gouverner par le chaos (2010, 2014), Neuro-Pirates (2016), Retour sur Maïdan – La guerre hybride de l’OTAN (2017).
Strategika – On lit beaucoup d’éléments contradictoires selon les différentes sources d’information disponibles ou selon les avis des professionnels de la santé. Quelle est la réalité effective de cette pandémie selon vous ?
N’étant pas spécialiste des questions médicales, je vais essayer de répondre avec prudence depuis mon champ d’étude, qui traite aussi de contagion, mais plutôt celle des idées et des virus informationnels, ainsi que du langage et de sa fonction performative de façonnage de la réalité dans les méthodes d’influence et de contrôle social, ce que j’appelle du « reality-building ». J’ajoute à cela quelques observations de sens commun et de logique élémentaire. On voit effectivement que les contradictions abondent dans le discours des professionnels de la santé, et ils sont eux-mêmes souvent contredits par les faits, si bien que l’on peut se poser des questions sur ce qu’est réellement cette pandémie. Dans un premier temps, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, annonce publiquement le 24 janvier 2020 à la sortie du Conseil des ministres que « tout est sous contrôle ». Verbatim d’un extrait de son discours :
« En termes de risques pour la France, des analyses de risques d’importation sont modélisées régulièrement par les équipes de recherche. Le risque d’importation de cas depuis Wuhan est modéré. Il est maintenant pratiquement nul puisque la ville, vous le savez, est isolée. Les risques de cas secondaires autour d’un cas importé sont très faibles et les risques de propagation du virus dans la population sont très faibles. Cela peut évoluer évidemment dans les prochains jours s’il apparaissait que plus de villes sont concernées en Chine, ou plus de pays, notamment de pays de l’Union Européenne. » (1)
À la décharge d’Agnès Buzyn, il faut avouer qu’elle n’était pas toute seule à raconter n’importe quoi, elle était soutenue par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui fut dirigé par son mari, Yves Lévy, de 2014 à 2018 :
« De son côté, l’OMS espérait alors que les mesures prises par la Chine suffiraient à “stopper la transmission” et estimait qu’il était encore “trop tôt pour déclarer l’urgence internationale”. (…) En l’occurrence, ce 24 janvier en début d’après-midi, une équipe de l’Inserm a publié “un modèle pour estimer le risque d’importation de l’épidémie en Europe”. Les chercheurs ont fait des estimations de risque en se basant sur les données des flux aériens entre les pays de l’Union européenne et les régions chinoises touchées. Ils ont alors réalisé deux scénarios, “celui d’un faible risque de diffusion et celui d’un risque élevé”. Résultat : pour la France, le risque d’importation était estimé entre 5% et 13%. Il n’y avait donc effectivement, en théorie, qu’un faible risque de diffusion à l’intérieur de nos frontières. » (2)
Une modélisation scientifique vaut par son taux de prédictibilité. Autrement dit, les modélisations de l’OMS et de l’Inserm ne valent rien. Le 17 mars dans le quotidien Le Monde, Agnès Buzyn reviendra sur ses déclarations initiales du 24 janvier en prétendant qu’elle avait menti et qu’elle pensait depuis décembre 2019 qu’une crise grave se préparait. Bref, la communication des autorités sanitaires, des médias et du gouvernement français baigne dans la désinformation, les « fake news » et les injonctions contradictoires depuis le début. Pour se faire une idée de la réalité effective de cette pandémie, il faut donc commencer par oublier la parole politico-médiatique, ses éléments de langage et sa façon de nous raconter les événements (storytelling). Ensuite, une question vient spontanément à l’esprit : le vent de panique générale n’est-il pas un peu exagéré ? L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publie sur son site un recensement du nombre de décès quotidiens réalisé par les mairies. Les chiffres comparés des trois dernières années montrent une légère augmentation du nombre de décès toutes causes confondues en 2020 par rapport aux années précédentes à partir du 16 mars, c’est-à-dire depuis le début du confinement. À la date arrêtée du 6 avril, le nombre de décès sur trois ans était de 1731 en 2018, 1649 en 2019, 2410 en 2020. L’Insee commente ainsi les pourcentages :
« Au niveau départemental, trois départements comptent au moins deux fois plus de décès entre le 1er mars et le 6 avril 2020 que sur la même période de 2019 : le Haut-Rhin (+ 143 %), la Seine-Saint-Denis et les Hauts-de-Seine. Neuf autres départements enregistrent un nombre de décès supérieur de 50 % à moins de 100 % à celui observé en 2019. Il s’agit de tous les autres départements franciliens – le Val-de-Marne (+ 78 %), le Val-d’Oise (+ 70 %), Paris (+ 62 %), l’Essonne (+ 61 %), la Seine-et-Marne (+ 55 %) et les Yvelines (+ 52 %) – mais également des Vosges (+ 74 %), de la Moselle (+ 60 %), du Bas-Rhin (+ 56 %) et de l’Oise (+ 53 %). Trente-deux départements au total enregistrent un nombre de décès supérieur d’au moins 20 % à 2019. À l’opposé, 29 départements ont moins de décès enregistrés entre le 1er mars et le 6 avril 2020 que sur la même période de 2019. Ces départements sont essentiellement situés dans l’Ouest et le Centre de la France. » (3)
Il y a donc plus de décès en 2020 dans certains départements, mais il y en a moins dans d’autres départements. En outre, la courbe de progression du nombre de décès pour 2020 a commencé à dépasser de manière significative celles des années précédentes avec le début du confinement. En conséquence, si le confinement des malades s’explique très bien – mais pourquoi cette année et pas les précédentes ? – le confinement des bien-portants sur tout le territoire peine à trouver une justification, hormis la raison officielle avancée de ne pas saturer les services d’urgence et de réanimation avec de nouveaux cas lourds de contamination. Or, la plupart des hôpitaux publics ne connaissent pas d’affluence excessive et les cliniques privées sont peu sollicitées. Ce à quoi on nous rétorquera que c’est justement grâce au confinement drastique de masse. Cet argument est-il consistant ? Pour le tester, tournons-nous vers la cyndinique, la discipline scientifique qui étudie le risque et le danger. La cyndinique distingue entre risque perçu et risque réel. Le risque perçu est largement façonné par le discours tenu sur le risque réel. Il y a simultanément un fossé et un continuum entre le risque réel et sa représentation mentale langagière. Pour mieux saisir ce qui se passe, il faut réussir à démêler les interactions entre l’actuel et le potentiel, le réel et le virtuel. Pour justifier le confinement de masse, la narration politico-médiatique dit : « Les hôpitaux risquent d’être saturés, restez chez vous ». Le réel dit : « Les hôpitaux ne sont pas saturés ». La narration politico-médiatique dit : « Les hôpitaux ne sont pas saturés grâce au confinement, donc continuez à respecter le confinement sinon les hôpitaux seront saturés ». On en arrive à une situation paradoxale, et même absurde, une sorte de raisonnement circulaire que l’on peut analyser par la théorie des jeux et le phénomène des prédictions auto-réalisatrices, où le confinement des bien-portants permet de ne pas saturer les structures hospitalières, vidant de son sens le confinement dans le réel puisqu’il y a de la place dans les hôpitaux, mais le justifiant théoriquement par prévention, pour éviter une saturation qui pourrait avoir lieu mais qui n’a pas lieu dans le réel. C’est à ce moment que le type de raisonnement qu’on appelle communément un « prétexte » vient s’immiscer dans le processus décisionnaire du pouvoir et lui permet d’instaurer de nouvelles mesures de contrôle social dont la dangerosité peut s’avérer encore supérieure au prétexte alloué. Ce sont les paradoxes du principe de précaution : pour éviter un risque – saturation des hôpitaux – on ne le prend pas. Conséquence : le risque n’advient pas dans le réel, il n’existe que potentiellement – pas de saturation globale des hôpitaux. Le discours alarmiste se retrouve alors en décalage avec le réel, et avec les causes qu’il cherche dans le réel, mais il permet néanmoins de légitimer dans le réel des mesures préventives qui peuvent avoir des effets pervers, pires que le danger que l’on souhaite éviter. De fait, ce confinement des bien-portants sur tout le territoire aggrave la situation sanitaire en imposant à tout le monde des conditions de vie claustrées pathogènes et un climat anxiogène et dépressif apocalyptique particulièrement nocif pour le système immunitaire, qu’il faudrait au contraire renforcer. Tous les rythmes biologiques, psychologiques, socio-économiques sont déréglés. Le confinement de masse va de toute évidence se révéler contre-productif et viendra alimenter le taux de mortalité lié à cette « crise », largement amplifiée par l’hystérie médiatique. Parmi les nombreux couacs de la communication gouvernementale, le ministre de la Santé, Olivier Véran, déclarait lui-même le 9 mars à la télévision :
« Mais en réalité, vous savez ce qui fait que la grippe s’arrête au printemps ? Ce n’est pas la chaleur. Au printemps qu’est-ce qui se passe ? On ouvre les fenêtres, on ouvre les portes, on n’est plus confiné dans des lieux, on va dehors. Et donc, c’est le confinement qui provoque la circulation du virus. » (4)
Pour ce qui concerne les estimations du nombre de malades et de décès du coronavirus annoncées par les autorités dites compétentes, professionnels de la santé ou autres, elles varient d’une source à l’autre et d’une méthode de recensement à l’autre, parfois sans test de dépistage et sur la base d’un simple entretien avec le médecin généraliste. Comment tenir compte de ces chiffres qui ne font l’objet d’aucun consensus et ne sont ni vérifiables, ni certifiés ? Sur le plan national comme international, le nombre exact de cas réels de malades ou de morts du coronavirus est simplement inconnu à ce jour. En ce moment, seuls le recoupement critique des sources, le bon sens et l’expérience personnelle sont des bouées auxquelles s’accrocher pour se faire une idée de ce qui se passe réellement. De toute façon, même en accordant une confiance aveugle à la parole politico-médiatique et à ses chiffres officiels, ces derniers ne sont guère effrayants. Sans oublier qu’il faut encore déduire les cas de comorbidité, quand le décès est en fait provoqué par une autre maladie contractée par le patient ou par l’association de plusieurs maladies, dont le coronavirus entre autres. En outre, il serait bon de comparer ces chiffres avec ceux des gens guéris et ayant développé une immunité, et qui forment une majorité écrasante à près de 99% des cas. Cela devrait donc orienter les pouvoirs publics sur la stratégie d’immunité collective, ou immunité de groupe, la seule capable d’en finir sur le long terme avec la maladie. Comparons les avantages et les inconvénients des deux stratégies, « confinement pour tous » ou « confinement des seuls malades plus développement de l’immunité de groupe dans la société » : dans les deux cas, il y a des morts, mais au moins le confinement des seuls malades ne bloque pas la société, ce qui évite les dommages collatéraux socio-économiques de la crise qui provoqueront des morts supplémentaires. Or, au lieu d’affronter un virus somme toute assez bénin en prenant des mesures volontaristes de renforcement du système immunitaire des Français, le gouvernement a choisi une stratégie d’évitement du virus, en attendant le développement d’un vaccin. On voit poindre certains intérêts commerciaux lucratifs. Quand on additionne les conflits d’intérêts, les mensonges et les initiatives délibérées de sabotage, on en vient à se demander si la santé des Français n’est pas entre les mains de mafieux et de criminels. L’hôpital public – comme tous les services publics – est savamment déconstruit depuis des années et, depuis janvier, tout ce qui marche pour contenir une épidémie et sauver des vies est négligé, rejeté, rendu inaccessible ou difficile d’accès à la population par le gouvernement : refus de fermer les frontières, pénurie de masques, de tests de dépistage, de respirateurs artificiels, de gel hydro-alcoolique, stocks de médicaments disparus, l’hydroxychloroquine classée « substance vénéneuse » le 13 janvier puis retirée de la vente libre, etc. Et à la place, de la psychose, des menaces, des contraventions, souvent abusives, et la banalisation par décret le 28 mars du Rivotril, sédatif pouvant entraîner la mort, pour les patients « atteints ou susceptibles d’être atteints par le virus SARS-CoV-2 ». Tout est fait systématiquement et méthodiquement, point par point, pour doper le taux de mortalité de ce virus bénin. Cette persistance dans l’erreur est le signe soit d’une incompétence totale, soit d’une volonté de nuire, et probablement les deux.
En conclusion, soit ce virus est très dangereux et les mesures du gouvernement jusqu’à la mi-mars ont permis de l’installer en France, et de le cultiver depuis ; soit ce virus n’est pas si dangereux, et les mesures prises depuis la mi-mars sont excessives et comportent des risques supérieurs au virus lui-même. Manifestement, si l’on en reste aux chiffres annoncés, ce virus est assez contagieux mais peu mortel, avec de nombreux cas sans symptômes, et le système immunitaire de l’espèce humaine est parfaitement capable de le combattre sans confinement de masse, ni vaccin, mais avec un régime alimentaire prophylactique, un mode de vie sain et actif supposant de ne pas rester confiné et des médicaments peu onéreux en cas de contamination (Plaquénil, Interferon Alfa 2B, etc.). Rappel d’un principe de virologie, lui-même rappelé en septembre 2009 par Martin Winckler, médecin généraliste et écrivain, en pleine crise du H1N1, à savoir qu’un virus est soit très contagieux, soit très létal, mais qu’il ne peut pas être les deux en même temps :
« Un virus a un seul but dans la vie : multiplier son ADN le plus vite possible pour survivre génétiquement, comme le font tous les êtres dotés d’un ADN. Or, un virus, c’est un ADN réduit à sa plus simple expression. Son but, ça n’est pas de rendre malade. Les symptômes de la maladie sont liés aux réactions de l’organisme destinées à éradiquer le virus : la fièvre, c’est le corps qui la produit pour empêcher le virus de se reproduire ; les courbatures, c’est la contraction intense des muscles pour produire de la fièvre ; la toux, c’est la réaction inflammatoire du nez, de la trachée et des bronches à l’entrée du virus dans les tissus respiratoires. Le virus, lui, il a intérêt à ce que le patient reste debout et le transmette dans ses gouttelettes de salive. On comprend donc que pour qu’un virus soit très contagieux (par voie aérienne), il faut AUSSI qu’il soit relativement bénin. S’il est très dangereux, il risque en effet de tuer ses hôtes avant qu’ils ne l’aient transmis. Les virus les plus contagieux de la planète, ceux du rhume de cerveau, ne tuent personne… » (5)
Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique ?
Certains commentateurs estiment que l’exagération de cette crise sanitaire par les médias permettra de camoufler une vraie crise économique, ou de renforcer encore le pouvoir de la banque en poussant l’économie réelle à l’effondrement et à un « reset » général, avec une éventuelle spoliation des épargnants au passage pour financer un « bail-in », ou quelque chose dans ce genre. Pourquoi pas ? L’oligarchie financière est capable de tout pour accroître sa domination. Une chose est certaine : le confinement aura un coût économique et humain supérieur au virus lui-même. Il faut distinguer deux niveaux : la pandémie en elle-même et les choix politiques mis en œuvre pour l’endiguer. En fait, ce n’est pas la pandémie en elle-même qui risque de provoquer un effondrement quelconque, c’est le confinement de la population saine qui peut provoquer cet effondrement économique et systémique, au prétexte de lutter contre le virus. Une pandémie sans confinement de la population saine n’aurait qu’un faible impact sur l’économie puisque la majorité de la population continuerait à travailler et produire. En attendant, les rapports d’experts s’accumulent et se contredisent, certains parlent de confinement de 18 mois ou plus, d’autres de déconfinement progressif et partiel, à partir du 11 mai pour la France, etc. Un confinement jusqu’en 2022, y compris un confinement intermittent, un mois sur deux ou sur trois, aurait le même impact qu’une guerre sur les pays qui l’auraient appliqué. Autrement dit, le remède serait pire que le mal. La pandémie toute seule ne mettra pas des pays entiers à genoux, mais le confinement prolongé de la population bien-portante, oui, avec certitude. Dans l’hypothèse d’un confinement court, de nombreux secteurs de l’économie réelle vont de toute façon être ravagés, de nombreux commerçants seront ruinés, sans même parler de la remise en cause d’acquis sociaux décidée par un vote du Sénat le 19 mars, censée relancer la machine et n’être que provisoire, mais peut-être pas. En revanche, un certain nombre de valeurs boursières sont en hausse et profitent de la crise, toutes celles liées à l’informatique et à l’industrie des vaccins, deux secteurs d’activité qui fusionnent dans la personne de Bill Gates :
« Le coronavirus ne fait pas que des malheureux en Bourse. Certaines valeurs ont bondi à Wall Street ces derniers jours, portées par le sentiment des investisseurs qu’elles profiteront de la situation actuelle. C’est le cas notamment de Novavax. Ce petit laboratoire situé dans le Maryland s’est spécialisé dans les vaccins et a annoncé cette semaine qu’il tentait de développer un vaccin contre le Covid-19. En l’espace de deux jours, sa capitalisation boursière a quasiment doublé pour frôler les 600 millions de dollars. Une aubaine pour cette société qui ne compte que quelques centaines de salariés et qui a reçu le soutien de la fondation Bill et Melinda Gates. » (6)
Récemment, Bill Gates a annoncé s’impliquer encore davantage dans cette voie en sponsorisant la recherche sur sept vaccins. Le grand capitalisme industriel et financier parvient toujours à tirer bénéfice des crises, et même souvent il les provoque, selon le principe de la « stratégie du choc » exposé par Naomi Klein dans son livre de 2007. L’économie a ses parasites et ses charognards. À l’opposé, pour de nombreuses petites et moyennes entreprises, le confinement va provoquer au minimum une récession. Il va y avoir une pandémie de faillites de sociétés, avec leur lot de dépressions, crises de nerfs, suicides, règlements de comptes violents, divorces et violences conjugales, tout cela provoqué non par le virus mais par le confinement de la population saine, qui fait courir à toute la population d’énormes risques psychosociaux, pour reprendre une terminologie que nos experts devraient connaître. Le manque d’activité va aussi augmenter sensiblement les problèmes de santé, troubles cardio-vasculaires, troubles musculo-squelettiques, troubles du sommeil. Au total, le confinement va tuer plus que le coronavirus lui-même, directement ou indirectement.
Strategika – Plus de 3 milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ?
Cette quarantaine à l’échelle mondiale est sans précédent, mais elle connaît des exceptions et des modulations dans son application. En France, des consignes émanant du ministère de l’Intérieur ont été données ponctuellement et localement pour alléger les mesures de confinement en faveur des demandeurs d’asile, des juifs en période de shabbat et des banlieues à forte population immigrée. Avant cette crise sanitaire, l’humanité s’était déjà coordonnée face à un ennemi commun plus ou moins construit par les médias à la suite des attentats du 11 septembre 2001. Ces considérations me font penser au rapport d’Iron Mountain, paru en 1967 avec une préface de l’économiste John Kenneth Galbraith. L’auteur principal du texte, qui reste anonyme, rapporte les réflexions d’un think-tank du complexe militaro-industriel américain sur l’utilité de la guerre pour créer de l’ordre social, au sens d’un conformisme et d’une discipline de masse, ou comment faire émerger un ordre conformiste à partir du chaos, et en réaction au chaos, par peur du chaos. En cas de paix trop prolongée, le texte mentionne que, pour garder la population sous contrôle, il faut chercher des ennemis de remplacement et des substituts à la guerre, comme les crises écologiques ou sanitaires, qui deviennent de grandes causes internationales plus ou moins fictives mais dont le but est de créer de la croyance commune, et ce faisant, d’uniformiser les représentations et les comportements. Le système mondialiste passe son temps à mettre au point des capteurs d’attention à l’échelle mondiale pour synchroniser tous les cerveaux de la planète. Les grandes compétitions sportives comme les Jeux olympiques ou la coupe du monde de football sont aussi des exemples de synchronisation globaliste du temps de cerveau disponible. La question qui intéresse les mondialistes est, par-delà toutes les particularités, ethniques, culturelles, d’âge, de genre, etc., qu’est-ce qui intéresse tout le monde ? L’homogénéisation des comportements, c’est-à-dire la militarisation des comportements, la capacité à faire agir une foule comme un seul homme, est le sommet de l’art politique, envisagé sous l’angle des méthodes de conditionnement comportemental, voire de dressage comportemental, du type « chien de Pavlov ».
Bill Gates est l’un des principaux leaders d’opinion à diffuser la narration visant à récupérer la crise pour renforcer cette synchronisation mondialiste. Le 19 mars, le fondateur de Microsoft publiait sur son blog un entretien auquel il venait de répondre à propos de la crise sanitaire en cours. Quatre thématiques se distinguent dans ses propos : 1) la solution au virus passe nécessairement par un vaccin, 2) ce vaccin sera couplé à un certificat numérique indiquant qui est vacciné ou pas, 3) en attendant, il faut rester chez soi et maintenir la distanciation sociale entre les personnes, 4) mais faire le contraire entre les pays, car les virus ne connaissent pas les frontières nationales. Bien évidemment, si le virus transgresse les frontières nationales, c’est justement parce qu’elles ne sont pas assez marquées et hermétiques, et qu’il faut donc plus de « distanciation sociale » entre les pays. Mais pour récupérer cette crise à leur profit, Bill Gates et les mondialistes ont besoin de commettre intentionnellement une erreur logique de raisonnement qui permet d’implanter dans les esprits que cette pandémie serait au contraire la conséquence d’un manque d’unité globale et d’un déficit de mondialisation :
« Question : Quels changements devrons-nous apporter au mode de fonctionnement des entreprises pour maintenir notre économie tout en assurant la distanciation sociale ? Bill Gates : La question de savoir quelles entreprises doivent continuer à fonctionner est délicate. Il s’agit certainement de l’approvisionnement alimentaire et du système de santé. Nous avons encore besoin d’eau, d’électricité et d’internet. Les chaînes d’approvisionnement pour les choses essentielles doivent être maintenues. Les pays sont encore en train de déterminer ce qu’il faut continuer à faire fonctionner. À terme, nous disposerons de certificats numériques indiquant qui s’est rétabli, ou a été testé récemment, ou, quand nous aurons un vaccin, qui l’a reçu. (…) Question : Selon vous, quelle est la stratégie à long terme pour lutter contre cette pandémie et pensez-vous qu’elle nous préparera adéquatement à la prochaine ? Bill Gates : Je pense qu’une fois que la situation sera maîtrisée, les gouvernements et les autres intervenants investiront massivement pour être prêts pour la prochaine. Il faudra pour cela une coopération mondiale, en particulier pour aider les pays en développement qui seront les plus touchés. Un bon exemple est la nécessité de tester des thérapies partout où la maladie est présente pour aider le monde entier. Le virus ne respecte pas les frontières nationales. » (7)
De manière assez étrange, Bill Gates, censé être un grand capitaine d’industrie, ne se pose plus la question de la prospérité économique ou de la productivité des entreprises. Son approche est assez minimaliste, voire décroissante, ou carrément « survivaliste », pour la simple raison que dans son paradigme, ce sont les robots et l’intelligence artificielle qui font tourner le système. Les travailleurs humains et la société de consommation appuyée sur une économie réelle qui leur est destinée n’ont plus de sens. Ils peuvent, ils doivent être détruits, de même que les frontières nationales, dont les peuples ont besoin, mais pas les machines. Un pas plus loin, et ce sont les frontières nationales qui sont accusées de propager la pandémie. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen va dans ce sens et déclarait début avril :
« “Le retour des contrôles aux frontières dans les États membres constitue une menace pour la vie et la santé des citoyens de l’Union, car la chaîne d’approvisionnement est ainsi perturbée. Le marché doit rester fluide”, a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. » (8)
Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ?
Ces préconisations essayent d’articuler crise sanitaire et programme géopolitique. On sait que Jacques Attali est versé dans l’ésotérisme cabalistique, qui est en fait un programme politique et géopolitique. (9) De ce point de vue, le peuple d’Israël est élu par Dieu pour diriger le monde, la capitale de ce gouvernement mondial doit être Jérusalem, et la méthode pour y arriver est le Tikkoun Olam, terme hébraïque signifiant la « réparation du monde ». Réparer un monde qui n’en a pas besoin signifie en fait le détruire. Évidemment, détruire le monde aboutira à détruire aussi les juifs, mais il ne faut pas demander trop de cohérence à ces grandes théories mystiques. De ce point de vue eschatologique, les crises, les catastrophes, la peur sont des phénomènes positifs. Cette croyance en un nouvel ordre mondial émergeant du chaos est largement partagée dans de nombreux cercles de réflexion, de la franc-maçonnerie au groupe de Bilderberg, dont deux membres, Gordon Brown et Henry Kissinger, sont venus prêter main-forte à Jacques Attali avec des appels à créer un gouvernement mondial pour lutter contre le coronavirus. L’environnement d’Agnès Buzyn présente aussi ce double arrière-fond occulte, pétri de conflits d’intérêts, et occultiste, entre le B’naï B’rith, la fameuse loge maçonnique interdite aux non-juifs, et le Grand Orient, ainsi que le résume Politique Magazine :
« Du réseau, Agnès Buzyn n’en manque pas. Celle qui avait épousé dans les années 80 le fils cadet de Simone Veil, et qui est aujourd’hui mariée à l’ex directeur de l’Inserm [Yves Lévy] (signataire notamment d’un appel des directeurs de recherche à voter contre Marine Le Pen en avril 2017), a également su faire son chemin au sein des plus gros conglomérats financiers du monde pharmaceutique. Entre la fin des années 90 et le début de la décennie 2010, Agnès Buzyn a ainsi été rémunérée par les géants pharmaceutiques Genzyme, Novartis et Bristol-Myers Squibb pour intervenir en congrès ou siéger au comité consultatif de certains de leurs produits oncologiques phares. À l’instar de son père, longtemps membre actif du B’naï B’rith, elle n’hésite pas à plancher dans les loges maçonniques, comme le 15 octobre 2015 au Grand Orient de France sur le thème de “La fin de vie des enfants”. Deux ans plus tard, cette inconnue du grand public sera nommée ministre de la Santé. L’une de ses premières mesures sera d’étendre la vaccination obligatoire des bébés à 11 maladies, avec une entrée effective dès le 1er janvier 2018. En parallèle, le ministère de la Santé doublera le prix du vaccin contre la grippe suite à l’introduction de nouvelles souches par les laboratoires. Dans le milieu médical, de nombreuses voix se sont élevées contre ces mesures aux relents de conflit d’intérêts. » (10)
Strategika – En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que « l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur ». Que vous inspire cette idée ?
Pour les mondialistes comme Jacques Attali, si la mondialisation ne marche pas, c’est donc qu’il faut plus de mondialisation. Pour imposer ce raisonnement illogique dans les esprits, de gros moyens sont mis en œuvre consistant à affoler les masses pour qu’elles perdent leur capacité de raisonnement lucide et leur faire accepter plus facilement des solutions aberrantes et contre leur intérêt. Pour ce faire, il faut diminuer dans la population l’activité cérébrale liée au néocortex, c’est-à-dire les fonctions réflexives et d’analyse du long terme, et augmenter l’activité du cerveau reptilien, qui gère l’instinct de conservation mais à court terme, et qui manque de discernement réflexif. La peur est mauvaise conseillère, le pouvoir cherche donc à l’amplifier dans la population, qui se retrouve alors comme une souris dans un labyrinthe, à avancer effrayée au gré des portes qui s’ouvrent ou se ferment devant elle. En France, depuis janvier, toutes les solutions rationnelles à la crise ont été ignorées ou sabordées méthodiquement par le gouvernement pour nous guider vers un seul et unique débouché : la vaccination de masse et la surveillance électronique. Certes, depuis la mi-avril, une inflexion commence à se faire sentir en faveur de plusieurs traitements peu onéreux, notamment ceux tournant autour de la chloroquine, mais ce fut un combat pour l’imposer et rien n’est encore gagné, le lobby des vaccins et de la surveillance électronique a encore de nombreuses cartes à jouer. Pour fabriquer le consentement à ces solutions irrationnelles, la peur et le stress sont des leviers très efficaces (triggers). La situation depuis janvier ressemble étrangement à une stratégie de conduite du changement et d’ingénierie sociale connue sous l’expression de « pompier pyromane », ou encore problème-réaction-solution : le gestionnaire du système créé un problème dans le système, ou le laisse arriver, pour susciter une réaction de stress et une demande de solution, laquelle sera apportée par le gestionnaire lui-même. Dans l’univers du développement informatique, c’est un secret de Polichinelle que les virus et leurs antivirus sont conçus par les mêmes unités de recherche. La « menace pandémique » est un dispositif de contrôle social qui ressemble aussi beaucoup à la « menace terroriste », menace semi-virtuelle amplifiée par l’hystérie médiatique, avec un ennemi invisible qui peut frapper n’importe où et n’importe quand. À la suite d’attentats terroristes, le plan Vigipirate a été déclaré mais ne sera jamais levé, alors même que des djihadistes sont remis en liberté par le ministère de la Justice. De la même façon, le pouvoir va tenter de pérenniser le confinement d’une manière ou d’une autre, ou du moins de pérenniser la philosophie paranoïaque et l’état d’esprit apeuré issu de la crise, alors même qu’il contrôle les paramètres de la crise.
Le 7 mars, Emmanuel et Brigitte Macron se rendaient au théâtre pour montrer que tout va bien et que l’on peut sortir de chez soi. Le 16 mars, Emmanuel Macron nous donne l’ordre de rester chez nous et déclare sur un ton martial que « Nous sommes en guerre ! », ce qui contraste assez fortement avec son propre comportement mais aussi avec les « gestes barrières » édictés pour nous protéger. Une guerre que je peux mener en me lavant les mains et en toussant dans mon coude me donne presque envie de dire que « Je m’en lave les mains » justement. Dans le cas présent, on assiste à une véritable mise en scène de la peur soutenue par une véritable propagande 24 heures sur 24. Nul besoin que le danger soit réel, la représentation du danger est suffisante. Nous abordons le thème de la guerre psychologique, qui est un volet de cette guerre hybride totale menée contre les peuples et qui s’appuie autant sur le réel que sur l’irréel. Cette campagne de panique organisée et orchestrée est en fait une vaste opération psychologique (psyop). Les services secrets britanniques et américains, et leurs laboratoires de recherche associés comme l’Institut Tavistock ont beaucoup réfléchi sur le rôle des traumatismes dans le changement psychologique et social. William Sargant, psychiatre militaire ayant travaillé sur le projet MK-Ultra de la CIA publiait en 1957 un ouvrage intitulé « La bataille pour l’esprit » (Battle for the Mind), dans lequel il étudie le rôle des perturbations mentales dans le façonnage des croyances et des convictions. Le chapitre VII porte comme titre « Le lavage de cerveau dans la religion et la politique » et commence ainsi :
« Les preuves rassemblées dans les chapitres V et VI montrent comment différents types de croyances peuvent être implantées chez de nombreuses personnes, après que les fonctions cérébrales aient été suffisamment perturbées par des peurs, des colères ou des excitations arrivant accidentellement ou provoquées délibérément. Parmi les résultats de telles perturbations, les plus courants sont une altération temporaire du jugement et une suggestibilité accrue. Ses diverses manifestations collectives sont parfois classées sous la rubrique “instinct de troupeau” et apparaissent de façon plus spectaculaire en temps de guerre, lors de graves épidémies et dans toutes les périodes similaires de danger commun, ce qui augmente l’anxiété et donc la suggestibilité individuelle et collective. » (11)
Strategika – Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ?
Si ce virus est un virus normal, c’est-à-dire apparu naturellement, par sélection naturelle, il devrait s’affaiblir, voire disparaître, avec l’été et l’immunité de groupe, qui va augmenter tendanciellement malgré le confinement. Le principal obstacle à cette résolution naturelle de la crise vient de ce qu’elle est manifestement instrumentalisée politiquement pour faire avancer le projet de gouvernement mondial sous surveillance électronique, et que pour cette raison, la crise risque d’être prolongée artificiellement. On va nous annoncer que le virus a muté ou qu’il y a un nouveau virus, etc. Plusieurs scientifiques, dont un prix Nobel de médecine, Luc Montagnier, ont fait remarquer que ce virus comportait des séquences de VIH et qu’il s’agissait forcément d’une création humaine, probablement échappée par accident du laboratoire P4 de Wuhan en Chine. De nombreux pays travaillent sur des armes biologiques, éventuellement couplées avec des vaccins, et employées pour tuer ou stériliser. L’histoire retiendra le nom de Wouter Basson, médecin sud-africain en charge du programme militaire de guerre bactériologique du régime d’apartheid (Project Coast), et le South African Institute for Maritime Research (SAIMR) évoqué dans le documentaire Cold Case Hammarskjöld, qui travaillèrent sur des vaccins visant à stériliser ou inoculer une maladie à certaines catégories de la population. (12) L’Afrique du Sud ne fut évidemment pas le seul pays à s’intéresser à ces recherches et les populations ciblées peuvent varier. Wouter Basson voyageait beaucoup pour partager son expérience en bioterrorisme d’État :
« L’”espion globe-trotter” se targuait d’avoir coopéré avec Saddam Hussein. Il affirmait avoir eu des crédits illimités pour acquérir du matériel “auprès de la mafia de l’armement chimique” en Libye ou en Europe de l’Est. Des documents font aussi état de nombreux échanges avec Israël ou l’Allemagne de l’Ouest. Basson lui-même a admis “avoir négocié un certain nombre de choses avec l’armée belge”. Les services secrets suisses le recevaient à bras ouverts. » (13)
En outre, il est plus que probable que les mesures de contrôle social et de surveillance ne cesseront pas après la crise et deviendront pérennes, comme le redoute Edward Snowden, ce qui signifie que nous serons en liberté surveillée permanente. Il faut parler de biopouvoir, notion travaillée par Michel Foucault et Giorgio Agamben. Jadis, le pouvoir politique et les sciences de la vie étaient deux domaines distincts et compartimentés, aujourd’hui ils fusionnent dans le biopouvoir, avec le transhumanisme en horizon. Le biopouvoir étudie certaines disciplines comme la sociobiologie et l’éthologie pour prendre le contrôle total de notre corps dans ses deux dimensions, intérieure et métabolique mais aussi extérieure, c’est-à-dire notre façon d’occuper l’espace, nos déplacements, nos allées et venues, nos faits et gestes. Grâce à cette crise sanitaire, le biopouvoir est en mesure de nous imposer de nouvelles règles de proxémique, c’est-à-dire qu’il peut déterminer la distance qu’il y aura entre moi et autrui, et entre moi et le monde. Le biopouvoir veut le confinement définitif, le Grand Confinement. Au moyen de cette pseudo-crise sanitaire, il est en train de nous faire entrer dans une vaste prison à ciel ouvert, physique et numérique. Le système panoptique carcéral étudié par Michel Foucault dans Surveiller et punir est le modèle appliqué en ce moment : des individus isolés physiquement du monde – principe du confinement – et isolés les uns des autres – principe de la distanciation sociale – mais chacun sous l’œil du pouvoir et de sa technologie de surveillance. Le confinement et la distanciation sociale sont les deux concepts clés d’une restructuration complète du lien social sur une base complètement paranoïaque, fondée sur la peur et la méfiance vis-à-vis des autres, puisqu’on m’inculque que je peux mourir d’avoir croisé quelqu’un dans la rue, et vis-à-vis de moi-même, car je suis potentiellement coupable de transmettre le virus. On s’achemine tranquillement vers une interdiction de se serrer la main, ce geste pourtant universel et immémorial signifiant la confiance.
Il faut donc se méfier de chaque personne dans la rue, ainsi que de soi-même, mais en revanche il est interdit de se méfier du pouvoir, il est même obligatoire de lui faire confiance, ainsi qu’à sa parole, même quand elle accumule les contradictions et les mensonges flagrants. Tout scepticisme conduit à être accusé de « conspirationnisme » ou de « théorie du complot », ce qui sera bientôt criminalisé. Nous sommes au cœur de l’ingénierie sociale, la réécriture furtive des relations de confiance/méfiance/indifférence pour réécrire la perception d’autrui et la structure du lien social. Le biopouvoir veut une méfiance générale dans les structures horizontales de la société mais une confiance aveugle envers lui, donc sur le plan vertical. Nous devons aimer Big Brother. La nature humaine est en cours de modification au prétexte d’une crise largement gonflée par la bulle médiatique virtuelle, c’est-à-dire une vaste dramaturgie à laquelle nous sommes sommés d’adhérer aveuglement en dépit de ses incohérences évidentes, principe de la « double pensée » orwellienne dans 1984. Ces nouvelles normes mentales et comportementales à intérioriser définitivement – puisqu’on nous martèle que plus rien ne sera comme avant ! – sont le produit d’une expérimentation « in vivo » sur cobayes humains visant à une nouvelle rationalisation scientifique du lien social. Nous assistons à une déstabilisation des rythmes biologiques et des constantes anthropologiques élémentaires, ainsi que de l’intelligence collective organique, intuitive et spontanée de l’espèce pour les réécrire selon d’autres règles, celles du nouvel ordre mondial de Bill Gates et Attali, ce New World Order annoncé par George H.W. Bush le 11 septembre 1990 pour célébrer la fin du communisme.
Le biopouvoir joue avec nos nerfs et notre santé. Le tonus physique et émotionnel est fortement éprouvé par cette crise à moitié imaginaire dont découlent des mesures de confinement, c’est-à-dire d’emprisonnement de masse, qui, elles, sont bien réelles. Les analystes des services de renseignement qui étudient les réactions de la population peuvent tester en direct leurs modèles issus de la criminologie et de la justice prédictive, reposant sur l’établissement d’un continuum prison-liberté pour qu’il n’y ait plus de différence entre les deux. La psychose, c’est l’indistinction générale, la fusion de tout, l’incapacité à distinguer intérieur et extérieur. Le confinement pour tous est psychotique en abolissant la distinction intérieur/extérieur à deux niveaux : il abolit la distinction entre maladie et santé dans un état maladif global ; il abolit la distinction entre intérieur et extérieur de la prison dans un régime carcéral commun et un statut général d’assigné à résidence. Les murs de notre appartement sont devenus les murs de notre maison d’arrêt. L’univers pénitentiaire, voire concentrationnaire, sort de son statut de relégation et s’étend à toute la société, et ce n’est même plus une métaphore. En effet, d’une part les citoyens normaux sont emprisonnés chez eux et risquent des représailles judiciaires s’ils sortent trop loin ou dépassent l’heure légale de la promenade, comme s’ils étaient en train de s’évader ; d’autre part, au prétexte d’éviter l’épidémie en prison, des milliers de prisonniers sont extraits de leurs cellules et renvoyés chez eux, dans des conditions de semi-liberté qui se distinguent à peine de celles des voisins, théoriquement en liberté, mais de fait contraints et surveillés dans les mêmes proportions. (14) À ce stade, il devient difficile de distinguer les deux états « prison » et « liberté » car ils ont fusionné. Pas besoin de bracelet électronique, nous portons tous une laisse mentale. Nous avons le droit de sortir, mais avec un papier à faire remplir par soi-même et de manière « dérogatoire » par rapport à ce qui est considéré comme normal : être enfermé.
Strategika – Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?
La seule issue politique réside dans le retour des égoïsmes nationaux. Fort heureusement, l’humanité est encore incapable de s’unir. Tous les pays ne réagissent pas de la même façon, il y a encore de la diversité et de l’hétérogène, et les leçons à tirer de cette crise varient aussi d’un pays à l’autre. Il faut espérer un impact sur l’opinion publique qui ferait réfléchir un maximum de monde sur le caractère nuisible de ces idées tournant autour d’un gouvernement mondial, ce qui permettrait d’amorcer un mouvement de démondialisation et de relocalisation. Avec cette crise mondiale, nous avons la preuve définitive du danger d’un système mondial unifié et ouvert, où la contagion des problèmes ne rencontre aucune limite, aucun obstacle, aucune frontière nationale, et peut se diffuser à grande vitesse sans résistance. Quand il n’y a pas de murs dans une maison, le feu se propage plus rapidement. Il faut donc en finir avec la connotation toujours positive associée à la notion d’ouverture, et passer d’une apologie systématique de la société ouverte à un « éloge des frontières », comme écrivait Régis Debray. Bref, le mot d’ordre gouvernemental « Restez chez vous ! » doit être récupéré et retourné en slogan localiste et antimondialiste pour lutter avec humour contre les deux piliers de l’hybris libérale que sont le marché global et l’immigration sans limites. J’espère aussi que la démonstration actuelle de la toute-puissance coercitive de l’État, capable de séquestrer chez eux des millions de gens au prétexte d’une menace tout à fait discutable, servira de pédagogie à tous ceux qui s’imaginaient pouvoir échapper à Big Brother et qui se retrouvent confinés comme tout le monde. Le pouvoir de l’État, on le subit, ou on le contrôle, mais on n’y échappe jamais. Il faut donc le contrôler pour ne pas le subir. Le pouvoir, c’est la capacité à se faire obéir par les forces de l’ordre. On sait que l’on est au pouvoir quand les forces de l’ordre nous obéissent. Quand on n’a pas les moyens de la révolution ou du coup d’État, pour parvenir à ce résultat – diriger les forces de l’ordre – il faut donc en passer par des organisations politiques de masse, capables de reprendre le contrôle de l’État, c’est-à-dire qui jouent le jeu des institutions et des médias. La métapolitique militante et dissidente n’est évidemment pas inutile, elle est un contre-pouvoir qui permet de préparer les esprits et de travailler l’opinion publique, mais elle est simplement impuissante par elle-même, on le voit avec évidence en ce moment, ce n’est pas elle qui passe ses ordres aux forces de l’ordre.
Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ?
En 2010, je décrivais dans Gouverner par le chaos la situation actuelle dans ses grandes lignes, à savoir comment certaines forces tentaient d’implémenter un totalitarisme numérique à l’échelle mondiale au moyen d’une stratégie du choc qui pouvait être une épidémie. Je ne parle que de ça, directement ou indirectement, depuis dix ans. La crise du coronavirus présente un cas pratique d’ingénierie sociale et de constructivisme des perceptions, ce que j’ai appelé « reality-building ». Je propose les définitions suivantes : « L’ingénierie sociale est la transformation furtive d’un sujet social, individu ou groupe. » Selon cette définition, l’IS est plus que de la manipulation ou de la propagande, qui restent réversibles. L’IS cherche à transformer votre nature de manière irréversible mais aussi furtive et subliminale. Il s’agit de pirater votre esprit pour vous faire adopter sans même que vous ne vous en rendiez compte un changement définitif. Maintenant, définition du reality-building : « Construction de la réalité par la parole, reposant sur le principe de l’hypnose, c’est-à-dire que la parole de l’hypnotiseur devient la réalité de l’hypnotisé. » Comment la parole de quelqu’un peut-elle devenir la réalité de quelqu’un d’autre ? Une parole, c’est-à-dire un récit composé de simples mots, peut devenir votre réalité dès lors que vous y croyez, c’est-à-dire que vous accordez votre confiance à ces mots, peu importe qu’ils correspondent à une réalité matérielle objective ou pas.
Pour bien comprendre ce que nous vivons, il faut faire des allers et retours permanents entre la réalité et la fiction, l’actuel et le potentiel, les deux domaines étant en interaction permanente dans le cerveau humain. Nous retrouvons la même structure qu’avec la « menace terroriste » : un mélange de réel et de fiction, combiné à deux stratagèmes bien connus qui sont le pompier pyromane et le triangle de Karpman. Sur le mélange réel/fiction, souligné dans son dernier livre par le professeur Didier Raoult – qui se fait le disciple occasionnel de Jean Baudrillard : les partisans du « tout réel » ont tort, les partisans du « tout fiction » ont tort. Exemple : ce n’est pas parce que la « version officielle » de la crise du coronavirus est fausse qu’il n’y a pas de maladie ; de même, ce n’est pas parce que la « version officielle » des attentats terroristes est fausse que les attentats n’ont pas lieu. Des événements ont lieu, et c’est la narration explicative qui est fausse, pas les événements en eux-mêmes. Il peut arriver également que les faits soient entièrement faux et non seulement la narration du pouvoir, son storytelling. La réalité est alors entièrement résorbée dans une représentation, ce que certains appellent l’ère post-vérité et post-factuelle. Mais le plus souvent, il y a tout de même des morceaux de réalité dans la fiction, ne serait-ce que pour rendre la fiction d’ensemble plus crédible. C’est le principe de la propagande grise, qui mélange des éléments vrais et faux, pour mieux faire passer les faux. Les lecteurs de Philip K. Dick sont également familiers de cette dialectique du réel et du virtuel tournant autour du fameux thème de science-fiction du « cerveau dans la cuve » et posant la question solipsiste « Le monde existe-t-il en dehors de la représentation présente dans mon cerveau ? » Mon mémoire de maîtrise de philosophie en 1995 portait sur les relations entre le réel et l’imaginaire, et le passage graduel et insensible de l’un à l’autre, avec toutes les dérives pathologiques possibles qui constituent le cœur de la condition humaine, par opposition aux autres espèces vivantes, qui sont bien plus dans le « réel » pur. En effet, le cerveau humain ne distingue pas spontanément le réel du virtuel, ce qui explique que nous puissions éprouver des émotions réelles et nous mettre à pleurer ou à rire en regardant un film de fiction. Un autre phénomène intéressant que tous les joueurs de tennis ont expérimenté : on peut améliorer sa technique de jeu en regardant des matchs à la télé. Tous ces mécanismes neuro-moteurs sont fondés sur la fonction mimétique de l’esprit humain et les neurones miroirs qui nous dotent d’une grande capacité d’apprentissage épigénétique, c’est-à-dire post-natal et par imitation des autres membres de la société. Ceci explique aussi que le coronavirus n’a pas besoin d’exister réellement pour exister mentalement et produire des effets dans la réalité parce que l’on croit qu’il existe réellement. C’est aussi le mécanisme de l’effet placebo et du rôle de la pensée dans les phénomènes psychosomatiques, bien connus de la recherche clinique et de ses études en double aveugle, quand ni le médecin, ni le patient ne savent si le médicament prescrit contient le principe actif ou non. Cette boucle de rétroaction entre le réel et sa représentation est fascinante.
L’analyse de la crise actuelle révèle aussi l’application combinée de deux techniques d’ingénierie sociale : 1) le pompier pyromane, qui repose sur la trilogie déjà mentionnée problème-réaction-solution ; 2) le triangle de Karpman, c’est-à-dire le jeu de rôles bourreau/victime/sauveur, qui permet de jouer à volonté sur les relations de confiance, de méfiance et d’indifférence et de les modifier dans l’opinion publique, afin de structurer et façonner cette opinion publique. En IS, la phase d’hameçonnage (phishing) repose sur l’usurpation d’identité et l’abus de confiance. Il s’agit d’hameçonner, ou attraper, la confiance d’autrui, en usurpant une identité inoffensive, c’est-à-dire en se faisant passer pour une victime ou un sauveur. Exemple : le pouvoir provoque la crise, ou laisse la crise s’installer. Dans le réel, le pouvoir occupe donc la place du pyromane, donc du bourreau. Puis, une fois que la crise est installée et en cours, le pouvoir se présente comme le sauveur, qui va donc nous sauver de la crise qu’il a lui-même installée furtivement, tel un pompier qui éteindrait l’incendie après l’avoir lui-même allumé discrètement.
Le pompier pyromane créé donc un problème – ou le laisse arriver, ou favorise son avènement – puis il attend la réaction de panique dans la population, puis il apporte sa solution pleine de compassion pour les victimes. Cette solution n’est pas forcément la meilleure sur le long terme mais elle l’intéresse lui d’abord à court terme. Par exemple, Bill Gates et ses amis mondialistes ne vont pas nous parler de tous les traitements alternatifs aux vaccins, ils ne parleront pas non plus de respecter la bonne distance entre les nations pour éviter la contagion internationale du virus. Non, surtout pas, car ce sont les bonnes solutions à long terme. Au prétexte de cette crise, les mondialistes cherchent à imposer la vaccination obligatoire de masse et une surveillance électronique toujours plus intime, avec la suppression de l’argent physique, accusé de transmettre le virus, remplacé par le paiement sans contact, et in fine, l’introduction de composants électroniques dans le corps portant les informations qui permettront la traçabilité et l’identification numérique des individus, comme cela se pratique déjà avec le bétail et les animaux domestiques. Ce ne sera sans doute pas au moyen de la puce RFID classique de la taille d’un grain de riz, qui est déjà dépassée technologiquement, mais sous forme d’objets encore plus petits et de tatouages à points quantiques. Cette approche authentiquement cybernétique, c’est-à-dire qui ne distingue pas entre les êtres vivants et les objets inanimés, tous décrits comme des « systèmes », transformera les êtres humains en objets connectés. Au niveau international, ce programme d’identification numérique de chaque individu est soutenu par Bill Gates et porte un nom : ID2020. En France, le développement de l’identité numérique est soutenu depuis 2004 au moyen de divers stratagèmes avoués dans le Livre Bleu du GIXEL – Groupement professionnel des industries de composants systèmes électroniques (devenu ACSIEL en 2013). (15)
Il ne faut pas oublier non plus que cette crise se trame sur fond d’un bras de fer opposant la Chine aux USA pour la suprématie informatique mondiale. Le gouvernement chinois veut en effet équiper l’entièreté du parc informatique de la Chine avec un système d’exploitation fabriqué en Chine, et abandonner Windows, développé par Microsoft de Bill Gates. Le rapport de forces est radical : si la Chine parvient à se débarrasser de Microsoft, vu la capacité d’entraînement de la Chine au niveau mondial, Microsoft est mort. Donc aussi la NSA et son système Echelon, c’est-à-dire l’État profond et le complexe militaro-industriel anglophones, dont l’unité est formalisée par l’Accord UKUSA, mieux connu sous le nom des Five Eyes, désignant l’alliance des services de renseignement du Royaume-Uni, des USA, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, et qui ne pourront plus espionner tranquillement la Terre entière avec les backdoors de Windows. Cette guerre à mort pour la suprématie informatique mondiale entre la Chine et le monde anglophone couvait depuis au moins 2014 mais elle a explosé en 2019. Ceci étant dit, la Chine ne nous sauvera pas du cauchemar cybernétique. Les multiples tentatives de déstabilisation de ce pays par des puissances étrangères depuis les événements de la place Tian’anmen, en passant par le Tibet, les Ouïgours et Hong-Kong ont poussé le gouvernement chinois à développer une surveillance électronique de masse, notamment avec son système de crédit social à reconnaissance faciale, qui n’a rien à envier aux projets occidentaux en la matière et qui est même en avance sur eux.
Le confinement et la distanciation sociale sont les concepts clés du nouveau paradigme international qui essaye de se mettre en place : des individus isolés physiquement et qui ne pourraient communiquer que par écrans interposés, donc sous l’œil de Big Brother. L’informatique doit encadrer totalement nos vies, devenir enveloppante et omniprésente, un passage obligé, une médiation nécessaire dans notre rapport au monde, à autrui et à nous-mêmes. Il y a inversion du contenant et du contenu : normalement, la réalité réelle contient la réalité virtuelle, mais nous glissons progressivement dans un monde où c’est la réalité virtuelle qui contiendra le réel. Le but ultime est la destruction de la réalité physique, toujours incontrôlable, remplacée par une réalité numérique parfaitement contrôlée. Le remplacement du monde réel par un monde virtuel n’est possible que par étapes. Pour commencer, la nature doit devenir défectueuse et inquiétante, pleine de virus très méchants, si l’on veut fabriquer le consentement des peuples au Grand Confinement, c’est-à-dire à la psychose hygiéniste et à l’artificialisation numérique totale, qui deviendront alors des refuges et des solutions de sécurité.
Le couple confinement/distanciation sociale nous éloigne du monde et d’autrui, et nous prive d’une relation naturelle et immédiate au monde. Pour le biopouvoir, toute la vie doit devenir sans contact, non seulement les paiements. Les observations de Walter Lippmann sur la construction de l’opinion publique par les médias sont plus que jamais d’actualité : pour que les médias contrôlent parfaitement l’opinion publique et le cerveau collectif, il faut une barrière entre le public et les faits, que le public ne puisse pas constater la matérialité des faits, donc la réalité des faits, et qu’il soit contraint d’accorder sa confiance à la narration médiatique parce qu’il ne peut pas faire autrement. Le biopouvoir cherche à contrôler le robinet des informations, car cela lui donne le contrôle du flux des contenus qui occuperont votre temps de cerveau disponible. Quand il n’y a plus de source d’information directe, que l’information est entièrement indirecte, passée au filtre d’un intermédiaire, d’un média, alors cet intermédiaire médiatique peut construire la réalité, parce que la réalité est entièrement résorbée dans la représentation dont il a le monopole. La parole de l’hypnotiseur devient la réalité de l’hypnotisé. Pour se prémunir contre ce risque, il faut tout d’abord devenir imperméable, ou au moins critique, vis-à-vis de la parole politico-médiatique, cesser de l’intérioriser, d’y croire, de lui faire confiance, du moins de manière inconditionnelle, et surtout il faut pouvoir sortir de chez soi pour aller constater les faits soi-même.
Petit problème d’ingénierie sociale : comment être suffisamment nombreux dans la rue, sur les réseaux sociaux, et partout, à dire « Stop Confinement ! » et « Non aux vaccins ! » pour que le dispositif de répression soit inopérant ? Comment atteindre le seuil de bascule, le seuil critique permettant d’imposer une nouvelle norme dans les esprits, y compris dans la tête de la police ? Ce qui s’est passé à Berlin le 11 avril, quand de simples gens ont organisé une manifestation pour braver le confinement, avait un air de déjà vu le 9 novembre 1989, quand les Berlinois ont attaqué le mur, sans que les forces de l’ordre n’interviennent, car elles avaient été désarmées psychologiquement par l’instauration d’une nouvelle normalité, c’est-à-dire d’une nouvelle légitimité, légalité, majorité, phénomène psychologique qui s’appelle le « retournement » ou « spin » en anglais, proche de la notion de « conversion ». Voir aussi du côté de l’astroturfing, qui consiste à créer un consensus majoritaire sur telle idée ou solution en procédant à un encerclement cognitif de l’ennemi pour marginaliser et mettre en minorité ses solutions, qui sont en l’occurrence le confinement de masse, la vaccination de masse et la surveillance électronique de masse. Il faut toujours viser les grands nombres et la quantité. Le retournement des masses, la conversion des masses, et en particulier des forces de l’ordre, précède et accompagne tous les mécanismes révolutionnaires. Notre travail doit être de convertir un maximum de monde autour de nous, au moyen d’une contamination mémétique massive, car il n’y a que le nombre qui nous protège, illustration du slogan : « Quand on n’a pas les millions, il faut être des millions. » Le problème à surmonter vient de ce que les mesures du gouvernement, qui occupe la place du sauveur, ont encore des connotations positives dans l’opinion publique. Devenons donc des spin-doctors, passons aux travaux pratiques d’ingénierie sociale, retournons l’opinion publique sur ces sujets en accolant une connotation négative, celle du bourreau, à la formule confinement/vaccin/surveillance électronique et à ceux qui la promeuvent. Comment ? Rappeler inlassablement les chiffres très modestes de la mortalité de ce virus. Rappeler que le confinement de masse retarde l’acquisition de l’immunité de masse et va donc provoquer autant de morts sinon plus que le confinement des seuls malades. Communiquer en essaim sur les solutions alternatives à la trilogie confinement/vaccination/surveillance électronique, de sorte que le message contamine tout le corps social et finisse par impacter le sommet du pouvoir. Il y a déjà des résultats positifs puisque les solutions alternatives aux vaccins ont commencé à exister dans l’opinion publique et à se faire une place dans la parole politico-médiatique, mais ce n’est pas suffisant, il ne faut pas relâcher la pression et nous devons continuer à réclamer l’accès à tous les traitements non vaccinaux, et non seulement celui du professeur Raoult.
Pour finir, un conseil de reality-building pour cultiver l’optimisme et ainsi renforcer notre système immunitaire. La « pensée positive », qu’on appelait avant la méthode Coué, l’autosuggestion, a un effet psychosomatique bien réel sur le corps. Face à la maladie, il faut adopter une bonne attitude qui renforce nos défenses immunitaires en développant un sentiment d’invincibilité. Quiconque a peur d’attraper le coronavirus doit considérer qu’il l’a déjà eu, mais de façon asymptomatique, et qu’il en est sorti vainqueur et désormais immunisé. Et ainsi, pour parodier Mao, de victoire en victoire, jusqu’à la victoire finale !
Notes:
(1) Compte-rendu du Conseil des Ministres du 24 janvier 2020, intervention d’Agnès Buzyn sur le coronavirus entre 12.20 et 18.30.
(7) « What changes are we going to have to make to how businesses operate to maintain our economy while providing social distancing? [Bill Gates] The question of which businesses should keep going is tricky. Certainly food supply and the health system. We still need water, electricity and the internet. Supply chains for critical things need to be maintained. Countries are still figuring out what to keep running. Eventually we will have some digital certificates to show who has recovered or been tested recently or when we have a vaccine who has received it. (…) What do you see as the long-term strategy for fighting this pandemic and do you feel like it will adequately prepare us for the next? [Bill Gates] I think that after this is under control that Governments and others will invest heavily in being ready for the next one. This will take global cooperation particularly to help the developing countries who will be hurt the most. A good example is the need to test therapeutics wherever the disease is to help the whole world. The Virus doesn’t respect national boundaries. »
par François-Bernard HuygheEx: http://metapoinfos.hautetfort.com
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de François-Bernard Huyghe, cueilli sur son site Huyghe.fr et consacré à la guerre de l'information autour du coronavirus. Spécialiste de la stratégie et de la guerre de l'information, François-Bernard Huyghe enseigne à la Sorbonne et est l'auteur de nombreux essais sur le sujet, dont, récemment, La désinformation - Les armes du faux (Armand Colin, 2015), Fake news - La grande peur (VA Press, 2018), Dans la tête des Gilets jaunes (VA Press, 2019) avec Xavier Desmaison et Damien Liccia, et dernièrement L'art de la guerre idéologique (Cerf, 2019).
Le virus du faux
Nous vivons dans un monde obsédé par les fausses informations (auxquelles on associe spontanément : complotisme, propagande, désinformation et manipulation en ligne).
Pour au moins deux raisons : a) leur indéniable prolifération sur les réseaux sociaux (symptôme d’une méfiance populaire à l’égard de l’information « mainstream» et d’une certaine réceptivité) et b) la peur éprouvée par les élites après l’élection de Trump, le Brexit, etc. Phénomènes qu’elles tendent à d’attribuer à la désinformation (éventuellement russe et/ou par des communautés en ligne extrémistes) donc à une causalité intentionnelle plutôt qu’à des évolutions profondes des mentalités.
Il est bien connu qu’en cas de guerre, la première victime est la vérité (Kipling). La guerre au virus n’a pas dérogé à la règle. La contamination informationnelle (notamment les fake en ligne) est parallèle à la contamination sanitaire, mais ses formes sont plus variées.
Il y a d’abord le classique mensonge ou silence d’État. La Chine a commencé en tentant de cacher l’épidémie sous le tapis et en faisant taire les lanceurs d’alerte qui en parlaient : si le réel contrevient aux ordres du Parti, le réel a tort. Puis, la chose admise (le réel, c’est ce qui est irrémédiable disait un philosophe), Pékin a opéré un brillant retournement : ses victoires pour confiner puis restreindre l’épidémie sont exploitées pour montrer l’excellence de son modèle confuciano-capitalo-socialo-autoritaire. C’est la Chine qui aide ostensiblement les Occidentaux un peu laxistes et dépassés.
Elle affirme son soft power à mesure de sa prééminence économique et technique et de sa force de résilience. Quand l’épidémie sera finie, sera-t-elle présentée comme la puissance hégémonique qui remplace les USA (et profite de la confusion européenne) ? En tout cas, elle tient à agir sur l’opinion occidentale, ce qui se manifeste notamment par une action croissante de « diplomatie publique » sur les réseaux sociaux (sans oublier ses médias internationaux classiques d’influence).
Voir la virulence avec laquelle la « sinosphère » réagit aux moindres accusations. Le storytelling chinois (une épidémie vite maîtrisée par un peuple discipliné et un système efficace) appelle des messages plus agressifs sur les responsabilités de la pandémie, l’efficacité des réponses occidentales...
Par contraste, les « trolls russes » et médias d’influence idéologique poutiniens semblent dépassés. Dans tous les cas les stratégies d’influence internationales se déploient dans la perspective du chaos - politique, géopolitique, économique, culturel, etc.. - que risque de provoquer la pandémie. Dans les pays autoritaires, il est tentant de doubler le contrôle de l’information disponible pour sa population d’une stratégie d’accusation ou de confusion à destination des publics étrangers.
La position de déni française n’est pas sans conséquences ; l’art de feindre d’organiser les événements qui vous dépassent s’y est déployé : il ne sert à rien de fermer les frontières, de porter des masques si l’on n’est pas malade, de dépister les gens qui ne sont pas gravement atteints, nous dit-on. Mais ces erreurs que l’on appellera par charité de communication ont entretenu une méfiance populaire : on nous cache tout, on ne nous dit rien... D’où la tentation d’adhérer aux explications alternatives, « non officielles ». Ainsi des sondages montrent qu’une proportion remarquable de nos concitoyens est convaincue que le virus aurait pu être fabriqué en laboratoire. D’où il aurait été délibérément répandu ou aurait simplement fuité.
Le coronavirus pose aussi le problème de la vérité idéologique. Son terrible principe de réalité a dissipé quelques illusions : l’Europe qui protège, la mondialisation irrésistible et bonne, l’ouverture et la fin des frontières, la ringardise de l’État-providence, l’inutilité de la Nation qui protège, les flux tendus, la communication de tous avec tous, l’économie avant tout, ... Les dirigeants occidentaux peinent à comprendre qu’un événement (une guerre, une révolte, un virus) soit imprévisible, que le tragique puisse revenir, que les courbes ne se prolongent pas toujours, et que les situations les plus archaïques (grandes épidémies, rupture des flux de circulation) puissent encore se reproduire. Elles tendent à nier ce qui les nie. Mais l’affaire du coronavirus stimule l’opposition idéologique au « système », donc, là aussi, la propension à croire en une réalité différente.
Parallèlement, il est tentant de refuser la vérité du hasard, c’est-à-dire que des événements, parfois d’une importance tragique, adviennent sans cause ou finalité (sauf l’aléa d’une mutation génétique et de quelques voyages de sujets porteurs) : ni puissance obscure, ni dessein caché. Le phénomène n’est pas nouveau : en cas de catastrophe, accident tragique, disette, épidémie, les rumeurs portent vite sur ceux qui en profitent ou ceux qui en sont responsables. Ici, évidemment avec un effet démultiplicateur : la planète est touchée et nous pouvons tous communiquer sur Internet.
Un exemple : en France le risque de mourir du Corona a provoqué des conséquences inimaginables il y a quelques mois (confinement, changement de politique économique et financère) et, paradoxalement, le 1° trimestre 2020 a connu la plus faible mortalité des cinq dernières années.
Du coup, se développent des théories dite complotistes, surtout relatives à l’origine de la pandémie. Ainsi :
- Les Chinois auraient fabriqué le virus dans un laboratoire militaire et l’auraient laissé s’échapper - Le virus aurait été fabriqué par les Américains pour déstabiliser la Chine - Ce sont des militaires américains qui ont contaminé la Chine à l’occasion de jeux - Le virus a été fabriqué par l’institut Pasteur comme le prouverait un brevet (en réalité, ancien, portant sur une autre variété du virus, et destiné à trouver un vaccin, pas un virus tueur). - Vient récemment de s’ajouter la thèse d’une manipulation du virus HIV un laboratoire chinois suivi d’une fuite accidentelle de SARs-CoV-2 (prof. Montagnier)
Des contre-vérités relèvent du mécanisme ancien de la rumeur ou désinformation. Il suffit de consulter la rubrique fake news de son navigateur : fausses photos de morts, fausses informations sur les horreurs qui se produisent là ou là, faux remèdes de bonnes femmes pour se guérir ou se préserver, fausses révélations sur des plans secrets... Et bien entendu, faux espoirs et solutions miraculeuses.
Le phénomène n’est pas nouveau et on devait en raconter de rudes dans les tavernes au moment de la peste antonine ou du choléra. Plus un sujet touche à nos vies et nos passions - ici la peur- plus nous avons envie d’échanger à son propos, plus nous sommes ouverts à l’information alternative (et donc méfiants à l’égard de l’information venue d’en haut), plus nous nous intéressons aux révélations sensationnelles, plus nous les diffusons... Avec, évidemment, l’effet multiplicateur des réseaux sociaux...
Dernier paradoxe : le virus médical favorise le virus informatique : les cyberattaques opportunistes se multiplient basées sur le principe que, si l’on envoie un message piégé qui porte dans son titre quelque chose en rapport avec le coronavirus (un appel urgent de l’OMS, une demande d’aide, des instructions importantes), les destinataires vont plus facilement cliquer, être moins vigilants, et introduire plus facilement des logiciels malveillants dans leur système.
D’autres éléments :
Tout cela s’ajoute à des phénomènes déjà repérés : doute sur l’efficacité des vaccins, la dangerosité de tel ou tel produit, le réchauffement climatique, les médecines alternatives. Il s’agit, sinon d’une remontée d’obscurantisme, du moins d’une dévaluation de l’autorité scientifique. En principe, celle du vérifiable. L’époque permet à chacun – surtout s’il pioche des révélations de « gens comme lui » sur les réseaux sociaux – d’étendre le champ de son opinion et de fantasmer son expertise.
Il n’y a rien de mal, en démocratie, à ce que nous divergions sur ce qui est souhaitable et probable demain. Mais il faut s’entendre pour parler du même monde des événements avérés et principes démontrés (dans 1984 d’Orwell, le héros réclame la liberté de dire que 2+2=4, pas le contraire).
On a vu des sondages sur la chloroquine. Que l’on interroge le public sur une question sur laquelle les experts se disputent est en soi comique. Nous sommes (moi en tout cas) incompétents pour en trancher. Que veut le peuple en physique quantique ? Il y a des domaines où la logique libérale du choix individuel doit connaître des limites. Le recours aux experts et aux comités ne garantit en rien l’autorité de la science.
Ici, elle a d’autant plus de mal à apporter preuves et vérifications qu’il s’agit souvent de projections et anticipations (par exemple de taux futurs de contaminations, d’immunité, de létalité, etc.). De nombreux biais cognitifs bien repérés nous empêchent comprendre des raisonnements basés sur les probabilités. D’où la tentation d’une « autre » explication ou interprétation des risques, de leurs causes et de l’efficacité de leurs remèdes. Ou la confusion : voir les débats sur l’efficacité de la chloroquine et sa vérification (représentativité des échantillons testés, par exemple). Le fait que les professeurs Raoult ou Montagnier (prix Nobel) émettent des thèses controversée et qu’une partie de la communauté scientifique se dresse contre eux n’aide pas le citoyen moyen à bien distinguer ce qui est scientifique et ce qui est fake news. Cette complexité n’excuse pas la prolifération des thèses douteuses, mais l’explique en partie.
Dernier élément : il y a une base sociologique et culturelle indéniable à l’adhésion à la version « officielle » ou « alternative ». Un indice entre cent : il y a une forte corrélation statistique entre le vote anti-système (RN, LFI, blanc ou nul + abstention) et le scepticisme à l’égard du « discours officiel », l’adhésion aux thèses alternatives de type « le virus s’est échappé d’un laboratoire », etc. Le bloc populiste, qui ne profite pas de la mondialisation, celui qui a le plus besoin de l’État protecteur et qui appartient souvent aux professions les plus exposées en cas d’épidémie, a déjà accumulé de la colère au moment des Gilets jaunes et de la réforme des retraites. Et comme ce sont les populations qui souffriront le plus des conséquences économiques et sociales du « jour d’après »…, ce seront les plus persuadées qu’on leur a menti, que les services publics ont été démantelés, que la Nation a besoin de frontières et de souveraineté, que la mondialisation est une folie, que l’Europe ne peut rien pour nous.
Il y aura donc, après l’épidémie, des tensions entre les protestataires (par ailleurs divisés), le parti de la colère, et les partisans d’un retour à l’ordre fût-il agrémenté de considérations sur une nécessaire gouvernance ou une économie de l’humain (cf. Attali). Tout le monde proclame que « plus rien ne sera comme avant », mais chacun y met ce qu’il croyait auparavant. Et l’Histoire nous enseigne que d’effroyables épidémies n’ont pas forcément bouleversé l’ordre politique. Le pouvoir peut se renforcer du chaos.
François-Bernard Huyghe (Huyghe.fr, 16 avril 2020)
Youssef Hindi est historien des religions et géopolitologue. Spécialiste du messianisme et de ses implications historiques, politiques et géopolitiques, ses recherches inédites ont levé le voile sur les origines d’idéologies modernes, parmi lesquelles le sionisme, le socialisme et le républicanisme français. Il est l’auteur de nombreux articles de prospective sur les relations internationales et de six ouvrages dont La Mystique de la Laïcité : Généalogie de la religion républicaine (éd. Sigest), Du Brexit aux Gilets jaunes (éd. Sigest), et Occident & Occident – Tome I : Sources et genèse messianiques du sionisme (éd. Sigest). Il est aussi co-auteur de l’étude “Notre-Dame, Al Aqsa et le troisième Temple. La géopolitique des religions” réalisée pour Strategika.
Strategika – On lit beaucoup d’éléments contradictoires selon les différentes sources d’information disponibles ou selon les avis des professionnels de la santé. Quelle est la réalité effective de cette pandémie selon vous ?
N’étant pas moi-même un professionnel de la santé, je me limiterai, pour ce qui est de la réalité de l’épidémie, à reprendre différentes études statistiques officielles, tout particulièrement sur la létalité réelle du Covid-19.
Des chiffres et des faits
Depuis le début de l’épidémie au jour où j’écris ces lignes (6 avril 2020), il y a eu 1 276 302 personnes infectées dans le monde. Sur ce total, 264 048 personnes sont guéries et 69 527 sont mortes[i]. Rapporté à la population mondiale, 7,794 milliards d’individus, c’est infime.
C’est un chiffre qui est également faible comparé au nombre de morts causés par la grippe saisonnière : entre 290 000 et 650 000 décès par an, d’après l’OMS (Organisation mondiale de la Santé)[ii].
La létalité de la grippe saisonnière se situe entre 0,2% et 0,5%. La létalité du Covid-19 serait, quant à elle, de 2,3% à 2,6%, d’après une étude publiée par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui analyse les données collectées jusqu’au 11 février 2020. Toutefois, ces deux maladies, Covid-19 et ce qu’on appelle la grippe saisonnière, ne touchent pas les mêmes personnes. La grippe saisonnière touche beaucoup les enfants, mais avec un très faible taux de mortalités, tandis que les personnes âgées, moins atteintes, ont le taux de mortalité le plus élevé, explique Bruno Lina, virologue et chercheur au Centre international de recherche en infectiologie (Ciri). Ainsi, 64% des morts de la grippe saisonnière en 2018-2019 avaient plus de 65 ans, selon Santé publique France.
Le Covid-19, explique le CDC chinois, ne touche pas les enfants. Les moins de 10 ans représentent moins de 1% des personnes contaminées. En revanche, expliquait le virologue (fin février) français susmentionné, « on observe des formes graves de Covid-19 chez des adultes de moins de 65 ans, ce qui est rare pour la grippe. Ce n’est pas la même épidémie, elle n’a pas la même circulation et ne touche pas les mêmes tranches d’âge. »
Et depuis cette interview de Bruno Lina, nous avons un peu plus de recul et de données.
Prenons le pays le plus mortellement frappé par le Covid-19, l’Italie. L’Institut supérieur de santé publique (ISS) italien a publié un rapport officiel le 17 mars[iii] mettant en évidence que l’âge moyen des personnes mortes (sur 2003 cas mortels) du Covid-19 est de 80 ans et demi. Sur les 17 personnes de moins de 50 ans qui sont décédés, 5 avaient de graves pathologies précédentes. Recensant une dizaine de pathologie les plus courantes relevées sur les personnes décédées, dont les plus fréquentes sont l’hypertension, le diabète ou la cardiopathie ischémique, l’ISS souligne que 48,5% des personnes décédées souffraient de trois ou plus de ces pathologies et 25,6% de deux pathologies. Seulement 0,8% des personnes, trois au total, n’avaient aucune pathologie, toujours d’après l’ISS.
En France, au 31 mars, 3 523 personnes sont décédées à l’hôpital, et parmi elles 84% étaient âgées de 70 ans et plus.[iv]
En Chine, l’étude réalisée par le CDC sur un échantillon de 72 314 personnes, montre que plus de 80% des morts du Covid-19 sont des personnes âgées : 60-69 ans : 30,2% ; 70-79 ans : 30,5% ; 80 ans et + : 20,3% des victimes.[v]
En conclusion, la létalité du Covid-19 est globalement très faible et il n’est dangereux que pour les personnes en fin de vie et/ou ayant de graves pathologies.
L’épidémie est bien réelle, mais sa gravité est à relativiser. La dangerosité du Covid-19 est très largement exagérée par les pouvoirs publics et les médias qui ont provoqué une panique mondiale. C’est d’ailleurs l’avis de dizaines d’épidémiologistes et virologues de renommée internationale, à l’instar du Docteur Karin Mölling – une virologue allemande dont les travaux ont porté sur les rétrovirus – qui explique :
« On vous dit maintenant chaque matin combien il y a de décès dus au SRAS-Corona 2 (Covid-19). Mais on ne vous dit pas combien de personnes sont déjà infectées par la grippe cet hiver et combien de décès elle a causés.
Chaque semaine, une personne meurt à Berlin de germe. Cela représente 35 000 décès par an en Allemagne. On n’en parle pas du tout. Je pense que nous avons connu des situations comme celle-ci à plusieurs reprises et que les mesures prises sont maintenant exagérées. »[vi]
Ce n’est pas la première fois qu’on grossit à l’échelle planétaire la gravité d’un virus. Souvenez-vous du H1N1 que l’on nous a présenté en 2009 comme une pandémie dangereuse pour l’Humanité. En France, un scandale avait éclaté à cette occasion. La psychose provoquée autour du H1N1 a conduit à une campagne de vaccination presque forcée par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Cette dernière avait fait acheter par l’État français pour plusieurs centaines millions d’euros[vii] de vaccins[viii] produit par le laboratoire pharmaceutique Astra Zaneca[ix](anciennement ICI Pharma) dont elle avait été salariée, au poste de déléguée à l’information médicale, de 1969 à 1976[x]. L’annonce, le 4 janvier 2010, de la revente à l’étranger d’un certain nombre de doses de vaccins avait mis le feu aux poudres ; les partis politiques, du Parti communiste au Nouveau centre, en passant par le PS, le Modem et le Nouveau Parti anticapitaliste, avaient pilonné la campagne de vaccination antigrippe du gouvernement : « Fiasco », « scandaleux échec », « faute stratégique lourde »… Le 4 janvier 2010, le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, demanda une « commission d’enquête » parlementaire sur le sujet, et qui a effectivement été ouverte en 2010 sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination de la grippe A (H1N1). De nombreux responsables ont été auditionnés, dont Madame Bachelot (le 15 juin 2010)[xi]. Loin d’avoir été condamnée, Roselyne Bachelot est aujourd’hui omniprésente sur les plateaux de télévision (notamment LCI) pour donner son avis et ses conseils dans le contexte de la crise du coronavirus.
À la fin de l’épidémie H1N1, en 2010, le virologue Bruno Lina reconnut qu’« on en a fait beaucoup plus que ce qui était nécessaire » contre la grippe A (H1N1), et d’ajouter que « le virus n’était pas aussi dangereux qu’on l’avait cru… »[xii]
Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique selon vous ?
En préambule de ma réponse, je citerai quelques scientifiques, à commencer par le Docteur David Katz, le directeur fondateur du Centre de recherche sur la prévention de l’université de Yale (Yale-Griffin Prevention Research Center), qui explique que ce n’est pas la pandémie qui causera le plus de morts, mais bien la politique de confinement totale :
« Je suis profondément préoccupé par le fait que les conséquences sociales, économiques et de santé publique de cet effondrement quasi-total de la vie normale – écoles et entreprises fermées, rassemblements interdits – seront durables et désastreuses, peut-être plus graves que le bilan direct du virus lui-même. Le marché boursier se redressera à temps mais de nombreuses entreprises ne le feront jamais. Le chômage, l’appauvrissement et le désespoir qui en résulteront probablement seront des fléaux de santé publique de premier ordre. » (« Notre lutte contre le coronavirus est-elle pire que la maladie ? », New York Times, 20 mars 2020)[xiii]
D’après Frank Ulrich Mongtomery, radiologue allemand, ancien président de l’Association médicale allemande et vice-président de l’Association médicale mondiale, le confinement total est non seulement inefficace, mais aussi contre-productif :
« Je ne suis pas un fan du confinement. Quiconque impose une telle mesure doit aussi dire quand et comment en sortir. Puisque nous devons supposer que le virus sera présent pendant longtemps, je me demande quand reviendrons-nous à la normale ? On ne peut pas garder les écoles et les garderies fermées jusqu’à la fin de l’année. Parce que cela prendra au moins autant de temps avant que nous ayons un vaccin. L’Italie a imposé un verrouillage et a obtenu l’effet inverse. Ils ont rapidement atteint leurs limites de capacité, mais n’ont pas ralenti la propagation du virus pendant le confinement.» (Interview pour le General Anzeiger, 18 mars 2020)
C’est également l’avis du professeur Didier Raoult, le directeur de l’IHU Méditerranée Infection à Marseille ayant obtenu des résultats positifs en administrant de la chloroquine aux malades du coronavirus[xiv], qui déclarait lors d’une interview donnée le 17 mars 2020 :
« Il n’y a pas de catastrophe qui justifie des mesures dignes d’une catastrophe atomique… Il faut arrêter de raconter des choses qui terrifient les gens. Evidemment, si vous ne testez que les gens en réanimation, et vous dites à tous les gens qui sont malades de rester chez eux, vous aurez une vision de la maladie qui n’aura rien à voir avec la gravité (réelle) de la maladie…
Moi je ne vois pas de signaux de la maladie qui soit spécifiquement redoutable ; je ne vois pas de modification de la mortalité générale dans le pays. Je continue à penser qu’il faut raison garder.
Il faut faire comme pour les maladies infectieuses en général : du diagnostic.
Le confinement en Italie n’empêche pas une évolution exponentielle (du nombre de malades) ; il continue à y avoir une évolution exponentielle en France et en Espagne. Et ces trois pays ont décidé de mettre au premier plan le confinement. On peut se poser la question s’il ne faut pas réfléchir, accepter de changer d’opinion, ce qui est une forme d’intelligence sous la pression des événements, et repartir sur ce qu’a fait la Corée (du Sud), c’est-à-dire multiplier les tests, traiter les gens, et n’isoler que les gens positifs. On ne peut pas isoler toute la population !
Ce n’est plus de la science, c’est de la science-fiction ou de la sorcellerie ! »[xv]
Par conséquent, l’on peut légitimement se demander si le confinement total n’a pas pour objectif de détruire l’économie. Car ce qu’on appelle « effondrement économique » est au fond la destruction de l’économie réelle par l’économie fictive, la finance spéculative, dont les tenants contrôlent la politique économique de nombre de pays occidentaux.
Cet « effondrement » est une étape dans le processus de domination des sociétés par le système bancaire. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, sinon l’évolution technique, mais le principe reste le même. Depuis sa naissance dans la Haute Antiquité, la pratique du prêt à intérêt a pour conséquence ultime et objectif non avoué la réduction à l’esclavage, plus précisément au péonage, du paysan, de sa famille, et par suite du peuple laborieux[xvi].
Cette pandémie, ou plutôt les politiques de confinement mises en œuvre en Occident pour y « répondre » – à quelques exceptions près – précèdent surtout une spoliation massive des peuples qui aura pour conséquence leur réduction en esclavage s’il n’y a aucun sursaut de leur part.
Le confinement total est un moyen d’achever le processus d’appauvrissement des classes moyennes et des ouvriers occidentaux que le libre-échangisme mondialisé a bien entamé. Le libre-échange a détruit une partie de l’industrie occidentale – qui a été délocalisée en Asie – et fait pression sur les salaires ; ce système a provoqué un surendettement des particuliers et des États, notamment aux USA[xvii]. Et les étapes de ce processus sont bien connues : la déréglementation bancaire et financière en 1980 avec le Depository Institutions Deregulation and Monetary Control act qui fut suivi en 1999 par le Gramm-Leach-Bliley Act abolissant le Glass-Steagall Act (établi en 1933) qui séparait les banques de dépôt et les banques d’investissement.
C’est cette dérégulation, permettant aux banques de jouer avec les économies des épargnants, qui a conduit à la crise de 2008. À la suite de quoi les États ont renfloué ces mêmes banques avec l’argent du contribuable : privatisation des gains et socialisation des pertes.
Nombre d’économistes annonçaient pour 2020 une nouvelle crise financière d’ampleur plus importante que celle de 2008[xviii].
L’on peut légitimement se demander également si cette pandémie n’est pas une opportunité, pour les tenants de la finance internationale et leurs auxiliaires, d’opérer cette grande spoliation, sans être désignés comme coupables. Le responsable désigné serait alors cet « ennemi invisible » contre qui nous serions « en guerre ». Or, ce n’est pas la pandémie qui met à l’arrêt l’économie réelle, mais la panique artificiellement provoquée et les mesures étatiques excessives.
Le coronavirus a fait chuter en mars la Bourse new-yorkaise de 20% par rapport à son record de février[xix] ; et en France, le CAC 40 a perdu en un mois plus de 37% par rapport à son plus haut atteint le 19 février.
Je rappelle encore que l’objectif des banquiers internationaux est l’appauvrissement des masses, pas leur prospérité. Raison pour laquelle Christine Lagarde, l’ancienne directrice du Fond monétaire international (FMI) – qui est un instrument des banquiers – a déclaré en 2012, alors qu’elle était en poste :
« Quand le monde qui tourne autour du FMI va mal, nous, nous nous portons bien. C’est dans ces périodes que nous commençons à devenir particulièrement actifs, car nous prêtons de l’argent et nous gagnons sur les intérêts, et toutes les charges, et c’est là que notre institution prospère, qu’elle se porte bien. »[xx]
Pour que cela paraisse plus clair au lecteur, je vais résumer en quelques lignes le fonctionnement et le rôle du FMI.
Les recettes administrées par le FMI aux pays d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’une partie de l’Asie, mais aussi à la Grèce et aux pays développés en période de crise, se résument ainsi :
Chaque fois que des pays en voie de développement se trouve en déficit budgétaire – à cause de la politique préconisée par l’OMC (Organisation mondial du commerce) et le FMI –, intervient l’institution internationale en faisant entrer des capitaux étrangers pour combler le déficit ; rôle que la banque centrale de chaque pays peut remplir mais qu’interdit le FMI.
Cela entraine une réévaluation de la monnaie à la hausse, augmentant ainsi le déficit commercial. En résulte la fuite potentielle des capitaux étrangers[xxii].
En somme, le rôle du FMI consiste à mettre à genou les pays ciblés et à les réduire en péonage pour le compte des banquiers internationaux.
Et pour régner définitivement sur le monde, le banquier doit également faire main basse sur l’épargne des classes moyennes supérieures. Et c’est ce qu’on a pu observer quelques mois avant le déclenchement de l’épidémie.
Dans les quatre mois de 2019 qui ont précédé le coronavirus, les banquiers et assureurs ont incité les Français à privilégier les supports investis en Bourse, dans le cadre de l’assurance-vie. Ces supports boursiers ont représenté près de 35% de la collecte, d’après les chiffres de la Fédération française de l’assurance. Un niveau d’investissement boursier des particuliers Français qui a nettement progressé, alors que le coronakrach approchait. Le PDG de la société de gestion Cholet Dupont a déclaré que :
« C’est la première fois qu’une crise sanitaire est à l’origine d’une crise financière. On va dans l’inconnu. »[xxiii]
Les fonds détenus par les particuliers, en actions, ont enregistré des pertes de 20 à 40% depuis le début de l’année. La chute des marchés va affecter une partie de l’épargne des Français via l’assurance-vie qui est leur placement le plus important : 1 789 milliards d’euros d’encours.
Dans un communiqué publié le 10 mars 2020, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution observait :
« Les clients sont de plus en plus souvent incités à orienter tout ou partie de leur épargne en assurance–vie vers des supports en unités de compte plutôt que vers des supports en euros. »
Y-a-t-il eu derrière cette incitation un délit d’initiés ?
Quoi qu’il en soit, les banquiers lorgnent sur l’épargne que les Français ont placées sur les comptes courants ou conservées en liquide à hauteur de 603,8 milliards d’euros, fin septembre 2019, quasi deux fois plus qu’il y a dix ans, selon les derniers chiffres de la Banque de France[xxiv].
Ce n’est pas une supposition de ma part, c’est un projet qui est dans les cartons des banquiers depuis plusieurs années. En 2013, le FMI a établi un rapport sur les finances publiques qui posait, encore une fois, le problème de la soutenabilité des dettes des États « avancés » : l’Europe, les Etats-Unis, le Japon. Et pour régler ce « problème », le FMI a proposé un prélèvement « une fois pour toute » sur l’épargne privée pour réduire la dette publique. Les économistes du FMI ont fait un calcul pour quinze pays de la zone euro dans leur rapport :
« Les taux de taxation nécessaires pour ramener les ratios de dettes (par rapport au PIB) à leur niveau de la fin 2007 nécessiteraient une imposition d’environ 10% sur tous les ménages disposant d’une épargne nette positive. »[xxv]
En résumé, le FMI préconise une politique économique conduisant à la contraction de crédit par les États, et en dernière instance il va, pour le compte du système bancaire, organiser un racket généralisé des épargnants privées pour rembourser une dette illégitime.
Et il y a eu des précédents. Confrontée à une grave crise financière en 1992, l’Italie voyait sa dette publique frôler les 120%. Le gouvernement a choisi une solution radicale pour rentrer in extremis dans les critères de Maastricht. Le socialiste Giuliana Amato a fixé le taux de taxation à 0,6% sur l’ensemble des dépôts italiens positifs. Ainsi, 15 milliards d’euros ont été ponctionnés.
« Il y a eu un travail d’explication en amont. La mesure n’était pas considérée comme confiscatoire, mais comme un effort collectif nécessaire pour assainir les finances du pays » analysait le cabinet Weave dans Le Monde en mars 2013[xxvi]. Pourtant, « le traumatisme a été tel qu’aucun politicien ne s’y est risqué une seconde fois », expliquait Galileo Global Advisors à la même époque dans Challenges[xxvii].
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, interrogé à l’époque sur l’éventuelle taxation de l’épargne des Français, avait répondu « en théorie c’est possible, mais notre rôle est de faire en sorte que cela n’arrive jamais »[xxviii]
Au printemps 2013, Chypre a ponctionné 47,5% sur les dépôts de plus de 100 000 euros afin de se voir accorder un plan d’aide international. C’était, comme nombre d’analystes l’ont compris, un ballon d’essai, avant de taxer à plus grande échelle. Aujourd’hui le coronavirus est le prétexte idéal.
C’est ce qu’appelait Karl Marx le rançonnage des États. Un système de spoliation qu’il avait bien décrit :
« L’endettement de l’État était d’un intérêt direct pour la fraction de la bourgeoisie qui gouvernait et légiférait au moyen des Chambres. C’était précisément le déficit de l’État, qui était l’objet même de ses spéculations et le poste principal de son enrichissement. À la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or, chaque nouvel emprunt fournissait à l’aristocratie une nouvelle occasion de rançonner l’État, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans les conditions les plus défavorables. Chaque nouvel emprunt était une nouvelle occasion de dévaliser le public qui place ses capitaux en reste sur l’Etat, au moyen d’opérations de Bourse, au secret desquelles gouvernement et majorité de la Chambre étaient initiés.
En général, l’instabilité du crédit public et la connaissance des secrets d’État permettaient aux banquiers, ainsi qu’à leurs affiliés dans les Chambres et sur le trône, de provoquer dans le cours des valeurs publiques des fluctuations insolites et brusques dont le résultat constant ne pouvait être que la ruine d’une masse de petits capitalistes et l’enrichissement fabuleusement rapide des grands spéculateurs.
Pendant que l’aristocratie financière dictait les lois, dirigeait la gestion de l’État, disposait de tous les pouvoirs publics constitués, dominait l’opinion publique par la force des faits et par la presse, dans toutes les sphères, depuis la cour jusqu’au café borgne se reproduisait la même prostitution, la même tromperie éhontée, la même soif de s’enrichir, non point par la production, mais par l’escamotage de la richesse d’autrui déjà existante… »[xxix]
Selon toute vraisemblance, le coronavirus sera le moyen, pour « l’aristocratie financière », de spolier la bourgeoisie. Cette bourgeoisie qui s’imagine appartenir à la classe qui organise son appauvrissement.
Quant aux classes sociales les plus basses, le projet, comme je l’ai dit précédemment, c’est leur réduction en esclavage. La destruction des PME et de l’emploi, compensé par un revenu universel minimum pour noyer la population et lui maintenir juste le nez en dehors de l’eau afin de prévenir sa révolte.
Et le coronavirus est le prétexte tout trouvé pour imposer ce « revenu universel » aux États-Unis et en Europe. Ce revenu minimum et universel était d’ailleurs une des propositions du candidat socialiste, Benoît Hamon, à l’élection présidentielle de 2017 en France[xxx].
Au Royaume-Uni, 170 parlementaires de différents partis ont adressé le 19 mars dernier une lettre au gouvernement britannique, lui demandant de mettre en place un « revenu universel d’urgence » le temps de la pandémie[xxxi].
Le gouvernement espagnol a annoncé, par la voix de sa ministre de l’Économie Nadia Calvino, la mise en place dès que possible d’un « revenu vital minimum » pour combattre les répercussions économiques causées par la pandémie. Mais cette mesure pourrait être adoptée « de manière générale et permanente »[xxxii].
En Allemagne, le ministre social-démocrate des Finances, Ola Scholz (SPD), envisage de dégager des fonds « illimités » (jusqu’à 150 milliards d’euros), pour « amortir » les répercussions économiques « causés » par la pandémie. Le journal de Francfort, le Frankfurter Rundschau, plaidait le 20 mars, non pour un crédit, mais pour l’instauration d’un revenu de base, d’un montant de 1 000 euros par mois sur une période de six mois. La crise est aussi le temps des possibles, souligne le Frankfurter Rundschau : « L’État devrait se saisir de l’opportunité pour introduire le revenu universel à l’échelle de tout le pays. » [xxxiii]
En France, la proposition de revenu universel s’est retrouvée en bonne place sur la plateforme « Le jour d’après »[xxxiv], lancée le 4 avril 2020 par une soixantaine de députés – notamment LREM[xxxv] – où les Français sont invités à présenter leur vision du monde d’après la crise pour un monde plus « durable ».
Dans le même temps et en toute logique, le gouvernement français a profité de l’état d’urgence sanitaire qu’il a instauré pour « assouplir » (détruire) le code du travail[xxxvi].
Or, il existe une solution simple et efficace, qui est pratiquée depuis l’Antiquité : l’annulation de la dette – suivie d’une reprise de contrôle de la création monétaire et le retour de l’emprunt à la banque centrale, et non plus sur les marchés. Une éventualité que craignent les banquiers. À ce sujet, leur représentante, Christine Lagarde, aujourd’hui présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a répondu, lors d’une interview le 9 avril dernier sur France Inter, à l’idée d’une annulation globale des dettes contractées par les États de la zone euro durant la pandémie du coronavirus : « Ça me paraît totalement impensable… il faudra dans le temps, progressivement, procéder au remboursement des dettes et se remettre dans une pente plus stable et plus propice au bon équilibre des finances publiques… »[xxxvii]
Rappelons à Madame Lagarde que lors de la crise financière de 2008, les banques, fautives, ont été sauvées par les États. Parmi eux, l’État français, Nicolas Sarkozy à sa tête, a renfloué les banques avec l’argent du contribuable, et sans aucune contrepartie[xxxviii].
Strategika – Plus de trois milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’Humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ?
Il y a dans cette situation, cette atmosphère, quelque chose de fictionnel et d’apocalyptique. Le confinement est une rupture dans la vie des sociétés. Le temps est suspendu car tous les rituels qui régulent et donnent des repères dans la vie des individus et des sociétés sont mis à l’arrêt. Il y a de quoi être déboussolé.
Ceci étant dit, la situation actuelle peut s’expliquer de façon rationnelle :
La mise en quarantaine est pratiquée, en cas d’épidémie, depuis plusieurs siècles[xxxix]. L’ampleur inédite du confinement actuel est la conséquence de la mondialisation. La planétarisation des moyens de transport et la massification sans précédent des voyageurs à l’échelle de l’Histoire ont fait de cette épidémie un problème mondial.
Mais il faut relativiser. Le confinement n’est absolument pas pratiqué de la même façon par tous les pays. Entre la Corée du Sud qui n’a confiné que les malades, pratiqués des tests massifs et soignés les malades, et le gouvernement français qui confine la totalité de la population en conseillant aux malades de rester chez eux jusqu’à ce qu’ils soient au bord de l’agonie, il y a une énorme différence, notamment en termes d’efficacité.
Le gouvernement chinois quant à lui n’a pas confiné le pays dans son entièreté, seulement la région de Hubei (dont Wuhan est la capitale), épicentre de l’épidémie, qui compte environ 60 millions d’habitants.
La Grande-Bretagne a refusé dans un premier temps de confiner sa population, et elle a fini par plier, mais pas seulement sous la pression sociale du village occidental (j’y reviendrai plus bas).
Quant à la Suède, elle se refuse toujours à confiner. Les autorités sanitaires se limitent à des recommandations simples, comme ne pas rendre visites aux grands-parents (les plus fragiles face au virus). Et il n’y a eu au total que 250 morts entre le début de l’épidémie et le 8 avril.
L’économie suédoise continue à fonctionner, les restaurants restent ouverts, de même que les salles de sport. Écoles et collèges continuent d’accueillir les élèves (les universités et les lycées, eux, sont fermés) car « L’absentéisme creuserait et renforcerait à long terme les inégalités sociales », explique la ministre de l’Enseignement secondaire, Anna Ekström[xl].
Et aux États-Unis, il n’y a pas d’uniformité, puisque c’est le gouverneur de chaque État qui est en mesure de prendre la décision de confiner. Au total, une quarantaine d’États (sur cinquante) ont demandé aux habitants de ne pas sortir de chez eux hormis pour faire des courses ou pour des urgences. Le président Donald Trump a déclaré qu’il ne voyait pas la nécessité pour le gouvernement fédéral de décider par décret d’un confinement à l’échelle nationale.[xli]
L’idée de confinement totale est venue du très influent épidémiologiste britannique, Neil Ferguson. Il est au cœur du système globaliste : conseiller de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de l’Union européenne, de la Banque mondiale et de plusieurs gouvernements, dont le gouvernement britannique.
J’en profite au passage pour indiquer qu’une enquête menée sur l’OMS en 2016 par les journalistes Jutta Pinzler et Tatjan Mischke pour la chaîne allemande NDR a révélé que l’Organisation mondiale de la Santé est sous le contrôle de Bill Gates, des multinationales pharmaceutiques, et des puissances anglo-américaines[xlii]. Ce reportage a été diffusé le 4 avril 2017 par la chaîne franco-allemande ARTE sous le titre « L’OMS dans les griffes des lobbies »[xliii].
En tant que directeur de l’Imperial College COVID-19 Response Team composée de 50 scientifiques liés à l’OMS, Neil Ferguson a, depuis la mi-janvier, publié 14 rapports très alarmistes, affirmant, par exemple, le 16 mars, que « si rien n’est fait », la Grande-Bretagne compterait jusqu’à 510 000 morts et les États-Unis, 2 200 000 morts.
Le confinement, selon Ferguson, ferait descendre le bilan en Grande-Bretagne à 20 000 morts.[xliv]
D’après le New York Times, c’est ce rapport de Ferguson qui aurait contribué à pousser les États britannique et américain vers une politique de confinement.
Le 30 mars il publie un rapport évaluant la part de la population déjà infectée en Europe ; pour la France, il s’agirait, d’après Ferguson, de 3%, soit 2 millions de personnes[xlv].
À Genève, le très respecté épidémiologiste, Antoine Flahault estime, dans un entretien accordé à l’Obs que les prédictions de Ferguson « sont des spéculations théoriques »[xlvi].
Devi Sridhar, professeure de santé publique à l’université d’Edinburgh, pointe du doigt le fait que ce qui a de l’importance dans ces rapports de l’équipe de Neil Ferguson, n’est pas le contenu, mais ceux qui en sont les auteurs. Ajoutant que Ferguson « a une énorme influence ».
Son influence énorme trouve évidemment son origine chez ses appuis : OMS (qui est une émanation de l’ONU), Banque mondiale…
Raison pour laquelle on fait appel à ses modélisations lors de toutes les épidémies : grippe aviaire, Ebola, Zika, Sras, H1N1…
C’est encore Ferguson qui aurait, par l’intermédiaire du conseil scientifique Covid-19, convaincu Emmanuel Macron d’appliquer le confinement en France. Le Nouvel Observateur rapporte :
« ‘‘Jusqu’à 500 000 morts, si l’on ne fait rien’’: telle est la prédiction alarmiste de Ferguson qui est présentée le 12 mars à Emmanuel Macron. La fermeture des écoles est annoncée le soir même. Impossible de connaître le détail de ce chiffrage, il n’est pas public, il a fait seulement l’objet d’une ‘‘communication personnelle’’ via le conseil scientifique Covid-19. Au sein de ce cénacle, le modélisateur Simon Cauchemez connaît bien les travaux du savant britannique : les deux hommes ont travaillé ensemble de 2005 à 2013. »[xlvii]
Simon Cauchemez, relai en France de Ferguson – et donc de la propagande des institutions globalistes, de Bill Gates et de l’industrie pharmaceutique – a passé son doctorat en bio-statistiques appliquées à l’épidémiologie des maladies infectieuses en 2005 à l’INSERM, et a rejoint la même année l’université Imperial College London en tant que post-doctorant dans l’équipe de Neil Ferguson, puis comme professeur associé. Il rejoint l’Institut Pasteur à Paris en 2013 pour y devenir le directeur du laboratoire de modélisation mathématique des maladies infectieuses qu’il a fondé[xlviii].
À l’instar de Ferguson, il a été impliqué dans la modélisation de l’épidémie de grippe A (H1N1) de 2009[xlix], de Chikungunya (2013-2014)[l], du Zika (2015-2016) dans les Amériques, et d’Ebola en Afrique…
Et comme l’a souligné l’Obs, Simon Cauchemez est également membre du conseil scientifique COVID-19 mis en place par le ministre français de la santé, afin d’informer le gouvernement au cours de l’épidémie, en tant que modélisateur.
Le confinement total des populations n’est pas une réponses scientifique efficace à l’épidémie, comme l’ont souligné nombre de scientifiques précités.
Nous avons donc affaire ici, de toute évidence, à la mise en place d’un projet politique. Ce qui nous amène à la question suivante.
Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ? En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que “l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur”. Que vous inspire cette idée ?
Voici ce qu’écrivait précisément Jacques ATTALI, le 3 mai 2009, dans la foulée du déclenchement de l’épidémie de Grippe A (H1N1) et quelques mois après le krach financier d’octobre 2008, dans sa rubrique du magazine L’Express :
« L’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur : elle met alors d’abord en place des mécanismes de défense ; parfois intolérables (des boucs émissaires et des totalitarismes) ; parfois futiles (de la distraction) ; parfois efficaces (des thérapeutiques, écartant si nécessaire tous les principes moraux antérieurs). Puis, une fois la crise passée, elle transforme ces mécanismes pour les rendre compatibles avec la liberté individuelle et les inscrire dans une politique de santé démocratique.
La pandémie qui commence pourrait déclencher une de ces peurs structurantes. »[li]
Et partant de l’observation des conséquences de la grippe aviaire de 2003, il décrit, en les amplifiant, celles qu’aurait pu provoquer la Grippe A :
« Si elle n’est pas plus grave que les deux précédentes peurs liés à un risque de pandémie (la crise de la vache folle de 2001 en Grande Bretagne et celle de la grippe aviaire de 2003 en Chine), elle aura d’abord des conséquences économiques significatives (chute des transports aériens, baisse du tourisme et du prix du pétrole ) ; elle coûtera environ deux millions de dollars par personne contaminée et fera baisser les marchés boursiers d’environ 15% ; son impact sera très bref (le taux de croissance chinois n’a baissé que pendant le deuxième trimestre de 2003, pour exploser à la hausse au troisième) ; elle aura aussi des conséquences en matière d’organisation (en 2003, des mesures policières très rigoureuses ont été prises dans toute l’Asie ; l’Organisation Mondiale de la Santé a mis en place des procédures mondiales d’alerte ; et certains pays, en particulier la France et le Japon, ont constitué des réserves considérables de médicaments et de masques).
Si elle est un peu plus grave, ce qui est possible, puisqu’elle est transmissible par l’homme, elle aura des conséquences véritablement planétaires : économiques (les modèles laissent à penser que cela pourrait entrainer une perte de trois trillions de dollars, soit une baisse de 5% du PIB mondial) et politiques…»
Ce scénario catastrophe permettrait in fine, selon ATTALI, d’établir un gouvernement mondial :
« Et, même si, comme il faut évidemment l’espérer, cette crise n’est très grave, il ne faudra pas oublier, comme pour la crise économique, d’en tirer les leçons, pour qu’avant la prochaine, inévitable, on mette en place des mécanismes de prévention et de contrôle et des processus logistiques de distribution équitable des médicaments et de vaccins. On devra pour cela mettre en place une police mondiale, un stockage mondial et donc une fiscalité mondiale. On en viendra alors, beaucoup plus vite que ne l’aurait permis la seule raison économique, à mettre en place les bases d’un véritable gouvernement mondial. C’est d’ailleurs par l’hôpital qu’a commencé en France au 17ème siècle la mise en place d’un véritable Etat.
En attendant, on pourrait au moins espérer la mise en œuvre d’une véritable politique européenne sur le sujet. Mais là encore, comme sur tant d’autres sujets, Bruxelles est muet. »
Le gouvernement mondial est une utopie. Les utopies ne se réalisent jamais, mais elles produisent, au cours et à la suite de leur tentative de réalisation, souvent beaucoup de souffrances.
Ce projet d’établissement d’un gouvernement mondial tire ses racines du messianisme biblique. Jacques ATTALI, messianiste revendiqué et chantre pour la France de ce projet d’essence religieuse attend cette ère eschatologique depuis bien des années. En 2010, il déclarait sur la chaîne de télévision Public Sénat qu’il rêvait de voir Jérusalem devenir « la capitale de la planète qui sera un jour unifiée autour d’un gouvernement mondial »[lii].
J’ai consacré plusieurs ouvrages – parmi lesquels Occident & Islam Tome I et Tome II – aux origines antiques et aux phases de développement médiévales et modernes de ce messianisme vétérotestamentaire ; je n’y reviendrai donc pas ici car cela nous emmènerait trop loin.
Je rappellerai simplement que le « gouvernement mondial » est un des multiples noms – à l’instar de « La dictature du prolétariat », « La République universelle », « La Fin de l’histoire et le Dernier Homme »… – de ce qui correspond, dans ce messianisme, à l’effondrement de l’Histoire laissant place à un monde qui est un mélange d’Eden terrestre (décrit dans le premier livre de la Torah, la Genèse) rétabli et d’utopie jamais connue.
Ces temps messianiques doivent être précédés de grandes catastrophes. Des calamités qui, si elles ne sont produites par le cours naturel de l’histoire, doivent être, du point de vue des messianistes, provoquées, afin de « hâter la venue du Messie ». Pour ceux qui ne sont pas familiers de ces notions, je citerai quelques lignes du plus grand historien du judaïsme et du messianisme, Gershom Scholem (1897-1982) :
« Pour les prophètes et les maîtres de l’Aggada (l’Aggada désigne les enseignements rabbiniques non-législatifs) la rédemption devait se produire par suite d’un bouleversement général, d’une révolution universelle, de catastrophes, de calamités inouïes en vertu desquelles l’histoire devait s’effondrer et s’éteindre. L’histoire était considérée par eux avec le pessimisme le plus absolu… Pour aboutir à la délivrance, il est nécessaire que l’édifice actuel soit abattu pour faire place à l’édifice messianique… »[liii]
Les messianistes conscients – comme ceux qui s’ignorent mais dont l’espérance messianique est logée au tréfonds de leur inconscient – voient dans chaque grande catastrophe, ou ce qui est désigné comme telle, un de ces événements prophétiques et apocalyptiques précédents la fin de l’Histoire et l’établissement du paradis terrestre.
Ainsi, dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Albert Einstein écrivait en novembre 1945 dans la revue Atlantic Monthly : « Puisque pour l’instant seuls les États-Unis et la Grande-Bretagne possèdent le secret de la bombe atomique, il reviendrait naturellement à ces pays d’inviter l’Union soviétique à préparer et présenter le premier projet de constitution d’un gouvernement mondial… Un gouvernement mondial tel que je le conçois devrait être compétent pour juger de toute affaire militaire. Outre cette compétence, je ne lui donnerais qu’un seul pouvoir, celui de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un État dans le cas où une minorité opprimerait la majorité des hommes du pays, créant ainsi un climat d’instabilité pouvant conduire à une guerre. »
Dans un autre texte paru deux mois plus tard, en janvier 1946 dans le Survey Graphic, Einstein revient sur cette idée : « Le désir de paix de l’humanité ne pourra se réaliser que par la création d’un gouvernement mondial. »[liv]
Aujourd’hui, la crise du coronavirus, présentée par certains comme l’équivalent d’une guerre mondiale, offre un nouveau prétexte aux messianistes pour tenter de faire aboutir leur projet.
Le journal britannique The Guardian a publié le 26 mars 2020 un article titré « Gordon Brown calls for global government to tackle coronavirus » (Gordon Brown appelle à un gouvernement mondial pour combattre le coronavirus). On y lit les propos tenus par l’ancien Premier ministre (travailliste) de Grande-Bretagne, Gordon Brown, qui « a exhorté les dirigeants mondiaux à créer une forme temporaire de gouvernement mondial pour faire face à la double crise médicale et économique causée par la pandémie de Covid-19. »[lv]
L’ex premier ministre a déclaré que la crise actuelle était différente – en ce qu’elle nécessiterait une solution globale – de celle à laquelle il a fait face, à savoir la crise financière de 2008 où il s’était illustré en « persuadant » les dirigeants mondiaux de la nécessité de renflouer les banques (avec l’argent des peuples), puis a organisé une réunion du G20 à Londres, qui a abouti à un plan de sauvetage du système bancaire.
De la même façon, Henry Kissinger (ancien secrétaire d’État et ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis), qui a été l’un des hommes les plus influents du système impérial américain, a publié le 3 avril 2020 dans le Wall Street Journal un texte titré « The Coronavirus Pandemic Will Forever After the World Order » (La pandémie de coronavirus modifiera à jamais l’ordre mondial) où il plaide pour l’établissement d’un gouvernement mondial en réponse au coronavirus.
Usant de la même rhétorique qu’ATTALI et Brown, consistant à faire accepter le projet globaliste par la peur que suscitent les catastrophes successives, KISSINGER débute son texte, par une analogie, à dessein, entre la Seconde Guerre mondiale et le coronavirus :
« L’atmosphère surréaliste de la pandémie de Covid-19 me rappelle ce que j’ai ressenti lorsque j’étais jeune homme dans la 84e division d’infanterie pendant la bataille des Ardennes.Aujourd’hui, comme à la fin de 1944, il existe un sentiment de danger imminent, qui ne vise pas une personne en particulier, mais qui frappe au hasard et avec dévastation. Mais il y a une différence importante entre cette époque lointaine et la nôtre. L’endurance américaine était alors fortifiée par un objectif national ultime. Aujourd’hui, dans un pays divisé, un gouvernement efficace et clairvoyant est nécessaire pour surmonter des obstacles sans précédent en termes d’ampleur et de portée mondiale… »
Et d’après Monsieur Kissinger, le gouvernement américain, solidifié, devra conduire le monde vers un État planétaire pour triompher face au Covid-19 :
« Aucun pays, pas même les États-Unis, ne peut, dans un effort purement national, vaincre le virus…Si les États-Unis, dans leurs efforts pour reconstruire leur propre économie, ne font pas les premiers pas vers la création d’un gouvernement mondial, l’humanité est condamnée. »[lvi]
Nous voyons bien là qu’il existe, à travers les décennies et au-delà, une communion de pensée entre les différents représentants de l’oligarchie occidentale, d’Einstein à Kissinger en passant par Attali. Le même catastrophisme apocalyptique, la même espérance messianique, la même rhétorique et la même attitude aujourd’hui face au coronavirus.
L’essayiste Naomi Klein a baptisé la stratégie de l’oligarchie « doctrine du choc », c’est-à-dire : « la stratégie politique consistant à utiliser les crises à grandes échelle pour faire avancer des politiques qui approfondissent systématiquement les inégalités, enrichissent les élites et affaiblissent les autres. »[lvii]
C’est une analyse marxiste, économico-matérialiste – qui est un des aspects, par définition partiel et incomplet, du phénomène historique – de ce que j’appelle le catastrophisme apocalypto-messianique. Le messianisme biblique est un projet global qui embrasse toutes les dimensions, l’économie est une parmi d’autres.
J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire – notamment dans un article du 26 juin 2016[lviii], au lendemain du vote favorable au Brexit – la crise, qu’elle soit provoquée ou non, peut être un moyen, pour une branche de l’oligarchie occidentale, de passer à une étape supérieure. Il s’agit du concept de Karl Marx, le « saut qualitatif » menant à un changement de paradigme. Ce concept est une redéfinition matérialiste d’une conception historique empruntée, consciemment ou non, au messianisme juif.
Mais la pandémie n’est pas la seule catastrophe prévue/attendue/provoquée par l’oligarchie pour faire accoucher, dans la douleur, du gouvernement mondial.
Jacques ATTALI, toujours, lors d’une interview en septembre 2015, faisait part de sa vision des développements à moyen terme. Il ne s’agit en réalité, pas tant de sa vision personnelle, que de l’agenda de l’oligarchie qu’il représente :
« Je pense que l’Europe va devenir un ensemble fédéral avec une zone restreinte à 20 pays environ, avec un parlement, un gouvernement, une armée, un président de l’Eurozone…
Toutes les crises récentes ont entraîné des progrès vers le fédéralisme. Celle de 2008 a accouché de l’Union bancaire. La crise grecque a fait naître le MES (mécanisme européen de stabilité) avec une force de frappe financière de 500 milliards… La crise des réfugiés va entraîner le renforcement d’un outil jusqu’ici méconnu, Frontex, qui va devenir la police commune des pays européens…
La dépression (économique) est aujourd’hui masquée par les banques centrales qui déversent des milliards sur les marchés. Mais c’est de l’argent imaginaire. Les gouverneurs des banques centrales sont des Madoff qui ne vont pas en prison. Je ne leur reproche rien car ils laissent théoriquement le temps aux hommes politiques de créer un État de droit planétaire.
Je confirme les cinq étapes que j’avais décrites dans « Brève Histoire d’avenir» : déclin de l’empire américain, tentative ratée des autres gouvernements de s’unir pour gouverner le monde, gouvernement du monde par les marchés, guerre mondiale et enfin état de droit mondial. Nous sommes à la fin de la deuxième étape. À ce stade on court droit vers une guerre mondiale en 2035. Mais on peut toujours l’éviter. »[lix]
En résumé, d’après la vision historique et vétérotestamentaire de l’oligarchie messianiste, le monde ne sera finalement pacifié, unifié et l’Eden terrestre instauré, qu’après être passé par plusieurs catastrophes, dont les principales sont : la crise financière, la pandémie et la guerre mondiale.
Et vraisemblablement l’oligarchie globaliste se prépare sérieusement à l’éventualité d’une guerre nucléaire. En juin 2006[lx] avait débuté la construction d’un bunker dans l’Arctique, à Svalbard (Norvège). Il s’agit d’une immense chambre forte construite pour préserver la diversité végétale de la planète : plusieurs millions d’échantillons de graines récoltées dans les 1 400 banques de gènes à travers le monde.
L’Arche en question est une installation fortifiée qui comprend un long tunnel d’une centaine de mètres de long qui débouche sur trois grandes alcôves. Les graines y reposent dans des sachets hermétiques alignés sur des étagères métalliques. La partie visible se limite à l’entrée qui émerge de la montagne enneigée. Celle-ci est constituée de deux hautes parois surmontées d’une œuvre d’art conçue pour être visible à des kilomètres à la ronde dans l’obscurité permanente. Le bunker comprend des portes blindées, des caméras de surveillance, des parois en béton armé de plus d’un mètre d’épaisseur, le tout protégé par la roche de la montagne qui permet en théorie de résister aux tremblements de terre et, selon leur concepteur, à une attaque nucléaire directe ou à une chute d’avion.
Elle a été baptisée « l’Arche de Noé végétale » en référence au récit biblique. L’Arche de Noé végétale a été inaugurée le 26 février 2008 par José Manuel Barroso alors président de la Commission européenne (de 2004 à 2014, pour être ensuite embauché par la banque judéo-américaine Goldman Sachs en tant que président non exécutif du conseil d’administration), qui l’a décrite, toujours en référence à la Bible, comme « un jardin d’Eden glacé »[lxi], et d’ajouter, durant son discours : « nous espérons et œuvrons pour le meilleur, mais nous devons nous préparer au pire. »[lxii]
Le nom officiel du projet est « Svabald Global Seed Vault », alors que les partenaires qui y collaborent l’appellent entre eux « le coffre-fort du Jugement dernier » (doomsday vault).
Les investisseurs derrière le projet et les opérations de l’Arche sont bien connus. Dans un communiqué le Réseau Semences Paysannes souligne que ce projet est le fruit d’un accord tripartite entre le gouvernement norvégien, « Global Crop Diversity Trust » et la « Nordic Gene Bank ». Le « Trust » est financé et soutenu par Bill Gates[lxiii], via sa Fondation Bill et Melinda Gates, La Fondation Rockefeller, Syngenta AG, Dupont/Pioneer, Monsanto, et la Fédération Internationale des Semences, les plus importants acteurs et lobbyistes de l’industrie des semences.
Or, ces structures ne sont pas réputées pour favoriser la diversité génétique et l’accès aux ressources vivantes actuelles. Selon le Réseau Semences Paysannes, « elles imposent partout des lois qui remettent en cause les droits des paysans de conserver, utiliser, échanger et vendre les semences reproduites à la ferme (…) Elles les obligent ainsi à acheter celles de l’industrie, seules à pouvoir être inscrites dans les catalogues officiels requis pour toute vente. Dans de nombreux pays, les paysans n’ont même plus le droit de ressemer leur récolte. » De plus, « elles généralisent la culture des organismes génétiquement modifiés (OGM) par des stratégies commerciales agressives mettant en danger la diversité des semences fermières. »
Il existe déjà des banques de semences à travers le monde qui conservent en plusieurs exemplaires les graines si précieuses. Les concentrer en un seul endroit, si les autres devaient fermer pour une raison ou pour une autre (la banque de gènes d’Alep, en Syrie, a été détruite durant la guerre[lxiv]), pourrait au contraire augmenter considérablement le risque que ce projet cherche à prévenir officiellement[lxv].
Et on apprend qu’en pleine crise du coronavirus, début mars 2020, l’Arche a reçu une importante livraison de graines alors qu’on nous annonce que la pandémie de coronavirus pourrait entraîner une pénurie de nourriture à l’échelle planétaire. L’Arche de Noé végétale doit, à terme, accueillir deux ou trois millions d’échantillons pour « rendre l’avenir de l’alimentation de l’homme encore plus sûr ».[lxvi]
Quand la réalité dépasse le complotisme…
Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ? Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ?
Mes champs de recherches sont l’histoire des religions, des idéologies, leurs influences politiques et géopolitiques. Mes travaux, ma réflexion et mes écrits sont en bonne part consacrés à la prospective, c’est-à-dire à l’anticipation des évènements socio-politiques et de l’évolution des grandes tendances historiques.
Comme je l’ai dit récemment à l’occasion d’une autre interview[lxvii], faire de la prospective, visuellement, c’est comme prolonger les courbes correspondant à des tendances sur un diagramme.
Cette épidémie accentue certaines tendances idéologiques, politiques, sociales et géopolitiques sur lesquelles j’ai écrit un certain nombre d’articles – réunis dans un ouvrage publié en février 2019 : Du Brexit aux Gilets jaunes (éd. Sigest) – ; à savoir le retour de la nation contre le globalisme, la régression du libre-échange à l’avantage du protectionnisme économique et la multipolarité au détriment de l’unipolarité américaine.
En d’autres termes, la pandémie constitue, non par sa gravité réelle mais par les mesures prises à l’échelle mondiale et leurs effets rétroactifs, une accélération historique.
En tant qu’accélérateur historique de certaines tendances lourdes, le coronavirus est un révélateur, en ce qu’il fait apparaître brusquement à un nombre croissant de gens ce qui leur était invisible à l’œil nu. Il dévoile – c’est le sens du terme grec apocalypse – ces tendances lourdes et l’agenda que l’oligarchie veut précipiter.
L’oligarchie occidentale, et une partie des élites dirigeantes qui exécutent leur agenda, croient, au sens religieux du terme, que le sens de l’Histoire est en leur faveur ; c’est pourquoi ils n’envisagent pas la possibilité d’être pris à revers.
La réalisation au forceps de leur utopie messianique nécessite des moyens considérables qui ne passent pas inaperçus, notamment en raison de la violence économique et sociale que l’arme du confinement engendre.
Dans les différentes phases énumérées par Attali que j’ai cité précédemment, il a mentionné le « gouvernement du monde par les marchés ». Une réalité que le coronavirus fait apparaître.
Par exemple, les puissantes multinationales Google et Apple mettent à disposition des gouvernements les outils nécessaires pour contrôler les populations, sous prétexte de combattre la pandémie. Google a lancé une plateforme qui permet de visualiser, grâce à la localisation des utilisateurs, le degré de respect du confinement dans les différents pays. Un outil qui collecte déjà les données des internautes dans 131 pays. Le site d’information américain The Verge explique que cette plateforme « utilise les données stockées dans les smartphones pour comprendre le degré d’adhésion des citoyens aux consignes de confinement données par les gouvernements. »[lxviii]
Le 10 avril 2020 Apple et Google ont conjointement annoncé un partenariat pour permettre le suivi numérique des individus ayant été à proximité des personnes infectées par le coronavirus. Les deux géants ont indiqué dans un billet de blog :
« Google et Apple annoncent un effort conjoint pour permettre l’utilisation de la technologie Bluetooth dans le but d’aider les gouvernements et les agences de santé à réduire la propagation du virus, en intégrant la confidentialité et la sécurité des utilisateurs au cœur de la conception. »[lxix]
Evidemment, la promesse du respect de la vie privée par Apple et Google ne vaut strictement rien.
Ryan Calo, chercheur à l’université de Washington et affilié au Centre pour Internet et la société de Stanford, s’interroge :
« Il est difficile de savoir quel usage ils comptent faire des données obtenues… S’ils pensent que le suivi numérique des contacts va permettre aux gens d’arrêter la distanciation sociale, je suis sceptique. »[lxx]
Le 19 mars dernier, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19, le Comité européen de la protection des données (CEPD) a levé l’interdiction sur l’échange et le traitement des informations personnelles des citoyens membres de l’Union européenne, en indiquant que « le RGPD (Règlement général sur la protection des données) permettait aux autorités sanitaires compétentes de traiter les données personnelles dans le contexte d’une épidémie, conformément au droit national et dans les conditions qui y sont fixées ».
Cyrille Dalmon, chercheur associé à l’Institut Thomas More, faisait remarquer, dans un texte du 2 avril 2020[lxxi], que d’ores et déjà, en Pologne, les personnes en quarantaine doivent se prendre en photo chez elles pour prouver via une application qu’elles respectent bien le confinement. L’Italie a également recours à l’utilisation massive de la géolocalisation et du recoupement de données personnelles afin de connaître les personnes qui ont potentiellement été en contact avec des malades. En France, en plus de la loi d’urgence votée le 23 mars, loi d’exception s’il en fut, et des vingt-cinq ordonnances adoptées le 25 mars, le comité CARE (Comité Analyse Recherche et Expertise), chargé de conseiller le gouvernement sur le tracking afin d’identifier les personnes en contact avec celles infectées par le coronavirus, se penche sur « l’opportunité de la mise en place d’une stratégie numérique d’identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées », c’est-à-dire de géolocalisation et de recoupement des données comme en Italie.
Et Cyrille Dalmon de poursuivre : « On doit donc constater lucidement que la lutte contre l’épidémie est l’occasion d’une accélération de la numérisation de nos existences et d’un contrôle accru des pouvoirs publics sur nos vies. La constitution de vastes bases de données, associées à un fichage massif des populations, déjà engagée avant la crise dans tous les États du monde, dont nos États démocratiques, est légitimée par l’urgence sanitaire.
Au risque de choquer, et de déplaire, le parallèle (jugé excessif par certains) avec le système de « crédit social » chinois s’en trouve légitimé en retour, au moins partiellement. Si ce dispositif, consistant en une surveillance généralisée de la population et en l’attribution d’une note au citoyen (bonne s’il est « vertueux », mauvaise s’il est « déviant ») paraît odieux à beaucoup d’entre nous, il faut rappeler qu’il n’est que la mise en commun organisée et systématique par l’État de multiples outils technologiques, le plus souvent inventés et développés en Occident.
On nous rétorquera que les réseaux sociaux (qui collectent tant d’informations sur nous, notre vie, nos habitudes, notre santé, etc.) appartiennent à des entreprises privées et non à l’État. C’est vrai. Mais il n’est pas inutile de rappeler que, dans notre propre pays, des fonctionnaires travaillent depuis plus d’un an avec Facebook à l’élaboration d’une stratégie commune « de lutte contre les contenus haineux », sans que cela émeuve outre mesure.»
Ces mesures ne sont pas temporaires, comme l’a souligné l’historien israélien (bien placé pour en parler) Yuval Noah Harari dans les pages du Financial Times du 19 mars : « Les mesures prises dans l’urgence ont la mauvaise habitude de rester en place même après l’urgence, d’autant qu’il y a toujours de nouvelles menaces. »
L’oligarchie a conscience que l’appauvrissement organisé des peuples va provoquer des remous dans les corps sociaux ; en conséquence il leur faut accentuer le contrôle numérique et la répression en amont pour prévenir et neutraliser toute révolte.
Remarquons au passage que cette « guerre » contre un « ennemi invisible », la pandémie, rappelle la guerre infinie contre cet autre ennemi, le terrorisme, qui a servi de prétexte à la destruction de pays entiers et au renforcement des lois liberticides aux États-Unis comme en Europe[lxxii].
Nous vivons les conséquences de la phase terminale de la fusion historique de deux systèmes apparemment opposés, le capitalisme financier débridé surplombant et contrôlant les États, et le système concentrique de contrôle social soviétique ; les deux ont donné naissance à une sorte de soviéto-capitalisme. La technologie numérique des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon…) au service d’un politburo planétaire (en fait occidental) en gestation.
Ce processus de prise de contrôle de l’appareil d’État par les multinationales et le système bancaire est devenu manifeste et grandissant aux États-Unis durant les années Reagan (1981-1989)[lxxiii]. Le phénomène s’est prolongé géographiquement en Europe, via notamment ce « machin » qu’est l’Union européenne – Charles de Gaulle en son temps avait qualifié ainsi l’Organisation des Nation unies : « Le machin qu’on appelle l’ONU »[lxxiv] – qu’il conviendrait d’appeler le Politburo de Bruxelles.
Aux États-Unis comme en Europe, les allers-retours des hauts fonctionnaires, entre les grandes banques (Goldman Sachs, JP Morgan…) et les appareils d’États, les ministères des Finances, le Trésor américain et les institutions (comme la Banque centrale européenne), est en cela tout à fait significatif de ce soviéto-capitalisme. Emmanuel Macron, passé de la banque Rothschild à l’Elysée, est l’archétype de ce système.
L’on peut qualifier également le système chinois de soviéto-capitaliste, à une différence près, et elle est de taille : en Chine, contrairement à l’Occident, le capitalisme est sous le contrôle de l’État. En cela, la Chine est le miroir renversé de l’Occident. Par ailleurs, la crise du coronavirus est aussi un accélérateur et un aggravateur de l’opposition géopolitique États-Unis/Chine. Mais n’oublions pas que l’Occident a involontairement et indirectement créé le système économique de la Chine contemporaine en faisant d’elle son atelier dans le cadre du libre-échange. Les Chinois, champions du mimétisme, ont ainsi copié les technologies occidentales pour monter en gamme – jusqu’en 2010 au moins les industries dont l’investissement était étranger étaient plus productrices que les industries locales[lxxv]. La Chine a finalement retourné l’arme du libre-échange contre l’Occident et accentué la destruction de l’industrie européenne et étasunienne. La Chine a profité d’un système qui est entièrement anglo-américain.
Tout cela étant dit, ce que l’on constate d’ores et déjà avec cette crise pandémique, ce n’est pas un mouvement d’unification de la planète qu’espère Attali et les siens, mais un renforcement de la nation, d’une volonté de relocalisation et une accentuation de la multipolarité.
Le monde est témoin de ce qu’il s’est passé en Italie – pays abandonné par ses voisins de l’UE et aidé par la Chine, la Russie, Cuba… – où le drapeau de l’Union européenne a été retiré par des maires et brûlé par nombre de citoyens italiens. La colère et les critiques contre l’UE et l’Allemagne sont même venues d’hommes politiques et journaux italiens qui sont en temps normal des européistes convaincus[lxxvi].
À cela s’est ajouté l’échec du sommet européen pour résoudre la crise du coronavirus. Le jeudi 26 mars, le sommet réunissant les dirigeants européens s’est terminé avec des insultes. Jean Quatremer, journaliste correspondant à Bruxelles, rapportait :
« Les couteaux sont tirés. Une large majorité d’États ne supportent plus l’égoïsme et la morgue du ‘‘club des radins’’ (Allemagne, Finlande et Pays-Bas). ‘‘Leur comportement de châtelain européen s’adressant à leurs sujets est insupportables’’, grince-t-on à Paris. Le demi-échec du sommet des chefs d’État et de gouvernement, jeudi soir, Berlin et ses alliés s’étant opposés à la création d’un ‘‘instrument de dette commun’’, a fait sauter le couvercle des rancœurs accumulées. »
Le ministre néerlandais, Wopke Hoekstra a demandé à la Commission européenne d’enquêter sur les raisons de l’absence de marge de manœuvre budgétaire de certains pays pour faire face à la crise du coronavirus. En réponse, le lendemain matin du sommet, Antonio Costa, Premier ministre portugais, a réagi en dénonçant violemment son attitude « répugnante » :
« C’est d’une inconscience absolue et cette mesquinerie récurrente mine totalement ce qui fait l’esprit de l’Union et représente une menace pour son avenir. »[lxxvii]
Aux États-Unis, le coronavirus accentue encore la lutte – que j’analyse depuis plusieurs années – entre les factions qui se partagent le pouvoir : pour aller vite les souverainistes protectionnistes contre les globalistes. À titre d’exemple, Donald Trump a annoncé, le 14 avril 2020, qu’il suspendait la contribution des États-Unis au budget de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui est, comme je l’ai écrit plus haut, sous le contrôle de Bill Gates et des multinationales pharmaceutiques. Le président américain accuse l’OMS d’avoir commis de nombreuses « erreurs » dans sa gestion de l’épidémie. Il a précisé qu’il coupait les vivres de l’OMS, que les États-Unis financent à hauteur de 400 à 500 millions de dollars par an, le temps qu’une étude soit menée « pour examiner le rôle (de l’OMS) dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus », ce qui pourrait prendre entre 60 et 90 jours[lxxviii].
Le président américain a, dans un premier temps, été réticent à confiner la population, et il a manifestement été dubitatif face à la narration officielle occidentale concernant la dangerosité du coronavirus. Durant une conférence de presse à la Maison Blanche le 4 avril dernier, Donald Trump, s’est ainsi exprimé sur le coronavirus :
« Nous irons mieux, et nous irons mieux très vite. Ceci a été artificiellement induit. Ils ont dit ‘‘fermez le pays, nous devons fermez le pays’’, et nous avons fermé le pays. Et nous guérissons, et nous irons mieux très vite. »[lxxix]
Le coronavirus a aggravé une autre lutte, qui oppose depuis deux ans[lxxx] Donald Trump et la FED (Réserve fédérale), la banque centrale étasunienne contrôlée par le cartel bancaire. Alors que le coronavirus perturbait les marchés, le président américain a attaqué publiquement le président de la FED, Jerome Powell, dans un tweet du 10 mars :
« Notre Réserve fédérale minable et lente, dirigée par Jay Powell, qui a relevé les taux trop rapidement et (les a) baissés trop tard, devrait ramener notre taux directeur aux niveaux de ceux de nos pays concurrents. »
Le taux directeur influence directement le prix du crédit octroyé par les banques privées qui répercutent les taux de la banque centrale. Des taux directeurs faibles peuvent aussi signifier que les intérêts sur les produits d’épargne sont moins élevés car les paiements des taux d’intérêt perdent de la valeur[lxxxi]. Le taux bas, est bon pour le foyer et l’entreprise, et le taux élevé est à l’avantage du banquier et du vendeur. En clair, si la FED relève trop haut son taux directeur, cela a un impact négatif sur l’économie réelle. Et comme je le disais plus haut, le projet, selon moi, des financiers internationaux, est de détruire l’économie réelle, appauvrir les classes moyennes et inférieures, en tondant aux passages les épargnants.
L’opposition entre Trump et la FED c’est au fond l’opposition entre l’économie réelle, industrielle, et l’économie fictive, la finance, la banque.
Par ailleurs, rapporte le New York Times[lxxxii]– qui défend ouvertement la FED contre le président des États-Unis -, Donald Trump a menacé de remplacer Jerome Powell ; ce qui reviendrait à placer sous le contrôle de la Maison Blanche la politique monétaire des États-Unis. Ce serait une déclaration de guerre envoyée au système bancaire.
Pour résumer : la crise du coronavirus va accentuer l’opposition entre, d’une part le globalisme, la finance mondiale, et l’impérialisme unipolaire, et d’autre part le souverainisme, le protectionnisme économique et la multipolarité géopolitique.
Strategika – Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?
Il n’y a pas de réponse unique à cette question, car si l’on peut, comme je viens de le faire à grands traits, analyser et anticiper les tendances de fond et les confrontations politico-idéologiques, l’issue politique variera en fonction du pays. Je me concentrerai donc ici sur la France.
Si mon modèle d’analyse prospectiviste est efficient et mon concept « coronavirus : accélérateur historique » valide, nous verrons en France, comme dans le reste du monde, une accélération des processus en cours depuis quelques années (je renvoie à mon ouvrage Du Brexit aux Gilets jaunes).
Parmi ces processus, il y a la destruction de la classe moyenne, que le géographe Christophe Guilluy a décrite dans son ouvrage No Society. La fin de la classe moyenne occidentale (2018). C’est ce qui explique le comportement de la finance internationale, que j’ai exposé plus haut, vis-à-vis des épargnants (appartenant à la classe moyenne et à la bourgeoisie) et la déconstruction d’une partie du code du travail et des acquis sociaux par le gouvernement français qui profite de « l’état d’urgence sanitaire »[lxxxiii]. Politique d’appauvrissement volontaire du peuple français (les patrons de PME comme les employés, les ouvriers etc…) par la mise à l’arrêt, par le confinement, de l’économie nationale au prétexte de la lutte contre la pandémie.
Alors que, en plein coronavirus, l’Agence régionale de santé (ARS) confirme la suppression de 600 postes à l’hôpital de Nancy[lxxxiv], le Ministère de l’Intérieur a publié un appel d’offre (le 3 mars 2020) d’un montant de 3 642 864 euros pour l’achat de gaz lacrymogène[lxxxv], suivi d’un autre appel d’offre (le 12 avril 2020), toujours du Ministère de l’Intérieur, d’un montant de quatre millions d’euros pour l’achat de plusieurs centaines de drones destinés à la surveillance de la population[lxxxvi].
Il ne s’agit plus là d’un simple « flash totalitaire » (pour reprendre le concept d’un historien et démographe médiatique qui analysait l’épisode « Charlie »[lxxxvii]) mais d’une volonté de l’oligarchie, via sa courroie de transmission, le gouvernement de Macron, de détruire et soumettre la société tout entière à une dictature bancaire.
Mais cela peut produire l’effet contraire à celui souhaité par le pouvoir. Cette politique de confinement/appauvrissement pourrait conduire à une révolte d’ampleur plus large que celle des Gilets jaunes, par la jonction de la France périphérique (que représentent les Gilets jaunes) et des classes moyennes.
J’ai eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, notamment lors d’une conférence donnée chez les Gilets jaunes de Cannes[lxxxviii] : l’une des conditions nécessaires pour transformer une révolte en révolution, c’est le couplage de la France périphérique et des classes moyennes, et une partie de la bourgeoisie. Et la destruction de l’économie par le confinement va bien évidemment atteindre la bourgeoisie – à plus forte raison si son épargne est ponctionnée – et pourrait, si elle n’est pas retenue par une prudence malencontreuse, être conduite à rejoindre les révoltés de la France périphérique.
D’ailleurs, selon des notes confidentielles (datées du 7, 8 et 9 avril) sur le « suivi de l’impact du Covid-19 » que le journal Le Parisien a pu consulter, le service central du renseignement territorial (SCRT) redoute une radicalisation de la contestation sociale à l’issue du confinement[lxxxix]. Les agents du SCRT analysent ainsi les informations en leur possession :
« Le jour d’après est un thème fortement mobilisateur des mouvances contestataires. Le confinement ne permet plus à la gronde populaire de s’exprimer, mais la colère ne faiblit pas et la gestion de crise, très critiquée, nourrit la contestation. »
Le Parisien souligne que lors des grèves de novembre contre la réforme des retraites, des rapprochements avaient déjà été observés entre « Gilets jaunes radicalisés » et « cheminots irréductibles ». Les agents de la SCRT s’alarment de l’agitation des groupuscules « d’extrême gauche » et de « l’ultra droite » ; or, le danger pour le pouvoir ne viendra certainement pas de là, mais plutôt d’une massification de la révolte. La neutralisation voire la manipulation de ces groupuscules n’a jamais constitué un défi ou une difficulté pour les services de renseignement…
Dans l’attente de la sortie du confinement, les agents du renseignement anticipent « la création de comités de lutte entre personnes d’un même immeuble » ainsi « qu’une organisation commune à distance ».
Neutraliser un peuple entier voulant sortir du confinement pour empêcher sa réduction en esclavage est une autre paire de manches que de s’occuper de quelques groupes marginaux et résiduels. L’État policier peut s’illustrer dans la répression de dizaines de milliers de Gilets jaunes, mais dans le contexte actuel, il est inexistant, il lui est impossible de maîtriser l’ensemble de la population. En clair, les 67 millions de personnes qui sont assignées à résidence, ne le sont pas par contrainte, mais parce qu’elles y ont consenti. Pour combien de temps encore ? S’il venait à l’esprit des Français, collectivement, de braver le confinement, ils s’apercevraient que nous sommes face à un État policier virtuel, un État policier sans policier. La police n’étant omniprésente qu’à la télévision.
Par conséquent, en essayant de soumettre la société, les dirigeants sont peut-être bien en train de fabriquer involontairement un Golem incontrôlable, fait de la fusion des colères, et qui se retournerait contre eux. Ils provoqueraient alors un flash totalitaire inversé qui ferait s’abattre sur ces élites dirigeantes un terrifiant courroux.
[vii] Une commande initiale d’un montant de 712 millions d’euros qui avait fait scandale et poussé R. Bachelot à annuler la commande de 50 millions (sur les 94 millions commandés) de doses de vaccins, environ la moitié. https://www.liberation.fr/societe/2010/01/05/grippe-h1n1-...
[xxxviii] L’État français a « investi » de pseudo-fonds-propres – en réalité il s’agissait d’un prêt sur cinq ans. Un prêt donc, à hauteur de 10,5 milliards d’euros accordé à six banques (BNP Paribas, Crédit Agricole, Banque populaires, Crédit Mutuel, Société Générale, Caisse d’épargne), qui ne donnait par conséquent à l’État français aucun pouvoir décisionnel. Cf. Frédéric Lordon, La crise de trop, Fayard, 2009, pp. 127-128.
[xlix] Christophe Fraser, Christl A. Donnelly, Simon Cauchemez et William P. Hanage, « Pandemic Potential of a Strain of Influenza A (H1N1): Early Findings », Science, vol. 324, no 5934, 19 juin 2009, p. 1557–1561.
[l] S Cauchemez, M Ledrans, C Poletto et P Quenel, « Local and regional spread of chikungunya fever in the Americas », Euro surveillance : bulletin Europeen sur les maladies transmissibles = European communicable disease bulletin, vol. 19, no 28, 17 juillet 2014, p. 20854.
À la recherche de la vérité dans ce qu’on nous dit sur le Covid-19
Auteur : Tony Cartalucci
Ex: http://www.zejournal.mobi
Après les nouvelles concernant la maladie du coronavirus 2019 (COVID-19), nous serions amenés à croire que l’humanité est confrontée à une crise sans précédent – et à en juger par les dégâts socio-économiques causés – il n’est pas si difficile de croire qu’une sorte de crise sans précédent est effectivement en train de se produire.
Pourtant, le sentiment d’urgence imposé au grand public – qui a provoqué des verrouillages dans le monde entier et la mise en place de mesures sans précédent, toutes centrées sur la lutte contre un agent pathogène dit dangereux et sur la nécessité d’éviter de surcharger les infrastructures de santé mondiales – est entièrement artificiel.
Si la COVID-19 était vraiment une pandémie digne d’une telle hystérie – une pandémie dont l’Occident a prétendu au fil des ans qu’elle était pratiquement inévitable – pourquoi l’ordre international actuel dominé par l’Occident a-t-il échoué à ce point dans sa lutte contre la COVID-19 ?
Des milliards pour une guerre sans fin, rien pour les préparatifs de la pandémie ?
Des milliards de dollars ont été littéralement déversés dans la seule guerre menée par les États-Unis en Afghanistan – sans parler des billions de dollars supplémentaires dépensés pour occuper l’Irak, faire la guerre en Libye et en Syrie, aider l’Arabie Saoudite à détruire le Yémen et la myriade d’interventions de « puissance douce » qui se déroulent dans le reste du monde.
Ce sont des milliards de dollars qui auraient pu remplir les hôpitaux avec des ventilateurs haut de gamme et les entrepôts avec des ventilateurs portables beaucoup moins chers qui auraient pu être déployés quand et où cela était nécessaire.
Et ce n’est pas comme si le besoin de respirateurs artificiels s’était soudainement fait sentir au milieu de l’épidémie de la Covid-19. Un article du MIT rédigé en 2010 et intitulé « Design and Prototyping of a Low-cost Portable Mechanical Ventilator » (Conception et réalisation de prototypes d’un ventilateur mécanique portable à bas prix) , il y a une décennie, écrivait :
Bien qu’il y ait suffisamment de ventilateurs pour une utilisation régulière, il y a un manque de préparation pour les cas où les victimes sont très nombreuses comme les pandémies de grippe, les catastrophes naturelles et les rejets massifs de produits chimiques toxiques. Les coûts de stockage et de déploiement des ventilateurs mécaniques de pointe pour les cas de nombreuses victimes dans les pays développés sont restreints. Selon le plan de préparation national publié par le président Bush en novembre 2005, les États-Unis auraient besoin de 742 500 ventilateurs, dans le pire des cas, dans une situation de pandémie. Par rapport aux 100 000 actuellement utilisés, il est clair que le système fait défaut.
Et en toute une décennie, rien n’a été fait pour remédier à cette pénurie, ce qui a conduit à l’hystérie dans tout l’Occident au milieu de l’épidémie de la Covid-19, où les gouvernements prétendent faire pression sur les entreprises privées pour qu’elles fabriquent des ventilateurs sur des chaînes de production habituellement utilisées pour la fabrication d’automobiles et d’appareils électroménagers.
Si le problème était bien connu il y a une décennie, les personnes au pouvoir – en particulier aux États-Unis, du président George Bush au président Barack Obama et à l’actuel président Donald Trump – n’ont rien fait pour remédier à la situation en choisissant de dépenser l’argent des impôts étasuniens dans des guerres et des sauvetages de banques. Les citoyens devraient-il ainsi faire confiance au leadership étasunien ou occidental pendant cette présumée crise ?
L’hystérie que ces intérêts suscitent chez la population doit-elle être maintenue ?
Si la COVID-19 représente une telle menace pour le monde – paralysant la vie quotidienne comme ne l’ont jamais fait deux décennies de « guerre contre la terreur » menée par les États-Unis – pourquoi n’a-t-on pas fait davantage pour s’y préparer ? D’autant plus que les pénuries étaient bien connues, même par les étudiants du MIT travaillant sur des projets de classe ?
Si tout ce qu’on nous dit sur la Covid-19 était vrai…
Les fermetures et les ruées pour construire des ventilateurs ne constituent qu’une dimension de cette crise actuelle.
Une autre est la ruée vers la fabrication de vaccins.
Déjà – l’idée de se faire vacciner – y compris contre la grippe – est imposée à l’ensemble de la population présentée comme absolument essentielle pour la santé publique. Pourtant, si cela était aussi crucial que le public soit amené à le croire, pourquoi les vaccins sont-ils confiés à certaines des entreprises les plus corrompues et les plus indignes de confiance de la planète ?
Même le ministère étasunien de la Justice a condamné à plusieurs reprises de grandes entreprises pharmaceutiques pour toutes sortes de raisons, de la falsification de rapports de sécurité et d’efficacité à la corruption de médecins, de régulateurs et de politiciens. Pourtant, le même gouvernement étasunien qui enquête et condamne ces entreprises à plusieurs reprises leur accorde également l’autorisation, par l’intermédiaire de la FDA, de fabriquer des produits dont on nous dit qu’ils sont absolument essentiels pour la santé publique – y compris des vaccins.
Si les vaccins étaient vraiment aussi importants qu’on nous le dit, leur recherche, leur développement, leur production et leur distribution devraient être absolument transparents, ouverts et nationalisés.
Les entreprises corrompues – qui ne sont pas soupçonnées, mais qui ont été condamnées à plusieurs reprises pour avoir fait passer leurs profits avant la santé publique – devraient être fermées, leurs actifs saisis et nationalisés, et leur travail placé dans le domaine public pour une surveillance et une transparence maximales.
Mais cela n’est possible que si tout ce que l’on nous dit sur les vaccins en général ou sur le prochain vaccin contre la Covid-19 est vrai. Apparemment, ce n’est pas vrai – d’où l’absence d’urgence réelle correspondant au simple sentiment d’urgence que le gouvernement et les entreprises qui influencent leur politique tentent d’imposer au grand public.
Ce sentiment d’urgence n’est pas imposé au public pour les meilleurs intérêts de la nation, mais pour les intérêts privés qui font avancer la politique étasunienne et leurs propres intérêts. L’hystérie et l’urgence qu’elle engendre font que le public est malléable et prêt à accepter pratiquement n’importe quoi comme « réponse » aux dangers qu’on lui a dit de craindre.
Les jeux politiques de l’hégémonie pendant une « pandémie » ?
Et si tout ce que l’on nous dit sur l’urgence de la COVID-19 était vrai, les États-Unis, en ces « temps difficiles », reconnaîtraient qu’il est également dans leur intérêt de lutter contre la COVID-19 à l’échelle mondiale – en aidant à combattre la maladie, quelles que soient les frontières à l’intérieur desquelles elle se présente. Pourtant, des sanctions économiques paralysantes restent en place contre des nations comme l’Iran, qui ont été particulièrement touchées par le virus.
Des pays comme la Russie restent également sous sanctions étasuniennes et, ironiquement, ont envoyé de l’aide aux États-Unis, aide provenant d’entreprises sous sanctions américaines.
« Une filiale d’une entreprise russe sanctionnée par les États-Unis a fabriqué des ventilateurs qui ont été transportés de Moscou à New York cette semaine pour aider à lutter contre la pandémie de coronavirus, selon les photos de la livraison ».
Il est évident que si la COVID-19 était une menace aussi mortelle, les États-Unis mettraient temporairement de côté leur politique étrangère hégémonique – et s’emploieraient plus activement à combattre l’épidémie – ne serait-ce que pour se sauver. Ce n’est pas le cas – parce que l’agent pathogène de la COVID-19 n’est pas à la hauteur de l’hystérie de ce virus.
Le peu qu’on nous dit sur la COVID-19 est vrai – le peu de vérité qui existe au milieu de ce que l’on dit au public est éclipsé par l’hystérie injustifiée qui se propage délibérément au sujet du virus. Cette hystérie ne conduit pas à des mesures visant à stopper l’épidémie, mais à des plans d’action publics à but lucratif qui rempliront les coffres des sociétés pharmaceutiques et à une législation qui renforcera l’emprise des gouvernements sur leurs populations concernées.
Les grandes entreprises survivront et profiteront non seulement des fausses solutions proposées pour « combattre » la COVID-19, mais aussi des actifs vendus par des petites et moyennes entreprises en faillite et des propriétaires immobiliers qui vendent des actifs à prix d’aubaine après les fermetures et la crise économique.
« Post-COVID-19 » – les mêmes intérêts corrompus et incompétents qui ont laissé le monde soit non préparé à une véritable pandémie – soit créer la panique chez la population à cause d’un virus délibérément sur-hypothéqué – sont maintenant prêts à en profiter et à prospérer dans son sillage.
Si tout ce qu’on nous a dit sur la COVID-19 était vrai, les personnes qui nous en ont parlé, qui nous ont fait paniquer et qui nous ont demandé d’agir face à ce virus – mais qui nous ont laissés totalement démunis – devraient être les dernières victimes du virus – déracinées socialement, économiquement et politiquement de la société et remplacées par des dirigeants, des systèmes économiques et des infrastructures de soins de santé capables de faire face non seulement aux pandémies virales, mais aussi aux pandémies socio-économiques et psychologiques.
Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré à la crise sanitaire et à ses responsables. Économiste de formation, vice-président de Géopragma et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Candidat aux élections européennes sur la liste du Rassemblement national, il a publié récemment un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).
Vivre un monde où plus rien n’est humain, où l’homme est un masque ?
La cause est entendue, contrairement à ce qu’ont asséné avec certitude les autorités sanitaires françaises en mars dernier encore, le port du masque est efficace et conseillé. Deviendra-t-il obligatoire et durable ? Porter le masque deviendra-t-il le nouvel état normal des contacts humains ? Certaines municipalités ont franchi le pas. À Nice, par exemple, plus question de sortir sans un masque. Et le déconfinement pourrait bien être subordonné au port du masque – et à leur mise à disposition…
Le masque, la nouvelle frontière
Je me souviens de ces arrivées dans les capitales de l’Asie en ébullition, où l’exotisme n’était pas dans les palmiers, les filets anti-requins ou les odeurs d’épices, mais dans les masques portés par une majorité de passants dans la rue. Et de ces deux réactions spontanées : quelle tristesse que ce monde où il faut porter un masque pour sortir dans la rue ! Et, aussitôt après, heureusement que chez nous, ça n’arrivera jamais !
Naïveté du visiteur, persuadé que chez lui… et bêtise devant la réalité criminelle de la globalisation, de la mobilité des hommes, de l’ouverture des frontières et des migrations de masse. Quand le monde se déverse dans les aéroports et le métro, le virus aussi y arrive. Et quand la frontière n’arrête plus la mobilité globale, la dernière frontière, c’est la peau.
Nous ne pouvons plus ne pas regarder la réalité en face. Quand les Nations n’ont plus de frontières, les individus se masquent. Quand les communautés ne se séparent plus les unes des unes, ce sont les individus qui se séparent les uns des autres, et de la manière la plus radicale. Après le préservatif, la distance sociale. Après la distance sociale, le masque sur le visage. Après le masque, quoi ? Sinon l’interdiction de se serrer la main de s’embrasser, de se promener main dans la main, d’ouvrir son lit à l’inconnu(e) de rencontre… voilà le résultat du globalisme, du sans frontiérisme, de l’affirmation stupide que tous les hommes sont les mêmes, que nous ne sommes de nulle part et que la frontière est une barbarie antique.
La globalisation tue. Les mouvements de population tuent. L’ouverture des frontières tue.
Le Crime des Davos’guys
Le nomadisme imposé à ceux à qui le marché vole leurs terres et promet l’idéal des mobiles sans terre, tue. Ceux qui ont promu le nomadisme comme la condition humaine de la modernité savent-ils le mal qu’ils commettent ? Car le nomadisme comme adaptation forcée des modes de vie à la globalisation, fait des hommes d’une Nation, des citoyens d’une terre, d’une loi et d’une société, des hommes hors sol, des hommes de rien, ceux qui se croient plus que des hommes parce qu’ils vont d’un aéroport à un centre de congrès, et qui sont moins qu’un homme, celui qui sait qu’il doit sa terre à ceux qui l’ont conquis, défendue et travaillée pour lui, et aux enfants de ses enfants qui la défendront et la travailleront comme il l’a fait.
Le développement, qui provoque l’explosion démographique africaine sans offrir la contrepartie en ressources, en capital et en formation, tue.
Le pouvoir sanitaire qui interdit que soient rendus les devoirs les plus universels, comme celui de l’assistance aux mourants, qui ferme les lieux de culte, les forêts et les sentiers, entérine un nouveau recul du sacré. Car le sacré commence avec l’idée qu’il y a plus que la vie, et qu’un homme commence avec ce qui justifie qu’il puisse tuer ou mourir pour autre chose que son intérêt individuel. Voilà pourquoi l’ordre nouveau des marchands et des financiers veut en finir à jamais avec la Nation, comme avec la religion, comme avec la famille et la nature ; car elles sont ce pourquoi tuer ou mourir, car elles sont tout ce qui s’oppose à la liquidation universelle de la vie pour le rendement financier.
La séparation des proches de leurs proches au moment de leur mort, la séparation des fidèles de leur lieu de culte, église, synagogue, temple ou mosquée, appellent Antigone. Mais où est-elle, celle qui se lèvera face à l’inhumanité des règles de confinement, face aux manipulations des laboratoires pharmaceutiques et des édiles de la santé publique, pour dire qu’il y a plus que la vie, et qu’autre chose compte que la loi des hommes ?
Nous ne pouvons plus voir les masques, porter les masques, faire face au masque obligé sur le visage de nos amis, de nos voisins, de nos proches, sans être certains du recul de la civilisation. Et nous ne pouvons suivre le chemin parcouru depuis le préservatif jusqu’au masque, sans constater que le rapport humain direct, amical et confiant est la victime achevée de l’individualisme radical, cette autocréation de chacun par lui-même, cette quête de l’indétermination absolue, cette négation de notre condition politique et humaine.
Il faudra que les socialistes qui ont tout sacrifié à un internationalisme forcené mesurent ce qu’ils ont fait quand ils ont abandonné l’ouvrier français pour le migrant, le combat social pour la promotion des minorités autoproclamées, et le progrès du citoyen dans sa Nation pour l’utopie de la société globale et de l’humanité unie. Quant aux écologistes qui s’accrochent encore au discours global, mesurent-ils que c’est l’urgence écologique qu’ils mettent en danger à force de la détourner pour un agenda libéral totalement et définitivement hostile à la vie — celui de la climatisation généralisée et de la vaccination universelle ?
Il faudra tôt ou tard que ceux qui ont imposé leur agenda criminel par haine de l’Europe et des Nations paient. Derrière leurs Fondations et leurs ONG qui blanchissent si bien l’argent du crime, les Davos’guys, les prêcheurs du nomadisme, les pirates de la Silicon Valley, sont coupables de crime contre la civilisation, cette civilisation qui n’existe que dans la diversité, donc la séparation, donc la discrimination.
Qu’en aurait dit le grand ethnologue défenseur passionné de la diversité des sociétés humaines, Claude Lévi Strauss ? Lui qui, âgé alors de plus de cent ans, confiait qu’il allait quitter sans regret un monde où plus rien ne demeurait de ce qu’il avait aimé ? Que dirait-il devant la prolifération de ces masques qui font de chacun, de chacune, un fantôme aseptisé ? Et que dirait Emmanuel Levinas, lui qui a fondé sa philosophie de l’altérité sur le contact direct avec le regard et le visage de l’autre, dans des villes où le masque cache à chacun le visage de l’autre ?
Le port du masque instaure cette Grande Séparation qui s’annonçait, voici bientôt dix ans (1). Nous vivons l’effet monstrueux de la négation de la distance, de la séparation, de l’éloignement. S’il faut porter un masque dans la rue, s’il faut se cacher derrière un masque pour sortir, rencontrer, côtoyer, la question se posera à beaucoup ; est-ce vraiment là le monde dans lequel nous avons envie de vivre ? Et la réponse s’imposera ; que paient ceux qui ont fait de lui ce qu’il est devenu ! Le prix ne sera jamais trop élevé.
Hervé Juvin
Note :
1) pour une fois, je ne peux que rappeler mon livre, « La Grande Séparation », Gallimard, « Le Débat », 2014.
Die in Genf ansässige Weltgesundheitsorganisation WHO ist die einflussreichste Organisation auf diesem Planeten, wenn es um Themen der globalen Gesundheit und Epidemien geht. Nur die wenigsten Menschen wissen allerdings, wer tatsächlich das Sagen bei der UNO-Tochterorganisation hat, welche schockierenden Interessenkonflikte dort an der Tagesordnung sind, wie weit verbreitet die Korruption ist und wie sehr es an Transparenz mangelt in dieser Einrichtung, von der wir erwarten, dass sie uns überparteilich durch die derzeitige Covid-19-Pandemie steuert.
Am 30. Januar verkündete der Generaldirektor der WHO, Tedros Adhanom Ghebreyesus, eine »gesundheitliche Notlage internationaler Tragweite«. 2 Tage zuvor hatte Tedros in Peking mit Chinas Präsident Xi Jinping über den dramatischen Anstieg schwerer Erkrankungen im Großraum Wuhan gesprochen, die mit einem neuartigen Coronavirus in Zusammenhang standen und die mittlerweile dramatische Ausmaße angenommen hatten.
Notlage internationaler Tragweite
Als Tedros die Notlage ausrief, lobte er die chinesischen Quarantänemaßnahmen – Maßnahmen, die in der öffentlichen Gesundheit hoch umstritten sind und die in der Neuzeit zuvor niemals bei ganzen Städten, geschweige denn ganzen Ländern, versucht worden waren. Zeitgleich kritisierte Tedros interessanterweise die Länder, die zur Eindämmung der unbekannten neuen Krankheit Flüge nach China blockierten. Das brachte ihm den Vorwurf ein, China über Gebühr in Schutz zu nehmen. Offiziell waren die ersten drei Fälle in Wuhan am 27. Dezember 2019 gemeldet worden, also einen ganzen Monat zuvor.
Bei allen drei Patienten stellte man eine Lungenentzündung fest, die auf eine »neuartige« oder neue Form des SARSCoronavirus zurückging. Wichtig in diesem Zusammenhang: Vom 17. Januar bis zum 8. Februar 2020 sollte die größte Massenmigration weltweit stattfinden, dann nämlich würden sich im Rahmen der Feierlichkeiten zum chinesischen Neujahrsfest rund 400 Millionen Chinesen in Bewegung setzen, um ihre Familien zu besuchen. Um 2 Uhr morgens am 23. Januar, 2 Tage vor Auftakt der eigentlichen Neujahrsfestivitäten, griff die Verwaltung von Wuhan zu einem beispiellosen Schritt: Sie kündigte an, die gesamte 11-Millionen-Einwohner-Stadt ab 10 Uhr morgens unter Quarantäne zu stellen. Zu diesem Zeitpunkt hatten bereits Hunderttausende, wenn nicht Millionen Bürger panikartig die Stadt verlassen …
Als die WHO am 30. Januar die »gesundheitliche Notlage internationaler Tragweite« verkündete, waren also bereits wertvolle Wochen im Kampf gegen die Krankheit verloren gegangen.
Auf die Frage, warum die WHO mit Blick auf die Ausbreitung von Covid-19 in Wuhan und an anderen Orten keine Pandemie ausrief, erklärte der WHO-Sprecher Tarik Jarasevic: »Es gibt keine offizielle Kategorisierung (für eine Pandemie) … Die WHO arbeitet nicht mehr mit dem alten Sechs-Phasen-System, das von Phase 1 (keine Berichte über eine Tier-Influenza, die beim Menschen Infektionen auslöst) bis zu Phase 6 (Pandemie) reichte und mit der einige Menschen möglicherweise noch von H1N1 im Jahr 2009 vertraut sind.« Am 11. März dann die Kehrtwende: Tedros erklärte erstmalig, dass die vom neuartigen Coronavirus verursachte und inzwischen auf den Namen Covid-19 getaufte Erkrankung eine »globale Pandemie « darstelle. Zu diesem Zeitpunkt gab es nach Angaben der WHO in 114 Ländern über 118 000 Fälle von Covid-19 und 4291 Tote.
Die falsche Pandemie von 2009
Nachdem die WHO 2009 ein Fiasko erlitten hatte, als sie wegen der »Schweinegrippe« H1N1 eine globale Pandemie ausrief, beschloss sie, den Begriff »Pandemie« nicht länger zu verwenden. Der Grund ist bezeichnend für die Korruption, die sich durch alle Ebenen der WHO zieht. 2009 infizierte sich ein junges mexikanisches Kind mit einem neuartigen Virus in Veracruz, nämlich mit dem Virus H1N1, dem Erreger der Krankheit, die »Schweinegrippe « getauft wurde. Nur wenige Wochen zuvor hatte die WHO, ohne großes Aufhebens darum zu machen, die traditionelle Definition dessen geändert, was eine Pandemie ausmacht. Eine Pandemie war nunmehr keine Krankheit mehr, die in vielen Ländern weitverbreitet ist und ausgesprochen tödlich oder kräftezehrend verläuft. Damit die »Fachleute« der WHO eine Pandemie ausrufen konnten, reichte es nunmehr aus, dass eine Krankheit – wie beispielsweise die saisonale Grippe – weitverbreitet ist. Die Symptome von H1N1 waren dieselben wie bei einer starken Erkältung.
Als die damalige WHO-Generaldirektorin Dr. Margaret Chan offiziell Phase 6 und damit einen globalen Pandemie-Notfall ausrief, setzte sie das nationale Notfallprogramm in Gang. Unter anderem kauften die Regierungen für Milliarden Dollar H1N1-Impfstoffe. Am Ende der Grippesaison 2009 stellte sich jedoch heraus, dass die Todesfälle, die sich auf H1N1 zurückführen ließen, winzig waren verglichen mit den Opferzahlen, welche die normale saisonale Grippe gefordert hatte. Der deutsche Lungenarzt Wolfgang Wodarg gehörte seinerzeit der Parlamentarischen Versammlung des Europarates an. Er forderte 2009 eine Untersuchung zu vermuteten Interessenkonflikten, was die Reaktion der EU auf die Schweinegrippe-Pandemie anbelangte.
Das niederländische Parlament deckte zudem auf, dass sich Professor Albert Osterhaus von der Erasmus-Universität in Rotterdam in einer Position befand, persönlich von den Milliarden Euro zu profitieren, die in die vermeintlich für H1N1 gedachten Impfstoffe gepumpt wurden. Als zentraler Influenza-Berater der WHO stand Osterhaus im Mittelpunkt der weltweiten Aktivitäten rund um die globale Schweinegrippe/ Influenza-A-H1N1-Pandemie von 2009. Viele andere wissenschaftliche Experten der WHO, die Chan zum Verkünden einer Pandemie rieten, erhielten direkt oder indirekt Geld von Big-Pharma-Konzernen wie Glaxo- SmithKline, Novartis und anderen führenden Impfstoffherstellern. Dass die WHO eine Schweinegrippe-Pandemie verkündete, war eine Luftnummer.
2009/10 fielen die Influenza-Zahlen so niedrig aus wie seit Beginn der Aufzeichnungen durch die Medizinforschung nicht mehr. Und die Pharma-Riesen scheffelten unterdessen Milliarden.
Nach dem Pandemie-Skandal von 2009 arbeitete die WHO nicht mehr mit der Phase- 6-Stufe einer Pandemie und stieg um auf das völlig vage und verwirrende Prinzip der »gesundheitlichen Notlage internationaler Tragweite«. Nun entschieden Tedros und die WHO jedoch willkürlich, den Begriff der Pandemie wieder einzuführen, räumten im Zuge dessen aber ein, dass sie noch dabei seien, eine neue Definition des Begriffs zu finden. »Pandemie« löst mehr Furcht aus als »gesundheitliche Notlage internationaler Tragweite«.
Weiterhin Konflikte um WHO-Beirat
Rund um die Ereignisse von 2009/10 gab es skandalöse und gewaltige Interessenkonflikte, was die Verflechtungen von Big Pharma und WHO anbelangt. Und dennoch hat die WHO unter Tedros nur wenig getan, um Korruption und Interessenkonflikte auszumerzen. Der Strategische Beirat der WHO für Immunisierungsfragen (SAGE) ist durchsetzt mit Mitgliedern, die »finanziell beträchtliche« Zuwendungen von großen Impfstoffherstellern erhalten, von der Bill & Melinda Gates Foundation oder dem Wellcome Trust. Laut den aktuellsten Informationen der WHO zu SAGE hatten nicht weniger als 8 der 15 Mitglieder mögliche Interessenkonflikte angezeigt, wie es das Gesetz vorschreibt. In fast jedem Fall waren die Geldgeber unter anderem die Bill & Melinda Gates Foundation, Merck & Co., Gavi, die Impfallianz (eine von Gates finanzierte Gruppe, die sich für Impfungen starkmacht), das Global Health Scientific Advisory Committee der Gates- Stiftung, Pfizer, Novovax, GlaxoSmithKline, Novartis, Gilead und andere führende Akteure der Impfstoffszene. So viel zum Thema Unabhängigkeit und Objektivität der WHO-Wissenschaftler.
Gates und die WHO
Wenn schon nicht überraschend, dann doch zumindest hochgradig aufschlussreich ist es, dass viele Beiratsmitglieder finanzielle Verbindungen zur Gates Foundation haben. Die WHO wird in erster Linie nicht von den Mitgliedern der Vereinten Nationen finanziert, sie ist vielmehr eine sogenannte öffentlich-private Partnerschaft und wird dominiert von privatwirtschaftlichen Impfunternehmen und der Gruppe der von Bill Gates geförderten Organisationen.
Der aktuellste öffentlich einsehbare Finanzbericht der WHO stammt vom 31. Dezember 2017 und zeigt, dass von den mehr als 2 Milliarden Dollar, die der WHO im allgemeinen Haushalt zur Verfügung stehen, etwas über die Hälfte von privaten Geldgebern oder externen Einrichtungen wie der Weltbank oder der EU stammen. Mit Abstand größte nichtstaatliche und private Geldgeber sind die Bill & Melinda Gates Foundation, die von Gates finanzierte Gavi, die Impfallianz sowie der von Gates angestoßene Globale Fonds zur Bekämpfung von Aids, Tuberkulose und Malaria (GFATM). Diese drei pumpten über 474 Millionen Dollar in die WHO. Die Bill & Melinda Gates Foundation allein steuerte atemberaubende 324 654 317 Dollar bei. Zum Vergleich: Die Vereinigten Staaten als größter staatlicher Finanzier überwiesen der WHO im selben Zeitraum 401 Millionen Dollar.
Unter den nichtstaatlichen Geldgebern finden wir die weltgrößten Impfstoff- und Medikamentenhersteller, wie Gilead Sciences (eine Firma, die derzeit darauf drängt, dass eines ihrer Produkte für die Behandlung von Covid-19 zugelassen wird), GlaxoSmithKline, Hoffmann-La Roche, Sanofi Pasteur, Merck Sharp & Dohme, Chibret und Bayer. Die Pharmaunternehmen haben die WHO 2017 mit Dutzenden Millionen Dollar unterstützt. Dass private Impfbefürworter wie die Gates Foundation und Big Pharma die WHO so stark unterstützen, ist mehr als nur ein reiner Interessenkonflikt; es bedeutet im Grunde, dass sie die Ausrichtung der Organisation in ihrem Sinne beeinflusst haben, denn eigentlich ist die WHO dafür zuständig, die weltweiten Reaktionen auf Epidemien und Krankheiten zu koordinieren.
Die Gates Foundation, mit etwa 50 Milliarden Dollar im Rücken die weltgrößte Stiftung, investiert zudem ihre steuerbefreiten Dollars in ebenjene Impfstoffhersteller wie Merck, Novartis, Pfizer oder GlaxoSmithKline. Vor diesem Hintergrund kam es nicht überraschend, dass der äthiopische Politiker Tedros Adhanom 2017 zum Leiter der WHO gewählt wurde. Er ist der erste WHO-Generaldirektor, der kein Doktor der Medizin ist (auch wenn er darauf besteht, sich als »Doktor« ansprechen zu lassen). Er promovierte zum Ph.D. im Fach Community Health, in seiner Doktorarbeit untersuchte er die Folgen, die Dämme auf die Übertragung von Malaria in der äthiopischen Region Tigray haben. Bis 2016 war Tedros Außenminister in Äthiopien, in seiner Zeit zuvor als Gesundheitsminister lernte er Bill Gates kennen und übernahm den Vorsitz beim Globalen Fonds zur Bekämpfung von Aids, Tuberkulose und Malaria, der enge Verbindungen zu Gates pflegt.
Unter Tedros hat sich die Lage, was Korruption und Interessenkonflikte bei der WHO betrifft, keineswegs verbessert, eher noch verschlimmert. Das WHO Health Emergencies Program, also die Abteilung, die für die globale Antwort auf Covid-19 zuständig ist, war einem Bericht der Australian Broadcasting Corporation (ABC) zufolge 2018 und 2019 unter Tedros‘ Ägide in einem miserablen Zustand, weil es nicht gelungen sei, das Programm und die Notfallabteilung mit ausreichenden Finanzmitteln zu versehen. Dadurch laufe man Gefahr, auf Länderebene nicht zu adäquaten Ergebnissen zu gelangen. Weiter heißt es in dem ABC-Bericht, die internen Korruptionsvorwürfe hätten innerhalb der gesamten Organisation deutlich zugenommen:
»Es wurden zahlreiche Versuche aufgedeckt, die internationale Organisation um größere Geldsummen zu betrügen.«
Beruhigend klingt das nicht.
Dieser Beitrag ist zuerst in KOPP Exklusiv (Ausgabe 15/20) erschienen.
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« Quelques antisystèmes parlent encore de la chute du système… Toujours plus fort, le système n’a plus besoin de porte-avions. Il est comme le Tulsa Doom de Conan le barbare, il n’a plus besoin de fer pour contrôler, il lui suffit de contrôler notre esprit, comme dans un bon vieil épisode de Star Trek. La télé et le smartphone suffisent pour choquer puis pour soumettre tout le monde.
En réalité il n’a jamais été aussi fort le système, parce qu’il reproduit à chaque fois les mêmes gimmicks et les mêmes mensonges – avec la même chutzpah et les mêmes bons résultats. Notre martyre, pour reprendre Lucien Cerise, n’est pas prêt d’être achevé, car le destin du spectacle, comme dit Guy Debord cette fois, n’est pas de finir en despotisme éclairé. Brandon Smith qui semblait fou et cauchemardesque il y a peu confirme que c’est moins l’argent que le contrôle qui les motive. Les control freaks des films hollywoodiens ont été clonés sur nos hommes politiques qui en Inde, Espagne, France, aux Philippines, découvrent comme il est bon de nuire à autrui. L’homme est un pion pour l’homme.
Cette affaire de virus (je passe sur la manipulation des chiffres, qui nous ramène à Timisoara) va donc achever la fascisation des états occidentaux et la tiers-mondisation des citoyens. En relisant Naomi Klein on ne peut qu’en être assuré, alors que seize millions de chômeurs américains peuvent apprécier la plus forte hausse hebdomadaire de l’histoire de Wall Street – qui a repris 40% en trois semaines, grâce à l’aide multimilliardaire de Trump et de la Fed. Et comme dit aussi Brandon Smith, tous les petits commerces et commerces intermédiaires vont être liquidés, laissant la voie définitive à la tyrannie de l’Etat et des corporations titanesques. Tout cela était montré au cinéma, alors on ne croyait pas…
Rappelons Klein pour comprendre à quelle sauce nous serons mangés. Pour les naïfs on rappellera que les libéraux-néocons aux commandes sont plus millénaristes que les anciens communistes ou les anabaptistes. Elle écrit :
« Au milieu des années 1980, l’idée communiste de crise connut un spectaculaire regain de popularité sous l’impulsion des économistes de l’école de Chicago, qui raisonnaient comme suit : s’il peut provoquer une révolution à gauche, l’effondrement du marché peut aussi déclencher la contre-révolution à droite. On baptisa cette théorie « hypothèse de la crise ».
Le but de nos bourreaux libéraux :
« Le mot qui convient le mieux pour désigner un système qui gomme les frontières entre le Gouvernement avec un G majuscule et l’Entreprise avec un E majuscule n’est ni « libéral », ni « conservateur », ni « capitaliste ». Ce serait plutôt « corporatiste ». Il se caractérise au premier chef par d’immenses transferts de ressources publiques vers le secteur privé, démarche qui s’accompagne souvent d’une explosion de l’endettement, d’un accroissement de l’écart entre les riches à outrance et les pauvres sans importance et d’un nationalisme exacerbé qui justifie des dépenses colossales dans le domaine de la sécurité. Pour ceux qui font partie de la bulle d’extrême richesse ainsi créée, il n’y a pas de moyen plus rentable d’organiser la société. »
Evidemment un tel système demande ordre et torture :
« Étant donné les désavantages manifestes pour la vaste majorité des citoyens condamnés à rester en marge, l’État corporatiste doit adopter d’autres tactiques : le resserrement de la surveillance (le gouvernement et les grandes sociétés s’échangeant une fois de plus des faveurs et des contrats), le recours massif aux emprisonnements, le rétrécissement des libertés civiles et, souvent, la torture. »
Et Naomi d’ajouter :
« Du Chili à la Chine en passant par l’Irak, la torture a été le partenaire silencieux de la croisade mondiale en faveur de la libéralisation des marchés. Cependant, elle n’est pas qu’un simple moyen utilisé pour forcer des citoyens rebelles à accepter des politiques dont ils ne veulent pas. On peut aussi y voir une métaphore de la logique qui sous-tend la stratégie du choc. »
Depuis des mois en effet nous sommes torturés, sidérés, abrutis, tétanisés par cette histoire de virus, à qui on attribue toutes sortes de morts qui représentent un millième de la grippe faussement nommée espagnole.
Or on ne traite pas autrement les cochons. Klein de rappeler :
« Je me suis rendu dans un abattoir pour observer ce qu’on appelait l’« abattage électrique ». On plaçait sur les tempes des porcs de grosses pinces métalliques raccordées à un bloc d’alimentation de 125 volts. Dès que les pinces étaient en place, les animaux perdaient connaissance, se raidissaient et, au bout de quelques secondes, étaient pris de convulsions, exactement comme nos chiens de laboratoire. Pendant cette période d’inconscience (coma épileptique), le boucher tuait les animaux d’un coup de couteau et les saignait sans difficulté (Ugo Cerletti, psychiatre). »
Le 11 septembre semble assez bucolique à côté. Mais rappelons quand même à quoi il servit – à reprogrammer les humains devenus « tous américains » :
« À cet égard, l’exemple le plus probant est le choc du 11 septembre, qui, pour des millions de personnes, fit voler en éclats le « monde familier ». Il déclencha du même coup une période de désorientation et de régression que l’administration Bush exploita de main de maître. Soudain, nous nous retrouvions en quelque sorte en l’an zéro. Tout ce que nous savions du monde relevait d’« avant » la catastrophe. Nous, les Nord-Américains, qui de toute façon connaissions mal notre histoire formions désormais un État vierge, une « feuille blanche » sur laquelle « on peut écrire les mots les plus beaux et les plus nouveaux », ainsi que Mao le dit à propos de son peuple. »
La chasse au musulman (vingt millions de victimes) fut ouverte et le début de la fin des libertés :
« Une nouvelle armée de spécialistes se chargea aussitôt d’écrire des mots beaux et nouveaux sur la table rase de notre conscience traumatisée : « choc des civilisations », « axe du mal », « islamo-fascisme », « sécurité intérieure ». Pendant que les citoyens étaient mobilisés par de nouvelles guerres culturelles aux conséquences mortelles, l’administration Bush accomplit ce dont elle n’aurait pu que rêver sans les attentats du 11 septembre : lancer des guerres privatisées à l’étranger et créer un complexe de la sécurité assujetti au contrôle du privé à l’intérieur des frontières des États-Unis. »
Naomi ne parlait pas de virus mais elle décrit pourtant le phénomène de la panique virale à laquelle nous invitait Greta l’an dernier :
« Voici donc comment fonctionne la stratégie du choc : le désastre déclencheur — le coup d’État, l’attentat terroriste, l’effondrement des marchés, la guerre, le tsunami, l’ouragan — plonge la population dans un état de choc collectif. Le sifflement des bombes, les échos de la terreur et les vents rugissants « assouplissent » les sociétés, un peu comme la musique tonitruante et les coups dans les prisons où se pratique la torture. »
Car l’important est d’abandonner des droits – et Dieu sait que nous en abandonnons en ce moment :
« À l’instar du prisonnier terrorisé qui donne le nom de ses camarades et renie sa foi, les sociétés en état de choc abandonnent des droits que, dans d’autres circonstances, elles auraient défendus jalousement. Jamar Perry et les autres évacués entassés dans le refuge de Bâton Rouge devaient renoncer à leurs logements sociaux et à leurs écoles publiques. Après le tsunami, les pêcheurs sri-lankais devaient céder aux hôteliers leurs précieuses terres du bord de la mer. Si tout s’était passé comme prévu, les Irakiens, eux, auraient dû être sous le coup du choc et de l’effroi au point d’abandonner aux bases militaires américaines et aux zones vertes la maîtrise de leurs réserves de pétrole, de leurs sociétés d’État et de leur souveraineté. »
Après le moment-choc (peur et confinement), nous aurons le chômage, la dette enflée, les impôts et les confiscations – sans oublier d’autres confinements, car pourquoi changer une équipe qui gagne ? Ce sera la fin définitive du travail tel que nous avons connu. Et nous savons tous que pendant que le virus effraie, les réformes continuent…
Autre menace aussi : les monologues du vaccin ont remplacé momentanément les monologues du vagin. On pense au psychopathe Bill Gates et à son vaccin qui enrégimentera l’humain au nom de l’identité digitale (la technologie comme application physique des cauchemars gnostiques). Parlons alors de cette manipulation moliéresque de l’obsession médicale, de la paralysie par l’hôpital (comme on sait ils sont souvent assez vides, et tout le monde a vérifié…). Ici Naomi Klein cite Susan Sontag :
« L’utilisation du cancer dans le discours politique encourage le fatalisme et justifie des mesures « rigoureuses » — tout en renforçant l’idée largement répandue que cette maladie est obligatoirement mortelle. Le concept même de la maladie n’est jamais innocent. Mais on pourrait répondre que les métaphores liées au cancer portent en elles, et implicitement, l’idée de génocide. »
On ne saurait mieux dire alors ce qui nous attend. Déjà dissuadés (Virilio), nous finirons décérébrés comme Nicholson dans le prophétique Vol au-dessus d’un nid de coucous. Et je rappellerai cette phrase sur l’hôpital comme lieu de dressage de Michel Foucault :
« L’hôpital d’abord, puis l’école et plus tard encore l’atelier n’ont pas simplement été ‘mis en ordre’ par les disciplines ; ils sont devenus, grâce à elles, de tels appareils que tout mécanisme d’objectivation peut être utilisé comme instrument de sujétion, et tout accroissement de pouvoir donne naissance à une connaissance possible ; de ce lien, typique des systèmes technologiques, c’est ainsi que la médecine clinique ; la psychiatrie ; la psychologie des enfants ; la psychopédagogie ; la rationalisation du travail ont pu se former dans l’élément disciplinaire. »
Pauvre Nietzsche qui nous demandait de devenir durs… »
Au cœur d’une crise mondiale inédite par son ampleur, Strategika vous propose l’éclairage d’analystes et de penseurs reconnus dans leur domaine d’expertise. Nous avons posé à chacun une série de questions qui portent sur les différents aspects de cette véritable crise de civilisation ainsi que sur ses répercussions politiques, géopolitiques et sociales.
C’est aujourd’hui Nicolas Bonnal qui nous répond.
Né en 1961 à Tunis, Nicolas Bonnal étudie beaucoup, voyage plus encore et commence à publier en 1995 : Mitterrand le grand initié. Il publie ensuite aux belles lettres le Coq hérétique sur l’exception française, la première étude en français sur Tolkien et Internet nouvelle voie initiatique. Il publie aussi des romans (les territoires protocolaires) et un recueil de contes (les mirages de Huaraz) après une vacance de cinq ans en Amérique du sud. Il revient vivre en Andalousie, puis publie des livres sur le cinéma (le paganisme, Kubrick, Ridley Scott, sans oublier les westerns). Anarchiste réactionnaire, proche des libertariens américains et des traditionalistes européens, Nicolas Bonnal se réclame aussi du genre pamphlétaire (un livre sur Céline) et décidément antimoderne. Il a publié des textes sur une dizaine de sites dont France-courtoise.info, bvoltaire.fr, dedefensa.org, fr.sputniknews.com et pravdareport.com. Plusieurs de ses livres ont été traduits (russe, brésilien, ukrainien, espagnol). Son blog : nicolasbonnal.worpress.com
Strategika – On lit beaucoup d’éléments contradictoires selon les différentes sources d’information disponibles ou selon les avis des professionnels de la santé. Quelle est la réalité effective de cette pandémie selon vous ?
Je m’excuse mais je vais être provocateur et basique, pour rompre avec mes savants prédécesseurs dont plusieurs sont des amis – (Legrand, Perrier, Steuckers…). Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a une réalité spectaculaire de la pandémie. La guerre n’existe que quand vous la voyez à la télé, dit De Niro dans Hommes d’influence (wag the dog). Si vous tuez dix millions de gens ici sans que la télé n’en parle, ils sont des worthless victims comme dit Chomsky. Si vous en tuez trois pékins ailleurs et que ça fait la une de CNN, tous les perroquets de la planète rappliquent en pérorant et en pétaradant. La réalité c’est ce qui est vu. Bourdieu reprenait du reste le philosophe Berkeley dans son essai sur la télé, les fameux dialogues d’Hylas et Philonous. Etre c’est être perçu. Le coronavirus d’Astérix ? Il n’y a pas plus de morts que les autres années. J’ai donné les chiffres sur mon blog. Italie, France, Amérique, tous les esprits lucides (pas plus de 10% selon l’expérience Milgram) les ont repris. Stockman est outré (2.6 chances sur cent mille de mourir pour les moins de cinquante ans à New York, et ils bloquent tout), le docteur Paul aussi. D’autres doutent, la majorité affole et gobera tout, y compris l’anéantissement de ses biens et de sa liberté. C’est du Molière, du Simplicissimus. On n’a jamais vu cela depuis les croisades pour la liberté qui aboutirent à l’établissement du stalinisme et du maoïsme sur la moitié du monde. Mais plus c’est gros plus ça passe.
Il s’agit d’un coup d’Etat mondialiste basé sur la peur de mourir. On passe de la démocratie – de ce qu’il en restait – à la biocratie, comme dit maître Touati. Le domaine médical n’est pas de mon ressort, mais alors que la durée de vie diminue partout, et copieusement encore, et pas à cause de leurs grippes, on pense que l’on va devenir éternel en écoutant des prophètes boursiers autoproclamés. Tous mes amis médecins (quatre quand même) sont convaincus du bluff ou d’une fantastique exagération. On va alors parler d’hyperbole. Le style hyperbolique, qui est facile à parodier, est le plus simple à utiliser pour convaincre. Voyez Voltaire ou Cyrano. Parler de guerre contre une épidémie qui ne fait que dix mille morts, et pas cent millions, n’est pas seulement une plaisanterie, c’est une hyperbole. Porter les masques renforce ce bal masqué et ce spectacle tragi-comique.
Tragique parce qu’il nous a déjà coûté la liberté (qui ne reviendra pas) et dix mille milliards. Mais pourquoi ? C’est comme dans le Dr Knock. Knock explique à son naïf collègue qu’il aurait aimé être politicien, prêtre ou financier. Avec la peur liée à ses incurables microbes (cf. le virus reviendra, vous ne guérirez pas, vous pouvez guérir puis mourir, etc.), il couche le canton et devient tout cela à la fois : le pouvoir, le pognon et le spirituel sauce Bergoglio ou Tulsa Doom (il faut toucher l’esprit, pas le corps, explique-t-il en bon machiavélien à Conan affalé). Cette épidémie est une épidémie de peur et de propagande, un virus de la peur, et la peur sert à contrôler et à faire passer des agendas toujours plus sinistres. Le choc étourdit puis les peuples sont massacrés et volés, voyez l’Irak décrit par Klein. Ou voyez opération espadon (bizarrement sorti le 11 septembre) quand l’ex-agent explique qu’il faut divertir pour agir. Il se réclame de Houdini. Debord avait dénoncé les charlatans des hôpitaux dans ses commentaires. Il vaticinait que le destin du spectacle, de la démocratie occidentale, n’était pas de finir en despotisme éclairé. Nous y sommes : c’est le chaos mondial avec la milice partout tout ça pour une épidémie qui tue un millième de la grippe dite espagnole aux origines toujours peu éclaircies. Mais comme dit un lecteur, la médecine n’est pas une science ! Alors elle est un spectacle ; mais un spectacle qui sert comme pendant la Terreur en France le totalitarisme en cours. Quand les nazis ont commencé à tuer les handicapés, ils ont invoqué la médecine. Un dernier rappel : Naomi Klein rappelle dans sa stratégie de choc que le sinistre Donald Rumsfeld travaillait avec ses labos pharmaceutiques sur des virus de la grippe. Ces types qui agissent pendant que nous maugréons ou acquiesçons vendent des remèdes et des vaccins méphitiques, nous étions calculés depuis longtemps. Le sérieux savant du dix-neuvième et du début du vingtième siècle a fait place au financier et à l’homme de spectacle qui utilise une stratégie de gourou (cf. Sachs ou Drucker) pour ébaubir la foule. Malheureusement c’est ce qui est arrivé à notre expert en chloroquine… oh, cette session masquée avec macaron…
Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique ?
Au sens strict elle cause une bonne dépression parce qu’on arrête tout sans raison. On peut supposer que cela ne va pas durer trop longtemps, le temps de faire peur pour faire remonter la dette et taxer les pauvres, renflouer quelques oligarques et appliquer la thérapie de choc. Question : qui voudrait tout arrêter et pourquoi ? Non, on veut juste appauvrir pour soumettre : fin du cash, explosion du chômage, petit suicide économique, vaccin obligatoire, le tout accompagné d’une hausse de 40% à Wall Street. Je ne crois pas à l’effondrement. Comme le dit Naomi Klein, qui connaissait son Aldous Huxley (mariage du Big Business et du Big Gouvernement), on siphonne l’argent de tous pour le donner aux riches dont les fortunes deviennent partout gargantuesques. Même en France les fortunes de plus de dix milliards de dollars (luxe, mode) deviennent courantes. Les 0.1% raflent la mise (50 ou 60% du total) depuis les années 80. Ces années Reagan et Mitterrand qui furent celles de ma jeunesse furent celles de la fin officielle du monde moderne, comme je l’ai expliqué dans ma lettre ouverte à la vieille race blanche. Fukuyama et Debord peuvent en témoigner, sans oublier Gilles Chatelet (vivre et penser comme des porcs). Les milliardaires utilisent le marxisme culturel et sociétal (féminisme, genre, antiracisme, multiculturalisme) pour rafler la mise. Bill Gates est présenté comme philanthrope alors qu’il veut en bon control freak techno-messianique contrôler et recenser l’humanité avec ses vaccins digitaux. Tout cela est hélas annoncé par de vieux briscards comme Jack London ou Gustave Le Rouge ! N’oublions pas que dans la bible le recensement amène la peste sur le royaume de David. Et que pour Jack London le milliardaire est humanitaire. Toujours. Il veut faire le bien sur terre alors gare à lui…
La thérapie de choc est une redistribution. Tout sera pour le lion d’Astérix qui aux jeux du cirque bouffe tous ses compères dans l’arène. 100 dollars par chômeur, mille milliards pour Wall Street. Je ne vois donc pas d’effondrement. Ce qu’ils veulent c’est nous appauvrir et nous faire peur pour nous soumettre. Liquidation de la classe moyenne blanche fille des lumières et de l’instruction publique, retour au féodalisme via la technologie comme je l’ai expliqué dans mon livre sur internet il y a vingt ans. C’est un nouveau moyen âge que pressentait Umberto Eco dans un texte célèbre dans les années soixante. Mais c’est le moyen âge qui fait peur, pas celui qui fait rêver façon Julien l’hospitalier (celui de Flaubert bien sûr) : inégalité, disettes, croisades meurtrières, fanatisme, cruauté, épidémies, invasions, culture de la peur imposée par un clergé profiteur aux manettes, celui qu’a pu décrire Le Goff. Et si je disais que finalement l’hyper-classe veut appliquer à l’humanité le plan Morgenthau : contrôle malthusien de la population par la peur et la misère ? Ils ne s’en cachent même plus. On portera son vaccin pour sortir comme une étoile jaune (Gates) et on sera dirigé par la peur (Attali). Le dieu du Caïn de Victor Hugo fera le reste, avec sa peur dans le confinement et son smartphone.
Tout cela est quand même lié à l’échec grotesque de leur projet technologique. Moins ingénu que Kubrick, que je vénère pourtant, Huxley rappelle que le charabia sur Spoutnik ne vaut rien à côté du problème de la démographie (il savait que la conquête spatiale est un bluff). Le diable aussi est revenu sous forme de virus (je reconnus virus et ses feux redoutables…) pour aplatir les humains et laisser les condottieri locaux, français, philippin ou hindou, terroriser et matraquer leurs peuples. On est dans la parodie chrétienne décrite par Dostoïevski, dont j’ai reparlé récemment. A la place du grand inquisiteur, on a le grand acquisiteur… la religion de la peur a toujours servi à plumer les gens. En latin le péché se dit dette. Et Dieu sait que Greta, ce petit virus verbeux, aura su nous faire peur et nous tirer les billets verts du nez.
Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ?
Cela semble impossible à première vue. Tous les gouvernements ont copié les communistes-oligarques (ils sont tous milliardaires) chinois car tous les gouvernements monde considèrent le pouvoir comme leur trésor. Le pouvoir rend fou, y compris localement. Je reste au moyen âge, j’ai parlé de condottieri. On aura plutôt le pouvoir des principautés dégénérées qui tortureront leurs populations tout en respectant la lointaine et respectable papauté ou l’empire des vaccins. Je décommande le mythe du small is beautiful. En relisant Léopold Kohr je me suis rendu compte combien était horrible la petite ville ou principauté italienne quand un tyran comme Ezzelino ou Raymond de Cardona réglait son compte à toute une contrée (je pense aux villes martyres de Padoue, Prato).
On aura donc les grandes entités totalitaires et staliniennes (Chine, Russie, qui fascinent encore quelques distraits…) et les dystopies féodales. L’Europe sort renforcée dit-on ; mais surtout affaiblie de cette histoire, donc je pense qu’on ira vers des micro-dictatures, comme je l’ai montré dans mon roman La bataille des champs patagoniques. Je ne crois pas non plus au triomphe à long terme des milliardaires. Après un épisode Zaroff bien amusé, ils seront exterminés par leurs gardes du corps. Et je ne vous parle pas des pirates surarmés qui attaqueront les îles privées du Pacifique. On aura droit bientôt au syndrome sibérien : mourir vite ou survivre mal. Alors on survivra. Mal.
Strategika – Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?
Je suis un pessimiste joyeux mais intégral. Donc pas de solution collective, tout cela est dernière nous. Lucien Cerise parle après Barruel des révolutions qui réussissent parce que les banquiers sont derrière, Naomi Campbell aussi. Si nous étions capables de balayer les salauds néroniens qui dirigent le show, cela se saurait. Mais nous préférons cliquer antisystème, acheter des masques et des armes dont nous ne faisons rien (c’est comme pour l’or, qui sera confisqué comme il l’a toujours été au vingtième siècle, voyez le personnage de Gabin dans le cave se rebiffe). Les armes servent à se rassurer, pas à agir. Je pense d’ailleurs que le système va organiser deux ou trois attentats type Orlando ou Bataclan ce qui lui permettra de mieux nous triquer ensuite. La boucherie politique dont a parlé Zemmour ira en ce sens. Mais Zemmour est là aussi pour la vaseline. Celui qui avait tout dit était Serge de Beketch : les gens se révolteront quand ils auront plus mal que peur. Mais à la réflexion cette phrase est elle-même optimiste : il y avait peu de révoltes dans les camps d’extermination, qui sont le point d’orgue du malthusianisme et de la chasse au virus… Le zombi qui vivant dans un trois mètres carrés comme cette californienne fait du smartphone quinze heures par jour ne va plus harceler le système. Ce dernier développera toujours plus de milices privées de type médiéval encore. Et la lucidité ne sert à rien, j’en sais quelque chose. La couleur native de la résolution pâlit dans l’ombre de la pensée, comme dit Hamlet, à qui Rosencrantz rappelle que ce n’est pas le Danemark, mais le monde qui est une prison.
Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et à votre champ de recherche ?
Je vais être précis et parler de mes livres qui ont un fil rouge : l’avènement du techno-bolchevisme universel dans lequel nous entrons. En 95 puis en 2001 chez Albin Michel je publie un livre sur la manière dont Mitterrand a hypnotisé les Français ; en 97 aux Belles Lettres chez mon ami libertarien Desgranges un livre intitulé le coq hérétique sur la manière dont l’État a progressivement castré et appauvri les Français tout en les fanatisant. En 98 je publie mon livre sur Tolkien : le beau village Hobbit ou le doux univers elfique contre le monde Mordor comme nous le connaissons. Il est traduit en russe et je lui dois ma femme qui fut ma lectrice puis ma traductrice.
Puis je publie un roman d’anticipation, les territoires protocolaires, assez lu au Québec, et Internet nouvelle voie initiatique sur les origines cabalistiques du web et l’avènement du techno-gnosticisme qui va faire la chasse aux corps et créer un monde de néo-serfs et de techno-lords. Nous y sommes. Le livre est traduit en brésilien et inspire des thèses de doctorat. Il fit même la une du monde des livres ! Ensuite, pour résumer, je vis cinq ans hors des sentiers battus à Grenade puis en Amérique du Sud, ou la mondialisation me rattrape (« dans un monde unifié on ne peut s’exiler », dit Debord), et j’écris la lettre ouverte à la vieille race blanche qu’on peut télécharger gratuitement en PDF. Et plus récemment un ensemble de chroniques (lesakerfrancophone.fr, dedefensa.org) sur le présent permanent, l’ancienneté de la crise liée au monde moderne dont le caractère abrutissant et répétitif n’est jamais assez souligné. Cela donne mon livre littérature et conspiration (Dualpha). Mais à côté du désespoir je pratique l’évasion, j’écris des livres de voyages initiatiques, des contes fantastiques, etc.), qui m’aident à supporter le monde comme prison. J’ai ensuite vu le désastre arriver vraiment avec Obama, les bulles, les sanctions, les migrants, la théorie du genre, donc je suis passé dans un registre encore plus apocalyptique. Je crois que tout est perdu et qu’il ne nous reste individuellement, dans leur monde de tyrans et de succubes, qu’à sauver l’honneur ; et qu’il faudra préférer, pour renverser Pagnol, une belle mort à une laide survie.
Au cœur d’une crise mondiale inédite par son ampleur, Strategika vous propose l’éclairage d’analystes et de penseurs reconnus dans leur domaine d’expertise. Nous avons posé à chacun une série de questions qui portent sur les différents aspects de cette véritable crise de civilisation ainsi que sur ses répercussions politiques, géopolitiques et sociales.
C’est aujourd’hui Claude Chollet qui nous répond.
Claude Chollet, DESS de sciences politiques, a effectué une longue carrière internationale dans l’industrie pharmaceutique, voyageant dans le monde entier. Après avoir été président du GRECE (Groupe de Recherches et d’Etudes pour la Civilisation Europénne) il a créée en 2012 l’Observatoire du journalisme – OJIM qui « informe sur ceux qui nous informent ». Il a publié au mois d’avril 2020 un entretien philosophique avec l’helléniste et sinologue François Jullien dans la revue Eléments.
Strategika – On lit beaucoup d’éléments contradictoires selon les différentes sources d’information disponibles ou selon les avis des professionnels de la santé. Quelle est la réalité effective de cette pandémie selon vous ?
Contrairement à tout un chacun je ne suis ni virologue ni épidémiologiste, je me garderai donc de jugements péremptoires. On peut simplement rappeler quelques éléments statistiques. Au moment où j’écris le 7 avril 2020, il y aurait 1,5M de cas et environ 75000 décès. Et ce sont les Etats-Unis qui sont maintenant les plus touchés. Rappelons le nombre moyen de décès par an ces dernières années (en arrondissant) pour les principaux pays touchés :
France 600000
Allemagne 950000
Italie 600000
Espagne 400000
Etats-Unis + Canada 3000000
Pour ces six pays on enregistre à date 50000 décès.
Sur une période de trois mois le nombre de décès « normal » pour ces 5 pays est d’environ 1,5 millions, en estimant que le chiffre de 50000 décès est sous-estimé et en prenant 75000 décès cela représenterait 5% des décès sur cette période janvier/mars. Quelque chose de très sérieux mais rien à voir avec la grippe espagnole de 1918/20 qui a tué 50 millions de personnes. Bien entendu je parle à l’instant T. Que se passera t’il aux Etats-Unis et en Afrique, nous l’ignorons largement.
Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique ?
Il faut différencier les deux. Crise économique c’est certain, faillites d’entreprises, chômage en flèche, augmentation des dépenses et des impôts, crise de la demande, effondrement du tourisme,nous n’en sommes qu’au début. Il est possible que nous soyons au début du commencement d’un changement de paradigme. La mondialisation heureuse, le libéralisme libertaire, le sans-frontièrisme souriant, la main invisible qui réconcilie tout le monde, tout cela a du plomb dans l’aile. Mais comme l’animal est blessé il va devenir plus méchant. Les intérêts matériels et moraux du système libéral libertaire sont immenses, ils seront défendus farouchement. Les mondialistes et les diversitaires ne se rendront pas sans combattre, fût-ce au prix de nouveaux dégâts encore plus considérables. Il y aura des répliques, des effets de résonnance sur plusieurs années, peut-être faudra t’il une génération pour enterrer (partiellement) le vieux monde. Mais je ne crois pas à un effondrement, plutôt à des effritements par à coups et des secousses plus ou moins marquées.
Strategika – Plus de 3 milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ?
Un sentiment d’étrangeté, il n’y a pas vraiment de coordination. Il y a des pouvoirs publics tétanisés, qui avaient abandonné le politique au profit de l’économie (sauf en Chine) et qui découvrent que l’histoire n’est pas un long fleuve tranquille progressiste. Ils sont désemparés et essaient de préserver leurs pouvoirs en prenant des mesures défensives. Chacun joue pour soi face à un danger d’autant plus impressionnant qu’il est invisible.
Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ?
Yuval Noah Harari, l’auteur de Sapiens, a pris le relais d’Attali . Dans une tribune du Monde du 5 avril 2020, il plaide pour une sorte de mondialisation 2.0 , où le « partage », le « doux commerce », une sorte de coopération planétaire résoudrait tous les problèmes et absorberait sans trop de douleurs les pandémies, actuelles et futures. On voit très bien se dessiner de nombreux appels en ce sens et contre tout bon sens. Ils seront entendus par ceux dont ils défendent les intérêts, je doute que la période leur soit très favorable mais il y aura bien sûr de nouvelles tentatives allant dans cette direction.
Strategika – En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que « l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur ». Que vous inspire cette idée ?
Je ne crois aucunement à une évolution de l’humanité toute entière. Il y a des secousses qui amènent des changements de paradigme, des changements de rapports de forces entre les nations, entre les continents, entre les civilisations. Chacun voit l’affaiblissement relatif des Etat-Unis et la montée de la Chine. Et les européens ? Ont-ils assez peur pour oser redevenir une puissance ? Sans doute pas tout de suite, il faudra aller plus bas, plus au fond pour -peut-être donner un coup de talon et remonter.
Strategika – Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ?
Dominique Venner avait pour habitude de dire que ce qui domine en histoire c’est l’imprévu ; nous y sommes. La peur des responsabilités, la prédominance du court terme, une sorte d’impuissance subie et parfois voulue, marquent le personnel politique européen à l’exception de certains pays d’Europe centrale. A l’échelle de quelques semaines il peut y avoir des mécontentements sporadiques, les mesures de confinement et l’été vont calmer un peu le jeu. Mais la rentrée risque d’être chaude : les élections municipales reportées pourront elles se tenir ? Comment vont réagir les banlieues quand l’approvisionnement en drogues va se tarir ? Comment répondre aux reproches justifiés des gouvernants ? A court terme il y aura un tour de vis sécuritaire au nom de la lutte contre le virus via le tracking téléphonique et sur les réseaux sociaux. Un excellent prétexte pour renforcer la société de surveillance, chacun sera prévenu. Je doute que ce soit suffisant pour juguler complètement les mécontentements qui seront multiples.
Strategika – Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?
Carl Schmitt définit la politique comme la distinction entre ami et ennemi. Nous nous sommes découvert un ennemi invisible. Les peuples européens vont-ils se découvrir d’autres ennemis aussi sérieux ? Y compris à travers les pseudo-élites qui les gouvernent ? Pour un véritable changement de politique il faut des hommes et des femmes capables de prendre la relève. En France et en ce printemps 2020, je ne les discerne pas. Mais les périodes de crise sont celles où de nouvelles figures apparaissent, capables de prendre ce que Schmitt appelle des décisions, des décisions qui protégeraient les européens et les feraient rentrer dans une nouvelle période historiale.
Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ?
Il n’y a pas qu’une pandémie sanitaire mais aussi une médiadémie ou pandémédias, choisissez votre néologisme. Le sensationnalisme côtoie des reportages de complaisance. Les sujets qui fâchent, le non confinement de certaines minorités dans certains quartiers, un attentat récent dans la Drôme, l’insécurité grandissante, sont minimisés voire occultés. Il ne s’agit pas de censure mais d’auto censure consciente ou inconsciente. Rassurez-vous (si j’ose dire) la vraie censure est à venir. La loi Avia sur les « discours de haine » n’a pas encore été votée en deuxième lecture. Elle le sera à coup sûr et permettra aux opérateurs de censurer larga manu toute information non conforme sur les réseaux sociaux qui sont ceux qui informent le mieux si on les utilise avec discernement. Plus que jamais ce n’est pas seulement la liberté d’expression mais aussi la liberté d’opinion qui sont en péril. De ce côté je fais confiance à l’inventivité des diffuseurs d’informations, le système soviétique a péri et les samizdats y ont été pour quelque chose.
La pandémie mondiale de coronavirus a d’énormes implications géopolitiques. Le monde ne sera plus jamais le même. Cependant, il est prématuré de parler du genre de monde qui finira par exister. L’épidémie n’est pas finie : nous n’avons même pas atteint le pic. Les principaux points inconnus demeurent :
- Quel genre de pertes subira finalement l’humanité – combien de morts ?
- Qui sera capable de stopper la diffusion du virus, et comment ?
- Quelles sont les conséquences réelles pour ceux qui ont été malades et ceux qui ont survécu?
Personne ne peut encore répondre à ces questions même approximativement, et donc nous ne pouvons même pas imaginer les véritables dommages. Dans le pire scénario, la pandémie conduira à un déclin sérieux de la population mondiale. Au mieux, la panique s’avérera prématurée et infondée.
Mais même après les premiers mois de la pandémie, certains changements géopolitiques globaux sont déjà tout à fait évidents et largement irréversibles. Quelle que soit la manière dont les événements ultérieurs se dérouleront, quelque chose a changé une fois pour toutes dans l’ordre mondial.
Le dégel de l’unipolarité
Le début de l’épidémie de coronavirus a été un moment décisif dans la destruction du monde unipolaire et l’effondrement de la globalisation. La crise de l’unipolarité et l’échec de la globalisation est visible depuis le début des années 2000 – la catastrophe du 11 Septembre, la forte croissance de l’économie de la Chine, le retour à la politique mondiale de la Russie de Poutine comme entité politique de plus en plus souveraine, la forte activation du facteur islamique, la crise grandissante des migrants et la montée du populisme en Europe et même aux Etats-Unis qui entraîna l’élection de Trump et beaucoup d’autres phénomènes parallèles ont fait apparaître que le monde formé dans les années 90 autour de la domination de l’Occident, des Etats-Unis et du capitalisme global est entré dans une phase de crise. L’ordre mondial multipolaire commence à se former avec de nouveaux acteurs centraux, des civilisations, comme prévu par Samuel Huntington. S’il y avait des signes de multipolarité émergente, une tendance est une chose et la réalité objective en est une autre. C’est comme de la glace fissurée au printemps – il est clair qu’elle ne durera pas longtemps, mais en même temps elle est indéniablement là – vous pouvez même la traverser, bien que ce soit risqué. Personne ne peut savoir quand la glace fissurée cédera vraiment.
Nous pouvons maintenant commencer le compte à rebours vers un ordre mondial multipolaire – le point de départ est l’épidémie de coronavirus. La pandémie a enterré la globalisation, la société ouverte et le système capitaliste global. Le virus nous a forcés à aller sur la glace et des enclaves individuelles de l’humanité ont commencé à prendre leurs trajectoires historiques séparées.
Le coronavirus a enterré tous les mythes majeurs de la globalisation :
- l’efficacité des frontières ouvertes et l’interdépendance des pays du monde,
- l’aptitude des institutions supranationales à faire face à une situation extraordinaire,
- la solidité du système financier mondial et de l’économie mondiale dans son ensemble lorsqu’ils font face à des défis sérieux,
- l’inutilité des Etats centralisés, des régimes socialistes et des méthodes disciplinaires pour résoudre des problèmes aigus et la supériorité complète des stratégies libérales sur ceux-ci,
- le triomphe total du libéralisme comme panacée pour toutes les situations problématiques.
Leurs solutions n’ont pas marché en Italie, ni dans les autres pays de l’UE, ni aux Etats-Unis. La seule chose qui s’est avérée efficace a été la fermeture radicale de la société, le fait de miser sur les ressources domestiques, un fort pouvoir d’Etat et l’isolement des malades vis-à-vis des gens en bonne santé, des citoyens vis-à-vis des étrangers, etc.
En même temps, même les pays de l’Occident ont réagi à la pandémie de manières très différentes : les Italiens ont introduit la quarantaine complète, Macron a introduit un régime de dictature d’Etat (dans l’esprit des Jacobins), Merkel a donné 500 milliards d’euros pour soutenir la population, et Boris Johnson, suivant l’esprit de l’individualisme anglo-saxon, a suggéré que la maladie soit considérée comme une affaire privée pour chaque Anglais et refusé de mener un dépistage, sympathisant à l’avance avec ceux qui perdront des proches. Trump a établi l’état d’urgence aux Etats-Unis, fermé les communications avec l’Europe et le reste du monde. Si l’Occident agit de manière si disparate et si contradictoire, alors que dire des autres pays ? Chacun semble chercher à se sauver comme il le peut. Cela a été le mieux accompli par la Chine qui, en résultat des politiques pratiquées par le Parti communiste, a instauré des méthodes disciplinaires dures pour combattre l’infection et a accusé les Etats-Unis de la répandre. La même accusation a été faite par l’Iran, qui a été durement touché par le virus – y compris parmi les principaux dirigeants du régime.
Ainsi le virus a déchiré la société ouverte et projeté l’humanité dans son voyage vers un monde multipolaire.
Quelle que soit la façon dont se terminera le combat contre le coronavirus, il est clair que la globalisation s’est effondrée. Cela pourrait presque certainement indiquer la fin du libéralisme et de sa domination idéologique totale. Il est difficilement possible de prévoir la version finale du futur ordre mondial – spécialement dans ses détails. La multipolarité est un système qui historiquement n’a pas existé, et si nous en cherchons un analogue éloigné, nous devrions nous tourner non vers l’ère des Etats européens plus ou moins équivalents après le monde westphalien, mais vers l’époque précédant l’ère des Grandes Découvertes, quand, en même temps que l’Europe (divisée en pays chrétiens occidentaux et orientaux), le Monde Islamique, l’Inde, la Chine et la Russie existaient en tant que civilisations indépendantes. Les mêmes civilisations existaient dans la période précoloniale en Amérique (les Incas, les Aztèques, etc.) et en Afrique. Il y avait des liens et des contacts entre ces civilisations, mais il n’y avait pas un seul type dominant avec des valeurs, des institutions et des systèmes universels.
Le monde post-coronavirus impliquera probablement des régions mondiales individuelles, des civilisations et des continents qui se formeront graduellement en acteurs indépendants. En même temps, le modèle universel du capitalisme universel s’effondrera probablement. Ce modèle sert actuellement de dénominateur commun de toute la structure de l’unipolarité : de l’absolutisation du marché à la démocratie parlementaire et à l’idéologie des droits de l’homme, incluant les notions de progrès et de la loi de développement technologique qui sont devenues des dogmes dans l’Europe du Nouvel Age et qui se sont répandus dans toutes les sociétés humaines au moyen de la colonisation (directement ou indirectement sous la forme de l’occidentalisation).
Beaucoup de choses dépendront de ceux qui vaincront l’épidémie et comment : là où les mesures disciplinaires s’avéreront efficaces, elles entreront dans l’ordre politique et économique du futur comme une composante essentielle. La même conclusion peut être atteinte par ceux qui, au contraire, ne parviendront pas à conjurer la menace d’une pandémie au moyen de l’ouverture et en évitant des mesures dures. L’aliénation temporaire dictée par la menace directe de la contagion venant d’un autre pays et d’une autre région, la rupture des liens économiques et l’aliénation nécessaire vis-à-vis d’un système financier unique forceront les Etats victimes de l’épidémie à rechercher l’autosuffisance, parce que la priorité sera la sécurité alimentaire, une autonomie et une autarcie économique minimum pour répondre aux besoins vitaux de la population en-dehors de tous les dogmes économiques qui, avant la crise du coronavirus, étaient considérés comme la seule possibilité. Même là où le libéralisme et le capitalisme seront préservés, ils seront placés dans le cadre national, dans l’esprit des théories mercantilistes prônant le maintien d’un monopole du commerce extérieur dans les mains de l’Etat. Ceux qui sont moins liés à la tradition libérale pourraient bien se diriger dans d’autres directions, dans l’inventaire de l’organisation optimale du « grand espace », en prenant en compte les particularités civilisationnelles et culturelles.
On ne peut pas dire à l’avance ce que deviendra finalement le modèle multipolaire dans son ensemble, mais le fait même de la rupture du dogme généralement dominant de la globalisation libérale ouvrira des opportunités et des voies complètement nouvelles pour chaque civilisation.
Après le coronavirus : la sécurité multipolaire
Le monde multipolaire créera une architecture de sécurité entièrement nouvelle. Elle ne sera peut-être pas plus viable ou adaptable pour la résolution des conflits, mais elle sera différente. Dans ce nouveau modèle, l’Occident, les Etats-Unis et l’OTAN, si l’OTAN existe encore, seront juste un facteur parmi d’autres. Les Etats-Unis eux-mêmes ne seront clairement pas capables (et probablement ne voudront pas, si la ligne Trump prévaut finalement à Washington) de jouer le rôle d’arbitre mondial unique, et par conséquent les Etats-Unis acquerront un statut différent après la quarantaine et l’état d’urgence. Il pourrait être comparé au rôle d’Israël au Moyen-Orient. Israël est indubitablement un pays puissant, influençant activement l’équilibre de puissance dans la région, mais il n’exporte pas son idéologie et ses valeurs dans les pays arabes environnants. Au contraire, il préserve son identité juive pour lui-même, tentant plutôt de se libérer des porteurs d’autres valeurs plutôt que de les inclure dans sa composition. La construction d’un mur face au Mexique et l’appel de Trump aux Américains pour qu’ils se concentrent sur leurs problèmes internes sont similaires à la voie d’Israël : les Etats-Unis seront un pays puissant, mais ils garderont leur idéologie libérale-capitaliste pour eux-mêmes, plutôt que pour attirer des outsiders. La même chose s’appliquera pour l’Europe. Par conséquent, le facteur le plus important du monde unipolaire changera radicalement son statut.
Cela conduira bien sûr à une redistribution des forces et des fonctions entre les autres civilisations. L’Europe, si elle garde son unité à un certain degré, créera probablement son propre bloc militaire indépendant des Etats-Unis, qui fut déjà discuté après l’effondrement de l’Union Soviétique (le projet de l’Eurocorps) et a été évoqué à plusieurs reprises par Macron et Merkel. N’étant pas directement hostile aux Etats-Unis, un tel bloc suivra dans de nombreux cas les intérêts européens propres, qui pourraient parfois différer fortement de ceux des Etats-Unis. Avant tout, cela affectera les relations avec la Russie, l’Iran, la Chine et le monde islamique.
La Chine devra se transformer, passant de bénéficiaire de la globalisation à une puissance régionale et s’adaptant pour poursuivre ses intérêts nationaux en tant que telle. C’est exactement ce vers quoi ont tendu tous les processus en Chine dernièrement – renforcement du pouvoir de Xi Jinping, projet de « Routes de la Soie » [OBOR], etc. Cela ne concernera plus la globalisation avec des caractéristiques chinoises, mais un projet extrême-oriental explicite avec des caractéristiques confucéennes spéciales et partiellement socialistes. Les conflits avec les Etats-Unis dans l’océan Pacifique deviendront clairement plus aigus à un certain moment.
Le monde islamique fera face au problème difficile du nouveau paradigme de l’auto-organisation, puisque dans les conditions de formation des grands espaces – Europe, Chine, USA, Russie, etc. – les pays islamiques individuels ne pourront pas pleinement se mesurer aux autres et défendre efficacement leurs intérêts. Il devra y avoir plusieurs pôles d’intégration islamique – chiite (avec l’Iran pour centre) et sunnite, où, avec l’Indonésie et le Pakistan en Orient, un bloc sunnite occidental autour de la Turquie et de certains pays arabes comme l’Egypte ou les pays du Golfe sera probablement construit.
Et finalement, dans l’ordre mondial multipolaire, la Russie a une chance historique de se renforcer comme civilisation indépendante qui verra un accroissement de pouvoir en résultat du déclin important de l’Occident et de sa fragmentation géopolitique interne. Cependant, en même temps, ce sera aussi un défi : avant de s’affirmer pleinement comme l’un des pôles les plus influents et puissants du monde multipolaire, la Russie devra passer le test de la maturité, préservant son unité et réaffirmant ses zones d’influence dans l’espace eurasien. On ne voit pas encore clairement où se trouveront les frontières sud et ouest de la Russie-Eurasie dans l’après-coronavirus. Cela dépendra largement du régime, des méthodes et des efforts dont la Russie fera usage pour conjurer la pandémie et des conséquences politiques que cela aura. De plus, il est impossible de prédire exactement l’état des autres « grands espaces » – les pôles du monde multipolaire. La constitution du périmètre russe dépendra de nombreux facteurs, dont certains pourraient s’avérer très dangereux et conflictuels.
Graduellement, un système d’arbitrage multipolaire sera formé – soit sur la base de l’ONU réformée sous les conditions de la multipolarité, soit sous la forme d’une nouvelle organisation. Encore une fois, tout dépendra ici de la manière dont le combat contre le coronavirus se déroulera.
Le virus comme mission
Il ne faut pas s’y tromper : la pandémie mondiale de coronavirus est un tournant dans l’histoire mondiale. Non seulement les indices boursiers et les prix du pétrole s’effondrent, mais l’ordre mondial lui-même est en train de tomber. Nous vivons dans la période de la fin du libéralisme et de son « évidence » comme méta-récit global, de la fin de ses mesures et standards. Les sociétés humaines deviendront bientôt flottantes : plus de dogmes, plus d’impérialisme du dollar, plus d’incantations au libre marché, plus de dictature de la FED ni d’échanges boursiers mondiaux, plus de soumission à l’élite médiatique mondiale. Chaque pôle construira son futur sur ses propres fondations civilisationnelles. Il est évidemment impossible de dire à quoi cela ressemblera ou à quoi cela mènera. Cependant, il est déjà clair que le vieil ordre mondial est en train de devenir une chose du passé, et que les contours très distincts d’une nouvelle réalité sont en train d’émerger devant nous.
Ce que ni les idéologies, ni les guerres, ni les féroces batailles économiques, ni la terreur, ni les mouvements religieux n’ont pu faire, un virus invisible mais mortel l’a accompli. Il a apporté avec lui la mort, la souffrance, l’horreur, la panique, la tristesse… mais aussi le futur.
Nous croyons que le vide de l’univers est en équilibre, c’est-à-dire que le cycle entier d’entropie possible est passé… mais si c’était seulement une apparence ?
Le coronavirus et l’effondrement de l’ordre mondial
Depuis quelques décennies nous nous attendions à quelque chose de fatal, quelque chose d’irréversible et de décisif. Peut-être que l’épidémie de coronavirus sera cet événement.
Il est trop tôt pour tirer des conclusions précises, mais certains éléments de géopolitique et d’idéologie ont peut-être déjà passé le point de non-retour.
L’épidémie de coronavirus représente la fin de la globalisation. La société ouverte est mûre pour l’infection. Quiconque veut supprimer les frontières prépare le terrain pour l’annihilation totale de l’humanité. Vous pouvez sourire, bien sûr, mais des gens en combinaisons de protection blanches mettront fin aux rires inappropriés. Seule la fermeture peut nous sauver. La fermeture dans tous les sens – frontières fermées, économies fermées, fourniture fermée de biens et de produits, ce que Fichte appelait un « Etat de commerce fermé ». Soros devrait être lynché, et un monument devrait être bâti en l’honneur de Fichte. Leçon n° 1.
Deuxièmement : le coronavirus tourne la dernière page du libéralisme. Le libéralisme a facilité la diffusion du virus – dans tous les sens. L’épidémie requiert la démolition de toutes les différences. Le libéralisme est le virus. Un peu plus de temps passera, et les libéraux seront identifiés à des « lépreux », des « maniaques » contagieux qui appellent à danser et à faire la fête au milieu de la peste. Le Libéral est le porteur du coronavirus, son apologiste. C’est particulièrement le cas s’il s’avère qu’il a été créé aux Etats-Unis, la « citadelle du libéralisme », comme arme biologique. Leçon n° 2 : le libéralisme tue.
Troisièmement : les critères pour le succès et la prospérité des pays et des sociétés sont en train de changer spectaculairement. Dans la bataille contre l’épidémie, ni la richesse de la Chine ni le système social européen, ni l’absence de système social aux Etats-Unis (qui a la plus grande armée et le plus grand pouvoir financier du monde) ne les sauveront. Même le régime spirituel et vertical iranien est impuissant. Le coronavirus a coupé tout le sommet de la civilisation – pétrole, finance, libre-échange, le marché, la domination totale de la FED… les dirigeants du monde sont impuissants. Des critères complètement différents sont apparus :
- la possession d’un antivirus
- l’aptitude à assurer la vie d’une manière autonome pour eux-mêmes et pour leurs proches dans des conditions de fermeture maximum.
Répondre à ces critères signifie réévaluer toutes les valeurs. Le vaccin est dans la province de ceux qui ont très probablement développé le virus, et ce n’est donc pas une solution fiable. Cependant, la fermeture et la transition vers l’autosuffisance est quelque chose que chacun peut faire, bien que faire cela requiert la multipolarité. Les petites fermes et les échanges naturels survivront à l’effondrement total de tout.
Donc, quels seraient les prochaines mesures logiques après une marche triomphante du coronavirus à travers la planète ? Au mieux, l’apparition de plusieurs zones mondiales relativement fermées – des civilisations, des grands espaces, ou – au pire – les mondes de Mad Max et de Resident Evil. La série russe « L’épidémie » est en train de devenir une réalité devant nos yeux.
Les dieux de la peste
Je commence à comprendre pourquoi les dieux de la peste étaient respectés et adorés dans certaines sociétés. La venue de la peste permet un renouvellement complet des sociétés. L’épidémie n’a pas de logique et n’épargne ni le noble ni le riche, ni le puissant. Elle détruit tout le monde d’une manière indiscriminée, et ramène les gens au simple fait de l’être. Les dieux de la peste sont les plus honnêtes. Antonin Artaud écrivit des choses là-dessus, comparant le théâtre à la peste. Le but du théâtre, d’après Artaud, est, avec toute la cruauté possible, de faire revenir l’homme au fait qu’il est, qu’il est ici et maintenant, un fait qu’il tente constamment et obstinément d’oublier. La peste est un phénomène existentiel. Les Grecs appelaient Apollon Smintheus « le dieu souris » et attribuaient à ses flèches le pouvoir d’apporter la peste. C’est ainsi que commence l’Iliade, comme chacun sait.
C’est ce qu’Apollon ferait s’il regardait l’humanité moderne – banquiers, blogueurs, rappeurs, députés, employés de bureau, migrants, féministes… C’est bien cela.
Buñuel a fait un film nommé « L’Ange Exterminateur » qui est plus ou moins là-dessus.
Comment le monde finit
On peut aussi prendre note des éléments de l’épidémie qui semblent suggérer une origine humaine, permettant à l’Occident d’utiliser le virus contre ses adversaires géopolitiques (ce qui explique la Chine et l’Iran, mais pas l’Italie et les autres) ou même un début d’extermination ciblée de tous ces milliards d’humains en trop par un petit cercle de l’humanité disposant d’un vaccin lui-même produit par le « progrès » et la « société ouverte ». Dans ce cas, les « dieux de la peste » pourraient s’avérer être des représentants très spécifiques de l’élite financière globale, qui a depuis longtemps compris les « limites de la croissance ». Mais même dans ce cas – spécialement si cela n’est pas le début d’un génocide global complet, mais seulement un test – la conclusion est la même : ceux qui prétendent être responsables des sociétés humaines ne sont pas ce qu’ils semblent être.
Le libéralisme est seulement un prétexte pour l’extermination de masse, comme l’étaient la colonisation et la diffusion des standards de la civilisation occidentale. Les élites globales et leurs marionnettes locales comptent peut-être survivre grâce à un vaccin, mais quelque chose suggère que c’est peut-être là que le bât blesse. Le virus pourrait se comporter d’une manière imprévue, et les processus qui ont commencé au niveau civilisationnel, et même dans des événements individuels spontanés et imprévisibles, pourraient perturber leurs plans soigneusement pensés.
Toute l’économie mondiale ne s’effondrera peut-être pas en quelques mois, mais elle semble se diriger exactement dans cette direction…
Tout ce que les modernes considèrent comme « durable » et « fiable » est pure illusion, le coronavirus est en train de le montrer clairement et vivement. En fait, dès que la logique de l’événement continuera de se développer un peu plus, nous pourrions voir comment le monde finit – du moins le monde que nous connaissions. Et en même temps, les premiers contours de quelque chose d’autre commenceront à apparaître.
Matière en danger
Il est curieux que parallèlement au coronavirus, qui est devenu en un sens le sujet de la civilisation, des discussions sur les « bulles de néant » ont commencé dans la communauté scientifique, réactivant certaines hypothèses du fameux physicien Edward Witten, l’un des principaux théoriciens des phénomènes des « super-cordes ».
Edward Witten
D’après les idées des physiciens modernes, des « bulles de néant » peuvent surgir d’un « faux vide », c’est-à-dire un vide qui n’a pas atteint la stabilité, mais qui semble seulement l’avoir atteint. Dans le monde déca-dimensionnel (avec 4 dimensions ordinaires et 6 de plus, présentes par la compacification), de telles « bulles de néant » sont très probables. Si elles apparaissent, elles pourraient aspirer des galaxies dans le néant et avaler l’Univers. Ces tourbillons produits par des vides instables sont très impressionnants.
Et encore une fois, comme dans le cas du coronavirus, ils disent « rien de mal ne se produit, tout est sous contrôle ». Des représentants de l’élite scientifique nous rassurent en disant que la chance de l’apparition des « bulles de néant » est ridiculement faible.
Mais il me semble qu’elle ne l’est pas. Au contraire, elle est très importante. Le monde moderne est précisément une telle « bulle de néant » qui se développe rapidement, absorbant le sens et dissolvant l’existence : le libéralisme et la globalisation sont ses expressions les plus vivaces. Le coronavirus est aussi une bulle de néant.
La nature du virus lui-même est intéressante (bien que je déteste le concept de « nature », il n’y a rien de plus insensé). C’est quelque chose entre un être vivant – il a de l’ADN ou de l’ARN – et un minéral (il n’a pas de cellules). Cependant, il nous rappelle avant tout un réseau neuronal ou même une Intelligence Artificielle. Il est là ou il n’est pas, vivant, ou inanimé… c’est précisément ce qu’est le « vide non-équilibré » [nonequilibrium vacuum], qui crée ces « bulles de néant ».
Nous croyons que le vide de l’univers est en équilibre, c’est-à-dire que le cycle entier de l’entropie possible est passé… mais si c’était seulement une apparence ?
Quand vous entendez l’histoire du marché de Wuhan et que vous imaginez le combat entre des chauves-souris et des serpents venimeux, leur féroce échange de contagion et leurs mortelles flèches microscopiques de non-existence formées en couronne, il est impossible d’échapper à l’image des bulles de néant. Le même sentiment est provoqué par la chute du prix du pétrole et l’effondrement des indices boursiers. Même la guerre – avec sa spécificité et son éveil existentiel – ne nous sauve pas de l’attaque du néant, puisque la motivation des guerres modernes est si profondément emmêlée dans des intérêts matériels, financiers et corrompus, ayant perdu sa pureté originelle : la rencontre directe avec la mort. Elle sert seulement de bulle de néant supplémentaire, accomplissant ses instructions de conduire la matière vers l’oubli total.
La peste comme Evénement
Est-il possible qu’après avoir surmonté le coronavirus, l’humanité tire les conclusions appropriées, mette fin à la globalisation, rejette les superstitions libérales, stoppe les migrations et mette fin aux obscènes inventions techniques qui submergent toujours plus profondément les gens dans des labyrinthes sans fin de matière ? La réponse est très clairement non. Chacun reviendra rapidement à ses vieilles habitudes en un clin d’œil, avant même que les victimes aient été enterrées. Dès que – c’est-à-dire, si – les marchés reprendront vie et que le Dow Jones se réveillera, tout reviendra à la normale. Le naïf est celui qui pense le contraire. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que même une épidémie de cette ampleur sera transformée en un malheureux malentendu. Personne ne comprendra le sens de la venue des dieux de la peste, personne ne pensera aux « bulles de néant » et tout se répétera encore et encore jusqu’à ce que l’on atteigne le point de non-retour.
Si l’on prête soigneusement attention au passage du temps, il devrait être clair que nous sommes actuellement en train de franchir ce point.
Le récit glaçant d’un cauchemar qu’a fait Marcello Veneziani. Même si nous conservons l’optimisme naïf de croire que la fin est exagérée et relève plus du fantasme que de l’anticipation, toute la première partie ne relève désormais plus de la fiction: nous sommes en plein dedans, ou nous y serons quand le « déconfinement » sera décrété.
Cauchemar totalitaire, de la quarantaine au communisme
La captivité prolongée engendre de mauvaises pensées. De ceux qui la subissent, de ceux qui la décrètent. Malus mala cogitat, qui vit mal pense mal, pourrions-nous traduire. Ainsi, dans un demi-sommeil, entre la nuit et l’aube, j’ai fait un cauchemar. J’ai vu, j’ai pensé, j’ai rêvé – je ne sais pas trop – où porterait la longue détention pour raisons sanitaires: à un régime totalitaire jamais vu auparavant qui priverait les citoyens des libertés les plus fondamentales et n’admettrait aucune dissidence, au nom de l’urgence sanitaire suprême. Niés, les droits principaux, qui précèdent même les droits démocratiques: sortir de la maison, se promener, rencontrer sa famille et ses amis, s’embrasser, vivre en plein air, aller à la messe. Stoppée, toute activité productive, détruite, toute forme de travail, de récréation, de la lecture au café; seulement les distractions centralisées et contrôlées, car administrées par le Réseau directement à la maison.
Marcello Veneziani
Dans ce cauchemar, l’obligation de porter des masques était devenue permanente, dans le but de museler les citoyens, de les empêcher de parler librement et de se faire comprendre, avec l’excuse de préserver leur santé. Sous la menace de la maladie, de l’hospitalisation et de la mort, le peuple effrayé devenait docile et n’opposait pas de résistance Toute réunion de trois personnes ou plus était strictement interdite, et toute manifestation requérant une assemblée était interdite. Toute foi était déracinée, réduite au seul secret de sa propre intimité (enfermés dans les toilettes pour prier), la politique contrainte au privé, par contre, permission de fumer et de promener le chien.
À un certain moment, l’interdiction absolue de sortir fut supprimée, mais avec quatre lourdes conditions.
La première fut que même respirer en plein air, sortir de la maison, marcher, était considéré comme une concession, une grâce du pouvoir clément, et donc les gens devaient être reconnaissants à leurs geôliers de pouvoir enfin faire ce que personne dans l’histoire de l’humanité n’avait interdit à tout un peuple. La libre circulation était cependant limitée. Même pour les opinions et les dissensions, l’interdiction de circuler restait en vigueur, une commission spéciale était chargée de les réprimer.
La deuxième condition fut le prix à payer pour cette grâce ; considérant qu’un virus peut évoluer et se régénérer sous d’autres formes, alors la prophylaxie, les contrôles, la distanciation sociale, les voyages supervisés et toutes les restrictions en vigueur furent seulement tempérés et réglementés mais ne disparurent pas. On pouvait faire deux pas, sans exagération, respecter les horaires pour prendre la voiture et aller au supermarché, régler sa vie au rythme de la cloche de l’État qui scandait les horaires, les permis et les interdictions. En échange de cette liberté limitée, les sujets devaient être contrôlés par des bracelets électroniques et des colliers, des téléphones portables de surveillance, des bracelets de cou qui signalaient la présence, le mouvement et le temps de sortie. La mer, synonyme de liberté, était interdite.
Mais le régime totalitaro-sanitaire devint vraiment odieux quand il affronta la puissante crise économique et sociale que la contagion avait créée, la faillite de millions d’activités, la perte d’emplois pour des millions de travailleurs, la misère et à la faim. Après avoir promis une intervention de l’État pour protéger, soutenir ceux, nombreux restés à terre, après avoir promis des revenus et des fonds pour redémarrer, les caisses se vidèrent, il fut décidé, après un prélèvement forcé sous forme d’impôt sur la fortune, d’adopter un remède plus radical. Remettre tous les salaires à zéro, tout le monde reçoit le même revenu universel de citoyenneté. Autrement dit, à chacun selon ses besoins. Niée toute reconnaissance du mérite et des compétences, des études et du CV, de l’inventivité et de l’ingéniosité. Ainsi se réalisa l’utopie du communisme, mais elle fut appelée par un autre nom pour rassurer les gens; et elle fut promue par des gens qui ne venaient pas du communisme mais de rien ou du cirque.
‘A livella(*) devint l’hymne universel, acclamé par les nouveaux prolétaires affamés. Aucun régime, pas même le plus sanguinaire, n’avait réussi à étendre le contrôle totalitaire et les revenus égalitaires de manière aussi radicale. La crainte de la contagion et la crise qui s’ensuivit y parvinrent. On soupçonna alors que le virus avait été induit, ou du moins véhiculé, manipulé, monté. Et que les mêmes pays d’où il était parti avait pris le dessus étendant le régime communiste à l’Occident.
Enfin, la misère économique et sociale, les subventions d’État et le contrôle à but sanitaire, produisirent de fait l’extinction de la souveraineté politique, populaire et nationale et le transfert du pouvoir à un protectorat médico-économico-technocratique qui garantissait les flux financiers et le budget. C’est de cette façon que le communisme coopta les oligarques de la finance. Avec le despotisme maocapitaliste, on installe les chevaux de la Troïka (cavalli di Troïka, jeu de mots avec cavalli di Troia, chevaux de Troies), « trio » (terne: peut-être allusion à la liste de trois noms soumis à l’approbation du Pape lors de la nomination d’un évêque) de commandement composées d’un banquier, d’un manipulateur de médias et d’un soldat. Les pays développés vaincus et leur production démantelée, les pays qui vivaient du pétrole réduits à la famine, la société nivelée et la démocratie révoquée, le communisme implicite était dominé par un clan de faux scientifiques et de vrais satrapes.
Un rayon de soleil qui avait filtré dans la pièce me libéra du cauchemar mais il resta dans mes yeux, dans mon esprit, dans mes poumons, dans ma gorge. Bien sûr, ce sont de mauvaises pensées; même Paul Valéry a écrit ses mauvaises pensées en temps de captivité sous la seconde guerre mondiale et pendant l’occupation allemande.
La douceur interdite d’avril, qui était le mois le plus beau et le plus prometteur – beau pour le printemps qu’il déverse, prometteur pour l’été qu’il annonce – est devenue avec la prison domestique « le plus cruel des mois », comme l’a écrit T.S. Eliot.
Et l’interdiction de la Résurrection pour raisons d’hygiène, imposée pendant la Semaine Sainte, a rendu la détention encore plus atroce.
Si vous privez un homme de Pâques, au nom de la santé, vous lui refusez la possibilité d’être sauvé.
Ndt
(*) Poème napolitain (1964) de Totò (1898-1967), acteur comique très populaire en Italie . Il y est question d’un dialogue entre deux morts enterrés côte à côte dans un cimetière, un éboueur et un aristocrate, et la morale est le nivellement que la mort opère entre tous les hommes (wikipedia en italien).
Au cœur d’une crise mondiale inédite par son ampleur, Strategika vous propose l’éclairage d’analystes et de penseurs reconnus dans leur domaine d’expertise. Nous avons posé à chacun une série de questions qui portent sur les différents aspects de cette véritable crise de civilisation ainsi que sur ses répercussions politiques, géopolitiques et sociales.
C’est aujourd’hui Patrice-Hans Perrier qui nous répond.
Patrice-Hans Perrier est un journaliste indépendant qui s’est penché sur les affaires municipales et le développement urbain durant une bonne quinzaine d’années. Disciple des penseurs de la lucidité – à l’instar de Guy Debord ou Hannah Arendt – Perrier se passionne pour l’éthique et tout ce qui concerne la culture étudiée de manière non-réductionniste. Dénonçant le marxisme culturel et ses avatars, Patrice-Hans Perrier s’attaque à produire une critique qui ambitionne de stimuler la pensée critique de ses lecteurs. Passant du journalisme à l’analyse critique, l’auteur québécois fourbit ses armes avant d’aborder le genre littéraire. Patrice-Hans Perrier est un contributeur régulier de différents sites d’analyses stratégiques tels que le Saker francophone, Dedefensa, Réseau International. Vous pouvez aussi le retrouver sur son propre site : patricehansperrier.wordpress.com et sur le réseau social VK.
Strategika – Cette pandémie précède-t-elle un effondrement économique et systémique ?
J’estime que oui puisque la puissance dominante, les USA, ne parvient plus à juguler une dette cumulative de 23 mille milliards de dollars. La monnaie USA, le dollar, n’est plus adossée à l’or d’aucune façon et correspond à une monnaie totalement dépréciée. Les Russes et les Chinois tentent de se soustraire aux accords qui ont institué le pétrodollar, alors que les accords de Bretton Woods prenaient fin au début des années 70. Donc, un cycle de 25 ans prenait fin et lorsque les USA suspendent la convertibilité du dollar en or, en 1971, un nouveau cycle est initié. La monnaie américaine, qui est le joker des grandes banques d’affaire, devient une monnaie flottante, ce qui permet de monétiser à l’infini et de spéculer sur les autres monnaies qui ne sont pas indexées au pétrole en tentant de provoquer des crises pour saisir les réserves d’or des pays convoités.
La Russie vient, avec l’accord de l’OPEP, de provoquer une chute vertigineuse des cours du brut et l’industrie des gaz de schiste américaine est en faillite. Trump a bien tenté de rapatrier des emplois, mais il s’agit d’emplois peu rémunérés et avec la crise actuelle c’est tout l’effort de reconstruction de l’économie domestique américaine qui est menacé. L’argent liquide pourrait être retiré de la circulation au terme de la crise du coronavirus et les gouvernements, avec l’accord du FMI, de la BCI et de la BRI pourraient brancher une partie importante de la population sous respirateur artificiel. C’est-à-dire qu’un revenu universel sera mis sur pieds et qu’une part importante de la population tombera sous la tutelle absolue de l’état.
L’économie, telle que nous la connaissons, risque d’être détruite artificiellement et c’est le modèle chinois qui prévaudra à l’échelle du globe : capitalisme monopolistique étatique.
Strategika – Plus de 3 milliards de personnes sont appelées à se confiner dans le monde. Pour la première fois de son histoire, l’humanité semble réussir à se coordonner de manière unitaire face à un ennemi global commun. Que vous inspire cette situation ?
Lorsque Macron nous dit « Nous sommes en guerre », il parle un langage crypté. Cela signifie la FIN DE L’HABEAS CORPUS au gré de l’imposition de mesures d’exception qui ne sont que les préliminaires à la suspension des libertés civiles et à l’instauration de la loi martiale. Cette période de confinement est bonne puisqu’elle nous oblige à faire un retour sur nous-mêmes et à nous questionner sur les fondamentaux d’un « vivre ensemble » qui est bien plus qu’un simple slogan de type novlangue. Toutefois, ce confinement forcé pourrait fournir aux autorités publiques et privées l’opportunité d’implémenter les mesures d’exception suivantes :
– Traçabilité totale via les portables et cartes à puce ;
– Passeports intérieurs afin de pouvoir circuler d’un point à un autre au niveau local ;
– Enfermement des personnes contaminées ou récalcitrantes dans des camps ;
– Rationnement de la population au moyen d’un système de points « bonus-malus », tels que préconisés par Jacques Attali ;
– Contrôle total d’Internet avec, à la clef, fermeture des sites de réinformation ou des comptes des récalcitrants. Les fournisseurs de service étant obligé de transmettre aux services de renseignement l’historique de navigation et toutes les pages consultées par les citoyens « récalcitrants » ;
– Abolition de l’argent liquide et système faisant en sorte que les ministères des Finances puissent gérer toutes vos transactions : entrées et sorties d’argent numérique ;
– Vaccins obligatoires et, in fine, puçage de la population à des fins de traçabilité ;
– La technologie 5G sera implémentée afin de tisser la nouvelle toile du confinement permanent.
Strategika – Cette pandémie va-t-elle forcer l’humanité à se doter d’un gouvernement mondial comme le préconisait Jacques Attali lors de la pandémie de grippe A en 2009 ?
J’estime que les gouvernements locaux vont s’occuper des frontières, de la gestion des mesures d’exception, de la perception et de la redistribution des revenus d’impôt et de la sécurité publique de première ligne.
Au même moment, les agences mondialistes, telles que le FMI ou l’OMS vont transmettre les ordres aux entités nationales en matière de gestion de la masse monétaire, des activités de l’économie domestique, de la sécurité intérieure ou des normes d’hygiène.
Les pays ou les régions récalcitrants pourraient faire l’objet d’intervention des « forces spéciales » commandées par l’OTAN ou certaines firmes privées de mercenaires qui agissent en sous-œuvre. Autrement dit, un gouvernement mondial INVISIBLE sera mis sur pied et utilisera toutes les agences liées à l’ONU et les banques d’affaires privées afin de relayer les consignes aux autorités nationales.
Strategika – En 2009 toujours, Jacques Attali expliquait que « l’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur ». Que vous inspire cette idée ?
Il faut consulter l’ouvrage « La Doctrine du Choc », de l’auteur canadienne Naomi Klein, pour comprendre que le choc de la pandémie du coronavirus est utilisé afin d’accélérer le processus de DISSOLUTION, au sens cabalistique, des structures anthropologiques et socioéconomiques telles que nous les connaissons. D’ailleurs, un organisme baptisé Open Democracy – et qui semble être une filiale de l’OPEN SOCIETY – prône l’abolition de la famille, des frontières et des entités politiques nationales. La période de confinement et la campagne de peur orchestrée par les médias stipendiés par le grand capital font en sorte que la majorité de la population est incapable de comprendre ce qui se trame derrière les mesures d’exception décrétées par nos gouvernements complices. La peur permet d’immobiliser l’adversaire, le temps de lui inoculer un ensemble de notions qui servent à instiller le poison du CONSENTEMENT.
Strategika – Comment voyez-vous l’évolution de la pandémie et ses conséquences politiques et sociales dans les semaines à venir ?
Les gens ayant peur, perdant leur emploi, perdant espoir et énergies, les autorités vont serrer encore plus la vis au point d’instituer une véritable LOI D’EXCEPTION. L’Habeas Corpus sera définitivement suspendu.
Strategika – Existe-t-il une issue politique à la situation que vous venez de décrire et quelle forme pourrait-elle prendre selon vous ?
Le mouvement des Gilets jaunes constituants doit rapidement procurer des forums et liens pour signer des pétitions ou obtenir de l’aide à la population confinée. Un référendum virtuel doit être organisé à propos de la clôture de cette période de confinement et de la suite des choses en matière de gouvernance publique. Il faut mettre sur pied des tribunaux virtuels afin de juger les coupables de crime de délits d’initiés ou de négligence criminelle. Etc.
Strategika – Comment liez-vous la crise actuelle à votre domaine d’expertise et votre champ de recherche ?
Ancien journaliste indépendant, analyste et écrivain, cette crise unique dans l’histoire contemporaine me permet de valider tout une panoplie de réflexions critiques que j’ai mises sur la table depuis un quart de siècle. Sans être économiste ou politologue, j’estime être en mesure d’apporter des pistes de réflexion fécondes, aptes à aider mes contemporains à mieux se positionner et à pouvoir faire face à la réalité actuelle. J’en profite pour développer des projets d’écriture fictionnelle et aussi pour forger des partenariats avec d’autres observateurs et commentateurs.