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lundi, 08 octobre 2007

Victoire de Louis le Jeune à Andernach

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Victoire de Louis le Jeune à Andernach

08 octobre 876: Victoire de Louis le Jeune sur les Franciens occidentaux à Andernach sur les rives du Rhin. Charles le Chauve, roi de Francie occidentale depuis le partage de Verdun en 843, avait été couronné Empereur par un Pape pro-occidental et anti-germanique, Jean VIII.

Ce couronnement s’est fait au détriment de Louis le Jeune, fils de Louis le Germanique, frère de Charles le Chauve. Louis le Germanique avait reçu le bassin germanique du Danube et les bassins des grands fleuves du Nord de l’Allemagne actuelle, du Rhin à l’Oder et à la Vistule. En 876, Charles le Chauve, précurseur de toutes les invasions françaises qui ont ravagé nos régions, envahit la Rhénanie avec des forces nettement supérieures en nombre.

Louis le Jeune, qu’il prend pour un jeune homme inexpérimenté, dispose de troupes réduites, mais, plus rusé et moins présomptueux que son oncle, bat cruellement les Franciens occidentaux à Andernach sur le Rhin, le 8 octobre 876, ruinant tous les espoirs de Charles le Chauve de reconstituer l’Empire de Charlemagne au départ de ses franges occidentales. Après lui, Philippe Auguste, Philippe le Bel, Louis XI, Louis XII, François I, Henri II, Louis XIV, Louis XV, Napoléon, les idéologues de la IIIième République, les maurrassiens, les maçons autour de Poincaré et Clemenceau, etc. tenteront, en vain, de réaliser ce rêve.

Seules nos régions ont résisté. Elles sont le dernier lambeau de l’Empire de Lothaire et souffrent sous un personnel politique incapable de percevoir ce noyau identitaire profond, sans lequel nos régions n’ont aucune personnalité propre.

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dimanche, 07 octobre 2007

Le phantasme antifédéral

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Deutschland über alles ? ou le phantasme antifédéral

L'axe Paris-Berlin a toujours été déterminant pour la mise en place des projets européens liés au processus ayant conduit de la CECA à l'UE. De la solidité de ce lien a dépendu durant quatre décennies l'espoir de voir converger vers un objectif commun les efforts des divers pays.

Pourtant, depuis quelques années marquées par des changements de gouvernements et surtout de doctrine politique, la stratégie globale des chancelleries a évolué et le couple franco-allemand a sombré dans une morosité, ferment de son inactivité. Gerhard Schröder lui préfère une suspecte alliance britannique et le gouvernement français perd une précieuse énergie au sein d'une cohabitation polie mais âpre dans laquelle le but premier est de prendre le pas sur "l'autre".

Ce relâchement des coopérations actives en faveur de l'union de l'Europe a tout à la fois renforcé l'euro­scepticisme, engendré une nouvelle race de déçus et, parce qu'elles n'étaient plus à l'ordre du jour, empêché que soient posées certaines questions fondamentales sur l'avenir de l'Union pour laquelle une réforme devenue serpent de mer serait des plus utiles.

Ainsi, la question fondamentale, avant même tout élargissement, est de savoir la forme que prendra le système politique efficient de l'Union.

Rétrogradé à l'arrière-plan médiatique européen, le problème a ressurgi de manière inattendue à la suite de l'in­­tervention du ministre allemand des affaires étrangères. C'est d'ailleurs un étrange système que Joschka Fi­scher a soumis, puisqu'il n'est ni totalement fédéraliste, ni centralisateur et fait la part belle au maintien des en­tités constitutives actuelles de l'Union. Il en est ainsi de ce concept de parlement bicaméral dont l'une des chambres serait composée des élus issus directement des assemblées existantes des "États-nations". L'in­con­vé­nient des projets qui incluent des éléments hétérogènes est qu'ils ne sont susceptibles de satisfaire réellement au­cune des parties et que, par définition, ils affichent toujours un petit côté bancal hérité des compromis con­sen­tis. Or, les problèmes institutionnels se satisfont mal des imperfections flagrantes, surtout quand elles sont is­sues d'amalgames aussi dépourvus de sens que ceux qui consistent à faire coexister le sy­stè­me fédéral et son an­tithèse hypercentralisatrice. En fait, M. Fischer est surtout preneur d'une confé­dé­ration au pouvoir central nettement affaibli.

Au-delà du projet des Verts allemands, c'est surtout la question jamais tranchée entre souverainistes et fédé­ra­listes qui rejaillit avec un aiguillon intact. Si les petits pays comme ceux du Benelux ou encore ceux en proie à des sécessions ne nourrissent pas trop d'angoisses sur le propos, il n'en va pas de même en France, héritière de la tradition jacobine, fille aînée du centralisme initié par ses Rois depuis des siècles. Dans cette droite ligne, Jean-Pierre Chevènement est sorti du bois pour stigmatiser une propension fédéraliste qui lui paraît ty­pi­que­ment d'origine germanique. La remarque peut amuser surtout quand, dans la foulée, il estime que les Alle­mands ont une conception ethnique de la politique alors que lui-même associe un système de gouvernement à un peuple bien déterminé.

Plus gênantes sont les remarques sur le fait que l'Allemagne rêverait de reconstituer le Saint Empire romain de la nation germanique et ne se serait toujours pas remise de l'époque national-socialiste. Par-delà le côté agres­sif et déplacé inhérent à ces propos, il convient d'en analyser les deux éléments de manière claire et historique pour comprendre l'antithèse qu'ils constituent l'un pour l'autre.

L'Empire germanique était en effet une sorte de monarchie fédérale dont le souverain devait être élu par ses pairs pour ceindre la couronne, laquelle est d'ailleurs conservée à Vienne, ville des Habsbourg. Or, parce qu'il obligeait le candidat à acheter les voix et à faire nombre de promesses en biens ou en droits à ses électeurs po­ten­tiels, ce système a entraîné l'affaiblissement constant au cours du Moyen Age du pouvoir impérial au profit des pouvoirs locaux, phénomène qu'a également connu la Pologne par la suite. C'est dans cet état de fait qu'il con­vient de trouver une tradition dite "fédérale" en Allemagne. Il y a dix siècles, la France médiévale n'était pas très dissemblable de la Germanie, mais son parcours historique ultérieur a été radicalement différent avec l'é­mergence d'une monarchie forte s'appuyant sur l'impressionnante succession des monarques de la famille des Ca­pétiens. À l'origine, la royauté française était également élective, mais elle prit la précaution de faire élire le successeur du souverain, à savoir son fils aîné, du vivant du Roi, ce qui fit tomber en désuétude le système élec­tif et permit, grâce à la grande stabilité dynastique, de lancer le pays dans une vaste phase de ren­for­ce­ment du pouvoir central et d'unicité du territoire. On ne peut donc que sourire quand on constate que M. Che­vè­nement, chantre des valeurs dites "républicaines" qu'il veut confondre avec celles de l'humanisme, et M. Fi­scher, peu suspect d'être en faveur de l'Empire et classé comme soixante-huitard reconverti dans le costume-cra­vate ministériel, en viennent à s'opposer en raison… des modèles monarchiques dont leurs pays ont hérités et sur base desquels France et Allemagne ont évolué.

Plus regrettable est le retour du leitmotiv sur le national-socialisme. Il l'est d'autant plus qu'il ne se justifie nul­le­ment, puisque la période de 1933 à 1945 fut la seule de l'histoire allemande à ne pas être fédéraliste, mais bien centralisatrice, ce qui confère déjà tout son non-sens à l'argumentation du ministre français. En outre, à avoir trop regardé son lion de Belfort, il est fort à parier qu'il a dû en confondre le IIIe Reich, le deuxième qui laissa ce bout d'Alsace à la France et le premier apparu au Xe siècle et qui ne sombra qu'au début du XIXe, quand un autre Empire, celui de Napoléon 1er, contraignit l'Autriche à dissoudre le Saint Empire. Le souvenir du Saint Empire sensu stricto pourrait donc être plus douloureux pour les Allemands que pour les Français. Et puis, la faiblesse de l'Empire issue de diverses raisons dont celles mentionnées précédemment a laissé le champ li­bre à la France pour s'étendre considérablement vers l'Est dès qu'elle eut clos la question anglaise. Durant des siècles, ce fut ainsi Paris qui se montra la plus déterminée dans sa version personnelle du Drang nach Ost. As­so­cier l'Empire germanique, entité sans poids propre depuis des siècles, au concept de l'Allemagne expansionniste montre la réussite de la propagande voulue dans les deux pays depuis de nombreuses générations et qui n'avait pour but que de légitimer un antagonisme replacé dans un cadre historiciste qui seul le transcendait pour lui donner une valeur de dogme, quand bien même ses fondements seraient totalement biaisés.

Il faudra donc encore attendre à tout le moins une demi génération pour que ces vieilles rengaines d'un autre â­ge n'aient plus court dans le landernau politique. Quoi qu'il puisse en sortir, ni M. Chevènement, ni M. Fischer ne paraissent détenir la clé. L'Europe des nations vouée au centralisme écartelé entre les capitales et Bruxelles conduira immanquablement à perpétuer la lourdeur et le blocage institutionnels connus actuellement par l'U­nion. Quant à une fédération trop lâche dans laquelle la souveraineté des entités fédérées serait trop mar­quée, elle risquerait, surtout dans le cadre d'un élargissement européen, de conduire à un émiettement du pou­voir tel qu'une dislocation de l'Europe deviendrait à terme inévitable, avec en germe tout ce que les di­vi­sions du continent ont pu apporter comme lot de malheurs.

Le premier devoir de l'Européen est de créer une Europe politique réelle en empêchant que le continent soit voué au même sort que… l'Empire germanique !

Michel LAMBINON.

http://walhalla.ddynamics.be/

 

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Institution de la procession du Doudou à Mons

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Institution de la procession de Mons

07 octobre 1349: Institution de la « procession de Mons » qui deviendra le célèbre et formidable « Doudou ». Ce rituel, très païen dans son organisation et ses symboles, était censé mettre fin à la peste noire qui ravageait l’Europe en ce milieu du 14ième siècle.

Ce retour à des rituels, très peu chrétiens, avaient été pourtant préconisés par les religieux de Sainte Waudru de Mons et de Saint Vincent de Soignies. Selon la légende, Waudru (équivalent wallon du prénom allemand « Waltrude ») et Vincent étaient époux et protecteurs des moines et de l’Eglise. La musique du « Doudou » détient une véritable puissance chamanique, enivrante, violente et envoûtante. Elle incite à l’ardeur au combat, de Saint Georges, figure odinique, et de ses aides, contre le Dragon, symbole du mal.

La musique du « Doudou » a été jouée lors de la fameuse bataille de Kollin, pendant la guerre de Sept Ans (18ième siècle), lorsque les jeunes recrues montoises et hennuyères du Comte impérial de Baillet-Latour, ont chargé et défait les Prussiens qui avaient envahi l’Autriche. L’Impératrice Marie-Thérèse avait battu le rappel de tous ses sujets, depuis les coins les plus reculés de l’Empire, pour sauver son trône contesté et conserver la Silésie et la Bohème. Les Hongrois avaient répondu avec un enthousiasme délirant, de même que les Croates. Les Hennuyers avaient montré exactement la même fougue que leurs frères d’armes des confins orientaux de l’Empire.

Tous les dragons wallons avaient répondu à l’appel et avaient aussi entraîné dans leur sillage les jeunes recrues imberbes, sous la conduite du vieux Comte de Thiennes, mourant, qui ne chevaucha pas plus loin que Bruxelles, où il harangua, quelques jours avant de mourir, ses « beaux p’tits fieux » qui partaient au combat contre les cuirassiers de Seydlitz. Arrivés sur place, les cadets de quatorze et quinze ans formaient la seule réserve autrichienne encore disponible. Le Comte de Baillet-Latour, successeur du Comte de Thiennes à la tête de la troupe, demande la permission de charger. Le commandant en chef des armées impériales autrichiennes, le Maréchal Daun, d’origine irlandaise, lui répond avec morgue : « Que voulez-vous que fassent vos « blancs-becs » » ? Les « Blancs-Becs » ont chargé au son de la musique du « Doudou » et, galvanisés, ont gagné la bataille. Les Allemands de tradition impériale sont si fiers de ces soldats qu’aujourd’hui encore, on fabrique, en jouet, des « Dragons de Latour » de la guerre de Sept Ans (marque : Revell ; disponible dans tous les bons magasins de modélisme).

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samedi, 06 octobre 2007

Une Birmania "americana"?

Una Birmania "americana": i timori di Mosca, Pechino e Delhi

di Giuseppe Zaccagni

Non si placa la repressione e non cessa la rivolta in Myanmar. Ma Russia, India e Cina credono di vedere, nel mare “zafferano” della rivolta birmana, anche le bandiere a stelle e strisce della potenza americana. E mai come questa volta il duro giudizio geostrategico accomuna le diplomazie dei tre paesi. Ossessionati dall’espansionismo americano temendo che il sì a un’ingerenza negli affari interni di un Paese sovrano possa in futuro essere usata anche contro di loro. Come già avvenuto in Ucraina e in Georgia per la Russia, nel Pakistan per l’India e per la Cina con il Tibet. E così c’è un “no” agli americani che non è solo un grido che esce dai palazzi delle diplomazie. Fanno così ingresso nell’arena politica asiatica alcune concezioni geopolitiche che vanno ad opporsi alle idee sviluppate, nei media mondiali, sulla base di quanto avviene a Bangkok. Perché sia al Cremlino di Putin che nella capitale indiana che fu di Gandhi, che nella cittadella cinese che fu di Mao, la questione birmana è seguita sotto due aspetti. Il primo - che è poi quello più importante - riguarda la preoccupazione che si riferisce al fatto che le proteste che sconvolgono il paese asiatico siano il frutto di precise manovre di stampo americano.

Le tre grandi potenze dell’Eurasia, infatti, non vogliono accettare che nel continente si affacci - sotto la copertura della battaglia per i diritti umani - l’America di Bush. E qui il discorso generale diventa sempre più complesso. E, comunque, fragile e manovrabile. Da un lato, infatti, c’è la tragica situazione birmana (che è reale) e dall’altro c’è una volontà di stampo americano che punta a creare una sua base di forza proprio nel cuore del continente dove, ormai, a fare da “padroni” sono indiani, cinesi e russi. Di qui il tentativo americano - questo si sostiene in Eurasia - di tirare i fili di un disegno che dovrebbe essere destinato a cambiare il corso della storia. E tutto avviene mentre gran parte dell’occidente si interroga sulle posizioni di attesa pragmatica che si registrano a Mosca, a Delhi e a Pechino. Con le diplomazie dei tre paesi che si limitano (per ora) ad osservare quanto avviene nelle strade birmane lasciando, comunque, ai media il compito di seguire con distacco gli avvenimenti.

C’è un qualcosa di strano e di inedito che caratterizza l’evolversi della situazione almeno dal punto di vista delle relazioni che i tre grandi paesi euro-asiatici vogliono mantenere con la Birmania, oggi e in futuro, pur ponendosi in uno stato d’allerta nei confronti di un processo che potrebbe sfociare in un liberismo sfrenato che aprirebbe le porte al dominio del Nuovo Ordine Mondiale. E le conseguenze - secondo i politologi della Russia, dell’India e della Cina - potrebbero essere catastrofiche. Perché si aprirebbe in quel paese una pagina di disgregazioni sociali, di conflitti etnici e di scontri con i paesi confinanti. E il colore “zafferano” dei monaci diverrebbe un colore grigio, carico di soluzioni ignote. Non a caso, dicono i politici dell’Asia, l’America di Bush ha deciso di aprire il fronte birmano proprio nel momento in cui registra insuccessi in Iraq e, in generale, nell’intero Medio Oriente.

Il secondo aspetto di questa complessa questione birmana riguarda il rapporto economico che Mosca, Delhi e Pechino, hanno con Bangkok. E qui va subito ricordato che proprio nei giorni scorsi - mentre in Birmania si scatenavano i monaci seguiti da grandi folle - la Russia confermava la sua posizione di non ostilità alla giunta birmana. Infatti, dopo aver bloccato l'adozione di una risoluzione di condanna contro la repressione Putin si affrettava a giudicare "premature" le sanzioni mentre l'argomento era ancora all'esame alle Nazioni Unite: "E' troppo presto per parlarne", dichiarava un portavoce del Cremlino. E subito era chiaro che la posizione di Putin, analogamente a quella degli indiani e dei cinesi, era tesa a difendere precisi interessi economici, a cominciare dalla vendita di un reattore atomico (ad acqua leggera della capacità di 10 MW che utilizzerà uranio arricchito al 20%.) di produzione russa, che mirerebbe a bilanciare la totale dipendenza birmana da fonti controllate dagli americani.

C’è poi l’India che non vede di buon occhio la scesa in campo delle forze religiose. E non è un caso se a Delhi, oggi, si ricorda che nell’ottobre del 2004 il generalissimo Than Shwe, capo del regime dittatoriale birmano, fu ricevuto con tutti gli onori dal governo progressista dopo 24 anni di gelo diplomatico. Allora fu firmato uno storico trattato che vedeva tra i primi punti d’intesa una serie di impegni per superare il contrasto che c’era con la Cina segnato da quelle antiche popolazioni divise dalle moderne frontiere politiche.

Pechino, dal canto suo, si mostra preoccupata. Di conseguenza, impedisce all’Onu di varare nuove sanzioni contro il regime birmano. Non è sola: Mosca si schiera al suo fianco. Ed oggi la spaccatura diplomatica è netta e vede contrapposte da un lato Russia e Cina, dall’altro l’America e l’Europa, che hanno deciso misure unilaterali. In questo contesto va anche detto che Nuova Delhi finora si è, in un certo senso, defilata, sebbene siano in gioco ricchi contratti per forniture militari.

E’ l’economia, quindi, che detta le sue leggi geopolitiche anche in questa difficile regione? Le risposte che arrivano dalle diplomazie occidentali più attente all’Asia propendono per il “si”. Si fa notare che Cina e Russia intrattengono forti relazioni con la Birmania e che e un eventuale embargo imposto a livello internazionale sconvolgerebbe tali relazioni. Intanto il veto di Pechino è motivato in senso politico dall'ambasciatore al Palazzo di Vetro Wang Guangya: la Cina - dice - "confina con la Birmania e quindi più di ogni altro è interessata alla stabilità e alla riconciliazione del Paese", giudicando che le sanzioni economiche sarebbero inutili. Inoltre Guangya precisa che "anche se la situazione è problematica, riteniamo che non costituisca una minaccia alla pace e alla sicurezza internazionale".

Il fatto che la questione sia un fatto interno è già stata la ragione attraverso la quale Cina e Russia bloccarono una nuova proposta che chiedeva sanzioni per il regime, presentata nello scorso gennaio. Non va dimenticato che la Cina è interessata ai ricchi giacimenti di gas (equivalenti a centinaia di milioni di barili di greggio), a un porto sull’Oceano Indiano, a oleodotti per portare il greggio proveniente da Africa, Medio Oriente e Venezuela dalla costa orientale del Golfo del Bengala sino alla regione cinese dello Yunnan, ma anche a un mercato per le proprie merci in partenza per l’India, il Medio Oriente e anche l’Europa. Tutto questo per non parlare di quel milione di cinesi che nel giro di questi ultimi anni si sono stabiliti in Birmania.

Comunque sia a Mosca c'é ottimismo sulla possibilità di una svolta in questa lunga e complessa lotta. E l’opposizione - guidata dalla signora Aung San Suu Kyi - potrebbe trovare anche una chiave “asiatica” per definire meglio i suoi obiettivi. Ma questo vorrebbe dire che gli americani verrebbero confinati nel ruolo di spettatori. Ed è una condizione che Bush non accetterà mai.


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J. van Severen et la fondation du VERDINASO

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Joris van Severen et la fondation du VERDINASO

06 octobre 1931: Joris van Severen, natif de la région de Bruges, ancien combattant et ancien député du mouvement « frontiste » (rassemblant les anciens combattants flamands de l’Yser refusant toute nouvelle alliance avec l’ennemi héréditaire français) fonde son propre mouvement, le VERDINASO (« Verbond der Dietsche NationaalSolidaristen » ou « Alliance des Nationaux Solidaristes Thiois »).

Dans le contexte de 1931, avec toutes les polémiques soulevées par la flamandisation de l’Université de Gand, la nouvelle formation s’inscrit d’abord, après sa rupture avec les frontistes, dans le cadre du mouvement flamand proprement dit, avec des revendications culturelles et linguistiques. Le mouvement évoluera assez rapidement vers une autre approche, considérant que l’Etat belge est tout à la fois une « relique » de l’ancien « Cercle de Bourgogne » du Saint Empire et un tremplin pour reconstituer celui-ci.

Van Severen rêve de reforger cette unité perdue au départ d’un « Ordre » militant, sorte de chevalerie politisée. L’Etat idéal dans nos régions, selon les visions de van Severen, regrouperait les Pays-Bas, la Belgique et le Grand Duché du Luxembourg et récupèrerait les régions méridionales de la Flandre et du Hainaut, ainsi que l’Artois, afin de recréer les fameuses « XVII Provinces » du seizième siècle. Cette vision s’inscrit non seulement dans le contexte du mouvement flamand, dont il est issu, mais exprime aussi une autre orientation générale de la politique belge d’alors, celle de se rapprocher des Pays-Bas, orientation concrétisée dans les « Accords d’Oslo » de 1931. La vision de van Severen doit être également analysée dans le cadre du renouveau bourguignon, qui animait la Belgique à l’époque, et dont le seul témoignage tangible reste la décoration du Sénat fédéral, avec ses magnifiques portraits en pied des Ducs de Bourgogne.

Albert I, à la fin de son règne, souhaitait se détacher de l’emprise étouffante de la France républicaine, ce qui conduira, après sa mort suspecte en février 1934, à la nouvelle politique de neutralité de Léopold III, proclamée officiellement en octobre 1936. Van Severen sera assassiné par des soldats français ivres, à Abbeville, en mai 1940, en même temps que d’autres prisonniers innocents. C’est un lieutenant Caron qui était responsable des soudards. Il sera fusillé par les Allemands après un procès correct. La ville d’Abbeville a toutefois l’outrecuidance de lui consacrer une rue. Un scandale qui devrait cesser, mais la diplomatie belge, vendue, gangrenée par un esprit favorable au jacobinisme, n’ose pas faire pression pour que cesse cette ignominie.

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El realismo politico europeo

El realismo

político europeo


Hay un vínculo espiritual que une a los grandes escritores de la tradición política (expresión que, para lo que aquí nos ocupa, es acaso más precisa que tradición occidental). Vínculo que a veces se afloja, distenso, pero que siempre ata.
No me refiero al republicanismo, que en su apariencia liberal se ha convertido en el refugio de la socialdemocracia de la cátedra. Esto es oportunismo intelectual menguante. Aquello, en cambio, es lo que tienen en común Kautylia, Tucídides, Aristóteles, Maquiavelo, Bodino, Hobbes, Saavedra Fajardo, Tocqueville. También escritores contemporáneos como Carl Schmitt, Raymond Aron, Julien Freund, Gianfranco Miglio, Bertrand de Jouvenel, Hans J. Morgenthau, Panajotis Kondylis. Coetáneos como Alain de Benoist o Günter Maschke. Y coterráneos también: Álvaro d’Ors, Gonzalo Fernández de la Mora, Dalmacio Negro. Etc. La lista no es, contra lo que pueda parecer, pequeña. Sobre todo si mencionan los méritos intelectuales de todos ellos.

El «realismo político» es una visión de lo político y la política que se atiene a realidad efectiva de la cosa. Parece sencillo alcanzarlo, pues casi todo el mundo pretende atenerse a los datos empíricos de la cosa pública. Nada más lejos de la realidad. Pues se habla del «realismo político» como se habla de los tópicos: con una inconsciente y grave imprecisión.

Acaba de aparecer en la Región de Murcia, auspiciada por la Sociedad de Estudios Políticos, una nueva colección que pretende calar en esta compleja familia de espíritu. Es su objetivo «recoger los textos fundamentales del realismo político contemporáneo, así como estudios sobre sus representantes más notables». El primer tomo está dedicado a Julien Freund, maestro contemporáneo de la ciencia política y de la polemología. Llamado a ocupar un lugar destacado entre sus pares, su obra no ha recibido todavía la atención que merece. Ni siquiera en Francia –aunque esto, por otro lado, resulta normal si se tiene en cuenta la declinación del pensamiento político francés desde los años 80, abismado en las jergas académicas–. Dos países constituyen la excepción europea: Italia y España. El de Juan Carlos Valderrama (Julien Freund. La imperiosa obligación de lo real) es el segundo libro que en nuestro país se dedica al sabio francés. A este habrá de seguirle muy pronto, estoy seguro, un tercero (la tesis doctoral del propio Valderrama).

Nadie tiene ya excusa, en lengua española, para no tener una idea clara del «realismo político», la antiideología perenne. Tampoco para sostener ciertas ideas peregrinas sobre el «neorrepublicanismo», la última ideología para profesores que tanto gusta, lo estamos viendo desde hace unos años, al inesciente centro-derecha hispánico.

J. C. Valderrama Abenza, Julien Freund. La imperiosa obligación de lo real. Prólogo de Rafael Alvira. Sociedad de Estudios Políticos de la Región de Murcia, Murcia, 2006, 213 pp. 11’90 €. ISBN: 84-933994-5-0. Distribuye:
Ediciones Isabor (publicaciones@edicionesisabor.com)

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vendredi, 05 octobre 2007

Couronnement de Louis le Pieux

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05 octobre 816: Le pape Etienne IV couronne Empereur Louis le Pieux, dernier fils survivant de Charlemagne. Le pontife romain profite de l’extrême bigoterie de ce Louis pour renforcer le pouvoir spirituel (papal) et minimiser le pouvoir impérial, dit « temporel », avec une nuance de mépris totalement injustifié. Rome tente ainsi d’ôter tout caractère religieux et sacré à la figure de l’Empereur. C’est une première étape de la lutte qui opposera, tout au long du moyen âge, les Papes aux Empereurs, et qui culminera dans la querelle des investitures (11ième siècle) et dans l’hostilité radicale et viscérale de la Rome papale aux Hohenstaufen. Cette querelle affaiblira considérablement l’Europe, qui malgré l’énergie et le génie de ses peuples, ne pourra dès lors pas se débarrasser vite et de manière définitive, des dangers arabe et turc.

Sans le schisme de 1054 entre Rome et Byzance, sans la querelle des investitures de 1075, sans les heurts entre Frédéric II de Hohenstaufen et ses descendants, d’une part, et la papauté, d’autre part, l’Europe aurait conserver ses conquêtes des croisades, aurait bouté les Maures hors d’Espagne dès la fin du 11ième siècle et aurait eu toutes les chances d’unir, au départ d’un centre germanique tel Aix-la-Chapelle, les deux rives de la Méditerranée. Malgré cette servilité à l’endroit de l’Eglise, Louis le Pieux introduit néanmoins les règles de l’ « Ordinatio Imperii », qui tente d’éviter des partages de l’Empire à la mort du souverain. L’objectif est de maintenir l’unité, mais Louis le Pieux sera le premier à ne pas la respecter en réservant un morceau de son empire à son fils Charles le Chauve (Rhétie, Souabe et Alsace), après le couronnement de son aîné Lothaire.

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Géopolitique japonaise

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La géopolitique japonaise hier et aujourd'hui

par Bertil HAGGMAN

L'arrière-plan

Lorsque la Zeitschrift für Geopolitik  de Karl Haushofer sort son premier numéro en 1924 à Munich en Allemagne, rapidement des exemplaires de cette revue se retrouvent entre les mains de géographes et de politologues japonais. Le Prof. Nobuyuki Iimoto publie dès 1928 un article sur la nouvelle science géopolitique allemande dans Chirigaku Hyoroon  (Revue de Géographie). Il y faisait la distinction entre la géopolitique proprement dite et la géographie politique, introduite au Japon quelques années auparavant. Parmi les thèmes abordés dans cet article: la théorie organique de l'Etat, forgée au départ par le professeur suédois Rudolf Kjellén. En 1936, le livre fondamental de Kjellén, Staten som lifsform  (L'Etat en tant que forme de vie) fut traduit en japonais par le Prof. Abe Shigoro (1).

La crise mandchoue des années 30 renforça l'intérêt des milieux universitaires japonais pour la géopolitique. La géopolitique allemande devint ainsi l'étoile polaire des géopolitologues asiatiques. Ces derniers ne concevaient pas la géopolitique comme un simple instrument politique à l'usage des nations «have not», des nations démunies de ressources et d'espace. Ils la considéraient comme l'assise philosophique destinée à déterminer les objectifs politique et à les atteindre. Pendant ce temps, le Prof. Karl Haushofer, doyen de la géopolitique allemande, focalisait toute son attention, dans les colonnes de la Zeitschrift für Geopolitik, sur les problèmes de l'Asie et de l'Océan Pacifique, son thème privilégié.

L'influence de Haushofer

Entre 1908 et 1910, Haushofer, qui accéda au grade de général pendant la première guerre mondiale, fut instructeur auprès de l'artillerie japonaise. Il avait été très impressionné par la société japonaise. Raison pour laquelle la thèse de doctorat de Haushofer, présentée en 1911, traitait des bases géographiques de la puissance militaire nipponne. Entre 1913 et 1941, il écrivit pas moins de huit livres sur le Japon.

Le Général Haushofer entretenait un profond respect pour ce qu'il appelait l'«instinct géopolitique» du Japon, qu'il décrivait comme tel:

1. Il y a au Japon une très forte conscience des dangers qui menacent l'existence de la nation. Cette conscience a impressionné Haushofer.

2. Le gouvernement japonais est particulièrement habile à décrire le pays comme dépourvu d'espace suffisant pour nourir sa population en pleine croissance et comme menacé par les puissances environnantes.

3. Le Japon fait usage des règles du jiu-jitsu, c'est-à-dire qu'il est capable de faire machine arrière, afin de prendre distance pour observer l'ennemi et attendre qu'il fasse un faux mouvement. Ce mouvement peut alors être utilisé pour le mettre hors de combat.

Le Professeur Haushofer cultivait également un grand respect pour le shintoïsme: «Parmi les phénomènes qu'il convient d'observer parallèlement à la géopolitique, dont notamment la puissance imaginative, les impulsions artistiques et la géographie culturelle, le shintoïsme, force spirituelle qui émerge dans l'espace pacifique, est là-bas le fait de vie le plus solide. Le shintoïsme a absorbé et assimilé le bouddhisme, la philosophie nationale des Chinois et la culture occidentale, tout cela sans perdre les caractéristiques propres qui en font une culture de l'espace pacifique» (2).

L'une des idées principales de Haushofer était de forger une ligue des plus grandes nations d'Asie (Japon, Chine, Inde), dont l'Empire du Soleil Levant serait la puissance-guide «depuis l'Indus jusqu'au fleuve Amour» en incluant les petites nations de la région. Mais contre la volonté de la Chine ou de l'Inde, Tokyo ne pourrait jamais réaliser ce leadership. Hélas, l'invasion de la Mandchourie par les forces nipponnes en 1931 transforma la Chine en un ennemi juré du Japon et alarma les Indiens. Cependant, Haushofer carressait d'autres plans. Il envisageait aussi une «alliance transcontinentale entre l'Allemagne, la Russie et le Japon», espérant ainsi damer le pion des puissances thalassocratiques et impérialistes. Ce bloc, rassemblé autour de ces trois Etats, donnerait au Japon l'assurance de ne pas être attaqué depuis le continent et lui permettrait de se tailler un empire en Asie. Les Japonais, peuple marin, pouvaient de la sorte s'élancer vers l'horizon, plus précisément vers l'Australie, continent quasi vide qui aurait pu résoudre leurs problèmes démographiques.

Les Japonais remarquaient à l'époque que Haushofer, «pendant son séjour au Japon, avait étudié à Kyoto, ancienne capitale impériale et cœur de la tradition nipponne, plutôt que dans les villes européanisées que sont Yokozuka, Kobe, etc. Il rapporte dans ses mémoires qu'il s'est trouvé dans le temple de Kyoto, près du mausolée des Empereurs et qu'il est entré là en contact direct avec l'esprit japonais. Raison pour laquelle, dans la pensée haushoférienne, on percevra plus clairement et plus profondément l'influence du japonisme que chez n'importe quel autre Euro-Américain» (3).

Le Dr. Saneshige Komaki, professeur de géographie à l'Université Impériale de Kyoto, était un admirateur de la pensée «japonisée» de Haushofer et l'un des principaux instigateurs d'une géopolitique japonaise spécifique. Son point de départ: jeter les bases historiques et géographiques du futur empire japonais. La pensée géopolitique, selon le Prof. Komaki, avait émergé au Japon dès le XVIIIième siècle, bien avant le géographe allemand Friedrich Ratzel, le Prof. Haushofer ou le Suédois Kjellén.

La Société Géopolitique de Kyoto (SGK)

Le Prof. Saneshige Komaki était le président de la Kyoto Chiseigaku-kai (la Société Géopolitique de Kyoto; SGK). Comme nous venons de la dire, il était le promoteur d'une géopolitique spécifiquement japonaise, axée sur les prédispositions et les intérêts nationaux du Japon. Entre 1940-1945, il écrivit neuf ouvrages de géopolitique (4).

L'Association Géopolitique Japonaise (AGJ)

La Nihon Chiseigaku-kai (l'Association Géopolitique Japonaise; AGJ) a été mise sur pied à Tokyo en novembre 1941. Elle se référait plus directement à la géopolitique allemande que la SGK. Les recherches entreprises par l'AGJ mettaient l'accent sur «l'espace terrestre et maritime entourant le Japon et formant son Lebensraum».  L'objectif était de créer un Etat défensif japonais (un Wehrstaat). L'AGJ publiait un mensuel, Chiseigaku  (= Géopolitique) et organisait régulièrement des conférences. La SGK et l'AGJ ont eu nettement moins d'influence au Japon que l'Institut et la revue de Haushofer n'en ont eue en Allemagne.

L'Association de Recherches sur la Politique Nationale (ARPN)

La Kusaku Kenkyu-kai (Association de Recherches sur la Politique Nationale; ARPN) fut créée en 1937 par le Baron Kiumochi Okura et par Kazuo Yatsugi. Parmi les 2000 membres de l'association, on comptait de hauts fonctionnaires appartenant à divers ministères. Le rôle de Yatsugi a été particulièrement important: il ébaucha la fameux «Plan de Dix Ans pour parfaire une Politique Nationale Intégrée». Ce texte a servi de base à la célèbre «Grande Sphère de Co-prospérité Est-Asiatique» (GSCPEA), un Grossraumordnung, un «ordre grand-spatial» japonais, qui englobait les territoires conquis par les armées nipponnes pendant la seconde guerre mondiale. Selon ce plan, le Japon devait créer une sphère économique comprenant l'archipel nippon et le Manchukuo, la Chine servant de base et le Japon de cœur et de moteur. Dans cette sphère, il fallait également inclure la Sibérie orientale, la Mongolie intérieure et extérieure, les Etats du Sud-Est asiatique, l'Inde et l'Océanie. En avril 1943, l'ARPN, sous la direction de Yatsugi, publia «Le Plan des mesures à prendre pour construire la GSCPEA», document important, révélant clairement la politique japonaise, et influencé directement par le livre de Haushofer sur la géopolitique de l'Océan Pacifique.

L'Association de Recherches Showa (ARS)

La Showa Kyenkyu-kai (ARS) a été constituée en novembre 1936 par Ryunosake Goto, un ami intime du Premier Ministre japonais Konoe. Comptant 300 membres, l'ARS entretenait des liens étroits avec le Bureau du Plan du Cabinet, qui avait élaboré le plan final de la GSCPEA. L'ARS a publié un certain nombre de livres et d'essais qui ont eu une influence très profonde sur la politique impériale japonaise.

La Ligue pour l'Asie Orientale (LAO)

La Toa Renmei Kyokai (Ligue pour l'Asie Orientale; LAO) a été fondée par le Lieutenant-Général Kanjii Ishiwara en septembre 1939. Cet officier avait étudié en Allemagne dans les années 20. L'objectif de la LAO était de créer une «ligue des nations» orientales, basée sur l'Odo (La Voie Royale ou la Droite Voie). Le premier objectif était de libérer l'Asie orientale de toutes les influences extérieures. Cette Ligue publiait la revue Toa Renmei  (= Ligue Est-Asiatique). Des sociétés affiliées ont été formées par la suite dans le Manchukuo et en Chine. Le plan conçu par la LAO, prévoyant une alliance entre le Japon, le Manchukuo et la Chine, avait l'appui du Premier Ministre Konoe et de Wang Ching-wei, qui présidait le gouvernement chinois de Nanking pour le compte des Japonais. Ishiwara et ses amis ont été déçus de la politique menée par le Japon en Chine au cours de la seconde guerre mondiale. Celle-ci isolait le Japon de son principal allié potentiel. L'influence de la LAO a rapidement décliné à partir de la moitié de l'année 1941.

Commentaires et conclusion

L'objet de notre article a été de présenter de la manière la plus neutre possible la pensée géopolitique japonaise entre 1920 et 1940. Après sa défaite de 1945, le Japon a abandonné la géopolitique d'inspiration haushoférienne. Par une sorte d'ironie de l'histoire, le Japon de notre après-guerre, a acquis une influence bien plus prépondérante par des moyens pacifiques en Asie orientale et dans l'espace pacifique. La situation dans notre après-guerre diffère certes considérablement de celle qui règnait pendant l'entre-deux-guerres. Les pays asiatiques ne sont plus soumis au colonialisme et le Japon, devenu démocratique, est demeuré un fidèle allié des Etats-Unis. Il n'empêche qu'un Japon fort sur les plans économique, politique et militaire pourrait bien jouer dans l'avenir un rôle plus important dans les affaires du monde. Surtout, s'il se crée une alliance transcontinentale entre la CEE, la Russie et le Japon. Cette alliance constituerait le bloc de loin le plus puissant et le plus fort de l'ère post-communiste. L'opposition d'hier entre, d'une part, le heartland  de Mackinder, c'est-à-dire la principale puissance terrestre, et, d'autre part, la puissance thalassocratique, fera place à une opposition d'un type nouveau entre la puissance thalassocratique dominante et un bloc qui contrôlerait non seulement le heartland  dans son ensemble mais pourrait aussi déployer des capacités maritimes à ses extrémités orientale et occidentale. Pour la première fois dans l'histoire, le heartland se développerait sous le contrôle d'une économie de marché libre et démocratique, renforcé par deux puissances servant de porte-avions et de ports avancés, la Grande-Bretagne et le Japon. Mais comme l'antagonisme commercial entre le Japon, d'une part, la CEE et les Etats-Unis, d'autre part, l'alliance transcontinentale euro-russo-japonaise ne deviendrait sans doute pas une réalité à court terme mais constituera inéluctablement un projet à long terme, pour après l'an 2000.

Bertil HAGGMAN.

Notes:

(1) Dans ce livre, le Prof. Kjellén explique qu'un «Etat est comme un être humain vivant qui parle, négocie et coopère, ou bien lutte, ou bien hait ou sympathise».

(2) Karl HAUSHOFER, Geopolitik des Pazifischen Ozeans,  1938, p. 445.

(3) Prof. Saneshigi Komaki, Nihon Chiseigaku Gakusho (= Mémorandum pour une géopolitique japonaise), 1944, pp. 42 et 51.

(4) Nihon Chiseigaku Sengen (= Déclaration en faveur d'une géopolitique japonaise), 1940; Toa no Chiseigaku (= Géopolitique de l'Asie orientale), 1942; Dai Toa no Chiseigaku (= Géopolitique de la Grande Asie Orientale), 1942; Nihon Chiseigaku (= Géopolitique japonaise), 1942; Zoku Nihon Chiseigaku Sangen (= Nouvelle déclaration en faveur d'une géopolitique japonaise), 1942; Sekai Shinchitsujo Kensetsu to Chiseigaku (= Construction du Nouvel Ordre Mondial et Géopolitique), 1944; Nihon Chiseigaku Gakusho (= Mémorandum pour une géopolitique japonaise), 1944. D'autres textes importants de l'auteur sont parus dans des ouvrages collectifs.   

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K.Hamsun: l'irremovibile forza

Knut Hamsun, il poeta dell’irremovibile forza
 

di Roberto Alfatti Appetiti - 21/09/2007



Quando il 26 maggio del 1945 venne arrestato, con l’accusa infamante di tradimento nei confronti del proprio paese, Knut Hamsun aveva ottantacinque anni ed era uno dei più famosi scrittori norvegesi, senza dubbio il maggiormente amato ed il più rappresentativo dell’intera letteratura nordeuropea contemporanea.
L’intera vicenda della sua vita fu frutto di una serie di equivoci, a cominciare dal suo stesso nome, Knut Pedersen, che, come vuole una delle leggende che lo riguardano, a causa di un errore di stampa nella firma apposta in calce ad un articolo giornalistico, venne modificato in Knut Hamsun, da Hamsund, suo luogo d’origine.
I suoi antichi sentimenti filotedeschi (che lo avevano visto schierato con la Germania già nella prima guerra mondiale) e anglofobi («un giorno la Germania castigherà l’Inghilterra a morte, perché è una necessità della natura»), erano largamente condivisi da molti conterranei. La Norvegia era infatti un paese giovane e, come tale, animato da un diffuso nazionalismo (l’autonomia politica dalla Danimarca risaliva soltanto al 1814). Altrettanto forte era l’influenza che il romanticismo tedesco esercitava sulla letteratura europea. Non c’è da sorprendersi, pertanto, se Hamsun guardò con fiducia ad una politica di dialogo (non sempre facile) con la Germania nazista e individuò in Vidkun Quisling, il leader populista che si proponeva di portare la Norvegia all’interno di una grande confederazione germanica, e nel Nasjonal Samling, i suoi interlocutori naturali.
Sarebbe però erroneo e superficiale definire Hamsun, come è stato fatto, tout court uno scrittore fascista. E’ più corretto dire che, come altri intellettuali della sua epoca, è stato “tentato” dal fascismo. O, meglio, che il suo fascismo «non è stato un fenomeno semplicemente politico. Sul piano politico, essi non sono interamente fascisti. […] Il loro fascismo è esistito soprattutto nella loro fantasia di artisti».
Ad affermare questa tesi è stato un professore finlandese, Tarmo Kunnas, che, su tale argomento, ha scritto un bellissimo libro, La tentazione fascista (Akropolis 1981), nel quale approfondisce con scrupolosa serietà le idee di quegli scrittori come Knut Hamsun, Ezra Pound, Pierre Drieu La Rochelle, Louis Ferdinand Céline, Ernst Jünger, Gottfried Benn, Robert Brasillach e Alphonse de Châteaubriant, che guardarono con simpatia alla nascita dei fascismi europei.
Nell’opera, definita da Renzo De Felice «il più bel libro scritto su quel tema difficile e irto di trabocchetti che è il discorso sull’ideologia fascista», sostiene che è stato «l’antidemocraticismo» dei movimenti fascisti ad attrarli, pur nella diversità dei singoli approcci e nelle differenti sensibilità culturali. L’avversione alla democrazia non significa necessariamente, però, condivisione del classismo borghese o del corporativismo fascista. Al contrario «lo spirito antidemocratico di questi intellettuali non esclude comunque una simpatia per il popolo minuto, per la gente più umile».
L’adesione al fascismo di questi artisti non è dettata da contingenze ed opportunità, meno che mai da utilità personali, considerando il prezzo che ognuno di loro ha pagato alla storia scritta dai vincitori. Nella politica credono di trovare lo strumento per affermare un’etica, una concezione del mondo e della vita prefascista, diversa rispetto a quella moderna.
«L’opera letteraria di Hamsun», spiega Kunnas, «riflette una specie di ideale patriarcale della società. Le diverse classi sociali non sono ostili l’una all’altra, sono piuttosto le ideologie del XIX secolo a far nascere una tensione sociale». «Non è forse un fatto che molto, molto tempo fa, gli uomini erano più felici di esistere di adesso?», si domanda lo stesso Hamsun.
La ricerca di Kunnas si pone e pone al lettore una questione: «potevano uomini educati ad una concezione tragica ed eroica dell’esistenza, toccati dal relativismo morale nietzscheano, in rivolta contro lo spirito borghese del tempo, sottrarsi al fascino epocale di quel progetto di trasgressione dei valori meramente sociali e secolari che prometteva, nello sforzo colossale e solenne di una nazionalizzazione delle masse, cattedrali di luce e imperi per un nuovo millennio?».
Con particolare riferimento a Hamsun, ricorda, a chi sostiene che la veneranda età dello scrittore norvegese abbia, per così dire, inciso nelle sue scelte (quasi si trattasse di una patologia o fossero state determinate da un capriccio senile), che lo scrittore «già da giovane era furiosamente antidemocratico. Nel 1893 criticava severamente la democrazia americana, che rappresentava secondo lui la mediocrità e una cultura massificata. Egli pensava che un processo di democratizzazione formasse un vero e proprio pericolo per la cultura europea. Il giovane Hamsun non si entusiasma per la libertà democratica, perché a suo giudizio essa non è che una libertà astratta per la massa, e non una libertà concreta per un vero individuo».
Era convinto che, in un’Europa governata da Hitler, la Norvegia avrebbe conservato e persino rafforzato la propria identità nazionale e reagito ad una decadenza che diversamente sarebbe stata irreversibile. Come scrive Kunnas è proprio «l’idea di decadenza» ciò che è «realmente unificante fra i diversi intellettuali fascisti». «Anche se ciascuno di loro ha visto un po’ alla propria maniera la decadenza della società occidentale, sono stati d’accordo nell’essenziale. Il mondo moderno occidentale è in piena decadenza. Non si tratta semplicemente di una decadenza sociale o politica, ma anche biologica e culturale. E’ lo stesso nucleo della vita che è stato colpito. L’uomo ha perso il contatto con le forze mitiche della vita, con l’istinto, con l’intuizione. E’ interessante constatare come gli scrittori ritenuti pessimisti diventino ottimisti nel momento in cui cominciano a credere in una rigenerazione fascista della civiltà europea».
Knut Hamsun vide nel nazionalsocialismo «una manifestazione della vitalità, di una possibile rinascita della civiltà occidentale minacciata da una democrazia plutocratica e da un comunismo tirannico. Come gli altri, egli ha sognato un nuovo sentimento della vita, autentico, antimaterialistico, che sapesse rispettare anche l’irrazionale e l’istintivo. Egli ha sperato che il fascismo riuscisse a ristabilire le gerarchie naturali, un modo di vita sano, rurale, naturale».
Nelle sue opere c’è l’esaltazione del mondo contadino e della società preindustriale, ancora non corrotta dalle ideologie moderne. Ne Il risveglio della Terra, il romanzo che gli fruttò il Premio Nobel, dà vita al personaggio che rappresenta meglio di ogni altro il suo modello antropologico. Isak, prima ancora di essere un contadino, è un uomo semplice ma non sprovveduto, rude ma non freddo, ostinato e resistente di fronte alle avversità della vita, un uomo disposto a lottare per ciò in cui crede, per la sua famiglia prima di ogni altra cosa. E’ un uomo che vive in sintonia con la natura, che non ha bisogno di consumare per sentirsi appagato. Non è schiavo delle apparenze, non deve necessariamente esibire i suoi sentimenti, è un uomo tutta sostanza, spirituale. Così lo descrive Hamsun nelle prime pagine del romanzo: «Dorme la notte su un letto di legna di pino accatastata; già si sente a casa lì, con un letto di pino sotto la roccia sporgente».
«Se consideriamo l’opera di Knut Hamsun come politicamente sospetta», conclude Kunnas la sua prefazione alla traduzione italiana, «ci troviamo nello stesso momento di fronte ad una tradizione culturale che diventa sospetta» ed è, quest’osservazione dell’intelletuale finlandese, assolutamente condivisibile.
Di certo le simpatie hamsuniane per il nazionalsocialismo non furono motivate da ambizioni personali, né dall’aspettativa di alcun tornaconto, come pure qualche impudente provò ad adombrare. Lo stesso Hamsun, presentandosi davanti ai giudici, rinunciando ad avvalersi di un difensore e senza chiedere clemenza, l’affermò con forza: «Chi osa affermare che io, a quest’età, andassi alla ricerca di onori? Giovani giudici, che avete già pronunciato cinquantamila condanne per collaborazionismo, in una terra di tre milioni di abitanti, volete punire il vostro vecchio poeta nazionale?».
E il termine “punire” si dimostrerà solo un delicato eufemismo. Subì, come gli altri grandi scrittori europei accusati di collaborazionismo, l’avvilente trafila di una penosa pantomima giudiziaria: accuse generiche, processi farsa, senza riscontri, senza prove, le cui sentenze erano già scritte ben prima della conclusione dei procedimenti. «Il tribunale», come ha scritto Luigi De Anna nel “profilo” Le illusioni di un viandante (pubblicato sul numero 8 dalla rivista quadrimestrale di cultura politica Trasgressioni, diretta dal professore fiorentino Marco Tarchi), «aveva già deciso la condanna, o meglio essa era stata già emessa dalla stampa norvegese e da una parte dell’opinione pubblica».
Davanti alla Corte si difese dalle accuse, pur senza fare abiure e rinnegare se stesso, anzi rivendicando di essere sempre stato «onesto e sincero»: «Ciò che io scrivevo non era sbagliato nella sua essenza, e nemmeno era sbagliato nel momento che lo scrivevo. Era giusto ciò che scrivevo e quando lo scrivevo [...] Mi era stato detto che la Norvegia avrebbe occupato un posto eminente nella grande società mondiale germanica in gestazione; chi più, chi meno, allora tutti quanti ci credevano. E anch’io ci avevo creduto. Quindi è chiaro che, scrivendo, dicevo quello che credevo. […] Perché scrivevo? Scrivevo per impedire che la Norvegia, ossia i giovani e gli uomini adulti, si comportassero stoltamente verso la potenza occupante, che la provocassero inutilmente col solo risultato di portare se stessi alla perdizione e alla morte».
Posizione condivisa da altri intellettuali: Pierre Drieu La Rochelle auspicava: «ogni occupazione da parte della Germania doveva mutuarsi in rivoluzione nazionale, ogni rivoluzione doveva costituire un palpito della rivoluzione europea»
Hamsun avrebbe potuto uccidersi, come fece Drieu: «Si, sono un traditore. Sì, ho collaborato con il nemico. Non è colpa mia se quel nemico non era intelligente. Sì, non sono un patriota qualunque, un nazionalista con il paraocchi, sono un internazionalista. Non sono soltanto un francese, ma un europeo. Anche voi lo siete, coscientemente o incoscientemente. Ma abbiamo giocato ed io ho perduto, esigo la morte».
Ma il vecchio norvegese era uomo troppo orgoglioso per farlo e con la coscienza troppo tranquilla. Robert Brasillach venne fucilato, nonostante la mobilitazione in sua difesa di buona parte del mondo culturale francese. Ezra Pound, prima di essere scagionato da ogni accusa, subì per oltre un anno l’onta del manicomio criminale. Ferdinand Céline fu costretto alla fuga e all’esilio. Anche Hamsun avrebbe potuto scappare, «in Svezia, come hanno fatto tanti altri […] Vi avevo molti amici, vi si trovavano i miei grandi e potenti editori […] Senza poi contare che avrei potuto trovare il verso di sgaiattolarmela in Inghilterra, come facevano molti altri. I quali sono poi tornati da eroi, per il fatto che avevano abbandonato il loro paese, per il fatto che se n’erano scappati. Io non feci nulla del genere; io non mi mossi. Una simile fuga non mi sarebbe mai venuta in mente. Credetti di poter servire meglio il mio paese restando dov’ero […] La Norvegia doveva avere un posto eminente fra i paesi germanici europei. […] E mi pareva che, per quell’idea, valesse la pena di faticare, di lottare».
Rispettava «l’autorità giudiziaria» del suo paese, ma «non più in alto» di quanto rispettasse la sua «coscienza del bene e del male, di ciò che è giusto e di ciò che è ingiusto. Credo d’essere abbastanza vecchio per aver diritto a possedere una linea di condotta». Dagli arresti domiciliari venne tradotto in un ospedale psichiatrico e poi in un ospizio, subendo un trattamento indegno, fatto di una esecrabile violenza morale e fisica. Era ormai un uomo vecchio, quasi del tutto sordo, giunto al termine della vita, eppure furono innumerevoli le vessazioni e le umiliazioni che fu costretto a subire nei quattro anni in cui fu privato della libertà, non ultima la curiosità invadente e morbosa di alcuni medici (che si spinsero sino a pretendere informazioni dettagliate sulla sua vita sessuale con la moglie).
Contrariamente a quanto avrebbe voluto, evitò il processo penale perché le sue facoltà mentali vennero certificate come «indebolite». Hamsun si “vendicò” di questo mortificante giudizio scrivendo un ultimo capolavoro, Sui sentieri dove cresce l’erba (l’opera, che contiene tra l’altro l’autodifesa di Hamsun, venne tradotta per la prima volta in Italia nel 1962 per i tipi del Borghese, poi da Ciarrapico, con il titolo Io, traditore e con la bella prefazione di Adriano Romualdi, ed oggi è ripubblicata dall’editore Fazi).
Ma non sfuggì al procedimento civile, che quantificò i danni provocati alla Norvegia (per i suoi articoli politici, sic!) in trecentoventicinquemila corone, spogliandolo così di ogni bene.
Una persecuzione crudele, ben resa nei suoi dettagli da Thorkild Hansen nell’imponente (per documentazione) Il processo Hamsun (1978). Quest’opera è stata «il punto di partenza» del più recente Processo a Hamsun (Iperborea 1996), come ha dichiarato l’autore Per Olov Enquist. Quest’ultimo lavoro era nato come sceneggiatura per il film Hamsun di Jan Troell, interpretato da Max von Sydow e presentato con un discreto successo al Festival di Venezia nel 1996, ma possiede una certa forza letteraria. L’interpretazione dello scrittore svedese, anche se si muove da valutazioni diverse da quelle di Hansen (a differenza del quale giudica «giusto» il processo di Hamsun), è fondamentalmente onesta, sino a riconoscere la buona fede del grande norvegese quando afferma: «personalmente credette di giocare il ruolo di chi vuole salvare la patria». E’ un libro pieno di dettagli, ma mai invadente, anzi è persino delicato quando descrive gli ultimi giorni di vita dello scrittore, la ritrovata complicità con la seconda moglie Marie, condannata anche lei per collaborazionismo.
La colpa di Hamsun? Come scrive Goffredo Fofi nella prefazione, è quella di essere stato un grande scrittore, tanto da aver ottenuto il Premio Nobel per la letteratura nel 1920, e di essere stato (e rimasto) filotedesco fino alla fine dei suoi giorni: «La colpa di Hamsun fu enorme anche per questo, per la sua notorietà, per il fatto che l’autore più amato e considerato del suo paese, orgoglio e vanto della Norvegia, si fosse posto dalla parte dell’occupante».
Subì un vero «processo alle idee», come Diorama Letterario (mensile di attualità culturali e metapolitiche diretto da Marco Tarchi) titolò uno dei due numeri monotematici che ha dedicato, oltre dieci anni fa, allo scrittore norvegese: Il caso Hamsun, un processo alle idee, n. 131 del novembre 1989, e Sui sentieri di Knut Hamsun, n. 121 del dicembre 1988. Il merito di Diorama Letterario è stato proprio quello di aver affrontato con serietà, e con un approccio diremmo “scientifico”, un ampio studio della vita e delle opere di Hamsun, affiancando ad articoli “divulgativi” anche numerosi contributi di “specialisti”, senza scegliere, anzi evitando di percorrere, la scorciatoia del ricorso a facili apologie ad uso di “fedeli”, come nelle cattive abitudini della pubblicistica di destra. L’intento di Diorama non era quello, riduttivo e strumentale, di ribadire la collocazione politica di Hamsun “a destra” e magari di rivendicarne la continuità in una comune battaglia di idee, ma piuttosto di sottolinearne la complessità del pensiero, di offrire maggiori informazioni ed elementi sull’intera opera dello scrittore, al fine di costringere la cosiddetta cultura ufficiale a confrontarsi «con l’uomo, con le sue idee e le sue scelte».
Il modo più efficace per conoscere Hamsun rimane senz’altro quello di avvicinarsi ai personaggi, tutti autobiografici, delle sue opere. Nel 1890 raggiunse il successo letterario, prima ancora di compiere trent’anni di età, con Fame. Il protagonista è un giovane che, in una Oslo che ancora si chiamava Cristania, combatte per affermarsi come giornalista. Per scrivere affronta mille difficoltà di carattere pratico, facendo persino la «fame» e vivendo come un “viandante”. Lo stesso Hamsun, scrisse che così conobbe «l’infinita varietà dei movimenti della mia piccola anima, la stranezza originale della mia vita mentale, il mistero dei nervi in un corpo affamato». E’ il primo dei personaggi hamsuniani, tutti simili nel temperamento. Sono sognatori, uomini selvatici e primitivi, sinceri, imprevedibili, alteri e beffardi, impulsivi e capricciosi, sempre con i nervi scoperti, irrequieti, dispettosi, a tratti fanfaroni, lunatici, infantili, ribelli e impetuosi, dei veri vagabondi animati dalla volontà di liberarsi della civiltà moderna. Vivono a loro agio solo fuori dalla città, a contatto con una natura spesso aspra, ma mai ostile. Sono uomini che non subiscono il fascino delle illusioni moderne, pronti ad innamorarsi di un’idea, di una immagine, di una donna, mai cinici e quasi sprovveduti di fronte all’amore e alle inesorabili disillusioni che la modernità finisce per infliggergli, chiamandoli brusamente ad un’arida attualità. «Sono comete, stelle strappate alla loro orbita», annota Robert Steuckers nel suo contributo su Diorama Letterario. In Pan, il tenente Glahn, protagonista di questo straordinario romanzo (pubblicato per la prima volta nel 1894 e da poche settimane tornato nelle nostre librerie in una bella edizione Adelphi), eroe malato di nordica malinconia, sceglie di lasciare l’uniforme di ufficiale per stabilirsi in una piccola capanna del Nordland, dove la caccia rappresenta il migliore pretesto per godere una solitudine immersa in una natura che sola può donargli un po’ di sollievo, lontana com’è dalla disprezzata società mercantile e industrializzata. Però è proprio nel momento in cui Glahn cede alle lusinghe dell’amore di una ragazza del vicino villaggio, che, come ha efficacemente scritto Luigi De Anna nel richiamato Le illusioni di un viandante, finisce per «cedere alle lusinghe della civiltà. E si perde. Respinto va a cercare la morte in India». E si uccide anche Nagel, il protagonista di Misteri, uomo “tutta anima”, istintivo e intuitivo, complicato e incoerente, pronto a sfidare con il suo ostentato anticonformismo il mondo intero, a scandalizzarlo e a provocarlo. Ma è sufficiente che la dolcissima Dagny, simile a «neve purissima e spessa come seta», di cui si innamora perdutamente, lo respinga, per non trovare più alcun interesse nella vita. Il loro destino è, come ha colto Steuckers, «quello di quei vagabondi che non hanno la forza di tornare definitivamente alla terra o che, per stupidità, lasciano la foresta che li aveva accolti, come fece Hamsun all’epoca del suo breve sogno americano» (dall’esperienza statunitense trasse un saggio, fortemente critico, La vita culturale dell’America moderna, tradotto da Arianna Editrice).
Il drammatico epilogo riservato ai personaggi può essere letto anche come la metafora della vita di Hamsun, grande scrittore e magnifico interprete di una grande tradizione culturale, quale quella neoromantica germanica, fino a quando non cedette alla tentazione fascista. Sempre per rimanere alle intelligenti considerazioni di Kunnas, pagò l’errore di «aver identificato una concezione del mondo con una politica», con un marchio d’ignominia che ancora è ben impresso su ogni sua opera. Non c’è editore o critico, infatti, che al momento della pubblicazione di un romanzo di Hamsun non avverta, ancora oggi, l’esigenza di mettere in guardia l’umanità della “stranezza politica” di cui si ammalò in vecchiaia lo scrittore.
Eppure basterebbe leggere meglio le sue opere, osservare con attenzione i protagonisti dei suoi romanzi muoversi a loro agio nelle foreste del Nord, ascoltare le loro anime insofferenti, per comprendere come Hamsun abbia solo voluto «recare testimonianza a una precisa scala di valori», irrinunciabili per lui.
«La mia unica amica era la foresta», in queste parole di Thomas Glahn, si evince la personalità dell’autore, di questo scrittore norvegese romantico e irrazionalista. «Il poeta dell’irremovibile forza», lo definì Ernest Hemingway. Non può esserci migliore omaggio a questo grandissimo scrittore, di quello che gli rivolse Thomas Mann, suo devoto ammiratore, per “festeggiarne” il settantesimo compleanno: «Lo ho sempre amato, sin dalla mia gioventù […] Gli incanti incomparabili dei suoi mezzi artistici mi ammaliavano già quando avevo diciannove anni e non dimenticherò mai quello che hanno significato allora per la mia recettività di giovanotto Fame, Misteri, Pan, Victoria, le sue novelle e il diario dei suoi viaggi. La gloria mondiale che è ricaduta sul suo nome con l’attribuzione del premio Nobel mi ha riempito di una soddisfazione veramente personale; trovavo che mai esso fosse capitato ad un poeta più degno di averlo […] E’, dicevo, uno di quegli autori la cui lettura fa nascere un riso solitario, scaturito dalle profondità».
E’ alla terra che Hamsun apparteneva intimamente: «Io sono della terra e del bosco con tutte le mie radici. Nelle città vivo solo una vita artistica con Caffè, spiritosaggini e fantasticherie d’ogni specie, ma appartengo alla terra». Quando scrive il libro-testamento Sui sentieri dove cresce l’erba è un uomo sfinito, consumato, eppure non ha smesso di amare la natura, tanto da scrivere: «Quando mi sono stancato di me stesso e sono vuoto, e mi sento inutile, vado nei boschi. Non aiuta, ma nemmeno rende la situazione peggiore. Non posso più, ormai, ascoltare il mormorio degli alberi, ma posso vedere i rami che dondolano, e anche questo è qualcosa di cui essere grati».
E noi che non ci siamo stancati di leggerlo e amarlo e che gli siamo riconoscenti per le splendide pagine di letteratura che ci ha lasciato, lo salutiamo con affetto. Knut Hamsun, lo scrittore contadino, l’uomo che alla terra è tornato, cinquanta anni fa, la sera del 19 febbraio 1952.

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jeudi, 04 octobre 2007

En souvenir de Julien Freund

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En souvenir de Julien Freund

par Alessandra COLLA

Le 10 septembre 1993, Julien Freund nous a quitté silencieusement. En Europe, il était l'un des plus éminents philosophe de la politique, une référence obligée pour tous ceux qui voulaient penser celle-ci en dehors des sentiers battus. La presse n'en a pas fait écho.

Né à Henridorff, en Alsace-Lorraine, en 1921, il s'engage dans les rangs de la résistance au cours de la seconde guerre mondiale. Dans l'immédiat après-guerre, il enseigne d'abord la philosophie à Metz, puis devient président de la faculté des sciences sociales de l'université de Strasbourg, dont il assurera le développement.

Inspiré initialement pas la pensée de Max Weber, un auteur peu connu dans la France de l'époque, Freund élabore petit à petit une théorie de l'agir politique qu'il formule, en ses grandes lignes, dans son maître-ouvrage, L'essence du politique (1965).

«Le politique est une essence, dans un double sens: d'une part, c'est l'une des catégories fondamentales, constantes et non éradicables, de la nature et de l'existence humaines et, d'autre part, une réalité qui reste identique à elle-même malgré les variations du pouvoir et des régimes et malgré le changement des frontières sur la surface de la terre. Pour le dire en d'autres termes: l'homme n'a pas inventé le politique et encore moins la société et, d'un autre côté, en tous temps, le politique restera ce qu'il a toujours été, selon la même logique pour laquelle il ne pourrait exister une autre science, spécifiquement différente de celle que nous connaissons depuis toujours. Il est en effet absurde de penser qu'il pourrait exister deux essences différentes de la science, c'est-à-dire deux sciences qui auraient des présupposés diamétralement opposés; autrement, la science serait en contradiction avec elle-même».

Ou encore: «La politique est une activité circonstancielle, causale et variable dans ses formes et dans son orientation, au service d'une organisation pratique et de la cohésion de la société [...]. Le politique, au contraire, n'obéit pas aux désirs et aux fantaisies de l'homme, qui ne peut pas ne rien faire car, dans ce cas, il n'existerait pas ou serait autre chose que ce qu'il est. On ne peut supprimer le politique  - à moins que l'homme lui-même, sans se supprimer, deviendrait une autre personne».

Freund, sur base de cette définition de l'essence du politique, soumet à une critique serrée l'interprétation marxiste du politique, qui voit ce dernier comme la simple expression des dynamiques économiques à l'œuvre dans la société. Freund, pour sa part, tient au contraire à en souligner la spécificité, une spécificité irréductible à tout autre critère. Le politique, dans son optique, est «un art de la décision», fondé sur trois types de relations: la relation entre commandement et obéissance, le rapport public/privé et, enfin, l'opposition ami/ennemi.

Ce dernier dispositif bipolaire constitue l'essence même du politique: elle légitimise l'usage de la force de la part de l'Etat et détermine l'exercice de la souveraineté. Sans force, l'Etat n'est plus souverain; sans souveraineté, l'Etat n'est plus l'Etat. Mais un Etat peut-il cessé d'être «politique»? Certainement, nous répond Freund:

«Il est impossible d'exprimer une volonté réellement politique si l'on renonce d'avance à utiliser les moyens normaux de la politique, ce qui signifie la puissance, la coercition et, dans certains cas exceptionnels, la violence. Agir politiquement signifie exercer l'autorité, manifester la puissance. Autrement, l'on risque d'être anéanti par une puissance rivale qui, elle, voudra agir pleinement du point de vue politique. Pour le dire en d'autres termes, toute politique implique la puissance. Celle-ci constitue l'un de ses impératifs. En conséquence, c'est proprement agir contre la loi même de la politique que d'exclure dès le départ l'exercice de la puissance, en faisant, par exemple, d'un gouvernement un lieu de discussions ou une instance d'arbitrage à la façon d'un tribunal civil. La logique même de la puissance veut que celle-ci soit réellement puissance et non impuissance. Ensuite, par son mode propre d'existence, la politique exige la puissance, toute politique qui y renonce par faiblesse ou par une observation trop scrupuleuse du droit, cesse derechef d'être réellement politique; elle cesse d'assumer sa fonction normale par le fait qu'elle devient incapable de protéger les membres de la collectivité dont elle a la charge. Pour un pays, en conséquence, le problème n'est pas d'avoir une constitution juridiquement parfaite ou de partir à la recherche d'une démocratie idéale, mais de se donner un régime capable d'affronter les difficultés concrètes, de maintenir l'ordre, en suscitant un consensus favorable aux innovations susceptibles de résoudre les conflits qui surviennent inévitablement dans toute société».

On perçoit dans ces textes issus de L'essence du politique  la parenté évidente entre la philosophie de Julien Freund et la pensée de Carl Schmitt.

Particulièrement attentif aux dynamiques des conflits, ami de Gaston Bouthoul, un des principaux observateurs au monde de ces phénomènes, Freund fonde, toujours à Strasbourg, le prestigieux Institut de Polémologie  et, en 1983, il publie, dans le cadre de cette science de la guerre, un essai important: Sociologie du conflit, ouvrage où il considère les conflits comme des processus positifs: «Je suis sûr de pouvoir dire que la politique est par sa nature conflictuelle, par le fait même qu'il n'y a pas de politique s'il n'y a pas d'ennemi».

Ainsi, sur base de telles élaborations conceptuelles, révolutionnaires par leur limpidité, Freund débouche sur une définition générale de la politique, vue «comme l'activité sociale qui se propose d'assurer par la force, généralement fondée sur le droit, la sécurité extérieure et la concorde intérieure d'une unité politique particulière, en garantissant l'ordre en dépit des luttes qui naissent de la diversité et des divergences d'opinion et d'intérêts».

Dans un livre largement auto-biographique, publié sous la forme d'un entretien (L'aventure du politique, 1991), Freund exprime son pessimisme sur le destin de l'Occident désormais en proie à une décadence irrémédiable, due à des causes internes qu'il avait étudiées dans les page d'un autre de ses ouvrages magistraux, La décadence (1984). Défenseur d'une organisation fédéraliste de l'Europe, il avait exprimé son point de vue sur cette question cruciale dans La fin de la renaissance (1980). Julien Freund est mort avant d'avoir mis la toute dernière main à un essai sur l'essence de l'économique. C'est le Prof. Dr. Piet Tommissen qui aura l'insigne honneur de publier la version finale de ce travail, à coup sûr aussi fondamental que tous les précédents. Le Prof. Dr. Piet Tommissen sera également l'exécuteur testamentaire et le gérant des archives que nous a laissé le grand politologue alsacien.

Dott. Alessandra COLLA.

(la version italienne originale de cet hommage est paru dans la revue milanaise Orion, n°108, sept. 1993; adresse: Via Plinio 32, I-20.129 Milano; abonnement pour 12 numéros: 100.000 Lire).

Ferdinand de Castille adhère à la Sainte Ligue

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Jules II

Ferdinand de Castille adhère à la Sainte Ligue

4 octobre 1511 : Ferdinand de Castille adhère à la Sainte Ligue, formée à son initiative, à celles du Pape Jules II et de la République de Venise. L’objectif proprement géopolitique, et non religieux car Jules II ne brillait pas spécialement par sa bigoterie, est de bloquer l’avancée française en Italie du Nord et plus spécialement dans la vallée du Pô. L’Angleterre, encore catholique à l’époque, Florence et les Suisses se joindront à elle. Cette initiative est tardive car la volonté des rois de France de grignoter les frontières impériales dans l’ancien Royaume d’Arles (qui s’étendait de la Franche-Comté à la Provence) remontait à près de deux siècles.

En effet, les Français avaient pris pied sur la rive orientale du Rhône. Philippe VI avait acquis le Dauphiné en 1343, marquant l’avancée de la France dans l’ancien Royaume d’Arles. L’acquisition du Dauphiné coupe effectivement la romanité impériale du Nord (Bresse, Savoie, Franche-Comté, Lorraine, Luxembourg, Namur et Hainaut) de la Provence et de la Méditerranée. Le Comté de Provence, isolé, tombera définitivement et de jure sous la domination française en 1481. La chute de la Provence donnera le signal préliminaire des guerres d’Italie, où, après la maîtrise du Rhône, la France cherchera à asseoir sa domination sur la plaine du Pô et, à terme, à absorber Venise, puis toute l’Italie jusqu’aux Etats pontificaux, et à maîtriser l’Adriatique, ses côtes dalmates, pour en faire un tremplin vers la Méditerranée orientale, la Palestine et l’Egypte.

On peut comprendre le projet d’un point de vue isolationniste français, mais sa réalisation empêche tous les autres Etats de se développer harmonieusement : Charles le Hardi (dit le « Téméraire ») se heurtera à se projet, tentera de récupérer les cantons suisses et le Milanais et de reconquérir la Provence, afin de donner aux Etats bourguignons et au Saint Empire une façade sur la Méditerranée occidentale, et à conserver une façade sur la Méditerranée orientale. Le Duc Charles essaiera, mais en vain, de mobiliser l’Empereur Frédéric III pour ce projet. La Sainte Ligue arrive donc après les tentatives du Duc. Charles Quint aussi voudra récupérer la Provence. Si la Belgique, devenue aujourd’hui inviable, n’est plus que le lambeau de l’ancienne Lotharingie et si l’Allemagne n’est plus que le résidu sans frontières défendables de l’ancien Saint Empire, nous le devons à l’échec de la Sainte Ligue à récupérer la Provence. Le testament politique et géopolitique de Charles Quint est très clair à ce propos.

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mercredi, 03 octobre 2007

Ethnopsychiatrie : le livre de l'âme

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Ethnopsychiatrie: le livre de l'âme

Docteur en anthropologie, Taoufik Adohane publie une très intéressante étude sous le titre Le livre de l'âme. Psychisme, corps et culture en Sud-Méditerranée. Il écrit: « Curieuse alliance que celle de l'âme et du corps. Le système psychique s'apparente dans le langage des migrants sud-méditerranéens à une entité d'autant plus somato-psychique qu'ils sont hors de leurs propres références culturelles. Tout traitement nécessite d'abord un travail de traduction au sens de transposition des mots dans une autre langue, et d'étymologie en vue de rendre compte des significations du champ de la parole et de l'histoire culturelle signifiée par le mot en langue maternelle. Dans leur solitude, ceux qui sont en perte de leur référence oscillent entre l'oubli et les symptômes organiques. La maladie les pousse à se remémorer les signifiants de leur culture. Au soignant, ils demandent d'abord à être assistés dans cet effort de "se remémorer". Mais à défaut d'un rapprochement révélateur entre les mots et les choses par le biais du rite, ils s'affrontent à la brutalité des pensées. Aucun patient n'adhère, du moins pas consciemment, à des actes sans valeur symbolique. Si le corps s'assujettit parfois aux techniques de soins modernes et aux actes qui en découlent, c'est sans doute du fait de l'illusion de voir s'opérer une magie. Celle du soignant qui, en toute logique, est tributaire de cette propriété. L'âme, qui n'est pas distincte du corps, s'associe à cette illusion et c'est sans doute la raison pour laquelle depuis toujours le soignant est aussi un "magicien". La magie de l'acte, celle du lien, surseoiront-elles encore longtemps au seul geste de gérer une "demande"? C'est pourtant là ce qui caractérise bon nombre de consultations de nos jours et nombreux sont ceux qui gèrent les signes de l'âme comme des symptômes universels. Car si universelle soit-elle, aucune démarche clinique ne saurait détenir à elle seule la vérité. Toute connaissance ne s'efforçant pas d'être tributaire d'un esprit de complémentarité finit tôt ou tard par tomber dans les mailles de l'aliénation » (P. MONTHÉLIE).

 

Taoufik ADOHANE, Le livre de l'âme. Psvchisme. corps et culture en Sud-Méditerranée, 1998. 156 pages. 94 FF. Editions Synthélabo (22 avenue Galilée, F-92.350 Le Plessis Robinson).

 

 

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Philippe d'Anjou sur le trône d'Espagne

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Philippe d'Anjou sur le trône d'Espagne

3 octobre 1700 : Philippe d’Anjou, petit-fils de Louis XIV, succède, sur le trône d’Espagne, à Charles II, mort sans descendance. Nos provinces tombent alors sous la souveraineté d’un petit-fils de Louis XIV, qui sait pratiquer l’ « art d’être grand-père », comme nous l’enseignaient les volumes « Nos Gloires » des collections « Historia », lorsque nous étions enfants. Des garnisons françaises s’installent dans les murs de nos villes et des fonctionnaires français lèvent l’impôt, se rendant très impopulaires : nos ancêtres qualifieront ce régime d’ « anjouin » ; l’hostilité à celui-ci créera en nos provinces un clivage politique entre « cuirassiers », majoritaires et partisans de l’Autriche, et « carabiniers », partisans de Philippe V, et, par voie de conséquence, de l’odieux Louis XIV. La guerre de succession d’Espagne avait commencé en 1701 ; elle durera près de treize ans. Nos troupes, levées généralement contre la France et l’Empire ottoman, vont se retrouver, par le hasard des combines dynastiques, alliées à Louis XIV, qu’elles avaient auparavant toujours combattu, notamment dans les formations de « partisans » avant la lettre, conduites par le Brabançon Jacques Pastuur, qui commencera par étriller les Français au départ de son repère en Forêt de Soignies (Fort Jaco à Uccle) et terminera Maréchal de camp de Louis XIV qui fera de ce leader paysan un marquis de Saint Lazare.

Les fameuses « Gardes wallonnes » de l’armée espagnole se battront contre Léopold I d’Autriche, surtout pour défendre le Royaume des Deux Siciles, alors sous dépendance espagnole. L’écrivain hennuyer Maurice des Ombiaux narrera leur épopée dans un livre poignant, beaucoup lu dans la première moitié du vingtième siècle, mais totalement oublié aujourd’hui, en notre époque de totale déliquescence. En juillet 1706, après la proclamation du candidat autrichien Charles III comme roi d’Espagne, les Etats généraux créeront une armée nationale sous les ordres du Prince de Ligne, du Comte du Holstein et du Comte de Mérode-Westerloo ; le Prince Eugène de Savoie-Carignan commandera l’ensemble des troupes impériales, flanquées des Anglo-Hollandais de Marlborough, qui bouteront dehors les Français.

L’objectif des protagonistes français de la guerre de succession d’Espagne était, bien entendu, d’absorber les Pays-Bas royaux, de parfaire les sophismes de la politique des « Réunions » de Louis XIV et d’atteindre le Rhin ; pour les Habsbourgs d’Autriche, les Pays-Bas royaux devaient rester dans le giron impérial pour éloigner les Français du Rhin et du Palatinat et pour conserver une fenêtre sur la Mer du Nord. L’Angleterre profitera de l’occasion pour s’emparer de Gibraltar en 1703. La coalition contre Louis XIV vaincra, notamment par les batailles qui se sont déroulées sur notre sol à Ramillies, Audenaerde et Malplaquet, où le Duc d’Arenberg, commandant de nos régiments nationaux se distinguera. Ces victoires accroissent les chances des Habsbourgs d’Autriche de récupérer le trône d’Espagne et de mettre la main sur les Amériques, donc de devenir la puissance dominante en Europe, voire d’unifier le continent. Les puissances maritimes (Angleterre, Pays-Bas) lâchent alors l’Autriche et se rapprochent de la France.

La guerre se termine par le Traité d’Utrecht (1713). Philippe V garde l’Espagne et les Amériques. L’Autriche récupère les Pays-Bas royaux, mais les forteresses qui font face à la France seront gardées par des garnisons hollandaises, qui, au premier retour des Français, capituleront pratiquement sans combattre à Ypres, Bruxelles et Namur, tandis que les régiments nationaux se battront aux côtés des Impériaux, et défendront la forteresse de Maestricht et la route d’Aix-la-Chapelle sous les ordres du Marquis de Deynze.

Autre implication du retour à l’Autriche : aussitôt le danger français écarté, nos régiments marcheront contre les Ottomans dans les Balkans, où le Duc d’Arenberg combattra à Temesvar (Timisoara) en 1716 ; le Comte de Mérode-Westerloo se battra à Peterwardein (Petrovaradin) aux confins de la Serbie ; le Général wallon de Bauffe, officier du génie impérial autrichien, et le Luxembourgeois Philippe-Joseph Nothomb conduiront le siège de Belgrade en 1717. Après cette campagne, l’Empire ottoman ne tentera plus aucune opération d’envergure contre le centre de l’Europe et les Français, privés de leur allié musulman et asiatique sur lequel ils avaient toujours compté pour faire le sale travail contre le reste de l’Europe, ne ravageront plus nos provinces pendant près d’un siècle, mis à part l’épisode éphémère de Fontenoy (1745). Nos provinces, à partir de 1720, seront réorganisées sur le plan militaire : les régiments d’active, commandées par des officiers issus de la noblesse, formeront le noyau de la nouvelle armée, tandis que la réserve, issue des masses paysannes et dénommée « compagnies franches », seront commandées par des officiers roturiers, comme les Capitaines Bouvier et Pertuiseaux, qui se battront contre Louis XV et le Maréchal de Saxe à Fontenoy.   

 

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Réunification allemande

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3 octobre 1990: Réunification allemande de jure, après la chute de facto du Mur, un an auparavant. Les deux Allemagnes ne forment plus qu’un seul pays. Jusqu’au bout, Mitterrand avait tenté de s’y opposer. Cette réunification met un terme aux divisions artificielles qui avaient paralysé le continent européen depuis 1945. Mais au lieu de profiter de cette aubaine, de tisser des liens entre eux contre un double environnement hostile, anglo-saxon et musulman, de réintégrer la Russie dans le concert européen et de forger une alliance avec l’Inde, le Japon et la Chine, les Européens ont continué à se vautrer dans la politicaillerie infructueuse et se retrouvent, en dépit de leur unité retrouvée, dans un état de faiblesse rédhibitoire.

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mardi, 02 octobre 2007

Droites, nationalismes et fascismes dans l'espace yougoslave

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 Dimitri Ljotic

Droites, nationalismes et fascismes dans l'espace yougoslave de 1919 à 1985

 

par Mladen SCHWARTZ

 

Mladen Schwartz, né en 1947 à Zagreb, est originaire de la diaspora juive de Croatie. Il a étudié la philosophie et adhéré, pendant ses études, au groupe néo-marxiste PRAXIS de Belgrade. Tombé en disgrâce parce qu'il entretenait des contacts avec le célèbre dissident yougoslave de l'ère titiste, Milovan Djilas, il émigre en RFA en 1973, où il poursuit ses études pour devenir journaliste indépendant à Ludwigsburg. Mladen Schwartz publie des articles à thématiques philosophique et politique dans la presse croate, juive et allemande. Il a publié récemment, dans un ouvrage collectif signé aussi par les Prof. Lorkovic et Pinterovic, un article remarqué sur la question croate, «Über den seelischen Zustand der kroatischen Nation. Beiträge zur Psychopathologie der Staatslosigkeit» (in: Das kroatische Trauma. Kulturpsychologisches über ein Volk am Rande der Vernichtung, Verlag Siegfried Bublies, Koblenz, s.d., ISBN 3-926584-15-7). Le texte que nous reproduisons ici date de 1988, immédiatement avant que ne se déclenchent les événements tragiques qui ont ensanglanté la défunte Yougoslavie.

 

Présenter les courants conservateurs, droitiers et fascistes de l'espace yougoslave n'est possible que si l'on garde deux choses à l'esprit.

 

D'abord, que la Yougoslavie est un mythe, ce qui signifie que d'un point de vue ontologique, pour paraphraser Berdiaev, elle est inexistante. La notion de «Yougoslave», de «Slavité du Sud», stricto sensu, relève aussi du monde de l'imaginaire. Déjà le terme de «slave» est en soi problématique: au Moyen Age, on ne le connaissait pas, ce qui fait dire à certains polémistes qu'ils étaient des «Germains dont la langue avait été déformée», notamment par «une langue artificielle créée par les missionnaires» (cf. à ce propos Franz Wolff, 1977).

 

L'idée «yougoslave» elle-même dérive des conceptions panslavistes à connotations racisantes. Mais pour être précis, dans la Yougoslavie actuelle, il y a peu de «Slaves méridionaux»: les Slovènes sont issus des Vénètes et sont fortement germanisés; les Croates ont des ascendances iraniennes; les Monténégrins sont les descendants des anciens «Croates rouges», c'est-à-dire des Croates méridionaux. Les Macédoniens de souche bulgare ont des ancêtres mongoloïdes et les Serbes sont un peuple balkanique très mélangé, où l'élément slave ne joue qu'un rôle secondaire; quant aux Albanais, c'est un peuple illyrien. A tout cela s'ajoutent des éléments romans, italiens, magyars, turcs, grecs, valaques et tziganes.

 

Ensuite, les mouvements de droite n'apparaissent pas dans cet espace yougoslave comme des partis politiques bien profilés ou comme des théories solidement étayées; il s'agit plutôt de façons générales de penser qui, sur base de traditions nationales et vu l'expérience catastrophique que fut la tyrannie communiste, tendent naturellement vers le conservatisme. En tant que parti, la droite «yougoslave» s'est surtout organisée en exil, puisque les partis sont interdits dans le pays. Tous les courants de droite sont d'orientation nationale en Yougoslavie, c'est-à-dire impérialiste (chez les Serbes) ou défensive (chez tous les autres peuples de la fédération).

 

C'est sur ce terrain complexe, explosif, que sont nés au cours de la dernière guerre mondiale, un certain nombre de mouvements quasi-fascistes chez les «Slaves du Sud». Mais dans les formations de gauche, notamment chez les Albanais et les Macédoniens, l'idéologie motrice était, elle aussi, d'inspiration nationale, séparatiste, anti-yougoslave et, dans ce sens, conservatrice de valeurs ethniquement profilées.

 

Monténégro

 

Preuve de la nature non institutionnelle de ce conservatisme bien présent mais diffus: cette omniprésente éthique de l'honneur chez les Monténégrins, répérable depuis des siècles; elle est un code patriarcal de cojstvo i junastvo,  d'humanité et de bravoure, qui s'est maintenu jusqu'au XIXième siècle quand les partis au sens moderne du terme ont fait leur apparition. Parmi ceux-ci, il y avait les partisans du Prince Nikola, les klubasi,  les «membres du Club»; les autres, les pravasi, c'est-à-dire les «partisans du Droit», étaient contre le Prince. Il est difficile de déterminer lequel de ces deux partis était le plus conservateur. Pendant la première Yougoslavie, apparaissent les zelenasi,  les «Verts», qui n'ont rien à voir avec nos actuels écologistes. Les zelenasi  étaient opposés à l'unité yougoslave, contre l'union avec la Serbie et louvoyaient entre le fédéralisme inter-yougoslave et le séparatisme monténégrin. Certains d'entre eux se sont rappelé leurs racines croates pendant la guerre, comme Sekula Drljevic et Savic Markovic Stedimlija, qui prônaient un Etat monténégrin indépendant, appuyé sur la Croatie et l'Italie.

 

Avant la guerre, les communistes étaient quasiment inconnus au Monténégro. Si une partie d'entre eux ont rejoint les formations de partisans communistes, c'était essentiellement pour des raisons patriotiques, pour combattre l'envahisseur étranger. En 1968, l'anarcho-communiste monténégrin Vladimir Mijanovic, chef de la rébellion étudiante de Belgrade à l'époque, plus tard jugé comme appartenant aux «Six de Belgrade», nous racontait qu'il était fier du fait que sa femme, selon la vieille coutume monténégrine, lavait souvent les pieds de son beau-père. N'est-ce pas là une caractéristique de l'ultra-conservatisme du communisme monténégrin?

 

Le plus célèbre des Monténégrins, outre le Prince-Poète Njegos, est le socialiste de gauche Milovan Djilas, qui défend, depuis son éviction, des idées assez conservatrices, au sens occidental du terme: en effet, il est anti-communiste (même s'il refuse cette étiquette) et anti-utopiste. Il donne priorité à la Vie par rapport à l'idéologie, il affirme qu'il est impossible qu'un Etat puisse forger définitivement un ordre, il est pour les libertés concrètes (car la référence à la Liberté, unique et déclinée au singulier, conduit toujours au totalitarisme). C'est partiellement sous l'influence des idées de Djilas que, dans les années 60, le Groupe réuni autour de Michail Michailow s'est mis à agir par-delà les frontières des républiques fédérées au nom d'un socialisme chrétien, tout en défendant, dans cette optique, certaines idées conservatrices.

 

Aujourd'hui, les idées politiques de droite, dans l'Etat yougoslave, sont condamnées à la clandestinité, sont dépourvues de toute systématicité et incohérentes. Il existe des tendances quasi-conservatrices et para-fascistes qui survivent dans le discours, notamment derrière le paravent de l'ultra-communisme orthodoxe, du moment qu'elles ne se déclarent pas formellement «de droite». Tous les phénomènes que la presse a recensés au cours de ces dernières années, comme les «Punks nazis» de Slovénie, la campagne serbe en faveur de Hitler et du Troisième Reich, la coalition ethnique des Serbes, tous partis confondus, contre les Albanais, relèvent plus ou moins de ce para-fascisme diffus, complexe et bigarré.

 

Slovénie

 

Au XIXième siècle, naissent aussi en Slovénie des partis conservateurs et de droite, une droite qui, par opposition aux libéraux, est nettement d'inspiration nationale. Après 1848, les conservateurs «vieux-slovènes», avec Janez Bleiweiss, optent pour un maintien de la Slovénie dans l'Empire autrichien. Mais les «Jeunes-Slovènes» s'enthousiasment pour l'idée «yougoslave», dirigée contre l'Autriche. Cependant Vieux-Slovènes et Jeunes-Slovènes s'opposent de concert, à Vienne, à toute germanisation de la Slovènie. A la fin du siècle, les conservateurs slovènes se regroupent autour de Mahnic dans une formation cléricale et catholique, d'où sortira très vite la Katoliska ljudska stranka  (Parti Populaire Catholique), qui était modérément nationaliste et s'est mis plus tard à défendre des idées plutôt sociales-chrétiennes. A partir de 1905, sous l'impulsion de Janez Krek (que l'on ne confondra pas avec Miha Krek) et Sustersic, ce parti devient la Slovenska ljudska stranka  (Parti Populaire Slovène), le plus grand parti de Slovénie. Il défendait dans le cadre de la monarchie austro-hongroise un point de vue trialiste (autonomie des Slovènes et des Croates en tant que troisième élément  composant l'Empire, aux côtés des Allemands et des Magyars). En 1917, le parti se scinde en deux fractions, dont l'une, sous la direction de P. Anton Korosec, reconnait et accepte le fait yougoslave.

 

Au cours de la seconde guerre mondiale, émerge en Slovénie l'habituelle quantité de groupements quasi- et para-fascistes. Parmi ceux-ci, la Domobranci  (la Garde Nationale ou Heimatwehr  qui comptait 12.000 hommes en 1944), la Belogardejci  (la Garde Blanche dirigée par Lev Rupnik). Au sein de ces deux organisations, plusieurs formations plus petites ont joué un rôle spécial, comme les diverses légions catholiques ou fascistes, comme la «Légion de la Mort», le «Mouvement National Slovène», la «Commission des Gardes villageoises» (Odbor vaskih straza),  ainsi que l'unité de Tchetniks pro-serbes, la «Garde Bleue».

 

La politique actuelle de la direction slovène du PC, de même que celle défendue par l'élite intellectuelle du pays, vise à protéger le pays et le peuple, à défendre et à illustrer l'histoire, la langue et la culture slovènes contre les «intégralistes yougoslaves». Cette politique est préservatrice, dont conservatrice. Les tenants de ce conservatisme sont présents aujourd'hui dans les structures politiques dominantes et dans les principales institutions culturelles.

 

Macédoine

 

La Macédoine actuelle estime que ses buts nationaux ont été atteints en gros dans le cadre de l'Etat yougoslave. Et pourtant la Macédoine n'est pas réunifiée, elle demeure divisée entre la Yougoslavie, la Bulgarie et la Grèce et n'est toujours pas souveraine. Or ces deux objectifs étaient défendus jusqu'il y a peu d'années par le Dvizenjeto za osloboduvanje i obedinuvanje na Makedonija (Mouvement pour une Macédoine libre et unie), avant que les services spéciaux yougoslaves n'en neutralisent les dirigeants. A l'origine, l'organisation de libération de la Macédoine, la VMRO (Vnatresnata makedonska revolucionerna organizacija  — Organisation intérieure et révolutionnaire macédonienne), était ambigüe sur le plan national: une partie de ses militants était pro-bulgare, l'autre séparatiste macédonienne. Fondée à Salonique en 1893, elle s'est divisée en 1908, à la suite de la révolution jeune-turque. L'aile droite, dites des «supérieurs» (vrhovisti),  fit allégeance à la Bulgarie et travailla, sous la direction de son chef Ivan-Vanco Mihajlov, non seulement avec les Bulgares, mais aussi avec les Italiens et les Croates. Parmi les résultats de cette coopération: l'assassinat du Roi Alexandre à Marseille en 1934 par un activiste de la VMRO, Vlado (Velicko) Georgijev-Cernozemski.

 

Lors de l'occupation de la Yougoslavie, plusieurs groupes se sont constitués, en tout une quarantaine, dont la plupart avait leur siège en Bulgarie, et se sont reconnus dans l'idéologie fasciste. La VMRO en exil est ainsi devenue une sorte de parti fasciste bulgare. Il est intéressant de noter que le parti communiste macédonien, dirigé par Metodi Satorov-Sarlo, à l'instar de la VMRO, se déclarait en faveur de l'union avec la Bulgarie, ce qui a eu pour résultat que son chef fut rapidement remplacé par des dirigeants pro-yougoslaves.

 

Albanie

 

Nous englobons les Albanais dans notre étude sur les «Slaves du Sud», parce que presque la moitié des 5 à 6 millions d'Albanais vivent en territoire yougoslave. La vie politique moderne des Albanais commence en 1878 quand est fondée la première Prizrener Liga  (également dénommée «Ligue albanaise»), qui s'était fixé comme objectif provisoire l'autonomie de l'Albanie dans l'Empire du Sultan. Au cours des années 1912/1913, l'Albanie accède à l'indépendance et, en 1924, c'est un gouvernement bourgeois-démocratique sous l'égide du Président Fan Noli qui est aux affaires. A la fin de cette même année, Ahmed Zogu se rebelle contre lui, avec l'appui de l'homme politique serbe Nikola Pasic. Quatre ans plus tard, Ahmed Zogu se fait proclamer roi.

 

Après l'occupation italienne (7 avril 1939), le gouvernement formé de membres du parti Bashkimi Kombëtare  adopte l'idée d'une «Grande Albanie». Les occupants créent également un parti fasciste albanais qui leur sert de courroie de transmission. Après la capitulation yougoslave de 1941, l'Albanie annexe le Kossovo et réalise ainsi le rêve historique d'une «Grande Albanie». Dans l'administration et dans les écoles de cette province, on emploie pour la première fois la langue albanaise. Contrairement au reste de l'Albanie, qui était indépendant depuis 1913, le Kossovo accueille les Italiens en libérateurs. Les émigrés albanais du Kossovo, partis avant guerre en Albanie indépendante, rentrent d'exil, y compris les communistes. En novembre 1942, se crée une organisation nationaliste et pro-fasciste, le Balli Kombëtare,  qui se fixe pour objectif, avec l'appui italien, de défendre la Grande Albanie contre la Yougoslavie et les communistes.

 

Quand l'Albanie, après la capitulation italienne de septembre 1943, est occupée par 70.000 soldats allemands, de nouvelles organisations voient le jour: Legalitati, Zogu, Tasha...  L'organisation de jeunesse fasciste italienne Balilla  n'existant plus, les Allemands mettent sur pied la 21ième Division de montagne SS Skanderbeg, du nom du héros national albanais.

 

Avant la seconde guerre mondiale, il y avait 239 communistes au Kossovo, dont 23 Albanais. Dans la «Petite Albanie», il n'y en avait pas un seul, mis à part quelques infiltrés de nationalité serbe. A la fin de 1943, les communistes organisent une conférence de leur parti dans le village de Bujan au Kossovo. Les hommes du PC, peu nombreux dans l'assistance, se déclarent en faveur d'un Etat albanais unitaire, Kossovo compris, contre la Yougoslavie. Pas étonnant dès lors qu'après la fondation du deuxième Etat yougoslave en 1945, les communistes albanais sont restés suspects pendant des décennies. Aucun d'entre eux n'a jamais cessé d'être ouvertement nationaliste albanais, de penser, de sentir et d'agir dans ce sens. Ne parlons pas des non communistes: immédiatement après la guerre, 30.000 Albanais prirent part à la révolte armée contre Tito: les soulèvements se sont d'ailleurs répétés tous les dix ans, avec une surprenante régularité. Ils furent suivis de répressions yougoslaves et de persécutions. Fadil Hoxha, chef du PC du Kossovo pendant de nombreuses années, s'est révélé lui aussi «élément albanais» et exclu comme tel du parti, dont il fut pourtant le président au niveau yougoslave! Mais le véritable héros de la droite albanaise fut Adem Demaqi, embastillé depuis 1964, avec quelques rares interruptions seulement. Pourquoi? Parce qu'il a milité sans compromissions pour une Albanie unie et bien entendu non communiste.

 

La Prizrener Liga  existe toujours au sein de l'organisation Besëlidhja Kombëtare Demokratike Shqiptare  (Ligue nationale-démocratique de la parole d'honneur albanaise). La cause de la droite et de la libération nationale albanaise, pour sa part, est défendue par un nombre impressionnant de petits groupes, de cellules, qui se déclarent «marxistes-léninistes» et se réclament de la «Doctrine», mais qui, au fond, ne rassemblent que des patriotes albanais.

 

Serbie

 

Les Serbes, qui occupent une partie de l'Albanie, soit le Kossovo, territoire où se trouve le fameux champ de bataille de 1389, où les Serbes ont dû ployer le genou devant les Turcs. La bataille perdue a été décisive. Rarement dans l'histoire, bataille perdue n'a autant susciter de mythe à facettes aussi multiples (historiques, religieuses, mystiques) que cette bataille du Kossovo, point focal du nationalisme et des droites serbes. Noyau de ce mythe est la croyance qu'après le Golgotha vient la ressurection, y compris dans la vie d'un peuple. Ce mythe, renforcé par les légendes de Saint-Sava qui avait fondé l'église autocéphale serbe au début du XIIIième siècle, a permis à des générations et des générations de Serbes de survivre spirituellement pendant tous les siècles de la domination turque. C'est pétris du mythe de la Bataille du Kossovo que les partis serbes modernes se sont constitués à la fin du XIXième siècle.

 

Paradoxalement, les partis de droite se donnaient l'adjectif de «progressifs» mais leur idéologie et leur pratique débouchaient sur un impérialisme serbe. La même année, en 1881, le «Parti Radical» sous l'égide de Nikola Pasic se constitue comme pôle adverse de ce «progressisme de droite». L'orientation de ce parti était également grande-serbe, tout comme celle des Libéraux de Jovan Ristic. Après la création de la Yougoslavie en 1918, le pays fut dominé politiquement et en toute exclusivité par l'idéologie grande-serbe. Lorsque le tribun croate Stjepan Radic est assasiné en plein Parlement à Belgrade, le Roi Alexandre instaure en 1929 la dictature royale. Cette dictature est également de facture grande-serbe. Plusieurs années après, les partis sont à nouveau autorisés. Le Serbe Milan Stojadinovic fonde, avec quelques non Serbes, la «Communauté radicale yougoslave» (Jugoslovenska radikalna zajednica, ou, en abrégé, la «Jereza»).  Très vite Stojadinovic fait montre de sa sympathie pour le Troisième Reich et reçoit la visite de Hermann Göring. L'homme politique et idéologue serbo-yougoslave voulait imiter le Reich allemand en bien des points. Il s'était même doté d'une garde personnelle en uniforme, portant des chemises vertes. Pour l'anecdote, disons qu'une seule chose n'allait pas: quand ses militants scandaient Vodja-Vodja (Chef-Chef), cela ressemblait très vite à Djavo-Djavo  (Diable-Diable).

 

Le seul mouvement fasciste yougoslave, plus exactement serbe, était le Zbor  (= «Rassemblement» ou «Cri d'appel»), dirigé par Dimitrije Ljotic. Descendant d'une très vieille famille serbe de Smederevo, il était, comme tous les hommes politiques serbes, d'inspiration grande-serbe, mais, à la différence des autres, son intégrité était exemplaire. Dans sa jeunesse, Ljotic était pacifiste dans le sens de Tolstoï et voulait se faire moine. Les guerres balkaniques et la guerre mondiale qui les a suivies immédiatement lui ont appris que la violence, l'autorité et la discipline étaient des données de la nature humaine qui avaient leur place dans l'univers de la politique. Mais ces données devaient être disciplinées, policées par une élite et légitimées par les vertus de décence et de bravoure (cojstvo i junastvo). 

 

Devenu homme politique contre son gré, il entre en politique en se posant d'emblée comme un orateur hors ligne, mieux, comme un prédicateur fascinant. Il salue le coup d'Etat anti-parlementaire du Roi, le 6 janvier 1929. Une année plus tard, il devient ministre de la justice mais démissionne l'année suivante, après que le Roi Alexandre ait refusé son ébauche de constitution anti-démocratique. Quand le Roi meurt victime de l'attentat de Marseille en 1934, Ljotic fonde son organisation, le Jugoslovenski Narodni Pokret Zbor  (Mouvement populaire yougoslave Zbor). Ljotic sympathisait avec Hitler et Mussolini, bien qu'il n'hésitait jamais à les critiquer. Pendant la guerre, il n'a pas vu d'alternative à la lutte engagée par les puissances de l'Axe contre le bolchévisme. Il a voulu sauver de la Yougoslavie ce qu'il y avait à en sauver. Aux côtés des Allemands, le Corps des Volontaires serbes (Srpski dobrovoljacki korpus)  de Ljotic a lutté contre les partisans de Tito. Ceux-ci, vainqueurs, les ont tous condamnés à mort en 1945.

 

Ljotic, qui avait gardé l'espoir en 1939 qu'un putsch militaire sauverait la Yougoslavie, a pensé en 1945 que l'Istrie pourrait devenir le centre d'une résistance armée contre Tito. Au milieu de l'effondrement germano-italien, il a immédiatement pris des mesures dans ce sens. Mais un accident d'auto met un terme à ses jours, à proximité de Slovenska Bistrica, et empêche la consolidation définitive de ce mouvement de résistance. Son successeur involontaire, au départ très réticent, fut son frère Jakov Ljotic, qui continua l'œuvre politique du Zbor  à Munich, jusqu'au jour où il se fit étrangler par des agents yougoslaves en 1974.

 

Ljotic a laissé derrière lui une œuvre théorique: il était sans doute le seul penseur fasciste sérieux de l'espace sud-slave. Son corpus doctrinal partage avec les autres fascistes les idées d'un corporatisme, d'un parlement des états, son hostilité au communisme, à la démocratie, aux partis et aux Juifs, mais aussi un souci très net de la question sociale. Mais son christianisme très profond, intensément vécu, et son monarchisme radical sont, chez lui, des motivations non fascistes. Son traditionalisme populaire serbe transposait le culte du domacin,  du maître de maison, dans la sphère de l'Etat  —le Roi étant le domacin  de l'Etat—  et dans le cosmos  —Dieu étant le domacin  de l'univers.

 

Croatie

 

Comme les droites slovènes, les droites croates sont au départ ambigües sur le plan national. En 1848, le héros national du Banus de Croatie est le Comte Josip Jelacic Buzimski, qui vainc l'ennemi héréditaire hongrois mais en étant au service de Vienne. Ante Starcevic, le pater patriae,  fonde en 1861 le Hrvatska stranka prava  (Parti croate du droit de l'Etat) et réclame, animé par le souci conservateur de renouer avec la tradition perdue, le droit historique des Croates à avoir un Etat propre, mais, dans sa doctrine, fondamentalement conservatrice, il n'hésite pas non plus à se référer à la Révolution française. Les héritiers de Starcevic en notre siècle sont les Ustase  (Oustachistes), souvent décrits comme fascistes.

 

Ante Pavelic fonde son organisation Ustasa - Hrvatski oslobodilacki pokret  (= Mouvement de libération croate; ustasa  signifiant «rebelle») un jour après que le Roi Alexandre ait proclamé sa propre dictature, le 6 janvier 1929. Pavelic est rapidement contraint à l'exil, où il sera l'instigateur et le responsable de quelques actions spectaculaires. Au pays, ce sera la révolte paysanne de Velebit; à l'étranger, l'assassinat du royal dictateur de la Yougoslavie.

 

Les Ustase ne constituaient pas un mouvement typiquement fasciste. Pavelic lui-même était par tradition familiale un «libéral éclectique», fortement influencé par les idéaux de la Révolution française. Au départ, les Oustachistes se considéraient comme les représentants d'un mouvement de libération nationale dépourvu de caractéristiques fascistes (ce que n'a pas manqué de signaler Ernst Nolte dans un ouvrage consacré aux fascismes et paru en 1966). Au début des années 30, les Oustachistes bénéficiaient même du soutien des communistes, qui, à cette époque, considéraient également la Yougoslavie comme une «prison des peuples». Mais dès qu'ils accèdent au pouvoir, les Oustachistes reprennent à leur compte certaines caractéristiques des mouvements fascistes, très populaires dans l'Europe d'alors, notamment parce qu'il leur paraissait impossible, en plein milieu d'une guerre mondiale sanglante et d'une guerre civile non moins cruelle, d'appliquer les méthodes éprouvées de la démocratie parlementaire. Les libertés intellectuelles, en revanche, sont demeurées quasiment intactes; ainsi, au projet d'«Encyclopédie croate», ont collaboré plusieurs communistes notoires, alors que la guerre civile faisait rage.

 

La persécution des Juifs, très exagérée par la propagande actuelle, avait été imposée par la puissance occupante. La brochure programmatique du mouvement oustachiste, rédigée par Pavelic, contient des éléments nationaux-libéraux ou sociaux, mais rien qui ne soit typiquement fasciste. Dans l'Etat indépendant croate, plusieurs tentatives eurent lieu de créer un parti national-socialiste, mais elles restèrent limitées à une petite brochette d'individus et n'enregistrèrent en fin de compte aucun résultat. Il m'apparaît important de le souligner aujourd'hui, où la lutte de libération des Croates est décriée partout dans le monde comme «fasciste», ce qui contribue à décréter comme pleinement fascistes des organisations ou des groupes qui ne sont que très partiellement affectés par cette idéologie. Variante de la technique de l'amalgame...

 

La lutte oustachiste s'est poursuivie après 1945. Après que l'armée croate invaincue, ainsi que les civils qui l'accompagnaient (quelque 300.000 personnes), ait été livrée à Tito par les Anglais et envoyée à la mort, pendant des années, des bandes armées livrèrent une guerre de guerilla aux titistes, nourries par le souvenir de la bravoure militaire des soldats croates, notamment ceux de la 13ième Division de montagne de la Waffen SS Handzar.  Les compagnons de Pavelic fondent en exil en 1946 un Hrvatski drzavni odbor  (Commission de l'Etat croate, sorte de gouvernement en exil). Trois ans plus tard, Pavelic crée le Hrvatska drzavotvorna stranka (Parti croate fondateur d'Etat), organisation chargée de prendre le relais du mouvement oustachiste. Depuis 1956, cette organisation a changé de nom et s'appelle Hrvatski oslobodilacki pokret  (Mouvement de libération croate). Après la mort de Pavelic, à la suite d'un attentat yougoslave perpétré à la fin de l'année 1959, le mouvement se scinda en multiples fractions. L'une d'elles, sous la direction du Général Vjekoslav Max Luburic, s'est appelée Hrvatski narodni otpor  (Résistance populaire croate), qui, elle aussi, a connu de multiples scissions.

 

En outre, le Parti paysan croate, parti traditionnel, a continué à exister, mais divisé en deux fractions. Enfin, le Parti Républicain Croate se pose également en successeur du mouvement oustachiste. Quelques-uns de ces mouvements scindés ou éparpillés, avec d'autres groupes et groupuscules, ont réussi à s'unir en 1974 dans le «Conseil National Croate» (Hrvatsko narodno vijece).  C'est une organisation qui se fixe pour objectif de chapeauter les différents groupes en exil; elle ne veut pas mener les organisations croates au combat mais les représenter dans les pays occidentaux, dont elle accepte le modèle démocratique et parlementaire. Ce «Conseil National» mène son action en feignant d'ignorer que les démocraties occidentales soutiennent l'Etat yougoslave.

 

Résultat de l'insatisfaction des exilés et des combattants de l'intérieur face à cette politique pro-occidentale: la naissance en 1981, à New York et à Lund (Suède), du Hrvatski drzavotvorni pokret  (Mouvement croate fondateur d'Etat), qui veut poursuivre la lutte de libération croate en Croatie même. C'est un regroupement qui se place au-delà des idéologies, qui défend les intérêts généraux de tous les Croates et qui a des tendances nationales-révolutionnaires, ouvertes aux nationalistes de droite et de gauche. Ce mouvement est neutraliste sur le plan international et réclame la création d'une armée croate autonome. Il s'efforce d'arriver à une bonne entente avec la minorité serbe de Croatie, considérée jusqu'ici comme une «cinquième colonne» de Belgrade. Il rêve d'un Etat croate national, neutre, social et non confessionnel. Ce but est identique à celui qui veut dépasser la Yougoslavie. Le résultat de ce dépassement, s'il a lieu, permettrait à une véritable «nouvelle droite», originale et libre, de naître dans l'espace sud-slave.

 

Mladen SCHWARTZ.

(texte issu de Criticon, n°106, mars-avril 1988; adresse: Knöbelstrasse 36/0, D-8000 München 22; abonnement annuel: DM 63,-; étudiants, lycéens, DM 42,-).    

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lundi, 01 octobre 2007

Hommage à Hellmut Diwald

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Hommage à Hellmut Diwald

 

Né le 13 août 1924 dans le pays des Sudètes, plus précisément à Schattau en Moravie méridionale, le professeur Hellmut Diwald a quitté la vie le 26 mai 1993. Fils d'ingénieur, il s'était d'abord destiné à suivre les traces de son père: il suit les cours de l'école polytechnique de Nuremberg et y décroche son premier diplôme. Mais c'est à l'université d'Erlangen qu'il trouvera sa véritable vocation: l'histoire, l'événémentielle et celle des religions et des idées. De 1965 à l'année de sa retraite, il a enseigné l'histoire médiévale et moderne dans l'université qui lui avait donné sa vocation. Auparavant, il avait travaillé sur les archives d'Ernst Ludwig von Gerlach, un homme politique conservateur et chrétien de l'époque de Bismarck, avait rédigé une monographie sur le philosophe Dilthey et publié plusieurs études, notamment sur Ernst Moritz Arndt, père de la conscience nationale allemande (mais qui a eu un grand retentissement en Flandre également, si bien qu'il peut être considéré à Anvers, à Gand et à Bruxelles comme un pater patriae), et sur l'évolution des notions de liberté et de tolérance dans l'histoire occidentale.

 

Ces premiers travaux scientifiques permettent de comprendre quel homme fut Hellmut Diwald, quelle synthèse il a incarnée dans sa vie intellectuelle et militante: homme de progrès dans le sens où il s'inscrit dans la tradition émancipatrice des Lumières et de la Prusse, il ne conçoit pas pour autant cette émancipation comme un pur refus de tout ancrage historique et politique, mais au contraire, à l'instar du romantique Arndt et du conservateur von Gerlach, comme la défense d'un ancrage précis, naturel, inaliénable, dont l'essence est de générer de la liberté dans le monde et pour le monde. Cet ancrage, ce sont les nations germaniques, nations d'hommes libres qui se rebiffent continuellement contre les dogmes ou les institutions contraignantes, contre les coercitions improductives. Cette notion germanique de l'homme libre a donné la réforme, les lumières pratiques du XVIIIième siècle frédéricien ou joséphien, ou, chez nous, le mythe d'Uilenspiegel. Elle est donc à la base du progressisme idéologique, avant que celui-ci ne deviennent fou sous l'impact de la révolution française et du messianisme marxiste.

 

Hellmut Diwald doit sa notoriété à un ouvrage paru en 1978: une «histoire des Allemands» inhabituelle, où notre auteur inverse la chronologie en commençant par l'histoire récente pour remonter le cours du temps. Cette originalité n'est pas une simple facétie de professeur. En effet, les historiens allemands de notre après-guerre n'ont cessé de juger l'histoire allemande comme le préliminaire à l'horreur nationale-socialiste. Tous les événements de cette histoire étaient immanquablement jugés à l'aune du national-socialisme, ramenés à l'une ou l'autre de ses facettes. Reductio ad Hitlerum: telle était la manie, lassante, répétitive, morne, de tous les zélotes de la profession qui travaillaient à réaliser une seule obsession: tenir leur peuple à l'écart de l'histoire qui se jouait désormais à Washington ou à Moscou, à Pékin ou à Tel Aviv. Tout retour de l'Allemagne sur la scène de l'histoire réelle aurait signifié, pour ces savants apeurés, le retour d'une tragédie à l'hitlérienne. On peut évidemment comprendre que les Allemands, après deux défaites, aient été échaudés, dégoûtés, rassis. Mais ces sentiments sont justement des sentiments qui ne permettent pas un regard objectif sur les faits historiques. En inversant la chronologie, Diwald se voulait pédagogue: il refusait d'interpréter l'histoire allemande comme une voie à sens unique débouchant inévitablement sur la dictature nationale-socialiste. S'il y a pourtant eu ce national-socialisme au bout de la trajectoire historique germanique, cela ne signifie pas pour autant qu'il ait été une fatalité inévitable. L'histoire allemande recèle d'autres possibles, le peuple allemand recèle en son âme profonde d'autres valeurs. C'est cela que Diwald a voulu mettre en exergue.

 

Du coup, pris en flagrant délit de non-objectivité, les compères de la profession, ont crié haro sur Diwald: en écrivant son histoire des Allemands, il aurait «banalisé» le national-socialisme, il l'aurait traité comme un fragment d'histoire égal aux autres. Pire: il ne l'aurait pas considéré comme le point final de l'histoire allemande et aurait implicitement déclaré que celle-ci demeurait «ouverte» sur l'avenir. Pendant deux ans, notre historien a subi l'assaut des professionnels de l'insulte et de la délation. Sans changer sa position d'un iota. Meilleure façon, d'ailleurs, de leur signifier le mépris qu'on leur porte. Mesquins, ils ont voulu «vider» Diwald de sa chaire d'Erlangen. Ils n'ont pas obtenu gain de cause et se sont heurtés au ministre de l'enseignement bavarois, Maier, insensible aux cris d'orfraie poussés des délateurs et des hyènes conformistes.

 

Diwald n'a pas cessé de travailler pendant que ses ombrageux collègues vitupéraient, complotaient, s'excitaient, pétitionnaient. En 1981, avec Sebastian Haffner, un homme de gauche éprouvé et un anti-fasciste au-dessus de tout soupçon, et Wolfgang Venohr, historien et réalisateur d'émissions télévisées, il participe en 1981 à la grande opération de réhabilitation de l'histoire prussienne, dont le point culminant fut une grande exposition à Berlin. Parallèlement à cette série d'initiatives «prussiennes», Diwald travaillait à un sujet qui nous intéresse au plus haut point dans le cadre de notre souci géopolitique: une histoire de la conquête des océans. Deux volumes seront les fruits de cette recherche passionnante: Der Kampf um die Weltmeere  (1980) et Die Erben Poseidons. Seemachtpolitik im 20. Jahrhundert  (1987). Conclusion de Diwald au bout de ces sept années de travail: l'Allemagne a perdu les deux guerres mondiales sur l'Atlantique, parce que sa diplomatie n'a pas compris le rôle essentiel de la guerre sur mer.

 

Au cours de toute sa carrière, Diwald, auteur classé arbitrairement à droite à cause de son nationalisme d'émancipation, n'a jamais perdu la réunification allemande de vue. Cet espoir le conduisait à juger très sévèrement tous les ancrages à l'Ouest qu'essayait de se donner la RFA. Chacun de ces ancrages l'éloignait de sa position centre-européenne et des relations privilégiées qu'elle avait eu l'habitude de nouer avec la Russie. Diwald était donc un critique acerbe de la politique du Chancelier Adenauer, dont l'objectif était l'intégration totale de la RFA dans la CEE et dans le binôme franco-allemand. Inlassablement, Diwald a critiqué le refus adénauerien d'accepter les propositions de Staline en 1952: neutralisation de l'Allemagne réunifiée. Ce refus a conduit au gel des positions et condamné la RDA à la stagnation communiste sous la houlette d'apparatchiks pour lesquels le Kremlin n'avait que mépris.

 

La vie exemplaire de Diwald, clerc au service de sa patrie, nous lègue une grande leçon: l'historien ne peut en aucun cas faire des concessions aux braillards de la politique. Sa mission est d'être clairvoyant en toutes circonstances: dans l'euphorie du triomphe comme dans la misère de la défaite. Pour l'un de ses amis proches, venu lui rendre visite peu de temps après le diagnostic fatidique qui constatait la maladie inéluctable, Diwald a prononcé cette phrase qui fait toute sa grandeur, qui scelle son destin de Prussien qui conserve envers et contre tout le sens du devoir: «Pourvu que je puisse régler toutes les affaires en suspens qui traînent sur mon bureau avant de m'en aller». Hellmut Diwald, merci pour votre travail.

 

Robert STEUCKERS.

 

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dimanche, 30 septembre 2007

Charles le Hardi & Frédéric III

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30 septembre 1473 : Les négociations entre Charles le Hardi (dit le « Téméraire » par ses ennemis français) et l’Empereur Frédéric III commencent à Trêves en vue de constituer à l’Ouest un « Royaume de Bourgogne » sous suzeraineté impériale. Le but est d’unir les forces européennes traditionnelles contre la sédition gauloise  animée par Louis XI, dit l’ « Universelle Aragne ». Ces négociations dureront jusqu’au 25 novembre et n’auront guère d’effets et de résultats. Les hésitations de Frédéric III, personnalité plus réservée que le fougueux Duc, auront un effet retardateur et temporisateur. Cette différence entre un Empereur hésitant et un Duc énergique constitue l’un des thèmes du beau roman de l’écrivain wallon contemporain Gaston Compère (« Je soussigné Charles le Téméraire Duc de Bourgogne »).

Même  si les pourparlers de Trêves n’ont pas abouti immédiatement, leur objectif, celui d’unir Bourgogne et Empire se réalisera in fine par le mariage de Marie de Bourgogne et de Maximilien, fils héritier de Frédéric III.

Maximilien écrasera les hordes de l’Universelle Aragne, qui se vengera en excitant le particularisme des villes flamandes, qui devront se soumettre à la raison. De ce jeu complexe, se dégage aujourd’hui les idéologies identitaires wallonnes et flamandes : les Wallons, conservateurs, soucieux de l’héritage bourguignon, se réclament du Duc, comme l’atteste le livre de Gaston Compère, qui critique très fort les particularismes flamands et alsaciens ; les identitaires flamands, sauf les héritiers du mouvement DINASO de van Severen, ont tendance à survaloriser le particularisme urbain des villes rebelles contre le « Prince ». Or ce particularisme était à la solde de la France, ce qui constitue une contradiction avec le mouvement flamand d’après 1918, qui s’est battu pour que la Belgique, et partant la Flandre, soit totalement dégagée de toute alliance française (« Los van Frankrijk »).

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Leçons d'histoire pour donneur de leçons de morale

 

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Une leçon d'histoire pour les donneurs de leçons de morale

 

Depuis plus d’un siècle les Etats-Unis se sont arrogé le monopole de la vertu politique internationale, s’octroyant ainsi le privilège de mener leurs guerres impériales sous le couvert de la morale. Un dossier paru, ce mois de novembre 99, dans la revue Historia (n° 635 bis) consacré aux grandes manipulations de l’histoire, vient à propos rappeler que les Etats-Unis n’ont jamais cessé d’agir avec le plus parfait cynisme et la plus constante brutalité pour asseoir leur hégémonie mondiale. Leur domination est le fruit d’une technique éprouvée. Cette technique, assez grossière, n’en est pas moins d’une redoutable efficacité. Elle se décline en quatre temps :

 

Le premier temps est celui où l’ennemi à abattre est choisi en fonction des priorités d’expansion économique du moment.

 

Le second temps est celui où l’ennemi est diabolisé aux yeux de l’opinion publique.

 

Le troisième temps vise à créer les conditions qui acculeront l’ennemi à la faute, si possible à l’agression directe contre les Etats-Unis ou l’un de ses alliés. Dans l’hypothèse où cette agression ne se produirait pas, une opération de désinformation est systématiquement organisée pour faire croire à cette agression.

 

Le quatrième temps est celui de la guerre totale. L’ennemi doit non seulement être détruit mais ses dirigeants remplacés par des hommes de paille.

 

Le scénario est exposé. Il convient, maintenant, de le vérifier à l’aune de la politique de conquête poursuivie par les Etats-Unis depuis la guerre de Sécession. On peut, en effet, affirmer que c’est à partir de l’expérience acquise lors de ce conflit que (1861-1865) l’élite du Nord des Etats-Unis a mis en place la machinerie idéologique et militaire qui allait lui assurer l’accès à la suprématie planétaire.

 

En 1861, l’Union américaine était divisée en deux zones – pour schématiser le Nord et le Sud – aux intérêts antagonistes. Le Nord était industriel et le Sud agricole. Dans les Etats du Nord, l’esclavage (*) avait été aboli, non par générosité d’âme, mais pour créer une main d’œuvre mobile, disponible, servile, et à bon marché. Le Nord était protectionniste, tourné vers son marché intérieur et animé par l’égalitarisme distillé par les loges maçonniques. Le Sud était quant à lui libre-échangiste, orienté vers l’Europe – c’était là sans doute sa plus grave faute – mû par un esprit de tradition. La confrontation était inévitable. Les élites du Nord étaient toutefois bridées dans leur volonté de domination du Sud, par le droit de sécession que prévoyait la constitution fédérale. La guerre ne pouvant se faire au nom du droit se ferait donc au nom de la morale. Les manœuvres contre le Sud commencèrent dès 1832. Cette année là, le Congrès fédéral (dominé par le Nord) imposa unilatéralement à la Caroline du Sud un nouveau tarif douanier, qui menaçait tous les équilibres fondamentaux de son économie.

 

(*) L’auteur tient à signaler que ce développement a pour seul but d’éclairer le lecteur sur la politique impériale américaine. Il n’est ni d’une manière directe, indirecte, inconsciente ou subluminale, une apologie de l’esclavage, ce qui est cohérent avec sa position de refus de l’asservissement des peuples, européens en particulier, aux idées reçues et son refus de toute forme d’avilissement.

 

La Case de l’Oncle Tom : instrument de propagande

 

Cet Etat tenta de s’opposer au tarif douanier en question, mais dut finalement se soumettre devant la menace d’une intervention armée des troupes fédérales, brandie par le président Jackson. Le galop d’essai était un succès. Le scénario de la provocation/répression/soumission était rodé. Mais il fallait encore préparer les consciences à la guerre civile. Tel fut le rôle « confié » à certains intellectuels, dont Harriet Beetcher-Stowe faisait partie. Son ouvrage La case de l’oncle Tom (1852), fut l’un des premiers ouvrages de propagande de l’ère moderne et produisit l’émotion voulue. Dans les années suivantes, le parti Républicain (créé en 1854) sous l’influence du lobby industriel, fit du thème de l’abolition de l’esclavage son unique discours politique. Celui-ci était ostensiblement orienté contre les Etats du Sud. En novembre 1860, l’élection du candidat républicain Abraham Lincoln fut donc vécue par les Etats du Sud comme une véritable déclaration de guerre. En effet, ce président très minoritaire, élu avec seulement avec 39,8% des voix, n’avait pas l’intention d’abandonner son programme qui condamnait dans la pratique toute la structure politique, économique, culturelle et sociale des Etats du Sud. Face à ce péril, la Caroline du Sud, le Mississippi, la Floride, le Texas, La Géorgie, le Texas, la Louisiane, se retirèrent – conformément à leur droit – de l’Union et formèrent le 8 février 1861 un nouvel Etat baptisé « Les Etats confédérés d’Amérique ». Cet Etat voulut naturellement exercer sa sou­veraineté sur un certain nombre de places fortes fédérales situées sur son territoire : Sumter à Charleston (Ca­roline du Sud) et Pickens  à Pensacola (Floride), ce à quoi leurs commandants fédéraux s’opposèrent. De­vant ce refus, les troupes confédérales organisèrent leur siège. C’est alors que Lincoln saisit l’opportunité po­li­tique et stratégique que son parti avait réussi à créer et se décida à engager la guerre civile, fort de sa posture d’agressé. La suite est connue. La leçon tirée du conflit par les dirigeants du Nord fut inestimable : les foules ai­maient être ébahies par la propagande humanitaire et le sentiment du bon droit (*). Elles allaient être servies.

 

1898 : Ecraser l’Espagne !

 

A la fin du siècle dernier, les Etats-Unis se donnèrent de nouveaux objectifs impériaux : le contrôle exclusif de l’accès à l’Amérique du Sud, et la percée dans le Pacifique. Une puissance s’opposait à ce dessein : l’Espagne. Cependant, l’éloignement et l’expérience diplomatique du nouvel ennemi rendaient les tentatives de manipulation difficiles. Pour pallier l’absence d’agression espagnole, les Etats-Unis allaient exploiter l’ex­plo­sion accidentelle du cuirassier Maine (1898) au large de Cuba, et faire croire, à leur opinion publique, qu’il s’agissait d’une attaque surprise de l’Armada espagnole. Sur la base de ce motif, inventé de toutes pièces, les hostilités furent ouvertes. Après de courtes batailles navales, les Etats-Unis remportèrent une victoire totale et acquirent, en retour, la mainmise sur Porto Rico, Cuba, les Philippines et l’île de Guam. Tout cela n’était pas très moral, mais les formes (mensongères) y étaient.

 

(*) A ceux qui douteraient que la propagande abolitionniste du Nord n’était que poudre aux yeux,  il est rappelé les faits suivants : presque tous les noirs libérés de l’esclavage se retrouvèrent aux lendemains  de la guerre dans une situation de misère insoutenable. L’économie ruinée du Sud ne pouvant plus leur fournir d’emplois, ils émigrèrent vers le nord où ils furent employés à vil prix et dans des conditions souvent plus déplorables que leur ancien esclavage. Bien que libérés, ils durent attendre un siècle pour obtenir leurs droits politiques. Quant aux Indiens, les seuls véritables américains, ils durent attendre 1918 pour recevoir... la nationalité américaine.

 

La seconde guerre mondiale allait donner l’occasion aux Etats-Unis de décliner le scénario décrit plus haut sur une  grande échelle. L’ennemi cette fois était le Japon qui menaçait les fruits de la victoire sur l’Espagne (Philippines et Guam) et qui était en passe de devenir une superpuissance mondiale par son industrie et ses conquêtes asiatiques. A partir de ce moment, le conflit était inéluctable. Il débute le 28 juillet 1941, par la décision de Roosevelt de geler les avoirs du Japon aux Etats-Unis et d’étendre l’embargo aux livraisons du pétrole à destination du Japon. Cette décision accule les Japonais à l’intervention militaire. Mais cette intervention militaire est diligentée par les services secrets américains, dont on a aujourd’hui (cf. dossier du magazine Historia) la certitude qu’ils en suivaient pas à pas les préparatifs. Ainsi, l’intervention japonaise sur Pearl Harbor était non seulement connue dans ses détails mais désirée pour créer l’électrochoc qui permettrait de mobiliser tout un peuple dans une guerre totale contre un autre, déclaré perfide et immoral, bon à réduire en poussières atomisées.

 

La seconde guerre mondiale à peine achevée les Etats-Unis se donnent un nouvel objectif stratégique : évincer les Européens de l’Ouest – ceux de l’Est ont été donnés par Roosevelt en pâture à Staline - de leurs colonies pour s’emparer de leurs ressources. Dans cette logique, les Etats-Unis arment le Viêt-cong et le F.L.N. en Algérie contre les Français Au Viêt-nam, leur objectif est atteint, mais le résultat de leur action est mitigé par l’existence d’un Etat communiste hostile au nord. L’opinion publique américaine est selon sa tradition hostile à une intervention sans motif. Qu’à cela ne tienne l’administration de Lyndon Johnson va, en 1963, lui en tailler un sur mesure en accusant la marine Nord Vietnamienne d’avoir attaqué leur destroyer l’USS Maddox dans le golfe du Tonkin. Ce qui était là aussi un pur mensonge, mais un mensonge suffisant pour justifier une intervention directe.

 

La démonisation de Noriega 

 

La défaite contre les Vietnamiens allait refroidir quelque temps l’expansionnisme américain. Il n’allait, toutefois, pas tarder à se réchauffer et à employer les bonnes vieilles recettes du succès. D’abord contre le Panama, où la venue au pouvoir d’un certain Général Noriega (face d’Ananas selon l’expression américaine) avait tout pour déplaire à Washington. L’homme s’opposait à la fois au FMI, critiquait l’action de la CIA aux côtés des Contras au Nicaragua, et menaçait de réviser les clauses du traité régissant les droits octroyés aux Etats-Unis sur le Canal de Panama. La réaction américaine fut foudroyante. Une campagne de presse fut savamment organisée dans laquelle Noriega était présenté à la fois comme le grand organisateur du trafic mondial de la drogue, un être satanique, et l’adorateur d’Adolf Hitler. L’opinion publique américaine soigneusement mijotée, Georges Bush put sans résistance interne lancer, le 20 décembre 1989, son opération militaire contre Panama, dénommée « Juste cause » - tout un programme. Cette intervention effectuée en violation totale du droit international, ne suscita que quelques rodomontades diplomatiques sans conséquence sur l’influence américaine dans la zone. En 1991, l’ennemi suivant était l’Irak, une proie pétrolifère de choix. Cette fois la recette fut cuisinée avec un degré de raffinement jamais atteint. D’un côté les autorités américaines pressaient les Koweïtiens de mettre le couteau sur la gorge des Irakiens en les incitant à leur refuser l’aménagement de la dette contractée à leur égard, de l’autre ils faisaient savoir à Saddam Hussein, par la voix de leur ambassadrice à Bagdad, que dans l’éventualité où l’Irak attaquerait le Koweït ils observeraient une bienveillante neutralité.

 

L’Europe, rivale éternelle…

 

Le piège était tendu il allait fonctionner à merveille. La préparation concoctée par les services secrets était si subtile que pour la première fois la potion morale américaine allait se marier au droit international Les dupes européennes qui suivirent l’empire sans barguigner en furent pour leurs frais. La potion était plus amère que le fumet de pétrole qui s’en échappait. Malgré leur aide inconditionnelle et benoîte, les puissances européennes perdaient pied dans la région et dans le même temps la sécurité de leurs approvisionnements en hydrocarbures. On aurait pu penser que la tempête du désert une fois passée, les élites qui nous gouvernent auraient recouvré un peu d’esprit critique. Que nenni ! Inlassablement elles demandent à être resservie du même brouet infâme, aussi furent-elles comblées avec le Kosovo, où la CIA grande manipulatrice de l’UCK parvint à pousser Milosevic à la faute qui justifierait sa nouvelle campagne morale contre le droit. Quel était l’objectif stratégique de cette guerre ? Mais voyons toujours le même : l’Europe, le rival éternel, la civilisation à abattre.

 

J’allais oublier un détail : la recette impériale américaine ne produit tous ses effets qu’avec le bombardement des populations civiles : celles de Tokyo, de Hiroshima, de Nagasaki, de Dresde, de Hanoi, de Hué, de Phnom Penh, Panama, de Bagdad et de Belgrade. Juste quelques petits millions de morts et de carbonisés. Pas de quoi émouvoir, une conscience humanitaire bien trempée.

(© Charles Magne – Novembre 99).

samedi, 29 septembre 2007

Bernanos, l'homme habité

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Bernanos,

  

l’homme habité

1998 aura été, littérairement parlant, l'année Bernanos. Alors que de toutes parts, patiemment érigé sur vingt siècles d'histoire euro­péen­ne, l'imposant édifice catholique s'effrite, les plus grandes maisons d'édition parisiennes ont tenu l'an durant à célébrer la mémoire du plus fameux de nos « catholiques écrivant », mort il y a tout juste cinquante ans, par la réédition de quelques-uns de ses meilleurs brû­lots: Français si vous saviez, La liberté pour quoi faire, La grande peur des bien-pensants. Le tout assorti de quelques nouvelles iné­di­tes. Sans oublier, en ces temps où, misère de l'esprit, l'on s'intéresse davantage aux petits secrets de nos auteurs qu'à ce qu'ils ont pu é­crir­e (que penser de « l’affaire » Marguerite Duras?), l'inévitable cor­tè­ge de biographies, plus ou moins littéraires et bien troussées. Iro­nie de l'histoire, pour une des rares plumes libres du siècle, guère plus connue aujourd'hui que pour ses trois volumes de la Pléiade.

 

Le don, cette force sur laquelle fut élevée notre civilisation

 

Et pourtant. Une fois n'est pas coutume, de toutes ces publications, celles qui retinrent le plus notre attention ne furent pas tant Français si vous saviez ou Dialogue d'Ombres, mais bien deux courtes biographies, éclectiques, passionnées, de VRAIS LECTEURS chez qui Bernanos a signifié plus encore sans doute que la vision très personnelle qu’ils nous en donnent. Georges Bernanos encore une fois, de Sébastien Lapaque, et Georges Bernanos, une parole libre, de Claire Daudin rendent chacun à sa manière le juste hommage qui revenait au dernier «chrétien de combat ». Si le premier, journaliste au Figaro Littéraire, eut volontiers été des jeunes camelots du Roi qui suivirent Bernanos dans ses échauffourées estudiantines, la seconde eut fourni pour sa part une confidente attentive et pleine de réserve au Bernanos des soirs de doute. Chaleureux et engagés, les deux dis­cours se complètent et se répondent: pourquoi donc «une telle rencontre est-elle souhaitable aujourd'hui? Dans un monde envahi par la violence, où chacun, tant bien que mal, essaie de lui échapper, à quoi bon nous proposer ce rendez-vous avec la colère d’un hom­me?» (Claire Daudin). Parce que précisément, l’homme moderne est abandonné à la satisfaction de ses (seuls) égoïsmes. A son âme, il a substitué une conscience. A Dieu, il préfère les vertus. Il ne songe pas à préserver ce qui le dépasse. Le don, cette folie sur laquelle fut élevée notre civilisation, lui est aussi étranger qu'aux robots, ses maîtres. Renonçant à sa liberté, il n'obéit qu'à celui qui le programme. La télévision, le travail et les loisirs, les joies et les pei­nes, tout est programmation » (Sébastien Lapaque). Au milieu de l'a­pathie généralisée, sous laquelle étouffe notre vieille Europe, Ber­na­nos nous enseigne l'insurrection de l'esprit, sa violence se fait a­mour, des siens, des hommes, de Dieu. «L'homme de ces temps a le cœur dur et trop sensible» écrivait-il déjà en 1937.

 

«Vieillir, c'est se renier»

 

Fanatique, il le fut, c'est certain. Mais pas de ce fanatisme qui tue au nom d'un dogme, d'une idéologie. Le  «scandale de la vérité», sa croisade personnelle, fut d'abord d'affirmer le primat du cœur guidé par la foi sur le vile confort matériel. Ni conservateur ni révolutionnaire, ni de droite ni de gauche, mais royaliste jusqu'à la racine, «de cet écrivain contestataire, l'histoire littéraire a fait un marginal, utopiste ou réactionnaire, nostalgique d'âges d'or, éternel inadapté dans un monde qu'il refuse » note Claire Daudin. C'est ne rien comprendre à l'essence-même de son œuvre qu'il a située dans tous les engagements de son temps. «Rester fidèle aux grandes passions de l'adolescence ou périr avec elles. Vieillir c'est se renier». Faire face, l'esprit en alerte, prêt à bondir. «Romancier des vertiges de l'âme, Bernanos fut également un écrivain qui ne se sentait bien que dans l'Histoire » (S. Lapaque). Le présent, et plus encore l'avenir, furent sa préoccupation constante, ce qui explique qu'il se soit tou­jours adressé en priorité à la jeunesse. Car pour Bernanos la chré­tienté ne pouvait rimer qu'avec la jeunesse, époque d'aventure et de pauvreté par excellence (rien n'horripilait davantage Bernanos que la bourgeoisie catholique, repue et replète), l'âge où se conquiert la sainteté, puis le monde.

 

Dictature et démocratie tendent au même dirigisme universel

 

Antidémocrate par conviction: «Je ne comprendrai jamais, confiait-il à un ami prêtre en 1906, qu'on se désintéresse d'une lutte dont l'enjeu est le pays et qu'on se contente de mettre un billet dans l'urne», sa constante fidélité à ses principes premiers reste exemplaire dans le tumulte. Goguenard, Lapaque écrit: «Il est vrai que la veulerie de l'Episcopat espagnol, la lâcheté de Munich et le cynisme de Pétain le firent bondir. (« on ne va tout de même pas nous faire croire que c'était au nom de la démocratie et des droits de l'homme!»). Militant royaliste épris d'action (une photo le montre perturbant, canne en main, le transfert des cendres de Zola au Panthéon), et forcément déçu par l'AF (à lire absolument, sa participation au complot avorté de restauration de la monarchie portugaise), l'écriture s'impose bientôt à lui comme le support idéal à son message. Une fois Sous le Soleil de Satan paru, remarqué par Daniel Halévy («Vous aurez en France cinq cent lecteurs. Vous arrivez trop tôt ou trop tard»!) et André Gide («C'est la même chose que Bloy et Barbey d'Aurevilly, et cette chose m'est contraire»), la machine littérature, une fois lancée, ne s'arrêtera plus. On est en 1926, Bernanos a 38 ans. Des romans aux essais (L’Imposture, La Joie, Les Grands Cimetières sous la Lune, Nous Autres Français, Les Enfants Humiliés, Le Dialogue des Carmélites et tant d'autres), son appel en faveur d'un «Front chrétien» est inchangé. Sans Dieu présent dans chacun de nos actes, le monde est réduit à son absurdité.

 

Avant comme après 1945, la situation reste la même, et elle le navre. «Je n'ai jamais cru à la guerre des démocraties contre les dictatures, la formule n'ayant jamais été qu'un slogan (...) Dictature et dé­mo­cratie tendaient au dirigisme universel, à l'univers totalierté sera son drapeau, celle qui prescrit d'agir en son âme et conscience. Si ses ex­hortations restèrent lettre morte, des figures littéraires aussi diverses qu'estimables salueront son indépendance, son refus de la glo­riole (il refusa par trois fois la Légion d'Honneur), sa soif de ju­stice: Camus, Weil, Claudel, Artaud. De Gaulle lui-même, qui re­con­naîtra : «Celui-là, je n'ai pas réussi à l'atteler ».

 

A mille lieues de Mauriac mais frère en Péguy, Georges Bernanos de­meure aujourd'hui encore un cas dans la littérature française. Seul Malraux daignera assister à ses obsèques, le 13 juin 1948. Aucun représentant de la République, et pour cause, ne fera acte de pré­sence. Sans optimisme bêlant, Bernanos fut jusqu'au bout l'homme de l'espérance, jusqu'à l'hérésie. Brasillach avait bien raison, qui le surnommait «l'anar chrétien ».

 

Laurent SCHANG.

 

- Georges Bernanos une parole libre, de Claire DAUDIN, éditions Des­clée de Brouwer, collection Témoins d'humanité, 1998.

- Georges Bernanos encore une fois, de Sébastien LAPAQUE, Essai, éditions L'Age d'Homme / Les Provinciales, 1998.

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Lothaire I

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29 septembre 855 :  Lothaire I, empereur, meurt à Prüm. Détenteur théorique de la prééminence impériale, qu’il avait perdue de facto lors du partage de Verdun en 843, au profit de ses frères Louis le Germanique et Charles. A la mort de Lothaire 1, le territoire de la Grande Lotharingie est partagé à son tour entre Louis II, l’aîné, qui recevra l’Italie et portera le titre impérial, Lothaire II, qui recevra le nord, qui héritera du nom de « Lotharingie », et comprendra les terres entre l’Escaut et le Léman, et Charles, qui recevra la Provence et tous les territoires situés entre le Léman et la Méditerranée. L’unité grande-lotharingienne prend fin et excite la convoitise des Francs occidentaux et des Francs orientaux. Louis le Germanique reprendra à son compte l’ensemble lotharingien. Conrad II, Empereur germanique, assoira son autorité calme et tranquille sur la « Burgondie » (du Léman à la Méditerranée provençale). Le Duc de Bourgogne, Charles le Hardi, dit le « Téméraire » par les Français, aura pour objectif de réunir à nouveau cet ensemble médian, et de le lier à l’Empereur Frédéric III. Son rêve sera un échec. Le clivage franco-allemand, qui ensanglantera l’Europe et l’affaiblira définitivement, prend naissance, car les rois de France n’auront de cesse de récupérer les territoires ayant appartenu à Lothaire. Seules nos régions, en souvenir de l’héritage politique et spirituel bourguignon, et en vertu des clauses ayant scellé le mariage de Marie de Bourgogne et de Maximilien, ont échappé à cette volonté annexionniste. L’occupation par la France de la Lorraine, de l’Alsace, de la Franche-Comté, de la Savoie, de la Provence et du Dauphiné est toutefois foncièrement illégitime et illégale et ne saurait être acceptée comme telle.

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vendredi, 28 septembre 2007

ND: débat Champetier/Tingaud/Steuckers

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Débat ND (13)

 

Lettre de Charles Champetier

Réponses de Grégoire Tingaud (MNR)

Réponses de Robert Steuckers

 

Cher Grégoire

Quelques remarques très rapides :

 

1.

Je n'ai jamais critiqué le FN parce qu'il était "populiste" (j'ai mêmerédigé il n'y a pas si longtemps une présentation élogieuse du principal théoricien américain du populisme, Christopher Lasch ; cf. "Les peuples  contre la Nouvelle Classe" in Eléments). Au contraire, le "gaucho-lepénisme" m'apparaissait comme un des aspects les plus intéressants du phénomène, à l'encontre de ses réflexes plus conservateurs (moins de fiscalité, critique facile du "gauchisme", ordre moral, valeurs chrétiennes, etc.), souvent dominants dans les discours.

 

GT - Je n'avais pas relevé cette subtilité dans tes propos, et je trouve ton explication contradictoire avec ton argumentation contre Guillaume Faye (qui selon toi "bunkeriserait" nos idées par un goût affirmé de la provocation et la flatterie à l'égard des pulsions supposées "racistes" du peuple).

Mais ce n'est pas la première fois que je découvre ton étonnante sympathie pour Le Pen et le lepénisme : serais-tu à ton corps défendant touché par ce "romantisme de la défaite" propre à cette extrême-droite que tu méprises tant ?..

 

RS - Je peux témoigner avoir entendu très souvent (trop souvent) Monsieur Champetier se moquer méchamment des réactions populaires et populistes, que celles-ci émanent du FN français ou d'autres formations politiques ou associations. Je prends note de son recours à des thèses américaines actuelles, au demeurant excellentes, qui posent le peuple (voire la "majorité silencieuse", dénomination que Champetier n'aime pas) aux nouvelles élites intellectuelles, tenaillées par des utopies idéologiques impossibles à incarner dans la réalité politique, et aux détenteurs du pouvoir marqués par cette bouillie idéologique. Utopisme et idéologie sont ici considérés comme les armes d'un pouvoir qui se proclame "démocratique" mais qui n'est rien d'autre que coercitif. Souvent les révoltes populistes américaines étaient fort anti-intellectualistes, plus anti-intellectualistes que les mouvements identitaires européens d'aujourd'hui. Champetier se contredit en quelque sorte...

 

Ensuite, je trouve curieuse la démarche de Champetier aujourd'hui, qui est si fier d'avoir recensé un ouvrage de Lash. Faye avait analysé cet auteur en profondeur dès 1980-81 (Bulletin intérieur du GRECE, Nouvelle école, Orientations, que CC compulse sa documentation ou celle de son patron). Lash a exercé une influence profonde sur Faye. D'où, nous sommes en présence d'un paradoxe supplémentaire: CC s'attaque aux nouvelles thèses de Faye, qui dérivent partiellement d'une lecture ancienne et attentive de Lash, tout en se réclamant du populisme de Lash. Pourquoi cette attitude pour le moins biscornue? Tout simplement parce que CC tente de flatter les directeurs de la revue américaine Telos, pour qu'il puisse encore y écrire un article. Or, Paul Piccone, directeur en exercice de cette revue intéressante, ne cache pas son enthousiasme pour la Lega Nord de Bossi, dont le discours sur l'immigration est tout de même fort musclé. Ce flou dans l'attitude de CC (et d'AdB qui se dissimule toujours derrière lui et tient souvent sa plume...) semble donner raison à Faye: leur attitude hostile à son égard est dictée par des motivations bassement commerciales. Ils veulent éliminer un concurrent, qui publie dans une autre maison d'édition que le Labyrinthe.

 

2.

Je pense que la "majorité morale" n'existe plus en tant que force politique ; elle perdure en revanche en tant que masse sociologique réactive sur des points précis de l'évolution de nos sociétés. Il me semble que les partis politiques ne sont plus les formes les mieux appropriées pour faire bouger les choses sur ces points précis (cf. le paradoxe connu depuis 16 ans: les deux-tiers des Français partagent certains points du programme FN-MNR

mais les deux-tiers des Français considèrent en même temps ces partis comme dangereux).

 

GT - Il y a eu de tout temps des personnes pour enterrer l'action politique en la qualifiant d'impasse.

Il n'empêche qu'elle est toujours là, et qu'elle peut, en complément d'autres initiatives, se révéler la plus efficace, ne serait-ce que par sa capacité à toucher le maximum de personnes.

 

RS - Que Champetier le veuille ou non, il existe une "majorité morale" dans tous les pays du monde, même si celle-ci n'a plus nécessairement des références chrétiennes. C'est là effectivement que réside la difficulté majeure pour ceux qui veulent l'action politique. Ils doivent prendre appui sur une minorité activiste, ou sur un ensemble (limité) de minorités activistes, dont le discours est profilé d'une certaine manière bien précise et non partagé, en apparence, par la majorité de la population. L'objectif est de conquérir cette majorité, en diversifiant les langages et les argumentaires, en leur donnant un ton naturel (c'est le succès de Haider), sans heurter les activistes du départ (qui tiennent à conserver leurs prérogatives au sein des partis, associations, etc.). Les partis politiques ne sont plus tout à fait des formes adéquates effectivement: il me semble qu'ils doivent être flanqués de lobbies, à la manière américaine. Il faut travailler sur les contradictions de nos sociétés, dont les oligarques et leur prêtraille d'idéologues sont responsables. Néanmoins, le travail en lobbies doit déboucher sur une traduction politique, via des formations participant aux élections. Il faut au moins faire perdre un maximum de voix aux partis établis, freiner leur progression. Si 2/3 des Français sont d'accord avec les idées des partis populistes mais les considèrent comme dangereux, c'est la un hiatus dû à la dictature médiatique, que doivent combattre les associations métapolitiques. Que CC se mette donc au travail.

 

3.

La loi Gayssot n'empêche nullement de créer un Observatoire de l'immigration ou même un Observatoire des minorités. Et sauf erreur de ma part, la discrimation religieuse est autant punie par la loi que la discrimination raciale. La focalisation sur l'Islam plaît surtout à une minorité catholique. Elle est contradictoire avec la focalisation sur l'ethnie.

 

GT - Je suis d'accord sur le premier aspect (si ce n'est que parler d'islam évite de parler ouvertement de "race", alors que le message sous-jacent est bien le même).

Quant à l'opportunité du combat contre l'islam - et a fortiori contre l'islamisme et l'islamisation - nous sommes évidemment en total désaccord, ce qui ne te surprendra pas. PS : Ce combat est d'autant moins réductible à une "minorité catholique" qu'il s'inscrit parfaitement dans une vision du monde polythéiste...

 

RS - Champetier semble accepter que les discriminations religieuses soient punies par la loi. Soit. Mais toute religion est discriminante par rapport aux autres. Donc on risque de ne jamais en sortir et d'en arriver, tôt ou tard, à la saturation des tribunaux (ce qui est logique quand on veut arbitrer les goûts et les couleurs, ce qui n'est pas la fonction du droit)... Ensuite, il n'y a pas si longtemps  —mais sans doute Champetier a-t-il la mémoire courte—  sa revue éléments revendiquait haut et clair le "droit au blasphème", donc le droit à s'opposer à toutes les formes d'intolérance religieuse, voire le droit de se moquer des dévots. Pourquoi Faye n'aurait-il dès lors pas le droit de s'insurger contre certaines dérives du fondamentalisme islamiste?

 

Quant à la "focalisation sur l'Islam" dont parle Champetier, elle n'est pas la spécialité d'une minorité catholique, mais se retrouve également dans bon nombre de milieux laïcs voire laïcards qui s'inquiètent justement du recul de l'esprit voltairien. De plus, les options "païennes" de la secte où officie Champetier, à la droite du gourou, ne sont pas davantage compatibles avec un islamisme fondamentaliste, même si quelques psychopathes qui s'y produisent se proclament tout à la fois catholiques, islamistes et païens. Mais ce n'est pas là un fait sociologique, mais une psychopathologie individuelle. 

 

4.

Nous n'avons pas le même "adversaire principal", et c'est bien là le problème. L'entreprise de destruction systématique de la ND depuis la campagne de 1979 aussi bien que les 15 ans de harcèlement du FN ont démontré que les véritables maîtres de l'opinion en démocratie occidentale sont désormais les médias au sens large, qui conforment les mentalités et discriminent les attitudes ou opinions recevables/irrecevables. Jusqu'à plus ample information, ces médias ne sont pas tenus par des islamistes ou des afro-asiatiques. La dénonciation de l'islamisme est précisément un lieu commun de ces médias depuis longtemps : sur ce point, je ne vois pas de  différences majeures entre les violents éditos "anti-intégristes" de Jean Daniel et la prose d'Alexandre Del Valle.

 

GT - Je ne vois pas en quoi l'adversaire principal est différent.

Mais attaquer frontalement les "médias" s'est jusqu'à présent révélé infructueux, voire contre-productif (cf. les expériences dans ce domaine, effectivement, du FN et de la ND...).

Je crois que c'est dû principalement au fait que ce danger n'est pas ressenti par l'opinion, contrairement à l'excès d'immigration, lequel n'est possible que par la complicité du système dans son entier (politique, médiatique, etc.).

Une fois encore, il ne faut pas confondre combat politique (nécessairement simplificateur car mobilisateur à partir d'un fait / d'une menace tangible) et engagement métapolitique (qui doit en effet analyser en profondeur les rapports de force afin de dégager des axes de rupture possible).

Quant à moi, je me refuse à mettre sur un pied d'égalité envahisseurs et envahis, par principe et par solidarité "naturelle" avec les seconds, qui constituent malgré tout mon peuple ...

 

RS - L'adversaire principal est effectivement l'établissement, qui use et abuse des armes médiatiques. Or le phénomène migratoire (dont la majorité des ressortissants sont de confession islamique) a servi à cet établissement pour disloquer systématiquement et graduellement les bases juridiques de nos Cités politiques, pour ruiner l'idée de citoyenneté (liée à l'appartenance), pour détruire l'enseignement (qui donnait une égalité des chances à tous), pour démolir les ressorts des communautés et des familles, etc. De manière à avoir des masses atones de consommateurs dociles.

Ensuite, que Champetier ne fasse pas le bête: l'anti-intégrisme de Jean Daniel dérive de son idiosyncrasie per­sonnelle: il est né à Alger, il connaît l'Algérie charnellement, etc. Son anti-intégrisme repose essentielle­ment sur une appréciation personnelle du drame algérien depuis Sétif en 1945. Le propos de Del Valle est complè­te­ment différent: il argumente de manière plus globale et tire des leçons d'ordre géopolitique. Del Valle a le mé­rite de dénoncer l'alliance des Etats-Unis, de la Turquie et de l'Arabie Saoudite (et du Pakistan) contre l'Europe, la Russie et l'Inde. Je ne crois pas que Jean Daniel ait le souci de défendre l'Europe (centrée autour de l'Alle­magne et de l'Autriche), la Russie et l'Inde... 

 

5.

Le positionnement "droitier-conservateur" est une tactique. Peut-être. Mais en politique, les tactiques devien­nent vite des stratégies, et les stratégies des réalités. RV donc dans quelques mois ou années pour voir à quoi tout cela vous mène. Et si cela menait au pouvoir —ce qu'après tout je vous souhaite—, voyons pour quoi faire.

 

GT - La conquête du pouvoir ne se confond pas avec son exercice, à moins de s'enivrer d'un idéalisme par trop adolescent.

Quand au positionnement "conservateur", je maintiens qu'il est tout à fait compatible (voire consubstantiel) avec un état d'esprit révolutionnaire. Une preuve ? L'une des valeurs les plus conservatrices a priori (l'enra­cine­ment, et par voie de conséquence le régionalisme et le combat identitaire) est une arme de combat contre le Système dans son entier (mondialiste et donc niveleur) et est d'ailleurs considéré comme tel (cf. l'opération de "repentance" exigée du Mouvement breton, de l'attentat de Quevert au lycée Diwan "Roparz Hémon"...).

 

RS - La défense de l'enracinement a eu des visages conservateurs et des visages révolutionnaires. Tout comme la défense du peuple contre les oligarchies aux Etats-Unis, pour revenir au début de cette discussion et aux débats qu'organise la revue Telos. L'objectif de toute métapolitique bien comprise doit être de fusionner ces motivations diverses en un tout cohérent. Ce à quoi je me suis employé, très tôt, dès le début des années 80, dans le sillage du neutralisme allemand. J'ai été épaulé dans ce combat par Thierry Mudry, Jean-Pierre Patin, Ange Sampieru et plusieurs autres. A l'époque, de Benoist nous traitait de "trotskistes" et s'amusait à répandre des ragots ineptes contre la personne de Thierry Mudry. Aujourd'hui, cette politique, qui fut la nôtre, et qui fut critiquée par les pontes de la ND, est devenue subitement la panacée, chez ceux qui la rejetaient hier. Comprenne qui pourra...

 

CC - Cordialement

GT - Idem.

RS - Meilleures salutations.

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J. Attali : Remarques critiques

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Remarques critiques sur le "Dictionnaire du XXIe siècle" de Jacques Attali

 

Jacques ATTALI : Dictionnaire du XXI° siècle. Le livre de Poche, n°14778, 350p. 2000.

 

L'idée fondamentale de l'auteur ressort de la classique prédication en faveur du paradis sur terre. Tous les ar­tic­les lus s'inscrivent dans le même courant, poursuivi avec acharnement :la prophétie qui n'engage que ceux qui y croient. Trois thèmes sont systématiquement abordés :

 

1 - Le métissage:

 

Employé à tout propos, dans le maximum d'articles et un maximum de fois dans chacun d'eux, il ressort de la mé­thode d'intoxication par les mots. C'est un véritable bombardement verbal. L'auteur continue la tradition des sectes religieuses issues de tribus nomades qui y voient le moyen de détruire les peuples sédentaires et leurs cultures, ainsi que leurs valeurs spécifiques, pour y substituer une "vérité révélée". A titre d'illustration, on lira l'article CANADA.

 

La seconde méthode d'abrutissement est mise en œuvre systématiquement en faveur de ce concept : le couple diabolisation / adulation. Le néo-nomade discrédite et diabolise les traditions des peuples, notamment le sens de la lignée et du mariage endogamique. Il adule tout ce qui leur est étranger, antagoniste.

 

2 - La démagogie:

 

Tout viendra demain sans effort. Que ce soit dans l'ENSEIGNEMENT, où les nouvelles techniques dispenseront de beau­coup d'efforts ; ou à propos de l'AUTOGESTION, censée caractériser les nouveaux entrepreneurs de l'hy­per­clas­se, alors que c'est un mode d'organisation très fragile qui demande beaucoup d'efforts. Les articles qui se ré­fèrent à la science, par exemple la BIOAGRICULTURE, n'évoquent jamais les difficultés qu'il faut fran­chir pour ob­tenir une science de qualité.

 

3 - Le nomadisme:

 

Aussi fréquemment martelé que le mot métissage, il vise à empêcher les humains de se poser pour penser, ré­flé­chir, méditer. Car le sage n'est pas obsédé par l'agitation : il se déplace pour une raison précise, non à la ma­nière d'un badaud attiré par le clinquant et mis en branle par l'ennui. Donc, tout ce qui bouge et interdit la réflexion est présenté comme fondamental.

 

A -  Le dictionnaire est fondamentalement "occidentiste" au sens que Zinoviev donne à ce terme. Il prêche en faveur du CIVILEGO, un bric à brac de fragments de civilisation qui permet à la GLOBALISATION de règner par­tout. Il essaie de rabaisser tout ce qui n'est pas occidentiste, et critique donc les Asiatiques car l'Asie se pense comme un orchestre où chacun joue sa partition, alors que l'Occident organise les monopoles à la manière des "ecclesia" monothéistes ou des "soviets" des régimes à parti unique. Aussi, l'auteur affirme dans ses rubriques consacrées à l'ASIE, à la CHINE et au JAPON que ceux-ci se développeront à condition de s'engager sur la voie des réformes dictées par le modèle occidental.Il est important de remarquer la contradiction. Les grands EM­PIRES ont toujours reposé sur des hiérarchies légitimes, donc sur la CONFIANCE. Or, l'auteur souligne, à notre avis avec justesse, que la confiance est en régression et qu'elle est remplacée par la législation et les juristes. Com­ment s'organiseront alors les EMPIRES dont l'auteur ne prévoit pas la disparition pour la CHINE, l'INDE, le NI­GE­RIA ? L'Empire fondé sur le contrat et la démocratie actuelle n'a aucun sens.

 

B - Tous les articles consacrés aux trois piliers de la domination occidentale, finance, commerce, médiats, sont di­thyrambiques.

 

A propos de l'ASSURANCE, il est affirmé que les fonds de pension auront nécessairement un rôle dominant. La FI­NANCE connaîtra une crise (mais c'est banal depuis l'origine du capitalisme...). Une MONNAIE mondiale émer­gera et la monnaie électronique, le paiement par cartes avec photos et empreintes, se généralisera. La globa­li­sa­tion recherchée par les maîtres de la finance vaut tant pour l'EURO que pour le YEN. Ce sont des étapes inter­médiaires vers la monnaie mondiale.

 

Les médiats (PRESSE, TELEVISION, INTERNET) sont présentés sous l'angle exclusif de l'atomisation individuelle. Car l'objectif des néo-nomades, chantés par Attali,  est de former des groupes antagonistes, de soutenir toutes les oppositions et d'attiser l'envie.

 

C - L'ecclesia néo-nomade, à laquelle appartient l'auteur, exprime aussi sa haine de toute haute culture en pré­sen­tant plusieurs scénarios pour l'EUROPE où domine celui du pandémonium des races mêlées. La TURQUIE est pré­sentée comme sauvant l'Europe de son côté étriqué en lui apportant, avec l'Islam, la dimension universelle qui lui manque...

 

L'IMMIGRATION est souhaitée, comme chez les homologues d'Attali qui ont rédigé le dossier de l'ONU sur ce su­jet. L'ethnocide, les souffrances des populations victimes des colonies de peuplement, tout cela n'est jamais pris en considération. L'objectif est évidemment d'attiser les crises économique, politique, idéologique. Tout ce qui provient de la fébrilité nomade ou néo-nomade, tout ce qui est, selon notre expérience, médiocre, bor­né, aliénant, est présenté comme merveilleux et universel. C'est l'escroquerie monothéiste de base : Dieu ou l'hu­manité c'est nous, disent ces cagots. Le reste appartient à la non-humanité. Discrimination inacceptable. Ar­rogance assimilable au "racisme".

 

CONCLUSION

 

Dans les articles lus, les éléments intéressants, crédibles ou acceptables, se trouvent dans n'importe quelle re­vue. L'auteur est très banal. Le fond de son intervention réside dans les prophéties qualitatives destinées à en­dor­mir l'attention et à favoriser la croyance au miracle. Demain tout sera merveilleux si on écoute les propos lé­ni­fiants de ce genre de personnage. Pour un bon Européen, il est clair que l'auteur ment. Et il sait qu'il ment.

 

PONOCRATES.

jeudi, 27 septembre 2007

Nouvelle cible: la Birmanie

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Guerre froide : nouvelle cible, la Birmanie !

Alors qu’on ne s’occupe plus des affrontements intercommunautaires et du gouvernement maoïsant du Népal pour cause de danger de conflit direct avec la Chine, le fusil de l’Axe du Mal semble cette fois braqué sur la Birmanie. Il y a quelques jours, les Etats-Unis d’Amérique et les Etats-Unis d’Europe (aussi appelée Union européenne) ont fermement demandé à l’O.N.-U. de sanctionner ce pays suite à la répression d’une manifestation religieuse à Rangoun.

Le diplomate nigérian Ibrahim Gambari et (représentant de l’O.N.-U. dans la région) a constitué une délégation pour juger sur place de l’état des lieux. Les dirigeants birmans ont reçu l’ordre de “coopérer pleinement avec cette mission”. Le président « de France », Nikolas Sarközy, a appelé l’ensemble des entreprises françaises à « faire preuve de la plus grande retenue » dans leurs investissements là-bas et de ne pas en réaliser d’autres ; alors que ce marché est l’un des rares où nous ne soyons pas concurrencés par les Américains ! Quelle inconscience ! Il n’est pas inintéressant de constater par ailleurs que les relations franco-birmanes ne sont quasi-nulles ! Chose amusante à noter: les médias qui, il y a peu, ignoraient l’existence de ce pays nous gavent de son actualité. Ne serait-ce pas pour nous préparer à une nouvelle « révolution de couleur » non plus orange, comme en Ukraine, mais safran, de la couleur de la robe des bonzes ? Supposons que l’un d’entre eux s’immole par le feu, comme au Sud-Vietnam en 1963, et la boucle de haine médiatique aura trouvé sa nouvelle cible : la junte nationaliste des généraux birmans !

Cette stratégie rappelle celle employée il y a peu par les Américains pour justifier leurs attaques sur l’Irak et l’Afghanistan. S’il ne semble pas se dessiner d’intervention en Birmanie pour le moment, cette dernière a visiblement un rôle à jouer dans le plan mondial. Gorgée de forêts de teck, de rizières, de vallées herbeuses et de paysages escarpés, ses principales richesses sont naturelles. C’est un État-nation « à la française » caractérisé par une forte diversité culturelle, linguistique et ethnique. Peut-être que son caractère autarcique et rural est un agacement dont « Big Brother » se passerait bien, mais c’est bien mince vous ne trouvez pas ?

La réalité est beaucoup plus simple : Les plus importants gisements de gaz naturel ont été découverts le long de la côte Ouest de la Birmanie. D’importants gisements de gaz naturel ont également été décelés le long de la côte occidentale. Ces découvertes pourraient rapporter à ce pays la somme de trois milliards de dollars par an. Ses partenaires sont pour l’instant l’Inde et la Corée du Sud (dans le cadre du projet Shwe Gas Development) bien que les principaux protecteurs de ces intérêts soient actuellement la Russie et la Chine. Pour finir, elle dispose aussi de réserves de pétroles et de pierres précieuses !

Les moines bouddhistes souhaitent que ses richesses profitent à la population, c’est tout à leur honneur et ils sont dans leur rôle, et se croient soutenus en cela par la Communauté internationale. Mais cette dernière souhaite-elle sincèrement que de tels richesses géostratégiques profites aux travailleurs nationaux Birmans ?

Pour Altermédia France : K.H.

Article printed from AMI France: http://fr.altermedia.info

URL to article: http://fr.altermedia.info/general/guerre-froide-nouvelle-cible-la-birmanie_11551.html

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mercredi, 26 septembre 2007

Le premier numéro du journal "Tintin"

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Le premier numéro du journal "Tintin"

26 septembre 1946 : Le premier numéro du journal de Tintin, hebdomadaire, sort dans les kiosques belges. Quatre dessinateurs oeuvrent dans cet hebdomadaire : Hergé, bien sûr, Jacobs, Cuvelier et Laudy. Jacobs y publie les premières planches de sa fameuse aventure de Blake et Mortimer, « Le Secret de l’Espadon ». Il a fallu batailler contre toute une cohorte d’excités, haineux et profondément stupides, pour pouvoir autoriser Hergé à republier son œuvre et à la poursuivre. Le mérite de ce combat tenace revient au résistant national-royaliste Raymond Leblanc, qui souhaitait que le cataclysme de 1939-1945 n’ait pas pour effet complémentaire de ruiner les bonnes valeurs au sein de la jeunesse de notre pays. Il a réussi là un brillant combat d’arrière-garde, permettant de les conserver, presque intactes, jusqu’au seuil des années 70, où tout a commencé à partir en quenouille.

Les ennemis de Hergé en 1945, ces individus écervelés et échaudés par des propagandes ineptes, lui reprochaient d’avoir publié le « Secret de la Licorne », « Le Trésor de Rackham le Rouge » et « Les Sept boules de cristal » (l’histoire fut interrompue lors de l’arrivée des troupes anglo-saxonnes) en feuilleton dans le quotidien le « Soir », qui avait été non pas réquisitionné par l’occupant allemand, mais cédé en bonne et due forme par l’héritière de la famille qui possédait le quotidien ! On a beau écarquiller les yeux, mais on ne trouve aucune allusion politique aux événements de la seconde guerre mondiale dans ces albums. Hergé fut arrêté à plusieurs reprises, chaque fois relâché et ne fut jamais traîné devant un tribunal de ces terrifiants « auditorats militaires » de l’époque, qui suscitaient, disait un ministre d’alors, une « justice de roi nègre ». Rien n’y fit : la hargne obsessionnelle de ses adversaires n’a jamais cessé de se manifester, jusqu’à nos jours, où récemment l’affaire « Tintin au Congo » a suscité quelques émois, en Angleterre d’abord, en Belgique ensuite, avec la plainte déposée par un pitre congolais auprès du Tribunal de Première Instance de Bruxelles, sans oublier l’odieux pamphlet, heureusement peu commenté et commis par un gauchiste échevelé, un certain Maxime Benoît-Jeannin (« Les guerres d’Hergé. Essai de paranoïa-critique », janvier 2007).

Dans cette période peu glorieuse de l’histoire belge, entre 1944 et 1951, Hergé a cherché un moment refuge en Suisse, sur les bords du Léman, puis a montré une belle fidélité à bon nombre de proscrits, tels Robert Poulet, Raymond De Becker, Paul Jamin (alias « Jam » puis « Alidor »), Paul Werrie, Soulev S. Kaya, J. van den Branden de Reeth, etc. Et n’oubliait pas non plus, dans ses chagrins, l’exécution d’un journaliste, Victor Meulenijzer, dont le pire crime fut sans doute d’avoir publié, avant-guerre, un livre sur les coups bas des services secrets britanniques…  Et se révoltait contre le sort que l’on fit à son ami Jacques Van Melkebeke, inspirateur de bon nombre d’albums. Hergé n’avait rien d’un fasciste ou d’un nazi, comme tente de le démontrer le délirant Maxime Benoît-Jeannin, mais un homme qui avait été élevé dans le vaste monde intellectuel du catholicisme belge d’entre les deux guerres, où, comme l’a dit une romaniste avisée, qui a étudié le phénomène dans toute son ampleur, « on écrivait sous le regard de Dieu », et où communiaient des idéologèmes conservateurs et sociaux-justicialistes.

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mardi, 25 septembre 2007

Elsass Frei !

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04:45 Publié dans art | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook