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lundi, 12 novembre 2007

De Gaulle en 1947

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12 novembre 1947: Charles de Gaulle, qui a fondé le RPF, soit son propre parti, six mois auparavant, vient d’enregistrer une victoire retentissante lors des élections municipales de fin octobre. En effet, les communes de plus de 9000 habitants ont voté à 40% pour le RPF, contre 19% pour les communistes et 35% pour les partis de la coalition gouvernementale. Le pays réel ne correspond plus au pays légal. C’est un camouflet pour le gouvernement.

Le 12 novembre, de Gaulle, lors d’une conférence de presse, conclut que ces résultats devraient aboutir à un « renouvellement de l’Assemblée nationale », que le suffrage universel vient de prouver qu’il n’y a plus de partis, que le peuple tient ceux-ci en piètre estime. De Gaulle n’avait cessé de fustiger ces partis, notamment devant une foule d’un million de personnes rassemblées à l’hippodrome de Vincennes le 5 octobre : « Ces petits partis qui cuisent leur petite soupe au petit coin de leur feu », avait-il dit, suscitant l’hilarité de la masse.

En juillet, lors d’un tour de France de propagande, il avait véritablement déclaré la guerre aux communistes à l’occasion d’un discours tenu à Rennes en Bretagne. Il avait fait part à la foule d’une analyse politique claire : les querelles des partis du « marais » n’avaient eu qu’un seul résultat : la montée en force du PCF. En mai, le gouvernement « marécageux » de la IVième République aux abois, avait licencié ses ministres communistes sur ordre de Truman, qui avait invité tous les gouvernements européens à se débarrasser des communistes, à ne leur donner aucun strapontin ministériel.

De Gaulle voulait remplacer et le marais républicain et la contestation communiste par un vaste mouvement populaire, pariant sur des outils institutionnels comme le plébiscite ou les élections anticipées. Dans ce domaine, il se montrait parfait disciple de René Capitant et des élèves français de Carl Schmitt. Parmi ceux-ci, un homme sortira de l’ordinaire et nous lèguera une œuvre indépassable : Julien Freund.

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dimanche, 11 novembre 2007

Antilles néerlandaises aux enchères

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Les Antilles néerlandaises aux enchères…

Tandis que les quartiers d’Amsterdam-West ont été très récemment le théâtre de violence, pendant une semaine entière, avec incendie de voitures et bagarres entre la police et « jeunes » déracinés, une nouvelle rixe au couteau a éclaté entre lycéens à Amsterdam-Zuid. Il ne se passe plus une semaine aux Pays-Bas sans que l’on entende parler de problèmes graves, dus à la société multiculturelle. L’ « honneur » échoit cette fois à l’ « Open Scholengemeenschap De Bijlmer », ou « Communauté scolaire ouverte De Bijlmer ». Les participants à cette rixe multiculturelle sanglante étaient un « Ancien Néerlandais » et deux « Nouveaux Néerlandais », plus exactement un Antillais et un Surinamien. Mais le concept de « Nouveau Néerlandais » ne recouvre que maladroitement la réalité car tant les Antilles néerlandaises que le Surinam sont toujours, ou ont été jusqu’à une date récente, parties constitutives de l’empire colonial des Pays-Bas.

Et vu que la notion d’ « empire colonial » est désormais considérée comme « politiquement incorrecte », il faut parler aujourd’hui de « régions d’outre-mer ».

Au plus offrant…

Mais s’il faut écouter Geert Wilders, l’homme qui rue dans les brancards en Néerlande, le passé colonial des Pays-Bas doit désormais appartenir au passé et définitivement. La semaine dernière, vers le 20 octobre, dans un entretien accordé à l’ « Algemeen Dagblad », il a déclaré sans circonlocutions inutiles qu’il est grand temps que les Pays-Bas se débarrassent rapidement de ce bric-à-brac politique et administratif qu’ils conservent dans les Caraïbes : « Il est temps qu’ils mettent de l’ordre dans le fatras qui règne là-bas. Il n’y a là qu’une grande bande de bandits. Le cabinet doit se montrer très exigeant et poser des conditions très dures quand il envoie son paquet d’argent annuel dans cette région. Un seul et unique fait de fraude ou de corruption supplémentaire et les robinets doivent être immédiatement fermés ». Wilders ne mâche pas ses mots et dit haut et fort ce que bon nombre de Néerlandais n’osent pas encore dire : « J’y suis allé moi-même. Le climat est formidable à Curaçao. Mais ailleurs ce ne sont que ruines et misère. Les Antilles ont été maternées pendant des années. Elles agissent par conséquent comme un enfant gâté. Elles ne vous écouteront pas si vous ne leur administrez pas une bonne raclée. C’est une chance unique pour les Antilles. Nous allons encore une seule fois résoudre là-bas tous les problèmes financiers. Mais alors il faut qu’ils nettoient leurs écuries d’Augias. Encore une seule erreur et nous devons mettre, à mon avis, les Antilles aux enchères sur internet. Le plus offrant pourra les avoir ».

Wilders menace donc de mettre les Antilles néerlandaises aux enchères, ce qui a suscité une petite commotion dans les polders de Hollande. Ses fortes paroles ont suscité des remous dans les îles elles-mêmes, car il les a prononcées au moment où les chefs de fraction du Parlement néerlandais (Deuxième Chambre) visitaient officiellement leurs Antilles.

Officieusement, le voyage aux Antilles est la friandise offerte, par tradition, aux fonctionnaires de l’atelier protégé qu’est le Parlement néerlandais. Geert Wilders n’y est pas allé : il a préféré se rendre à Washington pour discuter avec ses amis de la lutte contre le terrorisme international. « Les petits voyages des présidents de fraction aux Antilles sont devenus un rituel quasi obligatoire. C’est sans doute une belle tradition mais je préfère, moi, travailler sur du substantiel. La lutte contre le terrorisme me paraît plus importante que de me livrer à des sauts de puce entre les îles, de Curaçao à Bonaire et de Saint-Martin à Saba », déclarait Wilders. Après cinquante ans d’autodétermination, l’expérience est un fiasco total. Et c’est un simple constat. Au lieu de discuter pendant des années sur les causes de cet échec, Wilders suggère un acte concret.

L’intégration

On n’a plus le temps de réfléchir aux causes de la faillite des Antilles néerlandaises. En revanche, les conséquences de cette faillite, il faut les affronter immédiatement. L’échec complet de la politique néerlandaise de décolonisation se ressent également dans les grandes villes des Pays-Bas. Pour le « Partij voor de Vrijheid » (le « Parti pour la Liberté »), les choses sont claires : « Les jeunes Antillais qui commettent des délits aux Pays-Bas, doivent être immédiatement renvoyés dans les Antilles ». En formulant cette proposition, Wilders se réfère à un plan de l’ancienne ministre de l’intégration et de la politique des étrangers, Rita Verdonk. Tout juste avant les élections, l’an passé, Madame Verdonk avait proposé un projet de loi prévoyant le renvoi des jeunes Antillais criminels. La mesure avait été annulée dès l’entrée en fonction du nouveau cabinet. Wilders veut réinsuffler vie à ce projet.

Que la mesure devienne réalité ou non, le démantèlement des confettis résiduaires de l’ancien empire colonial néerlandais se poursuit : à la fin de l’année 2008, dans tous les cas de figure, les Antilles néerlandaises disparaîtront en tant qu’entité politique et les îles de Curaçao et de Saint-Martin auront leur autonomie, exactement comme Aruba.

Les autres îles comme Bonaire, Saba et Saint-Eustache resteront directement attachées aux Pays-Bas sur le plan du droit international. Elles ne seront plus qu’une commune néerlandaise un peu particulière. Si Wilders était au pouvoir, l’ensemble de ces confettis d’empire serait mis en vente et donné au plus offrant. C’est dommage, mais inévitable, si les îles refusent de se reprendre et ne veulent pas étouffer les foyers de criminalité.

Sinon, il ne reste plus qu’une solution : construire un haut mur, avec barbelés, autour de l’école De Bijlmer, voire intégrer celle-ci dans le grand complexe pénitentiaire du même nom. Ce serait une méthode très efficace et très économique pour créer une prison pour jeunes délinquants.

« BiM ! »/ « ’t Pallieterke », 31 octobre 2007.

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samedi, 10 novembre 2007

White Guards against Red Internationale

 
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General L. Kornilov

THE WHITE GUARDS AGAINST THE RED INTERNATIONALE

By Pavel Toulayev

One of the peculiarities of the White counter-revolution in Russia was the fact that it emerged and developed when the World War was not yet over. As Germany was the enemy of the Russian Empire during the World War, it was the German High Command that planned to send Lenin and his associates to St. Petersburg in a sealed wagon. They were intended to become a factor of destabilization; their sole task was to remove Russia from the European theatre of war operations on the Allied side.

Having established his own dictatorship within the Congress of Soviets (councils) Lenin called upon workers and peasants for a revolutionary uprising. On a cold night of October 25, 1917 after the storming of the Zimny Dvoretz (the Winter Palace – the Tsar’s residence in Saint Petersburg) was completed, Lenin declared the official assertion of Soviet Power (i.e. the power of Soviets).

Land to the peasants”, “Factories for the workers”, “Peace with no annexations and no tribute," “Convocation of a Constituent Assembly” – these were the official slogans he declared. But none of them were actually fulfilled. In fact it was the bloody regime of "War Communism" (Vojenny Kommunizm), headed predominantly by Jews and ethnic non-Russians, that was established.

1. War and Revolution.

During the second stage of the World War--after General Alexei Brusilov's 1916 breakthrough in Rumania, at a time when army headquarters was led by the very talented general Mikhail Alexeyev--the whole situation at the western fronts became favourable to Russia.

But the army was much undermined by the activity of revolutionary provocateurs who encouraged soldiers and junior officers to desert. Later, the first units of the RKKA (Raboche-Krestyanskaya Krasnaya Armiya, “The Red Army of Workers and Peasants”) were formed of those deserters.

A Ukrainian-born Jew, Lev "Trotsky"-Bronstein (1879-1940) occupied the position of Narkom (people's commissar) for Military Affairs and Defence in the newly-born Soviet Government. It was due to his personal initiative that the shameful Treaty of Brest-Litovsk was signed on March 3, 1918. After this Treaty, the western territories of the Empire, the most developed ones in economic terms (approximately one-third of the population and half of industry) were torn away. Taking advantage of Russia’s temporary weakness, the Germans managed to occupy the Baltic States, a part of Byelorussia and the Caucasus. Moreover, they technically reigned in Ukraine, where the hetman Skoropadsky became their protégé. The results of three years of intense battles by the Russian people on their western front were annulled!

A "Military-Revolutionary Committee" (Vojenno-Revolutsionny Komitet or VRK) was established instead of the former state bodies and the Kerensky Provisional Government. Numerous minor committees of the Bolsheviks, as well as punitive mass terror agencies, such as the Cheka, later the GPU and NKVD, were also formed.

Reckoning on the belief of the common people in the "State of Social Justice," the Red commissars called upon the people to accomplish a Global Revolution and to establish the "Global Dictatorship of the Proletariat." For the sake of “class struggle” major estates, factories and houses were expropriated by the Bolsheviks all over the country. Simultaneously, representatives of the aristocracy, clergy, the higher command of the army and the upper class (the wealthy citizens) were virtually exterminated. The economy began tumbling due to mass disturbances and devastations.

Most of the population, which at first believed the power of Bolsheviks to be temporary, cared more about saving their lives and property. But experienced politicians and leaders gradually began leading the nation to the understanding that it was necessary to resist the Revolution and its chaos. The counter-revolution began; white was chosen as its colour, as it traditionally symbolized monarchy and glory on the Russian banner.

2. First attempts at armed resistance.

Centres of armed resistance appeared all over the territories of the former Empire – from the North-West to the Far East. But they were different in terms of scale, duration of armed actions, and their results. Spontaneous (non-organized) uprisings occurred among the peasants quite often, but they were severely suppressed by the Red Army. The remains of organized military forces, faithful to the late Tsar and the Motherland, made attempts to join together into a unified solid front. Together they formed a White Movement (or Belaya Gvardiya, the White Guards) with active centres and military headquarters all over Russia.

The first attempts at armed resistance to the revolutionary powers were taken during the reign of the bourgeois-democratic Provisional Government, headed by Alexander Kerensky, in March of 1917, long before the Bolsheviks carried out their coup d'etat. The rebellion of General Lavr Kornilov that took place in September 1917 showed that the very idea of "parliamentary democracy" was unacceptable in military and patriotic circles.

General Kornilov (1870-1918) was a hereditary Cossack and an outstanding military leader. Having graduated from the Artillery school and later the Joint Staff Academy (with a gold medal for outstanding achievements), he served as a military attaché at the Russian embassy in China. He began his military career as an officer during the Russo-Japanese war (of 1904-1905), and was promoted to the post of commander-in-chief of the Russian Imperial Army during the First World War. He was an experienced commander, was decorated with the St. George's Cross and enjoyed great prestige among the common soldiers of the army. He was the first to raise the banner of the White Struggle and many hoped he would become a dictator, one capable of quashing the coming communist revolution.

On August 27, 1917 General Kornilov addressed the Russian people with a telegram in which he accused the Bolsheviks of pandering to the Germans and called upon his compatriots to join his ranks for the salvation of the Motherland. He swore “to lead the people to the Constituent Assembly, through which they can take their destiny into their own hands, to choose the form of the new State”. But Kornilov did not enjoy much support at this stage of his struggle and had to lay down his arms.

The communist revolution then broke out. The famous women’s death battalion (Batalion Smerti), led by Commander Maria Bochkareva demonstrated the true example of heroism and devotedness to the Motherland. Together with several hundred military cadets they defended the Winter Palace against the Bolsheviks. This unique female unit was created in the middle of the First World War to keep up the morale of the soldiers, who were losing faith in victory. The battalion numbered about 3,000 of these Russian Amazons and had its own banner; it was solemnly sanctified on Red Square. But the armed women were not able to withstand the armed Bolshevik revolutionists and their allies.

Submerging into the depths of revolutionary chaos, Russia had to discontinue its military operations on the fronts of the World War. Due to the Bolshevik coup, the country became an easy prey for its former allies as well as enemies. In this situation only a regular counter-revolutionist army, led by the professionals of the Tsarist military schools, was capable of withstanding the dangerous enemy that had seized the key posts of the state. There was a need of strong-willed true White leaders to unite the whole nation.

The counter-revolution soon began to acquire the form of an organized armed resistance. The first attempt at liberating St. Petersburg from the Bolsheviks took place at the Pulkovsky Heights on November 12, 1917. It was taken by a joint effort of Alexander Kerensky (who had managed to flee from the capital) and General Peter Krasnov (1869-1947). This was in effect the beginning of armed White struggle. But a regiment of 700 mounted Cossacks was not enough to accomplish this difficult mission. The riots and uprisings by workers all over the capital only accelerated the situation. Under these circumstances, on November 15 General Alexeyev and his entourage took the decision to form the Voluntary Army.

3. The Volunteer Army and the “Ice March” of 1918.

General Mikhail Alexeyev (1857-1918) was an outstanding military leader, a true scientist of war and a well-educated man. He was born into a family of a military officer and followed his father's path. Alexeyev finished the Moscow Infantry Military School, and the Russo-Turkish war of 1877 was his “baptism of fire”. After that, he was appointed a professor, Alekseev obtained a chair in Military History at the Joint Staff Academy. There his outstanding talents became evident.

Alexeyev did not occupy himself with staff service only – during the War with Japan he was appointed to the field army after his own appeal. Shortly before World War I Alexeyev was appointed head of Kiev Command for his outstanding military achievements. During the war he was in charge of the south-eastern front and it was due to his talent as its commander that the critical situation on the German front improved.

Tsar Nicolas II having abdicated, the Provisional Government appointed Alexeyev Supreme Commander-in-Chief. But shortly after that the general was dismissed due to his critical attitude towards the policy of the bourgeois government. After power was taken by the Bolsheviks, Alexeyev and his comrades-in-arms had to retreat south to begin a new stage of the war.

In the Don River valley there lived free Cossacks who had proved their fidelity to the Motherland by means of military service for centuries. It was there that the forming of the first White Guards began. The core of the army was grouped around “the White Cross”, a secret society, formed by army officers. Soon, generals Kornilov and Denikin as well as atamans (Cossack commanders) Kaledin (1861-1918) and Dutov (1879-1921) joined the headquarters of the Volunteer Army. The Cossacks of the Don, Orenburg and Baikal regions, outraged by the Jewish-Communist dictatorship and revolutionary terror rose to join the volunteers. “There rose in their noble rage true Christians, sons of the Don, and heeded the call of freedom!” – thus the lines of an old Cossack song.

The so-called “Ice March” of the Volunteer Corps led by Kornilov became the first notable event of the first stage of the war. It began in late February 1918 and proceeded under trying winter conditions, four thousand volunteers with high morale ready to break through the Red front lines after crossing the Don. It was the “baptism of fire” for the White Army and Alexeyev called it “a candle of faith and hope in the darkness that was devouring Russia”. But the campaign failed; the White volunteers were outnumbered by the Reds and had to retreat. General Kornilov fell as a true warrior in battle of Ekatrinodar.

4. Bolshevik Dictatorship and the Red Terror.

The military leaders believed that an organized armed force was needed for the recovery of peace and civil order--while peaceful citizens, confused by constant propaganda, never abandoned hope of restoring peace by legal democratic means.

On January 18, 1918 the All-Russian Constituent Assembly, supported by working class demonstrators, began to function in Saint Petersburg. But despite being peaceful, the Assembly was immediately broken up by armed Bolsheviks with more than ten demonstrators killed. One more liberal illusion perished.

Instead of developing democracy and protecting civil rights and liberties, the Bolsheviks concentrated on strengthening their own power. Nikolai Krylenko (1885-1938), a prominent member of the Bolshevik Party, Supreme Commander-in-Chief and the head of VRK (Vojenno-Revolutzionny Komitet or the Military-Revolutionary Committee) took the decision to form the Red Army of Workers and Peasants (RKKA). The compulsory mobilization of all male citizens aged from 18 to 40 began. In the severe conditions and ideological chaos of the Revolution a part of the tsarist military corps joined the Bolsheviks: of 130 000 officers of the Imperial Army, about 30 000 joined the RKKA, including such prominent higher command officers as Brusilov, Snesarev, Svechin and Tukhachevsky.

Military operations on the fronts of the First World War were suspended due to the revolutionary “Decree on Peace”. Now the Bolsheviks were much more preoccupied with defending “the Socialist Motherland” and “the achievements of the Revolution”. In reality it meant further class struggle and fratricidal civil war. Due to this reason many recruits refused to fight under the Red banners. Cases of desertion and changing sides by recruits often occurred at the fronts of the Civil War.

The Higher Command of the RKKA officially considered such actions to be desertion and, on issuing new laws, the deserters were to be shot on sight. This “method” was first applied by the above-mentioned Leon Trotsky, who wrote:

It is impossible to build a strong army without repression. One cannot lead masses of people to death, without having the death penalty as a means of punishment. We must confront a soldier with his possible death in front of him and his inevitable death behind."

It was not accidental that the five-pointed red star (or pentagram), together with the hammer and sickle emblems, were chosen to be the emblem of RKKA (on medals and banners of the Red Army it was often depicted in an upturned position, which also required explanation). When speaking on the Fifth Annnual Congress of the Soviets in summer 1918, Trotsky explained this choice: when the rebellion of the Jews against Roman rule, led by Bar Kochba, took place in Palestine (132-135 A.D.), the Red star was depicted on the Jewish banner. In other words, for the Bolsheviks the star was a symbol of revolutionary fight against Empire.

In the early spring of 1918 the Bolsheviks, deliberately trying to “turn a world war into a civil war” had to confront the opening of a second external front. In March and April, the troops of the Entente were deployed in Russia: English and French troops landed in Murmansk and Archangel in the north, French troops in Odessa and Sevastopol in the south, English troops, supported by Japanese and Americans in Vladivostok in the Far East.

During the chaos of the Allied intervention, a Czech corps of many thousands of soldiers (whose leaders were connected to the headquarters of the Entente) excited a rebellion in the Volga region. English troops entered Turkistan and Transcaucasia; Rumania occupied Bessarabia. The Russian Empire was dissolving, turning into badly-controlled regions without any unified government. Meanwhile, the German command continued to support Lenin. With the help of Mirbach (the ambassador of Germany to the Soviet Republic) they transferred to the Bolsheviks more then 3 million golden marks every month; in May 1918 – 40 million more marks were transferred. The World War virtually continued on the territory of the dissolving Empire, and rivalling states continued to take part in it, either directly or indirectly.

Lenin understood very well that the united action of the external Entente forces with the internal opposition forces posed a great threat to the Bolshevik government. It was the reason, he openly declared, for the mass terror which he instituted against all those opposed to the “proletarian dictatorship”, including his own revolutionary comrades of yesterday: Mensheviks, the Socialist Revolutionists and Anarchists. With several hundreds of the left Socialist Revolutionists arrested as hostages, the “leader of the World Revolution” called for ruthless mass executions on June 26, 1918:

We must encourage and promote mass terror against the counter-revolutionists, especially in Saint Petersburg, to make a decisive example”.

On July 1918, on Lenin’s personal order (and partially due to the initiative of his party comrade Jacob Sverdlov), the Tsar and his family were executed (with no investigation or trial) in Yekaterinburg. Several days later, six other representatives of the Romanov dynasty were killed.

Having suppressed the independent press (which was more or less influential and continued to comment on current events, influencing in this or that way the opinion of the people), the Bolsheviks began their systematic persecution of the Church. As a key religious institution it still exercised a widespread influence on many common Orthodox people and was an evident ideological opponent to the policy of aggressive atheism promoted by the Bolsheviks.

Concerning the peasants, they were supposed to be an ally of the workers in "class struggle." Nevertheless, a severe politics of “prodrazverstka” (or “bread war”) began toward them, with more then 75 000 Red Army Soldiers taking part. Concretely, the food grown was expropriated on the spot. All over the country not less then 300 peasant rebellions took place.

The workers were also dissatisfied with Soviet power, since instead of social justice, promised by the Bolsheviks, they got nothing but starvations and hardships. Old trade unions were dissolved, freedom of speech was suppressed and strikes were virtually banned. Rebellions of Cossacks, peasants, qualified workers and political adversaries of Bolshevism flared up all over the country.

The Bolsheviks were aware of, and concerned about the danger of armed resistance all over the country, as well as the peril of foreign intervention. The seat of government was soon moved to Moscow, farther from the front lines. In the “new” old capital of Russia, ruby red stars soon rose over the towers of Kremlin as a symbol of Bolshevik power. In Moscow, the Bolsheviks took the decision to fulfill the strategy of world revolution by organising the COMINTERN. It was financed from expropriated valuables of the Tsar’s family and Russian monasteries (predominantly their gold); and partially – due to the export of “excess bread," seized from the peasants.

Peaceful civilians, terrified by revolutions, wars, mass terror and starvation flee from both capitals; Moscow and Saint Petersburg soon became deserted. Within just three years (1918-1920) at least 5,750,000 civilians died. The world of science has acknowledged that it was one of the greatest demographic catastrophes ever.

5. The South as the Bastion of the White Guards

Towns and cities of the north were devoured by the revolution. Civilians and former soldiers of the army tried to flee south, since the southern regions were not controlled by either Bolsheviks or anarchists.

Southern Russia soon turned into a powerful bastion of counter-revolutionary forces. The remains of the tsarist army gathered there from all over the Empire. Soon, new military units of the emerging White Army began to form. It was on the Don River that the Volunteer Army, led by General Denikin, underwent its “rebirth”: in January 1919. Denikin joined forces with the Don River army of General Krasnov. This army has become the basis of the armed counter-revolutionary forces of southern Russia.

General Anton Denikin (1872-1947) was born to a poor family in Warsaw province. Having chosen a military career, he graduated from the Joint Staff Academy. His “baptism of fire” took place during the Russo-Japanese war. He was promoted to the rank of major general in 1914. Apart from military service, Denikin was also known as a writer and a prolific memoirist: those who read his first short stories and sketches on military life, never thought, that he would become one of the most famous memorialists of the Civil War.

As Denikin was a comrade-in-arms of Kornilov going back to the Ice March, after Kornilov's death it was Denikin who raised anew the banner of White Struggle. Under Denikin’s command, the White Army enjoyed many military achievements. It launched an offensive campaign toward Moscow, and soon occupied large territories containing approximately 42 million people: they liberated Kharkov, Kiev, Kursk, Orel, Voronezh and Tsaritsin, as well as the territories of the northern Caucasus. Denikin’s army posed a great threat to the Bolsheviks: the revolutionists were actually surrounded by a ring of counter-revolutionary forces. Strong combatant forces were sent against it. After enduring bloody battles, Denikin’s troops had to retreat from the cities it had occupied before.

Novorossiysk was the last town to be lost by the White Guards. Denikin himself evacuated to a ship and continued his struggle in emigration. Due to his authority and influence, Denikin soon became an influential and prominent social leader of the Russian émigrés abroad. In his famous five-volume book “The Russian Turmoil”, written after the events of 1921-1926, he reflected on the causes, reasons and possible results of the Revolution. It was published in Paris, Berlin and in the USA, to which Denikin later emigrated. He died in America in 1947, a patriot loyal until death to his Russian Motherland.

The Whites did not manage to connect the armies of the South and Far East, and a temporary tactical alliance with the Ukrainian troops of Petlyra (a radical anarchist) as well as with the Ukrainian National Army could not be long-lasting, since the White Guards and the Anarchists pursued different purposes.

The troops of General Nikolai Yudenich (1862-1933) in the northwest were actually separated from the main forces of the counter-revolution. Yudenich failed to occupy St. Petersburg, despite massive help from Western countries, including the help of the so-called “Freikorps”, volunteer corps in which anti-communists of all nations, including Germans, fought shoulder to shoulder. The Red Army, supported by Estonian separatists, stopped the offensive of General Yudenich near the village of Gatchina.

Then a large-scale advance of General Denikin’s troops along a front 1000 kilometers (or 600 miles) wide was stopped. This was a fatal flaw of the White Joint Staff, since the Whites were many times outnumbered by the Reds. In addition, the Bolsheviks were indirectly supported by various armed gangs of anarchists, most of whom were ordinary felons. One example to consider was the famous Anarchist Army of Nestor Makhno – it fought against all other powers, both Red and White.

6. Crimea - the Southern Bastion of the Whites.

Having established and strengthened the “Dictatorship of the Proletariat” in central Russia, the Bolsheviks launched a counter-offensive to the east and south. It took the RKKA huge efforts to force the Whites onto the Crimean peninsula on the Black Sea, isolated from the continent. In the first years of the revolution, a massive political struggle between various ethnic and political forces arose on the Crimea (or the “province of Tavria” or “Taurida”). Apart from Russians, there were Tatar, Ukrainian and Jewish communities there.

Tatar nationalists managed to convoke a Tatar National Assembly (“Kurultai”), aimed at creating a Muslim state after the traditions of Girei Khans, with Bahchisarai as capital city. The Central Rada (council) of the Ukrainian People’s Republic was in favour of separatist tendencies (toward Russia) and supported the independent Tatar government in its initial stages.

The Russian White leaders had various attitudes towards Tatars. All in all, the Council of People’s Representatives that created a headquarters of Crimea Troops in Simferopol regarded the Tatars as possible allies against the Reds. For example, Kerensky was in favour of creating special Muslim units.

The Bolsheviks approached from the Black Sea; they were supported by revolutionary soldiers and sailors in the harbours of Sevastopol and Yevpatoria. Having assembled a 40,000-man army under the command of a Provisional Revolutionary Committee, the Reds defeated the Army of Crimea. In early 1918 "Soviet Power" was declared over the peninsula.

The Tatar government and the Council of People’s Representatives were dissolved and the Socialist republic of Taurida declared in March 1918. Much later, it gained the status of the "Crimean SSR" (Socialist Soviet Republic). Hardly had a month passed before the Bolsheviks had to face another threat: the German troops deployed in Crimea. When the German attack was repulsed, Taurida was liberated from the Bolsheviks by the troops of the White General Wrangel.

Peter Wrangel (1878-1928) was a strong-willed and charismatic leader. He was a descendent of ancient Scandinavian stock, the representatives of which served the Russian tsars for centuries. (All in all, this family gave the world seven field-marshals, seven admirals, and more then 30 generals; to Russia it gave 18 generals and two admirals).

As a worthy comrade-in-arms of the former leaders of the Whites, Wrangel headed the government and the troops of Crimea at the very crucial moment when the White army on the Continent was suffering great defeats. In the summer of 1918, having reorganized the Volunteer Army into a regular one, Wrangel began preparing his counter-offensive against the Red Army. Simultaneously, he improved civilian life on the peninsula, having adopted many progressive laws (such as land reform) and changed military policy for the better.

Not long before his eastern campaign, General Wrangel took the symbolic action of instituting the Order of Saint Nicolas. He addressed the public in an open letter:

“Hear, Russian people, what we are fighting for. We want revenge for our disgraced faith and our desecrated temples! We are fighting for the liberation of the Russian people from the yoke of communists, of vagrants and felons that have brought Holy Russia to ruin. For the end of the internecine war! For the peasants to have a chance of owning the land as property and working in peace. We are fighting for true freedom and justice to rule in Russia. For the Russian people to choose their leaders by themselves. Help me, true sons of the Nation, to save our Motherland!”

This call was heard. Soon, those who were looking for a firm bastion for revenge on the communist dictatorship (anchored in the capital cities) moved south. The Russian army of Peter Wrangel grew to be 80,000 strong, which made it possible to support the Cossack resistance in the Don and Kuban river valleys.

When the Soviet-Polish war of 1920-1921 broke out, Wrangel took the decision to strike at the back of the Red Army and its rearward areas. The Reds, weakened by a war on two fronts, had to retreat. But when the Bolsheviks saw the Whites head east to join forces with the Cossacks on the Continent, they changed their strategy immediately. In October 1920, despite the humiliating conditions of the armistice for the Soviet Union, the war with Poland was officially over. The Red Commissars made the army of the southern front 250,000 strong, concentrating the maximum amount of their forces on storming the White stronghold on the Crimea. On October 28 they launched their offensive.

First, Wrangel’s army was stopped by the Reds, commanded on the Southern front by a prominent member of the Bolshevik party, Michael Frunze. After that, the specially formed Budyony Cavalry was sent. Finally, on a cold November night the Reds took a wade through the icy waters of Sivash Gulf to bypass the Perekop Isthmus, which was very well protected by the Whites. Despite losing hundreds of soldiers killed and wounded under machine gun fire, the Revolutionary Red forces managed to get onto the peninsula and to fortify their positions for further offence.

The White units defending Perekop, the city guarding the isthmus, were shocked and demoralized. The Wrangel army had to fight just to protect its rear. After November 15, 1920 a mass evacuation from the peninsula began–first, peaceful citizens were evacuated, then soldiers and officers of the Wrangel army. Sometimes the evacuation turned into panic flight. All in all, over 120 ships brought more then 150,000 refugees to Istanbul (Constantinople).

The reprisals and massacres against the “enemies of the Revolution” began in Crimea. The Revolutionary Committee of Crimea, led by a Hungarian Jew, Bela Kun, was formed. In three years of Wrangel’s rule in Crimea, about 1,500 were arrested by the Whites, with as many as 300 shot. As for the Red terror, not less then 50,000 people died on the peninsula (according to other statistical data, up to 100,000). Rozalia Zalkind, a Jewish communist from Ukraine, excelled during the repression. She headed a political department of the Red Army and personally took part in executions by shooting. The tragic epic of the White movement in the south was over.

7. Civil War on the Far East

Having achieved a temporary victory, the Bolsheviks managed to establish a severe dictatorship in central Russia in the first three years of the Revolution despite an unprecedented toll in civilian victims and territorial losses. But it never led to peace, prosperity or justice as originally promised by the Bolsheviks. Due to the political and economic crisis, industry declined by 82% compared with 1913.

The number of wealthy Russian refugees (émigrés) grew constantly and amounted to over 1.5 million by the end of the Civil War. The villagers, having nowhere to run, protested and in their own ways fought for the rights the Bolsheviks were suppressing. There were numerous peasant uprisings that later became a popular war.

The Tambov Revolt, led by Alexander Antonov (1888-1922), took place in 1920-1921. A whole army of peasant partisans soon formed, 30 000 strong.

Antonov was a "Right Socialist-Revolutionist," a non-Bolshevik leftist, and a Russian patriot. He fought against the “suppression of the people by capitalist exploitation” during the tsarist period. But when the Bolsheviks actually usurped the power by taking advantage of the revolutionary situation, Antonov declared war on the impostors who dared speak in the name of the workers and peasants. He addressed the people with a leaflet, in which he called upon “the Russian warrior to arise and save the Motherland by liberating Moscow from the hands of the Red butchers.”

To suppress the Tambov Revolt, the Red marshal Tukhachevsky sent in more then 100,000 soldiers of the regular army, including mercenaries from Lithuanian and Chinese units of the Red Army (over 40,000 Chinese served in the RKKA during the Civil War and afterward). The repressive force used armoured troops, aircraft and chemical weapons. They were severe to the local population, sometimes burning down houses with the families inside. Although the guerrillas were not numerous, it took the repressors almost a year to suppress the rebellion. But the armed partisans could be seen in the forest of Tambov long after that.

In March 1921 another rebellion was suppressed by the Bolsheviks – the rebellion of Kronstadt, in the bay before St. Petersburg). It was started by sailors of the Baltic fleet; one of the slogans of the rebellion was: “Government without Jews and communists!” Peasant rebellions took place all over the country: in the Ural, Siberian and Volga regions. Hundreds and thousands were killed as a result of armed clashes with the peasants.

Mass-killings of wealthy peasants (known as the "Kulak annihilation" or raskulachivanie) and landowners during the establishment of Soviet power in the villages led to devastation of the large farms, resulting in mass starvations. The 1921 starvation (golodomor) took place in the Volga region and began spreading all over Russia. In the cities, which were left without supplies of foodstuffs, the poorest citizens were destined to die, as well as some representatives of the intellectual elite, who deliberately refused to accept the food allowances of the Bolsheviks.

In order to quash critics, the Bolsheviks began a systematic persecution of dissenters. On Lenin's personal order, more then 200 representatives of the intelligentsia and cultural workers were expelled from the country on a specially prepared ship: those were the writers, philosophers, and scientists Berdyaev, Iliin, Lossky, Karsavin and many others. Famous and prolific poets such as Gumilev, Esenin or Klyev were either killed or driven to suicide. As for the writers and poets who survived the persecution, a strong censorship by the Glavlit (Central Committee for Literature) was imposed on them.

***

The White counter-revolutionist movement in the eastern Russia had many talented politicians and leaders within its ranks. The name of Admiral Alexander Kolchak deserves special mention.

Alexander Kolchak was an outstanding leader with a remarkable biography. His professional education was at the Naval Military school and he took part in several expeditions in the Pacific Ocean; he also commanding an ice-breaker during an expedition to the North Pole. All in all, he crossed four oceans during his career.

For his outstanding achievements, in the First World War Kolchak was appointed commander of the Black Sea Fleet. At first, he was in favour of the Revolution, but once he understood it was leading to the devastation of the Motherland, he started his own resistance movement.

He began armed resistance to Bolsheviks and their allies in the Far East, in central Siberia and in the Ural regions. In September 1918 Kolchak was appointed minister of defence in the Provisional Government. In January 1919 his new-born army took Perm in the Ural mountain area. The army soon grew to 112,000 and began an offensive on a wide front – from Uralsk and Orenburg to Vyatka. Inspired by the admiral's success, his brothers-in-arms and many other representatives of the White movement considered him the supreme leader of the true Russia.

A strange, ambiguous and even mysterious role on the eastern front of the Civil War was played by the so-called Czechoslovak Legion. It consisted predominantly of Czech and Slovak soldiers within the Austro-Hungarian army, more then 30,000 soldiers, who surrendered or were captured by Russia during the First World War. Originally, they were kept in the Ukraine area.

After the revolution, agents of the Entente managed to place the Legion under French command, which then ordered the Legion to be sent to France. It would have been rational to send the soldiers out by ships from the harbours of the Black Sea.

But due to a logic that now seems strange, on March 26, 1918 the Revolutionary government decided to evacuate the so-called “internationalist warriors” eastward through Siberia to Vladivostok, obliging them to hand over their weapons to the local soviets. Few of the Czech soldiers returned home travelling via Europe. The Bolsheviks were afraid (and their fears were quite understandable) that the Czechs would join forces with the Volunteer Army in the South. The troops of the Czech Legion ended up stretched out over the whole Siberian trunk-railway, over 7000 km long!

On their way east, the prisoner soldiers rebelled and joined forces with the counter-revolutionists: Socialist-Revolutionists, Cadets (Constitutional Democrats) and Social-Democrats. Together with the Whites, they conquered Novosibirsk (Novonikolaevsk), Penza, Syzran, Tomsk, Omsk, Samara and Krasnoyarsk. After that, having launcher a counter-offensive, they liberated Ufa, Simbirsk, Ekaterinburg and Kazan. In the Volga and Ural regions, as well as in Siberia, the Legion assisted local authorities in creating provisional governments for the convocation of a Constituent Assembly. It became one of the turning points of the Civil War.

Having prevented the junction of the White Armies in the East and South, the Reds launched a counter-offensive in Ural and Siberia in early 1920. Apart from frontal attacks they also used revolutionary propaganda and active secret services (counter-reconnaissance) aimed at eroding the enemy from inside. The Whites were outnumbered by the Reds; the forces of the army of Kolchak (together with the Czech Legion) were much weakened by then.

Neither the manly presence nor the bravery of the admiral could deter the aggression of the Reds. After the retreat from Irkutsk, with power there taken by the Left S-R's, Kolchak was forced to hand command of the army over to the ataman George Semenov (1890-1946).

On January 4, 1920, betrayed by his comrades-in-arms, Admiral Kolchak resigned. In this situation General Denikin became the supreme ruler of the true Russia. Under circumstances that remain unclear even today, Kolchak was taken into custody by the Czechs, who on Jan. 14 handed him over to the Socialist Revolutionists. The latter transferred Kolchak to the Bolseviks and he was shot on the personal order of Lenin.

The further history of the White Guards in the East was quite tragic. The troops of General Vladimir Kapell (1883-1920), who died soon after Kolchak, attempted a severe winter crossing over Lake Baikal to Chita. Lieutenant General Mikhail Diterichs (1874-1937), who succeeeded Kolchak as the supreme leader of the true Russia, had to retreat and later to emigrate after two more years resisting the Reds. All in all, hundreds of thousands people emigrated out through Vladivostok (as well as through the Crimea), including more then 56 thousand civilians, attached to the Czech Legion.

In the Pacific maritime region (Primorie) the battles against the Reds went on till the autumn of 1922. Later, the remains of the White units of atamans Dutov and Semyonov left Russia via China and Korea. Minor armed conflicts and clashes occurred in the Far East until 1923, but in those conflicts primarily guerrillas, not organized troops took part.

8. Baron Ungern and his Mongolian Troops

The story of the Asian Division Cavalry, led by Baron Roman von Ungern-Sternberg (1886-1921), a distant relative of the Tsar and a fanatical monarchist, deserves special mention.

The most famous facts of Ungern’s biography are connected with Mongolia, where he wanted to create a new Empire of his own and a launching pad for the White Revenge. During the years of the Revolution, this vast mountainous land had lost its independence (that it had attained in 1911 from China, supported by Russia). The Chinese were planning to take advantage of Mongolia’s temporary weakness and to resubjugate their neighbour to the North by sending troops to the city of Urga (now Ulan-Bator).

Having collected the remains of ataman Semyonov’s divisions (800 mounted Cossacks and 6 cannons), Ungern created an audacious plan to liberate Urga from foreign invaders. First, looking for support from the common people, he addressed the Mongols with a religious proclamation. After that he carried out a sophisticated clandestine operation and managed to liberate Bogdo-Geghen, the Khan of Mongolia from the Chinese-occupied capital city. Finally, he attacked Urga and took the city by storm, despite its defense by a Chinese garrison of more then 10 000 soldiers.

Having obtained a rest and resupply area and supported by the natives, the baron enthusiastically started to flesh out his grand plan. He believed that after the Bolshevik revolution one could no longer hope to restore traditional monarchies in Europe, for the peoples of the west were perverted by the ideas of materialism and socialism:

Russia is devastated in terms of its economy, morals and spirituality; its future is appalling and can hardly be predicted. The revolution will triumph and the higher culture will perish under the onslaughts of a coarse, grasping and ignorant mob, gripped by the madness of revolutionary destruction and led by international Jewry” – Ungern wrote in one of his letters.

The baron stated that to establish peace, spirituality and order in the world, one should not hope for any help from the degraded West. Instead, he proposed to create a “Kingdom of Middle” in the East. It was to unite Mongolia, Sindzyan and Tibet (all now in western China) a "White Empire of the East" aimed at eradicating the world evil that came to the earth to “destroy the Divine within the souls of men.”

For fulfilling this divine mission, the baron adopted Buddhism. He later married a Chinese lady of noble origin and was awarded the title of "Prince of Mongolia" by Khan Bogdo-Gegen. Later, he proudly wore a princely caftan of the finest Chinese silk together with the uniform of a tsarist officer. The baron began sending official letters in which he proposed to the volunteers of the White armies that they join his troops.

The remainder of White units from the Baikal region, Tuva and the Mongolian steppes gathered under the banners of the Baron (named “the God of War”). Together with brigades, led by the atamans Kazagrandi, Kaigorodov, Bakich and others, the army of Ungern soon grew to be 4,000 sabres and dozens of artillery units strong. The army was able to execute minor raids along the coasts of the Selenga River. It also attacked Kyahcta, a small town on the Mongolian border, where the Bolsheviks had Chan Suhe-Bator as their protégé. It was in this period that the White unit were particularly cruel to communists, commissars and Jews, for whom (according to the Baron) “only one punishment was adequate – death!” But the militia of the Baron were outnumbered by the Reds and their efforts were not enough to prevail.

An expeditionary corps was sent from Chita to destroy the troops of Ungern. It had 7,500 of infantry, 2,500 sabres, 20 field guns, 4 aircraft and 4 river steamers. As the Reds were supported by Mongolian revolutionists, they managed to suppress the resistance of the counter-revolutionists. The White leaders of the east, including Ungern himself were imprisoned, interrogated and later executed.

The Red terror in the Far East had its own peculiarities, since not only monasteries and Khans’ estates, but also Russian bureaus and official institutions were looted. Much later, Lenin annulled the state debt of Mongolia of 5 million golden rubles and awarded the pro-Soviet general Sukhe-Bator the decoration of the Red Star during the official visit of the Mongolian leader to Kremlin in 1921.

9. Conclusions.

Confronting the Bolsheviks in the Civil War were not only White monarchists but also Social-Revolutionists, Democrats and Anarchists, as well as a major portion of the free Cossacks and wealthy peasants. The chaos of the whole revolutionary situation brought confusion and hindered the people from realizing the danger of Proletarian Dictatorship, which in reality turned out to be the tyranny of Bolsheviks, headed by Lenin and then Stalin.

It is however a false statement that during the Civil War "Russians fought Russians." In reality it was the Red Internationale that fought the White Guards. It is true however, that certain Russians as well as Cossacks from different regions of the Empire, and Ukrainians, Germans and Czechs, were present at the command posts of the Revolution. But within the Revolutionary leadership, Russians were an absolute minority.

Russian-speaking Jews, Ukrainians, Poles, Lithuanians, Magyars, Tatars, Chinese and minor Caucasian peoples predominated. The non-Russian, international units of the Reds counted more then 200,000 men.

All in all the Red army won rather due to revolutionary fanaticism and numerical superiority, but not due to strategic successes or the talents of the leaders. The Red Army occupied key strategic positions, plus it was approximately ten times as big as the White army. But it suffered many deserters and was close to total collapse in 1919.

Both fighting sides exhibited brutality, but the Whites never made terror a core instrument of their politics as the Red commissars did. They never exterminated whole classes or groups of the population and never created blocking detachments ("zagradotryady") or concentration camps.

All in all, the civil war turned out to be a real racial genocide.

Declaring and promoting opposite ideological slogans and ideas, the Reds and the Whites slaughtered each other in bloody war. Their readiness to spill blood and to march for internecine battle was reflected in the songs of those ruthless times. When marching and before the attacks, the Reds often sang a song with the following lines:

We will march to fight for the Power of Soviets

And die like one fighting for that.

The Whites used the same tune, but the lyrics were different:

We will march to fight for Holy Russia

And spill as one man our blood for Her.

But whatever was the text of the song, the blood of Russian soldiers and officers was always spilt, which almost ruined the gene pool of the Nation.

Most of the peasants believed in the revolutionary "Decree of Land" and never expected the Bolsheviks to turn against one of their main class allies within several years. They never saw the Whites as their potential protectors and mostly waged their own local war, fighting on their own during the rebellions.

The people traditionally believed all of the tsarist generals to be monarchists, but in reality, their ideological views were much broader. In fact, in the beginning of the revolutions, most of the generals and high army officials were in favour of the dethronement of the Tsar. For instance, General Kornilov and Admiral Kolchak arrested the most prominent members of the Tsar’s family in St. Petersburg and on the Crimea.

The tsarist officers overestimated their own forces, as they got bogged down in the fronts of the World War. They hoped for a miracle from God through their Christian faith, and they counted on the bravery of the Cossacks, on military support from the West and on the help of the peasants. But none of their hopes came true.

This firm belief in the power of Truth and in the triumph of Divine Justice and Law was maintained by the White Guards in exile. One of the most prominent leaders of the Russian émigrés wrote in his diary:

Years will pass, the communists will be gone, and the Revolution will be but a thing of the past. But the White cause, renewed in this struggle will not be gone: Its spirit will stay with our future generations and will become a part of our National being and will help to build a New Russia”.

Pavel Tulayev.

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1444: désastre de Varna

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10 novembre 1444: Jour de deuil pour l’Europe : les armées polonaises et hongroises, descendues du nord pour libérer les Balkans du joug ottoman et atteindre la Mer Noire et l’Egée sont écrasées à la bataille de Varna. Le vaillant roi polonais Vladislav III Jagellon, qui était en même temps Ulaszlo I de Hongrie, trouve une mort héroïque au combat.

Vladislav/Ulaszlo avait placé son armée sous le commandement de Hunyadi, un général très compétent. Les Polono-Hongrois obtiennent la victoire dans un premier temps : victorieuses au début des années 40 du 15ième siècle, les armées polonaises et hongroises contraignent le Sultan Mourad à accepter une paix de dix ans en juin 1444, à restaurer l’indépendance de la Serbie et à promettre de ne plus jamais traverser le Danube. Les armées du Sultan Mourad repassent le Bosphore pour mater des révoltes en Anatolie. On croit qu’il renonce aux Balkans. Excité par le légat du Pape Eugène IV, un ecclésiastique du nom de Giuliano Cesarini, Vladislav rompt alors la Trêve, qui lui était pourtant favorable, marche sur Varna où il rencontre une armée turque, revenue victorieuse de sa campagne en Anatolie, et trois fois plus nombreuse que les Polonais, Hongrois et Valaques réunis pour les affronter. L’issue de la bataille ne faisait plus aucun doute. Mourad emporte une victoire facile.

Sept ans après le désastre de Varna, les Ottomans achèveront la conquête des Balkans (toute la Serbie tombe sous le joug ottoman en 1459) et de la Grèce, où les chefs tribaux du Péloponnèse avaient soutenu la Croisade catholique polono-hongroise, et parachèveront ainsi l’encerclement des restes de l’Empire byzantin. En 1453, Constantinople tombe. C’est la fin de la « Deuxième Rome ». Il faudra attendre près de quatre cents ans pour que cette région de Varna, aujourd’hui bulgare, soit une première fois libérée en 1828 par les armées et la flotte russes. La Bulgarie ne deviendra indépendante qu’en 1878, après une intervention russe. Celle-ci inquiètera l’Angleterre qui protègera, contre la cession de Chypre, l’Empire ottoman moribond.

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vendredi, 09 novembre 2007

Polémique sur G. Faye

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Yann-Ber TILLENON:

À PROPOS DE LA POLÉMIQUE SUR GUILLAUME FAYE

Il me semble, finalement, que le réel problème posé par Guillaume Faye, est bien au-delà des états d’âme subjectifs et des interprétations concernant quelques diffamations, trahisons, calomnies, fantaisies, canulars, délires humoristiques etc… Une analyse constructive s’impose.

Le problème est très intéressant pour comprendre ce que nous devons faire. Il est, je pense, très objectif. Face à l’impérialisme islamo arabe en Europe qui le révolte, Guillaume Faye, depuis quelque temps, s’est orienté vers une tentation pour l’impérialisme cosmopolite américain anti arabe.

C’est une grave erreur qui se répète souvent dans l’histoire. Elle surgit quand des combattants très actifs, comme lui, sont déçus par leur propre peuple passif et inconscient qui ne les suit pas. Effectivement, le peuple préfère aujourd’hui rester un grand tube digestif de la société de consommation.

Le peuple se vautre dans la soumission et la collaboration. Les « résistants » conscients rejoignent alors, comme cela arrive souvent, un impérialisme qui pourrait les aider à se débarrasser de leurs envahisseurs.

Cette erreur fut, par exemple, celle d’une fraction du mouvement nationaliste breton et d’autres mouvements de libération pendant la seconde guerre mondiale. Les Bretons cherchèrent à profiter de la victoire passagère du pouvoir impérialiste allemand pour se libérer du pouvoir impérialiste français puisque le peuple breton ne les suivait pas. On connaît la suite…

Seules les petites nations européennes, nommées péjorativement « régions » ou « provinces » par les États nations constituent l’Europe authentique. C’est cette Europe que nous devons projeter dans une future postmodernité. Les « Régions » forment le grand peuple européen, contre les États nations impérialistes qui ont toujours cherché à les soumettre, les neutraliser. Ils les ont même poussées à s’exterminer entre elles dans des guerres qu’ils ont organisées pour cela, comme en 14/18.

La libération européenne se fera grâce à un mouvement dialectique de l’histoire en opposition aux deux grands envahisseurs de l’Europe et de ses États nations collaborateurs. Ces deux impérialismes se complètent. Le premier, « arabo musulman » a besoin du soutien du cosmopolitisme américain, de son idéologie du métissage, pour justifier sa conquête. Le deuxième a besoin de l’invasion des premiers pour faire perdre toute conscience d’enracinement national aux peuples d’Europe et ainsi pouvoir les dominer et les gouverner.

Seules les petites nations, les peuples de culture, constituent la seule vraie Europe réelle à mettre en forme politique. À plus forte raison, l’addition de leurs mouvements de libération constitue le mouvement de libération de l’Europe, c’est-à-dire le « mouvement européiste » de la grande fédération.

Ce mouvement ne peut pas se permettre de demander, sans se discréditer, une aide au camp des oppresseurs. C’est malhonnête et stupide. C’est un dérivatif, un mensonge dialectique. C’est un pis-aller opportuniste de combattants désemparés quand ils sont perdus, en totale contradiction avec eux-mêmes. Déboussolés, ils avouent leur impuissance comme les naufragés sur un radeau font appel au paquebot qui a fait couler leur bateau...

Le fondement même de tout mouvement de libération d’un peuple, aujourd’hui comme hier, c’est une réaction contre l’aliénation, quand ce peuple devient « autre » que lui-même. Chez nous, cela fait suite à l'occupation, à la colonisation des peuples d’Europe par des populations et des systèmes politico-religieux qui leur sont étrangers.

Ceci est la suite logique des systèmes politiques internes de l’Europe physique. C’est le résultat des nationalismes des Etats nations. Ils ont organisé la fragmentation, le génocide des peuples européens depuis le 19e siècle pour les neutraliser. Ils ont ainsi rendu possible l’actuelle invasion par la chute démographique en Europe divisée.

Le mouvement européiste de libération est donc forcément constitué des mouvements de libération des petites nations aliénées. Il doit créer un nouvel ordre international. Ce nouvel ordre ne peut naître que sur les ruines des impérialismes qui détruisent les petits peuples d’Europe et du monde. Ils détruisent même aujourd’hui l’équilibre naturel de la planète, comme l’impérialisme marchand du mondialisme cosmopolite américain.

Les combattants du mouvement européiste de libération sont des artistes historiens, des créateurs. Ils ont pour mission de faire exister ce qui n’existe pas encore. Ils ne peuvent donc que refuser toute espèce de compromission avec quelque impérialisme que ce soit, avec ce qui existe déja. Demander secours à une puissance impérialiste particulière, ou flirter avec elle, contre un autre impérialisme équivaut à renforcer l’impérialisme en général. C’est donc combattre le fondement même du mouvement de libération européiste.

Guillaume Faye a eu, maladroitement, la bonne idée de poser un problème philosophique fondamental. La solution, c’est de structurer, coordonner tous les mouvements de libération en Europe. Ainsi ils pourront créer un vrai mouvement puissant de libération.

Il pourra alors devenir, historiquement, le germe d’un État fédéral européen de Brest à Vladivostok. Une nouvelle civilisation peut naître de cette nouvelle grande communauté humaine. Elle peut prendre une nouvelle forme historique, être un nouvel archétype dans l’histoire pour sauver l’humanité aujourd’hui alarmée par sa possible disparition.

Elle peut devenir exemplaire pour cette humanité menacée, en cette fin de modernité, en appliquant une philosophie pratique quotidienne, un nouveau savoir-vivre. Elle pourra acquérir son indépendance politique économique et culturelle. Ses adeptes n’auront plus besoin de recourir à une puissance étrangère ennemie car ils auront eux-mêmes la puissance d’un nouvel ordre chez eux.

Yann-Ber TILLENON. (07 11 07)

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jeudi, 08 novembre 2007

R. Steuckers: discours à Vienne

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Discours de Robert Steuckers à Vienne à l’occasion du 10ième anniversaire de l’hebdomadaire « zur Zeit »

 

Mesdames, Messieurs, chers amis,

 

D’abord, je vous apporte un salut amical des anciens Pays-Bas autrichiens, dont le sujet le plus célèbre fut sans conteste le Feld-maréchal et Prince de Ligne, mort en vos murs et dont j’ai visité le magnifique château de Beloeil cet été. Ceci pour dire que nous avons tout de même, en dépit d’une séparation de plus de deux siècles, de très belles pages d’histoire commune.

 

Ensuite, je voudrais rappeler, en cette occasion unique, qu’il y a déjà plus de vingt ans que les premiers étudiants viennois du groupe, qui allait plus tard participer au lancement de « zur Zeit », sont venus nous voir en Flandre à l’occasion de séminaires européens, visites qui ont forgé, au fil des années, une amitié indéfectible. Dès la fin des années 80, nous voyions arriver, chaque printemps, un minibus autrichien plein d’étudiants, avec leur guitariste attitré, et, quelques jours plus tard, nous revoyions ce véhicule rouge bordeaux partir, chargé de bières d’abbaye et de Kriek du Payottenland !

 

Ces séminaires furent suivis d’universités d’été en Provence, en Ombrie, en Lombardie, dans le Trentin et en Basse-Saxe (de 1993 à 2000), d’un colloque international à Vienne sur le centenaire du philosophe traditionaliste italien Julius Evola en 1998, d’une visite mémorable en Carinthie en 2002 et d’un débat près du Belvédère assorti d’un voyage privé et familial en 2004.

 

En l’an 2000, le ministre belge des affaires étrangères, Louis Michel, encore l’une de ces figures qui nous déshonorent et qui sont l’indice de la dégénérescence politique du royaume, avait, dans un discours profondément imbécile, fustigé le peuple autrichien parce qu’il n’avait pas voté selon ses désirs, et interdit par la même occasion aux Flamands et aux Wallons d’aller skier en Autriche ; peu après ce discours de malotru, foulant aux pieds les règles les plus élémentaires de la courtoisie diplomatique, j’ai reçu, en avril, un coup de téléphone des amis de Vienne, perplexes et meurtris, et, pour leur mettre un peu de baume au cœur, nous avons décidé d’organiser un petit tour de Flandre pour démontrer que la vox populi était bien différente de celle du minable ministre des affaires étrangères. Une quinzaine d’étudiants ont ainsi débarqué à Bruxelles, où ils ont aussi rencontré des amis de Liège, de Mons et de Charleroi, avant de pérégriner vers Gand, Bruges et Anvers, où ils furent chaleureusement reçus, une chaleur humaine qui infirmait clairement les propos haineux de Louis Michel.

 

Plus tard, des lecteurs plus âgés de « zur Zeit » ont fait le voyage en car vers Bruxelles et les autres villes flamandes dans une optique à la fois culturelle et politique, alternant les visites sur les sites touristiques habituels et les visites politiques aux différents parlements que compte la capitale belge. Au-delà des barrières générationnelles, l’amitié n’a donc cessé de se renforcer.

 

Le thème du mot que j’ai adressé, il y a quelques jours, à la rédaction de « zur Zeit » était avant tout celui du droit à la satire. J’entends prononcer un plaidoyer pour la satire et l’impertinence dans tout langage politique offensif, pour la création de caricatures mordantes  -et, à ce propos, je suis heureux de constater que, dans le numéro actuel de « zur Zeit », un vibrant hommage a été rendu au caricaturiste du journal-  et pour un retour à l’esprit d’un grand titre allemand, le « Simplicissimus », avec son logo représentant un bouledogue rouge.

 

Mais j’avais écrit ces quelques lignes sur la nécessité de donner une dimension satirique à la presse d’opposition, en notre époque de censure et de « political correctness », sans savoir que l’éditeur belge de la feuille satirique bruxelloise « Père Ubu », dernier flambeau de résistance dans les kiosques en Belgique francophone, mourrait dans une clinique de notre capitale. Je veux parler de Rodolphe, alias Rudy, Bogaert. Certes, Bogaert ne partageait pas notre vision du monde : sur l’Amérique, sur le Moyen Orient et, dans une certaine mesure, sur le monde islamique, nous n’étions en rien d’accord, puisque nous sommes, nous, pour le découplage total entre l’Europe et l’Amérique, pour le retrait des troupes américaines d’Irak, contre les menaces de guerre en Iran et pour une réhabilitation des régimes laïcs arabes.

 

Il n’empêche que dans notre période de confusion totale, Bogaert apportait chaque semaine une bouffée d’air frais : tous les politicards véreux du royaume étaient fustigés dans les colonnes de « Père Ubu ». Bogaert était le seul à dénoncer leurs turpitudes, à les moquer, à les stigmatiser. Ses cibles étaient surtout socialistes (Arena, Onkelinks, Flahaut, Moureaux, etc.), mais le « bizarre Monsieur Michel » (« der seltsame Monsieur Michel »), comme vous l’appeliez ici à Vienne, n’était jamais épargné et « Père Ubu » dressait à longueur de semaines la liste de ses manquements, gaffes, maladresses et corruptions. Voilà pourquoi, parce qu’il y a recul de la liberté de protester par un coup malencontreux de la « Grande Faucheuse », je me permets d’essuyer quelques larmes pour ce pauvre Bogaert, en votre présence et parce que nous devons, quelque part, reprendre le flambeau.

 

L’impertinence de ton, le mordant des critiques, surtout si elles sont émises par un caricaturiste, par un humoriste, sont des armes métapolitiques qui font toujours cruellement mouche. Dans un monde où règne l’uniformisation générale, la mise au pas des esprits libres, dans un monde qui commence à correspondre aux pires cauchemars de George Orwell et d’Aldous Huxley, la moquerie, le rire, l’esprit de Villon, de Rabelais, de Voltaire ou d’Oscar Panizza sont plus que jamais nécessaires. Notre monde, effectivement, mêle, dans son idéologie dominante, la police de la pensée, l’immixtion de cette police en tout, le refus obstiné de l’histoire passée que l’on retrouve dans le « 1984 » d’Orwell, et les paradis artificiels du sexe et de la drogue, la permissivité totale manipulatrice et privatrice de libertés concrètes et réelles, qui sont esquissés dans « Brave New World » d’Huxley. Le mixte des deux modes de contrôle, le « hard » et le « soft », à dosages divers selon les cultures politiques, forme la trame profonde de la « political correctness » d’aujourd’hui. En bout de course, il ne nous reste plus que les seules opinions fabriquées par les grandes agences de presse, dont les QG se trouvent la plupart du temps outre-Atlantique.

 

Avec chacun des conflits récents, des faux charniers de Timisoara/Temeschburg aux faux massacres du Kosovo, des armes inexistantes de destruction massive de Bagdad aux événements du Myanmar, nous avons vu à l’oeuvre les machines à formater les têtes, à désigner le croquemitaine à abattre ou à pendre, machines qui ne poursuivent évidemment pas l’objectif d’humaniser la politique, mais, plus concrètement, à réaliser des objectifs géopolitiques depuis longtemps inscrits à l’agenda (au Myanmar : empêcher la construction d’oléoducs vers la Chine pour éviter de passer par le Détroit de Malacca, point d’étranglement permettant de barrer, le cas échéant, la route des pétroliers vers une puissance montante des rives pacifiques de l’Extrême Orient).

 

Toutes ces raisons doivent nous amener à retourner, et bien vite, à l’esprit du bouledogue rouge du « Simplicissimus », qui aboiera, haut et clair, le rictus rigolard, les vérités que veulent cacher les machines propagandistes de l’idéologie dominante.

 

Le spécialiste russe de Rabelais, Mikhail Bakhtine, philologue et romaniste hors pair, disait, quand il entendait réhabiliter la vigueur langagière du 16ième siècle français, qu’il fallait ressusciter la « langue du peuple sur la place du marché », langue crue, langue vraie, langue cruelle pour les pouvoirs arbitraires, pour les menteurs en place. Chez lui, cette volonté de retrouver pareil langage constituait, bien entendu, une critique subtile et camouflée du pouvoir soviétique de son temps ; elle était subtile car elle se plaçait du côté du peuple en se posant ainsi comme marxiste, le marxisme officiel réhabilitant le peuple du 16ième siècle car cette époque était jalonnée de jacqueries paysannes contre les pouvoirs qui devenaient petit à petit absolus. Le marxisme soviétique cherchait à s’identifier aux luttes populaires de la fin du moyen âge et du début de l’ère moderne. Aujourd’hui, les établissements traitent de « populistes » tous ceux qui les critiquent, parce qu’ils se font les avocats et les porte paroles de la population grugée et muselée, qui risque, un jour, de se révolter comme les paysans des 15ième et 16ième siècles.

 

Pour les vingt prochaines années de vie de « zur Zeit », suivons le conseil de Bakhtine et écoutons la véritable voix du peuple, au-delà de toutes les platitudes de la « political correctness », qui ne nous permet plus d’être hommes, car le propre de l’homme, comme vient de nous le rappeler tout à l’heure le Dr. Otto Scrinzi, est d’être une créature ouverte au monde, en état de perpétuelle ouverture et de réceptivité, permettant d’apporter toujours des réponses adaptées aux défis mortels du monde physique et politique. Cette plasticité de l’âme humaine est meurtrie aujourd’hui par les tenants de la « correction politique », qui ne cessent de la grever de ballasts pesants et inutiles, car toute expression de cette plasticité pourrait jeter bas leurs pouvoirs. La satire, la langue du peuple sur la place du marché, l’impertinence et l’effronterie de l’humoriste sont les dissolvants nécessaires qui réduiront à néant ces ballasts. Sans le droit à la satire, la réalité politique se rigidifie, moisit et meurt.

 

Notre objectif est d’enrayer cette œuvre mortifère, en Autriche, en Allemagne, dans les Pays-Bas du Nord comme du Sud. En Hollande, le peuple retrouve ses traditions satiristes, celles des actualistes des années 20, celle des Pissuyt, Wichman et Blokzijl, celle des provos de gauche dans les années 60 et 70 ; il les retrouve avec le trio Pim Fortuyn, assassiné, Van Gogh, assassiné, et Wilders, dont nous ne partageons évidemment pas toutes les valeurs ou obsessions, loin s’en faut, mais qui ont le mérite de créer une effervescence salutaire et de secouer hardiment le cocotier. En Italie, un certain Beppe Grillo mobilise les foules avec son « Vaffanculo Day », au grand dam des politiciens de l’établissement, à la notable exception de Berlusconi qui ricane et dit que cela lui rappelle ses premières années de succès au début de la décennie 90 du siècle qui vient de s’écouler. Grillo provoquera-t-il un raz-de-marée comme le firent jadis le mouvement « Forza Italia » de Berlusconi et les propos forts et tonifiants d’Umberto Bossi et de sa « Lega Nord » ? Quoi qu’il en soit, nous voyons qu’aux Pays-Bas comme en Italie, le style satiriste fonctionne et provoque des failles dans le béton du bunker de la « correction politique ».

 

Nous voulons aussi enrayer cette œuvre mortifère au Parlement Européen, au sein de la fraction ITS ou en dehors d’elle. Mais, dans le reste de la société, à la base, cette tâche est notamment dévolue, me semble-t-il, aux corporations étudiantes, aux Burschenschaften.

 

Je vous remercie.

 

Robert Steuckers,

Vienne, 30 octobre 2007.

 

mercredi, 07 novembre 2007

Pour un langage impertinent !

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Un combat pour un langage impertinent et mordant en politique !

 

Message amical de Robert Steuckers à la rédaction du journal hebdomadaire « Zur Zeit » (Vienne), à l’occasion de son dixième anniversaire

 

« Political Correctness » ? Non merci ! Est-ce là encore une platitude de notre monde moderne, qui voudrait subitement ne plus être « moderne », comme nous ? Peut-être. Ou peut-être pas. Car créer un hebdomadaire conservateur (des valeurs et non des structures) qui soit simultanément libre d’esprit, freisinnig, cela signifie vouloir immuniser le citoyen contre l’emprise des « généralités » rigides, qui tiennent le haut du pavé en Europe aujourd’hui. Un tel combat n’est ni d’hier ni d’avant-hier. La galerie des ancêtres, qui nous ont précédé dans cette lutte, est impressionnante.

 

Notre maître à tous, Armin Mohler, avait posé le combat contre toutes les « généralités » dominantes, terriblement simplificatrices, et pour le maintien de l’infinie diversité du monde comme l’ « agonalité » en soi. Aux sources des « généralités » qui sévissent aujourd’hui, nous trouvons une interprétation boiteuse de la philosophie des Lumières, interprétation boiteuse qui est couplée à une apologie du bavardage que l’on veut nous servir sous la forme de la « raison communicationnelle » de Jürgen Habermas. Cette interprétation pauvre et limitée des Lumières, propre au jacobinisme, fait en sorte que a) toute continuité particulière de nature historique est biffée, car, dans cette optique, tout ce qui a été jadis est d’office considéré comme irrémédiablement révolu ; ensuite, b) cette interprétation boiteuse géométrise ou rend abstraite toute pensée politique (cf. Georges Gusdorf), ce qui entraîne que toute communauté politique/historique se voit vidée de ses forces originales par des zélotes frénétiques, si bien, qu’en bout de course, il n’y a plus qu’un et un seul possible qui soit toléré : la répétition ad infinitum du même discours monotone et dévitalisé, ce qui revient à répéter les « vérités » abstraites posées une fois pour toutes par ces zélotes autoritaires.

 

Les peuples doivent dès lors écouter l’appel : « Prolétaires de tous les pays, devenez des perroquets bavards ! ». Chaque mot qui n’est pas la répétition du déjà répété se verra labelliser « scandaleux », contraire à l’esprit perroquet, voire « fasciste » pour reprendre, ironiquement et pour une fois, les tics langagiers de notre misère contemporaine. Orwell nous salue, de là où il se trouve aujourd’hui ! Nous exigeons dès lors le droit de ne plus avoir à répéter les slogans pétrifiés de la « correction politique », nous réclamons le droit d’innover, le droit de pérégriner à nouveau vers les sources vives, vers les fleuves, qui sont certes toujours les mêmes fleuves mais dont les eaux ne sont jamais identiques, ne coulent jamais de la même façon (Héraclite !). Raison pour laquelle, il s’avère impératif de créer un autre langage politique, un langage qui rend à nouveau les concepts fluides, qui corrode et dissout les rigidités de l’établissement par son insolence et son acidité, qui s’exprime par le rire et la moquerie ! Notre arme principale doit être ou redevenir l’ironie ; notre tâche principale est de ramener à la vie la fraîcheur d’esprit de ce bon vieux Diogène !

 

Les revues sont les laboratoires de l’avenir, qui ont pour tâche de saisir le devenir et l’effervescence du monde, et, de ce fait, il n’y a pas d’avenir possible si l’on n’obtient ou ne conquiert pas le droit d’affirmer de nouvelles valeurs ou de raviver des valeurs anciennes et fondamentales, sans avoir à craindre de censure.

 

Voilà pourquoi je souhaite encore de longues années d’agonalité à « zur Zeit » et à ses animateurs, et surtout, en particulier, à ceux d’entre eux que je connais depuis de si longues années et qui sont venus de Vienne, tout jeunes, pour participer aux séminaires de Munkzwalm en Flandre orientale avec des amis accourus de toute l’Europe, ce qui a forgé des liens d’amitié indéfectibles. Je leur souhaite donc de longues années d’agonalité, ce qui mettra indubitablement du sel dans notre soupe quotidienne. Je nous souhaite à tous une longue route pleine de découvertes et d’enrichissements intellectuels, avec des hauts et des bas, et toujours bien loin des fades opinions de nos contemporains repus, opinions que nous allons, bien évidemment, moquer avec polissonnerie, sans trêve et dans la joie ! Glück Auf !

 

Robert Steuckers.

mardi, 06 novembre 2007

Implications géopolitiques des accords de Munich (1938)

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Allocution de Robert Steuckers à la «Commission Géopolitique» de la Douma d’Etat, Moscou, le 30 septembre 1998

Les implications géopolitiques des Accords de Munich en 1938

Par les accords de Munich de 1938, l’Allemagne de Hitler a négocié avec les puissances occidentales mais a exclu l’URSS de ces négociations. Pour les Allemands de l’époque, en pleine guerre d’Espagne, la question tchécoslovaque est une affaire ouest-européenne. Elle semble ne pas percevoir les intérêts traditionnels russes dans la région. Certes, Munich est une victoire diplomatique allemande, car elle élimine un Etat hostile à sa frontière orientale, bien armé et bien protégé par les chaînes des Monts Métallifères et dont le territoire s’enfonce comme un coin dans la masse territoriale compacte du Reich, permettant à une éventuelle action conjointe des troupes françaises, massées en Alsace et en Lorraine sur un ancien glacis du Reich, et des troupes tchèques, de neutraliser rapidement l’Allemagne, en tirant profit d’une profondeur territoriale assez réduite. De Wissembourg en Alsace à Karlsbad (Karlovy Vary), le Reich était le plus faible. A Munich, Hitler et Ribbentrop éliminent cette faiblesse.

 

Résumons clairement, en six points, les atouts gagnés par les Allemands à Munich:

 

1. Une maîtrise de la Bohème et de la Moravie:

Les accords de Munich assurent au Reich la maîtrise de la Bohème et de la Moravie. En effet, la bande territoriale occupées par les Sudètes germanophones est justement constituée des collines et des petites montagnes des Monts Métallifères et de l’Egerland, où se concentre le système défensif de l’armée tchèque. Sans les Métallifères et l’Egerland, le reste de la Bohème est quasiment indéfendable, face à tout coup de force allemand. De plus, en Moravie, la rétrocession de territoires sudètes au nord, en bordure de la Silésie, et au sud, au-dessus de Vienne, réduit considérablement la profondeur stratégique de l’Etat tchécoslovaque, déséquilibrant totalement son système de défense.

 

Rappelons ici deux réalités géographiques et historiques:

- La Bohème appartient au bassin de l’Elbe, son port naturel est Hambourg. Paradoxalement, l’indépendance de la Tchécoslovaquie, imposée par Versailles en 1919, enclavait la Bohème, alors qu’elle ne l’avait jamais été dans l’histoire. En supprimant l’indépendance tchécoslovaque, Hitler et Ribbentrop désenclavent le pays. C’est là un paradoxe curieux de l’histoire centre-européenne de ce siècle.

 

Ce paradoxe géographico-politique nous oblige à formuler quelques réflexions d’ordre historique:

- L’orientation géographique et géoculturelle de la Bohème est occidentale voire atlantique, dans la mesure où son système fluvial, principale voie de communication jusqu’à l’invention et la généralisation des camions automobiles, débouche sur la Mer du Nord.

- Le panslavisme tchèque est une curiosité, dans la mesure où les traditions catholiques, protestantes, hussites et libre-penseuses du pays sont assez incompatibles avec l’orthodoxie, option religieuse de la plupart des Slaves. Elles sont également très différentes du catholicisme polonais ou croate, plus charnel et plus merveilleux dans ses expressions, finalement plus proche de l’orthodoxie que les linéaments religieux traversant la Bohème tchèque.

- Ces tiraillements géoculturels de la Bohème proviennent:

a) De la guerre de Trente Ans, où l’Egerland, notamment, a été repeuplé de Catholiques bavarois pour contre-balancer le protestantisme pragois et les résidus de la révolte nationale hussite du XVIième siècle. L’optique de ce repeuplement est celle de la Contre-Réforme catholique.

b) De la Guerre au XVIIIième siècle entre la Prusse de Frédéric II et de l’Autriche de Marie-Thérèse. Dans cette guerre entre les deux puissances germaniques, la géopolitique hydrographique a joué un rôle considérable: Frédéric II voulait pour lui tout le bassin de l’Elbe et ne laisser à la Maison d’Autriche que le bassin danubien.

 

- La Moravie, située entre la Tchéquie et la Slovaquie, a un système hydrographique danubien. Les rivières importantes qui traversent le territoire morave se jettent dans le Danube. Frédéric II ne briguait pas la Moravie danubienne car seul le système fluvial de l’Elbe l’intéressait. Sa perspective était prussienne et nord-allemande. Hitler, qui vient de réaliser l’Anschluß de l’Autriche et de créer ainsi la Großdeutschland, a des visées danubiennes. Son Etat national-socialiste englobe les bassins du Rhin (partiellement partagé avec la France qui détient la rive occidentale en Alsace et contrôle la Moselle jusqu’à la frontière luxembourgeoise), du Danube jusqu’à la frontière hongroise (mais la Hongrie est un allié tacite du Reich), de la Weser, de l’Elbe et de l’Oder, les fleuves parallèles du nord de l’Allemagne.

 

- L’apport de la Bohème et de la Moravie au Reich national-socialiste sont donc: une maîtrise complète du bassin de l’Elbe et un renforcement de la présence allemande dans le bassin du Danube, du moins jusqu’à la frontière entre la Hongrie et le nouvel Etat yougoslave. Munich laisse toutefois la question du Danube ouverte.

 

- La Russie, traditionnellement, surtout depuis la conquête des territoires ukrainiens en bordure de la Mer Noire et de la Crimée entre 1768 et 1792, s’intéresse au trafic danubien et souhaite participer à toute gestion internationale de ce trafic fluvial. En effet, la maîtrise complète des systèmes fluviaux russes-ukrainiens et des fortes concentrations industrielles du Don et du Donetz, par exemple, de même que la rentabilisation des produits agricoles des très fertiles “terres noires” d’Ukraine, postule de les acheminer vers les grandes concentrations démographiques d’Europe, pour qu’elles y soient vendues ou transformées en produits industriels. De même, les pétroles du Caucase et leurs produits dérivés, ne peuvent accéder à l’Europe rapidement que par le Danube en évitant le verrou anglo-turc d’Istanbul. Pour toutes ces raisons, la Russie a toujours demandé de participer à la gestion du trafic fluvial danubien. Cette demande est légitime.

 

- L’Occident anglais et américain s’est toujours opposé à cette organisation germano-russe des bassins fluviaux centre-européens, ceux du Rhin et du Danube. Car elle aurait permis un trafic pétrolier soustrait à leur contrôle maritime en Méditerranée. La perspective de cette formidable synergie euro-russe était le cauchemar des puissances occidentales. Elle explique bon nombre de traditions militaro-diplomatiques anglaises et américaines:

- La protection systématique de l’Empire ottoman contre la Russie.

- Le refus de voir les troupes russes pénétrer en Thrace turque.

- La tentative de détacher le Caucase de l’Union Soviétique naissante (affaire des commissaires arméniens, fusillés par des contre-révolutionnaires, en présence d’officiers des services spéciaux britanniques), etc.

- Le soutien apporté, via des cercles maçonniques, à un particularisme tchèque qui enclavait son propre pays. De même, le soutien aux particularismes hollandais et belge verrouille potentiellement l’embouchure du Rhin en Mer du Nord. Et permet de débarquer rapidement des troupes spéciales de marine dans le delta des trois fleuves (Escaut, Meuse, Rhin), en cas d’invasion allemande ou française (en l’occurrence, ce seront des invasions allemandes).

- L’instrumentalisation de la France républicaine pour fournir la “chaire à canon”, en Crimée en 1854, en 1914-15 dans les Dardannelles (pour éviter que les Russes n’y débarquent: cette campagne sanglante de la première guerre mondiale est surtout une guerre préventive contre la Russie, alors alliée de la Grande-Bretagne!!), en 1917-18 à Salonique et en 1940. La France traditionnelle avait fait la paix avec l’Autriche par le mariage de Louis XVI avec Marie-Antoinette de Habsbourg puis avait développé considérablement sa marine et entamé des explorations planétaires (La Pérouse); pire, la marine française bat les Anglais dans la guerre d’Indépendance des Etats-Unis et débarque des troupes dans le Nouveau Monde, car elles ne font plus face au Saint-Empire en Lorraine. Russes, Polonais et Autrichiens peuvent en découdre avec les Turcs, anciens alliés de la France de François I à Louis XV; avec le jeune Louis XVI, la France se tourne vers l’Atlantique, reprend pied dans le Nouveau Monde, abandonne sa fatidique alliance avec l’Empire ottoman, ce qui permet aux Autrichiens de consolider leurs positions dans les Balkans et aux Russes de prendre la Crimée. A la fin du XVIIIième siècle, chaque puissance européenne a sa tâche géopolitique à accomplir, sans empiéter sur les intérêts de ses voisins; le développement de la puissance française s’effectue dans l’Atlantique et la Méditerranée occidentale (Corse); la puissance autrichienne se déploie vers l’Egée, la puissance russe vers la Mer Noire et Constantinople (ce qui provoque explicitement l’opposition de l’Angleterre, surtout après la victoire de la flotte russe en Méditerrannée à Chesmé en 1770). En manipulant des “clubs” et des cénacles répandant une idéologie fumeuse, les services de Pitt révolutionnent la France, la plongent dans le chaos et la guerre civile, et vengent ainsi l’humiliante défaite de Yorktown. Mais simultanément, ils torpillent l’entente franco-autrichienne et austro-russe, ne permettant plus à aucune des puissances européennes de mener une tâche géopolitique constructive, sans empièter sur les intérêts des autres (cf. le travail de l’historien français Olivier BLANC, Les hommes de Londres. Histoire secrète de la Terreur, Albin Michel, Paris, 1989).

 

- Il faut juger les Accords de Munich sur l’arrière-plan de cette histoire européenne tumultueuse. Scellés entre les seules puissances centre- et ouest-européennes, il a donné l’impression aux Russes que l’accord n’envisageait pas de prolonger la ligne Rhin-Danube vers la Mer Noire, le Caucase et la Caspienne. Et de restaurer ainsi la “Symphonie” politique du XVIIIième siècle, où toutes les puissances non thalassocratiques avaient résolu leurs différends et commençaient, surtout la France et la Russie, à se doter de flottes combattives, capables d’emporter des victoires décisives.

 

2. Deux rêves médiévaux: Frédéric II et Ottokar II

Dans l’optique allemande qui prévalait sans nul doute à Munich, c’est une optique post-médiévale qui domine. La géopolitique globale de l’Europe n’est pas perçue comme opérant une rotation autour d’une axe partant de Rotterdam pour se prolonger jusqu’à Samarcande, mais comme une Europe retrouvant deux projets géopolitiques médiévaux, nés à une époque où la Russie est totalement absente de l’histoire européenne et se bat contre les peuples de la steppe, Mongols et Tatars. Ces deux idéaux médiévaux sont ceux de l’Empereur Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) et du Roi de Bohème Ottokar II Premysl (1230-1278).

 

- L’Empereur Frédéric II conçoit l’Italie comme le prolongement méditerranéen du territoire compact et centre-européen qu’est la Germanie. A une époque où les Croisades ont finalement pour objet géopolitique la maîtrise de la Méditerranée, Frédéric II perçoit parfaitement l’importance stratégique de la Sicile, île en plein centre de la Méditerranée, permettant de contrôler les bassins occidental et oriental de la Mare Nostrum des Romains. A l’époque de l’alliance entre Rome et Berlin, depuis mai 1938, qui rend Munich possible et déforce la France, la figure de Frédéric II est remise à l’honneur, pour montrer qu’une combinaison des forces allemandes et italiennes permettrait à la fois de vertébrer le continent et de contrôler la Méditerranée à la place des Anglais. En pleine guerre d’Espagne, où l’Italie et l’Allemagne soutiennent Franco (dont les troupes avancent), se rendent maîtres des Baléares, et où l’Italie possède Rhodes en Egée, le plan “hohenstaufien” paraît subitement réalisable. Pour les Allemands et les Italiens, ce contrôle n’implique pas la Russie. Grave erreur car l’Angleterre est présente au Moyen-Orient, à proximité du Caucase et en Egypte. Ce n’était pas le cas du temps de Frédéric II. La vision médiévale et idéaliste des Allemands et des Italiens les a aveuglés. Ils n’ont pas bien perçu la nouvelle donne.

 

- Le Roi de Bohème a parfaitement conscience de l’importance géographique de son pays en Europe et sait qu’il occupe le centre du sous-continent, à l’ouest du Niémen et du Boug. Pour vertébrer le sous-continent, il faut organiser à partir de Prague, deuxième ville européenne en importance après Rome à cette époque, une dynamique centripète permettant de souder en un bloc plus ou moins homogène tous les territoires de la Baltique à l’Adriatique, de Stettin à Trieste. D’où les guerres qu’il a menées en Prusse et dans les Pays Baltes puis contre les Hongrois pour s’emparer de la Styrie (1260). L’axe de la géopolitique implicite d’Ottokar est vertical dans la perspective de la cartographie de Mercator. Ottokar sait que les forces centre- et ouest-européennes ne sont pas assez nombreuses et aguerries pour culbuter les Byzantins et organiser le cours inférieur du Danube, comme les Romains l’avaient fait lors de leur campagne en Dacie. L’Italie connaissait ces antécédents historiques: lors des négociations de Versailles, elle avait espéré faire de l’Adriatique une mer italienne en prenant le relais de Venise en Dalmatie et avait animé, avant l’Anschluß, une politique centre-européenne en protégeant le petit Etat autrichien résiduaire et en s’alliant à la Hongrie. Avec Munich, elle espère réaliser ce projet “vénitien” avec l’hinterland allemand, en tablant sur l’alliance tacite entre Berlin et Belgrade  —grâce à la diplomatie de Göring et au régime de Stojadinovic—   et sur les accords du Latran qui mettaient un terme à l’hostilité entre l’Etat national italien et le Vatican. Pour les Italiens de cette époque, en particulier pour un philosophe comme Julius Evola, l’Axe Rome-Berlin, signé après Munich, est une restitution géopolitique du gibelinisme de Frédéric II de Hohenstaufen, mais sans l’hostilité du Vatican et sans présence ottomane dans les Balkans.

 

- Mussolini a donc opté pour une révision de la politique italienne depuis 1915, année de l’entrée en guerre du pays aux côtés de l’Entente. Mais tout au long de l’année 1938, l’Italie a oscillé entre deux politiques possibles: en mars, au moment où les troupes allemandes entrent en Autriche pour sceller l’Anschluß, Hitler craint une intervention italienne pour sauver le Chancelier Schusschnig, d’autant plus que Lord Halifax tente d’apporter le soutien de l’Angleterre à une intervention italienne dans les cols alpins; mais Mussolini choisit de ne pas intervenir. Hitler lui en sera reconnaissant, jusqu’au bout. Mais immédiatement après les événements d’Autriche, on observe un rapprochement entre l’Angleterre et l’Italie, porté par Chamberlain. Le 16 avril 1938, l’Angleterre reconnait l’annexion de l’Abyssinie par Mussolini, contre laquelle elle avait pourtant vivement protesté et où elle s’était engagée aux côtés du Négus. Cette politique anglaise reçoit l’appui de Ciano, beau-fils de Mussolini. Hitler, voulant une alliance avec l’Italie, démet l’ambassadeur allemand à Rome, von Hassell, de ses fonctions et le remplace par Hans-Georg von Mackensen, plus favorable au tandem Rome-Berlin. En mai, pourtant, Hitler est invité officiellement en Italie, où le point culminant de la visite a lieu à Naples où 100 sous-marins italiens exécutent une formidable parade (immersion rapide puis sortie rapide hors des flots en tirant une salve), montrant aux Allemands et aux Anglais que l’Italie entend jouer un rôle prépondérant en Méditerranée. Avec les Allemands, elle pouvait défier l’Empire britannique et couper sa ligne d’approvisionnement en Méditerranée. Avec les Anglais, elle pouvait contenir tout projet allemand (et russe) dans la même zone, tout en conservant ses colonies libyennes, somaliennes et éthiopiennes. Mais les entrevues de mai 1938 ne débouchent pas sur une politique claire de la part de l’Italie: tant Mussolini que Ciano restent confus et prudents. C’est la victoire diplomatique de Munich qui poussera définitivement Mussolini dans le camp de Hitler. L’Italie jouera dès lors une carte anti-anglaise en Méditerranée. Et signera les accords instituant l’Axe Rome-Berlin.

 

3. Hitler, Göring et la Yougoslavie:

Pour comprendre les relations réelles entre l’Allemagne et la Yougoslavie, que l’on croit conflictuelles mais qui ne l’ont nullement été, il faut se référer au Traité commercial germano-yougoslave d’avril 1934. A partir de ce traité, les rapports entre les deux pays seront excellents, malgré le fait que la Yougoslavie ait été construite pour empêcher tout débouché allemand ou autrichien sur l’Adriatique. Le Protocole de Dubrovnik de 1937 renforce encore davantage les liens économiques entre le Reich et la Yougoslavie. Krupp construit des usines dans le pays, amorce son industrialisation. Stojadinovic, le chef serbe de la Yougoslavie d’avant-guerre, entend clairement se détacher de la tutelle française, qui ne permet pas un tel envol industriel. Parallèlement à sa politique allemande, il développe d’excellentes relations avec l’Italie et la Bulgarie et envisage de renouer avec la Hongrie, créant de la sorte une synergie dans les Balkans. Mais après Munich, on constate un retour à des positions anti-allemandes (francophiles et slavistes pro-tchéques) et à l’achat d’avions de combat (Blenheim et Hurricanes) en Angleterre. L’Allemagne s’inquiète et Stojadinovic tombe en février 1939.  Mais le Prince Paul de Yougoslavie rend visite à Hitler en juin 1939, et reçoit la garantie allemande pour les frontières de la Yougoslavie: Hitler promet de ne pas soutenir les “séparatistes” slovènes et croates ni d’appuyer les projets “grands-hongrois”; il ne dit pas un mot sur les Volksdeutschen de Yougoslavie. En revanche, Hitler demande aux Yougoslaves d’assouplir leurs positions vis-à-vis de l’Italie, d’adhérer à l’Axe pour lancer une politique méditerranéenne commune, de quitter la Société des Nations et de se désolidariser de l’Entente balkanique parce que les Turcs négocient avec les Anglais, selon la tradition diplomatique qui veut que la thalassocratie britannique soit la protectrice de la Turquie contre la Russie, mais aussi contre toute avancée allemande vers l’Egée. Le ministre yougoslave des affaires étrangères, Cincar-Markovic promet de maintenir les liens étroits avec l’Allemagne, d’améliorer les rapports italo-yougoslaves, mais estime que l’adhésion au Pacte antikomintern serait impopulaire dans le pays. Les relations germano-yougoslaves ont été renforcées par l’effet-Munich. Les liens économiques, diplomatiques et culturels entre les deux pays ont été plus solides qu’auparavant, bien que les cercles hostiles à l’Allemagne n’aient pas désarmés et aient notamment organisé des manifestations violentes contre la venue de diplomates allemands (dont von Neurath) et la visite de Ciano. 

 

4. Georges Bonnet et la diplomatie française:

 La France est la grande absente sur l’échiquier diplomatique européen au moment de l’Anschluß. Elle vit alors une crise politique. Le 10 avril, presque un mois après l’entrée de Hitler à Vienne, Edouard Daladier devient Premier Ministre et choisit une politique de paix, contrairement au gouvernement de Léon Blum que Churchill et Morgenthau avaient vainement tenté de maintenir en place. Churchill et Halifax espéraient qu’un gouvernement Blum aurait incité les Anglais à abandonner la politique de Chamberlain et aurait fait front commun contre l’Allemagne, avec les bellicistes anglais. Daladier, au contraire, est sur la même longueur d’onde que Chamberlain. Daladier remplace Joseph Paul-Boncour, belliciste et partisan d’un soutien inconditionnel aux Tchèques, par Georges Bonnet, européiste favorable à la paix et s’inscrivant dans la ligne d’Aristide Briand, avocat du rapprochement franco-allemand dans les années 20. Pour Bonnet, toute guerre en Europe conduira à la catastrophe, à la fin de la civilisation. Il le croit sincèrement et déplore que Chamberlain, avec sa politique d’apaisement, ne cherche qu’à gagner du temps et à lancer une industrie de guerre et une industrie aéronautique pour armer l’Angleterre, qui se sent faible sur le plan de l’arme aérienne, après les résultats obtenus par les Allemands pendant la guerre d’Espagne (acheminement des troupes de Franco par des avions transporteurs, mise au point des techniques de chasse et de bombardement, perfectionnement de la logistique au sol, etc.). Daladier et Bonnet croiront soutenir une politique de paix à Munich.

 

Mais les diplomates français et leurs homologues anglais déchanteront le 30 novembre 1938, quand le Comte Ciano annonce à la tribune de la Chambre des Corporations de l’Italie fasciste que Rome entend “faire valoir ses droits” en Méditerranée occidentale, c’est-à-dire en Tunisie, en Corse, et même à Nice. Mussolini annonce quant à lui les mêmes revendications devant le Grand Conseil fasciste, en y ajoutant l’Albanie, clef pour le contrôle de l’Adriatique et du Détroit d’Otrante. Pour la France, il y a dès lors au moins un front supplémentaire, sur les Alpes et en Afrique du Nord. Pire, si Franco accepte de payer sa dette à l’Italie et à l’Allemagne et de venger le soutien par le Front Populaire et les gauches françaises à ses ennemis républicains, en ouvrant un troisième front sur les Pyrénées, Paris devra combattre sur trois fronts à la fois. Le cauchemar de l’encerclement par la coalition germano-hispano-milanaise du XVIième siècle revient brutalement à l’avant-plan. Paris réagit en intensifiant ses liens avec les Etats-Unis, qui, par la bouche de leur ambassadeur William Bullitt, avaient déjà manifesté leur intention d’intervenir dans une éventuelle guerre en Europe, contre les “dictateurs”. Bonnet parvient à obtenir une centaine de chasseurs Curtiss H75, donnant ainsi à l’aviation française, déjà excellente, un atout supplémentaire pour faire face aux Allemands et aux Italiens qui avaient éprouvé leurs avions pendant la guerre d’Espagne. Bonnet introduit ainsi directement la carte américaine dans le jeu des alliances en Europe.

 

Deuxième tentative de Bonnet pour déserrer l’étau qui menace la France: négocier directement avec les Allemands, pour qu’ils calment les ardeurs de leurs alliés italiens. Bonnet renoue ainsi avec la politique pacificatrice de Briand, mais dans un contexte où l’Allemagne est considérablement renforcée, tant sur le plan militaire (plus de menace tchèque, entente relative avec la Pologne et la Yougoslavie, alliance italienne et présence indirecte en Méditerranée) qu’industriel (apport des aciéries et des usines d’armement tchèques, très performantes). Le 6 décembre 1938, Ribbentrop et Bonnet signent dans le salon de l’Horloge du Quai d’Orsay une déclaration franco-allemande, ouvrant des relations de bon voisinage et acceptant les frontières telles qu’elles sont actuellement tracées. Chamberlain et Halifax encouragent cette initiative. Churchill la déplore. En janvier 1939, cet accord franco-allemand est déjà réduit à néant par les circonstances.  

 

5. Beck, Hitler et la Pologne:

On oublie trop souvent que les accords de Munich ont été possibles grâce à la Pologne. Dès janvier 1938, Hitler s’était assuré la neutralité polonaise face à ses rapports avec l’Autriche (catholique) et la Tchécoslovaquie. Le 14 janvier, en effet, Hitler rencontre Beck à Berlin pour régler un litige (une loi polonaise visait à exproprier tous les étrangers possédant des terres dans les zones frontalières: les Allemands et les Ukrainiens sont particulièrement visés). Au cours des pourparlers, en présence du ministre des affaires étrangères von Neurath, assez hostile à tout rapprochement avec la Pologne au contraire de Hitler, Beck confie que la Pologne n’a aucun intérêt en Autriche et que ses rapports avec la Tchécoslovaquie ne peuvent pas être plus mauvais. Pour Beck, les relations polono-tchèques sont mauvaises parce que la Tchécoslovaquie abrite une minorité polonaise, parce qu’elle s’est alliée à l’URSS ennemie de la Pologne et menace dès lors toute la frontière méridionale du pays.  Beck refuse toutefois d’adhérer au Pacte antikomintern, signé entre Berlin et Tokyo. Mais il promet de poursuivre la politique germanophile du Maréchal Pilsudski. En septembre, quelques jours avant Munich, les Polonais demandent à Londres que les droits de la minorité polonaise en Bohème soient garantis. Avec l’appui tacite du gouvernement de Varsovie, le mouvement OZON (Camp de l’Unité Nationale) s’agite dans toute la Pologne pour réclamer une intervention militaire aux côtés de l’Allemagne en Tchécoslovaquie. Kennard, l’ambassadeur britannique, doit se rendre à l’évidence: les Polonais ne se laisseront pas manipuler dans un sens anti-allemand. Après Munich, les Polonais occupent Teschen, un district peuplé de ressortissants de nationalité polonaise. Ce n’est donc qu’après Munich que les relations polono-allemandes vont se détériorer, sous l’influence britannique d’une part, pour la question du corridor de Dantzig d’autre part. Le changement d’alliance de la Pologne fera basculer Hitler, pourtant favorable à une entente germano-polonaise. Ce changement de donne conduira à la signature du Pacte germano-soviétique.

 

D’autres événements sont à mentionner dans les rapports triangulaires entre la Tchécoslovaquie, la Pologne et l’Allemagne. Avant Munich, le 31 juillet 1938, Kopecky, chef du parti communiste tchécoslovaque, déclare lors d’un meeting qu’il est nécessaire d’établir un “front slave soviéto-tchécoslovaco-polonais contre les fascistes allemands”.  Après Munich et après le rattachement des territoires des Sudètes au Reich élargi à l’Autriche, puis, après le coup de Prague et l’entrée de Hitler dans la capitale de la Bohème, bon nombre d’émigrés tchèques se retrouvent en Pologne, pays peu tchécophile, comme nous l’avons vu. Parmi ces émigrés, le plus notoire a été le Général Lev Prchala qui en appelle, à Varsovie, à la constitution d’une nouvelle armée tchécoslovaque. Prchala et ses amis sont pro-polonais, rêvent d’un bloc polono-tchèque dirigé contre l’Allemagne et l’URSS, développent une idéologie slaviste grande-polonaise mais anti-russe, visant à constituer un Etat s’étendant de la Baltique à la Mer Noire, vœu traditionnel du nationalisme polonais et souvenir du grand Etat polono-lithuanien du XVIIième siècle. Staline refusera d’accorder du crédit à ce slavisme-là et le considérera comme une menace contre l’URSS. Le développement de cette idéologie grande-polonaise et conservatrice, sous couvert de restaurer la défunte Tchécoslovaquie et de la placer sous la protection de l’armée polonaise, intéresse les Britanniques mais inquiète d’autant plus Staline, si bien qu’on peut le considérer comme un facteur du rapprochement germano-soviétique. L’idéologie du bloc slave mitteleuropéen, cordon sanitaire entre le Reich et l’URSS, sera reprise telle quelle par les militaires conservateurs polonais et tchèque au service de l’Angleterre pendant la guerre. Les plans du Général polonais Sikorski et du Président tchèque Benes, énoncés dans la revue américaine Foreign Affairs au début de l’année 1942 et prévoyant une confédération polono-tchèque, seront rejetés catégoriquement par Staline et le gouvernement soviétique en janvier 1943. Cette attitude intransigeante de Staline, alors même que la bataille de Stalingrad n’est pas encore gagnée, tend à prouver que l’ébauche de cette confédération polono-tchéque à dominante catholique par le Général Prchala a inquiété Staline et a sans doute contribué à le pousser à signer le pacte germano-soviétique. Staline préférait sans nul doute voir les Allemands à Varsovie plutôt que les Polonais à Odessa.

 

6. Les puissances occidentales et l’URSS de Staline:

N’oublions pas que la conférence de Munich a lieu en pleine guerre civile espagnole, où les Allemands et les Italiens soutiennent le camp nationaliste de Franco et les Soviétiques, le camp des Républicains. Par personnes interposées, une guerre est donc en train de se dérouler entre les protagonistes du futur Axe germano-italien et l’URSS. Mais les troupes républicaines flanchent, se montrent indisciplinées, les milices anarchistes sont incapables de faire face aux régiments plus professionnels et mieux entraînés du Général catholique et nationaliste, les communistes bien structurés et disciplinés sont dégoûtés de ce romantisme révolutionnaire inopérant et commencent à se retirer du jeu, constatant, devant Barcelone, que la partie est perdue. L’alliance franco-tchéco-soviétique, qui visait le statu quo en Europe et le containment de l’Allemagne, a échoué dans ses objectifs. Litvinov, commissaire soviétique aux affaires étrangères, tente toutefois d’en sauver l’esprit et suggère quelques jours après l’Anschluß, le 17 mars 1938, une alliance des trois grandes puissances (Grande-Bretagne, France, URSS), afin de maintenir le statu quo, mis à mal par l’Allemagne. Litvinov veut que Londres, Paris et Moscou garantissent de concert l’intégrité du territoire tchécoslovaque. Mais Paris et Londres hésiteront, préféreront négocier à Munich. Les Soviétiques savent que le contrôle de la Bohème implique ipso facto le contrôle de toute l’Europe centrale. Si Paris et Londres abandonnent Prague, l’URSS n’a plus que deux solutions:

a) Dévier les forces de l’Allemagne contre l’Ouest et/ou

b) Se rapprocher de l’Allemagne, désormais puissance incontournable sur l’échiquier européen.

Ces deux objectifs, après le remplacement de Litvinov par Molotov, constituent les fondements du pacte germano-soviétique d’août 1939.

 

Par ailleurs, l’URSS est opposée à l’Occident ailleurs dans le monde. Par le Caucase et en Iran, l’Angleterre menace le flanc sud de l’URSS. Son aviation, à partir des Indes, à partir des bases iraniennes ou irakiennes, peut atteindre les champs prétrolifères du Caucase et frapper le nouveau quadrilatère industriel créé par Staline au sud de l’Oural. Par l’Iran et la Caspienne, l’Angleterre peut aussi frapper Stalingrad, remonter le cours de la Volga par Astrakhan, bombarder Batoum et Bakou, menacer le chemin de fer Krasnovodsk-Achkhabad. A l’époque, la menace britannique sur le flanc sud de l’URSS est réelle: les historiens de l’avenir devront sans doute se demander si les Anglais n’ont pas exercé un chantage sur Staline après la signature du pacte Ribbentrop-Molotov et la victoire allemande contre la France. Et se demander aussi si la mobilisation de l’armada américaine dans la guerre du Golfe, n’est pas la réédition de cette présence menaçante, mais, cette fois, avec l’alliance turque et avec des armes ballistiques à plus longue portée.

 

Conclusion:

 

Avec Munich, l’Allemagne retrouve certes l’espace politique du Reich médiéval, perdu depuis les Traités de Westphalie de 1648. L’idéologie du Troisième Reich, centralisatrice dans sa pratique, structure cet espace qui a souffert longtemps de ses divisions institutionnelles et confessionnelles. La diplomatie allemande de 1938 a réussi cet exploit, mais en réfléchissant à partir de critères trop européens, trop européo-centrés. Elle a raisonné comme avant Leibniz, premier diplomate et philosophe allemand à avoir saisi intuitivement l’importance cardinale de l’immense espace russo-sibérien. Ce type de raisonnement explique deux déficits de Munich, en dépit de la victoire diplomatique allemande:

 

a) Le Reich n’a pas compris que des facteurs extra-européens, bien maîtrisés par les Britanniques, déterminaient la marche des événements en Europe. On ne pouvait plus penser l’Europe centrale sans penser conjointement la maîtrise de la Mer Noire, du Caucase, de l’Asie centrale jusqu’au Pamir. Pourtant, le mythe indo-européen resassé dans l’Allemagne nationale-socialiste, mais de façon figée, simpliste et caricaturale, aurait dû rappeler clairement l’unité spatiale soudant le cœur de l’Europe centrale à l’espace traversé par les peuples-cavaliers scythes, sarmates, perses-iraniens, etc. L’eurasisme est avant tout le souvenir de ces peuples indo-européens qui se sont élancés jusqu’au Pacifique et dont les cosaques sont les premiers légataires aujourd’hui.

 

b) Comme Mussolini le lui a reproché à la fin de la guerre, peu avant sa mort, dans une conversation avec le fasciste français Victor Barthélémy, adjoint de Doriot, ancien membre du PCF, réfugié en Italie après le débarquement des Américains et des Français de De Gaulle en Provence en août 1944, Hitler n’a jamais compris la Méditerranée. Il n’a pas trop compris que l’Italie lui permettait de contrôler les deux bassins et d’y détruire le système des communications maritimes de la Grande-Bretagne. Les Anglais ont directement perçu le danger, forts des analyses que leur avaient léguées le géopolitologue Halford John Mackinder, dans Democratic Ideals and Reality  (1919, 1ière éd.).

 

Enfin, la diplomatie allemande et celle de Litivinov n’ont pas raisonné en termes de “Symphonie”. Exclure la Russie des débats ou vouloir maintenir le statu quo de Versailles (avec la France et la Tchécoslovaquie), c’est oublier les leçons de la seule grande alliance digne de ce nom dans l’histoire européenne: la Sainte-Alliance fondée à la fin du XVIIième siècle par le Prince Eugène de Savoie, pour libérer les Balkans d’un pouvoir extra-européen, une Sainte-Alliance qui a permis de regagner 400.000 km2 sur les Ottomans et qui s’est poursuivie jusqu’en 1791, où elle s’apprêtait à libérer la Serbie, à donner le coup de grâce aux Turcs, mais où elle a dû distraire la majeure partie des ses troupes pour affronter les révolutionnaires français, excités en sous-main par les services spéciaux de Pitt.

 

Enfin, les arbitrages successifs de Vienne, pour calmer les velléités de guerre entre Hongrois et Roumains, montrent que l’enjeu danubien n’était guère perçu. Or, l’Angleterre le connaissait bien, elle sait que la maîtrise militaire et économique de ce fleuve soustrairait l’Europe à toute tutelle maritime. L’Angleterre semble avoir la plus longue mémoire historique: elle se rappelle, indubitablement, que le Tsar Paul Ier, en s’alliant à Napoléon, voulait, avec l’Empereur des Français, prendre pied aux Indes et en chasser les Britanniques. Paul Ier suggérait d’acheminer des troupes par le Danube, la Mer Noire (dominée par la flotte russe de Crimée, dont la construction avait effrayé Londres) et la Caspienne. Cette route est fondamentale. Les Européens l’ont oubliée. Munich en est la preuve. Il faut s’en rappeler. Et ne pas diffuser une géopolitique trop idéaliste et mutilée.

 

Robert STEUCKERS, Forest  27-29 septembre 1998.  

lundi, 05 novembre 2007

Henri Storck et la Wallonie

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Henri Storck et la Wallonie

Les pères fondateurs du cinéma wallon sont un Néerlandais et un Flamand : il s’agit respectivement de Joris Ivens et de Henri Storck. Avec leur film « Misère au Borinage » de 1932, ils sont à la base des succès cinématographiques wallons.

Henri Storck (1907-1999), dont on fêtera le centenaire cette année, était un Ostendais francophone. On le connaissait surtout pour ses documentaires où il évoquait et interviewait des artistes flamands comme Ensor et Permeke. Mais, indubitablement, c’est « Misère au Borinage » qui fit le plus d’effet ; il y donnait une image criante de vérité de la région minière dans les années 30. Storck se sentait pleinement concerné par son sujet, par humanisme mais aussi par idéologie : il était un communiste convaincu. Les représentations de « Misère au Borinage » furent à l’époque les points de rassemblement des militants communistes. Plus encore : ces représentations ont été plus d’une fois perturbées par l’irruption des agents de la BSR (« Brigade Spéciale de Recherche », soit la branche politique de l’ancienne gendarmerie belge), jusque dans les années 70 ; les pandores notaient les noms de toutes les personnes présentes. En bon nombre d’endroits, le tournage du film était même carrément interdit. Même lorsque l’écrivain flamand Hugo Claus, alors hôte d’une émission de la VPRO, demanda à voir un extrait du film, il fut brusquement interrompu par les actualités. Personnellement, moi, l’auteur de ces lignes, je n’ai aucune sympathie pour le communisme, mais, en dépit de cette antipathie, je n’ai jamais compris l’acharnement des censeurs contre « Misère au Borinage ». C’était les émissions « Jambers » ou « Striptease » avant la lettre, mais, simultanément, c’était une véritable œuvre d’art.

Chez les experts wallons en cinématographie, le nom de Storck fait encore et toujours vibrer une corde sensible. Mais le grand public, lui, ignore tout de sa personne et de son œuvre. Pourtant, les frères Dardenne, cinéastes wallons en vogue, ont évoqué publiquement son nom lorsqu’ils ont obtenu, il y a une dizaine d’années, la « Palme d’Or » à Cannes. Ce n’est pas étonnant car la vision que donnait « Misère au Borinage » sur le bassin industriel wallon n’était pas rose ! Or le misérabilisme paie en Wallonie aujourd’hui. Grâce aux frères Dardenne, le film « Rosita » (qui traite des mésaventures d’une jeune fille au chômage dans la région de Liège) est devenu un classique. Quant au film « Germinal », qui se déroule dans la partie du Hainaut annexé à la France, on le montre très souvent au public lors des congrès du PS. Mais tant « Rosita » que « Germinal » contiennent une bonne dose de fiction, ce qui les différencie tout de même très nettement du réalisme cruel de Storck.

L’Ostendais Storck était revenu sous les feux de la rampe en Wallonie, de manière très négative et fort paradoxale, il y a une dizaine d’années. A l’époque, un groupe avait organisé une exposition en l’honneur du grand photographe Willy Kessels (1898-1974). Natif de Termonde (Dendermonde) en Flandre orientale, Kessels accompagnait souvent Storck lors de ses tournées de prises de vues et prenait des photos. Ces photos servaient souvent de support à des campagnes publicitaires. Mais Kessels était très proche des mouvements dits d’ « Ordre Nouveau ». Il était le photographe des diètes nationales de Rex et du VERDINASO. C’est lui qui prit la fameuse photo de Joris van Severen, « à la Memling ». Le fait de consacrer une exposition à Kessels provoqua un flot de critiques en Wallonie rouge. Ce fut surtout le quotidien du PS, « Le Peuple », qui orchestra la campagne. En attaquant Kessels, on s’en est pris simultanément, bien que de manière détournée, au fidèle militant de gauche qu’avait toujours été Storck. De fait, « Misère au Borinage » avait été un brûlot d’extrême gauche à son époque, à un moment où les socialistes établis entendaient évoluer vers un social-démocratisme para-bourgeois.

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Montage photographique de Willy Kessels

En cette année 2007, rien ne laisse augurer en Wallonie un hommage, fût-il modeste, à Henri Storck. Je dois également avouer que notre cinéaste n’est plus davantage connu en Flandre. Certes, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance, vers la mi-octobre, on organisera bien quelques activités à Ostende et dans les environs de la ville portuaire ; un livre est également sur le point de sortir de presse. Malgré ces quelques timides manifestations culturelles, bien des étudiants en audiovisuel en Flandre n’ont jamais entendu parler de Storck. Malgré ses immenses mérites en matières cinématographiques, sa célébrité se limite aujourd’hui à quelques cénacles de cinéphiles et il n’est plus que le dada d’un groupe restreint d’universitaires, surtout à la VUB (Bruxelles).

« Picard » (article tiré du « ‘t Pallieterke », Anvers, 3 octobre 2007).   

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dimanche, 04 novembre 2007

K. Leontiev: précurseur russe de Spengler

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Konstantin Leontiev: précurseur russe de Spengler

Réflexions sur la vie et l'œuvre de K. Leontiev

 

Aldo FERRARI

 

Bien que peu connu en Occident, Konstantin Nicolaïevitch Leontiev est, selon l'opinion de tous ceux qui se sont penchés sur sa vie et son œuvre, l'un des principaux phénomènes humains et spirituels de la Russie du siècle passé. Né en 1831 dans une famille noble de la Russie centrale, Leontiev, au cours de son existence pittoresque et tourmentée, fut tour à tour médecin, nar­rateur et critique littéraire, penseur historico-politique et, dans ses dernières années, moine. Il est l'auteur de nouvelles et de narrations originales  —publiées dans un recueil intitulé “De la vie des Chrétiens en Turquie”—  que “seul un siècle trop riche en littérature comme le XIXième russe peut se permettre d'oublier”, écrit lke célèbre Mirsky. Leontiev est aussi l'interprète lucide et très pertinent d'une critique littéraire attentive principalement aux valeurs esthétiques et formelles de l'art. Son essai “Analyses, styles et atmosphère” est dédié aux romans de Tolstoï et constitue véritablement le chef-d'œuvre de la critique lit­téraire russe du siècle passé. Il se montre hostile au journalisme utilitaire et “progressiste” qui, depuis Belinsky jusqu'à la re­naissance esthétique de la période symboliste, s'est toujours efforcé d'instrumentaliser et d'avilir la grande littérature russe. En ce sens, Leontiev est isolé dans ce XIXième siècle russe, mais sa position demeure néanmoins d'une incontestable perti­nence.

 

D'un point de vue religieux, Leontiev est devenu un défenseur passionné et intransigeant de la tradition orthodoxe et, plus parti­culièrement, de la vie monastique, après une extraordinaire conversion  —admirablement décrite dans sa correspondance avec Rozanov, récemment rééditée à Londres—  qui a mis fin à une longue période de perception exclusivement esthétique de la réalité. Intimement lié aux grands centres de la spiritualité chrétienne-orientale du Mont Athos et d'Optina Poustynia, il a polémiqué intensément contre tous ceux qui tentaient, plus ou moins de bonne foi, de rénover et de moderniser l'Eglise ortho­doxe. Leontiev estimait qu'ils minaient ainsi la vérité et reniaient la complexité de la religion chrétienne. L'élément dominant dans la religiosité léontievienne consiste en une aspiration sincère et très intense au salut individuel, que l'on atteint en obser­vant de façon très stricte les traditions ecclésiastiques et en dominant sévèrement ses passions: c'est là un idéal ascétique, certes bien éloigné des expériences religieuses de Khomiakov, Dostoïevsky et Tolstoï qui furent tous, comme Leontiev, au centre de la culture religieuse russe de cette période, mais qui, somme toute, est beaucoup plus conforme à l'esprit de la tra­dition orthodoxe.

 

Toutefois, malgré la valeur des écrits littéraires et critiques et malgré le caractère extraordinaire de son expérience religieuse, le noyau central de l'œuvre de Leontiev doit être séparé de sa conception de l'histoire. Il fut, à l'instar de Herzen dans le camp progressiste, le penseur religieux et conservateur le plus original et le plus profond. Il nous paraît opportun de dire d'emblée que sa pensée ne peut d'aucune façon être définie comme slavophile ou panslaviste. Dans l'orbite de l'idéologie comme dans celui de la littérature, la position de Leontiev est totalement atypique. Quoi qu'il en soit, cette pensée s'inscrit pleinement dans cette querelle complexe qui a pour objet la signification et le destin de la Russie, surtout par rapport à la civilisation euro­péenne avec laquelle elle a des affinités mais qui lui est néanmoins fondamentalement antagoniste. C'est là une question cen­trale qui a tourmenté la pensée, la littérature et l'historiographie russes de Tchaadaïev à Soljénitsyne.

 

Au cours d'une première période “optimiste”, Leontiev affirme que la Russie devrait se mettre à la tête d'une nouvelle civilisa­tion slave-orientale, centrée sur les valeurs religieuses et politiques héritées de Byzance qu'il oppose en toute conscience à l'évolution de la modernité européenne dans un sens d'irreligion et de matérialisme. Mais, à la suite de cette phase “optimiste”, il devine, avec grandes lucidité et clairvoyance, supérieures à celles de Dostoïevsky dans Les démons,  l'avènement en Russie d'une révolution socialiste et athée, suivie de l'instauration d'un système despotique, inconcevable pré­cédemment.

 

Ces “prophéties” historico-politiques de Leontiev proviennent en réalité d'une saisie inédite des particularités culturelles, so­ciales et psychologiques du peuple russe, ainsi que d'une intuition pointue de l'essence totalitaire et arbitrairement destructrice des diverses utopies socialistes, intuition partagée non seulement par Dostoïevsky, mais par de nombreux et célèbres repré­sentants de la pensée européenne du XIXième siècle, comme Rosmini, Donoso Cortés et Kierkegaard.

 

Byzantinisme et monde slave  (dont une traduction italienne est parue en 1987 aux éditions All'Insegna del Veltro à Parme) est un ouvrage qui s'inscrit, lui, dans la phase finale de la pensée historique leontievienne et qui en constitue l'expression le plus complexe et la plus suggestive. La première partie de cet ouvrage, écrit en 1873, nous décrit les fondements historiques et culturels de la Russie que l'auteur place non pas dans l'appartenance ethnique au monde slave (là, il polémique directement avec la pensée des slavophiles et des panslavistes) mais dans l'héritage religieux et politique de Byzance. L'importance de l'héritage byzantin a été décisive pour la Russie, ce que confirment des historiens de grande valeur tels Toynbee ou Obolensky, mais c'est à leontiev qu'il revient d'avoir mis, le premier, cette importance en exergue. De plus, Leontiev est aussi le premier, en Russie, à avoir jugé Byzance de façon autonome, en abandonnant ce travail conventionnel et stérile de compa­raison avec le monde classique et avec l'Europe occidentale. Dans l'œuvre de Leontiev, Byzance est donc revalorisée, consi­dérée comme une civilisation originale, féconde sur le plan culturel et politique.

 

Ensuite, dans Byzantinisme et monde slave, nous avons une analyse historico-sociale et psychologique attentive des diverses nationalités slaves et balkaniques. Mais, surtout, Leontiev esquisse dans ce travail une conception originale de l'histoire, tout en prenant le contre-pied des thèses de Danilevsky, exprimées dans La Russie et l'Europe. Leontiev en effet dépasse le pré­jugé conventionnel d'eurocentrisme et plaide en faveur d'une vision nouvelle de l'histoire humaine: celle-ci serait l'addition d'une pluralité de “types historico-culturels”, vivant sur base de principes spécifiques et autonomes en matières religieuses, politiques et éthiques.

 

Ces mondes historico-culturels  —qui sont dix dans le typologie systématisée par Danilevsky—  constituent, selon Leontiev, des entités organiques soumises, comme tout ce qui existe dans l'espace et dans le temps, à un processus de développement en trois phases, partant d'une simplicité initiale indifférenciée pour aboutir à une complexité riche, multiforme et finalement unifiée-uniforme, puis, dans une troisième phase, pour retourner à un état primitif de mélanges et de simplifications.

 

Comme tous les organismes vivants, les civilisations, elles aussi, connaîtraient une enfance (sociétés archaïques, tribales et féodales), une maturité (sociétés de types “renaissancistes”) et une sénilité (sociétés décadentes).

 

Dans Byzantinisme et monde slave, Leontiev expose une conception de l'histoire qui annonce le morphologisme du XXième siècle de Spengler et de Toynbee. La conception leontievienne de l'histoire (et de l'histoire russe) trouve ses accents les plus forts dans le refus radical des évolutions récentes des sociétés européennes, entrées, malgré ses triomphes d'ordres techno­logique et économique, dans une phase ultime, pré-mortelle, de leur développement historique. Dans sa critique de l'Europe occidentale, Leontiev mêle curieusement un traditionalisme religieux orthodoxe à un dédain esthétique qui rappelle Baudelaire et Herzen.

 

Il me parait en outre utile de rappeler que la littérature critique et universitaire sur Leontiev relève principalement des écrits de la renaissance religieuse russe du début de notre siècle, notamment Rozanov, Soloviev, Berdiaev et Boulgakov ainsi qu'à certains exposants de l'émigration post-révolutionnaire. Enfin, je souhaite relever l'intérêt profond que portent quelques cher­cheurs italiens à la personnalité et à l'œuvre de Leontiev, parmi lequels Evel Gasparini et Divo Barsotti. Récemment, Leontiev a fait l'objet d'études, surtout en France et dans les pays anglo-saxons, où l'on a republié ses livres et où l'on a consacré de nombreux essais à son œuvre.

 

Prof. Aldo FERRARI.

(article paru dans “Intervento”, n°82-83, 1987).

 

samedi, 03 novembre 2007

Over de identiteit van Brussel

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Robert Steuckers:

Over de Identiteit van Brussel

De identiteit van Brussel is bijzonder ingewikkeld.

-         In 1884 wordt er door de katholieke verenigingen uit de provincies een betoging georganiseerd tegen de schoolpolitiek van de Brusselse liberalen. De Brusselaars antwoorden met een gewelddadige tegenbetoging. Sindsdien gaapt er een kloof tussen wat er leeft in de provincies en Brussel. Brusselse ondernemingen worden geboycot. Waarom is Brussel een liberale en progressieve stad geworden, hoewel ze vroeger sterk gelovig was en een groot aantal kerkelijke instellingen telde? Deze verschuiving is de eerste mutatie in de identiteit van Brussel, sinds 1789, toen de stad nog aartsconservatief en katholiek was.

-         In de tijd van Karel Buls en Leon Vanderkinderen heerst er in Brussel een zekere Vlaamsgezindheid gekoppeld aan democratische, federalistische en liberale ideeën. Dit compositum vormt eigenlijk een "conservatieve revolutie", in de zin dat het tegelijkertijd een identiteit (de Vlaams-Brabantse) wil bewaren en het establishment wil dwingen, de nodige vernieuwingen door te voeren. Het is opmerkelijk dat dit compositum eigenlijk nog geen scheiding tussen links en rechts kende: kultuurconservatieven en socialisten (of progressieve liberalen) werken hand in hand om aan Brussel een Vlaams-Brabants "gelaat" te geven.

-         Bij Karel Buls wordt inderdaad die "conservatieve revolutie" gekoppeld aan de wil, een specifieke architectuur in Brussel te promoten. Die architectuur vindt haar zuiverste en origineelste uitdrukking in de "Art Nouvea"u of "Jugendstil"-stijl (de eerste gebouwen worden in 1893 opgericht door de beroemde architect Horta). Zowel bij Horta als bij de geniale meubelontwerper Henry Van de Velde zet deze "organische" stijl zich duidelijk af tegen de "geometrische" ideën van de Franse revolutie en van de jacobijnse praktijken in het politiek Bestuur. De tegenstanders van deze nieuwe kunststroming noemen het laatdunkend "le style nouille". In zijn "organische" oriëntatie was Art Nouveau conservatief, terwijl zijn steun aan de nieuwe socialistische beweging toenmalig als een revolutionaire daad beschouwd  werd. Overal in Europa vindt men vergelijkbare kunstbewegingen, in het bijzonder in Wenen ("Wiener Secession") en in Barcelona met de architect Gaudi. Wat de politieke opvattingen betreft, die aan deze kulturele revolutie gekoppeld kunnen worden, kunnen wij zeggen dat ze de idee van vrijheid als kern hebben. Die idee wordt als "Vlaams" beschouwd, als een erfgoed van de Gentse Arteveldes (cf. de werken van Vanderkinderen, die een befaamde historicus was), en is lichtjes "Grootgermaans" of "Diets" gekleurd. Bij Buls, Vanderkinderen, Wauters en Emile de Laveleye wordt de vrijheid als "Germaans" bestempeld, terwijl de vormen van dwingelandij of tyrannie als "Frans", "Jakobijns" of "Spaans" gelden (cf. de figuur van Tijl Uilenspiegel bij Charles Decoster, die ironie als wapen tegen de vreemde macht hanteert). Het is opmerkelijk dat deze grondideeën van de Vlaamse beweging in de 19de eeuw eerst in het Frans werden uitgedrukt en ter discussie gebracht.

-         In die periode vindt een verschuiving plaats in de demografische structuur van onze stad. Dat is de tweede mutatie in de identiteit van Brussel, na de evolutie van het aartskonservatieve katholicisme van de Statisten voor en gedurende 1789-90 (de Brabantse omwenteling) naar het emancipatorisch, vrijzinnig maar identiteitsbewust liberalisme volgens Karel Buls. Tussen 1880 en 1900 groeit de bevolking van Brussel met 1700%. Dit betekent dat de oorspronkelijke Brussels-Brabantse bevolking verdwijnt, om plaats te ruimen aan een Belgisch melting pot met mensen die uit alle hoeken van het land komen, mensen die zich losgekoppeld voelen van hun oorspronkelijke landelijke dorps- of stadsgemeenschap en die ook dit gevoel als een emancipatie met recht of onrecht beschouwen. Cijfers: In België was toen de verhouding tussen Vlamingen en Walen 51/49. In Brussel waren  er in die tijd 21% Vlamingen, 43% Tweetaligen (meestal Vlamingen van origine) en 26 zuiver Franstaligen.

-         De emancipatorische en identiteitsbewuste kultuurrevolutie van Buls en Vanderkinderen kan geen verwezenlijking meer bereiken in zulke omstandigheden. De volgende burgemeester Demot voert geen architecturale politiek à la Buls meer uit en begint vanaf 1900 een puur utilitaristische koers te volgen, zonder het minste esthetisch project, wat ons na enkele decennia tot het typisch Belgisch-Brussels cultuurvandalisme leidt. Het patrimonium word blindelings geofferd op het altaar van Mammon. In de eerste tien jaren van de 20ste eeuw werden er al gebouwen in Art Nouveau-stijl afgebroken, terwijl hun architecten nog in leven waren! Dat vandalisme culmineert met de afbraak van het socialistisch Volkshuis van Horta in de Stevensstraat. Zo verraden de socialisten hun eigen kultuurbronnen, omdat de projecten van Burgemeester Buls wel degelijk een socialistisch luik hadden en ook omdat Horta het socialisme als een instrument zag om de massa's te emanciperen en hen een esthetiek mee te geven.

-         Dat kultuurvandalisme heet in de taal van de architecten in de hele wereld de "Verbrusseling" (Bruxellisation). Dat kultuurvandalisme is het erfgoed van alle "traditionele" partijen, die onze stad bestuurd hebben. De zogenaamde "Verklaring van Brussel", opgesteld door architecten en studenten van de Ter Kameren-school in Elsene, kan als inspiratiebron dienen, om een nieuwe kultuurproject voor Brussel te promoten.

-         Deze beklagenswaardige evolutie (of beter gezegd: deze "involutie") van het Brusselse kultuurleven leidt ons tot een vraag: leeft er onder het volk nog de verzuchting, om een nieuwe kultuurrevolutie te starten in Brussel, zoals Buls en Vanderkinderen ervan gedroomd hadden? De links-progressieve krachten schijnen zich van hun eigen contradicties niet bewust te zijn: enerzijds eisen ze van de overheid, de Verbrusseling dus het vernielen van ons architecturaal erfgoed te stoppen (een konservatief idee), maar andererzijds wordt ieder poging, een identiteit te herstructuren, als "racistisch" of "fascistisch" afgestempled. In die zin zouden de linkse studenten, die de Verklaring van Brussel opgesteld hebben, eigenlijk vermomde fascisten zijn, terwijl de arme Karel Buls een fascist ante litteram geweest zou zijn.

-         Wat immigratie en integratie betreft, kan men rustig zeggen dat Brussel vandaag niets voorstelt en geen culturele ruggegraat meer heeft. De kulturele politiek kent zeker en vast schitterende evenementen, maar in het geheel schijnt die politiek een onbegrijpelijk patchwork met alles en het tegenovergestelde van alles te zijn. Hoe kunnen migranten van welke origine zij ook zijn  dan een stad respecteren, die niets heiligs of waardevols aanbiedt?

-         "Fazit": Een vernieuwing van de Vlaamse cultuur in Brussel moet noodzakelijkerwijze weer met ideeëngoed en de esthetische creaties van het einde van de 19de eeuw aanknopen. Deze ideeën zijn de uitdrukking van de nieuwe Brusselse synthese in de jaren 1880-1900. Alhoewel ze zuiver specifiek Vlaams, Diets of Brabants zijn (of toen beweerden te zijn), hebben ze niettemin een universeel aura bereikt door hun schoonheid en kwaliteit. Ze behoren nu tot het patrimonium van de hele mensheid en zijn als dusdanig gerespecteerd. Indien onze stad, als hoofdstad van de Europese instellingen, respect wil afdwingen in het buitenland, zal zij ook nu een kultuurproject moeten onwtwikkelen, geïnspireerd door deze grote modellen maar aangepast aan de eisen van onze tijd. In dit perspectief heeft de Belgische Vlaams/Franstalige dualiteit weinig belang, daar deze enige grote en laatste kulturele revolutie in onze stad zowel Nederlandstalige als Franstalige verwezenlijkingen geproduceerd heeft, en deze als een Diets/Brabants erfgoed beschouwd. Zowel Nederlandstalige als Franstaligen hebben kunnen vandaag nog een eenvoudige toegang tot dit erfgoed vinden.

 

 

vendredi, 02 novembre 2007

G. Dumistresco: l'holocauste des âmes

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Grégoire Dumitresco: l'holocauste des âmes

Grégoire Dumitresco, né à Cepale (Valachie) en 1923, fut emprisonné par la Securitate à Pitesti de 1948 à 1951. Il se réfugia en Allemagne en 1953 où il vécut jusqu'à sa mort en 1983. La Librairie roumaine antitotalitaire publie son témoignage (première parution en 1978) sous le titre "L'Holocauste des âmes". G. Dumitresco écrit: «Les pages qui suivent dévoilent la terreur déclenchée par le régime communiste en Roumanie, dans les années 1949-1951, notamment à la prison de Pitesti, ainsi que mes pensées et mes sentiments durant la période où j'y fus détenu. A Pitesti, il était question de “se démasquer” car, selon les dirigeants du parti, tous les prisonniers politiques portaient “un masque”, qu'ils devaient, coûte que coûte, arracher. Le lecteur jugera peut-être certains faits incroyables. Mais, si jamais lumière est faite sur le crime contre l'humanité perpétré à Pitesti, on devra convenir que mes paroles sont loin d'exprimer toute la torture physique et morale à laquelle furent soumis les quelque mille détenus politiques de ce pénitencier. Il a bien fallu que la terreur décrite au long de ces pages, et sa méthode diabolique, eussent un commencement; les mystérieuses prisons communistes de la premiere vague de terreur n'y sont évidemment pas étrangères. La “rééducation” pratiquée au pénitencier de Pitesti constitue sans nul doute une nouvelle édition, trente ans après, de la première rééducation soviétique par le fer et par le feu, une nouvelle version encore plus élaborée de crime contre l'humanité: un crime dont le mobile était l'anéantissement de la personnalité humaine» (P. MONTHÉLIE).

Grégoire DUMITRESCO, L'Holocauste des âmes, Librairie antitotalitaire roumaine (5 rue Malebranche, F-75.005 Paris), 1997, 262 pages.

 

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En pleine "agflation"...

 

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En pleine « agflation »

Le jeudi 13 septembre 2007 ne fut pas un jour comme un autre en Italie. Au pays des tortellini et des macaronis, des millions de citoyens ont participé à une grande action de boycott des… pâtes. Pour les masses italiennes, le prix, toujours croissant, de leurs aliments de base devenait franchement insupportable. Au cours de l’année écoulée, cette augmentation avait atteint 25%. Un repas sans pâtes, comme le voulait le boycott, ne fera évidemment pas la différence. Mais le message est clair. Au Mexique, la population subit également une augmentation terrible des denrées alimentaires. Quelques mois avant que les Italiens n’organisent leur journée de boycott des pâtes, des émeutes avaient éclaté au Mexique parce que le prix des ingrédients de la tortilla avait considérablement augmenté. En trois mois à peine, le prix des denrées de base du peuple mexicain avait quadruplé ! L’explication de ce scandale, il faut aller la rechercher au Nord du Rio Grande. Le Mexique est certes le quatrième producteur au monde de maïs, mais pour faire leurs tonnes de tortillas, le pays dépend encore et toujours du maïs bon marché importé des Etats-Unis. Or voilà que ce produit, jadis abordable, est devenu subitement très cher.

Dans nos propres magasins aussi, nous ressentons les effets de quelques mutations sur le marché global. Pendant les mois d’été, les rapports sur l’augmentation imminente des prix des denrées alimentaires se sont bousculés. Le principal producteur flamand de pâtes, la firme « Soubry » de Roulers (Roeselaere) prévoyait même des augmentations de 20 à 30%. La facture ne sera probablement pas aussi salée, prétendent certains experts, mais, quoi qu’il en soit, les prix augmenteront. On sent déjà, aux caisses des grandes surfaces, que le blé, l’orge ou le lait sont plus chers qu’avant.

Plusieurs acteurs jouent un rôle avant que ces produits alimentaires finis ne s’entassent dans les rayons de nos magasins ; le jeu de la concurrence prend effet tout au long de la chaîne, si bien que le prix final n’explose pas comme au Mexique. Mais la question qui se pose aux analystes est la suivante : pendant combien de temps pourra-t-on, sous nos latitudes, protéger le consommateur moyen contre l’explosion potentielle des prix ? En moyenne, les ménages consacrent un cinquième de leurs revenus à l’alimentation. Cette part augmentera, c’est une certitude.

Nous entrons de plein pied dans l’ère de l’ « agflation », terme qui fut employé pour la première fois dans un rapport du géant financier Merrill Lynch. Sa signification est claire quand on le décompose, avec « ag » pour « agro » et « -flation » pour « inflation ». Il s’agit donc de l’inflation des prix des produits agricoles. Exactement ce qui se produit aujourd’hui.

Un problème structurel

Les mauvaises conditions climatiques ne jouent qu’un rôle fort modeste dans les tendances à la hausse que l’on observe ces temps-ci. Les raisons sont davantage structurelles. Ce qui entre en jeu, c’est la vieille loi de l’offre et de la demande. Nous pouvons certes admettre que le marché mondial de l’agro-alimentaire est d’une extrême complexité. Lorsqu’un incident survient quelque part dans le monde, disons une catastrophe écologique qui détruit une récolte tout entière, cela ne se traduit pas immédiatement par une augmentation des prix à la consommation. Les nombreux stades intermédiaires que traversent les produits ont souvent une fonction qui absorbe les chocs. Ensuite, l’un produit n’est pas l’autre. Quant à tel marché, il sera plus sensible que tel autre sur le plan des prix. Ceci dit, ce qui ce passe de nos jours, n’est pas dû à des impulsions ou des hasards provoqués par les vicissitudes climatiques.

Avant toute chose, il y a la question majeure et elle est d’ordre démographique. Des géants démographiques comme l’Inde et la Chine sont des marchés en pleine expansion, comme chacun le sait. Des millions voire des milliards de consommateurs voient leur pouvoir d’achat augmenter si bien que des gammes entières de produits leur deviennent soudain accessibles. Ce faisceau de faits a même un volet culturel. Pendant longtemps, il n’était pas de mise en Chine de manger du fromage ; la culture chinoise considérait cet aliment comme une abomination. Mais le pays, sur ce plan, commence à adopter des habitudes culinaires occidentales. Ce qui n’est pas sans conséquences : la demande en lait augmente, ce qui entraîne une hausse des prix des produits laitiers. L’Inde est redevenue pour la première fois depuis 1975 un importateur net de blé. Ce qui est révélateur… A partir de 2008, la Chine deviendrait un important importateur de maïs.

Les carburants biologiques

Parallèlement à ce mouvement, l’offre stagne. Pire : pour un certain nombre de produits, l’offre baisse, ce qui nous confronte à un autre problème, celui de la fabrication de bio-carburants. Résumons une situation qui est évidemment bien plus compliquée : pour fabriquer de tels carburants, il faut de la biomasse, produite, par exemple, par du colza. L’avantage écologique ne réside pas dans une émission diminuée de CO2, que l’utilisation de ce carburant rendrait possible, mais du fait que, pendant la culture de cette biomasse, les plantes de colza absorberaient du CO2, ce qui compenserait les émissions ultérieures. C’est pour cette raison que l’on appelle les bio-carburants « neutres sur le plan du CO2 ». Mais si l’on va mobiliser des terres arables pour la culture de plantes destinées aux bio-carburants, on ne les consacrera pas à la culture de denrées alimentaires. C’est là que réside le nœud du problème. Sur le plan commercial, la problématique des bio-carburants n’est donc pas entièrement résolue mais un fait demeure, au milieu de cet imbroglio, la conversion en direction de la culture de plantes destinées aux bio-carburants est très avantageuse pour les agriculteurs qui entendent s’y mettre. Avec le résultat que l’on devine : la hausse des prix s’intensifie encore davantage.

« Food versus fuel » : c’est par cette formule lapidaire qu’un analyste résumait naguère la situation que nous vivons. « A l’horizon se dessine une lutte entre les 800 millions de personnes possédant une automobile et les milliards de pauvres qui n’en n’ont pas ». Cette une présentation certes assez abrupte de la situation, mais, quelque part, elle est exacte. Car dans la sphère occidentale les gens se mettent à grogner et à rechigner quand ils passent à la caisse. Mais la bataille est plus âpre dans les pays en voie de développement. D’après les experts, il y a tout de même un moyen de s’en sortir et de concilier tout le monde. D’abord, il existe potentiellement beaucoup de terres arables en réserve dans le monde. De plus, l’ingénierie biologique permettra encore beaucoup de choses. D’autres prétendent que l’on pourrait encore davantage libéraliser le marché, car cela permettrait des prix plus honnêtes, un véritable « fair trade » (le terme est à la mode). Il existe des pistes, c’est indubitable. Reste la question : sont-elles réalisables ?

Sans doute mais cela demandera du temps et exigera bien des difficultés dans leur mise en œuvre. L’ère de l’ « agflation » met un holà à une tendance à la chute systématique des prix, qui avait duré de très nombreuses années.

« M. » /  « ’t Pallieterke ».

(article tiré de « ‘t Pallieterke », Anvers, 10 octobre 2007).

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jeudi, 01 novembre 2007

Introduction à l'oeuvre de Ludwig F. Clauss

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Robert STEUCKERS:

Introduction à l'œuvre de Ludwig Ferdinand CLAUSS  (1892-1974)

Né le 8 février 1892 à Offenburg dans la région du Taunus, l'anthropologue Ludwig Ferdinand Clauss est rapidement devenu l'un des raciologues et des islamologues les plus réputés de l'entre-deux-guerres, cumulant dans son œuvre une approche spirituelle et caractérielle des diverses composantes raciales de la population européenne, d'une part, et une étude approfondie de la psyché bédouine, après de longs séjours au sein des tribus de la Transjordanie. L'originalité de sa méthode d'investigation raciologique a été de renoncer à tous les zoologismes des théories raciales conventionnelles, nées dans la foulée du darwinisme, où l'homme est simplement un animal plus évolué que les autres. Clauss renonce aux comparaisons trop faciles entre l'homme et l'animal et focalise ses recherches sur les expressions du visage et du corps qui sont spécifiquement humaines ainsi que sur l'âme et le caractère.

Il exploite donc les différents aspects de la phénoménologie pour élaborer une raciologie psychologisante (ou une «psycho-raciologie») qui conduit à comprendre l'autre sans jamais le haïr. Dans une telle optique, admettre la différence, insurmontable et incontournable, de l'Autre, c'est accepter la pluralité des données humaines, la variété des façons d'être-homme, et refuser toute logique d'homologation et de centralisation coercitive.

 

Ludwig Ferdinand Clauss était un disciple du grand philosophe et phénoménologue Edmund Husserl. Il a également été influencé par Ewald Banse (1883-1953), un géographe qui avait étudié avant lui les impacts du paysage sur la psychologie, de l'écologie sur le mental. Ses théories cadraient mal avec celles, biologisantes, du national-socialisme. Les adversaires de Clauss considéraient qu'il réhabilitait le dualisme corps/âme, cher aux doctrines religieuses chrétiennes, parce que, contrairement aux darwiniens stricto sensu, il considérait que les dimensions psychiques et spirituelles de l'homme appartenaient à un niveau différent de celui de leurs caractéristiques corporelles, somatiques et biologiques. Clauss, en effet, démontrait que les corps, donc les traits raciaux, étaient le mode et le terrain d'expression d'une réalité spirituelle/psychique. En dernière instance, ce sont donc l'esprit (Geist)  et l'âme (Seele)  qui donnent forme au corps et sont primordiaux. D'après les théories post-phénoménologiques de Clauss, une race qui nous est étrangère, différente, doit être évaluée, non pas au départ de son extériorité corporelle, de ses traits raciaux somatiques, mais de son intériorité psychique. L'anthropologue doit dès lors vivre dans l'environnement naturel et immédiat de la race qu'il étudie. Raison pour laquelle Clauss, influencé par l'air du temps en Allemagne, commence par étudier l'élément nordique de la population allemande dans son propre biotope, constatant que cette composante ethnique germano-scandinave est une “race tendue vers l'action” concrète, avec un élan froid et un souci des résultats tangibles. Le milieu géographique premier de la race nordique est la Forêt (hercynienne), qui recouvrait l'Europe centrale dans la proto-histoire.

 

La Grande Forêt hercynienne a marqué les Européens de souche nordique comme le désert a marqué les Arabes et les Bédouins. La trace littéraire la plus significative qui atteste de cette nostalgie de la Forêt primordiale chez les Germains se trouve dans le premier livre évoquant le récit de l'Evangile en langue germanique, rédigé sous l'ordre de Louis le Pieux. Cet ouvrage, intitulé le Heliand (= Le Sauveur), conte, sur un mode épique très prisé des Germains de l'antiquité tardive et du haut moyen âge, les épisodes de la vie de Jésus, qui y a non pas les traits d'un prophète proche-oriental mais ceux d'un sage itinérant doté de qualités guerrières et d'un charisme lumineux, capable d'entraîner dans son sillage une phalange de disciples solides et vigoureux. Pour traduire les passages relatifs à la retraite de quarante jours que fit Jésus dans le désert, le traducteur du haut moyen âge ne parle pas du désert en utilisant un vocable germanique qui traduirait et désignerait une vaste étendue de sable et de roches, désolée et infertile, sans végétation ni ombre. Il écrit sinweldi, ce qui signifie la «forêt sans fin», touffue et impénétrable, couverte d'une grande variété d'essences, abritant d'innombrables formes de vie. Ainsi, pour méditer, pour se retrouver seul, face à Dieu, face à la virginité inconditionnée des éléments, le Germain retourne, non pas au désert, qu'il ne connaît pas, mais à la grande forêt primordiale. La forêt est protectrice et en sortir équivaut à retourner dans un “espace non protégé” (voir la légende du noble saxon Robin des Bois et la fascination qu'elle continue à exercer sur l'imaginaire des enfants et des adolescents).

L'idée de forêt protectrice est fondamentalement différente de celle du désert qui donne accès à l'Absolu: elle implique une vision du monde plus plurielle, vénérant une assez grande multiplicité de formes de vie végétale et animale, coordonnée en un tout organique, englobant et protecteur.

L' homo europeus ou germanicus n'a toutefois pas eu le temps de forger et de codifier une spiritualité complète et absolue de la forêt et, aujourd'hui, lui qui ne connaît pas le désert de l'intérieur, au contraire du Bédouin et de l'Arabe, n'a plus de forêt pour entrer en contact avec l'Inconditionné. Et quand Ernst Jünger parle de “recourir à la forêt”, d'adopter la démarche du Waldgänger, il formule une abstraction, une belle abstraction, mais rien qu'une abstraction puisque la forêt n'est plus, si ce n'est dans de lointains souvenirs ataviques et refoulés. Les descendants des hommes de la forêt ont inventé la technique, la mécanique (L. F. Clauss dit la  Mechanei), qui se veut un ersatz de la nature, un palliatif censé résoudre tous les problèmes de la vie, mais qui, finalement, n'est jamais qu'une construction et non pas une germination, dotée d'une mémoire intérieure (d'un code génétique). Leurs ancêtres, les Croisés retranchés dans le krak des Chevaliers, avaient fléchi devant le désert et devant son implacabilité. Preuve que les psychés humaines ne sont pas transposables arbitrairement, qu'un homme de la Forêt ne devient pas un homme du Désert et vice-versa, au gré de ses pérégrinations sur la surface de la Terre.

 

A terme, la spiritualité du Bédouin développe un “style prophétique” (Offenbarungsstil), parfaitement adapté au paysage désertique, et à la notion d'absolu qu'il éveille en l'âme, mais qui n'est pas exportable dans d'autres territoires. Le télescopage entre ce prophétisme d'origine arabe, sémitique, bédouine et l'esprit européen, plus sédentaire, provoque un déséquilibre religieux, voire une certaine angoisse existentielle, exprimée dans les diverses formes de christianisme en Europe.  

 

Clauss a donc appliqué concrètement —et personnellement—  sa méthode de psycho-raciologie en allant vivre parmi les Bédouins du désert du Néguev, en se convertissant à l'Islam et en adoptant leur mode de vie. Il a tiré de cette expérience une vision intérieure de l'arabité et une compréhension directe des bases psychologiques de l'Islam, bases qui révèlent l'origine désertique de cette religion universelle.

 

Sous le IIIième Reich, Clauss a tenté de faire passer sa méthodologie et sa théorie des caractères dans les instances officielles. En vain. Il a perdu sa position à l'université parce qu'il a refusé de rompre ses relations avec son amie et collaboratrice Margarete Landé, de confession israélite, et l'a cachée jusqu'à la fin de la guerre. Pour cette raison, les autorités israéliennes ont fait planter un arbre en son honneur à Yad Vashem en 1979. L'amitié qui liait Clauss à Margarete Landé ne l'a toutefois pas empêché de servir fidèlement son pays en étant attaché au Département VI C 13 du RSHA (Reichssicherheitshauptamt), en tant que spécialiste que Moyen-Orient.

 

Après la chute du IIIième Reich, Clauss rédige plusieurs romans ayant pour thèmes le désert et le monde arabe, remet ses travaux à jour et publie une étude très approfondie sur l'Islam, qu'il est un des rares Allemands à connaître de l'intérieur. La mystique arabe/bédouine du désert débouche sur une adoration de l'Inconditionné, sur une soumission du croyant à cet Inconditionné. Pour le Bédouin, c'est-à-dire l'Arabe le plus authentique, l'idéal de perfection pour l'homme, c'est de se libérer des “conditionnements” qui l'entravent dans son élan vers l'Absolu. L'homme parfait est celui qui se montre capable de dépasser ses passions, ses émotions, ses intérêts. L'élément fondamental du divin, dans cette optique, est l' istignâ, l'absence totale de besoins. Car Dieu, qui est l'Inconditionné, n'a pas de besoins, il ne doit rien à personne. Seule la créature est redevable: elle est responsable de façonner sa vie, reçue de Dieu, de façon à ce qu'elle plaise à Dieu. Ce travail de façonnage constant se dirige contre les incompétences, le laisser-aller, la négligence, auxquels l'homme succombe trop souvent, perdant l'humilité et la conscience de son indigence ontologique. C'est contre ceux qui veulent persister dans cette erreur et cette prétention que l'Islam appelle à la Jihad. Le croyant veut se soumettre à l'ordre immuable et généreux que Dieu a créé pour l'homme et doit lutter contre les fabrications des “associateurs”, qui composent des arguments qui vont dans le sens de leurs intérêts, de leurs passions mal dominées. La domination des “associateurs” conduit au chaos et au déclin. Réflexions importantes à l'heure où les diasporas musulmanes sont sollicitées de l'intérieur et de l'extérieur par toutes sortes de manipulateurs idéologiques et médiatiques et finissent pas excuser ici chez les leurs ce qu'ils ne leur pardonneraient pas là-bas chez elles. Clauss a été fasciné par cette exigence éthique, incompatible avec les modes de fonctionnement de la politicaille européenne conventionnelle. C'est sans doute ce qu'on ne lui a pas pardonné.

 

Ludwig Ferdinand Clauss meurt le 13 janvier 1974 à Huppert dans le Taunus. Considéré par les Musulmans comme un des leurs, par les Européens enracinés comme l'homme qui a le mieux explicité les caractères des ethnies de base de l'Europe, par les Juifs comme un Juste à qui on rend un hommage sobre et touchant en Israël, a récemment été vilipendé par des journalistes qui se piquent d'anti-fascisme à Paris, dont René Schérer, qui utilise le pseudonyme de «René Monzat». Pour ce Schérer-Monzat, Clauss, raciologue, aurait été tout bonnement un fanatique nazi, puisque les préoccupations d'ordre raciologique ne seraient que le fait des seuls tenants de cette idéologie, vaincue en 1945. Schérer-Monzat s'avère l'une de ces pitoyables victimes du manichéisme et de l'inculture contemporains, où la reductio ad Hitlerum devient une manie lassante. Au contraire, Clauss, bien davantage que tous les petits écrivaillons qui se piquent d'anti-fascisme, est le penseur du respect de l'Autre, respect qui ne peut se concrétiser qu'en replaçant cet Autre dans son contexte primordial, qu'en allant à l'Autre en fusionnant avec son milieu originel. Edicter des fusions, brasser dans le désordre, vouloir expérimenter des mélanges impossibles, n'est pas une preuve de respect de l'altérité des cultures qui nous sont étrangères.

 

Robert STEUCKERS.  

 

-Bibliographie: Die nordische Seele. Artung. Prägung. Ausdruck, 1923; Fremde Schönheit. Eine Betrachtung seelischer Stilgesetze, 1928; Rasse und Seele. Eine Einführung in die Gegenwart, 1926; Rasse und Seele. Eine Einführung in den Sinn der leiblichen Gestalt, 1937; Als Beduine unter Beduine, 1931; Die nordische Seele, 1932; Die nordische Seele. Eine Einführung in die Rassenseelenkunde, 1940 (édition complétée de la précédente); Rassenseelenforschung im täglichen Leben, 1934; Vorschule der Rassenkunde auf der Grundlage praktischer Menschenbeobachtung,  1934 (en collaboration avec Arthur Hoffmann); Rasse und Charakter, Erster Teil: Das lebendige Antlitz, 1936 (la deuxième partie n'est pas parue); Rasse ist Gestalt, 1937; Semiten der Wüste unter sich. Miterlebnisse eines Rassenforschers, 1937; Rassenseele und Einzelmensch, 1938; König und Kerl, 1948 (œuvre dramatique); Thuruja,  1950 (roman); Verhüllte Häupter, 1955 (roman); Die Wüste frei machen, 1956 (roman); Flucht in die Wüste, 1960-63 (version pour la jeunesse de Verhüllte Häupter); Die Seele des Andern. Wege zum Verstehen im Abend- und Morgenland, 1958; Die Weltstunde des Islams, 1963.

 

- Sur Ludwig Ferdinand Clauss: Julius Evola, Il mito del sangue,  Ar, Padoue, 1978 (trad.franç., Le mythe du sang, Editions de l'Homme Libre, Paris, 1999); Julius Evola, «F. L. Clauss: Rasse und Charakter», recension dans Bibliografia fascista, Anno 1936-XI (repris dans Julius Evola, Esplorazioni e disamine. Gli scritti di “Bibliografia fascista”, Volume I, 1934-IX - 1939-XIV, Edizioni all'Insegna del Veltro, Parma, 1994);  Léon Poliakov/Joseph Wulf, Das Dritte Reich und seine Denker. Dokumente und Berichte, Fourier, Wiesbaden, 1989 (2ième éd.) (Poliakov et Wulf reproduisent un document émanant du Dr. Walter Gross et datant du 28 mars 1941, où il est question de mettre Clauss à l'écart et de passer ses œuvres sous silence parce qu'il n'adhère pas au matérialisme biologique, parce qu'il est «vaniteux» et qu'il a une maîtresse juive); Robert Steuckers, «L'Islam dans les travaux de Ludwig Ferdinand Clauss», in Vouloir, n°89/92, juillet 1992.       

Bouddhistes et chrétiens en Corée

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Bouddhistes et chrétiens en Corée

 

Lorsque, récemment, une vingtaine de Coréens ont été enlevés par les Talibans en Afghanistan, la plupart des téléspectateurs occidentaux se sont étonnés que ces orientaux s’y activaient au titre de missionnaires chrétiens.

 

Les propagandistes de la « Bonne Nouvelle », ne sont-ce pas des pères blancs affublés de longues barbes, qui arrivent toujours avec les caravanes et les canonnières colonialistes ? Dans les pays asiatiques aussi, les polémiques anti-chrétiennes avaient véhiculé l’image de zélotes chrétiens aux phénotypes occidentaux ou, du moins, de protégés ou d’agents des puissances occidentales et de leurs intérêts. Cette image est aujourd’hui un anachronisme.

 

Les groupes les plus nombreux de zélotes de la foi chrétienne en Asie sont désormais issus des régions fraîchement christianisées ou de vieux centres chrétiens qui ont dû résister pendant des siècles au milieu de masses non chrétiennes. Exemples : les Philippines ou l’Etat du Kerala au sud-ouest de la fédération indienne, pour les vieux centres chrétiens, et la Corée du Sud pour les terres récemment christianisées. Dans ce dernier pays, plus de la moitié de la population se déclare membre de l’une ou l’autre église chrétienne, dans la plupart des cas des communautés évangéliques dont le quartier général se situe évidemment aux Etats-Unis.

 

Ce poids du christianisme date de l’armistice de 1953, qui mit fin à la guerre de Corée. Pour immuniser la Corée du Sud contre le communisme, les Américains ont prodigué de l’aide à tous niveaux (matériel, médical, enseignement) et les fonds de cette aide ont été canalisés via des réseaux missionnaires connaissant la langue du pays et les ressorts de sa société.

 

La population s’est mise à associer christianisme et charité, bien-être et technologie occidentale. Des millions de Coréens se firent baptiser.

 

Le Bouddhisme coréen

 

La montée en force du christianisme se fit principalement au détriment du bouddhisme. Le bouddhisme coréen est vieux d’environ dix-sept siècles. Dans les couches populaires, il se mêle au chamanisme indigène, qui continue, lui aussi, à exister sous des formes pures, non mixées. Mais le bouddhisme en Corée a surtout été une religion de l’élite et, pendant les mille premières années de son existence, fut même religion d’Etat. En 1392, la dynastie Yi, qui monte et prend le pouvoir, emmène dans son sillage des lettrés néo-confucéens, qui se moquent du bouddhisme, en le traitant de superstition bizarre. Les moines sont alors expulsés des villes et se retirent dans des ermitages en montagne (nous avons affaire là à un cas non voulu de « retour aux racines »).

 

Le bouddhisme fut formellement remis à l’honneur, dans la plénitude de sa gloire d’antan, lorsque les Japonais annexèrent la Corée en 1910. Mais, malgré cela, cette époque fut dure pour les bouddhistes coréens car les autorités japonaises les obligèrent à s’affilier à des sectes nippones et à en reprendre les pratiques. Ainsi, par exemple, les moines furent contraints de prendre femme, en suivant l’exemple des ordres japonais de moines mariés, qui sont en fait des prêtres gardiens de temple, dont la fonction est héréditaire.

 

Lorsque les missionnaires protestants lancèrent leur grande offensive prosélyte à partir de 1953, le bouddhisme n’était guère en mesure de se défendre : il n’était plus représenté que par une communauté mal organisée de moines qui, dans la plupart des cas, avaient subi une formation très pauvre et sommaire, et par des laïcs profanes dont les doctrines n’avaient aucun fondement solide.

 

La situation en Corée était donc bien différente de celle qui régnait en Thaïlande, au Myanmar et au Sri Lanka, où le bouddhisme s’est défendu systématiquement contre les missions, si bien que celles-ci n’ont pas pu avancer et prospérer, même sous le colonialisme. Ceux qui, aujourd’hui en Occident, associent le christianisme à de pâles et molles figures comme le Cardinal Daneels (Primat de Belgique) ou avec le dolorisme fataliste des chrétiens du Moyen Orient qui ont tenté de survivre pendant des siècles sous le knout des musulmans, seront certainement effrayés de constater le fanatisme des « Evangelicals », formés à l’américaine, qui sévissent dans les « Etats du front de la foi », comme en Corée.

 

Il ne pourrait guère en être autrement, car il faut en effet être animé d’une solide dose de fanatisme de néophyte pour s’en aller en Afghanistan et y dire, au nez et à la barbe des Talibans, que l’islam est une erreur. Le même zèle et la même vigueur se retrouvent chez les nouveaux chrétiens de Corée quand il s’agit d’affronter les bouddhistes, plus inoffensifs jusqu’ici.

 

Matérialisme

 

Dans un rapport qu’adressent les bouddhistes aux organisations qui défendent les droits de l’homme au niveau international, on apprend que des enseignants persécutent des élèves non baptisés, que des officiers forcent les recrues à se faire baptiser, que des festivités bouddhistes sont perturbées et que le feu est parfois bouté à des temples bouddhistes.

 

Bien que seulement une petite minorité de ces nouveaux chrétiens se livrent à de telles extrémités, la vaste communauté chrétienne coréenne soutiendrait passivement ces comportements. On cite dans ce contexte un converti, ancien bouddhiste devenu protestant : « Lorsque je pense à ces gens qui détruisent les idoles, je pense que je suis, moi, un lâche, parce que je ne fais pas la même chose. Ils sont de meilleurs chrétiens que moi ».

 

Cependant la christianisation totale de la Corée du Sud n’est pas chose faite, loin s’en faut. A une échelle encore modeste, on constate que des nouveaux chrétiens se reconvertissent au bouddhisme. Mais le principal danger qui guette l’âme coréenne demeure le matérialisme. Un récent sondage de Gallup oblige à constater que plus de la moitié des chrétiens en titre de Corée du Sud ne sont en fait plus croyants. Oui, dans ce pays du « Front de la foi » aussi, la sécularisation progresse. On voit les mêmes conséquences de la sécularisation qu’en Europe : haut taux de suicides, taux bas de fécondité. A cela s’ajoute une spécificité régionale, contre laquelle le christianisme (et surtout le catholicisme) protège : l’avortement sélectif qui supprime les fillettes avant la naissance. Cette coutume provoque un déséquilibre patent entre les sexes, sur le plan quantitatif. La future génération de garçons coréens reprochera bien amèrement à la génération actuelle d’avoir tourné le dos à la foi.

 

MOESTASJRIK/ ‘t PALLIETERKE.

(article tiré de « ‘t Pallieterke », Anvers, 10 octobre 2007).  

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mercredi, 31 octobre 2007

K. Hamsun: éveil de la glèbe

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Bénédiction de la glèbe

31 octobre 1917: Le célèbre roman de Knut Hamsun « Bénédiction de la glèbe » (ou "L'éveil de la glèbe") paraît en Norvège. Ce roman, poignant, est ruraliste et vitaliste : il décrit l’âpreté de la vie dans le Nord de la Norvège, pays au sol terriblement ingrat, qui contraint des centaines de milliers de Norvégiens à émigrer vers les Etats-Unis, où ils peupleront notamment le Montana et les états qui lui sont limitrophes. En Norvège même, les immigrants, venus du Sud plus chaud, s’accrochent à la terre septentrionale, avec une volonté inouïe, et finissent par la rendre fertile. Hamsun dépasse le simple roman paysan ou ruraliste en donnant à son œuvre une dimension bien plus profonde que la description des faits et gestes quotidiens des fermiers norvégiens. Il pose l’homme, son « Dasein » (pour parler comme Heidegger), au beau milieu d’un environnement hostile, qu’il surmonte par la volonté et par l’ascétisme en communion avec les forces cosmiques. Hamsun dénonce aussi l’artificialité et la vanité de la vie urbaine, produisant des types humains dégénérés et superficiels.

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Quand l'Alaska était russe...

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Erich KÖRNER-LAKATOS :

 

Quand l’Alaska était russe

 

L’Alaska fut la seule colonie russe d’outre-mer mais elle était peu rentable et difficile à administrer

 

« Les Russes arrivent ! ». Au milieu des années 60 du 20ième siècle, un film, qui passait dans les salles américaines, portait ce titre et évoquait la visite fatidique d’un sous-marin russe dans une petite crique de la côte des Etats-Unis. Le film, bien qu’il ait été avant toute chose une comédie, révélait que dans le subconscient de beaucoup d’Américains, il y avait, à l’époque, la peur d’une attaque soviétique.

 

Si le producteur de cette comédie avait eu davantage de culture historique, il aurait dû titrer : « Les Russes reviennent ! ». Bon nombre de nos contemporains s’étonnent quand ils lisent que les Russes, au 19ième siècle, ont disposé pendant longtemps d’une base sur la côte californienne, à laquelle ils ont donné un nom qui rappelle clairement leur présence d’antan, là-bas. Ce fortin se trouve à quelque 80 km au nord de San Francisco, sur l’estuaire de Russian River, une rivière qui se jette dans le Pacifique. Le nom de ce fortin est Fort Ross, diminutif ultérieur de Fort Rossiya, soit « Fort Russie ». Aujourd’hui, cette petite place forte est un site magnifiquement entretenu par l’Etat de Californie. La maison du commandant de la place, avec ses deux étages, contient six pièces d’habitation et une cuisine qui ont toutes été conservées en leur état original. Une palissade faite de troncs hauts de quatre mètres protégeait les habitants de leurs ennemis car, en 1812, quand il fut décidé de construire la place pour ravitailler les colons russes de l’Alaska, les indigènes amérindiens n’appréciaient guère l’arrivée de ces étrangers. Plusieurs combats ont eu lieu entre les chasseurs de peau sibériens et les Amérindiens du lieu, guerriers quasi nus et rapides à la course. Les Russes étaient désavantagés, à cause de la chaleur, de même que leurs auxiliaires originaires des Iles Aléoutiennes.

 

L’expédition de Vitus Bering

 

Dans la métropole de l’Empire des Tsars, Pierre le Grand se demandait s’il était possible de naviguer vers l’Est en longeant la côte arctique de la Sibérie puis de mettre le cap vers le sud pour cingler vers la Chine et le Japon et aussi s’il existait un pont terrestre entre l’Asie et l’Amérique. Pour être éclairé, le Tsar mande l’explorateur danois Vitus Bering et lui confie la mission de vérifier sur place. En janvier 1725, deux jours avant la mort de ce grand empereur russe, l’expédition s’ébranle : elle compte vingt-cinq traîneaux. Devant elle : l’immensité territoriale de la Sibérie et, au bout de celle-ci, la presqu’île du Kamtchatka. Le chemin semble interminable mais Dame Fortune est clémente et généreuse pour l’expédition russo-danoise. A la fin de son expédition, Bering arrive à la pointe orientale extrême du continent asiatique, au cap qu’on appellera par la suite « Cap Dejnev », de même qu’au détroit qui porte aujourd’hui son nom et qui n’est large que de 85 km. Les indigènes parlent d’un très grand pays au-delà de cette petite étendue marine, à l’Est.

 

Après les expéditions de Bering, les Russes partent à tâtons à la découverte en suivant le chapelet des Iles Aléoutiennes et déboulent finalement en Alaska. Dans les îles, ils trouvent des loutres de mer, très appréciées pour leur fourrure. Des marchands s’intéressent désormais à ces expéditions. Le 3 août 1784, un certain Grigori Ivanovitch Chelikov fonde le premier véritable établissement russe d’Alaska, le hameau de Tri Svetoi (= « Trois-Saints »). Face aux Amérindiens de l’ethnie Tlinkit, agressifs et fort pugnaces, les Russes finissent par s’imposer en avançant cinq canons. Ce fut un massacre qui laissa cinq cents morts sur le terrain mais la résistance des indigènes cessa.

 

Le commerce des peaux étant très lucratif, les colons arrivent plus nombreux : une demie douzaine de villages russes se construisent en Alaska. En 1799, l’Etat russe devient partenaire de la colonisation et impose une société monopolistique qui commercialisera les précieuses peaux. Elle s’appelle la « Compagnie Russo-Américaine » ; quelques membres de la famille impériale en sont actionnaires. Le centre de la colonie est alors Novo-Arkhangelsk, que l’on débaptisera plus tard en Sitka.

 

Inquiétudes espagnoles

 

La présence des sujets du Tsar inquiétait une autre puissance mondiale de l’époque : en effet, l’Espagne revendiquait toute la côte ouest des Amériques. Un livre intitulé « Les Moscovites en Californie » avait alarmé les Espagnols, qui décidèrent de doter la Californie de bases, qu’ils appelaient « presidios » et dont le plus avancé vers le Nord se situait entre Los Angeles et San Francisco. A cette présence militaire s’ajoutaient les missions de l’Ordre des Franciscains, successeurs des Jésuites qui avaient été expulsés d’Espagne.

 

Mais les craintes espagnoles s’avèrent sans objet car les Russes ne revendiquaient que les régions jusqu’au 55ième degré de latitude, soit une région se trouvant à quelque 2000 km au nord de San Diego. Une seule fois seulement, en 1774, un noble espagnol, Juan Perez, à bord du voilier San Antonio, s’aventura jusqu’à ces zones fort inhospitalières. Le brouillard permanent et les pluies interminables ont dégoûtés ces Européens du Sud, qui sont repartis sans l’intention de revenir un jour.

 

Les Britanniques, plus habitués aux climats ingrats, se montrèrent plus entreprenants. Ils observaient avec envie ce commerce des peaux en pleine expansion. Ils décidèrent de lancer une expédition sous le commandement de James Cook en direction de l’Alaska. Cook passa le Détroit de Bering et ne fit demi tour qu’une fois arrivé en lisière de la banquise. Sur le chemin du retour, il noua des contacts amicaux avec les Russes, mais sans perdre le nord, les marins anglais s’emparent, au nom de leur Roi, de l’Ile de Vancouver, à proximité de la ville contemporaine de Seattle. Madrid tente de se défendre, en vain, contre cette annexion britannique sur la côte du Pacifique, mais rien n’y fit.

 

A partir de 1794, l’Amérique russe a donc un nouveau voisin, redoutable, sur ses confins méridionaux. A l’Est de l’Alaska se trouve l’immense Rupertsland, qu’exploite la Compagnie de la Baie d’Hudson fondée en 1670 en jouissant de pleins droits de souveraineté. Les Anglais ne s’embarrassent pas de scrupules et excitent les Amérindiens locaux contre les Russes. Mais ceux-ci s’accrochent et parviennent à conserver leurs colonies, qui se lancent dans un commerce intense avec le Royaume des Iles Hawaï grâce aux initiatives d’excellents gouverneurs.

 

Du gouverneur Wrangel au Général Wrangel

 

L’un de ces gouverneurs était issu d’une très ancienne famille allemande des Pays Baltes : le Baron Ferdinand Petrovitch Wrangel, qui dirigera l’Alaska pendant cinq ans à partir de 1830. Après cela, il deviendra le Ministre de la Marine du Tsar. Jusqu’à la fin de la monarchie russe, cette famille allemande des Pays Baltes conservera ses attaches à la dynastie régnant à Saint-Petersbourg : en effet, en novembre 1920, à la fin de la guerre civile russe, les restes de l’Armée Blanche, battus, quittent la Crimée à bord de navires français qui mouillaient à Sébastopol. Le dernier commandant en chef de ces forces tsaristes fut le Général Peter Nicolaïevitch Wrangel (ndt : qui s’installera à Uccle, où sa famille a fait souche).

 

Au début de l’année 1864, le Prince Dimitri Maksoutov, descendant d’une famille tatare, devient le nouveau gouverneur de la colonie russe de l’Alaska. Ce noble, qui vient de convoler en justes noces, ne s’imagine pas que son avenir est bien sombre. Non seulement il sera le dernier gouverneur de l’Amérique russe, mais, vingt-cinq ans plus tard, il mourra seul et abandonné, totalement ruiné. Pourtant, au début de sa carrière de gouverneur, Maksoutov pouvait être satisfait de la situation qui régnait en Amérique russe. Certes, le poste de ravitaillement de Fort Ross en Californie avait dû être cédé en 1841, pour 30.000 dollars américains ; l’acheteur était une personnalité privée et farfelue. Le commerce des peaux périclite lentement. Les épidémies s’étaient succédée et avaient exigé leur lugubre lot de victimes, mais, malgré ces déboires, le nombre d’habitants de Novo-Arkhangelsk a augmenté jusqu’à atteindre les 2000 habitants. C’est la Compagnie de la Baie d’Hudson qui leur fournissait des vivres.

 

Mais il y a une chose que le Prince Maksoutov ignore : le Tsar Alexandre est sous l’influence de son frère puîné, Constantin, qui hait la Compagnie russo-américaine. Cette société monopolistique, prétendait le frère du Tsar, ne sert qu’à enrichir de manière éhontée ses actionnaires, tandis que le ministère des finances devait la soutenir en avançant des fonds considérables.

 

L’Alaska sera vendu, par la volonté du Prince Constantin

 

Le 16 décembre 1866, la décision tombe suite à une audience auprès du Tsar. En présence des ministres des affaires étrangères et des finances, du Prince Constantin et de l’Ambassadeur russe Edouard von Stöckl, en poste à Washington, l’autocrate de toutes les Russies accepte que la colonie soit vendue aux Etats-Unis. L’ambassadeur devra, pour conclure ce marché, réclamer aux Américains la somme de cinq millions de dollars américains (ce qui équivaut à quelque 70 millions d’euro actuels).

 

Edouard von Stöckl se rend immédiatement à Washington, distribue des pots-de-vin, joue un véritable jeu de poker, sans état d’âme, et parvient à obtenir 7,2 millions de dollars pour le trésor russe. A la fin du mois de mars de l’année suivante, le traité de cession de l’Alaska est signé. Au gouverneur, le Prince Maksoutov, échoit le triste devoir d’annoncer la nouvelle à la population de Novo-Arkhangelsk, rassemblée sur la place publique. Ces Russes d’Amérique ne pouvaient le croire, étaient atterrés. Ils se regroupèrent immédiatement dans l’église orthodoxe pour baiser les icônes et invoquer les saints. En vain. Lorsque la colonie est officiellement cédée aux nouvelles autorités américaines, pas un Russe n’est présent à la cérémonie. Sur place, il n’y a plus que des marchands de peaux américains qui espèrent de plantureux profits. Le 6 octobre 1867, à trois heures et demie de l’après-midi, la bannière étoilée flotte sur Novo-Arkhangelsk, que les Américains débaptisent aussitôt pour lui donner le nom de Sitka, aujourd’hui Saint Michael sur l’Ile Baranov.

 

Les nouveaux maîtres des lieux apportent une nouveauté supplémentaire : le calendrier grégorien, ce qui fait que ce 6 octobre devient le 18. Les sujets du Tsar sont désormais des étrangers indésirables, qui devaient donner logis aux soldats américains. Dégoûtés, ils plient bagage et quittent l’Alaska pour la Russie.

 

Erich KÖRNER-LAKATOS

(article tiré de l’hebdomadaire viennois « Zur Zeit », n°39/2007).

 

Source : Peter LITTKE, « Vom Zarenadler zum Sternenbanner », Essen, 2003.

 

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El socialisme ético de Henri De Man

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Infokrisis.blogia.com / Ernesto Mila

La revision idealista del marxismo: el socialismo ético de Henri De Man

http://infokrisis.blogia.com/2007/092701-la-revision-idea...

mardi, 30 octobre 2007

Du symbolisme de l'épée

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Du symbolisme de l’épée

 

Les plus célèbres épées de l’histoire ou de l a mythologie portent un nom: Balmung, Nagelring, Excalibur, etc. Ces noms expriment la valeur symbolique et magique qu’elles reflètent. Leur nom et les actes qu’elles ont accomplis leur procurent simultanément une particularité. Souvent, ces épées uniques en leur genre ont une origine divine, ont été données à l’homme par des dieux et reviennent souvent à ceux-ci  en bout de course. Si un héros possède l’une de ces épées, il possède en même temps et puissance et salut. Pour cette raison, l’épée, tenue en main, exprime la force et les capacités masculines et phalliques, ce qui, par extrapolation, symbolise la puissance dominante. Ainsi, les héros solaires et les vainqueurs des forces chtoniennes/telluriques ont pour attribut l’épée.

 

Sur le plan de l’histoire évolutive de l’humanité, l’épée n’est forcément pas un symbole très ancien, car ce n’est qu’à l’Age du Bronze que les hommes ont disposé des capacités de fabriquer des épées. Les premières d’entre elles sont fort décorées, ce qui indique leur usage principalement sacré. Et si l’épée est l’attribut de la classe guerrière dominante, le fabricant d’épées, acquiert, lui aussi, une dimension plus importante : il s’agit du forgeron. Dans la mythologie scandinave, le dieu du tonnerre, Thor, entretient un rapport médiat avec l’épée. Si son attribut majeur est le marteau, celui reste tout de même aussi l’oeuvre du forgeron, dont le travail consiste à manier le feu et d’autres marteaux, que l’on associe ensuite à l’éclair et au tonnerre. Jörd, d’après l’Edda de Snorri, est la mère de Thor; elle est la personnification de la Terre. C’est d’elle que jaillissent les métaux que travaillent le forgeron. Le dieu solaire Freyr possède, lui aussi, une épée, capable de combattre seule. Il est le dieu de la fertilité, de la richesse matérielle, du développement pacifique. Ses représentations accentue sa dimension phallique.

 

Dans l’hindouisme védique et dans le bouddhisme, l’épée et le “varya” revêtent le même symbolisme; le terme sanskrit de  “varya” désigne tout ce qui est masculin/viril, dont le phallus et la semence. Il signifie aussi la “foudre” et symbolise tout ce qui relève symboliquement de l’éclair. La massue à lancer, attribut d’Indra, se nomme également “varya”. Comme le marteau de Thor, cette massue d’Indra peut ôter comme donner la vie; elle est ainsi un symbole herculéen. Dieu qui décide de l’orage, Indra est représenté en couleur rouge, ce qui indique une appartenance à la caste des guerriers, ou “kshatriya”, caste qui le vénère en Inde.

 

Le rapport à l’épée a une dimension encore plus philosophique en Asie. Au Japon, la noblesse chevalière, c’est-à-dire les samourais, cultive une conception spirituelle à l’égard des deux épées que possède le samourai, soit le katana et le wakizashi. L’épée, pour eux, n’est pas seulement un objet de vénération, mais est aussi un symbole de l’âme. Par voie de conséquence, les samourais maintenaient leurs épées dans un état de pureté absolue et ne les maniaient qu’avec le plus grand respect. Les ninjas, en revanche, considéraient les épées d’une manière bien plus prosaïque. Leurs épées, contrairement à celles des samourais, n’étaient pas courbées, mais droites, ce qui avait pour avantage de pouvoir les utiliser comme outils, d’en faire éventuellement une arme de jet, de donner des coups d’estoc, de s’en servir comme levier ou comme échelle, etc. Pour le samourai, un usage aussi vil de l’épée était totalement inconcevable. En Orient, l’épée a une dimension féminine. En Occident, elle a généralement une lame droite, tandis qu’en Orient elle est courbée, à la façon des sabres ultérieurs. Au Japon, comme dans l’espace indo-européen, l’épée est l’attribut des divinités masculines du tonnerre et de la tempête, telles Susano-o au Japon, Indra en Inde, Mars dans le monde romain...

 

L’épée est également mise en équation avec l’intellect et possède de ce fait une vertu séparante, scindante: Alexandre le Grand a résolu une tâche autrement impossible, défaire le noeud gordien, tout simplement en le tranchant. La déesse Iustitia tient en une main une balance, en l’autre une épée. Ces deux objects ne représentent pas seulement les aspects législatif et exécutif. L’épée symbolise la force de sa capacité de juger; elle l’aide à séparer culpabilité et innocence. Au moyen âge, lorsque le chevalier passait la nuit avec la Dame qu’il admirait, il plaçait son épée entre lui et elle, posant de la sorte une barrière insurmontable qui symbolisait leur chasteté à tous deux. Enfin, lorsque le chevalier est frappé sur l’épaule lors de son adoubement, ce geste symbolise la séparation en deux de sa vie: celle d’avant l’adoubement, et donc l’entrée en chevalerie, et celle d’après. C’est clairement un rituel d’initiation.

 

Tacite évoquait déjà la danse de l’épée chez les Germains. L’histoire de ce rituel et de cette  chorégraphie s’est poursuivie jusqu’au 20ième siècle. Bon nombre d’indices nous signalent qu’il s’agit pour l’essentiel d’une cérémonie d’initiation.

 

Comme l’épée est un objet récent dans l’histoire du développement général de l’humanité, les mythes, où l’épée joue un rôle, ne datent pas d’un passé fort lointain, comme l’indique notamment le mythe judéo-chrétien où Adam et Eve sont chassés du paradis terrestre. Dans ce mythe biblique, l’épée a aussi une fonction “séparatrice”; elle est en l’occurrence l’épée de feu de l’Archange Michel, qui sépare l’homme du Jardin d’Eden. Vu que Michel a des origines iraniennes et qu’après la christianisation de la Germanie, il a remplacé Wotan/Odin dans tous les symboles religieux, avec une interprétation chrétienne nouvelle, où son épée de feu sépare l’homme chrétien nouveau de son passé païen organique. L’épée de Michel est pour l’humanité germanique une sorte d’épée de Damoclès...

 

D. A. R. SOKOLL.

Article paru dans la revue “Hagal”, 2/2002, http://www.verlag-zeitenwende.de .

 

Bibliographie:

BIEDERMANN, Hans, Knaurs Lexikon der Symbole, Augsburg, Weltbild, 2000.

COOPER, J. C., Illustriertes Lexikon der traditionellen Symbole, Wiesbaden, Drei Lilien, 1986.

LURKER, Manfred, Lexikon der Götter und Dämonen: Namen, Funktionen, Symbole/Attribute, 2. erw. Aufl., Stuttgart, Kröner, 1989.

PASTENACI, Kurt, Die Kriegskunst der Germanen, Karlsbad u. A., Adam Kraft, 1942.

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Ein Kampf für eine frech-bissige Sprache in der Politik

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BOTSCHAFT ROBERT STEUCKERS ZUR GELEGENHEIT DES JUBILAEUMSFEIER DER WIENER WOCHENZEITSCHRIFT "ZUR ZEIT"

Ein Kampf für eine frech-bissige Sprache in der Politik !

„Political Correctness“? Nein Danke ! Noch eine Schablone der Moderne bzw. Postmoderne, die aber nicht als „modern“ gelten will? Vielleicht. Aber vielleicht auch nicht. Eine wertkonservative und freisinnige Wochenzeitschrift zu gründen heisst selbstverständlich den Bürger gegen die Zugriffe steifer „Verallgemeinheiten“ immunisieren zu wollen. Ein solcher Kampf ist nicht von gestern noch von vorgestern. Die Ahnenreihe der Kämpfer in diesem Ringen ist lang.

Unser aller Lehrmeister Armin Mohler hat der Kampf gegen alle „Verallgemeinheiten“ und für die zu erhaltende Buntheit der weiten Welt als das „Agonale“ schlechthin gestellt. An der Quelle der heutigen „Verallgemeinheiten“ steht eine verballhornte Interpretation der Aufklärung, die an eine Apologie des Schwätzens in der Form der Habermaschen Kommunikationsvernunft gekoppelt ist. Diese verarmte Aufklärungsdeutung jakobinischer Prägung a) schliesst jede partikularen Kontinuität geschichtlicher Art aus, da alles was einmal da war, als mangelhaft weil unvermeidlich veraltet betrachtet wird, und 2) geometrisiert bzw. abstrahiert jedes politische Denken (George Gusdorf), was dazu leitet, dass jedes gewachsene organisch-politische Gemeinwesen seiner ursprünglichen Kräften willkürlich durch besessene Eiferer entledigt wird, sodass nur noch eine einzige Möglichkeit toleriert wird: die endlose Wiederholung des gleichen eintönigen und blutlosen Diskurses, d. h. das Repetieren der schon einmal für immer autoritär gesetzten abstrakten „Wahrheiten“.

Völker hört das Signal: Proletarier aller Länder, werdet endlich schwatzhaftige Papageien! Jedes Wort, das nicht Wiederholung des Wiederholten ist, wird als skandalös  nicht-papageiisch betrachtet, also als „faschistisch“, um das fade Sprachgebrauch unserer zeitgenössischen Misere einmal ironisch zu benutzen. Orwell lässt grüssen! Wir fordern das Recht, nicht mehr starre Schlagworte wiederholen zu dürfen, das Recht zu erneuern, das Recht, wieder zur Quellen zu pilgern, zu Flüssen, die zwar immer die gleichen Flüsse sind, aber wo die Gewässer nie wiederholend-identisch sind (Herakleitos!). Deshalb ist die Schaffung einer anderen Politsprache notwendig, eine Sprache, die die Begriffe wieder flüssig macht, die die Rigiditäten des Etablierten durch ihre Frechheit und Bissigkeit lachend und spottend ätzt und auflöst! Unsere Hauptwaffe sollte wieder die Ironie sein und bleiben; unsere Hauptaufgabe ist die Seele des guten alten Diogenes wieder frisch lebendig zu machen!

Zeitschriften sind Laboratorien der Zukunft, die das Werden und die Gärung der Welt ergreifen, und es gibt aber keine mögliche Zukunft, wenn nicht erneuernd und furchtlos neue Werte oder neu wieder belebte Werte behauptet werden dürfen.

Deshalb wünsche ich „ZZ“ und seinen Mitarbeitern und unter ihnen insbesondere diejenigen, die ich schon so lange Jahre kenne und die noch damals in ihren sehr jungen Jahren im ostflämischen Munkzwalm mit Freunde aus ganz Europa mit mir getagt haben, was eine sehr dauerhafte Freundschaft geschmiedet hat, noch viele lange Jahre „Agonalität“, was unzweifelhaft Salz in unserer täglichen Lebenssuppe streuen wird. Ich wünsche uns alle, einen langen Weg voller Entdeckungen und Bereicherungen, mit Auf und Ab, stets weit von den blassen Gesinnungen unserer satten Zeitgenossen, Gesinnungen, die wir frech, pausenlos und lustig bespotten werden! Glück Auf!

Robert Steuckers, Brüssel.

India e Myanmar

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India e Myanmar vicini a siglare l'Accordo Strategico di Port Sittwe

Secondo fonti ufficiali di Delhi, l'India è vicina a siglare un accordo con la giunta militare del Myanmar per sviluppare il porto di Sittwe. Il porto dovrebbe permettere un facile ed economico trasporto di beni nei distanti e isolati stati nord-orientali dell'India. L'India investirà 103 milioni di dollari nel progetto, nonostante gli inviti internazionali per delle sanzioni contro il governo militare.
Analisti affermano che Delhi è stata riluttante a criticare i generali, per i suoi interessi strategici nell'area. I due paesi condividono un confine di circa 1600km e Sittwe, nella provincia del Myanmar di Arakan, è a 160km dallo stato dell'India di Mizoram.

'Enormi benefici'

"Siamo alla fase finale dei negoziati e l'accordo dovrebbe esserci in un mese", afferma un ufficiale del ministero degli esteri Indiano, che vuole restare anonimo. Con l'accordo, l'India investirà 103 milioni di dollari per sviluppare il porto e installare le infrastrutture per usare il fiume Kaladan.
I beni saranno facilmente trasportati dai porti dell'India orientale e portati negli isolati stati del nord-est Indiano su piccoli natanti. Gli esperti di logistica dicono che saranno necessari tre anni per completare il progetto dopo la firma dell'accordo. "Una volta fatto ciò vi saranno enormi benefici per l'India del nord-est e il risparmio dei costi del trasporto nella regione sarà del 40%-50%", dice Atin Sen dell'Asian Council of Logistics Management di Calcutta.
Delhi disperava, per molti decenni, dell'uso di un porto in uno dei suoi vicini per trasportare beni nel nord-est dalla madrepatria. Hanno iniziato i negoziati per usare Sittwe una volta divenuto chiaro che il Bangladesh no avrebbe permesso l'impiego di Chittagong.

Ricco di Gas

L'India sosteneva il movimento birmano per la democrazia fino a metà degli anni '90, quando iniziò a migliorare le relazioni con la giunta in uno sforzo per competere con la crescente influenza della Cina in Myanmar. Adesso costruisce strade e ferrovie nel Myanmar occidentale, e le sue compagnie cercano di avere l'accesso ai ricchi depositi di petrolio e gas naturale.
Quasi tutti i sette stati del nord-est dell'India sono colpiti dai persistenti movimenti separatisti, e Delhi finanzia la giunta per eliminare le basi birmane dei ribelli. Così l'India è lontana dal condannare la repressione da parte dei militari del movimento per la democrazia, ed ha piuttosto invitato a negoziare per un ritorno graduale alla democrazia in Myanmar.
I critici della politica indiana dicono che sostenga ampiamente la giunta. Essi argomentano che Delhi debba supportare gli sforzi globali per promuovere un cambio in Myanmar - sia come questione di principio che in ordine alla promozione di una stabilità e prosperità, a più lungo termine, nella regione.

Traduzione di Alessandro Lattanzio
http://www.aurora03.da.ru/
http://sitoaurora.altervista.org/
http://xoomer.virgilio.it/aurorafile/


Fonte: http://www.india-defence.com/

00:25 Publié dans Eurasisme, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 29 octobre 2007

HAARP: contrôle du climat?

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Roberto TOSO:

Quand les Etats-Unis veulent contrôler le climat sur toute la planète...

Y a-t-il quelqu’un qui joue avec les chiffres?

Les dates ne sont que coïncidence: 26 décembre 2002 : cyclone “Zoé” en Polynésie; 26 décembre 2003: tremblement de terre en Iran; 26 décembre 2004: le gigantesque tsunami qui vient de ravager les côtes de l’Océan Indien. Je ne dirais pas, dans la suite de cet article, que le tsunami de décembre 2004 a été provoqué, comme l’affirment certains sites “conspirationnistes”, par un expérimentation technologique secrète, et donc “voulue”, ajouteront certains commentateurs. Mais cette coïncidence dans les dates et cette volonté, qui est mienne, de ne pas céder à la tentation conspirationniste ne doivent pas nous conduire à rejeter en bloc et a priori le fait que l’idée a sûrement déjà germé dans certains esprits, de vouloir contrôler les phénomènes atmosphériques. Dont acte. Les hypothèses conspirationnistes et paranoïaques n’existeraient toutefois pas, si certaines prémisses n’avaient pas existé pour étoffer de tels délires, car, de tous temps, l’imagination la plus débridée a toujours besoin d’un point d’appui dans la réalité pour pouvoir se déployer.

Le Projet HAARP

Au cours des siècles, les modifications climatiques ont toujours représenté l’un des catalyseurs les plus puissants capables de susciter les facultés humaines de penser et de réfléchir. Elles ont en effet influencé les croyances et les actions, les motivations et les décisions, toujours, en apparence sur le mode de la causalité, alors qu’en réalité, nos facultés étaient guidées par une logique de fer: celle que nous impose la nature.

Toutefois, depuis l’ère de la révolution industrielle jusqu’à nos jours, l’homme a infligé à la Terre des blessures profondes, si bien qu’aujourd’hui, celle-ci ne présente plus, comme dans  l’antiquité, un équilibre quasi parfait sur le plan bio-environnemental.

La communauté scientifique nous avertit sans cesse des dangers d’une surchauffe de la planète. Il n’en demeure pas moins que le risque majeur, que nous courrons et que les mass-media ignorent en règle générale, provient de mutations climatiques provoquées pour des raisons militaires.

Depuis 1992, le Département de la Défense des Etats-Unis développe un projet, coordonné tout à la fois par la marine et l’aviation américaines, que l’on a appelé HAARP (pour: “High Frequency Active Auroral Research Program”). En réalité, il s’agit du noyau même d’un projet bien plus vaste, et bien plus connu, notamment sur le nom de “Guerre des étoiles”. Il a été commencé dès le début des années 80 sous Reagan, pour se poursuivre à la fin de cette décennie sous Bush-le-Père. Ce projet connaît actuellement une phase d’accélération, dopé par un budget militaire d’une ampleur sans précédent, que l’on justifie au nom d’un “double langage” d’orwellienne mémoire: “La guerre, c’est la paix”. 

La base principale, où l’on développe le Projet HAARP, se situe dans une vaste zone à Gakona en Alaska. Sur ce terrain, 180 pylônes d’aluminium, hauts de 23 m, ont été installés. Sur chacun de ces pylônes, nous trouvons deux antennes, l’une pour les basses fréquences, l’autre pour les hautes fréquences. Cette dernière est en mesure de transmettre des ondes de hautes fréquences jusqu’à une distance de 350 km. Ces ondes peuvent être dirigées vers des zones stratégiques pour la planète, que ce soit sur le sol ou dans l’atmosphère.

Comme on peut l’imaginer, toute l’opération se mène au nom de nobles objectifs: il s’agit d’études universitaires sur l’ionosphère et de développer de nouvelles techniques radar,  qui permettront, à terme, d’accélérer les communications avec les sous-marins et de rendre possibles des radiographies de terrain, afin de déceler la présence d’armes ou d’équipements, jusqu’à des dizaines de kilomètres de profondeur. Pour confirmer cette vocation pacifique, le projet a mis un site en ligne qui nous donne l’image d’une station scientifique bien innocente, visibilisée par une quantité de “webcams”.

Mais la réalité, comme d’habitude, il faut aller la rechercher en dessous de la surface.

De Tesla à Eastlund

Dans les années 80, Bernard J. Eastlund, un physicien texan attaché au MIT de Boston, s’est inspiré des découvertes de Nikola Tesla, qui avait enregistré aux Etats-Unis le brevet n°4.686.605, dénommé “Méthode et équipement pour modifier une région de l’atmosphère, de la magnetosphère et de l’ionosphère terrestres”. Tesla avait ensuite déposé onze autres brevets. Dans l’un d’eux, il décrivait la propriété réflexive de l’ionosphère, qu’il convenait d’utiliser comme “systèmes de rayons énergétiques”, capables de “produire des explosions nucléaires  graduelles sans radiations”, ainsi que des “systèmes de détection et de destruction de missiles nucléaires” et des “systèmes de radars  spatiaux”.

L’ARCO a acquis certaines de ces inventions. L’ARCO est propriétaire de vastes réserves de gaz naturel en Alaska, qui peuvent être converties en énergie électrique redistribuable via l’ionosphère à tous les clients dans le monde: la vision de Tesla, qui voulait distribuer l’énergie  sans fil et gratuitement à  tous les foyers de la Terre, a donc été partiellement réalisée, mais viciée dans son principe généreux par de solides intérêts économiques.

En outre, ces inventions font qu’il devient possible de manipuler le climat, c’est-à-dire de créer de la pluie quand cela s’avère nécessaire pour l’agriculture ou de neutraliser des phénomènes destructeurs comme des tornades ou des ouragans. 

C’est à ce niveau-ci que le gouvernement américain est entré dans le jeu, rendant l’histoire plus compliquée.

Tous les brevets d’Eastlund ont d’abord été mis sous scellés, à la suite d’un ordre ultra-secret, pour être ensuite transmis à la  “E-Systems”, une des principales entreprises qui fournit des  technologies avancées aux  services  secrets de grandes puissances du monde. Cette entreprise a ensuite été absorbée par Raytheon, l’une des quatre grandes entreprises fournissant du matériel à la défense américaine. Elle produit notamment les missiles Tomahawk et Stinger (dont la plupart ont fini entre les mains de pays classés dans l’Axe du Mal ou de groupes terroristes), ainsi que les fameux “Bunker Busters”. Les connexions, qui unissent ces firmes au pouvoir, passent toutes par la personne de Richard Armitage, aujourd’hui vice-ministre des Affaires Etrangères au sein de l’Administration Bush. Armitage, qui était déjà “consultant”, est membre du conseil d’administration, détenteur de signature et “supporter” convaincu de la PNAC, impliquée dans de nombreuses opérations de la CIA, depuis l’époque de la Guerre du Vietnam à aujourd’hui.

Sur base des découvertes  d’Eastlund, c’est lui qui orienterait le potentiel du  Projet HAARP en direction d’un point spécifique de l’ionosphère, afin de la réchauffer jusqu’à ce qu’elle s’élève physiquement, de manière à créer  un gonflement hautement réfléchissant, qu’il définit comme un “effet lent”. Le but est d’acheminer les rayons vers la Terre  en leur procurant des effets dévastateurs: la puissance de telles ondes serait telle qu’elle provoquerait des modifications de dimensions moléculaires au sein de l’atmosphère, causant  —suite aux diverses fréquences—  des modifications climatiques ou la désagrégation des processus mentaux de l’homme, voire, aussi, des effets sur les mouvements tectoniques de magnitudes encore imprécisées.

Des stratégies globales

Les événements géopolitiques actuels étaient prévisibles depuis de nombreuses années: il suffisait de lire certains livres prophétiques comme “Le Grand échiquier” de Zbignew Brzezinski, paru en 1997, ou les textes programmatiques de la PNAC (“Project for a New American Century”), parus la même année.

Nous pourrions deviner l’avenir aujourd’hui aussi, si nous lisions plus attentivement les écrits et les déclarations de penseurs influents et de personnalités militaires haut placées, qui évoquent un futur relativement proche.

Le même Brzezinski, conseiller en matières de sécurité au temps de Carter, écrivait déjà en 1970, dans son livre “Entre deux époques”: “La technologie va  rendre disponibles, aux leaders des principales nations, des moyens pour conduire des opérations de guerre secrète, qui exigeront seulement la mise sur pied de forces de sécurité très réduites [...]. Il s’agit de techniques capables de modifier le climat afin de provoquer des périodes longues de sécheresse ou de tempête”.

Brzezinski fait référence, à  cette époque-là, aux armes rudimentaires qui existaient déjà, résultats des premières études sur le développement de la guerre climatique. Songeons, dans ce cadre, au Projet Popeye, visant à étendre la saison des moussons au Vietnam.

Le document le plus intéressant est une étude rédigée par sept officiers de l’armée américaine en août 1996 et qui porte pour titre “Le climat comme démultiplicateur de puissance: le contrôler avant 2025”. Cette étude a vu le jour à la suite d’une directive émise par la Commandement des forces aériennes américaines et visait à stimuler un débat intellectuel au sein de l’armée, pour affirmer finalement : “En 2025, les forces aéro-spatiales des Etats-Unis pourront contrôler le climat, si elles parviennent, dès aujourd’hui, à cumuler les nouvelles technologies et à les développer dans la perspective de les utiliser en cas de guerre [...]. Il s’agira d’améliorer les conditions en cas d’opérations menées par des alliés ou d’annuller les effets de celles menées par l’ennemi, au moyen de scénarios climatiques faits “sur mesure”. Enfin, il s’agira de se donner les moyens de dominer complètement, à l’échelle globale, l’ensemble des moyens de communications et de l’espace; les modifications climatiques offriront aux combattants une vaste gamme de moyens possibles pour battre ou soumettre l’adversaire”.

Ces projets ont été confirmés par une étude ultérieure, qui date de 2003. Celle-ci porte pour titre: “Maîtriser l’ultime champ de bataille: les prochaines avancées dans l’utilisation militaire de l’espace”. Elle est l’oeuvre du “Project Air Force” de la Rand Corporation, une “boîte à penser” liée aux lobbies du pétrole et de l’armement, dont l’un des administrateurs fut Donald Rumsfeld et l’un des conseillers-administrateurs Lewis Libbey, membre fondateur de la PNAC, actuel directeur du personnel de Dick Cheney.

Le concept qui est à la base de ce rapport est celui de “Full Spectrum Dominance”. Ce qui revient à dire: une politique d’investissements militaires exceptionnels, visant la conquête de l’espace et le maintien dans l’espace d’une position de supériorité, sinon de contrôle absolu. Cette position de supoériorité obligerait donc ceux qui veulent en découdre avec l’ “Empire” de le faire pas terre ou par mer. Sur ce chapitre, les paroles prononcées par Joseph W. Ashby, le Commandant en chef du “Spatial Command” américain sont significatives: “Certaines personnes n’aiment pas en entendre parler, mais, en termes absolus, nous serons bientôt capables de combattre dans l’espace. Plus précisément: nous combattrons dans l’espace et depuis l’espace. Un jour, nous frapperons des objectifs terrestres, des navires, des avions ou des objectifs situés sur la terre ferme, tout cela depuis l’espace”.

Le 22 février 2004, le journal “The Observer” a publié un rapport “secret”, réclamé préalablement par Andrew Marshall, un conseiller influent de Rumsfeld, et échappé du Pentagone. La conclusion de ce rapport était la suivante: “Un brusque changement climatique conduira à une catastrophe globale de proportions gigantesques, avec une guerre nucléaire et des désastres naturels, condamnant des nations entières à la disparition sous les eaux des océans; les rares survivants lutteront pour les ressources raréfiées, soit les céréales, l’eau et l’énergie”.

On peut s’imaginer qu’il s’agit là de la description d’un futur fort lointain, tel qu’on le met en scène dans un film d’Hollywood; pourtant, en 2006 déjà, le lancement dans la stratosphère du “Falcon” aura lieu; c’est un drone armé de têtes nucléaires capable de voler à douze fois la vitesse du son, virtuellement inattaquable; des développements ultérieurs le rendront capable de frapper de manière ubiquitaire, à partir du territoire des Etats-Unis.

En 2006 aussi, ce sera l’année où le Projet HAARP se verra doter de ses derniers transmetteurs prévus, portant l’ensemble du système à sa puissance maximale. Est-ce toujours bien dans le but annoncé, celui d’aider l’agriculture dans le monde?

La communauté scientifique

Nombreuses sont les voix qui protestent face à ces folies et ces projets destructeurs. Parmi elles, celle d’une scientifiques de réputation internationale, Rosalie Bertell, qui dénonce “les scientifiques militaires américains qui travaillent sur des systèmes climatiques comme armes potentielles. Les méthodes qu’ils tentent de mettre au point comprennent l’accroissement des tempêtes et le déviement des flux de vapeur de l’atmosphère terrestre afin de produire des sécheresses et des inondations voulues”. Richard Williams, physicien et consultant auprès de l’Université de Princeton, dit que “les tests visant la surchauffe de l’ionosphère constituent autant d’actes irresponsables, relevant d’un vandalisme global  [...]. Le Projet HAARP pourrait constituer un danger sérieux pour l’atmosphère terrestre. Avec des expérimentations de ce type, on apportera des dommages irréparables en peu de temps”.

Certains chercheurs soupçonnent d’ores et déjà que quelques modifications climatiques actuelles, bien observables, telles des séismes, des ouragans, des raz-de-marée ou des sécheresses persistantes, proviennent de ces expérimentations à buts militaires.

La Russie

Le Parlement russe, la Douma, a émis un communiqué en 2002, signé par 188 députés, où il était écrit: “Sous le couvert du Programme HAARP, les Etats-Unis sont en train de créer de nouvelles armes géophysiques intégrales, qui pourront influencer les éléments naturels par le biais d’ondes radio de haute fréquence. La signification de ce saut technologique est comparable au passage historique des armes blanches aux armes à feu, ou des armes conventionnelles aux armes nucléaires”. Quelques scientifiques craignent que l’ionosphère pourrait imploser sous l’effet de déséquilibres électriques. Leurs conclusions: “Pouvons-nous en vérité risquer d’altérer quelque chose que nous ne comprenons pas du tout, et qui appartient à toutes les formes de vie (et non  pas seulement de la vie humaine) présentes sur cette planète?”. 

Récemment, le Président russe Vladimir Poutine a  annoncé avoir développé un nouveau type de missile balistique télécommandé, capable de changer de trajectoire au cours de son voyage, rendant du coup complètement inutile les systèmes de défense inclus dans le fameux “bouclier spatial”: est-ce un bluff ou non? Quoi qu’il en soit, il est certain que les projets militaires des Etats-Unis, mis au point au cours de ces dernières années, ont généré une nouvelle course aux armements, sans précédent dans l’histoire, qu’il conviendrait de ralentir et de réguler. Mais ce projet de modérer les effets pervers de cette nouvelle course aux armements est systématiquement freiné et saboté par l’unique super-puissance restante qui s’est arrogé le droit de juger l’accumulation d’armements, non pas au nom d’intérêts globaux, mais au nom de ses seuls intérêts propres. Les accumulations américaines sont donc, dans cette optique, au service du “Bien”, tandis que les autres ne sont que l’expression d’une indicible méchanceté, celle de l’ “Axe du Mal”. Dans de telles conditions, nous avons sous les yeux les prémisses d’une nouvelle guerre froide de dimensions globales.

Quant à la Russie, elle a, elle aussi, mis en avant certains projets basés sur les découvertes de Tesla de la fin des années 50, développant de la sorte une recherche parallèle à celle des Etats-Unis, sauf qu’elle s’avère plus lente vu la faiblesse économique terrible de la Russie actuelle. Qui sait si Emmanuel Todd, le chercheur français qui avait prédit la fin de l’empire soviétique dès 1976, dans “La chute finale. Essai sur la décomposition de la sphère soviétique” (R. Laffont), n’a pas raison une fois de plus quand il décèle, dans ses nouvelles analyses, les mêmes indicateurs, notamment dans son livre de 2003, “Après l’Empire. Essai sur la décomposition du système américain” (Gallimard), où il annonce la déliquescence de l’ultime super-puissance. Pour l’heure, la Chine se tait. Comme l’affirmait Bertold Brecht: “La science, quand elle est au service du pouvoir, n’apporte que des malheurs à l’humanité entière”.

Roberto TOSO.

Article trouvé sur : http://www.luogocomune.net ; sources: New York Times, Heart Island Journal, BBC, Canadian Working TV, Earthpulse Press, autres. Cet article a été reproduit par le quotidien romain “Rinascita”, 11 janvier 2005.

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dimanche, 28 octobre 2007

1970: coopération russo-iranienne

1970: déjà une coopération russo-iranienne

28 octobre 1970: Nikolaï Podgorny, président du Soviet Suprême de l’URSS, inaugure, avec le shah d’Iran, Mohammed Reza Pahlavi, le plus long gazoduc du monde. Cet événement montre que la question énergétique est la clef pour comprendre l’histoire contemporaine depuis le rapprochement entre le shah et les Soviétiques, jusqu’à sa chute sous les coups de la révolution des mollahs et jusqu’aux événements actuels, où les Etats-Unis affrontent l’Iran d’Ahmadinedjad.

Le shah d’Iran voulait jouer une carte autonome, ne craignait plus les Soviétiques comme au début de son règne, quand les troupes soviétiques venaient de quitter le territoire iranien, après une occupation de quatre ans (1941-45) et que Moscou soutenait des indépendantistes azéris dans le nord-ouest de l’ancienne Perse. Le soutien inconditionnel apporté par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël aux mollahs aux débuts de la révolution khomeyniste avait pour but de déstabiliser, et jeter bas, un régime personnel qui avait appuyé l’OPEP, entendait mener une politique indépendante face au bloc soviétique, affirmer ses droits historiques dans le Golfe Persique, tendre une main à l’Inde, dégager l’Océan Indien des tutelles étrangères à son espace.

Il ne fallait surtout pas que ce régime ait une autonomie énergétique (ni par le pétrole ni par le nucléaire) ; l’hostilité au shah, qui avait acquis les premiers rudiments d’une énergie nucléaire, est paradoxalement la même que celle qui oppose Ahmadinedjad à Washington, en dépit de la différence idéologique entre l’autocratie éclairée du souverain Pahlavi et le fondamentalisme chiite professé par l’entourage de l’actuel président iranien. L’intention américaine, en appuyant la révolution des mollahs, était de bloquer la grande œuvre de modernisation du shah et de replonger l’Iran dans un régime fait d’archaïsmes que l’on voulait incapacitants et cela, jusqu’à la consommation des siècles.

Ahmadinedjad veut sortir de ces archaïsmes, relancer le programme nucléaire abandonné depuis le shah : raison de l’hostilité des Etats-Unis à son égard.

samedi, 27 octobre 2007

Qu'est-ce que la mondialisation?

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Qu'est-ce que la mondialisation?

 

L’économie mondiale résulte des centres mondiaux de pro­duction, de la propagande mondiale diffusée par des mé­diats très concentrés et des marchés financiers. La mon­dia­li­sa­tion, c’est la constitution de décisions écono­miques à l’é­chelle mondiale et dotées de moyens mondiaux.

 

Certains utilisent plus volontiers le terme de globalisation, pour désigner l’accroissement de la mobilité de tout ce qui est codifiable et se transporte indépendamment des hom­mes. Une firme globale procède ainsi : elle décompose la chaîne de production, qui va de la recherche-développe­ment d’un nouveau produit à sa distribution, en activités unitaires simples. Puis, elle localise les activités sédentaires (par exem­ple, un supermarché proche des consommateurs éven­tuels) et localise tout le reste dans les territoires qui offrent les meilleures conditions. Finalement, le commerce interna­tional est, pour plus de la moitié, un commerce entre diffé­rentes filiales de firmes globales. Cela crée partout chômage et désindustrialisation, accroît la puissance de quel­ques oli­garchies et utilise force propagan­de pour affir­mer que les pauvres sont responsables de leur pauvreté.

 

I - Les dogmes de l’occidentisme.

 

1 - Le dogme commun aux institutions internationales (OMC, FMI, OCDE) peut se résumer en quatre propositions :         

 

- L’accroissement du commerce international explique fondamentalement la croissance du PIB. Mais il n’y a aucune possibilité de prouver cela. On peut tout aussi valablement soutenir que c’est la croissance du PIB qui a suscité la croissance des exportations européennes (et françaises) ou bien que l’un et l’autre (croissance et exportations) ont crû en raison d’autres facteurs.

- La poursuite de ce développement peut dégager des “ gains colossaux “ mais on ne précise jamais les coûts.

- Le refus de la poursuite de la libéralisation des échanges entraînerait une situation catastrophique.

- Le meileur moyen de combattre le chômage en occident est de poursuivre la libéralisation mondiale des échanges.

 

2 - Le modèle globalitaire s’appuie sur la théorie des coûts comparés formulée en 1817 par Ricardo. Mais elle est erro­née sur un point essentiel : la structure des coûts com­parés ne reste pas invariable dans le temps, sauf pour les res­sources naturelles et les produits tropicaux.

 

3 - Les prix mondiaux sont des prix en $. Or, les taux de change sont flexibles. Donc les taux de change permettent d’égaliser dans les pays les prix des biens exprimés en dol­lar.

 

Les causes de la servilité des Européens face aux diktats US sont connues et sans originalité : déplaire aux factions US, c’est s’interdire toute carrière dans les organismes internationaux ou dans certaines affaires privées.

 

II - Le libre-échangisme responsable du chômage massif (1)

 

a) Le ralentissement de la croissance en Europe, la désindustrialisation et la montée d’un chômage massif ont la même cause : la rupture de 1974. A cette époque, l’entrée dans le marché commun, le 1° janvier 1973, de la Grande-Bretagne, a entraîné une orientation majeure de l’orga­nisa­tion de Bruxelles vers une politique de libre-échange mon­dia­liste. Au début de 1973, le système monétaire in­ter­na­tio­nal s’est disloqué et, à partir de Mars 1973, le système des taux de change flottants s’est établi. Le commerce in­ter­na­tio­nal et les taux de change correspondent à deux aspects in­dis­sociables qu’on ne peut considérer isolément. Si le chan­ge peut varier de 50% en quelques années, aucun calcul é­conomique n’est possible.

 

b) Le libre-échangisme crée partout une forte pression à la baisse des coûts. Partout on entend dire que le coût du tra­vail non qualifié est trop élevé. Mais personne ne dit de com­bien...Pour survivre, les entreprises délocalisent...Le chô­­­­ma­ge résulte de charges salariales globales trop élevées au regard de la productivité externe du travail (i.e. des tra­vail­leurs étrangers) au cours des changes.

 

c) Les effets de tout progrès technologique sont progressifs et continus. Ils ne peuvent générer du chômage massif. Le développement des machines à vapeur, des chemins de fer et de l’électricité n’a jamais été brutal. Il n’a jamais impliqué le sacrifice de générations entières. Le libre-échange détruit les investissements industriels dans les secteurs défavorisés et nécessite de nouvelles ressources pour effectuer de nou­veaux investissements.

 

III - Pour une Europe auto-centrée

 

L’objectif des USA, tant en matière agricole qu’industrielle, et dans les industries du divertissement, est d’accroître les exportations des firmes US et d’augmenter les importations européennes. Nombre d’importations transitent d’ailleurs par les USA et sont en réalité des importations de pays à bas salaires. Le libre-échangisme est une ruse. Il convient :

 

1 - Réformer le Système monétaire :

 

 - Organiser le contrôle monétaire des activités, avec sanc­tions des créditeurs et des débiteurs qui sont autant res­ponsables. En particulier, il convient de réduire massivement la titrisation (et d’interdire la défaisance) qui crée des parts de fonds communs à partir de prêts. Par cette astuce, une dette illiquide, non négociable, portée par une banque, don­ne naissance à des titres la représentant. La finance indi­recte se transforme en finance directe avec, comme pour la défaisance, l’objectif inadmissible d’étaler les pertes, de façon à ne pas déclarer la cessation de paiements et d’é­chap­per à la liquidation judiciaire qui découlerait de l’ap­pli­ca­tion des règles en vigueur. 

 

 - Créer des organismes de compensation des dettes et créances à côté des banques. Notamment, utiliser le mé­canisme des caisses de conversion. Un débiteur en dollar verse les intérêts de sa dette en monnaie locale. La caisse cré­dite en cette monnaie le créancier en dollar qui dispose d’un pouvoir d’achat avec lequel il acquiert des biens et services produits dans le pays. Ce mécanisme aide simulta­nément à relancer l’activité de la région et à embaucher.

 

- Créer une monnaie internationale commune à l’ensemble des pays ou nations qui délimitent leurs propres espaces monétaires. Elle fonctionne selon deux préceptes :

* La monnaie internationale est instituée d’emblée comme une monnaie de crédit, moyen exclusif de règlement des dettes extérieures qui naissent des échanges.

* La monnaie commune ne se substitue pas aux monnaies existantes. Elle est une monnaie de conversion émise par une banque mondiale ayant un département dans chaque zone monétaire.

 

2 - Instaurer des quotas d’importations par catégories de produits. Un pourcentage de 20% maximum d’importations serait autorisé, sauf pour les matières premières et les produits exotiques.

 

3 - Réformer les organisations mondiales.

 

L’OMC et le FMI doivent fusionner car commerce et taux de change sont deux aspects d’un même problème. L’OCDE serait réorientée vers la fourniture de statistiques fiables et fournirait des expertises en concurrence avec les organisa­tions de l’ONU.

 

Conclusion

 

Aucune civilisation n’a pu exister en l’absence des multiples fonctions économiques, notamment sans industrie, et en présence de plus de 10% de la population active alimentée par l’aide sociale. Or, ces tendances amorcées en 1974 ne s’inversent pas, au contraire. La désindustrialisation de l’Eu­ro­pe et le chômage massif  (y compris l’immigration in­ces­sante extra-européenne) ne peuvent être remplacés par des écoles d’hôtellerie pour créer des activités de tourisme. Cela est totalement niais. Le suicide de notre civilisation est pro­grammé dans ces tendances.

 

Frédéric VALENTIN.

 

NOTE 1 : D’après M. ALLAIS : La mondialisation, la des­truction des emplois et de la croissance. Cl.Juglar, 1999.

 

vendredi, 26 octobre 2007

1959: bataille pour le Ladakh

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Bataille pour le Ladakh

26 octobre 1959:  De violents combats éclatent entre troupes chinoises et indiennes sur les hauteurs himalayennes du Ladakh. Les deux puissances tentent de dominer le toit du monde, surtout après la conquête chinoise du Tibet. L’enjeu géopolitique de cette guerre, tout comme celle qui oppose l’Inde et le Pakistan au Cachemire, est de s’assurer un espace stratégique surplombant sur les plaines et vallées environnantes. L’Inde cherche également à avoir un corridor territorial la liant à l’URSS, à l’allié russe traditionnel des nationalistes hindous.

Le Pakistan existe pour éviter cette liaison territoriale, politique qui lui est dictée par Londres et Washington.

La Chine, en s’insérant dans l’espace hautement stratégique du Ladakh, cherchait un lien avec le Pakistan, et par là même, une fenêtre sur la partie occidentale de l’Océan Indien, qualifié par la géopolitique anglo-saxonne, dérivée de Halford John Mackinder, d’ « Océan du Milieu ». Dans cette volonté chinoise de faire cause commune avec le Pakistan, et de couper par la même occasion l’Inde de l’URSS, il faut voir les prémisses du rapprochement sino-américain sous la Présidence de Nixon et sous la houlette du Realpolitiker Kissinger.

En 1972, la Chine, qui a soutenu et soutiendra le Pakistan, allié de Washington, dans toutes ses guerres contre l’Inde, participe, elle aussi désormais, à l’endiguement (« containment ») de l’URSS, qui n’a plus, comme allié de revers, qu’un Vietnam exsangue, épuisé par une longue guerre inégale ; un Vietnam de surcroît menacé au sud et à l’ouest par un Cambodge pro-chinois et donc pro-américain.

01:15 Publié dans Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook