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samedi, 19 mai 2007

Affrontement sino-nippon

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Chine-Japon: l'affontement

Trouvé sur : http://www.radio86.fr/decouvrir-et-apprendre/chine-hebdo/...

Alors que pourtant l'interdépendance économique s'accroît entre les deux géants asiatiques, leurs relations n'ont cessé de se détériorer depuis 2004. Dans “Chine-Japon, l'affrontement” paru aux éditions Perrin, Valérie Niquet passe au peigne fin les relations entre les deux pays, aborde les sujets de tensions. Des tensions qui ont en réalité très peu avoir avec l'histoire mais tout, au contraire, avec le présent et même l'avenir.

Valérie Niquet est professeur au Collège interarmées de défense (CID- École militaire) où elle assure le cours de géopolitique de la Chine. Elle est japanologue, sinologue et dirige le centre ASie de l’IFRI.

Outre de nombreux articles sur des enjeux d’actualité, elle a traduit deux oeuvres majeures de la stratégie chinoise: “L’Art de la guerre”, de Sun Zi et le “Traité militaire”, de Sun Bin

Chine-Japon: des relations diplomatiques au plus bas
Depuis 2004, de nombreux évènements en Chine ont reflété le sentiment anti-nippon de plus en plus présent dans la société chinoise mais également entretenu par les autorités. Face à cette impopularité croissante, le Japon a brandi l'arme économique et a affirmé vouloir supprimer les programmes de développement accordés à la Chine à l'horizon 2008. Reflet de cette « hystérisation » des relations, aucune rencontre officielle n'a eu lieu depuis la visite de Junichiro Koizumi en 2001.

Le poids du passé
Officiellement, les griefs de Pékin envers Tokyo sont de nature essentiellement historiques. La question de la « révision des manuels » visant à présenter la guerre en Asie comme une guerre de libération contre les anciennes puissances coloniales et dans laquelle le massacre de Nankin est fortement édulcoré à provoqué de vives manifestations en Chine en avril 2005.L'autre sujet de contentieux, le plus connu, est l'affaire du sanctuaire Yasukuni, où reposent 14 criminels de guerre de classe A.
Pékin considère alors que le Japon ne souhaite pas « expier la faute de la seconde guerre mondiale ». Mais pourtant, le gouvernement japonais a déjà présenté des excuses, notamment en 1995, à l'occasion du 50e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale dans le Pacifique. Pékin utilise notamment l'argument historique pour justifier son opposition à la candidature du Japon qui souhaite devenir membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU.

Les sujets de discorde
Valérie Niquet s'intéresse à un nouveau terrain possible d'affrontement, la question énergétique, qui vient exacerber les tensions entre la Chine et le Japon. Si les besoins et la dépendance énergétiques de la Chine augmentent beaucoup, le Japon demeure tout aussi dépendant de l'extérieur. Tokyo et Pékin se trouvent alors en concurrence sur le marché russe mais aussi en Iran ou en Arabie Saoudite, partenaire traditionnels du Japon, où Pékin ne cesse pourtant d'avancer ses pions. Malgré ses nombreux sujets de discorde, les relations économiques entre les deux pays sont « florissantes » comme en témoigne le montant des échanges qui ont atteint 189 milliards de dollars en 2005, contre seulement 120 milliards en 2003 et… un milliard lors du rétablissement des relations diplomatiques en 1972. La Chine et le Japon sont les premiers clients l'un de l'autre. Mais pourtant le facteur économique n'apaise en rien les relations sino-japonaises.
Derrière cette « guerre froide qui ne dit pas son nom », c'est la question de la concurrence des modèles chinois et japonais en Asie qui est en jeu.

Enfin Valérie Niquet examine les scénarios probables des rapports entre Tokyo et Pékin.
Titre: Chine-Japon, l’affrontement

Auteur: Valérie Niquet

Paru le:24 août 206

Editeur:Librairie Académique Perrin

Prix éditeur:18,50 euros


Auteur: Marion Zipfel

05:10 Publié dans Eurasisme, Géopolitique, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 18 mai 2007

Hommage à Monique Crokaert

Hommage à Monique Crokaert, poétesse, épouse de Marc. Eemans, décédée le 4 janvier 2004.

Ce texte a été lu le jour de ses obsèques par Robert Steuckers.

Chers parents, chers amis,

Il est l’heure de prendre congé définitivement de Monique, aujourd’hui, en cette triste journée de janvier. Monique, la fille de Jacques, cet esprit politique génial, jamais remplacé et surtout irremplaçable, Monique l’effrontée, Monique la poétesse, Monique la compagne de Marc, Monique qui aimait la vie mais qui n’en avait plus le goût depuis la mort de son grand artiste de mari, nous a quittés, il y a un peu plus d’une semaine.

Une page d’histoire se termine ainsi, trop abruptement. Des souvenirs poignants et incommunicables viennent de s’effacer. Une époque de créativité extraordinaire, artistique, littéraire et philosophique, s’éteint encore un peu plus, avec la disparition de Marc et de Monique à quelque cinq ans d’intervalle, plongeant ce Pays encore un peu plus dans la froide obscurité du Kali Youga.

La langueur qui s’était emparée de Monique depuis le 28 juillet 1998, quand Marc s’est éteint, est sans nul doute empreinte d’une immense tristesse, mais elle nous interpelle, aujourd’hui, au-delà de sa mort. En effet, cette langueur est un appel, qu’elle a lancé à nous tous sans toujours cherché à bien se faire comprendre, un appel pour que nous continuions à œuvrer pour faire connaître, pour défendre la mémoire des peintures, des poèmes, de la pensée mystique de Marc, pour nous souvenir à jamais des poèmes de Monique, pour nous replonger dans l’œuvre politique de Jacques Crokaert.

Car tel était bel et bien le message de cette langueur, et parfois de cette rage, qui a progressivement exténué Monique au cours de ces cinq dernières années. Il serait incorrect de ne pas y répondre, car c’était, au fond, son vœu le plus cher. Que cette formidable mobilisation de l’intellect, de la volonté, de la sensibilité, de l’esprit n’ait pas été qu’un simple passage voué au néant. Que ce formidable feu d’artifice ne soit pas qu’une beauté éphémère. Qu’il y ait pour lui un lendemain. Une réhabilitation totale et définitive.

Tel était le contenu de mes conversations avec Monique au cours de ces cinq dernières années.

Je vous demande donc à tous, selon vos moyens, de réaliser son vœu, si ardent, si noble, si pressant, et de le lui promettre, ici, devant sa pauvre dépouille, devant celle qui ne pourra plus jamais nous parler, nous enjoindre de travailler, ou, même, —et je le dis avec tendresse— de nous « engueuler » parce que les choses ne bougent pas assez vite à son gré. Justement parce que la verdeur occasionnelle de son langage ne sera plus, pour aucun d’entre nous, un aiguillon ou un agacement, je vous demande de continuer ce travail.

Adieu, Monique, nous allons tous regretter tes poèmes, ta nostalgie de Marc, ta fidélité très difficile, vu les circonstances, à son œuvre, nous allons aussi regretter ta verdeur langagière, tes remontrances corsées, comme nous avons aimé les rouspétances de Marc, aigri d’être sans cesse boycotté par les Iniques.

Adieu, donc, et nous travaillerons, pour que les « Fidèles d’Amour » reprennent le flambeau et leur rôle de guide d’une humanité régénérée, pour que les « Lumières archangéliques et michaëliennes » resplendissent à nouveau, comme l’a voulu Marc pendant de longues décennies de combat mystique et philosophique.

Adieu, Monique, tu nous manqueras, parce que tu incarnais, tant bien que mal, parfois en tâtonnant, parfois en te débattant, plusieurs pages sublimes de l’histoire de notre pays. Adieu, mais, pour ne pas t’oublier, nous parlerons et reparlerons de ce qui t’a été si cher au cœur.

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A propos de Werner Sombart

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A propos de Werner Sombart

18 mai 1941: Mort à Berlin du grand sociologue, économiste et philosophe allemand Werner Sombart. Son œuvre est vaste, immensément vaste, mais, en résumé, on pourrait dire qu’il est l’héritier de Marx le plus complet, notamment grâce à son énorme ouvrage en six volumes sur les origines du capitalisme. Sombart est celui qui a complété véritablement le Capital de Marx, en dégageant l’histoire du capitalisme de la gangue des abstractions ou des vœux pieux des militants socialistes, pour la replonger dans l’histoire réelle des peuples européens et de l’économie globale.

Les positions de Sombart l’ont amené à abandonner les tristes insuffisances des politiciens de bas étage se réclamant de Marx —auquel ils ne comprenaient rien— au sein des formations sociales démocrates ou communistes. Ce qui a valu, bien sûr, à Sombart, véritable et quasi seul héritier de Marx, l’étiquette infamante de “fasciste”. Plus tard, l’historien français Fernand Braudel s’appuiera sur bon nombre d’intuitions de Sombart pour développer ses thèses sur l’émergence du capitalisme, à partir de la découverte des Amériques. Pour une approche succincte de l’œuvre de Werner Sombart, cf. : Thierry MUDRY, «Le socialisme allemand de Werner Sombart», in : Orientations, n°12, 1991.

jeudi, 17 mai 2007

O. Spengler's Uneven Legacy

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Oswald Spengler's Uneven Legacy

by Donald L. Stockton

http://home.alphalink.com.au/~radnat/spengler/biographica...

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Brigid : grande déesse celtique et sainte irlandaise

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Brigid: grande déesse celtique et sainte irlandaise

Astrid Bässler, spécialiste des médecines holistes à Berlin, médecin en Allemagne et en Nouvelle-Zélande, où elle a créé la fondation "Crystal Bridge", institution qui soigne les patients en les induisant à pratiquer un travail artistique. Elle s'est ensuite consacrée aux problèmes de l'eurythmie. Elle a composé récemment un petit bréviaire en l'honneur de Brigid, la déesse principale du panthéon celtique. Cet ouvrage contient, outre des poèmes (en allemand, en anglais et en gaélique) et de magnifiques illustrations dues à la plume et au ciseau de Rory McDougall, plusieurs textes définissant le rôle et les attributions de Brigid.

Dans «Brigid», d'Astrid Bässler elle-même, on lit: «Brigid est une figure qui revient sans cesse dans le monde celtique du Nord-Ouest, à des périodes différentes, sous des aspects différents». A l'ère pré-chrétienne, nous rencontrons Brigid comme inspiratrice du processus de création. Par ses chants, elle suscite la puissance créatrice des dieux masculins, comme Angus, incarnation de l'éternelle jeunesse, Ogma, personnification de la magnificence de l'astre solaire, Gobniu, le forgeron magique… Elle offre à la Terre en voie de création son manteau bleu, qui deviendra le sol nourricier de tous les êtres vivants, animaux et végétaux, ainsi que l'enveloppe protectrice dont on entourera tous les malades et nécessiteux. Le manteau bleu de la déesse symbolise dès lors la force vitale omni-compénétrante. La Sainte-Brigitte (455-525?) du christianisme irlandais est une fille de chef, qui devient l'abbesse de Kildare, monastère mixte, où œuvrent hommes et femmes, véritable centre culturel, où l'on recopie des manuscrits, où l'on installe une école de forgerons et d'orfèvres, flanquée d'un hôpital. La qualité d'abbesse de Brigitte lui confère le rang d'évêque dans une église irlandaise qui ne se soucie guère des dogmes (machistes), imposés ailleurs par Rome. Faisant fi de la chronologie officielle qui fait naître la grande abbesse de Kildare en 455, la légende veut que Brigitte se soit trouvée à Bethléem, au moment de la naissance du Christ, l'a vu, enfant dans sa crèche, et l'a enveloppé de son manteau bleu. Légende indéracinable en Irlande qui montre l'antériorité de la religiosité brigittine et brigittine-christique par rapport à l'appareil romain-constantinien. Cette légende refuse donc le "rupturisme" chrétien, qui entend éradiquer les cultes païens ancestraux, dans l'aire celtique ou ailleurs. Astrid Bässler rappelle également que la fête de la Sainte-Brigitte correspond au début du printemps traditionnel celtique, l'Imbolc, le 1 février.

Isabelle Wyatt, dans un autre texte explicatif sur les avatars de la déesse celtique, repère ses traces dans d'autres régions d'Europe: la ville de Brigantia en Espagne doit son nom à Brigid; de même, la tribu celtique des Brigantes du Yorkshire en Angleterre; le Lac de Constance ("Bodensee" en allemand) s'appelait en latin "Lacus Brigantius", près duquel on trouve la ville de Bregenz ("Brigantinum" en latin). Dans l'Est de l'hexagone, on trouve maintes inscriptions votives à "Brigindo", nom de la déesse dans l'Est de la Gaule.

Isabelle Wyatt rappelle que Brigid (ou Brigan, Brig ou, en Irlande, Bridghe) est la déesse du "dan", terme signifiant le savoir mais aussi la vitalité en tous domaines, englobant le visible et le caché. Comme dans nombre de processions de l'ère chrétienne, où elle est remplacée par une vierge Marie, on promène, au début du printemps, son effigie dans les champs, juchée sur un chariot; elle est représentée sous les traits d'une jeune femme tenant en ses bras un enfant. On offre du lait sur son autel. Elle protège le bétail (surtout bovin). Elle est la mère du "Logos" celtique, l'Ogma irlandais ou l'Ogmios gaulois, dieu de la langue, de la littérature et de l'éloquence. Elle est une femme qui guérit et, à ce titre, elle est la protectrice des poètes et des écrivains (dont le statut reste très élevé en Irlande), car la poésie comme l'art de guérir sont des émanations des forces vitales que recèle le monde en abondance. Les rêves, les destinées, les prophéties relèvent également de la déesse, justement parce qu'ils indiquent un domaine où confluent et se mêlent passé et avenir. Brigid est fille du Soleil, car c'est du Soleil que le monde reçoit son être. Autre symbole lié à Brigid: le cygne blanc, essence de l'homme, dans sa pureté prénatale.

Nous trouvons dans l'anthologie d'Astrid Bässler ces phrases du grand poète irlandais William Butler Yeats: «Derrière toute l'histoire irlandaise, nous trouvons une grande tapisserie murale, que même le christianisme doit accepter, pour s'y retrouver. Quand on observe ses plis sombres, on ne peut pas dire où commence le christianisme et où finit le druidisme».

Enfin, Hans Gsänger, dans une contribution assez longue, nous rappelle un texte ancien, l'Hymne de Broccan, où Brigid, symbole de la terre mère fécondée par le Soleil, est présentée comme la véritable mère du Christ, posant dès lors l'équation entre Brigid et Marie/Myriam, inacceptable pour le christianisme dogmatique, car tous les cultes mariaux seraient ramenés à leur matrice païenne, avec Brigid comme mère cosmique et le Christ comme avatar d'Ogmios.

H. Gsänger nous rappelle aussi les écrits de Giraldus Cambrensis (= Gerald of Wales) (1145-1223?). Cet ecclésiastique anglo-gallois avait d'abord participé aux croisades anti-irlandaises du Roi Henri II, puis avait rompu avec la hiérarchie de l'église anglaise, pour devenir un écrivain indépendant, au style puissant et humoristique. Prolixe pour son temps, il rédigea également quelques ouvrages historiographiques et topographiques sur l'Irlande et le Pays de Galles (Topographia et expugnatio hibernica, Descriptio Kambriae, Itinerarium). Il y décrit les mœurs et les gens, y retranscrit des bribes significatives de sagas et de contes, avec d'importantes allusions à la fusion du culte de Brigid et des cultes mariaux, qui ne sont souvent rien d'autre que leur transposition christianisée. Notamment, Gerald rappelle que Sainte-Brigitte, l'abbesse de Kildare, entretient et garde un feu sans cendres, avec l'aide de 19 nonnes. On parlait à l'époque de "la flamme sans cendres des Gaëls". Ce feu de l'abbesse Brigitte sera perpétué par ses successeurs jusqu'en 1220, où, à l'instigation des inquisiteurs anglo-romains, le représentant du roi d'Angleterre, Henri de Loundres, le fait éteindre d'autorité.

Gerald nous apprend également que Sainte-Brigitte est la patronne des étudiants (leg druidique?), la mac-léighinn, ce qui la lie directement à la déesse Brigid, protectrice des poètes et des écrivains.

Le 1 février, jour de l'Imbolc celtique et de la Sainte-Brigitte, celle-ci, rapporte la légende, convie la "famille céleste". Les femmes irlandaises ont encore l'habitude de faire des "Brigid-crosses" à cette date; ces croix sont confectionnées à l'aide de paille et placées au centre d'un carré, également tressé avec de la paille, jeu de formes qui donne la roue cosmique ou swastika. Ce rituel traditionnel relève, ajoute Gsänger, des "mystères irlandais", dont les racines sont païennes mais qui ont survécu longtemps en Irlande, après la christianisation. Que signifie le nombre 19, nombre des nonnes qui accompagnent Sainte-Brigitte dans l'entretien du "feu sans cendres"? Brigitte comme moteur cosmique est de fait accompagnée de 12 + 7 assistantes. Le nombre 12 fait référence aux douze signes zodiacaux, c'est-à-dire aux douze configurations des étoiles fixes, tandis que le nombre 7 correspond aux sept planètes du système solaire connues à l'époque. Le mystère irlandais de Sainte-Brigitte est donc la christianisation superficielle d'une cosmologie païenne immémoriale. Brigid/Brigitte harmonise donc les astres immobiles et les astres mouvants, elle est la gardienne de l'ordre cosmique. Dans la tradition irlandaise, les figures marquantes sont toujours accompagnées de 12 assistants ou disciples, mettant l'accent sur l'immuabilité cosmique: Columcille arrive à Iona (l'île sacrée des Hébrides) avec 12 "frères"; Colomban arrive en Europe centrale avec 12 "moines". Saint-Finnian de Clonard commence sa carrière, accompagné de 12 "apôtres". Le même principe vaut pour les traditions guerrières, comme nous le montre les récits des Chevaliers de la Table Ronde (Artus, Graal). L'iconographie irlandaise représente Brigid au centre de la Trinité, oblitérant ainsi le récit chrétien, plus récent, et affirmant, discrètement, la préséance du culte de Brigid (et d'Ogmios) sur le message strictement chrétien.

Il existe également un rapport intime entre le culte immémorial de Brigid et le symbole du Chaudron de Dagda, réceptacle des forces constitutives de l'éther qui "forgent" le corps. Les forces qui arrivent dans un corps, en voie de constitution, en gestation, et qui ne servent pas directement à le "forger" physiquement et charnellement, virevoltent, libres et ludiques, dans l'âme de la personne et lui communiquent ses qualités artistiques et poétiques. Ce qui explique la triple fonction de Brigid, comme protectrice des "forgerons", des médecins (chargés de maintenir actives les forces vitales dans les corps des hommes) et des poètes.

Dernière indication que nous livre Gsänger: il nous rappelle l'œuvre du poète écossais William Sharp (1855-1905), qui publiait sous le pseudonyme féminin de Fiona Macleod. Sharp/Macleod évoque les récits relatifs à Brigid/Bride dans From the Hills of Dreams (1896), ouvrage qui sera publié en allemand en 1922, sous le titre de Das Reich der Träume, dans la célèbre maison d'édition d'Eugen Diederichs, défenseur d'une religiosité alternative, enracinée, libertaire et vitaliste, qui imprégnera profondément le mouvement de jeunesse allemand, le Wandervogel.

Bref, une anthologie qui permet de redécouvrir, derrière une figure mythologique féminine, la religion cosmique indo-européenne (puisque Brigid fait partie des dieux de la lumière du jour, les Tuatha De Danaan), qui ne s'est pas interrompue brutalement par la christianisation, mais s'est perpétuée intacte pendant plusieurs siècles, jusqu'à la conquête anglaise de l'Irlande, conquête ordonnée par Rome. Cette conquête a conduit à l'extinction du feu sacré de Kildare, donc au rejet de l'ordre cosmique immuable des douze configurations zodiacales et du jeu mouvant des sept planètes.

Detlev BAUMANN.

Astrid BÄSSLER, Brigid. Keltische Göttin und Heilige, Ogham Verlag/Verlag am Goetheanum, Freiburg/Br., 1999, ISBN 3-7235-1063-9.

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Charles-Quint, Empereur gibelin

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Charles-Quint, Empereur gibelin

Les quelques notes qui suivent ici ne sont que les fragments d'une étude beaucoup plus vaste que nous sommes en train de préparer.

 

La figure et l'époque de Charles-Quint (1500-1558) ont déjà été étudiées et analysées par divers historiens espagnols, argentins, anglais et américains, dont les optiques étaient é­ga­lement diversifiées (libérale, progressiste, marxiste, révi­sion­nisme argentin, traditionalisme espagnol), cependant, un aspect de son règne a été largement sous-estimé, à nos yeux, traité marginalement ou supplanté par tous les autres. C'est la perspective que nous tenterons personnellement de mettre en exergue: celle de Charles-Quint comme Empereur gibelin. Pendant les 12ième et 13ième siècles, l'Occident chré­tien est secoué par ce que l'historiographie habituelle et su­perficielle appelle la “querelle des investitures”; mais, une bonne analyse de cette querelle nous induit à ne pas la con­sidérer comme une simple lutte politique mais comme une guerre de nature fondamentalement spirituelle. Depuis l'é­poque de Charlemagne, deux pontifes sacrés se parta­geaient la Terre: le Pape et l'Empereur, qui devaient agir de concert. Ce qui revient à dire que Dieu avait institué deux re­présentants et que tous deux étaient sacrés. Non seulement l'Eglise, chapeautée par le Pape, était d'inspiration divine, mais aussi le Saint-Empire Romain, personnifié par l'Em­pereur. Telle était la conception gibeline. Mais à partir du 12ième siècle  —avec des antécédents plus tôt dans l'his­toire—  se déploie la conception guelfe, où l'Eglise com­men­ce à nier le caractère sacré de l'Empire et prétend assumer seule le monopole des questions spirituelles. En consé­quen­ce, un processus de désacralisation de l'Etat s'amorce qui, par étapes successives, conduira à l'émergence d'Etats na­tio­naux, réduits aux seules dimensions temporelles et étran­gers à toute spiritualité. Ce sont les Etats qui dominent ac­tuellement, totalement laïcisés et séculiers. Quant à l'Eglise, qui perd ipso facto le soutien du Saint-Empire Romain, de­vient exclusivement paulinienne et tombe sous la coupe et le contrôle des monstres qu'elle a elle-même contribué à faire naître.

 

Quand Charles-Quint entre en scène

 

Donc l'aspect du règne de Charles-Quint le moins bien traité par les historiens réside dans ses tendances gibelines. Elle se sont manifestées dans le conflit qui l'a opposé au Pape pendant tout son règne d'Empereur du Saint-Empire Romain (1519-1556) et de Roi d'Espagne, dont il hérite de la monar­chie en 1517, sous le nom de Charles I. Charles-Quint, en se présentant à sa première Diète Impériale, fut très clair à ce propos. Il a dit: «Aucune monarchie n'est comparable au Saint-Empire Romain, auquel le Christ en personne à rendu honneur et obéissance, mais aujourd'hui cet Empire vit des heures sombres et n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut, mais avec l'aide des pays et des alliances que Dieu m'a don­nés, j'espère le ramener à son ancienne splendeur». Le jeu­ne Empereur, dès le début de son règne, déclare son option catholique et gibeline et gardera la même position face à l'église que ses prédécesseurs des 12ième et 13ième siècles.

 

L'ombre des Empereurs Frédéric

 

Les Papes de l'époque de Charles-Quint ont vu, sans aucun doute, derrière le nouveau Caesar les ombres de Frédéric Barberousse et de Frédéric II de Hohenstaufen. Par tous les moyens, ils essaieront de bloquer la restauration de l'uni­ver­sitas christiana. Pour arriver à leurs fins, ils utiliseront tantôt une diplomatie tordue, sinueuse, intrigante, traîtresse, un double langage, dans le plus pur style de la “raison d'Etat” exposée clairement par un contemporain, Nicolas Machiavel, tantôt des alliances hostiles à l'Empire et la guerre. Les Pa­pes s'allieront avec la France, berceau du monstre étatique mo­derne. Dans la foulée, ils favoriseront les menées de l'Em­pire ottoman, vu que tant le Grand Turc que le Pape é­taient les alliés de la France. Rome s'est opposée à tout ac­tion énergique de Charles-Quint contre les Turcs et les Lu­thé­riens, qui commençaient à se manifester en Allemagne. N'ou­blions pas que le Saint-Empire Romain à l'époque com­pre­nait l'Espagne et les terres du Nouveau Monde, les Flan­dres, la Franche-Comté, l'héritage bourguignon, le Nord de l'Italie, la Sicile, la Sardaigne, Naples, les Allemagnes, l'Au­triche, la Bohème et la Hongrie.

 

Même pendant le règne de Philippe II, son fils, l'Eglise a ten­té de s'allier avec les Ottomans. L'opposition du Pape Clé­ment VII au Saint-Empire était telle que Charles-Quint a dû se résoudre à le prendre prisonnier, après l'occupation mili­tai­re de Rome par les troupes impériales. Cette capture a été suivie d'un arrangement provisoire et, dès la libération du Pape, Charles-Quint s'est fait consacrer Empereur par celui-ci, devenant de la sorte le dernier souverain du Saint-Empire à avoir été oint par l'Eglise. La politique guelfe de faire obs­tac­le à toute restauration de l'Empire catholique a empêché toute action décisive contre les luthériens. L'Eglise était da­van­tage préoccupée par l'éventuelle restauration politique et l'in­tronisation subséquente d'un nouveau César, rival po­ten­tiel du Pape, que par l'unité du monde catholique. Profitant de l'affaiblissement de l'Empire, dû aux intrigues du Pape, les Turcs ont avancé leurs troupes le long des frontières orien­tales de l'Empire et envahi la Hongrie, tandis que les Fran­çais, leurs alliés, ne cessaient de guerroyer contre Char­les-Quint et de soutenir les luthériens, entamant l'Em­pire sur ses marches occidentales.

 

La responsabilité de l'Eglise

 

Charles-Quint a donc dû faire la guerre à quatre ennemis aus­si funestes qu'implacables: le Pape, les Turcs, la France et les luthériens. Chacun de ces ennemis de l'Empire était allié à l'autre (la France avec les Turcs et les luthériens, le Pape avec la France, donc, implicitement avec les luthériens et les Turcs, etc.). Cependant, on peut dire que la puissance la plus responsable et la cause première de l'effondrement de l'idée impériale de Charles-Quint a été, sans aucun dou­te, l'Eglise catholique. S'il y avait eu un accord solide et sin­cè­re entre l'Empire et l'Eglise, renforcé par un idéal de spi­ri­tualité et de transcendance, où chacune des parties aurait re­connu le caractère sacré de l'autre, comme le voulait le ca­tholicisme médiéval et gibelin, l'Europe (avec ses posses­sions américaines) aurait pu devenir un Empire catholique. Mais la politique guelfe que Rome a suivie sans discontinuer a empêché l'éclosion d'une Europe bien charpentée par l'in­stitution impériale. Les principes supérieurs ont été sacrifiés aux passions inférieures. De tous ces maux sont issus les E­tats nationaux particularistes, la réforme protestante, la perte de l'unité européenne. Quant à l'Eglise, son influence dimi­nue­ra sans cesse au fil du temps parce qu'elle se sera dé­bar­rassé du bras armé de l'Empire, complément traditionnel et indispensable de la caste sacerdotale.

 

L'Argentine, partie intégrante du Saint-Empire Romain

 

Aujourd'hui, pour nous Argentins, il s'agit de récapituler cette histoire de l'idée impériale de Charles-Quint et d'en tirer les leçons pour l'Argentine contemporaine. Nous ne devons pas oublier que l'Argentine s'est incorporée à l'Occident chrétien pendant le règne de l'Empereur Charles-Quint. Notre pays est né comme une partie intégrante du Saint-Empire Ro­main, c'est-à-dire que nous sommes les enfants d'une voca­tion impériale. Rappelons que l'Empire est la forme de politie qui revendique l'universalité, qui est présidée par une idée transcendante et spirituelle, dont l'objectif est de construire une échelle qui va de la Terre au Ciel, ou, en d'autres ter­mes, de jeter un pont entre ce monde et l'autre monde. La vo­cation du Saint-Empire n'a donc rien à voir avec les pro­jets purement matériels des impérialismes modernes, fruits des appétits petits-nationalistes et résultats d'intérêts pure­ment matériels et économiques. Pendant le règne de Char­les-Quint, Solís découvre le Rio de la Plata, Alejo García en­tre­prend ses voyages d'exploration, Magellan et Elcano font le tour du monde (et tous deux passent plusieurs mois en Patagonie), Diego Gaboto explore les terres qui deviendront celles de notre pays et fonde Sanctus Spiritus, Francisco Cé­sar réalise son grand voyage, les Espagnols fondent une première fois Buenos Aires, Irala fonde Asunción, etc. Les ac­tes fondateurs de l'Argentine sont donc posés à l'époque de Charles-Quint. Dans d'autres parties de l'Amérique ibéri­que, les conquistadores conquièrent les Empires aztèque et inca, découvrent la Mer du Sud (le Pacifique).

 

Le symbolisme de l'or et de l'argent

 

Nous devons encore attirer l'attention sur quelques autres faits:

1.        La découverte du fleuve qui s'appellera par la suite le Rio de la Plata.

2.        La recherche de la “Cité des Césars” (Ciudad de los Ce­sares), couverte d'or et d'argent.

3.        Les vieilles légendes médiévales relatives à l'héritage des terres du Saint-Graal, également recouvertes d'or.

4.        Charles-Quint était le Grand-Maître de l'Ordre de la Toison d'Or.

 

Rappelons ici que la Toison d'Or nous amène à une légende mythologique de la Grèce antique, selon laquelle Jason et ses compagnons partent à la recherche d'une toison d'or pour récupérer un royaume. Si nous associons toutes ses ré­férences, nous constatons que notre destin était déjà tra­cé, même avant la naissance de l'Argentine; il était placé sous les signes symboliques de l'or et de l'argent, métaux nobles symbolisant les âges primordiaux: l'Age d'Or et l'Age d'Argent, la noblesse, la supériorité du sacré et du divin. S'il est vrai que si l'on perd le rumb qui nous ramène à nos ori­gi­nes, alors notre voie est de bâtir un Empire. Le nationalisme argentin ne peut servir que de courroie de transmission pour ce projet universel. Vouloir lui donner une autre destination, c'est le condamner au néant, le conduire sur une voie de garage.

 

Julián Atilio RAMIREZ.

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mercredi, 16 mai 2007

Religio - rem lig(a)re

 Religio = rem lig(a)re

Petit ouvrage très spécialisé, qui n'intéressera que les philologues patentés du latin, le travail d'Axel Bergmann (°1956) constitue une mise au point importante: les étymologies généralement admises, qui font dériver le terme "religio" de "relegere" ou de "re(d)- + (nag)legere ou de "religare", sont erronées. Bergmann émet et justifie l'hypothèse suivante: "religio" dérive de "rem lig(a)re". Il fonde son argumentation sur une étude minutieuse de la métrique latine et de la morpho-syntaxe. Cette recherche philologique permet de regarder la religion romaine d'une manière différente, soustraite à toutes les interprétations postérieures, christianisées.(Detlev Baumann).

Axel BERGMANN, Die "Grundbedeutung" des lateinischen Wortes Religio, Diagonal-Verlag, Marburg, 1998, DM 18, ISBN 3-927165-52-2.

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Céline vu de Russie

 
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Céline vu de Russie

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Dans ce Bulletin, nous évoquons le plus souvent la façon dont Céline est perçu dans son pays. Mais la réception critique de l’écrivain ne se limite pas aux frontières de l’hexagone. Il est donc important de montrer comment Céline est vu par le monde non francophone.

L’occasion s’en offre à nous, grâce à la sortie du premier roman de la trilogie célinienne, D’un château l’autre, traduit par Tatiana Kondratovitch¹, et ce, après la parution du Voyage (version de Youri Kornéev, 1994) et de Mort à crédit que l’on doit également à cette même traductrice. La préface d’une vingtaine de pages, écrite par son mari Viatcheslav Kondratovitch, nous éclaire sur la manière dont Céline est actuellement présenté en Russie. D’emblée, l’importance de l’écrivain est attestée : "Dans la littérature contemporaine, il n’ y a peut-être pas de nom plus incontestablement contestable et, en même temps, plus contestablement incontestable que celui de l’écrivain français Louis-Ferdinand Céline". Et d’ajouter : "L’influence que son œuvre a exercée sur la conscience d’un bon nombre d’écrivains contemporains occidentaux peut être comparée seulement à l’effet qu’ont produit les publications des livres de Dostoïevski en Occident". Plus loin, un autre parallèle est tracé entre les deux écrivains en raison de leur égal "talent cruel ".
    Dans sa préface, l’auteur relève que les écrits polémiques de Céline n’ont pas peu fait pour susciter la condamnation de ce qu’il nomme l’ "opinion publique progressiste". Il aurait pu être précisé que cette condamnation est partagée par les libéraux qui ne sont pas tous progressistes, au sens où on l’entend peut-être encore en Russie.   
    Dans cette préface destinée au public russe, l’auteur force un peu le trait lorsqu’il affirme que, dans les années 30, Céline était "en très bonnes relations" avec Louis Aragon qui le pressait de visiter l’Union Soviétique. Mais seul un célinien peut sans doute avoir en mémoire la polémique qui les opposa en janvier 1934 dans Commune, la revue de l’Association des Écrivains et Artistes révolutionnaires ². Quant à la traduction russe du Voyage, on sait désormais qu’elle n’est pas due à Elsa Triolet. Celle-ci, nous l’apprend François Gibault, "y participa seulement en fournissant au traducteur tous les éclaircissements nécessaires pour les passages de langue populaire qu’il ne comprenait pas" ³. Kondratovitch note que, depuis cette première édition, il y eut, en deux ans, trois éditions successives, soit 60.000 exemplaires au total.
    Pour ce qui concerne l’avant-guerre, nous n’avons connaissance que de la traduction de Serguéï Romov (1935), toute aussi caviardée que la précédente 4.
    Plus intéressante est l’information, hélas non vérifiée, selon laquelle c’est Trotski, fervent admirateur du Voyage, qui intervint auprès d’Elsa Triolet pour que sa traduction soit entreprise. Le préfacier rappelle aussi l’attaque de Gorki envers Céline lors du Premier congrès de l’Union des écrivains soviétiques qui eut lieu l’année de cette première traduction : " [Bardamu] a perdu sa patrie, méprise les gens; sa mère, il l’appelle "chienne", ses maîtresses "putains"; il est indifférent à tous les crimes, et ne possédant aucunes données pour " se rallier " au prolétariat révolutionnaire, il est tout à fait mûr pour le accepter le fascisme " 5. Après Mort à crédit, les critiques soviétiques ne feront que renchérir en stigmatisant cet écrivain "profondément anti-humain" qui, dans son œuvre, aurait exprimé "le mépris pour l’homme, l’humanité, la vie", le roman lui-même étant caractérisé comme "une œuvre anarchiste, cynique, nihiliste". La critique soviétique rejoint là les commentaires les plus réducteurs que ce deuxième roman de Céline suscita également dans son propre pays.
    Kondratovitch note que, depuis la parution de Mea culpa, un silence pesant s’était fait sur l’œuvre de Céline en U.R.S.S. On sait que le critique autorisé Balachov qualifiait encore il y a quelques années ce libelle de "calomnie contre le communisme" 6. Après avoir tracé, d’une façon convenue, la chronologie biographique de Céline, le préfacier aborde d’une manière inattendue la question de la philosophie et observe que l’écrivain ne présente que très rarement "ses concepts" au lecteur. On imagine ce que Céline eût pu rétorquer à ce genre de constatation ! En revanche, l’affirmation selon laquelle l’influence de Freud est perceptible dans Mort à crédit s’impose davantage. N’est-ce pas Céline lui-même qui, dans une lettre à un critique, revendiquait l’originalité d’être un romancier pour qui "l’énorme école freudienne" n’est pas "passée inaperçue" ?
    Cette traduction de D’un château l’autre a, paraît-il, suscité plusieurs articles favorables dans la presse russe. Nous n’avons eu connaissance que de l’article de Mikhaïl Berg dans Kommersant-Daily 7. Manifestement peu au fait de la biographie célinienne, ce critique littéraire accumule les erreurs ou approximations : Voyage, roman "autobiographique" ; traduction du livre à la demande personnelle de Trotski ; collaboration de Céline avec Vichy ; etc.
    À propos de la trilogie, il note que Céline "évoque ses pérégrinations en utilisant le genre familier de la lamentation, pleine de pathos et de courroux, dont l’écho monotone est interrompu par les points d’exclamation et les trois points". Le critique se plaît même à en faire le relevé dans une page : soit respectivement 47 et 32 ! En ce qui concerne l’influence de Céline, il cite Henry Miller, Sartre, les écrivains de la Beat generation, et Edward Limonov vu comme "une pauvre copie russe de Céline". Jugement global sur Céline lui-même : "Il réunit le grotesque et la tragédie, la sincérité expressive, mais un peu forcée, et l’ironie méchante, mais bien ajustée." Quant à cette traduction, Berg estime qu’elle arrive trop tard pour le lecteur russe, ce texte n’ayant plus la même portée qu’il y a 40 ans. D’autant que quasiment toutes les invectives sont passées de mode et que, dans la provocation, les épigones ont fait mieux depuis. Et de saluer malgré tout "le charme lugubre de cette prose-confession qui continue à irradier la lumière de l’authenticité".
    Revenons à la préface de Kondratovitch qui, pour terminer, évoque la figure du grand poète russe Marina Tsvétaïéva. Comme Céline, elle vécut à Meudon : " Leur voisinage dans le temps et dans l’espace paraît invraisemblable, d’autant qu’on ne puisse imaginer que Tsvétaïeva ait lu Céline 8. Pour elle, c’eût été l’équivalent d’un suicide ". En effet, Céline a bien anticipé l’une des questions fatidiques des temps modernes : " L’art est-il possible après Auschwitz ? ". Et le préfacier conclut en affirmant que l’œuvre célinienne apporte bien une réponse positive à cette interrogation. Une autre question, plus rarement posée celle-là, demeure : " Est-il encore possible d’écrire après Dostoïevski, Kafka et Céline ? "

 

Marc LAUDELOUT & Arina ISTRATOVA

Notes

1. Louis-Ferdinand Céline, D’un château l’autre. Traduction russe de Tatiana Kondratovitch et préface de Viatcheslav Kondratovitch. Éditions Eurasia [Saint-Pétersbourg], collection "Ultima Thule", 1998. Cette édition a été tirée à 40.000 exemplaires.

Sur les différentes éditions et rééditions des romans de Céline en Russie, voir L’ Année Céline 1994 [Tusson], 1995, pp. 214-222 (textes traduits par Arina Istratova et Bernard Favre).

Sur le regain d’intérêt de l’œuvre, voir J.D.D. : "Céline chez les Russes : le dégel" (Le Bulletin célinien, n° 140, mai 1994, pp. 11-12).

2. Réponse de Céline à l’enquête d’Aragon "Pour qui écrivez-vous ?", Commune, janvier-février 1934. Repris dans Cahiers Céline 1 (Céline et l’actualité littéraire, 1932-1957), Gallimard, 1976, pp. [101]-102.

Dans la revue L’Infini (automne 93, p. 118), Henri Godard ne craint pas d’écrire que Céline "se dérobe" devant l’enquête d’Aragon ("Céline, Aragon, Triolet, itinéraires croisés", pp. [117]-124.

Voir également dans ce numéro : Arina Istratova, "Mea culpa pour âmes interdites (Péripéties d’une édition en pays "prolovitch"), pp. [110]-116.

3. François Gibault. Céline (tome 2), Mercure de France, 1985, pp. 129-130.

Voir aussi sur ce thème : Éric Mazet, "Le docteur Céline au pays des âmes mortes", Le Bulletin célinien, n° 132, septembre 1993, pp. 15-19.

Mais n’est-il pas abusif d’écrire, à la suite de Lev Tokarev (voir L’Année Céline 1994, op. cit., p. 217), que c’est en raison des coupures que Céline rompit toute relation avec Aragon et Triolet, comme l’affirme le préfacier ? D’autant que des motifs de désaccord plus profonds existaient. Voir notamment la lettre de Céline à Élie Faure : " Vous voyez-vous penser et travailler sous la férule du supercon Aragon par exemple ? C’est ça l’avenir ? Celui qu’on me presse de chérir, c’est Aragon ! Pouah ! S’ils étaient moins fainéants tous, s’ils étaient si bons de volonté qu’ils disent, ils feraient ce que j’ai fait au lieu d’emmerder tout le monde avec leurs fausses notes. Ils la reculent leur révolution au lieu de la faciliter. " (Textes & documents, 2, BLFC, 1982, p. 64).

4. Sur cette édition, voir : "Voyage au bout de la nuit en Russie : la traduction de Serguéï Romov (1935)" in L’Année Céline 1992 [Tusson], 1993, pp. 160-165.

5. L’extrait relatif à Céline de ce "Rapport au Premier congrès des écrivains soviétiques de toute l’Union" figure dans le recueil 70 critiques de Voyage au bout de la nuit (1932-1935), IMEC Editions, 1993, p. 194.

6. Voir " L’article "Céline " de La Petite Encyclopédie littéraire " dans L’Infini, op. cit.

7. Tiré à plus de 100.000 exemplaires, cet important quotidien publié à Moscou s’adresse à la "nouvelle bourgeoisie" russe. Cet article parut le 21 février dernier.

8. Le nom de Céline n’est jamais mentionné par Marina Tsvétaïeva, mais on le trouve en revanche dans la correspondance de son fils Guéorguï Efron (1925-1944). Voir ses Lettres éditées par Le Musée de Marina Tsvétaïeva à Bolchévo, Ed. Loutch [Kaliningrad, région de Moscou], 1995 : celles du 18 septembre 1942 et du 4 juillet 1944.

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A. Moeller van den Bruck: Über Dostojewski

Bemerkungen über Dostojewski

von Arthur Moeller van den Bruck

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 Die russische Dichtung ist die Dichtung eines jungen Volkes. Nicht das Alter, sondern die Glut, die Unausgebranntheit der Seele entscheidet über die Jugend der Völker. Ursprünglich sind alle Völker gleich alt und gleich jung. Ein noch heute junges Volk aber, wie das russische, ist nach wie vor der Erde und dem Chaos nahe. Für seine Seele ist noch alles Rätsel und Geheimnis in der Welt und der Mensch selbst eine dunkle Sehnsucht nach Schauen und Erkennen. Die Mystik des russischen Volkes: die ist seine Jugend, die ist seine Primitivität, aber auch seine Kraft, und die Extase, mit der und in der es sich einst hinausringen wird über sich selbst — in dieser Mystik allein liegt seine Zukunft und Bestimmung. Die innere Kultur Rußlands wird immer nur eine religiöse, und, wenn man das Wort nicht scholastisch, sondern menschlich versteht, sogar nur eine theokratische sein können. Der Germane wird vorher die vielleicht größte äußere Kultur schaffen, die je die Erde gesehen: geistig ist er der geborene Ideenträger und oft noch kann er als Leibniz oder Kant wiederkehren. Aber geborene Glaubenskünder ist heute allein der Russe, und nur eine slavische Mutter könnte, wenn es bereits Abend geworden in der westlichen Menschheit und der Germane sich ausruht, aus der östlichen Welt noch einmal Buddha oder Jesus gebären. Im Schoße des Slaventums allein ruht als Möglichkeit die Religion, die wir noch haben könnten: jene letzte, äußerste Religion, die in nichts mehr Symbol, die ganz nur Gefühl sein würde. Werden wir sie in Wirklichkeit jemals bekommen? Wir Germanen können es nicht wissen, wir können nur schaffen. Einzig der Slave selbst kann heute schon diese Religion ahnen und glauben. Jedenfalls liegt alles, was im Slaventum geistig geschaffen worden ist, auf dem Wege von seiner latenten Volksmystik zu einer bereits geoffenbarten Weltreligion: vor allem das Beste, was das Slaventum bis heute hervorgebracht hat — die russische Dichtung.

* * *

 

In der Mitte der russischen Dichtung steht Dostojewski. Wenn die russische Dichtung das größte Russische ist, so ist Dostojewski der größte Russe. Er ist das zentrale Genie Rußlands: Genie im allerhöchsten schöpferischen Sinne eines Mannes, der nie vor ihm Dagewesenes aus dem Boden schlägt. In Dostojewski ist der russische Volkscharakter zum ersten Male zur verkörperten Weltanschauung, zu Wort und Sprache und als ganzes Lebenswerk zu einem einzigen großen Epos geworden. Aehnliches ließe sich freilich auch von Tolstoi sagen, aber Tolstoi ist neben Dostojewski doch mehr der Ausdruck der slavischen Ruhe, des stillen schweigenden, eben erst aufhorchenden Landes, des schweren und noch stumpfen, aber in seiner Stumpfheit urgesunden und Zukunft witternden Bauerntums. Dostojewski dagegen ist weit mehr, Dostojewski ist der Ausdruck des russischen Wahnsinns, der Tragödie im Russentum, der Fleischwerdung all seiner mystischen Verinnerlichung und hektischen Geladenheit. Dostojewski hat wie Tolstoi das Epos des russischen Lebens geschaffen, aber er hat es weit großartiger getan: er hat dieses russische Leben nicht nur ausgestattet mit einem unerhörten Gestaltenreichtum, der ganz Rußland, der das ganze Slaventum in all seinen verschiedenen Nationalitäten, Kasten und Typen, vom simplen Muschik bis zum Petersburger Aristokraten, vom Nihilisten bis zum Bureaukraten, vom Verbrecher bis zum Heiligen in tausend Nuancen umgreift — Dostojewski hat noch mehr getan und ihm auch die Offenbarung einer bewußten russischen Weltanschauung zu Grunde gelegt.

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Dostojewskis eigentliche Tat ist es, daß er Rußland eine Mythologie gegeben — dem modernen Rußland eine moderne, eine naturalistische, eine psychologische Mythologie, herausgeholt nicht aus den Nebeln der Vorwelt, sondern aus denen der Seele. Die Mythologie eines Volkes ist die Verkörperung seines Urwesens in Urfiguren: in dieser Weise mythologisch aber kann in jedem Augenblick in der Entwicklung eines Volkes geschaffen werden — es kommt nur darauf an, daß man ihm wirklich auf den Grund schafft und seine innerste Wahrheit über sich selber aus ihm herausschöpft. Auch die Götter entsprangen einstmals leibhaftig und gegenwärtig einem Menschenauge, dem ersten, das sie in innerer Phantastik erschaute, und sie lagen nicht etwa um ganze Schöpfungsringe genetisch zurück, wie die Menschen dann später glaubten. Trotzdem wird in der Regel die Mythologie eines Volkes an seinem Anfang, an der Wende von seiner vorgeschichtlichen zu seiner geschichtlichen Zeit liegen: sie ist das Erste, was es sich schafft, und sie ist zugleich die Schicht, auf der es dann weiterschafft. Fast alle großen Nationalliteraturen bauen sich denn auch auf einer derartigen mythologischen Vorarbeit auf, die einst schon die Ahnen in unbewußter Dichtung geschaffen haben. Bei dem russischen Volke ist das nicht der Fall: es besitzt nur die Geschichtsberichte seiner Chronisten und dann wohl auch reiche Sagen und Märchenwelten, aber doch kein zentrales Nationalepos im Sinne etwa der Ilias und der Nibelungen, kein grandioses Panorama seiner Vorzeit, in dem seine Ueberlieferungen und Sinnbilder, seine Nationalhelden und Nationalstoffe zusammengegossen und zusammengeschmolzen wären. Infolge dessen hat die russische Dichtung, wenn man sie auf ihre Ursprünge hin ansieht, immer etwas Basisloses, die Fundamente scheinen zu fehlen, die einzelnen Dichter stehen disparat hinter- oder nebeneinander. Das wurde dann erst von Dostojewski ab anders. Vor ihm hatte man sogar noch in romantischen Formen den russischen Ton gesucht. Jetzt holte Dostojewski, nach Puschkins und Gogols Vorgang, all das jahrhundertelang Versäumte nach, stellte breit und mächtig eine russische Typologie auf und gab so, indem er das russische Leben in seinem naturalistischen Nationalcharakter ergriff und gleichzeitig bis auf seinen mystischen Untergrund aufdeckte, auch der russischen Dichtung ein für alle Mal und endgültig ihren Nationalcharakter. Wie französische Dichtung immer skeptisch, deutsche Dichtung immer idealistisch ist, so wird russische Dichtung immer naturalistisch-mystisch sein — oder sie wird nicht russisch sein.

* * *

Der Grund der ganzen Erscheinung, warum sich das russische Volk kein Nationalepos geschaffen, mag einmal in der überstark partikularistischen, beständig dezentralisierenden Rasseentwicklung gelegen haben: man bedenke nur, daß unter einem Dutzend anderer Städte Nowgorod, Kieff, Moskau und schließlich Petersburg die wechselnden, den Entwicklungsgang kreuz und quer durcheinander, bald nach Norden, bald nach Süden verschiebenden Entwicklungsmittelpunkte gewesen sind; und zwar unter ganz anders großen Entfernungen und tragischen Umständen, als wir sie etwa in Deutschland gehabt; denn unsere Entwicklung ist gegen die russische gehalten eine durchaus ruhige gewesen! Dann aber lag auch viel schuld vor allem im russischen Nationalcharakter selbst, in der ganzen Monotonie der slavischen Lebensstimmung. Der Russe träumt, aber handelt nicht, sein Weltbild ist monistisch, nicht dualistisch, das Sein ist für ihn Fatum, Verhängnis, nicht Wille und Gegenwille, ist Gefühl, nicht Tat. Das alles konnte dann sehr wohl im einzelnen Volkslied lyrisch ausströmen, aber niemals in wilden Szenen und unter gewaltigen Kontrasten sich plastisch zusammenballen. Gewiß weitet sich in der russischen Wirklichkeit diese Lyrik unwillkürlich zum Epos, zum Epos der Steppe, der Ferne und der Grenzenlosigkeit. Aber eben dieses Epos ist dann so riesengroß und ungeheuer, daß es alle Tragödien wie Winzigkeiten verschlingt und daß schließlich doch immer nur die Lyrik zurückbleibt. Dennoch ist auch für den Slaven wie für jeden Menschen das Leben Kampf und damit Drama: nur daß dieses Drama sich bei ihm weit kontemplativer, quietistischer, eben psychologischer abspielt. Selbst wenn es sich in rasenden und sogar gräßlichen Taten ausrollt — wie bei Dostojewski immer - , selbst dann ist noch der Hintergrund die Seele, ist das Motiv ein inneres, kein äußeres, ist das Heldentum verschwiegen und still nach innen gekehrt, und nicht etwa die starke und über sich klare Heroik des Westeuropäers. All diese Züge russischen Volkstums aber kehren im Schatten Dostojewskis wieder: Tragödie jagt Tragödie, doch die ewige Epik des Slaventums nimmt sie auf, und was schließlich am tiefsten wirkt, ist die Lyrik. Die gigantische Einheit von allen dreien ist Dostojewskis Monumentalität — und sie ist Rußlands Monumentalität.

* * *

In der Wirklichkeitsmythologie, die Dostojewski geschaffen, ist die Mystik das Bedeutsame für Rußland, doch die Wirklichkeit, die besondere Art, in der Dostojewski Wirklichkeit gegeben hat, ist das Bedeutsame für die Welt. Dostojewskis Nichts-als-Modernität ist Dostojewskis Größe. Unter den Dichtern des neunzehnten Jahrhunderts gehört er zu den ganz Wenigen, die nur Neues, die nur nach Vorne, nur in ständigem unterirdischen Zusammenhang mit der allgemeinen Zivilisationsentwicklung geschaffen haben. Für ihn gab es keine Tradition mehr: nicht die "schöne" Tradition der Antike, noch die "wilde" irgendeiner Romantik. Die einzige Basis, auf der sein Werk ruht, ist seine Zeit. Es hätte die Möglichkeit bestanden, die Typologie, die Rußland jetzt endlich bekommen sollte, russisch-archaistisch aus den vergangenen Jahrhunderten noch nachträglich heraufzuholen. Dostojewski hat das nicht getan: gerade so wie Rußland überhaupt in die Zukunft und nicht in die Vergangenheit weist, so hat er auch das bis dahin Unterlassene nicht in jener Weise allegorisch-kostümhaft nachgeholt, sondern mit sicherem Instinkt unmittelbar in seine Gegenwart hineingeschaffen und die Seele seines Volkes bloßgelegt, indem er die Seele dieser Gegenwart bloßlegte. Das Psychische seines Naturalismus war dabei das Entscheidende: dadurch ward Dostojewski zum Ersten jener Künstler, wie heute Munch etwa, in deren Kunst ein Stück Zukunft transcendental vorweggenommen und Leben und Ewigkeit psychisch verbunden scheint. Der moderne Zug allein hätte noch nicht genügt, um Dostojewski seine überragende Stellung zu geben und den großen Epikern anzureihen. Modern waren auch schon die englischen Realisten des 18. und die französischen Realisten des 19. Jahrhunderts — Defoe, Balzac, Flaubert, Zola, Maupassant. Aber es war immer noch erst eine mehr sachliche, unpersönliche, einfach berichtende Modernität. Einzig Goethe grub den Realismus mehr in das Seelische und Ewige ein, dadurch, daß er ihm den Grund der Natur und der aufkommenden Naturwissenschaften legte. Doch erst Dostojewski ist noch weiter gegangen und hat alle Naturalist gezeigt, wie auch das moderne Leben wieder seine Mystik und Phantasie hat. Realistisch von diesem modernen Leben erzählen, sogar mit noch vollerer, runderer, körperhafterer Gestaltungskraft, als sie Dostojewski besessen, der bei der Zeichnung selbst der deutlichsten Charaktere stets etwas Gespensterhaftes behielt — dabei wuchtig und breit in der Ausführung: das konnte auch Tolstoi. Aber das moderne Leben in seiner inneren Dämonie ergreifen, mit seinen neuen Schönheiten und Häßlichkeiten, seinen neuen Sittlichkeiten und Unsittlichkeiten, und den Naturalismus, statt ihn etwa gar zur Kopie zu erniedrigen, in Vision wieder auflösen — das konnte erst Dostojewski.

* * *

Die "Dämonen" haben von dieser inneren Dämonie ihren Namen. Sie zeigen, mit welcher Macht und Unheimlichkeit sie durchschlagen kann in der Staats- und Gesellschaftsauffassung des Russen. Dostojewski hat fast in jedem seiner Bücher ein Sondergebiet russischen Seelenlebens aufgedeckt und hell gemacht. "Rodion Raskolnikoff" war sein moralkritischer und der "Idiot" sein ethisch-mystischer Band. Die Dämonen sind sein Revolutionsepos. Das politische und soziale Gebiet ist gewissermaßen das mittlere und vermittelnde, das der russische Ideologe auf seinem Wege zum religiösen und theokratischen trifft. Die Sehnsucht des Russen ist: gut zu sein und Gutes zu tun, schuldlos zu sein und alle Menschen zu lieben. Die Macht, die ihn daran hindert, ist der Staat. Andererseits, sieht er ein, könnte gerade ein vervollkommneter Staat zu diesem Ziele führen. So wird die russischen Gefühlsreligion und Liebesethik zum — Kampf um den Zukunftsstaat. Hinzu kommt zu diesem politischen Utopismus, der sich steigern kann bis zur politischen Mystik, die tatsächliche Minderwertigkeit und Unwürdigkeit desjenigen staatlichen Gefüges, in dem das Slaventum vorläufig politisch repräsentiert wird — des russischen Reiches. Nicht nur Schwärmerei, auch Freiheit und Gerechtigkeit, die unterdrückt und mißhandelt werden, der Ekel vor einer verkommenen Gesellschaft, die Unhaltbarkeit eines verrotteten Wirtschaftsleben führen die russische Jugend zur Politik. Das Fieber, mit dem sie die Menschen ergreift, hat Dostojewski in den "Dämonen" gestaltet. Zahllosen Typen heben sich ab: nihilistische Helden, sozialistische Doktrinäre, Slavophilen, Patrioten; Fanatiker, Intriganten, Maniaken, Idioten; dazu Reaktionäre, Bureaukraten, Blaustrümpfe, Dekadenten, russisches Publikum. Das Staatsleben wird zur Welt. Die Politik wird zum Menschheitsband. Als Dostojewski jung war, hat er selbst, wenn auch mehr passiv, an revolutionären Umtrieben teilgenommen. Immerhin mußte er dafür lange Jahre in Sibirien als Zwangsarbeiter zubringen. Später, als er schon längst der große russische Dichter war, als Religion und Mystik seine Seele erfüllen und seine politischen Anschauungen reif und fest geworden waren in einem ganz bestimmten russischen Nationalismus und slavischen Rassebewußtsein, erinnerten ihn neue Vorgänge an jene Zeit, da auch sein Leben das russischste aller russischen Leben, ein politisches Leben, gewesen. So schrieb er dann die "Dämonen". Sie sind stofflich sein russischstes Buch.

(Einführung zu: F. M. Dostojewski: Die Dämonen. Sämtliche Werke, Erste Abteilung: Fünfter Band. München und Leipzig: Piper, 1906.)

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mardi, 15 mai 2007

Seung-hui Cho: assassin mentalement contrôlé

Conspirationisme yankee :

Seung-Hui Cho

était un assassin

mentalement contrôlé

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Trouvé sur : http://fr.altermedia.info/general/conspirationisme-yankee...

Voici un article de Paul Joseph Watson sur Prison Planet publié le jeudi 19 avril 2007. Il analyse de manière conspirationiste l’action du meurtrier de masse Seung-Hui Cho

Seung-Hui Cho était un assassin mentalement contrôlé, qu’on croie qu’il était sous l’influence de partis extérieurs ou pas, le fait est que le lavage de cerveau culturel de jeux vidéos violents et de drogues psychotropes a directement contribué, comme toujours dans ce genre ce cas, au carnage de Virginia Tech le lundi matin.

Les confisqueurs d’armes exploitent déjà la tragédie pour désarmer les futurs étudiants et leur enlever une occasion de pouvoir se défendre contre les tueurs fous, mais le cirque médiatique est complètement silencieux lorsqu’il s’agit de blâmer le cocktail mortel de drogues faussant l’esprit et de tuez-les-au-hasard sanglants.

En-dehors de l’évidente culpabilité des facteurs que nous voyons dans chaque tuerie de masse – jeux vidéos et « antidépresseurs » –, de nombreux signaux d’alarme concernant les événements de lundi commencent à suggérer que Cho était davantage qu’un cinglé au cœur brisé avec un motif personnel.

Charles Mesloh, professeur de criminologie à Florida Gulf Coast University, a dit sur NBC 2 News qu’il était choqué que Cho ait pu tuer 32 personnes avec deux armes de poing sans entraînement spécialisé. Mesloh a immédiatement supposé que Cho avait dû utiliser un fusil de chasse ou un fusil d’assaut.

« Je suis abasourdi par le nombre de gens qu’il a réussi à tuer avec ces armes », a dit Mesloh, « la seule chose que je peux imaginer c’est qu’il s’est approché d’eux et les a simplement exécutés ».

Mesloh a dit que le tueur se comportait comme un professionnel entraîné, « Il a eu un taux de mort de 60% avec les armes de poings – c’est incroyable étant donné que les 9 mm en question ne tuent pas les gens instantanément », a dit Mesloh, affirmant que les armes que Cho utilisait étaient conçues pour canarder les boîtes de conserve », pas pour exécuter des êtres humains.

Cho n’était certainement pas un empoté, dans l’intervalle de deux heures entre les premiers tirs et le grand déchaînement qui eut lieu plus tard dans la matinée, temps pendant lequel l’Université négligea complètement d’avertir les étudiants bien que disposant des haut-parleurs placés dans tout le campus, Cho eut le temps de filmer une vidéo de confession, de la transférer dans son ordinateur, de l’enregistrer sur un DVD, d’en faire un paquet, d’aller au bureau de poste, de poster le paquet, et de revenir à sa chambre à coucher pour récupérer ses armes et ensuite de revenir à l’extrémité opposée du campus pour reprendre sa joyeuse tuerie. La rapidité presque inconcevable des actions de Cho devient plus suspecte lorsqu’on se rappelle des reportages initiaux qui parlaient de deux tireurs.

Même si on exclut que Cho ait pu recevoir une formation spécialisée en armes à feu, le contrôle mental culturel de jeux vidéos violents et de drogues psychotropes modifiant l’esprit était lui-même un cocktail de lavage de cerveau qui a directement contribué au carnage, comme presque toujours dans ce genre de cas.

Dès les premiers récits de la fusillade, nous avons prédit que le tueur était sous prozac, avait déjà été en soins psychiatriques et avait régulièrement joué à des jeux vidéos violents, et cela s’est précisément révélé être exact dans les trois cas.

« Plusieurs jeunes Coréens qui connaissaient Cho Seung Hui depuis le lycée ont dit qu’il était un fan de jeux vidéos violents, en particulier d’un jeu nommé ‘Counterstrike’, un jeu online très populaire dans lequel les joueurs rejoignent des groupes terroristes ou contre-terroristes et tentent de tuer les autres en utilisant tous les types d’armes à feu », rapporte Newsmax en citant le Washington Post.

« En décembre 2005 – plus d’un an avant la tuerie de masse de lundi – un tribunal de district dans le comté de Montgomery, Va., a conclu que Cho présentait ‘un danger imminent pour lui-même ou les autres’. C’était le critère nécessaire pour un ordre de détention, afin que Cho, qui avait été accusé de harcèlement par deux filles camarades de classe, puisse être évalué par un docteur d’Etat et contraint de se soumettre à des consultations externes », rapporte ABC News, « mais bien que le tribunal ait identifié le futur tueur comme un risque, ils l’ont laissé partir ».

Les enquêteurs pensent que Cho Seung Hui, le tueur de Virginia Tech, avait pris des antidépresseurs à un moment quelconque avant la fusillade, d’après le Chicago Tribune.

Les tueurs de Columbine Eric Harris et Dylan Klebold, ainsi que Kip Kinkel, le tueur de l’Oregon âgé de 15 ans qui a tué ses parents et des camarades de classe, étaient tous sous drogues psychotropes. Les études scientifiques prouvant que le prozac encourage les tendances suicidaires chez les jeunes sont volumineuses et remontent à presque une décennie.
Jeff Weise, le tueur du lycée de Red Lake était sous prozac, « Unabomber » Ted Kaczinski, Michael McDermott, John Hinckley, Jr., Byran Uyesugi, Mark David Chapman et Charles Carl Roberts IV, le tueur de l’école Amish, étaient tous sous drogues psychotropes SSRI.

Puisque ces drogues dangereuses prévalent dans presque tous les incidents de tueries de masse, pourquoi ne demande-t-on pas l’interdiction du prozac ? Pourquoi ce réflexe de toujours attaquer le Second Amendement donnant aux Américains le droit à l’autodéfense ? - un droit qui fut exercé en janvier 2002 quand des étudiants ont maîtrisé un tireur dans une autre Université de Virginie avant qu’il ne puisse tuer plus de trois personnes – parce qu’ils avaient le droit de porter une arme sur le campus.

Pourquoi les raisons profondes qui poussent les jeunes à tuer sont-elles mises de coté alors que les fanatiques du contrôle demandent que les citoyens respectueux de la loi soient désarmés de la seule chose qui peut les protéger de tels déments ?
Les questions sur la séquence des événements de lundi à VA Tech, ainsi que le profil du tueur, soulèvent une suspicion croissante.

Nous avons reçu de nombreux appels et e-mails nous signalant le fait que VA Tech enlève les liens de son site web concernant leur relation avec la CIA. Des rapports de novembre 2005 confirment que la CIA était active dans des programmes de recrutement basés en-dehors de VA Tech. Plusieurs professeurs de VA Tech sont impliqués dans des programmes gouvernementaux liés à la NASA et d’autres agences.

Wikipedia a aussi retiré une bizarre photographie prise récemment, où Cho porte un uniforme des US Marines.
De tels détails ne font qu’attiser le feu des accusations selon lesquelles Cho aurait pu être un « candidat mandchou », un assassin sous contrôle mental.

Le programme de la CIA pour créer des assassins sous contrôle mental qui pourraient être activés par des mots codes, MK ULTRA, n’est pas une théorie du complot, c’est un fait historique documenté par des dossiers gouvernementaux déclassifiés et des auditions du Sénat. Le président Bill Clinton lui-même a dû présenter ses excuses pour le programme avant de quitter son poste.

Au Sénat en 1977, le sénateur Ted Kennedy a dit : « Le directeur adjoint de ma CIA a révélé que plus de trente universités et institutions étaient impliquées dans un programme de ‘tests et d’expérimentations étendues’ qui incluaient des tests secrets avec des drogues sur des citoyens non-volontaires ‘à tous les niveaux sociaux, haut et bas, Américains natifs et étrangers’ ».
Une victime de ces expériences fut Cathy O’Brien, qui immédiatement après la fusillade répéta les révélations dans son dernier livre, selon quoi Blacksburg en Virginie est un lieu central pour les programmes de contrôle mental qui sont encore en cours aujourd’hui.

Les programmes de contrôle mental peuvent être remontés jusqu’aux années 1950 et au Projet Bluebird, plus tard renommé Artichoke. Du blogger Kurt Nimmo :

« Bluebird fut approuvé par le directeur de la CIA le 20 avril 1950. En août 1951, le Projet fut renommé Artichoke. Bluebird et Artichoke incluaient une grande quantité de travaux sur la création de l’amnésie, de messages hypnotiques, et de candidats mandchous », écrit Colin A. Ross, MD. « Les documents Artichoke prouvent que des messages hypnotiques fonctionnaient effectivement dans des simulations dans la vie réelle conduites par la CIA au début des années 1950. Le degré dans lequel de tels individus furent utilisés dans des opérations réelles est encore classifié… Bluebird et Artichoke étaient administrés d’une manière compartimentée. Les détails des programmes étaient gardés secrets même vis-à-vis des autres personnels de la CIA… Les matériels Bluebird/ Artichoke établissent de manière concluante que des ‘candidats mandchous’ ont été créés et testés avec succès par les physiciens avec une évaluation Top Secret de la CIA… En plus d’être des messagers et des agents d’infiltration potentiels, les sujets pouvaient aussi servir de caméras hypnotiquement contrôlées. Ils pouvaient entrer dans une salle ou un bâtiment, mémoriser rapidement des documents, quitter le bâtiment, et ensuite être amnésique pour l’épisode entier. Le matériel mémorisé pouvait ensuite être récupéré par un manipulateur utilisant un code ou un signal précédemment implanté, sans que l’amnésie ne soit interrompue. L’hypnose n’était cependant pas la seule méthode de contrôle mental des docteurs pour la création d’amnésie contrôlée. Les drogues, les champs magnétiques, les ondes soniques, la privation de sommeil, le maintien en isolement, et beaucoup d’autres méthodes furent étudiées sous Bluebird et Artichoke. »

Les chercheurs s’intéressant aux assassinats par des supposés « dingues isolés » retombent toujours sur des indications faisant penser à des expériences de contrôle mental par la CIA. Le meilleur exemple est Sirhan Sirhan, l’assassin de Bobby Kennedy. Il s’avéra que Sirhan était dans un état de transe complète après avoir pressé la gâchette et qu’il ne pouvait même pas se souvenir d’avoir tiré sur Kennedy lorsqu’il fut interrogé sur l’incident quelques jours après. L’avocat de Sirhan, Lawrence Teeter, a présenté des indications concluantes selon lesquelles Sirhan était sous contrôle mental.

Quelle que soit la façon dont on le prenne, Seung-Hui Cho a été la victime d’un lavage de cerveau et d’un contrôle mental. Les vraies questions ne sont pas posées et le doigt de l’accusation est pointé dans la mauvaise direction, assurant qu’une autre tragédie comme le massacre de VA Tech est presque garantie.

Un article allant dans le même sens a été publié dans The Truth Seeker : Le massacre de V-Tech : un ‘candidat mandchou’ en temps réel

Les étudiants témoins de l’Université de Virginia Tech insistent tous sur le comportement robotique et détaché du tueur, Seung-Hui Cho.

* il tuait avec un abandon inconscient
* ses victimes étaient prises au hasard
* il ne tuait pas en autodéfense

Ce type de comportement peut être considéré comme indicatif d’un contrôle mental, et/ou d’une modification comportementale importante par l’utilisation d’appareils mécaniques tels que des implants de micropuces d’ordinateur.

Les faits :

Virginia Tech est situé à Blacksburg, VA.

Blacksburg, VA, abrite un laboratoire souterrain ultrasecret du gouvernement US (dans le flanc d’une montagne près de Blacksburg) qui développe en conjonction avec la DARPA des armes comme le programme de contrôle mental robotique humain.

Virginia Tech est spécialise dans :

* la biomécanique et la manipulation du tissu cellulaire
* la manipulation biomédicale
* la manipulation d’ADN
* l’étude de l’impact des nouvelles technologies sur le comportement humain
* possède des départements pour les traumatismes infantiles liés aux catastrophes qui rendent compte directement à Laura Bush
* travaille sur les maladies humaines, végétales et animales
* aide à faire progresser des sciences similaires aux semences végétales de Monsanto, résistantes aux insectes et aux maladies.

Plus de détails sur Virginia Tech :

* possède sur le campus des experts en grippe aviaire H5N1
* est un partenaire actif de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency)
* travaille activement sur des projets de neuro-manipulations (contrôle mental)
* les étudiants de Virginia Tech sont fréquemment recrutés par la CIA

V-Tech a reçu et continue à recevoir des millions de financement de la DARPA

La DARPA – la clé de ce qui est en train de dégrader l’âme de l’Amérique, et du monde.

Liste des intérêts de la DARPA (500 millions de dollars dépensés depuis 2001) :

* technologie d’intelligence artificielle supérieure
* robots de combat sous contrôle mental
* avions sans pilote pouvant être dirigés seulement par la pensée
* systèmes de commande vocale à distance
* soldats de combat préprogrammés autonomes
* appareils avancés d’implantations de puce sur des humains

La DARPA est la branche de recherche du Pentagone

La DARPA en même temps que l’Université de Virginia Tech est fortement impliquée dans la nanoscience et la nanotechnologie avec un accent particulier placé sur le diagnostic du cerveau humain pour tester des nanoparticules.

Les buts du massacre d’étudiants de V-Tech :

* application dans le monde réel de l’« arme parfaite »
* recueillir un appui pour le contrôle ou l’interdiction des armes
* créer des diversions
le même jour du débat pour stopper le financement de la guerre et le retrait des troupes (Congrès, DOD, Pentagone, WH)
Alberto Gonzales et les avocats de l’Etat ciblant le Procès d’espionnage de l’AIPAC

Etouffement/défense :

* livrer au public un seul pigeon et un seul dingue isolé

Groupes de soutien :
* principaux médias
* analyse psychiatrique d’un bouc émissaire par des experts
* traces évidentes de preuves fabriquées
* public naïf et ignorant


Notes :

* tous les nouveaux bâtiments sur le campus sont construits avec du calcaire local (le même que celui de la Grande Pyramide d’Egypte), une substance neutre avec un transfert de fréquence et une résonance stables

* Virginia Tech est l’une des trios seules universités publiques aux Etats-Unis à soutenir à la fois un style de vie militaire et non-militaire

* la plupart des anciens étudiants de Virginia Tech sont ou ont été activement impliqués avec la NASA

* l’Université de Virginia Tech se vante de posséder un réseau de grille informatique de haute-performance ; est connectée au National Lambda Rail, une centrale nationale de fibre optique reliant les laboratoires de recherche à des capacités de superordinateur, de stockage et de visualisation

Vidéo : Le “Candidat mandchou” parle sans émotion de ses frères et sœurs (sa confrérie ?)

Résumé :
Virginia Tech réunit les meilleurs esprits du pays qui s’intéressent à la technologie, créant ainsi une réserve de candidats potentiels à partir de laquelle la DARPA, la CIA et d’autres agences gouvernementales peuvent activement chercher des recrues pour leur « confrérie » – une campagne pour créer une « race » supérieure d’êtres mécaniquement manipulés, tout en réduisant simultanément les populations humaines et en asservissant les humains pour servir à leurs futurs maîtres robots.

"Straussiens" et "Réalistes"

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Prof. Dr. Paul GOTTFRIED :

Les deux écoles de la politique extérieure américaine : “Straussiens” et “Réalistes”

Le professeur Paul Gottfried enseigne la politologie à l'Elisabethtown College en Pennsylvanie aux Etats-Unis. En 2002, il a fait paraître un ouvrage fondamental, Multiculturalism and the Politics of Guilt (University of Missouri Press). Son ouvrage The Search for Historical Meaning : Hegel and the Postwar American Right (Northern Illinois University Press, 1986) comporte une étude détaillée sur Leo Strauss, dont il est question dans l'article ci-dessous. Leo Strauss est considéré, à titre posthume, comme le gourou qui a inspiré l'école néo-conservatrice américaine, composée d'anciens trotskistes recyclés, qui déploie actuellement sa rhétorique belliciste. Paul Gottfried nous dévoile les apories de ce discours et l'oppose à la logique “réaliste” d'un autre professeur de sciences politiques de Chicago, Hans Morgenthau, dont les raisonnements s'apparentaient à ceux de Raymond Aron. On ne confondra évidemment pas Hans Morgenthau avec Henry Morgenthau jr., ministre des finances de Roosevelt, qui avait conçu un plan pour réduire l'Allemagne en une zone pastorale dépourvue d'industrie. Le Prof. Gottfried est actuellement le correspondant de la revue Nouvelle école (Paris). Nous avons publié le texte suivant de lui : «La vision négative de l'Europe chez les néo-conservateurs américains» (in : Au fil de l'épée, recueil n°36, août 2002).

* * *

Au cours de ces dernières semaines le New York Times, le New Yorker, le Philadelphia Inquirer, Le Monde et le Boston Globe ont sorti une série d'articles où les néo-conservateurs de l'Administration Bush sont mis en rapport avec le philosophe et théoricien de la politique Léo Strauss (1899-1973). Il est frappant, en effet, de constater que ceux qui défendent aujourd'hui l'hégémonisme impérial des Etats-Unis, en ponctuant leurs discours de phrases globalistes et démocratiques, comme, par exemple, Richard Perle, Paul Wolfowitz, Bill Kristol, Robert Kagan et Abram Shulsky ont tous étudié sous la houlette de Strauss ou de l'un de ses disciples. On raconte maintenant qu'il existerait un lien occulte entre le maître, qui enseignait à l'Université de Chicago, et ses apôtres politiciens. On nous dit que seuls ceux qui connaissent les idées de base de Strauss peuvent comprendre la mentalité des conseillers de Bush.

Mais cette “révélation” n'est finalement rien d'autre qu'une vieille lune. Des commentateurs comme Seymour Hersch et James Atlas exagèrent considérablement l'influence des idées de Strauss sur la politique actuelle. Léo Strauss est un universitaire juif qui quitte l'Allemagne en 1938; il avait travaillé auparavant sur les philosophes de l'époque classique et du début des temps modernes. Il ne s'est quasiment jamais exprimé sur les événements contemporains. Pour juger les néo-conservateurs actuels et leurs platitudes progressistes du temps de la guerre froide et leurs dosages de conservatismes et de phraséologie révolutionnaire, on n'a pas besoin de se référer à Strauss. Pourtant, de fait, il est un penseur incontournable pour comprendre les figures de proue néo-conservatrices qui préconisent une politique extérieure américaine calquée sur le modèle de Woodrow Wilson.

Wolfowitz, Perle et Kristol ont glané dans les doctrines de Léo Strauss les seuls éléments qui leur plaisaient. Contrairement à ses disciples Walter Berns ou Harry Jaffa, Strauss n'a jamais manifesté d'intérêt précis pour le mouvement des droits civiques. Ancien sous-officier de l'armée impériale allemande pendant la première guerre mondiale, Léo Strauss ne souffrait nullement de cette germanophobie passionnelle dont faisait montre la première génération de ses étudiants américains, et que l'on repère encore chez bon nombre de néo-conservateurs. Les partisans actuels de Strauss ont été attirés par son nationalisme juif affiché, qu'a critiqué plus tard et sans ambages son propre élève George Anastapolo. Ensuite, les néo-conservateurs s'intéressent aux louanges que chantait Strauss à la gloire de la démocratie américaine, alors que ces louanges n'étaient souvent rien d'autre que rituelles. On trouve ces louanges surtout dans ses “leçons de Walgreen”, prononcées à l'Université de Chicago en 1949, en même temps que ses tirades contre toutes les formes de “relativisme moral”.

On ne peut isoler les valeurs des principes

Dans son livre What is Political Philosophy? (1959), Strauss règle les comptes de l'“historicisme”, c'est-à-dire l'idée qui veut que les valeurs et les principes sont marqués par les circonstances historiques et ne doivent pas être perçues comme isolées du contexte historique. Cette diatribe pose problème, car elle s'adresse en fait à des hommes de paille. On éprouvera des difficultés à trouver des penseurs historicistes qui ont exprimé des vues comme celles que leur attribue Strauss. Les penseurs qu'il prend à partie, comme, par exemple, Edmund Burke, Max Weber ou le théoricien du droit Hans Kelsen ont certes abordé la question du rapport entre les valeurs et l'histoire, mais, à ce sujet, ils ont écrit des choses bien différentes de ce que Strauss affirme qu'ils ont dit, ou bien, en disant ce qu'ils ont dit, ils ont interprété le rapport valeurs / histoire dans un sens autre que celui que Strauss pense.

Ce qui était important aux yeux de Strauss, c'était une pensée élitiste. Il défendait ce que les autres appelaient “the doormat theory of the majority”, c'est-à-dire que la majorité était pour lui un “paillasson”. Strauss et ses disciples ont répandu dans le public la notion de “philosophie politique” (Aristote les aurait contredits avec véhémence car, pour lui, la politique est une entreprise explicitement non politique, purement pratique). D'après Strauss, les philosophes politiques doivent exprimer leurs idées sous une forme occultée, tant pour éviter la censure que pour tromper ceux que pourrait corrompre la connaissance de la vérité.

Les Straussiens aiment faire la différence entre la signification “ésotérique” et la signification “exotérique” d'un texte; cette distinction est fort bizarre, elle conduit à des positions indémontrables. D'après le politologue Stephen Holmes, cette vue exprime la folle arrogance d'interprètes voire d'augures qui estiment avoir le droit d'agir en prononçant de pieux mensonges et en diffusant des messages cryptés. De même, cette manière de penser sert de prétexte à attribuer arbitrairement à des penseurs décédés les vues privilégiées de l'interprète. Cela revient à dire que tous les grands hommes intelligents du passé auraient agi comme les praticiens actuels de l'exégèse straussienne. On nous assure ainsi que si l'on pouvait faire revenir les morts, ils prêcheraient avec enthousiasme pour les droits de l'homme.

L'idée est très souvent venue aux critiques de dire que les straussiens eux-mêmes sont des “relativistes”. Mais ce reproche est finalement insuffisant. Tant Strauss, l'émigré judéo-allemand qui deviendra un sioniste ardent, que la plupart de ses disciples, eux-mêmes juifs, qui ont chanté les louanges de F. D. Roosevelt et d'Harry Truman, ont intériorisé des loyautés. Le truc, c'est que ces loyautés, ils les vendent comme étant la quintessence du patriotisme américain ou comme des vérités évidentes, tout en maudissant leurs adversaires, décrits comme des incarnations abjectes de l'immoralité.

La raison pour laquelle les straussiens ont connu le succès est la suivante : généralement, les conservateurs n'ont jamais été regarder ce qui se dissimulait derrière leur rhétorique qui semblait être portée par de réelles convictions. Cette paresse intellectuelle, cette absence de curiosité existaient déjà avant que les néo-conservateurs actuels aient pris en main la droite américaine —même avant l'époque où il fallait craindre d'être traité d'antisémite si l'on critiquait le sionisme monomaniaque des straussiens. Déjà dans les années 50, certains conservateurs chrétiens, surtout les catholiques et les thomistes anglo-catholiques, considéraient Strauss comme un héros dans la lutte contre la déliquescence morale menaçante. George H. Nash nous l'a expliqué en long et en large dans The Conservative Movement since 1945.

Les traditionalistes doivent se montrer capables de faire de meilleures distinctions

Le Lexikon des Konservativismus allemand, paru en 1996, valorise Strauss parce qu'il procède “à la réhabilitation de la philosophie politique classique… qui implique la volonté de refaire de la nature la mesure de toutes choses et d'accorder une nouvelle fois le primat au Bien Commun”. Les interprétations de ce style, hyperboliques, omettent de constater que Strauss demeure sceptique face à la pensée antique, dans la mesure où, par exemple, il nie expressément la notion de “forme éternelle” que l'on trouve chez Socrate ou chez Platon. Ainsi, pour lui, la fondation des Etats-Unis procède du matérialisme athée de John Locke, qu'il considère comme faisant partie intégrante de l'identité morale américaine.

Il faudrait aussi préciser quels sont les relativistes sur le plan moral qui constituent véritablement un danger. Beaucoup de straussiens et de conservateurs font référence à la gauche vulgaire, qui détruit les valeurs traditionnelles, pour pouvoir valoriser leurs propres doctrines. Au nom de l'antifascisme et de la lutte contre toute forme de discrimination, de tels “relativistes” postmodernes aiment pourtant exercer un contrôle étroit sur d'autres ou s'adressent à l'Etat dans ce but. Mais les relativistes qui traitent toutes les cultures de manière égale, y compris la culture occidentale chrétienne, sont taillés dans un tout autre bois. C'est à ce niveau que les traditionalistes, dans leur Kulturkampf, doivent se montrer capables de faire de meilleures distinctions.

Tandis que Leo Strauss revient aujourd'hui dans tous les discours, les écrits d'un autre émigré judéo-allemand, son collègue Hans Morgenthau (1904-1980), sombrent progressivement dans l'oubli. Morgenthau qui, comme Strauss, a enseigné à la New School of Social Research à Chicago, défendait, lui, une théorie “réaliste” des relations internationales, dont les bases sont le contraire diamétral de celles défendues aujourd'hui par les néo-straussiens. Morgenthau se considérait comme un conservateur dans la tradition de Burke, mais le courant majoritaire du conservatisme américain ne s'est jamais reconnu en lui. On le considérait comme un “relativiste” sur le plan des valeurs, pour qui la démocratie américaine était l'idéologie d'un Etat particulier et non pas le modèle unique pour le monde entier. Il considérait ensuite que l'Union Soviétique était tout simplement un des deux centres de puissance dans un monde bipolaire.

Le fait d'avoir écrit dans New Republic avant que cette revue ne passe dans le camp des néo-conservateurs a nui à Morgenthau. Quoi qu'il en soit, ses livres, à commencer par Politics Among Nations (1947) fourmille de positions qui sont conservatrices dans leur essence. Dans A New Foreign Policy for the United States (1969), Morgenthau met en garde ses lecteurs contre les “missionnaires de l'expérience américaine”, qui veulent rééditer la “croisade pour la démocratie universelle” de Wilson. D'après le credo de Wilson, il faut employer l'arme de l'intervention militaire “comme un instrument avec lequel l'Amérique atteindrait l'objectif fixé depuis sa fondation : amener au monde entier la bénédiction de son propre système politique”.

Morgenthau n'a pas hésiter a écrire que le globalisme, à la façon de Wilson, “est une malédiction de la politique étrangère américaine”. Son traité intitulé In Defense of the National Interest (1952) contenait cet avertissement : « Oubliez cette idée de croisade car aucune nation, aussi vertueuse et puissante soit elle, ne pourrait avoir la mission de former le monde à son image ». Déjà dans Politics Among Nations, il avait esquissé le portrait de ces idéalistes heureux et moralisants, dont “la tendance à adhérer aux abstractions morales et philosophiques empêche de se poser la question objective de savoir ce que les autres veulent vraiment”.

La perspective critique, élaborée par Morgenthau, trahit une vision conservatrice et sombre de la situation de l'homme en son temps. On entend souvent le reproche formulé à l'encontre de cette position : derrière elle se cacherait un effroyable cynisme qui ne tiendrait nullement compte des maux moraux, commis ailleurs, et qui devraient heurter profondément notre sens des bonnes convenances. Les hommes véritablement moraux devraient être ébranlés devant les massacres de masse et les camps de concentration. On dit que Morgenthau, Kennan et les autres réalistes voulaient voir advenir une politique étrangère américaine aveugle sur le plan éthique.

Morgenthau décrit pourtant les aspects moraux de la politique de manière positive…

Je formulerai deux remarques à l'encontre de cette critique élaborée par les straussiens : d'abord, le réalisme politique est une réaction morale explicite à l'endroit d'une approche des relations humaines que les réalistes jugent fausse et dangereuse. Les réalistes n'ont nullement l'intention de rejeter la dimension humanitaire des préoccupations de la politique étrangère, mais veulent maintenir le politique à l'abri des débordements idéologiques et des propensions à l'apocalypse. C'est pour cette raison que Morgenthau, dans Politics Among Nations, jette un regard rétrospectif, plein de nostalgie, sur l'époque aristocratique, lorsque des gentilshommes policés faisaient, entre eux, la politique, en gardant la tête froide, à l'abri des passions populaires. Dans une démocratie, pensait Morgenthau, “la propagande est inévitable et devient un instrument de la politique étrangère”, mais cette force “dangereuse” doit être contrôlée.

Ensuite, deuxième remarque, Morgenthau a décrit de manière positive les aspects moraux de la gestion de l'Etat. Dans Dilemma of Politics (1958), il nous explique que “les principes moraux ne peuvent jamais se concrétiser complètement et totalement, mais, que, dans le meilleur des cas, il faut s'en rapprocher en tenant toujours compte de l'équilibre des intérêts, lequel est passager”. Rappelons tout de même que l'idéologie conservatrice voit dans le système des “checks and balances”, un “principe universel de la société pluraliste”. Dans un passage, Morgenthau écrit, en se référant très probablement à la notion chère aux straussiens de “philosophes politiques”, que “la philosophie politique, pour être supportable, doit reposer sur la distinction d'Aristote entre ce qui serait bon sur le plan idéal et ce qui est bon dans les circonstances données”.

En effet, d'après Morgenthau, on ne peut pas appliquer le droit des gens si l'on n'accepte pas le fait qu'existent entre les nations des intérêts identiques et complémentaires, même si, à l'intérieur de ces nations de grandes différences continuent à subsister. Dans son ouvrage In Defence of the National Interest, Morgenthau oppose le mauvais mais rusé Staline, homme de puissance —qui sans égards pour les préjugés idéologiques a su redonner à la Russie sa sphère d'influence traditionnelle et même à l'étendre— au wilsonien têtu que fut Franklin Delano Roosevelt. Au lieu d'affronter Staline en fixant bien à l'avance quels étaient les intérêts géopolitiques des Etats-Unis, Roosevelt a défendu “un principe philosophique abstrait impossible à mettre en œuvre dans les circonstances données”.

Morgenthau a tenté de rappeler à sa patrie d'élection pendant la Guerre de Corée qu'une guerre idéologique était risquée si les parties belligérantes n'étaient plus capables de faire la différence entre ce qu'elles racontaient à leurs opinions publiques respectives, afin de les mobiliser pour leur faire accepter la guerre, et ce qu'elles acceptent comme assises de leurs relations internationales. Lorsque l'ennemi est décrit comme le mal absolu, nous avons affaire à un discours incompatible avec une politique étrangère partant du principe que l'ennemi d'aujourd'hui pourrait bien devenir le partenaire de négociations demain.

L'architecture conceptuelle que nous a léguée Morgenthau paraît bien désuète aujourd'hui, à commencer par sa vision d'un monde composé d'Etats-Nations, actuelle à son époque mais plus à la nôtre. Qu'on l'admette ou qu'on le déplore, les jours d'un ordre relativement stable d'Etats nationaux bien délimités, tel qu'il existait en Europe au 19ième siècle, sont comptés. Le style hégémonique, fait d'impérialisme brut et d'idéologie médiatisée, que dénonçait Morgenthau en son temps, s'incarne aujourd'hui dans l'empire américain et dans les démarches de ses défenseurs néo-wilsoniens. Pour le moment, ce sont eux qui donnent le ton, en mélangeant l'idéologie globaliste et impérialiste aux notions de Strauss et à un certain sionisme.

En bout de course : le trotskisme ?

Le réaliste conservateur Morgenthau a-t-il pour autant perdu toute pertinence? Les disciples révolutionnaires de Strauss vont-ils définitivement triompher? Quoi qu'il en soit, l'avertissement que lançait Morgenthau demeure important : la politique étrangère idéologisée à outrance, qui a aujourd'hui le vent en poupe, doit un jour rencontrer ses limites. On peut en effet douter de l'hégémonisme actuel : un pays peut-il indéfiniment, sans ressac et sans retour de manivelle, pratiquer une politique étrangère perçue comme le prolongement de ses expériences sociales intérieures? Walter McDougall, Andrew Bacevich, Robert Tucker et James Kurth ont évoqué la folie qui consiste à vouloir appliquer à l'échelle internationale les réformes sociales réalisées aux Etats-Unis.

Enfin, quand on lit les commentaires de Francis Fukuyama et de Michael Ledeen, on constate que l'intention des néo-conservateurs est bien de déclencher une “révolution mondiale créative” et d'imposer la modernisation par la force. Ce programme straussien n'a absolument plus rien à voir avec les valeurs “intemporelles”, qu'évoquent ces néo-conservateurs, mais révèle bel et bien des intérêts privés et des obsessions spécifiques. Il y a tout lieu de croire que les commentateurs qui estiment que les straussiens veulent remettre les valeurs de l'antiquité classique à l'honneur, finiront par commenter un programme purement trotskiste. Car les personnalités qui se profilent derrière un discours en apparence conservateur et restaurateur sont en réalité des révolutionnaires globalistes. Un aspect de plus de la “doormat theory”, de la pensée “paillasson” que nous évoquions en début d'article.

Prof. Dr. Paul GOTTFRIED.

(article issu de Junge Freiheit, n°23/2003: trad. franç.: Robert Steuckers).




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A. Moeller van den Bruck: Dritte Partei

Die dritte Partei für das neue Deutschland
Vor 80 Jahren verfaßte Arthur Moeller van den Bruck sein vielbeachtetes Hauptwerk »Das dritte Reich«

http://www.deutsche-stimme.de/Sites/07-03-Partei.html...

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In der tiefen Orientierungskrise, die das deutsche Volk nach dem Ersten Weltkrieg erfaßt hatte, steckte auch der biedere und sozialreaktionäre Patriotismus wilhelminischer Prägung. Junge Nationalisten begriffen die Niederlage nun als Chance, Nationalismus, Preußentum und Sozialismus zu verschmelzen. Gewaltigen Ausdruck fand dieses Sehnen nach einer echten deutschen Gemeinschaft in der 1923 erschienenen Schrift »Das dritte Reich« von Arthur Moeller van den Bruck. Ein Buch, das fanfarengleich die besten Geister zum Banner der Konservativen Revolution rief.
Am 30. Mai 1925 setzte Arthur Moeller van den Bruck seinem zuletzt von Schwermut gedrückten Leben ein frühes Ende. Damit verlor der mythenumwitterte Juni-Klub seinen spiritus rector und die nationalistische Schriftstellerei einen ihren kraftvollsten Visionäre. Wurde Moeller van den Bruck von der Spannung zwischen seinem angestrebten »dritten Reich« und dem entmutigenden Politikalltag der verhaßten Weimarer Republik innerlich zerrissen? Fand der Rechtsintellektuelle keinen Ausweg mehr aus dem Niemandsland, in das er sich mit seiner vagen Geschichtsprophetie begeben hatte?
Sein schillernder Lebenslauf gleicht dem anderer politischer Romantiker. Im April 1876 wurde Arthur Moeller – später hängte er seinem Geburtsnamen den mütterlichen Namen an – als Sohn eines königlich-preußischen Baurates geboren, zu dessen Vorfahren preußische Offiziere, Gutsbesitzer und Pastoren gehörten. Das Gymnasium vor dem Abitur verlassend, führte er nach seiner frühzeitigen Heirat und einem auskömmlichen Erbe ein ungezwungenes Leben im Künstlermilieu. In schlaflosen Nächten las er sich ein beträchtliches kunst- und geistesgeschichtliches Wissen an. Vor der Hinwendung zum politischen Nationalismus stand Moeller bereits im Banne von Nietzsches Lebensphilosophie, einer elitären Kulturkritik und eines kriegerischen Heroismus. Aus dieser Zeit stammen die Zeilen: »Sie ist prachtvoll, die Schlacht, und menschenwürdiger als Selbstgenuß in dumpfem Behagen. Sie gibt uns, gerade wenn es die Schlacht der Geister und Leidenschaften ist, unsere höchsten Könige und besten Helden. Das andere, der ewige Frieden, wäre nicht zu tragen – eine Langeweile, ein Gähnen, das uns nur den Philister gäbe.«
Aus Gründen, die im Dunkeln liegen, siedelte Moeller 1902 nach Paris über. Während seines vieljährigen Auslandsaufenthalts reifte er vom Europäer zum herkunftsbewußten und stolzen Deutschen heran. Aus diesem Geist heraus erschien zwischen 1904 und 1910 die umfangreiche Essaysammlung »Die Deutschen« mit Biographien über deutsche Staatsmänner, Philosophen und Künstler. Darin erklärte sich der Autor ausdrücklich zum »deutschen Nationalisten«.
Erste unverwehbare Spuren in der deutschen Geistesgeschichte hinterließ Moeller durch eine kulturpolitische Großtat: Zusammen mit einem russischen Dichter gab er zwischen 1905 und 1914 die 22-bändige Gesamtausgabe des russischen Dichters Fjodor Dostojewski heraus. Für die geistig rege deutsche Jugend vor und nach dem Ersten Weltkrieg wurde die Lektüre Dostojewskis zu einem Schlüsselerlebnis. Bei ihm vernahm sie die Stimme der russischen Seele und einer mythischen Lebenswelt, die keinen Zugang zum Liberalismus und Rationalismus des europäischen Westens erlaubte. Von dem Russen übernahm Moeller den raunenden Prophetenton, in dem dieser von »jungen Völkern« und den »Revolutionären aus Konservatismus« gesprochen hatte. Das Vermächtnis Dostojewskis – die Verachtung für den westlichen Materialismus, für Fortschritts- und Vernunftglauben – wurde zu einer geistigen Waffe der jungen Rechtsopposition in Deutschland.
Während eines Italien-Aufenthaltes entwickelte Moeller die Umrisse eines großen Werkes über den Gegensatz von alten Völkern (Franzosen, Engländern und Italienern) und jungen Völkern (Deutschen, Russen und US-Amerikanern), das jedoch Fragment blieb. 1907 nach Deutschland zurückgekehrt, verließ er seit Kriegsausbruch 1914 sein Vaterland nicht mehr. Moeller meldete sich freiwillig zum Waffendienst und kam als Landsturmmann an die Ostfront, wurde wegen eines Nervenleidens aber schon bald in die Presse- und Propagandazentrale der Obersten Heeresleitung versetzt. Im Rahmen dieser Tätigkeit verfaßte er den Aufsatz »Das Recht der jungen Völker«, der sich als Akt geistiger Landesverteidigung verstand. Unter dem Eindruck der Augusttage 1914, als der zivilisatorische Lack der feisten Bürgergesellschaft abplatzte und der erstarrte Wilhelminismus einer schicksalstiefen Volksgemeinschaft wich, leisteten auch Köpfe wie Werner Sombart und Thomas Mann ihre geistigen Kriegsbeiträge.
Während des Krieges veröffentlichte Moeller sein Buch »Der preußische Stil«, seine einzige Arbeit, die nach 1945 neu aufgelegt wurde. Darin wird atmosphärisch dicht, kenntnisreich und in einer feierlichen Tonlage die preußische Kultur und Geisteshaltung unter besonderer Würdigung ihrer Baukunst beschworen. Das Buch ist eine leidenschaftliche Parteinahme für Preußen-Deutschland, das im tobenden Krieg unbedingt zu verteidigen und danach zu erneuern sei. Nicht ohne weiteres in Einklang zu bringen mit der Nüchternheit und Sachlichkeit der preußischen Staatsidee war indes der romantische Mythos, den Moeller van den Bruck nach der Kriegsniederlage predigte: der Mythos vom Reich, eines neuen, dritten Reiches.

Der Berliner Juni-Klub

Als »Das dritte Reich« 1923 erschien, war der Autor schon ein wichtiger Ideengeber der radikalen Rechten und der intellektuelle »Star« des legendären Juni-Klubs. Dieser Verein, der sich nach dem Monat der Unterzeichnung des Versailler Diktats (Juni 1919) benannt hatte, war in der Berliner Motzstraße 22 ansässig. Dort trafen sich regelmäßig Gelehrte und Publizisten der republikfeindlichen Rechten, deren Auffassungen in der Wochenzeitschrift »Das Gewissen« verbreitet wurden. Mitglieder des Juni-Klubs waren neben Moeller u.a. Eduard Stadtler (»Antibolschewistische Liga«), Max Hildebert Boehm (Buch: »Das eigenständige Volk«), Hans Grimm (Buch: »Volk ohne Raum«) und Hans Blüher, Autor wichtiger Bücher über die Wandervogel-Bewegung. Gäste der elitären Runde waren neben anderen Otto Strasser und Adolf Hitler.
Moeller schwankte anfänglich zwischen den Titeln »Die dritte Partei« und »Der dritte Standpunkt« für sein programmatisches Hauptwerk, dem er schließlich den Namen »Das dritte Reich« gab. Im letzten Kapitel erklärte der Autor: »Die dritte Partei will das dritte Reich. Sie ist die Partei der Kontinuität deutscher Geschichte. Sie ist die Partei aller Deutschen, die Deutschland dem deutschen Volke erhalten wollen.«
Dem Hauptwerk Moellers lag eine niederschmetternde Gegenwartsanalyse des Vaterlandes zugrunde. Die wilhelminische Vergangenheit, schon vor Kriegsausbruch vielfach als überlebt wahrgenommen, war unwiederbring- lich dem Urteilsspruch der Geschichte zum Opfer gefallen. In dieser Lage wandelten sich einige Konservative zu Nationalisten, die dem Konservatismus eine revolutionäre Wendung gaben und damit das geschundene Deutschland wieder aufrichten wollten. Durch die revolutionäre Zerstörung des Dekadenten und Würdelosen – konkret des Systems von Weimar – sollte das wieder ans Licht gebracht werden, was im konservativen Sinne der Bewahrung überhaupt erst lohnte. Die Hauptlehre, die konservative Revolutionäre aus Krieg und Niederlage zogen, war die Herstellung einer mythisch aufgeladenen und solidarischen Volksgemeinschaft. Der Nationalist Franz Schauwecker kleidete eine damals weitverbreitete Ahnung in die Worte: »Wir mußten den Krieg verlieren, um die Nation zu gewinnen.«
Die Erneuerung und Stärkung der niedergeworfenen deutschen Nation war für Moeller das heilige Gebot der Stunde: »Aus Trümmern, die mit dem Staate die Nation zu begraben drohen, hebt sich jetzt als eine sich entringende Gegenbewegung die konservativ-revolutionäre des Nationalismus. Sie will das Leben der Nation. Sie will das, was der alte Staat wollte und jeder Staat wollen muß: aber sie will es nicht von Begriffen aus, sondern vom Erlebnis aus: Sie will nachholen, was versäumt wurde: die Teilhaftigkeit der Nation an ihrer Bestimmung.«
Dieser neue Nationalismus nahm geistig-politisch eine Doppelfrontstellung gegen zwei nur vordergründig feindliche Gesinnungsrichtungen ein: den Liberalkapitalismus und den Kommunismus. Beide Ideologien waren vulgäre Kinder des Aufklärungs- und Fortschrittsglaubens, die sich in ihrer materialistischen Weltsicht und ihrer Feindschaft gegen alle organischen Gebundenheiten von Volkstum, Staat und Tradition trafen. Moeller van den Brucks »dritte Position«, die in einem »dritten Reich« ihre dauerhafte staatliche Form finden sollte, war der nationale Weg jenseits der Abirrungen von Liberalkapitalismus und Kommunismus. Gleichzeitig bescheinigte er dem verflossenen Kaiserreich, bei der Integration aller Volksteile versagt zu haben. Das neue Reich sollte endlich die bisherigen Klassen-, Konfessions- und Stammesgegensätze in einem deutschen Sozialismus aufheben.

Gegen deutschenunwürdige Lebensverhältnisse

Moeller stellte klar: »Für die Deutschen der neuen Generation, die nicht das Bewußtsein einer Klasse, sondern dasjenige der Nationalität haben, ist es unvorstellbar und als Vorstellung unerträglich, daß wir jene zwanzig Millionen in sozialen Zuständen unter uns leben lassen, die nicht menschenwürdig sind, und nicht deutschenwürdig. Diese Menschen der neuen Generation, die nicht Proletarier sein wollen, sind Sozialisten aus Kameradschaft.«
Ohne Scheu verwendete der Autor den Sozialismusbegriff. Dies freilich in scharfer Abgrenzung zur Sozialismus-Rhetorik falscher Arbeiterfreunde und ihres verlogenen Alleinvertretungsanspruchs. Internationalismus und Klassenkampfideologie führte Moeller auf Karl Marx und damit das Judentum zurück. »Er (Marx; Anm.) besaß als Jude kein Vaterland. Also versicherte er dem Proletariat, daß es gleichfalls kein Vaterland habe,« so Moeller. Den Gegensatz von schaffendem und raffendendem Kapital thematisierend, heißt es weiter: »Noch immer wird das große Hindernis für eine dauernde Befriedigung der Klassen und Klassenansprüche in dem Gegensatze von Arbeiter und Arbeitgeber gesucht. Noch immer wird das Kapital dort angegriffen, wo es arbeitet, und nicht dort, wo es wieder vertan, verbracht, verschwendet wird. Nicht Klassen, sondern Typen scheiden die Menschen.«
Dem Liberalkapitalismus warf Moeller wütend vor, der Arbeiterschaft den ihr gebührenden Platz innerhalb der deutschen Nation verweigert zu haben. Der Staat habe die private Wirtschaft an die Zügel zu nehmen und dafür Sorge zu tragen, »daß die Menschen leben und wohnen und arbeiten können, daß ihr wirtschaftliches Dasein in den Bedingungen gesichert ist«. Die besondere Anklage galt dem sogenannten Manchesterkapitalismus, der die erbarmungslose Auspressung der Arbeiter zum Leitprinzip des Wirtschaftens erhoben hatte. Mit der deutschen Kriegsniederlage hatte das Entente-Kapital nie zuvor dagewesene Möglichkeiten, das Herzland Europas und seine Menschen auch wirtschaftlich zu unterwerfen. Nur auf dem Wege der innerdeutschen Klassenversöhnung und Arbeiterintegration unter der Standarte eines deutschen Sozialismus schien der Befreiungsschlag gegen das Entente-Kapital denkbar. In seiner Schrift »Sozialismus und Außenpolitik« erklärte Moeller Völker statt Klassen zu den eigentlichen Ausbeutungsobjekten der Versailler Nachkriegsordnung: »Nicht Klassen, sondern Nationen sind heute die Unterdrückten. Kann es eine andere Außenpolitik für unterdrückte Völker geben als die, welche die Unterdrückung endet?«

Der Blick nach Osten

Auf der Suche nach außenpolitischen Bündnisgenossen für das in eine Paria-Rolle gedrängte Deutschland richtete Moeller – ohne eigentlich in die Gruppe der Nationalbolschewisten eingeordnet werden zu können – seinen Blick nach Osten. Als literarischer Kronzeuge für den Kampf gegen den Nihilismus des Westens diente ihm wiederum Fjodor Dostojewski, der für die unverbrauchten Seelenkräfte des russischen Volkes stand. In »Sozialismus und Außenpolitik« versuchte sich der deutsche Nationalist in einer nüchternen Auslotung deutsch-russischer Bündnismöglichkeiten: »Der deutsche Sozialismus kann sich nur dann für Rußland entscheiden, wenn auch der russische Sozialismus erkennt, daß jedes Volk seinen eigenen Sozialismus hat.«
Wie distanziert der politische Schriftsteller aber der Realpolitik und konkreten politischen Schritten gegenüberstand, zeigte sein Gespräch mit dem Kommunisten Karl Radek über ein deutsch-russisches Bündnis gegen den Imperialismus der Entente-Mächte. Radek, Deutschlandspezialist der Kommunistischen Internationale, stellte Moeller im Juni 1923 – kurze Zeit nach der Erschießung Leo Schlageters durch die Franzosen – die Frage: »Gegen wen wollen die Deutschvölkischen kämpfen: gegen das Ententekapital oder gegen das russische Volk? Mit wem wollen sie sich verbinden? Mit den russischen Arbeitern und Bauern zur gemeinsamen Abschüttelung des Joches des Ententekapitals, oder mit dem Ententekapital zur Versklavung des deutschen und russischen Volkes?« Der so Angesprochene wich den konkreten Fragen aus und lenkte die Diskussion auf weltanschauliche Grundsatzfragen, die eine Verständigung nicht zuließen.
Eine ähnliche Scheu vor greifbarer politischer Selbstverantwortung bestimmte neben weltanschaulichen Auffassungsunterschieden – z.B. in der Rassendoktrin – auch sein Verhältnis zu den Nationalsozialisten. Dies läßt sich an einer Begegnung mit Adolf Hitler festmachen: Nach einem Gastvortrag des NSDAP-Führers vor dem Juni-Klub im Jahr 1922 wandte sich dieser an Moeller mit den Worten: »Sie haben alles das, was mir fehlt. Sie erarbeiten das geistige Rüstzeug zu einer Erneuerung Deutschlands. Ich bin nichts als ein Trommler und Sammler. Lassen Sie uns zusammenarbeiten.« Moeller reagierte zurückhaltend. Nachdem Hitler die Motzstraße 22 verlassen hatte, sagte Moeller zu Rudolf Pechel, dem Herausgeber der »Deutschen Rundschau«: »Pechel, der Kerl begreift‘s nie.«

Streiter gegen den Liberalismus

Die Bedeutung Arthur Moeller van den Brucks lag denn auch nicht in dem Einsatz für Parteipolitik und Tagesfragen, sondern als Ankläger des alles zersetzenden Liberalismus: »Liberalismus hat Kulturen untergraben. Er hat Religionen vernichtet. Er hat Vaterländer zerstört. Er war die Selbstauflösung der Menschheit.« Mit Flammenworten warf er dem Liberalismus vor, die Völker zu zerstören und seinen Angriff auf alle traditionellen menschlichen Bindungen mit verlogenen Freiheitsparolen zu tarnen. Die gezielte Transformation einer gewachsenen Gemeinschaft in eine von bindungslosen Sozialatomen bestimmte Gesellschaft wurde klar erkannt: »Der Liberalismus ist Ausdruck einer Gesellschaft, die nicht mehr Gemeinschaft ist. (…) Jeder Mensch, der sich nicht mehr in der Gemeinschaft fühlt, ist irgendwie ein liberaler Mensch.«
Moellers Entwurf eines dritten Reiches, inhaltlich vage gehalten und in einer suggestiven Sprache verfaßt, begeisterte die nationalen Gegner des Weimarer Systems über alle Maßen. Joseph Goebbels zeigte sich 1925 in seinen Tagebüchern tief beeindruckt: »So klar und so ruhig, und dabei doch von inneren Leidenschaften ergriffen, schreibt er all das, was wir Jungen längst mit Gefühl und Instinkt wußten.« Zeugnis für einen regelrechten Moeller-Kult legte ein deutscher Nationalist ab, als er kurz nach 1933 schrieb: »Es kam – nach den geltenden Anschauungen – etwas ganz Unvernünftiges, es kam die Idee des Dritten Reiches. Und dieser Gedanke packte den deutschen Menschen, er packte politisch Heimatlose und politische Abenteurer, er packte Erdverbundene und Entwurzelte, er packte Naturen, mit denen man nicht sprechen, nicht diskutieren konnte.« Arthur Moeller van den Bruck erlebte die Ausbildung und Geschichtsmächtigkeit seines Mythos vom dritten Reich nicht mehr.

Jürgen W. Gansel

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Dostojewski, der Nihilismus und die Revolution

Dostojewski, der Nihilismus und die Revolution

 von Arthur Moeller van den Bruck

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Die letzte Entscheidung über den Wert einer Idee liegt in ihrer Wirkung: ob durch sie die Menschen steigen oder sinken? Dostojewski erkannt früh, daß Revolution den Menschen nur in seinen Untiefen bestätigt: daß sie ihn aus der Natur reißt, ihn in Tendenzen absondert und in einer Zusammenhanglosigkeit zurückläßt, in der jede volkliche oder staatliche Gemeinschaft aufhört und schließlich an Stelle der Menschenliebe die Eigenliebe übrigbleibt. Es war die Erkenntnis, daß Radikalismus nicht Wurzelung, sondern Entwurzelung bedeutet. Auch Dostojewski war unter den Radikalen gewesen, damals, vor Achtundvierzig, als er im Debattierklub der Petraschewzen verkehrte. Aber schon in dieser ersten Petersburger Zeit war etwas in seiner Witterung, das ihn von den Revolutionären, oder nur von den Liberalen, mit denen er äußerlich übereinstimmte, innerlich entfernte, und das ihn dafür den Slawophilen annäherte, die sich in Moskau allmählich zur Partei zusammenschlossen und sich auch in Petersburg durch ihren Glauben an Rußland von der volklosen Intelligenz der Westler abhoben.. Er las die Bücher der Sozialisten, weil sie, wie er sagte, mit Begeisterung für die Menschheit geschrieben waren. Aber den Fourierismus, für den Petraschewski warb, lehnte er mit Heftigkeit ab, weil er europäisch, nicht russisch war. Und die große Reform der Bauernbefreiung stellte er sich, wie jede Reform in Rußland, von oben, nicht von unten verwirklicht vor. Dostojewski glaubte immer an den Menschen, aber er dachte in Völkern, deren jedem er seine Bestimmung gab. Dem russischen Volke behielt er die Erfüllung des Christentums vor: einen ungeheuren weltgeschichtlichen Umweg, an dessen Ende er die Überwindung der Eigenliebe durch die Menschenliebe sah. Das Christentum war antinational gewesen und deshalb kosmopolitisch gescheitert. Das Menschentum, das Dostojewski verkündete, sollte sich im Russentum verwirklichen. Nirgendwo kam er diesem so nahe wie in Sibirien. Von der Katorga her, wo die Revolutionäre des Lebens dafür büßten, daß ihre Eigenliebe sich gegen die Menschenliebe vergangen hatte, nahm er den Glauben, dessen Verkündung seine eigene Sendung wurde. Er liebte das russische Volk um seiner Zurückgebliebenheit, aber auch um seiner Natürlichkeit, seiner inwendigen Schönheit, seiner mystischen Empfänglichkeit für eine neue naive Sittlichkeit willen. Der Nihilismus dagegen warf die Menschen nur wieder in Egoismus zurück und drohte im Namen einer unreinen Doktrin die gegebenen Bindungen des russischen Lebens zu zerstören, wie diese Verbrecher ihr Leben zerstört hatten. Mit einem politischen Denken, das auf Erhaltung, nicht auf Umsturz gerichtet war, mit einem konservativen Denken, das auf Menschenkenntnis beruhte, von Volkskenntnis herkam und schließlich auf Selbsterkenntnis zurückging, kehrte Dostojewski aus der Verbannung zurück.

Dieser psychologische Konservativismus ist schon bei dem jungen Dostojewski zu belegen: zu einer Zeit, als es den Nihilismus noch nicht dem Begriffe nach gab und er erst in Menschen umging. Dostojewski erkannte in dem Nihilisten den Menschen des 19. Jahrhunderts, und vielleicht noch des 20.: den Ausdruck seiner moralischen Zersetzung, aus der hernach die politische Sprengung der in Rußland überkommenen Lebensformen folgen mußte. Der Nihilismus war eine Krankheit. Sie erfaßte Dostojewski zuerst, weil er besonders aufnahmefähig für die Schwingungen der seelischen Veränderung war, in der sich der neue, der nächste Mensch ankündigte. Dostojewski hatte diese Fähigkeit, alle Leidenschaften der Menschen, die sinnlichen wie die geistigen, in seinem Ich mitzuerleben, indem er sie an sich selbst erlitt. Er kannte als Psychologe alle Symptome, wie er als Politiker alle Systeme kannte. Sie waren alle in ihm gewesen, bevor er als Künstler sie darstellte, als Ethiker sich auf sie einstellte, als Politiker ihnen nachstellte. Beobachtung war bei ihm Selbstbeobachtung. Dadurch unterschied er sich hernach von den Reaktionären, von Dogmatikern und Konventionellen, die urteilten und verurteilten, ohne sich und ohne die Probleme zu kennen. Dostojewski war Wissender. Er begleitete den Verlauf der nihilistischen Erkrankung in jedem einzelnen Falle bis zu dem kritischen Punkte, an dem die Menschen in ihr untergingen. An dieser Stelle kehrte er um und berief sich auf das Volk, das ohne Nihilismus war. Er stellte dem Nihilismus keinen Helden entgegen, der aus dessen eigenem Kreise kam, und man sollte ihn bei Dostojewski nicht erwarten, noch vermissen. Der Nihilist kann niemals zum Helden werden, weil er ohne die Liebe ist, für die das Volk ihn wiederliebt, und ohne das Vertrauen, für das die Menschen ihm wiedervertrauen. Dostojewski steht hier am anderen Ende derselben Achse, auf der in Europa später Nietzsche erschien. Es sind die gleichen amoralischen Probleme, die sie bewegen und aus denen Nietzsche nur die heroische, Dostojewski die ethische Folgerung zog. Nietzsche erhob Kain zu Prometheus. Dostojewski ließ Abel selber zu Kain werden, um Kain zu erschlagen. Auch Nietzsche, der Humanist und Europäer, suchte den Nihilismus zu überwinden: durch eine rhapsodische Übersteigerung des ja, das er gegen ihn warf, als eine Übersteigerung des Ich, das in jenen einsamen Jenseitsbereichen schließlich zurückbleibt, in denen es die Unterscheidung des Guten und des Bösen nicht mehr gibt. Dostojewski dagegen stellte als Heiliger und Prophet den Menschen wieder her, indem er zum Volke zurückfand, zur Unverlierbarkeit des Guten in den Menschen, auf das sie für ihr Zusammenleben angewiesen sind, und deckte als Psychologe und Russe das Böse im Ich auf, die Wurzellosigkeit des volklosen Nur-Ich-Menschen, der sich von der natürlichen Gemeinschaften geschieden hat: den Nihilisten.

Man hat die Einheitlichkeit dieser Entwicklung bestritten und ihr, statt ihre messianische Deutung durch Dostojewski anzuerkennen, eine soziologische Ausdeutung gegeben. Aber der Versuch beruhte auf einer Verwechselung der positivistischen Plattform, auf die er sich stellte, mit der politischen Tatsache, vor der wir stehen: daß Dostojewski konservativ war. Einmal mußte der Versuch ja wohl gemacht werden, und daß er gemacht wurde, ist Zeichen einer fast wissenschaftlichen Rechtschaffenheit, die sich zu geistiger Rechenschaft zwang. Auf die Dauer war für den Positivismus unerträglich, daß ein Dichter von dem Ausmaße Dostojewskis, dessen Schöpfung man unter den größten europäischen gelten lassen mußte, als Politiker Anschauungen gehabt haben sollte, die man in Europa als minderwertig und zurückgeblieben zu verschreien pflegt. Aber schon in diesem Zusammenhange werden Voraussetzungen verkannt. Der Konservativismus, den Dostojewski bekannte, beruhte nicht auf Rektion, obwohl er die Uwaroffsche Formel einschloß: Autokratie, Orthodoxie, Nationalität. Reaktion wäre für Dostojewski auch nur ein Egoismus der Menschen gewesen, ein Eigennutz der Klassen, eine Habsucht der Sphären, die einen größeren Bereich ihres Machtraumes, der ihnen durch das Wachstum des Volkes genommen war, künstlich oder gewaltsam wiederherstellen zu wollen. Dostojewski stand auch hier ganz auf der Seite des Volkes. Schon aus altruistischen Gründen hatte er, genau wie Tolstoi, und wie jeder Russe, in seiner apostolischen Lehre soziale Elemente. Aber das ist ja das Große an Dostojewski, und an den russischen Psychologen überhaupt, daß sie die ökonomischen Probleme eine Schicht tiefer erfassen, als die europäischen Positivisten sie sehen: nicht im Wirtschaftlichen, sondern im Menschlichen. Der Versuch, seinen Konservativismus vom Politischen ins Soziologische umzudeuten, übersah Erlebnisse, die Dostojewski gehabt hatte, die aber der Positivist gar nicht zu haben vermag, weil sie zwischenwirklich sind, nicht nachrechenbar, und doch unleugbar. Hierin gehörte vor allem das Erlebnis der russischen Nationalität. Während die beiden ersten Dogmen der Uwaroffschen Formel, Autokratie und Orthodoxie, auch für Dostojewski nur Formen bedeuten, die dem Russentum durch Überlieferung angepaßt waren, Schutzformen, die seine aufrührerische Geistigkeit brauchte und die sich in seiner zerworfenen Geschichte immerhin bewährt hatten, war für ihn die Nationalität ganz Inhalt: war Problem, und das gegenwärtigste und doch geheimnisvollste Phänomen, das es auf Erden gibt. Wenn man eine wirtschaftliche Auslegung des russischen Lebens geben wollte, dann müßte man mit der Feststellung beginnen, daß der Russe derjenige Mensch ist, dem Wirtschaft völlig gleichgültig bleibt. Die russische Nationalität erscheint inniger als jede europäische noch in animalisch-mystischen Lebensursprüngen verwurzelt und nicht ökonomischen Lebensbedingungen festgelegt. Sie ist nicht auf Fürsorge und Wohlfahrt eingestellt, nicht auf banalen Ausgleich des Daseins und schematische Vollkommenheit seiner Einrichtungen, sondern auf Triebe, auf die Widersprüche der Leidenschaften, auf die Heftigkeit von Zuneigung oder Abneigung, auf die Spontanität von Liebe und Haß. Jede Sozialreform in Rußland, die stets irgendwie Agrarreform sein wird und schon deshalb der Natur so nahe bleibt, wie der Phalanstere fern, kommt aus einem Triebe im Volke. Das Wichtigste ist immer der Mensch, nicht die Wirtschaft. Die verhängnisvolle Selbstverschwendung des Russen, in die er im Wirtschaftlichen umschlägt, seine Gier, Fleischlichkeit, Maßlosigkeit, ist nur das Gegengewicht seiner Anspruchslosigkeit, das aber gleich dieser auf Verachtung des Wirtschaftlichen, nicht auf Abhängigkeit von ihm beruht — nicht anders wie im Politischen das angeborene Empörertum des Russen nur der Gegensatz zu sein scheint, den ein Volk ständig aus sich hervorbringen und von sich abstoßen muß, dessen Wesen ein ewig beunruhigter und doch stets wiederhergestellter Konservativismus ist.

Dostojewski deckte den Nihilisten zuerst in Belinski auf. Es liegt eine eigentümliche Verbindung von Verhängnis und Sinnlosigkeit darin, daß Dostojewski als politischer Verbrecher verurteilt wurde, weil er im Debattierklub der Petraschewzen einen Brief vorgelesen hatte, der gerade von Belinski und gerade an Gogol geschrieben worden war: von dem liberalen Publizisten westlerischer Richtung an den slawophilen und nun wirklich reaktionär gewordenen Satiriker des russischen Kosmos. Dostojewski hat in seiner Rechtfertigungsschrift angedeutet, daß ja durchaus noch nicht ausgemacht gewesen sei, auf welchem Standpunkte er selber nun eigentlich gestanden habe: auf dem des schmähenden Belinski oder auf dem des geschmähten Gogol. Das ist nicht nur persönlich, das ist auch psychologisch durchaus glaubwürdig. Dostojewski stand damals noch zwischen den Parteien. In seinem Gefühl hatte er sich längst gegen die Revolution entschieden. Aber mit seinem Bekenntnis zögerte er noch vor Konservativismus zurück. Der Nihilist in ihm zögerte. Damit Gefühl auf dem Wege über das Erlebnis zum Bekenntnis werden konnte, mußte er die Verbannung auf sich nehmen: Belinski aber war der Anlaß, der kleine zufällige und unwichtige Schicksalsanlaß in einem großen nötigen und wichtigen Leben. Auch in diesem Leben war Schuld und war Sühne: Dostojewski wurde mit Sibirien geprüft und mit der Katorga gestraft, weil er sich wider seine konservative Vorbestimmung in jugendlicher Hingabe mit der revolutionären Bewegung eingelassen hatte. Von Belinski war er ursprünglich in die sozialistischen Lehren der westlichen Länder eingeführt worden, und er hatte sich für sie begeistert, weil sie selbst begeisternd waren, oder wenigstens, wie er von den sozialistischen Büchern sagte, "mit Begeisterung für die Menschheit geschrieben". Doch schon damals stieß ihn zurück, daß Belinski die sozialistischen Ideen in einer unreifen und vorlauten Abwandlung gegen die christlichen ausspielte und mit Atheismus großtat. Noch in dem Briefe Belinskis an Gogol, den Dostojewski vorlas, war Voltaire auf die Höhe von Christus erhoben worden. Je mehr Abstand er zu diesen Ideen bekam, durchschaute er sie, die den Leib über den Geist setzten, die Wirtschaft über den Menschen stellten, in ihrem Vergänglichkeitswert: durchschaute er vor allem die Menschen selbst, die sie vertraten. Belinski und Christus: das ging schon gar nicht, das war keine Gleichung, das war Gotteslästerung. Der Gedanke an Belinski verließ Dostojewski nicht wieder. Er trug ihn mit sich als eine Kränkung, die ihm angetan worden war, die er selbst sich angetan hatte, und die er sich nie verzieh. Spät noch, im "Tagebuch", kam er auf die alte Abrechnung zurück, die er mit ihm hatte: "Dieser Mensch hat Christus vor mir beleidigt und war doch niemals imstande, sich selbst oder irgendeinen von allen diesen Führern der ganzen Welt in Gleichwertigkeit an die Seite von Christus zu stellen: er vermochte nicht zu sehen, wie viel kleinliche Eigenliebe, Zorn, Ungeduld, Reizbarkeit, wie viel Kleinlichkeit, vor allem aber Eigenliebe in ihm selbst und in allen den anderen verborgen war!" Hier liegen Dostojewskis menschliche Erfahrungen in jenen Petersburger Zeiten. Er hatte erlebt, daß Menschen, die ihr Hirn nur mit Doktrinen nährten und sich aus Tendenz, Partei und Propaganda mit Aufklärung beschäftigten, dadurch als Menschen nicht besser sondern schlechter wurden. Er hatte erlebt, was es heißt, ein Nihilist sein. Einmal, im "Kleinen Helden", den er zwischen Petersburg und Sibirien schrieb, umriß er die Gestalt eines dieser Nihilisten der Gesellschaft, die er im Kreise der Petraschewzen kennen gelernt hatte, dieser Leute mit der "fertigen Phrase", dieser Menschen mit dem Spürsinn für das "nächste Schlagwort", die sich voll moderner Aufgeklärtheit gegen die Idealität der Dinge zu wenden pflegen, ohne zu ahnen, daß jedes "geringste Gefühl der Schönheit und des Erhabenen wertvoller ist als ihr ganzes schleimiges Weichtierdasein." So haßte Dostojewski. Aber er haßte nur dort, wo die Menschen nicht liebten. Und wir verstehen, warum er vor diese Menschen hintrat, mit denen er umgegangen war, und in ihrem Debattierklub jenen anderen Vortrag hielt, dessen Thema er sich selbst gestellt hatte: über den Egoismus. Mit ihm reinigte er sich von ihnen. Der Wortlaut des Vortrages ist in seiner Lebenskrise untergegangen. Von seinem Inhalt handelte später sein Werk, das eine neue Unio mystica der Wirklichkeit wider den Nihilismus des vom Leben gelösten Intellektes stellte. Nachdem die Menschen sich geschieden hatte, mußten auch die Geister sich scheiden.

Ganz anders waren seine Erlebnisse in Sibirien. Sie waren menschlich anders: uns sie waren sittlich anders. Nun lernte er dieses russische Volk erst kennen, um dessen Heiles willen er in Petersburg an politischen Debatten teilgenommen hatte, in denen eine veränderte Staatsform der überlieferten und eingewöhnten russischen Lebensform gefunden werden sollte. Nun fand er, daß es tiefe, starke und schöne Menschen in ihm gab, die voll von der eigenen Echtheit und schweren Ursprünglichkeit einer besonderen russischen Natur waren. Es ist richtig, daß sie Verbrechen begangen hatten. Aber Dostojewski machte die Beobachtung, daß das Verbrechen eine russische Eigenschaft ist, ein russisches Verhängnis, ein russischer Wahn — kein anderer als der, welcher, wenn man ihn auf das politische Gebiet überleitet, zum Umsturz in ihm treibt. Nur war ein Unterschied zwischen dem Revolutionär aus Doktrin , der sein Verbrechen gegen den Staat kehrt, weil er sein Ich behaupten will, und dem Revolutionär aus Instinkt, der das Verbrechen im Drange in die Natur zurückträgt, der er sein Ich opfert. Dostojewski war als Nihilist zugleich Amoralist genug, um den Verbrecher zu verstehen. Aber er war auch Ethiker, und wenn er verglich, dann fiel der Vergleich sehr zuungunsten der Doktrinäre aus. Das hatte er ja immer empfunden, das war die Scheu, das Gewissen, der geheime Grund gewesen, warum sich in ihm etwas sträubte, ein Nihilist zu bleiben und ein Revolutionär zu werden: er erkannte, daß alles Revolutionärtum aus sinnlich-tumultuarischen Bedürfnissen des Menschen kam und nur vortäuschte, Geist zu sein. Sogar diese Verbrecher, die so ganz Trieb waren, und so gar nicht Buchstabe, erschienen in ihrem Wesen geistiger als jene nihilistischen Politiker, die nur Verstand ohne Vernunft besaßen: erschienen, während sie so ganz als Leib sich gaben, mit ihrer Seele der Erde näher: erschienen animalischer, mystischer, religiöser: erschienen russischer. Und Dostojewski dachte an Rußland: was mußte aus diesen russischen Menschen seiner sibirischen Umgebung sich bilden lassen, wenn man sie nicht den Weg des Hasses wies, sondern den Weg der Liebe! Als er sie menschlich prüfte, fand er heraus, daß sie sogar gütig waren. In ihren Verbrechen noch lebte der Gott ihres Landes. Dostojewski erkannte sich selbst in ihnen wieder. Ihr Problem war sein Problem. Was bei ihnen Trieb war, das wurde bei ihm Bewußtsein. Auch als Revolutionär war er Russe gewesen, und mehr Russe als Revolutionär. Aus Sibirien schrieb er an Maikoff: "Ja, ich war immer durch und durch Russe." Als Russe konnte er nun zum Konservativen werden: "Die Ansichten wechseln, das Herz bleibt." Er blieb, der er war: "Man kann sich wohl in der Idee irren, aber man braucht nicht, wofern man sich nicht im Instinkt geirrt hat, durch diesen Irrtum ein Gewissenloser zu werden, will sagen, gegen seine Überzeugungen zu handeln."

Als Dostojewski aus Sibirien nach Petersburg zurückkehrte, zog er die politische Schlußfolge. Er fand in Rußland eine völlig veränderte politische Lage vor. Alexander II. war Nicolai I. auf dem Throne gefolgt. Die Aufhebung der Leibeigenschaft sollte nun endlich verwirklicht werden. Manche andere liberale Reform bereitete sich vor. Aber gleichzeitig hatte unter der Oberfläche des öffentlichen und gesellschaftlichen Lebens, in den Winkeln, Mansarden und Schlupfwinkeln der Hauptstadt, in de Londoner und Züricher Emigration, jene Bewegung eingesetzt, von der die liberalen Forderungen der vierziger Jahre bereits anarchisch überboten wurden: die nihilistische. Sie kam tief aus der politischen Dämonologie des russischen Volkes und reichte über die Dekabristenbewegung zurück, in der man den Dämon in byronischer Gestalt unter jungen Enthusiasten hatte umgehen sehen, in die Zeiten des Sektierertums, in der er ein wüstes mittelalterliches Tier gewesen war. Diese Zusammenhänge hatten sich bis in die Zeit der Petraschewzen erhalten. Damals kam es vor, daß die Sektierer sich zu Zügen von Tausenden zusammenrotteten, um ihre Kirchen und Klöster vor Niederlegung zu bewahren, und daß sie das Nicolitische Militär, das mit der Exekutive betraut war, schimpflich davonjagten. Nach wie vor traten zu den Sektiererrevolten die Bauernrevolten, oder arteten in diese aus. Es war das religiöse Motiv im russischen Empörertum, das sich hernach mit dem sozialen des Kollektivismus und dem amoralischen des Nihilismus verband. Dostojewski selbst bestätigte den Nihilisten, daß sie von den Petraschewzen herstammten, obwohl diese noch keine Nihilisten gewesen waren. Aus seiner ersten Petersburger Zeit kannte Dostojewski alle die Vorformen des Nihilismus, alle die Dämonenmotive, die er dann in seiner Apokalypse des Nihilismus zusammentrug. In den Städten kam es damals zu ersten Arbeiterstreiks, und es ist gewiß kein Zufall, daß einer der Rädelsführer, eine Figur der vierziger Jahre, den Namen des "Fedjka" trug, den Dostojewski 20 Jahre später seinem nihilistischen Werkzug gab. Zwar war der Untersuchungsrichter im Petraschewzenprozeß im Unrecht gewesen, wenn er die wachsende Zahl der von ihren Bauern erschlagenen Gutsbesitzer, die der Brandstiftungen auf dem Lande und der Diebstähle und Einbrüche, auf die politische Rechnung der Angeklagten schrieb. Das waren Erscheinungen, die ohne Zutun der Petersburger Doktrinäre sich aus dem tumultuarischen Zuge der Bauernbewegung, die der Aufhebung der Leibeigenschaft voranging, freilich nicht mit ihr aufhörte, von selbst ergaben. Aber richtig ist anderseits, daß die Petraschewzen bereits im Prinzip und als Taktik eine Verbindung mit Leuten aus dem Volke suchten und in den Massen eine Aufklärung über die Unvollkommenheit der russischen Zustände verbreiteten. Eine sozialistische Auslegung der zehn Gebote, die als Werbeschrift ins Land wandern sollte, war in ihren Kreisen geplant gewesen. Die Zeit kündigte sich an, in der die Studenten "ins Volk gingen". Weibliche Literaturgesellschaften wurden gegründet, die Typ und Rolle der nihilistischen Studentin vorbereiteten. Und schon schloß sich die noch tastende Propaganda zu einem ausgesuchten System zusammen. Im Kreise der Petraschewzen war zuerst die Idee der "Fünf" ausgeheckt worden, die Dostojewski der so wüsten und doch so durchgeführten Komposition der "Dämonen" als Skelett zugrunde legte: die Idee eines großen politischen Bundes, in dem Gruppen der Tat, die einander nicht kannten, von geheimnisvoller Oberleitung abhingen. Der Bund nannte sich bei den Petraschewzen "die Gesellschaft der Propaganda", und einer von den Mitgliedern, der Gardeleutnant Montbelli, hatte gar eine "Brüderschaft der Leute von anarchischer Gesinnung zu gegenseitiger Hilfe" vorgeschlagen. Entwürfe für die Organisation solcher Verbände wurde im Ernste und mit Eifer erörtert. Und in nationalistischer, in nationalpolitischer Form sind damals zu Wilna, zu Minsk, zu Lida derartige Anschläge und Vorbereitungen auch tatsächlich aufgedeckt worden. Nicht zuletzt gehörten die geheimen Druckereien als rätselhafte Herkunftsorte massenhafter Flugschriften oder die geheimen Versammlungen der Petersburger Gesinnungsgenossen in entlegenen Städten Ingermannlands zu den Petraschewzenerscheinungen, die Dostojewski als Dämonenmotive auf den terroristischen Schauplatz einer ungenannten Gouvernementsstadt verlegte. Vor allem war der Mensch selbst zum Nihilisten geworden. Und in dem Entwurf eines "revolutionären Gesetzbuches", das jener Leutnant Palm verfaßt hatte, den Nicolai als einzigen aus dem Kreise der Petraschewzen begnadigte, steht schon der ganz nihilistische Satz: "Ich darf alles tun, was mir gefällt, weil jede meiner Handlungen das Ergebnis meiner Vernunft ist."

Dostojewski erkannte, daß ein solches Volk konservativ unterschichtet bleiben mußte. Er war kein Revolutionär, weil er den Punkt nicht suchte, von dem aus sich die Welt aus ihren Angeln heben läßt. Er suchte den Boden, auf dem sich ein Zusammenleben der Menschen ermöglichen ließ. Inzwischen war in Rußland die revolutionäre Ideologie nicht politische Phraseologie geblieben. Als Dostojewski in den fünfziger Jahren aus Sibirien und dann wieder in den sechziger Jahren aus dem Ausland zurückkehrte, ging von ersten Attentaten der rote Schrecken der nihilistischen Bewegung über das Land aus. Während Turgenjeff das Wort des Nihilismus fand, das allmählich auf die gesamte Zeitveranlagung übertragen wurde, und in ihr mit liberaler Gutgläubigkeit einen russischen Ausdruck des europäischen Positivismus sah, durchschaute Dostojewski den Dämon. Er wußte, daß der Nihilismus dem Menschen nichts zu geben hat, wie der Nihilist ein Mensch ist, der nichts zu verlieren hat. Schon die "Erinnerungen aus einem Totenhause" wurden deshalb nicht, war man von einem echten Petraschewzen hätte erwarten müssen: ein Buch der Anklage gegen den Staat, der liberalen Beschwerde oder der revolutionären Entrüstung, sondern ein slawophiles Bekenntnis mit einer menschlichen Botschaft. Man sollte dem Volke nicht sein Volkstum nehmen, weil man ihm sonst sein Menschtum nahm! Man sollte nicht Hand an das Volk legen! Und das Volk sollte nicht Hand an sich selbst legen! Beides geschah, wenn ein Ich ohne Volk über das Volk verfügte. Das hatte die Autokratie oft getan. Und dies tat jetzt der Nihilismus. Aber die Autokratie war wenigstens ein System für das Volk. Und die Orthodoxie war ein System für das Ich. Nun schrieb Dostojewski das "Tagebuch" und schuf die "Dämonen": bejahte den Geist über Rußland und trieb die Teufel des Nihilismus aus. Für das Volk nahm er den Kampf gegen die Revolution auf. Er stand in diesem Kampfe mit der Leidenschaft des Eiferers, mit den ungeheueren Kräften, die der schwächliche Mensch aus der Idee holt, von der er besessen ist. Es ist wahr, er ging in diesem Kampfe, den er selbst mit Hohn und mit jeder geistigen Überlegenheit führte, mit einfachsten Menschen zusammen: mit den echtrussischen Leuten: mit allzu russischen Leuten. Er ging freilich nicht minder überein mit den zusammengesetztesten, rätselhaftesten, unheimlichsten Russen, die ihr Volk kannten, mit dem Katholikos Tschaadajeff und dem Inquisitor Pobjedonoffeff. Auch dieses Wissen war in seiner Menschenkenntnis, daß der Mensch sogar für die Liebe zu schwach ist, die ihm gebracht wird, und daß sich mit ihr, wenn man sie nicht an den Menschen verschwenden, sondern den Menschen durch die Liebe behaupten will, Macht verbinden muß. Doch fuhr er fort, die Wahrheit zu suchen, die immer in der Einfachheit liegt, wenn sie aus dem Volke kommt. Über seine Verurteilung hatte er einst mit Ergebung in Erkenntnis gesagt: "Uns ist Recht geschehen: wenn man uns nicht verurteilt hätte, dann würde uns das Volk verurteilt haben." In den "Dämonen" ließ er Schatoff, den Russengläubigen, diesen Einzigen, dem er je die verhaltene Begeisterung eines vollsuchenden Helden gab und dessen Gestalt er wie die eines Jüngers liebte, das Wort sagen: "Wer kein Volk hat, der hat auch keinen Gott." Volk haben: das war für ihn gleichbedeutend mit Gott haben. Macht über das Volk: war Verantwortlichkeit für das Volk. Dostojewski war kein Reformator. Als Fanatiker hatte er die Massivität nicht, um das Volk durch Reformation vor der Revolution zu bewahren. Als Erscheinung blieb er in der Reihe der großen Problematiker, die in unserem Zeitalter von Rousseau bis Nietzsche geht, wenn er auch als Dichter die epische Form und als Denker das dogmatische Wort vor ihnen voraus hat. Aber als Mystiker wußte er, daß der Mensch seiner Unvollkommenheit überantwortet ist, und als Politiker, daß jede Opposition, die der Mensch aus Doktrin an den Unterbau und das Gefüge des Seienden setzt, nur die geringe Wichtigkeit einer Endlichkeit haben kann, die von einem Unendlichen umschlossen wird. Damit hob auch er sich auf die geistige Ebene, auf der alle großen Menschen gestanden haben, die ihr politisches Denken, das immer ein konservatives Denken war, in eine Übereinstimmung mit ihrem metaphysischen Bewußtsein brachten, so Augustin, wie Dante. Vor der Wahl zwischen Zeitlichkeit und Ewigkeit hatte auch er sich für das Ewige entschieden.

(Einführung zu: F. M. Dostojewski: Die Dämonen. Sämtliche Werke, Erste Abteilung: Fünfter Band. München und Leipzig: Piper, 1919.)

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lundi, 14 mai 2007

Du triste règne de Victor Amédée II

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Du triste règne de Victor Amédée II

14 mai 1666: Naissance à Turin du futur roi Victor Amédée II, duc de Savoie qui règnera sur le royaume de Piémont Sardaigne. Sa mère, Marie de Savoie-Nemours, assurait la régence et poursuivait une politique pro-française, visant à attirer la puissance anti-impériale de l’Ouest en Italie du Nord, pour menacer l’Autriche sur sa frontière méridionale et faciliter la tâche aux Ottomans dans les Balkans. Cette politique italienne a commencé dès l’annexion du Vivarais impérial, puis du Dauphiné et de la Provence, également terres impériales, dans la première moitié du 14ième siècle. Victor Amédée épouse Anne d’Orléans, une nièce de l’abominable Louis XIV.

En 1690, toutefois, Victor Amédée abandonne ses projets anti-impériaux pour se joindre à la coalition légitimiste en Europe, formée par l’Autriche et l’Espagne, pour mettre à la raison le roi bandit (Räuberkönig). Mais, conscients de son caractère versatile, du danger de ses positions antérieures, les Espagnols refusent de lui céder Milan (a-t-il rejoint la légitimité impériale pour obtenir Milan, avec l’intention de faire volte-face et d’introduire les Français dans la plaine du Pô, pour que ceux-ci fassent leur jonction éventuelle avec les Ottomans, durement étrillés par Eugène de Savoie, en Vénétie ou en Dalmatie?). Effectivement, qui tient Milan, tient la plaine du Pô et obtient une fenêtre sur l’Adriatique. Vexé, Victor Amédée fait une paix séparée conforme à ses intérêts. Dans la guerre de succession d’Espagne, il se range d’abord du côté des Français, mais rejoint une nouvelle fois le camp de la légitimité en 1703. Il abdique en faveur de son fils Charles Emmanuel III, puis se ravise. Son fils le fait arrêter en 1731 et le place en réclusion pour le reste de ses jours. Ce geste permet de soustraire l’Italie et la Savoie à toute influence française illégitime et d’éloigner du pouvoir un monarque déraisonnable, agissant à l’encontre des intérêts européens.

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A. Camus, philosophe pour classes terminales

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Jean-Jacques BROCHIER : Albert Camus, philosophe pour classes terminales,

La Différence, ISBN 2-7291-1329-0, 2001, 10,52 Euro.

L'auteur avait rédigé ce pamphlet il y a plus de trente ans, pour stigmatiser un auteur qui se piquait, selon lui, de philosophie, sans atteindre son modèle, Nietzsche, à la cheville. L'ennui, c'est que Camus a été hissé par des tartuffes sur le piédestal du moraliste incontournable, dont on est désormais obligé d'écouter la leçon, sous peine d'être traité de sans-cœur ou de fasciste ou d'un autre nom d'oiseau du même tonneau. Brochier stigmatise justement ce moralisme de pion, qui n'apporte rien à la pensée, si ce n'est à la pensée unique d'aujourd'hui qui fonde son arbitraire et son totalitarisme sur un discours qui se prétendait justement anti-totalitaire et révolutionnaire-libertaire (l'homme révolté!). Mais ce bricolage idéologique, typique de la France d'après-guerre, qui sied aux rombières du "politiquement correct", est d'une indescriptible fadeur face à Nietzsche lui-même, dont Camus voulait être un épigone. L'ouverture au paganisme méditerranéen, au tellurisme à la Giono, que Camus a tenté à la fin de son existence, avant d'être fauché dans sa Dauphine en lisière du Lubéron provençal, n'a malheureusement pas pu avoir de suite. A coup sûr, l'auteur de "La Peste" aurait dépassé le stade que Brochier lui reproche: celle d'être un philosophe pour classes terminales. Autre raison de lire ce livre : apprendre à démonter les poncifs moralistes que tentent d'inculquer à leurs élèves les profs conformistes, véhicules bien-pensants de l'arbitraire et du totalitarisme orwellien de la pensée unique.

[Pour saisir les dimensions enracinées, et donc "identitaires", de Camus, on se référera au livre de Maurice Wayembergh, professeur à la VUB —Vrije Universiteit Brussel—  intitulé Albert Camus ou la mémoire des origines, De Boeck Université, coll. "Le point philosophique", Paris/Bruxelles, 1998, ISBN 2-8041-2680-3; lire notamment les chapitres suivants : "L'unité, la totalité et l'énigme ontologique", "Camus et Nietzsche. Evolution d'une affinité", "Une lecture nietzschéenne de La mort heureuse ", "La femme adultère et The Woman Who Rode Away - A. Camus et D. H. Lawrence" et, enfin, "La mémoire du retour et le retour de la mémoire". La lecture de cet ouvrage permet d'ouvrir des perspectives "païennes" autrement plus fondées philosophiquement que celles, niaises et bouffonnes, des "nouvelles droites/canaux historiques"].

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Lord Curzon et l'Arabie

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Les Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES :

Lord Curzon et l'Arabie

Extrait de l'ouvrage d'Albrecht Wirth, Weltgeschichte der Gegenwart (1879-1924), 5. Umgearbeitete und vermehrte Auflage, Georg Westermann, Braunschweig/Hamburg, 1924. Trad. franç.: Robert Steuckers.

Lord Curzon s'est présenté en novembre 1903 sur les rives du Golfe Persique. Il a aussitôt déclaré que le Golfe était une mare clausum, une mer intérieure britannique. Telle a été la situation depuis 1842 et il faut, prétendait-il, que cela reste ainsi à l'avenir. Lord Curzon fut le principal héraut d'une politique de puissance. Vice-roi des Indes, époux d'une riche Américaine, il exerçait une influence considérable. Il entendait agrandir l'Empire britannique des Indes dans toutes les directions. Il venait, en novembre 1903, de commencer la campagne militaire au Tibet, dont il était l'inspirateur.

Lord Curzon cultivait l'intention d'englober tout le Sud de l'Iran, de même que la région du Chatt El Arab dans la sphère d'influence anglaise. La "politique d'aller de l'avant", dont Lord Curzon était l'un des représentants les plus zélés, se montrait de plus en plus agressive, surtout depuis qu'avait commencé la Guerre des Boers. Pourtant, cette politique ne manquait pas d'adversaires dans la métropole anglaise elle-même. Notamment, Sir Henry Cotton, principal fonctionnaire de l'Empire britannique dans l'Assam, contestait sans ambages l'invasion du Tibet. L'attaque anglaise, affirmait-il, constituait une monstruosité et une entorse au droit des gens. Les contestations émises par ceux que l'on appelait les "Little Englanders", et dont le nombre diminuait sans cesse, n'avaient plus aucune signification. C'est la politique préconisée par Curzon qui a fini par triompher. A quel moment la Grande-Bretagne avait-elle donc tenu compte du droit des gens?

En Arabie, l'Angleterre visait trois objectifs : assurer le transit maritime en direction de l'Inde et de l'Extrême-Orient, couper la ligne que comptait établir la politique allemande des chemins de fer devant déboucher au terminus koweitien, dominer tous les chemins menant à Médine et à La Mecque, sinon mettre la main sur ces deux lieux saints de l'Islam. Ce n'était pas tant le sol de l'Arabie qui suscitait la frénésie acquisitive des Britanniques, mais plus simplement sa valeur stratégique et son importance religieuse. Toutefois, le sol de plusieurs régions de cet ensemble n'était pas dépourvu d'intérêt. Un major anglais décrit le paysage alpin de l'Hadramaout, où les sommets atteignent des hauteurs de 2500 à 3000 m, comme une sorte de Suisse méridionale, bien plus vaste que la Confédération Helvétique, au climat sain et, par endroits, très fertile. Sur la côte, toutefois, la vie est insupportable, ajoutait-il. Aden est un four, Djidda (Jedda) est un purgatoire, Mascate est l'enfer. Déjà presque toutes les îles de la Mer Rouge, de même que le petit archipel de Bahrein, dans le Golfe Persique, étaient tombés sous administration anglaise. Sur le continent, Aden appartenait aux Anglais; les princes locaux de l'Hadramaout et l'Imam de Mascate se trouvaient sous leur suzeraineté. Ils ont ensuite tenté de s'implanter au Koweit, terminus potentiel des chemins de fer proche-orientaux construits par les Allemands, afin de gêner l'exploitation de ceux-ci. Enfin, ils tenaient entre leurs mains toute la navigation intérieure dans les bras de mer s'enfonçant dans le territoire persan, de même que toute la navigation fluviale sur le Tigre et l'Euphrate. Autre atout important; la majeure partie de l'Afrique du Nord-Est leur appartenait.

De cette façon, les Britanniques installaient un anneau infranchissable autour de l'Arabie, au Sud, à l'Est et au Nord-Est. Pour fermer l'anneau complètement, il leur fallait encore établir une ligne menaçante partant du Golfe Persique pour aboutir à la Mer Rouge ou à la Méditerranée. Soucieux après avoir entendu évoquer pareils projets, le Sultan conçut le plan de faire tracer une ligne de chemin de fer de Damas à La Mecque. C'est effectivement pour la domination de La Mecque que le combat principal se déclenchera. Le Padicha était considéré comme le chef suprême de tous les croyants. Il estimait essentiel, à ce titre, que La Mecque demeurât en sa possession. Face à cette revendication, les Anglais prétendaient dominer des espaces où vivaient environ 100 millions de Musulmans. Raison pour laquelle l'Angleterre souhaitait prendre La Mecque en sa possession et confisquer ainsi au Sultan turc, tenant du titre de Calife, son fer de lance.

(Albrecht WIRTH, Weltgeschichte der Gegenwart, 1924, pp. 237-238).


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Dictionnaire des onomatopées

Dictionnaire des onomatopées,

par Marc Laudelout

http://louisferdinandceline.free.fr/index2.htm
Bulletin célinien n°240, avril 2003

Bien qu’ils soient couramment utilisés, ces mots sont pour la plupart traités avec désinvolture, sinon ignorés par les dictionnaires et les grammaires. Ce sont pourtant bien des mots qui rendent compte de réalités précises, mais dont l’inventaire n’avait jamais été effectué par quiconque. Pierre Enckell et Pierre Rézeau en ont répéré, avec passion et exactitude, les apparitions dans des milliers d’ouvrages anciens et modernes, pour les classer et les analyser selon les meilleures normes lexicographiques. De ah à zzz, leurs origines lointaines y sont déterminées, leurs emplois actuels sont définis, leurs sens divers classés et illustrés par une multitude d’exemples où Balzac et Claudel côtoient... Céline. Comme on s’en doute, celui-ci tient une belle place dans ce dictionnaire où se retrouvent des citations de ses romans, mais aussi des fameuses satires que d’aucuns appellent improprement " pamphlets ". C’est dans un roman échevelé comme Guignol’s band que le choix est le plus vaste : de "bing" à "badaboum" en passant par "vraoum" ou "vlaouf", la moisson est ample.

Avec ce dictionnaire, c’est tout un pan méconnu de notre langue qui est révélé. Écoutons Jean-Paul Resweber, le préfacier : " La musique de l’onomatopée est légère et brève, même si elle se répète à la façon d’une ritournelle, car le rythme en souffle la mélodie à chaque avancée. Elle imite les bruits du monde à la légère, sans tension ni crispation. Elle nous invite à affleurer à la superficie du monde, en nous faisant renoncer à l’illusion tragique des profondeurs. Elle nous répète que le monde est un jeu : le jeu de l’enfant héraclitéen qui sautille sur le damier de la marelle. Nietzsche rêvait que les mots perdent enfin leur sérieux, pour jouer la musique du monde et nous faire danser sur les choses. L’onomatopée nous rappelle à cette insoutenable légèreté de l’être du monde. " Comme on le voit, ce livre qui peut, au premier abord, paraître frivole ne l’est pas du tout. Et l’on a ainsi la confirmation que Céline, musicien hors pair, utilise avec brio toutes les ressources du langage – le trésor onomatopéique n’étant assurément pas le moindre.

M. L.

 Pierre ENCKELL & Pierre RÉZEAU. Dictionnaire des onomatopées, Presses Universitaires de France, 584 pages.

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R. Craemer: socialiste allemand

Rudolf Craemer : socialiste allemand

14 mai 1941: Mort prématurée de Rudolf Craemer, à l’âge de 38 ans. Universitaire qui doit sa promotion à une thèse sur l’homme politique britannique Gladstone (1930), il obtient une chaire d’histoire à Königsberg en 1932, mais, à l’avènement du national socialisme, il tombe en disgrâce, malgré son appartenance au parti. On lui reproche sa fidélité au “luthérianisme conservateur”, ses liens avec la grande noblesse prussienne et quelques écrits critiques contre le nouveau régime. Il est sous surveillance constante.

En 1937, il obtient toutefois du Front du Travail, instance syndicale unique du régime, le droit d’enseigner l’histoire sociale à un Institut des sciences du travail (Arbeitswissenschaftliches Institut). Son ouvrage historique de 1933, Der Kampf um die Volksordnung. Von der preußischen Sozialpolitik zum deutschen Sozialismus (= La lutte pour l’ordre populaire. De la politique sociale prussienne au socialisme allemand) est un travail minutieux sur le développement de la politique sociale de l’Etat en Allemagne, partant des libéralités discrétionnaires du Roi de Prusse, jusqu’au socialisme moderne, en passant par les réformes de Bismarck.

Craemer retient aussi l’idée wéberienne d’un désenchantement du monde, produit du mental strictement économique du capitalisme. L’auteur trace des parallèles entre des œuvres, jugées erronément hétérogènes, comme celles de Baader, Rodbertus et Marx. Il synthétise clairement les filons socialistes, étatistes et chrétiens (comme les idées sociales du prélat catholique Ketteler). Cette synthèse doit déboucher sur un “socialisme allemand”, dont les pratiques sont certes similaires à celles du national socialisme dans les premiers mois du régime, mais dont l’essence, dit Craemer, n’est nullement “nationale”, au sein restreint du terme, mais supra-nationale voire universelle. Cette définition était jugée “hérétique”. Craemer réclamait, en effet, une organisation socialiste des peuples devant à terme apporter la paix à l’Europe.

Quant aux peuples non allemands, les Bundesvölker, englobés dans le futur Reich centre-européen, ils devaient bénéficier de la liberté, car, au final, le Reich était l’incarnation de la valeur “justice”. Un œuvre trop peu prise en considération par l’historiographie actuelle (Robert Steuckers).

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dimanche, 13 mai 2007

Céline et Robert Poulet

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Céline et Robert Poulet

Trouvé sur : http://louisferdinandceline.free.fr/index2.htm...

C’est une monumentale biographie que notre compatriote Jean-Marie Delaunois consacre à Robert Poulet. Céline n’en est naturellement pas absent. En 1958, Poulet fut le premier à consacrer un livre à l’auteur du Voyage, et, quelques années après sa mort, il fut l’éditeur de la suite de Guignol’s band.

L’enthousiasme de Poulet à exhumer du chaos Le Pont de Londres va se ternir lorsqu’il apprendra que Céline l’avait – un peu – éreinté dans Rigodon, rédigé quelques mois avant sa mort, mais édité en 1969. Dans cet ouvrage, l’écrivain pique en effet l’auteur des Ténèbres. Lequel a confessé : "J’eus le chagrin d’y trouver, à mon endroit, une aigreur tout à fait absurde et gratuite." Rigodon s’ouvre sur ces mots, sans gravité en fait : " Je vois bien que Poulet me boude... Poulet Robert condamné à mort... il parle plus de moi dans ses rubriques... autrefois j’étais le grand ceci... l’incomparable cela... maintenant à peine un petit mot accidentel assez méprisant. Je sais d’où ça vient, qu’on s’est engueulé... à la fin il m’emmerdait à tourner autour du pot !... vous êtes sûr que vos convictions ne vous ramènent pas à Dieu ? – Putain que non !... je suis bien sûr ! (...) La civilisation chrétienne ! Création, Poulet ! imagination ! escroquerie ! imposture ! – Tout de même ! création du grand. – Métissage ! destruction de vingt siècles, Poulet ! (...) Je n’ai jamais revu Poulet... j’ai lu ses articles de temps en temps... des petites allusions... pas plus... je l’ai un peu vexé... "

Que s’était-il passé ? "J’étais accusé, a expliqué Poulet, d’avoir voulu convertir Louis-Ferdinand, et, repoussé avec pertes et fracas, d’avoir puni le mécréant en le privant d’une partie de mon estime littéraire". Mais le premier émoi passé, il n’en a pas tenu rigueur à sa mémoire : "Connaissant mon Louis, je n’étais dupe ni des reproches ni des éloges, et je prenais soin de ne laisser ni les uns ni les autres s’insinuer dans nos conversations." Il ne cessera de lui consacrer des articles élogieux, dont un portrait enlevé dans son recueil de critiques Le Caléidoscope, publié en 1982.

"De ses rares familiers, je suis peut-être le seul qu’il n’ait jamais furieusement et soudainement rabroué ; sans doute parce qu’il devinait que je ne l’eusse pas supporté", disait-il. Pierre Monnier assure que l’auteur d’Handji a compté pour Céline : "Une place doit être faite à Robert Poulet, critique qu’il respectait pour son intelligence intransigeante". Toujours est-il que le 1er juillet 1961, il a été l’un des rares amis appelés à Meudon, avec Roger Nimier, Marcel Aymé, Lucien Rebatet, l’actrice Arletty, pour se recueillir devant la dépouille de l’écrivain, et l’accompagner, trois jours plus tard, à sa dernière demeure, après avoir veillé son corps. En 1963, il participera, avec Jean-Louis Bory et Pierre-Henri Simon entre autres, au troisième numéro des Cahiers de l’Herne, qui rendaient hommage à l’auteur de Mort à crédit.

 

Jean-Marie DELAUNOIS (Bulletin célinien n°242, mai 2003)


Jean-Marie DELAUNOIS. Dans la mêlée du XXe siècle. Robert Poulet, le corps étranger (préface de Jean Vanwelkenhuyzen), Éditions De Krijger, 2003, 540 p., 30 illustrations, avec annexes, notes et index des noms. Prix : 35 € + 10 € de port). Disponible auprès du Bulletin célinien.

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M. Onfray : achever mai 1968?

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Michel ONFRAY:

Achevons mai 1968!

http://michelonfray.blogs.nouvelobs.com/archive/2007/05/0...

On peut trouver certaines poses d'Onfray dans les médias superbement agaçantes. Il n'empêche que cet article mérite méditation. Bonne lecture !

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Les USA veulent imposer des OGM à l'Europe

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Quand les Etats-Unis veulent imposer l'importation d'OGM à l'Europe

Ce texte, déjà, ancien, nous expose toutefois un problème récurrent, qui impose la vigilance! A archiver...

Le gouvernement Bush ne part pas seulement sur le sentier de la guerre dans la région du Golfe Persique, mais prépare aussi une nouvelle guerre commerciale contre l'UE, parce que celle-ci veut interdire l'importation de produits agricoles génétiquement manipulés. Si les Européens ne cèdent pas rapidement, ils seront sommés de s'expliquer devant l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce) et, à titre préventif, les produits européens seront grevés de solides droits de douane, à titre de représailles.

L'interdiction européenne, qui pèse depuis quatre ans sur l'importation de tels produits, se justifie parce qu'on ne connaît pas encore les conséquences sur la santé des consommateurs de leur absorption. Les Américains perdent patience. Ils prétendent que les fermiers américains perdent des milliards en chiffre d'affaires, tandis que Washington affirme que les produits génétiquement manipulés sont "entièrement sûrs". Jusqu'ici les exportateurs américains ont vendu environ un tiers de leurs produits agricoles dans le monde entier, sans rencontrer aucune difficulté pour trouver des débouchés dans les autres régions du monde. Mais toujours davantage d'Etats ont émis des réserves quant à la qualité de ces produits. Surtout en Afrique.

L'Afrique tire la sonnette d'alarme

D'après de nombreux articles de presse, le lobby agricole américain a considéré alarmant le fait que le gouvernement zambien, malgré la famine qui règne dans le pays, ait refusé d'accepter des céréales américaines génétiquement manipulées. Les Etats-Unis voulaient faire parvenir en Zambie une aide, consistant en 20.000 tonnes de céréales. Mais le gouvernement de Lusaka craignait que le patrimoine en graines et semences du paysannat zambien en aurait été contaminé, rendant du même coup ses propres exportations plus difficiles.

Il y a deux ans, les Etats-Unis, dans le "Montreal Bio-Safety Protocol", s'étaient engagés devant les Européens à donner connaissance volontairement de la teneur de tous les produits agricoles génétiquement manipulés. En contrepartie, l'UE avait déclaré qu'elle laisserait entrer en Europe des produits "clairement marqués". Les producteurs américains ont cependant refusé jusqu'ici toutes les propositions européennes en matière de marquage.

Indépendamment de ces propositions honnêtes formulées par l'Europe, Washington veut déposer plainte devant l'OMC, afin d'imposer une levée de l'interdiction d'importation. Les Américains estiment avoir toutes leurs chances dans cette procédure, car même l'interdiction d'importer au sein de l'UE la viande américaine traitée aux hormones (celle qu'on appelle "Vache-Turbo") a été considérée par l'OMC, après des années de tractations, comme une "inacceptable limitation au commerce". L'interdiction a par conséquent été annulée. Pourtant, les autorités de l'UE estiment être dans leur bon droit et n'ont pas levé l'interdiction. Raison pour laquelle, l'UE paye chaque année l'"amende compensatoire", imposée par l'OMC, qui s'élève à 100 millions de dollars.

Les Américains veulent faire abandonner aux Européens leurs "préjugés" contre les aliments génétiquement manipulés. A cette fin, et outre la plainte déposée devant l'OMC, ils veulent imposer des droits de douane de représailles sur bon nombre de produits européens. De cette façon, ils entendent compenser les dommages que les mesures prises par l'UE occasionnent à l'agriculture américaine. Cette mesure a également pour objectif d'obliger les Européens à "marcher sur le bon chemin", comme on dit au ministère américain du commerce. Quand il s'agit de défendre les intérêts des entreprises américaines, les gouvernements US ont toujours utilisé la grosse artillerie.

Avant la fin de l'année, Washington, pour soutenir les consortiums américains de l'acier, a infligé aux importations d'acier des "tarifs douaniers protecteurs". Les firmes exportatrices américaines doivent leurs prix concurrentiels à des avantages fiscaux énormes, mais qui sont interdits par l'OMC. L'administration Bush a récemment accordé aux fermiers américains des subventions gigantesques, également interdites par l'OMC, qui s'élèvent dans l'ensemble à 180 milliards de dollars.

Un porte paroles du ministère US du commerce a déclaré récemment que les appuis apportés à l'industrie américaine constituent "une nécessité pour la politique de sécurité américaine"; il a ensuite ajouté : «Les Européens oublient parfois à qui ils ont affaire».

Une fois de plus, l'arrogance américaine a tombé le masque, mais la répétition de tels dérapages fera des Etats-Unis "la nation la plus haïe de la planète", comme l'avait prévu un écrivain américain célèbre, Norman Mailer, le 16 septembre 2001, dans les colonnes du Times.

Wilhelm HILLEK.

(DNZ, Munich, n°52/2002).



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Le philologue Hans Naumann

Le philologue Hans Naumann

13 mai 1886: Naissance à Görlitz du Professeur Hans Naumann, philologue germanique, défenseur de l’identité allemande. C’est son ouvrage Deutsche Nation in Gefahr (1932) qui demeure toujours d’actualité, dans la mesure où il constitue une réponse aux thèses romanisantes de son collègue de l’Université de Bonn, Ernst Robert Curtius, que les Français de l’époque connaissaient bien, car il était à bien des égards proche de Maurras et écrivait notamment dans les colonnes de la Revue universelle. Ce débat sur l’identité allemande, sur l’esprit français, sur l’héritage de Rome demeure un corpus important pour qui veut comprendre les dynamiques historiques et ethnologiques à l’œuvre en Europe occidentale et centrale. Curtius représente le romanisme allemand, Naumann, le germanisme défensif. A lire parallèlement aux romanisants français (dont Maurras) et aux nombreux auteurs du filon germanisant en France, depuis Boulainvilliers et Gobineau (Robert Steuckers).

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Reinhold Schneider: catholique impérial

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Reinhold Schneider: catholique impérial

13 mai 1903: Naissance à Baden-Baden de l’historien et philosophe catholique impérial Reinhold Schneider. Armin Mohler le compte parmi les exposants catholiques et anti-nazis de la révolution conservatrice. L’importance de Schneider ne réside pas tant, à notre sens, dans ces positions politiques et religieuses, mais plutôt dans l’impact de sa découverte personnelle, à la suite de voyages, de la spiritualité politique portugaise et espagnole. Cette découverte et cette fascination s’expriment dans deux ouvrages : Das Leiden des Camoens oder Untergang und Vollendung der potugiesischen Macht (= La passion de Camoens ou le déclin et l’accomplissement de la puissance portugaise) et Philipp der Zweite oder Religion und Macht (= Philippe II ou la religion et la puissance). Reinhold Schneider a plutôt contribué à une révolution conservatrice portugaise et espagnole qu’à une révolution conservatrice allemande (Robert Steuckers).

samedi, 12 mai 2007

Céline: passion créatrice et credo raciste

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Passion créatrice et credo raciste

http://louisferdinandceline.free.fr/index2.htm...

Les éditions Dualpha rééditent Céline entre haines et passion, la biographie de Philippe Alméras, augmentée d’une brève préface. En son temps, sous le titre "Haineuse passion", nous avons dit ici ce que nous en pensions. Notre conclusion était la suivante : " Lors de sa soutenance de thèse, Alméras s’était vu reprocher son "manque de générosité" envers Céline. Observation insane : demande-t-on à un biographe de faire preuve de "générosité" ? Objectivité et sérénité suffiraient. "

C’est que ce livre apparaissait comme un vigoureux règlement de comptes. Résolument hostile à Céline, par conséquent. Ce n’est pas que Le Bulletin célinien ait pour vocation d’être le gardien de la mémoire du grand fauve, mais cette biographie critique nous paraissait univoque — ce qui ne l’empêchait pas d’apporter de nombreux éléments inédits, à la différence de la biographie de Vitoux, véritable compilation celle-là.

Naturellement, la période la plus controversée est celle de l’Occupation. Sur le plan strictement judiciaire, le dossier ne contient pas grand-chose, on le sait, et voir Céline en militant passionné de la collaboration nous a toujours semblé excessif. Spectateur prenant parti, assurément. Et il n’est pas douteux que Céline appelait de ses vœux la victoire des forces de l’Axe. Sa correspondance l’atteste à foison. Mais, durant ces quatre années, son attitude fut pour le moins en retrait : il ne milita dans aucun parti et ne fut membre d’aucun groupement, tenant à demeurer avant toute chose indépendant et entièrement libre d’exprimer son opinion.

Sur l’antenne de France-Culture, Philippe Alméras déclara avec force qu’il s’était volontairement privé de quelques bonnes histoires en raison du fait qu’elles n’étaient attestées que par un seul témoin. Et de citer l’adage latin : " Testis unus, testis nullus ". C’est ainsi que l’épisode où Céline ne ménage pas ses hôtes de l’Ambassade d’Allemagne est récusé puisqu’attesté par une seule personne : Jacques Benoist-Méchin, en l’occurrence. Exit donc l’anecdote du Céline morigénant les Allemands. Elle ne constitue d’ailleurs pas nécessairement un témoignage à décharge, mais prouve à tout le moins que l’écrivain avait la témérité de ne pas ménager les représentants de la puissance occupante quand il estimait devoir agir de la sorte.

En revanche, le témoignage résolument à charge d’Ernst Jünger – testis unus, lui aussi – est pris en compte sans aucune réserve.

La conclusion paraissait évidente : les différents témoignages ne subissent pas le même traitement par le biographe. Ceci n’est qu’un exemple, mais il montre bien la tendance de l’auteur à retenir plutôt ce qui conforte sa thèse – et à écarter ce qui pourrait la nuancer.

Le problème avec Céline, on l’a assez dit, c’est qu’on a affaire à une personnalité éminemment ambivalente et paradoxale. Ainsi, le voit-on tout au long de sa vie généreux et radin, coléreux et compatissant, cynique et tendre, désintéressé et âpre au gain, etc.

Quant au "racisme biologique", il reflète assurément une préoccupation de l’écrivain. Faut-il pour autant affirmer que " seuls l’intéressaient chez l’individu, ses gènes et ses cellules " ? Et que recouvre exactement le "racisme célinien" ? S’agit-il uniquement de "race" au sens premier du mot ? On n’a pas fini de débattre de ces questions, et il est à craindre qu’une formule comme " L’art n’est que Race et Patrie. Voici le roc où construire ! Roc et nuages, en vérité, paysage d’âme " (Les Beaux draps, p. 177) ne soit devenue incompréhensible pour les lecteurs du XXIe siècle.

L’ennuyeux, c’est qu’après avoir lu cette biographie, le lecteur néophyte a la nette impression que Céline était une sorte de nouveau Drumont, entièrement habité par cette passion raciste où l’écriture tenait finalement une place secondaire, ou subordonnée.

" Céline-littéraire " est, selon l’auteur, " un véhicule sans carburant qu’on peine à pousser sur une route vide ". Voilà bien le type de métaphore séduisante mais que le familier de l’œuvre romanesque ne peut s’empêcher de trouver outrancière. Ou alors ce n’est rien comprendre à ce chef-d’œuvre qui a pour titre Mort à crédit.

Au moins cette biographie se lit-elle comme un roman. Un roman écrit par un auteur qui aurait eu comme dessein d’habiller Céline pour l’hiver, et même au-delà.

M. L.

Philippe ALMÉRAS. Céline entre haines et passion, Éd. Dualpha, 478 p.
Prix : 35 € + 5 € de port. Disponible auprès du Bulletin célinien.
Le compte-rendu de cette biographie a été repris dans le n° 200 (juillet-août 1999) du Bulletin célinien. Prix : 6 €, franco.

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Témoignage

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Témoignage:

Mon (modeste) rôle dans la "convergence nationale-communiste"

par Arnaud Hautbois

(les mésaventures d'Arnaud Hautbois au moment du scandale des "Rouges-Bruns", à Paris, au printemps 1993)

Depuis plus d'un an que je travaillais pour ou avec le GRECE, j'avais reçu du Secrétaire général la tâche de m'occuper de la communication. Mais, très vite, cette tâche devait déborder de ses attributions premières jusqu'à me voir confier les "initiatives culturelles". Passer de l'organisation du service d'ordre du 24ième Colloque à la tenue de soirées thématiques, de haut niveau idéologique, il y avait un pas. On me le fit franchir. Il est vrai que le pliage de courrier et le collage des timbres dans l'exigu bureau réservé au GRECE dans les confortables locaux de Krisis  n'avaient pas donné l'occasion à mes talents de s'exprimer.

Le Maître des lieux, Alain de Benoist, me regardait avec un mélange de méfiance, de condescendance et de sympathie. De méfiance parce que le sens de l'auto-dérision et de l'ironie, qui est mon apanage, reconnu par tous mes copains, est perçu avec inquiétude par l'auteur du très austère Vu de droite. De condescendance, car n'ayant à mon actif que des articles très moyens dans Le Choc du mois  et Espace Nouveau,  mon rire, parfois gras, je l'avoue, était considéré comme une tare congénitale, ce qui fait désordre dans le tableau de la famille GRECE qui répond bien évidemment aux critères de pureté génétique les plus sévères.

La famille acceptait les torts de certains comme la monomanie, la paranoïa et l'alcoolisme; en revanche, le Patriarche allait jusqu'à vous reprocher, dans votre dos, l'humour, l'esprit d'entreprise, voire chez d'autres, le talent... C'est dans cette sympathique ambiance où surnageaient, vaille que vaille, de réelles personnalités, non sans l'aide bienveillante, il est vrai, de Xavier Marchand, que nous abordîmes le printemps 1992. L'Impasse Carrière-Mainguet s'activait comme une ruche bourdonnante. Nous allions sortir du ghetto de l'"extrême-droite" où l'on nous avait fourrés contre notre gré. Nous allions faire le grand bond en avant. Demain, la célébrité nous attendait. La grande offensive métapolitique venait de percer en plusieurs points névralgiques du front culturel et les têtes de pont semblaient solides.

Pour preuve, l'"Ayatollah", comme nous appellions le Maître des lieux entre nous, n'avait-il pas déjeuné avec Jean Daniel par l'entremise de Jacques Julliard, n'avait-il pas été plagié par Jean Edern-Hallier, n'avait-il pas écrit dans L'Idiot international  de ce même JEH? Le Maître nous semblait puissant, nous ne devions pas en douter. Et nous n'en doutions pas.

En prise au doute

Notre jeunesse nous permettait de prendre avec optimisme les échecs et avec excitation, les réussites. Excitation muette, puisque le "Bazboug" nous avait fait savoir, par personne interposée, que notre vitalité et notre truculence l'empêchaient de travailler; moralité: nous devions affranchir les enveloppes en silence, puisque, visiblement, nous n'étions bons qu'à ça.

Alain de Benoist aime à entretenir une distance entre lui et le monde, distance qu'il sait rompre, lors des moments de détente qu'il s'accorde. Tout le jeu, subtil, de l'entreprise GRECE consistait, pour de Benoist, à pouvoir écrire et publier, afin d'obtenir un début de statut dans le monde des intellectuels du Tout-Paris. Naïvement, nous les jeunes, avions aussi envie d'écrire, de nous exprimer, de participer à l'entreprise éditoriale néo-droitiste.

Par son niveau élevé et par son rôle d'ouverture vers les intellectuels d'autres horizons, Krisis  nous était inaccessible, sauf à Charles Champetier, s'il le désirait. Ce Charles était l'étoile montante, une étoile de talent, indubitablement, et un bourreau du travail, à qui on ne pouvait rien refuser. Restait Eléments,  mais bien vite nous dûmes nous apercevoir que l'ineffable "Jeannot Toto-Lapin", en abrégé JTL, était arrivé avant nous et qu'il nous était désormais impossible de dépasser le stade du lecteur discipliné. Il est vrai que Guillaume d'Erebe et moi-même étions les cibles favorites du valet obséquieux d'Alain de Benoist. Le personnage, s'il n'était aussi méchant qu'opportuniste, ne vaudrait pas le détour, tant cette méchanceté et cet opportunisme sont caricaturaux et nous faisaient bien rire, mais JTL était incontournable et son sens inné de tirer la couverture à lui en faisait un adversaire redoutable, sauf pour certains vieux de la vieille à qui on ne la faisait plus. Nous, les jeunes, nous étions perplexes et désemparés. Alain de Benoist, objet de tant de vénération chez JTL, ira même, un jour, exaspéré par le comportement de son caudataire permanent, par nous confier qu'il le prenait pour un "franc-tireur".

Désabusé et de plus en plus sceptique sur l'avenir de notre action, je pensais de plus en plus sérieusement au départ. A quitter cette impasse, où une intrigue naissait chaque jour et où l'on risquait à chaque pas de trébucher sur une entourloupette. Le décor était planté, les personnages en place, il ne manquait plus que le "drame". Il n'allait pas tarder.

ACTE I: La Mutualité

N'étant que très rarement convié au niveau réel de décision, malgré le fait que j'étais membre du "directoire" du GRECE, je ne fus que moyennement surpris par l'annonce de la présence d'Alain de Benoist au ³mardi marxiste². Par des contacts dont j'ignore encore tout, mais vraisemblablement issu de l'Idiot international, l'"Ayatollah" avait été très officiellement invité par Francette Lazard de l'Institut de Recherche Marxiste. Le thème était alléchant et paraissait être une introduction à la réunion que je préparais pour la semaine suivante: "Le paysage intellectuel français" (le "PIF"). Je me rendis donc à la Mutualité, le mardi 12 mai 1992.

Quelle ne fut pas ma surprise de constater que de Benoist ne figurait pas parmi les invités officiels, comme il me l'avait affirmé, sûr de lui, quelques jours plus tôt. Cherchant désespérément du regard le "Maître" au milieu de Spire, de Casanova et du rédacteur en chef d'Esprit,  je dus me résoudre à m'asseoir et à attendre l'arrivée de celui que je venais voir et écouter.

Deuxième déconvenue, non seulement il arriva le dernier, mais il ne monta pas à la tribune, comme je m'y attendait. C'est du premier rang qu'il s'adressa à ses interlocuteurs, dos tourné au public, pour une courte mais, reconnaissons-le, bonne intervention. Suivie aussitôt d'applaudissements. Alain de Benoist, tellement heureux d'avoir parlé devant un parterre d'intellectuels communistes ou de gauche, ne remarqua même pas l'intervention haineuse de René "Monzat", qui avait été outré par les applaudissements des militants et sympathisants du PCF. Plus beau encore, ce fut Francette Lazard, membre du Bureau Politique du PCF qui remit à sa place celui que toute la droite radicale nomme l'³écrivain-flic². Le reste de la réunion, d'une médiocrité désespérante, manquait à mon goût de piquant. Je saisis l'occasion qui me fut donnée par le rédacteur en chef des Temps Modernes, Casanova, qui venait de parler de Pierre Drieu la Rochelle pour m'exprimer. Je défendis alors la mémoire de l'auteur du Feu follet  et exprimai toute l'admiration que j'avais pour le jusqu'au-boutisme de son engagement. Ce fut Arnaud Spire qui me répondis, disons courtoisement, puis Casanova, qui transforma tellement ma question que je ne la reconnus plus. On évacua mon cas en trois minutes, mais ce fut pour laisser la parole à mon ami Patrick Gofman, que je n'avais pas aperçu dans l'assistance.

Après quelques rappels au marxisme le plus orthodoxe, qui s'adressait à Spire, Gofman déclara "le dimanche je vote PCF, le lundi, j'apporte un article au Choc du mois". J'eus l'impression que de Benoist allait avaler son éternelle cigarette; Jean Laloux, de la rédaction de Krisis,  qui l'accompagnait, se livrait, quant à lui, à une étude approfondie du plafond. La réunion terminée, je l'attendis dans le hall, et il déboula de la salle comme si il y avait vu le diable, m'accorda une poignée de main glaciale et un regard qui ne l'était pas moins; Laloux, lui, fut plus chaleureux, comme à son habitude, mais pas moins rapide, le "Gourou" de la ND disparaissant déjà dans l'escalier. Je finis la soirée avec Gofman, à commenter cette épique réunion et à en rire. Une semaine après, nos propos respectifs figuraient dans le Canard enchaîné.

Acte II: le PIF

Le 19 mai, nous organisâmes une réunion au Musée social sur le thème du "Nouveau paysage intellectuel français". Cette réunion, dépendant des "initiatives culturelles", puisqu'elle faisait suite à la sortir du numéro d'Eléments  sur le même sujet, l'organisation m'en fut confiée, non sans inquiétude de la part d'Alain de Benoist.

J'avais contacté Jean-Marie Domenach qui, très gentiment, accepta. Ensuite, de Benoist m'avait demandé d'inviter Marc Cohen, rédacteur en chef de l'Idiot international, que je ne connaissais pas. En tout état de cause, ce n'était pas le cas de l'"Ayatollah", qui discutait de longs moments au téléphone avec Cohen pour le persuader de venir, non qu'il y fut hostile, mais il désirait certainement s'assurer de l'honnêteté intellectuelle du directeur de Krisis. J'obtins finalement son feu vert, à la grande joie du "Boss".

Champetier et moi-même, avons travaillé à l'élaboration du débat et à son orientation: chacun d'entre nous devait poser une question aux invités, dont de Benoist, puis, dans la foulée, d'autres, plus précises, afin de dégager des réponses mieux profilées. Le succès fut double, commercial d'abord, puisqu'il y eut 150 entrées payantes; ensuite par la qualité du débat et, enfin, par les nombreux commentaires de la presse. Dans cette très sérieuse soirée, il y eut un petit événement comique, passé presqu'inaperçu. Jean-Marie Domenach fit un commentaire sur un article qui encensait pompeusement de Benoist, le présentant comme le génie que la France attendait. Article dont l'"auteur ne doit pas être loin", a dit le fondateur d'Esprit;  les yeux d'Alain de Benoist se sont figés pendant que son teint passait au rouge écarlate. Le vieux philosophe personnaliste n'avait pas été dupe: il avait découvert que le pseudonyme "David Barney" cachait piètrement l'objet même des flatteries étalées sans vergogne sur le papier d'Eléments...  Mais au fait, n'est-on jamais mieux servi que par soi-même?

Je rejoignis le dîner qui s'ensuivit et donnai ma démission, la plaisanterie ayant assez duré.

Acte III: Le purge

La suite des événements allait me donner raison. En pleine campagne de presse sur le "national-bolchevisme", celui qui n'est plus pour moi qu'"AdB" noyait les rédactions de ses droits de réponse, de ses mises au point, dans l'indifférence la plus totale. La réponse la plus intelligente fut celle de Champetier, qui parut dans le Quotidien de Paris.

Le complot, s'il n'a jamais existé, parce que sinon j'en aurais forcément été, a eu au moins l'avantage de révéler les personnalités. Ni Gofman ni Cohen ni Cruse, qui ont été parmi les plus attaqués, n'ont cherché à se présenter comme des victimes, mais au contraire revendiquent la tentative d'un débat entre nationalistes et communistes. Mais il est vrai qu'eux n'ont pas une "image" à maintenir, et n'ont pas peur de ne plus être les invités de Jean Daniel. Ils s'en foutent. Et ils assument. Et moi aussi, j'assume. De fait, je crois qu'ils ont raison d'assumer. Et qu'il est possible d'assumer. Voilà. Tout simplement. J'assume contre les crétins. Contre les béni-oui-oui. Contre les cathos fondamentalistes. J'assume et je leur donne raison, aux nationaux-communistes, contre les réacs et les libéraux. Quant au pauvre de Benoist, il a toujours peur de son ombre et il n'a toujours pas compris que, quoi qu'il fasse, même s'il exécute les pires courbettes, il ne sera jamais absous.

Quant à nous, il nous reste du boulot, beaucoup de boulot, avant d'aller manger le Strogonoff sur les pelouses de l'Elysée.

Arnaud HAUTBOIS.
Directeur de Patrie-Liberté. Secrétaire à la communication de l'Alliance Populaire.

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